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RÉPUBLIQUE D’HAÏTI
CONSEIL SUPÉRIEUR DES SALAIRES (CSS)
Octobre 2019
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Tables des matières
Liste des sigles .............................................................................................................................................. 3
Introduction .................................................................................................................................................. 4
Principe tripartite dans la fixation des salaires minima ............................................................................. 6
Mise en contexte .......................................................................................................................................... 9
Analyse des indicateurs macro‐économiques ........................................................................................... 10
Indice des prix à la consommation ........................................................................................................ 10
Taux de change ....................................................................................................................................... 13
Indice d’emploi ....................................................................................................................................... 14
Opinions d’experts sur la nécessité d’augmenter les salaires par rapport à la situation
macroéconomique actuelle ................................................................................................................... 16
Données additionnelles concernant le secteur de la réexportation textile ........................................ 18
Recommandations du Conseil Supérieur des Salaires quant au salaire minimum par segment ............ 26
Recommandations d’ordre général ........................................................................................................... 29
Annexe : Répartition des entreprises par Segment (mise à jour) ............................................................ 33
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Liste des sigles
AGOA African Growth and Opportunity Act
AME Aire Métropolitaine de Port‐au‐Prince
ANADIPP Association Nationale des Distributeurs de Produits Pétroliers
BIT Bureau International du Travail
CAOSS Conseil d’Administration des Organes de Sécurité Sociale
CSS Conseil Supérieur des Salaires
CTMO‐HOPE Commission Tripartite de Mise en Œuvre de la Loi HOPE
FOB Freight on Board
HOPE/HELP (Haitian Hemispheric Opportunity through Partnership for Encouragement) /
(Haiti Economic Lift Program)
IHSI Institut Haïtien de Statistique et d’Informatique
INFP Institut National de Formation Professionnelle
IPC Indice des Prix à la Consommation
MAST Ministère des Affaires Sociales et du Travail
MCI Ministère du Commerce et de l’Industrie
OIT Organisation Internationale du Travail
OFATMA Office d'Assurance Accidents du Travail, Maladie et Maternité
ONA Office National d’Assurance Vieillesse
PIB Produit Intérieur Brut
PME Petites et Moyennes Entreprises
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Introduction
La Loi d’octobre 2009 fixant le salaire minimum à payer dans les établissements commerciaux et
industriels met l’emphase pour le Conseil Supérieur des Salaires, sur la marche à suivre et le
calendrier annuel de réévaluation des salaires minima, s’il y a lieu, compte tenu des indices
macro‐économiques.
Le Conseil Supérieur des Salaires a pour mission de gérer, systématiser et rationaliser le processus
de fixation du salaire minimum en Haïti, sur les bases de données objectives, d’abord nationales,
mais aussi externes. Le Conseil Supérieur des Salaires (CSS) a également pour mission
d’accompagner le MAST sur la vérification de l’application des salaires ainsi que leur impact sur
le développement de l’économie.
Spécifiquement, le CSS a pour attributions de :
1. Se réunir trois (3) mois avant la fin de chaque exercice fiscal afin de réviser, s’il y a lieu, le
salaire minimum en fonction des indices macroéconomiques. En aucun cas, cette révision ne peut
être effectuée à la baisse ;
2. Recueillir, étudier, analyser et interpréter les données relatives aux salaires payés dans les
différentes entreprises commerciales, industrielles et agricoles du pays et établir le rapport
assorti des recommandations nécessaires à la fixation des salaires minima par branches
d’activités ou groupements professionnels. Le rapport motivé est transmis à l’Exécutif pour la
fixation des salaires.
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Cette année encore, dans un pays ou la non‐application des lois et le non‐respect des institutions
deviennent de plus en plus la norme, le CSS continue d’accomplir sa mission contre vents et
marées conformément aux attributions qui lui sont attribuées par la loi de 2009.
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Principe tripartite dans la fixation des salaires minima
La proposition de loi votée à la chambre basse du Parlement Haïtien en Mars 2019 modifie dans
son essence la structure de l’institution quant à la qualité et à la quantité de ses membres. Bien
que souveraine dans ses actes, l’assemblée des Députés a fait fi des recommandations de la
convention 131 de l’OIT consacrant les principes du tripartisme dans le processus de fixation des
salaires minima. L’Etat Haïtien, en promulguant la loi de 2009, a adhéré à cette Convention en
établissant le Conseil Supérieur des Salaires (CSS). Cette normalisation à la convention 131 de
l’OIT représente un acquis important dans les aspirations de justice sociale et d’équité entre les
partenaires sociaux. Il ne saurait être violé.
Mis à part le fait que cette nouvelle proposition de loi n’a été l’objet d’aucun débat tripartite
entre les associations de travailleurs, d’employeurs et de représentant de l’Exécutif d’une part
et, constatant l’indifférence et surtout la volonté manifeste des autorités compétentes de ne pas
doter le CSS des moyens nécessaires pour mener à bien sa mission d’autre part, il est alarmant
d’apprendre aujourd’hui que l’Etat se propose de démissionner en tant que partenaire social actif
au sein du dialogue tripartite et se place « confortablement » dans une position d’observateur.
Ceci n’est pas concevable pour les raisons suivantes :
a) Le rôle de l’Etat dans ses composantes gouvernementales et plus particulièrement en
tant que pourvoyeur de services à la population fait de lui un employeur. Les Agents de
la fonction publique sont des salariés de l’Etat. Ceci étant dit, la mission de l’Etat dans ce
contexte du tripartisme est de s’assurer que les niveaux de salaires minima pour ses
employés dans des positions d’entrée en fonction sont en adéquation avec les mêmes qui
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sont entérinés par arrêté présidentiel pour les établissements industriels et commerciaux
parce que les conditions de vie sont les mêmes pour tous les salariés quelque soit la
nature de leurs emplois. Un Etat responsable, un Etat serviteur, ne saurait se trouver en
non‐conformité par rapport à une loi qu’il promulgue. Le CSS saisit l’occasion du présent
document pour inviter les décideurs étatiques à revisiter les grilles de salaires en vigueur
dans l’administration publique et à ajuster ces dernières avec les salaires minima qui
découleront de l’arrêté présidentiel qui suivra les propositions présentées à la fin du
présent rapport. Ce ne serait que justice pour les agents de la fonction publique.
b) L’Etat a pour mission de créer les conditions favorables à la croissance de l’économie et
au développement durable. Par conséquent, l’Etat est partie prenante dans le processus
de fixation du salaire minimum, dossier pouvant avoir des conséquences extrêmement
graves sur l’avenir du pays et plus particulièrement sur les aspirations d’auto suffisances
Sanitaires, Alimentaires, Sécuritaires et Educatif. Le CSS déplore qu’en Haiti, de nos jours,
l’essence du dialogue social autour de la fixation du salaire minimum soit exclusivement
perçue comme une compensation de la perte du pouvoir d’achat du travailleur et
s’assimile même à une restitution sociale fictive et éphémère en fixant des salaires
minima, susceptibles de décourager tant les investisseurs locaux (espèce en voie de
disparition) que l’attraction des capitaux étrangers, anéantissant ainsi les espoirs de
l’objet d’une discussion stratégique portant sur l’impact d’une croissance économique
soutenue, agressive et sur des axes de redynamisation de la formation professionnelle et
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de la valorisation des métiers, de l’inclusion des nouvelles technologies à prioriser pour
générer dans les plus brefs délais des emplois décents, durables, capables de porter la
balance des paiements de l’économie haïtienne vers une stabilité qui sera profitable à
tous. Si nous voulons d’une économie endogène solide, tous les partenaires sociaux
doivent s’atteler à la tâche pour permettre aux compétences haïtiennes de rivaliser avec
les professionnels venant d’ailleurs tant dans l’ajout des valeurs au sein de l’économie
que dans les compensations des salaires les engendrant.
Nous reprenons ici un extrait du rapport mondial du BIT sur les salaires qui traduit l’essence du
tripartisme.
« La fixation des niveaux de salaire minimum est une affaire de dosage. Elle doit s’appuyer sur
des données empiriques, elle doit se faire en étroite consultation avec les partenaires sociaux
ou, le cas échéant, avec leur participation directe sur un pied d’égalité ». Référence : BIT,
rapport mondial sur les salaires 2016/2017.
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Mise en contexte
Cette année encore, l’élaboration du 6eme rapport du CSS se fait dans une situation économique
désastreuse. L’instabilité politique représente un cancer qui envahit toute nouvelle tentative
d’entreprenariat, tout en rongeant les maigres espoirs des agents économiques y évoluant.
Selon l’indice des prix à la consommation tel qu’indiqué dans le rapport de l’Institut Haïtien de
Statistiques et d’Informatique (IHSI), le glissement annuel au mois d’Aout 2019 est de 19.5%.
Suivant les données fournies par la Banque de la République d’Haïti le taux de change entre la
gourde et le dollar américain est passé de 71.06 gourdes en Octobre 2018 à 93.4 gourdes en Aout
2019. Un climat politique instable et volatile, une balance des paiements dans le rouge liée à une
constante anticipation négative du taux de change avec le dollar américain soutenue par les
agents économiques, plus particulièrement les importateurs de biens et services, en sont la cause
principale.
D’autre part, la compétitivité de nos secteurs d’emplois est fragile et la préservation des emplois
existants autant qu’un effort commun (secteur privé et public) pour la création de nouveaux
emplois est plus qu’obligatoire tandis que les chiffres avancés par l’institut Haïtien de statistiques
et d’informatique montrent une contraction des emplois de 1.2% en glissement annuel. En
résumé, Haiti continue de perdre des emplois.
La prolifération du secteur informel comme « sauve qui peut individuel » constitue un risque
pour le développement d’entreprises contribuant aux recettes fiscales s’il continue à être ignoré
sans aucune volonté de normalisation par les autorités.
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Analyse des indicateurs macro‐économiques
Indice des prix à la consommation
Le nouvel indice (base 100/Avril 2018) établi par l’IHSI a permis à ce dernier de revisiter les
habitudes de consommation des ménages compte tenu des réalités post‐séisme, de la croissance
démographique et aussi des contraintes de l’heure. Ce nouvel indice compte plus de 800 postes
de dépenses et couvre plus de 30 000 observations par mois effectuées par les équipes
d’enquêteurs de l’IHSI.
Pour mieux travailler la pondération de l’indice, le pays a été découpé en région. La région
transversale inclut les départements de l’Artibonite et du Centre. La région sud inclut les
départements du Sud, des Nippes et de la Grande Anse. La région Ouest est composée des
départements de l’Ouest et du Sud‐Est, exclue l’aire métropolitaine. La région nord regroupe les
départements du Nord, du Nord‐Ouest et du Nord‐Est. Et enfin la région de l’aire métropolitaine
qui regroupe les communes de Carrefour, Port au Prince, Delmas, Pétion Ville et Croix des
Bouquets.
En consultant le tableau qui suit, nous pourrons constater les réalités suivantes :
Les divisions de consommation les plus importantes à l’échelle nationale sont celles de
l’alimentation, du logement et du transport.
Il y a un débalancement dans les pourcentages de la région AME et le reste du pays. Les Experts
de l’IHSI théorisent que les habitudes de consommation peuvent être modifiées par l’importance
des revenus. Ceci expliquerait par exemple que dans l’aire métropolitaine, la division portant sur
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l’alimentation de base est 11% moins importante que la région qui la suit (Nord). En revanche, la
division logement dépasse de près de 10% la région avec le pourcentage de logement le moins
élevé (Sud).
Poids des divisions par région (nouvel IPC)
Région Région Région Région Région Pondération pour
Division COICOP TRANS SUD OUEST NORD AME tout le pays
Produits alimentaires et boissons non alcoolisées 52.84% 58.22% 50.60% 50.60% 39.56% 48.50%
Boissons alcoolisées, tabac 1.80% 2.16% 0.92% 1.20% 1.27% 1.42%
Articles d'habillement et chaussures 6.09% 4.92% 5.33% 5.95% 5.44% 5.55%
Logement, eau, gaz, électricité et autres combustibles 11.64% 8.72% 15.12% 12.65% 18.09% 14.14%
Meubles, articles de ménage et entretien courant du foyer 4.96% 5.12% 5.10% 5.22% 5.79% 5.32%
Santé 2.62% 2.62% 2.65% 3.24% 2.13% 2.56%
Transport 7.34% 8.26% 7.03% 8.41% 12.03% 9.10%
Communication 2.02% 1.78% 2.00% 2.15% 2.72% 2.23%
Loisirs 1.37% 1.23% 1.24% 1.6% 1.85% 1.52%
Enseignement 3.52% 2.17% 3.47% 4.13% 5.04% 3.91%
Restaurants 0.39% 0.29% 0.52% 0.37% 0.68% 0.49%
Biens et services divers 5.42% 4.51% 6.02% 4.49% 5.41% 5.26%
Total 100.0% 100.0% 100.0% 100.0% 100.0% 100.0%
Poids des régions dans la consommation totale 19.84% 13.71% 18.69% 15.24% 32.51% 100.0%
Il est également important de souligner que l’IPC calculé par l’IHSI considère également une
pondération des produits et services importés par rapport à ceux fournis localement. Les produits
locaux ont un poids de 60% dans l’IPC tandis que les produits importés comptent pour 40%. Le
CSS a questionné ces pourcentages avec les experts de l’IHSI et ils ont répondu que contrairement
à la perception de tous, malgré la disproportion de la disponibilité des produits importés par
rapport à la production locale, toutes les chaines de distributions et les services offerts tombent
sous le couvert de la production locale. Les experts de l’IHSI ainsi que leur consultant du FMI sont
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également très clair sur l’impact de la dévaluation de la gourde sur les prix des produits. L’IPC
considère implicitement déjà le taux de change dans ses calculs.
En dernier lieu, le CSS a abordé ce qui parait être une disparité importante entre certains chiffres
avancés par d’autres entités, non officielles, qui souhaiteraient voir le salaire minimum plus que
quadruplé. Dans l’essence, la différence fondamentale entre les deux est que les chiffres de l’IHSI
sont le résultat d’un constat de terrain résultant d’observations traitées avec des méthodes
scientifiques reconnues tandis que les autres chiffres découlent d’une description virtuelle d’un
standard de vie souhaitable ou idéal sur lequel des chiffres de consommation ont été greffés. De
plus, ces études parallèles ont été commanditées par des groupes d’intérêt qui ne sauraient se
substituer à la ligne neutre, scientifiquement prouvée des résultats de l’IHSI. Pour finir, compte
tenu de ses obligations légales, le CSS est obligé de considérer seulement les résultats publiés par
les autorités compétentes pour effectuer ses analyses en vue de la révision des salaires minima.
Toute autre évolution des salaires minima doit découler des négociations entre les partenaires
sociaux comme le veut l’esprit de la Convention 131 de l’OIT.
Suit le rapport sur l’IPC pour le mois d’Aout 2019. Le glissement annuel constaté est de 19.5%.
Il est important de constater que certaines divisions de consommation dépassent le chiffre
moyen de 19.5%. Il s’agit des loisirs, de la santé, de l’ameublement/entretien du foyer et de
l’alimentation (à l’exception des boissons alcoolisées). Les autres divisions sont situées autour ou
en dessous de la moyenne.
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INDICE DES PRIX A LA CONSOMMATION POUR L'ENSEMBLE DU PAYS
PAR DIVISION DE CONSOMMATION (Aout 2019)
Taux de change
La dégradation de l’environnement socio politique liée au financement à outrance du déficit
budgétaire par la Banque de la République d’Haiti dépouille la gourde de la valeur marchande.
Gourde Haïtienne (HTG) versus Dollar Américain (U$)
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Les évènements qui provoquent la perturbation de rue (phénomène « peyi lòk ») du début de
juillet 2018, du mois de février 2019, du mois de juin 2019 et depuis mi‐septembre 2019,
correspondent à des chutes de plus de 10 gourdes sur des périodes de courte durée. La
spéculation et l’anticipation négative des secteurs d’importation qui utilisent des devises pour
renouveler leurs stocks y contribuent également.
De plus, la difficulté de l’Etat à communiquer efficacement avec la population sur la nécessité de
supprimer la subvention des produits pétroliers permettant ainsi d’ajuster les prix à la pompe
pour justifier les fluctuations du carburant sur le marché international, engendre un stress
constant sur les réserves de la BRH. Aujourd’hui Haiti se trouve parmi les 25 pays avec le prix de
gazoline le plus bas au niveau mondial tandis que les pays voisins tel que la République
dominicaine ou la Jamaïque pratiquent des prix relativement deux fois plus élevés. La subvention
sur les produits pétroliers que défendent beaucoup de secteurs aurait au fait un effet adverse
sur l’assainissement des finances publiques.
Indice d’emploi
La carence d’emplois demeure un nœud gordien à l’échelle nationale. Haiti a perdu 1.2% des
emplois entre le premier trimestre de l’année fiscale 2017/2018 et le premier trimestre de
l’année fiscale 2018/2019.
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Indice d'Emploi par secteur institutionnel
au premier trimestre de l'exercice 2018-2019 (100 au premier trimestre 2014)
La fonction publique ainsi que les organisations gouvernementales sont les secteurs les plus
affectés tandis que l’entreprenariat privé a augmenté de 11.9% grâce au développement du
secteur textile notamment.
Dans un autre ordre d’idée, plus de la moitié de la population haïtienne en âge de travailler est
au chômage. Les carences de compétences qui pourraient engendrer des emplois durables dans
d’autres secteurs continuent de ralentir l’indice. Les petites et moyennes entreprises qui
devraient représenter le moteur de l’économie peinent à se développer. Le tourisme est en train
de s’effondrer à cause de l’instabilité socio politique. Selon les experts, des pertes d’emploi dans
tous les secteurs sont à prévoir de manière accélérée si la situation sécuritaire ne s’améliore pas.
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Opinions d’experts sur la nécessité d’augmenter les salaires par rapport à la situation
macroéconomique actuelle
Le CSS a élaboré les 5 thématiques suivantes qu’il a communiquées à des économistes reconnus
du milieu:
1.‐ Quelle est votre lecture de la situation macroéconomique d’Haiti aujourd’hui en tenant
compte de l’inflation annuelle d’octobre 2018 à septembre 2019.
2.‐ Comment expliquez‐vous le drame de la dépendance économique auquel doivent faire face
les salariés en Haiti dans le contexte économique actuel.
3.‐ Quelle importance ou influence pensez‐vous que le salaire minimum a dans la nécessité de
dynamisation de l’économie haïtienne dans les conditions actuelles.
4.‐ Dans le contexte économique actuel d’Haiti les divers commentaires qui proposent un salaire
minimum largement supérieur aux indicateurs économiques de l’heure, sont‐ils réalistes?
5.‐ Quelles sont les mesures économiques et fiscales à cours et à moyen termes que devraient
prendre les décideurs haïtiens dans le but de parvenir à un glissement annuel raisonnable de
moins de 5%.
En général, les économistes qui ont manifesté l’intérêt de répondre à la première thématique
ont exprimé les éléments suivants :
a) La situation macroéconomique s’est dégradée pour le dernier exercice fiscal en grande
partie à cause de l’instabilité politique.
b) La non‐régulation du secteur informel et la libéralisation des prix pratiqués dans le
commerce sans contrôle ni protection du consommateur dans tous les secteurs.
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c) Le déficit budgétaire de l’Etat lié à la subvention des produits pétroliers et plus
particulièrement au débalancement du bas prix du Diesel par rapport à celui du kérosène
et de la gazoline d’une part, son incapacité à collecter toutes les recettes douanières ainsi
que les multiples impôts qui lui sont dûs, d’autre part.
Pour la deuxième thématique, le CSS a enregistré le commentaire suivant:
Les récentes pertes d’emplois auxquelles s’ajouteront celles qui vont certainement suivre si la
crise politique ne se dénoue pas vont appauvrir encore plus les salariés. Ces derniers espèrent
voir leur condition de vie et de leur famille s’améliorer certes. Cependant, ils redoutent quand
même l’impact qu’une éventuelle augmentation du salaire minimum aurait sur les décisions des
gestionnaires qui se trouveraient dans l’obligation d’effectuer des compressions de personnel
pour pallier à une augmentation de leurs coûts d’opérations.
Pour la troisième thématique, le CSS a enregistré les points de vue suivants :
Oui le salaire minimum peut être un vecteur d’amélioration des conditions de vie des travailleurs
s’il est associé à des politiques publiques garantissant une sécurité sociale où les besoins
primaires d’éducation, de santé, de sécurité, de contrôle de prix sont bien en vigueur.
En revanche, certains économistes pensent qu’il serait mieux de dynamiser l’emploi rapide et
massif pour permettre à une plus grande partie de la population de contribuer à l’économie
active, de participer au fisc et de jeter les bases pour développer une société plus inclusive.
Pour la quatrième thématique, les personnalités qui ont répondu sont unanimes à exprimer leur
désaccord sur les propositions d’augmentation de salaire largement supérieure aux indicateurs
macroéconomiques. Bien que très populaire dans les milieux ouvriers et surtout dans les discours
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de certaines personnalités politiques, une telle stratégie serait complètement suicidaire et aurait
un effet néfaste pour la population dans son ensemble. Ils ont même évoqués la forte possibilité
d’une sérieuse contraction de l’économie voire une récession aigüe si ces augmentations se
matérialisaient. L’économie haïtienne dans ses composantes actuelles n’est pas en mesure de
supporter un salaire minimum supérieur à l’inflation, surtout à la suite d’une année fiscale au
cours de laquelle fut enregistrée une décroissance du PIB.
Enfin pour la dernière thématique (5), les économistes ont mentionné que la normalisation du
secteur informel, l’arrêt de la subvention des produits pétroliers accompagné d’une lutte
agressive conte la contrebande à la frontière seraient primordiaux pour permettre à Haiti de se
relever économiquement.
Données additionnelles concernant le secteur de la réexportation textile
Les entreprises de réexportation textile, bien que génératrices d’emplois pour moins que 1% des
citoyens en âge de travailler (56.000/6.100.000 soit 0.91%), a toujours été au centre des débats
concernant la fixation des salaires minima. Il existe une pensée collective qui portent à croire que
les salariés qui y évoluent sont assujettis aux pires traitements et sont disproportionnellement
sous‐payés par rapport à l’effort produit et à la richesse qu’ils contribuent à générer.
Depuis 2009, le secteur de la réexportation textile s’est singularisé en demandant à l’Etat de
considérer des augmentations plus modérées par rapport aux propositions d’alors. Nous avons
toujours essayé de comprendre pourquoi. Les représentants du secteur avancent 4 arguments
principaux pour justifier leur position :
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1) ce secteur est un catalyseur de développement économique.
Il est prouvé que, quand il fait partie d’un plan stratégique macro établi par l’Etat, avec des
actions parallèles cohérentes dans les autres secteurs tels que l’éducation, la santé, le logement
et avec l’appui d’un climat sécuritaire, le secteur textile peut faciliter l’essor économique d’une
nation. Les pays avec lesquels Haiti aspire rivaliser dans leur mieux‐être économique comme la
Jamaïque, le Costa Rica, le Guatemala, et la République Dominicaine, pour ne citer que ceux‐là
ont tous utilisé ce secteur pendant un temps comme facilitateur de la stabilité sociale pendant
qu’ils préparaient les autres vecteurs d’activités économiques pour prendre la relève. En Haiti,
nous n’avons pas encore eu l’opportunité d’utiliser le potentiel qu’offre une utilisation
intelligente de ce secteur.
2) ce secteur a besoin de prédictibilité et de stabilité pour bien jouer son rôle.
Le CSS supporte et encourage un débat large et inclusif pouvant déboucher sur un pacte de
prédictibilité de progression du salaire minimum pour le secteur textile comme le Nicaragua est
en train d’en faire l’expérience avec des résultats satisfaisants. Le CSS encourage les discussions
entre employeurs et travailleurs à travers leurs associations et structures respectives pouvant
faciliter la préparation d’un accord sur 3 à 5 ans où tous peuvent se sentir gagnants.
Le CSS supporte également une entente tripartite sur l’utilisation des cotisations versées à l’ONA
par le secteur textile pour le développement de programmes sociaux solvables et pérennisés au
bénéfice des travailleurs dans le but de faciliter une cohésion sociale essentielle à la stabilité du
secteur.
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3) ce secteur suit une compétition farouche à l’échelle internationale qui exerce une pression
constante sur les coûts de fabrication.
En dépit d’un climat socio politique volatile et instable, en dépit d’un activisme déterminé à le
faire disparaitre, en dépit de l’absence de ressources économiques et d’une décapitalisation des
entreprises, le secteur de la réexportation textile reste encore aujourd’hui le seul ayant su
générer des emplois dans un pays qui en a tant besoin, le seul secteur à respecter à 100% les
salaires en vigueur. Certains membres d’organisations syndicales soutiennent l’argument que les
salaires pratiqués dans ce secteur n’ont pas reçu d’augmentation réelle compte tenu de la
dévaluation de la gourde malgré les données prouvant le contraire. En effet, depuis octobre
2009, si on considère le salaire et le taux de change de l’époque en comparaison avec les mêmes
données au mois d’octobre 2018, le salaire minimum du segment F a nominalement augmenté
de 95.26%, soit de $2.97 à $5.81 pour 8 heures de travail. Entre temps, les emplois ont plus que
doublé, de 26000 à 56000 travailleurs. La loi HOPE/HELP serait à l’origine de cette croissance,
bien que la majorité des nouveaux emplois créés proviennent de nouvelles entreprises et non de
la croissance des entreprises déjà existantes au début de la promulgation de cette loi par le
congrès américain et de sa mise en œuvre par la commission tripartite (CTMO/HOPE).
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Evolution du salaire minimum (segment F) depuis la
promulgation de la loi de 2009
$7.00
$6.00
$5.00
Dollar americain
$4.00
$3.00
$2.00
$1.00
$‐
Oct‐09
Apr‐10
Jul‐10
Oct‐10
Apr‐11
Jul‐11
Oct‐11
Apr‐12
Jul‐12
Oct‐12
Apr‐13
Jul‐13
Oct‐13
Apr‐14
Jul‐14
Oct‐14
Apr‐15
Jul‐15
Oct‐15
Apr‐16
Jul‐16
Oct‐16
Apr‐17
Jul‐17
Oct‐17
Apr‐18
Jul‐18
Oct‐18
Apr‐19
Jul‐19
Jan‐10
Jan‐11
Jan‐12
Jan‐13
Jan‐14
Jan‐15
Jan‐16
Jan‐17
Jan‐18
Jan‐19
Series1 Tendence lineaire sur 10 ans
Par ailleurs, nous avons analysé les corrélations entre l’Indice des Prix à la Consommation et le
salaire minimum du segment F en gourdes et son équivalent en dollar américain dans le tableau
suivant:
Date Taux de fin de
période Sal. Min. (F) Equivalent U$ IPC
Oct‐09 HTG 42.0 HTG 125 $ 2.97 55.79
Nov‐09 HTG 42.3 HTG 125 $ 2.96 55.92
Dec‐09 HTG 42.0 HTG 125 $ 2.97 56.13
Jan‐10 HTG 38.7 HTG 125 $ 3.23 56.30
Feb‐10 HTG 38.6 HTG 125 $ 3.24 58.02
Mar‐10 HTG 39.6 HTG 125 $ 3.16 57.40
Apr‐10 HTG 39.5 HTG 125 $ 3.16 57.58
May‐10 HTG 39.8 HTG 125 $ 3.14 57.79
Jun‐10 HTG 39.8 HTG 125 $ 3.14 57.87
Jul‐10 HTG 39.8 HTG 125 $ 3.14 57.99
Aug‐10 HTG 39.9 HTG 125 $ 3.14 57.94
Sep‐10 HTG 39.9 HTG 125 $ 3.13 57.94
Oct‐10 HTG 40.1 HTG 150 $ 3.74 57.92
Nov‐10 HTG 40.1 HTG 150 $ 3.74 57.95
Dec‐10 HTG 39.9 HTG 150 $ 3.76 58.26
Jan‐11 HTG 40.3 HTG 150 $ 3.72 58.95
Feb‐11 HTG 40.4 HTG 150 $ 3.71 59.51
Mar‐11 HTG 40.3 HTG 150 $ 3.73 60.06
Apr‐11 HTG 40.3 HTG 150 $ 3.73 60.67
Sixième rapport relatif à la fixation du salaire minimum par secteur d’activités en Haïti /2019
P a g e | 22
May‐11 HTG 40.3 HTG 150 $ 3.73 61.20
Jun‐11 HTG 40.3 HTG 150 $ 3.72 61.54
Jul‐11 HTG 40.4 HTG 150 $ 3.71 62.17
Aug‐11 HTG 40.6 HTG 150 $ 3.69 62.19
Sep‐11 HTG 40.9 HTG 150 $ 3.67 62.26
Oct‐11 HTG 41.0 HTG 150 $ 3.66 62.68
Nov‐11 HTG 41.1 HTG 150 $ 3.65 62.76
Dec‐11 HTG 41.0 HTG 150 $ 3.66 62.87
Jan‐12 HTG 41.3 HTG 150 $ 3.63 62.96
Feb‐12 HTG 41.5 HTG 150 $ 3.61 63.22
Mar‐12 HTG 41.6 HTG 150 $ 3.61 63.37
Apr‐12 HTG 41.7 HTG 150 $ 3.60 63.50
May‐12 HTG 41.9 HTG 150 $ 3.58 63.89
Jun‐12 HTG 42.0 HTG 150 $ 3.57 64.09
Jul‐12 HTG 42.0 HTG 150 $ 3.57 64.54
Aug‐12 HTG 42.2 HTG 150 $ 3.56 64.77
Sep‐12 HTG 42.3 HTG 150 $ 3.54 65.21
Oct‐12 HTG 42.4 HTG 200 $ 4.72 65.82
Nov‐12 HTG 42.6 HTG 200 $ 4.70 66.00
Dec‐12 HTG 42.6 HTG 200 $ 4.70 66.46
Jan‐13 HTG 42.8 HTG 200 $ 4.68 66.61
Feb‐13 HTG 42.9 HTG 200 $ 4.67 66.72
Mar‐13 HTG 43.0 HTG 200 $ 4.65 66.97
Apr‐13 HTG 43.3 HTG 200 $ 4.61 67.18
May‐13 HTG 43.7 HTG 200 $ 4.58 67.33
Jun‐13 HTG 43.8 HTG 200 $ 4.57 67.67
Jul‐13 HTG 43.7 HTG 200 $ 4.57 67.72
Aug‐13 HTG 43.8 HTG 200 $ 4.57 67.83
Sep‐13 HTG 43.7 HTG 200 $ 4.57 68.01
Oct‐13 HTG 43.8 HTG 200 $ 4.57 68.10
Nov‐13 HTG 43.8 HTG 200 $ 4.56 68.25
Dec‐13 HTG 43.9 HTG 200 $ 4.56 68.30
Jan‐14 HTG 44.0 HTG 200 $ 4.54 68.49
Feb‐14 HTG 44.3 HTG 200 $ 4.51 68.62
Mar‐14 HTG 44.7 HTG 200 $ 4.47 68.74
Apr‐14 HTG 45.0 HTG 200 $ 4.45 69.05
May‐14 HTG 45.4 HTG 225 $ 4.96 69.36
Jun‐14 HTG 45.3 HTG 225 $ 4.96 69.69
Jul‐14 HTG 45.4 HTG 225 $ 4.96 70.01
Aug‐14 HTG 45.4 HTG 225 $ 4.96 70.37
Sep‐14 HTG 45.6 HTG 225 $ 4.94 70.72
Oct‐14 HTG 45.8 HTG 225 $ 4.92 70.78
Nov‐14 HTG 46.6 HTG 225 $ 4.83 71.22
Dec‐14 HTG 46.7 HTG 225 $ 4.81 71.52
Jan‐15 HTG 46.9 HTG 225 $ 4.79 71.84
Feb‐15 HTG 47.1 HTG 225 $ 4.77 72.09
Mar‐15 HTG 47.2 HTG 225 $ 4.77 72.13
Apr‐15 HTG 47.4 HTG 225 $ 4.75 72.33
May‐15 HTG 48.1 HTG 240 $ 4.99 72.56
Jun‐15 HTG 51.6 HTG 240 $ 4.65 73.02
Jul‐15 HTG 55.2 HTG 240 $ 4.35 74.15
Aug‐15 HTG 51.7 HTG 240 $ 4.65 75.46
Sep‐15 HTG 52.1 HTG 240 $ 4.60 76.69
Oct‐15 HTG 53.8 HTG 240 $ 4.46 77.40
Nov‐15 HTG 56.1 HTG 240 $ 4.28 78.35
Dec‐15 HTG 56.7 HTG 240 $ 4.23 78.99
Sixième rapport relatif à la fixation du salaire minimum par secteur d’activités en Haïti /2019
P a g e | 23
Jan‐16 HTG 59.5 HTG 240 $ 4.04 79.65
Feb‐16 HTG 61.4 HTG 240 $ 3.91 80.28
Mar‐16 HTG 61.8 HTG 240 $ 3.89 81.04
Apr‐16 HTG 62.0 HTG 240 $ 3.87 81.59
May‐16 HTG 62.2 HTG 300 $ 4.82 82.13
Jun‐16 HTG 62.9 HTG 300 $ 4.77 82.56
Jul‐16 HTG 63.7 HTG 300 $ 4.71 83.09
Aug‐16 HTG 64.9 HTG 300 $ 4.62 83.79
Sep‐16 HTG 65.5 HTG 300 $ 4.58 84.87
Oct‐16 HTG 66.3 HTG 300 $ 4.52 85.43
Nov‐16 HTG 67.1 HTG 300 $ 4.47 86.37
Dec‐16 HTG 67.4 HTG 300 $ 4.45 87.16
Jan‐17 HTG 67.8 HTG 300 $ 4.42 87.74
Feb‐17 HTG 68.3 HTG 300 $ 4.39 88.51
Mar‐17 HTG 69.4 HTG 300 $ 4.33 89.21
Apr‐17 HTG 67.6 HTG 300 $ 4.44 89.89
May‐17 HTG 62.2 HTG 300 $ 4.82 91.10
Jun‐17 HTG 62.4 HTG 300 $ 4.81 91.83
Jul‐17 HTG 62.5 HTG 300 $ 4.80 92.52
Aug‐17 HTG 62.7 HTG 350 $ 5.59 93.20
Sep‐17 HTG 62.7 HTG 350 $ 5.58 94.07
Oct‐17 HTG 62.9 HTG 350 $ 5.56 94.61
Nov‐17 HTG 63.3 HTG 350 $ 5.53 95.48
Dec‐17 HTG 63.7 HTG 350 $ 5.50 96.39
Jan‐18 HTG 63.8 HTG 350 $ 5.48 97.28
Feb‐18 HTG 64.1 HTG 350 $ 5.46 98.20
Mar‐18 HTG 65.3 HTG 350 $ 5.36 99.08
Apr‐18 HTG 65.6 HTG 350 $ 5.34 100.05
May‐18 HTG 66.1 HTG 350 $ 5.29 101.18
Jun‐18 HTG 66.9 HTG 350 $ 5.23 102.46
Jul‐18 HTG 67.7 HTG 350 $ 5.17 103.73
Aug‐18 HTG 69.1 HTG 350 $ 5.06 105.00
Sep‐18 HTG 70.0 HTG 350 $ 5.00 106.54
Oct‐18 HTG 72.3 HTG 420 $ 5.81 108.13
Nov‐18 HTG 74.6 HTG 420 $ 5.63 109.59
Dec‐18 HTG 77.2 HTG 420 $ 5.44 111.21
Jan‐19 HTG 81.0 HTG 420 $ 5.18 113.03
Feb‐19 HTG 82.0 HTG 420 $ 5.12 114.90
Mar‐19 HTG 82.6 HTG 420 $ 5.08 115.7
Apr‐19 HTG 86.1 HTG 420 $ 4.88 117.7
May‐19 HTG 92.5 HTG 420 $ 4.54 119.4
Jun‐19 HTG 93.0 HTG 420 $ 4.52 121.6
Jul‐19 HTG 93.3 HTG 420 $ 4.50 123.5
Aug‐19 HTG 93.4 HTG 420 $ 4.50 125.5
Source : Données BRH, IHSI et arrêtés de publication des salaires minima
Corrélation entre U$ et IPC : 0.6931
Corrélation entre HTG et IPC : 0.9792
En gros, la corrélation entre l’IPC et l’évolution du salaire minimum (segment F) est quasi parfaite
si elle est considérée en gourde. Cependant avec les fluctuations du taux de change, cette
corrélation s’affaiblit de 30%. Certains syndicalistes considèrent que ce phénomène représente
Sixième rapport relatif à la fixation du salaire minimum par secteur d’activités en Haïti /2019
P a g e | 24
un manque à gagner pour les travailleurs tandis que la logique des calculs établis par l’IHSI
considère l’impact de la devise américaine sur la détérioration du pouvoir d’achat dans son calcul
de l’IPC. Par conséquent, il ne saurait avoir un double emploi du taux de change dans les
considérations du CSS.
4) importance du secteur de la réexportation textile dans l’économie haïtienne pour l’année
fiscale 2018/2019 en chiffre :
Nord: plus de $51.000.000 par An (4.335.000.000 gourdes @85HTG/$) de salaire direct
aux ouvriers,
o $31.000.000 parc Caracol
o $20.000.000 parc CODEVI
Zone Métropolitaine : $63.000.000 par An
o Route de l’aéroport inclus SONAPI plus de $48.000.000
o Parc industriel situe à Tabarre plus de $4.200.000
o Carrefour environ $11.200.000
37,000 familles envoient leurs enfants à l’école sans assistanat.
53,000 ouvriers sont des agents économiques dynamiques et actifs.
35,000 sont des femmes en majorité mères de famille.
Les groupes Coréens textiles représentent environ 38% des emplois
Cotisations à l’ONA pour l’exercice : plus de HTG 1.162.800.000 (1.16 milliard)
Cotisations à l’OFATMA pour l’exercice : plus de HTG 581.400.000 (581.4 million)
Sixième rapport relatif à la fixation du salaire minimum par secteur d’activités en Haïti /2019
P a g e | 25
Il serait souhaitable que l’Etat Haïtien facilite un climat propice aux investissements pour que
tous les secteurs générateurs d’emplois puissent contribuer à la sécurité sociale avec des chiffres
similaires et même plus importants que le textile pour lui permettre de mieux développer les
programmes sociaux essentiels dont doivent bénéficier les travailleurs qui sont les principaux
éléments de la génération de richesse dans l’économie.
Sixième rapport relatif à la fixation du salaire minimum par secteur d’activités en Haïti /2019
P a g e | 26
Recommandations du CSS quant au salaire minimum par segment
Sur la base de ce qui précède, le Conseil Supérieur des Salaires fait les recommandations
suivantes à l’Exécutif:
1. pour les entreprises faisant partie du Segment A, le salaire minimum de référence est fixé
pour une journée de huit (8) heures de travail, à cinq cent cinquante et 00/100 Gourdes
(550.00 HTG) à partir du 1er Novembre 2019;
2. pour les entreprises faisant partie du Segment B, le salaire minimum de référence est fixé
pour une journée de huit (8) heures de travail, à et quatre cent quarante et 00/100
Gourdes (440.00 HTG) à partir du 1er Novembre 2019;
3. pour les entreprises faisant partie du Segment C, le salaire minimum de référence est fixé
pour une journée de huit (8) heures de travail, à trois cent quatre‐vingt‐cinq et 00/100
Gourdes (385.00 HTG) à partir du 1er Novembre 2019;
4. pour les Gens de maison (Classe Spéciale E), le salaire minimum de référence est fixé pour
une journée de huit (8) heures de travail, à deux cent cinquante et 00/100 Gourdes
(250.00 HTG) à partir du 1er Novembre 2019;
5. pour les entreprises faisant partie du Segment F, le salaire minimum de référence est fixé
pour une journée de huit (8) heures de travail, à cinq cents et 00/100 Gourdes (500.00
HTG) à partir du 1er Novembre 2019;
Sixième rapport relatif à la fixation du salaire minimum par secteur d’activités en Haïti /2019
P a g e | 27
6. pour les entreprises faisant partie du Segment G, le salaire minimum de référence est fixé
pour une journée de huit (8) heures de travail, à quatre cent quarante et 00/100 Gourdes
(440.00 HTG) à partir du 1er Novembre 2019;
7. pour les entreprises faisant partie du Segment H, le salaire minimum de référence est fixé
pour une journée de huit (8) heures de travail, à quatre cent quarante et 00/100 Gourdes
(440.00 HTG) à partir du 1er Novembre 2019;
Sixième rapport relatif à la fixation du salaire minimum par secteur d’activités en Haïti /2019
P a g e | 28
Tableau 5 : Proposition des nouveaux salaires négociés
Recommandations
Existant 2018
1er novembre 2019
Segment Description %
Salaire
Salaire Minimum
Minimum
Entreprises en croissance et
A relativement stable
500 550 10.00%
Entreprises exposées et très
C vulnérables
350 385 10.00%
Entreprises tournées vers la
F réexportation
420 500 19.05%
Entreprises de distribution de produits
G pétroliers et agences de sécurité
400 440 10.00%
Entreprises privée de service
H stratégique à la population
400 440 10.00%
Sixième rapport relatif à la fixation du salaire minimum par secteur d’activités en Haïti /2019
P a g e | 29
Recommandations d’ordre général
De plus, le Conseil Supérieur des Salaires fait les recommandations d’ordre générales suivantes
à l’Exécutif:
1. Plaidoyer pour une gestion rationnelle et transparente du CAOSS, de l’ONA et de
l’OFATMA. A l’effet d’avoir une gestion rationnelle et transparente des organismes de
sécurité sociale (ONA et OFATMA) dont la vocation est de contribuer à l’amélioration des
conditions de vie de leurs cotisants, le CSS soutient fortement une nouvelle conception
du CAOSS. Ce dernier doit pouvoir nommer un directeur exécutif en lieu et place d’un
découlera du choix des membres du conseil, d’un candidat après examen des dossiers de
divers postulants. Le CAOSS doit détenir le pouvoir décisionnel sur toute la gestion de
l’ONA et de l’OFATMA au bénéfice des assurés.
2. Libéralisation de l’assurance sante sur demande des travailleurs. En dépit de la volonté
de l’Exécutif de vouloir appliquer les dispositions du code du travail concernant
l’OFATMA, les syndicats, constatant l’insatisfaction des travailleurs par rapport aux
services reçus, plaident pour un remaniement de la loi qui pourrait permettre aux
entreprises de choisir avec les représentants des travailleurs les institutions de santé et
d’assurance santé qui peuvent leur offrir le meilleur service pour leur argent. Ceci
permettrait à l’OFATMA non seulement d’agir lui‐même comme un pourvoyeur de service
sur le marché (la BNC l’est dans le secteur bancaire sans nécessairement jouir d’une
Sixième rapport relatif à la fixation du salaire minimum par secteur d’activités en Haïti /2019
P a g e | 30
situation de monopole) mais aussi remplir le rôle important de contrôle de qualité des
services offerts par les autres opérateurs au bénéfice des assurés.
3. Nécessité d’un développement agressif des programmes de formation professionnelle
adaptés à un plan stratégique de développement. Le CSS exhorte l’Etat à promouvoir par
des mesures actives de politiques publiques, la formation professionnelle, la qualification
de la main‐d’œuvre et l’emploi productif, dans les secteurs porteurs avec l’appui de l’INFP
et des écoles professionnelles qui sont à l’avant‐garde dans ces démarches.
4. Nécessité de renforcer la capacité des travailleurs à s’associer dans tous les secteurs
pour un meilleur équilibre du dialogue entre partenaires sociaux. Le CSS, conscient de
la faiblesse des associations de travailleurs dans les secteurs autre que le secteur textile,
constatant même une résistance à accepter l’existence des syndicats au sein des
entreprises, recommande un renforcement des structures ouvrières organisées où tous
les membres sont imbus des normes, pour faciliter un équilibre dans les échanges entre
les partenaires sociaux au bénéfice d’un climat serein dans les relations de travail.
5. Nécessité d’un pacte de progression salariale entre les travailleurs et le patronat pour
le secteur textile appartenant au segment F. Le CSS supporte et encourage un débat large
et inclusif pouvant déboucher sur un pacte de prédictibilité de progression du salaire
minimum pour le secteur textile comme le Nicaragua est en train d’en faire l’expérience
avec des résultats satisfaisants. Le CSS encourage les discussions entre employeurs et
travailleurs à travers leurs associations et structures respectives pouvant faciliter la
préparation d’un accord sur 3 à 5 ans où tous peuvent se sentir gagnants.
Sixième rapport relatif à la fixation du salaire minimum par secteur d’activités en Haïti /2019
P a g e | 31
6. Nécessité d’actions concrètes entre les entreprises et les associations de travailleurs
pour aboutir à une mise en place de mécanismes permettant une amélioration des
conditions de transport et de restauration des travailleurs du secteur textile. Le CSS
applaudit des initiatives entre patronat et syndicats sur la recherche de pistes de réflexion
pouvant aboutir à une mise en place des structures de transport et de restauration des
travailleurs du secteur textile. Il encourage l’Etat à suivre de près ces actions pour les
appliquer à une échelle plus large permettant ainsi à tous les travailleurs d’en bénéficier.
Sixième rapport relatif à la fixation du salaire minimum par secteur d’activités en Haïti /2019
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Fait à Port au Prince le 26 octobre 2019.
Sixième rapport relatif à la fixation du salaire minimum par secteur d’activités en Haïti /2019
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Annexe : Répartition des entreprises par Segment (mise à jour)
Segment A
1. Production privée d’électricité
2. Institutions financières (banques, maisons de transfert, sociétés d’assurance)
3. Télécommunications
4. Commerce import‐export
5. Supermarchés
6. Bijouteries
7. Galeries d’art
8. Magasins de meubles, de mobiliers de bureaux et d’appareils électro‐ménagers
9. Magasins de matériels informatiques
10. Entreprises de location de voitures
11. Entreprises de Transport aérien
12. Entreprises de courrier, de transport de colis et de cargo
13. Entreprises de jeux de hasard (tenanciers de borlette, loterie, casino, etc...)
14. Concessionnaires d’automobiles
15. Communication, Agence publicitaire et Presse (écrite, électronique, parlée, et télévisée),
sauf presse communautaire
16. Institutions scolaires privées
17. Institutions universitaires privées
18. Institutions de santé privées, cabinets de médecins, polycliniques
19. Pompes funèbres
20. Agences maritimes et aéroportuaires
21. Cabinets de professionnels libéraux et de consultants
22. Agences de voyage
23. Hôtels avec 4 hibiscus et plus
24. Agences immobilières
Segment B
1. Bâtiments et Travaux Publics (BTP)
2. Entreprises de location de camions et d’engins lourds
3. Entreprises de location de matériaux de construction
4. Entreprises de transport de matériaux de construction
5. Quincailleries
6. Autres Institutions financières (coopératives / caisses populaires, Institutions de micro crédit)
7. Commerce de gros
8. Magasins de produits cosmétiques et de vêtements
9. Commerce de livraison d’eau en vrac
10. Entreprises de Transport terrestre
11. Hôtels avec 3 hibiscus et moins
Sixième rapport relatif à la fixation du salaire minimum par secteur d’activités en Haïti /2019
P a g e | 34
12. Imprimerie, photocopie, infographie, lithographie et services informatiques
13. Salons de coiffure et de massage
14. Entreprises de nettoyage de vêtements (laundry and dry cleaning)
15. Industries extractives (mines et carrières)
16. Entreprises de Transport maritime
17. Industries manufacturières tournées vers le marché local, industries d’embouteillage de
boisson gazeuses, de jus, d’eau traitée, brasseries
Segment C
1. Restaurants
2. Agriculture, sylviculture, élevage et pêche
3. Industries de transformation de produits agricoles
4. Commerce de détail, sauf supermarchés, bijouterie, magasins de produits cosmétiques et de
vêtements
5. Boutiques d’artisanat et maroquineries
6. Presse communautaire
7. Autres services non marchands (Organisations à but non lucratifs, tel des ONG nationales et
internationales, des fondations, des associations, des coopératives de production et de services
non financiers)
Segment E
1. Personnel de service à domicile (gens de maison)
Segment F
1. Industries d’assemblage tournées vers l’exportation
2. Autres Industries manufacturières tournées vers l’exportation
Segment G
1. Agences de sécurité privées
2. Entreprises de distribution de produits pétroliers
Segment H
1. Écoles professionnelles privées
2. Institutions de santé privées employant plus de 10 personnes et qui offrent des services
d’hospitalisation
Sixième rapport relatif à la fixation du salaire minimum par secteur d’activités en Haïti /2019