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PHENOMENES NON LINEAIRES

Bibliographie :
Quaranta I p.167-169 et p. 262-267
Quaranta III p. 215 et 278
Bruhat : Mécanique ; 6ème édition p. 311- 315
Fleury Mathieu : Mécanique Physique p. 236-245
Duffait p. 212
Auvray : Electronique des signaux analogiques 621.3 C 8308
BUP 722, 727, 785, 787
L’ordre du chaos : Pour la science (BU Rennes : AR 8111 5/6)

I INTRODUCTION

1.1 Phénomène linéaire


On dit d’un phénomène qu’il est linéaire lorsque les
grandeurs caractéristiques du phénomène sont reliées entre elles par une simple relation de
proportionnalité :
y = f(x) = k.x
⇒ un système est linéaire si l’effet est proportionnel à la
cause qui lui a donné naissance.

Le phénomène est alors décrit par des équations linéaires c’est à dire des équations dont les
coefficients sont constants.

Cas des systèmes dynamiques :


L’évolution est alors régie par une équation différentielle.
Dans ce cas, l’équation est dite linéaire lorsqu’elle ne fait intervenir les variables ou leur
dérivée qu’au premier degré. Les coefficients affectant les variables ou leur dérivées peuvent
être des constantes ou dépendre du temps (dans ce cas, l’équation est dite paramétrique). En
régime sinusoïdal, où la dérivation par rapport au temps s’effectue en multipliant par jω, on
peut alors définir une fonction de transfert pour le système.

Principe de superposition :
Ce principe s’applique aux phénomènes et aux équations linéaires
au sens large :
à une excitation x1(t) correspond une réponse univoque y1(t)
à une excitation A.x1(t) correspond une réponse A.y1(t)
à une excitation x1(t) + x2(t) correspond une réponse y1(t) + y2(t)
les deux dernières propriétés impliquent qu’à une excitation A.x1(t) + B.x2(t)
correspondra une réponse A.y1(t) + B.y2(t)

Dans ces conditions, il n’y a pas d’interaction entre les différentes excitations x ainsi
qu’entre les différentes influences A, B, …C’est une propriété fondamentale des systèmes
linéaires car grâce à ce principe, le système se laisse analyser relativement facilement : une
excitation quelconque peut se décomposer en excitations élémentaires dont on étudie les
réponses qu’en donnent le système. En recomposant linéairement ces réponses élémentaires,
on obtient la réponse à l’excitation quelconque.
1.2 Phénomène non linéaire
Un phénomène est dit non linéaire lorsque des
grandeurs caractéristiques du phénomène reliées entre elles ne varient pas
proportionnellement l’une à l’autre. Son comportement peut alors être décrit par une
expression, un modèle ou des équations faisant intervenir les variables autrement qu'au
premier degré.

Propriété essentielle qu’implique la non linéarité :


Un système non linéaire ne satisfait pas
au principe de superposition. On s’en rend compte facilement en étudiant par exemple la
réponse d’un phénomène décrit par la fonction y = f(x) = x2 à une excitation x = x1 + x2.

La réponse est alors : f(x1 + x 2 ) = (x1 + x 2 ) 2 = x12 + x 22 + 2 x1 x 2 = f (x1 ) + f (x 2 ) + 2 x1 x 2

→ La réponse globale ne correspond pas à la somme des réponses séparées aux deux
excitations ; il existe maintenant un terme d’interaction 2 x1 x2 dit terme d’interférence
entre les différentes excitations. C’est là une propriété générale des phénomènes non linéaires
qui rend l’étude plus compliquée puisqu’on peut ne peut plus superposer de solutions (toute
combinaison linéaire de solutions n’est plus solution).

Certains phénomènes ou équations sont «naturellement» non linéaires (comme les équations
de Navier-Stokes de la mécanique des fluides) mais il faut bien garder à l’esprit que de
nombreuses lois physiques ne sont linéaires que pour des niveaux d’excitation pas trop élevés.
A partir d’un certain seuil, le développement au premier ordre des variables n’est plus
suffisant : on sort du domaine de validité des approximations linéaires.

La non linéarité d’un phénomène peut être mis en évidence de différentes manières suivant les
cas de figure envisagés. Le plus simple consiste à étudier directement la fonction y = f(x)
mais on peut aussi utiliser les différentes «signatures» que peut apporter la non linéarité d’un
phénomène :
l’existence d’un seuil
la présence d’hystérésis (à une excitation donnée ne correspond plus une réponse
univoque).
l’apparition de nouvelles fréquences dans le spectre d’un signal.
l’apparition possible de chaos lorsque le système non linéaire est non intégrable.

Les trois premier paragraphes de ce TP présentent quelques phénomènes non linéaires. Les
paragraphes suivants traitent plutôt des oscillateurs non linéaires.

II UN COMPOSANT NON LINEAIRE : LA DIODE

2.1 Visualisation de la caractéristique I = f(V)

Montage : Y

R
GBF D R = 500 Ω
X
GBF : 1000Hz ; ajustez son niveau et l’offset pour avoir un signal compris entre 0 et 10 V
Y, X → sur oscilloscope HP 54603B ; utilisez une sonde différentielle pour visualiser Y !
D : diode au silicium 1N 4148 ; Vinv = 75 V max ; Idirect = 200 mA

Courbe :
Y

La caractéristique I = f(U) n’est pas une


droite → le composant est non linéaire.

Mesurez la tension de seuil de la diode.

Spectre du signal X :
Effectuez la FFT de la tension aux bornes de la diode. Vous devez
constatez la présence de nombreux harmoniques (2f0, 3f0, …). Le signal est périodique de
fréquence f0 mais n’est pas sinusoïdal → il est décomposable en série de Fourier d’ou l’allure
du spectre.

2.2 Application à la production d’une modulation d’amplitude

2.2.1 Principe de base


On met à profit la non linéarité de la diode ; on
commence par réaliser l’addition de la fréquence à moduler fm avec la fréquence porteuse fp.
Ce signal est envoyé dans la diode. Celle ci étant un dipôle non linéaire, le signal de sortie
peut être mis sous la forme d’un développement polynomial :

VS = f(Vm +Vp) = a(Vm +Vp) + b(Vm +Vp)2 + c(Vm +Vp)3 + …

Les fréquences contenues dans le signal redressé sont nombreuses ; pour s’en convaincre, il
suffit de développer les deux premiers termes du polynôme de VS :

a(Vm +Vp) = aVm + a Vp → on aura les fréquences fm et fp.

b(Vm +Vp)2 = bV2m + bV2p + 2bVmVp

V2m = cos2ωmt = 1/2(1 + cos2ωmt) → on aura la fréquence 2fm


V2p = cos2ωpt = (1 + cos 2 ω p t ) → on aura la fréquence 2fp
1
2
1
2bVmVp = 2cosωmt cosωpt = cos ( ωm + ωp ) t + cos ( ωm − ωp ) t  → on
2
aura les fréquences fp + fm et fp - fm

On comprend ainsi que le développement complet du polynôme peut donner à priori toutes
les fréquences de la forme qfp + nfm ou q et n sont des entiers → on sélectionnera à l’aide
d’un filtre passe bande celles qui réalisent la modulation d’amplitude (les fréquences fp , fp -
fm et fp + fm).
2.2.2 Manipulation
Duffait p. 213

Montage :
Réalisez le montage sur plaque P 60. Utilisez un oscillo HP pour la visualisation
des signaux.
R
R
Vp RC
D - C
- B 081
Vm 081 +
+ A
R C L
RD

R : 100 kΩ
D : diode 1N 4148
RD : 1 kΩ
RC : 20 kΩ
L : bobine Leybold 250 spires (2,2 mH)
C : capacité variable → prendre la boite bleue MC 1001 et utiliser le calibre 0,1 – 1,5 nF
Vp : sinusoïde ≈ 100 kHz ; amplitude 4 V
Vm : sinusoïde ≈ 10 kHz ; amplitude 2 V

Les amplificateurs opérationnels ne sont pas indispensables mais permettent de bien


découpler les différentes fonctions du montage → les résultats de l’analyse spectrale
correspondent mieux à ce qu’on attend.

Observation en A :
En temporel → la première partie du montage réalise une addition des
deux signaux :

Confirmation en fréquentiel → effectuez la FFT du signal à 500kSa/s :


vous devez constater la présence des deux raies à fm et fp (le redressement qui suit perturbe un
peu le signal → enlevez temporairement la résistance RD pour y remédier) ⇒ l’additionneur
obéit au principe de superposition ; c’est un circuit linéaire (cf. Quaranta III p. 255).

Observation en B :
Remettre la résistance RD
En temporel → On a le même signal sans les alternances négatives.
En fréquentiel → effectuez la FFT du signal à 1 MSa/s : vous devez
constater la présence de nombreuses raies à nfm + qfp

90 110
20 190 210
180 220

10 100 200 300


La sortie n’est pas proportionnelle aux deux signaux d’entrée ⇒ le circuit redresseur n’obéit
pas au principe de superposition (cf. Quaranta III p. 255) ; c’est un circuit non linéaire.

Observation en C :
Partir de C = 0,1 nF ; stabilisez le signal temporel ; effectuez sa FFT →
augmentez alors la valeur de C pour atténuer les fréquences à ≈ 200 et 300 kHz. S’arrêter
lorsque les deux pic latéraux autour de la porteuse à 100 kHz ont même amplitude. Conclure
quant à la qualité de la modulation d’amplitude.

Remarque :
La non linéarité de la diode peut aussi servir à la démodulation → cf. Duffait p.
215 pour la manip et Auvray p. 307 pour la théorie. D’autres application peuvent encore être
envisagées :
le changement de fréquence (principe similaire à la modulation d’amplitude) →
cf. Quaranta III p. 214-216 et Auvray ch IX p. 337-338.
le conformateur à diodes → cf. Quaranta III p. 85, Duffait p. 193-194 et
Auvray p. 247-245 et 298.

III AIMANTATION D’UN MATERIAU FERROMAGNETIQUE


Lorsque l’on soumet
un matériau ferromagnétique à un champ magnétique, celui ci s’aimante. La relation entre
l’aimantation et le champ excitateur est un phénomène non linéaire. Cette non linéarité
présente différents aspects.

3.1 Aspects macroscopiques

3.1.1 Courbe de première aimantation


Se reporter au montage M 18, §
3.2 pour la manipulation ou au Quaranta IV p. 182 et 491. Pour les relations entre les
différents grandeurs et coefficients, se reporter à l’introduction du même montage. On
s’intéresse dans cette partie à l’évolution de B enregistrée lorsque l’on commence par
augmenter progressivement le champ H. Le montage proposé permet de tracer la courbe B =
f(H) mais la courbe M = f(H) peut s’en déduire à partir de la relation B = µ0(H + M).

B = µ0(H + MSAT)
Y (V) B µmax
µ0MSAT

X (V) µmin H (A.m-1)

Les relations permettant d’obtenir B et H à partir des tensions qui sont mesurées sont les
suivantes :
RC N X
B= Y H= 1
N 2S l R1
Résultats :
La relation entre B et H n’est pas linéaire. Il est toujours possible malgré tout de
définir la perméabilité relative par la relation B = µ.H. La valeur de µ dépend alors fortement
de la valeur de H. Il faut bien remarquer à ce propos que la relation entre B et H ne peut
s’exprimer à l’aide d’une fonction analytique résultant de considérations théoriques. L’allure
de la courbe dépend du matériau utilisé, des dimensions de l’échantillon et des
caractéristiques des bobines employées.
Mesurez les deux valeurs extrêmes µmax et µmin de la pente B = f(H). Le paramètre
reliant l’aimantation M au champ H étant la susceptibilité magnétique χm et celle ci étant
reliée à µ par la relation µ = µ0 (1 + χm), en déduire les valeurs de χm min et χm max.
Mesurez par extrapolation à H = 0 la valeur limite du champ B à saturation
atteinte dans les conditions de l’expérience. En déduire l’aimantation à saturation atteinte par
la relation Bsat = µ0 Msat.

3.1.2 Phénomène d’hystérésis


C’est un deuxième aspect de la non
linéarité entre l’aimantation M et le champ H.

Retour sur la courbe de première aimantation :


Ce phénomène d’hystérésis se manifeste déjà
sur cette courbe lorsque l’on annule progressivement la tension d’alimentation du primaire : la
courbe ne décrit pas le même parcours et il subsiste un champ rémanent Brém lorsque H = 0.
Mesurez ce champ rémanent et en déduire l’aimantation rémanente par la relation Brém = µ0
Mrém. B

BREM

H (A.m-1)
Cycle d’hystérésis complet :
Se reporter au montage M 18 (Milieux magnétiques), § 3.3.1
pour la manipulation ou au Quaranta IV p. 182 et 491.
Montrez la courbe B = f(H) → la valeur de B dépend de
l’histoire du matériau et ne repasse plus par zéro lorsque H = 0. Pour retrouver l’annulation de
B, il faut appliquer un champ H d’une certaine valeur. C’est l’excitation coercitive.
B
Calculez l'excitation magnétique coercitive HC

On peut aussi estimer les pertes par hystérésis en


Brém
mesurant l'aire de la courbe ; on évalue cette
surface en la divisant en petits carreaux de
dimensions connues (tenir compte des facteurs
H d'échelle) et en mesurant leur nombre. On peut en
Hcoerc
déduire la puissance perdue par le transformateur :

PH(watt) = Scycle × 50 Hz × Sl

(S.l = volume du matériau magnétique).


3.2 Aspect microscopique
Les courbes obtenues laissent à penser que
l’aimantation varie continûment lorsque l’on augmente le champ H. En toute rigueur il n’en
est rien. A partir d’un certain seuil, l’aimantation augmente par sauts discontinus sous l’effet
du déplacement des parois entre domaines d’aimantation uniforme. Le déplacement
discontinu des parois peut être mis en évidence par l’expérience de Barkhausen.

Manipulation :
Se reporter encore au montage M 18, § 3.4 pour la manip.

Conclusion :
La discontinuité de l’évolution de l’aimantation est encore un autre aspect non
linéaire de ce phénomène. L’hystérésis magnétique des matériaux ferromagnétiques est une
conséquence de l’irréversibilité du déplacement de ces parois (le déplacement d’une paroi
nécessitant de l’énergie).

3.3 Applications

3.3.1 Matériaux « doux » matériaux « durs »


Il n’y a pas ici de
manipulation à proprement parler. Cette partie est à développer lors de la mesure de
l'excitation magnétique coercitive HC. Signalez alors que l’ordre de grandeur de HC permet de
distinguer deux types de matériaux ferromagnétiques :
- les matériaux ferromagnétiques
"doux" qui sont caractérisés par une faible excitation coercitive → leur aimantation peut donc
être facilement modifiée ce qui diminue d'autant les pertes par hystérésis. Ces matériaux
seront donc utilisés dans les nombreux appareils ou le champ magnétique varie (transfo,
électro-aimant, relais …) car minimiser les pertes est alors essentiel.
- les matériaux ferromagnétiques
"durs" qui sont caractérisés par un fort champ coercitif → leur magnétisme rémanent est alors
assez difficile à supprimer. Ces matériaux sont donc utilisés pour faire des aimants
permanents (on peut à la rigueur montrer un aimant …) ou des mémoires.

3.3.2 L’électroaimant
Ce dispositif permet d’obtenir des champs
magnétiques intenses dans l’air. Se reporter au montage M 20, § III pour plus de précision.

IV L’AMPLIFICATEUR OPERATIONNEL
Ce composant classique peut être utilisé en
régime linéaire (ε = 0) ou en saturation (ε ≠0). Il faut cependant avoir à l’esprit que des
phénomènes non linéaires peuvent quand même apparaître dans le premier cas.

4.1 Le Slew-Rate
Le slew rate (SR) vaut typiquement 0,5 V/µs pour le 741 et est
indépendant du gain. Pour le mettre en évidence, il faudra le dissocier de la variation du gain
de l’AO avec la fréquence (cf. Duffait) ⇒ on peut par exemple le mettre en évidence sur un
amplificateur non inverseur ; il faudra alors prendre un gain faible (1 à 10 maximum) et un
signal de grande amplitude pour que la variation du gain n’entre pas en ligne de compte.
Montage :
X Y VE : sinusoïde 1000 Hz, amplitude 6 V
VE +
741
- R1 = R2 = 10 kΩ
R2
Mesurez VS ; calculer G ; comparez à la valeur
calculée :
R1 R
G =1+ 2
R1
Comparez les spectres des signaux d’entrée et de sortie → ils doivent être identiques.
Le circuit donne en sortie VS = kVE et fS = fE → le système est linéaire.

Augmentation de la fréquence du signal :


Conservez toujours une amplitude de 6 V et passez
à f = 10kHz (changez de calibre sur le GBF). Effectuez la FFT de VS (féch = 200 kSa/s) → le
système est encore linéaire.
Augmentez alors légèrement la fréquence → vous
devez constater l’apparition d’harmoniques sur VS pour f > 11 kHz. Le système n’est plus
linéaire cette fois ci (fE → fE + harmoniques). Passez à 20 kHz ; observez le signal en
temporel → il a grossièrement l’allure d’un signal triangulaire → mesurez le Slew Rate de
l’AO et comparez à la donnée constructeur.

Remarques :
L’amplificateur opérationnel se comporte de façon linéaire tant qu’on ne lui
demande pas en sortie des excursions en amplitude trop rapides. Cette limitation de la vitesse
d’évolution de la tension de sortie traduit la charge à courant constant d’une capacité interne
au circuit de l’ AO. Il faut noter que cette limitation dépend à la fois de l’amplitude et de la
fréquence.
Dans le cas d’un signal sinusoïdal à l’entrée, le phénomène de triangularisation
du signal de sortie est atteint lorsque la dérivée maximale du signal d’entrée (égale à ωAE)
dépasse la valeur du Slew Rate.

4.2 Utilisation en commutation


Ce régime de fonctionnement s’obtient soit en
utilisant l’AO en boucle ouverte, soit en effectuant une réaction positive qui rend le
fonctionnement de l’AO instable dans le domaine linéaire. Dans les deux cas, il est toujours
en saturation sauf aux instants de basculement. On peut présenter ce régime de
fonctionnement sur deux montages différents, chaque montage donnant lieu à une application
différente :
le comparateur simple (cf. Duffait p. 93) avec pour application le convertisseur
simple rampe (cf. M 25 §1.2).
le comparateur à hystérésis (cf. Duffait p. 94) avec pour application les
oscillateurs à relaxation.

On présente ici le comparateur à hystérésis mais l’autre choix est tout aussi valable !

4.2.1 Le comparateur à hystérésis


Duffait p. 93 ; Quaranta III p. 77-78
Montage :
Il est similaire dans le principe à celui du § 2.1 ; on permute juste les entrées + et
– de l’AO . On prend ici un AO 081 car il commute plus rapidement (son SR est typiquement
de 13 V/µs).
X Y Vsat +
VE - 081
+
VE : sinusoïde 100 Hz
R2
amplitude 10 V Vbas - Vbas +

R1 = R2 = 10 kΩ R1
Vsat -

Observez en Lissajous les tensions VE et VS ; mesurez Vsat + , Vsat - , Vbas + et Vbas -.Vérifiez
que :
R2 R2
Vbas + = Vsat + et Vbas − = Vsat -
R1 + R 2 R1 + R 2

Vous pouvez abaisser la fréquence du signal VE pour observer le parcours du cycle


d’hystérésis (fE ≈ 0,1 Hz).

4.2.2 Application : multivibrateur astable


biblio : Quaranta III p. 313
Duffait p. 189-190

Se reporter aux montages M 16 , § 2.1 et M 29 pour la manipulation et les mesures.

V ETUDE DU PENDULE PESANT

5.1 Rappels
L’équation du mouvement du pendule pesant est :
I &&
θ + mga sin θ = 0

où I est le moment d’inertie du pendule par rapport à l’axe autour duquel il oscille et a est la
distance du centre de gravité à cet axe.

Pour de petits angles, on peut faire l’approximation sin θ ≈ θ . L’équation du mouvement


devient alors linéaire (pendule harmonique) :
I &&
θ + mga θ = 0
2π I
La solution de l’équation est alors : θ = θ0 cos ( ω0 t + ϕ ) avec ω = et T0 = 2π
T mga

Dans l’hypothèse des angles faibles, la période des oscillations est donc indépendante de
l’amplitude initiale ; on dit qu’il y a isochronisme. En réalité, un calcul plus fin (cf. Bruhat p.
314 ou Pérez, Méca p. 155) montre que la période est en fait donnée par la relation approchée
suivante où θ est exprimé en radians :
 θ2 
T ≈ T0 1 + 
 16 
La période dépend donc de
l’angle par une relation non linéaire. Cette non linéarité provoque la perte d’isochronisme.

Remarque 1 :
On peut se demander pourquoi le calcul poussé ne fait pas apparaître un terme
du premier ordre en θ du type T = T0 + Aθ + Bθ2. C’est physiquement impossible car la
période d’un pendule ne dépend pas du sens dans lequel on le lance :
-θ +θ
La période du pendule est la même qu’on le lance avec l’angle θ ou - θ
⇒ cette propriété est incompatible avec un terme du premier ordre en
θ.

Remarque 2 :
L’écart entre T et T0 est très faible comme le montre le tableau suivant :

θ (degré) 1 2 3 4 5 10 15 20 25 30
(T –T0)/T0 (%) 0.0019 0.0076 0.017 0.03 0.047 0.19 0.43 0.76 1.19 1.71

La mesure de la période T doit être par conséquent très précise si l’on veut espérer vérifier la
loi en θ2 → une mesure effectuée à l’aide d’un chronomètre manuel en repérant visuellement
le passage du pendule en un point donné est largement insuffisante en terme de précision. La
seule solution consiste à utiliser un compteur performant associé à une barrière
photoélectrique.

5.2 Manipulation

Montage :
Pendule d’étude : gros pendule excitateur à masse carré du dispositif Jeulin réf.
222 018.

Gros pendule :
Désaccouplez le petit pendule du gros
Plaque d’indication des angles (enlevez le ressort qui les lie)
→ la démonter et la retourner
(indications du côté du gros pendule) Placez la masse carrée tout en bas
→ période propre d’environ 1,35 s

APOLLO 100

INPUT A
barrière photoélectrique
ELECTROME
Placez un ou deux poids de 5 kg sur la base du dispositif afin qu’il soit parfaitement stable.
Allumez le chronomètre une bonne dizaine de minutes avant de commencer les mesures.

Remarque sur le choix du pendule :


N’importe quel pendule pesant peut fondamentalement
convenir. Il faut cependant avoir en pratique un pendule doté d’un système de mesure de
l’angle θ suffisamment précis. Une autre condition plus importante au choix du pendule est
qu’il soit le moins amorti possible. En effet, comme on va le voir après, la mesure de T va
s’effectuer sur une série de 5 périodes → il faudra qu’il oscille pendant ce temps avec la
même amplitude maximum θmax (l’amortissement peut aussi avoir pour conséquence la
modification de la période T0 si les frottements sont visqueux ; ce n’est pas le cas avec les
frottements solides ; cf. Pérez : Mécanique p.150). A Rennes, le gros pendule excitateur à
masse carré du dispositif Jeulin réf. 222 018 répond à ces deux critères.

Réglages Apollo 100 :


Measures → Périod
Coupling → LPF (important ; mesures en basses fréquences)
Slope : ↑ ou ↓ (indifférent)
Réglez l’atténuation et le Trig Level de façon à ce que le compteur
déclenche à chaque passage du pendule.

5.2.1 Manips préliminaires : mesure correcte de T


La mesure correcte de
T n’est pas si triviale qu’il y paraît. Pour vous en convaincre, effectuez successivement les
manipulations suivantes.

Manipulation 1 :
Commencez d’abord par estimer la valeur de la période du pendule en la
mesurant visuellement à l’aide d’un chronomètre.
Réglez l’Apollo 100 de façon à ce qu’il mesure 1 seule période. Lancez le
pendule → le compteur se met à mesurer. Appuyez sur RESET lorsque le pendule arrive sur
la cellule photoélectrique par la gauche → notez la mesure T1 que donne l’appareil.
Effectuez ensuite une nouvelle mesure en appuyant cette fois ci sur RESET lorsque le pendule
arrive sur la cellule par la droite → notez la valeur T2 que donne l’appareil.
Les deux valeurs doivent correspondre à peu près à la moitié de la période
du pendule (≈ 675 ms si la masse est en bas) mais il y a de fortes chances qu ‘elles soient
différentes.

Explication :
La mesure donne exactement T/2 si la zone de déclenchement de la barrière
photoélectrique est exactement confondue avec la position d’équilibre θ = 0 du pendule. Vous
pouvez le vérifier en décalant légèrement plus ou moins vers la gauche ou vers la droite la
position de la barrière. On le comprend aisément sur le schéma suivant :
T/2
θ θ θ

T1 T2
La barrière est ici décalée vers la gauche ; on a alors T1 > T/2 > T2. Si la barrière est décalée
vers la droite, on a l’inverse : T1< T/2< T2. Ces différences sont d’autant plus faibles que la
barrière est bien alignée avec la position d’équilibre θ = 0 du pendule.
→ on mesure
rigoureusement T/2 si la barrière est parfaitement centrée. Il faut noter que dans ce cas, la
largeur de la tige qui déclenche le comptage n’a aucune influence sur la mesure :

signal aux bornes


de la barrière ∆T ∆T’

T/2

Tmesurée
Dans l’exemple choisi, la mesure qu’effectue le compteur est surestimée de ∆T au départ et
sous estimée de ∆T’ à la fin. Si la barrière est exactement centrée, on a rigoureusement ∆T =
∆T’ puisque les positions du pendule au démarrage et à l’arrêt de la mesure sont symétriques
par rapport à θ = 0 → les vitesses sont les mêmes au signe près (ce qui n’est plus tout à fait
vrai si la barrière est décalée car les positions ne sont plus symétriques par rapport à θ = 0).

Il est donc important de placer au mieux la barrière photoélectrique sur l’axe θ = 0 mais un
réglage parfait est délicat à obtenir. On peut limiter le défaut résiduel de placement en
effectuant une mesure sur plusieurs périodes.

Manipulation 2 :
Refaites la même manipulation que précédemment mais en demandant au
compteur de faire une mesure moyenne sur 10 périodes. Cette fois ci, vous devez trouver que
la même valeur que le pendule arrive par la gauche ou par la droite. Dans ces conditions, on a
effectivement T1 = T2 = T/2. De plus, vous pouvez vérifier que le résultat est nettement moins
sensible au défaut de centrage de la barrière.

Explication :
0 1 2 3 4 5 6 7 8 9 10

T1 T2 T1 T2 T1 T2 T1 T2 T1 T2

Le compteur fait une moyenne de 10 mesures dont la moitié correspond à T1 et l’autre à T2 ⇒


le résultat correspond à T/2.

Remarque :
Il faut noter que le compteur n’a pas en fait le même mode de comptage suivant
qu’il compte une ou 10 périodes :
Lorsqu’il compte sur une période, il utilise un front pour
terminer une mesure et prend le front suivant pour commencer une nouvelle mesure. Ce qu’on
obtient le montre : le résultat reste inchangé une fois la première mesure effectuée.
Lorsqu’il compte sur 10 périodes, le front qu’il utilise pour
terminer une mesure sert aussi au début de la mesure suivante. Si ce n’était pas le cas, il
mesurerait toujours T1 ou T2.
Il serait intéressant de savoir si cette différence de
comportement est spécifique à l’appareil utilisé ou si elle est commune à tous les compteurs
→ à vérifier si vous utilisez un autre compteur !

5.2.2 Mesures
Centrez au mieux la barrière et mesurez comme indiqué
précédemment la période du pendule pour différentes valeurs de l’angle (vérifiez que le
pendule garde la même amplitude d’oscillation pendant toute la durée de la mesure). Tracez la
courbe T = f(θ2) ; vous devez obtenir une droite. Voici à titre indicatif une série de mesures
exploitée sous Excel :
T=f(teta²)
1320.00

1315.00 mesures
Régression linéaire

1310.00
T (ms)

1305.00

y = 79.874x + 1296.2
1300.00
R2 = 0.9987

1295.00
0 0.05 0.1 0.15 0.2 0.25 0.3

Téta² (rad²)

La régression linéaire nous donne une période T0 de 1296,2 ms. Le coefficient directeur de la
droite est en bon accord avec la valeur T0/16 (1296,2/16 = 81 soit un écart relatif de 1,4 %).

Période en fonction de l'angle


1316

L’accord entre les Modèle


valeurs mesurées 1311
mesures
Période (ms)

expérimentalement et
la courbe théorique
1306
 θ2 
T = T0 1 +  est
 16 
aussi excellent : 1301

1296
0 5 10 15 20 25 30

Téta (degré)

On peut faire un encadrement de la courbe théorique en évaluant les écarts qu’apporte les
incertitudes sur la détermination de mesures. Estimez tout d’abord l’incertitude sur la mesure
de θ. L’incertitude sur le calcul de T s’obtient par le calcul suivant :
 θ2   θ2  T0
T = T0 1 +  ⇒ ∆T =  1 +  ∆T0 + θ.∆θ avec θ et ∆θ en radian et ∆T0 à
 16   16  8
estimer.

Conclusion :
La non linéarité provoque le non isochronisme des oscillations mais c’est un
effet relativement fin.

VI INFLUENCE DES NON LINEARITES SUR L’AMPLITUDE D’UN


OSCILLATEUR QUASI SINUSOIDAL
BUP 727 p. 1047
Duffait p. 169
Quaranta III p. 34 et 334
Quaranta IV p. 409 410

Les oscillateurs quasi sinusoïdaux électroniques sont des systèmes délivrant un signal
pratiquement sinusoïdal à partir d’une source continu. Ces dispositifs fonctionnent la plupart
du temps en régime linéaire mais les effets linéaires, même s’ils interviennent peu, sont
fondamentaux car ce sont eux qui limitent l’amplitude des oscillations.

L’étude porte sur un oscillateur RLC à résistance négative. L'idée dans ce type d’oscillateur
est d'annuler l'amortissement d'un circuit RLC par une résistance négative afin d’entretenir les
oscillations. On se propose de mener cette étude sur un circuit RLC série en utilisant un
convertisseur d'impédance négative en courant. Ce montage est aussi étudié en détail dans le
montage M 29 (Oscillateurs) → s’y reporter pour plus de précision et d’autres
manipulations possibles (oscillateur de Van der Pol par exemple).

6.1 Etude de la résistance négative


On cherche à savoir sous quelles conditions
le dipôle suivant se comporte comme un résistance négative c’est à dire lorsque
V
Zeq = = − R N :
i R
i
-
+

V R VS
R’

6.1.1 Etude en régime linéaire


Lorsque l’ampli op fonctionne en régime
linéaire, on a ε = 0 donc V+ = V-. Dans ces conditions, les deux résistances R sont soumises
aux même potentiels V et VS à leurs bornes → le courant circulant dans ces deux résistances a
la même valeur et le même sens (le courant de sortie de l’amplificateur vaut alors iS = 2 i) :
R Ce courant i circule aussi dans la résistance R’
i
i i puisque i+ = 0. Comme V = V- = V+ , on voit
- 2i immédiatement que l’impédance du montage en
+ régime linéaire vaut :
i
V
Zeq = = − R ' = R N
i R i
V
VS
Dans ces conditions, la tension de sortie
R’
correspond à VS = - (R' + R) i

Le montage se comportera comme une


résistance négative tant que la sortie de l’amplificateur opérationnel ne saturera pas c’est à
dire tant que l’on a :
( R + R ' ) i ≤ VSAT
VSAT R'
⇒ les valeurs maximum de i et V seront donc : i max = Vmax = VSAT
R + R' R + R'

6.1.2 Etude en régime saturé


Lorsque l’AO est saturé, on a VS = ± VSAT
et ε ≠ 0. On a alors : V = R i m VSAT

VSAT
Attention, le courant dans la branche R’- R n’est pas le même ; il vaut m .
R + R'

6.1.3 Caractéristiques globales


On les déduit des raisonnements
précédents. V
Vmax
+ R

L’évolution de V en imax
i
fonction de i est la - imax
suivante : - R’
+ R
- Vmax

VS
VSAT

Celle de VS en fonction imax


de i est la suivante : i
- imax
- (R’ + R)

- VSAT
Le dipôle est non linéaire : son impédance ne vaut – R’ qu’en régime linéaire.

6.1.4 Visualisation des caractéristiques


Réalisez le montage suivant :
X
Rg = 2 kΩ
Rg i R R = 2 kΩ
-
+ 081 R’ = boite à décades
valeur comprise ici entre 100 et 1000 Ω
GBF V R VS GBF : fréquence de l’ordre de 100 Hz
R’
Visualisez X à l’aide d’une sonde
différentielle !!

X → voie X de l’oscillo → oscillo en mode XY


V ou VS → voie y de l’oscillo

Remarque :
La résistance Rg sert à assurer la stabilité du montage. Celui ci subit en effet une
rétroaction positive et une rétroaction négative → il n’est stable que si le taux de réaction
V V
négatif τ− = − est supérieur au taux de réaction positive τ+ = + . Ces deux taux sont avec
VS VS
la résistance Rg :
Rg R'
τ− = τ+ =
R + Rg R + R'
⇒ les valeurs proposées pour
R, Rg et R’ permettent d’avoir τ− 〉 τ+ et d’assurer ainsi la stabilité du montage.

Caractéristique VS = f(i) :
Ajustez la valeur de R’ à 1 kΩ par exemple.

Vérifiez que la caractéristique observée correspond à celle


attendue. Mesurez VSAT + , VSAT -, imax + et imax -. Comparez les valeurs de imax mesurées à
 VSAT 
celles calculées  i max =  . Attention au calcul de imax déduit des mesures : on a sur
 R + R ' 
l’oscillo la tension Ri divisée par l’atténuation de la sonde !

Caractéristique V = f(i) :
Vérifiez que la caractéristique observée correspond à celle
attendue. Les valeurs de imax doivent rester inchangées. Mesurez les valeurs de Vmax et
 R' 
comparez aux valeurs attendues  Vmax = VSAT  .
 R + R' 
Modifiez la valeur de la résistance R’ dans le rapport proposé ⇒ la
pente dans le régime linéaire doit changer (pente = - R’), pas celles des régimes saturés (pente
= + R). On peut vérifier pour une valeur de R’ que la pente observée correspond
effectivement à –R’.

6.2 Etude de l’oscillateur


On insère la résistance négative dans le circuit r,L,C.

Montage : X

i R
-
+
L L : 0,1 H AOIP (r = 32 Ω)
V R VS
C : 0,1 µF AOIP
C R’

Observations :
Augmentez R' en partant de 0 jusqu'à observer en VS le démarrage des
oscillations. Mesurez la fréquence des oscillations (oscillo HP ou fréquencemètre) et
1
comparer à la valeur théorique f 0 = .
2π LC

Comparez la valeur obtenue pour R' à celle de la self. On trouve en général


une valeur supérieure car la résistance de la bobine augmente avec la fréquence à cause de
l'effet de peau or celle indiquée par le constructeur l'est à 50 Hz.

Visualisez de nouveau la caractéristique VS = f(i) à l’oscillo en mode XY ; on


retrouve la caractéristique de la résistance négative mais où la saturation est juste amorcée.
C’est cet effet non linéaire qui limite en pratique l’amplitude des oscillations.

Analyse :
Le schéma équivalent du circuit est le suivant (le sens des tension UL,r et UC est
choisit pour respecter la convention récepteur avec le sens de i que l’on a pris jusqu’à
maintenant) :
i
L, r UL, r U L,r + U C + V = 0
V RN q
− e + ri + +V=0
C
C UC di q
L + ri + + V = 0
dt C

Avant l’amorçage des oscillations, i = 0 et V = 0 → l’AO est en régime linéaire et le dipôle à


résistance négative obéit à la loi V = - R’i. On a alors :
di q
L + ( r − R ') i + =0
dt C
d 2i (r − R ') di 1
Soit en dérivant par rapport au temps : + + i=0
dt 2 L dt LC
Tant que r > R’, l’équation différentielle correspond à un système oscillant amorti. Comme la
valeur initiale de i est quasi nulle, elle ne peut que décroître → le système n’oscille pas.
Si r = R’, l’équation différentielle correspond à un système qui oscille de façon sinusoïdale.
Cependant, aucune condition ne précise l’amplitude de ces oscillations. Celles ci étant nulles
au départ, il faut dépasser ce seuil pour qu’elles puissent apparaître.

Si R’ > r, l’équation différentielle correspond à un système oscillant dont l’amplitude croit


exponentiellement. C’est la condition qu’il faut réaliser pour voir apparaître les oscillations.

Influence de la non linéarité du dipôle sur l’amplitude :


Une fois dépassé le seuil critique, les
oscillations croissent de façon exponentielle. Rien dans l’équation ne limite à priori cette
croissante. Dans la pratique, c’est la saturation de l’ampli op. (effet non linéaire) qui limite
cette amplitude. En effet, lorsque que le courant atteint la valeur i max = VSAT / ( R + R ') , la
relation V = -R’i cesse d’être valable et est remplacée par V = R i m VSAT . L’équation du
di q
circuit devient alors : L + ( r + R ) i + = ± VSAT
dt C
d 2i (r + R) di 1
Soit en dérivant par rapport au temps : 2 + + i=0
dt L dt LC

Cette fois ci, l’amortissement devient fortement positif → il tend à diminuer la valeur de i
mais en redescendant au dessous de imax, l’ampli op retrouve son régime linéaire →
l’oscillation repart vers – imax ou le même phénomène limitera l’amplitude.

Conclusion :
Les non linéarités interviennent peu au cours du fonctionnement d’un oscillateur
quasi sinusoïdal mais elle jouent un rôle fondamental dans la limitation de l’amplitude de ce
type d’oscillateur.

VII NON LINEARITE ET CHAOS


Quaranta IV p. 72
L’ordre du chaos : Pour la science (BU Rennes : AR
8111 5/6)

Lorsque l’équation différentielle régissant l’évolution d’un système est non linéaire, celui ci
peut avoir des comportements chaotiques. Le caractère non linéaire constitue une condition
essentielle à l’apparition du chaos mais ce n’est pas la seule. Pour s’en convaincre, il suffit de
revenir sur l’exemple des oscillations d’un pendule pesant à forte amplitude : son mouvement
est régi une équation différentielle non linéaire mais c’est un phénomène régulier qui ne
présente pas de solutions chaotiques. Pour que le chaos puisse apparaître dans un phénomène
non linéaire, il faut aussi que le système ne soit pas intégrable.

D’une manière générale, un système à N degrés de liberté est intégrable si on peut le


décomposer en N systèmes à un degré de liberté indépendant les uns des autres → le système
sera intégrable si on peut le séparer en N systèmes indépendants. Pour ce faire, il faut trouver
un changement de base où le couplage entre les différents systèmes disparaît. Un exemple
simple de système intégrable est celui de deux oscillateurs harmoniques constitués chacun par
un ressort et une masse susceptibles de coulisser suivant un axe et relié entre eux par un
troisième ressort. La relation fondamentale de la dynamique appliquée à chaque masse donne
deux équations dans lesquelles apparaît un terme de couplage due à l’action d’une masse sur
l’autre. Pour résoudre le système, il suffit d’effectuer un changement de variable de type X =
x1 + x2 , Y = x1 – x2 ; on obtient alors deux équations indépendantes correspondant chacune à
un oscillateur simple que l’on sait résoudre. Intégrer le problème revient donc à trouver, s’il
existe, le changement de variable judicieux permettant d’obtenir ces modes propres. Si le
système est linéaire, il est toujours possible de trouver ces modes propres et tous les
problèmes linéaires sont intégrables. En revanche, pour les systèmes non linéaires, cette
détermination des modes propres est beaucoup plus difficile et la plupart du temps impossible.
La notion de non intégrabilité est donc étroitement liée au caractère non linéaire du
phénomène bien qu ‘il existe des phénomènes non linéaires intégrables (cf. pendule et ci
dessous).

7.1 Boussole soumise à l’action d’un champ magnétique statique


L’équation
MB0
régissant les mouvements de la boussole est : θ& = − sin θ
J
Cette équation non linéaire est analogue à celle du pendule. Elle ne possède deux degrés de
liberté θ et θ& et ses solutions sont régulières. Suivant les conditions initiales, la boussole peut
osciller autour du champ fixe avec une pulsation propre ω02 = MB0 / J si les oscillations sont
de faible amplitude (ces oscillation tendant à disparaître à cause des frottements) ou continuer
à tourner si on la lance suffisamment fort, la vitesse subissant alors une modulation lors du
rapprochement θ& ( )
ou de l’éloignement du champ θ& ( )
. Là aussi, les frottements
finiront par ralentir la rotation de la boussole qui sera piégée au bout d’un certain temps dans
le champ statique B0. Ces comportements différents peuvent être résumés simplement dans
l’espace des phases, l’espace naturel pour représenter l’évolution d’un système dynamique (le
schéma est construit en supposant la boussole sans frottements) :
θ&

rotations complètes
θ& max

0 2π θ

séparatrice

zones d’oscillations régulières : résonance

Une trajectoire particulière sépare ici l’espace des phases. Cette trajectoire est la séparatrice :
c’est la frontière entre le domaine où la boussole est piégée dans le champ magnétique fixe B0
et oscille autour de lui et le domaine où l’énergie communiquée initialement à la boussole est
suffisante pour lui permettre de continuer sa rotation. La séparatrice correspond au cas limite
où l’impulsion communiquée à la boussole lui permet d’atteindre la position d’équilibre
instable θ = π avec une vitesse nulle. La zone d’oscillations régulière qu’elle délimite est
appelée résonance. Son extension dans l’espace des phases est assez simple à calculer ; la
demi largeur correspond en effet à la vitesse maximale que la boussole atteint en décrivant la
séparatrice soit :
θ& max = 2 M B / J = 2 ω0

→ la demie largeur de la zone de résonance vaut le double de la pulsation propre des petites
oscillations.

Remarques :
Le centre des résonances correspondent à un domaine où les oscillations sont
linéaires (oscillations de faible amplitude). Les trajectoires proches de la séparatrice sont
celles où les effets non linéaires sont le plus forts (oscillations de forte amplitude).
Si l’on tient compte des frottements, les trajectoires dans l’espace des phases
tendent vers le centre d’une résonance.
Tel quel, ce système ne peut aboutir à l’apparition de phénomènes chaotiques.
Cela n’est éventuellement possible que si l’on donne un autre degré de liberté au système.

7.2 Ajout d’un champ tournant


On considèrera uniquement un champ B1
tournant à la vitesse angulaire ω1 = cte. L’équation régissant les mouvements de la boussole
est alors :
MB0 MB1
θ& = − sin θ − sin ( θ − φ ) avec φ = ω t et φ = ω
J J

Le système possède alors quatre degré de liberté θ, θ& , φ et φ& qu’on peut réduire à trois
( θ, θ& et φ ) puisque ω = cte. L’espace des phases a alors 3 dimensions.

On peut d’abord faire la remarque suivante : si il n’y a seulement que le champ tournant, le
problème est alors identique au précédent ; il suffit juste de changer de référentiel en
effectuant le changement θ ' = θ − ω t . Ce nouveau référentiel correspond à celui du champ
tournant et, dans ce référentiel, ce champ donne lieu à des phénomènes analogues au cas
précédent : apparition d’une zone de résonance centrée autour de la droite de l’espace des
phases d’équation θ& = ω avec des oscillations possibles à la pulsation propre ω12 = MB1 / J si
les oscillations sont de faible amplitude. Là aussi, cette zone de résonance est délimitée par
une séparatrice de demie largeur égale à :
θ& max = 2 M B1 / J = 2 ω1

Quand les deux champs coexistent, chacun donne donc lieu à une résonance : le système est à
deux résonances. Une résonance correspondant à un domaine de piégeage, il est impossible à
une trajectoire d’appartenir simultanément aux deux résonances → un problème apparaîtra
lorsque ces deux résonances commenceront à se chevaucher. Dans ces conditions, la boussole
ne saura plus quel champ suivre et adoptera généralement une trajectoire chaotique, suivant
irrégulièrement l’un puis l’autre champ. Inversement, on s’attend à des trajectoires régulières
lorsque les zones de résonance ne se chevauchent pas. On en déduit par conséquent un critère
permettant de prédire l’apparition du chaos ; le recouvrement des résonances à lieu lorsque la
somme de leur demie largeur correspond à la distance qui les sépare soit :
2 ( ω0 + ω1 ) = ω
2 ( ω0 + ω1 )
On en déduit un critère dit critère de stochasticité : S =
ω

Lorsque S = 1, les résonances se recouvrent et des phénomènes chaotiques peuvent apparaître


à la jonction. C’est justement dans cette zone où les effets non linéaires sont importants.

Remarque :
L’expression du critère de stochasticité montre que pour l’augmenter, il faut soit
augmenter les champs B0 ou B1 ( ωi2 = MBi / J ) , soit diminuer la vitesse du champ tournant.
On peut évidemment combiner les effets.

7.3 Manipulation
Quaranta IV p. 72
La manipulation proposée est assez limitée car, pour des raisons pratiques, on ne pourra pas
descendre en dessous de S = 1 → on observera toujours de phénomènes chaotiques.

Montage :
La création du champ tournant est le problème le plus délicat à résoudre. Pour que
le résultats soient observables visuellement, il faut que le champ tournant ne tourne pas trop
vite (1-2 Hz) → la création d’un champ tournant à cette fréquence est difficile à réaliser en
pratique avec des bobines → on le réalisera faute de mieux avec un aimant en U mis en
rotation par un moteur.

moteur Phywe avec réducteur 1/100


le fixer solidement !

aimant en U

≈ 15 cm
bobine bobine
Leybold Leybold
alim continue 1000 spires 1000 spires
30 V ; 5 A
15 – 20 cm

Branchez les bobines en série de façon à ce que leur champ s’ajoute. Elles produisent le
champ statique B0. Fixez l’aimant sur le moteur en le centrant par rapport à l’axe de rotation.
Ajustez sa position de façon à ce que ses deux pôles soient au même niveau. Alignez l’axe de
la boussole avec l’axe de rotation. Vérifiez qu’elle tourne normalement lorsqu’elle est
soumise au champ tournant : elle doit rester horizontale si elle est bien centrée et si la position
de l’aimant est correcte. On peut, si l’on veut, travailler avec des champs magnétiques
grossièrement égaux. Pour ce faire, il suffit de placer l’axe de l’aimant en U immobile
perpendiculairement à celui des bobines. Il suffit alors d’ajuster l’alimentation des bobines
jusqu’à ce que la boussole soit à 45° des deux axes.
Manipulation 1 :
Boussole dans le champ statique B0 seul (enlevez l’aimant en U)
Observez les différentes trajectoires possibles de la boussole suivant
l’énergie initiale qu’on lui communique : oscillations autour du champ ou rotations complètes
avec modulation de la vitesse. Comparez avec le diagramme de phase construit au § 7.1. Les
frottements font que quelle que soit la trajectoire, la boussole finit par s’immobiliser dans le
champ B0. Notez que dans le domaine d’oscillations, la fréquence augmente au fur et à
mesure que l’oscillation diminue en amplitude (cf. étude pendule pesant). Essayez d’estimer
au mieux la période propre des petites oscillations. On peut montrer éventuellement
l’influence de B sur la période des oscillations (il est cependant difficile de faire du
quantitatif).

Remarque :
Si le montage est entièrement fait et que l’on ne veut pas enlever l’aimant en U,
on peut couper l’alimentation des bobines et faire les observations avec le champ produit par
l’aimant en U immobile (les résultats sont les mêmes si les champs sont égaux).

Manipulation 2 :
Boussole dans le champ tournant B1 seul (coupez l’alimentation des
bobines).
Les observations doivent être les mêmes : la boussole accroche dans le champ tournant ; c’est
le principe du moteur asynchrone. Si on lui communique une petite impulsion, elle accroche
le champ tournant en oscillant autour de lui et ces oscillations disparaissent avec les
frottements. Si l’impulsion communiquée est suffisante, elle tourne plus vite que le champ
tournant mais sa vitesse est modulée. Elle finit là aussi par accompagner le champ tournant
suite aux frottements.

Manipulation 3 :
Boussole soumise à l’action simultanée des deux champs.
Observez les mouvements chaotiques de la boussole suivant la fréquence de rotation ω de
l’aimant : accrochage aléatoire sur l’une ou l’autre des résonances (champ fixe ou champ
tournant), mouvement de rotation uniforme dans un sens ou dans l’autre (difficile à obtenir en
pratique.

Remarque :
Il serait tentant de vouloir observer des mouvements réguliers correspondants à S
< 1. Cela n’est pas possible en pratique car les périodes propres de la boussole sont de l’ordre
de 0,5 Hz dans les conditions de l’expérience. Si les deux champs ont la même amplitude, le
critère S < 1 impose alors de faire tourner le champ à une fréquence supérieure à 2 Hz. Or le
moteur Phywe muni du réducteur 1/100 ne peut aller que jusqu’à 1,3 Hz environ. On pourrait
y remédier en diminuant la valeur des champs mais la pratique montre alors que la boussole a
du mal à accompagner le champ tournant (l’influence des frottements empêche alors la
boussole de le suivre de façon régulière).

Un oscillateur électronique permet aussi une approche de chaos. Consultez le


BUP n° 785 pour plus de précision. La réalisation pratique est cependant assez lourde. Je
pense qu’il y aura un oscillateur de ce type tout fait à l’oral.

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