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Introduction.

Si les normes sont peu connues du commun des mortels, elles sont pourtant présentes dans toutes les
sociétés, dans toutes les pratiques sociales, et se trouvent être à la base de notre fonctionnement économique.
À première vue, cette notion peu paraître récente, novatrice, née de l’avènement du capitalisme et d’un
besoin pressant d’une production plus efficace et plus rentable.

Pourtant les normes sont ancrées dans notre histoire depuis l’Antiquité, c’est-à-dire depuis que les peuples
échangent et font du commerce. Bien que l’on puisse dire que les normes existaient dès la naissance de
l’humanité, ou du moins dès la formation des premières sociétés organisées ; dans la mesure ou le fait
d’utiliser une langue de référence au sein d’un peuple constitue déjà une norme, tout comme certaines
pratiques sociales, reconnues par tous pour la symbolique qu’elles apportent. Malgré cette présence très
précoce des normes dans l’histoire de l’humanité, on peut dire qu’elles se développent et prennent réellement
leur importance au moment de l’expansion du commerce, car lorsque les peuples ont commencé à échanger,
la notion de valeur commune est apparue, il fallait trouver une valeur marchande équitable pouvant servir de
repère à tous les commerçants, même issus de différentes régions. C’était le premier pas vers les
mathématiques et les monnaies de référence, et cela a existé dès la Mésopotamie.

Le premier exemple présentant une volonté avérée de normalisation, se trouve être l’empire romain. En effet,
il est le modèle de la conquête occidentale, et l’exemple le plus probant concernant l’extension de sa culture
et la mise en place de normes de référence adressées à ses citoyens, et aux habitants des pays qu’il occupait.
Avec la mise en place de standards tels que les voies romaines, ainsi qu’une architecture, des pratiques
sociales et une organisation urbaine normalisée, l’empire romain est le premier à afficher sa volonté
d’imposer un modèle, construit sur la base de normes. C’est d’ailleurs grâce à ce système de normes que cet
empire est devenu politiquement et économiquement si puissant, car les peuples des pays conquis ont adopté
ces normes, permettant à Rome d’étendre sa puissance et d’imposer son modèle.

Au Moyen-Âge, avec le développement des échanges commerciaux, le besoin de normes officielles se fait
sentir à propos de la valeur marchande de certains produits. Des normes techniques apparaissent ainsi,
permettant de définir les unités de mesure de certains produits, comme le vin, le grain… Des capacités de
contenance normalisées de manière officielle sont alors définies, donnant naissance à des bouteilles, des sacs
de grain, des verres, de contenance standard. On voit donc apparaître à cette époque un système de normes
officielles au sein des entreprises. Dès lors, ce système ne fera que croître, on le verra également se
développer avec la notion d’universalité qui fait son apparition à l’époque des lumières, et la création de
l’Encyclopédie, qui tend à couvrir et expliquer tous les champs du savoir.

Les nomes se développent au fil des siècles, dans tous les domaines de la société. En ce qui concerne le
domaine qui nous intéresse, c’est-à-dire le domaine des entreprises et de l’industrie, le processus de
normalisation prend réellement de l’ampleur au XXè siècle, avec la première guerre mondiale. Ici encore, les
normes industrielles sont nées d’un besoin, avec une guerre d’une ampleur internationale, les entreprises ont
vu s’accroître la nécessité de produire plus et plus vite. C’est de ce besoin économique qu’est née la
standardisation industrielle, et avec elle, se sont mis en place, dans un premier temps, le système tayloriste,
suivi par le système fordiste, dans une logique de rendement laissant peu de place à l’homme, mais
permettant une production plus rapide et plus rentable. On entre alors déjà dans une logique capitaliste, avec
des entreprises fonctionnant sur un système complètement normalisé. C’est avec cette logique de rendement,
conduite par les normes et les standards industriels, que l’on entre dans l’ère de la mondialisation.

Si les industriels ont su tirer profit de la normalisation, elles ne sont pas les seules, les normes se
développent dans tous les domaines, et en particulier dans les grandes entreprises qui tirent elles aussi parti
du système normatif. Ces entreprises savent mettre en place certaines normes, qui leur permettent de faciliter
la gestion et les formations de leurs employés, mais aussi de faire des économies au niveau des ressources
humaines, de simplifier le marché et d’avoir un discours client linéaire. Le fait de mettre en place un système
normatif est donc totalement bénéfique pour une entreprise. Mais, bien que l’industrie et les entreprises en
général réussissent à tirer profit de cette nouvelle logique de travail permettant un rendement intéressant, des
problèmes relatifs à la qualité des produits et des prestations distribuées dans le cadre de cette logique de
production ont été soulevés. Et c’est du fait de ces problèmes, que l’on peut prendre conscience de la portée
du système normatif, car pou résoudre des problèmes créés par la mise en place de normes, on met en place
de nouvelles normes, garantissant la qualité des produits (par exemple : NF). Ainsi, on peut se rendre compte
que les normes sont présentes partout dans la vie économique, travaillant à redéfinir en permanence un
modèle socio-économique qui avait déjà été imposé grâce à elles par le passé. Nous verrons donc dans quelle
mesure le fonctionnement des entreprises ainsi que la vie économique dans son ensemble sont organisés
autour de la question des normes.
1) Les entreprises ou une organisation normalisée.

1.1.Des formations normalisées au sein des entreprises.

Les employés intégrant de grandes entreprises sont aujourd’hui soumis à des formations que l’on pourrait
dire normatives. En effet, les entreprises mettent en place des process, qui permettent à leurs nouveaux
salariés d’être formés de la même manière, tout en faisant des économies au niveau des ressources humaines.
Une des grandes innovation dans le domaine de la formation salarié, est le e-learning. Une entreprise met au
point un logiciel, qui permet à l’employé de s’auto former en se connectant simplement à internet ou sur
l’intranet du groupe. Ces formations ne nécessitent aucun déplacement ni de la part de l’employé ni de la
part d’un quelconque formateur, et ne prennent que peu de temps, ne dépassant généralement pas une heure.
L’entreprise économise donc des frais de déplacement, la mobilisation d’une salle de formation, et peut ainsi
réduire le nombre de formateurs qu’elle engage, sans pour autant mobiliser le salarié, qui peut donc
rapidement réintégrer son poste de travail. Le très grand avantage présenté par ce type d’autoformations,
outre l’économie qu’elles représentent, est la possibilité pour l’entreprise de maîtriser le discours tenu aux
salariés. D’une part, les salariés bénéficient des mêmes informations, ce qui leur permet, par exemple dans le
cadre de la vente, de tenir le même discours vendeur et de ne pas se contredire d’une boutique à une autre ou
d’une région à une autre. D’autre part, cela permet également de contrôler les informations diffusées, car un
formateur, comme tout être humain risque de modifier ne serait-ce que légèrement le discours, et pourrait
également diffuer d’autres informations qui ne seraient pas comprises dans le process. Une telle méthode de
formation permettrait donc d’amener une certaine linéarité dans le discours concernant le commerce, mais il
existe aussi ce type de formations dans d’autres secteurs comme l’industrie, dans lesquels les employés
peuvent apprendre certains gestes et certains process grâce à des logiciels. Si l’on prend l’exemple d’une
entreprise comme France Telecom, les employés sont soumis plusieurs fois par mois à ces e-learning qui leur
permettent d’apprendre les nouvelles offres et le discours client qu’ils doivent tenir. Tous les vendeurs sont
ainsi normalisés dans leurs propos face au client.

Outre ces formations disponibles sur les portails internes des entreprises, on retrouve souvent des formations
téléphoniques et notamment dans le secteur du commerce. En effet, des formations sont proposées aux
vendeurs, au niveau national. Plusieurs vendeurs sont convoqués à différentes heures de la journée, afin de
suivre une formation par téléphone et en parallèle sur ordinateur, ce qui leur permet d’écouter l’information
mais également de la suivre de manière imagée. Les formateurs sont tenus à un certain discours et doivent
suivre étape par étape le fichier que les vendeurs regardent en même temps. Cette technique de formation
tout comme la précédente permet d’obtenir un discours linéaire au sein de l’entreprise.

Dans la plupart des entreprises, les employés sont également soumis à des briefings, qui leur donnent des
conseils de vente ainsi que des méthodes de travail. Mais les responsables chargés d’informer les salariés
n’ont pas carte blanche concernant le discours à tenir ; ils not eux-mêmes été briefés auparavant par d’autres
responsables qui eux-mêmes avaient eu une formation… L’information est donc extrêmement contrôlée au
sein des entreprises qui essayent de normaliser les discours ainsi que les méthodes de formation.

1.2.Boutiques, grands magasins, chaînes, des espaces normalisés.

Si les entreprises normalisent les formations de leurs employés, elles ne s’arrêtent pas là, tous les accueils
clients des grandes entreprises sont eux aussi normalisés. Des magasins alimentaires aux grandes surfaces, en
passant par les boutiques de téléphonie, les chaînes de restaurants… Tous ces espaces sont soumis à des
normes, fondées sur une notion particulièrement importante aujourd’hui : le merchandising.

En effet, tout à de l’importance, des couleurs utilisées à la disposition du mobilier, en passant par l’affichage
publicitaire. Par exemple, la chaîne de restaurants Mac Donald utilise toujours les mêmes couleurs et dispose
les meubles à peu près de la même façon. La publicité est la même dans tous les restaurants au niveau
national. Il en va de même pour La Brioche Dorée, La Fnac, Carrefour, Orange, Celio ou de nombreuses
autres enseignent. Le but étant ici de donner un repère au client, qui doit dès qu’il arrive dans un de ces
magasins, se sentir comme chez lui, avoir une sensation d’habitude. Le fait de normaliser ces espaces
donnent des repères et pousse le client à revenir dans ces boutiques qui lu sont familières.

Outre le mobilier, les couleurs et l’affichage, les entreprises normalisent leurs employés. En effet de plus en
plus de grandes enseignent habillent leurs employés, qui sont tenu à un discours comme nous l’avons vu
précédemment ; discours participant lui aussi de la familiarisation entre le client et le lieu de vente, mais ils
doivent également s’habiller aux couleurs de l’entreprise. Ainsi une entreprise comme SFR habille ses
vendeur de rouge et de blanc, Orange procure à ses salariés des chemises noires et les vendeurs de La
Brioche Dorée portent des tablier sur lesquels figure le nom de l’enseigne.

La publicité, dite PLV (publicité sur lieu de vente), est elle aussi normalisée dans toutes les grandes
entreprises, et cela au niveau national. Cela permettant une cohérence dans tous les points de vente et permet
à l’entreprise de mettre ses produits en avant en affichant clairement ses couleurs. Lorsque la PLV change,
les points de ventes se doivent d’installer les nouvelles publicités à leur place, qui est bien sûre définie par un
plan que reçoivent les boutiques, et de changer la place du mobilier si cela est nécessaire avant l’arrivée des
clients. Les publicités changent environ tous les deux mois, ce qui est relativement contraignant pour les
employés qui doivent venir plus tôt ou finir plus tard afin d’installer affiches et vitrines. Les catalogues des
grandes entreprises, comme la publicité, sont soumis à des normes strictes, au niveau des couleurs, des
écritures, de leur police… Outre cette publicité que l’on peut dire normalisée, la disposition des produits est
elle aussi normalisée, selon les prix, les tailles, les couleurs… Dans chaque point de vente, les dispositions
doivent être les mêmes, et les clients doivent pouvoir passé d’une boutique à une autre en gardant leurs
repères. Les étiquettes de prix, quelles que soient les boutiques dans lesquelles nous entrons, sont elles aussi
normalisées, les prix doivent apparaîtrent d’une certaine manière et selon les produits proposés des critères
doivent apparaître. Pour des vêtements par exemple, il est obligatoire d’inscrire de quoi ils sont composés,
pour des téléphones, il faut clairement indiquer leur DASS (indice d’ondes émises) ainsi que leurs capacités.
Dès que les prix changent, les étiquettes doivent être changées dans la mesure où le client est en droit de
réclamer le prix indiqué sur l’étiquette, et non le prix appliqué par l’enseigne si ce dernier n’est pas
clairement donné.

Les accueils clients sont donc eux aussi soumis à des normes strictes mises en place par les entreprises elles-
mêmes. Il existe également des normes de sécurité qui obligent le magasin à disposer certains objets
différemment et à installer des appareils de sécurité. Mais ces normes ne viennent pas directement des
entreprises, ce sont des normes nationales, voire internationales. Des contrôles des normes de sécurité et des
normes relatives à l’organisation des magasins sont régulièrement effectués, obligeant les commerçant à
appliquer ces directives. Ainsi, les entreprises grâce aux normes mettent en place une stratégie marketing et
contrôlent parfaitement leurs vendeurs et l’organisation de leurs boutiques, sans que les hauts responsables
aient besoin de se déplacer.

1.3.Des méthodes de travail normalisées.

Dans toutes les grandes entreprises aujourd’hui, les méthodes de travail sont normalisées, des usines aux
surfaces de vente, des centres d’appels aux hôpitaux. Depuis l’apparition du taylorisme, les méthodes de
travail tendent à se normaliser, les entreprises mettent en place des normes de travail auprès de leurs salariés.

Les méthodes de travail dans les usines sont depuis longtemps soumises à des normes très strictes, dès la
première guerre mondiale et la mise en place du taylorisme, les usines not mis en place des normes auprès de
leurs employés afin d’obtenir une production plus efficace et plus rentable. Avec les progrès de l’industrie et
la multiplication des machines, les hommes sont mois présents au sein des usines, mais le travail à la chaîne
existe toujours, soumis à des normes précises, concernant le temps accordé à chaque tâche ainsi que la
manière de procédé, que les employés doivent respecter à la lettre. Chaque ouvrier a sa place et doit effectuer
sa tâche de telle manière en tant de temps. Les normes servent ici la productivité et par la même la logique
capitaliste.

D’autre part, depuis l’apparition du logiciel, beaucoup d’entreprises ont développé les leurs. Le fait de
développer leurs propres logiciels à permis à ces entreprises de contrôler le travail de leurs employés, mais
aussi de gagner du temps et de permettre une normalisation des procédures, dans la mesure où pour chaque
action il y a un logiciel. Dans les boutiques de téléphonies, chaque entreprise a développé ses propres
logiciels. Pour chaque chose, que ce soit une ouverture de ligne, l’achat d’un forfait mobile, ou l’acquisition
d’un accès internet, il existe un logiciel spécifique. Une fois que les vendeurs ont appris à s’en servir, cela
devient un automatisme, ils vont plus vite et les informations qu’ils saisissent vont directement dans les
services concernés. C’est un gain de temps, d’argent et un moyen pour l’entreprise de contrôler le travail de
ses employés. Une entreprise comme Mac Donald a elle aussi mis en place des logiciels adaptés à la prise de
commande, permettant lorsqu’un serveur saisi la commande, qu’elle arrive directement en cuisine, et que
son coût soit directement calculé, sans que le salarié ait à intervenir. L’entreprise peut ainsi contrôler ses
salariés, en gagnant du temps et par la même de l’argent. Les centres d’appels téléphoniques fonctionnent
eux aussi sur la base de logiciels normalisés, les appels sont en attente, les salariés disposent de cinq
secondes entre chaque appel, après cela l’appel arrive automatiquement. Leur temps de réponse est
chronométré et ils ont le droit à cinq minutes de pause par heures, ils appuient sur le bouton pause de leur
ordinateur, ce qui suspend l’arrivée des appels, et leur temps de pause est chronométré, ils ne peuvent donc
pas le dépasser. Une fois encore, par le biais de normes, l’entreprise contrôle les employés tout en
économisant du temps et de l’argent.

Les méthodes de vente sont elles aussi normalisées, du fait, comme nous l’avons dit précédemment des
formations, standardisée pour tous les vendeurs, mais également du fait de normes mises en place par
plusieurs entités commerciales, dans le but de cerner le client afin de lui vendre un produit qui l’intéresse,
qui l’attire. C’est ainsi que, afin de pouvoir satisfaire tout type de client, a été inventé le SONCAS, (sécurité,
orgueil, nouveauté, confort, argent sympathie) destiné aux commerciaux, dans le but de cerner les intérêts et
les besoins du client. Cette méthode de vente est normalisée et fait partie de l’approche psychologique du
client, il existe plusieurs variantes au SONCAS, par exemple le VPPFSL (vitesse, prestige, plaisir, frime,
sécurité, look), destiné au secteur automobile, afin de cibler les besoins d’un client. Ainsi, les discours
vendeurs sont normalisés, tout comme le milieu du commerce en général géré par des normes. Par ailleurs, il
n’est pas rare aujourd’hui de voir de grandes enseignes normaliser le discours de leurs vendeurs à tel point
que certaines phrases sont devenues obligatoires, et le client entrant dans une boutique peut entendre
plusieurs lui demander tour à tour, mot pour mot : « Bonjour madame ou monsieur, que puis-je pour
vous ? ». De nombreuses grandes entreprises mettent donc en place un accueil standard du client, quelle que
soit la boutique, le magasin dans lequel il entrera.

1.4.Le commerce, des produits soumis à des normes strictes.

Les points de vente quels qu’ils soient, grandes surfaces, multimédias, téléphonie, alimentaire, textile, etc,
sont soumis, concernant les produits proposés à des normes strictes, susceptibles de poursuites judiciaires si
elles ne sont pas respectées.

Concernant l’alimentaire, que ce soit dans les magasins distributeurs ou directement chez les fabricants, de
nombreuses normes relatives à l’hygiène ont été mises en place, les produits sont soumis à des dates de
péremption sévères, adaptées au type de produit. Outre les dates de péremption, des formats d’emballage,
des normes de conservation, de transport mais aussi des normes relatives à l’origine des produits sont
imposées aux producteurs ainsi qu’aux distributeurs. Ces dispositions entraînent nécessairement la mise en
place d’autres normes, relatives cette fois aux employés, eux-mêmes soumis à des obligations concernant la
manipulation et la mise en rayon des produits. Selon les produits concernés, des ports de masques d’hygiène
peuvent être obligatoires, ainsi que le port de gants, la désinfection systématique des postes de travail avec
des produits d’hygiène aux normes.

Pour les produits autres que l’alimentaire ou la santé, les normes sont moins sévères, dans la mesure où la
santé des consommateurs n’est pas mise en danger. Pourtant, tous les produits que l’on peut trouver dans le
commerce sont normalisés. Les téléphones portables, ne doivent pas émettre trop d’ondes, et doivent
répondre à un certain nombre de critères avant d’être commercialisés. Aujourd’hui, les chargeurs de
portables ne sont compatibles qu’avec quelques téléphones, mais un projet de normalisation est en cours,
proposant de produire des chargeurs aux normes, compatibles avec toutes les marques et tous les modèles de
téléphones. Le commerce de vêtements, de produits de beauté, et même les opticiens sont eux aussi soumis à
des normes, imposées soit par l’entreprise elle-même, soit part des instituts comme l’afnor ou l’iso, qui
mettent en place des normes nationales et internationales.

On peut donc constater que les entreprises doivent respecter des normes strictes, quel que soit leur secteur
d’activité, et qu’elles créent elles-mêmes d’autres normes, afin de servir la rentabilité de leur production et
par là même leur chiffre d’affaire. Les normes font donc partie intégrante du système économique,
permettant aux entreprises de mieux contrôler les espaces de production, de vente, et leurs employés. Mais,
toutes ces normes étant bien mises en place, rythmant le travail des entreprises, on peut se poser la question
de leur efficacité en temps de crise.

2) La mise en place d’une normalisation de crise.

2.1.La création de nouvelles normes relatives à l’hygiène dans le contexte d’une crise sanitaire.

Avec la récente apparition de la grippe H1N1 dite grippeA, le gouvernement, les organisations patronales
ainsi que les entreprises ont dû développer et ont tenté d’instaurer de nouvelles normes auprès de leurs
salariés, de peur que le virus ne contamine un trop grand nombre de personnes et suspende l’activité
économique à l’échelle mondiale.

Avec l’avènement de cette nouvelle crise sanitaire, tous les secteurs d’activité risquaient d’être touchés, du
fait du potentiel pandémique du virus, un taux d’absentéisme élevé était à craindre ; c’est pourquoi le
gouvernement, en accord avec les organisations patronales, à mis en place un plan national, dans le but de
permettre aux entreprises de continuer leur activité malgré un éventuel taux d’absentéisme. Ce plan, mis au
point au niveau national, est normalisé. En effet, il est le même pour toutes les entreprises, bien que l’on
trouve de petites variantes selon les secteurs d’activité. Il comprend plusieurs étapes, et prévoit de nouvelles
normes concernant l’hygiène, l’économie de l’entreprise, ou encore des normes sociales, destinées au
personnel.

Concernant l’hygiène, plusieurs pratiques ont tenté de s’installer au sein des entreprises, destinées au
personnel, elles doivent changer les habitudes au sein des entreprises. Dans un premier temps, les entreprises
not bénéficié d’une communication normalisée, des affichettes et modes d’emploi leur étaient envoyés,
destinés à être affichés dans les sanitaires et les lieux de passage du personnel. Ces affichettes, placardées par
les responsables, donnent de nouvelles instructions concernant le lavage des mains, au savon ou au gel
hydroalcoolique, ou encore le port de masques… Le lavage des mains, par exemple, était normalisé dans les
secteurs de la restauration et de l’alimentaire en général, les employés devaient se laver les mains en
moyenne quinze secondes. Avec la mise en place du plan national, les employés, quel que soit leur secteur
d’activité, doivent se laver les mains trente secondes, en respectant les étapes indiquées sur l’affichette. On
voit donc la mise en place de normes, créées pour pallier une crise sanitaire. Les gels hydroalcooliques
bénéficient eux aussi de leurs modes d’emplois, distribués dans les entreprises au niveau national.

Cette épidémie mettant en place de nouvelles pratiques liées à l’hygiène, amène l’utilisation de nouveau
matériel au sein des entreprises ; un matériel normalisé, avec des caractéristiques particulières. Que ce soient
les gels ou les masques, ils sont soumis à des normes strictes concernant leur fiabilité. Tout comme pour le
lavage des mains, les masques disposent eux aussi de leurs modes d’emploi, des affichettes normalisées,
publiées par le gouvernement dans le cadre du plan national, indiquent aux employés comment porter ces
masques, à quelle fréquence les changer et quel type utiliser selon les circonstances. Les entreprises ne
peuvent d’ailleurs pas acheter d’autres produits que ceux qui sont recommandés par les pouvoirs publics,
c’est-à-dire les masques de type FFP2 ou les masques chirurgicaux. Le fait de s’équiper n’est pas normalisé,
dans la mesure et cela relève de la responsabilité de l’entreprise.

Si des normes relatives à l’hygiène sont instaurées dans les entreprises, le gouvernement n’oublie pas de
considérer le comportement des salariés en clientèle ou même entre eux, et tente d’installer de nouvelles
normes relatives aux pratiques sociales dans les entreprises.

2.2.Une tentative d’instauration de normes au sein des pratiques sociales en entreprise.

Lorsque la grippe H1N1 a commencé à s’étendre, le gouvernement, relayé par les organisations patronales
et les entreprises, s’est mis à communiquer sur les pratiques sociales en entreprise. En effet, avant la menace
pandémique, les salariés se faisaient la bise, se serraient la main entre eux et parfois aussi à la clientèle. Avec
les risques de contagion, les entreprises not tenté d’interférer sur ces habitudes, et ont ainsi interdit aux
salariés d’avoir des contacts directs avec leurs collègues ou la clientèle. Cette tentative de normalisation des
comportements des employés s’avère plus difficile que la mise en place de nouvelles normes d’hygiène, dans
la mesure où les employés ont depuis toujours l’habitude de se saluer par un contact physique. De la même
manière que pour l’hygiène, des recommandations ont été publiées au sein des entreprises, destinées au
personnel, afin de limiter les contacts et ainsi le risque de contagion. D’autre part, le plan national, met
également au point une nouvelle norme, surtout destinée aux espaces de vente et aux accueils clients, bien
qu’elle soit valable aussi pour les bureaux ou tout autre secteur qui puisse l’appliquer ; les salariés ne doivent
pas se tenir à moins de deux mètres les uns des autres, ou d’un client. Cela implique nécessairement, outre
une normalisation des comportements, une normalisation des lieux de travail, qui doivent s’organiser de telle
manière à ce qu’aucun salarié ne se trouve à moins de deux mètres d’une autre personne.

Dans cet objectif de contrôle des pratiques sociales, le plan national publie également des recommandations
concernant les éternuements, le fait de se moucher ou de tousser. En effet, afin de limiter au maximum les
risques de projection, les salariés doivent éternuer ou tousser en se cachant la bouche avec leurs manches,
c’est clairement indiqué dans les recommandations du gouvernement. D’autre part, ils doivent se moucher en
privé, et immédiatement jeter leur mouchoir dans une poubelle sécurisée, et se laver les mains après chaque
contact avec un mouchoir. Cela impliquant également d’installer des poubelles aux normes ainsi que des
sacs-poubelles doublés. Toutes ces normes sont instaurées dans le but de changer les habitudes des salariés et
ainsi de ralentir la propagation du virus.

Le processus de normalisation touche donc également l’aspect social dans les entreprises, dans le but de leur
permettre une continuation de l’activité malgré l’épidémie. C’est donc également dans cet objectif que le
plan national prévoit des normes économiques.

2.3.Des mesures économiques, un plan de continuité de l’activité normalisé.

Dans le cadre de la pandémie grippale, avec le risque d’absentéisme menaçant les entreprises, le
gouvernement déploie de nouvelles mesures économiques, et met en place un plan de continuité de l’activité
normalisé, adressé à toutes les entreprises. Toutes les normes vues précédemment font partie de ce plan, qui
contient bien d’autres recommandations adressées aux entreprises.

Le PCA, disponible sur le site internet du gouvernement, est le même pour toutes les entreprises, bien qu’il y
ai quelques variantes, minimes, selon les secteurs à qui il s’adresse. Dans un premier temps, afin de ne pas
ralentir l’économie malgré l’épidémie, le gouvernement a poussé les entreprises à mettre en place le
télétravail, qui était pour lui une solution de continuité malgré le taux d’absentéisme. Dans les entreprises,
qui du fait de leur activité ne peuvent mettre le télétravail en place, aucune solution n’est réellement
proposée ; hormis les mesures expliquées précédemment.

Il existe également une fiche conecrnant le transport des salariés, car les moyens de transport, poussant à la
proximité, sont un risque certain de contagion. Il faudrait selon les directives gouvernementales éviter les
transports en commun, qui véhiculent pourtant un très grand nombre d’employés jusqu’à leur lieu de travail.
Une entreprise comme PSA à Rennes, propose des transports en commun, réservés à ses salariés, qui ne
peuvent ou ne veulent se véhiculer. Si les transports en commun sont fortement déconseillés, aucune
véritable solution n’est apportée.

Des recommandations sont également diffusées auprès des entreprises, visant à normaliser leur structure.
C’est-à-dire, qu’afin de limiter les contacts physiques des employés entre eux ou avec des clients de
l’extérieur, le plan national pousse les entreprises à installer des écrans, des hygiaphones… Ces installations
coûtent cher et peu d’entreprises not réellement l’intention de modifier leur infrastructure.

La communication même du PCA, des normes mises en place et des recommandations diffusées par le
gouvernement, est normalisée. En effet, les affichettes concernant le lavage des mains sont toutes pareilles,
décrivent toutes les mêmes étapes et il en est de même concernant les gels hydroalcooliques. L’information
diffusée dès le début de l’épidémie était une information normalisée, toutes les entreprises recevaient les
mêmes discours à tenir face aux employés, et les mêmes recommandations vis-à-vis des conduites sociales et
de la marche à suivre. Le site internet du gouvernement propose le PCA de manière normative, il ne s’adapte
pas aux secteurs d’activité, les entreprise disposent d’une information normalisée, qui est la même pour tous.

On peut donc constater que le processus de normalisation est au centre du plan national s’attachant à contrer
l’épidémie de grippeA. Ce plan consiste finalement, par un processus normalisé, à intégrer de nouvelles
normes au sein des entreprises. La question se pose quand même du succès de cette « normalisation de
crise ».

3) Instauration de nouvelles normes dans les entreprises, un succès mitigé.

3.1.Un plan national normalisé qui ne touche pas tous les types d’entreprises.

Le plan national, comme nous l’avons vu précédemment, est normalisé, et destiné à tous les types
d’entreprises. Pourtant du fait même de cette normalisation, le plan national prévu par le gouvernement ne
peut convenir à tout le monde. Plusieurs secteurs sont délaissés dans le sens où de nombreuses mesures ne
sont pas applicables au sein des entreprises.

Le secteur de l’agriculture par exemple est quelque peu délaissé, le plan national ne prévoyant pas vraiment
de mesures adaptées, tout comme le secteur du commerce, dans lequel certaines mesures comme le fait de se
tenir à deux mètres sont inapplicables. De plus, ce plan du fait de son caractère normatif ne prend pas en
compte les particularités sociales, les milieux d’où sont issus les employés. Dans le milieu rural, les gens
semblent moins au courant des risques liés à la grippe et prennent moins au sérieux les recommandations du
gouvernement, ils continuent à se saluer en se serrant la main ou en se faisant la bise. Dans le milieu du
commerce, il est très difficile de refuser de serrer la main à un client, notamment lorsque l’on vient de signer
un contrat. Dans les banques, les bureaux de poste, les employés sont derrière des guichets et ne peuvent se
tenir à deux mètres des clients… Les PME ainsi que les TPE se trouvent elles aussi très peu concernées par
le plan national qui ne prévoit aucune mesure particulière, alors que les normes appliquées aux grandes
entreprises ne sont pas nécessairement applicables aux petites, moyennes et très petites entreprises. Il existe
de nombreux autres exemples, qui montrent que le plan national, bien que très complet au niveau des normes
à instaurer, ne prend pas en compte un certain nombre de problèmes du fait de son caractère normatif.

Allant de pair avec le plan national, la communication de crise est elle aussi normalisée. Les mêmes
informations sont distribuées à tout salarié, même travaillant dans des univers totalement différents. Ces
mêmes informations not été distribuées, répétées à de nombreuses reprises aux salariés, dans le but de leur
faire intégrer ces nouvelles normes. On peut se poser la question de l’efficacité de cette communication de
crise, qui semble finalement avoir eut l’effet inverse de celui escompté. En effet, à force de s’entendre
répéter les gestes à faire, les démarches à suivre et les risques liés à la grippeA, les salariés not fini par ne pas
prendre cette menace pandémique au sérieux, et les nouvelles normes mises en place au sein des entreprises
n’ont finalement pas vraiment été respectées. Dans les agences France Telecom par exemple, malgré une
large diffusion de l’information, avec des briefings, des affichettes placardées, les salariés n’ont pas éprouvé
la nécessité de respecter les nouvelles normes imposées par l’entreprise et not continuer à se saluer de la
même manière, sans porter de masque ou prendre de précautions particulières à l’égard des clients.

L’échec du vaccin contre la grippeA est l’exemple le plus probant des difficultés que peut rencontrer le
processus de normalisation. Tellement d’informations et de nouvelles pratiques ont été diffusées en même
temps que les gens ont fait le contraire de ce qu’espérait le gouvernement. Concernant le vaccin, trop
d’informations négatives et positives se sont croisées, la communication mise en place par le gouvernement
n’a pu empêcher la surmédiatisation d’effrayer ou de désintéresser la population, qui semble s’être mise
d’accord à 90% pour se passer de ce vaccin, pourtant distribué gratuitement.

On peut donc constater que c’est du fait de la normalisation, à l’origine pourtant du plan de lutte contre la
pandémie, que les salariés et la population dans son ensemble se sont détournés des recommandations faites
par le gouvernement, les entreprises et les organisations patronales. Le processus, peut donc se retourner
contre lui-même.

3.2.Un processus de normalisation mis à mal par la logique capitaliste.

Dans le cadre de la pandémie grippale, de nombreuses normes ont donc été instaurées au sein des
entreprises, afin de limiter la contagion, et de permettre aux entreprises de continuer leur activité au
maximum. Pourtant, malgré l’information, dense, diffusée régulièrement au sujet du virus et des mesures à
prendre, on a pu constater que la majeure partie de ces directives adressées au personnel n’étaient pas
respectées, sans que les responsables interviennent ou que des contrôles soient effectués. Plusieurs raisons
peuvent expliquer ce phénomène, cette marge entre la communication de l’information et l’application des
nouvelles normes relatives à la grippeA.

Outre le fait que le virus ait subi une surmédiatisation, et un surplus d’informations, décrédibilisant son
caractère menaçant et poussant les gens à se détourner des mesures mises au point par le gouvernement, on
peut également évoquer le capitalisme, comme facteur d’échec des normes concernant la grippe H1N1. En
effet, surtout dans les commerces, qui sont des espaces de vente, de nombreuses normes n’ont pas été
appliquées ; c’est également valable pour les usines, les entreprises agricoles… Si l’on se penche sur le
secteur du commerce, aucun espace de vente n’a arrêté de saluer les clients qui leur tendaient la main, et
entre eux les employés se saluaient comme à leur habitude. D’autre part, la distance de deux mètres entre
deux interlocuteurs, conseillée par le plan national n’a pu être respectée dans aucun point de vente ; les
magasins de vêtement étaient bondés sur la période de Noël et les vendeurs ainsi que les clients étaient à
proximité les uns des autres. En ce qui concerne les mesures d’hygiène, des gels hydroalcooliques ont été
mis à disposition dans la majorité des magasins. Gels qu’il est conseillé d’utiliser lorsque le point d’eau le
plus proche est suffisamment éloigné pour ne pas s’y rendre ; ces gels, qui ne remplace pas tout à fait le
lavage des mains, ont eu beaucoup de succès dans les espaces de vente, car cela évite aux vendeurs d’aller
jusqu’aux sanitaires et de perdre environ cinquante secondes en tout à se laver les mains. Les masques ont
eux aussi fait l’objet de nombreuses polémiques dans les points de vente divers, aucun commerçant ou
vendeur, même si il toussait et paraissait un peu malade n’a jamais porté de masque, dans aucune boutique,
aucun centre commercial, bien qu’ils aient tous été fournis en masques, on a vu un salarié porter un masque.

La première raison que l’on peut évoquer pour expliquer ce non-respect des mesures mises en place par le
gouvernement est la rentabilité. En effet, le fait de se laver les mains pendant trente secondes à chaque fois,
fait perdre du temps aux vendeurs, qui pendant qu’ils respectent cette nouvelle norme, ne sont pas présents
sur l’espace de vente et perdent des clients et par la même, du chiffre d’affaire pour l’entreprise, et si ils sont
commissionnés, une partie de leur part variable. Le problème est le même concernant le port des masques,
même malades, les vendeurs ne portaient pas de masques, et leurs responsables n’insistaient pas pour qu’ils
le fassent. Encore une fois, on peut expliquer cette attitude par la logique de rendement présente au sein des
entreprises. Si les vendeurs commencent à porter des masques, il va de soi que la fréquentation des boutiques
chuterait, les clients ayant peur d’être malades à leur tour.

Cette logique de rendement, empêchant l’application des normes telles qu’elles sont décrites dans le plan
national, est aussi soutenue par les organisations patronales, qui s’opposent à toute mesure contraignante.
Les directives qu’elles distribuent à leurs entreprises membres ne vont pas toujours dans le sens des mesures
mises en place par le gouvernement. En effet, les organisations patronales, défendent les entreprises et leurs
dirigeants, elles défendent le profit à tout prix. Lorsque l’on prend conscience de la très importante
délocalisation, et du traitement que réservent les entreprises aux salariés étrangers, et que l’on constate que
les organisations patronales soutiennent ce type d’actions, il paraît évident qu’une simple grippeA, aussi
contagieuse soit elle ne mettra pas à mal le système capitaliste qu’elles soutiennent et la logique de profit
présente au sein des entreprises et surtout dans le commerce. Donc, bien que les organisations patronales
soutiennent certaines mesures proposées par le plan national, elles exhortent les entrepreneurs à continuer
leur activité de la manière la plus normale possible, et parfois au détriment de la sécurité des gens, car sans
respecter certaines normes.

On peut donc constater que la logique capitaliste qui dirige le monde économique aujourd’hui est régie par
de nombreuses normes, mais peut également mettre à mal ces dernières, dans la mesure où le profit prime sur
l’homme. Le processus de normalisation est finalement partout, en conflit avec lui-même, certaines normes
s’écrasant les unes les autres. Les entreprises tâchent toujours de tirer profit de ces normes, et adaptent les
systèmes afin qu’ils leur profitent, pourtant, ce système de normes, qui régit l’univers capitaliste, semblerait
bien se retourner contre lui-même dans un certain nombre de domaines.

3.3.Un processus de normalisation allant parfois jusqu’à l’autodestruction.

Outre le fait d’une communication trop présente, et d’un surplus d’informations, les normes, considérées
hors du contexte de crise, peuvent parfois conduire à leur propre perte. En effet, des nouvelles normes sont
créées à chaque instant, et l’homme devrait trouver de la signification dans chacune d’entre elles. Même si
elles arrivent à s’imposer chez un certain nombre d’entre nous, elles échouent également auprès de certaines
personnes. Si l’on prend l’exemple du commerce, il existe des normes stables, qui font que chacun reste à sa
place, mais un certain nombre d’autres normes sont en mouvement perpétuel, elles changent en permanence.
Et c’est ce changement qui peut entraîner une perte de signification, laissant le client perplexe face à un
produit, à des conditions de vente, d’utilisation. Dans une boutique de téléphonie par exemple, les clients
peuvent refuser de souscrire à une offre, dans la mesure où les conditions changent régulièrement et ne sont
plus les mêmes que la dernière fois où il était venu. Le fait de ce mouvement, avec la mise en place de
nombreuses nouvelles normes tous les ans peut jouer en défaveur d’une logique capitaliste qui met pourtant
ces normes, mises en place afin de donner des repères au client, et de vendre plus. Les normes mises en place
dans le cadre de la vente ou de la production, sont finalement basées sur une logique d’efficacité, au
détriment d’une logique relationnelle. C’est ce que l’on peut constater avec la normalisation des vendeurs.

Comme nous l’avons déjà vu dans une première partie, les formations sont aujourd’hui complètement
normalisées. Les vendeurs doivent tenir les mêmes discours, des phrases type sont même imposées aux
salariés, que ce soit pour l’accueil du client, pour en prendre congé ou pour lui vendre un produit. On peut
tout de même se poser la question de l’efficacité de ces discours normalisés, qui au lieu de mettre en
confiance le client, pourraient attirer sa méfiance. En effet, un client entrant dans n’importe quelle boutique
de l’entreprise France Telecom, se verra accueillir de la même façon, avec la même phrase type, et
s’entendra répéter au cours d’un entretien plusieurs phrases, mot pour mot identiques. L’entretien perd donc
son côté personnel, et le client pourrait tout à fait penser, qu’au lieu de se préoccuper réellement de ses
besoins, le vendeur tente de lui vendre le produit qui lui rapportera le plus au niveau de sa commission, dans
la mesure où il tient le même discours à tous les clients. On peut donc constater que le fait de tenir un
discours normalisé, peut se retourner contre la logique de vente qu’il défend, et peut même aller jusqu’à
instaurer une relation de méfiance entre le vendeur et son client, ralentissant le processus de vente, alors que
son but premier était de permettre une augmentation de ces ventes.

Conclusion.

Nous pouvons donc constater que les normes sont présentes à tous les niveaux dans les entreprises. Elles
résolvent des problèmes, et servent la logique capitaliste dont elles sont à l’origine, avec le taylorisme.
L’organisation des entreprises est complètement normalisée, soumise à des mesures organisationnelles, dans
la manière de fonctionner, méthodes de travail, tenue des boutiques, publicité, ou encore au niveau des
salariés eux-mêmes, qui doivent respecter de nombreuses règles liées aux pratiques sociales ou à l’hygiène,
notamment dans le cadre de la restauration ou du secteur médical.
Les normes sont également des éléments importants en temps de crise, permettant de cadrer les salariés et de
continuer l’activité malgré les problèmes qui peuvent apparaître.
En revanche, on constate que si les normes sont présentes partout, et servent les entreprises dans leur logique
capitaliste, elles peuvent également se retourner contre elles-mêmes, et s’auto annuler.
Les normes sont donc un système complexe, au cœur de la vie économique, la servant et la mettant en
difficulté quelques fois. C’est un processus ancien, existant depuis que l’homme est homme, et ne pouvant
disparaître, car sans lui, la communication n’est plus possible, la production, les grandes institutions, tout une
société s’écroulerait.

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