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Orthod Fr 2011;82:27–38 Disponible en ligne sur : Rapport


c EDP Sciences, SFODF, 2011 www.orthodfr.org
DOI: 10.1051/orthodfr/2010036

Importance de l’examen clinique


et des examens complémentaires
Sarah Gebeile-Chauty1*, Jean-Jacques Pelosse2 , Caroline Diemunsch1
1
Département d’Orthopédie Dento-Faciale, Faculté d’Odontologie, rue Guillaume Paradin, 69372 Lyon Cedex 08, France
2
72 rue Thizy, 69400 Villefranche-sur-Saône, France

Chapitre 2
1. L’examen clinique cision thérapeutique. En effet, les situations sui-
vantes seront beaucoup plus fréquentes que chez
1.1. Éléments de l’examen facial
l’adolescent :
L’examen exobuccal doit s’attarder sur les signes
– restaurations prothétiques (couronnes, bridges,
observables du vieillissement. Ceux-ci doivent être
prothèses amovibles),
évalués et pris en compte afin de ne pas aggra-
– traitements endodontiques et soins conserva-
ver ces changements morphologiques. Avec l’âge,
teurs,
les tissus mous montrent des changements impor-
– extractions compensées ou non (les édentements
tants ([15, 39, 43], Berhrents, et al. en [43]), et no-
non compensés pourront être à l’origine de ver-
tamment au niveau de l’étage inférieur de la face.
sions et d’égressions importantes rendant diffi-
La pointe du nez tombe en avant et en bas.
cile voire impossible toute reconstruction prothé-
L’angle naso-labial devient alors plus aigu. Les sillons
tique).
naso-géniens sont plus marqués. Le nez s’agrandit
dans toutes ses dimensions, particulièrement chez À cela pourront s’ajouter un certain nombre de lé-
l’homme [47]. sions dentaires carieuses et/ou endodontiques qui
Chez l’adulte, les lèvres sont plus fines, plus devront être soignées avant de pouvoir envisager un
plates et moins éversées. Les commissures labiales traitement orthodontique.
et le stomion s’abaissent. La lèvre supérieure est plus À l’examen clinique, il convient de noter le
allongée, diminuant ainsi l’exposition des incisives contrôle de plaque du patient et l’état gingival avec
maxillaires lors du sourire alors que les incisives la présence de récessions, saignements, suppuration,
mandibulaires sont de plus en plus visibles. mobilités dentaires (à corréler avec le niveau os-
Le sillon labio-mentonnier s’approfondit chez les seux évalué par le bilan radiologique), hauteur et
femmes. Au niveau du pogonion cutané, l’épaisseur épaisseur de gencive attachée et poches parodon-
des tissus augmente chez les hommes et diminue tales en sachant que le relevé de la hauteur d’attache
chez les femmes [47]. parodontale est un examen déterminant [28]. Les
poches supérieures à 3–4 mm nécessitent une prise
1.2. Particularités de l’examen dento-parodontal en charge spécialisée [28]. Ces examens devront être
répétés au cours du traitement orthodontique [9].
Chez l’adulte, le passé dentaire du patient doit Il est à noter que l’absence de signe inflammatoire
être pris en compte, car il va influer sur la dé- ne signifie pas que le parodonte est sain [28].
* Auteurs pour correspondance : Les conséquences les plus fréquentes de la paro-
S. Gebeile-Chauty est responsable des sections 1.1, 1.2, 1.3.4, dontite sont [40] :
schauty@club-internet.fr ; J.-J. Pelosse de la section 1.3.1,
pelossejj@orange.fr ; C. Diemunsch des sections 1.3.2, 1.3.3, 2, – les migrations dentaires pathologiques qui af-
caroline.nachampassak@gmail.com fectent 30 à 56 % des personnes souffrant de

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parodontites [6, 61] et qui se traduisent par des 1.3.1.2. Épidémiologie


versions incisives et un surplomb augmenté,
La Haute Autorité de Santé précise que cette pa-
– les récessions gingivales,
thologie dont la fréquence est de 2 à 4 % de la popu-
– les mobilités dentaires.
lation est souvent méconnue et sous-diagnostiquée.
Un bilan parodontal complet est indispensable avant La prévalence du SAHOS est estimée entre 1 à
d’entreprendre un traitement chez l’adulte [48]. La 5 % dans la population masculine, et environ moitié
gingivite et la parodontite sont les troubles parodon- moins chez les femmes [1]. Les études s’avèrent dif-
taux les plus communs [42] : aux États-Unis, 50 % ficiles et biaisées par l’aspect contraignant de la mé-
de la population aurait une gingivite localisée sur en thode diagnostique polysomnographique. Elle reste
moyenne 3–4 dents et 30 % de la population pré- probablement sous-évaluée et des valeurs de 7 à 9 %
senterait une parodontite de l’adulte avec des poches sont trouvées dans des sous-catégories à risques tels
de plus d’au moins 4 mm. Cinq pourcent de la po- que l’âge, l’obésité, l’hypertension artérielle, la méno-
pulation aurait des poches supérieures à 6 mm. Une pause, le diabète alors que la prédisposition familiale
perte d’attache d’au moins 3 mm a été retrouvée dans est établie [3, 49].
Chapitre 2

40% de la population. Huang, et al. rapportent deux périodes d’appari-


Ngom, et al. répertorient les facteurs ortho- tion les plus fréquentes : 0–4 ans et 55–59 ans avec
dontiques certes discutés dans la littérature, qui le taux le plus faible à l’adolescence [29].
semblent influencer l’état parodontal [40] : D’après Lin, et al. [35], de nombreuses diffé-
rences physiopathologiques expliquent la suscepti-
– les anomalies intra-arcades : l’encombre- bilité masculine, et bien que les mécanismes exacts
ment [41, 56], les espaces inter-dentaires [41] ; soient encore inconnus, le type d’obésité, l’anatomie
– les anomalies inter-arcades : les occlusions croi- des voies aérifères, le contrôle ventilatoire, hormonal
sées [2, 27, 41], la supraclusion [5, 41, 65], l’in- et le type de vieillissement sont retenus.
fraclusion [41], le surplomb augmenté positif ou Garcia, et al. rappellent que les caractéristiques
négatif [5]. squelettiques cranio-faciales, au même titre que
l’obésité, l’alcool et le contrôle central de la venti-
1.3. Examen fonctionnel lation, sont des facteurs de risque génétiques et en-
vironnementaux [17].
1.3.1. Ventilation – syndrome d’apnée hypopnée
obstructive du sommeil 1.3.1.3. Physiopathologie
1.3.1.1. Définitions, intérêts L’obturation des voies aérifères supérieures pro-
vient d’un déséquilibre entre la force de succion ven-
La Haute Autorité de Santé (HAS) définit le tilatoire et la compensation des muscles dilatateurs
syndrome des apnées obstructives du sommeil du pharynx.
(SAHOS) comme la survenue, durant le sommeil,
Le collapsus des voies aérifères supérieures ré-
d’épisodes anormalement fréquents d’obstruction
sulte d’anomalies squelettiques, des tissus mous ou
complète ou partielle des voies aérifères supérieures
de la combinaison des deux comme le résume la
(VAS), responsables d’interruptions (apnées) ou de
notion de « bony box » développée par Watanabe,
réductions significatives (hypopnées) de la ventila-
et al. [63] (Fig. 1).
tion associées, le plus souvent, à une somnolence
La survenue de ce collapsus est favorisée par trois
diurne excessive.
mécanismes [46] :
Mise en lumière par les travaux de Guilleminault,
et al., [21], sa sévérité est reliée à l’index d’apnée- – un rétrécissement anatomique des voies aéri-
hypopnée (IAH) mesurant le nombre d’épisodes par fères supérieures (obésité ou anomalie squelet-
heure de sommeil grâce à un examen polygraphique tique) ;
ou polysomnographique. La présence d’un SAHOS – une diminution de l’activité des muscles dilata-
est validée par un IAH supérieur à 5 et associé à des teurs du pharynx ;
symptômes [7]. – une collapsibilité pharyngée élevée.
Gebeile-Chauty S., Pelosse J.-J., Diemunsch C. Importance de l’examen clinique et des examens complémentaires 29

Tissus mous Limites osseuses Passage d’air Cette constellation de symptômes diurnes et noc-
turnes permet d’orienter vers l’examen référent de
Normal cette pathologie : la polysomnographie.

P ssulaire 1.3.1.4.3. Examen clinique


Obésité – Exobuccal

P ssulaire
Le patient type est un homme présentant, le plus
Pet
maxillaire é souvent, une ventilation buccale, une surcharge pon-
et pete dérale de type androïde avec un cou épais et court
mandibule
associé à une rétrognathie mandibulaire. Sebille,
Figure 1 et al. [54] relèvent la notion de « rétrofacie globale »
Modèle mécanique des voies pharyngiennes. Interaction du retrouvé significativement chez les SAHOS avec un
volume de tissu mou avec le compartiment osseux (d’après bi-rétrognathisme.
Watanabe [63]).

Chapitre 2
– Endobuccal
Le rétrécissement pharyngien, d’origine anato- • Anatomie oropharyngienne
mique, est souvent l’élément initiateur mais il y a
une compensation neuro-musculaire à l’éveil. Du- On observe une augmentation du volume de la
rant le sommeil, l’activité de base des muscles di- langue, de la luette, du voile et des piliers amyg-
latateurs est réduite provoquant l’occlusion du pha- daliens avec parfois un aspect congestif des mu-
rynx. Par ailleurs, le pharynx et le voile du palais queuses, alors que l’hypertrophie des amygdales est
s’allongent avec l’âge et sont des sites favorables au fréquente [17]. L’obstruction nasale en est souvent
dépôt graisseux ce qui accentue leur potentiel de col- un facteur aggravant.
lapsus [22, 51]. Le degré d’encombrement de l’oropharynx peut
être évalué grâce à la classification modifiée de
1.3.1.4. Diagnostic Mallampati reportée par Lee, et al. [34]. Un score de
3 ou 4 sera alors observé (Fig. 2).
1.3.1.4.1. Anamnèse
La suspicion du clinicien doit être éveillée par les
• Anatomie cranio-faciale
facteurs de risques prédisposant au SAHOS, tels que
décrits par Lee, et al. [34] : La notion de diminution du compartiment os-
seux comme facteur prédisposant est retrouvée. Bien
– facteurs non modifiables : sexe masculin, âge
que l’évaluation clinique soit insuffisante pour discri-
(plus de 50 ans), ménopause, génétique ;
miner le diagnostic, les signes les plus courants sont
– facteurs modifiables : obésité, position de som-
alors une constriction maxillaire, un rétrognathisme
meil, alcool, anomalies cranio-faciales et des tis-
mandibulaire mettant en évidence un surplomb et
sus mous, médicaments ;
un recouvrement incisif augmentés.
– facteurs associés : hypothyroïdisme, acromégalie,
syndromes (Down, Marfan).
1.3.1.4.4. Examen paraclinique
1.3.1.4.2. Symptomatologie – Nocturne
La symptomatologie diurne est dominée par la La démarche diagnostique du SAHOS avec sa col-
somnolence (échelle d’Epworth) et la fatigabilité, lecte d’éléments cliniques ne peut être confirmée que
suivies de troubles cognitifs comme les troubles de par l’examen polysomnographique qui enregistre si-
la mémoire et de l’attention. multanément des paramètres neurologiques, cardio-
Les symptômes nocturnes souvent remarqués par logiques, ventilatoires et respiratoires.
le conjoint sont le ronflement, un sommeil agité, des Dans les cas où les symptômes cliniques sont évi-
arrêts respiratoires, des sueurs et une polyurie. dents, la polygraphie ventilatoire peut se substituer
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Dans les études comparatives, la plupart des au-


teurs retrouvent [31, 52, 58–60, 64] :
– une hypertrophie vélaire,
– une réduction de la lumière oropharyngée,
– une hypertrophie amygdalienne.
Un élargissement sévère des tissus mous et une aug-
mentation de la longueur linguale sont des facteurs
aggravants chez les patients obèses, et déclenchants
chez les patients ayant un indice de masse corporelle
normal [60, 64].

Tissus durs
De nombreuses études céphalométriques ont eu
pour but de déterminer un profil cranio-facial par-
Chapitre 2

ticulier en rapport avec un SAHOS et de chercher


d’éventuelles corrélations avec la sévérité du syn-
drome.
La plupart des études [11, 12, 50, 53, 58, 64]
Figure 2 constatent qu’en cas de SAHOS on retrouve le plus
Score de Mallampati (partie du palais visible, bouche ouverte souvent :
et langue tirée) (d’après Lee, et al. [34]). – une rétromandibulie, un angle goniaque ouvert,
un corpus court, un plan mandibulaire ouvert,
à la polysomnographie qui est contraignante et coû- – une rétromaxillie,
teuse. Lee, et al. pointent toutefois le manque de – une base antérieure du crâne courte,
précision et de fiabilité de cette technique, peut être – une position basse de l’os hyoïde.
mieux adaptée à la réévaluation d’un patient en trai- À travers une analyse céphalométrique cranio-faciale
tement [34]. portant sur 154 cas de SAHOS et en accord avec
la littérature, l’étude de Raskin, et al. [51] montre
– Diurne une compression faciale postérieure par avancement
du rachis et recul du massif maxillo-mandibulaire,
• Examen oto-rhino-laryngologique (O.R.L.)
avec un excès vertical inférieur d’origine symphy-
Il comprend habituellement une nasopharyngo- saire. L’augmentation de la dimension verticale favo-
scopie pour un examen direct de la paroi des V.A.S. rise l’apnée en augmentant la compliance de l’oro-
Associée à la manœuvre de Müller (inspiration à pharynx. Pour ces mêmes auteurs, la céphalométrie
glotte fermée), elle permet d’évaluer les sites de col- permet de préciser la localisation de l’apnée, dans le
lapsus inspiratoires. pharynx rétro-vélaire ou rétro-basi-lingual.
Les stigmates d’une ventilation buccale sont
• Téléradiographie de profil ainsi retrouvés avec une hyperdivergence faciale et
une posture céphalique en extension. Les résultats
Tissus mous
semblent parfois contradictoires, exceptés pour la
En complément de l’examen O.R.L., les mesures position de l’os hyoïde, la position mandibulaire et
de la dimension des V.A.S., de la langue sont repro- la longueur du voile du palais.
ductibles sur des téléradiographies de profil [36]. Par Les limites de la prédiction céphalomé-
ailleurs, l’importance de l’examen en décubitus dor- trique tiennent dans le nombre important de
sal avec un rétrécissement significatif de l’oropha- variables ; notamment l’indice de masse corporelle
rynx et une forme plus courte et épaisse de la langue (faible/squelettiques, fort/tissus mous), la sévérité
chez des patients sains ou atteints de SAHOS a été du syndrome, l’ethnie, l’influence de la posture
démontrée [4, 30, 55]. (debout/décubitus).
Gebeile-Chauty S., Pelosse J.-J., Diemunsch C. Importance de l’examen clinique et des examens complémentaires 31

Comyn, et al. concluent en rappelant la contribu- temporaux postérieurs. La respiration s’arrête. Les
tion de l’imagerie dans la compréhension du SAHOS, contacts occlusaux assurent le calage mandibulaire,
mais en soulignant qu’elle n’a pas encore de valeur la contraction du muscle mylohyoïdien entraîne une
prédictive sûre [10]. élévation et une protraction de la pointe de la langue
L’altération de la morphologie cranio-faciale qui entre en contact avec la partie antérieure du pa-
montre, encore une fois, les effets à long terme de lais. Puis la contraction simultanée des 17 muscles
l’obstruction des voies aérifères supérieures et l’im- linguaux déclenche une onde péristaltique de pres-
portance de son diagnostic chez le plus jeune dont sion d’avant en arrière qui fait progresser le bol ali-
le patron de croissance pourra être redistribué par la mentaire vers le pharynx. Le dos de la langue entre
réadaptation fonctionnelle [20]. alors en contact du palais dur d’abord, puis du pa-
Chez l’enfant et l’adolescent, une relation entre lais mou et du voile, pour basculer enfin (par sa
les troubles du sommeil, et donc du comportement base) vers le pharynx en entraînant le bol alimen-
diurne, et un refroidissement cérébral sélectif dé- taire. La pression linguale sur le palais est d’environ
fectueux a été mise en évidence [19]. Elle met un 100 g/cm2 , ce qui peut expliquer l’importance des
peu plus en perspective, s’il en était besoin, la no- déformations lorsque les appuis sont inadéquats.

Chapitre 2
tion de ventilation nasale de repos optimale caracté- L’examen fonctionnel reste incontournable avant
risée par Talmant [57] et recherchée aussi pendant le tout traitement orthodontique de l’adulte. Le dé-
sommeil. veloppement d’une occlusion stable est le résul-
tat conjugué de nombreux facteurs (déterminisme
1.3.2. Déglutition et posture linguale génétique, hérédité), mais aussi de facteurs envi-
1.3.2.1. Déglutition adulte ronnementaux tels que la fréquence des dégluti-
tions, la répartition des contacts de la langue sur les
La déglutition est une fonction physiologique pri- dents, la force exercée par la langue, la tonicité des
mordiale nécessaire à l’alimentation, durant laquelle lèvres, la résistance au déplacement du rempart al-
la langue joue un rôle fondamental dans le trans- véolaire [8, 37].
port du bol alimentaire [16]. C’est l’acte par lequel
Selon Peng, et al. [44], la déglutition immature est
le contenu de la cavité buccale est propulsé de la
souvent illustrée par une langue antérieure associée
bouche vers l’estomac. La déglutition se compose de
à une pulsion linguale durant la déglutition avec une
trois temps distincts : le temps buccal, le temps pha-
contraction exagérée des muscles péri-oraux (men-
ryngien et le temps œsophagien. Seul le temps buc-
tonnier et orbiculaire des lèvres), une hyperactivité
cal nous intéresse : il permet au bol alimentaire et à la
du buccinateur et peu de contacts occlusaux. Dans
salive de passer de la cavité buccale vers le pharynx.
ce cas de figure, durant les premières phases de la
La déglutition adulte se fait :
déglutition (rassemblement du bol alimentaire, pro-
– lèvres jointes mais non contractées, gression des aliments d’avant en arrière), les ap-
– arcades serrées molaires en occlusion, puis de la langue se font sur les dents maxillaires et
– la langue contenue à l’intérieur des arcades, mandibulaires, voire en se plaçant entre elles, sans
– la pointe de la langue en appui palatin antérieur contact occlusal. Puis la langue s’arrête quelques mi-
et sa base au contact du voile. crosecondes contre les dents antérieures et reprend
Il y a d’abord préparation du bol alimentaire en fin son mouvement de transport des aliments vers l’ar-
de mastication : par l’intermédiaire des muscles la- rière. Ainsi, le temps utilisé par la langue pour faire
biaux, linguaux et jugaux, le bol alimentaire, impré- voyager les aliments est plus long dans une dégluti-
gné de salive, est rassemblé sur le dos de la langue. tion immature, le nasopharynx se ferme plus tôt, et
Celle-ci se déforme en une gouttière médiane par les contacts dentaires sont plus importants [16, 45].
contraction des muscles styloglosse, hyoglosse et lin- Cependant, la langue se replace plus rapide-
gual supérieur, tandis que la pointe de la langue ment en fin de mouvement, ainsi le temps total de
s’élève par contraction du génioglosse. déglutition ne se trouve pas significativement allongé
Puis vient le temps buccal : la contraction de l’or- par rapport à une déglutition mature [45].
biculaire des lèvres vient obturer la cavité buccale D’après Cheng, et al., les patients présentant un
en avant, la mandibule étant immobilisée par les temps de contact entre le palais et le dos de la
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langue allongé, présentent aussi un angle goniaque Le condyle, du côté de l’aliment mastiqué,
ouvert, une rotation postérieure de la mandibule, montre une cinématique différente de celle du
une hauteur faciale augmentée, une voûte palatine condyle opposé à la mastication. Décalés dans le
plus longue (pas nécessairement plus profonde), peu temps, les mouvements sont asymétriques durant la
de recouvrement incisif, une vestibulo-version inci- mastication.
sive [8, 16]. Cette fonction alimentaire complexe met en jeu
Il est primordial d’évaluer la position de la langue presque tous les muscles de la tête et du cou : la tri-
durant l’examen clinique car celle-ci est en lien di- turation est essentiellement réalisée par les muscles
rect avec la morphologie dento-faciale. Une posture masticateurs principaux (ptérygoïdiens médiaux et
linguale anormale peut ralentir la correction ortho- latéraux, masséters, temporaux), mais aussi par les
dontique voire entraîner une récidive [8]. muscles sus-hyoïdiens, les muscles de la nuque et
du cou qui travaillent en synergie ou en opposition
1.3.2.2. Posture linguale avec eux. Les muscles des lèvres, de la langue et des
La posture linguale est généralement définie par : joues participent à la mobilisation du bol alimentaire
et à son rassemblement en fin de trituration [33].
Chapitre 2

– la pointe de la langue au contact de la papille D’après Dutra, et al. [14], le buccinateur, qui
rétro-incisive ; forme la paroi latérale de la cavité buccale, montre
– le dos de la langue affleurant la concavité du pa- une activité intense lors de la mastication. Il guide le
lais dans son ensemble ; bol alimentaire et sa contraction entraîne un épais-
– les bords de la langue étalés contre le collet des sissement des joues et joue un rôle dans le déclen-
dents supérieures. chement de la salivation.
Ceci permet à la base de la langue de libérer le car- L’étude des données fonctionnelles de la masti-
refour aérien supérieur et de faciliter la respiration cation nous montre que ce sont des mouvements
nasale. centripètes qu’il faut faire réaliser au patient pour
Une bonne posture linguale inclut : évaluer les guidages d’entrée et de fin de cycles mas-
– au repos, pointe au palais, la langue est rétrusive, ticatoires et non les mouvements centrifuges de la-
non étalée ; téralités (comme sur des articulateurs), qui ne cor-
– une déglutition adulte ; respondent à aucune réalité fonctionnelle. L’étude
– une bonne prononciation des dentales, labiales, des facettes d’usure des dents cuspidées peut rensei-
sifflantes. . . gner le praticien sur la répartition des contacts lors
de phases de trituration. La recherche des dysfonc-
Ces trois éléments sont indissociables ; ainsi, on ne tions cranio-mandibulaires est à mettre en relation
retrouve jamais un élément perturbé sans les deux avec le rôle proprioceptif joué par les contacts dento-
autres. dentaires dans le maintien de l’harmonie du système
neuro-musculaire [33].
1.3.3. Mastication
La mastication se traduit par des cycles successifs
de la mandibule qui aboutissent, grâce au rappro- 1.3.4. Examen des ATM
chement progressif des tables occlusales molaires,
à la fragmentation et au laminage du bol alimen- Avant de débuter un traitement orthodon-
taire avant la déglutition. Cette fragmentation com- tique, un examen précis des articulations temporo-
mence par une préhension-incision caractérisée par mandibulaires (ATM) est nécessaire pour déceler des
un mouvement rétro-ascendant centripète des bords signes ou symptômes d’une éventuelle algie ou dys-
libres des incisives mandibulaires sur les faces pala- fonction de l’appareil manducateur (ADAM). Les
tines des incisives maxillaires. L’aliment est ensuite ADAM regroupent un ensemble de symptômes qui
dirigé par la langue au fond de la bouche entre les concernent principalement les ATM et les muscles
molaires du côté droit ou gauche pour y être écrasé. masticateurs avec, dans certains cas, la présence
La trituration des aliments (unilatérale) est une phase de signes associés tels que céphalées, migraines ou
dento-dentaire centripète du cycle masticatoire. acouphènes.
Gebeile-Chauty S., Pelosse J.-J., Diemunsch C. Importance de l’examen clinique et des examens complémentaires 33

Les ADAM peuvent donc être de deux grandes le menton, d’éventuelles dissymétries, d’occlusion
familles : articulaire et musculaire. labiale, de dysmorphies. Lors de l’examen muscu-
Les ADAM articulaires se traduisent par des dou- laire, on recherche des signes de tension ou de dou-
leurs inflammatoires (capsulite, synovite, rétrodis- leur. La palpation musculaire (masséter, temporal,
cite), des troubles fonctionnels (limitation d’ouver- sterno-cléido-mastoïdien, muscles sous-occipitaux
ture, déviation à l’ouverture. . .) et/ou des bruits et cervicaux postérieurs) doit être réalisée pour les
articulaires (claquements ou craquements, crépite- muscles directement accessibles [62]. Les ptérygoï-
ments). Ces symptômes résultent de traumatismes diens doivent être manipulés au cours des fonctions.
articulaires, de dysfonctionnements du complexe L’examen des ATM comprend l’évaluation de la
condylo-discal (luxations discales réductibles ou non douleur et les dysfonctions (bruits articulaires et ci-
réductibles, adhérence discale) ou d’atteintes dégé- nématique).
nératives des surfaces articulaires (arthrite, arthrose). L’évaluation de la douleur comprend la palpation
Les ADAM musculaires se traduisent par des dou- bilatérale des pôles latéraux des condyles (à la re-
leurs (myalgies), des sensations de fatigue ou de cherche d’une capsulite, d’une arthrite) et la palpa-

Chapitre 2
tension localisées au niveau des muscles mastica- tion de la zone bilaminaire bouche grande ouverte
teurs et parfois étendues à un territoire cervico- (à la recherche d’une rétrodiscite, ou d’une luxation
céphalique [52]. discale réductible).
Les signes cliniques et symptômes des ADAM Lors de l’examen des dysfonctions, les bruits
sont inconstants, fluctuants et imprédictibles. Ils doivent être recherchés. On différencie, à l’oreille et
peuvent apparaître durant le traitement orthodon- par la palpation condylienne lors des mouvements
tique et le praticien doit informer le patient que, du mandibulaires, un bruit sec dit claquement (luxation
fait de la forte prévalence des ADAM dans la popula- discale réductible, adhérence discale) d’un bruit de
tion ainsi que de l’étiologie multi-factorielle, il n’est sable dit crépitation, présent dans le cas d’une ar-
pas possible d’établir une corrélation avec le traite- thrite, d’une arthrose.
ment orthodontique [18]. Toujours lors de l’examen des dysfonctions, la
L’anamnèse, lors de l’examen des ATM, permet cinématique mandibulaire est évaluée lors des dif-
de rechercher une gêne à l’ouverture, à la masti- férentes excursions mandibulaires. Ainsi, lors de
cation, la présence éventuelle de bruits articulaires, l’ouverture/fermeture, l’amplitude doit normalement
des épisodes de blocages mandibulaires, des dou- être comprise entre 50 et 55 mm soit environ trois
leurs possibles, une sensation de raideur, de ten- doigts ; en dessous de 40 mm, on parle de limita-
sion ou de fatigue musculaire, des antécédents de tion. En latéralités, la normalité est une amplitude
traumatismes directs, de choc sur la mandibule, une de 10 mm. Enfin, en propulsion, l’amplitude est peu
anesthésie générale, des extractions de troisièmes limitée si le problème est musculaire, et limitée si le
molaires, un traitement orthodontique, de micro- problème est articulaire. Le chemin d’ouverture doit
traumatismes ou des parafonctions. . . être rectiligne. Une déviation avec claquement et res-
Quand le symptôme majeur du patient est la dou- saut fait penser à une luxation discale réductible, une
leur, un diagnostic différentiel doit permettre de dé- déflexion avec limitation oriente vers une luxation
terminer si la douleur est liée à l’ADAM, ou à une discale irréductible.
autre pathologie. Une douleur induite de façon ex- Des examens complémentaires peuvent être pres-
périmentale au niveau des muscles masticateurs pro- crits en seconde intention en fonction de l’examen
voque un déplacement significatif du diagramme de clinique. La radiographie panoramique permet de vi-
Farrar (ou arc gothique) dans les directions anté- sualiser les condyles (une attention doit être portée
rieures et transverses, ainsi que des changements aux condyles grêles en particulier si une chirurgie
dans l’orientation et l’amplitude des mouvements la- orthognathique est envisagée en raison du risque de
téraux. Ces effets sont réversibles et disparaissent résorption). Le scanner peut permettre de visuali-
quand les patients sont de nouveau exempts de dou- ser les structures osseuses, en particulier les corti-
leurs [38]. cales par exemple dans le cas de lésions arthrosiques
À l’examen exo-buccal, il convient de vérifier l’in- (lupus. . .). Enfin, l’IRM peut permettre d’évaluer le
tégrité des tissus mous à la recherche de cicatrice sur disque articulaire pour les luxations discales réduc-
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tibles et irréductibles avec comparaison des deux indiqué pour mesurer le rapport couronne/racine,
ATM. évaluer l’atteinte parodontale d’un groupe de dents,
l’épaisseur d’émail avant stripping, la densité de l’os
2. Les examens complémentaires alvéolaire, la proximité radiculaire de dents adja-
centes. . .
Les examens radiologiques font partie des exa-
mens complémentaires qui seront demandés pour 2.4. La radiographie occlusale, tangentielle,
compléter ou confirmer les résultats de l’examen cli- mordu [24]
nique et permettre d’élaborer un diagnostic précis.
Le choix de l’examen demandé sera guidé par l’exa- Ces incidences complémentaires permettent de
men clinique. préciser les rapports des dents entre elles en cas
En orthodontie, les examens les plus intéressants de transpositions, de dents incluses, d’anomalies
pour le praticien sont les suivants. morphologiques, selon plusieurs axes. Ces examens
sont eux aussi de plus en plus supplantés par le
scanner X.
2.1. La radiographie panoramique [24]
Chapitre 2

Excellent examen de débrouillage, il est réalisé en 2.5. Le scanner X et la reconstruction


première intention et permet d’obtenir, en un seul tridimensionnelle [13]
cliché, l’image des maxillaires, des dents, des articu-
lations et des sinus maxillaires. Il s’agit d’un examen 2.5.1. Le principe du scanner
simple, rapide, permettant une comparaison radio- L’avantage de cette technique par rapport à la ra-
anatomique droite/gauche, en exposant le patient à diologie classique est d’obtenir, grâce à sa sensibi-
une faible irradiation. Cependant, l’image obtenue lité, l’image d’éléments jusqu’alors confondus sur les
est une coupe avec des zones d’agrandissement diffé- clichés radiographiques standards. En effet, en ra-
rentes le long du film, ne permettant aucune mesure diologie classique, le faisceau de rayons X projette
précise. sur une plaque radiographique les ombres des or-
ganes traversés en les superposant (image en somma-
2.2. La téléradiographie [24] tion). Les zones entourées par des tissus plus denses
(comme les os) ne sont donc pas visibles. Le scan-
De profil, c’est l’incidence radiographique la plus
ner X pallie cet inconvénient : il permet de visualiser
utilisée en orthopédie dento-faciale, car elle apporte
tous les éléments profonds de l’organisme. Son prin-
des renseignements sur les anomalies squelettiques
cipe est de choisir un plan de coupe net (faisceau
maxillo-mandibulaires et alvéolaires, elle permet des
de rayons X collimaté), et d’effectuer de multiples
analyses céphalométriques, des superpositions. Elle
projections sous différents angles afin de connaître
permet aussi l’analyse des voies aérifères, les rapports
le coefficient d’atténuation en chaque point du plan.
tissus durs/tissus mous, l’analyse de l’esthétique.
On mesure l’absorption des rayons X modulée par
Les incidences complémentaires axiales et fron-
la densité des tissus que les rayons ont rencontré
tales permettent d’étudier les asymétries faciales et
(= profil d’atténuation des rayons X). Un traitement
crâniennes et donnent une représentation tridimen-
informatique complexe permet ensuite de faire ap-
sionnelle du sujet. Elles sont moins demandées à
paraître sur l’écran l’image reconstituée d’une coupe
l’heure actuelle de par le développement des acqui-
axiale de 1 à 10 mm d’épaisseur. Cette image tra-
sitions scanner et des reconstructions tridimension-
duit les variations d’absorption des tissus traversés
nelles qui ne demandent plus aucun effort d’extra-
auxquelles sont associées des variations de nuances
polation.
(noir, gris, blanc) ou des couleurs conventionnelles
(tomodensitométrie).
2.3. Le bilan rétro-alvéolaire long-cône [24] Les images obtenues en une série de coupes
L’utilisation d’un long tube localisateur à 30 ou axiales seront utiles pour l’étude des rapports des
40 cm permet d’obtenir une image très peu agrandie, dents entre elles ou avec des éléments anato-
autorisant des mesures précises. Une image fidèle miques nobles (dents de sagesses, canines incluses)
nécessite l’utilisation d’un angulateur. Le bilan sera en implantologie, car elles permettent des mesures
Gebeile-Chauty S., Pelosse J.-J., Diemunsch C. Importance de l’examen clinique et des examens complémentaires 35

précises, en traumatologie de la face, en pathologie Le CBCT a une résolution spatiale et une fiabi-
tumorale. . . C’est la reconstruction tridimensionnelle lité qui semble comparables à celles du scanner pour
obtenue à partir de ces coupes natives qui intéressera explorer des structures minéralisées telles que l’os ou
le plus l’orthodontiste. les dents, et pour permettre d’identifier des fractures,
kystes ou lésions osseuses, corps étrangers, à l’inté-
2.5.2. Les reconstructions bi- rieur de son champ de vue. En revanche, il ne permet
et tri-dimensionnelles [23] pas la mesure réelle des densités.
La précision et la fiabilité des mesures linéaires
2.5.2.1. La reconstruction bi-dimensionnelle (2D)
obtenues avec le CBCT sont suffisantes pour recourir
L’empilement des coupes acquises natives crée un à son utilisation dans la sphère dento-maxillo-faciale.
volume dans lequel il est possible de reconstruire La dose délivrée par les appareils CBCT est infé-
d’autres coupes dans n’importe quel plan de l’espace. rieure à celle du scanner mais demeure significati-
Ce sont des reconstructions multi-planaires. Exploi- vement plus élevée que celle de la radiographie den-
tées par le logiciel Dental-scan, elles autorisent des taire conventionnelle, panoramique et intra-orale.
En orthodontie, les mesures céphalométriques

Chapitre 2
reconstructions curvilignes de type panoramique,
ainsi que des reconstructions orthogonales à ces der- obtenues avec le CBCT sont comparables à celles ob-
nières, très utilisées en implantologie. tenues avec la céphalométrie conventionnelle et sont
pour la plupart suffisamment précises et reproduc-
2.5.2.2. La reconstruction tri-dimensionnelle (3D) tibles. Toutefois, à ce jour, des études supplémen-
taires sont nécessaires afin d’évaluer les bénéfices
L’empilement des coupes acquises natives crée un cliniques du CBCT pour l’analyse céphalométrique.
volume dans lequel on peut isoler un élément (or- Il est nécessaire de définir des nouveaux points de
gane) par son niveau de gris (profil d’atténuation de référence et de valider des protocoles d’analyse cé-
rayons X exprimé en niveau de gris). Une fois l’ob- phalométrique 3D. Le CBCT ne saurait donc se sub-
jet reconstruit en trois dimensions, on peut « voya- stituer pour l’instant à la téléradiographie conven-
ger » à l’intérieur car chaque point de l’objet a un tionnelle. Il pourrait se substituer au scanner, au
profil d’atténuation de rayons X. Tout le volume est regard du principe de radioprotection et, selon des
concerné, pas uniquement sa surface. Seul le scanner règles d’optimisation, quand une analyse tridimen-
permet cette précision en trois dimensions. sionnelle est indispensable, par exemple pour des cas
de dysmorphoses maxillo-faciales majeures nécessi-
2.5.3. Tomographie volumique à faisceau tant une vision tridimensionnelle globale. Ne per-
conique de la face (cone beam mettant aucune mesure précise, le scanner reste la
computerized tomography référence pour toute planification chirurgicale déli-
ou CBCT) [26] cate et pour la chirurgie assistée par ordinateur.
Pour l’imagerie des ATM, il est à ce jour diffi-
Cette technique sectionnelle (par tomographie)
cile de conclure sur l’apport diagnostique du CBCT
autorise une imagerie de l’ensemble du complexe
par rapport aux autres techniques, tomographie et
maxillo-facial ou une exploration complète ou li-
scanner, et des études cliniques comparant ces tech-
mitée des structures maxillo-mandibulaire et dento-
niques sont nécessaires. Les indications restent limi-
alvéolaire. Les appareils se distinguent du scanner
tées à la traumatologie et aux pathologies dégénéra-
traditionnel qui effectue plusieurs coupes linéaires se
tives. Les pathologies discales et ligamentaires sont
superposant lors des multiples rotations du système.
quant à elles réservées à l’IRM.
Le CBCT, quant à lui, travaille non plus avec un fais-
ceau RX mince, mais avec un faisceau ouvert, co-
nique, ce qui lui permettra, en une seule révolution, 2.5.3.1. L’IRM
de balayer l’ensemble du volume à radiographier. La L’IRM repose sur l’étude du comportement des
diffusion de cette technique, jugée pour beaucoup noyaux d’hydrogène (proton), atome le plus abon-
prometteuse, en raison de sa faible dosimétrie et du dant sur corps humain. Placé dans un champ ma-
caractère tridimensionnel de son image, est déjà lar- gnétique intense, les protons se comportent comme
gement avancée. de petits aimants et s’orientent dans la direction du
36 Orthod Fr 2011;82:27–38

champ. Une impulsion radio-fréquence déterminée [6] Brunsvold MA. Pathologic tooth migration. J Periodontol
met les protons magnétisés en résonnance. À l’ar- 2005;76:859–866.
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initial en émettant un signal qui est recueilli, ana- Quintessence books 2009:35–40.
lysé, stocké par ordinateur. Il n’y a pas d’émission de [8] Cheng CF, Peng CL, Chiou HY, Tsai CY. Dentofacial mor-
rayons X. phology and tongue function during swallowing. Am J Or-
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C’est un logiciel de visualisation tridimension- sleep apnea syndrome : comparisons of cephalometric val-
ues. Head Face Med 2007;22:3–41.
Chapitre 2

nelle qui utilise les photographies, les radiographies,


[12] Dahar A. Investigating the correlation between the severity
les fichiers issus de scanner X, de cone-beam ou of obstructive sleep apnea and position of the hyoid bone.
d’IRM, pour obtenir une représentation tridimen- Am J Orthod Dentofacial Orthop 2007;132:269.
sionnelle complète du patient. Il est utile pour le [13] Dubayle P, Boyer B, Goasdoué P, David H, Le Clainche P,
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gie maxillo-faciale : Imagerie maxillo-faciale. Tomod-
esthétiques, la planification de la mise en place d’im- ensitométrie, Encycl Méd Chir Odontologie/Orthopédie
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munication aisée tant avec le patient que pour les [14] Dutra EH, Caria PH, Rafferty KL, Herring SW. The buc-
praticiens entre eux. Les analyses céphalométriques cinator during mastication: A functional and anatomical
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sont disponibles, mais ne sont pas réalisées en trois
[15] Formby WA, Nanda RS, Currier GF. Longitudinal changes
dimensions : il faut d’abord orienter l’image virtuelle in the adult facial profile. Am J Orthod Dentofacial Orthop
3D du patient de profil (plan sagittal médian paral- 1994;105:464-476.
lèle au fond de l’écran), puis l’analyse bidimension- [16] Fujiki T, Inoue M, Miyawaki S, Nagasaki T, Tanimoto K,
nelle est projetée sur le profil pour réaliser les me- Takano-Yamamoto T. Relationships between maxillofacial
morphology and deglutive tongue movement in patients
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