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Dossier

La blockchain au service
des énergies renouvelables
Produire de l’électricité renouvelable nécessite de passer Olivier
Pasquier
d’un monde de grands producteurs nationaux à un système (MS 16)
de production délocalisée. Mais comment gérer ce monde
Membre de
où chacun sera producteur et consommateur ? Le point avec Centrale
Olivier Pasquier (MS 16), directeur marketing de QOS Energy, Numérique,
Olivier est directeur marketing de
sur le potentiel extraordinaire offert par la blockchain. QOS Energy, une start-up nantaise
de data intelligence dans les énergies
renouvelables.

La start-up Electron, en partenariat avec


EDF, fait des tests au Royaume-Uni.
La régulation du réseau sera également
facilitée : le régulateur pourrait imaginer
non pas d’arrêter sa turbine à gaz un jour
de surproduction, mais de demander à une
microgrid de le faire pour un bon prix.
Ces échanges – et ces tarifs – seront écrits
dans une blockchain. Le système a été testé
avec succès à New York en 2016. D’autre
part, si l’avenir du transport passe par
des véhicules électriques, le monde entier
devra déployer une quantité phénoménale
de batteries. On peut donc imaginer
l’automobiliste chargeant sa batterie quand
l’électricité est abondante, avant de la
réinjecter dans le réseau lors des pics de
consommation. Cela permet également de

L
e s s y s t è me s d e pr o du c t ion dans un grand registre qui permet de baisser le coût d’acquisition des véhicules,
d’électricité ont été conçus de prouver sa provenance verte. Engie déploie en rémunérant le propriétaire pour sa
manière pyramidale  : de grosses les outils de la start-up Ledger exactement capacité de stockage.
centrales de production délivrent leur pour cet usage. On peut aussi imaginer un
puissance aux utilisateurs au travers de marché d’échange de certificats d’énergie L a pro duc t ion d ’ éle c t r ic ité re ste
réseaux nationaux, pour produire de verte, fondé sur la blockchain. universellement un secteur très encadré.
l’électricité avec certitude au moindre prix. L’adoption de technologies blockchain n’est
Gérer la transition énergétique donc possible qu’avec des changements
L’accord de Paris – et les changements législatifs profonds. D’autre part, la
climatiques – obligent les États à investir La généralisation du renouvelable achoppe technologie actuelle reste chère à déployer
massivement dans les énergies nouvelles sur l’intermittence de production. L’idée (matériel, électricité). Or les coûts de
pour produire 10 % de renouvelable est donc de développer des microgrids. transaction ne doivent représenter qu’une
dans les cinq ans. Les consommateurs Imaginons que chaque foyer ou entreprise fraction infime du prix des kilowattheures
demandent également de l’électricité deviennent producteur (par des panneaux échangés par des petits producteurs. Sur le
verte. Or les électrons sont injectés sur le solaires sur les toits par exemple) et Bitcoin, les transactions sont cadencées à
réseau indépendamment de la source de consommateur. Comment gérer alors la 10 minutes par block. Même si Ethereum
production : nucléaire, turbine à gaz ou complexité de la facturation croisée ? Les est plus flexible, la technologie blockchain
éolienne. Comment prouver aux clients cryptomonnaies apparaissent comme une doit encore s’améliorer. Plus de 300 millions
que l’électricité qu’ils achètent est bien solution pour financer ces échanges. Chaque de dollars ont été investis dans des start-
« verte » ? C’est la première application transaction est écrite dans une blockchain, up blockchain du secteur de l’énergie
possible de la technologie blockchain en un décompte mensuel est effectué, tout en 2017. Cette promesse de nouveaux
énergie. Chaque producteur d’électricité reste dans le virtuel et on s’affranchit outils de gestion pour réussir la transition
renouvelable peut inscrire sa production ainsi d’un cycle complet de facturation. énergétique semble donc bien lancée. Q

32 Centraliens no664 [Mars/Avril 2019]

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