RETOUR D’EXPERIENCE
Coûts des services publics... 1
EURO
Vivons cachés ? 1
Franck Gillard, directeur du conseil de gestion de la ville d’Angers
et d’Angers Loire Métropole
Sommaire
3. L’expérience d’Angers
A – Les objectifs de la démarche
B - Vers l’externe : en direction de tous les angevins
(Ville d’Angers et Angers Loire Métropole)
1
L'origine de cette expression provient de la morale de la fable de Jean‐Pierre Claris de Florian (1755‐1794) où un papillon périt entre les
mains d'enfants après avoir volé devant eux : le Grillon.
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Dans le cadre du grand débat, ce thème a également été abordé par de nombreux élus locaux et repris
par des médias comme par exemple LCI.5 « Si le sujet du "mille‐feuille" est ancien, la complexité de
l'organisation des territoires et des compétences s'est aggravée avec le renforcement des
intercommunalités et l'évolution du périmètre des régions au cours des dernières années. »
« Parmi les propositions des internautes consultés pour réformer l'administration figure celle visant à
"clarifier les compétences des collectivités et éviter les compétences croisées" (86% de votes positifs) et
la "diminution du mille‐feuille administratif et de ses doublons" (85% de votes positifs). »
2 Le Monde ‐ Gérard Courtois ‐ 22 novembre 2018
3 https://www.aquoiserventmesimpots.gouv.fr/
4 https://www.youtube.com/watch?v=kHWI_Ghp‐Wk : « Qu'est‐ce que vous faites du pognon ?» Le coup de gueule d'une
grand‐mère devenu viral ; Jacline Mouraud ‐ octobre 2018
5 LCI, son partenaire Make.org ainsi que trois autres médias (le Huffpost, France Bleu et Nice‐Matin) : 146 000 participants
depuis le 16 janvier 2019 et 735 000 votes. Parmi les dix propositions phares, l'idée de simplifier l'organisation des
territoires. https://www.lci.fr/politique/grand‐debat‐national‐ce‐que‐les‐francais‐veulent‐simplifier‐le‐mille‐feuille‐
administratif‐6‐10‐2116471.html ‐ 24 avril 2019
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A. Alors que les administrés se sentent très proches de leur Maire et plutôt en confiance ...
À quelques mois des élections municipales, les Français sont toujours très attachés au statut du maire.
Selon une enquête Opinion Way pour l’Union nationale des centres communaux d’action sociale
(UNCCAS)6, 68 % des Français considèrent que leur maire est l’élu qui comprend le mieux leurs
préoccupations, loin devant les conseillers régionaux (7 %) et les conseillers départementaux (6 %).
La mairie est certainement l’administration la mieux connue parce qu’elle est la plus proche des
citoyens. Elle a une fonction de service public, mais elle est aussi à l’écoute des administrés pour tous
les problèmes quotidiens de la vie courante. Ses compétences touchent à de très nombreux domaines,
en général tout ce qui fait vivre ensemble les habitants de la commune.
Pourtant, la Déclaration des droits de l’homme et du citoyen du 26 août 1789 prévoit que « tous les
citoyens ont le droit de constater, par eux‐mêmes ou par leurs représentants, la nécessité de la
contribution publique, de la consentir librement, d’en suivre l’emploi et d’en déterminer la quotité,
l’assiette, le recouvrement et la durée » (article 14) et que « la société a le droit de demander compte
à tout agent public de son administration » (article 15). Les interlocuteurs publics, État et collectivités
ont donc l’obligation de produire et rendre accessibles des documents d’information budgétaire qui
justifient l’usage des deniers publics.
Alors que pour les prestations de services publics délégués au privé, les rapports détaillant les activités
réalisées (dont le coût et le prix) sont obligatoirement présentés devant l’Assemblée ou le Conseil, et
préalablement devant la Commission Consultative de Service Public Local (CCSPL), en matière de
prestations réalisées en régie par la collectivité, il existe des freins à la publication des coûts des
services publics concernés.
a. Une anticipation d’une appréciation négative du citoyen
« Nous pensons que nous savons ce que les autres pensent »7...
Bien qu’aucun élément factuel et rationnel n’existe permettant de confirmer cette thèse, celle‐ci est
encore fortement ancrée dans certaines administrations. Il est vrai que le courrier des lecteurs de la
presse locale, qui ne traite, en grande majorité, que des sujets critiques envers la collectivité, laissent
penser que cette approche est partagée par le plus grand nombre.
Malheureusement, chacun s’autorise à supputer la réaction négative du citoyen qui nous pousse alors
à limiter toute initiative en matière de transparence. Réaction auto centrée du type : « je ne souhaite
pas que mes impôts servent à financer des services publics dont je ne bénéficie pas : exemple la
piscine... ». La citoyenneté et solidarité sont pourtant intimement liés...
6 https://www.publicsenat.fr/article/politique/sondage‐68‐des‐francais‐considerent‐que‐leur‐maire‐est‐l‐elu‐qui‐
comprend‐le‐mieux ‐ le 12 et 13 juin 2019, sondage sur un échantillon de 1 008 personnes représentatif de la population
française âgée de 18 ans et plus. Méthode des quotas, critères de sexe, d’âge, de catégorie socioprofessionnelle, de
catégorie d’agglomération et de région de résidence. Pour 1 000 personnes, la marge d’erreur entre 1,5 et 3 pts.
7
Codex des Biais Cognitifs, algorithme de Jon Manoogian III
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b. Une exposition « grand public » par la Cour des Comptes et les Chambres
Régionales des Comptes
Les Chambres Régionales des Comptes, dont la mission est de mettre en exergue les problématiques
de gestion des collectivités, réalisent des rapports publics afin de pouvoir faire évoluer dans le bon
sens les pratiques des élus et gestionnaires des collectivités.
Les éléments des rapports les plus sensibles sont retranscrits dans le rapport annuel de la Cour des
comptes avec le même objectif. L’exposition médiatique est forte et récurrente tous les ans à la même
époque (septembre‐octobre). Les médias ont tendance à ne faire ressortir que les sujets les plus
spectaculaires et donc « à charges » aux dépens des collectivités « fautives ».
Il serait sans doute intéressant que les organismes de contrôle de l’utilisation des deniers publics,
puissent également mettre en exergue les bonnes pratiques de certaines collectivités, à titre de valeurs
d’exemple, en vue de favoriser les expériences innovantes, allant ainsi dans le sens de la transparence
et du développement de l’esprit de citoyenneté qui nous intéresse ici.
c. Une absence de référentiel national des coûts de service publics
Dans son rapport de 2018, la Cour des Comptes avait recommandé à l’Etat, en lien avec les collectivités
concernées, d’élaborer un référentiel de coût, sur les compétences scolaires et périscolaires, « afin de
guider le pilotage de la dépense ». Cette recommandation8 peut s’inscrire dans un cadre plus large
comme l’indique, en réponse à cette observation, le président de l’Assemblée des communautés de
France (ADCF) : «Cette démarche pourrait par ailleurs être généralisée à plusieurs politiques publiques, et
permettrait d’identifier des marges de manœuvre dans la gestion publique »9.
L’Observatoire des Finances et de la Gestion publique Locales (OFGL) s’est vu confier la mission de
travailler sur ce sujet, en réponse « à une demande des représentants des collectivités locales et
administrations centrales de fournir des éléments dans un premier temps sur la politique de
l’éducation dans les collectivités ».
Durant l’été 2019, une enquête a été élaborée par l’OFGL avec le soutien des membres de son comité
scientifique et technique (associations d'élus, d'agents territoriaux, administrations centrales et
institutions publiques), dans un premier temps en test auprès d’une quinzaine de collectivités.
L’exercice est en effet délicat car peu de collectivités dispose d’outils de type comptabilité analytique
en vue de calculer de manière fiable ces différents coûts et leurs composantes. Dispositif qui doit de
plus être pérenne en s’appuyant sur une culture de gestion bien ancrée et soutenue par les dirigeants
administratifs et politiques, ainsi qu’un conseil de gestion qui s’inscrit également dans la durée sur le
plan des ressources allouées.
Encore plus délicat est de pouvoir partager la même méthode au niveau national, intégrant les
spécificités de chacune des collectivités concernées, que ce soit en termes de taille/volume ou de
modalités de gestion (gestion publique/ gestion déléguée, ...).
Ces différents points, ainsi que la peur d’être comparée avec d’autres collectivités, explique sans doute
que cette initiative de mise en place de référentiel des coûts puisse sembler si tardive alors que le
besoin ne vient pas d’émerger.
Au‐delà de ces freins cognitifs, il n’en reste pas moins qu’il convient de rendre compte aux citoyens de
l’usage de leurs impôts sous peine d’accentuer la défiance existante envers les acteurs politiques (voir
point 1).
8
Rapport de la Cour des Compte 2018, recommandation n°7 page 227
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3. L’expérience d’Angers
Disposant depuis plus de trente ans d’une comptabilité analytique particulièrement développée sur
les politiques publiques en proximité des angevins, avec notamment la culture, les sports/loisirs ou
l’Education Enfance pour ne parler que de la ville d’Angers, cet outil trouve tout son sens dans la
production de données et son exploitation, à commencer par la communication financière en direction
des angevins.
Pour 2019, parmi les axes forts annoncés par le Maire‐Président M. BECHU, la citoyenneté tenait une
bonne place 10 (journée citoyenne, conseils de quartier/conseils citoyens, réserve citoyenne, comptoir
citoyen, budget participatif, ...). Ce fut donc l’occasion de mettre en place une sensibilisation des
citoyens aux coûts des services publics, dans le cadre d’une approche simple et pédagogique.
Angers n’est pas la première à intervenir sur ce sujet, Rennes par exemple11 ou la commune nouvelle
d’Annecy12 ont réalisées récemment des productions efficaces dans cadre, mais l’originalité de sa
démarche se situe sur l’approche globale de la communication envisagée en intervenant sur deux
cibles : en interne au niveau de l’encadrement des services et en externe en direction de la population
angevine.
Le Concept
S’appuyer sur des services publics du quotidien
permettant au lecteur de « se mettre à la place de »
La cible
Ville d’Angers : 150 000 habitants
Angers Loire Métropole (dont Angers) : 300 000 habitants
Les supports
Le magazine mensuel du « Vivre à Angers », n° de mai
2019
Internet et l’application sur le téléphone mobile :
publication mai 2019
10
En référence au site internet Ville d’Angers
http://www.angers.fr/l‐action‐municipale/citoyennete/index.html
11
Budget primitif 2018 ville de Rennes
https://dataviz.rennesmetropole.fr/budget/budget‐ville‐rennes‐2018/l‐action‐de‐la‐ville‐au‐quotidien/
12
La Commune nouvelle d’Annecy a été récompensée pour sa démarche de communication auprès des usagers sur
l’harmonisation tarifaire appliquée aux services des 6 communes membres de la commune nouvelle : prix communication
financière AFIGESE 2018.
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La réalisation
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Le Concept
Des éléments de coûts plus détaillés que le « Vivre à Angers » (notamment par type
d’équipement, les principales manifestations...) portant sur les politiques les plus importantes
de la ville d’Angers en volume financier
o Education Enfance
o Culture patrimoine
o Sports et Loisirs
La cible
Les encadrants de la ville d’Angers et Angers Loire métropole
Potentiellement à terme, 5 000 agents.
Les supports
Trois livrets de 8 pages décrivant les principaux éléments de la politique traitée, en valeur et
en activité
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