SOUDANT Florian
BIBLIOGRAPHIE
La France est indéniablement un pays très diversifié, un véritable kaléidoscope culturel. De nombreux
chiffres témoignent en effet de l'extrême diversité de notre pays. Au 1er janvier 2019, la France
comptait près de 67 millions d'habitants, d'origine, de couleur, d'orientations quelle qu'elle soient, de
genre bien différents. Parmi elles ; 8,6% sont immigrés1, 52% sont des femmes2, 48% a entre 20 et
59 ans3 ; 1,8% déclarent avoir une sexualité homosexuelle ou bisexuelle 4. Ces chiffres démontrent
l'immense diversité propre à notre société.
Notre société est en perpétuelle évolution. Nous assistons, d'années en années, à un développement
exponentiel des médias, de l'usage des réseaux sociaux. Les distances se trouvent alors être
raccourcies et les liens entre les individus n'ont jamais été aussi rapprochés. Dans un tel contexte,
l’interconnexion des cultures, des peuples, des pays se fait plus évidente, plus concrète 5 . La
propagation des discriminations a également profité de ce phénomène, faisant qu'aujourd'hui plus que
jamais, les discriminations n'ont de cesse de se développer et sont de fait plus visibles.
Tous ces constats nous amènent à nous questionner sur un fléau ne connaissant ni frontières, ni limites :
le phénomène discriminatoire. Le terme discrimination tire son origine du latin discriminatio,
signifiant « séparation », mettre à part, et se définit comme une « différenciation contraire au principe
de l'égalité civile consistant à rompre celle-ci au détriment de certaines personnes physiques en raison
de leur appartenance raciale ou confessionnelle, plus généralement par application de critères sur
lesquels la loi interdit de fonder des distinctions juridiques arbitraires (sexe, opinions politiques,
situation de famille, état de santé, handicap, origine, appartenance ou non appartenance (vraie ou
supposée) à une nation, une ethnie ou une race, activité syndicale) ou au détriment de certaines
personnes morales en raison des mêmes critères appréciées sur la tête de leurs membres, agissement
érigé en délit »6.
1INSEE
2Statistica.com
3INSEE
4Lepanorama de la société 2019 : les indicateurs sociaux de l'OCDE, 2019, p.6.
5Lenouveléconomiste.fr,Vous avez dit cosmopolite ? , 2016.
6CORNU (G), Vocabulaire juridique, 10e édition, quadrige,p.352, DISCRIMINATION.
Le Code pénal prévoit l'infraction de discrimination, et l'intègre au sein de son titre II relatif aux
atteintes à la personne humaine, dans le chapitre V réprimant les atteintes à la dignité de la personne.
Ce sont les articles 225-1 à 225-4 qui répriment les discriminations. Ces articles prévoient alors les
différents critères pouvant justifier un acte discriminatoire et sont alors listés de manière extensive
ainsi que les peines principales et complémentaires par référence à l'article 131-39 du même Code.
Il apparaît important de lutter contre ce type d'infraction dans la mesure où les discriminations sont
le reflet d'un refus du « vivre ensemble » principe essentiel à notre démocratie, mais également au
regard de la nature même de l'infraction, impactant directement les personnes. Ces infractions sont
également susceptible d'être le préalable à la commission d'autres infractions beaucoup plus graves
( notamment les agressions). Plus, la non discrimination est la condition à l'exercice de toutes les
autres libertés. En effet, les discriminations sont de nature à faire obstacle à la jouissance de nombreux
droits essentiels. Les discriminations sont alors de nature à enfreindre un principe essentiel, celui de
l'égalité, dans la mesure où les discriminations consistent en une rupture du principe d'égalité, fondée
cependant sur un critère illégitime.
Une lutte contre les discriminations a alors été mis en place au niveau national, mais également à plus
haut niveau, au travers de la mise en place d'une protection à valeur supra-constitutionnelle. Tout
d'abord au niveau national, il faut revenir à la Révolution française pour trouver un texte important
pris en matière de non discrimination, c'est le décret d'abolition des privilèges adopté lors de la nuit
du 4 août 17897 qui, en permettant l'adoption de la Déclaration des droits de l'homme et du citoyen,
va permettre de mettre fin à des discriminations opérées entre différentes classes de la population
notamment et plus globalement consacré le principe d'égalité. Comme le soulignait alors Maurice
Hauriou, l'égalité a représenté « la force agissante dans la Révolution »8. Le texte de la Déclaration
universelle des droits de l'Homme et du Citoyen de 1789 prévoit en son article 6 que : «La loi est
l'expression de la volonté générale. Tous les citoyens ont droit de concourir personnellement, ou par
leurs représentants, à sa formation. Elle doit être la même pour tous, soit qu'elle protège, soit qu'elle
punisse. Tous les citoyens étant égaux à ses yeux sont également admissibles à toutes dignités, places
et emplois publics, selon leur capacité, et sans autre distinction que celle de leur vertus et de leurs
talents ». Est alors ici exclue l'inégalité non fondée sur une considération autre que les « vertus et les
Historiquement, ce texte n'est pas le seul à prohiber les discriminations. Au XXème siècle, une lutte
contres les comportements anti-citoyens a alors été mis en place. Ainsi, la lutte contre les
discrimination se matérialisa tout d'abord par la lutte contre le racisme au travers une loi du 1er juillet
19729 sanctionnant certains comportements fondés sur l'appartenance ou la non appartenance à une
ethnie, une nation, une race ou une religion déterminée 10. Plusieurs extensions interviennent dans les
années qui suivent, sanctionnant les discriminations liées au sexe et à la situation de famille avec la
loi du 11 juillet 197511, puis à raison des mœurs en 198512, ensuite du handicap et de l'état de santé
en 1989 et 199013. Sous l'impulsion du droit européen, de nombreuses autres lois interviendront afin
de lutter contre les discriminations notamment la loi n°2001-1066 du 16 novembre 2001 relative à la
lutte contre les discriminations ainsi que la loi n°2008-496 du 27 mai 2008 portant diverses
dispositions d'adaptation au droit communautaire dans le domaine de la lutte contre les
discriminations.
Le principe d'égalité excluant alors par principe la discrimination est alors présent dans la DDHC de
1789 pré-citée, le préambule du 27 octobre 1946, au travers ses alinéas 1er évoquant l 'égalité en
général, alinéa 3 prônant l'égalité homme-femme, et de nombreux autres, ou encore au travers la
Constitution du 4 octobre 1958, dès son préambule évoquant l'égalité avec les peuples d'outre mer ou
encore ses article premier sur la non discrimination, deux et trois.
À noter qu'une Haute autorité de lutte contre les discriminations et pour l'égalité fut même créée en
200414. Cette dernière dont l'objectif était de se saisir « de toutes les discriminations, directes ou
indirectes, prohibées par la loi ou par un engagement international auquel la France est partie » fut
dissoute en 2011 et remplacée par le Défenseur des droits.
Au niveau supra constitutionnel, quelques textes sont également venus consacrer le principe de non
La loi n°2008-496 du 27 mai 200817 est venu porter une définition de la discrimination, transposant
certaines normes communautaire ont permis de faire le distinguo entre une discrimination directe et
indirecte en son article 1er.
La discrimination directe est défini comme « la situation dans laquelle, sur le fondement de son
appartenance ou de sa non-appartenance, vraie et supposée, à une ethnie ou une race, sa religion, ses
convictions, son âge, son handicap, son orientation sexuelle ou son sexe, une personne est traitée de
manière moins favorable qu'une autre ne l'est, ne l'a été ou ne l'aura été dans une situation
comparable ».
Tandis que la discrimination indirecte est défini comme « une disposition, un critère ou une pratique
neutre en apparence, mais susceptible d'entraîner, pour l'un des motifs mentionnés au premier alinéa,
un désavantage particulier pour des personnes par rapport à d'autres personnes, à moins que cette
disposition, ce critère ou cette pratique ne soit objectivement justifié par un but légitime et que les
moyens pour réaliser ce but ne soient nécessaires et appropriés ».
15Directive 2000/43/CE du Conseil du 29 juin 2000 relative à la mise en œuvre du principe de l’égalité de traitement
entre les personnes sans distinction de race ou d’origine ethnique.
16 Directive 75/117/CEE du Conseil du 10 février 1975 concernant le rapprochement des législations des Etats membres
relatives à l’application du principe de l’égalité des rémunérations entre les travailleurs masculins et les travailleurs
féminins.
17 LOI n° 2008-496 du 27 mai 2008 portant diverses dispositions d'adaptation au droit communautaire dans le domaine
de la lutte contre les discriminations
A la lecture de l’article 225-1 du code pénal on se rend très rapidement compte que seul la
discrimination directe est disposé par le code pénal. La discrimination est défini à l’article 225-1 du
code pénal18 comme
« toute distinction opérée entre les personnes physiques et morales sur le fondement de leur origine,
de leur sexe, de leur situation de famille, de leur grossesse, de leur apparence physique, de la
particulière vulnérabilité résultant de leur situation économique, apparente ou connue de son
auteur, de leur patronyme, de leur lieu de résidence, de leur état de santé, de leur perte
d'autonomie, de leur handicap, de leurs caractéristiques génétiques, de leurs mœurs, de leur
orientation sexuelle, de leur identité de genre, de leur âge, de leurs opinions politiques, de leurs
activités syndicales, de leur capacité à s'exprimer dans une langue autre que le français, de leur
appartenance ou de leur non-appartenance, vraie ou supposée, à une ethnie, une Nation, une
prétendue race ou une religion déterminée. »
A la lettre de cet article on comprends que la distinction opérée revêt un très large panel de
possibilité quant au domaine discriminé. Preuve en est que le Cornu le défini de façon très générale
par « l’application de critères sur lesquels la loi interdit de fonder des distinctions juridiques
arbitraires ».19
Il est donc à noter que le contenu de la loi de 2008 sur la discrimination indirecte n’aura qu’un effet
relatif sur notre droit puisque seul le volet civil intégrera cette définition. 20
En effet le droit pénal est d’interprétation stricte et suppose également que une certaine clarté dans
18 Loi n° 92-684 du 22 juillet 1992 portant réforme des dispositions du code pénal relatives à la répression des crimes et
délits contre les personnes
19 G. Cornu, Vocabulaire juridique : éd. PUF, 2007, 8e éd., p. 314
20 T. DUMORTIER « Chronique de droit des discriminations » Décembre 2015
21 L'Esprit des lois (livre XI, ch. VI, De la Constitution d'Angleterre) que "les juges de la Nation ne sont que la bouche
qui prononce les paroles de la loi".
22 Loi n° 92-683 du 22 juillet 1992 portant réforme des dispositions générales du code pénal
ses dispositions. Or, la disposition de cette loi n’est que très peu précise, et bien qu’on aurait pu
imaginer une transposition dans le code pénal de cette définition avec des termes plus précis, le
législateur n’a pas choisi cette voie et ne renvoie donc à cette définition que la lettre de l’article
L.1132-1 du code du travail23.
De quelle façon le législateur a t’il permis une lutte efficace contre la discrimination par le volet
pénal ?
En droit français, le Code pénal est venu proscrire tout acte constitutif d'une discrimination au moyen
de l'établissement de plusieurs articles (I). Le texte prévoit alors les peines principales d'une telle
infraction ainsi que les peines complémentaires venant sanctionner les contrevenants (II).
23 Modifié par LOI n° 2019-486 du 22 mai 2019 relative à la croissance et la transformation des entreprises
I) La constitution de l’infraction de discrimination dans le code pénal
La constitution de l’infraction de discrimination dans le code pénal se fait à la fois par la constitution
de son élément matériel (A) mais également par la constitution de son élément intentionnel qui est
relativement difficile de prouver en justice. (B)
Afin de constituer l’infraction de discrimination au sens pénal, il nous faut donc revenir à la lettre de
de l’article 225-1 du code pénal précédemment cité.
Il s’agit bien d’une infraction intentionnel, il faudra donc constituer dans un premier temps
s’intéresser à la matérialité de l’infraction avant de porter un intérêt à l’élément intentionnel qui revêt
un aspect particulier au regard de la légitimité de certaines discriminations positives et de
l’indifférence des mobiles.
A noter que l’auteur de la discrimination ne s’arrête pas à l’employeur, il est tout à fait possible de
voir un salarié de l’entreprise se voir imputer l’infraction. 24
Matériellement, il faudra donc qu’il y ait eu « discrimination » au sens pénal du terme, l’article 225-
1 nous donne une liste exhaustive et limitative des cas permettant de constituer une discrimination
(sexe, situation familiale, religion, orientation, ethnie…), ces discriminations doivent être intervenus
au cours de certains comportements énumérés à l’article 225-2 du code pénal 25 pour les motifs
disposés à l’article 225-1, supposant le refus de fourniture de biens ou services, d’entraver une activité
économique quelconque, d’un refus d’embauche ou d’une décision de licenciement, de subordonner
la fourniture d’un bien ou d’un service à un cas d’harcèlement sexuel 26, de subordonner un stage ou
un emploi pour les mêmes motifs, ou encore de refuser un stage visé à l’article 412-8 du code de
sécurité sociale.
Puis, dans un second temps il faudra être sur que ces discriminations ne sont pas justifiées au sens de
l’article 225-3 du code pénal.27
Dans une première catégorie de motifs discriminatoires on peut réunir les distinctions opérées d’une
part à raison de « l’origine » et d’autre part à raison de « l’appartenance ou de la non-appartenance à
une ethnie, une nation, une race ou une religion déterminée ». La référence de cette catégorie reste
donc extrêmement large puisque l’ethnie est défini comme « tout ensemble d’individus réunis par une
communauté de langue ou de culture » 28. L’appartenance à un groupe à quant à elle été précisé par
la jurisprudence estimant que le fait pour un dentiste de proposer ses services ou sa collaboration
exclusivement à un musulman revêt un caractère discriminatoire. 29
Bien que les cas sont moindres, puisque les femmes sont très touché dans le domaine du travail
notamment la discrimination qui empêche l’exercice normal d’un métier tel que le journalisme a
cause du simple faite d’être une femme. 32 Puis dans un second temps les discriminations en raison
d’une grossesse ont été incriminés par la loi du 23 mars 2006 33 au regard du principe de l’égalité de
traitement entre les femmes et les hommes qui est visé par la directive du 13 décembre 2004 34, qui
rejoint la répression des discrimination à raison de la situation de famille pouvant amener à des
Puis, concernant le sujet brulant de l’orientation sexuelle, la logique reste la même que pour la
discrimination pour le sexe, toute orientation sexuelle est protégé cependant il est évident que la loi
du 25 juillet 198537 sur l’orientation sexuelle et les mœurs se dirige plus en pratique vers la protection
des personnes homosexuelles et bisexuelles qui a vu son champ d’application largement réduit par la
loi ayant purement et simplement incriminé l’homophobie. 38
Cela permet de poser la question du contenu du champ résiduel de la loi de 1985, en effet il reste les
bonnes mœurs, on pourrait estimer que les mœurs sont liés à des habitudes, des façons de vivre. Bien
qu’aucune jurisprudence n’existe sur ce point, on pourrait estimer que la métrosexualité pourrait être
un genre de mœurs qui pourrait faire naitre une discrimination.
Puis, il existe un groupe de discrimination qui concerne l’état de santé, le handicap ou encore l’âge.
A noter que notre société au-delà du volet pénal met un certain accent sur l’accès à l’emploi pour les
personnes handicapés en fixant notamment des quotas de 6% de personnes handicapés pour les
entreprises d’au moins 20 salariés 39. L’handicap est défini légalement comme une « altération d’une
ou plusieurs fonctions physiques, mentale ou psychique » 40, mais forte heureusement, on a permis
d’étendre le cas des situations d’handicap à celles ne permettant pas d’avoir le titre de travailleur
handicapé pour appliquer la discrimination au sens de l’article 225-1 du code pénal, on fera plus
référence au simple état de santé, notamment le cas de l’infection du sida 41 qui est malheureusement
dénoté comme un virus à risque et qui est beaucoup sujet à la discrimination.
Enfin, il existe un groupe de discrimination sur les croyances politiques et le rattachement syndicale
d’une personne. C’est une forme de discrimination que nous retrouvons majoritairement à l’embauche
puisqu’il est connu que certaines entreprises ne sont pas nécessairement en bon terme avec certains
Cependant, comme énoncé à l’article 111-4 du code pénal43, la loi pénale est d’interprétation stricte,
de ce fait il est à noter que les agissements contenant la discrimination développé dans les derniers
paragraphes sont purement limitatifs et ne peuvent se voir étendre par la jurisprudence. En effet, il
serait regrettable de voir l’extension d’un critère discriminatoire dans une liste qui se présente comme
exhaustive pour respecter la stricte interprétation de la loi et c’est en ce sens que la jurisprudence au
lieu d’étendre d’autres critères risquant de se voir balayer par le conseil constitutionnel au travers
d’une QPC, a préféré définir chaque terme afin de pour limiter ou étendre la portée de chaque
« comportement ».
Dans un premier temps, l’article 225-2 du code pénal propose le cas d’une discrimination punissable
lorsqu’elle consiste à « refuser (1°) ou subordonner (4°) la fourniture d’un bien ou d’un service », il
est à noter que l’expression au regard de cet article ne suppose en aucun cas la prévision d’un acte de
vente, il est donc tout à fait possible d’imaginer l’application de ce comportement pour un acte à titre
gratuit.44
Concernant l’activité économique qui est susceptible d’être entravé, la cour de cassation a cité
quelques cas pour lesquels on ne pouvait caractériser l’activité économique tel que la vente de
Puis, le 3° de l’article présente la situation d’une discrimination dans le cas d’un refus « d’embauche,
de sanction ou de licenciement » portée à une personne déterminé.
L’embauche a été défini par la jurisprudence par la date marquant la fin de la période d’essai, 48 ce qui
permet notamment d’étendre le refus d’embauche plus loin que le simple refus à l’entretien. En effet
il est courant que la discrimination à l’embauche puisse provenir d’une personne complétement
extérieur à l’entretien mais qui conserve un certain pouvoir sur l’avenir de la personne dans
l’entreprise.
Enfin, la partie de l’article supposant le refus de stage (6°) et demande de stage (5°) ou de période de
formation soumise à une condition discriminatoire est quelque peu particulier puisqu’ils se réfèrent
directement à certains articles, le refus de stage dans le cadre des stages visés par l’article L.412-8 du
code de sécurité sociale 49 suppose des stages effectués par des étudiants d’établissements
d’enseignements techniques ou d’enseignement spécialisé, ou des stages d’initiation professionnels.
Finalement, pour conclure sur la constitution de l’infraction de discrimination pénal, il faut donc bien
disposé d’un caractère discriminatoire (225-1), d’un comportement adéquat à la discrimination (225-
2), puis enfin le dernier critère suppose que la discrimination ne fasse pas l’objet d’une cause
d’exonération pour « motif légitime ». (225-3 du code pénal).50
Il existe dans un premier temps des dispositions permettant certaines discriminations à raison de l’état
de santé ou du handicap.
En effet, le 1° de l’article ne réprime pas les discriminations fondées sur l’état de santé dés lors
qu’elles « consistent en des opérations ayant pour objet la prévention du risque décès et des risques
portant atteinte à l’intégrité physique de la personne ou des risques d’incapacité de travail ou
d’invalidité ». Cependant, c’est une excuse qui est écarté lorsque cet état a été diagnostiquer par la
prise en compte de « test génétiques prédictifs ayant pour objet une maladie qui n’est pas encore
déclarée ou une prédisposition génétique à une maladie ».51
Puis le 2° de l’article conclut par l’exclusion de la répression des discriminations lorsqu’elles sont
Il existe dans un second temps, certaines dispositions permettant d’excuser certaines discriminations
en raison du sexe ou encore de l’apparence physique de la personne. En effet au 3° de l’article, on
suppose que l’on peut discriminer dés lors « qu’une exigence professionnelle essentielle et
déterminante et pour autant que l’objectif soit légitime et l’exigence proportionné », ce principe se
retrouve notamment dans certaines activités particulière que l’on retrouve à l’article L.1142-2 du code
du travail.52 Puis, il existe au 4° de l’article une protection de la répression concernant le cas ou la
discrimination fondées en matière d’accès aux biens et services dés lors qu’elle est justifiée par « la
protection des victimes de violences à caractère sexuel, des considérations liées au respect de la vie
priée et de la décence, la promotion de l’égalité des sexes ou des intérêts des hommes ou des femmes,
la liberté d’association ou l’organisation d’activités sportives », excuse notamment justifié par une
exigence d’origine européenne53
Il a donc bien été détaillé la façon la discrimination était matériellement constitué au sens de 225-1
du code pénal et suivant, il serait utile d’aborder l’élément intentionnel qui quant à lui revêt quelques
particularités.
52 LOI n° 2008-496 du 27 mai 2008 portant diverses dispositions d'adaptation au droit communautaire dans le domaine
de la lutte contre les discriminations
53 Directive 2004/113 13 décembre 2004
B) L’élément intentionnel et le difficile apport de la preuve
Au point de vue du droit international, on suppose que la discrimination est sensé avoir pour effet de
porter une atteinte au principe d’égalité entre les citoyens.54 Et à la différence de la CJUE qui estimait
que le seul comportement discriminatoire suffisait pour constituer la discrimination, le droit pénal
français a rangé l’infraction de discrimination dans la case des infractions intentionnelles.
Mais il reste à déterminer la nature de l’intention puisque l’article 225-1 du code pénal exprime bien
l’aspect intentionnel par l’expression d’une discrimination « à raison de ». La doctrine a d’ailleurs
retenu qu’au regard des différentes jurisprudences cet infraction revêt un dol général mais aussi un
dol spécial55.
Le dol général se traduirait par la simple conscience de commettre une infraction pénale. Cependant,
la jurisprudence56 a complété ce dol par la volonté porté à un résultat déterminé dans sa façon de
discriminer. Si l’on prend l’exemple d’une discrimination à l’embauche, il faut que la personne chargé
de l’entretien ait pleinement conscience de se livrer à des agissements discriminatoires.
Il existe une véritable différence dans l'administration de la preuve. En effet, en matière de droit du
travail, il existe un véritable aménagement de la charge de la preuve, permis grâce à l'article L.1154-
1 du code du travail58. Le législateur est parti de constats simples : celui établissant que les
discriminations sont nombreuses en droit du travail mais également qu'il existe une réelle difficulté
En revanche, en matière pénale, le principe est différent puisque c'est le principe de la présomption
d'innocence qui prévaut. La charge de la preuve pèsera alors sur le procureur de la République. Il ne
revient donc pas au mis en cause de prouver son innocence, mais à son accusateur de démontrer sa
culpabilité.
Ainsi, contrairement aux juridictions civiles et administratives, devant les juridictions pénales, le
principe d'aménagement de la preuve n'est pas applicable 59, la chambre criminelle de la Cour de
cassation l’a rappelé clairement dans une affaire de discrimination syndicale. 60
Afin de rapporter la preuve d'une discrimination, En matière civile 61 , comme en matière pénale62 ,
le salarié peut rapporter tous types de preuve : courriers, mails, SMS, témoignages, chronologie des
faits, tests faits par la victime elle-même, panels de comparaison etc.
Cela peut être tout élément relatif à l’appréciation, à la quantification ou au contenu de son activité,
par exemple, les évaluations professionnelles, les travaux réalisés, les mails au sein desquels il a été
félicité pour son travail, les tableaux de répartition des tâches de l’équipe etc.
Si le salarié a soustrait des documents dont il avait connaissance appartenant à l’entreprise mais
strictement nécessaires à la constitution de son dossier pour obtenir le respect de ses droits, la
chambre sociale, comme la chambre criminelle, de la Cour de cassation admettent la recevabilité de
cet élément de preuve. 63
Cependant dans le cas de faits équivoques, la preuve est bien plus compliqué à rapporter puisqu’il
n’existe aucune extériorisation de l’élément intentionnel, donc seul un doute sérieux peut être émis
sur la réalité de l’intention discriminatoire. Et c’est précisément pour ces raisons que l’on accepte le
recours au « testing » par des associations supposant la constatation de comportements
discriminatoires qui permettent de révélé des dispositifs, pratique accepté par la haute juridiction
comme moyen de preuve recevable, et qu’aucune disposition légale ne pouvait permettre au juge
d’écarter les moyens de preuves recevables même si les preuves ont été obtenues de façon illicites ou
déloyales.67
Voici donc, la façon dont se constitue l’infraction de discrimination en droit pénal, et les difficultés
probantes existantes, il serait donc intéressant d’aborder la façon dont cette infraction est discriminé.
Les peines résultant d’un acte de discrimination au sens pénal sont disposés à l’article 225-2 du code
pénal, elle prévoit des peines maximales de 3 ans et 45000 euros d’amende, portées à 5 ans et 75000
euros d’amende lorsque le refus discriminatoire de fourniture d’un bien ou d’un service a été commis
dans un lieu accueillant du public ou aux fins d’en interdire l’accès.
Il sera également possible de recourir à une sanction disciplinaire intra-entreprise s’il s’agit d’un
salarié (ex : DRH), qui est reconnu coupable de discrimination. 68
En matière de discrimination, c'est l'article 225-4 du Code pénal qui prévoit l'application de peines
complémentaires applicables aux personne morales. Cet article fonctionne par renvoi à l'article 131-
39, 2°, 5°, 8° et 9°. L'article 225-4 prévoit en effet que : « Les personnes morales déclarées
responsables pénalement, dans les conditions prévues par l'article 121-2, des infractions définies à
l'article 225-2 encourent, outre l'amende suivant les modalités prévues par l'article 131-38, les peines
prévues par les 2° à 5°, 8° et 9° de l'article 131-39.
Les personnes morales encourent de fait le prononcé de plusieurs peines complémentaires lorsqu'elles
sont reconnues pénalement responsable d'une infraction de discrimination. Parmi ces peines
complémentaire, on retrouve l'interdiction, à titre définitif ou pour une durée de cinq ans au plus,
d'exercer directement ou indirectement une ou plusieurs activités professionnelles ou sociales 69 ,
l'article 225-4 précise le champs d'application de cette interdiction en établissant que :
Autre peine complémentaire applicable aux personnes morales pour l'infraction de discrimination,
prévue toujours à l'article 131-38 du Code pénal, 5° : « L'exclusion des marchés publics à titre
définitif ou pour une durée de cinq ans au plus ». Le 8° est également susceptible de s'appliquer aux
personnes morales. Il s'agira ici de « la peine de confiscation, dans les conditions et selon les
modalités prévues à l'article 131-21 », ce dernier précisant que « la confiscation porte sur tous les
biens meubles ou immeubles, quelle qu'en soit la nature, divis ou indivis, ayant servi à commettre
l'infraction ou qui étaient destinés à la commettre, et dont le condamné est propriétaire ou, sous
réserve des droits du propriétaire de bonne foi, dont il a la libre disposition »70.
Enfin, les personnes morales peuvent être sanctionnées au moyen, 9° de : « l'affichage de la décision
prononcée ou la diffusion de celle-ci soit par la presse écrite, soit par tout moyen de communication
au public par voie électronique ». Il s'agit ici de la peine la plus infamante, dans la mesure où les actes
discriminatoires afin que la reconnaissance de culpabilité de la personne morales seront révélés au
grand public, ayant de fait un impact direct sur la réputation et l'image de marque de la société.
Quant aux peines complémentaires applicables aux personnes physiques, elles sont prévues à l'article
225-19 du Code pénal. Cet article prévoit les peines applicable aux personnes physiques coupables
des infractions prévues par les sections 1 (discriminations) et 3 ( Des conditions de travail et
d'hébergement contraires à la dignité de la personne, du travail forcé et de la réduction en servitude).
Les peines complémentaires prévues sont alors : 1° l'interdiction des droits d'éligibilité et du droit
d'exercer une fonction juridictionnelle ou d'être expert devant une juridiction, de représenter ou
d'assister une partie devant la justice ; pour une durée de cinq and ou plus. Le 2° prévoit aussi une
sanction de publicité de la décision prononcée. Sont également prévues les mêmes peines que celles
prévues pour les personnes morales à savoir La fermeture, pour une durée de cinq ans au plus ou à
titre définitif, de l'un, de plusieurs ou de l'ensemble des établissements de l'entreprise appartenant à
la personne condamnée71, l'exclusion des marchés publics à titre définitif ou pour une durée de cinq
Enfin, autre peine complémentaire, cette fois propre aux personnes physique au regard de sa nature,
l'obligation d'accomplir un stage de citoyenneté, selon les modalités prévues par l'article 131-5-174.
L'article R131-35 du Code pénal prévoit alors que le stage de citoyenneté « a pour objet de rappeler
au condamné les valeurs républicaines de tolérance et de respect de la dignité́ humaine et de lui faire
prendre conscience de sa responsabilité́ pénale et civile ainsi que des devoirs qu’implique la vie en
société́ . Il vise également à favoriser son insertion sociale ».
L'objectif est ainsi de remettre l'individu dans le droit chemin, celui de la tolérance et de l'acceptation
des différentes inhérente à la composition de notre société.
F. Desportes et F. Le Gunehec, Droit pénal général : éd. Économica, 2009, 16e éd., n° 471
1.2 Dictionnaires/encyclopédies/répertoires
2. Ouvrages spéciaux :
Insee.com
Statistica.com
TABLE DE JURISPRUDENCE
SOMMAIRE …………………………………………………………………...………………..… 3
ABREVIATIONS…………………………………………………………………...………………4
INTRODUCTION………………………………………………………………………...………...5
I) LA CONSTITUTION DE L’INFRACTION DE
DISCRIMINATION…………………..……………...………………………………………………
…...……..…11
A) LA CONSTITUTION DE L’ELEMENT
MATERIEL…………………………………………………………….………………………...…
…..…11
BIBLIOGRAPHIE ……………………………………………………..………………………....23
TABLE DE JURISPRUDENCE…………………………………………...………..…………….25
TABLE DES MATIÈRES …………………………………………………………..……….……26