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Rech. Transp. Secur.

(2012) 28:190-200
DOI 10.1007/s13547-012-0037-5

ARTICLE ORIGINAL / ORIGINAL ARTICLE

La place des modèles de trafic dans les récentes modélisations


des impacts environnementaux des transports. Importance
de l’explicitation des méthodes et hypothèses
The role of travel demand models in recent modelings of environmental impacts of transport.
Importance of the explication of methods and hypotheses

L. Fouillé · J.-S. Broc · B. Bourges · J. Bougnol · P. Mestayer


Reçu le 12 décembre 2011 ; accepté le 12 juillet 2012
© IFSTTAR et Springer-Verlag France 2012

Résumé Les auteurs présentent une évolution récente dans tal impact assessment of transport, far from its initial target.
l’usage qui est fait des modèles de déplacements classiques, By comparing previous cases found in the literature (Ches-
en les employant à des fins d’évaluation des impacts environ- ter, Seoul, Florence, Brisbane and Saint-Etienne) with their
nementaux des transports, très éloignés de leur cible initiale. present works (Eval-PDU in Nantes), the authors notice that
En comparant des cas précédents relevés dans la littérature their predecessors tend to be evasive on their use of TDM.
(Chester, Séoul, Florence, Brisbane et Saint-Étienne) avec Hence, traffic data are little discussed in these works, while
leurs propres travaux du moment (Eval-PDU à Nantes), les their works constitute one of the main stakes in this kind of
auteurs constatent à regret que leurs prédécesseurs ont ten- study. Indeed, the hypotheses for traffic modeling are impac-
dance à être évasifs sur leur utilisation du modèle de trafic. ting the next steps of the modeling chain (pollutants emis-
Ainsi, les données de trafic sont peu discutées dans ces tra- sion/dispersion). The importance of this first modeling stage
vaux, alors qu’elles constituent un des enjeux principaux de implies that relevant attention has to be brought to their
ce genre d’étude. En effet, les hypothèses retenues pour la assumptions and input data.
modélisation du trafic se répercutent sur les modélisations
suivantes de la chaîne (émission/dispersion de polluants). Keywords Traffic model · Environmental impacts ·
L’importance de cette première étape de modélisation exclut Methodology · Assessment · Urban policies
la possibilité de la laisser hors-champ.

Mots clés Modèle de trafic · Impacts environnementaux ·


Méthodologie · Évaluation · Politiques urbaines Introduction

Le présent article part du constat que les modèles de trafic


Abstract The authors present a recent development in the
dont le principe séquentiel est demeuré inchangé depuis
use of classic travel demand models (TDMs) to environmen-
plus d’un demi-siècle sont aujourd’hui utilisés à des fins
très différentes de leurs objectifs de conception. Ces outils
L. Fouillé · J.-S. Broc · B. Bourges (*) opérationnels initialement dédiés au dimensionnement
IRSTV FR CNRS 2488, GÉPEA UMR CNRS 6144,
institut de recherche en sciences et techniques de la ville,
d’infrastructures de transport sont désormais employés
École des mines de Nantes, LUNAM université, dans des chaînes de modèles de natures différentes, pour
4, rue Alfred-Kastler, BP 20722, F-44307 Nantes cedex 03, France réaliser des évaluations environnementales stratégiques
e-mail : bernard.bourges@mines-nantes.fr des politiques de transports, autrement dit pour estimer
les nuisances engendrées ou évitées par telle ou telle action
J. Bougnol
CETE OUEST, MAN, rue René-Viviani, publique. Cette évolution des usages, vers une gouver-
F-44262 Nantes cedex 02, France nance plus soucieuse de l’environnement, suppose de
rediscuter le fonctionnement du modèle utilisé pour estimer
P. Mestayer
le trafic : avant de mesurer la validité des politiques
IRSTV FR CNRS 2488, institut de recherche en sciences
et techniques de la ville, LUNAM université, CNRS, menées, il semble nécessaire d’avoir éprouvé préalable-
1, rue de la Noë, BP 92101, F-44321 Nantes cedex 03, France ment la validité de la modélisation qui évaluera ces
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politiques. Avant de mesurer, il faut se mettre d’accord sur Toutefois, le nombre de modes est limité3, et si le modèle est
l’instrument de mesure utilisé. parfois multimodal, il est plus rarement intermodal (chaque
déplacement est attribué intégralement à un unique mode, le
mode « principal »).
Modèles de trafic, tradition et continuité Enfin, l’ultime étape de l’affectation attribue un itinéraire
technique à chaque déplacement en réalisant par exemple des équili-
bres de Nash (dits de Wardrop dans ce domaine) pour les
L’histoire des modèles de trafic et de leurs évolutions tech- itinéraires concurrents, afin de prendre en considération la
niques a déjà été décrite avec talent [1,2], c’est pourquoi rétroaction de la fréquentation liée à la congestion. Ainsi,
nous ne nous attarderons pas sur ce sujet. Malgré un per- un itinéraire bis peut devenir attractif au-delà d’un certain
fectionnement incrémental permanent (désagrégation niveau de saturation de l’itinéraire le plus direct, en consé-
croissante, itérations, multimodalité), les modèles de prévi- quence de décisions individuelles convergentes. Il devient
sion de la demande de transports ont conservé une remar- alors intéressant d’utiliser une route différente qui bien que
quable stabilité structurelle autour de ce qu’il est convenu plus longue sur la carte peut s’avérer plus rapide à ce
d’appeler le « modèle à quatre étapes » : ainsi, les prototy- moment-là. Le choix de la route s’apparente donc à un jeu
pes employés à Détroit et Chicago dans les années 1950 [3] dans lequel chaque joueur doit prendre en compte les choix
et leurs descendants actuels partagent cette caractéristique de ses concurrents4.
séquentielle. Comme évoqué précédemment, les étapes de distribution,
La première étape, dite de génération, détermine un choix modal et affectation peuvent être réitérées, pour pren-
volume de déplacements émis et reçus par chaque zone dre en compte les rétroactions de congestion. Ainsi, certaines
du territoire et pour chaque motif selon des caractéristiques destinations peuvent devenir plus ou moins attractives au
de mobilité associées aux données démographiques et à terme d’un premier round, et il en va de même pour le choix
la répartition spatiale des générateurs de trafic (emplois, du mode de transport, puis de l’itinéraire.
commerces, administrations, équipements scolaires, hospi- Bien que nécessaire à la compréhension du propos dans
taliers et de loisirs). son ensemble, ce résumé du mode de fonctionnement des
La seconde étape, dite de distribution, apparie les émis- modèles de trafic ne constitue pas le cœur de notre exposé.
sions et les réceptions de chaque zone formant ainsi une Le thème que nous souhaitons approfondir ici ne relève pas à
matrice d’origine–destination (O–D) de zone à zone. Cette proprement parler de la structure des modèles de trafic, mais
étape est assurée par une formule gravitaire1 paramétrée à bien plus de leur usage. Il faut cependant garder à l’esprit que
l’aide de valeurs d’impédance2 issues d’enquêtes en suppo- le principe de fonctionnement d’un outil dépend de la finalité
sant que l’on va d’abord au plus proche, mais que le terri- à laquelle il répond (le cahier des charges qui a présidé à son
toire résiste plus ou moins bien selon les personnes et les développement) et que son domaine de validité est restreint
motifs. Par exemple, le fait de posséder une automobile par son mode de fonctionnement. Nous souhaitons rappeler
limite la perte d’attractivité liée à la distance, et de la même les limites intrinsèques des modèles de trafic statiques, celles
manière une longue distance peut être tolérée pour des qui constituent des verrous aujourd’hui non résolus, malgré
motifs contraints tels que les déplacements domicile– les améliorations évoquées. Les modèles que nous évoquons
travail. ici sont dits statiques, car ils assignent un débit et une vitesse
La troisième étape, celle du choix modal, assigne un moyenne pour une unité de temps donnée (une tranche
mode de transport à chacun des déplacements, selon la per- horaire ou une journée). Cette vitesse ne peut être nulle, car
tinence des offres alternatives en termes de prix et de temps sinon les véhicules engagés sur le tronçon seraient pour ainsi
de trajet, de manière à reconstituer globalement les parts dire bloqués, ce segment serait alors systématiquement évité
modales constatées dans les enquêtes sur les déplacements. (l’écoulement est donc forcé, pour maintenir une vitesse non
nulle au-delà de la saturation). La vitesse est supposée homo-
1
gène par file et constante sur la période simulée, ce qui n’est
La formule est dite gravitaire parce qu’elle transpose la célèbre
équation newtonienne dans laquelle les masses des astres sont
3
remplacées par des populations (la masse d’un secteur) : Tij = k(PiPj)/ Le vélo n’est jamais proposé, faute d’enquêtes fiables sur son usage,
dijα. Ainsi, le trafic Tij entre deux zones i et j est proportionnel à leur du fait de sa marginalité. La prise en compte de la marche sert
masse (PiPj) et inversement proportionnel à la distance qui les sépare principalement à estimer la part de déplacements à exclure de la
(dij) élevée à la puissance α. On utilise également comme fonction modélisation, car les piétons comme les cyclistes ne font pas « appel
décroissante une exponentielle négative de l’impédance. aux dimensions de la route » [4]. Cela démontre la finalité de
2
L’impédance est comprise comme la résistance du territoire. Ce dimensionnement d’infrastructure inhérente à l’outil.
4
dernier n’est pas homogène et isotrope, on y circule plus ou moins Les anglophones parlent poétiquement de « rat running » pour
facilement d’un secteur à un autre selon la morphologie, les obstacles, qualifier cette pratique du raccourci qui rallonge mais fait gagner du
les effets de coupure, la forme du réseau… temps.
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pas le cas dans la réalité, où les vitesses sont fluctuantes et nouvel objectif, celui qui nous intéresse ici : l’évaluation
oscillent en permanence à l’intérieur d’une tranche horaire ; le des nuisances environnementales imputables à la circulation
modèle statique lisse donc cette variabilité temporelle. De urbaine, notamment les impacts sur les niveaux sonores et la
plus, les courbes intégrées aux modèles statiques font évoluer qualité de l’air en ville. Notons que cet objectif est très
inversement débit et vitesse, ce qui n’est pas le cas en régime éloigné du but initial. Aux dimensions qui comptaient dans
congestionné. En conséquence, la dynamique réelle du trafic a l’ancienne perspective, les unités comptables de temps et de
peu à voir avec l’écoulement continu du modèle statique, sur- prix devaient désormais s’ajouter des concentrations atmos-
tout lors d’épisodes de congestion : phénomène de stop- phériques de polluants et des niveaux de pression acous-
and-go, propagation de la congestion en amont avec des tique. C’est pourquoi nous considérons que, par le truche-
remontées de files, etc. ment d’autres modèles enchaînés au traditionnel modèle de
Des modèles de trafic dynamiques prennent mieux en trafic, ce dispositif de calcul s’est retrouvé au service de
considération ces phénomènes, mais ils sont souvent « politiques de la nature » [10] entendues comme l’extension
déployés à une échelle plus microscopique (une intersection, des entités et des phénomènes pris en compte dans l’orienta-
un boulevard, voire un petit quartier). Ils ont d’ailleurs éga- tion de l’action publique, autrement dit l’intégration de faits
lement été utilisés à des fins d’évaluation environnementale « externes » dans les affaires humaines. Les politiques de
[5–7], mais on se limitera dans ce papier aux modèles stati- transports ne doivent plus seulement faire gagner du temps
ques parce qu’ils sont d’un usage plus courant à l’échelle ou de l’argent pour accroître le bien-être collectif, elles doi-
d’une agglomération. vent aussi minimiser les nuisances sonores et les émissions
atmosphériques. Dès lors, l’investissement dans des infra-
structures nouvelles n’est plus forcément la solution privilé-
Usages des modèles : giée. Il faut souligner en passant que ce changement paradig-
des politiques d’infrastructures aux matique survient au moment où la pérennité des finances
« politiques de la nature » publiques fait question et menace la durabilité de l’interven-
tion, y compris sur le plan purement comptable [11].
Nos travaux nous ont conduits à constater que la finalité des Nous allons relater ici quelques-unes de ces initiatives,
modèles de trafic tend à changer de direction et que leur relevées dans la littérature du domaine.
usage se réoriente progressivement.
Leur vocation première était d’organiser l’expansion du
réseau routier sur le territoire, la motorisation généralisée ou Modélisations d’impacts environnementaux
encore « la mobilisation infinie » [8]. En effet, pendant que à partir des modèles de trafic
les ménages s’équipaient en véhicules, les territoires se
dotaient d’un réseau viaire capable de les accueillir en nom- Cette section tente de résumer des expériences antérieures
bre croissant. Il fallait donc calibrer et dimensionner les que nous avons analysées. Elle ne vise évidemment pas l’ex-
infrastructures afin d’éviter leur saturation, pour quelques haustivité, et il est probable que d’autres études auraient leur
années au moins. Puis, une fois qu’un réseau que l’on pour- place ici5. Nous les présentons en respectant la chronologie
rait qualifier d’armature eut été achevé, les modèles furent et en nous focalisant autant que possible sur leur usage d’un
utilisés pour estimer des gains de temps potentiels et évaluer modèle de trafic.
l’utilité socio-économique de différents projets, afin de choi-
sir le meilleur ou le plus urgent [9]. Nous étions encore dans Chester [14]
une logique de politique d’infrastructure : quel arc ajouter
en priorité au réseau ? Quelle capacité accroître pour éviter Dans ce premier cas, les effets modélisés sont sommaires,
l’engorgement ? Comment assurer la pérennité du « mouve- seul l’impact sur la qualité de l’air résultant d’une éventuelle
ment vers le mouvement » [8] ? piétonisation du centre-ville est testé. Si le périmètre est
Lorsque l’utopie du tout automobile et de la ville fluidi- étroit (le secteur piéton représente sept arcs et Chester ne
fiée par l’auto s’avéra finalement n’être qu’un mirage, les compte que 80 000 habitants), le niveau de détail est ambi-
modèles devinrent multimodaux, afin de permettre de modé- tieux, puisque le modèle distingue sur chaque arc quatre por-
liser une concurrence de la part des transports collectifs. tions selon le régime de circulation des véhicules (accéléra-
Nous étions toujours dans une logique de prévision de la tion, croisière, décélération, arrêt). Ces fractions d’arc
demande en vue de la mise en place d’infrastructures sup- varient selon la congestion. Le modèle de trafic est SATURN
plémentaires, mais cette fois pour concurrencer la route ou la (Simulation and Assignment of Traffic in Urban Road
décongestionner, selon le point de vue adopté.
Enfin, au tournant du siècle, les modèles de trafic et leurs 5
Parmi elles, nous pouvons au moins citer les cas de Lille [12] et de
résultats (les trafics modélisés) ont commencé à servir un Toronto [13] qui n’ont pas été résumés ici faute de place.
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Network) et le modèle d’émission/dispersion des polluants [15]. Les modèles « adaptés » sont TRANPLAN pour le
utilisé est celui développé par le Transport Research Labo- trafic et HIWAY pour le modèle de dispersion. En réalité,
ratory en 1982. C’est un modèle gaussien ne prenant en l’adaptation du modèle de trafic reste modeste, puisque ce
considération que la direction et la vitesse du vent. L’usage dernier ne proposait pas initialement de vitesses moyennes
qui en est fait à Chester consiste à calculer les concentrations sur les arcs du réseau, les chercheurs ont « donc programmé
de polluants (CO, CO2, HC, NOx et PM) aux « emplacements une relation vitesse-débit qui calcule les niveaux de vitesse
critiques du réseau en termes d’émissions liées au trafic, de l’arc à partir de son volume de trafic et de sa capacité »
afin de représenter les plus hauts niveaux de pollution là [15]. Les données de sortie du modèle de trafic semblent
où les activités piétonnes sont attendues. Ces emplacements donc avoir été adoptées en l’état, bien que traduites en vites-
sont situés à proximité des intersections, là où les flux sont ses, ce qui n’est pas si novateur. Ces deux chercheurs du
typiquement interrompus. Des points de réception ont été Korea Transport Institute ont certainement maîtrisé cette
placés sur tous les arcs, sur l’accotement des voies où les étape de la chaîne de modèle, mais ils ne la discutent finale-
remontées de file peuvent se former, à un mètre de chaque ment que très peu, considérant probablement que l’intérêt
bordure de l’intersection. Les conditions de dispersion ont scientifique se situe davantage du côté des résultats de
été considérées défavorables » [14], c’est-à-dire avec un l’étude, qu’ils commentent et comparent, plutôt que de celui
vent « faible » dans toutes les directions représentant le seul de la méthode qui n’est décrite que dans ses grandes lignes.
effet de la circulation. Par exemple, le périmètre modélisé n’est spécifié ni en ter-
Les éléments d’information apportés sur le modèle de tra- mes de territoire (population, zones, arcs) ni en termes de
fic sont pour le moins évasifs : « SATURN est un modèle période (journée ou heure de pointe ?). Pourtant, il nous
puissant, sophistiqué et largement accepté pour simuler aurait paru intéressant de savoir comment les auteurs ont
l’affectation du trafic urbain, et il a été employé dans diver- modélisé un territoire comptant entre 10 et 20 millions
ses études à travers le monde. » [14]. Il en va de même en d’habitants selon que l’on se limite à la ville de Séoul ou à
conclusion : « Les modèles individuels utilisés dans ce tra- son aire urbaine. Cette taille impose de simplifier à l’extrême
vail ont été validés ailleurs » [14]. Nous comprenons que le territoire sous peine de dépasser les capacités des logiciels
l’objet de cet article n’était pas d’argumenter sur la perti- de modélisation, surtout en 19957.
nence des modèles utilisés6, mais seulement de les appliquer
à une étude de cas. Toutefois, nous voyons pointer ici le Florence [16,17]
risque inhérent à l’usage de telles boîtes noires : les effets
calculés sont-ils réalistes ou résultent-ils seulement des Ce cas est plus complexe à résumer, car deux articles le
outils mobilisés, autrement dit sont-ils des artefacts présentent sous un jour différent, sans faire référence l’un à
méthodologiques ? l’autre. Nul doute cependant qu’il s’agit de la même méthode
(même territoire, même créneau horaire, même année de réfé-
Séoul [15] rence) et nous devons donc croiser les deux vues partielles
pour tenter de reconstituer une vue d’ensemble satisfaisante.
À la différence du cas précédent, pour Florence, les résultats
Ce travail coréen consiste à évaluer l’impact sur les consom-
obtenus ne sont pas mis en avant puisque le projet se concen-
mations de carburant et les émissions de CO et NOx de trois
tre sur l’élaboration et l’explicitation de la méthodologie.
types de mesures : une amélioration technologique des véhi-
Nous ne devrions donc pas y retrouver le travers précédem-
cules neufs par l’application de normes, une optimisation des
ment évoqué.
vitesses moyennes de circulation et une augmentation des
La méthode est globalement la même : un modèle de tra-
prix du carburant. La méthodologie employée reste la même :
« Le modèle consiste en quatre sous-modèles : un modèle de fic (EMME2 et AIMSUN2) combiné à un modèle d’émis-
sion/dispersion (TEE/UADM), pour trois polluants (CO,
demande de trafic, un modèle de consommation d’énergie,
un modèle d’émission et un modèle de dispersion des pol- NOx et HC). La modélisation se concentre sur l’heure de
pointe du matin (7 h 15–8 h 15), car c’est celle retenue pour
luants de l’air. Deux de ces sous-modèles ont été adaptés de
modèles existants déjà en usage. L’adaptation a été la modélisation du trafic. « Il est important de noter que,
comme la modélisation du trafic fut réalisée en utilisant
accomplie en ajoutant des modifications pour les rendre
appropriés à l’utilisation qui en est faite dans cette étude » des données O–D se référant aux heures 7 h 15–8 h 15, cette
période de temps fut également utilisée comme période de
6
référence aussi bien pour le modèle d’émission que de
La bibliographie ne mentionne aucun document complémentaire
concernant la production des données de trafic. Dans les
7
remerciements, nous trouvons : « Au Dr John Bolland, de Steer Leur bibliographie renvoie vers des rapports qui expliquent
Davies Gleave, pour avoir fourni le logiciel d’affectation SATURN et certainement plus en détail la méthode employée, mais qui sont tous
les données requises pour Chester ». publiés en coréen, sauf le manuel du logiciel TRANPLAN.
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dispersion. » [16]. Le territoire étudié est plus vaste que celui tains qu’il s’agit bien du même travail. Les chercheurs
de Chester (Florence comptait 400 000 habitants en 1991) et qui ont conduit cette recherche la voulaient opération-
le réseau modélisé compte 800 arcs. Le modèle de dispersion nelle : ils souhaitaient mettre en place un dispositif qui
se base sur deux hypothèses météorologiques : un scénario se greffe aux modèles de trafic et permette d’obtenir une
moyen et l’autre reflétant le pire des cas (vitesse du vent la évaluation environnementale simple d’usage et rapide
plus faible, température minimale, classe de forte stabilité de (émissions de CO, CO2, HC, NOx, consommation de car-
l’atmosphère) tous deux formulés à partir de données réelles burant, émissions de bruit), afin de comparer différents
de 1994. Le modèle de dispersion est plus fin que celui scénarios d’aménagement en amont de la prise de déci-
employé à Chester, puisqu’il distingue deux situations : il sion. L’outil qu’ils proposent est baptisé Transport Add-
est purement gaussien en l’absence d’obstacle et sa formu- on Environmental Modelling System (TRAEMS), ce qui
lation se complexifie dans les rues–canyons. Mais ce raffi- illustre bien la démarche retenue qui consiste à ajouter un
nement explicatif en aval de la chaîne de modèles se paie par module au modèle de trafic. Ce dernier est donc « taken
un survol rapide du fonctionnement du modèle de trafic en for granted » [20] et sort donc de l’exposé et de l’ana-
amont. « Une fois que les données de demande de trafic sont lyse. Toutefois, ce parti pris est délibéré et explicité en
fournies, il est possible de reproduire le comportement du tant que tel. L’approche TRAEMS est pragmatique : les
trafic sur chacun des arcs du réseau, et une fois que les flux modèles de trafic sont largement utilisés, les modèles de
de trafic sur chaque arc ont été affectés par le modèle de dispersion/concentration existants sont trop compliqués
trafic, il est possible d’évaluer leur vitesse moyenne relative d’utilisation, donc il faut proposer un module simple
au moyen de données de transport, par exemple des courbes d’utilisation qui permettra de générer des cartographies
débit–vitesse. Les mouvements le long de chaque arc peu- de la pollution atmosphérique et du bruit à partir des
vent ainsi être calculés ; cela, à l’aide de la répartition de modèles à quatre étapes.
la flotte de véhicule, fait qu’il est possible d’estimer les émis- Pour simplifier encore la démarche, les auteurs propo-
sions de polluants sur l’intégralité du réseau routier. » [16]. sent d’utiliser un scénario météorologique représentant
Les auteurs ajoutent quelques généralités techniques dans les « pires conditions » [19] afin de pallier la complexité
leur description du modèle : « modèle déterministe », « affec- du calcul avec les véritables données météo et faire face
tation sous contrainte de capacité », « optimum de War- à l’indisponibilité de cette ressource lors des évaluations
drop », « algorithme d’approximation linéaire » [16] ou ex ante. L’approche retenue est donc celle d’une carto-
encore une référence à l’usage de données de comptages de graphie des points noirs du territoire, qui sont comparés
la voirie équipée de capteurs [17]. Ces caractéristiques géné- dans différents scénarios, par exemple avec ou sans
rales du modèle ne vont pas jusqu’à présenter les hypothèses contournement routier du centre-ville [18]. Le dispositif
de calcul et les algorithmes utilisés. proposé est livré clé en main avec des paramètres par
Dans ces deux articles, la chaîne de modèle est présentée défaut, mais reste entièrement paramétrable par l’utilisa-
sans que les éléments de la chaîne ne soient questionnés, teur s’il le désire. Le premier article étudié ici ne précise
mais seulement décrits. Le premier maillon de la chaîne, le pas l’origine des données de trafic, sinon que : « Le
modèle de trafic, est décrit avec beaucoup moins de préci- réseau routier et les données de trafic pour trois scéna-
sion que les suivants. Il est à nouveau considéré comme rios furent analysés et testés durant la phase de modéli-
évident, stabilisé et fiable8. sation des transports du processus de planification du
contournement. Ces scénarios sont […] l’année de réfé-
Brisbane [18,19] rence 1995 et […] deux scénarios prospectifs pour
l’année 2011 : 1) un avec le contournement et l’autre,
Ce cas australien est exposé dans deux articles, mais les le scénario ne rien faire, sans le contournement. Pour
auteurs sont les mêmes et nous sommes cette fois cer- chaque scénario, les informations disponibles issues du
travail de modélisation des planificateurs des transports
8
Le premier article [16] ne mentionne aucun rapport permettant de incluaient la géométrie du réseau, les flux de trafic, les
documenter davantage la modélisation du trafic. En revanche, le vitesses des arcs et le nombre de voies sur chaque arc
second [17] fait référence au rapport suivant SLAM/SAVE Project, routier. Le réseau modélisé avait une longueur totale de
1996, Final Report, ATAF, Firenze. Ce dernier demeure introuvable.
88,2 km » [18]. Le second article précise qu’« à l’échelle
L’auteur de l’article, Giorgio Ambrosino, contacté à ce sujet le 14
février 2012, n’est pas parvenu à retrouver le document, mais il nous de la ville entière, le réseau et les données de trafic
a confirmé que dans ce projet, les données de trafic étaient utilisées furent obtenus d’une étude de modélisation de la
comme une donnée entrante et non un obtenu. La discussion portait demande de transport (TDM) ; 2) l’étude Transport
sur l’intégration de ces données dans un modèle environnemental et
Usage du sol de la Ville de Brisbane (Veitch Lister
l’élaboration d’un manuel à destination des utilisateurs potentiels de
ce modèle sans validation ou interrogation vis-à-vis des données de Consulting, 1995) avec 1991 comme année de référence
trafic dont disposerait cet utilisateur. et 2011 comme scénario prospectif modélisé. TRAEMS
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fut facilement capable d’importer les données de sortie s’explique par une volonté de répondre à un besoin précis
du modèle de demande de transport. » [19]9. des collectivités, en s’appuyant sur l’outillage dont elles dis-
posent déjà. Toujours est-il que l’élaboration des données de
Saint-Étienne [22] trafic demeure un sujet minoré et délaissé dans ces études,
alors que son importance ne doit pas être sous-estimée,
puisque ces données entrantes déterminent la validité de
L’étude réalisée par le bureau d’étude MVA s’appuie sur un
toute la chaîne qui les suit.
logiciel d’ARIA Technologies qui fonctionne par module
(trafic, émissions, dispersions, indicateurs sanitaires). Le Nous pouvons aussi retenir de cette présentation chrono-
module de trafic est en fait le modèle TRIPS. Les quatre logique que les travaux se complexifient progressivement.
étapes du modèle sont rappelées, et il est précisé que les Nous sommes critiques vis-à-vis de la présence elliptique
traitements se focalisent sur l’heure de pointe du soir. De de la modélisation du trafic, mais nous sommes également
plus, les motifs et les modes retenus sont détaillés, et l’ori- reconnaissants envers ces pionniers qui ont ouvert la voie.
gine des données ayant servi à paramétrer les lois comporte- Le projet sur lequel nous travaillons actuellement a juste-
mentales est précisée (l’enquête ménages de 1991). ment pris le parti inverse d’accorder une attention maximale
à la production des données de trafic, mais s’inscrit dans leur
Quelques pages décrivent comment les données de sortie
continuité. Nous allons donc le présenter maintenant.
du modèle de trafic sont ensuite transformées pour être adap-
tées au modèle d’émission/dispersion de polluant. C’est cer-
tainement la description la plus détaillée, qu’il nous ait été
Projet Eval-PDU : évaluation des impacts
donné de voir, ce qui est sans doute lié au format de présen-
environnementaux d’un PDU et de leurs
tation (un rapport d’étude et non un article dans une revue).
conséquences socio-économiques :
Mais là encore, aucun questionnement sur le domaine de
développements méthodologiques et tests
validité du modèle de trafic, sur ses travers, sur sa sensibilité
sur le PDU de Nantes Métropole
plus ou moins forte à certaines variables. Ce qui n’est pas
une critique puisque la démarche, encore une fois, se veut
Le contrat de recherche Eval-PDU (en cours), ANR « villes
opérationnelle et non académique.
durables » 2008 piloté par l’IRSTV de Nantes, reprend cette
Toutes ces études qui partagent la méthodologie de la idée de chaîne de modèles (trafic → émission/dispersion) à
chaîne de modèles (trafic + impacts environnementaux) ont laquelle il ajoute des études complémentaires (méthodes
également en commun la particularité d’être évasives sur le simplifiées d’évaluation ascendante, enquête sur le bien-
premier élément de la chaîne. Dans la plupart des cas, cette être et la qualité de vie, analyse du marché de l’immobilier
mise en retrait peut s’expliquer par le format de rédaction, par la méthode des prix hédoniques, etc.). Nous ne parlerons
car un article ne permet pas de développer in extenso l’inté- ici que de ce qui est comparable avec les études précédem-
gralité des thèmes abordés. Certains cas se concentrent sur ment présentées, c’est-à-dire le couplage d’un modèle de
l’étude des impacts et préfèrent donc commenter les résultats trafic avec des modèles d’impact environnementaux. Pour
plutôt que d’expliciter plus en détail la méthode. Pour une vision d’ensemble de la méthode d’Eval-PDU, nous ren-
l’équipe australienne, l’impasse faite sur la question du trafic voyons le lecteur à une présentation antérieure [23].
L’objectif de la chaîne de modèles physiques déployée
9
Le document mentionné dans ce passage n’est pas disponible, par Eval-PDU est explicitement d’élaborer une méthodo-
puisqu’il s’agit d’un document de travail d’un bureau d’étude à
logie d’évaluation des impacts environnementaux d’un plan
destination exclusive de son client, la ville de Brisbane. Les articles
étudiés ici ne font référence à aucun rapport qui serait plus complet. de déplacements urbains (PDU) et de la tester sur le cas du
Dans un rapport plus volumineux [21], les auteurs évaluent avec la PDU nantais 2000–2010. C’est probablement ce qui
même méthode, les impacts environnementaux d’un projet de ligne explique notre vigilance à l’égard des outils utilisés, puisque
ferroviaire légère située sur la côte Est de l’Australie au Sud de
notre objectif n’est pas d’évaluer le PDU nantais en soi, mais
Brisbane (Gold Coast City). Les données de trafic qui sont présentées
en trois pages et demie (pp. 20–23), ce qui comprend l’évolution du de bâtir et expérimenter une méthode d’évaluation environ-
trafic dans les cinq situations modélisées, l’évolution de la nementale des PDU. Ce travail méthodologique répond à un
composition du parc automobile, l’évolution de la fréquentation et de besoin concret des collectivités, consécutif de l’évolution
l’offre de la ligne. Ces données ne sont pas plus discutées que cela :
législative. En effet, la directive européenne communé-
« Les jeux de données du transport routier qui ont été utilisés ont été
fournis par la municipalité de la Gold Coast et comprennent les ment appelée « évaluation environnementale stratégique »
données de sorties générées par leur modèle de transport EMME2. (2001/42/CE du 27 juin 2001) s’applique désormais en droit
Les jeux de données transmis comprennent : 1) les réseaux routiers français (par l’ordonnance ministérielle 2004/489 du 3 juin
modélisés pour les années 2000, 2011 et 2021, les trafics observés en
2004) aux plans et programmes dont les PDU font partie.
2000 et les trafics modélisés pour 2011 et 2021 ; 2) deux scénarios
pour chaque année (avec et dans le système) » [21, p. 20]. Les Dans les grandes lignes, le dispositif reste le même que
auteurs restent ainsi conformes à leur approche. ceux décrits à plusieurs reprises jusqu’ici : une modélisation
196 Rech. Transp. Secur. (2012) 28:190-200

du trafic (Visem, Visum), suivie d’une modélisation des sur le périmètre de la communauté urbaine de Nantes (terri-
consommations de carburant et d’émissions de polluants toire administratif du PDU), car un modèle de trafic est tou-
atmosphériques (CIRCUL’AIR, basé sur les facteurs d’émis- jours meilleur en son cœur s’il intègre une frange plus large.
sion COPERT IV) et d’une modélisation de la dispersion de Le territoire modélisé compte 397 zones (des IRIS 2000 dans
ces polluants dans l’air (ADMS Urban). Les polluants la communauté urbaine et un maillage plus lâche vers la péri-
atmosphériques étudiés sont nombreux (CO, NOx, PM10, phérie), et le réseau de transport qui irrigue ce territoire se
C6H6, CH4, SO2, O3) et les valeurs cartographiées (concen- compose d’un peu moins de 11 000 arcs (représentant le
tration moyenne ou dépassement de valeurs seuils) pour cha- réseau routier, le réseau de transport collectif urbain et le
cun d’eux se basent sur les 8 760 heures de l’année afin de réseau ferré). Chaque arc est renseigné pour chacune de ses
prendre en compte les variations météorologiques réelles, et propriétés (mode, sens, vitesse, capacité, sauf pour les TC
ne se limitent pas à une seule heure de pointe confrontée à dont la capacité est supposée illimitée, nombre de files pour
une condition météo moyenne ou correspondant aux pires le réseau routier).
conditions locales, comme nous avons pu le voir ailleurs. Pour chacune de ces zones sont renseignés les emplois,
Le dispositif est complété par la production d’un modèle les populations, les établissements scolaires, les équipements
simplifié d’émission/dispersion du bruit permettant de réali- commerciaux et de loisir. Une matrice d’impédance à vide
ser rapidement des cartographies du niveau d’exposition reliant toutes ces zones est calculée en considérant les temps
sonore dans la ville. généralisés de transport à l’aide d’une voiture personnelle en
Nous ne développerons pas plus en détail la présentation considérant le réseau routier à vide10, ce qui revient à consi-
des modèles situés en aval de la chaîne de modélisation (les dérer que le temps d’accès automobile est la référence, et que
modèles de bruit et de qualité de l’air ont été présentés ail- le voyageur est optimiste sur ses temps de parcours (la
leurs [24,25]), puisque notre intérêt se concentre ici sur la congestion est ignorée au stade de la distribution).
première étape : le calcul du trafic. La population est ensuite partiellement désagrégée en 15
segments homogènes, à partir de la dernière enquête ména-
ges déplacements (EMD) disponible (celle de 2002) et selon
Place du modèle de trafic dans Eval-PDU une combinatoire d’attributs (activité principale, localisation
et accès ou non à un véhicule personnel). Ensuite, 59 chaînes
Ce qui différencie véritablement Eval-PDU des cas précités, de déplacements (combinant deux à quatre motifs parmi
c’est que les trafics modélisés n’y tombent pas du ciel. Ce huit) ont été distinguées à l’aide d’une analyse des motifs
premier travail de modélisation n’a pas été externalisé, il fait de l’enquête ménages et une probabilité d’occurrence pour
partie intégrante du projet scientifique et du champ d’ana- chacun des segments de population a été calculée. Ainsi, les
lyse. De fait indiscutable, car escamotée et placée hors- paramètres α de sensibilité à l’impédance11 ont été calés pour
champ, la question du calcul du trafic redevient un domaine chaque segment de population et les motifs de déplacement
discuté, car les partenaires s’interrogent sur l’élaboration de qu’elles pratiquent, soit 75 valeurs α. L’ensemble de ces
cette donnée cruciale, qui servira d’entrée pour les modèles paramètres constitue les lois comportementales qui assignent
de qualité de l’air et de niveau sonore qui lui succèdent. Les à chaque segment de population des probabilités de se dépla-
modélisateurs du trafic (du CETE de l’Ouest), dont c’est le cer d’une manière ou d’une autre selon son programme d’ac-
métier, sont tenus d’expliciter leur méthode aux autres mem- tivité. Cette partie de la préparation du modèle de trafic a été
bres du consortium dont certains sont totalement étrangers à présentée et explicitée dans un rapport [26].
ce domaine. Cette démarche conduit à ouvrir la boîte noire, à Les courbes débit/vitesse ont également fait l’objet de dis-
dévoiler et argumenter la moindre hypothèse de simplifica- cussions, puisqu’elles sont déterminantes dans la sensibilité
tion, et les choix parfois arbitraires qui transforment des de la prise en compte de la congestion par le modèle. Ainsi,
variables socio-économiques en données (construites) de tra-
fic : les formules de choix modal, de coûts généralisés de 10
Ce temps généralisé est celui du chemin le plus court reliant deux
déplacement, les paramètres d’impédance, les valeurs du zones en prenant en compte le temps de parcours (selon la vitesse
temps, la typologie des voies, les courbes débit-vitesse rete- maximale sur les arcs utilisés) et les coûts de transports convertis en
nues pour chaque type de voie, la méthode de calage vis- temps (selon le coût kilométrique moyen en voiture et avec une
valeur du temps moyenne prise égale à 11 €, puisqu’à ce stade on
à-vis des données de comptage, etc.
ignore qui se déplace). Tgeni→j = (di→j/Vmax) + di→j.CkmVP/11.
Nous allons maintenant développer quelques exemples 11
La formule de la fonction d’impédance dans Visem est f(wij) = e-αWij
afin d’illustrer cette intégration complète de la modélisation autrement dit si α tend vers 0, la fonction d’impédance tend vers 1 et
du trafic dans la chaîne de modèles d’Eval-PDU et dans le n’a aucun effet sur les trajets, ces derniers s’allongent (ce sera le cas des
déplacements domicile–travail pour les personnes qui ont une voiture).
travail de recherche.
Inversement, lorsque α prend une valeur élevée, la fonction tend vers 0
Le territoire modélisé couvre presque l’intégralité du et les courts trajets seront privilégiés, limitant ainsi les destinations
département de Loire-Atlantique afin d’être vraiment fiable possibles.
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les courbes dites « BPR » (bureau of public roads) que nous Internet de covoiturage ne pourra en rien modifier la situa-
avons utilisées de manière conventionnelle (après calage sur tion telle que représentée par un modèle de trafic.
des mesures de temps de parcours réalisées sur le périphé-
rique) ont été comparées dans leurs effets avec celles dites
« Akcelik » (du nom de son inventeur), mais sans aucun Exemples de tests de sensibilité
recalage spécifique. Cette comparaison a d’ailleurs fait
l’objet de plusieurs communications [27,28]. Il ressort de Nous avons évoqué précédemment quelques tests de sensi-
cette comparaison que l’utilisation de courbes Akcelik para- bilité que nous avons réalisés pour observer l’impact de
métrées a priori diminue par exemple la vitesse moyenne de certaines variables sur les résultats du modèle de trafic (et
31 % et les distances parcourues de 2 % sur le territoire de la en aval de la chaîne de modèles) et du modèle d’émission.
communauté urbaine pour la seule heure de pointe du matin Ces tests imposant, pour la plupart, de réaliser une modéli-
(7 h 00–9 h 00), la variation étant plus faible en heure creuse. sation complète ou partielle (trafic + émissions + dispersion),
Ces variations dans le trafic modélisé se traduiraient par une leur nombre fut limité à huit. Leur choix résulte d’une dis-
augmentation des émissions de 7 % pour le CO2, de 6 % cussion entre les membres du consortium de recherche et
pour les NOx et de 3 % pour les PM [28, p. 7]. Le choix avec des représentants de la collectivité concernée, Nantes-
du type de courbe débit/vitesse retenu par le modélisateur Métropole, et ils ont vocation à représenter des variations
n’est donc pas neutre et exige un paramétrage minutieux réalistes à un horizon de court à moyen termes. Les
s’appuyant sur des mesures conjointes de débit et de temps réflexions collectives menées lors de la définition de ces tests
de parcours. et de la manière dont ils sont pris en charge par le modèle de
La circulation sur ce réseau modélisé est ensuite simulée trafic montrent l’intégration de la modélisation du trafic dans
pour les années 2002 (année de l’EMD et proche du début du la démarche Eval-PDU et non l’externalisation de ce travail,
PDU) et 2008 (année de début du projet de recherche et pro- comme nous avons pu l’observer dans la littérature.
che de la fin du PDU). Ensuite la variation de différentes La liste des tests réalisés est présentée dans le Tableau 1.
variables est testée pour l’année 2008 : hausse de la demande Les résultats sont présentés dans le Tableau 2 à partir de
de transport de 20 %, taux d’occupation des véhicules aug- deux indicateurs synthétiques du trafic que sont les distances
menté de 33 %, doublement des prix du carburant : nous y parcourues par les véhicules (v.km) et les vitesses moyennes
reviendrons dans la section suivante. Enfin, différents scéna- sur les arcs du réseau modélisé, complétés par les émissions
rios sont simulés : absence de l’aménagement du Busway12, de trois polluants. Tous ces indicateurs utilisent la base 100
réalisation d’un PDU optimisé, modification du parc auto- pour le scénario 2008 de référence.
mobile… Chacun de ces tests et de ces scénarios a fait l’objet Commentons tout d’abord les variations du trafic. Hormis
de discussions préalables quant à son contenu et à l’inter- celles imputables à une action directe sur la demande de
vention concrète dans le modèle de trafic qu’il suppose. transport (auto –25 % et déplacements +20 %), ces varia-
tions sont dans l’ensemble inférieures à 1 %. Bien entendu,
Autrement dit, les secrets de fabrication des données de
la réduction des vitesses autorisées engendre une baisse
trafic ne sont plus passés sous silence. Ils sont rendus visi-
conséquente des vitesses. Il est enfin intéressant d’observer
bles et donc discutables. Cette discussion sur la méthode de
que le doublement du prix des carburants fait diminuer de
modélisation du trafic permet de cerner le domaine de vali-
4,15 % les distances parcourues, ce qui signifie une élasticité
dité et de pertinence du modèle. En effet, de nombreuses
prix faible et/ou une valeur du temps élevée (fixée toutefois
actions menées dans le cadre du PDU ne sont pas modélisa-
entre 10 et 14 €/h seulement selon les segments).
bles. Par exemple, l’hypothèse de stabilité des lois compor-
L’ordre de grandeur des variations présentées ici ne doit
tementales stipule que le membre d’un groupe donné aura
pas être comparé à celui évoqué précédemment à propos des
une sensibilité constante dans son choix entre deux modes
courbes débit/vitesse, puisque les périodes ne sont pas les
pour un motif, lui aussi donné. Cela signifie que sa pondé-
mêmes (24 heures ici, les deux heures de pointe du matin
ration des paramètres de temps et d’argent restera inchangée,
pour les courbes D/V). En effet, les heures de pointe sont
et donc que les mesures de sensibilisation environnementale
plus sujettes à variabilité que les heures creuses qui repré-
ou citoyenne seront axiomatiquement inefficaces dans le
sentent pourtant 67,8 % du trafic journalier (dans le scénario
modèle de trafic, puisque l’agent modélisé n’est sensible
de référence).
qu’aux variations de temps de trajet et de coût de transport.
Les émissions sont fonction linéaire du trafic mais possè-
De ce fait, mettre en place des plans de mobilités ou des sites
dent une relation plus complexe avec les vitesses. Étant
12
donné la forme parabolique des facteurs d’émission fonction
Le Busway est un bus à haut niveau de service (BHNS) circulant en
de la vitesse, une hausse des vitesses élevées tout comme
site propre depuis la commune de Vertou au sud jusqu’au pied de la
cathédrale dans le centre de Nantes. Il constitue une des actions une baisse des vitesses faibles engendrent une surémission.
phares du PDU nantais. La vitesse moyenne n’est donc pas un indicateur suffisant
198 Rech. Transp. Secur. (2012) 28:190-200

Tableau 1 Définition des tests. En gras, figurent les étapes de modélisation qui ont été relancées

Parc relais (P+R) Ajout de 3 P+R sur l’axe Busway au sud de Nantes (pour l’heure de pointe matin, on
retire à la main des trajets VP en direction du centre et on les arrête au parc relais, jusqu’à
ce qu’il soit plein, puis on relance l’affectation ; la symétrie est réalisée pour l’heure
de pointe du soir. Les heures creuses ne sont pas modifiées) A-E-D’
Auto_-25 % Baisse de la demande auto en supprimant 25 % des déplacements auto qui traduisent
un taux de remplissage des véhicules en hausse de 33 % A-E-D’
Déplacements_+20 % Augmentation de la demande globale de déplacements de 20 % (hausse de la population
ou de la mobilité de 20 %) G-CM-A-E-D’
Prix_carburant_+100 % Multiplication par 2 des prix du carburant D-CM-A-E-D’
Parking_+cher Doublement des pénalités de stationnement et extension des zones de stationnement
payant (mesure entrée en application en 2011) CM-A
TC_+fréquents Hausse de 30 à 50 % de la fréquence des TC (en fait, les temps d’attente sont divisés
par 2) CM-A
TC_-chers Division par 2 des tarifs TC (à mettre en lien avec la prise en charge par l’employeur)
CM-A
Vitesse_limitée Limitation de la vitesse routière (50 → 30 et 90 → 70 km/h) D-CM-A-E-D’

G : génération ; D : distribution ; CM : choix modal ; A : affectation ; E : émission ; D’ : dispersion.

Tableau 2 Impacts sur le trafic (distances et vitesses) et les émissions (oxydes d’azote, dioxyde de carbone et particules fines)
des tests réalisés (indice 100 pour le scénario de référence 2008)

P+R Auto – Déplace- Prix Parking TC TC –chers Vitesse


25 % ments carburant +cher +fréquents limitée
+20 % +100 %
Distances 99,89 76,74 112,50 95,85 98,81 99,76 99,28 98,18
parcourues (v.km)
Vitesses moyennes 100,50 109,44 92,93 101,09 101,37 100,30 100,88 95,12
(km/h)
NOx 99,94 84,65 108,84 97,50 99,88
CO2 99,91 79,50 111,84 96,58 99,72
PM totaux 99,91 79,82 110,90 96,56 99,07

pour comprendre la relation des vitesses avec les émissions, Cette considération géographique nous conduit à souli-
c’est la distribution des vitesses qui permet de comprendre gner que parmi l’ensemble des tests, il faut bien distinguer
cette relation. En conséquence, à la lecture du Tableau 2, ceux dont l’action est à peu de choses près la même partout
nous voyons que les émissions suivent bien plus le trafic et ceux dont les effets sont très différenciés dans l’espace. En
que la vitesse moyenne. Toutefois, vitesses et trafic évoluant utilisant le périphérique comme séparateur du territoire, nous
inversement, les émissions varient moins que le volume de observons les évolutions des v.km (par rapport au scénario
trafic, atténuées par un effet inverse, mais faible, des vites- de référence 2008 en base 100), dont il est possible de
ses. Seul le test qui limite les vitesses réglementaires ne suit déduire les évolutions des émissions (Tableau 3).
pas ce schéma, et une visualisation cartographique permet- Ainsi, par exemple, la variation des pénalités de station-
trait de comprendre pourquoi. Dans ce test, la circulation nement ou celle du prix des TC se répercutent plus fortement
chute sur le périphérique perdant de son attractivité, pourtant dans l’intrapériphérique (leur zone d’action), alors que la
c’est sur les voies rapides que la baisse de vitesse permet une variation des prix du carburant se traduit quant à elle par
baisse des émissions à volume de trafic constant. Par consé- une diminution du trafic sur le périphérique (dont l’intérêt
quent, le trafic se reporte sur des itinéraires plus directs et est la vitesse en contrepartie de distances parcourues plus
plus lents, sur des routes où la baisse de vitesse se traduit par longues). Ces tests permettent des traitements bien plus
une forte surémission par kilomètre. conséquents, mais ils ne sont présentés ici qu’à titre
Rech. Transp. Secur. (2012) 28:190-200 199

Tableau 3 Disparités géographiques des variations de trafic (indice 100 pour le scénario de référence 2008)

P+R Auto Déplacement Prix carburant Parking TC +fréquents TC –chers Vitesse


–25 % +20 % +100 % +cher limitée
Interne 99,75 76,24 114,79 96,95 97,34 99,55 98,61 101,20
Périphérique 99,89 76,50 110,27 93,87 99,07 99,79 99,42 90,12
Externe 100,01 77,32 112,00 96,17 99,85 99,91 99,75 100,74
∑ Nantes 99,89 76,74 112,50 95,85 98,81 99,76 99,28 98,18
métropole

d’illustration de notre démarche, pour montrer comment la jeux de données entrantes, et leur condition de production
modélisation du trafic a été pleinement intégrée à la modéli- revient à réciter un mantra et se convaincre de sa véracité
sation des impacts environnementaux dans le cadre du projet au seul titre de la quantification. Un mensonge chiffré vau-
Eval-PDU. drait alors vérité.
Nous avons ensuite montré comment le projet Eval-PDU
mettait en lumière ce premier maillon de la modélisation en
Conclusion intégrant les modélisateurs du trafic au projet scientifique et
en les obligeant, comme les autres équipes, à expliciter leurs
Dans cet article, nous avons voulu montrer un usage en plein travaux et à tester leurs résultats. Mieux comprendre l’élabo-
essor des modèles de demande de transports au service ration des données de trafic permet de se prémunir de certains
d’objectifs éloignés de la mission de dimensionnement des travers et de garder à l’esprit que le trafic n’est jamais donné,
infrastructures à laquelle ils répondaient initialement. À tra- et qu’il est toujours construit. Sans être nécessairement cri-
vers un travail bibliographique, nous avons ainsi fait le tique vis-à-vis du modèle à quatre étapes, comprendre son
constat d’une multiplication de travaux d’évaluation des fonctionnement et l’intégrer à la recherche académique
impacts environnementaux des transports ayant pris le parti semble un prérequis nécessaire à une rigueur scientifique
de modéliser des émissions et dispersions de polluants de minimale.
l’air (ou du bruit) en partant de données de trafic modélisées.
En comparant ces différents travaux, nous avons été frappés Remerciements Le projet Eval-PDU a été soutenu par
par le soin avec lequel ce jeu de données initial est systéma- l’Agence Nationale de la Recherche (ANR) au titre du pro-
tiquement écarté de la discussion générale. Certes, comme gramme « Villes Durables » de 2008. Il faisait suite à un
nous l’avons remarqué, les auteurs de ces différentes études projet de recherche-action de l’IRSTV financé par Nantes-
ont toujours de très bonnes raisons de ne pas entrer dans Métropole en 2007-2008. Les auteurs remercient Thierry
cette discussion, soit que le format de l’article, soit que le Schmidt, François Ducroz et Arnaud Rebours (Air pays de
type de recherche, soit que l’angle de vue ne s’y prête pas. la Loire) pour les données d’émissions.
Néanmoins, occulter cette partie du travail de construc-
tion de la preuve nous paraît pour le moins surprenant,
lorsque l’on sait les critiques récurrentes adressées aux Références
modèles à quatre étapes13 [29,30] et la large publicité faite
au phénomène dit « GIGO », pris dans ses deux acceptions 1. Hensher D, Button K (eds) (2000) Handbook in transport mode-
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13
Notamment le fait que depuis une quinzaine d’années, l’US l’automobile : les modèles de trafic urbain. Document de travail,
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travers le Travel Model Improvement Program (TMIP) et le 5. Can A, Leclercq L, Lelong J, Defrance J (2009) Accounting for
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200 Rech. Transp. Secur. (2012) 28:190-200

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