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Losch, Friedrich (02). Dr. Fr. Losch. Les Plantes médicinales, atlas colorié des plantes médicinales.... (1908).

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Dr Fr. hosch

médicinales

Atlas colorié des plantes

médicinales ; 202 pages,

86 planches en couleurs

hors texte, 460 gravures

Introduction par m. le Professeur PERROT


de l'Ecole supérieure de Pharmacie de Paris

PARIS

Vigot Frères, Editeurs

Place de l'Ecole de médecine, 23


PREFACE

Si l'aliment est d'une nécessité absolue pour la vie des êtres organisés
végétaux ou animaux, on peut dire sans exagération que le remède est
une des caractéristiques de l'intelligence chez les animaux supérieurs et
chez l'homme en particulier.
La recherche des moyens de guérison à ses maux n'est d'ailleurs
pour ce dernier qu'une manifestation de l'une des principales lois générales
de la nature qui, par la préservation de l'individu, doit assurer la conser-
vation de l'espèce à travers lès âges.
Dès les temps les plus reculés, l'homme s'adressa pour éviter ou
soigner les maladies comme pour guérir les blessures, aux choses qui
l'entouraient, et il puisa largement dans les trois règnes de la nature.
Minéraux, végétaux, animaux mêmes, fournirent dans tous les temps
et dans tous les pays de nombreux produits, auxquels on accordait des
propriétés parfois merveilleuses.
A travers les siècles, il est parvenu jusqu'à nous des milliers de re-
cettes médicales, au milieu desquelles il s'est lentement fait une sélection
qui devient de plus en plus sévère, au fur et à mesure que s'accroît la
masse des connaissances humaines.
L'art de guérir fut toujours des plus difficiles et si quelques belles
conquêtes récentes permettent aux générations actuelles de s'enorgueillir,
il est juste de dire que les résultats acquis d'une façon indubitable sont
encore bien faibles en comparaison du but à atteindre,
Jusqu'à une époque qui n'est pas encore bien éloignée, ce fut surtout
aux plantes que l'on s'adressa, et la médication par les « simples », comme
on disait, était à peu près seule connue.
Les propriétés alimentaires, médicinales ou toxiques des végétaux
ont été déterminées par l'observation et souvent avec une précision vrai-
ment stupéfiante, si l'on fait remarquer la pénurie des moyens d'investi-
gation de l'homme à ces époques reculées.
Dans les régions tropicales, où la végétation subit à peine un temps
d'arrêt, l'on s'adresse surtout aux plantes fraîches, dont on extrait le suc,
ou bien que l'on consomme sous la forme de macération ou d'infusion
dans l'eau; dans les régions tempérées, où la période hivernale dépouille
le plus souvent les plantes de leur manteau dé verdure et où la floraison se
IV Préface
de
fait dans un court espace de temps, il fallut aviser à trouver le moyen
les du on reconnaissait des vertus
conserver parties végétal auxquelles
curatives.
De là, la cueillette et la dessication.
La connaissance des plantes médicinales appartint de tout temps à
des individus spécialisés, à qui l'on reconnaissait des pouvoirs redoutés.
Chez les peuplades sauvages ce sont encore les sorciers, les seuls déten-
teurs des secrets des remèdes ou poisons. Il en était de même jadis chez
tous les peuples, même parmi ceux qui sont actuellement les plus civilisés,
comme il est facile de s'en assurer en remontant dans l'histoire jusqu'à
leur origine; plus tard ce furent les prêtres, représentants des divinités
sur la terre, qui étudièrent l'art de guérir, puis à leur suite des indivi-
dualités qui approfondirent la connaissance du corps humain, et la diffé-
renciation s'établit peu à peu entre herboristes, apothicaires, chirurgiens ou
médecins.
En même temps, la méthode du guérisseur se compliquait, et l'on
chercha par de savants mélanges de produits naturels à établir de nou-
veaux remèdes, dont quelques-uns furent de véritables panacées universelles.
On fit aussi subir aux végétaux des préparations souvent complexes,
dans le but d'en augmenter l'activité et de rendre leur administration plus
aisée.
Les progrès de la chimie si rapides en ces derniers siècles ont enfin
transformé complètement la thérapeutique; c'est en effet grâce à cette
science que l'on a pu isoler des végétaux des principes définis, d'une action
toujours identique, comme la quinine, la morphine, etc. Non contente d'avoir
extrait des animaux et des végétaux des produits remarquables, d'avoir
transformé certains minéraux en substances médicamenteuses, la chimie a
même créé de toutes pièces une quantité considérable de corps nouveaux,
dont quelques-uns possèdent des propriétés médicinales incontestées, mais
dont la plupart encombrent bien inutilement l'arsenal thérapeutique.
Telles sont, esquissées à grands traits, les étapes principales de l'évo-
lution de l'art de soulager les maux, depuis l'époque ancienne.
On serait tenté de croire qu'il ne reste plus rien des méthodes sim-
plistes du passé et que, grâce aux découvertes récentes, la médecine par
l'usage des plantes est entièrement disparue; il suffit pour se convaincre
du contraire d'interroger les gens de la campagne.
Le tisane ou infusion d'herbes cueillies dans le
voisinage des habi-
tations, reste le premier remède qui sera appliqué d'après le conseil d'une
vieille paysanne, détentrice fidèle des traditions séculaires. Mais s'il est
juste de dire que bien souvent ces « remèdes de bonne femme» sont bien
anodins, il faut ajouter que parfois aussi ils peuvent être dangereux
par
suite du manque de connaissances réelles de ces empiriques.
Préface V
Nos médecins, en revanche, se croient obligés par une sorte de dignité
professionnelle bien mal comprise, de dédaigner ces remèdes si simples,
et ils se privent souvent, en faveur de produits d'action douteuse vantés
par une réclame savante, de moyens excellents d'intervention thérapeutique,
« Parmi les causes, dit Cazin, auxquelles on peut avec raison attri-
buer l'oubli dans lequel sont tombées les plantes qui croissent sur notre
continent, il en est que je dois particulièrement signaler : c'est la négligence
que l'on apporte généralement dans l'étude dé la botanique médicale. Si
l'histoire naturelle et les diverses méthodes de classification des végétaux
sont parvenues, par les travaux de nos savants, au plus haut degré de
perfection, il n'en est pas ainsi de la science qui consiste à déterminer les
propriétés thérapeutiques des plantes, qu'il nous importe le plus de con-
naître. »
Fontenelle dans son «Eloge de Tournefort» disait que. «la botanique
ne serait qu'une simple curiosité, si elle ne se rapportait à la médecine;
et que, quand on veut qu'elle soit utile, c'est la botanique de son pays
qu'il faut étudier. »
La science botanique est' issue sans aucun doute de ce besoin de
l'homme d'apprendre à connaître et à pénétrer les secrets des choses qui
l'entourent, avec le désir instinctif d'en trouver une application aux mul-
tiples exigences de la vie sociale.
En ce qui nous concerne ici, citons encore Cazin, qui en 1847, fut le
lauréat distingué de la Société royale de médecine de Marseille, laquelle avait
présenté comme sujet de prix : Etude des ressources que présente la Flore
médicale indigène aux médecins des campagnes.
«Cependant, dit-il dans la préface de son livre, chose à peine croyable,
le plus grand nombre des médecins ne s'occupent de cette partie essen-
tielle de l'art de guérir (Botanique médicale) que d'une manière très super-
ficielle, ou y sont même d'une ignorance absolue. On devrait exiger, dans
les examens, la présentation d'un herbier contenant les plantes usuelles
dans les herborisations, et fait par l'élève lui-même.
indigènes recueillies
plante de cette collection serait accompagnée d'une notice exposant
Chaque
succinctement ses noms, sa classe, sa description, le lieu où on l'a récoltée,
de sa floraison et ses vertus. La peine qu'on s'est donnée pour
l'époque
une science se grave dans la mémoire et inspire presque toujours
acquérir
le désir de la mettre à profit.
«C'est surtout au médecin de campagne qu'il appartient d'employer
les plantes indigènes. C'est pour lui une ressource dont il peut d'autant
tirer facilement parti que l'homme des champs lui-même témoigne de
plus
la prédilection pour les simples.»
Notre flore indigène est aujourd'hui, on peut le dire, entièrement
connue et l'on pourrait croire que les études, médicales et' chimiques sont
VI Préface

solidement établies en ce qui concerne la plus grande partie d'entre elles.


Il n'en est malheureusement rien et bon nombre de notions, évidemment
du plus haut intérêt, sont encore à acquérir sur une quantité importante de
végétaux réputés dans la médecine populaire.
C'est l'ensemble de ces considérations qui nous a amené à présenter
au public français cet ouvrage du Dr Losch si bien accueilli en Suisse,
pays où l'étude de la botanique est toujours très en honneur.
La vulgarisation par le dessin ou l'image est évidemment la meilleure,
et l'on trouvera dans ce volume 86 planches comprenant 460 dessins tous
en couleur et reproduits avec un soin remarquable.
Ces planches coloriées seront un guide des plus sûrs pour apprendre
à distinguer dans leur station naturelle les végétaux décrits; elles donneront
aux jeunes gens le goût de la science botanique, dont l'aridité est toute
superficielle, et ils auront bientôt la joie de désigner par leur nom ces
fleurs des champs parfois si ravissantes, ce qui ne contribuera pas pour
une faible part à développer chez eux l'esprit d'observation, l'une des
qualités les plus utiles à l'homme.
Aux étudiants des nos Facultés de médecine et de pharmacie, cet
ouvrage, un des plus nécessaires pour la préparation des examens spéciaux
qu'ils auront à subir au cours de leurs études, et enfin pour les aspirants
au diplôme d'Herboriste, sera sinon indispensable, du moins d'un très
grand secours.
Ajoutons, qu'un semblable volume doit se trouver dans toutes les
bibliothèques de vulgarisation scientifique, dans celles de nos lycées et col-
lèges et même jusque dans nos écoles primaires.
De nos jours, et avec juste raison, l'habitant des villes cherche à
fuir pendant les jours d'été l'atmosphère surchauffée des grandes cités où
il est obligé de vivre en air confiné; il aspire à pleins poumons l'air
vivifiant de la campagne, mais hélas! souvent ce séjour loin de ses occu-
pations habituelles lui est pénible, l'ennui l'étreint; qu'il nous permette de
lui donner un conseil: celui d'apprendre à connaître chaque année un cer-
tain nombre de plantes par leur nom; l'année suivante il reverra avec
plaisir,
au cours de ses promenades, les fleurs classées dans son esprit aux
vacances précédentes, il les saluera comme de vieilles connaissances, puis
peu à peu sa mémoire s'enrichira de nouveaux noms et ses promenades
se feront ainsi chaque année plus agréables. En même temps, sans effort,
apparent, il pénétrera peu à peu dans l'aimable science botanique en satis-
faisant ce désir inné d'apprendre chaque jour davantage qui est le propre
de l'homme intelligent.
Em. PERROT
Introduction

Récolte des plantes médicinales — Conditions suivant


lesquelles elle doit être effectuée

La détermination, des conditions les meilleures pour la récolte des


plantes médicinales est assez délicate, car on ne saurait énoncer à ce sujet
aucune règle générale.
Le mode de croissance des végétaux est d'une variabilité extrême:
les uns herbacés, sont annuels et dans ce cas on utilise généralement leurs
bulbes et leurs fleurs; les autres encore herbacés, sont vivaces, c'est-à-
dire peuvent se reproduire à l'aide d'organes souterrains, qui passent la
période hivernale dans le sol. Pour ces derniers, on emploiera souvent la
partie souterraine: souche, rhizome, racine, tubercules, oignons, bulbes.
Les arbustes ou les arbres fournissent à la médecine, surtout des
écorces, des feuilles ou des fleurs; quant aux fruits et aux graines médi-
cinales, ils peuvent aussi, bien provenir d'une herbe, que d'un arbrisseau
ou même d'un arbre.
Ainsi donc, il importe d'envisager des facteurs très différents, si l'on
veut se faire une idée exacte des conditions suivant lesquelles on devra
effectuer la récolte des plantes médicinales. Il est évident que les conditions
d'évolution du végétal sont de première importance, et que, par exemple,
s'il s'agit d'un organe souterrain dont le rôle est d'emmagasiner les ali-
ments de réserve nécessaires au développement de la future plante, on né
saurait le recueillir qu'à une seule époque, c'est-à-dire au moment où il
se. trouve précisément gorgé de ces substances nutritives.
Ce choix de l'organe préféré chez les végétaux influe donc considé-
rablement sur l'époque où la cueillette devra avoir lieu, car dans nos
régions tempérées, les diverses parties de la plante arrivent successivement
à leur développement complet. Dans les régions tropicales au contraire,
VIII Introduction

la plupart des végétaux ne perdent pas leurs feuilles et il n'est pas rare
de les voir fleurir et fructifier à toute époque de l'année et la plus grande
des observations que nous venons de faire perdent de' leur valeur,
partie
bien que toutefois il existe aussi des saisons où la fructification est beau-
coup plus abondante.
Cette époque de récolte dès plantes ou parties de plante intéressait
au plus haut point les anciens herboristes. Mathias de Lobel qui en 1651,
fit réimprimer à Lyon le Dispensaire de Valerius Cordius, établit dans
cet ouvrage le premier répertoire destiné à indiquer le temps propice, à la
récolte des plantes. Schroeder dans sa Pharmacopée donna de même un
calendrier, rédigé avec beaucoup de soin et qui fut suivi pendant quelque
temps par le Collège de Pharmacie de Paris à la fin du XVIIIe siècle.
C'est ce tableau qui, avec quelques modifications, fut constamment reproduit
depuis cette époque, et dont on s'est inspiré dans cet ouvrage même. Le
lecteur y trouvera avec tous les renseignements utiles, groupés d'une ma-
nière très claire, l'époque de floraison de chacune dés plantes citées.
Mais, dira-ton, pourquoi donc ne s'est-on pas adressé pour chaque
espèce végétale au même organe? Existe-t-il des observations générales
desquelles on puisse déduire une indication sur la valeur thérapeutique de
chacune des parties de la plante? Pas plus que pour le choix de la plante
elle-même, il n'existe de règle. Toute la médecine végétale, comme d'ailleurs
toutes les applications industrielles, sont basées exclusivement sur les obser-
vations séculaires transmises par la tradition. C'est au hasard, secondé
par cette faculté d'observation et de déduction qui caractérise la race hu-
maine, qu'il faut attribuer le plus grand rôle dans la découverte des qua-
lités thérapeutiques des végétaux : c'est par des accidents imprévus qu'on
apprit la toxicité des jeunes pousses printanières de pomme de terre, et
c'est évidemment d'une manière identique que furent connues les propriétés
des plantes utilisables par l'industrie humaine.
Cependant de nos jours, une méthode scientifique semble se substi-
tuer a l'empirisme de nos ancêtres. L'homme cherche à faire l'inventaire
des richesses naturelles qui l'entourent; il a classé les animaux, les végé-
taux, les minéraux par ordre d'affinités et il en est résulté que les groupes
ainsi créés, possèdent souvent un ensemble de propriétés qui permet de
faire soupçonner chez leurs individus des qualités dont l'expérimentation
a souvent permis de déterminer l'exactitude.
Quoi qu'il en soit, l'étude d'une espèce végétale soupçonnée active
au point de vue thérapeutique se fait aujourd'hui suivant une méthode
déterminée, rigoureusement scientifique.
Les méthodes d'investigation chimique et physiologique, en nous per-
mettant de déterminer avec précision le mode d'action du
produit sur l'or-
ganisme humain, nous amènent nécessairement à rechercher parmi les diffé-
Introduction IX
rents organes du végétal, quel est celui dont l'activité médicamenteuse est
le plus développée et nous permettent par conséquent, sans aucun empirisme,
de prendre une décision pour le choix de l'organe à préférer désormais.
Un exemple seulement montrera l'importance de ces considérations
d'ordre chimique. Le Colchique d'automne, plante dangereuse qui comme
on le sait, est utilisée principalement contre la goutte, fournit à la phar-
macie ses bulbes, ses fleurs et ses semences.
Ces trois organes renferment de la colchicine, qui est l'alcaloïde thé-
rapeutiquement actif, mais, il faut le noter, en des proportions très inégales;
de plus le bulbe présente à ce point de vue des variations importantes avec
l'époque de la récolte; quant aux fleurs, elles sont de conservation très
difficile. Ces deux raisons majeures suffisent pour que dans la médication
internationale, on tende désormais pour les besoins pharmaceutiques à s'a-
dresser uniquement aux semences; il est en effet facile de les recueillir
toujours au même degré de maturité; elles sont d'une conservation aisée
et leur teneur en principe actif est sensiblement constante.
Il serait superflu de s'étendre plus longuement sur ce sujet, car des
exemples semblables abondent en botanique médicale.
Ajoutons enfin que la récolte des plantes ou parties de plante des-
tinées aux usages thérapeutiques doit toujours se faire par un temps sec
et serein, après le lever du soleil et quand la rosée du matin est dissipée.
Cette remarque est du plus haut intérêt pour leur conservation et
nous y reviendrons plus loin, quand nous aurons étudié les raisons déter-
minant l'époque normale de récolte de chacun des organes des plantes.

I° Racines, souches radicantes, rhizomes. — Les organes souterrains


des végétaux, que l'on désigne vulgairement sous le nom de racines, peuvent
avoir une. origine différente. Chez une plante très jeune, par exemple dans
une germination de Marron d'Inde, on voit d'abord s'enfoncer dans le sol
un organe qui est la racine primitive où racine principale, de laquelle naî-
tront plus tard une série de racines secondaires. Puis s'échappe du marron
une autre organe, la tige, qui croît en sens opposé vers la lumière, et
dont le développement fournira la partie aérienne de l'arbre. Ces deux
organes, racine et tige, nous paraissent ainsi nettement définis, mais il n'en
est rien. En effet au cours de sa croissance et par suite de l'attraction
par les jeunes racines dans le sol, la tige s'enfonce à son tour
produite
d'une longueur parfois assez importante et de cette partie enfouie, s'échap-
pent de nouvelles racines dites adventives, dont le développement concourt
avec le système radiculaire primitif à fixer plus solidement l'arbre dans
le sol.
Le même phénomène peut se produire pour les plantes herbacées,
surtout chez celles qui vivent plusieurs années et qu'on appelle vivaces. Les
X Introduction

racines, qu'elles proviennent de la racine primitive ou qu'elles soient issues


de la tige, ont comme caractère commun général de n'avoir pas de moelle.
Souvent, la partie supérieure de la racine et la partie inférieure de
la tige enfouie dans le sol, se renflent en un organe commun généralement
court et qu'on appelle souche: parmi les plantes herbacées vivaces, la
Fougère mâle, la Belladone, nous en fournissent des exemples, excellents.
Dans la souche, la région profonde présente la structure de la tige, et à
sa partie supérieure émergeant souvent quelque peu du sol, la structure
est celle d'une tige; en effet sur la cassure ou sur une tranche faite à
l'aide d'un couteau ou d'un rasoir, on voit que la partie centrale de l'or-
gane est occupée par une moelle.
Quant aux rhizomes, ce sont simplement des tiges souterraines, ayant
pour mission de propager la plante dans le sol. Le Muguet, le Chiendent,
le Sceau de Salomon et la plupart des plantes vivaces sont pourvus de
nombreux rhizomes, dont chacune des ramifications donne naissance, à l'en-
droit des noeuds, à des tiges aériennes, florifères le plus souvent. Ces or-
ganes, très distincts pour les botanistes des racines vraies, puisqu'ils don-
nent naissance comme la tige à des racines adventives, sont généralement
confondus sous la dénomination générale vulgaire de racines, c'est pourquoi
nous avons cru nécessaire de donner ces quelques explications.
Un certain nombre de ces organes souterrains sont utilisés en méde-
cine. Les racines des plantes annuelles, presque toujours d'un volume très
réduit, par suite de la disparition totale du végétal dans un court espace
de temps, ne renferment guère de principes recherchés comme médicaments;
aussi sont-elles pour ainsi dire inutilisées.
Il n'en est pas de même pour les racines ou rhizomes des plantes
herbacées vivaces, dont beaucoup sont médicinales et que l'on récolte avec
la souche à laquelle ils sont encore attachées (Asperge, Petit-Houx, Violette, etc.).
Chez les plantes bisannuelles, la récolte de ces organes doit se faire à la
fin de la première année de végétation, en automne, car il serait trop tard
au cours de la deuxième année, les substances actives dans
emmagasinées
les organes souterrains ayant été utilisées pour la croissance de la
partie,
aérienne (Ache, Angélique, Bardane).
Quant aux plantes vivaces, herbacées ou peu ligneuses, on attend pour
la récolte des organes souterrains, que ces derniers aient atteint leur com-
plet développement chez la plante adulte. Généralement c'est de la deu-
xième à la sixième année, suivant les
espèces, qu'il faut fixer les limites
minima et maxima. Citons comme
exemples les racines d'Asperge, de Guimauve,
de Gentiane, d'Acore, d'Aconit, etc. Il est nécessaire de ne
pas attendre un
trop grand nombre d'années pour la récolte de ces racines ou souches radi-
cantes, car elles deviendraient trop fibreuses, trop volumineuses et sujettes
à des maladies qui en altèrent les
propriétés.
Introduction XI

Les arbustes et les arbres possèdent toujours des racines plus ou.
moins énormes, extrêmement ligneuses, dépourvues en général d'action thé-
rapeutique. Il faut excepter cependant certaines écorces de racines par-
ticulièrement actives, telles que l'écorce de racine de Grenadier, l'écorce de
Garou; on les prélève sur des individus parvenus à l'âge adulte et arrachés
un peu avant la chute des feuilles.

2° Souches tubéreuses, tubercules, bulbes, oignons, etc. — Nous avons défini


précédemment la souche comme la partie du végétal où se confondent les struc-
tures de la tige et de la racine; souvent il arrive que cette région se tuberculise
et donne naissance à un organe de forme très différente avec les espèces. La
souche' tubéreuse en forme d'obus de la Rhubarbe est un exemple typique.
Quant aux tubercules, il peuvent avoir deux origines: les uns naissent
sur le parcours de racines secondaires, dont il ne sont que des renflements
gorgés des substances nutritives mise en réserve pour l'évolution future
de la plante, tel est le cas de la Filipendule; les autres, qui sont de beaucoup
les plus nombreux, se forment sur des tiges souterraines où rhizomes, et
ne sont par conséquent que des fragments de tiges tubérifiées et capable
de reproduire le végétal. Ce sont des véritables organes de propagation
souterrains, et c'est la Pomme de terre qui en est le type le plus répandu;
citons encore le Topinambour, le Gouet, etc.
Mais les tubercules radicaux peuvent présenter une origine différente
de celle que nous avons décrite, comme chez la Filipendule; en effet le plus
souvent, ce sont des formations filles issues d'une autre formation identique
antérieure et dont la durée de végétation n'est que d'une seule année.
Tels sont, les tubercules d'Orchis qui fournissent le Salep et aussi ceux
du Colchique et des Aconits. Chaque tubercule porte, pour ainsi dire, un
bourgeon de tubercule qui, pendant, le cours du développement des organes
aériens annuels, grossit et passe dans le sol l'hiver suivant, pour donner
naissance ensuite à une ou plusieures tiges foliaires ou florifères et en
même temps à un tubercule-fille.
Les bulbes ou oignons ne sont autre chose que le renflement de la
base de la tige, entouré de feuilles modifiées, réunies en tunique ou en
écailles épaissies, charnues et gonflées de sucs, comme c'est le cas dans
les Narcisses, les Lis, la Scille, etc.
Tous ces organes tubérifiés souterrains, ayant un rôle physiologique
identique dans la vie du végétal, doivent être récoltés suivant les mêmes
règles, c'èst-à-dire au moment de leur évolution où ils renferment le maxi-
mum de substances de réserve.
Cette époque correspond à celle qui suit la maturité des semences, quand
les organes aériens disparaissent et avant l'apparition des premières manifes-
tations de la vie, qui donneront naissance aux organes de l'année suivante..
XII Introduction

Dans la plupart des cas, c'est à l'automne que ces organes souterrains
les conditions ci-dessus et sont par conséquent le plus actifs.
remplissent
Une exception doit être faite cependant en faveur du Colchique, chez
qui l'appareil floral évidemment formé aux dépens du bulbe apparaît en
octobre; il en résulte que ce tubercule doit être recueilli vers la fin de
juillet et en août, quand les feuilles vertes sont étiolées; plus tard sa re-
cherche serait impossible, car ces organes seraient entièrement disparus. En
septembre, l'activité qui se manifestera par l'apparition du bourgeon floral,
doit déjà se faire sentir sur la composition chimique du bulbe, et c'est ainsi
qu'il faut s'expliquer les grandes différences d'activité thérapeutique cons-
tatées dans l'emploi de cet organe et qui le fait rejeter des pharmacopées
actuelles.

3° Tiges, bourgeons. — En dehors de la Douce-amère, il n'existe guère


de remèdes dans lesquels il n'entre que des tiges de nos plantes indigènes;
toutefois un certain nombre d'écorces de tige sont couramment encore uti-
lisées, telles sont: les écorces de Saule, de Frêne, de Chêne.
Leur époque de récolte est, comme toujours, fonction de la physio-
logie de l'organe qu'elle représentent.
C'est dans l'écorce en effet et aussi dans la moelle, que viennent
s'accumuler les matériaux élaborés par les feuilles dans la période d'acti-
vité du végétal; on devra donc les séparer du tronc, à la période de repos,
c'est-à-dire au commencement de l'hiver.
Quant aux tiges, dans lesquelles le bois est utilisé, on devra préférer
toujours les branches ou les tiges encore assez jeunes pour ne pas être
entièrement fibreuses et sèches.
Quelques bois exotiques sont recherchés pour les sécrétions qu'ils
renferment, tels: le Sassafras, les Bois de campêche, etc.; nous n'avons pas
à nous en occuper ici.
Les bourgeons, qui ne sont autre chose que de futures branches avec
leurs feuilles, recouvertes par des feuilles modifiées ou écailles, sécrètent
souvent des produits destinés à servir de protection hivernale et dont
quelques-uns sont utilisés en pharmacie.
Les bourgeons de pin, communément appelés bourgeons de sapin, les
bourgeons de peuplier, sont à peu près les seuls qu'on puisse citer. On doit
les détacher de l'arbre au commencement du printemps avant que la poussée
de croissance foliaire ne les ait fait éclater.

4° Feuilles. — Malgré son existence temporaire, la feuille est l'organe


le plus important du végétal; c'est à l'intérieur de son tissu que s'accom-
plit le travail physico-chimique de l'assimilation dont la résultante est la
production synthétique de toutes les substances utiles à la construction de
la plante. C'est au milieu de ces substances élaborées
grâce à l'action du
Introduction XIII

pigment vert (chlorophylle) qui donne aux feuilles leur couleur, qu'il faut
chercher les principes chimiques auxquels on doit l'action médicinale de la
plupart d'entre elles.
On conçoit aisément dès lors, que la cueillette des feuilles devra se
faire au moment de la pleine végétation, un peu avant l'épanouissement
des fleurs.
Plus tôt, les principes actifs seraient formés en trop petite quantité,
ou plus exactement existeraient en quantité moindre à cause de l'absorption
nécessitée par la croissance intensive du printemps.
Mais il est nécessaire aussi de ne pas attendre trop, car souvent dès
la floraison, la teneur en principes actifs diminue sensiblement et cela est
particulièrement sensible chez les plantes odorantes, comme les Labiées.
L'essence sécrétée par le végétal s'accumule dans des réservoirs extérieurs,
qui sont des glandes portées sur. un pédicule court, véritables poils sécré-
teurs qui éclatent souvent au moment de l'épanouissement des fleurs, faisant
ainsi perdre aux feuilles une partie de leur parfum.
Parfois cette essence, de liquide qu'elle était, se concrète en une ré-
sine d'odeur très différente; en un mot, la composition chimique et par
Conséquent l'activité médicinale sont considérablement modifiées dans lés
feuilles trop âgées. Il en serait de même, si l'on recueillait, soit des feuilles de
végétaux malades ou rabougris, ou bien ces mêmes organes attaqués par
des parasites comme ceux qui sont la cause des diverses maladies cryp-
togamiques si fréquentes dans le règne végétal.

— Parfois, au lieu de se contenter uniquement


5° Sommités fleuries.
des feuilles, on détache la partie terminale des rameaux florifères, empor-
tant ainsi avec la tige les feuilles et les ramifications de l'inflorescence :
c'est ce qu'on désigne sous le nom de sommité fleurie.
Ce sont surtout les plantes herbacées qui sont ainsi traitées: citons
la Petite Centaurée, l'Armoise, le Millepertuis, l'Origan, l'Absinthe, la Verveine, le
Mélilot, etc.
Il sera nécessaire de ne pas attendre non plus le complet épanouis-
sement des fleurs pour couper ces herbes; le maximum d'activité sera,
comme pour les feuilles, au début de la floraison.

6° Fleurs. — On sait qu'aussitôt l'épanouissement, c'est-à-dire le moment


de la fécondation florale, de grands changements surviennent dans les diverses
de grandes variations
pièces florales, et à ces changements correspondent
dans leur composition intime; les pétales et les étamines se flétrissent et
tombent, les pièces du calice tombent à leur tour, ou au contraire se dé-
veloppent parfois démesurément pour protéger le jeune ovaire qui s'accroît
pour devenir le fruit. (Alkékenge.)
XIV Introduction
leur complet
Il s'ensuit qu'on devra cueillir les fleurs un peu avant
les Roses de Provins sont détachées alors elles
épanouissement; seules, qu'
sont encore en bouton.
— Le choix du moment propice de la récolte des fruits est
7° Fruits.
délicate : c'est qu'en effet les changements dans la com-
particulièrement
considérables
position au cours de la maturité sont encore plus que dans
les autres organes. Il faudra les cueillir quand ils sont mûrs et les trier
avec le plus grand soin.
Les fruits charnus, pulpeux et sucrés destinés à être utilisés de suite
pour la préparation de sirops, de sucs ou de confitures, devront être par-
faitement mûrs, mais si l'on veut les conserver après dessiccation comme
les figues, les raisins, les baies de genièvre, etc., on devra les cueillir très
peu de temps avant leur maturité complète.
Quand aux fruits secs, comme ceux des Ombellifères (Anis, Fenouil,
Carvi, Cumin, etc.), il ne faudra pas attendre la dessiccation sur la plante,
et comme pour les précédents le soin de la sélection dans la cueillette
appartient au collecteur.
8° Semences. — La semence représente une plante extrêmement réduite
mais complète, à l'état de vie ralentie; et pourvue de matériaux de réserve
qui seront utilisés au moment de la germination. Ces organes restent ainsi
vivants pendant un temps variable avec l'espèce et c'est pour cette raison
que les semences âgées, dont le temps et la dessication ont anéanti les
propriétés vitales, sont souvent d'une activité bien moindre que les semences
fraîches.
On récoltera donc les semences à leur parfaite maturité, qui est in-
diquée le plus généralement par l'apparence du fruit.

II

Dessication et conservation des drogues simples végétales


destinées aux usages médicaux

Si les plantes médicinales pouvaient être recueillies à l'état frais


pen-
dant toute
l'année, il serait inutile de songer à les conserver, mais comme
il n'en est pas ainsi, la dessication devient une
nécessité.
C'est en effet au procédé de conservation
par dessication que l'on
adresse à peu près' uniquement dans le cas nous occupe; les autres
s'
étant impraticables, qui
si l'on n'a pas à sa
trielle importante. disposition une installation indus-
Introduction XV

On sait que toutes les matières organisées, d'origine animale ou végé-


tale, qui ont cessé de vivre, sont sujettes après un certain temps, à subir
des décompositions spéciales désignées sous les noms de fermentation ou
putréfaction.
Les conditions indispensables pour qu'il puisse s'établir une fermen-
tation sont actuellement bien connues, et il suffit de soustraire l'organe
végétal récolté à toutes ou à l'une quelconque, de ces influences pour pré-
venir, retarder ou empêcher totalement sa putréfaction.
On arrivera à ce résultat d'une façon certaine:
I° si on enlève à la matière l'eau qu'elle contient et si on évite toute ap-
parition ultérieure d'humidité ;
2° si on la soumet à l'action du froid, car une certaine chaleur est né-
cessaire à toute fermentation ou. putréfaction;
3° si on la soustrait à l'action de l'air, car l'oxygène est absolument
nécessaire à la vie des organismes inférieurs, bactéries ou cham-
pignons, agents dé la putréfaction;
4° si on les soumet à l'action des agents antiseptiques qui détruisent ces
mêmes organismes, ou en arrêtent le développement.
Le procédé de conservation par le froid, s'applique surtout à certains
fruits destinés à l'alimentation, et c'est ce procédé qui permettra aux mar-
chés européens de s'approvisionner des fruits tropicaux frais, à l'époque
de l'année où nos régions tempérées en sont privées. Il serait d'ailleurs
possible, de le combiner avec le suivant, en faisant dans les réservoirs ou
vases contenant ces fruits, un vide tout ou moins partiel. Beaucoup de
recherches sont actuellement faites dans cette voie; mais dans le cas qui
nous occupe, à part quelques exceptions, on ne saurait utiliser ces moyens
de conservation qui ne sont guère à la portée de tout le monde.
Les plantes médicinales, comme les plantes alimentaires: ne sauraient
non plus être additionnées de substances antiseptiques toutes nuisibles à
l'économie humaine, aussi ce procédé, n'est-il employé que pour la conser-
vation des herbiers ou d'échantillons destinés aux collections/
On se contente dans la pratique de l'herboristerie de dessécher les
plantes ou parties de plantes, c'est-à-dire de leur enlever la plus grande
partie de l'eau qu'elles contiennent. Cette opération est assez délicate,' car
la dessication doit être aussi prompte que possible et faite à l'abri d'une
trop vive lumière; aussi les conditions générales suivant lesquelles s'effectue
cette opération sont-elles variables avec la nature de l'organe végétal à
conserver.
Elle peut s'opérer de plusieurs manières:
I° à l'air libre;
2° dans des séchoirs ou hangars disposés à cet effet;
3° dans des étuves;
XVI Introduction

4° au dessus des fours;


5° dans des tourailles, semblables à celles qui servent à la dessication
du malt dans les brasseries, etc.
On a aussi indiqué divers moyens qui s'appliquent seulement aux
collections et qui permettent de conserver avec leur forme et leurs couleurs,
les fleurs les plus délicates. Le procédé le plus connu est celui de Berjot
et Réveil, jadis indiqué déjà par Camerarius. Il consiste à enfouir les
plantes dans du sable chaud (40 à 50 °) additionné d'acide stéarique ou de
blanc de baleine, de les retirer très délicatement au bout de quelques
heures, et de les placer dans des bocaux bouchés à l'émeri dont le cou-
vercle est garni de chlorure de calcium anhydre, qui évite toute action ulté-
rieure possible de l'humidité.
Nous possédons au Musée de l'Ecole supérieure de Pharmacie de
Paris des fleurs ainsi conservées depuis plus de trente années et qui sont
encore d'un coloris merveilleux. Encore une fois ce procédé est imprati-
cable pour les besoins journaliers ou industriels, mais il était bon de ne
point le passer sous silence, car il pourrait être mis en pratique par quel-
que lecteur curieux.
Les collecteurs modestes de plantes médicinales et les herboristes se
contentent généralement de dessécher leurs matériaux à l'air libre, à l'abri
du soleil. C'est ainsi que nous voyons souvent suspendus à la. devanture
de quelques magasins d'herboristerie, des paquets d'herbes ou de sommités
fleuries en voie de dessication. L'intérieur de la boutique en est de même
rempli. Si cette méthode constitue une réclame de bon aloi, on ne saurait
trop s'élever contre elle, car elle expose ainsi des matières devant servir
de remèdes à toutes les poussières des grandes villes et il est facile de
penser quelles infusions souillées devront être ingurgitées par le malade.
Dans les exploitations spéciales, comme à Houdan et à Milly, on
construit des hangars ou sortes de maisons, à larges ouvertures,
exposées
au midi et construits de telle sorte, que la pluie ne puisse y et
pénétrer
qu'on nomme séchoirs. Les plantes mondées et triées avec soin y sont dé-
posées sur des claies, ou suspendues en guirlandes qu'on appelle couronnes.
Il faut avoir soin de ne pas les placer en masse
trop épaisse, car on n'évi-
ferait pas un. commencement de fermentation intérieure des tissus, en même
temps qu'apparaîtraient les moississures.
A la campagne on peut faire des installations semblables dans les
greniers des maisons, en prenant des précautions analogues.
Par les temps pluvieux ou humides, ou
pour certains organes végétaux
gorgés d'eau, on emploie l'étuve, pièce de dimensions variables chauffée
généralement par des courants d'air sec, dont on élève la température
graduellement de 20 à 40 °. Ce mode de est le meilleur par
préparation
exemple, pour le Jusquiame, la Joubarbe, les Squames de scille, etc.
Introduction XVII
Le séchoir à air libre doit être préféré au contraire pour toutes les
plantes aromatiques et particulièrement pour celles chez qui la sécrétion
d'essence se fait à l'extérieur : Labiées, Composées, etc.
Comme les diverses parties de végétaux varient dans leur nature et
leurs propriétés, que l'eau de végétation s'y trouve inégalement distribuée,
il s'ensuit qu'il faut plus de temps pour dessécher tel organe que tel autre;
d'où la nécessité par conséquent de dessécher séparément, les racines, les
bulbes et bourgeons, les feuilles, les écorces, les fleurs, fruits ou graines,
et de suivre pour opérer cette dessication un certain nombre de précau-
tions que nous allons passer en revue.

ORGANES SOUTERRAINS

I° Racines, souches et rhizomes. — Le premier soin du collecteur est


de se débarrasser de la terre et des matières étrangères qui souillent ces
organes soit en les secouant d'abord énergiquement et finalement après
dessication en les plaçant dans un sac où ils sont de nouveau très éner-
giquement secoués. On préfère presque toujours à ce procédé imparfait
celui du lavage, on les égoutte ensuite et fait sécher à l'air; c'est alors
qu'on enlève à l'aide d'un couteau toutes les parties qui ne sont pas com-
plètement saines, que, dans les souches principalement, on détache les débris
de feuilles et des tiges adhérents à la partie supérieure et qu'au besoin on
coupe celles-ci en tranches, si elles sont trop volumineuses pour être ensuite
séchées rapidement.
Ces organes ainsi mondés, lavés et séchés, sont soumis à une dessi-
cation définitive au séchoir et au besoin terminée à l'étuve.
2° Bulbes, oignons, tubercules, etc. — Les bulbes de Colchique ou d'Orchis
(Salep), après avoir été nettoyés et lavés, sont desséchés à l'étuve, car à
l'air, l'évaporation de l'eau de végétation serait beaucoup trop longue et
pendant le temps nécessaire pour arriver à un résultat suffisant, on aurait
grandes chances de voir les produits envahis par les moississures ou les
organismes de la putréfaction. Les bulbes écailleux de la Scille, sont privés
des écailles foliacées externes, sèches, minces, ligneuses, peu ou pas actives;
de même on enlève soigneusement la partie centrale trop mucilagineuse. Les
écailles charnues de la partie moyenne sont coupées en tranches et séchées
aussi à l'étuve.
ORGANES AÉRIENS

I° Tiges et écorces. — Les écorces dé tige comme celle des racines,


de même que les bois comme celui de la Douce-amère peuvent être soumis
à une dessication lente, mais ils ne s'altèrent pas non plus à l'étuve; leur
dessication ne présente aucune difficulté.
XVIII Introduction

2° Feuilles. — Les feuilles, séparées des tiges qui les portent, sont
en couches épaisses sur des claies et placées dans le séchoir.
disposées peu
Les feuilles des plantes aromatiques ou de texture mince, doivent être
desséchées à basse température, de 15 à 20°. Celles qui sont succulentes
ou épaisses, comme celles de Bourrache, de Bouillon blanc exigent une chaleur
forte et quelques-unes nous avons déjà dit que l'emploi de l'étuve
plus pour
était préférable (Jusquiame, Joubarbe).

3° Sommités fleuries. — Elles peuvent être traitées comme les feuilles,


mais souvent on désire conserver aux inflorescences un aspect engageant,
on en fait alors de petits bouquels qu'on enveloppe dans des cornets
de papier et qu'on porte au séchoir. Ces petites bottes soustraites à l'ac-
tion décolorante de la lumière sont alors enveloppées en gros paquets et
conservées ainsi. Les sommités fleuries obtenues par ce procédé possèdent
des fleurs qui n'ont pour ainsi dire aucunement perdu de leur coloration
primitive; on peut préparer ainsi: la petite Centaurée, le Mélilot, l'Origan la
Menthe poivrée, etc.

40 Fleurs. — Les fleurs sont lès organes des plantes les plus délicats
à sécher. Il faut leur conserver leur couleur et leur parfum, dans la mesure
du possible. On y parvient en les séchant à basse température et presqu'à
l'abri de la lumière, car sans ces deux précautions, elles noircissent et se
décolorent.
Pour les besoins de l'herboristerie, on trie les fleurs avec soin et on
sépare les parties utilisées des autres, aussi existe-t-il bon nombre de cas
particuliers de préparation. C'est ainsi que pour le Coquelicot, les Violettes,
les Roses rouges, le Bouillon blanc, etc.; on ne recueille que les pétales. D'autres
fois comme pour l'Arnica, le Tussilage, la Camomille, c'est la fleur, tout entière
qu'on récolte ou même l'inflorescence (Composées).
Le Safran ne fournit que ses stigmates à la médecine, la Rose de Provins,
seulement les boutons floraux.
Les fleurs de Sureau séparées de leur pédoncule, s'obtiennent en met-
tant en tas les inflorescences ; quelques heures après, les fleurs se détachent
d'elles-mêmes en secouant simplement ces dernières.
On devra, pour dessécher dans les meilleures conditions possibles
toutes ces fleurs, les étaler en couche mince entre deux feuilles de papier
puis porter le tout soit à l'étuve, soit dans un séchoir échauffé par le soleil,
mais toujours à l'abri du rayonnement solaire direct.

50 Fruits. — Peu de fruits indigènes sont conservés à l'état sec pour


les besoins de la pharmacie, si l'on excepte tous les fruits
d'Ombellifères qui
sont déjà à peu près secs quand on les récolte; ceux-ci avec beaucoup
Introduction XIX
d'autres fruits secs, ne demandent qu'à être placés à l'abri de l'humidité,
après la récolte: Pavot, Coloquinte, Glands, etc. Les bais de Sureau, d'Hièble,
de Genièvre, de Myrtille, les drupes de Nerprun, etc., qui sont un peu charnus;
doivent subir une dessication rapide, soit dans un séchoir échauffé par le
soleil, ou mieux encore à l'étuve.

6° Semences. — Les graines des végétaux étant presque toutes pro-


tégées par un tégument dur et sec, il suffit de les exposer quelques jours
à l'air pour en assurer la conservation, en leur évitant tout contact ulté-
rieur avec l'humidité.

En résumé la dessication des plantes médicinales doit toujours être


opérée à l'abri de la trop grande lumière, dans un courant d'air renouvelé,
avec l'aide d'une chaleur modérée et en tenant compte de la nature de
l'organe employé ; il convient maintenant d'assurer leur conservation.
Les causes d'altération sont en effet assez nombreuses, citons:
a) la lumière, qui décolore beaucoup de substances et particulièrement
les feuilles et les fleurs;
b) l'air, qui par son oxygène, en présence d'un peu d'humidité dis-
posé ces matières à la putréfaction;
c) l'humidité, qui est le principal facteur de la fermentation;
d) la poussière, car c'est elle qui apporte les germes ou organismes
inférieurs, qui sont les agents de la putréfaction.
En évitant ces causes d'altération, on peut indéfiniment pour ainsi
dire, conserver des plantes desséchées dans de bonnes conditions. On doit
donc les enfermer dans des récipients bien secs, de quelque nature qu'ils
soient, impénétrables à l'air et à la lumière et surtout de l'humidité et des
poussières.
Les insectes sont aussi des ennemis dont il faut se bien défier, aussi
souvent recouvre-t-on l'intérieur des boîtes ou tonneaux de papier collé
avec de la colle dans laquelle on a incorporé de l'aloès ou de l'alun. Les
fleurs en particulier se conservent admirablement, si toutes les précautions
sont bien prises pour une dessication parfaite, clans des récipients (estagnons)
en fer blanc. Pour certaines fleurs comme celles de Bouillon blanc, de la
Guimauve, il est particulièrement difficile d'arriver à un bon résultat. Les
boîtes en bois placées en lieu très sec constituent le meilleur récipient; on
bou-
peut aussi les enfermer à leur sortie de l'étuve dans des bocaux bien
chés, goudronnés, recouverts extérieurement de papier noir et qu'on débouche
successivement au moment du besoin.
Quand on veut conserver des masses assez considérables d'une même
plante, il est un procédé qui est recommandable bien que l'apparence ex-
térieure du produit soit moins flatteuse; il consiste à soumettre la plante
XX Introduction

desséchée à une forte pression qui a pour avantage de réduire considé-


rablement le volume en même temps qu'elle préserve la masse de toute
altération: Il est difficile en effet que l'air et l'humidité puissent pénétrer
dans l'intérieur des paquets ainsi obtenus, si l'on prend quelques précau-
tions élémentaires. On enveloppe ensuite ces paquets dans des toiles, ou
des papiers protecteurs.
Différents herboristes ont adopté ce procédé qui tend à se généraliser,
car il permet de préparer à l'avance pour le commerce de détail des
ainsi des
paquets comprimés d'un poids déterminé par l'usage. On supprime
manipulations au cours desquelles on ne saurait éviter l'action de l'air et
des poussières. On l'emploie surtout pour les fleurs (Mauve, Guimauve, Coque-
licot, Pieds de chats, Camomille, etc.).
Quelques drogues exotiques nous arrivent ainsi: tels sont la Lobélie,
l' Hamamelis, le Chanvre indien, etc.
Le Houblon destiné aussi bien aux usages pharmaceutiques qu'à la fa-
brication de la bière est également conservé sous la forme d'énormes ballots
comprimés, enveloppés de toiles.

III

Production et culture des plantes médicinales en France

Il est bien difficile d'avoir à ce sujet des documents précis, car dans
les statistiques officielles, les plantes médicinales ne font l'objet d'aucune
rubrique spéciale et il est nécessaire de puiser ses renseignements aux
sources les plus diverses.
Parmi les végétaux qui fournissent quelque organe à la pharmacie
ou à la médecine populaire : les uns croissent abondamment dans certaines
régions de notre pays et y sont récoltés pour le commerce d'herboristerie,
les autres font l'objet de cultures importantes et nettement localisées comme,
le Safran, le Pin des Landes, ou les cultures particulières de Milly, de Houdan
et de différentes autres localités de la région parisienne.
Les plantes à essence sont répandues dans le midi de la France, en
Provence et au sud des Cévennes. La Lavande abonde surtout sur les flancs
du Mont Ventoux où chaque année, le service de forêts fixe la date à
laquelle doît être commencée la récolte. A cette date qui est généralement
voisine du 14 juillet, on cueille les sommités fleuries
seulement, qui sont
mises à sécher puis foulées aux pieds
par des animaux pour en détacher'
les fleurs. Cà et là clans toute la région
sub-alpine, comme dans les Cévennes,
Introduction XXI
on recueille la Lavande que l'on distille sur place dans un alambic qui se
déplace de pays en pays à la façon des bouilleurs de cru dans les villages
vignobles. On récolte aussi de petites quantités de Romarin, mais la plus
grande partie de l'essence du commerce vient de certaines îles de la
Dalmatie (Lissa, Lesina, Solta).
La Sauge est récoltée aussi principalement dans les îles de Dalmatie
et sur la côte où elle se trouve en abondance extraordinaire, cependant
comme pour le Thym, une certaine quantité se récolte en France dans la
Provence, les Alpes-maritimes, le Gard, etc.
Les Roses fournissent leurs pétales avec lesquels on fabrique l'eau dis-
tillée destinée à la pharmacie; quant à l'essence, elle' provient pour la
presque totalité de la. Bulgarie. Le principal centre de l'industrie des essences
pour la parfumerie est à Grasse en France et à Miltitz, près Leipzig en
Allemagne.
En Angleterre, aux environs de Mitcham, on cultive surtout la Menthe,
dont l'essence est la plus estimée; une faible quantité est récoltée aussi
dans les Alpes - maritimes ; ajoutons à propos de cette plante que les
Etats-Unis du Nord fournissent aussi une essence de menthe un peu diffé-
rente, et que le Japon en cultive une quantité considérable. Pour les usages
pharmaceutiques on retire de l'essence de menthe, un produit très utilisé
le menthol, qui se trouve en proportion telle dans l'essence japonaise que
c'est là sa source industrielle.
Sur la côte méditerranéenne française, on cultive aussi en abondance
l'Oranger, dont on tire pour la pharmacie les feuilles, les fleurs et l'eau
distillée faite avec ces dernières.
Beaucoup de plantes aromatiques sont cultivées pour la distillerie:
citons en première ligne l'Absinthe, base de cette liqueur, funeste poison
presque national, dont l'usage est avec raison interdit dans certains pays.
Les cultivateurs d'absinthe sont pour ainsi dire localisés autour de Pontarlier
dans le Doubs, centre de la production de la liqueur, où l'on compte près
de 20 industriels distillateurs. Une partie de la production est expédiée aux
distilleries de Paris, Lyon, Romans, Marseille, Ornans, Limoges, car la
pharmacie ne consomme qu'une infime partie de la production. L'étendue
du sol réservé à cette plante dans le département du Doubs atteindrait
environ 80 hectares.
Peu d'autres espèces aromatiques méritent une mention spéciale si
ce n'est l'Angélique dans la région de Niort et de Nantes, dont les jeunes
pousses confites dans le sucre sont un article intéressant d'exportation.
Dans les montagnes de la Savoie et du Dauphiné, on récolte encore
bon nombre d'espèces aromatiques, douées de véritables propriétés médi-
cinales, mais qui sont encore utilisées, surtout et pour la plus grande partie,
par l'industrie.
XXII Introduction

L'Anis, la Coriandre, le Fenugrec sont encore cultivés dans le Tarn aux


environs d'Albi, et aussi dans les départements d'Indre-et-Loire et du
Maine-et-Loire, mais la consommation s'approvisionne surtout en Europe
septentrionale et centrale.
La Réglisse est aussi l'objet d'une culture intéressante dans l'arron-
dissement de Chinon et plus spécialement dans les trois communes de
Bourgueil, Restigné et Benais, toutes trois du canton de Bourgueil. Vingt-
cinq hectares sont réservés à cette plante dont la récolte de la racine se.
fait quatre ans après la plantation. La production était jadis beaucoup plus
forte, mais le bas prix des Réglisses importées d'Espagne et surtout de
Russie, ont obligé les cultivateurs à l'abandonner; le prix élevé des terrains
d'une part et la cherté de la main d'oeuvre ne permettent plus une rénu-
mération suffisante. Il en est malheureusement de même pour une quantité
d'autres produits naturels.
Le Safran, il y a une trentaine d'années comptait dans la production
du sol français pour une somme annuelle approchant un million de francs.
Sa culture, de 1200 hectares vers 1860, n'occupe plus guère que 400 hec-
tares et le trafic est à peine de 100,000 francs. C'est dans le département
du Loiret avec-Pithiviers comme marché principal, que la culture de cette
drogue est localisée et le produit obtenu dénommé safran du Gatindis, est
la meilleure variété commerciale que l'on rencontre sur les marchés.
La Chicorée à cause de ses usages alimentaires, se cultive dans le
nord de la France, centre de cette industrie, et principalement dans les
départements du Nord, de la Somme, du Pas-de-Calais, des Ardennes et
aussi en Seine-et-Marne, dans l'Aisne, la Drôme, les Bouches-du-Rhône
et le Maine-et-Loire. La production annuelle de la France serait de
1,600,000 kg.
Parmi les drogues médicinales récoltées dans les régions, où elles
croissent à l'état spontané, on peut citer: la Digitale dans les Vosges, où
Ton ne doit recueillir que les feuilles des pieds qui sont dans la deuxième
année de leur évolution;' la Gentiane, dont les racines sont arrachées seule-
ment sur les pieds âgés de plusieurs années et qui provient surtout du
Jura et des Alpes du Dauphiné et de la Savoie; la Scille qui croît dans
les sables du littoral méditerranéen, etc.
Les pédoncules de Cerises constituent un produit secondaire de l'industrie
de la liqueur dite Guignolet et les cerisiers qui les sont origi-
produisent
naires pour la majeur partie du Maine et Loire, où une seule maison
vend au commerce pharmaceutique plus de 1200 kg. de queues de cerises
par année.
Le Houblon, dont la presque totalité est employée par le fabrication
de la bière est produit en abondance dans la Meurthe-et-Moselle où le
marche le plus important est à Gerbéviller. On estime la production an-
Introduction. XXIII
nuelle de cette région, à plus de 6500 quintaux valant environ 1,500,000 fr.
Dans chacun des départements de la Côte d'or et du Nord, on en récolte
pour une somme dépassant deux millions de francs, et la production totale
de la France est estimée à près de huit millions de francs.
La culture du Lin, quoique bien réduite de nos jours, est encore assez
importante dans le bas Maine et la Bretagne.
Dans la région parisienne, en dehors des quelques hectares de plantes
médicinales cultivés dans la banlieue sud, à Choisy-le-roi, à l'Hay, à Orly,
etc., on doit signaler deux centres particulièrement importants.
L'un se trouve à Milly, petite commune du département de Seine-et-
Oise, où 50 hectares sont exclusivement réservés à cette culture spéciale;
les habitants de ce village sont depuis plus d'un siècle des herboristes et
la flore sauvage environnante est largement exploitée: ils recueillent le
Millepertuis, la Ronce, le Mélilot, le Serpolet, la Jusquiame, la petite Centaurée,
le Polypode, etc.
Quant aux cultures: 8 à 10 hectares sont réservés à la Menthe, 6 à 8
hectares pour la Mélisse, 6 hectares environ pour le Datura. Viennent en-
suite : la Guimauve, la Belladone, la Bourrache, quelques plantes aromatiques
destinées à la distillerie comme le Basilic, la Marjolaine; la Sauge, la Sarriette,
la Menthe-coq, etc.
Le deuxième centre de production est à Houdan, où il faut remonter
seulement à 1890 pour trouver l'origine de cultures véritablement médici-
nales; on cultivait antérieurement surtout l'absinthe. Actuellement, les terres
réservés à cette culture recouvrent une superficie de plus 80 hectares et
elle occupe plus de cent ouvriers.
Des immenses séchoirs à air libre et à air chaud sont construits pour
la préparation des plantes sèches, mais une grande partie de la récolte
est expédiée à l'état frais dans les grosses maisons d'herboristerie et de
droguerie.
Une installation à vapeur permet de conserver les plantes desséchées
après une compression méthodique dans des appareils spéciaux.
Les principales cultures sont: l'Absinthe qui occupe 30 hectares; le
Persil 15 hectares; la Mélisse, la Menthe, la Rue, chacune 10 hectares;
l'Hysope,
le reste comprend, la Sauge, l'Angélique, le Fenouil, le Thym, la Bourrache, le
Bouillon blanc, le Mélilot, la Camomille, la Mauve, etc.
De plus on réunit à Houdan bon nombre de plantes récoltées dans
région à l'état sauvage: le Muguet, le Genêt, la Morelle, le Fumeterre,
toute la
le Chiendent, etc.
Dans le nord de la France existent des cultures de Camomille romaine,
de Moutarde noire, de Guimauve, de Pavol; dans l'Yonne et la Côte d'or, on
récolte les Bourgeons de Pins, et dans l'est on trouve la Mauve et la Mou-
tarde noire.
XXIV Introduction

La Rhubarbe, dont les essais de production n'ont pas été heureux, fut
cultivée en Bretagne, dans le département du Morbihan; le Fenouil doux
provient des environs de Nîmes, etc.
Il est regrettable répéterons-nous, qu'on ne puisse trouver dans les
officielles aucun renseignement précis sur l'importance de ces
statistiques
cultures; aussi est-il impossible d'étendre cette étude comme nous l'aurions
désiré.
Ce travail serait cependant d'une utilité incontestable, car les culti-
vateurs pourraient y puiser des encouragements vers les essais de culture
de quelques-uns des produits pour lesquels nous sommes entièrement tri-
butaires de l'étranger.

Variations dans l'activité des plantes médicinales

L'action médicamenteuse des plantes médicinales n'est pas toujours


égale pour une même espèce et ce fait constaté depuis de longs siècles
s'ajoutant aux découvertes nombreuses de la chimie, amena les médecins
de notre époque à substituer l'emploi des principes définis extraits des
végétaux à celui de la drogue elle-même.
Ces substances chimiques, dites principes actifs, comme l'atropine, l'aco-
nitine, la quinine, la morphine, la digitaline, etc., sont de nature chimique fixe,
et leur action sur l'organisme humain est toujours absolument identique.
On conçoit aisément que leur découverte ait entrainé une véritable révo-
lution dans l'art de guérir.
Dès lors on délaissa complètement les simples et cependant il est im-
possible de dire que les principes actifs définis dont nous parlons, puissent
remplacer exactement la plante elle-même; aussi croyons-nous que bientôt
on reviendra sinon à l'emploi direct des organes végétaux, tout au moins
à. des préparations judicieusement et scientifiquement préparées qui se
rapprocheront de la composition du suc même de la plante fraîche. Toute-
fois dans l'état actuel de la chimie thérapeutique, on admet que l'activité
médicamenteuse des plantes est en raison directe de la teneur de la
plante
en principe actif.
C'est en étudiant ces principes, alcaloïdes ou
glucosides, que l'on
est arrivé à se rendre un compte suffisamment
approximatif, des variations
d'activité des plantes.
Les influences qui peuvent faire varier la valeur des
thérapeutique
plantes médicinales sont les plus diverses; nous passerons en revue les
principales d'entre elles, qui pour la plupart se rapportent aux conditions
biologiques de croissance.
Introduction XXV
I° Terrain. — L'influence du terrain n'a rien
qui doive surprendre,
car chaque espèce végétale a généralement des préférences marquées pour
croître en abondance dans des sols de composition chimique et de nature
physique déterminées. Les plantes aromatiques des terrains secs sont tou-
jours sensiblement plus riches en essence, que les mêmes espèces récoltées
dans des endroits humides, et de plus il se fait des variations importantes
dans la constitution intime de l'essence. De même les plantes de montagne
sont préférables à leurs congénères de' la plaine.
Les Crucifères dont l'action sinapisante est due à la formation d'es-
sences sulfurées (essence de Moutarde, de Raifort, de Cresson), de même
que les Solanées (Belladone, Datura, Jusquiame), qui renferment de l'atropine
et beaucoup d'autres encore, sont d'autant plus riches qu'elles ont été ré-
coltées au voisinage des habitations. La Pariétaire est une plante diurétique
d'une action indubitable et plus énergique si la teneur du sol en nitrate
est plus élevée; il en est à peu près de même pour la Bourrache.
Certaines Ombellifères sont dangereuses pour l'homme et les animaux,
si elles croissent dans un sol marécageux; les mêmes espèces des terrains
secs sont inactives.
La Valériane, qui pousse dans les terrains bas et humides, au: bord
des eaux, est moins active que celle qui a été récoltée dans les bois secs.
On sait aussi que la préférence pour les terrains acides, siliceux, ou bien,
pour les sols alcalins, calcaires est si marquée chez quelques espèces végé-
tales, que celles-ci constituent une caractéristique de la flore de ces terrains.
Ces plantes sont dites silicicoles ou calcicoles.

2° Climat. — Le climat est d'une importance telle pour les végétaux,


qu'il existe une flore spéciale à chaque région. Aussi quand on transporte
la plupart des plantes sous un climat différant sensiblement de celui de
leur patrie, elles s'étiolent, dégénèrent, et leurs propriétés sont entièrement
changées. Le Frêne à manne ne donne pas de manne dans l'Europe moyenne,
celle-ci n'est sécrétée que chez les individus rencontrés dans la partie chaude
de la région méditerranéenne. La Pêche est purgative en Perse, elle ne l'est
pas en Europe.
Les Labiées à essence, comme la Menthe, le Romarin, la Sauge, donnent
dans les pays plus froids une essence plus suave, mais en quantité moindre
que celles qui croissent dans le midi de l'Europe.

3° Saisons. — Nous avons précédemment montré l'influence des sai-


sons sur l'activité médicamenteuse des organes des végétaux utilisés en
médecine; cette variation est fonction de la physiologie même de l'organe
et on a vu quelle importance il fallait lui attribuer dans la récolte des
drogues.
XXVI Introduction
— Nous n'avons pas non plus à revenir sous cette
4° Age de la plante.
suffisamment traitée dans le chapitre de la récolte. Les jeunes
question
pousses d'Aconit par exemple sont mangées en Finlande, mais peut-être
doît-on voir dans cette disparition de la toxicité, un effet du climat?

— Toute plante verte privée de lumière, s'étiole et meurt.


5° Lumière.
Cette nécessité de la lumière se manifeste par l'apparition de la couleur
verte, due à la formation d'un pigment, la chlorophylle, grâce auquel peuvent
s'élaborer tous les sucs organiques nécessaires à la construction des organes
du végétal et à sa vie propre.
Chacun sait que si l'on fait végéter dans une cave de la Chicorée ou du
Pissenlit, ceux-ci perdent la plus grande partie de leur saveur, et deviennent
incolores.
6° Culture. — Les végétaux sauvages, croissant dans leur station na-
turelle, sont les seuls qui devraient toujours être employés en thérapeu-
tique, malheureusement les difficultés de récolte, les besoins de la con-
sommation obligent à des cultures variées et cela ne va pas sans modifier
considérablement les propriétés physiques et les qualités médicinales de
celles qui nous intéressent.
Chez les uns, l'activité augmente, chez les autres on constate un-
appauvrissement en principes actifs. Une étude scientifique spéciale est
nécessaire pour chaque plante afin de bien connaître le sens de ces varia-
tions, et toutes les conditions biologiques de milieu (nature du sol, expo-
sition, engrais, sélection de la semence, etc.) doivent être envisagées.

7° Variations encore inexpliquées. — Chacun des facteurs que nous


venons de passer en revue pouvant exercer une influence sur les proprié-
tés des végétaux et leur constitution intime, il ne paraîtra pas étonnant de
dire que les variations observées pour certains d'entre eux sont encore
sans explication satisfaisante.
La Belladone cultivée en certains endroits est moins active que l'es-
pèce sauvage, mais le contraire peut aussi se trouver parfaitement exact:
le facteur culture est ici d'ordre secondaire et probablement c'est dans la
nature du terrain et dans son exposition qu'il faudra chercher à déterminer
les raisons de cette contradiction évidemment apparente.
La Digitale des Vosges est très active, celle de
Bretagne le serait
moins de même que celle des environs immédiats de Paris !
L'opium obtenu en France de Pavots cultivés, renfermerait 18 % de
morphine, quand celui d'Asie en contient au plus 12 à 14 %. Autant de
questions intéressantes, que seules pourront résoudre des études minutieuses
et des observations approfondies.
Introduction XXVII

Modifications apportées à l'activité thérapeutique des plantes


médicinales par la dessication

Dans ces dernières années on s'est préoccupé de savoir sous quel


état devaient être utilisées les drogues végétales. Bien que ce problème
relève surtout de la pharmacie proprement dite et de la chimie, nous
croyons cependant devoir en dire quelques mots.
Il n'est pas douteux que nombre de ces drogues devraient toujours
être employées à l'état frais, ou sous une forme pharmaceutique qui
renfermerait la totalité de leurs principes utiles, sous la forme et au même
état de combinaison que dans le suc du végétal vivant.
La dessication entraîne en effet des modifications profondes dans la
constitution du suc végétal. Celui-ci ne saurait perdre impunément plus
de la moitié de son eau de constitution sans que ses propriétés ne soient
changées dans une. notable proportion.
Les molécules complexes dans lesquelles entrent pour une part, les
principes actifs cristallisés qu'on en extrait, n'ont pas toujours la même
action thérapeutique que ces derniers; cela est indéniable pour bon nombre
de drogues, aussi conseillerons-nous de toujours employer, quand cela sera
possible la plante fraîche, et quand on devra s'adresser aux drogues des-
séchées, celles-ci devont être toujours récentes. Un herboriste conciencieux
ne s'approvisionnera que de la quantité nécessaire pour attendre une pro-
chaine récolte.
XXVIII Introduction

Conclusions

Pour terminer cette série de généralités concernant les plantes médi-


cinales indigènes, nous ne retiendrons que les faits importants qu'il devient
possible de résumer ainsi:
Les drogues, végétales qu'on devra préférer, seront celles qui, judicieusement
choisies au point de vue de la nature de l'organe (racine, feuille, fleur, semence,
etc.) auront été récoltées sur des plantes sauvages végétant dans leur station
naturelle et sous leur climat habituel, d'âge adulte, absolument saines, c'est-à-dire
ni jaunies, ni étiolées, ni attaquées par les parasites végétaux ou animaux. Quant
on ne pourra les utiliser à l'état frais, leur dessication s'opérera avec les plus
grands soins, rapidement, en évitant l'action de la trop grande lumière et à basse
température. Pour assurer leur conservation, on les placera dans des conditions
telles qu'elles soient à l'abri de la lumière, de l'humidité et des poussières et on
en renouvellera la provision chaque année sans faute.

Em. PERROT
Professeur à l'École supérieure de Pharmacie de Paris
Docteur ès Sciences.
Aperçu desplanches coloriées hors-texte

PI. I PI. VII


Fig. I a. Agaric femelle. Polypore amadou- Fig. 1 a. Chiendent. Triticum repens L.
rier. Polyporus fomentarius Fries. » » b. Epillets en floraison.
» » b. Le même, en coupe. » 2 a. Froment. Triticum vulgare Villars.
». 2. Agaric purgatif. Agaric du mélèze. » » b. Epi mûr.
Polyporus officinalisFries. » 3. Orge. Hordeum vulgare.
» 3. Vesse-de-loup.LycoperdonbovistaL.
» 4 a. Seigle ergoté. Clavicepspurpurea PI. VIII
Tulasne.
» » b. Ergot de seigle. Sphacelia segetum. Fig. I a. Acore. Acorus calamus L.
» » b. Rhizome
PI. II » » c. Spadice.
» 2 a, Gouet. Arum maculatum L,
Fig. 1. Mousse d'Islande. Cetraria islandica » » b. Disposition des baies..
Acharius.
» 2. a. Fougère mâle. Aspidium filix mas PI. IX
Sivartz.
»- 2 6. Portion de rhizome. Fig. 1 a. Hellébore blanc (part, infér.). Ve-
» 3. Polypode. Polypodium vulgare L. ratrum album L.
» » b. Partie sup. en floraison.
PI. III » 2 a. Colchique en fleur. Colchicumau-
tumnale L.
Fig. 1. Prêle des champs. Equisetum ar- » » b. Disposition des feuilles et des fruits.
vense L. » 3 a. Oignon (partie infér.). AlliumcepaL.
» 2. Lycopode. Lycopodiumclavatum L. » » b. Oignon en floraison.
PI. IV PI. X
Fig. 1. Mélèze. Larix decidua Miller. I a. Aloès (feuilles).AloësoccotrinaLam.
» 2 a. Pin sylvestre (rameaux en floraison). Fig.
Pinus silvestris. » » b. Inflorescence.
» » b. Cône du pin sylvestre. » 2 a. Scille maritime en floraison. Urgi-
» nea maritima Baker.
3 a. Epicéa (rameau en floraison). Picea » » b. Feuilles radicales.
excelsa Link. »
» » b. Cône de l'épicéa. 3. Oignon de. mer. Ornithogalum scil-
» loïdes Jacquin.
4 a. Sapin blanc. Abiesalba Miller.
» » b. Cône du sapin. PI. XI
PI. V Fig. I a. Asperge. Asparagus officinalisL.
» » b. Feuilles et baies.
Fig. 1. Genévrier. Juniperus commuaisL. » 2 a. Parisette. Paris quadrifolius L.
» 2. Sabine. Juniperus sabina L.
» 3 a. If commun. Taxus baccata L. » » b. Baie de la parisette.
» » b. Fruit (strobile), ouvert.
» 4. Thuya. Thuja occidentalisL, PI. XII
PI. VI Fig. I a. Agavé (feuilles)Agaveamericana L.
» » b. Agavé en fleur.
Fig. I. Avoine. Avena saliva L. » 2. Safran. Crocus sativus L.
» 2 a. Ivraie. Lolium temulentumL. » 3 a. Flambe. Iris germanica L. (par. in.)
» » b. Partie supérieure. » ». b. Flambe en floraison.
VI Aperçu des planches coloriées
PI. XIII PI. XXII
Fig. I. Ovchis militaire.Orchis Rivini Gouan. Fig. 1 a. Clématite dressée (rameau en flo-
» 2. Orchis bouffon. Orchis morio L. raison). Clematis recta L.
» 3. Orchis tacheté. Orchis maculata L. » » b. Rameau fructifère.
» 2. Renoncule scélérate. Ranunculus
PI. XIV sceleratus L.
Fig. 1 a. Noyer (rameau et fruits) Juglans PI. XXIII
regia L.
» » b. Chaton mâle. Fig. I a. Epine-vinette en floraison. Bsrberis
» » c. Fleur femelle, vulgaris L.
» 2 a. Peuplier noir. Populus nigra L. » » b. Epine-vinette à maturité.
» » b. Rameau florifère (femelles). » 2 a. Laurier enfloraison. Laurus nobilis L.
» 3. Osier rouge. Salix purpurea, L. » » b. Fleur détachée.
» » c. Rameau garni de fruits.
PI. XV » » d. Coupe transversale d'une baie.
» 3 a. Chélidoine. Chelidonium majus L.
Fig. 1 a. Chêne (rameau en floraison). Quer- » » b. Racine de chélidoine.
cus pedunculata Ehr.
» » b. Chêne (rameau fructifère).
» 2. Chanvre (plante mâle). Cannabis PI. XXIV
saliva L. Fig. 1. Coquelicot. Papaver rhoeas L.
» 2. Pavot somnifère. Papaver somni-
PI. XVI ferum L.
Fig. 1. Houblon. Humulus lupulus L. ». 3. Fumeterre. Fumaria officinalis L.
» 2. Figuier. Ficus carica L.
» 3. Ortie. Urtica dioica L. PI. XXV
Fig. 1 a. Raifort en floraison. Cochlearia ar-
PI. XVII moracia L.
Fig. I. Gui. Viscum album L. » » b. Feuille radicale de raifort.
» 2. Cabaret. Asarum europoeum L. » » c. Racine de raifort.
» 3. Aristoloche. AristolochiaclematitisL. » 2 a. Cranson officinal. Cocklearia offici-
nalis L.
PI. XVIII » » b. Fleur, grossie.
» 3 a. Vélar. Sisymbrium officinale Scopoli.
Fig. I a. Rhubarbe (feuilles). Rheum rhapon- » » b. Rameau fructifère.
ticum L.
» » b. Rhubarbe en floraison. PI. XXVI
» » c. Fleur détachée.
» 2. Bistorte. Polygonum bistorta L. Fig. 1. Moutarde noire. Brassica nigra Koch.
» 2. Cresson de fontaine. Nasturtium
of-
PI. XIX ficinale R. Brown.
» 3 a. Bourse-à-pasteur, Capsella
1. Renouée. Polygonum aviculare L. storis Moench. bursa pa-
Fig.
» 2 a. Saponaire. Saponaria officinalis L. » » b. Fruit détaché.
» » b. Saponaire en floraison, » 4. Rosselis. Drosera rotundifolia L.
» 3 a. Pivoine. Poeonia officinalis L.
» » b. Pivoine en pleine floraison. PI. XXVII
Fig. 1. Joubarbe. Sempervivum tectorum L.
PI. XX » 2 a. Cassis en floraison. Ribes
» » b. Rameau fructifère. nigrum L.
Fig, 1. Hellébore noir. Helleborus niger L.
» 3. Groseillier rouge. Ribes rubrum L.
» 2. Hellébore vert. Helleborusviridis L.
» 3. »
Actée. Actoea spicata L. 4 a. Pommier
lus L. (inflorescence) Pirus ma-
» » b. Fruit.
PI. XXI
Fig. 1 a. Aconit en floraison. Aconitum na- PI. XXVIII
pellus L. Fig. 1 a. Cognassier (rameau fleuri) Pirus
» » b. Tubercules de l'aconit.
». 2 a. Pulsatille en floraison. Pulsatilla cydonia L.
» » b. Rameau fructifère,
vulgaris Mil. » 2. Ronce commune. Rubus fruticosus L.
» » b. Feuille de pulsatille.
» » c. Fruit de pulsatille. » 3 a. Framboisier (rameau en floraison)
» 3. Pulsatille des champs. Pulsatilla Rubus idoeus L.
» » b. Rameau fructifère.
pratensis Mil. » 4. Fraisier. Fragaria vesca L.
Aperçu des planches coloriées. VII
Pl. XXIX Pl. XXXVII
Fig. I. Potentille rampante. Potentilla rep- Fig. 1. Lin purgatif. Linum catharticum L.
tans L. » 2 a. Lin cultivé. Linum usitatissimumL.
» 2 a. Tormentille. Tormentilla erecta L. » » b. Racine.
» » b. Coupe de la racine.
» 3. Ansérine. Potentilla anserina L. Pl. XXXVIII
Pl. XXX Fig. I. Rue. Ruta graveolensL.
» 2. Oranger en floraison. Citrus auran-
Fig. 1 a. Benoîte. Geum urbanum L. tium L.
» » b. Capitule fructifère. » » a. Fruit.
» 2 a. Filipendule. Filipendula hexapetala » « b. Coupe du fruit.
Gilibert. » 3 a. Citronnier. Citrus limonium Risso.
» » b. Inflorescence. » » b. Coupe d'un fruit.
» 3. Reine des prés. Spirea ulmaria L.
Pl. XXXIX
Pl. XXXI
Fig. 1. Polygale amer. Polygala amara L.
Fig. I a. Alchémille. Alchemilla vulgaris L. » 2. Polygale commun. Polygala vulga-
» » b. Inflorescence. ris L.
» 2 a. Aigremoine. Agrimoniaeupatoria L » 3 a. Ricin en floraison. Ricinus commu-
» » b. Racine nis L.
» » b. Fruit.
» » c. Graine.
Pl. XXXII
Fig. I a. Sanguisorbe. Sanguisorba officina- Pl. XL
lis L.
» » b. Inflorescence. Fig. 1 a. Marronnier en floraison. Aesculus
» 2. Eglantier. Rosa canina L. hippocastanumL.
» 3. Rose. Rosa centifolia L. » » b. Fruit.
» 2 a. Nerprun en floraison. Rhamnus ca-
Pl. XXXIII thartica L.
» » b. Disposition des fruits.
Fig. 1 a. Griottier noir (ram. fleuri). Prunus » 3 a. Bourdaine. Frangula alnus Mil.
cerasus L, var. Ehr. » » b. Rameau fructifère.
» » b. Rameau garni de fruits.
» 2 a. Prunier domestique (ram. fleuri). Pl. XLI
Prunus domesticaL.
» » b. Rameau avec fruits. Fig. I a. Vigne. Vitis vinifera L.
» » b. Grappe de raisins.
» 2 a. Tilleul en floraison. Tilia platyphyl-
Pl. XXXIV los Scopoli.
Fig. I a. Prunellier en fleurs. Prunus spino- » » b. Rameau fructifère.
sa L. » 3 a. Tillet en floraison. Tilia ulmifolia
» » b. Rameau garni de fruits. Scopoli.
» 2 a. Amandier commun en floraison. » » b. Fruit.
Amygdalus communis.
» » b. Rameau fructifère. Pl. XLII
» 3. Arrête-boeuf. Ononis spinosa L.
Fig. 1 a. Mauve commune. Malva neglecta
Pl. XXXV Wallroth.
» » b. Fleur.
Fig. 1. Mélilot. Melilotus officinalis Des- » 2. Mauve sauvage. Malva silvestris L.
rousseaux.
» 2. Fenugrec. Trigonella foenum groe- Pl. XLIII
cum L.
» 3. Vulnéraire. Anthyllis vulneraria L. Fig. 1 a. Guimauve. AlthoeaofficinalisL.
» » b. Etamines et pistils.
Pl. XXXVI » » c. Ovaire.
» 2 a. Rose trémière. Althoearosea Cava-
Fig. I a. Réglisse. Glycyrrhiza glabra L. nilles.
» » b. Inflorescence. » » b. Fruit.
» » c. Racine. » » c. Coupe longitudinale du fruit.
» 2. Pain de coucou. Oxalis acetosellaL. » » d. Loge du fruit.
VIII Aperçu des planches coloriées
PI. XLIV PI. L
Fig. I. Millepertuis. Hypericum perfora- 1 a. Grande pimprenelle. Pimpinella ma-
Fig.
tum L. gna L.
» 2. Violette odorante. Viola odorata L. »» b. Fleur.
» » » c. Fruit.
3 a. Violette tricolore. Viola tricolor L. » 2 a. Petit boucage. Pimpinella saxi-
» » b. Capsules.
fraga L.
» » b. Fleur.
PI. XLV
I a. Bois-gentil en floraison. Daphne ?ne- PI. Ll
Fig.
zereum L. Fig. 1 a. Fenouil. FoeniculumofficinaleAllioni.
» » b. Rameau fructifère feuille. » » b. Racine.
» » c. Coupe d'une fleur. » » c. Fleur,
» 2. Salicaire en floraison. Lythrum sa- » » d. Fruits.
licaria L. » 2 a. Fenouil d'eau. Oenanthephellandrium
Lamark.
» » b. Coupe de la partie inférieure.
PI. XLVI » » c. Fleur.
» » d. Pistil.
Fig. I a. Sanicle (partie infér.). Sanicula eu-
ropea L.
» » b. Inflorescence. PI. LII
» 2 a. Ache des marais en floraison. Apium
graveolens L. Fig. 1 a. Ciguë des jardins. Petite ciguë.
» » b. Fleur. Aethusa cynapium L.
» » c. Racine. » » b. Feuille caulinaire inférieure."
» » c. Portion de la tige.
» » d. Fleur.
» » e. Fruit.
PI. XLVII » 2 a. Baudremoine. Meum athamanticum
Fig. I a. Persil (feuille radicale). Petroselinum Jacquin (partie infér.)
sativum Hoffm. » » b. Fleurs et fruits.
» » b. Inflorescence. » » c. Fleur.
» » c. Fruit. » » d. Fruit.
» 2 a. Ciguë. Conium maculatum L.
» » b. Fleur. PI. LII
» » c. Fruit.
» 3. Petite ciguë. (Ombelle) Aethusa cy- Fig. 1 a. Angélique sauvage. Angelica silves-
napium L. Voir Pl. 52. tris L.
» » b. Fleur.
» » c. Déhiscence du fruit.
PI. XLVIII » 2 a. Archangélique. Archangelica
nalis Hoffmann, offici-
Fig. 1 a. Ciguë aquatique en floraison. Cicu- » » b. Fleur.
ta virosa L. » » c. Fruit partagé.
» » b. Feuille.
» » c. Racine.
» » d. Coupe longitudinale de la racine. PI. LIV
» » e. Ovaire. Fig. I a. Livèche. Ligusticum levisticum L.
» » f. Fruit. » » b. Fleur.
» » c. Fruit partagé.
» » d. Racine.
PI. XLIX « 2 a. Impératoire.
Imperatoria ostru-
thium L.
Fig. 1 a. Carvi (partie infér.). Carum carvi L. » » b. Fleur.
» » b. Inflorescence. » » c. Fruit partagé.
» » c. Fleur.
» » d. Ombelle de fruits.
» » c. Fruit. PI. LV
» » f. Fruit après déhiscence.
» 2 a. Anis (feuille). Pimpinella anisum L. Fig. 1 a. Peucédan off. en floraison. Peuce-
» » b. Inflorescence. cedanum officinale L.
» » b. Fleur.
» » c. Fleur. » » c. Ombelle de fruits.
» » d. Pistil.
» » d. Fruits.
Aperçu des planches coloriées IX
Fig. 2 a. Coriandre. Corandrium sativum L. Fig. 2 a. Lierre terrestre. Glechomahedera-
» » b. Fleur. ceuinL.
» » c. Fleur périphérique. » » b. Inflorescence.
» » d. Maturité. » 3 a. Brunelle. Brunella vulgaris L.
» » e. Fruit. » » c. Fleur détachée.
PI. LVI PI. LXIII
Fig. I. Lédon des marais. Ledumpalustre L. Fig. 1 a. Lamier blanc. Lamium album L.
» 2 a. Myrtille en floraison. Vaccinium » » b. Calice et corolle.
myrtillus L. » 2 a. Bétoine. Betonica officinalisL.
» » b. Rameau fructifère. » » b. Calice et corolle.
» 3 a. Airelle rouge en floraison. Vacci- » 3 a. Sauge. Salvia officinalisL.
nium vilis Idoea L. » » b. Fleur détachée.
» » b. Rameau fructifère.
» 4. Busserole. Arctosiaphylos officinalis
Wimmer. PI. LXIV

PI. LVII Fig. 1. Romarin. Partie sup en floraison.


Rosmarinus officinalisL.
1. Primevère. Primula officinalis » 2 a. Mélisse en floraison Melissa offici-
Fig. nalis L.
Jacquin. » » b. Partie inférieure:
» 2 a. Frêne fleuri, en floraison. Fraxinus
ornus L. » » c. Calice et corolle,
» » b. Grappe de fruits. » 3 a. Hysope. Partie sup. en floraison.
» » c. Fruits détachés. Hyssopus officinalis L.
» » b. Calice et corolle.
Pl. LVIII
PI. LXV
Fig. 1 a. Petite centaurée. Erythroea centau-
rium Persoon. Fig. 1 a. Marjolaine. Origanum majorana L.
» » b. Fleur. » » b. Epillet de fleurs.
» 2 a. Gentiane en floraison. Gentiana » » c. Corolle.
lutea L. » 2 a. Marjolaine sauvage en floraison.
» » b. Racine. Origanumvulgare L.
» » b. Inflorescence (demi-verticille).
PI. LIX » 3 a. Serpolet. Thymus serpyllum L.
» » b. Fleur femelle détachée.
Fig. I. Ményanthe. Menyanthestrifoliata L. » » c. Fleur mâle détachée.
» 2 a. Consoude en floraison. Symphytum
officinaleL. PI. LXVI
» » b. Souche.
» » c. Consoude à fleurs blanches.
Fig. 1 a. Thym. Thymus vulgaris L.
» » b. Fleurs femelles.
PI. LX » 2 a. Menthe aquatique. Mentha aquati-
I a. Bourrache. officinalisL. ca L.
Fig. Borrago » » b. Sommité fleurie.
» » b. Inflorescence. » » c. Fleur hermaphrodite.
» 2 a. Buglosse. Anchusa officinalisL. » 3 a. Menthe frisée. Mentha crispa L.
» » b. Calice. » » b. Fleur femelle.
» » c. Corolle.
PI. LXI PI. LXVII
Fig. 1. Pulmonaire. Pulmonaria officinalisL. Fig. 1 a. Menthe poivrée en floraison. Men-
» 2 a. Verveine. Verbena officinalisL. tha piperita L.
» » b. Inflorescence, grandeur naturelle. » » b. Fleur mâle.
» » c. Corolle grossie. » 2 a. Lavande. Lavandula vera De Can-
» » d. Partie de la tige montrant les cali- dolle.
ces et les fruits, qu'ils renferment. » » b. Fleur, grossie.
» 3 a. Jusquiame en floraison. Hyoscyamus
PI. LXII niger L.
» » b. Racine.
Fig. I a. Marrube. Marrubium vulgare L. » » c. Calice et fruits.
» » b. Calice et fleur. » » d. Calice et fruits, coupe.
X Aperçu des planches coloriées
PI. LXVIII Fig. 2 a. Euphraise. Euphrasia officinalis L.
» » b. Fleur détachée.
Fig. I a. Tabac. Sommité fleurie. Nicotiana
tabacum L. PI. LXXIV
» » b. Fruit.
» » c. Coupe transversale du fruit. Fig. 1 a. Plantain lancéolé. Plantago lanceo-
» » d. Graine. lata L.
» 2 a. Belladone. Sommité fleurie. Atropa » » b. Rameau florifère.
belladonna L. » 2 a. Aspérule odorante. Asperula odo-
» » b. Baie. rata L.
» » b. Fleur détachée grossie.
PI. LXIX
Fig. I a. Douce-amère en floraison. Solanum PI. LXXV
dulcamara L.
» » b. Fleur. Fig. I a. Gaillet jaune. Galium verum L.
» » c. Coupe de la fleur, » » b. Corolle grossie.
» 2 a. Morelle noire en floraison. Solanum » 2 a. Gaillet grateron. Sommité fleurie.
nigrum L. Galium aparine L.
» » b. Fleur en bouton et fleur épanouie. » » b. Corolle.
» » c. Coupe transversale du fruit. » » c. Gaillet grateron à maturité.
». » d. Graine. » » d. Partie inférieure et racine.
» » e. Coupe longitudinale de la graine.
PI. LXXVI
PI. LXX
Fig. I a. Pomme de terre. Solanum tube- Fig, I a. Sureau en floraison, Sambucus ni-
rosum L. gra L.
» b. Fleur. » » b. Fleur.
» » » c. Disposition des baies.
» » c. Coupe de la fleur. » » d Baie.
» » d. Coupe transversale du fruit.
» 2 a. Stramoine. Datura stramonium L. » 2 a. Petit sureau (hièble). Sambucus ebu-
» » b. Fruit. lus L.
» » c. Coupe transversale du fruit. » » b. Fleur détachée.
» » d. Graine grandeur naturelle et graine » » c. Disposition des baies.
» » d. Coupe transversale d'une baie.
grossie.
PI. LXXI PI. LXXVII
Fig. I. Bouillon blanc. Sommité fleurie. Fig. 1 a. Valériane en floraison. Valeriana
Verbascum thapsus L. officinalis L.
» 2. Faux bouillon blanc. Sommité fleu-
rie. Verbascum thapsiforme Schr. » » b. Partie inférieure de la tige, souche
et stolons.
» 3. Linaire commune en floraison. Li- » » c. Fleur détachée.
naria vulgaris Miller. » » d. Coupe longitudinale de la fleur.
» » e. Fruit.
PI. LXXII » » f. Fruit.
» » g. Coupe longitudinale du fruit.
Fig. 1 a. Gratiole. Gratiola officinalis L.
» » b. Maturité.
» 2 a. Véronique aquatique. Veronica bec- PI. LXXVIII
cabunga L. Fig. 1 a. Vigne blanche. Bryonia alba L.
» » b. Fleur grossie. » » b. Disposition des fruits.
» 3 a. Véronique mâle. Veronica officina- » 2 a. Bryone dioïque, Bryonia dioïca
lis L.
» » b. Fleur grossie. Jacquin.
» » b. Racine.
» » c. Disposition des fruits sur la
PI. LXXIII tige.
Fig. 1 a. Digitale pourprée en floraison. Di-
gitalis purpurea L. PI. LXXIX
» » b. Feuilles inférieures.
» » c. Calice et pistil. Fig. 1. Verge d'or en floraison. Solidago
» » d. Coupe longitudinale d'un ovaire. virga aurea L.
» 2 a. Pâquerette,. Bellis perennis L.
» » e. Coupe transversale d'un ovaire, » » b. Inflorescence.
» » f. Fruit à maturité. » 3. Chardon-bénit. Sommité fleurie. Cni-
» » g. Graine. cus benedictus L.
Aperçu des planches coloriées XI
PI. LXXX Fig. 2 a. Arnica. Arnica montana L.
» » b. Pédoncule et involucre florifère.
Fig. I a. Aunée. Sommité fleurie. Inula hele- » » c. Fleur détachée.
nium L.
» » b. Coupe d'un capitule de fleurs.
» » c. Racine. PL LXXXIV
» 2 a. Millefeuille. Achillea millefoliumL.
» » b. Inflorescence grossie. Fig. I a. Grand souci. Sommité fleurie. Ca-'
lendula officinalisL.
» » b. Disposition des fruits.
PI. LXXXI » 2 a. Bardane à grosses têtes en florai-
Fig. I a. Petite camomille. Part. super. Ma- son. Lappa major Goertner.
tricaria chamomilla L. » » b. Racine.
» » b. Partie inférieure.
» » c. Coupe d'un capitule.
» 2. Tanaisie. Tanacetum vulgare L. PI. LXXXV
Fig. I a. Chicorée sauvage. Sommité fleurie.
PI. LXXXII Cichorium intybus L.
- Fig. I a. Absinthe. Sommité fleurie. Artemi- » » b. Partie inférieure.
' » » c. Fleur en bouton.
sia absinthium L. » » d. Aspect du calice.
» » b. Partie inférieure. » 2 a. Pissenlit. Taraxacum officinale
» 2 a. Tussilage. Pas d'âne. Tussilago far- Weber.
fara L. » » b. Maturité.
» » b. Feuille.
» » c. Disposition des fruits.
» » d. Akène détaché. PI. LXXXVI
Pl. LXXXIII Fig. I a. Laitue vénéneuse. Lactuca virosa L.
» » b. Disposition des feuilles.
Fig. I a. Pétasite offic. Petasites officinalis » » c. Coupe longitudinale d'un capitule.
Moench. » » d. Fleur détachée,
» » b. Coupe longitudinale de la souche. » » e. Akène.
des illustrations figurant dans le texte
Aperçu

Flouve odorante. Anthoxanthum odoralum L. Carotte commune. Daucus carota L.


Ail. Allium sativum L. Mouron. Anagallis arvensis L.
Sceau de Salomon. Polygonatum officinale Dompte-venin. VincetoxicumofficinaleMoench.
Allioni. Grémil. Lithospermum officinale L.
Muguet. Convallaria majalis L. Ivette. Ajuga chamoepitysSchreber.
Taminier. Tamus communisL. Germandrée. Teucrium chamoedrys L.
Hellébore fétide. Helleborusfoetidus L. Calament. Calamintha officinalis Moench.
Nigelle cultivée. Nigella saliva L. Coqueret. Physalis alkekengi.L.
Ficaire. Ranunculus ficaria L. Tomate. Eycopersicum esculentum Miller.
Sanguisorbe. Sanguisorba minor Scopoli. Morelle à oeufs. Solanum ovigerum Dunal.
Merisier. Cerisier des oiseaux. Prunus avium L. Molène blattaire. Verbascum blattaria L.
Merisier à grappes. Putier. Prunus padus L. Herbe aux écrouelles. Serophularia nodosa L.
Herbe à Robert. Geranium Robertianum L. Fausse germandrée. Veronica chamoedrys L.
Mauve alcée. Malva alcea L. Grassette. Pinguicula vulgaris L.
Myricaire. Myricaria germanica Desvaux. Garance. Rubia tinctorum L.
Lauréole. Daphne laureola L. Gaillet blanc. Galium mollugo L.
Panicaut. Eryngium campestre L. Sureau à grappes. Sambucus racemosa L.
Podagraire. Aegopodium podagraria L. Viorne mancienne. Vibumum lantana,
Ammi. Ammi majus L.
Cerfeuil. Anthriscus cerefolium L. Scabieuse tronquée. Succisa pratensis Moench.
Aneth puant. Anethum graveolens L. Raiponce. Campanula rapunculus L.
Athamanthe de Crète. Athamanta cretensisL. Eupatoire. Eupatorium cannabinum L.
Silaus des prés. Silaus pratensis Besser. Gnaphale. Helichrysumarenarium De Candolle-
Rue des eaux. Oenanthe fistulosa L. Armoise. Arlemisia vulgaris L.
Peucédane oréosélin. Peucedanum oreoselinum Bluet. Cenlaurea cyanus L.
Moench. Salsifis. Tragopogon pratensis L.
Acotylédones

Acotylédones cellulaires thallophytes

Champignons

Famille des de tous les polypores, celui qui donne


le meilleur amadou et le plus fin.
Polyporés Emploi. Off. Fungus chirurgorum, usité
PI. 1. Fig. I. Amadou. Agaric femelle. pour arrêter les hémorragies. Ne pas le con-
fondre avec une qualité inférieure se trou-
Bolet à amadou. Polypore amadourier- vant également dans le commerce, et qui
Polyporus fomentarius. Boletus fomenta- est fournie par le Polyporus ignarius Fr., le
rius L. Boletus ungulatus. Pyreium un- faux amadou. Celui-ci, vendu couramment
sous le nom d'amadou, contient toujours une
gulatum. proportion assez notable de salpêtre, de sor-
Champignon d'abord en coussinet, te qu'il est bon de ne l'appliquer sur une
très irrégulier, assez dur au toucher, plaie qu'après l'avoir ramolli, lavé à l'eau,
et séché à nouveau.
qui s'attache aux troncs d'arbres. Son
épiderme, à l'origine d'un jaune brun PI. I. Fig. 2. Agaric purgatif. Agaric des
finement feutré, devient lisse, puis passe
au gris fauve. Sa chair est d'un brun pharmaciens. Agaric blanc. Agaric du mé-
lèze. Polypore officinal. Polyporus offici-
roux ferrugineux et sa partie inférieure, nalis. Boletus laricis. Bolet du mélèze.
l'hyménium, est formée d'un ensemble C'est un champignon en coussin
de petits tubes très minces, terminés dont la forme est excessivement va-
par des pores étroits, très stratifiés, riable (sabot de cheval,. cône, miche
d'abord d'un gris verdâtre, puis cou- de pain, etc.) La surface est bosselée,
leur rouille.
presque glabre, cerclée de sillons pro-
L'amadou vit plusieurs années, cha- fonds, et agrémentée de zones jaunes,
que année ajoutant une nouvelle couche blanchâtres et brunâtres. Son épider-
de tubes aux anciens et un anneau me est dur et devient cassant avec
circulaire marqué par un profond sillon. l'âge. L'hyménium est formé de tubes
On le rencontre sur les chênes de courts, très fins, terminés par des po-
l'Allemagne, de la Hongrie, de la res petits, empâtés, d'abord d'un blanc
Bohême, de la Suisse, etc. etc.; mais jaunâtre, puis brunâtre. Sa chair, molle
il préfère de beaucoup les troncs des et fibreuse dans le champignon frais,
vieux hêtres. La cueillette s'en fait en devient subéreuse par la dessication.
août et septembre — principalement L'agarie purgatif, assez rare chez
en Bohême et en Hongrie — et il n'est nous, est commun dans les Alpes, où
pas rare d'en rencontrer des exem- il croît sur les mélèzes. Les spores
plaires atteignant 50 cm. de diamètre. provoquent l'éternûment. Il a une
Pour s'en servir, on enlève l'épiderme odeur particulière de farine moisie et
et la partie inférieure, les pores. Le une saveur d'abord douceâtre, mais
reste, coupé en morceaux, est lavé et bientôt très amère et nauséeuse.
ramolli dans une lessive de cendres, Emploi, L'agarie du mélèze, off, Agaricus
puis séché et battu au maillet. C'est, aïbus, se prend en infusion (7,5—10gr.) ou
Famille: Licoperdonés. Hypocréacées.
en pilules (0,06 gr.). C'est un purgatif dras- les fleurs attaquées par les spores au
tique en même temps qu'un emménagogue moment de la floraison du seigle, on
et un pectoral qui entre dans la composition voit apparaître, au sommet de l'ovaire,
de l' èlixir de longue vie des pharmaciens
(Tinctura aloes composita: aloès 30, agaric un mycélium filamenteux de consistan-
blanc 5, myrrhe 6, racine de gentiane 5, rhu- ce muqueuse, la sphacélie de Leveillé.
barbe 5, safran 5, zédoaire 5, alcool dilué Cette sphacélie donne naissance à des
1000 parties.) Les herboristes ne le recom- ovoïdes qui peu-
mandent qu'additionné de vin, de gingembre, corps reproducteurs
de clous de girofle ou d'eau de lavande : vent reproduire le cryptogame. Quand
il agit alors d'une manière efficace dans les ces corps, se sont détachés,-emportés
affections catarrhales en résolvant les mu- par la pluie ou par le vent, la spha-
cosités et les glaires. célie continue à végéter et produit un
Famille des nouveau mycélium qui est l'ergot pro-
Lycoperdonés prement dit, le Sclérotium clavius De
Candolle. Cet ergot mesure I-3 cm. de
PI. 1. Fig. 3. Vesse-loup géant. Vesse-
longueur et environ 3 mm. d'épaisseur;
de-loup. Lycoperdon bovista L Bovista il est d'un noir violet à l'extérieur,
gigantea. Globaria bovista. grisaille à. l'intérieur, plus ou moins
Globuleux, sessile, souvent de la gros-
seur d'une tête, résonnant sous la main arqué, creusé d'un sillon longitudinal,
effilé à ses extrémités. Spongieux à
comme un ballon. D'une glèbe blan- l'état frais, il devient bientôt plus dur,
che et ferme dans la jeunesse, avec
un aspect écailleux, il passe bientôt puis cassant. L'ergot infeste tous les
au jaune, puis au brun, pour crever champs de seigle. Il se récolte en juil-
à son sommet. Les spores mûres for- let, une semaine environ avant la
moisson. Son odeur est nauséeuse et
ment à l'intérieur une masse finement sa saveur
d'un brun olivâtre qui douce-amère, désagréable
poussiéreuse et persistante.
s'envole en fumée sous le pied du
passant. Emploi. L'ergot de seigle, offic. Secalecor-
La vesse de loup croît sur les prai- nutum, est un poison violent qui ne devrait
se trouver qu'entre les mains du médecin.
ries, à la lisière des bois, dans les vi- Il a la propriété d'exciter la contraction des
gnobles, isolée ou en cercles, et a muscles. On s'en sert pour faciliter les ac-
couchements (emménagogue) et pour arrêter
presque toute l'Europe comme habitat. les hémorragies. On le prescrit également
On la récolte en août et septembre. contre certaines maladies sexuelles, contre
Son odeur est particulière, désagréa- les fleurs blanches, la fièvre pétéchiale, les
ble; sa saveur est fade, légèrement affections de la vessie, la phtisie pulmonaire.
saline. Le grain de seigle qui renferme de l'er-
Emploi. La vesse-loup remplace souvent got est désigné sous le nom de seigle ergoté.
l'amadou dans les cas d'hémorragies. L'ho- Si on l'emploie à faire du pain, il détermine
méopathie s'en sert pour combattre les dar- chez l'homme un empoisonnement qui com-
tres humides, les suppurations d'oreilles, les mence par des étourdissements et se termi-
ulcères, les éruptions, la teigne, les sueurs ne par la gangrène sèche des extrémités des
puantes. D'aucuns prétendent que les spores membres et la mort. Autrefois, dans l'ancien-
de vesse-loup sont nuisibles pour les yeux ne Sologne, il n'était pas sans exemple de
et les poumons. En enflammant le nuage de voir une personne empoisonnée par l' ergot
poussière qui sort des vesse-loups, on pro- s'arracher la jambe en ôtant ses bottes, ou
duit une fumée, employée, en Angleterre, la main en enlevant ses gants. Au
moyen-
pour engourdir les abeilles dont on veut âge, l'ergotisme, connu alors sous le nom de
prendre le miel. mal des ardents a dépeuplé des contrées eu.
tières de l'Europe, surtout l'Allemagne. Com-
Famille des me antidotes viennent en première ligne les
Hypocréacées vomitifs, puis le café noir, le quinquina,
l'opium, la Tinctura aromatica.
PI. I. Fig. 4. Seigle ergoté.' Ergot de L'homéopathie en fait usage dans la pra-
seigle. Claviceps purpurea. tique obstétricale, contre les accès de dysen-
Ce champignon présente le phéno- terie, les maladies de la moelle épinière, la
mène des générations alternantes. Dans gangrène sénile, le rachitisme et les hémor-
ragies.
1 a. b. Amadou.
Polyporus fomentarius Fries.

2. Agaric purgatif.
Fries.
Polyporus officinalis

4 a, b. Seigle ergoté.
3. Vesse-loup.
Globaria bovista. Claviceps purpurea Tulasne.
Famille ; Parméliacées.

Lichénoïdes. Lichénées. Lichens.

Famille des important de l'alimentation. On la trou-


Parméliacées ve toutefois dans les régions monta-
gneuses de l'Europe septentrionale et
PI. II. Fig. I. Lichen d'Islande. Mousse centrale, où elle vit sur le sol des
d'Islande. Cetraria islandica Acharius, landes et des forêts de conifères.
Lichen islandicus Linné. On récolte le lichen en été, princi-
La mousse d'Islande est un lichen palement en Thuringe, en Silésie et
fruticuleux qui croît sur la terre et dans le Harz, en ayant soin de reje-
dont les touffes atteignent 5-10 cm. de ter les touffes déjà brunies par l'âge.
hauteur. Ses lobes ramifiés, recourbés Il a une odeur faible et une saveur
vers l'intérieur sur leurs bords, lui très amère et mucilagineuse.
donnent un aspect foliacé. On n'en Emploi. Off. Lichen islandicus. Soit sous
rencontre guère chez nous que la mas- forme de gelée (Gelatina lichenis islandici),
soit en décoction, soit encore mélangé avec
se, le thalle (mycélium et stroma), les du chocolat, en pâte ou en tablettes, le lichen
organes de fructification n'apparais- constitue un excellent remède pectoral. La
sant que dans le Nord et dans les mousse fraîche est traitée de la manière sui-
montagneuses élevées. Ces vante: on en bout 10 gr. dans un litre d'eau;
régions
derniers, d'un brun brillant, sont situés puis on rejette l'eau qui a servi à l'ébullition,
car elle renferme un principe amer, le cétra-
dans des sortes de coupes peu pro- rin. On lave ensuite à l'eau froide et. on fait
fondes appelées périthèces qui occupent bouillir pendant une demi-heure. La tisane
le sommet des lobes. ainsi obtenue est un tonique qui facilite les
La plante tire son nom de l'Islande expectorations tout en calmant la toux. Con-
tre un enrouement et un catarrhe opiniâtres,
où on la recontre en quantités im- bouillir 20-30 gr. dans 1 1/2litre d'eau, dé-
menses, et où elle constitue un facteur canter et recuire pour réduire à 1 litre.
Famille: Polypodiacées.

Acotylédones vasculaires

Fougères

Famille des ne qualité se reconnaît à sa cassure


verdâtre.
Polypodiacées Emploi. On la prescrit en poudre ou en.
extrait d'éther (Extractum Filicis.) Elle est
très réputée comme vermifuge et jouit d'une
PI. 11. Fig. 2. Fougère mâle. Aspidium renommée méritée comme remède efficace
Filix. Polypodium filïx mas L. Polysti- contre le ver solitaire. Prendre dans ce der-
chum Filix mas. nier cas, matin et soir pendant 2 jours, 5-8
La tige de la fougère est un rhi- gr. de poudre de racine et faire suivre d'un
purgatif (huile de ricin) dans la matinée du
zome vivace, traçant, gros comme le 3mejour. Une simple décoction dans l'eau
pouce, et couvert d'écaillés scarieuses. est sans effet. Paul Hariot dit à ce sujet:
Elle donne naissance à de nombreuses « Ce qui a été constaté, et qui est fort inté-
fibres qui font l'office de racines et à ressant, c'est que son activité varie avec le
des ramifications feuillues qui ont reçu pays où on la recueille et avec l'époque où
la récolte a eu lieu. Ses propriétés sont très
le nom de frondes. Ces dernières sont marquées dans les Vosges; elles le sont moins
enroulées en crosse en préfoliation et dans le Jura, les Alpes, les Cévennes, le
leur rachis est garni d'écaillés. Les Puy-de-Dôme, la Bretagne ; elles sont à peu
près nulles en Normandie. Il est indispensa-
graines, appelées spores, sont renfer- ble de la recueillir en été quand les bour-
mées dans des espèces de petits sacs geons sont dans leur entier développement. »
nommés sporanges. Ces sporanges sont (Paris 1900, Atlas colorié des plantes mé-
réunis, en groupes ou sores. Dans la dicinales). Les femmes feront, bien de s'en
abstenir pendant leur grossese, car son em-
fougère mâle, les sores sont recouverts ploi peut provoquer un accouchement pré-
d'une pellicule, l'indusie des botanistes, maturé. Les feuilles ont, dit-on, la propriété
et ils sont situés, sur deux rangs à la d'éloigner les insectes. Le suc du rhizome
frais est excellent contre les brûlures. Con-
partie basiliaire des pinnules. De vieux tre de vieilles ulcérations, saupoudrer de
pieds de fougère peuvent donner de rhizome pulvérisé, ou laver avec le liquide
superbes touffes en entonnoir de plus obtenu en faisant cuire des fragments de
d'un mètre de hauteur. rhizome dans du vin blanc.
Les spores arrivent à maturité de PI. 11. Fig. 3. Réglisse des bois. Poly-
juin en août. podium vulgare. Polypode. Polypode du
Bien qu'appartenant plutôt à la flore Chêne. Réglisse bâtarde.
du Nord, la fougère mâle est très ré- Rhizome horizontal affleurant, tra-
pandue dans les forêts d'Europe. Sa çant, de la grosseur d'une plume d'oie,
racine (rhizome) est recueillie dans les garni d'écaillés d'un brun jaune. Fron-
derniers jours d'automne, dépouillée des pennatipartites, persistantes, à seg-
de ses écailles et des racines secon- ments assez rapprochés, des
portant
daires, pour être conservée une année groupes de sporanges assez gros dis-
au plus dans un endroit sombre. Elle posés sur deux rangs parallèles à la
a une saveur douceâtre, quelque peu nervure moyenne du segment. Les
acerbe et légèrement acre, et sa bon- spores mûrissent de juin en août.
3. Polypode.
Polypodium vulgare L.

2 a, b. Fougère mâle.
Aspidium filix mas Swartz.
1. Mousse d'Islande.
Cetraria islandica Acharius.
Famille : Equisétacées.
Le polypode est une plante plutôt Emploi. Le rhizome du polypode est l'an-
septentrionale qui ne se trouve que tique Radix Polypodii ou Filiculae dulcis de
l'ancienne pharmacopée. Une infusion de rhi-
clairsemée chez nous dans les forêts zome frais, ou une décoction de 20-30gr. de
calcaires, dans le creux des vieux ar- rhizome sec dans un litre d'eau, constituent
bres, dans les puits, sur les vieilles tous deux de légers purgatifs et des remèdes
souches. Son rhizome est recueilli en efficaces contre la toux et l'enrouement.
Les herboristes d'antan préconisaient le
septembre; il a une odeur rance et polypode dans le traitement, de la goutte,
une saveur douce et sucrée qui de- de la mélancolie, de la fièvre quarte, des
vient bientôt amère, désagréable et obstructions de la rate, de la jaunisse, et ils
recommandaient fort d'en donner à manger
nauséeuse. aux porcs pour les préserver de la «maladie».

Equisétacées

PI. III. Fig. I. Prêle des champs. Asprêle. Kneipp, et d'autres herboristes, en disent
le plus grand bien. «Non seulement, disent-
Queue de rat Equisetum arvense L. ils, elle épure la vaisselle, ce qui la fait re-
C'est une plante vivace dont le rhi- chercher des ménagères, mais elle enlève et
zome, cylindrique et noir, s'allonge guérit également les souillures du corps, à
l'intérieur et à l'extérieur. La prêle des
au loin dans le sol et émet de nom-
champs rend, à l'extérieur, des services ex-
breuses tiges aériennes, les unes fer- traordinaires dans les cas de plaies ancien-
tiles, les autres stériles. Les premières, nes, d'ulcères fongueux, de lésions cancé-
au printemps; reuses et même de carie des os. Elle a une
précoces, apparaissent action détersive, résolutive, caustique, sur
elles sont d'un brun-rougeâtre et por- les parties atteintes. On l'emploie ou bien
tent 3-5 gaines très amples, lâches et sous forme de décoction pour les lotions, les
atténuées à la base, blanchâtres infé- emmaillotements et les compresses; ou bien
sous forme de cataplasme, et tant qu'on l'en-
rieurement, brunes en dessus, profon-
dément divisées au sommet en 8-12 veloppe dans des linges mouillés et qu'on
l'applique ainsi sur les parties souffrantes, ou
dents; elles sont surmontées d'un épi bien enfin sous forme de bains de vapeur.
fructifère oblong-cylindrique formé Les services internes de la prêle sont plus
d'écaillés peltées disposées en verticil- multiples encore. Une infusion théiforme,
les et portant chacune, à leur face qui ne peut jamais faire de mal, purifie
l'estomac: on en prend une tasse de temps
inférieure, 4-7 sporanges disposées en en temps (mais pas tous les jours). Elle cal-
cercle. Les tiges stériles apparaissent me les douleurs de la gravelle et de la pier-
plus tard; elles sont vertes, plus grê- re, et remédie principalement aux embarras
les que les précédentes, rameuses-ver- des voies urinaires. Sous ce rapport, elle est
ticillées avec des gaines 3-4 dentées unique, inappréciable. Je ne fais qu'indiquer
ici les bains de vapeur de prêle, qui sont
plus petites que celles des tiges fertiles. un médicament spécifique pour ces infirmités
La prêle â toute l'Europe centrale si fréquentes et si douloureuses. Dans les
saignements et les vomissements sanguins la
pour habitat. Elle vit dans les terrains prêle compte parmi les meilleures tisanes.
humides, sablonneux et marneux. Ino- Celui qui crache le sang devra en prendre
sans délai. Dans les grands saignements du
dore, elle a une saveur astringente, nez on aspire, par le nez, la décoction de
légèrement amère et saline. prêle, à plusieurs reprises: elle a une action
Emploi. La prêle est l' anciennelesHerbaher- astringente et amène une prompte guérison.»
Equiseti arvensis recommandée par La tige des prêles renferme beaucoup de
boristes comme remède contre les affections silice: aussi l'emploie-t-on à polir les bois.
des voies urinaires et les flux de sang.
Famille : Lycopodiacées.

Lycopodiacées

Famille des Le lycopode a l'Europe entière


comme habitat. Il vit parmi les bruyè-
Lycopodes res humides, à l'ombre des conifè-
PI. III. Fig. 2. Herbe aux massues. res, dans les terrains graveleux. La
Lycopode en massue. Patte de loup. Sou- poudre allemande est, dit-on, préféra-
fre végétal. Lycopodium clavatum. ble aux poudres russes et polonaises.
Le lycopode est une plante vivace
dont la tige rampante émet des ra- Emploi. Off. Lycopodium. Semenlicopodii.
Poudre de rycopode. On l'emploie pour rou-
meaux ascendants, stériles ou florifères, ler les pilules et saupoudrer les excoriations
entièrement garnis de feuilles linéaires- qui surviennent à la peau des jeunes enfants
lancéolées, raides, terminées par une ou des personnes depuis longtemps alitées.
soie blanchâtre et étroitement imbri- Ramollie dans l'eau, Emulsio lycopodii, ou
encore en décoction de 1-3 gr., la poudre de
quées en spirale. Les rameaux florifères lycopode est prescrite contre la pierre, la
sont plus allongés que les autres, gar- gravelle, les catarrhes de vessie, les cram-
nis de feuilles plus espacées et ordinai- pes, rhumatismes, diarrhées. La plante elle-
rement bifurquées au sommet en 2 pédi- même, bouillie dans du vin, produit les mê-
mes effets. Mathiolus dit, en principe, qu'on
celles portant chacun un épi cylindrique. fera bien d'employer la poudre de lycopode
Ce dernier est composé de brac- chaque fois qu'il s'agira de rafraîchir ou de
tées dans lesquelles se forment les sécher; on en saupoudrera donc les blessu-
res légères ainsi que les régions endomma-
sporanges. La masse des spores donne
une sorte de poudre farineuse jaune gées par un embompoint excessif, le frotte-
ment ou une humidité irritante. L'Homéopa-
pâle, très mobile, douce au toucher, thie s'en servirait pour combattre les érup-
sans odeur ni saveur, facilement in- tions herpétiques, la plique, la rougeur des
flammable, et qu'on obtient aisément paupières, les croûtes du nez, les ëcorchu-
en battant les épis mûrs. Comme le res, les oreilles coulantes, les écrouelles, les
maladies sexuelles, la carie des os et les
commerce ne livre que trop souvent noeuds articulaires.
de la poudre de lycopode qui ne tient A cause de son extrême inflammabilité
du lycopode que le nom, il est bon, et de la vive lueur qu'elle projette en brû-
ne pas être dupé, de recueillir lant, on fait entrer la poudre de lycopode
pour
les épis soi-même à leur maturité dans la composition d'un grand nombre de
(août et septembre). pièces d'artifice et on s'en sert, dans les
théâtres, pour simuler les éclairs.
2. Lycopode en massue.
Lycopodium clavatum L.

1. Prêle des
champs.
Equisetum arvense L.
Famille : Conifères.

Gymnospermes; Polycotylédones

Famille des balsamique, rappelant un peu celle du


Conifères citron.
Emploi. La térébenthine de Venise est offic.
PI. IV. Fig. I. Mélèze. Pinus larix L. sous le nom de Terebenthina veneta._C'est
un baume épais, de la couleur du miel, lim-
Larix europea. Larix decidua Miller. pide ou seulement un peu trouble et qui ne
Arbre à écorce cendrée, crevassée ; devient pas grenu en se desséchant. Comme
à branches horizontales; à ramules toutes les térébenthines, elle s'emploie à l'ex-
teneur comme stimulante et révulsive, et à
grêles et pendantes; au tronc droit,
l'intérieur, à la dose de 1/2à 2 gr., comme,
pyramidal, pouvant atteindre de 20-40 anticatarrhale, diurétique, antihémorragique,
m. de hauteur. Feuilles d'un vert gai, antinévralgique et antirhumatismale.
obtuses, molles, étroites, se renouve- Elle sert en outre: I° à la préparation
lant chaque année, d'abord disposées d'un sirop de térébenthine (Sirupus Térében-
thines: térébenthine I partie, sirop simple 10
par fascicules latéraux, puis, plus tard, parties) que vous pouvez préparer vous mê-
s'espaçant plus ou moins par l'allon- me en plaçant les 11 parties dans un vase
gement du rameau. Le mélèze est couvert, en faisant digérer pendant. trois
un végétal monoïque: il a, sur le mê- heures, en agitant souvent, en compensant
la déperdition avec de l'eau et en filtrant
me pied, des fleurs mâles et des fleurs après refroidissement; 2° à la préparation
femelles, toutes deux disposées en cha- de l'essenceou huilé de térébenthine (Oleum
tons. Les fleurs femelles sont rouges, Terebenthinoeet Oleum Terebenthineerectifica-
odorantes, et produisent des cônes ovoï- Uim). Cette dernière est usitée en médecine
comme stimulant énergique et pour combat-,
des dressés-étalés, presque sessiles, tre les névralgies, la sciatique, le tétanos,
à écailles d'un rouge pourpre dans les fièvres intermittentes et typhoïdes, les
leur jeunesse, concaves, très obtuses. catarrhes de là vessie, les hémorragies, les
La floraison a lieu en avril-mai. empoisonnements par le phosphore, la leu-
Le mélèze se montre particulière- corrhée, etc. On fera bien, toutefois, d'éviter
les doses trop fortes qui provoquent facile-
ment à l'aise dans les Basses-Alpes ment des effets tout contraires. Employée en
qui s'étendent de la Suisse en Silé- frictions, l'essence de térébenthine agit d'une
manière rubéfiante; mais ne frottons pas trop
sie. La sylviculture s'occupe de sa souvent, ni trop rudement, si nous tenons à
propagation dans les autres contrées. ne pas provoquer des ampoules et des intu-
Son tronc, à la suite d'incisions ou de mescences douloureuses.
' La médication homéopathique prescrit la
trous qu'on y pratique en été, surtout
dans le Tyrol et le Piémont, fournit térébenthine dans les cas de fièvre scar-
la résine désignée dans le commerce latine, d'hydropisie sous-cutanée, d'inflamma-
tion des reins, d'urines sanguinolentes (hé-
sous le nom de térébenthine de Venise. maturie).
Ses feuilles se couvrent en été d'une Les anciens herboristes utilisaient l'écorce.
matière sucrée appelée manne de Brian- les feuilles et les jeunes rameaux du mélèze,
La décoction d'écorce était préconisée com-
çon. La résine a une saveur amère, me diurétique et antidiarrhéique et la pou-
balsamique, et une odeur également dre d'écorce se semait sur les plaies, les écor-
Famille: Conifères

chures et les tumeurs. Les feuilles, étaient, dentieulées. Floraison en mai et juin ;
employées en compresses surdansles plaies en- maturité en octobre. L'épicéa vit spé-
flammées et, tenues chaudes la bouche dans le Nord et les régions
avec du vinaigre, pour calmer les maux de cialement
dents. Les rameaux frais enfin, en Suisse montagneuses de l'Europe. Comme le
sablonneux.
surtout, étaient employés en,bains fortifiants. pin, il préfère les terrains
PI. IV. Fig. 2. Pin sylvestre. Pin com- PI. IV. Fig. 4. Sapin. Sapin blanc. Sa-
mun. Pin sauvage. Pinasse. Pin de Ge- pin argenté. Pinus picea. Abies
alba.
nève. Pin du Nord. Pin de Riga. Pin de Abies pectinata. Abies excelsa.
Russie. Pin de mâture. Pinus silvestris L. D'un aspect plus imposant encore
Il croît verticalement, dans sa jeu-
que l'épicéa, le sapin peut atteindre
nesse, en produisant une ramure régu- une hauteur de 65 mètres. Il est py-
lière ;. plus tard, le tronc et les bran- ramidal, mais moins effilé à la cîme
ches se courbent aisément de manière
que le précédent. Son écorce est blan-
à former une couronne fort pittores- châtre; ses branches sont étalées et
que. Le tronc et les branches sont Ses feuilles sont
d'une écorce grise ou rou- presque pendantes.
recouverts
disposées en peignes de chaque côté
geâtre qui se détache par petites pla- de l'axe, planes, linéaires, d'un vert
ques. Les feuilles sont longues, raides, luisant en dessus, marquées en dessous
d'un vert glauque, toujours par deux de deux lignes glauques. Plante mo-
sur leurs assises. C'est un végétal mo-
noïque, avec cônes dressés, oblongs-
noïque dont les chatons sont très agréa- cylindriques, allongés, et bractées dé-
bles à voir au printemps. Il porte
des cônes ovoïdes-coniques, passant les écailles obtuses, le sapin
opaques, blanc fleurit en mai, mûrit en septem-
tout à fait recourbés vers la terre à bre-octobre. Il forme de vastes forêts
la maturité et dont les écailles, ligneu- dans les régions de
ses dès la seconde année, s'écartent montagneuses
alors fortement vers le sommet. l'Europe, mais il ne dépasse guère le 550
de latitude nord. Terrains sablonneux.
La floraison a lieu chaque année en Les bourgeons du pin, de l'épicéa
mai, mais les graines n'arrivent à ma- et du sapin sont recueillis au prin-
turité que pendant le mois d'octobre
de l'année suivante. temps. (Gemmoe ou Turiones fini). Ils
ont une odeur fortement résineuse et
Le pin est un de nos arbres les plus une saveur amère, résineuse, irritante.
répandus. Il s'étend de l'Ecosse et de Emploi. A l'instar d'autres conifères, le
l'Espagne au Kamtchatka, avec, toute- sapin, l'épicéa et le pin, exhudent, par des in-
fois, des lacunes assez vastes dans cisions, un suc liquide plus ou moins épais, vis-
l'Europe centrale et occidentale. queux, transparent, odorant et plus ou moins
coloré. Ce suc est la -térébenthine, dont nous
PI. IV. Fig. 3. Epicéa. Picéa. Pesse. avons vu l'emploi en parlant du mélèze. Les
Pinus abies L. Picea excelsa. Abies ex- principaux de ces sucs sont : la térébenthine
de Chio, fournie par le térébinthe; celle de
celsa. Sapin rouge. Venise, qui provient du mélèze; la térében-
Arbre pyramidal, vertical, pouvant thine commune, de Bordeaux ou de France,
atteindre Une hauteur de 50 mètres. recueillie dans les Landes et en Sologne sur
le pin maritime; la térébenthine de Stras-
Ecorce brune. Branches verticillées, bourg ou des Fosses, qui a une odeur de
étalées, à rameaux et ramilles, pen- citron et qui est fournie par le faux-sapin.
dants. Feuilles rapprochées, vertes, Par la distillation, on sépare la térében-
beaucoup plus courtes que celles, du thine en essencede térébenthine et en colophane.
La première se présente sous la forme d'un
pin, et terminées par une très petite liquide incolore, limpide, très coulant, d'une
pointe droite, aiguë et raide. Plante odeur forte et désagréable, solubie dans l'al-
monoïque à chatons femelles termi- cool; elle dissout les résines, le caoutchouc,
naux, pourpres dans leur jeunesse. les corps gras; elle s'emploie en médecine
Cônes pendants, oblongs-cylindriques, (voir : mélèze), dans le dégraissage des étof-
à écailles plus petites vers le sommet, fes, la fabrication des vernis, le délayage de
la céruse. Hager prétend que l'essence alle
1. Mélèze.
Larix decidua Miller.

3 a, b. Sapin rouge. Epicéa


Picea excelsa Link.

4 a, b. Sapin blanc. 2a, b. Pin sylvestre.


Abies alba Miller. Pinus silvestris.
Famille: Conifères

mandeou essence de Strasbourg est plus Floraison: avril et mai; maturité des
efficaceque l'essencefrançaise et qu'on de- baies: automne.
vraittoujourslui donner la préférence dans
lescasd'empoisonnement par le phosphore ; Le genévrier croît dans les lieux
il ajoutemême que l'essence non rectifiée, montueux, arides et ensoleillés, dans
étantplusricheen oxygène, est plus éner- les landes calcaires ou sablonneuses.
giqueque l'autre. Son bois est très odorant et sert, ainsi
Quantà la colophane, c'est une résine
solide,jaune,transparente,soluble dans l'al- que les baies, à faire des fumigations
cool,l'éthersulfurique,la benzine, le chloro- désinfectantes. Les baies possèdent une
forme,le sulfure de carbone, les huiles de odeur agréable et une sa-
pétrole, l es essenceset les huiles grasses. aromatique,
Ons'en sert pour frotter les archets des veur chaude, amère, analogue à celle
violonset pour la préparation de certains de la térébenthine.
onguents. On l'emploieaussi en poudre pour
arrêterles hémorragies; dans ce cas on Emploi. Les baies de genièvre sont utili-
en recouvrede petits morceaux d'amadou sées en pharmacie sous le nom de Fructus
qu'onappliquefortement sur la blessure. Juniperi. Prises en petites quantités, elles
La distillationdes cônes et des excitent l'appétit en activant la digestion ;
jeunes
branchesdespins, des sapins, du Pinus mon- à plus fortes doses, elles deviennent sudori-
tanaMiller,produit une huile fortement diu- fiques, diurétiques, expectorantes, et, comme
retique,stimulante,révulsive, antirhumatis- telles, rendent des services dans les cas d'hy-
male,très employéeen médecine vétérinai- dropisie, d'affections rénales, de calculs, de
re Les bourgeonsde
sapin entrent dans la rhumatisme et de goutte. Des fumigations
fabrication d'un vin et d'une bière antiscor- de baies détruisent les miasmes et les prin-
banqueset tout le monde connaît les bon- cipes contagieux suspendus dans l'air. Kneipp
bons pectoraux aux que les baies ont une action sem-
bourgeons de sapin prétend
répandus maintenant surtout. Le suc de blable dans l'intérieur de l'organisme hu-
pousses est main. Elles parfument la bouche et l'estomac,
l'aubier
des etjeunes diurétique, dit-il,
vermifuge, peut être employé à combattre préservent de la contagion, à telle en-
les éruptions, la phtisie et le scorbut. La seigne que les personnes qui sont au service
résine fraîche, transparente et liquide, s'ap-de malades gravement atteints (fièvre scar-
sur les Une latine, variole, typhus, choléra, etc.), qui sont
pliqueavec avantage blessures. de les soutenir, porter, servir, écou-
infusionde bourgeons (20 gr. par litre d'eau) obligées
pectorale; ter, et qui, de cette manière, sont exposées
est
dépurative,
combat sudorifique et elle
également les catarrhes des bron- nuit et jour au danger de la contagion, feront
catarrhes de la vessie. Dans bien de manger sans cesse des baies de ge-
ches et les on donne aux tuberculeux plu- nièvre (6-10 par jour).
sieurscontrées, Il recommande en outre une petite cure
su lait dechèvresnourries avec de jeunes de baies de
prend, dans les cas d'inflam- genièvre dans l'état de faiblesse
pousseselt'on de de l'estomac: le 1er jour, manger 4 baies, le
mations,
d'enflures, rhumatisme ou de second 5, le troisième 6, et ainsi de suite
des entiers ou locaux de bour-
goutte,
geonsou bains jusqu'à 15 baies; puis redescendre l'échelle
d'aiguilles de sapin.
jusqu'à 5 baies, en diminuant chaque jour
d'une baie. Les baies, d'ailleurs, sont d'un
effet bienfaisant sur le foie et les reins ; elles
Pl. V. Fig. I. Genévrier. Juniperus com- débarrassent le corps des gaz putrides, des
munis L. substances corrompues, des humeurs glai-
Très rameux dès la base, à rameaux reuses. « je ne comprendrais pas, dit Kneipp,
une mère ou un père de famille qui mettraient sel et aux
diffus, souvent sous forme de buisson tout le soin possible à confire au
et ne prenant baies de genièvre leur viande et leur chou-
l'apparence d'arbre qu'à croute, parfumeraient leurs demeures
force de soins, le genévrier est un vé- qui d'autre part,
avec ces mêmes baies, et qui, dans la
gétal dioïque,(chaque individu ne porte laisseraient croupir leur corps pous-
que des fleurs d'un seul sexe) à feuil- sière et l'ordure.»
les étalées, linéaires, raides, piquantes, théiformes, en robs, en en
Les baies s'utilisent outre en infusions
salaisons qu'on tire
verticillées par 3. Ses chatons femelles toutes prêtes de certaines contrées, en huile
deviennent charnus en mûrissant, pren- et encore
L'infusion
en esprit
théiforme
et en gin.
se prépare avec 30
nent une teinte noire ou violette et se
gr. de baies pilées par litre d'eau ou de vin
recouvrent d'une poussière résineuse ;blanc. 2-3 tasses par tour constituent un bon
ils sont de la grosseur d'un pois, etmar- remède
stomacal;
im-nent sudorifiques, diurétiques,4-6 tasses expectorantes.
par jourdevien-
au
qués de 3 sillons sommet
de Le rob de genièvre (Succus Juniperi inspis-
proprement nommés baies genièvre.
Famille : Conifères
mande ou essence de Strasbourg est plus Floraison: avril et mai; maturité des
efficace que l'essence française et qu'on de-
vrait toujours lui donner la préférence dans baies : automne.
les cas d'empoisonnement par le phosphore ; Le genévrier croît dans les lieux
il ajoute même que l'essence non rectifiée, montueux, arides et ensoleillés, dans
étant plus riche en oxygène, est plus éner- les landes calcaires ou sablonneuses.
gique que l'autre. Son bois est très odorant et sert, ainsi
Quant à la colophane, c'est une résine
solide, jaune, transparente, soluble dans l'al- que les baies, à faire des fumigations
cool, l'éther sulfurique, la benzine, le chloro- désinfectantes. Les baies possèdent une
forme, le sulfure de carbone, les huiles de odeur agréable et aromatique, une sa-
pétrole, les essences et les huiles grasses. veur chaude, amère, analogue à celle
On s'en sert pour frotter les archets des
violons et pour la préparation de certains de la térébenthine.
onguents. On l'emploie aussi en poudre pour Emploi. Les baies de genièvre sont utili-
arrêter les hémorragies; dans ce cas on sées en pharmacie sous le nom de Fructus
en recouvre de petits morceaux d'amadou
Juniperi. Prises en petites quantités, elles
qu'on applique fortement sur la blessure. excitent l'appétit en activant la digestion;
La distillation des cônes et des jeunes à plus fortes doses, elles deviennent sudori-
branches des pins, des sapins, du Pinus mon-
tana Miller, produit une huile fortement diu- fiques, diurétiques, expectorantes, et, comme
telles, rendent des services dans les cas d'hy-
rétique, stimulante, révulsive, antirhumatis- dropisie, d'affections rénales, de calculs, de
male, très employée en médecine vétérinai- rhumatisme et de goutte. Des fumigations
re. Les bourgeons de sapin entrent dans la de baies détruisent les miasmes et les prin-
fabrication d'un vin et d'une bière antiscor-
cipes contagieux suspendus dans l'air. Kneipp
butiques et tout le monde connaît les bon- prétend que les baies ont une action sem-
bons pectoraux aux bourgeons de sapin blable dans l'intérieur de l'organisme hu-
répandus maintenant partout. Le suc de main. Elles parfument la bouche et l'estomac,
l'aubier des jeunes pousses est diurétique, dit-il, préservent de la contagion, à telle en-'
vermifuge, et peut être employé à combattre seigne que les personnes qui sont au service
les éruptions, la phtisie et le scorbut. La de malades gravement atteints (fièvre scar-
résine fraîche, transparente et liquide, s'ap- latine, variole, typhus, choléra, etc.), qui sont
plique avec avantage sur les blessures. Une obligées de les soutenir, porter, servir, écou-
infusion de bourgeons ( 20 gr. par litre d'eau) ter, et qui, de cette manière, sont exposées
est dépurative, sudorifique et pectorale; elle nuit et jour au danger de la contagion, feront
combat également les catarrhes des bron- bien de manger sans cesse des baies de ge-
ches et les catarrhes de la vessie. Dans plu- nièvre (6-10par jour).
sieurs contrées, on donne aux tuberculeux Il recommande en outre une petite curé
du lait de chèvres nourries avec de jeunes de baies de genièvre, dans l'état de faiblesse
pousses et l'on prend, dans les cas d'inflam- de l'estomac: le Ier jour, manger 4. baies, le
mations, d'enflures, de rhumatismedeoubour- de second 5, le troisième 6, et ainsi de suite
goutte, des bains entiers ou locaux jusqu'à 15 baies; puis redescendre, l'échelle
geons ou d'aiguilles de sapin- jusqu'à 5 baies, en diminuant chaque jour
d'une baie. Les baies, d'ailleurs, sont d'un
effet bienfaisant sur le foie et les reins ; elles
Pi. V. Fig. I. Genévrier. Juniperus com- débarrassent le corps des gaz putrides, des
munis L. substances corrompues, des humeurs glai-
reuses. « Je ne comprendrais pas, dit Kneipp,
Très rameux dès la base, à rameaux une mère ou un père de famille qui mettraient
buisson tout le soin possible à confire au sel et aux
diffus, souvent sous forme de baies de genièvre leur viande et leur chou-
et ne prenant l'apparence d'arbre qu'à croute, qui parfumeraient leurs demeures.
force de soins, le genévrier est un vé- avec ces mêmes baies, et qui, d'autre part,
gétal dioïque (chaque individu
ne porte laisseraient croupir leur corps dans la pous-
des fleurs d'un seul sexe) à feuil- sière et l'ordure.»
que Les baies s'utilisent en outre en infusions
les étalées, linéaires, raides, piquantes, théiformes, en robs, en salaisons qu'on tire
verticillées par 3. Ses chatons femelles toutes prêtes de certaines contrées, en huile
deviennent charnus en mûrissant, pren- et encore en esprit et en gin.
nent une teinte noire ou violette et se L'infusion théiforme se prépare avec 30
gr. de baies pilées par litre d'eau ouun de vin
recouvrent d'une poussière résineuse ; blanc. 2-3 tasses par jour constituent bon
ils sont de la grosseur d'un pois, mar- remède stomacal; 4-6 tasses par jour devien-
de 3 sillons au sommet et im- nent sudorifiques, diurétiques, expectorantes.
qués baies de genièvre. Le rob de genièvre ( Succus Juniperi inspis-
proprement nommés
Famille: Conifères
satus ) est un liquide brun, de la consistance trouve chez nous ça et là dans les parcs,
du miel, d'une saveur douce, épicée, no: les jardins publics et les cimetières.
empyreumatique, qui se prépare dans le L'arbrisseau entier répand une odeur
pharmacies au moyen des baies. L'huile vo-
désagréable, rappelant la
latile de genièvre (Oleum Juniperi) est un pénétrante,
liquide incolore ou légèrement jaunâtre qui térébenthine. Il a une saveur résiner
peut être pris intérieurement comme remède se, amère, âcre.
sudorifique, diurétique, calmant, à la dose Emploi et dangers. Le rameau, à trois
de 3-6 gouttes par jour sur du sucre ou dan: ou quatre rangées de petites feuilles, est cor,
un liquide. On s'en sert pour combattre le: nu en pharmacie sous le nom de Herba Sa-
affections hydropiques, hépatiques et rénales binoe (dose max. pro die: 2 gr.) C'est un re-
la paralysie, les rhumatismes, la goutte. L'es- mède très énergique, emménagogue et dras-
prit de genièvre (Spiritus Juniperi) est un tique qui ne doit être employéet que suivant
odeur et d'une
liquide limpide, incolore, d'une la les indications d'un médecin dont l'huile
saveur fortes, bien connu dans Forêt-Noire est un poison. Des femmes de mauvaise vie
Hager le prépare en mélangeant 1,5 gr. ou coupables, l'utilisant quelquefois au péri
d'huile de genièvre, 395 gr. d'esprit-de-vin de leur vie dans un but facile à deviner, la
dilué, 5 gr. d'eau et s'en sert pour l'usage sabine devrait disparaître des lieux publics
externe. Quant au gin de genièvre, appelé La médication homéopathique considère
aussi gin des Ecossais, il est obtenu par la la sabine comme un remède prophylactique
fermentation des baies. des accouchements avant terme.
L'huile retirée du bois et qu'on trouve
dans le commerce sous le nom d'Oleum Li-
gni Juniperi n'a pas la même odeur que PI. V. Fig. 3. If. Taxus baccata L. 11
l'huile volatile des baies et paraît être moins commun.
efficace. Kneipp recommande l'infusion théi- L'if est un arbre dioïque à croissance
forme des jeunes pousses au début de l'hy-
dropisie et comme dépuratif du sang. La lente, à tronc droit, souvent branchu
décoction de 30 gr.. de bois dans un litre dès la base, à rameaux très nombreux.
d'eau est un remède sudorifique, les bains Ses feuilles sont persistantes, presque
de bois sont antirhumatismaux, antigoutteux distiques (sapin blanc), luisantes en
et antidartreux. L'infusion de 150gr. de cen-
dres dans un litre de vin blanc, prise à la dessus, d'un vert pâle en dessous. Le
dose de 3-4 petits verres par jour, constitue strobile femelle, solitaire, est une baie
un excellent diurétique dans les cas d'hydro- succulente à écaille cupuliforme d'un
pisie. Des frictions faites avec des draps beau rouge à la maturité. L'if fleurit
imprégnés de vapeurs de genièvre font di- d'avril en mai et mûrit d'août en sep-
minuerles enflures tout en fortifiant les tissus.
tembre.
L'if commun était autrefois très ré-
PI. V. Fig. 2. Sabine. Juniperus Sa- pandu dans les parties montagneuses
bina L. Juniperus foetida Sp. le l'Europe, mais il est à présent
Arbrisseau touffu, toujours vert, beaucoup plus rare par suite de l'ex-
rameux dès la base, à ramules effilés ploitation déraisonnable qui en a été
et pendants au sommet des rameaux, Faite au moyen-âge et aussi de sa
et dont la forme extérieure se rappro- croissance extrêmement lente. Il est
che davantage des cyprès et des fréquemment cultivé dans les jardins
thuyas que du genévrier. Feuilles très et les cimetières parce qu'il se prête
petites, étroitement imbriquées sur 4 toutes les formes bizarres qu'on
rangs, les unes aiguës, d'autre plus veut bien lui donner par la taille.
allongées, brusquement terminées en Ses feuilles, inodores, ont une sa-
pointe et plus ou moins étalées. La
veur amère, désagréable, légèrement
sabine est dioïque, avec, à maturité, astringente. Elles peuvent donner la
des strobiles (fausses baies) d'un bleu mort aux chevaux et autres animaux
violet occupant le sommet d'un petit domestiques qui les broutent. Les feuil-
ramule recourbé. Elle fleurit d'avril les et l' écorce passent pour de dan-
en mai.
gereux narcotiques, mais le fruit, qui
La sabine, indigène de l'Europe une saveur sucrée, peut être, dit-on
méridionale, des Alpes, de la Sibérie, lange sans danger, bien qu'il ait des
lel'Asie-mineure et du Caucase, se
propriétés laxatives assez marquées
2. Sabine.
Juniperus sabina L.

1. Genévrier.
Juniperus communis L.

4. Thuya.
Thuja occidentalis L. 3 a, b. If.
Taxus baccata L.
Famille : Conifères II
Emploi et dangers. Bien que l'on recom- où il porte le nom de cèdre blanc, le
mande les baies de l'if pour leurs propriétés
laxatives, anticatarrhales et dissolvantes (cal- thuya du Canada est un arbre d'orne-
culs), il est préférable de les éviter et de ment toujours vert, résineux, de forme
les remplacer par des succédanés recon- pyramidale, à feuilles écailleuses très
nus inoffensifs. Jules César raconte dans ses ramifiées, qui est très répandu dans
Guerres des Gaules que Cativulcus, roi des nos jardins paysagers et fort estimé
Eburons (entre la Meuse et la Dyle), s'est
suicidé avec du suc d'if. On rapporte en pour la confection de palissades. Ses
outre le fait que des feuilles d'if, données cousins germains, sont le Thuya arti-
comme vermifuge à des enfants de 1, 3 et culé d'Algérie dont on extrait la san-
5 ans, ont eu des effets mortels et que les daraque et le Thuya oriental (Chine,
petits malheureux ont succombé tous trois,
sans violentes douleurs, sans mouvements Japon) dont les rameaux relevés s'ap-
spasmodiques ni enflure, après 3, 6 et 8 prochent assez de la verticale.
heures passées dans une sorte d'insensibilité
générale. Emploi et dangers. Le thuya est un ar-
bre suspect. La médication homéopathique
PI. V. Fig. 4. Thuya. Thuya occidental. s'en sert contre les pustules malignes et
surtout contre les ulcères de nature syphili-
Thuya du Canada. Thuja occidentalis L. tique; mais il est prudent de ne pas l'intro-
Arbre de vie. duire dans la pharmacie domestique parce
Originaire de l'Amérique du Nord que ses effets toxiques ne sont plus à citer.
12 Famille : Graminées

Angiospermes ;
Monocotylédones

Famille des le grain d'avoine constitue le gruau qui sert


à la préparation d'une bouillie bien connue
Graminées des mères de famille. Les balles du grain
servent à la confection de coussins et de
PI. VI. Fig. I. Avoine cultivée. Avoine. paillasses qui forment une excellente couche
Avena sativa L. pour les enfants; la farine d'avoine est uti-
lisée en cataplasmes.
Il est superflu de faire une descrip- La graine de l'avoine contient des matières
tion d'une plante que tout le monde azotées et féculentes, des matières grasses
connaît, qui se trouve partout chez et elle est surtout riche en sels minéraux.
nous et qui, avec l'orge, est la céréale Elle renferme en outre une matière aroma-
dont la culture s'avance le plus vers tique à odeur de vanille, qui excite puissam-
ment le système nerveux.
le nord. L'avoine donne plusieurs es-
pèces dont les plus importantes sont PI. VI. Fig. 2. Ivraie. Ivraie enivrante.
l'avoine commune, à panicule pyrami- Herbe d'ivrogne. Lolium temulentum L.
dale assez ample, à rameaux étalés Plante annuelle qui infeste quelque-
dans tous les sens; l'avoine nue ou de fois les moissons et qui croît aussi
Tartarie, triflore; l'avoine de Hongrie dans les terrains meubles et les terres
ou d'Orient (Avena orientalis Sch.), à en friche. Ses tiges, de 90 cm. de
panicule étroite, formée d'épillets tous hauteur, sont garnies de feuilles pla-
tournés du même côté. L'avoine fleu- nes et glabres; les épillets sont ob-
rit en juillet et fructifie d'août en
longs, assez épais ; les fleurs sont ellip-
septembre. Son odeur est faible, nul- tiques, écartées à la maturité, et la
lement désagréable ; sa saveur est dou-
glume atteint la hauteur des épillets
ceâtre, farineuse.
inférieurs, la dépasse quelquefois très
Emploi. La décoction de grains d'avoine,
nourrissante, facile à digérer, rafraîchissante longuement dans les épillets supérieurs.
lors d'échauffements internes, constitue un L' ivraie fleurit en juin et juillet, fruc-
excellent réconfort pour les convalescents tifie en août.
épuisés par une longue maladie. Sa prépa- Les graines renferment an principe
ration est simple: on lave 6-8 fois un litre
d'avoine dans de l'eau fraîche; on la cuit en- vénéneux, narcotique, dangereux pour
suite dans 2 l. d'eau jusqu'à réduction à I l' homme et pour tous les animaux.
litre; on décante, on ajoute 2 cuillerées de Emploi et dangers. L'agriculteur dont les
miel, puis on cuit encore quelques minutes. champs sont infestés par cet hôte incommo-
Kneipp recommande beaucoup les pédiluves de et dangereux fera bien de suivre à la
a paille d'avoine, et, dans les affections des
rems et de la vessie, dans les cas de gra- lettre les paroles de la parabole: « séparer
velle, de calculs, de goutte, des bains entiers l'ivraie d' avec le bon grain,» car le pain
de paille d'avoine. Il ajoute même que l'in- qui contient une certaine quantité de semen-
ces d'ivraie peut produire des effets déplo-
fusion théiforme de paille d'avoine est bien rables dans l'organisme. Il provoque en
préférable au thé de grains d'avoine. effet, suivant la dose, des étourdissements
Débarrassé de ses enveloppes ou balles, des maux de tête accompagnés de tous les
1. Avoine. 2 a, b. Ivraie.
Avena sativa L. Lolium temulentumL.
Famille : Graminées 13
symptômes de l'ivresse, des bourdonnements Pour la préparation : couper toute la plan-
d'oreilles, des envies de vomir, des crampes, te, tige, feuilles, panicules, en fragments de
des tremblements, des spasmes et une fati- 3-5 cm. qu'on recueillera dans un sac de
gue générale de tous les membres. Son ac- toile; plonger la toile et son contenu dans
tion peut même aller jusqu'à l'ergotisme, ce du vin sucré à l'avance et laisser matérer
terrible mal des ardents ( gangrène sèche des 1/4-1/2heure: le Maitrank est prêt. Tandis
extrémités) qui, au moyen-âge surtout, a que l'aspérule ne peut servir qu'une seule
causé d'incalculables ravages dans certaines fois et qu'on risque toujours, par une macé-
contrées. Antidote: du vinaigre. ration trop prolongée, de communiquer un
En dépit de ces propriétés nocives réelles, goût désagréable au vin, la flouve peut être
utilisée plusieurs fois sans crainte d'altéra-
les vieux herboristes en disent toutefois un tion aucune.
peu de bien: un emplâtre fait de farine de
graines d'ivraie, d'un peu de sel, de raifort Veut-on faire du Maitrank avec la flouve
et de vinaigre, gué- séchée — qui se
rirait les ulcérations conserve d' ailleurs
et la gangrène des longtemps — on
membres, à condi- laissera macérer
tion toutefois de pi- pendant une heure
quer ceux-ci, ça et environ.
là, à coups de lan- C'est à un insti-
cette. Cette même tuteur de Nieder-
farine, additionnée nau, M. Allmendi-
de sel, de soufre et ger, que revient le
de vinaigre, com- mérite d'avoir fait
battrait la teigne,les de la flouve, si long-
dartres et les érup- temps dédaignée,
tions herpétiques. un concurrent ho-
Flouve. Flouve norable de l'aspéru-
le odorante.
odorante. Antho-
Ajoutons pour
xanthum odora- terminer que la flou-
tum L. ve se recommande
Plante vivace d'elle-même pour
à souche gazon- parfumer le linge
dans les armoires.
nante, émettant
une touffe de PI. VII. Fig. I.
tiges dressées, Chiendent. Triti-
lisses, de 30-50 cum repens L.
cm. de hauteur. Souche ram-
Feuilles planes, pante, vivace,
- très
linéaires, plus ou blanchâtre,
moins rudes. E- longue ; glumes
Flouve.Anthoxanthum odoratum L. feuil-
pillets en panicu- a et b. Planteentièreavec paniculese t épillets. lancéolées;
le plus ou moins c. Epilleten floraison. les assez rudes;
d'un vert- d. Le même, s ansles glumesinférieures. épi allongé, dis-
lâche,
jaunâtre. tique; épillets
La flouve croît dans les prairies, multiflores alternes appliqués par le
sur les pâturages, dans les taillis et côté sur les excavations du rachis... tel,
les clairières. Elle fleurit généralement à peu de chose près, nous apparaî-
en mai-juin, en juillet sur les coteaux trait le cliché botanique du chiendent.
et se récolte au moment Le chiendent fleurit en juin et juillet,
montagneux,
de la floraison. Sa saveur est vanil- fructifie en août. Il se propage avec
aroma- une rapidité décevante qui a déjà fait
lée, et elle répand une odeur et le désespoir de maint agriculteur et
tique rappelant celle de l'aspérule
dûe à la présence de la la pioche et le croc ne l'extirpent que
probablement
coumarine. très imparfaitement des lieux dont il
Emploi. Par macérationà laenvier flouve donne a une fois possession.
un Maitrank qui n'a rien à celui pris
d'Alsace ou d'Allemagne. Il croît dans les champs, dans les
14 Famille : Graminées

au bord des chemins et de L'amidon est employé comme empois par


jardins, les blanchisseuses et dans les fabriques pour
haies, dans les lieux incultes, un pe donner du lustre aux toiles de lin et de co-
partout. Son rhizome, qui se récolte ton; les tisserands s'en servent pour faire
au printemps et en automne, est inodo- les parements ; les fabricants d'indienne y
sucrée recourent pour épaissir les mordants et les
re avec une saveur légèrement couleurs. On en fait de la colle dite colle à
Emploi. Le chiendent est offre, sous le encoller le papier à
nom de Rhizoma et servait autre pâte et on l'utilise pour
graminis écrire. On connaît son emploi dans les con-
fois à la préparation d'un extrait (Extractur,
Il constitue un excellent fiseries et les parfumeries, dans la prépara-
graminis). fourrage tion d'une gomme artificielle nullement à
est utilisé pour la confection de brosses et
se prend en infusion dépurative et émolliente dédaigner et dans la fabrication de l'eau-de-
ou encore en lavement bénin. vie de grains. En médecine l'amidon de blé
(Amylum tritici) s'utilise pour saupoudrer
PI. VII.Fig. 2. Froment. Froment cultivé les dartres humides, en lavements antidiar-
Blé. Triticum vulgare. Triticum sativum rhéiques, en compresses adoucissantes, ainsi
C'est une céréale bien connue qui que dans la préparation du glycéré d'amidon
a donné naissance au blé d'hiver, au (Unguentum Glycerini).
Le son est la poudre roussâtre qui se sé-
blé d'été, au gros blé, au blé dur, au pare de la farine quand on blute le grain
blé dur de Pologne. Le battage sépare moulu. Il renferme les mêmes principes im-
la graine des balles ou glumes qui médiats que la farine, avec, en plus, de la
sont les enveloppes de la fleur. cellulose et de la céréaline. C'est cette der-
nière substance qui donne au pain contenant
Le blé paraît originaire de l'Asie du son une couleur bise si caractéristique.
mineure; il fleurit en juin-juillet, mûrit Et cependant le pain bis est plus nourrissant
en août. Ses graines sont inodores que le pain blanc parce que le son renferme
avec une saveur farineuse. une notable quantité de phosphate de potas-
Nous ne nous arrêterons sur se, de. magnésie et de chaux.
Emploi. pas
la valeur alimentaire du blé, pas plus que ci Le son additionné au pain donne à celui-
la propriété de tenir le ventre libre, et
sur l'important commerce qui s'en fait. Cha- chacun
cun sait que le blé constitue presque un au mêmesait que l'on prescrit, pour arriver
aliment complet et que les hommes, aussi bains de son résultat, des lavements de son. Les
loin que l'on remonte dans l'histoire de l'hu- adoucissent la peau et rendent
des services appréciables dans les éruptions
manité, se sont nourris de pain. En écrasant
les grains de blé par la mouture et en sépa- prurigineuses.
rant du produit la partie colorée en jaune Les anciens thérapeutistes rapportent que
Sextus Pompée, un général romain qui guer-
qui constitue ce que l'on appelle le son,
on obtient une poudre d'un blanc jaunâtre, royait en Espagne, s'est débarrassé de là
douce au toucher, sèche, pesante: la farine. goutte aux pieds en se tenant jusqu'au des-
La farine est douée d'une odeur et d'une sus du genou dans des grains de blé; que
saveur toutes spéciales et que ne présente les cataplasmes de farine de blé, d'eau et
aucune autre substance. Elle se réunit en de miel, empêchent l'inflammation des tu-
pelote quand on la comprime avec la main meurs; que la farine cuite dans du lait ou
Elle forme, pétrie avec l'eau, une pâte très dans de l'eau, et du beurre, calme la toux
et guérit l'enrouement; que la colle de fari-
élastique que l'on peut étendre très facile-
ment sur une surface plane. Elle contient de ne, additionnée d'eau et prise par cuillerée
arrête les crachements de sang. Contre les
l' eau, de l'albumine, du sucre, de la gomme,
de la dextrine, de la graisse, des sels miné- coliques, douleurs du bas-ventre, tranchées
raux, de l' acide sulfurique, de l'acide phos- ils recommandent de chauffer du son dans
phorique, et surtout de l'amidon et une sorte une casserole, de l'asperger légèrement de
de viande végétale, le gluten, qui est la vinaigre et de l'appliquer ensuite en cata-
partie vraiment nutritive du pain. plasme sur la région malade. Pour guérir
La farine de froment sert à la préparation rapidement plaies et bosses, ils préparent un
du pain et du biscuit des marins, à la fabri- onguent fait de son bouilli dans du vin blanc
cation de l' amidon, à celle des pâtes alimen- et de graisse de porc et pour calmer les
taires connues sous les noms de vermicelle douleurs provoquées par les hémorrhoïdes,
semoule, macaroni, nouille, lasagne, pâtes à sur la partie lésée, des fomentations
potage, etc. On l'emploie aussi comme épais- ilsfont,
le son et de fleurs de linaigrette.
sissant dans la teinture, mais elle se falsifie
très fréquemment avec des farines de seigle
de PI. VII. Fig. 3. Orge.Hordeum vulgare L.
d' orge, d' avoine, maïs, de vesces, de féve-
avec de la fécule de pommes de Les orges ont leur inflorescence en
rolles, etc., de du orme d' épi. L'axe de rachis de cet
terre, et même, avec la craie, plâtreode
l'argile.
u épi
porte sur deux côtés opposés des
2 a, b. Froment.
Triticum vulgare
Villars.

3. Orge.
Hordeum vulgare L.
1 a. b. Chiendent.
Triticum repens L.
Famille: Graminées 15
entaillures ou dents alternes sur les- et serrées contre l'axe de l'épi. L'orge,
quelles s'insèrent les épillets. Ceux-ci à deux rangs est généralement culti-
sont ordinairement groupés par trois vée dans les diverses parties de la
sur chaque dent. Chacun de ces épil- France, ainsi qu'en Angleterre et en
lets ne contient qu'une seule fleur avec Allemagne; son grain sert surtout dans
le rudiment d'une autre. La fleur de la fabrication de la bière. Les deux
l'épillet du milieu est toujours herma- variétés principales de cette espèce
phrodite. Les fleurs des épillets laté- sont l'orge à deux rangs nue et l'orge
raux sont parfois hermaphrodites, par- en éventail. 2° L'orge commune (Hor-
fois mâles ou même neutres. A la deum vulgare) ou orge carrée, à épi
base de chaque épillet sont deux glu- formé d'épillets tous hermaphrodites
mes raides, herbacées, lancéolées-liné- et dont quatre rangées sont proémi-
aires, et qui semblent être les bractées nentes à la maturité. On la sème en
de la fleur. Celle-ci se compose de automne ou au printemps. Elle exige
deux glumelles dont l'inférieure, con- un bon sol et produit beaucoup. Par-
cave, se prolonge en une longue arê- mi ses variétés on distingue l'orge
te, de deux glumellules, de trois étami- noire, à épis et à grains noirs ou bleuâ-
nes, d'un ovaire atténué à la base, tres et la tortille, à barbes tordues.
velu dans le haut et surmonté de deux 3° L'orge à six rangs (Hordeum he-
stigmates plumeux qui débordent sur xasticum) ou escourgeon dont les six
les côtés. rangées d'épillets sont également sail-
Parmi les espèces d'orge, l'une est lantes. Comme elle se sème en autom-
spontanée et les autres sont cultivées. ne, on la désigne souvent, sous le nom
L'espèce spontanée la plus commune d'orge d'hiver. La culture en produit
est l'orge queue de souris (Hordeum deux variétés: l'orge céleste et l'orge
murinum) qui croît sur les bords des trifurquée. L'orge céleste ou orge nue
chemins, dans les villages, parmi les se distingue par la facilité avec laquel-
décombres, au pied des murs, dans les le ses graines se détachent des glu-
terrains incultes et les pâturages. Elle melles (gruaux). L'orge trifurquée a
se développe en touffes dont les tiges sa glumelle inférieure partagée en trois
ont 1-5 dm. de hauteur. Ces tiges por- pointes à son sommet et dépourvue
tent des feuilles glabres, assez larges d'arête.
et molles. L'orge est cultivée dans une région
Parmi les espèces cultivées, il en de très grande étendue; dans les pays
est trois principales. Dans celles-ci dû Nord, elle peut mûrir ses grains
au delà, du cercle polaire, sous le 67e
l'épi porte toujours six rangées longi-
tudinales d'épillets; mais un certain degré de latitude. Elle peut servir à
nombre de ces rangées proéminent plus la nourriture de l'homme; mais elle
ne donne qu'un pain lourd et inférieur
que les autres, qui paraissent comme
ensevelies entre les premières. Ces es- au pain de seigle. Néanmoins, elle est
l'élément fondamental de la nourriture
pèces cultivées sont : I° L'orge à deux des peuples du Nord. Chez nous, on
rangs (Hordeum dysticum), appelée vul- la cultive surtout pour la fabrication
gairement paumelle, pamelle, paumou- de la bière. Dans l'extrême sud de la
le, orge de printemps, qui existe à
l'état spontané dans toute la région France, en Espagne, en Algérie, elle
comprise entre la mer Caspienne et remplace l'avoine dans la ration jour-
le Caucase au N., et la mer Rouge nalière des chevaux: on la mêle alors
au S. et qui paraît être la plus an- à la paille de blé. Le résidu de l'orge
cienne orge cultivée. Cette orge doit qui a servi à la préparation de la bière
son nom à ce qu'elle a seulement et qui porte le nom de drèche peut
deux rangées d'épillets saillantes, les servir à nourrir les bestiaux ou peut
quatre autres étant comme renfoncées être répandu sur le sol sous forme
16 Famille : Graminées

d'engrais. L'orge en grains et gros- des intestins. Quant au sucre d'orge, c'est
sièrement concassée est employée simplement du sucre que l'on a fait cuire
avec une décoction d'orge et que l'on colore
pour l'engraissement des veaux, des au moyen de quelques gouttes de teinture
porcs et de la volaille. On prépare, de safran.
pour les usages de la pharmacie, ce Kneipp recommande l'onguent fait de fa-
rine d'orge et de lait pour calmer l'irritation
que l'on appelle l'orge mondé et l'orge des tumeurs. Le malt et la bière chaude
perlé: le premier est le grain d'orge sont tous deux émollients, digestifs, toniques,
dépouillé de son enveloppe superficiel- diurétiques, pectoraux, et les bains de malt
le, le second est le même grain dé- sont à conseiller contre les maladies de la
barrassé de toutes ses enveloppes. peau.
Les anciens thérapeutistes nous disent
Emploi. L'orge entre dans la composition qu'un cataplasme de farine d'orge et de fi-
de thés pectoraux, de la crème d'orge, du gues cuites dans du miel guérit les enflures
sucre d'orge. La tisane d'orge se prépare et les tumeurs; que la farine d'orge, bouillie
avec 20 gr. de grains pour un litre d'eau dans du vinaigre et appliquée chaude, com-
qu'on sucre avec 30 gr. de sirop de miel. bat les maladies de la peau et calme les
La crème d'orge constitue un excellent ali- douleurs rhumatismales, et que les grains
ment pour des malades affaiblis et enfiévrés d'orge calcinés donnent une cendre dont on
par des affections du cou, de l'estomac et pourra saupoudrer les ulcères.
1 a, b,c Acore.
2 a, b. Gouet. Acorus calamus L.
Arum maculatum L.
Famille: Aroïdées. 17

Famille des
Aroïdées. Juss.

PI. VIII. Fig. 1. Acore. Acore vrai. Sous toutes ses formes, l'acore stimule la
Acore odorant. Roseau odorant. Roseau digestion, dissipe les flatulences et les déran-
gements d'estomac. Il entre dans la prépa-
aromatique. Acorus calamus L. ration . de plusieurs vins aromatiques. Des
Rhizome vivace, cylindrique, de l'é- bains, additionnés de 20-30gr. d'huile d'aco-
re dissoute dans 1/2litre d'esprit-de-vin, sont
paisseur du pouce, charnu, noueux, toniques, antirhumatismaux et emménago-
rampant, muni de cicatrices annulaires. gues. Le suc du rhizome exprimé dans du
Feuilles de près d'un mètre de hau- blanc d'oeuf constitue un collyre excellent.
Une infusion de racine agit dans les mala-
teur, ensiformes, marquées de chaque dies de poitrine. Contre la dysenterie, on fait
côté d'une nervure plus saillante. Ham- bouillir 60 gr. d'acore avec 4 gr. de corian-
pe comprimée à 2 tranchants, prolon- dre et 2 gr. de poivre noir dans 600 gr.
gée par une longue feuille (spathe) au- d'eau; on laisse réduire à 330 gr. environ et
dessus de l'insertion du spadice qui on absorbe trois doses du mélange par jour,
chaque dose de 4-30 gr., suivant l'âge et les
paraît latéral. Spadice légèrement ar- forces. On prétend que les feuilles d'acore
qué, d'environ 8 cm., conique. Baies éloignent les insectes.
rouges à maturité. Fleurs sessiles d'un
vert jaunâtre.
PI. VIII. Fig. 2. Pied-de-Veau. Quille
Originaire de l'Asie-Mineure, l'aco- de coq. Gouet. Gouet commun. Arum
re s'est acclimaté chez nous au bord
maculatum L. Arum vulgare.
des eaux et des étangs: Thielle, Mont-
Plante vivace, bizarre, à souche tu-
mirail, Côtes du Doubs, Argovie, béreuse, charnue, blanchâtre. Feuilles
Nidau, Bâle, Porrentruy, Bonfol, Pon-
tarlier, Nyon, etc. (Godet). Son rhizo- longuement pétiolées, en forme de fer
de lance, luisantes en dessus et sou-
me se récolte vers la fin de l'autom- vent tachetées de noir. Spathe d'un
ne, ou au printemps avant l'apparition vert pâle, quelquefois purpurine sur
des feuilles ; il doit être soigneusement
les bords et au sommet, ouverte en
dépouillé des racines secondaires ainsi forme de cornet dans sa partie supé-
que des restes de feuilles. Il possède rieure, plus longue que le spadice.
une odeur forte, aromatique, spéciale,
et une saveur poivrée et amère. Spadice à partie supérieure renflée en
massue violacée, portant à sa partie
Emploi. Off. Rhizoma calami. L'acore est moyenne les étamines, à sa partie in-
un tonique et un stimulant énergique qui férieure les ovaires. Baies d'un rouge
doit ses propriétés à l'huile essentielle qu'il
vif, en épi allongé compact, qui, au
renferme, et qui se prend soit édulcoré avec même degré que le spadice et la dis-
du sucre, soit sous forme d'extrait (Extrac-
tum Calami), soit encore sous forme d'huile position inusitée des fleurs, ont excité
(OleumCalami) à là dose de 1-3gouttes sur de tout temps la curiosité. Le gouet
du sucre. La teinture d'acore (Tintura Calami) croît dans les bois ombragés, dans les
employée en pharmacie est forméed'alcool de 20
haies et les buissons où il fleurit en
parties d'acore vrai sur 8 parties mai et fructifie en juillet. C'est une
dilué.
18 Famille: Aroïdées, Liliacées
alors en automne. On le dépouille sur
plante suspecte dont les baies brûlent des par-
la langue, dont les feuilles et la sou- place des restes de la tige et
che sont vésicantes, et dont la saveur ties inférieures mortes. Il possède une
est fortement âcre et brûlante. Sa saveur acre, amère, persistante, et pro-
racine se récolte en automne ou au voque, lorsqu'on le pulvérise, des éter-
nûments violents et même dangereux.
printemps, avant la floraison.
Sa coupe transversale montre, au. de-
Emploi. Le vin chaud dans lequel on a dans d'un cercle brunâtre, un tissu
fait bouillir un tubercule desséché de pied-
de-veau débarrasse l'estomac et la poitrine riche en amidon, blanchâtre, parcouru
des mucosités et des glaires. La racine pul- par des faisceaux vasculaires irrégu-
vérisée entre dans la composition de certains lièrement recourbés.
savons et sa décoction dans l'eau est utilisée
contre les impuretés de la peau. Les herbo-
ristes anciens préconisent les feuilles vertes, Emploi. L'hellébore blanc est offic. sous
ainsi que la poudre des feuilles ou des ra- les noms de Rhizoma Veratri ou de Radix
Hellebori albi. Sa poudre entré dans la com-
cines, contre les ulcères chroniques, les fistu-
les, les plaies purulentes et surtout contre la position de certains tabacs à priser (Schnee-
variole. berger) et est surtout employée pour com-
En faisant bouillir la souche dans l'eau, battre les ulcérations et préparer des onguents
on la débarrasse de ses propriétés irritantes contre la. gale et les poux. La médication
et l'on peut alors en extraire une très bonne homéopathique utilise l'hellébore blanc dans
fécule comestible. les cas de choléra, de fièvre intermittente, de
coqueluche et de faiblesse sénile.

PI. IX. Fig. 2. Colchique d'automne. Tue-


chien. Safran bâtard. Safran des prés.
Colchique. Veilleuse. Veillote. Colchicum
autumnale L.
Famille des Les grandes fleurs violettes, sans,
feuilles, qui émaillent nos prairies en
Liliacées automne, de même que les larges feuil-
les lancéolées qu'on trouve sans fleurs
au printemps et en été, ont de tout
PI. IX. Fig. I. Hellébore blanc. Ellébore temps frappé les esprits. Le bulbe du
blanc. Verâtre blanc. Varaire. Veratrum colchique est profondément enfoncé
album L. Veratrum Lobelianum. dans le sol et garni d'une tunique noi-
Rhizome vivace, charnu, épais, noi- râtre; son odeur est désagréable et
râtre en dehors, blanchâtre à l'inté- sa saveur, d'abord douceâtre, devient
rieur, muni de racines secondaires bientôt amère et acre. Les fleurs sont
Tige dressée pouvant attein- grandes, montrant un tube cinq à six
jaunâtres.
dre un mètre de hauteur, tubuleuse, fois plus long que le limbe et des di-
renflée à la base. Feuilles engainantes, visions oblongues-lancéolées dont les
alternes, pubescentes en dessous; les intérieures sont un peu plus courtes
inférieures larges, elliptiques; les su- que les autres. Les semences mûres
périeures ovales, lancéolées. Fleurs sont brunes et sphériques.
verdâtres en grappes denses, dispo- Le colchique fleurit en août-octobre
sées en une panicule pyramidale et dans toutes les prairies humides dont
terminale. Capsule à 3 carpelles. Grai- il déprécie la valeur. Ses graines sont
nes ailées. L'hellébore blanc est une
recueillies dans la seconde moitié de
plante dangereuse des régions monta-
juin; elles sont inodores, mais possè-
gneuses (Alpes et Basses-Alpes) qui dent une saveur acre, très amère, pre-
fleurit en juillet-août et qu'on serait nant à la gorge.
aisément tenté de prendre pour la gen-
tiane jaune. Son rhizome se creuse Emploi. La semence de colchique est offic
au commencement de la floraison ou sous le nom de Semen Colchici(dose max
journ.: I gr.) Elle entre dans la préparation
1 a, b. Hellébore blanc.
Veratrum album L.

3 a, b. Oignon 2 a, b. Colchique.
Allium cepa L. Colchicum autumnale L.
Famille: Liliacées 19
de l'extrait fluide de colchique (Extractum sous de sa partie moyenne. Elle est
Colchicifluidum, dose max. journ.: 0,1 gr.) ;
de la teinture de colchique (Tintura Colchici, garnie, vers sa base, de feuilles fistu-
dose max. journ.: 3 gr.) et du vin de colchi- leuses et renflées. Au sommet de la
que (Vinum Colchici, dose max. journ.: 3 gr.) tige, les fleurs sont disposées en une
Toutes les parties de cette plante, mais ombelle volumineuse et sphérique et
surtout le bulbe et les graines, contiennent contenues, avant leur épanouissement,
un violent poison, la colchicine,dont l'effet dans une spathe formée de deux brac-
est de provoquer les selles sanguinolentes, tées et prolongée en une longue pointe.
l'inflammation des parois de l'estomac et des
crampes aiguës. Les enfants s'empoisonnent Dès que la spathe s'est ouverte, on
parfois en mâchant les pétales du colchique voit apparaître les fleurs, qui sont
ou en mangeant ses graines. Dans les cas d'un blanc verdâtre.
d'empoisonnement on fera prendre de suite
un vomitif énergique qu'on fera suivre d'une
boisson vinaigrée en attendant l'arrivée du L'oignon fleurit en juillet-août et se
médecin. C'est à la colchicine que le colchique récolte en automne. Il paraît être ori-
d'automne doit ses propriétés antigoutteuses, ginaire de l'Inde et avoir été cultivé
antirhumatismales et antihydropiques, mais dès la plus haute antiquité en Syrie,
il est prudent, de peur d'accidents, de ne en Egypte, en Chine et au Japon. A
s'en servir que d'après les indications d'un
homme de l'art. La médication homéopathi- l'heure qu'il est, on le rencontre en-
que utilise le colchique contre la goutte, les core à l'état sauvage, notamment dans
rhumatismes et l'hydropisie sous-cutanée. le Béloutschistan et l'Afghanistan.
Ajoutons pour terminer que le colchique
tire son nom de la Colchide, patrie de l'em- Le bulbe de l'oignon possède des
poisonneuse Médée qui, suivant la mytholo- propriétés stimulantes fort actives. Il
gie, employait cette plante dans ses sortilèges. est doué d'une âcreté très prononcée
et d'une odeur piquante qui excite le
larmoiement quand on le coupe ou
PI. IX. Fig. 3. Oignon. Allium cepa L. qu'on écrase ses tuniques. Cette odeur
est due à une huile volatile contenant
de l'azote et du soufre. On trouve, en
Plante du genre ail, commune dans outre, dans les écailles, de la gomme,
tous les jardins, connue dans toutes du sucre incristallisable, une matière
les cuisines. La partie souterraine de azotée analogue au gluten des céréa-
l'oignon, seule comestible, est un bul- les, des acides phosphoriques et acé-
be ayant la forme d'une toupie dont tiques libres, du phosphate et du ci-
la pointe serait en l'air. Cet organe a trate de chaux. Le sucre est beaucoup
pour base un disque ou plateau peu plus abondant dans les oignons des
épais qui, à lui seul, constitue toute pays méridionaux que dans ceux qui
la tige de la plante. De la face infé- ont végété dans le nord. C'est ainsi
rieure de ce plateau proviennent des que les oignons d'Egypte, dits aussi
racines qui s'enfoncent dans la terre. oignons d'Afrique, à bulbe très volu-
La face supérieure porte, pressées les mineux, renferment du sucre en quan-
unes contre les autres, d'épaisses écail- tité considérable et sont beaucoup plus
les charnues qui ne sont pas autre doux et plus agréables que les nôtres.
chose que les parties inférieures de
feuilles dont le limbe a avorté. Ces Sous l'influence du sol et du climat,
écailles s'enveloppent complètement la culture de l'oignon a donné une
les unes les autres comme autant de foule de variétés qu'on peut rapporter
tuniques. Les plus superficielles sont à deux races principales : l'oignon blanc,
minces, les autres beaucoup plus épais- plus doux, de meilleure qualité, et l'oi-
ses. Au milieu de ces écailles s'élève gnon rouge, dont les variétés les plus es-
l'axe, la hampe, qui porte les fleurs, timées sont l'oignon rouge pâle ou de
et que l'on nomme vulgairement tige. Niort, l'oignon rouge foncé, l'oignon
Celle-ci est creuse et renflée au des- poire, l'oignon rouge plat hâtif.
Famille: Liliacées
Emploi. L'oignon est un stimulant. L'oi- cuit, l'huile volatile s'est dissipée, et les ma-
gnon cru est diurétique et vermifuge. En tières qui restent ne sont plus excitantes.
faisant macérer deux oignons crus dans un
litre de vin blanc, on a un liquide diurétique L'homéopathie préconise l'oignon contre les
que l'on administre contre les rétentions refroidissements, les rhumes, la toux, les maux
de ventre, les flatuosités, les maux d'yeux.
d'urine, les hydropisies, les affections scor-
butiques et les scrofules. L'oignon cru ne Il est superflu d'indiquer ici tous les usa-
peut être digéré par tous les estomacs, mais ges culinaires de l'oignon. Nous dirons seu-
l'oignon cuit est d'une digestion plus facile. lement que l'on en fait une purée excellente
Il est réputé adoucissant, émollient, pectoral. qui se sert avec les côtelettes à la Soubise
L'oignon cuit sous la cendre et mangé avec et que les petits oignons se confisent comme
de l'huile ou du beurre est un remède po- les cornichons. Les anciens thérapeutistes
pulaire contre l'enrouement. A l'extérieur, prétendent que l'oignon allongé est plus effi-
l'oignon cuit s'applique en cataplasme com- cace que l'oignon arrondi, que le rouge vaut
me maturatif sur les boutons, les phlegmons, mieux que le blanc et que l'oignon cru est
les clous, les panaris. Un oignon coupé par préférable à l'oignon cuit. « Qui mange oi-
morceaux et macéré dans le vin rouge est gnon, disent-ils, prend apéritif excellent, léger
un bon vermifuge. purgatif et bon sommeil.» Ils recommandent
Le jus de l'oignon devient rose à l'air. l'odeur des oignons crus pour arrêter les
Quand on le fait fermenter avec de l'eau et saignements de nez, et les oignons bien cuits
de la levure de bière, il fournit à la distil- pour combattre les rétentions d'urine. Contre
les vers, ils font boire, à jeûn, de l'eau dans
lation une liqueur alcoolique qui peut être laquelle ils ont fait macérer pendant une huit
ensuite convertie en vinaigre. Dans l'oignon des tranches d'oignons crus.
10

1 a, b. Aloès. 2. a, b. Scille maritime.


Baker.
3 Oignon de mer. Aloë soccotrina Lam. Urginea maritima
Ornithogalum scilloides Jacquin.
Famille: Liliacées
Ail. Allium sativum L. guérit les morsures des chiens et des ser-
L'ail est une espèce d'oignon du pents. Si on le mange cuit, il éclaircit la voix,
calme les toux opiniâtres, porte au sommeil
climat méditerranéen dont le bulbe et rend service dans certaines affections des
blanchâtre se subdivise en gousses ou intestins. On se préservera d'une maladie
caïeux. Ses feuilles, d'environ 1,5 cm. contagieuse en prenant une décoction chaude
d'ail dans du vinaigre double et, pour se
de largeur, sont planes, canaliculées, défaire des calculs, on prendra de l'ail cuit
et sa hampe, cylindrique et non ven- dans de l'esprit-de-vin. L'ail, toutefois, n'est
true, se recourbe au moment de la pas à conseiller aux natures d'un tempéra-
floraison. Les fleurs sont d'un blanc ment ardent, pas plus d'ailleurs qu'aux per-
sale; elles ont six étamines, un ovaire sonnes travaillées de goutte ou de podagre.
creusé au centre, Ils donnent, contre
les maux d'oreilles
et elles sont en- provoqués par le
tourées, au dé- froid, le conseil de
but, d'une spathe cuire de l'ail dans
membraneuse de l'huile d'olive,
d'en exprimer le
longuement effi- jus chaud dans le
lée. L'ail est cul- canal auditif et de
tivé depuis la fermer d'un tampon
haute anti- de ouate.
plus
quité: les Juifs PI. X. Fig. I.
l'ont amèrement Aloès. Aloë socco-
regretté, avec trina Lam.
l'échalotte et l'oi- L'aloès est une
gnon, lors de leur Liliacée à feuilles
séjour dans le grasses, char-
désert. Il a une nues, sinuées-
odeur particuliè- dentées, dont la
re, désagréable, hampe porte une
et une saveur grappe de fleurs
très forte qui ne pendantes, jau-
semble pas être nes, cylindrico-
du goût de tout campanulées. Il
le monde puis que fleurit en juin
Victor Hahn pré- dans les pays
tend que tous les méridionaux et
peuples de l'Uni- passe, chez nous,
vers peuvent la mauvaise sai-
être partagés en son dans les
deux groupes: Ail.AlliumsativumL. serres.
les adorateurs de a. Partieinfér.de la tige.b. Partiesuper,enfloraison, L'aloès des
c. Inflorescence,d. Etamineset pistil.
l' ail et les pharmaciens est
autres. le suc extrait des feuilles de la plante
et desséché au soleil. C'est une mas-
Emploi. L'ail est une plante condimentai-
raffolent. se brillante, de couleur brun foncé, à
re dont les méridionaux, surtout, dans une reflets verdâtres, à cassure largement
Il entre comme assaisonnementet le conchoïdale. Sa saveur est très amère
sorte de saucisson fumé, durest mince, un
Knackwurst du Wurtemberg, regardé
et faisait et son odeur fait songer au safran ou
peu partout comme vermifuge
à la myrrhe.
autrefois partie du vinaigre dit des quatre
voleurs. Emploi. L'aloès est offic. sous le nom
Il sert à la préparation d'un extrait
Les anciens thérapeutistes enladisent beau- d'Aloé.
de bien: Galien en fait Thériaque d'aloès (Extractum aloës); de la teinture d'a-
coup loès (Tinctura Aloës: aloès 2, alcool 10) et
des paysans. L'ail réchauffe, disent-ils, déga-
les selles et les vents, chasse les vers, de la teinture d'aloès composée ou élixir de
ge
Famille: Liliacées

longue vie (Tinclura Aloës composita: aloès à une hampe haute de 6-9 dm. se termi-
30, agaric blanc 5, myrrhe 5, racine de gen- nant par une grappe de fleurs blan-
tiane 5, rhubarbe 5, safran 5, zédoaire 5, châtres, rosées ou rouges. On n'utilise
alcool dilué 1000).Il entre dans la composi- des-
tion des pilules d'aloès (Piluloe aloëticoe),des que son bulbe dont les tuniques,
pilules d'aloès et de fer (Piluloe aloëticoefer- séchées, sont désignées dans les phar-
râtes), des pilules de rhubarbe composées macies sous le nom de squames de
(Piluloe Rhei compositae), du baume de Fio- scille. Les écailles moyennes, de pré-
ravanti (Spiritus balsamicus).
L'aloès est tonique, stomachique, légère- férence celles de la variété à bulbe
ment purgatif en petite quantité, laxatif à rouge (récolte en automne), sont cou-
haute dose. A la dose de 0,1 gr., il est salu- pées en lanières de quelques mm. d'é-
taire aux personnes astreintes à un travail
intellectuel, mais il est bon de n'en pas abu- paisseur et séchées ; elles ont la trans-
ser. Il débarrasse de la constipation et des parence de la corne et une saveur
hémorroïdes, provoque les menstrues, em- amère et désagréable. Le suc frais
pêche les flux de sang, et sa teinture est brûle la peau et provoque l'éternù-
vulnéraire. On l'utilise en lavements, en col- ment et les larmes. Les feuilles ne
lyres, en emplâtres; contre la jaunisse, on
recommande de prendre trois fois par jour poussent qu'au moment où la tige se
0,1-0,2gr. d'aloès dans de l'eau de fenouil flétrit. Fleurit en août et septembre.
ou d'anis. Emploi. Les scilles des pharmaciens (Bul-
L'aloès pris en morceaux peut percer les bus scilloe)ne sont autre chose que les squa-
intestins. mes de scille dont nous avons parlé plus
Kneipp en dit beaucoup de bien: « Une haut. Ces squames donnent une poudre con-
ou deux pointes de couteau de poudre d'aloès tenant de nombreux raphides d'oxalate de
bouillies avec une petite cuillerée de miel, potasse et servent à la préparation d'une
fournissent une mixtion qui nettoie radicale- teinture, d'un vinaigre et d'un oxymel.
ment l'estomac, sans le moindre inconvénient. La scille est un diurétique à recomman-
Avez-vous des yeux malades, sanguinolents, der dans les affections hydropiques, ainsi
chassieux, dont découlent du pus ou autres qu'un expectorant d'un effet sûr. Il est bon,
superfluités, l'aloès vous fournira une excel- toutefois, de ne pas la prendre à haute dose,
lente eau ophtalmique. Mettez pour cela une car elle est un poison dangereux : dose max.
forte pointe de couteau d'aloès dans un fla- 1 gr. pour lés adultes, 1/5-1/4de gr. pour les
con, versez y de l'eau chaude, agitez, et enfants.
voilà votre remède prêt. Lavez alors 3 ou 4 La teinture de scille se prend à la dose
fois par jour avec cette eau l'intérieur et max. simple de 2 1/2gr. et se prépare au
l'extérieur de vos yeux, et ne vous laissez moyen de 2 parties de scille et 10 parties
pas arrêter par les démangeaisons ou par d'alcool dilué. Le vinaigre de scille (Acetum
une petite douleur brûlante, qui peuvent sur- scilloe),un liquide limpide, jaune, d'une sa-
gir au début. Cette même eau est égalemnet veur amère et acide (scille 1, alcool 1, vi-
un admirable détersif pour les anciens ulcè- naigre pur 9, macérer pendant 8 jours et
res, les chairs putrides, les cicatrices profon- exprimer) est pris à l'intérieur avec du su-
des avec forte suppuration. Plongez, à cet cre ou du miel (oxymel) pour provoquer les
effet, un morceau de linge dans l'eau d'aloès effets ci-dessus et, extérieurement, dilué dans
et appliquez sur la partie malade. Si un ul- la proportion de 1: 10, sous forme de cata-
cère, ou plutôt le fluide acre qui en découle, plasmes, de lavements ou de gargarismes.
empêche à un endroit du corps la peau de se Quant à l'Extractum scilloe des pharmacies,
reformer,répandez dessus de la poudre d'aloès c'est un extrait brun-rouge, d'une saveur
et en quantité assez grande pour que toute âcre, légèrement amère, qu'on doit conser-
la partie souffrante en soit recouverte. Pan- ver avec prudence et dont la dosé max. quo-
sez, avec des linges secs, une fois par jour. tidienne est 1 gr.
La poudre, en absorbant les substances mor-
bides, formera une croûte, sous laquelle la PI. X. Fig. 3. Oignon de mer. Ornitho-
nouvelle peau ne tardera pas à se montrer.»
galum scilloïdes Jacq.
PI. X. Fig. 2. Scille maritime. Grande C'est le faux-oignon marin des cam-
scille. Oignon marin. Scilla maritima L. pagnards, une espèce d'ornithogale à
Urginea maritima Bak. gros bulbe vert émergeant du sol, à
Cette plante croît sur le littoral des longues feuilles plates et ensiformes
mers qui baignent le midi de la Fran- dont la hampe devient très longue et
ce, l'Afrique méridionale, la Syrie, la porte une grappe pyramidale garnie
Sicile et l'Espagne. Son bulbe énorme, de fleurettes d'un blanc verdâtre à
en forme de poire, donne naissance odeur désagréable.
11

1 a, b. Asperge. 2 a, b. Parisette.
Asparagus officinalisL. Paris quadrifoliusL.
Famille: Liliacées 23
L'oignon de mer est originaire, du ne parlerons pas de l'huile d'asperge vantée
de par nos pères contre les piqûres des guêpes
cap Bonne-Espérance. et des abeilles, et nous contenterons de dire
Emploi. Les feuilles et les pelures sont
très estimées pour les plaies, les brûlures et qu'on prépare avec le suc de la plante le
les excoriations de toutes sortes. sirop de pointes d'asperges, diurétique em-
ployé contre l'hydropisie.
PI. XI. Fig. I. Asperge. Asparagus of- Sceau de Salomon. Herbe aux pana-
ficinalis L. ris. Convallaria polygonatum L. Polygo-
Rhizome horizontal, vivace, court, à natum vulgare Desf. Polygonatum offici-
longues fibres radicales épaisses, don- nale All.
nant au printemps des pousses cylin- Rhizome rampant, blanc, de l'épais-
driques chargées d'écaillés, charnues, seur du doigt, çà et là rétréci. Tige droi-
et terminées par un bourgeon verdâtre. te, anguleuse, striée. Feuilles, ovoïdes-
Les fleurs, d'un blanc-verdâtre, sont allongées, alternes, formant deux rangs
portées par deux sur la tige. Fleurs
sur un pédicelle tombantes, toutes
articulé et penché. du même côté, de
Elles donnent une belle apparence,
baie sphérique blanches avec
d'un rouge vif. bords d'un vert
L'asperge fleurit clair,tubulées-cam-
en juin-juillet et panulées. Baies
fructifie en août. d'un bleu noir.
On en coupe les Le sceau de Sa-
jeunes pousses au lomon fleurit en
printemps (avril et mai-juin. Il croît
mai). Cette plan- dans les buissons,
te croît dans les sur les collines
lieux sablonneux calcaires et dans
de nos contrées, les pierriers. Il est
çà et là à l'état parfaitement ino-
sauvage, et fait dore et son rhi-
l'objet d'une cul- zome, assez riche,
ture très perfec- en mucilage, est
tionnée. Les as- douceâtre.
Sceau de Salomon.Polygonatumofficinale.
perges du Valais, a. Partiesupérieured'uneplanteen floraison. Emploi. Le rhizo-
en Suisse, sont b. Rhizomeet partieinférieurede la tige. me contient une pro-
c. Coupelongitudinalede la fleur.
particulièrement portion notable d'ami-
renommées. Les asperges préparées don; il n'est nullement dangereux, mais on
saveur fera bien de se méfier des baies, car elles
ont une odeur et une particuliè- provoquent les vomissements..
res, agréables, légèrement douceâtres. Dioscoride nous apprend que les coquet-
Emploi. L'asperge constitue un aliment tes d'antan se frottaient le visage avec le
léger et très sain. C'est un dépuratif du sang rhizome pour se défaire des impuretéssor- de
qui communique à l'urine une odeur tout à la peau, et qu'elles en préparaient une
fait spéciale et qu'on peut recommander te d'eau de toilette pour s'éclaircir le teint.
comme diurétique à toutes les personnes at- A en croire d'autres thérapeutistes, là pou-
teintes d'affections de la vessie ou des reins. dre de rhizome résorberait rapidement le
Les racines se comptaient autrefois parmi sang des contusions et des hémorragies sous-
les cinq racines apéritives majeures, Radiees cutanées, tandis qu'un emplâtre de rhizome
quinque aperientes majores. frais, de graisse de porc et de safran, serait
Si nous en croyons les anciens herboris- un excellent maturatif des abcès, des pana-
une décoction de racine dans du vin ris et des furoncles.
tes, Il en résulterait donc que le sceau de Sa-
dégorge le foie, chasse la jaunisse, dépure lomon
les reins et la vessie, calme les douleurs de jouirait de propriétés émollientes, lé-
la goutte sciatique, et, tenue chaude dans gèrement caustiques et maturatives. Il faut
la bouche, apaise les rages de dents. Nous remarquer, toutefois, que les anciens herbo-
24 Famille: Liliacées
les
ristes ne font aucune différence entre le journé. Son extrait ralentit et régularise
le battements du coeur et exerce une forte ac-
Polygonatum vulgare qui nous occupe et tion diurétique: il est administré contre les
Grand sceau de Salomon, Polygonatum mut- mitral et tou-
tiflorum Allioni. palpitations, le rétrécissementsuivies
tes les affections du coeur d'hydro-
pisie (dose max. par jour 0,2 gr.). Les an-
Muguet. Lis de la vallée. Amourette. ciens herboristes prétendent que le suc des
Lis des vallées. Convallaria majalis L. fleurs est un excellent remède ophtalmique,
et nous en voyons qui remplissent un verre
Le muguet se passerait de descrip- de fleurs de muguet, le ferment (?), le pla-
tion. C'est la jolie petite plante, très cent dans une fourmilière pendant quelques
jours, et emploient ensuite le liquide qui s'est
commune dans les bois et les taillis, amassé dans le verre
que tout le mon- pour calmer les dou-
de salue avec plai- leurs de la goutte.
sir et que tout le
monde aime pour PI. XI. Fig. 2. Pa-
son charme péné- risette. Raisin de
son suave Renard. Herbe à
trant,
sa Paris. Parisette à
parfum, grâce,
la blancheur im- quatre feuilles.
maculée de ses True-Love des An-
clochettes en grap- glais. Paris quadri-
folius L.
pes. Le muguet
possède un rhizo- Rhizome hori-
me mince, longue- zontal, vivace, cy-
ment traçant, don- lindrique, traçant.
nant naissance à Tige verticale
deux feuilles radi- d'environ 30 cm.,
cales ovales, poin- feuillée seulement
tues au sommet au sommet où elle
et d'un beau vert. est garnie de 4
La hampe, demi- feuilles ovales et
cylindrique, porte sessiles disposées
une grappe unila- en croix. Un peu
térale de fleurs au-dessus de ces
blanches en gre- feuilles, la tige se
lot, penchées et termine par une
dentelées, et, plus fleur unique assez
tard, des baies Muguet.Convallariamajalis L. grande, verdâtre,
sphériques d'un a. Planteen floraison, b. Rhizome,c. Coupe
d'unefleur,
longitudinale d .Fruit,e. Coupe transversale joliment étoilée,
rouge écarlate. d'unfruit.f. Semence (coupe). qui produira, en
Le muguet fleu- juillet-août, une
rit d'avril en juin; les fleurs ont une baie d'un bleu noir.
odeur particulièrement suave et péné- La parisette croît partout dans nos
trante, et une saveur amère, acre et contrées, mais surtout dans les bois
désagréable. humides où elle fleurit en mai-juin.
Emploi et dangers. Sous son aspect à la Emploi et dangers. Les feuilles broyées
fois poétique et gracieux, le muguet cache peuvent être appliquées sur les yeux et les
un poison dont les effets ont assez d'analo- plaies enflammés. A petite dose, la parisette
gie avec ceux de la digitale. On fera donc passe pour avoir des propriétés antispasmo-
bien de recommander aux enfants de n'en diques, mais il est prudent de se méfier des
point tenir dans la bouche, de n'en point, baies qui contiennent un principe narcotique
mâcher les fleurs, et de ne jamais boire capable de provoquer le malaise, des vomis-
l'eau dans laquelle ces dernières auront sé- sements et des crampes d'estomac.
2. Safran.
Crocus sativus L.

3 a, b. Flambe
1 a, b. Agave. Iris germanica L.
Agave americana L.
Famille: Dioscorées. Amaryllidées. Iridées. 25
Famille des pointues, sinuées. Hampe très haute,
Dioscorées dressée, rameuse, portant des fleurs
vertes fasciculées..
Taminier. Tamier. Sceau de la Vierge. Originaire du Mexique, l'agave s'est
Couleuvrée-noire. Sceau de Notre-Dame. acclimaté dans l'Europe méridionale
Raisin du diable. Tamus communis L. où il se cultive en pots et en cuves.
Plante terrestre, vivace, à souche Chez nous, il ne fleurit guère que dans
épaisse, charnue, noire extérieurement, les serres et à un âge assez avancé,
blanche à l'intérieur. Tige sarmenteu- et sa floraison est un signe de prompt
se, volubile, à feuilles longuement pé- dépérissement et de mort. Son suc,
tiolées, ovales-acuminées, cordiformes, frais, a une saveur douceâtre, et est
luisantes. Baies rouges. employé dans la fabrication de la
Indigène des pays méridionaux et boisson nationale du Mexique, le fa-
d'Angleterre, le taminier croît chez meux vin de pulque.
nous dans les bois et les haies, s'en- Emploi. Le curé Kneipp le loue beaucoup.
roulant où il La décoction
d'une feuille se-
peut; il fleurit rait un dépuratif
en mai-juin. de l'estomac et
La racine a des intestins, en
une saveur même temps
qu'un bon remè-
amère et acre, de ophtalmique.
qui provoque Une pointe de
les vomisse- couteau de feuil-
ments. les séchées et
Emploi. La pulvérisées, pri-
racine est pur- se deux fois à
à la dose la journée, pas-
gative se pour combat-
de 2-4 gr. On tre la jaunisse.
l'applique sur les La feuille écra-
foulures et les sée est un bon
contusions, ce
a sans doute vulnéraire, et le
qui suc épaissi des
valu au taminier feuilles est con-
le nom vulgaire sidéré commeun
et très suggestif remède contre
«d' herbe aux. Taminier. Tamus communisL. la consomption.
femmes battues». a. Tige montrant l d'une
'inflorescence plante femelle.
Les anciens b. Tigemontrantl'inflorescenced'uneplantemâle.
herboristes lui c.Fleurfemelle,d. Fleurmâle.e.Fruit.
prêtent des pro-
priétés à peu près semblables à celles de la le
Famille des
bryone (navet du diable); et Dioscoride,les
fameux médecin de Cilisie, rapporte que Iridées
jeunes pousses, bouillies et apprêtées en
salade, constituent un mets très deapprécié ses ef-
PI. XII. Fig. 2. Safran. Crocus sativus L.
dans certaines contrées à cause Le safran diffère du colchique avec
fets emménagogues, diurétiques, dépuratifs, on pourrait aisément le con-
toniques et antiépileptiques. lequel
fondre, en ce sens que ses feuilles
naissent avant les fleurs. C'est une
Famille des
plante acaule, à souche bulbeuse et à
Amaryllidées bulbes tuniqués. Ses feuilles, linéaires
PI. XII. Fig. I. Agave. Agave ameri- et disparaissant à la floraison, sortent,
cana L. avec la hampe, d'écailles engainantes,
l'aloès et garnie à scarieuses et tronquées obliquement.
Plante rappelant fleurs en entonnoir, d'un
sa base d'une touffe en rosette de Ses grandes
feuilles charnues, épaisses, violet pourpre, sont striées de lignes
grandes
20 Famille: Iridées
contre les maux d'oreilles; ils en font, avec
rouges, et portent 3 stigmates très un oeuf complet, un topique à appliquer sur
longs, recourbés, atteignant le limbe les enflures et les abcès, et ils préconisent
du périgone. les frictions de lait safrané, d'essence de
Le safran est originaire d'Orient. roses et d'un peu d'opium, contre les mor-
De nos jours encore, c'est la Perse, sures si douloureuses de la podagre.
On sait généralement que le safran a un
l'Asie mineure et le Cachemire qui en Ce que l'on
pouvoir colorant considérable.
fournissent le plus. En Europe, on le sait moins, peut-être, c'est que ses émana-
cultive en France, en Autriche, en Ita- tions, respirées en trop grande quantité,
provoquent des maux de têtela et un état
lie, en Angleterre, en Allemagne, en mort.
apoplectique qui peut amener
Espagne, mais on semble donner la pré- Iris de Florence. Iris florentina L.
férence aux safrans français et autri-
L'iris croît spontanément dans le
chiens.
Les stigmates et les styles sont ré- Nord de l'Afrique et le sud de l'Eu-
coltés au moment de la floraison. Ils rope. On le cultive dans les environs
ont une odeur forte, narcotique, aro- de Florence et de Vérone, ainsi que
dans certaines régions de la France,
matique, et une saveur amère et chau-
de due à l'huile essentielle qu'ils ren- à cause du parfum de son rhizome.
ferment. Desséchés, ils se présentent Il se reconnaît aux grandes et belles
sous la forme de longs filaments d'un fleurs blanches, légèrement bleutées,
au nombre de 1-3, une
brun-rouge, d'odeur pénétrante et de qui garnissent,
saveur épicée. hampe plus longue que les feuilles.
Emploi. Off. Safran, Stigmata croci. Le Ses feuilles sont plates, presque dans
safran est un calmant qui, quand il s'agit un seul plan, lancéolées, pointues.
d'enfants, peut être considéré comme un L'Iris pallida Lamark se distingue
succédané de l'opium. C'est un emménago-
gue populaire d'un usage courant, qui agit par ses fleurs d'un violet pâle et aussi
déjà à la dose de 1/2gr., et qu'il faut se gar- par sa floraison plus tardive.
der de prendre à plus forte dose si l'on
tient à éviter des suites désagréables et sur- PI. XII. Fig. 3. Flambe. Iris germa-
tout dangereuses. L'infusion de 8-10filaments nica L.
par tasse à thé constitue un remède stimu- Rhizome traçant, horizontal, charnu,
lant en même temps que narcotique qu'on dont l'extrémité antérieure
pourra employer dans les cas d'asthme, de s'allonge
coqueluche ou d'hystérie. Le safran s'utili- chaque année par suite de l'apparition.
se à l'extérieur contre les inflammations de de deux bourgeons latéraux, tandis
toute sorte, contre les hémorroïdes et les que l'extrémité postérieure se détruit.
maladies des yeux, et il entre dans la com- Fleurs grandes, sessiles, dont les sé-
position : de l'élixir de longue vie (aloès 30,
agaric blanc 5, myrrhe 5, racine de gentiane pales, d'un violet indigo, sont frangés
5, rhubarbe 5, safran 5, zédoaire 5, alcool d'une crête longitudinale de poils
dilué 1000); du Laudanum liquidum (opium blancs ou jaunes, et dont les pétales,
10, safran 3, cannelle de Chine 1, girofle I,
alcool 45, eau 50, liquide d'un jaune-rouge plus petits et d'un bleu pâle, sont brus-
foncé, d'une saveur amère et dont une gout- quement contractés en un étroit on-
te colore un litre d'eau nettement en jaune); glet. Anthères de la longueur du filet.
de la teinture de safran (Tinctura Croci), sans
compter qu'il n'est pas rare de le rencon- Stigmates oblongs, élargis au sommet.
trer sous forme de condiment. Les deux premières espèces fleuris-
La médication homéopathique emploie le sent en juin, la troisième de fin avril
safran dans l'obstétrique et pour combattre en juin. Toutes trois sont cultivées.
les hémorragies, et les accès hystériques. La flambe ou flamme se perpétue sou-
Les divers traités des simples nous disent
que le safran, mélangé aux aliments, active vent sans culture sur les vieux murs,
la digestion et fortifie les organes à condi- sur les toits de chaume et les rochers. .
tion d'en faire un usage modéré; qu'il dé- Les rhizomes italiens sont récoltés
gage le foie, débarrasse de la jaunisse, jouit dans leur 2me ou 3me année de crois-
de propriétés antiseptiques marquées; et ils
le donnent, dans du lait, aux enfants qui sance et livrés au commerce ; les rhi-
crient continuellement et ne veulent pas boi- zomes allemands, en automne. Tous
re. Ils en préparent un collyre et un remède possèdent une odeur agréable de vio-
13

3. Orchis tacheté.
2. Orchis bouffon. Orchis maculata L.
1. Orchis militaire Orchis morio L.
Orchis Rivini Gouan.
Famille: Iridées. Orchidées. 27
lette et une saveur légèrement acre « 20 gr. de poudre absorbés dans du vin
doux évacuent la bile et les mucosités par
qui s'atténue par la dessication. C'est les selles. Y ajoute-t-on 3 gr. de rhubarbe,
le rhizome de Livourne qui exhale le on aura un remède fameux contre l'hydro-
parfum le plus délicat. pisie. Une bonne lampée d'une décoction de
tranches de rhizome dans du bon vin blanc,
Emploi. Off. Rhisoma Iridis. Ce sont des prise plusieurs jours de suite, chaude et le
morceaux d'une épaisseur de 3-4 cm.,, de 8 matin à jeûn, provoque l'écoulement des
cm. de long, grossièrement annelés, portant menstrues, dégorge la vessie, dissout les
à la surface inférieure des cicatrices brunâ- calculs, combat les crampes et les frissons
tres laissées par les racines, et dont la cou- fiévreux, fait aller les selles, tue les vers,
pe transversale montre une écorce très mince guérit la jaunisse et procure bon sommeil.
d'un jaune rouge entourant un tissu blanc. Il n'est pas rare de voir des mères de fa-
On les taille en bâtonnets cylindriques pour mille ajouter de la poudre de rhizome aux
les donner à mâchonner aux enfants dont la bouillies de leurs petits dans l'espoir de
dentition commence (Radices Iridis munda- calmer les maux de ventre. Un cataplasme
toe), et on en fabrique des sortes de globu- chaud est topique pour les inflammations des
les de la grosseur d'un pois qu'on destine à glandes. La poudre est un détersif pour les
entretenir la suppuration dés cautères (pois plaies et les ulcères purulents, surtout si elle
à cautère, pois d'iris de Paris). La poudre de est additionnée de miel. Des compresses de
rhizome, prise plusieurs fois par jour à la vinaigre, de rhizome pulvérisé et d'essence
dose de 1/2gr. dans du miel, rend de bons de roses, sont souveraines contre les névral-
services dans les affections catarrhales; on gies. La poudre et le suc provoquent l'éter-
l'utilise également comme dentifrice, et les nûment, guérissent les hémorroïdes et dé-
ménagères connaissent fort bien l'usage qu'on truisent les teignes.»
en fait dans la buanderie et les armoires à On sait que c'est au mélange de sépales
linge. écrasés et de la chaux que l'on doit la cou-
Feuilletons quelques livres de simples : leur connue sous le nom de vert despeintres.

Famille des PI. XIII, Fig. I. Orchis militaire. Or-


Orchidées chis singe. Orchis militaris L. Orchis si-
mia. Orchis Rivini Gouan. Orchis tephro-
Les plantes de cette famille se grou- santhos Vill.
pent en' deux sections : les Enorchi-
dées et les Cypripédiées. La première
section se subdivise elle-même en trois Bulbe ovoïde présentant, simultané-
tribus, les Ophrydées, les Néottiées, ment deux tubercules, dont l'un, déjà
les Malaxidées. Chaque tribu ayant flétri et condamné à disparaître, a.
ses genres à part, et chaque genre donné naissance à la tige feuillée et
ses espèces propres, il est, croyons- au tubercule frais. Tige de 30-40 cm.
nous, préférable que nous n'entrions de hauteur, enveloppée de feuilles ob-
pas dans des détails qui n'intéresse- longues. Fleurs en casque d'un blanc
raient en somme que les profession- cendré, disposées en gros épis assez
nels de la botanique scientifique, et lâches, et dont le lobe moyen, bifide,
que nous nous contentions d'une mo- est rosé et ponctué de pourpre ou de
nographie sommaire des plantes de petites houppes purpurines. Eperon
cette famille et d'un court aperçu de un peu courbé, dirigé en bas, obtus,
leurs propriétés médicinales et théra- plus court que l'ovaire. Lieux herbeux ;
peutiques. pelouses ombragées.
28 Famille: Orchidées.

PI. XIII. Fig. 2. Orchis bouffon. Orchis Fleurs en épis courts et compacts, d'un
morio L. rose pâle ou lilas ou blanches, veinées
Plus petit que le précédent, avec ou tachées de pourpre et de violet.
des fleurs d'un rose lilas et un casque Eperon cylindrique-conique, plus court
veiné de vert. Labelle large, à 3 lobes que l'ovaire, dirigé en bas. Bois, pâ-
obtus légèrement crénelés, dont le lobe turages montagneux et alpins.
moyen présente une tache blanche à Orchis à larges feuilles. Orchis latifo-
sa base et des lignes violettes sur son lia L. Orchis majalis Reich et Orchis à
milieu; éperon obtus, cylindrique, pres- fleurs carnées, Orchis incarnata L.
que aussi long que l'ovaire. Prairies Ce sont deux espèces très voisines
sèches. dont les feuilles sont généralement
Orchis mâle. Orchis mascula L. maculées de taches brunâtres. Leurs
Les fleurs ont leurs sépales latéraux tiges sont creuses et leurs fleurs sont
étalés et sont d'une couleur purpurine. purpurines, vineuses dans, la première
Les feuilles sont quelquefois tachées espèce, plutôt carnées et moins viola-
de brun. Il croît dans les buissons, cées dans la seconde. Prés humides.
dans les bois et sur les pâturages Orchis Gymnadenia.
montueux. Plante de 60 cm. environ de hau-
Genre Platanthère. Platenthera.
teur, dont les épis sont allongés, mais
Périgone à divisions extérieures la- plus petits et plus étroits; fleurs odo-
térales plus ou moins étalées, la supé- rantes à éperon filiforme très long.
rieure connivente en casque avec les Les tubercules
2 inférieures. Labelle dirigé en bas, (salep) de ces qua-
tre espèces sont récoltés immédiate-
linéaire-allongé, entier, et prolongé en ment après la floraison, plongés dans
un éperon très long. Bois, lieux her- l'eau bouillante et desséchés ensuite.
beux, taillis. Fleurit en mai-juin. Ils sont arrondis ou ovoïdes allongés,
Les espèces précédentes font partie de consistance cornée, épais de 1-2
du groupe d'Orchidées à bulbes glo- cm. et d'une longueur atteignant jus-
buleux, en opposition aux espèces sui- qu'à 4 cm; leur surface est rude, jau-
vantes qui rentrent dans le groupe nâtre ou gris-brunâtre.
des Orchidées à bulbes palmés. Disons La poudre de salep, bouillie dans
encore que toutes les espèces de cette 50 p. d'eau, doit donner après refroi-
famille si originale attirent l'attention dissement une gelée mucilagineuse,
de chacun par la riche coloration et consistante, sans saveur, peu colorée
la forme particulièrement bizarre de et passant au bleu par la solution
leurs fleurs. Celles-ci figurent en effet d'iode.
les objets les plus disparates; un cas- Emploi. Off. Tubera Salep, ainsi que Mu-
que, une mouche, un sabot, une abeil- cilago Salep, mucilage de salep (salep 1, su-
le, un petit singe, une araignée, un cre de lait 1, eau bouillante en quantité suf-
fisante pour obtenir 100). Les tubercules,
bourdon, etc., etc. plutôt féculents, gorgés d'amidon et de bas-
PI. XIII. Fig. 3. Orchis taché. Orchis sorine, servent à la préparation du fameux
tacheté. Orchis maculata L. salep des Orientaux, considéré à tort comme
très nourrissant, et administré en Europe,
Bulbe palmé. Tige non fistuleuse sous forme de potage, de bouillie ou de ge-
d'environ 75 cm. de hauteur, donnant lée, aux phtisiques et aux convalescents.
naissance à environ 10 feuilles géné- Les anciens herboristes les utilisaient en
ralement maculées de brun-noirâtre. cataplasmes sur les parties travaillées de
goutte ou de podagre.
2 a, b. Peuplier noir
Populus nigra L.

3. Osier rouge.
Salix purpurea L.
1 a, b, c. Noyer.
Juglans regia L.
Famille : Juglandées

Angiospermes; Dicotylédones

Famille des Les feuilles sont cueillies en juin


et rapidement séchées au soleil; les
Juglandées fruits verts (brou), en juillet. Le
brou et les feuilles, triturés frais,
PI. XIV. Fig. I. Noyer. Noyer com- une odeur balsamique
mun. Noyer royal. Nouguié (Marseille). répandent
prononcée et ont une saveur amère,
Nougué (Gascogne), juglans regia L. astringente et âpre, qui s'atténue
Le noyer est un bel arbre qui toutefois fortement par la dessication.
atteint de grandes dimensions et
dont le tronc se partage en gros- Emploi. Off. Folia Juglandis : c'est la
foliole, ovale, entière, nue, dont on a re-
ses branches étalées formant un tranché le pétiole. Une infusion théiforme
magnifique dôme de feuilles d'un de 10 gr. de feuilles par litre d'eau est
vert sombre. Ses fleurs, monoïques, employée avec avantage à l'intérieur dans
le traitement des affections serofuleuses.
paraissent avant les feuilles, les Le brou de noix et la liqueur de brou de
mâles en chatons pendants, les fe- noix sont toniques et stomachiques. Pour
melles solitaires ou réunies par 2-4 préparer cette dernière: faire macérer
à l'extrémité des ramules. Ses feuil- pendant 8 jours dans de l'eau-de-vie des
noix vertes coupées en quartiers et rele-
les sont glabres, à 7-9 folioles ova- vées d'un peu de cannelle en poudre et
les-aiguës et obscurément sinuées- de quelques clous de girofle; sucrer;
dentées. Son fruit est une drupe exposer au soleil pendant 4 semaines et
dont la partie charnue a reçu le filtrer. (On comptera environ 30 noix par
litre d'eau-de-vie, 1/2 gr. dé cannelle, 1/2
nom de brou. A la maturité, le
gr. de clous de girofle, et 350 gr. de sucre
noyau, qui est la noix, s'ouvre en dissous dans 125 gr. d'eau.) L'eau de brou
deux valves pour laisser échapper de noix, dans laquelle on a jeté des cen-
une amande qui a un peu l'appa- dres, détruit les pucerons sans nuire aux
rence d'un cerveau. Le noyer fleu- plantes.
Le curé Kneipp recommande les bains
rit en mai et arrive à maturité en complets à la dose de 30 gr. de feuilles
septembre. par litre d'eau aux enfants scrofuleux.
Le noyer est originaire de la Cette même décoction, étant donnée
son astringence, peut s'utiliser avec avan-
Perse et ce sont sans doute les tage en lotions (cuir chevelu), en injec-
Romains qui l'ont importé en Eu- tions, fomentations et bains de pieds.
rope. On le cultive çà et là, bien Les anciens ont l'air de se méfier des
noix fraîches qu'ils semblent digérer avec
qu'il supporte fort mal le froid, et peine. Ils disent toutefois dans leurs écrits :
il n'est pas rare de le rencontrer « suc de brou et hydromel, bon pour cou
isolé, par petits groupes, ou même et luette,» et plus loin: « beaucoup de
en allées. noix avalées, ver solitaire chassé.».
30 Famille: Salicinées
PI. XIV. Fig. 3. Saule pourpre. Osier
Famille des rouge. Salix purpurea L. Verdiau. Osier
franc.
L'osier rouge n'est qu'une des nom-
Salicinées breuses variétés du genre saule. C'est
un arbuste qui croît au bord des eaux
et des chemins humides, qui fleurit en
mars-avril en donnant des chatons
PI. XIV. Fig. 2. Peuplier noir. Peuplier
franc. Peuplier suisse. Liard. Populus mâles paraissant avant les feuilles et
des chatons femelles poussant en mê-
nigra L. me temps que ces dernières. Il a des
Le peuplier suisse est un grand et branches effilées et flexibles d'un rou-
bel arbre à écorce crevassée et noire, ge pourpre très vif, de longues feuilles
dont les branches étalées sont garnies étroites et finement dentées, et il est
de feuilles longuement pétiolées, trian- très recherché dans la vannerie fine
gulaires-acuminées, dentées, toujours et par les tonneliers.
glabres et ordinairement glutineuses. A côté de l'osier rouge, les botanis-
Dioïque, de même que toutes les Sa- tes distinguent encore : l'osier vert ou
licinées, le peuplier noir ne porte, sur l'osier de rivière ou osier des îles
le même pied, que des fleurs d'un seul (Salix viminalis) ; l'osier jaune ou osier
sexe. Les fleurs mâles forment des des vignes (Salix vitellina), très esti-
chatons rouges, les fleurs femelles des mé dans la vannerie fine, dans la
chatons verts. tonnellerie et dans le jardinage;
Le peuplier noir est originaire des l'osier noir ou osier bleu ou osier brun
pays méditerranéens et des rives du ou saule à une étamine (Salix monan-
Danube. Il affectionne les terrains
dra); l'osier blanc (Salix alba) employé'
humides, le bord des eaux, et se plante et recommandé
en avenue ou en quinconce. par les sculpteurs
comme succédané du quinquina; l'osier
à trois étamines (Salix triandra), de
Emploi. Les différentes espèces de peu-
pliers — peuplier blanc ou peuplier de Hol- qualité inférieure; le saule laurier ou
- lande,
peuplier blanchâtre ou grisard, peu- saule odorant ou saule à cinq étamines
plier tremble, peuplier noir, peuplier pyra- (Salix pentandra), remarquable par ses
midal ou peuplier d'Italie, peuplier à chapelets
ou peuplier de Virginie, peuplier baumier ou grandes feuilles luisantes, dentées, d'un
peuplier de Sibérie — sont surtout utilisées vert clair, bordées de glandes résineu-
comme bois de chauffage; ils sont le type ses et odorantes et de même forme
des bois blancs. Ils servent aussi beaucoup
à chauffer le four et on les convertit en un que celles du laurier; l'osier fragile
charbon léger très bon pour faire de la pou- (Salix fragilis), fréquemment exploité
dre à canon et dont une variété constitue en tétard le long des rivières. Ce der-
le charbon médicinal ou charbon de Belloc. nier comprend deux variétés, l'une à
Ce dernier donne par ingestion de bons ré- écorce verte, l'autre à écorce rouge.
sultats dans les affections de l'estomac.
Les bourgeons frais du peuplier noir con- Ses brins cassants ont une certaine
stituent un médicament balsamique, diuréti- disposition à devenir branchus et sont
que et sudorifique. Ils entrent dans la con- utilisés pour la vannerie commune.
fection de l'onguent de peuplier, Unguentum Ses feuilles sont denticulées
Populi, employé comme calmant dans les lancéo-
cas d'hémorroïdes, de brûlures ou de plaies lées, glabres et luisantes en dessus.
douleureuses. Cet onguent se prépare en Ses chatons, mâles et femelles, parais-
mélangeant 20 parties de bourgeons de peu- sent tous deux avec les feuilles, les
plier récemment séchés, 5 parties de feuilles chatons femelles très longs, pendants,
de belladone, 5 parties de feuilles de jus-
quiame; en arrosant le tout avec 5 parties lâchement imbriqués.
d'alcool; en ajoutant 100parties d'axonge; en Emploi. Ce que les pharmaciens enten-
digérant au bain-marie pendant 12 heures, dent par Cortex Salicis n'est rien d'autre que
et en passant avec expression à travers une l'écorce de saule recueillie au printemps sur
étoffe de laine. le Salix alba L., le Salix fragilis L. et d'au-
1 a, b. Chêne.
Quercus pedunculata Ehr.

2. Chanvre.
Cannabis sativa L.
Famille : Salicinées, Cupulifères, Ulmacées 31
très saules indigènes. Ce sont des morceaux piration trop abondante des pieds, en com-
cintrés, flexibles, de 1-2 mm. d'épaisseur, à presses contre le goître et l'esquinancie, en
surface presque lisse, le plus souvent un peu bain de siège contre les descentes de rectum,
luisante, inodores, avec une saveur amère et elle remplace, jusqu'à un certain point, le
et âpre. tanin dans la leucorrhée et la blennorragie.
L'écorce de saule s'emploie à l'intérieur, Le tan est l'écorce de chêne moulue. Il
en décoction simple ou en poudre, contre les sert à transformer les peaux en cuirs. Il
fièvres intermittentes, la dysentherie, les em- s'emploie quelquefois en médecine comme
barras d'estomac et d'intestin, les affections astringent pour arrêter les saignements de
pulmonaires et les crachements de sang. A nez, et les débardeurs en saupoudrent leurs
l'extérieur, elle peut être utilisée en bains souliers pour éviter le ramollissement des
fortifiants, en gargarismes, en lotions du cuir pieds qu'ils appellent grenouille. Le principe
chevelu (pellicules) et aussi pour arrêter le actif du tan est le tannin, une substance lé-
sang des plaies fraîches. Il est à remarquer gère, brillante, incolore ou légèrement jau-
que le saule pourpre est plutôt riche en sa- nâtre, acerbe, astringente, que l'on peut ex-
Heine, remède préconisé contre les fièvres traire de l'écorce du chêne, du marronnier,
intermittentes légères, et que le saule fragile de l'orme, du saule, du châtaignier, ainsi que
renferme davantage de tanin. des feuilles de divers arbres, tels que le
sumac, des noix de galle, etc. Le tannin,
Famille des outre son emploi dans le tannage des peaux,
en teinturerie, dans la fabrication de l'encre
Cupulifères L. (Amentacées) et le tannisage des vins blancs et des vins
de Champagne, sert aussi en médecine. Ap-
PI. XV. Fig. I. Chêne. Chêne à fruits pliqué sur les blessures ou sur les plaies, il
pédonculés. Chêne Rouvre. Quercus pe- coagule le sang, le pus, etc. Il est d'autre
de l'émétique et de la
dunculata Ehrh. Chêne commun. Chêne part le contrepoison dés alcaloïdes, car il forme, avec ces
à grappes. plupart
derniers et avec l'antimoine de l'émétique
Le chêne est un arbre vigoureux (Tartarus stibiatus), des précipités insolubles
qui forme de vastes forêts dans une dans les liquides de l'estomac.
de la et dont le Les glands torréfiés et moulus donnent
grande partie France, une sorte de café agissant avec efficacité
tronc rugueux, les branches tortueuses dans le cas de rachitisme ou de scrophule;
et noueuses dénotent une force de ré- et la poudre de gland et de cupule n'est pas
sistance peu commune. Ses feuilles, sans efficacité contre la dysenterie et les
très brièvement pétiolées, sont profon- affections de la vessie. La poudre d'écorce
(tan), les feuilles triturées, sont antiseptiques
dément lobées et vont en se rétrécis- par suite de leur teneur en tanin et hâtent
sant vers le bas. Il est monoïque, fleu- ainsi la cicatrisation des plaies.
rit en mai, mûrit en octobre, époque Les herboristes disent dans leurs ouvrages
à laquelle il porte des fruits (glands) que les feuilles de chêne bouillies dans du
vin font cesser les dévoiements intestinaux
longuement pédoncules contenus dans et les crachements de sang et que pour
une sorte de petite coupe appelée apaiser les ardeurs du gosier il suffit sou-
cupule. vent de tenir une feuille de chêne dans la
On récolte l'écorce des jeunes troncs bouche et d'avaler la salive ainsi provoquée.
Les glands de nos chênes indigènes sont
et des rameaux en mai ou au com- trop amers pour servir à l'alimentation de
mencement de juin et les glands en l'homme; mais les climats méridionaux four-
octobre. L'écorce contient environ 10 % nissent certaines espèce de glands doux que
de tanin et est franchement astringente. l'on sert crus ou torréfiés sur les meilleures
Cortex des tables. C'est avec le gland doux que les
Emploi. Le Quercus pharma- Arabes font leur fameux racahout et qu'on
ciens se présente le plus souvent sous la le café de gland dont l'usage est en-
forme de tubes de 1-3 cm. de diamètre : ce prépare dans certaines contrées.
n'est rien d'autre que l'écorce des jeunes core répandu
rameaux et des pousses radicales.
La décoction de 30 gr. de Cortex dans un Famille des
litre d'eau se recommande à l'intérieur contre
les crachements de sang, les catarrhes, les Ulmacées
flux de sang, les maux de tête, la diarrhée
et les affections de la vessie; à l'extérieur, PI. XV. Fig. 2. Chanvre. Chênevis.
on peut l'employer avec avantage en garga- Cannabis sativa L.
rismes pour les gencives et la muqueuse de
la bouche, en lotions contre les ulcères de Le chanvre est une plante annuelle,
mauvaise nature, en bains contre la trans- dioïque, dont la tige atteint parfois la
32 Famille: Ulmacées

hauteur d'un homme. Les feuilles sont PI. XVI. Fig. I. Houblon. Humulus lu-
palmatiséquées, à 5-7 segments lan- pulus L.
céolés et fortement dentés. Ses fleurs Le houblon est une plante dioïque
mâles forment des grappes axillaires dont la longue racine vivace donne
et terminales; tandis que les fleurs naissance à des tiges annuelles de
femelles sont en glomérules d'un petit plusieurs mètres de hauteur. Ces tiges
nombre de fleurs. La graine ou chène- sont grimpantes, sarmenteuses, volu-
vis est surtout utilisée pour la fabri- biles, de droite à gauche, un peu
cation d'une huile employée dans la anguleuses et couvertes de poils courts,
peinture et dans la préparation de crochus et robustes, qui leur donnent
savons mous, noirs et verts. Le chanvre une certaine rugosité. Elles portent
fleurît en juin-août, mûrit fin septembre. des feuilles opposées, pétiolées, rudes
Il passe pour originaire de l'Asie, et en dessus, munies en dessous de glan-
se trouve à l'état cultivé dans les des résineuses, en forme de coeur à
régions inférieures. A l'état frais, il a la base, à 3-5 lobes ovales et dentés.
des propriétés narcotiques très éner- Les fleurs mâles, petites et verdâtres
giques: c'est avec les feuilles du comme les fleurs femelles, sont groupées
chanvre indien (Bhang) que les Orien- en grappes rameuses, opposées, axil-
taux préparent le Hachisch, drogue laires, tandis que les épis fructifères
narcotique, enivrante, qui rend insen- femelles, plus gros que les autres,
sible et produit des hallucinations. lâches, légers, se présentent sous
forme de cônes (strobiles) d'abord
Emploi. Le chènevis était autrefois offici- d'un vert pâle, puis jaunes.
cinal et connu sous le nom de Semen Can- Le houblon fleurit en juillet-août
nabis. Ecrasé dans de l'eau, il forme un et arrive à maturité au commence-
liquide laiteux dont on pourra prendre 1/4 ment de septembre. Il croît spontané-
de litre par jour contre les affections des
voies urinaires. Un cataplasme pulpeux ment dans les lieux ombragés, au
(bouillie) de chènevis calme les douleurs bord des eaux, des haies et des
rhumatismales et érysipèlateuses. Le suc du buissons de l'Europe septentrionale et
chanvre a des propriétés analogues à celles
de l'opium. Une alcoolature de fleurs de occidentale, et il est l'objet d'une
chanvre peut être utilisée, en compresses, culture importante en Angleterre, en
contre les inflammations en général, celles France, en Allemagne et en Belgique.
des yeux en particulier. La médication ho- Ses cônes ont une odeur aroma-
méopathique prescrit le chènevis contre le
rembrunissement des callosités, les saigne- tique très prononcée et une saveur
ments de nez, les rétentions d'urine et les balsamique, résineuse, amère, due à
inflammations des voies urinaires, pulmonai- la présence du lupulin ou lupuline qui
res et cardiaques. les recouvre de ses petites glandes
Les herboristes nous disent que le chè-
nevis bouilli dans du lait calme la toux sè- jaunâtres.
che et que les fomentations de chanvre sont Emploi. Le Lupulinum des pharmacies
excellentes contre la podagre; ils appliquent n'est autre chose que les glandes microsco-
la racine pilée sur les brûlures, introduisent
le suc chaud de chanvre frais dans le canal piques du strobile du houblon. Ces glandes
auditif pour adoucir les maux d'oreilles et constituent une farine brunâtre, dorée, adhé-
rant aux doigts, d'une odeur particulière et
se servent des vapeurs de chanvre pour
calmer les ardeurs d'urine. aromatique. Elles jouissent de propriétés
Le chanvre est surtout cultivé -en vue de stimulantes, toniques, antiscorbutiques, et,
la filasse que fournissent les fibres de son dit-on, antiaphrodisiaques. On les prescrit à
la dose de 1/2 gr. à: gr. contre la strangu-
écorce. Dès la plus haute antiquité, la filas- rie, les crampes abdominales, les insomnies,
se a été employée à la confection de toutes les agitations nerveuses, les migraines et les
sortes de cordes et cordages, mais ce n'est digestions laborieuses. La bière aromatisée
guère qu'au XVIe siècle qu'on a réussi à au houblon, agit fortement sur les reins, et
en obtenir une toile de belle qualité, et l'his- l'alcoolature de strobiles fraîchement coupés,
toire a cité, comme une rareté, les deux est recommandée à la dose de quelques
chemises de toile de chanvre que possédait gouttes prises trois fois par jour, contre la
Catherine de Médicis. jaunisse et les douleurs causées par la goutte.
1. Houblon.
Humulus lupulus L.

3. Ortie.
Urtica dioica L. Ficus carica L.
Famille: Ulmacées, Urticées 33
Les herboristes disent dans leurs écrits: plutôt légèrement laxatif, mais elles n'en
«Les gourmets mangent les jeunes pousses constituent pas moins un aliment assez nu-
de houblon en une salade qu'ils considèrent tritif, agréable, se digérant facilement, et
comme précieuse dans les engorgements du surtout un excellent dépuratif de la vessie.
foie. Le suc du houblon est un purgatif dras- On fera bien toutefois de n'en point servir,
tique, mais le houblon bouilli dans l'eau perd aux personnes souffrant de tumeurs irritan-
de ses qualités laxatives et devient un ex- tes du foie ou de la rate, et de les réserver,
cellent dépuratif du foie, du sang et des agrémentées de poivre ou de gingembre,
reins. Des bains de vapeurs de fleurs de pour les hydropiques et les asthmatiques.
houblon rendent service dans les cas de ré- Les mêmes herboristes ajoutent plus loin:
trécissements de matrice, de rétentions d'uri- «un cataplasme de figues broyées dans de
ne et de calculs de la vessie.» la colle fraîche, de l'ammoniaque et du vin-
aigre, est excellent pour les abcès, les plaies,
PI. XVI. Fig. 2. Figuier. Figuier com- les contusions et les enflûres. Le lait du
mun. Ficus carica L. figuier, vermifuge et purgatif drastique à
l'intérieur, jouit de propriétés caustiques
Originaire de la vaste région médi- énergiques qui le font employer contre les
terranéenne qui s'étend de la Syrie cors et les verrues.»
aux îles Canaries, le figuier est un «Bouillies avec de l'hysope, les figues
arbre monoïque qu'on cultive de temps conviennent aux rhumes de poitrine tenaces.
Contre les tranchées, on prendra une décoc-
immémorial dans le midi de l'Europe ; tion de figues et dé rue en lavement. Les
même sans couverture, il supporte personnes qui respirent avec peine, dont les
assez bien l'hiver de notre climat dans voies respiratoires sont embarrassées de
les lieux chauds et abrités, mais il ne glaires, qui souffrent d'anhélation, feront bien
de prendre, à jeûn, 1-2figues macérées pen-
mûrit pas toujours ses fruits. Ses dant 10 heures dans de l'esprit-de-vin. Une
rameaux sont tortueux, diffus, recou- ou deux figues saupoudrées de poivre et
verts d'une écorce laiteuse grisâtre prises à jeûn agissent sur les reins en éva-
ou verdâtre, et son bois est tendre cuant, les calculs par l'urine. La décoction
et poreux. Ses feuilles sont très amples, simple de figues, absorbée chaude, provoque
l'éruption des pustules de la vaccination.»
d'un vert brillant, à 3-5 lobes obtus, Chacun sait que les meilleures figues du
sinués ou irrégulièrement lobés, et commerce nous arrivent de Smyrne.
ses réceptacles fructifères sont assez
Famille des
gros, en forme de poire et à pulpe
sucrée. Urticées
Dans le midi, les figuiers fournissent
PI. XVI. Fig. 3. Ortie. Ortie dioïque.
chaque année deux récoltes: celle de
juin-juillet fournit les figues-fleurs desti- Ortie commune. Grande-Ortie. Urtica
nées à être mangées fraîches; celle dioïca L.
les secondes figues, Il est presque superflu de dire que
d'août-septembre,
destinées au séchage. tout le monde, sans le vouloir, a fait
Les figues ont une odeur légèrement depuis longtemps plus ou moins con-
et une saveur douce et naissance avec l'ortie et surtout avec
balsamique
ses poils urticants. Camerer dit déjà
agréable..
Emploi. La figue joue depuis longtemps en 1600, et non sans quelque malice :
un certain rôle en thérapeutique puisque «l'ortie se reconnaît aisément, même
nous la voyons, avec les raisins secs, les la nuit..., au simple toucher». C'est une
jujubes et les dattes, faire partie des quatre
fruits pectoraux de l'ancienne pharmacopée, plante vivace, dioïque, dont la souche
et que l'Ancien Testament la préconise déjà horizontale et longuement traçante,
comme cataplasme à appliquer sur les tu- donne naissance à des tiges raides,
meurs et les abcès : elle possède en effet des dressées, peu rameuses, portant des
propriétés émollientes et pectoralesen qui ne feuilles ovales, cordiformes à la base
sont pas à dédaigner, et, utilisée garga-
risme, elle peut rendre des services appré- et découpées en larges dents aiguës.
ciables dans les cas d'angine ou de fluxions La tige et les feuilles sont hérissées
douloureuses de la bouche. de poils raides et piquants qui se
Si nous en croyons les livres des simples, brisent par le contact et laissent
les figues fraîches ne paressent nullement
dans l'estomac; elles ont donc un caractère échapper un liquide caustique très
34 Famille : Urticées, Loranthacées
Famille des
irritant, dans lequel on peut constate]
la présence d'une certaine quantité Loranthacées
d'acide formique libre. Les fleurs
du sommet
petites, sont groupées près PI. XVII. Fig. I. Gui. Gui à fruits blancs,
en grappes grêles et rameuses, les L.
Verquet. Gui de Chêne. Viscum album
grappes mâles dressées, les grappes Le gui est un arbrisseau dioïque
femelles pendantes. qui vit en parasite sur l'écorce de
L'ortie a une odeur particulière certains arbres, surtout sur les poi-
nullement désagréable. Elle fleurit en riers et les pommiers, mais plus rare-
juillet-août et se trouve dans toutes nent sur les pins, les sapins et les
les régions froides et tempérées du Aïeuls. Ses racines s'enfoncent dans
globe. Elle croît dans les villages l'écorce qui les emprisonne de toute
au pied des murs, sur les décombres, part, et il se présente sous la forme
dans les lieux cultivés ou incultes, l'un buisson arrondi formé de nom-
au milieu des pierres, le long des breux rameaux cylindriques d'un vert
chemins, et elle semble suivre l'homme aune qui se subdivisent par bifurca-
dans tous les lieux où il va s'établir. tion. Ses feuilles sont opposées, épais-
ses et charnues, d'un vert jaunâtre,
Emploi. Les orties séchées, ou les graines
d'ortie, prises sous forme de tisane, 30-60 sessiles, coriaces, oblongues, et parcou-
gr. par litre d'eau, constituent un dépuratif rues par cinq nervures longitudinales
à recommander contre la dysenterie, l'hydro- bien marquées. Les plantes femelles
pisie, les maladies de poitrine, les crache- portent des fleurs jaunâtres peu appa-
ments de sang, la jaunisse, l'urticaire chro-
nique et les hémorroïdes. rentes qui donnent naissance à des
baies blanches de la grosseur d'un
Kneipp en fait un grand éloge : «la tisane
d'ortie, dit-il, résoud les engorgements de la pois, globuleuses et gluantes.
poitrine et du poumon et débarrasse l'esto- Le gui fleurit de février en avril;
mac des matériaux qui y ont séjourné trop ses baies arrivent à maturité en au-
longtemps, en les évacuant principalement
par l'urine. Avez-vous du sang corrompu ? tomne et restent attachées à la plante
Faites cuire et mangez souvent, en été, des jusqu'au printemps. Sa dissémination
orties préparées à la façon des épinards: s'effectue le plus ordinairement par
les boulettes d'ortie constituent un aliment
non seulement nutritif, mais salutaire. Si vous l'entremise des oiseaux, des grives,
ayez des rhumatismes rebelles à tout remè- surtout, qui se nourrissent de ses baies,
de, ayez recours aux fustigations: frottez ou et déposent sur les arbres, avec leur
frappez chaque jour, pendant quelques mi- fiente, les graines non encore digérées.
nutes, toutes les parties souffrantes.» On récolte les jeunes rameaux en
Et il ajoute que les racines d'ortie sont
hiver.
plus efficaces encore que les feuilles, (soit
qu'on s'en serve en été quand elles sont Emploi. Le gui avait autrefois des pro-
vertes, soit en hiver quand elles sont des- priétés aussi précieuses que multiples: les
séchées) et qu'une décoction de racine est anciensGaulois se le figuraient possédant des
à même de guérir un commencement d'hy- qualités merveilleuses capables de guérir
dropisie et, en général, de délivrer l'orga- toutesles maladies et de neutraliser les effets
nisme des sucs morbides. D'autres herboristes des plus terribles poisons, et ses feuilles
s'expriment à peu près dans le même sens, étaient renommées contre l'épilepsie. Après
ce qui fait croire que l'ortie, à l'abord si peu avoir tout guéri, le gui est presque aban-
attrayant, a réellement quelque chose de meil- donnéet on ne l'utilise plus guère aujourd'hui
leur que ses piquants. quepour la préparation de la glu et comme
Disons pour terminer que la racine bouil- fourrage.
lie, alliée à l'alun et au sel marin, peut servir Kneipp prétend toutefois que le gui est
à colorer les étoffes en jaune: que la médi- ne plante curative dont les effets thérapeu-
cation homéopathique vante les effets de tiques s'étendent en première ligne sur le
l'ortie griècheou ortie brûlante ou petite ortie sang et qu'il exerce une influence salutaire
(Urtica urens L.) contre la fièvre urticaire, dans les troubles de la circulation. A l'en
es éruptions cutanées, l'hydropisie, les brû- croire, le thé, préparé à la dose de 30 gr
lures, et que cette même ortie passe pour par.litre d'eau, serait un remède très éner-
augmenter la quantité de lait des accouchées. giqueet très efficace contre les hémorragies
1. Gui.
Viscum album L.
3. Aristoloche.
Aristolochia clematitis L.

2. Cabaret.
Asarum europaeumL.
Famille : Aristolochiées 35
Famille des éclaircir la vue et guérir la nubécule, cette
maladie de l'oeil dans laquelle on voit com-
Aristolochiées me à travers un nuage. Ceux là le laissent
PI. XVII. Fig. 2. Asaret. Asaret d'Eu- macérer pendant tout l'été dans de l'huile
d'olives pour l'employer ensuite en frictions
rope. Cabaret. Oreille d'homme. Asarum fébrifuges sur l'épine dorsale.
europoeum L. Le cabaret est un sternutatoire violent.
Le cabaret est une plante vivace à PI. XVII. Fig. 3. Aristoloche. Aristolo-
rhizome traçant, à tiges courtes et che clématite. Ratelaire. Aristolochia cle-
couchées' portant deux feuilles oppo- matitis L.
sées à longs pétioles poilus, coriaces, L'aristoloche est une plante vivace
réniformes, vertes et luisantes en des- à long rhizome traçant, à tige simple,
sus. Il croît dans les forêts montagneu-
dressée, anguleuse. Ses feuilles sont
ses, dans les lieux ombragés, humides glabres, veinées, réticulées-cordiformes.
et moussus. Ses fleurs, d'un brun ver- Ses fleurs jaunâtres, ou
pendantes
dâtre à l'extérieur, d'un pourpre noi- dressées, ont une forme particulière
râtre intérieurement, ont assez l'appa- de verre à Champagne obliquement
rence d'une petite noisette.
Le cabaret se trouve disséminé dans tronqué, et sont disposées en fascicu-
les axillaires de 3-8 fleurs.
tout le Jura où il fleurit de mars en L'aristoloche est originaire de l'Italie
mai. Son odeur est forte, très péné- et du sud de la France. Elle croît chez
trante, et fait involontairement songer nous dans les lieux incultes, dans les
au poivre ou au camphre; sa saveur vignes, les haies et les jardins, où elle
est acre et poivrée. fleurit de mai en juin.
Emploi et dangers. Le cabaret est une Son rhizome a une odeur forte, nar-
plante vénéneuse qui ne doit être prise qu'a-
vec prudence et dont la racine formait autre- cotique et désagréable, et une saveur
fois un vomitif d'un usage courant. 2-4 gr. acre et amère.
de racine et de feuilles pulvérisées, pris dans Emploi. L'aristoloche est emménagogue à
un verre de vin, désopilent le foie et la rate, la dose de 10 gr. par litre d'eau, mais on
dégagent la matrice, combattent l'hydropisie, fera bien de n'en pas abuser car elle ren-
la jaunisse et les fièvres intermittentes. Les ferme un principe vénéneux. On utilise sa
personnes faibles, toutefois, de même que teinture en compresses sur les tumeurs, et
les femmes enceintes, feront bien de s'en sa décoction dans l'eau pour détruire les
abstenir totalement. punaises.
On peut lire dans Lutze (homéopathie) Les anciens herboristes disent à son sujet:
que l' Asarum est prescrit contre les maux de la décoction d'aristoloche dans du vin s'em-
tête, les yeux chassieux, les nausées, les vo- ploie en lotions pour guérir les plaies fraî-
missements, les points de côté et surtout ches et anciennes, les affections variqueuses,
contre la cholérine et les selles sanguinolentes. ainsi que toutes sortes de lésions. La poudre
Les herboristes s'étendent assez longue- de rhizome, répandue sur les plaies, jouit de
ment sur les vertus curatives du cabaret. Les de
propriétés analogues. Contre les douleurscata-
uns nous disent que le populaire ne peut se la podagre, on se trouvera bien d'un
préparer un meilleur fébrifuge qu'une décoc- plasme d'aristoloche, de plantain et de miel.
tion miellée de feuilles de cabaret dans du Veut-on un emplâtre pour les plaies et les
vin, surtout s'il a eu soin de relever la dite lésions purulentes : torréfier et pulvériser les
décoction par des fleurs de muscadier, de feuilles ou le rhizome; jeter la poudre, avec
l'écorce de cannelle ou d'autres épices. D'au- de la térébenthine et de l'huile de lin, dans
tres le prennent macéré dans du vin contre une casserole chauffant à petit feu, et rédui-
la jaunisse, la goutte sciatique, les rhumes re jusqu'à une pommade mi-solide,mi-liquide,
et l'asthme. Ceux-ci en vantent le suc pour qu'on appliquera sur les parties lésées.
36 Famille: Polygonées
blanc et de rayons mé-
Famille des dullaires d'une belle
Polygonées couleur rouge.
La rhubarbe possède une
Cette famille comprend odeur particulière; elle a
entre autres le genre rhubarbe une saveur amère, un peu
dont les espèces les plus connues acerbe, et elle crie sous la dent
sont: la rhubarbe de Chine ou quand on a la mâche.
rhubarbe palmée, Rheum officinale Emploi. Le Radix Rhei des pharma-
Baillon; le Rheum undulatum L.; cies n'est rien d'autre que le rhizome
Rheum compactum; Rheum Emodi entier ou pulvérisé de la rhubarbe. Il
constitue un remède tonique, stomachi-
Wallroth; le Rheum rhaponticum L., que, digestif et purgatif, d'un usage tout
ou rhubarbe de France, PI. XVIII, à fait courant. Pris à petites doses, il
Fig. I. agit avec douceur contre les troubles
Ce sont des plantes herbacées digestifs et gastralgiques, les diarrhées
dont le rhizome, épais et charnu, chroniques, les vers, les catarrhes d'es-
tomac et les embarras du foie et de la
donne naissance à une tige rate; à la dose de 0,2-0,5gr.,
droite cannelée; les feuilles il favorise la digestion, et à la
sont grandes, larges et plus dose de 1-2 gr. il purge le corps
les sans coliques ni irritations d'au-
ou moins découpées; cune sorte.
fleurs, petites, jaunâtres ou Indépendamment du rhizome
verdâtres, forment de nom- de rhubarbe, les pharmaciens
breuses grappes paniculées. tiennent encore la teinture de
Les graines ont une certai- rhubarbe aqueuse ( Tinctura Rhei
ne analogie avec celles de aquosa: rhubarbe 10, eau 75,
eau de cannelle 20, alcool 5,
l'oseille, mais sont plus carbonate de soude 5); l'extrait
grosses. de rhubarbe (Extractum Rhei);
l'extrait de rhubarbe composé (Extrac-
Le rhizome de la rhubarbe pal- tum Rhei compositum:poudre brune for-
mée est connu dans le commerce mée de résine de jalap I, de savon mé-
sous le nom de rhubarbe de la Chine, dicinal 1, d'extrait d'aloès 2, d'extrait
de rhubarbe 6 et d'alcool dilué 4); un
qui nous vient par mer, et sous sirop de rhubarbe (Sirupus Rhei); un
celui de rhubarbe de Moscovie, qui vin de rhubarbe composé (Tinctura Rhei
nous vient par terre et par cara- vinosa, liquide limpide d'un jaune-brun
vanes. Cette dernière est supé- formé de rhubarbe 10, écorce d'orange
rieure à toutes les autres espèces 2, cardamome 1, le tout macéré pendant.
8 jours dans 100 de vin de Marsala);
parce que le gouvernement russe une poudre de rhubarbe composée ou
en surveille le triage et la mani- poudre des enfants (Pulvis proinfantibus).
pulation. Les rhizomes sont triés, La médication homéopathique utilise
mondés et grattés; puis on traver- la rhubarbe contre les diarrhées infan-
se chaque fragment d'une ficelle tiles, surtout à l'époque de la dentition.
pour les suspendre au vent et à PI. XVIII. Fig.- 2. Bistorte. Poly-
l'ombre afin d'en hâter la dessica- gonum bistorta L.
tion. Ce sont alors des morceaux La bistorte est une plante viva-
compacts, couverts d'une poudre ce de près d'un mètre de hauteur,
jaune, présentant, sur la cassure dont le rhizome, contourné et
transversale, une structure radiale noueux, est brun à l'extérieur et
dans les couches périphéri- carné et
intérieurement,
ques voisines du cambium, dont les fleurs, légèrement
tandis que la partie interne rosées et odorantes, sont
est formée d'un mélange
disposées en épis cylindri-
irrégulièrement disposé ques. Ses feuilles supérieu-
d'un tissu fondamental res sont linéaires-lan-
2. Bistorte.
Polygonum bistorta L.

a, b, c. Rhubarbe
Rheum rhaponticum L.
Famille: Polygonées 37
céolées, et ses feuilles inférieures sont l'eau après une purgation, constituent un re-
ondulées mède efficace contre la gonorrhée et ses
allongées, ovales-oblongues, suites.
et embrassantes.
La bistorte croît dans les bois, sur PI. XlX. Fig. I. Renouée. Traînasse.
les prairies et dans les taillis montueux Herbe à cochon. Herbe à cent noeuds.
où elle fleurit de mai en août. Sa racine,
Polygonum aviculare L.
en forme de S, est d'une saveur âpre La renouée présente des tiges très
et très astringente. nombreuses traînant sur le sol et feuil-
Emploi. Bien que l'art vétérinaire utilise lues jusqu'aux extrémités, des feuilles
encore la poudre de rhizome contre les diar- simples, ovales, petites, sessilés, et de
rhées des chevaux, et que la médication
petites fleurs blanches bu rouges. Elle
populaire la considère comme vulnéraire et croît sur les chemins, dans les basses-
l'emploie de nos jours en une décoction de
20 gr. par litre d'eau contre les flux de sang cours, dans les champs, sur les décom-
et la dysenterie, le rhizome de bistorte a bres, en un mot un peu partout.
depuis longtemps disparu des officines des Elle possède une odeur faible et une
pharmaciens. saveur franchement, astringente.
Nos pères l'avaient en assez grande véné-
ration et lui prêtaient des propriétés qui ne Emploi. Les anciens herboristes en font
seraient pas à dédaigner dé nos jours. Ils grand cas. Ils la recommandent en décoction
le prenaient à la dose de 4 gr. dans du vin dans du vinaigre rouge, ou simplement en
blanc chaud pour évacuer tous les principes poudre, contre la diarrhée, les aigreurs d'es-
nocifs par la sueur, le pilaient avec du sucre tomac, les crachements de sang, les mens-
rosat pour arrêter les crachements de sang trues par trop abondantes et quantité de
et les flux du bas ventre, et le recomman- lésions internes. Ils l'utilisent comme vermi-
daient, fort aux femmes dont les menstrues fuge, pour adoucir les ardeurs d'urine, résou-
étaient trop abondantes et de par trop longue dre les calculs de la vessie et du foie, com-
durée. Allié au suc de coings, il formait un battre l'érysipèle, arrêter les saignements de
excellent cataplasme à appliquer sur les con- nez et les suppurations d'oreilles. C'était pour
tusions, sur les blessures fraîches ou ancien- eux un collutoire et un vulnéraire, et l'un
nes, sur les hémorragies sous-cutanées pro- de leurs bons remèdes antidysentériques con-
voquées par les coups ou les chutes. Son al- sistait à faire bouillir deux poignées de re-
coolature servait en lotions contre les affec- nouée dans environ 38/4de litre de vinaigre,
tions cancéreuses et. les tumeurs malignes. et à faire ensuite des compresses chaudes
Et si nous"feuilletons plus loin,,nous trouvons sur l'estomac, le ventre et les reins.
que 2 gr. de poudre, pris plusieurs jours de De tout cela, il ne reste pas grand chose,
suite dans un oeuf à la coque, défendent à et la renouée, malgré le curé Kneipp. qui a
l'enfant de naître avant terme, tandis que essayé de la tirer de l'oubli, est, depuis long-
4 gr. de la même poudre, absorbés dans de temps, rayée des tables du Codex.
38 Famille: Caryophyllées, Renonculacées

Famille des « à ceuz qui ont le foye mal disposé, à la


toux et à ceux qui ne peuvent respirer, s'ilz
Caryophyllées ne tiennent la teste droicte, prinse avec miel
à la mesure d'une cuillère. Elle faist bon
PI. XIX. Fig. 2. Saponaire. Herbe à ventre. Elle même prinse avec du Panay
foulon. Savonnière. Saponaria officinalis. et de la racine de Cappres rompt les pierres
et les iecte par l'urine... elle provoque à éter-
La saponaire est une belle plante
nuer, et broyée avec miel et distillée dans
vivace à rhizome blanchâtre et ram- le nez, elle purge par la bouche».
pant, à tiges dressées, à feuilles op-
posées, ovales-oblongues, rétrécies à Famille des
la base, à fleurs assez grandes, roses Renonculacées
ou carnées, odorantes, disposées en
fascicules corymbiformes. Elle croît le PI. XIX. Fig. 3. Pivoine. Pivoine offi-
long des haies, au bord des chemins cinale. Pivoine femelle. Rose chaste. Pseo-
et des eaux, à la lisière des champs et nia officinalis L.
fleurit de juin en août. Plante vivace dont le rhizome épais
On récolte les rhizomes de vieux possède une odeur désagréable et une
plants en automne ou au commence- saveur en même temps acre et nau-
ment du printemps, et on les débar- séeuse. Feuilles deux fois ternées, glau-
rasse de leur partie ligneuse et des ques blanchâtres, à folioles 2-3 partî-
fibres qui s'y rattachent. Le rhizome tes. Fleurs grandes, blanches, roses,
a une saveur d'abord douceâtre et mu- purpurines et souvent panachées. Car-,
cilagineuse, puis amère, âpre, piquante, pelles arqués, divergents, fauves, co-
qui prend à la gorge. tonneux, contenant des graines d'abord
En décoction, il donne une sorte rouges, puis noires.
d'écume analogue à celle du savon, ce La pivoine fleurit de fin avril au
qui explique la présence de la sapo- commencement juin; elle est originaire
naire dans nombre de jardins de la des régions montagneuses d'Europe,
campagne. du Tyrol et de la Carniole, et se trou-
Emploi. Les pharmaciens d'aujourd'hui ne ve comme plante d'ornement, et pres-
connaissent plus le Radix Saponarioed'autre- que toujours double, dans la plupart
fois, et cependant la saponaire est restée des jardins potagers ou paysagers. Le
l'objet d'une certaine faveur dans la classe rhizome se récolte en automne.
populaire. Les gens de la campagne l'utili-
sent encore couramment en décoction de 60 Emploi. La pivoine est une plante sus-
gr. par litre d'eau comme dépuratif dans les pecte au même titre que toutes les autres
engorgements des viscères et il n'est pas rare renonculacées, et il est bon de recommander
de lui entendre attribuer des propriétés anti- aux enfants de ne pas en manger les grai-
rhumatismales, vermifuges, et même une nes. Elle a joué un rôle fameux dans l'anti-
certaine action dans le traitement de la gout- que sorcellerie, et ses graines, autrefois van-
te et de la syphilis. tées contre l'épilepsie, servent encore à faire
Autrefois, dit Paul Hariot dans son char- des colliers qui tantôt préservent les enfants
mant Atlas, la saponaire passait pour aider des convulsions, tantôt favorisent la dentition
19

1. Renouée.
Polygonum aviculare L.

3 a, b. Pivoine.
Pasonia officinalisL.
2 a, b. Saponaire.
Saponaria officinalisL
Famille: Renonculacées 39
Aujourd'hui, bien que l'on accorde encore canton de Vaud. Il fleurit en mars-
à sa décoction (30 gr. par litre d'eau) dès
vertus émétiques, antispasmodiques et légè- avril..
rement narcotiques, la pivoine ne figure plus Les racines de l'hellébore noir sont
dans les tables des pharmacopées. recueillies de décembre en février;
PI. XX. Fig. I. Hellébore noir. Rose celles de l'hellébore vert en février
de Noël. Helleborus niger L. seulement. Toutes deux ont une sa-
Plante vivace à rhizome noirâtre. veur désagréable passant du douceâ-
Feuilles radicales, coriaces, à partition tre à l'amer prononcé, et une odeur
palmée. Meurs repoussante de
grandes, à sépa- rancidité et for-
les bien ouverts tement sternu-
et d'un blanc tatoire.
plus ou moins Emploi et dan-
teinté de rosé, gers. Le rhizome
portées sur des peut être utilisé
comme vésicatoi-
tiges dépour- re et sa décoction
vues de feuilles pour détruire les
et munies supé- poux et autre ver-
rieurement de mine. L'art vété-
rinaire l'emploie
2-3 bractées en sétons et la mé-
ovales. dication moderne
Originaire de en fait usage pour
combattre les hy-
Styrie, de Bo- dropisies sous-Cu-
hême, de Silé- tanées, la goutte,
sie, l'hellébore les rhumatismes et
noir croît chez le ver solitaire.il
nous à l'état est prudent, toute-
cultivé et fleurit fois, d'en laisser
l'emploi aux hom-
en plein hiver. mes de l'art, car
le Rhizomâ.Hélle-
PI. XX. Fig. 2. bori renferme un
Hellébore vert. principe très no-
cif qui provoque
Herbe à sétons. aisément les vo-
Helleborus viri- missement, les in-
dis. flammations d'in-
Diffère de testins et la mort.
L'homéopathie
l'espèce précé- préconise l'hellé-
dente par ses bore contre l'hy-
tiges annuelles, dropisie sous-cuta-
née et le muguet
nues inférieure-
Helléborefétide. Helleborus foetidusL. (aphtes).
ment, dressées, Les anciens
en b.
a. Plante floraison Coupe d e la c
fleur, .Ovaires. herboristes disent
bifides supé-
rieurement, ain- que le rhizome,
si que par ses feuilles à segments plus pulvérisé et mêlé à du vinaigre, jouit de pro-
priétés sarcotiques et détersives, mais ils
larges, inégalement dentées, à veines ont soin d'ajouter qu'il ne faut s'en servir
saillantes en dessous. Ses fleurs sont qu'avec une grande modération et beaucoup
de prudence.
penchées, à sépales étalés et verdâtres.
Indigène des contrées montagneuses Hellébore fétide. Pied-de-Griffon. Rose
de l'Europe centrale et méridionale, de serpent. Helleborus foetidus L.
l'hellébore vert, d'après Godet, se Plante glabre, vivace, à tige persis-
trouve aux environs de Bâle, d'Aarau, tant pendant l'hiver, robuste, dressée,
de Soleure, de Bellelay, et dans le présentant inférieurement les cicatrices
4° Famille: Renonculacées

des feuilles détruites, feuillées supé- une décoction vineuse et une décoction vinai-
grée (10 gr. par litre). La première jouis-
rieurement, multiflores. Feuilles coria- sait de propriétés emménagogues, carmina-
ces d'un vert foncé, à partition palmée, tives, diurétiques, et passait en outre pour
à segments lancéolés, dentés en scie.. faciliter les fonctions respiratoires et aug-
Fleurs penchées, à sépales verdâtres menter la sécrétion mammaire. Quant à la
ordinairement bordés de pourpre. seconde, elle était utilisée en frictions sur le
nombril pour évacuer les vers intestinanx.
L'hellébore fétide fleurit de mars en
mai, de préférence dans les terrains PI. XX. Fig. 3. Actée. Herbe de Sain-
calcaires et sur les pentes rocailleu- Christophe. Herbe aux poux. Actaa spi-
ses et sèches. Son odeur est forte, dé- cata L.
sagréable; sa saveur est acre. L'actée est une plante à rhizome
Emploi et dan- vivace, oblique, é
gers. L'hellébore fé- et
tide est une plante pais, noueux
très vénéneuse qu'il noirâtre, à tige
est dangereux délais- dressée, simple,
ser pénétrer dans l'or- nue dans le bas,
ganisme. Les campa- et portant, dans
gnards s'en servent
çà et là, en décoction le haut, 2-3 feuil-
dans de l'eau, pour les très-amples,
détruire les poux et triangulaires dans
autres insectes, mais leur à
les anciens herboris- contour,
tes se rendaient déjà segments dentés.
parfaitement compte Ses petites fleurs
de sa nocivité puis- blanches sont dis-
qu'ils la préconisaient
pour la destruction posées en grappes
des loups et des re- et elles donnent
nards. naissance à des
Nigelle cultivée. fruits ovales-ar-
Improprement rondis d'un violet
Cheveux de Vénus. noirâtre.
Nigella sativa. Cu- L'actée croît
min noir. Poivrette dans les hautes
commune. futaies, dans les
La nigelle est lieux frais et om-
une plante de 30- bragés, dans les
40 cm. de hauteur, gorges des mon-
originaire de Can- NigellecultivéeL. Nigellasativa L. tagnes ; elle fleurit
die et d'Egypte, a. Rameauen fleurs,b. Nectairegrossi,c. Étamine. en mai-juin.
d. Fruit,e. Coupedufruit.
qui ne se trouve f. Graine entière et en coupe longitudinale.. Sa racine est
chez nous qu'à inodore et possè-
l' état cultivé. Elle porte des feuilles de une saveur d'abord amère, puis
velues, pennées, dont les lanières sont douceâtre, acre, brûlant la langue.
linéaires et pointues, et des fleurs ter- Emploi et danger. Les fruits passent pour
minales d'un blanc bleuâtre émergeant vénéneux et les enfants feront bien, de s'en
d'un calice vert. Ses graines, quelque- méfier. La racine est vésicante; elle s'utilise
en sétons dans l'art vétérinaire et jouit, en
fois jaunes et généralement noires, somme, des mêmes propriétés que celle de
ont une odeur agréable et une saveur l'hellébore noir.
épicée. La nigelle fleurit en juin-juillet. PI. XXI. Fig. I. Aconit. Capuchon de
Emploi. Les graines sont carminatives et
en surtout dans moine. Aconit Napel. Napel. Casque de
s'emploient, guise d'épices,
le pain, les sauces, les viandes et les sau- Jupiter. Char de Vénus. Tue-loup. Coque-
cisses. luchon. Aconitum napellus L.
Les anciens herboristes en préparaient Racine à 2-3 tubercules en forme
3. Actée.
Actaea spicata L.

1. Hellébore noir.
Helleborus niger L.

Hellébore vert.
2.
Helleborus viridis L.
Famille : Renonculacées 41
de navet. Tige dressée, ordinairement âpre, produisant sur la langue une sensa-
tion d'engourdissement, et qui n'est délivré
glabre, plus ou moins rameuse, pyra- que sur indication formelle du médecin (do-
midale supérieurement, et atteignant se max. simpl. 0,25 gr.); l'Extractum Aconiti
quelquefois plus d'un mètre de hau- duplex ou extrait d'aconit sec (dose max.
teur. Feuilles palmatiséquées, à 5-7 simpl. 0,005 gr.), et YExtractum Aconiti flui-
divisés en lanières et en dum ou extrait fluide d'aconit, un liquide
segments limpide, brun foncé, dont la moindre quan-
lobes allongés, luisantes en dessus, tité produit sur la langue une sensation spé-
d'un vert pâle en dessous. Fleur d'un ciale de brûlure (dose max. simpl.. 0,01 gr.)
beau bleu foncé, en grappes termina- L'aconit agit sur l'oeilen dilatant la pupille.
les et pyramidales. La médication homéopathique le considè-
Casque semi-cir- re comme l'un des meilleurs fébrifuges, et
culaire supérieurement, prolongé en elle l'emploie contre les battements de coeur,
bec antérieurement. Très répandu, la neurasthénie, les chaleurs fiévreuses, les
surtout dans les régions montagneu- inflammations du cerveau et des poumons,
le typhus, les angines, le croup, la rougeole,
ses, et cultivé dans tous les jardins la goutte, les rhumatismes et les accès asth-
potagers, l'aconit fleurit de juillet en matiques.
septembre, époque pendant laquelle on Pour combattre un empoisonnement par
en fait la récolté. l'aconit, on administrera sans tarder un vo-
Les tubercules ont une saveur brû- mitif énergique, puis de l'alcool à haute dose
La plante ré- (grogs), et on pratiquera de suite la respira-
lante, acre, astringente. tion artificielle.
pand une odeur désagréable quand on
l'écrase entre les doigts, et possède PI. XXI. Fig. 2. Pulsatille. Coquelourde.
une saveur d'abord légèrement dou- Herbe au vent. Fleur de Pâques. Passe
ceâtre, puis de plus en plus acre. fleur. Coquerelle. Anémone pulsatilla.
Pulsatilla vulgaris Mil.
Emplois et dangers. Off. Ruber Aconiti Souche épaisse, donnant naissance
ou Radix Aconiti. C'est le tubercule, séché
rapidement et avec soin, provenant de la à une tige uniflore couverte de poils
plante non cultivée et fleurie. Le tubercule soyeux. Fleur d'un bleu violet ou lilas, '
principal, souvent creux et surmonté d'un grande, dressée ou un peu penchée,
court tronçon de la tige, est généralement
distinct du tubercule latéral qui est ferme et à six pétales soyeux extérieurement.
porte, un bourgeon rabougri. Carpelles velus-soyeux et prolongés
Toutes les parties de la plante, même le en barbe plumeuse.
miel de ses fleurs, sont très toxiques, et l'ad- La pulsatille croît dans les terrains
ministration de l'aconit à l'intérieur devra
toujours être réservée au médecin seul, car calcaires, sur les coteaux secs des
une ingestion malheureuse d'aconit provoque régions inférieures, et elle fleurit en
les vomissements, une sensation désagréable avril.
de froid, des étourdissements, la somnolence
et souvent la mort. On ne se rend que trop PI. XXI. Fig. 3. Pulsatilla pratensis
bien compte des propriétés extrêmement Miller. Anémone pratensis L.
vénéneuses de cette plante, quand on sait Elle se distingue de la précédente
que son principe actif)l'aconitine, agit spé-
cialement sur la moelle épinière, qu'il amène par sa tige plus élevée et ses fleurs
la mort par paralysie du coeur, et qu'il a plus petites, penchées, d'un violet fon-
déjà produit des empoisonnements à la dose cé à l'intérieur. Elle fleurit en mai dans
d'un milligramme par jour. les terrains sablonneux, sur les colli-
Malgré cette nocivité incontestable, la mé- nes de pins et de bouleaux, et dans
decine moderne ne recule nullement devant
l'emploi de l'aconit. Elle le prescrit comme presque toutes les prairies de l'Euro-
calmant, antirhumatismal, fébrifuge et anti- pe centrale et septentrionale.
goutteux, et nous voyons les pharmaciens Elle possède une saveur amère,
d'aujourd'hui en préparer des teintures et acre, qui se perd par la dessication.
alcoolatures diverses: la Tinctura Aconiti
herboe recentis ou alcoolature d'aconit, un Emplois et dangers. Autrefois off. sous
liquide d'abord brun-verdâtre, devenant sim-rou- le nom de Herba pulsatilloe. Les deux pul-
ge-brunâtre avec le temps (dose max. satilles irritent la peau et sont vénéneuses.
ple I gr.); la Tinctura Aconiti tuberis oud'une
tein- On les employait autrefois, en extrait frais
ture d'aconit, un liquide limpide, jaune, ou en alcoolature, dans lé traitement de l'or-
saveur légèrement amère, puis brûlante, chite, des tumeurs, des dartres et de la carie
42 Famille: Renonculées
des os. La médication homéopathique en fait flore, plus ou moins velue et renflée,
encore un usage fréquent et l'utilise pour en bulbe à sa base. Feuilles pétiolées,
combattre la rougeole, l'inflammation des
ternées, à segments trilobés. Pédon-
yeux, la chlorose, les ulcères fistuleux, le
coryza, les rhumes de poitrine, la dysente- cules sillonnés, calice réfléchi; fleurs
rie, le diabète, les inflammations d'intestin, d'un jaune d'or. Elle est très com-
l'érysipèle, les rhumatismes et les empoison- mune dans les prés, les champs et
nements occasionnés par le mercure.
sur les pentes ensoleillées, où elle
PI. XXII. Fig. I. Clematis rectal. fleurit en mai-juin.
Clématite dressée.
PI. XXII. Fig- 2. Ranunculus sceleratus
Tige annuelle croissant verticalement L. Renoncule scélérate.
et atteignant parfois I 1/2 m. de hau-
Plante annuelle, souvent rameuse
teur. Feuilles opposées, pennées, poi-
dès la base. Feuilles radicales palma-
lues en dessous.
tipartites, à 3-5 divisions lobées et
Fleurs blanches disposées en une
incisées. Pédoncules sillonnés et velus.
ombelle terminale. Carpelles terminés
Fleurs petites, d'une teinte plus pâle
en queue plumeuse.
Elle fleurit en juin-juillet et se ren- que dans les autres espèces. Carpelles
contre dans les terrains secs, ensoleil- petits, très nombreux, à bec court, ob-
tus et un peu oblique. Elle croît dans
lés et pierreux de certaines régions
toute l'Europe sur les bords desséchés
de l'Europe centrale.
Toutes les parties de la plante ont des mares, dans la vase, les lieux hu-
une saveur mides, les eaux stagnantes et peu pro-
acre, caustique, et une fondes, et elle fleurit de juin en août.
odeur forte et piquante.
Emploie Les feuilles étaient autrefois offic. Ces deux renoncules ont une saveur
sous le nom de Herbu, Clematidis; on s'en acre, caustique.
servait comme révulsif à l'extérieur et pour Emploi. Toutes deux sont vésicantes et
saupoudrer les tumeurs et les ulcères. L'Ho- vénéneuses. La médication homéopathique
méopathie actuelle préconise Clematis recta s'en sert contre les affections goutteuses ou
pour combattre les empoisonnements par le rhumatismales, les tumeurs malignes, les
mercure, les noeuds et rhumatismes articu- ulcères, les ampoules provenant de brûlures,
laires, les dartres, les éruptions de maligne les maladies des yeux accompagnées d'in-
nature, les inflammations scrofuleuses et cer- contraction de la pupille.
taines affections des organes génitaux.
Les anciens herboristes semblent avoir eu Ranunculus ficaria L. Ficaire. Herbe
connaissance des propriétés de la clématite aux hémorroïdes. Petite Eclaire. Ficaria
car ils disent quelque part dans leurs écrits: verna Hudson. Ficaria ranunculoïdes
«d'aucuns louent fort l'huile de clématite Mcench. Herbe aux fics.
contre les rhumatismes, les rétentions d'Urine,
les néphrites et les calculs de la vessie, qu'on Plante glabre, inodore, rameuse, à
s'en serve à l'extérieur ou en lavement. On tiges courtes, couchées ou ascendantes.
obtient cette huile en laissant macérer au Fibres radicales la plupart renflées en
soleil dans de l'huile rosat les feuilles hachées
menues». Gmelin rapporte, en 1772, que petits tubercules ovales ou oblongs
ressemblant à des grains de blé. Feuil-
Störk, après avoir découvert à la clématite
des propriétés curatives de haute valeur, a les d'un vert luisant, cordiformes ou
consigné les dites propriétés dans un opus- réniformes, à crénelures peu profondes.
cule qui a eu les honneurs de la traduction. Fleurs dont la jolie étoile jaune d'or
Maître Störck utilisait la clématite sous toutes
ses formes, en applications chaudes, en pou- annonce l'apparition du printemps.
dre, en décoction ou en infusion, en extrait Cette plante fleurit en mars-avril;
ou en bains locaux, et il raconte lui-même elle croît aux bords des ruisseaux, des
qu'il n'a jamais eu qu'à se louer de sa 'mer-
veilleuse efficacité dans les cas d'hypocon- fossés et des haies, dans les lieux her-
drie, de maladies vénériennes, de céphalalgie beux, humides et ombragés.
tenace, d'ulcères, de croûtes, de gale et de Les tubercules de la racine ont une
cancers. saveur âcre.
Ranunculus bulbosus L. Renoncule bul- Emploi. Les feuilles se mangent au prin-
beuse ou Rave de St-Antoine. temps en guise de salade ou de légume et
les fleurs en boutons, peuvent être mises en
Tige de 30-40 cm., dressée, multi- conserve à l'instar des câpres.
2 a, b, c. Pulsatille.
Pulsatilla vulgaris M.

1 a, b. Aconit. 3. Pulsatille des champs.


Aconitum napellus L. Pulsatilla pratensis Mil.
Famille: Renonculées, Berbéridées 43
Les anciens préconisent la ficaire pour nes sèches, les bois calcaires, les haies
combattre les hémorroïdes et surtout les et les buissons. Elle fleurit en mai-
fies, ces sortes de tumeurs charnues, pédi-
culées, irrégulièrement arrondies et molles juin et mûrit en septembre. Ses baies
qui se forment aux paupières, au menton et ont une saveur aigrelette agréable
le plus ordinairement autour de l'anus et
aux organes génitaux. qu'elles doivent sans doute aux acides
C'est sans doute aux tubercules de la ra- malique et tartrique qu'elles renfer-
cine et aux bourgeons charnus qui se déta- ment en proportion notable.
chent de l'aisselle des feuilles que l'on doit
la légende des pluies de blé encore accré- Emploi, L'extrait d'écorce a été préconisé
ditée aujourd'hui dans certaines contrées. comme fébrifuge sous le nom de qunoïde et
les feuilles passent pour avoir des propriétés
antiscorbutiques et antidiarrhéiques. Quant
Famille des aux baies, elles servent à la préparation d'un
sirop aigrelet pouvant remplacer le suc de
Berbéridées citron (limonade) et bien connu des confiseurs
et des pâtissiers.
PI. XXIII.Fig. Pour l'obtenir,
on commence
I. Epine-vinet- par. broyer les
te. Vinettier. baies et on les
Berberis vul- abandonne en-
L. suite pendant
garis quelques jours
L'épine vi- dans un endroit
nette se pré- frais; on expri-
sente sous la - me, on décante,
forme d'un on filtre, et on
ajoute à 10 par-
buisson touf- ties du suc filtré
fu et épineux. 16 parties de su-
Sonécorce est cre blanc; on cuit
cendrée et son et onfiltre à nou-
veau: l'épine-vi-
bois d'un beau nette fournit ain-
jaune. Ses si à bon compte
feuilles sont le moyen de se
procurer une
obovales, cili- boisson éminem-
cés-dentées, et ment agréable et
ses fleurs, jau- rafraîchissante.
nes et odoran- Les anciens
tes, sont dispo- herboristes di-
sées en grap- Ficaire. Ranunculusficâria. sent déjà que les
a. Tigemuniede feuilleset de fleurs.b.Fibresradicales, baies servent à
pes pendan- c.Fleurvuede dessous,d Pétale,e.Étamine. f. Pistil. la préparation
tes. Elle porte d'une sorte de
des baies ovales-oblongues d'un rouge vin auquel ils accordent nombre de proprié-
tés thérapeutiques. A les en croire, ce vin
vif. serait non seulement un spécifique souverain
Le vinettier offre un exemple curieux contre la soif, les aigreurs du sang et les
de l'irritabilité des étamines. Celles-ci, fortes fièvres, mais il agirait encore d'une
éloignées du pistil lors de l'épanouis- manière efficace contre la dysenterie, les vo-
viennent chacune missements, la jaunisse et les vers, et serait
sement, s'appliquer en outre un détersif, un apéritif, un collu-
sur le stigmate au moment de la dé- toire et un régulateur précieux des mens-
hiscence de l'anthère et s'en éloignent trues. Ils ne le recommandent pas, il est vrai,
de nouveau après l'émission du pollen. aux estomacs délicats, pas plus qu'aux asth-
Il suffit d'ailleurs de toucher les éta- matiques ou aux personnes sujettes aux fla-
tuosités, mais ils nous paraissent tenir fort
mines avec une épingle ou tout autre à leur vin puisqu'ils ajoutent «qu'il fait bien
corps acéré pour que le même phé- dans les sauces.»
nomène se produise. Les baies donnent d'excellentes confitures.
L'épine-vinette affectionne les colli- On les confit également en sucre pour l'usage
44 Famille: Berbéridées, Laurinées
de la table. Lorsqu'elles sont encore vertes, 1,5 gr., les coliques. Une décoction de leur
elles peuvent remplacer les câpres. poudre agit contre la gale. L'huile de laurier
La couleur jaune de l'écorce est due à la (OleumLauri), obtenue par l'expression des
présence de la herbérinequi sert à teindre la baies, est un mélange de graisse et d'huile
laine, le coton, le fil, les cuirs de Russie et volatile, vert, onctueux, grenu, cristallin, qui
à colorer les ouvrages de menuiserie. L'épi- nous vient de la Grèce et de l'Italie. Elle
ne-vinette, on le voit, a son emploi tout in- constitue une sorte de pommade stimulante,
diqué. détersive, tonique, qu'on emploie contre la
Les cultivateurs, toutefois, feront bien gale, les tumeurs, les douleurs, rhumatismales,
d'en détruire les touffes, car leur présence les foulures et les entorses, et aussi,en fric-
n'engendre que trop souvent la rouille des tions sur l'abdomen, contre les crampes
céréales. d'estomac et la colique. Cette huile est éga-
lement employée en médecine vétérinaire.
La tisane de feuilles de laurier, à la dose
Famille des de 4-8 gr. par litre d'eau, est sudorifique,
pectorale et carminative ; elle n'est toutefois
Laurinées que peu employée, car sa saveur n'est pas
du goût de tout le monde, et surtout pas de
PI. XXIII Fig. 2. Laurus nobilis L. celui des anciens herboristes qui l'accusent
d'embarrasser et d'engorger sans profit l'es-
Laurier. Laurier sauce. Laurier d'Apol- tomac. Leur préférence, à eux, s'attache aux
lon. Laurier vrai. Laurier noble. baies « qui digèrent les humeurs crues, divi-
C'est un bel arbre toujours vert, in- sent et résolvent les sucs épaissis et visqueux,
réveillent l'appétit, chassent le dégoût, lèvent
digène du Sud de l'Europe, dont les les obstructions du foie et de la rate».
feuilles, d'un vert sombre brillant, ont Il est vrai que nous les voyons utiliser la
une odeur aromatique agréable. Il peut décoction vineuse de 8-10 gr. d'écorce de
atteindre 8-10 m. de hauteur et il a racine pulvérisée pour distiller les calculs de
sa place marquée dans tous les jar- la vessie et les embarras du foie, qu'ils pren-
dins d'agrément. Dioïque, il porte des nent des bains et des fomentations de feuil-
les pour calmer les douleurs de la vessie et
fleurs blanches et des baies noires, de la matrice, faciliter l'écoulement des mens-
ovales, assez volumineuses, telles de trues et de l'urine, et qu'ils appliquent les
petites cerises, qui renferment une feuilles fraîchement écrasées sur les pi-
amande charnue gorgée d'huile. qûres d'abeilles et de guêpes.
Souffrez-vous d'une rétention d'urine, ils
Il fleurit en avril-mai et ses fruits vous recommanderont de triturer dans un
arrivent à maturité en automne. C'est mortier 30 gr. de baies de laurier, 15 gr. de
à la cuisine qu'il cherche son refuge baies de genièvre et 3 ails; d'y ajouter une
suprême, et c'est là, dans les casse- poignée de son d'orge, 1 litre de vin blanc;
roles et dans les sauces qu'il termine puis de réduire par la cuisson jusqu'à une
niasse pâteuse qu'on s'appliquera sûr les
son existence après avoir servi à la con- reins.
fection des couronnes triomphatrices. Une superstition curieuse s'attachait autre-
fois au laurier: celle de n'être jamais frappé
Emploi. Les baies sont offic. sous le nom par la foudre. C'est ce qui explique pour-
de Fructus Lauri; elles ont des propriétés quoi l'empereur Tibère, si justement flétri
carminativés, peuvent servir à combattre la par Tacite pour ses cruautés, portait toujours
fièvre intermittente, et, à la dose de 0,5 à une couronne de laurier quand il tonnait.
2. Renoncule scélérate.
Ranunculussceleratus L.

1 a, b. Clématite dressée.
Clematis recta L.
46 Famille: Papavéracées

les, dans lesquelles ils se trouvaient alliés les pays chauds, c'est de ses capsules
au pas d'âne, à la mauve, au pied de chat,
à la guimauve, au bouillon blanc et à la que l'on extrait l'opium, en pratiquant
violette. On en prépare encore aujourd'hui sur la surface de celles-ci des incisions
une sorte de sirop jouissant de propriétés horizontales. Une sous-variété de ce
pectorales, adoucissantes et sudorifiques, de pavot à graines blanches est. cultivée
sorte qu'il ne faut pas trop, s'étonner de voir aux environs de Paris pour ses cap-
le coquelicot faire partie des espècesbachiques,
dites aussi quatre fleurs de l'ancienne phar- sules dont on fait des décoctions nar-
macopée: pied de chat, pas d'âne, mauve et cotiques et calmantes. La seconde
coquelicot. variété, à graines noires, est cultivée
Les capsules de la coquelourde renferment en plein champ pour ses graines, dont
un suc laiteux ayant des propriétés analo- on retire une huile spéciale appelée
gues à celles de l'opium. Elles ne contiennent
toutefois pas de morphine, ce qui explique huile d'oeillette. Cette dernière est un
leur activité très modérée. liquide incolore à saveur douce et
Ecoutons maintenant les anciens herbo-
ristes. La décoction de 5-6 capsules de co- agréable qui remplace souvent l'huile
quelicot garnies de leurs semences est som- d'olives, et qui, à côté dé. sa valeur
nifère et les semences elles-mêmes, macé- comestible, est encore utilisé en pein-
rées dans de l'eau sucrée, sont un remède ture à cause de ses propriétés sicca-
appréciable dans les cas de constipation. tives.
L'alcoolature de coquelicot remédie aux ar-
deurs de la gorge, rafraîchit le foie et calme Le pavot fleurit de juin en sep-
les douleurs; elle pousse au sommeil, con- tembre. Ses têtes se récoltent avant
stitue un excellent collutoire dans les cas la maturité, généralement en juillet,
d'angine et elle peut être administrée sans époque à laquelle elles possèdent une
crainte aucune et même dans les fièvres les
saveur désagréablement amère et forte,
plus intenses. Un bon remède contre les
points de côté consiste à prendre de la pou- et une odeur narcotique très pronon-
dre de coquelicot torréfié dans une infusion cée qui s'évanouit toutefois par la
de racine de violette. Qui tient à se défaire dessication.
de la teigne, de croûtes, ou d'autres imput
retés de la peau, n'a qu'à se faire une pom-
made au moyen de suc de coquelicot, de Emplois et dangers. La capsule de pa-
soufre et de salpêtre. vot est désignée en pharmacie sous le nom
de: Fructus papaveris immalurus ou de Ga-
PI. XXIV.Fig. 2. Papaver somniferum L. pita papaveris. Elle jouit de propriétés adou-
cissantes et calmantes qui la font utiliser en
Pavot, Pavot somnifère. Oeillette. gargarismes, en lotions, en cataplasmes, en
Originaire de l'Orient, cultivé chez infusions et en lavements. Pour l'emploi, on
nous comme plante d'ornement et la brise, et après avoir enlevé les graines
comme plante oléagineuse, le pavot qu'elle renferme, on la fait bouillir dans de
l'eau. Ses propriétés sont réelles, mais nous
est la plante classique par exellence nous hâtons d'ajouter qu'il ne faut pas en
aussitôt qu'il s'agit de propriétés nar- abuser, surtout quand il s'agit de petits
cotiques et calmantes. Sa tige est enfants. La déplorable manie que l'on a dans
haute de 3 dm. à 1 m.; elle est glabre certaines régions d'endormir les enfants au
et glauque, et glauques et glabres moyen d'une, infusion de pavots est repré.
hensible au premier chef, condamnable et
sont ses feuilles aux profondes décou- même criminelle : l'enfant habitué à l'infusion
pures. La corolle est formée de larges de pavot s'abêtit tous les jours davantage et
il ne sera jamais qu'une triste épave au mi-
pétales blancs, roses, violets ou pana- lieu de ses contemporains, un être inutile et
chés qui présentent une tache foncée un remords vivant pour ceux qui lui auront
à la base. La capsule est glabre, présenté le fatal breuvage.
presque globuleuse, avec des cloisons Indépendamment des Semen papaveris,
incomplètes. c'est-à-dire des graines de pavot (préféra-
Il existe deux variétés principales blement de la variété blanche, saveur douce,
non acre), et du syrupus papaveris qu'on
du pavot somnifère: la variété à aura soin de ne prendre que d'après les
graines blanches et la variété à grai- indications du médecin, les pharmaciens tien-
nes noirâtres. La première n'est cul- nent encore une substance aussi précieuse
tivée aux environs de Paris qu'en que dangereuse, l'opium.
L'opium est le suc laiteux extrait des cap-
qualité de plante ornementale. Dans sules du pavot somnifère. Pour obtenir ce
1 a, b. Epine-vinette.
Berberis vulgans L.

2 a, b, c, d. Laurier.
Laurus nobihs L.
3 a, b. Chélidoine.
L.
Chelidonium majus
Famille: Papavéracées, Fumariacées 47
suc, dès que les pétales des fleurs sont tom- 30 gouttes prises deux fois par jour contré
bés, on pratique sur les capsules encore les affections hystériques, les convulsions et
vertes des incisions, circulaires horizontales les attaques spasmodiques); la teinture d'o-
ou obliques. Il sort bientôt de ces coupures pium safrané, Tinctura Opii crocata ou en-
un liquide blanc, comme laiteux, qui ne tarde core Laudanum liquidum (Sydenhami), liqui-
pas à se figer à l'air en gouttelettes d'abord de jaune-rouge foncé, d'une odeur prononcée
jaunes, puis brunâtres. On agglutine ensem- de safran, d'une saveur amère, dont une
ble ces gouttelettes pour en faire de petits goutte colore un litre d'eau nettement en
pains ronds ou aplatis qui constituent l'opium jaune, et qui s'utilise sous forme de com-
du commerce. Il existe plusieurs variétés presses, de lotionsi de frictions, de pomma-
d'opium dont les principales sont l'opium des, de lavements, etc.; la teinture d'opium
d'Egypte ou d'Alexandrie, le moins bon de simple, Tinctura Opii simplex ou Tinctura
tous; l'opium de Constantinople ou de Tur- thebaïca, liquide d'un brun rougeâtre. de
quie, préférable au précédent; l'opium de l'odeur de l'opium, d'une saveur amère, qui
Smyrne, le meilleur de tous; l'opium de Per- s'emploie à la dose max. simpl. de 1,5 gr.
se, que l'on nous expédie en pains ou en Les fameuses gouttes de voyage (Reise-
bâtons; l'opium des Indes orientales, qui est tropfen) ne sont autre chose qu'un mélange par
exclusivement consommé aux Indes, en Chi- parties égales d'opium et de noix vomique;
ne et en Malaisie; et l'opium français, que elles s'administrent à la dose de 20-30gout-
l'on retire du pavot rouge et qui est d'assez tes par jour contre les coliques,les tranchées,
bonne qualité. la dysenterie, le mal de mer, les syncopes
Tel qu'il nous est livré par le commerce, et les crampes de toutes sortes.
l'opium est solide, d'un brun rougeâtre à C'est en outre de l'opium que l'on extrait
l'extérieur, d'un brun noirâtre, à l'intérieur, la morphine, un narcotique puissant fort utile
à cassure brillante, d'une odeur vireuse nau- à la médecine et à la chirurgie, mais en
séabonde et d'une saveur amère. Il se ramol- même temps un poison redoutable dont les
lit quand on le pétrit entre les doigts et il victimes se Comptent par milliers (morphi-
brûle en donnant, une fumée épaisse. Admi- nomanie).
nistré à la dose de 0,01-0,02gr., il apaise L'homéopathie prescrit l'opium contre la
la douleur, calme le système nerveux et somnolence, les tremblements nerveux, la
procure le sommeil. On. l'emploie comme stupeur, les mouvements spasmodiques, l'épi-
calmant contre toutes les inflammations, cel- lepsie, le tétanos, les coliques et la toux ac-
les du cerveau exceptées, contre les diar- compagnée de crachements de sang.
rhées, la dysenterie, etc. Comme sédatif, on En cas d'empoisonnement par l'opium, il
l'administre dans les maladies du système faut d'abord faire vomir le malade, puis lui
nerveux; comme procurant le sommeil, on administrer de fortes infusions de café noir.
le donne dans les fièvres graves. Il est en
outre légèrement sudorifique. Ingéré à haute
dose, l'opium produit de la somnolence, des Famille des
vomissements, une grande dépression, de la
circulation, l'abolition de la sensibilité, la Fumariacées
stupeur, le relâchement des muscles, le coma,
la mort. Une dose de 1 gr. est ordinairement
mortelle. Les peuples de l'Orient mangent et PI. XXIV. Fig. 3. Fumaria officinalis L.
fument l'opium. Ceux qui s'adonnent à cette Fumeterre. Fiel de terre. Soupe en vin.
triste passion deviennent maigres, ont un Fumeterre officinal. Herbe des nonnes.
teint jaune, la démarche chancelante, un as- Plante annuelle à tiges rameuses
pect hébété, paraissent vieux avant l'âge, et et diffuses, à feuilles très découpées,
meurent enfin dans d'horribles souffrances.
L'opium, malgré tout, est probablement à fleurs petites, nombreuses, ordinaire-
l'un des corps les plus employés en méde- ment purpurines et disposées en grap-
cine. Ses principales préparations pharma- pes plus ou moins lâches. Ses tiges
ceutiques sont: l'emplâtre d'opium ou Em- grêles se soutiennent à peine et ont
plastrum cephalicum; l'extrait d'opium (Ex- souvent besoin d'un appui. La fume-
traction Opii: dose max. simpl. 0,1 gr.); les
pastilles de Tronchin (Pastilli Kermetis cum terre fleurit d'avril en septembre
Opio); les pastilles de Vignierde(Pastilli Ipeca- et prospère principalement dans les
cuanhoecum Opio); la poudre Dover (Pul-
vis Ipecacuanhoeopiatus: ipécacuanha 1,opium champs, sur les décombres, dans les
simpl: 1 gr., lieux cultivés et les terres fraîche-
1, sucre de lait 8, dose max.
dose max. pro die: 4 gr.) le sirop d'opium ment labourées. Quand on la froisse
(Sirupus Opii); l'élixir parégorique (Tinctura
d'une
entre les doigts, elle a une odeur
Opii benzoïca, liquide jaune-brunâtre nauséabonde rappelant celle du pavot;
odeur d'anis et de camphre, d'une saveur
la dose de sa saveur est saline, amère, quelque
épicée et douceâtre, administré à
48 Famille: Fumariacées, Crucifères

peu acre. On la récolte en mai au La racine de raifort possède une


moment de la floraison en ayant soin saveur âcre et piquante, et dégage,
d'abandonner les plus grosses tiges. quand on la râpe fraîche, une odeur
Emploi. La fumeterre est un dépuratif forte qui provoque le larmoiement.
populaire du premier printemps d'un usage Emploi. La racine doit être employée fraî-
Courant dans nos campagnes. Elle est amère, che ou âgée de moins de deux ans. Elle se
stomachique, antidartreuse, antiscrofuleuse. sert avec le boeuf en guise de moutarde,
Une infusion de 20 gr. par litre, prise à la avec les viandes froides et avec la charcu-
dose de 3 tasses par jour, fortifie l'estomac terie; on l'a recommandée contre la goutte
et les intestins, facilite les selles et combat, et l'hydropisie, et aussi pour remplacer la
la jaunisse. On peut même s'en servir à l'ex- moutarde dans la préparation des sinapismes;
térieur contre le scorbut, les dartres, les croû- elle entre dans la composition de l'alcoolat
tes de lait des enfants, la gale, et d'autres de cochlearia composé et dans là prépara-
affections de la peau. On en préparait au- tion d'un sirop, d'un vin et d'une bière anti-
trefois un extrait, Extractum Fumarios, in- scorbutiques. C'est assez dire que le raifort
connu de nos jours. constitue un antiscorbutique par excellence,
Nos pères en faisaient déjà usage, car ils un tonique, un excitant, un stomachique et
la préconisent pour purger la bile et les hu- un diurétique, et que son usage à l'intérieur
meurs, dégorger le foie et la rate, combat- ne peut avoir que de bons effets sur l'or-
tre la jaunisse, la mélancolie, les croûtes et ganisme.
autres impuretés de la peau. « Pauli raconte On peut préparer un bon vin antiscorbu-
qu'il a guéri en très peu de jours une demoi- tique, qu'on prendra à la dose d'un verre à
selle de condition, âgée de 7 ans, fort déli- Bordeaux, matin et soir, 1/2 h. avant les
cate, attaquée de la gale, et Camérarius af- repas, en faisant macérer huit jours: 60 gr.
firme avoir ramené un mélancolique à une de raifort frais, 30 gr. de cresson de fontai-
appréciation plus gaie de la vie.» (Paul Ha- ne et 30 gr. de cochléaria dans 2 litres de
riot, Paris 1900.) La fumeterre jouait même bon vin blanc.
un rôle dans les affections des yeux: son eau La bière antiscorbutique s'obtient en faisant
distillée, additionnée de gomme, avait la pro- macérer deux jours 60 gr. de raifort fraî-
priété d'empêcher; les cils de tomber, et son chement râpé, 45 gr. de cochlearia et 30 gr.
suc passait pour éclaircir la vue. de bourgeons de pin dans un litre de bonne
bière; elle se prend comme le vin.
Le sirop de raifort est formé de 60 gr.
Famille des de raifort frais, 45 gr. de cochléaria et 30
Crucifères gr. de cresson, auxquels on ajoute du mé-
nianthe, des zestes d'oranges âmères, de la
cannelle de Ceylan et du sucre. L'excipient
PI. XXV. Fig. 1. Cochlearia armoracia est le vin blanc qui servira à la macération
L. Cranson de Bretagne. Grand raifort. des plantes.
Moutarde de capucin. Moutarde des Le raifort sert en outre à préparer un
Allemands. dentifrice qui s'emploie à la façon de l'Eau -
de Botot. Il suffit pour l'obtenir de laisser
Plante vivace, à souche volumineuse, macérer pendant 15 jours, 30 gr. de raifort,
cylindrique, charnue, d'un blanc jau- 30 gr. de graines de fenouil et 15 gr. de
nâtre en dehors et blanche en dedans. menthe poivrée dans 1 litre d'eau-de-vie.
Tige droite, rameuse, à rameaux nom- Nos ancêtres ne vont pas si loin: ils se
contentent de laisser macérer pendant une
breux, effilés, dressés. Feuilles radi- nuit 7-10 rondelles de raifort dans du vin
cales, cordiformes ou ovales-oblongues, blanc dont ils prennent une bonne lampée
crénelées, les caulinaires inférieures le matin à jeûn pour, disent-ils, chasser la
oblongues, les supérieures lancéolées pierre et l'urine, et faire revenir les menstrues.
et sessiles. Fleurs blanches réunies PI. XXV. Fig. 2. Cochlearia officinalis
en grappes. Silicules presque globu- L. Cranson officinal. Herbe aux cuillers.
leuses, longuement pédicellées. Plante bisannuelle, succulente, char-
Originaire des parties orientales de nue et lisse. Tiges faibles, anguleuses,
l'Europe, le raifort est cultivé dans rameuses. Feuilles radicales
contrées : en Alsace, longue-
quelques en ment pétiolées, ovales, et comme
Suisse, en Angleterre, et surtout en creusées en cuillers.
Allemagne. Il fleurit de juin en juillet Le cranson se rencontre sur le
et se récolte (sa racine) à partir de littoral de l'Océan et de la Manche,
septembre. au pied des rochers humides, au bord
1. Coquelicot. 2. Pavot.
3. Fumeterre.
Papaver rhoeas L Papaver somniferum L.
Fumaria officinalis L.
Famille: Crucifères 49
des eaux salées, et souvent, à l'état aux chantres aux propriétés émollientes qu'on
cultivé, dans les jardins potagers. lui attribuait généreusement jadis et qui en
Il fleurit d'avril en juin et se récolte faisaient alors un spécifique quasi souverain
contre là toux, l'enrouement et les bronchites
avant la floraison. Sa saveur est pi- légères.
quante, salée, et il dégage, quand on le Nos pères accordaient à ses graines des
froisse, entre les doigts, une odeur forte propriétés diurétiques et emménagogues. Ils
les recommandaient en outre à la dose de
rappelant les grains de moutarde. 4 gr. dans une infusion d'absinthe pour éva-
Emploi. Le cranson est off. sous le nom cuer la jaunisse par les urines; les préco-
d'Herba Cochlearioe.C'est un antiscorbutique nisaient en vin contre les poisons en général
puissant dont on fait l'esprit de cochlearia, et surtout dans les cas d'empoisonnements
Spiritus Cochlearioe,et qui entre dans la provoqués par les champignons; et le fait
préparation du sirop de raifort composé, de prendre à jeûn, pendant trois jours con-
Sirupus Cochlearioecompositus ou Sirupus sécutifs, un oeuf légèrement cuit dans lequel
antiscorbuticus. on avait fait tomber 6 gr. de graines de
L'esprit de cochlearia est un liquide in- vélar en poudre, constituait pour eux un
colore d'une odeur spéciale, forte, et d'une remède infaillible contre la gonorrhée.
saveur brûlante. On l'obtient en contusant Aujourd'hui, le vélar n'est plus guère
200 parties de plante fleurie et fraîche, en considéré que comme un antiscorbutique
faisant macérer pendant 24 heures dans un bénin à employer à défaut de tout autre.
mélange de 75 parties d'alcool et 75 parties
d'eau et en distillant jusqu'à réduction à PI. XXVI. Fig. I. Sinapis nigra L.
100 parties. On peut l'utiliser à l'état pur Moutarde noire. Orne. Brassica nigra
en tampons sur les dents cariées; étendu Koch. Sénevé noir. Chou noir.
d'eau, il constitue un excellent dentifrice qui
raffermit les gencives et un antiscorbutique La moutarde noire, cultivée en
appréciable. Hollande et dans certaines parties de
Voulez-vous préparer vous-même le sirop la France et de l'Allemagne, croît
de raifort composé des pharmaciens, prenez : au bord des eaux, dans les lieux
cochléaria 100, cresson 100,raifort 100,mény-
anthe 20, écorce d'orange. 25, cannelle de humides et riches en humus de l'Eu-
Ceylan 10; incisez, contusez les ingrédients, rope entière. C'est une plante annuelle,
faites macérer pendant cinq jours dans un rameuse, dont la hauteur peut attein-
mélange de 400 de vin blanc et 40 d'alcool, dre celle d'un homme. Ses feuilles
distillez au bain marie pour obtenir 100par-
ties ; exprimez le contenu de l'alambic, aban-sont ovales, inégalement dentées, les
donnez à un repos de six heures, décantez, inférieures lyrées, les supérieures
concentrez pour obtenir 350 parties; faites sessiles, ordinairement entières, lan-
alors un sirop avec 550 de sucre et ajoutez céolées. Fleurs jaunes à sépales étalés.
après refroidissement les 100 parties distil-
lées. Ces petites opérations terminées, votre Siliques serrées contre la tige.
sirop sera prêt. La moutarde noire fleurit de juin
en août. Les graines, recueillies en
PI. XXV. Fig. 3. Vélar. Herbe aux août, ont une odeur forte, piquante,
chantres. Tortelle. Erysimum officinale et une saveur d'abord douce et oléa-
L. Sisymbrium officinale Scopoli. gineuse, puis acre et brûlante.
Le vélar pousse sur les vieux murs, Emploi. La graine de moutarde, désignée
dans les décombres, au bord des en pharmacie sous le nom de Semensinapis
est sphérique, de couleur brune ou
chemins, à l'ombre des haies où sa nigros, et atteint 1 mm. environ de
de ses rameaux brun-grisâtre,
tige hérissée poils, diamètre. Moulue, elle est employée en mé-
très étalés, ses feuilles rares et curieu- decine sous le nom de farine de moutarde
sement découpées, sont d'un aspect pour préparer des sinapismes. Ces derniers
tout particulier. Ses fleurs sont petites, s'obtiennent en délayant dans de l'eau tiède,
à de la farine de moutarde à laquelle on a
jaunes, et elles donnent naissance un peu de farine ordinaire, et en
serrés ajouté
des fruits grêles, allongés, étendant ensuite la bouillie ainsi obtenue
contre les tiges. sur un linge.
Il fleurit de juin en septembre et Les sinapismes sont généralement appli-
du cresson. qués sur la plante des pieds (quelquefois
sa saveur rappelle celle cependant sur d'autres parties du corps).
Emploi. Le vélar, autrefois offic. sous le Ce sont des révulsifs énergiques qui se re-
nom de Eerba Erysimi, doit son nom d'herbe commandent contre les névralgies, les con-
50 Famille: Crucifères

gestions, les points de côté, les fièvres érup- sont une fois plus, long que les sépales.
tives. La moutarde est un antiscorbutique Silique très fine.
au même titre que le raifort et un stimulant Le cresson fleurit de juin en sep-
de l'estomac.
Les bains de pieds, à la dose 50-100 gr. tembre et se récolte en février, mars
de farine, agissent contre, les congestions, et avril. Pour le récolter, on en coupe
certaines fièvres éruptives et lé froid aux les tiges vers leur tiers inférieur, et
pieds. comme il pousse très rapidement, on
15 gr. de farine et 200 gr. d'eau miellée
donnent un excellent gargarisme dans les peut répéter cette opération plusieurs
angines bénignes. fois dans une année. Sa tige et ses
L'Oleum sinapis est une huile volatile ob- feuilles contiennent en abondance un
tenue en distillant, avec de l'eau, de la graine suc aqueux d'une saveur
de moutarde noire. Elle est fluide, jaunâtre, piquante'
et possède une odeur très forte, irritant les particulière. Le cresson croît un peu
muqueuses. On ne l'emploie à l'état pur partout dans les ruisseaux à faible
qu'en tentatives de rappel à la vie. Diluée courant, sur les lieux inondés ou très
dans la proportion de 1:30-100, elle provoque
aisément une irritation de la peau pouvant humides, dans le voisinage des sources.
servir de dérivatif dans certaines maladies. Il se cultivé en grand dans des cresson-
L'esprit de moutarde, Spiritus Sinapis, nières artificielles qui, bien soignées,
mélange de 2 parties d'huile volatile de durent un nombre d'années presque
moutarde et de 98 parties d'alcool, est un indéfini et sont ainsi d'un excellent
liquide limpide, incolore, d'une odeur pronon-
cée d'huile volatile de moutarde, qu'il faut rapport.
manier avec précaution, conserver avec soin, Emploi. Le cresson était autrefois offic,
tenir loin du feu et ingérer avec modération sous le nom d'Herba Nasturtii aquatici.. Son
si l'on tient à éviter des inflammations in- suc, indépendamment de l'eau qui en forme
ternes. la majeure partie, contient une huile essen-
Les herboristes d'antan connaissaient déjà tielle, un extrait amer, de l'iode, du fer et
la valeur de la moutarde. Ils nous trans- divers phosphates. Le cresson, tiges et feuil-
mettent que la moutarde, comme accom- les, est utilisé dans l'économie domestique
pagnement obligé et souvent utile des viandes et en médecine, mais seulement à l'état frais.
bouillies ou rôties, stimule l'estomac, dégage Comme aliment, on le mange en salade ou
les bronches, force, l'urine et les menstrues à titre de garniture de rôti, ce qui faisait
et qu'on ne peut que la recommander aux dire à Furetière à la fin du 17mesiècle : «Il
asthmatiques. Ils la prennent avec du vinaigre est fort excellent sous" un chapon.» La mé-
pour résoudre les calculs de la vessie, l'uti- decine reconnaît au cresson des propriétés
lisent en lotions vinaigrée pour combattre éminemment antiscorbutiqués, stimulantes,
le venin des morsures venimeuses et des diurétiques, digestives et dépuratives. Elle
piqûres d'insectes, en gargarismes contre en prescrit le suc pur ou mêlé à du lait, à du
les affections de la gorge. Ils en font, avec petit-lait, à d'autres sucs d'herbes; elle le fait
des figues, des cataplasmes contre les dartres, entrer dans la composition d'un vin antiscor-
la gale, les ecchymoses, les bourdonnements butique et du sirop de raifort composé dont
d'oreilles, et ils la mélangent au vinaigre de nous avons vu la composition, et le recom-
lavande pour l'employer en frictions sur les mande fort, en purée, aux personnes attein-
membres paralysés par l'apoplexie. tes de diabète.
Le cresson semble avoir été apprécié de
tout temps par l'homme: nos pères lui re-
PI. XXVI. Fig. 2. Sisymbrium nastur- corinaissaient des propriétés diurétiques éner-
tium L. Cresson de fontaine. Nasturtium giques et des vertus stimulantes telles qu'ils
officinale R. Brown. Santé du corps. en défendaient l'usage aux femmes encein-
tes, et. Dioscoride, médecingrec du commen-
Plante vivace, glabre, à tiges creu- cement de notre ère, disait déjà dans ses
ses, rameuses, redressées supérieure-. écrits que le cresson, de son temps, se man-
ment et dont la partie horizontale est geait cru à toutes les tables.
garnie de nombreuses racines adven- PI. XXVI. Fig, 3. Thlaspi bursa pastoris
tives. Feuilles d'un vert foncé, divi- L. Bourse à pasteur. Boursette. Capsel-
sées jusqu'à la côte en segments la bursa pastoris Moench.
ovales ou oblongs, entiers ou sinués, Petite plante annuelle dont la tige
avec une foliole terminale plus grande est garnie à sa base d'une rosette de
et souvent cordiforme. Fleurs blanches feuilles. Feuilles extrêmement varia-
disposées en corymbe dont les pétales bles, sinuées-dentées, pinnatifides, à
2 a, b. Cranson officinal.
Cochlearia officinalisL.

3 a, b. Vélar.
Sisymbrium
officinale
1 a, b, c. Raifort. Scopoli.
Cochlearia armoracia L.
Famille: Crucifères, Droséracées, Crassulacëes 51
lobes entiers ou incisés, plus rarement Le rossoiis se récolte en juin; il a
entières. Fleurs petites, blanches, don- une saveur aigrelette et son suc con-
nant des silicules en forme de coeur tient de la pepsine.
renversé et contenant des graines jau-
Emploi. Autrefois connue sous le nom de
ne d'or. Fleurit toute l'année. Très Herba Borelloeou Herba Boris solis, l'herbe
commune dans nos régions où on la à la rosée possède des propriétés dépurati-
rencontre le long des chemins, sur les ves et stimulantes que l'on fait entrer depuis
vieux murs, dans les décombres, les peu dans la médecine courante comme cura-
tif de la coqueluche (10-40gouttes de tein-
jardins et les champs. ture par jour). Son suc a la propriété de
La bourse à pasteur est inodore. cailler le lait et on l'utilise dans les campa-
Ses racines ont une saveur douceâtre gnes pour se défaire des verrues et des cors.
fort désagréable et ses feuilles sont La médication homéopathique l'usité depuis
longtemps contre la coqueluche, la phtisie
légèrement astringentes. pulmonaire et la phtisie laryngée.
Emploi. La bourse à. pasteur jouit de pro-
priétés rafraîchissantes et astringentes. Son Famille des
infusion (30 gr. par litre d'eau) s'utilise en
lotions antihémorragiques, en aspirations Crassulacées
contre les saignements de nez, et, à l'inté-
rieur, pour combattre la dysenterie et les PI. XXVII. Fig. I. Sempervivum tecto-
flux de matrice. Kneipp en fait grand cas rum Linné. Joubarbe. Grande joubarbe.
et la recommande en outre comme diuréti-
que, contre les maux de ventre, les déran- Artichaut bâtard. Artichaut sauvage. Her-
gements d'estomac, les embarras du foie et be aux cors. Joubarbe des toits.
de la rate et les hémorragies internes. Plante vivace émettant de nombreux
Les anciens herboristes s'expriment à peu
près dans le même sens, en ajoutant que rejets qui finissent par prendre racine.
son suc, introduit dans le canal auditif, agit Du milieu des rosettes globuleuses de
d'une manière efficace contre la purulence feuilles charnues que portent ces re-
des oreilles et que les personnes atteintes
de gonorrhée se trouveront bien de prendre, jets se dressent des tiges de 3-6 dm.
plusieurs jours de suite, un breuvage formé de hauteur, garnies de feuilles d'un
de 30 gr. de suc frais auquel on aura ajouté vert gai, quelquefois rougêatres, bor-
le poids de 3 grains d'orge de camphre. dées de cils raides et d'autant plus
petites qu'elles sont situées plus haut
Famille des sur la tige. Les fleurs sont étoilées,
Droséracêes assez grandes, presque sessiles et d'un
rose purpurin.
PI. XXVI. Fig. 4. Rossoiis à feuilles La joubarbe des toits fleurit en juil-
rondes. Drosera rotundifolia L. Herbe à let-août. On la rencontré souvent à
la rosée. l'état spontané dans les fentes de ro-
Plante vivace dont la hampe dépas- chers du Jura, des Alpes et des Py-
se la rosette de feuilles. Feuilles ap- rénées et fréquemment dans les jar-
pliquées sur le sol et munies de poils dins paysagers, sur les vieux murs et
mobiles. Fleurs petites, d'un blanc les toits de chaume. Ses feuilles sont
rosé, disposées en grappes spiciformes inodores avec une saveur acide.
dont le sommet est toujours occupé Emploi. La joubarbe des toits, bien qu'on
par une fleur épanouie. ne soit plus tenu de la planter sur les toits
L'herbe à la rosée, type des plantes comme au temps de Charlemagne, est enco-
re fort en honneur dans la médecine rurale.
carnivores, croît dans les marais tour- Ses feuilles écrasées constituent un cataplas-
beux, et malheur à la mouché qui vient me d'un usage courant. Son suc, mêlé d'es-
se poser sur ses feuilles, car les cils prit de vin, fournit une sorte de pommade
blanche utilisée contre les taches de rous-
glanduleux dont elles sont garnies la seur; il s'emploie en outre, incorporé dans
saisissent bientôt, l'enveloppent, l'en-
un corps gras, contre les brûlures, les hémor-
serrent de tous côtés pour en absorber rhoïdes, les cors aux pieds, les verrues, les
et piqûres d'abeilles, les aphtes et les maladies
peu à peu toutes les parties molles
ne laisser qu'un cadavre évidé. de la peau.
52 Famille: Crassulacées, Saxifragées
Les anciens herboristes préconisent les fruits est antidysentérique, qu'il fortifié l'es-
feuilles fraîchement écrasées contre l'érysi- tomac, arrête les crachements de sang, gué-
pèle, l'inflammation des yeux, les brûlures, rit les maux de gorge et les inflammations
les plaies ulcéreuses; le suc seul contre la de la luette.
dysenterie et les fièvres bilieuses de nature Nous nous hâtons toutefois, d'ajouter que
inflammatoire, et le suc coupé de vin contre ce qu'il reste aujourd'hui de plus tangible
les ascarides intestinaux. du cassis, c'est la liqueur très agréable bien
connue sous le noni de cassis et qui se pré-
pare en faisant macérer pendant 15 jours
Famille des un kilogramme de fruits dans trois litres de
bonne eau-de-vie, en filtrant ensuite et en
Saxifragées sucrant.
PI. XXVII.Fig. 2. Ribes nigrum L. Cas- PI. XXVII. Fig. 3. Ribes rubrum L.
sis. Groseillier noir. Groseillier commun. Raisin de mars. Gro-
Buisson à rameaux dressés, à écor- seillier rouge. Groseillier à grappes.
ce grisâtre, à bois cassant. Feuilles Arbrisseau sans épines, à rameaux
glabres ou presque glabres en dessus, dressés, à écorce cendrée, dont le bois
à 3-5 lobes larges, dentés, dont la face est moins cassant que le précédent.
inférieure, plus ou moins pubescente, Ses feuilles, glabres ou presque gla-
est parsemée de glandes aromatiques bres en dessus, pubescentes en des-
verdâtres ou jaunâtres. Fleurs verdâ- sous, n'ont pas les glandes aromati-
tres, à pétales un peu rougeâtres en ques du groseillier noir. Ses fleurs
dedans, disposées en grappes axillai- sont d'un jaune verdâtre, tachées de
res pendantes. Fruits noirs, globuleux, brun en dedans, disposées en grappes
glabres, d'une saveur aromatique toute pendantes pluriflores, et ses fruits, qui
particulière. mûrissent de juin en août, sont des
Le cassis croît spontanément dans baies glabres, de là grosseur d'un pois
l'extrême nord de l'Europe. On le et d'une couleur rouge, rosée ou blan-
rencontre fréquemment dans les forêts châtre.
humides, dans les jardins, et il forme Les groseilliers n'étaient pas connus
l'objet de grandes cultures, surtout en de l'antiquité grecque et romaine et
Bourgogne. Son bois, ses feuilles, ses ils semblent n'avoir été cultivés chez
fruits, dégagent une odeur particulière nous qu'à partir du 16me siècle. Le
qui est loin d'être agréable à tout groseillier rouge" est assez commun
le monde et qui rappelle vaguement dans les bois humides et surtout dans
l'odeur des punaises. les jardins. Il se multiplie par semis,
Emploi. Le cassis était autrefois offic.sous par éclats ou par boutures, mais on
les noms de Ribes nigrum ou de Chassis fera bien de ne pas garder les mêmes
(fruits) et de Roob Pibium (suc). Le suc et pieds plus de cinq ans.
les fruits étaient tous deux préconisés contre
les maux de reins, et, additionnés d'eau de- Emploi. La groseille est un fruit de table
vie, contre les coliques. Les feuilles passaient agréable et rafraîchissant. Elle sert surtout
pour un curatif de la goutte et de l'hydro- à la préparation de gelées, de sirops, de
pisie et leur infusion, à la dose de 30 gr. par confitures, de vins et de limonades. Sous ces
litre d'eau, est encore regardée aujourd'hui diverses formes, souvent relevées de fram-
comme tonique, diurétique, astringente' et boises, elle agit sur l'économie comme un
sudorifique. purgatif très léger et, dit-on, comme un an-
Kneipp a recommandé la décoction de tiscorbutique bénin.
feuilles contre les calculs de la vessie et du Les anciens herboristes prétendent que
foie, contre la coqueluche, les toux convul- la groseille constitue un fébrifuge apprécia-
sives, les maux de gorge, l'enrouement, l'in- ble et un stomachique nullement à dédai-
flammation des amygdales. D'autres herbo- gner, et que son suc a la propriété de raf-
ristes, avant lui, ont prétendu que le suc des fermir les chairs des gencives.
1. Moutarde noire. Cresson de fontaine.
Brassica nigra Koch. Nasturtium officinale
R. Brown.

4. Rosselis
Drosera
rotundifolia L.

3 a, b. Bourse-à-pasteur
Capsella bursa
pastoris Moench
Famille: Rosacées 53

Famille des que mérovingienne, son emploi était très ré-


pandu et Charlemagne parle dans son capi-
Rosacées tulaire « De Villis» de fonctionnaires spécia-
lement chargés de sa fabrication. C'est une
PI. XXVII. Fig. 4. Pirus malus L. boisson agréable, saine, plus rafraîchissante
Pommier. mais moins nourrissante que la bière, que
l'on recommande contre l'hydropisie, les hé-
Les pommiers cultivés: pommier morroïdes, les calculs et la gravelle, mais
commun, pommier acerbe, pommier dont l'abus peut engendrer des coliques et
paradis, pommier de Chine, pommier des gastralgies.
à bouquets, etc., dont les trois pre-
mières espèces sont cultivées pour leurs PI. XXVIII. Fig. I. Pirus cydonia L.
fruits et les autres comme arbres d'or- Cydonia vulgaris Persoon. Cognassier.
Arbre à écorce brune et lisse, ori-
nement, sont connus de tout le monde.
Le pommier sauvage se distingue des ginaire du nord de la Perse, de l'Ana-
tolie et de la région située au sud du
précédents par ses organes plus petits
et ses branches parfois terminées en Caucase, et cultivé partout pour ses
fruits appelés coings. Ses feuilles ont
épines.
Les pommiers mûrissent leurs fruits quelque analogie avec celles du pom-
à des époques très différentes, les uns mier, mais elles sont feutrées en des-
la plupart en octo- sous. Ses fleurs apparaissent après les
en août-septembre,
feuilles; elles sont grandes et d'une
bre, d'autres au fruitier. Les pommes couleur variant entre le rouge vif et
sauvages ont une saveur très acide et le. blanc. Ses fruits sont tantôt pirifor-
très astringente. Les pommes douces,
mes et tantôt oblongs, jaunes à ma-
qui contiennent peu d'acide malique, turité, fomenteux et couronnés par les
sont moins fines que les autres..
lobes du calice; quoique finement aro-
Emploi. Qu'elles soient crues, cuites, ou matiques, ils sont immangeables à l'é-
encore en conserve, les pommes constituent tat frais par suite de leur saveur aci-
une excellente alimentation, surtout' pour les
personnes sujettes à la constipation et aux de très prononcée et de leur chair
hémorroïdes. La thérapeutique en retire un dure et astringente, mais la cuisson
extrait connu sous le nom d'extrait de ma- les transforme en un mets absolument
late de fer, Extractum Ferri pomatum, et délicieux.
l'industrie en retire une boisson bien connue
sous le nom de cidre. Le cognassier fleurit fin mai; ses
L'extrait de malate de fer renferme com- fruits mûrissent fin octobre et le plus
me parties constituantes du perchlorure de souvent au fruitier. Il se plaît dans les
fer et du suc frais de pommes acides mûres. sols de consistance moyenne, substan-
Il est noir, verdâtre, d'une saveur douceâtre,
ferrugineuse, et il s'administre principalement tiels et un peu frais, tandis qu'il re-
contre les pâles couleurs et la chlorose. doute les terres légères et surtout les
Quant au cidre, c'est une boisson alcooli- terrains calcaires,
que que l'on obtient en faisant fermenter le
jus de pommes écrasées et dont la produc- Emploi. Les coings servent à la prépara-
tion se fait sur une grande échelle, surtout tion d'une teinture et d'un mucilage. La pre-
en Normandie, en Bretagne, en Picardie et mière, connue sous le nom de Tinctura Ferri
dans le Maine. L'usage du cidre remonte à cydoniata, peut être considérée comme un
la plus haute antiquité. Les Gaulois le con- succédané de la teinture de malate de fer
naissaient. A l'époque gallo-romaine, à l'épo- et remplacer cette dernière dans les cas de
54 Famille : Rosacées
chlorose, d'anémie ou de pâles couleurs. Le la dysenterie que la tisane de feuilles de
second est employé comme collyre adoucis- ronce. Cette dernière, qui se prépare en pre-
sant, contre les crevasses de la peau et nant 15-20 gr. de feuilles pour un litre d'eau,
surtout des mamelons, contre les brûlures, est d'ailleurs une boisson agréable que l'on
et les excoriations produites par un alitement utilise encore souvent à l'extérieur en lotions
prolongé; il se prépare avec une partie de vulnéraires et en gargarismes.
semences de coings et 50 parties d'eau et Bcerhave assure « que les racines de ron-
est connu en pharmacie sous le nom de Mu- ces tirées de terre en février ou en mars
cilago Cydonioe. et cuites avec le miel, font un excellent apé-
La confiture de coings, est non seulement ritif et propre contre l'hydropisie.» La décoc-
fort agréable, mais encore rafraîchissante et tion vineuse de feuilles desséchées passait
légèrement astringente. autrefois pour régulariser les menstruations
Le suc de coings légèrements cuits sert trop abondantes; la racine cuite dans du
à la préparation d'un sirop très recomman- vin débarrassait des rhumes chroniques, des
dable contre l'enrouement, les affections de catarrhes opiniâtres, des calculs du foie et
la gorge en général, les rhumes et les cra- de la vessie, et la décoction de feuilles et
chements de sang. de bourgeons était regardée comme un re-
La pelure de coings arrête le sang des mède efficace contre la teigne, les croûtes,
blessures fraîches. les stomatites ulcéreuses et les abcès.
Les anciens herboristes prétendent que Les mûres servent à faire d'excellentes
les coings pris à jeûn sont fortement astrin- confitures et un sirop connu en pharmacie
gents, mais qu'ils relâchent dans le cas con- sous le nom de Sirupus Mori. Voulez-vous
traire; que rôtis et saupaudrés de sucre, ils préparer ce dernier? Abandonnez à la fer-
font cesser les renvois et les maux de coeur, mentation des mûres récentes écrasées, jus-
les diarrhées et les crachements de sang, qu'à ce qu'un essai de suc, additionné de la
et que les bains de vapeur de feuilles de moitié de son volume d'alcool, se mélange
cognassier peuvent servir de curatif dans les clairement; exprimez, portez le suc à l'ébul-
descentes de rectum et de matrice. lition et, après refroidissement, filtrez le au
PI. XXVMI.Fig. 2. Rubus fruticosus L. papier et dissolvez, dans 38 parties de suc,
62 parties de sucre.
Ronce commune.
PI. XXVIII. Fig. 3. Framboisier. Rubus
Tiges dressées, sarmenteuses, angu- idaeus L.
leuses, arquées au sommet, armées
d'aiguillons que tout le monde con- Le framboisier est un buisson à tiges
naît. Feuilles ternées dans le haut, dressées et cylindriques, à rameaux
ordinairement quinées inférieurement, arqués et garnis d'aiguillons faibles et
à folioles vertes, droits. Sa souche produit des rameaux
remarquablement
plissées en dessous dans leur jeunesse stériles dont les feuilles ont 5 folioles
et gardant des nervures très pronon- et des rameaux fertiles à feuilles com-
cées. Fleurs en grappe corymbiforme posées de 3 folioles seulement. Toutes
ordinairement peu garnie, à pétales les feuilles sont blanchâtres et pubes-
blancs ou rosés assez grands, à pédon- centes en dessous. Les fleurs sont
cules allongés. Carpelles très nom- blanches à pétales connivents; les fruits
breux, réunis sur un réceptacle ordi- sont rouges à maturité, pubescents,
nairement conique et charnu, se trans- d'une saveur agréable, et ils sont com-
formant en drupes contenant un petit posés de carpelles nombreux, cohé-
noyau osseux et dont la réunion forme rents, également développés et adhé-
la mûre. Fleurit de juin en septembre rant à peine au réceptacle.
et fructifie à partir de fin août. La Le framboisier, fréquemment culti-
ronce croît partout, dans les forêts, vé pour le parfum délicat et pour la
saveur acidulé très agréable de ses
les haies, les bois et les champs. Ses
fruits, d'une saveur agréable à l'état fruits, croît naturellement dans les bois
frais, répandent, confits, une fine odeur montueux, dans les taillis rocailleux
de thé. et dans les buissons. Il fleurit en mai-
Emploi. Les feuilles de ronce sont encore juin et fructifie en juillet-août.
offic. sous le nom de Folium Rubi fruticosi. Emploi. La pharmacopée en fait une sorte
Elles jouissent de propriétés astringentes de vinaigre et un sirop. Le premier, Acetum
marquées et d'aucuns prétendent même qu'ils Bubi idoei cum Snccharo, s'obtient avec
ne connaissent pas de meilleur remède contre une partie de sirop de framboise et deux
3. Groseillier rouge
Ribes rubrum L.

2 a, b. Cassis. 1. Joubarbe
Ribes nigrum L. Sempervivum
tectorum L.

4 a, b Pommier.
Pirus malus L.
Famille: Rosacées, 55
parties de vinaigre de vin; le second, Siru- mandée aux personnes atteintes de goutte
pus Bubi idoei, un mélange de 38 parties de ou de gravelle.
suc de framboise et de 62 parties de sucre, Kneipp voit dans le thé de feuilles une
constitue une boisson éminemment agréable boisson hygiénique par excellence et il re-
et rafraîchissante. commande également les fraises surtout aux
Les framboises elles-mêmes passent pour convalescents qui, relevant de maladie, éprou-
être adoucissantes, laxatives, rafraîchissantes vent une grande faiblesse et une grande
et diurétiques. On les mange généralement diminution de forces. Voulez-vous faire une
saupoudrées de sucre, seules ou mêlées aux cure de fraises? ajoute-t-il; prenez chaque
fraises ou aux groseilles. On en fait des con- jour, pendant une certaine période, une cho-
fitures appréciées, des conserves, un sirop, pine de lait mélangée avec une demi-chopi-
une sorte d'hydromel, et elles servent sou- ne de fraises, ou bien prenez deux fois par
vent à aromatiser les glaces, les bonbons, jour un bon morceau de pain avec un quart
les limonades et les liqueurs sirupeuses. de chopine de fraises, et vous éprouverez
On prétend que les feuilles jouissent des bientôt l'action bienfaisante, de cette cure
mêmes propriétés astringentes que celles de qui remet les forces et purifie le sang; il
la ronce. vous est loisible de faire cette cure en plein
Les anciens herboristes nous communi- hiver, si vous avez eu soin de confire les
quent d'ailleurs que le framboisier jouit des fraises, comme on confit les cerises, les
propriétés atténuées de la ronce; qu'on fait griottes, etc.
avec ses fruits un sirop délicieux qui est un Aux malades aussi, les fraises rendent les
excellent tonique du coeur; avec ses feuilles meilleurs services contre les inflammations
une tisane contre les ardeurs de l'estomac ou chaleurs internes. Quel délicieux réfrigé-
et du foie, et avec ses fleurs écrasées dans rant, quel soulagement réconfortant les frai-
du miel des cataplasmes contre l'inflamma- ses ne procurent-elles pas à ceux qui souf-
tion des yeux et l'érysipèle. frent, de la soif!
La racine du fraisier est un astringent
PI. XXVIII. Fig. 4. Fragaria vesca L. peu actif qu'on emploie surtout contre les
diarrhées légères, principalement chez les
Fraisier. Fraisier des bois.
enfants, et qui se prend en tisane à la dose
Souche vivace, courte, épaisse, d'où de 20 gr. pour un litre d'eau.
rameaux flori- Le suc, dit-on, est un remède efficacepour
partent de nombreux toutes les personnes qui ont l'haleine courte,
fères servant à la multiplication et dé- et Linné, le grand botaniste suédois, dit
signés en botanique sous le nom de s'être bien trouvé de l'usage des fraises qui
stolons. Tige nue ou portant une seu- l'ont guéri de la goutte.
le feuille florale dépassant peu les Il est inutile, n'est-ce-pas, de parler de la
confiture de fraises, de la confiture de frai-
feuilles; folioles pubescentes-soyeuses ses et de coings, de fraises et de groseilles,
en dessous, plissées suivant les ner- de fraises et de framboises, etc., tout le monde
vures secondaires et portées par des les apprécie à leur valeur et Mademoiselle,
pétioles couverts de poils étalés. Fruit je gage, en ferait volontiers son ordinaire.
se détachant facilement de sa base, Pl. XXIX. Fig. I. Potentilla reptans L.
rouge, ovoïde, globuleux ou conique, Potentille rampante. Quintefeuille. Erbo
parfumé, succulent, savoureux. dé cin feillos (Gascogne).
Le fraisier fleurit d'avril en juin, mû-
rit de mai en août et présente parfois Souche épaisse, émettant une rosette
une seconde floraison en automne. La de feuilles au-dessous de laquelle nais-
sent des tiges allongées,
thérapeutique en utilise les fruits et les couchées,
radicantes aux entre-noeuds et portant
feuilles qu'elle récolte en mai.
des rosettes de feuilles au niveau dès
Emploi. Les fraises constituent un aliment noeuds. Feuilles ordinairement à 5 fo-
rafraîchissant qui passe pour indigeste et
produit parfois des éruptions d'urticaire. On lioles, vertes sur les deux faces, plus
les mange en nature ou avec du sucre, du ou moins pubescentes en dessous, à fo-
vin, de la crème, du suc d'orange, du saveur
Cham- lioles dentées jusque près de la base.
pagne, du vinaigre, etc; elles ontduunesucre de Fleurs jaunes, solitaires, portées sur
sucrée et acidule, renferment
canne et du sucre interverti, sont riches en un long pédoncule axillaire. Fleurit de
acide malique. On les considère comme lé- juin en août et croît dans les lieux
gèrement laxatives, et bien que elles certaines
con- humides, le long des murs, au bord
personnes les digèrent difficilement, des chemins, des fossés et des haies.
viennent aux tempéraments pléthoriques et
bilieux, et la cure des fraises a été recom- La quintefeuille est une plante ino-
56 Famille: Rosacées
dont on décoction à la dose de 10 gr. pour un litre
dore, à saveur astringente, d'eau, ou encore en poudre à la dose de
récolte la racine au printemps. 3 gr., pour combattre la diarrhée, la dysen-
Emploi. La souche était autrefois connue terie, les saignements, les flux muqueux et
sous le nom de Badix Pentaphylliet la plante les fièvres intermittentes. Sa richesse en ta-
elle-même se dénommait Herba Pentaphylli. nin en fait un astringent appréciable et un
Toutes deux étaient regardées comme des dentifrice qui n'est pas à dédaigner.
antidotes d'une efficacité générale, comme Les anciens herboristes s'occupent déjà,
des vulnéraires et des astringents. La décoc- beaucoup de la tormentille, et ils la préco-
tion de 30 gr. de racine par l/2 litre d'eau nisent en suc frais, en poudre, en tisane ou
était préconisée contre la diarrhée et la fai- encore en décoction dans du vin. Ils recom-
blesse générale provoquée par les fièvres. mandent la racine contre toutes sortes d'em-
La racine était partie constituante de la fa- poisonnements et de flux, contre les plaies
meuse Thériaque, la pâte molle aux 71 dro- internes et externes,, contre la dysenterie et
gues inventée, dit-on, par Mithridate et con- les vers. Ils emploient le suc contre les yeux
sidérée comme propre à guérir les morsures chassieux, la poudre additionnée de sucre
des animaux venimeux. Le suc jouissait de contre les crachements de sang, la décoction
propriétés salutaires dans les affections des vineuse en lotions vulnéraires et déter-sives.
poumons et des bronches, dans les cas de Contre les rétentions d'urine ils prennent de
jaunisse, d'hémorragies, de saignements de la poudre de tormentille dans du suc de
nez, de tumeurs malignes et de maux de chicorée. Les femmes, naturellement, n'échap-
gorge. pent pas à leur médication, car nous les
On en est bien revenu, et l'on n'utilise voyons prendre des bains de tormentille pour
plus guère, de nos jours, que sa décoction faire cesser les menstrues trop abondantes
dans l'eau pour combattre la dysenterie. et absorber de la poudre de racine dans des
oeufs pour éviter les fausses couches.
PI. XXIX. Fig. 2. Potentilla tormentilla
Schrank. Tormentille. Tourmentille. BIo- PI. XXIX. Fig. 3. Ansérine. Argentine.
drot. Tormentilla erecta L. Bec d'oie. Patte d'oie. Potentilla anse-
Plante variable quant à ses dimen- rina L.
sions. Souche vivace, épaisse, assez Petite plante couchée sur le sol, à
courte, recourbée, d'un brun noirâtre souche épaisse émettant une ou plu-
à l'extérieur, rouge à l'intérieur, émet- sieurs rosettes de feuilles du dessous
tant plusieurs tiges rameuses, non ra- desquelles naissent des tiges flagelli-
dicantes, pubescentes, à poils appli- formes, grêles, couchées radicantes
qués. Feuilles à 3 folioles, pubescen- aux noeuds dans toute leur longueur.
tes en dessous et sur les bords, ver- Feuilles à 7-12 paires de folioles à
tes sur les deux faces, à 3-4 dents dents aiguës, vertes en dessus et pu-
aiguës de chaque côté, la dent termi- bescentes, tomenteuses-argentées en
nale dépassant les latérales; folioles dessous. Fleurs grandes, d'un beau
caulinaires oblongues-lancéolées, cu- jaune, solitaires à l'extrémité de pé-
néiformes, sessiles ou presque sessiles. doncules latéraux.
Stipules foliacées, peu distinctes des L'ansérine est commune près des
feuilles, à 3-5 lobes linéaires. Fleurs habitations, sur les rivages graveleux
assez petites, légèrement odorantes, des lacs, le long des routes. Elle fleu-
jaunes, longuement pédonculées, à 4 rit de mai en juillet, se récolte en juin,
pétales dépassant peu le calice. et est ainsi nommée parce que les oies
La tormentille croît dans les prés sont très friandes de ses boutons flo-
et les bois où elle fleurit de mai en raux. Elle est totalement inodore et
septembre. Sa racine, qui se creuse douée d'une saveur astringente assez
au printemps, a une saveur amère et prononcée.
fortement astringente.
Emploi. La grande quantité de tanin que
Emploi. La racine de tormentille des phar- renferment toutes les parties de cette plante,
macies, Bhizoma Tormentilloe,est une masse lui communique une saveur astringente et
inégale garnie de tubérosités et de nombreu- styptique qui l'avait rendue offic. sous le
ses cicatrices, dont la coupe transversale, à nom de Herba anserince. Aussi a-t-elle fait
fibres rudes, montre un petit nombre de fais- partie et fait-elle encore partie de nombre
ceaux vasculaires placés entre l'écorce min- de remèdes populaires contre la dysenterie
ce et la moelle large. Elle est utilisée en les calculs urinaires, les fleurs blanches les
3 a, b. Framboisier.
Rubus idaeus L.

1 a, b. Cognassier.
Pirus cydonia L.

2. Ronce commune.
Rubus fruticosus L.

4. Fraisier.
Fragaria vesca L.
Famille: Rosacées
affections du foie, les crachements de sang doncules velus-cotonneux, des fleurs
et même les accès de fièvre intermittente.
Tournefort, le savant professeur du Jar- dressées, petites et jaunes.
din des Plantes de Paris (+ 1708), recom- La racine de benoîte se récolte en
mandait contre la leucorrhée, cette affection mars. Elle a une odeur de girofle qui,
particulière des femmes à constitution faible lui a valu le nom de «racine giroflée» et
et lymphatique, le bouillon d'argentine et une saveur astringente,
d'écrevisses de rivière. L'argentine était en amère, acre.
même temps un spécifique contre la goutte Emploi. La racine de benoîte possède,
et les goutteux d'alors étaient astreints, pen- dit-on, des propriétés astringentes, stimulan-
dant un mois ou à peu près, à leur petite tes, toniques, qu'elle doit à son huile essen-
cure prihtanière d'ansérine. Celle-ci,d'ailleurs, tielle, au tanin et au principe amer qu'elle
n'avait rien d'extraordlnairement pénible,puis- contient. Elle était autrefois offic. sous le
qu'elle consistait à prendre, à jeûn, à partir nom de Radix Caryophyllatoe.La médecine
du premier jour de mai, du suc d'ansérine rurale la considérait comme vulnéraire, to-
et du suc de seigle vert additionnés d'un nique, pectorale et en faisait même un suc-
poids égal de vin rouge. cédané du quinquina; l'infusionde sa racine
L'ansérine était utilisée sous forme de était employée contré les diarrhées légères
— c'est à peu près tout ce qu'il en reste —
lavements, de lotions, d'injections, de tisanes, et sa décoction en vin passait pour refaire
de bouillons, de fomentations, de cataplas-
mes, etc: Vous le voyez, l'ansérine était d'un les forces. Le printemps venu, on faisait ma-
usage tout à fait courant, je dirais même, cérer la racine entière, ou la poudre de ra-
d'un usage presque journalier. cine, dans du vin (ou de la bière) et on ob-
tenait de cette façon un breuvage taxé
Kneipp, d'ailleurs, prétend encore dans
ses écrits, que le thé d'ansérine est un re- d'agréable, préconisé comme tonique, diges-
mède antispasmodique excellent contre les tif et dépuratif, et fortement recommandé
accès de crampe de l'estomac et du bas- contre la moiteur, les embarras gastriques,
les engorgements du foie, les tranchées et
ventre, et il ajoute même que, dans le téta- les attaques d'apoplexie.
nos, contre lequel il est si difficile de réa- Nous aurions mauvaise grâce de ne pas
gir, cette petite herbe rend de très bons ajouter que—les ménagères de la—campagne
services. Il dit en effet: « Au commencement et mettent encore des raci-
des accès, de crampes, ou plutôt dès les mettaient
nes desséchées dans leurs armoires et dans
premiers symptômes des crampes, l'on don- leurs bahuts pour parfumer le linge et que
ne au malade trois fois par jour du lait bien la décoction simple de racine de benoîte était
chaud, aussi chaud qu'il pourra le supporter, usitée à l'extérieur pour guérir plaies et
après y" avoir infusé, comme pour le thé, bosses et tumeurs, et, à l'intérieur pour
autant d'ansérine qu'on peut en saisir avec
trois doigts. On obtient de meilleurs résul- provoquer l'écoulement mensuel.
tats encore si, tout en prenant ce thé, l'on Aujourd'hui, la benoîte est rayée du Codex.
applique en même temps sur les parties at-
teintes de spasmes, des cataplasmes de cette PI. XXX. Fig. 2. Filipendule. Spirea
herbe macérée ou échaudée dans l'eau.» fifiperidula L. Filipendula hexapetala Gi-
Nous avouons en toute franchise n'avoir libert.
pas contrôlé sur nous même l'efficacité des
nombreuses vertus attribuées à l'ansérine, et La filipendule est une belle plante
que nous consignons simplement ici ce qu'en du genre Spirée dont les fibres radi-
ont dit les anciens herboristes. Nous ferons cales offrent, près de leurs extrémités,
remarquer toutefois, pour terminer, que dans des renflements d'un brun noirâtre à
certaines régions de l'Ecosse et de l'Angle-
terre, on mange les racines et les feuilles l'extérieur, rougeâtres en dedans, ovoï-
d'ansérine à la façon des épinards. des, charnus, qui lui ont valu son nom.
Ses tiges sont hautes de 3-6 dm.,
PI. XXX. Fig. I. Benoîte. Herbe à la dressées; elles portent des feuilles gla-
fièvre. Herbe de St. Benoît. Geum urba- bres de quinze à vingt paires de folioles
num L. et, en juillet, des fleurs odorantes
La benoîte est une plante commune réunies en corymbe et dont les pétales
à la lisière des bois, le long des haies, sont blancs ou rougeâtres en dehors.
dans les buissons. Sa souche, courte La filipendule se rencontre dans les
et tronquée, donne naissance à des clairières des bois sablonneux, sur lés
tiges ordinairement rameuses, dres- côteaux secs (bois de Vésinet), où elle
sées, plus ou moins hérissées, qui por- se récolte, entière, avant ou pendant
tent de mai en août, sur de longs pé- la floraison, ou alors en automne. Ses
58 Famille: Rosacées

tubercules sont comestibles, doués un vin contre les blessures internes, un ex-
trait réputé diaphorétique, et les feuilles
d'une odeur agréable et d'une saveur étaient employées pour communiquer à la
légèrement amère, et ses fleurs et ses bière et à l'hydromel une saveur et une
tiges possèdent un goût d'amandes odeur rappelant le vin de Malvoisie.
amères. Ces différents emplois ont aujourd'hui à
peu près disparu et on ne connait plus guère
Emploi. Les tubercules étaient autrefois que la tisane de reine des prés, (10 gr. de
inscrits au Codex sous le nom de Radix Fi- fleurs pour un litre d'eau, en infusion ou en
lipendulce et cela probablement à cause de décoction), boisson fort agréable au goût,
l'amidon et du tanin qu'ils renferment. Ils diurétique, et agissant avec succès dans les
sont maintenant rayés de la pharmacopée cas d'hydropisie et d'enflures des extrémités.
moderne, mais leur décoction (30-60 gr. pour Les feuilles sont légèrement astringentes
un litre d'eau) n'en jouit pas moins, dans le et peuvent rendre des services dans la
gros public, de' propriétés vulnéraires, apé- diarrhée.
ritives et surtout diurétiques. Rien d'étonnant
d'ailleurs: les anciens livres des simples les PI. XXXI. Fig. I. Alchemilla vulgaris
recommandaient en vin contre les rétentions L. Alchémille manteau des dames. Patte
d'urine et les calculs de la vessie, et, en d'oie. Pied de lion. Mantelet de la Vierge.
électuaires, contre la toux, les mucosités et
les glaires. Souche d'un brun foncé, vivace, tron-
quée, épaisse, ligneuse, émettant des
PI. XXX. Fig. 3. Reine des prés. Ul- tiges ascendantes ou dressées. Feuilles
maire. Ornière. Ulmain. Spirea ulmaria plus ou moins pubescentes, réniformes,
L. Filipendula ulmaria Maximowicz. plissées à la manière d'un éventail,
Souche épaisse et vivace, à fibres divisées jusqu'au tiers environ du lim-
radicales non renflées. Tiges herba- be en 7-9-11 lobes semi-orbiculaires
cées, simples ou rameuses supérieure- dentés dans tout leur partour, les ra-
ment, dressées, glabres, cannelées. diçales longuement pétiolées, les cau-
Feuilles simplement ailées, vertes, à linaires brièvement pétiolées. Fleurs
3-5 paires de folioles lancéolées, dou- petites, verdâtres, en cimes corymbi-
blement dentées en scie, les trois su- formes.
périeures en segment terminal ordinai- Fleurit de mai en juillet dans les
rement trilobé, et le tout présentant bois, les prés frais, les pâturages mon-
une certaine analogie avec les feuilles tagneux et alpins. Très répandue jus-
de l'orme (d'où son nom d'ulmaire). qu'aux sommités où on la trouve sous
Fleurs blanches, en corymbes termi- une forme réduite hérissée-soyeuse.
naux multifîores. Carpelles glabres, (Alchemilla montana W.)
contournés en spirale. La plante entière est inodore, avec
L'ulmaire doit son nom de reine des une saveur amère, légèrement astrin-
prés à sa beauté ainsi qu'à l'élégance gente.
et à la majesté de son port. Elle croît
Emploi. Autrefois offic. sous le. nom de
dans les prairies humides, au bord des Herba Alchimilloemajoris, et employée com-
eaux, dans maints jardins, et elle fleu- me vulnéraire à cause de ses vertus astrin-
rit de juin en août. gentes. Une infusion de 60 gr. pour un litre
Ses fleurs ont une odeur douce et d'eau passe pour guérir les contusions, les
lux de sang, la dysenterie et le diabète.
pénétrante qu'elles conservent par la Les anciens herboristes en retiraient un suc
la dessication, et une saveur douceâ- qu'ils administraient chaud et à jeûn, plu-
tre et acide, puis acre, qu'elles doi- sieurs jours de suite, pour prévenir les atta-
vent sans doute à l'acide salicylique, ques du haut mal. Leurs potions, poudres,
smplâtres, cataplasmes, baumes et pomma-
qu'elles renferment. des de pied de lion ont aujourd'hui complé-
Emploi. Le racine, autrefois Radix Barboe tement disparu.
caprinoe,était employée en cataplasmes dans
les fractures et luxations, comme vulnérai- PI. XXXI. Fig. 2. Agrimonia eupatoria
re, et aussi contre les ulcères fistuleux et la Aigremoine. Agrimoine.
dysenterie. L'eau distillée de ses feuilles en-
trait dans les cordiaux et les potions sudo- Souche épaisse émettant des tiges
rifiques administrés à nos aïeux. On en faisait iressées, effilées, simples ou peu ra-
2 a, b. Tormentille.
3. Ansérine. L. Tormentilla erecta L.
anserina
Potentilla

1. Potentille rampante.
L.
Potentilla reptans
Famille: Rosacées 59
meuses. Feuilles pubescentes et vertes Des débris de son ancienne splendeur, de
en dessus, velues-cendrées en dessous, son origine royale — elle doit son nom au
à segments ovales, incisés-dentés et roi Eupator qui le premier en prescrivit
l'usage dans ses états — il ne reste que bien
entremêlés de segments plus petits en- peu de chose, car l'aigremôine n'est plus
tiers ou incisés. Fleurs d'un jaune d'or, guère utilisée aujourd'hui qu'en gargarismes
petites et très contre les angi-
brièvement nes simples et
les amygdalites
pédicellées ; à leur début.
fruit en cône Dioscoride,
renversé, sil- Galieri, Pline, et
lonné jusqu'à vous tous qui
la base, à épi- l'avez tant prô-
née jadis, voilez
nes extérieu- vous la face et
res très éta- donnez lui une
lées, et ne ren- larme !
fermant ordi- Sanguisorba
nairement minor Scopoli.
qu'une seule Poterium San-
graine. guisorba L.
Fleurit de Sanguisorbe.
juin en sep- Petite pimpre-
tembre et at- nelle. — Sou-
teint souvent che épaisse
de grandes di- donnant nais-
mensions. Elle sance à des
croît à la lisiè- tiges dressées,
re des bois, au anguleuses,
bord des che- rameuses au
mins et le long sommet, gla-
des haies. bres ou héris-
On récolte sées à la base.
les feuilles en Feuilles ordi-
mai ou en juin. nairement gla-
Elles sont ino- bres, à 11-17
dores avec folioles, d'un
une saveur lé- vert glauque
gèrement a- en dessous,
mère et acide, arrondies ou
astringente. ovales, légère-
ment cordifor-
Emploi. mes, profon-
L'Herba Agrimo-
nioe des anciens dément den-
pharmaciens Poteriumsanguisorba.Petite pimprenelle. tées, odoran-
était un vulné- Sanguisorba minor Scopoli. tes et à saveur
raire estimé et a etb.Partiesinf.et sup.d'uneplanteenfloraison,
c.Fleur
un simple pré- d.Fleurmâle.e.Fleurhermaphrodite
femelle, en coupe,f.Graine. piquante. ver-
cieux contre les Fleurs
affections du foie et de là rate, les émissions dâtres, mêlées de pourpre, disposées
involontaires d'urine, les morsures de serpents, en épis globuleux ou oblongs très
les maladies des reins, la toux, la jaunisse, les
dont la partie supérieure est
vers, les luxations, les ulcères, la constipation compacts,
et les glaires. Si ce n'était pas une panacée, occupée par les fleurs femelles et la
elle n'en passait pas moins pour être «de par- inférieure par les fleurs mâles et
ties subtiles», ce que chacun traduirait main- partie
tenant par « la bonne à tout faire»! hermaphrodites.
60 Famille : Rosacées.
La sanguisorbe fleurit de mai en sa décoction de 30 gr. par 1/2 litre d'eau
était usitée contre les hémorragies.
juillet. Elle est très commune dans les Les anciens herboristes lui reconnaissent
prairies et les pâturages montueux, des propriétés astringentes et vulnéraires
dans les pelouses, et elle se cultive très marquées, et ils la préfèrent à tout autre
souvent dans les jardins comme plante remède chaque fois qu'il s'agit pour eux
d'arrêter des menstruations trop abondantes
d'assaisonnement. On la mêle en effet ou de trop longue durée.
aux salades et. aux viandes en guise
de condiment et on l'utilise même dans PI. XXXII. Fig. 2. Rosa canina L. Cy-
certaines régions pour aromatiser les norrhodon. Rosier de chien. Eglantier.
vins de table. Gratto-cuou. Epine de juif. Rose sauvage.
Etant donnée sa valeur comme plan-
te fourragère, on avait conseillé de C'est un arbrisseau très rameux de
2-3 m. de hauteur dont les branches
l'introduire dans les prairies artificiel-
les du Gâtinais, du Berry et de la élancées, sarmenteuses, souvent éta-
lées ou retombant en arc, sont armées
Champagne, imitant en cela l'Angle-
terre qui l'utilise avec avantage dans d'aiguillons vigoureux et très arqués
l'alimentation de ses nombreux mou- qui disparaissent quelquefois entière-
tons. Mêlée au trèfle blanc, au trèfle ment des rameaux florifères. Les feuil-
les sont glabres, pâles ou glaucescen-
rouge et au sainfoin, elle est mangée tes en dessous, et formées de 5-7 fo-
par les moutons; mais elle ne saurait lioles ovales-elliptiques, acuminées et
être employée seule, car nos animaux
dentées. Les fleurs sont d'un rose vif
domestiques n'ont alors aucun goût sur les hauteurs, plus pâles et quel-
pour elle.
On l'employait en médecine comme quefois presque blanches dans la plai-
astringent, vulnéraire et diurétique, ne; elles dégagent une légère odeur
mais son usage en thérapeutique tend de thé, et elles ont joué un grand
de plus en plus à disparaître. rôle dans les jeux floraux de Toulouse,
rétablis, comme on sait en 1-490 par
PI. XXXII.Fig. I. Sanguisorba officina- Clémence Isaure, et ainsi nommés par-
lis L. Sanguisorbe. Grande pimprenelle. ce qu'on y donnait pour prix : une vio-
lette d'or, une églantine et un souci
Plante vivace à souche rampante
d'un brun noirâtre et de la grosseur d'argent. Quant aux fruits, appelés cy-
d'un doigt. Feuilles à 9-15 folioles, norrhodons par les uns et vulgaire-
ment gratte-culs par d'autres, ce sont
vertes et luisantes en dessus, glauques
en dessous, oblongues, dentées, cordi- des masses ovoïdes d'un rouge vif dont
la pulpe aigrelette et légèrement as-
formes à la base. Fleurs d'un pourpre
foncé disposées en épis globuleux, tringente renferme de nombreux akè-
ovales ou ovales-oblongs. nes soyeux.
L'églantier croît dans les haies, les
Originaire d'Asie, la sanguisorbe fleu-
rit chez nous de juin en août dans les buissons_ et les rocailles. Il fleurit de
humides, les et les juin en juillet et mûrit fin septembre.
prairies marécages
marais tourbeux. Elle a une odeur Emploi. Les fruits étaient autrefois offic.
désagréable rappelant l'odeur de les- tiennent sous le nom de Fructus Cynosbati. Ils con-
et une saveur de l'acide malique, de l'acide citri-
sive, aromatique, as- que et un peu de tanin. La tisane qu'on en
tringente. fait est diurétique et rend des services dans
les affections du foie, des reins et de la vessie
Emploi. La racine se trouvait autrefois (calculs). Ils. servent à la préparation de la
dans les officinessous le nom de Radix Pim- Conservede Cynorrhodons,
pinelloeSanguisorboeet la plante elle même antidiarrhéique, ainsi que d'une employée comme
sous celui de Herba FimpinelloeSanguisorboe.. estimée et très saine. La décoction confiture très
des pétales
Toutes deux sont astringentes par suite de peut être usitée contre les
leur teneur en tanin, diurétiques et vulné- crampes d'estomac.
Ajoutons
raires. La racine passait en outre pour un de rosier desquechiens,l'églantier a reçu le nom
non point par dédain
vermifuge dans l'art vétérinaire d'antan et pour ses fleurs simples, mais parce
que sa
1 a, b. Benoîte.
Geum urbanum L.

3. Reine des prés.


Spirea ulmaria L.

b. Filipendule.
Filipendula hexapetala Gilibert.
Famille: Rosacées 61
racine a été autrefois préconisée contre la fraude, on met un peu de l'essence suspecte
rage. Il n'est pas rare de voir se dévelop- sur un verre de montre, et sur un autre
per sur ses organes des excroissances che- verre de montre à côté, un peu d'iode; on
velues ressemblant à un paquet de mousse recouvre alors les deux verres d'une même
et auxquelles on a donné le nom de bédégars. cloche: si l'on a à faire à de l'essence pure,
Ces bédégars proviennent de la piqûre d'un il n'y a pas de changement dans la couleur;
très petit insecte hyménoptère appelé le si, au contraire, les essences de roses et de
Cynips de la rose; ils ont souvent le volume géranium se trouvent mêlées, le produit qui
d'une pomme et on leur attribuait au moyen- en résulte ne tarde pas à noircir. La meil-
âge des propriétés curatives tout à fait sur- leure essence est celle extraite en Turquie.
prenantes. De nos jours même, dans certai- L'essence de roses s'emploie non seule-
nes campagnes, on s'imagine encore qu'un ment en parfumerie mais encore pour mo-
bédégar, placé sous le lit, procure un profond difier l'odeur de certains médicaments. Vu
sommeil. son prix, on ne l'utilise naturellement qu'en
très petite quantité! Son pouvoir odorant est
d'ailleurs tel que le Cold-Cream n'en con-
PI. XXXII. Fig. 3. Rosa centifolia L. tient qu'une goutte par 50 gr. et que l'on
Rose. Rose cent-feuilles. peut se faire une bonne eau de roses en
Le rosier cent-feuilles est trop ré- agitant 2-4 gouttes d'essence dans un litre
d'eau chaude.
pandu pour que nous en donnions une Trois parties d'eau de roses et une partie
description détaillée. Il doit son nom d'eâu-de-vie de France donnent un collyre
à la grande facilité avec laquelle ses et un collutoire (aphtes) que l'on pourra rem-
fleurs doublent sous l'influence de la placer soit par la conserve de roses, soit
culture. Il a déjà produit un grand encore par la mellite de rose ou miel rosat,
Mel Rosoe,des pharmaciens.
nombre de variétés et on en obtient
tous les jours de nouvelles. Parmi ces PI. XXXIII. Fig. I. Prunus cerasus L.
variétés, citons le rosier à cent-feuilles var. austera Ehrhart. Cerisier aigre.
commun, le rosier à cent-feuilles chan- Griottier noir.
geant, le rosier à feuilles de chou ou Petit arbre à branches étalées, à
de laitue, les roses mousseuses, le rameaux étalés et souvent pendants.
rosier à cent-feuilles pompon, le rosier Feuilles glabres, de consistance ferme,
oeillet, le rosier à cent-feuilles apéta- coriaces. Fleurs blanches donnant des
les, les roses prolifères, etc., etc. fruits acides assez gros, globuleux,
Emploi. Les pétales sont offic. sous le d'un noir-pourpre.
nom de Flos Rosoe,mais le temps a depuis Originaire de l'Asie-Mineure, le griot-
longtemps disparu où les pharmaciens fai- tier noir, assez peu répandu chez nous
saient eux-mêmes leur récolte de fleurs et
leur eau distillée de rosés. Desséchés ou mais très commun dans le midi de la
piles frais avec du sel, ils constituent un France, fleurit d'avril en mai, et mû-
médicament tonique, légèrement astringent, rit, suivant les espèces, de juillet en
dont on pourra saupoudrer les excoriations
des enfants et l'érysipèle de la face. Leur septembre.
infusion est antidiarrhéique et pectorale. Emploi. Son suc contient de l'acide ma-
Ces mêmes pétales fournissent, par une lique et de l'acide citrique, et ses noyaux,
distillation appropriée, soit l'eau de roses, de l'acide prussique. On en prépare un sirop,
qui est un collyre astringent, soit l'essence Sirupus Cerasorum,en pilant les fruits entiers,
de roses, qui sert de cosmétique, soit encore en exprimant le suc qui en résulte et en
l'huile rosat ou huile volatile de roses. ajoutant à 35 parties du suc ainsi obtenu 65
On obtient l'eau de roses en plaçant dans parties de sucre. Ce sirop est employé com-
un alambic de l'eau avec une certaine quan- me calmant et comme diurétique propre à
tité de pétales de roses, et en distillant à la combattre l'hydropisie. La tisane de queues
vapeur jusqu'à ce qu'on ait retiré un poids de griottes est un remède pectoral à recom-
d'eau égal au poids des pétales employés. mander également contre la chlorose, et les
L'essence de roses se prépare dans le fruits torréfiés jouissent de propriétés anti-
Levant, en Turquie, en Bulgarie, en Inde, diarrhéiques.
Les anciens herboristes recommandent les
en Perse, à Tunis, et aussi dans le midi de
la France, où il existe des cultures instituées griottes confites comme calmant et antidiar-
dans ce but, à Grasse, à Cannes, à Nice. rhéique; les noyaux, contre les calculs de la
C'est un parfum de haut bord, d'un prix vessie, les vers intestinaux et la toux; la
toujours élevé, qu'on falsifie souvent avec résine, contre les vieux rhumes et les cal-
l'essence de géranium. Pour découvrir la culs en général.
62 Famille: Rosacées

Prunus avium L. Merisier. Cerisier des l'estomac et peut rendre des services à l'in
oiseaux. térieur, dans les cas de faiblesse et de maux
de ventre, et, à l'extérieur, en frictions sur
Arbre d'une taille élevée, à rameaux les membres fatigués ou endoloris.
jamais pendants, à feuilles de consis- Chacun sait qu'il est d'usage, dans cer-
tance molle garnies d'un léger duvet taines contrées et en été surtout, de prendre
un peu de kirsch avant d'absorber son verre
en dessous et dentées en scie, à fruits de bière.
ronds ou en coeur, d'un rouge plus ou
moins foncé, souvent presque noirs, Putiet. Merisier à grappes. Bois-joli. Pu-
et d'une saveur douce plus ou moins tier. Cerisier à grappes. Prunus padus L.
sucrée. Fleurs très belles, d'un blanc Le putier est un arbrisseau à ra-
de neige, disposées meaux étalés, dont
en fascicules om- le bois, à l'état frais,
belliformes. dégage une odeur
Originaire des particulièrement dé-
pays qui se trou- sagréable à laquel-
vent au Sud de la le il doit sans doute
mer Caspienne et son nom. Ses feuil-
du Caucase, le me- les sont glabres et
risier était déjà na- ses petites fleurs
turalisé en Europe blanches et odoran-
à l'époque du bron- tes sont disposées
ze. La culture en a en longues grappes
produit deux varié- cylindriques pen-
tés importantes: le chées ou pendantes.
guignier, dont le Ses fruits sont de la
fruit, assez gros, en grosseur d'un pois,
forme de coeur, est globuleux, acerbes,
d'un rouge noirâtre amers, générale-
avec une saveur ment noirs, plus
sucrée, et le bigar- rarement rouges.
reautier, qui produit Le putier croît
un fruit rouge pâle spontanément dans
ou même blanc jau- le nord et l'est de
nâtre, de même for- la France, sur les
me et de même vo- parties élevées du
lume, et dont la Centre et du Midi,
chair, ferme et cas- et il se trouve sou-
sante, est d'une sa- vent comme plan-
veur sucrée. Cerisier des oiseaux. Prunus aviumL. te d'ornement dans
Les noyaux et a. Inflorescence,
b.Fruits(merises). les parcs. Son bois,
les queues de meri- dur, jaunâtre, in-
sier ont une saveur d'amande amère. sensible, ou à peu près aux variations
Emploi. Les fruits, connus sous le nom atmosphériques, est fort recherché par
de merises, se mangent souvent frais, mais les ébénistes et les charrons et préféré
ils servent surtout à obtenir, par fermenta- à tout autre, dans les
tion des merises écrasées et par distillation confection des Vosges, pour la
du produit, la liqueur alcoolique si souvent sabots.
falsifiée désignée sous le nom de Kirsch ou
de Kirsrhwasser. Le Kirsch doit son parfum PI. XXXIII.Fig. 2. Pruneaulier. Prunier
spécial à l'amande de la merise, autrement domestique. Prunus domestica L. Prunus
dit à la présence d'une faible quantité d'aci-
de prussique. pyramidalis DC.
Le Kirsch, quand on n'en abuse pas, est Le pruneaulier est un arbre assez
un tonique et un stomachique. Il réchauffe élevé, non
épineux, dont les fleurs à
31

2 a, b. Aigremoine. 1 a, b. Alchemille.
Agrimonia eupatoria L. Alchemilla vulgaris L.
Famille: Rosacées 63
pédoncules plus ou moins pubescents PI. XXXIV. Fig. I. Prunier épineux.
naissent en même temps que les feuil- Epine noire. Prunellier. Prunus spi-
les. Ces dernières sont elliptiques ou nosa L.
oblongues, acuminées, crénelées-denti- Le prunellier est un arbuste très
culées, pubescentes en dessous; ses épineux dont les rameaux pubescents
bourgeons florifères sont ordinaire- sont étalés à angle droit. Ses fleurs
ment biflores, et ses fruits oblongs, s'épanouissent avant la naissance des
penchés, douceâtres, ont une couleur feuilles et en font un des plus charmants
glauque, jaunâ- précurseurs du
tre, rougeâtre, printemps. Il por-
violette ou même te des feuilles
noire. Quant à obovales- oblon-,
ses amandes, el- gués, dentées,
les ont une odeur glabres ou pubes-
et une saveur centes, et, en oc-
rappelant fort les tobre, des fruits
amandes amèrès. globuleux dres-
Le pruneaulier ses, bleuâtres;
se rencontre chez glauques, acer-
nous dans le voi- bes, plus petits
sinage des habi- qu'une cerise.
tations, dans les Le prunellier
jardins et dans se rencontre
les vergers. Il est communément
originaire de l'A- dans les haies et
sie et son intro- les buissons, et
duction en Eu- il parait être ori-
rope ne doit pas ginaire de l'Eu-
remonter au delà rope même, puis-
de 2000 ans. qu'on en trouve
déjà des noyaux
Emploi. La pru- dans les palafit-
ne est un. aliment
sain et rafraîchis- tes de la Suisse.
sant que nos ména- L'écorce de sa
gères ont bien rai- racine se récolte
son d'employer en octobre,
sous toutes ses for- déjà
mes, et dont l'in- mais la cueillette
dustrie retire, par de ses fruits ne
distillation, une li- se fait guère que
queur alcoolique lorsqu'ils ont été
connue sous le nom adoucis par la
d'eau de prunes. A
l'état desséché (pru- Merisierà grappes. Putier. Prunus padus. gelée.
neaux), elle jouit de a. Grappedefleurs,b.Grappedefruits,c.Bourgeon
defleur.
propriétés légère- d.Fleurencoupe,e.Noyau,f. Noyauouvert. Emploi. La tisa-
ment laxatives qui ne de fleurs jouit
la font entrer dans la médication populaire, de la vogue populaire comme dépuratif du
mais on fera bien de n'en point abuser quand sang. Elle est légèrement purgative, tonique,
elle est fraîche car elle provoque alors aisé- antidysurique et bonne à employer, surtout
ment des diarrhées opiniâtres. chez les enfants, pour combattre les éruptions
L'ancienne pharmacopée les utilisait en de la peau; les fleurs confitesdans du sucre
électuaires lénitifs contre les fièvres et la guérissent la toux et l'enrouement, et les
vi- fruits, indépendemment de leur emploi dans
constipation, et préconisait la décoctiondes
neuse des feuilles dans les affections la coloration des vins de médiocre qualité,
gencives, du cou, de la luette, et surtout servent àlelacidre. préparation d'une boisson qui
contre les esquinancies. rappelle
64 Famille-: Rosacées
On peut se faire une eau-de-vied'un goût est prudent de ne pas les manger en
exquis par simple macération des noyaux, trop grande quantité.
et l'écorce, amère, astringente, peut être em-
ployée comme fébrifuge, en gargarismes, et Emploi. Les amandes, douces ou amères,
aussi en bains de siège contre les descentes trouvent leur emploi en pharmacie sous les
de matrice et de rectum. noms de Amygdala dulcis et Amygdala amara,
Ne remontons pas jusqu'aux anciens her- et elles sont utilisées en thérapeutique sous
boristes qui préconisent le prunellier contre bien des formes.
les points de côté, les oppressions, les cal- Le lait d'amandes est un liquide obtenu
culs de la vessie, les ulcères de la cavité en mêlant avec de l'eau des amandes douces
buccale, les menstrues trop abondantes, les écrasées et en passant à travers un linge:
descentes de matrice et de rectum, les sai- c'est une boisson rafraîchissante, un antidiar-
gnements de nez et l'inflammationdes yeux. rhéique et un calmant à administrer surtout
Citons plutôt les lignes suivantes de aux enfants.
Kneipp: «Les fleurs de prunelle forment le Uhuile d'amandes douces, extraite à froid
laxatif le plus inoffensifet devraient se trou- des amandes-douces, mais assez rare à l'état
ver, en première ligne, dans, chaque phar- de pureté dans le commerce, est fortement
macie de famille. Que de fois ne sentez-vous recommandée par le curé Kneipp comme un
pas l'utilité ou même le besoin d'une purge! excellent révulsif dans les engorgements des
L'état de l'estomac ou du bas-ventre ou en- bronches et comme un bon laxatif pour les
core l'état général de votre santé vous le enfants. Dans les inflammations,surtout quand
disent. Prenez donc ces fleurs de prunelle, on craint une inflammation pulmonaire, on
faites les bouillir pendant une minute et bu- en prendra journellement, à trois ou quatre
vez-en,3-4 jours durant, une tasse par jour. reprises, une petite cuillerée à café.
Cette infusion agit tout doucement, sans au- Les amandes douces entrent encore dans
cune incommodité, aucun ennui, et pourtant la composition du cérat de blanc de baleine,
elle purge à fond. Je recommande d'ailleurs Ceratumcetacei,(cire blanche 10, blanc de ba-
le même médicament comme stomachique, leine 20, huile d'amande 70, benjoin 2) que
épurant et fortifiant l'estomac. » l'on applique sur les plaies, les gerçures, les
excoriations, ainsi que dans la préparation du
looch blanc ou looch huileux ou Looch album
PI. XXXIV.Fig. 2. Amygdalus communis oleosum (huile d'amande 10, gomme arabi-
L. Amandier commun. Amandier à coque que 10, eau de fleur d'oranger 15, eau 40,
dure. eau d'amande 1, sirop de gomme 24) qui
s'emploie comme adoucissant dans les mala-
Arbre ressemblant au pêcher, à dies de la poitrine et du larynx, et aussi com-
branches étalées, à feuilles elliptiques- me calmant dans les bronchites chroniques.
h'eau d'amande, Aqua Amygdaloe,obtenue
lancéolées, dentées en scie, glabres. par une distillation appropriée d'amandes
Fleurs blanches ou rosées, presque amères, est toxique; elle contient, jusqu'à
sessiles, paraissant avant les feuilles. 1 :1000 d'acide cyanhydrique anhydre et son
Fruits oblongs-comprimés, pubescents- emploi doit être réglé par le médecin (dos.
max. simp. 2 gr.)
veloutés, à duvet adhérent, s'ouvrant Uhuile d'amande, OleumAmygdaïoe,est une
par une fente longitudinale ou se dé- huile grasse d'un jaune clair retirée de
chirant irrégulièrement. Noyau oblong l'amande douce ou de l'amande amère. Inodo-
à surface poreuse marquée de fissures re, d'une saveur douce, elle s'emploie avec
efficacité dans les engorgements du tube di-
étroites, à coque dure ou mince et
gestif et des bronches et, extérieurement,
fragile, à amande comestible douce contre les enflures, les gerçures de la peau,
ou amère, suivant les variétés. les plaies provenant d'un long séjour au lit
L'amandier est probablement origi- ou de l'équitation et les affections de l'oreille
naire de l'Asie occidentale. Il fleurit (bourdonnements, crampes, concrétions).
Quant à l'acide prussique ou cyanhydri-
en mars et mûrit en septembre. que (Acidum Hydrocyani) qui se trouve tou-
Les amandes douces, d'une saveur jours en quantité assez notable dans les
celle de la noix, amandes amères, c'est un liquide incolore
agréable rappelant
nous viennent de la Palestine, de l'Es- possédant une forte odeur d'amandes amè-
res et c'est surtout un poison excessivement
pagne et de l'Italie. Quant aux aman- violent: il suffit d'en déposer une goutte sur
des amères, elles sont fournies par le la langue ou sur la membrane conjonctive
nord de l'Afrique, le midi de la Fran- de l'oeil d'un lapin ou d'un chien pour que
ce et la Sicile ; elles ; renferment un l'animal meure en quelque secondes comme
foudroyé, et une dose inférieure à 5 centi-
violent poison, l'acide prussique, et il grammes suffit pour tuer un homme'.
3. Rose.
Rosa centifolia L.

2. Eglantier.
1. a, b. Sanguisorbe. Rosa canina L.
Sanguisorba officinalisL.
Famille: Rosacées, Légumineuses 65
Ne nous arrêtons pas aux anciennes fait que ses blessures ne gué-
officines qui reconnaissaient aux aman-
des toute sortes de vertus plus ou rissent que difficilement.
moins discutables contre les douleurs
intestinales et Emploi. La racine de bugrane,
stomachales, rénales, épaisse généralement de 1-2 cm,
contre les tranchées et les calculs, les
de côté et la longue de plusieurs dm., souvent
points consomption, recourbée, contournée sur elle mê-
l'anhélation et les coliques, les ardeurs me, et crevassée dans le sens de la
d'urine et les crampes de la matrice.
le longueur, est offic. sons le nom de
Indiquons plutôt, pour terminer, Radix ononidis. Sa décoction, à la
moyen de préparer une boisson rafraî- dose de 30 gr. pour un litre d'eau
chissante et saine des plus agréables, ou un litre de vin, agit fortement
le sirop d'orgeat, dont l'usage, malheu- sur les reins et la vessie, et se re-
reusement, tend à se perdre de plus commande tout spécialement contre
en plus: prenez 75 gr. d'amandes amè- les ardeurs d'urine, l'irydropisie, la
res, 250 gr. d'amandes douces mondées, goutte et les rhumatismes. Elle fait
812 gr. d'eau, 1500 gr. de sucre, 40 d'ailleurs partie des espècesdiuréti-
gr. d'eau de fleurs d'oranger; broyez ques des pharmaciens (Spectesdiureticoe)
finement les amandes et délayez les composées comme on sait de baies de
dans l'eau, puis passez à l'étamine (lait genièvre 20 parties, racine de bugrane
d'amandes); ajoutez à ce lait le sucre 20, racine de livèche 20, racine de- ré-
concassé en très petits morceaux, et, glisse 20, pensée sauvage 10, anis vert
en dernier lieu, l'eau de fleur d'oranger. 5, fruit de persil 5.
(Il faut avoir soin de fondre le sucre Les propriétés, très réelles, de l'arrête-
à feu très doux et de conserver les boeuf n'avaient pas échappé à la perspi-
bouteilles dans un lieu frais, bien bou- cacité des anciens herboristes, car nous
chées et renversées.) les voyons utiliser la décoction vineuse
de la racine pour provoquer l'évacua-
tion de l'urine, briser les calculs de la
vessie, combattre la jaunisse et les affec-
Famille des tions hydropiques. Leur «secret» nous
est parvenu et il n'a rien qui puisse apeu-
Légumineuses rer le patient: il consistait à faire macé-
rer pendant 8 jours quatre parties de ra-
cines hachées menues dans huit parties
PI. XXXIV.Fig. 3. Ononis spinosa de vin de Malvoisie,à distiller ensuite au
L. Bugrane épineuse. Arrête-boeuf. bain-marie et à prendre chaque jour une
bonne lampée du liquide ainsi obtenu.
Bougrane. Bougraine.
Sous-arbrisseau vivace, à tiges PI. XXXV.Fig. I. Trifoium Melilotus
ascendantes, très rameuses," à ra-
officinalis L. Melilotus officinalis Des-
meaux avortés épineux. Feuilles rousseaux. Mélilot. Luzerne bâtarde.
à folioles lancéolées-oblongues, Mélilot officinal. Jauniot.
dentées dans leur partie supérieu-
les inférieures 3 les Plante bisannuelle à rameaux
re, foliolées,
1 foliolées. Fleurs ascendants pouvant atteindre 5-10
supérieures dm. Feuilles 3 foliolées, à folioles
roses, axillaires, solitaires, don-
nant naissance à un légume ovale, étroites ou linéaires, les inférieures
contenant 3 un peu plus larges et denticulées.
pubescent, graines Fleurs d'un jaune clair, petites, en
finement tuberculeuses.
Assez répandu dans le Jura longues grappes effilées. Légumes
l'arrête-boeuf fleurit de ordinairement monospermes, ova-
français, à bord supérieur
juin en septembre; il affectionne les, mucronés,
les champs maigres, le bord des épais et obtus.
chemins et des haies et possède Le mélilot fleurit de juillet en
une odeur désagréable. Sa raci- septembre dans les lieux humides,
ne a une odeur de bois de réglis- le long des chemins et dans les
se et une saveur douceâtre et champs.
Toute la plante renferme Les fleurs et les feuilles se
âpre.
un principe acide et irritant qui récoltent en juillet, au moment
66 Famille: Légumineuses
de la floraison; elles ont, desséchées, D'origine orientale, le fenugrec est
une saveur, mucilagineuse, cultivé depuis longtemps dans le bassin
saline, amè-
re, quelque peu âpre, et une odeur méditerranéen et il ne paraît être na-
suave, analogue à celle du miel et de turalisé qu'en France. La plante en-
la fève Tonka. tière a une' odeur très forte et ses
graines, qui se récoltent en août, ont
Emploi. Les fleurs et les feuilles' sont
toutes deux offic, les unes sous le nom de. une saveur désagréable, souvent amè-
Flores Meliloti, les' autres sous la dénomina-
re et âpre.
tion de Herba Meliloti. Elles doivent leur
parfum agréable et leurs propriétés médici- Emploi. Les graines font partie de l'ali-
mentation des animaux, car elles sont très
nales à une huile volatile analogue à la cou-
nutritives, excitent l'appétit des chevaux,
marine et aux résinides qu'elles contiennent..
des boeufs et des moutons, régularisent
L'infusion des fleurs est un astringent léger
leur digestion et leur procurent de l'em-
qui peut être usité sans inconvénient en col-
bonpoint. Elles sont connues en pharmacie
lyre. Les fleurs et les feuilles font partie de
l'Emplastrum Meliloti employé comme émol- sous le nom de Semen Feenugroeci et sur-
tout utilisées dans l'art vétérinaire comme
lient. Hager dit quelque part: « Le mélilot a
longtemps passé pour un remède béchique, cataplasmes à appliquer sur les contusions
mais on ne le considère plus guère que com- et. les tumeurs.
me un médicament légèrement aromatique, Kneipp, pourtant, semble en faire grand
émollient, calmant et astringent à utiliser en
cas. «Je ne connais pas, dit-il, de meilleur
remède externe que le fenugrec pour la ré-
lotions, applications, injections ou fomenta-
solution des tumeurs et des abcès. Il agit
tions contre les plaies putrides, l'inflamma-
tion des glandes et des yeux, les tumeurs, lentement, sans douleur, mais jusqu'à entière
les croûtes de lait, les maux d'oreilles et les
disparition de la dernière parcelle de pus.
enflures». On voit par là qu'il en fait com-On en fait, comme avec les graines de lin,
me un succédané de la camomille. une bouillie huileuse, que l'on met dans de
Les feuilles et les sommités fleuries sepetits morceaux de linge, en guise de cata-
placent dans certaines régions dans les pel-plasme. Quand on a des ulcères aux pieds
leteries et les vêtements pour en écarter les
ou aux jambes, ces sortes de topiques font
teignes, et on a prétendu, à tort ou à raison,
disparaître l'inflammation au bord des ulcè-
que les fleurs desséchées servaient, dans leres et empêchent la formation de la chair
midi de la France, pour communiquer un putride et même l'infection purulente du
bouquet agréable à certains vins blancs. sang. J'attire sur cette dernière application
Ajoutons pour nous compléter que l'on du fenugrec l'attention particulière des per-
cultive souvent dans les parterres, comme sonnes qui souffrent souvent et beaucoup des
plante d'ornement, le mélilot bleu oulotier odo-
ulcères aux membres inférieurs. Dans les ma-
rant, ou baume du Pérou (Melilotus coeruloe),
ladies de la gorge accompagnées d'échauf-
dont les fleurs d'un bleu pâle exhalent une fements, l'infusion de fenugrec sert de gar-
odeur très pénétrante s'accentuant encore garisme: une petite cuillerée de sa poudre
par la dessication, et que les sommités fleuries
suffit pour une tasse moyenne de tisane, que
de cette plante servent en Allemagne à pré- l'on prend par grandes cuillerées d'heure en
parer une infusion qui remplace le thé noir, et,
heure ou que l'on utilise comme gargarisme.»
en Suisse, à aromatiser le fromage universel- Nos ancêtres, copiant Dioscoride, Galien
lement connu sous le nom de «Schabziger». et d'autres, considéraient le fenugrec comme
un remède souverain contre nombre de maux
PI. XXXV. Fig. 2. Trigonella foenum et d'infirmités qui mettent curieusement en
lumière les petites misères humaines du «bon
groecum L. Fenugrec. Trigonelle-fenugrec. vieux temps.» 0yez plutôt... et sauvez-vous:
Belle-Marié.
« La décoction de la graine émonde la puan-
Plante annuelle à feuilles 3 foliolées, teur des aisselles... la farine oste soudaine-
à folioles lancéolées, arrondies et fi- ment la crasse, les lentilles et autres ordures
nement dentées de la teste appliquée avec vin Nitrum... elle
au sommet. Fleurs est bonne aussi en clystère»... et ainsi de
clairsemées, sessiles, jaunes ou blan- suite des pages durant.
châtres, donnant naissance à de longues
gousses recourbées et effilées ressem- PI. XXXV. Fig. 3. Vulnéraire. Anthyl-
blant assez à des cornes de boeuf. lide vulnéraire. Anthyllis vulneraria L.
Graines à carnes singulières, rhombi- La vulnéraire est une plante vivace
ques, barrées d'un sillon qui les par- variant ses caractères botaniques d'une
tage en deux parties inégales. Fleurit station à l'autre. Ses tiges sont plus
en juin et juillet, mûrit en août. ou moins pubescentes, simples ou ra-
1 a, b. Griottier noir.
Prunus cerasus L. var. Ehrhart. J

2 a, b. Prunier domestique.
Prunus domestica L.
Famille : Légumineuses 67
rement rameuses, dressées ou ascen- la racine de Glycyrrhiza glabra var. glandu-
dantes ou étalées. Ses feuilles sont lifera du Sud de la Russie.
tantôt pinnées 3-9 foliolées, à folioles La réglisse d'Espagne, non mondée, a
plusieurs dm. de longueur et une épaisseur
oblongues, inégales, la terminale beau- de 1 à 1,5 cm. Sa coupe transversale pré-
coup plus ample, tantôt réduites à sente un contour régulièrement arrondi et sa
cette foliole terminale par l'avortement surface extérieure est gris-brun, quelquefois
des. folioles latérales souvent très pe- légèrement rougeâtre, sillonnée dans le sens
de la longueur. La réglisse russe, décorti-
tites. Ses fleurs, jaunes, quelquefois quée, est en morceaux beaucoup plus gros,
rougeâtres, sont munies à leur base de couleur jaune, portant de nombreuses
de bractées palmées et réunies en tê- fibres et surmontés souvent du collet large
tes terminales serrées. Légume court, de la racine. Toutes deux ont une cassure
longuement et grossièrement fibreuse, ainsi
monosperme. qu'une coupe transversale rayonnée.
La vulnéraire fleurit de mai en août La réglisse fait partie d'un assez grand
et mûrit en octobre. Elle croît dans nombre de préparations pharmaceutiques
les prés et les pâturages secs, sur les parmi lesquelles nous citerons: l'élixir pectoral
(Elixir pectorale: suc dé réglisse purifié 2,
collines arides, et elle monte jusqu'aux eau de fenouil 6, esprit d'ammoniaque anisé
sommités sous des formes toujours 2); les pastilles de sel ammoniaque (Pastilli
Ammonii chlorati: chlorure d'ammonium 5,
plus réduites. Elle se récolte au mo- gomme adragante 1, racine de réglisse 4,
ment de la floraison. suc de réglisse 20, sucre 70); les pastilles
Emploi. La plante jouit de propriétés de Tronchin (Pastilli Kermetis cum Opio); les
vulnéraires, soit qu'on l'applique fraîchement pastilles de Vigner (Pastilli Ipecacuanhoecum
écrasée sur les blessures, soit qu'on l'utilise Opio); les pilules de Méglin (PiluloeHyoscya-
en lotions ou en compresses. mi compositoe);la poudre de réglisse compo-
sée ou Brùstpulver (Pulvis pectoralis: fenouil
PI. XXXVI. Fig. I. Glycyrrhiza glabra 1, soufre lavé 1, feuille de séné 2, racine de
réglisse 2, sucre 4); le sirop de réglisse (Si-
L. Réglisse. Bois doux. Régolissc Réglis- rupus Liquiritioe); les
espèces diurétiques
se officinale. (Speciesdiureticoe:baie de genièvre 20, racine
La réglisse est une grande et belle de bugrane 20, racine de livèche 20, racine
de réglisse 20, pensée sauvage 10, anis vert
plante de plus d'un mètre de hauteur
5, fruit de persil 5); les espèces ligneuses
qui croît spontanément dans les régions (Specieslignorum: parties égales de bois de
les plus méridionales de l'Europe, en gayac, de bois de genièvre, d'écorce de sas-
de racine de réglisse et de salsepa-
Sicile, à Naples, en Espagne, et qui safras, les ou Brustthee
est souvent cultivée dans les reille); espèces pectorales
jardins (Speciespectorales: fenouil 5, bouillon blanc
à cause de ses propriétés officinales. 10, feuille de mauve 10, fleur de tilleul 10,
Son rhizome est cylindrique, rampant, racine de réglisse 25, racine de guimauve 40);
et rou- le suc de réglisse (Extractum Liquiritioecru-
ligneux, gris-brun quelquefois dum); le suc de réglisse purifié (Succus Li-
à l'extérieur; il émet des tiges
geâtre quiritioe depuratus)... Comme il aisé de le
droites et fermes portant des feuilles voir, la réglisse n'est pas encore bannie des
composées de 13-15 folioles ovales et pharmacies.
un peu visqueuses. De l'aisselle de ces La racine de réglisse est un émollient
des termi- populaire d'un usage courant qui doit ses
feuilles partent pédoncules adoucissantes et pectorales à une
propriétés
nés chacun par un épi de fleurs vio- substance particulière, la glycyrrhizine. Son
lacées donnant naissance à des légu- infusion dans l'eau donnant une tisane sucrée
mes glabres et 2-spermes. presque complètement dépourvue d'âcreté,
La réglisse fleurit de juillet en sep- et sa décoction, au contraire, fournissant un
breuvage amer et acre, on fera bien, dans
tembre. Son rhizome, seule partie uti- les cas d'inflammations légères des bronches
lisée, se récolte tous les 3-4 ans vers et des intestins, de ne l'utiliser que sous
la fin de l'automne; il a une odeur forme d'infusion et à la dose de 10-15gr.
une saveur dou- par litre d'eau.
douceâtre et spéciale, La réglisse, ce sucre du pauvre, sert à
ce, légèrement acre. édulcorer bon nombre de tisanes et il est
Emploi. Le Radix Liquiritioe des pharma- peu de tisanes, dans les hôpitaux, qui n'en
cies n'est rien d'autre que le stolon de Gly- renferment peu ou prou. Grâce à son suc,
cyrrhiza glabra L., cultivé en Espagne, ou elle se trouve encore, mêlée avec de la gom-
68 Famille: Légumineuses, Oxalidées, Gëraniacées
me ou du sucre ou des aromates, dans un cordiformes roulées en crosse avant
grand nombre dé pâtes et tablettes contre la leur épanouissement, qui se contrac-
toux et les rhumes. Le produit de sa macé-
ration dans l'eau chaude se vend dans les tent sous la pluie et à la tombée du
rues de Paris comme boisson rafraichissante jour. Pédoncules radicaux uniflores et
sous le nom de Coco, et le diurétique géné- munis, vers le milieu, de 2 petites
ralement connu sous le nom de Poudre des bractées. Fleurs blanches ou rosées,
voyageurs, et qui se prend trois, fois par
jour délayé. dans un peu d'eau, se compose veinées, avec une tache jaunâtre à la
de poudre de réglisse 1 gr., de poudre de base des pétales.
guimauve 1 gr., de sel de nitre 0,2 gr., de La petite oseille se récolte pendant
camphre 0,05 gr., de sucre de lait 10 gr. et la floraison; elle est inodore et pos-
de 10 gr. de sucre.
Le suc de réglisse (Extractum Liquiritioe sède une saveur aigrelette agréable
crudum), dont nous avons vu plus haut les qui la faisait employer autrefois pour
emplois divers, se prépare surtout en Cala- la préparation de l'acide oxalique. Elle
bre et en Catalogne d'où il nous arrive sous croît dans les bois ombragés et fleurit
la forme de bâtons cylindriques lisses et de
saveur douce se cassant en morceaux luisants, d'avril en juin.
noirs, à arêtes franchement vives. Ce suc est
toujours impur. Il est préparé dans des chau- Emploi. Les feuilles sont considérées com-
dières de cuivre que l'on racle à la fin de me diurétiques et antiscorbutiques. Elles se
l'opération, ce qui a généralement pour con- prennent cuites, en salade, ou: encore sous
séquences d'y mêler du charbon et quelque- forme d'une limonade rafraîchissante et
fois une quantité assez notable de cuivre. agréable que l'on obtient par décoction de 60
Il y a donc nécessité de le purifier et c'est gr. de feuilles dans un litre d'eau sucrée.
ce qu'ont déjà fait, les pharmaciens quand On les utilisait jadis un peu sous toutes
ils nous présentent leur suc de réglisse pu- les formes, à l'état frais, en tisane, en sirop,
rifié (Succus Liquiritioe depuratus). en alcoolature, confites en sucre, et on les
Nos pères, contre les rhumes, la toux, préconisait comme toniques, stomatiques,
les embarras des bronches, s'étaient fabriqué résolvantes, rafraîchissantes, fébrifuges, en
un petit remède qui, me semble-t-il, sent sa leur accordant toutes les propriétés de
pharmacie d'une lieue. Ils prenaient 9 figues, l'oseille.
30 gr. de réglisse, 15 gr. de raisins de Co- Godet nous dit dans sa Flore du Jura
rinthe, 15 gr. de semence d'anis, 15 gr. de qu'on retire de cette plante le sel connu sous
fenouil et une demi-poignée d'hysope; ils le nom de sel d'oseille,employé pour enlever
broyaient le tout, faisaient cuire dans 11/2 les taches d'encre sur les étoffes blanches.
litre d'eau jusqu'à réduction à 1 litre, décan-
taient, filtraient, sucraient, et absorbaient du
breuvage un verre à vin tous les jours et à
jeun. Famille des
Géraniacées
Famille des
Herbe à Robert. Bec de grue. Herbe
Oxalidées à l'esquinancie. Géranium Robêrtianum L.
L'herbe à Robert est une plante
PI. XXXVI. Fig. 2. Qxalis acetosella L. annuelle croissant en touffes dans les
Alléluia. Surelle. Pain de coucou. Oxa-
haies, les buissons, les lieux frais, sur
lide. Oseille. Oxalide petite oseille. Herbe les vieux murs ombragés et les décom-
de Pâques. Oseille de bûcheron. Oseille bres. Elle a une odeur désagréable et
à trois feuilles. Oseille ronde. ses tiges, velues, souvent rougeâtres,
Le pain de coucou est une petite portent des feuilles palmatiséquées à
plante vivace, sans tige, tendre; mol- 3-5 segments, et, de mai en octobre,
lement pubeseente, dont le rhizome des fleurs purpurines à veines plus
rougeâtre, grêle, traçant, porte sur sa claires dont les pétales, entiers, sont
face supérieure de petites écailles qui deux fois plus longs que le calice. Ses
sont des feuilles avortées. De ce rhi- fruits sont allongés et d'une forme
zome s'élèvent des bouquets de feuil- particulière qui, l'imagination aidant,
les longuement pétiolées; ces derniè- leur a valu le nom vulgaire de becs
res sont composées de trois folioles de grue.
3. Arrête-boeuf.
Ononis spinosa L.

1 a, b. Prunellier. 2 a, b. Amandier commun.


Prunus spinosa L. Amygdalus communis L.
Famille: Géraniacées, Linées 69
Emploi. Hochstetter rapporte que les pâ- on l'applique en cataplasmes sur la gorge.
tres de la Suède emploient l'infusion de bec- Sa décoction (30 gr. par 1/21. d'eau) est en
de-grue contre l'hématurie des troupeaux et outre usitée comme antihémorragique et ses
que les feuilles pilées auraient la propriété feuilles écrasées servent à panser les plaies.
d' éloigner les punaises. Toute la plante est Nos ancêtres allaient plus loin, car ils en
faiblement astringente et elle constitue de ce faisaient un médicament contre l'érysipèle,
fait un remède populaire contre les angines : les stomatites ulcéreuses, les cancers du sein
on la fait alors bouillir dans du vinaigre et et autres parties secrètes.

Herbe a Robert. GéraniumRobertianum.


a et b.Partiesinf.et sup,d'uneplanteen floraison, d'unefleur.
c. Coupelongitudinale
d. Étamineset style.e.Pistil,f. Fruitmûr.
Famille des grêles, dressées, rameuses-dichotomes
Linées supérieurement. Feuilles opposées, el-
liptiques, glabres, à bords un peu
PI. XXXVII. Fig. I. Linum catharticum scabres, les inférieures obovales très
L. Lin purgatif. petites, les supérieures lancéolées.
Plante annuelle, à tiges de 1-3 dm., Fleurs petites, blanches. Fleurit de mai
Famille : Linées
en août et croît sur les pelouses, dans, Emploi. Le produit médicamenteux est
un mucilage susceptible de se gonfler consi-
les lieux herbeux, les prairies, les prés dérablement dans l'eau et résultant de la
humides. transformation en gelée de la couche exté-
Le lin purgatif se récolte. pendant rieure de l'enveloppe; c'est le Mucilago Lini
la floraison. Il est inodore, mais doué seminis. Le second est une huile siccative
d'une saveur amère et nauséeuse. bien connue de tout le mondé sous le nom
d'huile de lin, et qui, entre autres propriétés,
Emploi. Le lin purgatif était autrefois, a celle de ne pas se figer par le froid.
connu sous le nom de Herba Lini cathartici. L'huile de lin, à côté de ses multiples usa-
On lui accorde des propriétés vermifuges et ges pour la préparation des couleurs et pour
des vertus purgatives presque aussi énergi- la fabrication des vernis, est partie consti-
ques que celles du séné. Il se prend à la tuante du contre Uniment calcaire (LinimentumCalcis)-
les brûlures et fort usité en
dose de 2 gr. de poudre ou alors sous forme employé
d'une infusion de 15 gr. de plante sèche dans lotions, lavements, compresses, etc.
un litre d'eau. La farine de lin, obtenue par la mouture
des graines, est très employée en médecine
PI. XXXVII.Fig. 2. Linum usitatissimum pour faire des cataplasmes émollients; édul-
corée avec du miel, elle constitue un excel-
L. Lin. Lin cultivé. lent pectoral.
Plante, annuelle, à tige solitaire, Quant à la décoction de -graine de lin
dressée, plus ou moins rameuse supé- (Decoctun Lini seminis), obtenue au moyen
d'une partie de graines entières pour 25
rieurement. Feuilles lancéolées-linéai- parties d'eau bouillante, elle est recommandée
res, éparsés, glabres. Fleurs bleues à l'intérieur contre la goutte, les rhumatis-
disposées en corymbe terminal. Cap- mes, les catarrhes, les inflammations et les
sule globuleuse à 10 valves. calculs, et, à l'extérieur, en lotions, injections
et lavements émollients.
Le lin cultivé fleurit en juillet-août; Le mucilage, additionné d'eau, est consi-
ses graines, inodores, douceâtres, mu- déré comme diurétique et les graines, prises
cilagineuses, se récoltent en août. à la dose d'une cuillerée à soupe pour un
Le lin cultivé était déjà connu il y verre d'eau, agissent comme laxatif léger;
a 4 ou 5000 ans dans la Mésopotamie, elles font en outre partie des espècesémollientes
dans lesquelles elles se trouvent alliées à
en Assyrie et en Egypte; il paraît la camomille, à la feuille de guimauve et à
avoir été importé dans le nord de la feuille de mauve.
Le curé Kneipp dit dans son ouvrage:
l'Europe par les Finnois et dans le «Les
reste de cette partie du monde par cataplasmes de graines de lin sont
bien connus et fort en usage; ils ont la même
les premiers Aryens et par les Phé- action réfrigérante, émolliente et révulsive
niciens. Il a donné naissance à quatre que le fenugrec ; je donne toutefois la préfé-
variétés principales: le lin à feuilles rence au dernier qui s'attaque à l'ennemi
le lin avec plus de force et plus d'entrain.»
étroites, ambigu, le lin annuel Les anciens herboristes, outre ces emplois
(subdivisé en lin ordinaire, et petit lin) divers, préconisent les fumigations de graine
et le lin d'hiver. Tous sont cultivés, de lin contre les rhumes; l'huile de lin en
surtout le troisième, le lin annuel, en frictions sur les hémorroïdes et les gerçu-
vue des fibres textiles que l'on extrait res; les compresses chaudes de filasse de lin
et de cendres contre les coliques. Pour coupel-
de leurs tiges et qui sont la matière les diarrhées ou la dysenterie, ils s'appli-
première dont on fait les toiles les quent sur le ventre un cataplasme de graines
plus estimées, et aussi pour leurs grai- torréfiées et de vinaigre. Les injections et
nes qui fournissent deux produits, l'un les lavements faits au moyen d'une décoction
de graines de lin devaient être, pour eux,
médicamenteux, l'autre industriel. d'un usage assez courant.
1. Mélilot.
MelilotusofficinalisDesrousseaux.

3. Vulnéraire. 2. Fenugrec
Anthyllis vulneraria L Trigonella foenumgroecum L.
Famille: Rutacées 71

Famille des doaire 10, girofle 5; ajoutez alors 900 parties


de vinaigre pur; faites macérer pendant une
Rutacées semaine et exprimez.
Le curé Kneipp, ne suivant guère en ceci
les préceptes de son prédécesseur, l'illustre
PI. XXXVIII.Fig. I. Ruta graveolens L. Pline, qui en défendait l'usage aux femmes
Rue. Rue fétide. Rue puante. de Rome, trouve que la rue nous manifeste
clairement la bonne volonté qu'elle a de
Plante sous-frutescente à souche soulager les hommes, et que la rue, dans
ligneuse émettant une ou plusieurs toutes ses applications et sous toutes ses
tiges dressées et glabres. Feuilles formes, est un analeptique précieux, autre-
ment dit, qu'elle ranime et qu'elle fortifie,
glauques, épaisses, bipinnatiséquées, « Ne mâchez qu'une seule feuille, dit-il, et
à pourtour triangulaire, à folioles ob- vous éprouverez sur-le-champ cette action
longues-ovales, entières, obtuses. Brac- sur votre langue, tandis que son parfum
tées petites, lancéolées. Fleurs jaunes, délecte la bouche et s'y maintient, comme
l'odeur de l'encens dans une maison. L'infu-
disposées en cimes dichotomes. Cap- sion de rue manifeste ses vertus excellentes
sules sessiles, à 4-5 lobes obtus mar- dans les congestions, les lourdeurs de la
qués de petites bosses tuberculeuses. tête, les étourdissements, les vertiges, comme
Originaire de l'Europe méridionale, aussi dans les respirations difficiles, les bat-
très souvent cultivée dans les jardins tements de coeur,les embarras du bas ventre,
la faiblesse générale de l'organisme, les cram-
et naturalisée en quelques endroits, la pes, l'hystérie. Si vous avez fait macérer de
rue fleurit de juillet en septembre et la rue dans l'alcool, vous pourrez, dans les
se récolte en mai-juin; elle répand une cas précités, remplacer l'infusion par 10-12
odeur forte, fétide, repoussante, et est gouttes (au plus) de cet extrait à prendre
douée d'une saveur acre et amère qui chaque jour sur un morceau de sucre.»
Nous voilà loin, semble-t-il, des dangers
lui vaut ses diverses propriétés médi- d'avortement et de mort consignés plus haut,
cinales. mais vous remarquerez que Kneipp, partout,
n'utilise la rue qu'à très faible dose.
Emploi. Les feuilles de la rue se trouvent La rue fétide, de tout temps, semble avoir
en pharmacie sous le nom d'Herba Rutoe. exercé la sagacité des herboristes. Un vieux
Elles constituent un stimulant énergique et préservatif des maladies contagieuses consis-
un emménagogue puissant et dangereux dont tait à prendre, à jeun, une cuillerée du liquide
il est bon de laisser l'emploi au médecin, car obtenu en broyant deux parties de feuilles
des doses trop élevées agissent fortement sur de rue, une demi partie de figues, une partie
l'utérus et peuvent provoquer la mort. et demie de genévrier et une partie de noix
La rue est également un antihémorragique vertes dans quatre parties de vinaigre rosat.
que d'aucuns préfèrent au seigle ergoté, un La salive provoquée par la mastication de
vermifuge et un spécifique contre la danse feuilles de rue était un spécifique contre les
de Saint-Gui et l'hystérie. A l'extérieur, on champignons vénéneux, contre les piqûres
l'employait comme rubéfiant contre la gale d'insectes et les morsures d'animaux veni-
et sa poudre passait pour détruire les ver- meux. La décoction des feuilles a des.pro-
rues: Elle était partie constituante du fameux priétés béchiques marquées: elle calme la
vinaigre aromatique et antipestilentiel connu toux, dégage les bronches, facilite la respi-
sous le nom de vinaigre des quatre voleurs, ration; elle est diurétique, elle est emména-
et, à l'heure qu'il est, elle fait encore partie gogue et son emploi n'est pas à dédaigner
du vinaigre aromatique des pharmaciens quand il s'agit de débarrasser la matrice des
(Acetum aromaticun) que vous pouvez d'ail- matières qui accompagnent toujours un ac-
leurs préparer de la manière suivante : Faites couchement. La rue agit dans les affections
macérer pendant 12 heures dans 100 d'alcool du cerveau; cuite en vin avec des feuilles
dilué: absinthe 10, acore vrai 10, fleur de d'aneth (anethiumgraveolens), elle fait dispa-
lavande 10, feuille de menthe 10, feuille de raître les coliques venteuses et les points de
sauge 10, racine d'angélique 10, rue 10, zé- côté; prise avec du sel elle fortifie les organes
72 Famille: Rutacées
de la vue; elle est employée contre les étour- A l'état sauvage, la tige de l'oranger
dissements, les vertiges et les syncopes, porte de fortes épines situées à la base
contre l'érysipèle et les dartres, contre l'en-
flure des pieds, contre mais n'allons pas des feuilles, sur le côté des bourgeons.
plus loin. Ces épines sont des rameaux avortés;
Nous ne saurions dire au juste ce qu'il on ne les trouve que très peu déve-
en est exactement des rapports entre l'oeil
et la rue. Il paraît toutefois prouvé que cer- loppées sur les orangers cultivés. Les
tains peintres d'autrefois utilisaient la rue fleurs de l'oranger sont groupées en
comme assaisonnement et que cette coutume grappes et supportées par des pédr-
est encore pratiquée de nos jours dans cer- celles émanant d'un axe commun ou
taines contrées.
pédoncule. Les plus inférieures de ces
fleurs restent souvent à l'état de bour-
PI. XXXVIII. Fig. 2. Citrus aurar tium L. geons
qui ont l'aspect de petites no-
Oranger. dosités latérales, échelonnées le long
Originaire de la partie orientale et du pédoncule. Par suite des progrès
septentrionale de l'Hindoustan, de la de la végétation, le style et le styg-
Cochinchine et de la Chine, l'oranger mate se flétrissent, mais l'ovaire gros-
ne peut supporter sans périr un froid sit considérablement, prend à l'exté-
supérieur à —5 ou —6 degrés; aussi le rieur une couleur jaune doré et devient
rentre-t-on à l'approche de l'hiver dans une orange.
un bâtiment spécial appelé orangerie. Les bigarades ou oranges amères res-
Il semble établi que l'oranger à fruits semblent beaucoup, quant à l'aspect,
doux et comestibles n'est qu'une va- aux oranges douces, et ne s'en distin-
riété de l'oranger à fruits amers ou... guent guère que par les vésicules de
bigaradier. En effet, ces deux végétaux leur écorce, qui sont concaves et non
présentent les mêmes caractères et convexes. Cette ressemblance né se
ne se distinguent l'un de l'autre que borne pas au fruit. Le bigaradier est
par la saveur de leurs fruits. La des- presque identique avec l'oranger à
cription que nous en donnerons con- fruits doux, qui paraît n'en être qu'une
vient donc à l'un et à l'autre. variété produite par la culture. L'un
L'oranger a une tige ligneuse revêtue et l'autre ont le pétiole de leurs feuilles
d'une écorce grise. L'écorce de cette également ailé, ce qui les distingue
tige, les feuilles et les différents ver- tous deux des autres espèces du genre
ticilles de la fleur, à l'exception des citronnier (limonier, cédratier, limetier,
étamines, contiennent, dans leur épais- pamplemousse, mandarinier) chez les-
seur, de petites cavités ou vésicules quelles le pétiole n'est qu'exception-
closes de toutes parts et remplies d'une nellement garni d'expansions foliacées.
huile essentielle très odorante. La tige Dans les pays chauds, l'oranger
est garnie de feuilles alternes et sans prospère dans les terres fortes; mais
stipules dont le limbe est ovale et sous le climat de Paris, on le plante
lancéolé. Ce limbe ne tient au pétiole dans ce qu'on appellera terre d'oranger,
que par une sorte de charnière rétré- un mélange de terre franche et d'un
cie, et il peut s'en séparer facilement. bon terreau fait de fumier de vache
Le pétiole est bordé de deux expan- et de cheval très consommé.
sions en forme de lames et qui lui Ce sont les oranges amères qui fu-
donnent l'apparence d'une feuille. Les rent importées les premières dans l'Eu-
feuilles de l'oranger ne tombent pas rope occidentale, probablement par
dans l'année où elles ont apparu, et les Arabes du XIme siècle. Les oran-
elles persistent avec les feuilles de ges douces ne parurent que beaucoup
l'année suivante, de sorte que l'arbre plus tard, au XlVme, dans le Dauphiné.
ne se dépouille jamais
complètement, Emploi. Les fruits de l'oranger doux ou
et peut être rangé dans la catégorie'
des arbres verts. oranger vrai, si recherchés pour leur saveur
à la fois acide et sucrée, sont les seuls que
36

2. Pain de coucou.
Oxalis aectosella L.

1 a, b, c. Réglisse.
Glycyrrhiza glabra L.
Famille : Rutacées
nous mangions; mais quoique les oranges cascarille, 2 parties d'extrait de
amères du bigaradier ne soient point comes- bénit et 2 parties d'extrait de chardon
lais-
tibles, cet arbre n'en fournit pas moins une sez déposer pendant huit joursgentiane; et filtrez.
foule de produits utiles. Ses feuilles sont em- Nous aurions mauvaise grâce, après ges
ployées en médecine pour préparer une manipulations savantes, de ne point parler
infusion stimulante, stomachique et antispas- des petits grains et surtout de l'orangeade et
modique; avec ses fleurs, on fait une eau du curaçao.
distillée de fleurs d'orange, un sirop, une Les petits grains sont les jeunes fruits de
huile, et avec son écorce, on prépare un l'oranger cueillis un peu après la floraison.
sirop, des teintures et la liqueur spiritueuse Ils sont de la grosseur d'une cerise ou d'une
connue sous le nom de curaçao. noix et leur composition est la même que
L'eau de -fleurd'oranger ou Aqua Aurantii fois celle de l'écorce avec cette différence toute-
est un produit commercial du midi d'un qu'ils sont plus riches en principes amers
usage journalier comme antispasmodique et et plus pauvres en huile essentielle. Les
sudorifique (5 gr. par litre d'eau). Le sirop petits grains servent à la préparation de
de fleur d'oranger ou Sirupus Aurantii floris teintures et d'élixirs stomachiques, d'amers,
est' un mélange de 36 parties d'eau de fleur de liqueurs digestives dans la composition
d'oranger et de 64 parties de sucre dissoutes il desquelles nous ne pouvons pas entrer ici, et
à froid. Quant à l'huile volatile de fleur d'oran- n'est pas rare de les voir jouer le rôle de
ger ou OleumNeroli ou OleumAurantii floris, pois à cautères.
c'est une huile obtenue par une distillation L'orangeade est une excellente boisson
appropriée des fleurs et dont trois gouttes rafraîchissante et antiscorbutique faite avec
suffisent amplement pour communiquer un du jus d'orange douce, de l'eau et du sucre,
parfum agréable et une saveur légèrement et dont l'usage est trop connu pour que
amère à un litre d'eau. Cette huile sert à nous nous permettions d'insister davantage.
corriger l'odeur et la saveur désagréables Quant au curaçao, c'est une boisson alcoo-
de certains médicaments et elle remplace lique préparée avec du sucre, de l'essence
assez souvent l'huile volatile de citron dans d'écorces amères et de l'eau-de-vie.
là préparation du baume de vie de Hoffmann
(Mixtura oleoso-balsamica). Ce dernier est PI. XXXVIII. Fig. 3. Citrus limonium
un liquide limpide, jaune-brunâtre, qui se
intérieurement à la dose de 10-20 Risso. Citrus médica L. Citronnier.
prend
gouttes et qui s'utilise à l'extérieur en fric- Limon. Limonier.
tions toniques surtout recommandées contre Le limonier est un arbre toujours
la faiblesse des jambes et de l'épine dorsale. à feuilles glabres d'un vert foncé,
A ces divers produits s ajoutent encore vert,
ceux de l'écorce et l'écorce elle-même, la dont les fleurs rappellent celles de
Cortex Aurantii des pharmaciens. Cette der- l'oranger. Il est originaire de l'Inde et
nière est l'écorce desséchée du fruit mûr, il parait s'être implanté au men âge
amer; elle est coupée en rubans et dépouil- dans la région méditerranéenne où il
lée en grande partie, de la couche intérieu-
re blanche; son odeur est aromatique, sa prospère encore aujourd'hui. Son fruit
saveur épicée et amère. Elle s'administre à est le citron. Ce fruit est d'un jaune
la dose de 1-2 gr. comme remède stomachi- clair, ovale-oblong et terminé par un
que, dans les hémorragies accompagnées mamelon. Il a une écorce mince et très
de-faiblesse; et aussi comme vermifuge. Nous de' adhérente qui renferme une pulpe très
avons vu qu'elle sert à la préparation
teintures, d'un sirop le et de la liqueur alcoo- acide et savoureuse.
lique désignée sous nom de curaçao. Il existe deux variétés de limonier :
Au- le limonier sucré et le limonier balo-
Le sirop d'écorce d'orange ou Sirupus
rantii corticis est un liquide brun-jaunâtre du vin
tin. Sous les climats qui lui sont pro-
obtenu avec de l'écorceteinture d'orange,
d'orange ou pices, le limonier fleurit et fructifie
hlanc et du sucre. La
toute l'année.
Tinctura Aurantii se prépare de la même presque
manière que la teinture d'absinthe (Tinctura
composée cueil- Emploi. L'écorce de citron des pharma-
amara). La teinture d'orange
ou Vinum Aurantii ciens (Cortex Citris ou Cortex Limonis) est
lid'orange et un compositum la couche extérieure du fruit mûr, coupée
stomachique
est un amer, un tonique en rubans spiraux et séchée; elle est exté-
faites macérer pendant
Pour la préparer, d'écorce d'orange 4 rieurement jaune-brûnatre, intérieurement
huit iours 12 parties
de cannelle de Chine, 2 parties de blanchâtre, d'une saveur amère, aromatique.
partiss dans 8 d'alcool Elle sert à corriger le goût désagréable-de
parties
ccarbonate de sodium de Malaga; exprimez, certains médicaments, à la préparation d'une
et 100parties de vin 2 huile, et elle entre dans la composition de
dissoudre
puis faites dans la liqueur: parties
d'extrait, de différents ingrédients parmi lesquels nous
d'extrait d'absinthe, parties
74 Famille: Rutacées, Polygalées
citerons l'esprit de mélissedu Spiritus melissoe sent distribuées à tous ceux que les exigen-
compositus et l'eau de mélisse des Carmes. ces du service exposent aux souffrances de
Cette dernière est une liqueur alcoolique, la soif et aux ardeurs du soleil,, car 4-6 gr.
très alcoolique, trop alcoolique et d'un usage dans un litre d'eau sucrée donnent une bois-
bien trop populaire comme cordial. Jugez-en son éminemment rafraîchissante et agréable-
puisque vous pouvez la préparer vous-même ment aigrelette qui dissipe la chaleur interne
en faisant macérer pendant 24 heures et en et ralentit les battements du coeur.»
distillant ensuite au bain de sable pour retirer L'acide citrique s'utilise encore à l'exté-
1000 gr. du produit: 3 poignées de feuilles rieur et dans les laboratoires de chimie.
fraîches de mélisse, 30 gr. d'écorce fraîche Nous le voyons figurer en bandages, en
de citron, 30 gr. de noix de muscade, 30 gr. lotions, en compresses, en badigeonnages,
de semence de coriandre, 30 gr. de girofle, dans les affections cancéreuses et ulcéreuses,
gr. de vin blanc très fort et 1000 gr. dans les cas de diphtérie, de scorbut ou
d'alcool rectifié! L'esprit de mélisse des phar- même de taches de rousseur. Nous connais-
macies est tout autre. C'est un liquide lim- sons en outre ses sels, les citrates: citrate de
pide, incolore, d'une odeur et d'une saveur caféine ou Coffeinum citricum, une poudre
prononcées, qui s'obtient avec: cannelle de blanche, cristalline, légèrement amère; citrate
Chine 1, girofle 1, noix de muscade 2, écorce de fer ammoniacal ou Ferrum citricum am-
de citron 4, feuille de mélisse 12, et alcool moniatum, des lamelles rouge-brun, brillantes,
dilué 140. Vous le voyez, les proportions trasparentes, hygroscôpiqués; citrate de fer
sont tout autres. Quant à l'huile volatile de et de quinine ou Chinino Ferrum citricum,
citron ou Oleum Citri, c'est une huile légère- des écailles jaunes ou rouge-brun, minces,
ment jaunâtre obtenue par l'expression de brillantes (anémie, pâles couleurs, chlorose);
l'écorce fraîche du citron. Elle fait partie de citrate de magnésium effervescent ou Magné-
maints articles de parfumerie (eau de Colo- sium citricum effervescens,un sel acide, poreux,
gne), du baume de vie de Hoffmann, et se dissolvant avec effervescence dans 2
s'utilise à l'extérieur contre certaines affec- parties d'eau chaude (purgatif), tous employés
tions de la cornée (taches). en médecine et inscrits au Codex.
Après avoir passé en revue les principaux On le voit, le citron jouit de propriétés
usages de l'écorce, examinons un peu le fruit médicinales appréciables. Il est bon toutefois
lui même, le citron. Chacun connaît la cure de se rappeler qu'un usage immodéré d'acide
de citron, l'emploi du citron en parfumerie, citrique entraîne à sa suite des troubles
en patisserie, en art culinaire; tout le monde digestifs, la faiblesse, l'anémie, et qu'une
connaît également les rafraîchissants au dose de 25-30 gr. de ce produit peut être
citron, les pastilles au citron, les limonades considérée comme un poison (Hager).
au citron: nous ne nous arrêtons donc pas.
Un des produits pharmaceutiques du citron
est l'esprit de citron ou Spiritus Citri, un Famille des
liquide limpide, incolore, d'une odeur et d'une
saveur fines et agréables de citron, que nous
Polygalées
voyons entrer dans la préparation d'un suc
et d'un sirop. Le premier, connu en phar-
macie sous le nom de suc de citron artificiel PI. XXXIX. Fig. I. Polygale amer. Po-
se compose d'acide citrique 10, d'eau 89 et lygala amara L.
d'esprit de citron 1. Le second est fait d'acide Racine grêle, vivace, ligneuse, irrégu-
citrique 2, d'eau 33, de sucre 64, d'esprit de
citron 11/2. C'est assez dire que le citron lière, d'un brun jaunâtre extérieurement,
donne naissance à un acide spécial, l'acide blanchâtre intérieurement. Feuilles in-
citrique, et c'est là que nous voulions en venir. férieures étalées en rosette, larges,
L'acide citrique est employé dans l'indus- obovales-obtuses, les raméales plus pe-
trie des indiennes comme rongeant et pour tites et oblongues-cunéiformes.
faire des réserves. Il se retire des groseilles, Fleurs
des framboises, des fraises, des tomates et irrégulières, bleues, roses ou blanches,
autres fruits acides, mais surtout du citron, disposées en grappes dressées et res-
et se présente sous forme de prismes rhom- semblant grossièrement à un oiseau.
boïdaux incolores et inodores (un gros citron Le polygale amer croît dans les
peut donner jusqu'à 4 gr. d'acide). Hager terrains
nous dit que l'acide citrique est le rafraîchis- secs, à la lisière des bois,
sant par excellence et le roi des antiscorbu- dans les buissons. Il fleurit d'avril en
tiques et que, pour ces raisons, il ne devrait, juin.
jamais faire défaut aux marins, pas plus
qu'aux voyageurs et aux soldats. « Il serait PI. XXXIX. Fig. 2. Polygala vulgaris
même fortement à désirer, ajoute-t-il, qu'on le
trouvât dans le commerce sous la forme de L. Polygale commun. Herbe à lait. Laitier.
pastilles appropriées, et que ces pastilles fus- Plante vivace à souche grêle, sous-
2 a, b. Lin cultivé.
L.
1. Lin purgatif. Linum usitatissimum
L.
Linum catharticum
Famille: Polygalées, Euphorbiacées, Hippocastanées 75
ligneuse, émettant des tiges couchées arborescent en Provence et en Anda-
à la base, ascendantes ou dressées, lousie, il n'est plus, sous notre latitude,
ordinairement feuillées dans toute leur qu'une plante herbacée à tige droite,
longueur. Fleurs lancéolées-linéaires, arrondie, fistuleuse, glauque et rou-
les inférieures oblongues-obovales et gêatre, dont les feuilles peltées, pal-
ordinairement plus courtes que les su- mées, dentées et glabres sont portées
périeures. Fleurs bleuâtres, purpurines, sur de longs pétioles.
rarement blanches, en grappes multi- Le ricin est souvent cultivé comme
flores, munies de bractées caduques. plante d'ornement. Il fleurit en août-
L'herbe à lait croît dans les prairies, septembre en disposant ses fleurs en
sur les pelouses, le long des bois; elle grappes terminales, mais il est assez
fleurit de mai en juin et, comme la pré- rare qu'il arrive à maturité dans nos
cédente, se récolte au moment de la contrées.
floraison, généralement en mai. Saveur Emploi. Par expression de la graine, on
non amère. obtient une huile grasse, épaisse, jaune pâle,
l'huile de ricin (Oleum Ricini), le purgatif
Emploi. Le polygale amer était connu bien connu. L'huile de ricin s'administre à
autrefois sous le nom offic. de Herba Poly- la dose de 15-50 gr., mais son action est
galoe amaroe cum radice et servait surtout à fort inégale. On a préconisé toutes sortes de
la préparation d'un extrait (Extractum Poly- véhicules pour vaincre la répugnance qu'elle
galoe)réputé pour ses propriétés résolvantes. inspire: le café, le thé, le bouillon bien chaud,
La tisane de polygale (to gr.), de fenouil et le cassis, le jus de citron, le jus d'orange,
d'anis passe pour avoir des vertus lactifères, les laits de poule, etc. C'est au café chaud
expectorantes, sudorifiques, légèrement émé- ou au bouillon que nous donnerions la pré-
tiques, et la teinture de racine (100 gr. dans férence, mais il est de toute évidence que
1/2slitre de vin) constitue un remède stoma- nous laissons à chacun pleine et entière
chique à administrer dans les digestions la- liberté d'agir à sa guise. L'huile de ricin se
borieuses et pénibles.
Gmelin dit quelque part que les poudres, prend surtout contre les inflammations du
infusions, décoctions, électuaires et tisanes bas-ventre, de l'estomac, des intestins, des
de cette plante sont des remèdes expecto- reins, de la vessie et de la matrice.
rants, sudorifiques, diurétiques, émétiques,
que l'on a souvent administrés avec plein
succès contre les points de côté, la toux Famille des
sèche, les affections des bronches, la phtisie;
que ses racines augmentent considérablement Hippocastanées.
la sécrétion laiteuse des bestiaux; que Linné,
le grand Linné, accorde aux polygales des
propriétés aussi énergiques qu'au polygale PI. XL. Fig. I. Aesculus hippocasta-
de Virginie (Polygalasenega), et que d'autres num L. Marronnier. Marronnier d'Inde.
herboristes déclarent s'être bien trouvés de
son emploi contre l'hydropisie, la goutte, les Chataigne de cheval. Marronnier commun.
glaires et les matières inutiles qui s'accu- Grand et bel arbre originaire de
mulent dans l'organisme. l'Asie centrale, du Thibet et de la
Perse, introduit en France par Bache-
des lier en 1615. Pendant les premiers
Famille
temps de son importation, cet arbre
Euphorbiacées gelait chez nous presque tous les hivers ;
depuis lors, il s'est acclimaté et il est
PI. XXXIX. Fig. 3. Ricinus communis aujourd'hui l'un des plus beaux orne-
L. Ricin. Palma Christi. ments de nos parcs et de nos promena-
Originaire de l'Inde, de la Chine et des. Au commencement du printemps,
de l'Afrique où il forme un arbre assez le marronnier émet de gros bourgeons,
élevé, le ricin n'est plus guère chez visqueux extérieurement et garnis en
nous qu'une herbe bisannuelle ou mê- dedans d'une bourre laineuse. De ces
me annuelle qui ne se recommande bourgeons sortent des feuilles amples,
à 5-9 folioles ob-
que par la beauté de son feuillage et composées-digitées,
la rapidité de sa croissance. Encore ovales atténuées à la base, doublement
76 Famille: Hippocastanées, Rhamnées

dentées, brusquement acuminées. Les d'un brun-roussâtre ou grisâtre, dont


fleurs sont blanches, jaunes ou rouges les rameaux sont souvent convertis en
inférieurement, en panicules pyrami- épines au sommet. Il porte des feuilles
dales dressées terminant les rameaux. ovales, brusquement acuminées, den-
A la maturité, le fruit est une capsule ticulées et disposées en rosettes sur
à enveloppe épineuse, réduite par avor- les rameaux florifères. Les fleurs, poly-
teraient à 1-2 loges, et dont les graines games ou dioïques et d'un jaune ver-
sont très grosses, avec un hile très dâtre, sont peu apparentes et réunies en
large et un testa d'un brun luisant et fascicules; elles donnent naissance à
comme poli. un fruit noir, globuleux, drupacé, d'une
Le marronnier fleurit en mai-juin. saveur d'abord douceâtre, puis amère
On en récolte les fleurs tombantes et, (2-4 noyaux).
au printemps, l'écorce des branches Le nerprun croît dans les bois, les
de 3-5 ans. Les fruits sont presque haies et les buissons, sur les rochers
inodores avec une saveur amère; l'écor- et les landes; il fleurit en mai-juin,
ce, d'abord inodore, amère, acerbe, fructifie en août-septembre. Ses fruits
prend, par la dessication, une légère se récoltent en septembre et octobre.
odeur d'ammoniaque.
Emploi. Les fruits du nerprun contiennent
Emploi. L'écorce de marronnier était autre- entre autres de l'acide citrique et de l'acide
fois officinale sous le nom de Cortex Hippo- acétique, et ils jouissent de propriétés pur-
castani. Elle est tonique, astringente, fébri- gatives très énergiques.. La pharmacopée
fuge et chacun sait qu'on en a fait usage en moderne en prépare un sirop d'un rouge
France, à l'époque du blocus continental, en violet, le sirop de nerprun (Sirupus Rhamni
lieu et place de quinquina. L'huile de mar- catharticoe: 38 parties de sue de nerprun,
rons, de même que la tisane des fleurs, ont et 62 parties de sucre), qui s'administre
été employées contre les rhumatismes et la comme purgatif à la dose de 1 cuillerée à
goutte. thé pour les enfants et de 1 cuillerée à
Le bois de marronnier est de mauvaise soupe pour les adultes.
qualité; les marrons, riches en fécule, en Pour préparer ce sirop: abandonnez à la
glucose, en huiles, en matières azotées, ren- fermentation des fruits de nerprun récents,
ferment en outre un principe amer, la sapb- écrasés, jusqu'à ce qu'un essai de suc,
nine, qui empêche de les utiliser immédiate- additionné de la moitié de son volume d'al-
ment pour l'alimentation de l'homme. On cool, se mélange clairement; exprimez, por-
peut toutefois les débarrasser de ce principe tez le suc à l'ébullition et, après refroidis-
par un simple lavage à l'eau pure et ils sement, filtrez au papier et dissolvez 62
fournissent alors une fécule comparable à la parties de sucre dans 38 parties de suc. Ce
meilleure fécule de pomme de terre. La sirop est d'un bon emploi"pour les person-
saponine communique à l'eau toutes les nes affectées de chlorose, de goutte ou
propriétés du savon. C'est en outre un ster- d'humeurs; on fera bien toutefois de ne pas
nutatoire puissant. On prépare, avec la fécule, l'absorber à doses trop élevées, car il pro-
de la colle, de l'amidon et surtout de la voque facilement des coliques.
poudre à poudrer. Enfin, la teinture alcooli- Avant sa maturité, le fruit du nerprun
que de l'écorce fraîche du marronnier, à la renferme une matière colorante verte qu'on
dose d'une cuillerée à bouche dans un quart extrait et qui est connue dans le commerce
de verre d'une décoction de chicorée sau- sous le nom de vert de vessie.
vage, s'administre contre la gastralgie par Les anciens «livres des simples» disent
atonie. que le suc de baies fait tôt aller à la selle,
évacue les humeurs aqueuses, combat la
goutte, et qu'une décoction de feuilles ou
Famille des d'écorce dans du vin légèrement aluné cons-
titue un excellent gargarisme contre les
Rhamnées stomatites ulcéreuses de la cavité buccale.

PI. XL. Fig. 2. Rhamnus cathartica L. PI. XL. Fig. 3. Rhamnus frangula L.
Nerprun. Bois noir. Argalou. Nerprun Frangula alnus Mil. Nerprun Bourgaine.
purgatif. Bourgépine. Epine de cerf. Bourdaine. Bourgène. Aulne noir.
Arbrisseau très rameux, d'environ Arbrisseau non épineux à rameaux
trois mètres de hauteur, à écorce lisse alternes. Feuilles alternes, ovales ou
2 a, b. Oranger.
Citrus aurantium L

1. Rue.
Ruta graveolens L.

3 a, b. Citronnier.
Citrus limonium Risso.
Famille: Rhamnées, Ampélidées 77
elliptiques, brièvement et brusquement
acuminées, très entières ou à peine Famille des
sinuées. Fleurs d'un blanc verdâtre,
Ampélidées
hermaphrodites, pédonculées, fascicu-
lées sur les jeunes rameaux. Fruit de PI. XLI. Fig. I. Vigne. Vigne cultivée.
la grosseur d'un petit pois, d'abord Vitis vinifera L.
rouge, puis noir (septembre). Arbrisseau sarmenteux, à tige tortue
La bourgène croît dans les bois, recouverte d'une écorce noire qui se
les taillis et les buissons humides; détache naturellement en lanières plus
elle fleurit une première fois en mai- ou moins étroites. Feuilles opposées,
juin et une seconde fois en août-sep- munies de stipules, plus ou moins
tembre: c'est de tous nos bois indi- pubescentes ou floconneuses en des-
gènes celui qui fournit le meilleur sous, palmatilobées, et dont les échan-
charbon pour la fabrication de la crures sont d'autant plus grandes que
poudre à tirer. Ses baies se récoltent la vigne est moins cultivée et donne
en septembre ou octobre; son écorce, moins de fruits. Plante grimpante, la
en mai ou juin. Cette dernière a une vigne est pourvue de vrilles opposées
saveur mucilagineuse, légèrement dou- aux feuilles, et qui sont des rameaux
ceâtre, amère et astringente. modifiés, détournés de leur destination
Emploi. On trouve dans les pharmacies première. Ces vrilles sont rameuses,
une écorce épaisse de 1 mm,. enroulée en. enroulées en spirale; leurs extrémités
tubes longs souvent de plus de 1 dm., à sur- libres portent des espèces de pelotes
face grise ou brun-mat couverte de nombreu- adhésives qui se développent dès qu'el-
ses lenticelles blanchâtres disposées sans les sont en contact avec un corps dur:
ordre, à saveur amère et à cassure un peu la vrille s'attache alors à son support,
fibreuse: c'est l'écorce de bourdaine, Cortex
Bhamni Franguloe. et son extrémité se moule sur les
L'écorce fraîche est en même temps émé- aspérités les plus fines. Les fleurs sont
tique et purgative, mais l'écorce desséchée très petites, verdâtres, disposées en
n'est plus que purgative: ceci explique pour- panicules racémiformes, compactes, à
quoi la médecine de nos jours n'utilise l'écorce pédoncules communs opposés aux
de bourdaine qu'une année après sa récolte.
Elle remplace alors avantageusement la rhu- feuilles, souvent stériles et convertis
barbe dont le prix est toujours assez élevé en vrilles rameuses (fourchettes). Le
et elle s'administre en décoction (30-40dans fruit qui succède au pistil est une baie
1/2litre d'eau) contre les hémorrhoïdes, les verte, globuleuse, contenant avant la
affections du foie et de la rate, la constipation
et l'hydropisie. maturité un liquide acide nommé verjus,
L'écorce fraîche ne reste pourtant pas devenant sucré et fermentescible dès
sans emploi, car nous la trouvons usitée çà qu'elle est mûre: le fruit est alors
et là en lotions contre la teigne, la gale et jaune doré, rose, rouge plus ou moins
les dartres. foncé.
Les anciens herboristes racontent que La vigne paraît être originaire des
l'écorce de la racine fortifie les intestins et
surtout le foie en débarrassant le corps, par régions du Caucase, d'où elle a été
les selles, des mucosités inutiles, des humeurs, transportée en Europe probablement
des matières morbides, de la bile et de l'eau par les Phéniciens. Elle a pour ancêtre
des hydropiques. Ils la font bouillir dans de le genre Cissus que l'on a rencontré
l'eau avec de l'aigremoine, de l'absinthe, du
houblon, de la cannelle, du fenouil, du céleri jusqu'au pôle, où il vivait à l'époque
pour l'administrer etauxils hydropiques et aux de la craie cinomanienne, mêlé aux
bilieux (jaunisse) en préparent une platanes, aux chênes, aux hêtres, aux
décoction vinaigrée qu'ils utilisent en garga- peupliers, etc. Mais comme pour tou-
rismes contre les affections ulcéreuses de la tes les plantes cultivées depuis une
bouche. très haute antiquité, on ne saurait lui
assigner une patrie bien définie. On
trouve la vigne à l'état sauvage dans
78 Famille: Ampélidées

la région du Caucase. Des pépins ont tive guère la vigne que dans la vallée du
se vend le
Rhin; elle produit le vin qui niersteiner
été retirés des palafittes de l'Italie le et
plus cher, le johannisberg, donne
mêlés aux fruits du cornouiller, des l'asmannshäuser. L'Autriche de gran-
pommiers, des chênes, des noise- des quantités de petits vins aigrelets, mais
tiers. On prétend même que, déjà à la Hongrie a d'excellents. vins, notamment
le tokay. Quoique assez récente en Améri-
cette époque, la vigne était cultivée que, la production vinicole de ce pays prend
et que les débris des cités lacustres de jour en jour une plus grande, importance;
recelaient des pépins de vigne sauvage il en est de même en Algérie. Nous aurions
mêlés à ceux de vigne cultivée. Quoi- mauvaise grâce de ne pas mentionner les
vins grecs (Samos, Malvoisie), le vin de Pa-
qu'il en soit, tout porte, à croire que lestine (Jérusalem), et surtout nos bons suis-
cette culture de la vigne est une ses, Neuchâtel, Cortaillod, Vinzel,duDézaley,
importation asiatique. Villeneuve,Yvorne,Fendants, Dôles Valais,
La vigne prospère surtout dans les et tant d'autres dont la réputation n'est plus
à faire.
pays tempérés, entre le 3o° et le 450 D'une manière générale, le vin est un
de latitude; ses limites extrêmes sont,
tonique et un excitant qui, à forte dose,
pour la France, le 47me degré et pour agit sur le cerveau en provoquant l'ivresse.
l'Allemagne le 50me degré; mais en C'est une boisson agréable, saine à petites-
espaliers, on peut encore obtenir de doses, qu'on donne aux personnes affaiblies
s'utiliser
par l'âge ou la maladie et qui peutsédatives
bons fruits jusqu'au 52me. Elle fleurit en frictions ou en lotions toniques,
généralement en juin-juillet et la flo- et vulnéraires. Les vins rouges, surtout les
raison, en cas de beau temps, ne dure vins durs riches en tanin, sont recommandés
guère que deux jours. Les fleurs ont contre la diarrhée et la dysenterie, les vins
blancs comme diurétiques. On prescrit le
un parfum très délicat et les baies, le
Malaga aux malades épuisés; on connait les
raisin, une saveur que tout le monde effets du vinaigre dans les évanouissements
connaît et apprécie. et les syncopes, et chacun sait que le Cham- .
pagne, souvent, est une suprême tentative
Emploi. Le vin est une boisson résultant de la science. Malgré tout, le vin est nuisible
de la fermentation alcoolique du suc de rai- aux enfants et on ne devrait leur donnerà
sin frais, sans addition d'aucune autre subs- que du Malaga, par quelques cuillerées
tance. Sa composition est fort complexe. On café, et cela seulement dans les cas de diar-
y trouve des matières volatiles, comme l'eau, rhées ou de vomissements.
l'alcool, des éthers; des matériaux fixes, tels Les vins que l'on emploie en pharmacie
que la glucose, le bitartrate de potasse, des doivent être choisis purs et généreux, tantôt
sels à acides organiques, de l'acide succini- rouges, tantôt blancs, suivant la nature des
que, de la glycérine, du tanin, des matières principes . qui doivent être dissous. Le vin
colorantes, etc. La qualité d'un vin dépend aromatique {Vinum aromaticunty est un liqui-
non seulement de la nature du sol, du climat, de limpide, rouge-brun, obtenu avec: espè-
de l'exposition de la vigne, du cépage, des ces aromatiques 1, alcool 1, vin rouge 9,
conditions atmosphériques, mais encore des qui s'emploie à l'extérieur en fomentations.
manipulations diverses auxquelles le raisin Le vin quina se prépare, d'après la même
est soumis au cours de sa préparation et de formule, soit au vin blanc, au vin rouge, au
sa conservation. vin de Marsala, ou au vin de Malaga, etc.;
Le vin est connu depuis fort longtemps. c'est un fortifiant formé de deux parties
Les livres juifs le mentionnent souvent. Les d'extrait fluide de quina et de 98 parties
Grecs et les Romains l'aromatisaient avec de de... Marsala, si vous voulez, qu'on peut
la myrrhe, de l'encens et même de l'opium; d'ailleurs obtenir en faisant macérer pendant
à Rome, la plupart des vins les plus estimés huit jours 30 gr. de quinquina jaune con-
étaient liquoreux et offraient presque une cassé dans un mélange de 60 gr. d'alcool et
consistance de sirop. Comme ils étaient ad- de 1000 gr. de vin rouge. Le vin de cocaest
ditionnés de miel et soumis à une sorte un excitant d'un jaune-brun limpide obtenu
d'enfumage, il fallait les couper d'eau, les par la macération, pendant 8 jours, de 5
délayer pour les boire; ces sortes de vins, parties de feuilles de coca dans 100 parties
mulsum, se conservaient fort longtemps. de Marsala. La vin de colchique (Vinum
Nous en sommes bien revenuset le temps Colchici) est un liquide limpide, jaune-brun,
est loin des cruches et des amphores! à prendre à la dose max. de 3 gr. par jour
Après la France, qui tient la. tête des et formé d'une partie d'extrait fluide de
pays vinicoles, viennent l'Espagne avec des colchique et de 9 parties de vin de Marsala.
vins de liqueur de premier choix (Xérès), Le vin émétique,jadis appelé vin antimonié
l'Italie et le Portugal. L'Allemagne ne cul- ou vin stibié, s'emploie comme vomitif et se
39

2. Polygale commun.
Polygala vulgaris L.

c. Ricin.
1. Polygale amer. 3 a, b,
Ricinus communis L.
Polygala amara L.
Famille: Ampélidées 79
prépare au Marsala avec 4 parties de tartre L'alcool obtenu par distillation du vin
stibié et 996 de vin de Marsala. Et nous porte le nom de cognac. C'est un liquide
ayons encore le vin de condurango, le vin limpide, jaune, d'une odeur et d'une saveur
diurétique, le vin de gentiane, le vin de pep- agréables. Toute liqueur sucrée, toute ma-
sine (pepsine 50, eau 50, acide chlorydrique tière contenant de la fécule (fruits, pommes
5, vin de Marsala 900), le vin de rhubarbe de terre, etc.) peut produire de l'alcool par
composé,etc, êtc, etc. la fermentation. L'alcool conserve les subs-
Le vinaigre, Acetum vini, est le produit tances animales ou végétales (fruits à l'eau-
de la fermentation acide du vin, sous l'in- de-vie, etc.), dissout les résines, les essen-
fluence d'un ferment spécial, le mycoderma ces, les matières grasses, sert à le préparation
acetisi. C'est un liquide limpide, de couleur des teintures et alcoolats des pharmaciens,
jaune fauve ou rouge, à odeur acide légère- à celle des vernis, des liqueurs aromatiques
ment éthérée, à saveur franchement acide des parfumeurs (eau de Cologne, eau de
mais sans âcreté. Botot, etc.). Il forme la basé de toutes les
Le tartre est une substance saline qui se liqueurs de table. On l'emploie à l'intérieur,
dépose sous forme de croûte dans l'intérieur mais toujours à faible dose, pour donner des
des tonneaux de vin; c'est un mélange de forces aux malades et, extérieurement, en
bitartrate de potasse, crème de tartre, et de frictions toniques et sédatives.
tàrtrate de chaux, deux sels qui existent en L'abus de l'alcool, sous quelque forme
forte proportion dans les grains de raisin. qu'il se présente, est toujours dangereux et
Uacide tartrique s'extrait directement du nuisible,"il provoque des dérangements orga-
tartre brut ou des lies de vin; l'industrie en niques sérieux et conduit fatalement à cette
produit annuellement plusieurs millions de honte, à ce fléau de l'humanité, l'alcoolisme,
kg. qui sont employés dans la teinture, dans cette lèpre hideuse de nos générations dont
l'impression sur tissus, dans la fabrication les pustules sont Fendettement de la volonté,
de certains bleus, de l'eau de Seltz, de la la perversion du sens moral, la débauche,
limonade. Deux grammes d'acide tartrique, la misère, le vol, le crime, la folie et le
100 grammes de sucre, quelques gouttes bagne.
d'essence de citron, composent une bonne Nous voilà loin de la vigne et de ses
limonade refraîchissante et très hygiénique. pampres, loin surtout du raisin, ce fruit
Cet acide se combine avec des bases en parfumé et sain qui se voit toujours avec
formant des sels appelés tarirates dont plu- plaisir, sur les tables et que jeunes et vieux
sieurs sont employés en industrie ou en mé- croquent avec une égale satisfaction. Le
decine. C'est ainsi que le bitartrate de po- raisin contient,' entre autres matières, de
tasse, tartre pur, cristaux de tartre ou crème l'acide malique, de l'acide citrique et de
de tartre, est employé dans la teinture des l'acide tartrique. Il agit d'une manière rafraî-
laines, dans l'impression sur étoffes, pour chissante sur l'organisme, purifie le sang,
l'avivage des couleurs, pour nettoyer l'ar- débarrasse l'estomac et les intestins des ma-
genterie, et, en médecine, comme diurétique tières nuisibles qu'ils peuvent renfermer et
et purgatif; que le tartrate double de potas- fait l'objet d'une cure spéciale aujourd'hui
se et d'antimoine, ou tartre stibiéou émétique très à la mode.
(Tarlarus stibiatus) est un vomitif énergique Les anciens herboristes ajoutent que les
à la dose de 5-10 centigrammes et, à dose pampres piles arrêtent la dysenterie et les
plus forte, un poison; que le tàrtrate de po- crachements de sang, et ils donnent à leurs
tasse et de fer constituant les boulesde Mars comtemporains le très judicieux conseil de
du de Nancy, est un médicament ferrugineux; «prendre les oeufs d'une heure, le pain d'un
que le borotartrate de potassium (Tartarus jour, et le vin d'une année.» Ils reconnais-
boraxatus) est employé comme laxatif doux sent au vin blanc des propriétés diurétiques
à la dose de 15-50 gr. marquées et ils le recommandent, addi-
Les raisins secs nous arrivent de différents tionné d'un peu de safran, en applications
pays et sous différentes dénominations: rai- sédatives sur les parties atteintes de la
sins de Damas, raisins de Corinthe, etc. goutte.
Outre leurs différents emplois en cuisine, en Le vinaigre était pour eux un détersif
industrie et dans l'officine des confiseries, pour plaies ulcéreuses, l'érysipèle, la teigne,
ils font partie des quatre fruits pectoraux: les dartres, les croûtes, etc. et, aussi, un
dattes, jujubes, figues, raisins secs, avec les- vermifuge qu'ils administraient surtout aux
quels on prépare une tisane bien connue. enfants.
80 Famille: Tiliacées

commun soudé sur


Famille des une partie de sa lon-
Tiliacées gueur avec une brac-
tée membraneuse et
PI. XLI. Fig. 2. Tilia réticulée; pédoncu-
platyphyllos Scopoli. les portant de 4-15
Tilia europea L. Tilia fleurs dans le tilleul
grandifolia Ehrh. Tilia à petites feuilles, ra-
pauciflora Havn. Tilia rement plus de 3
rubra DC.Tilleul à grandes feuilles. dans le tilleul à larges feuilles;
Tilleul commun. Tilleul à larges fruit petit, globuleux, à paroi
feuilles. membraneuse et dépourvue de
C'est le tilleul qui supporte côtes saillantes dans, le tillet, à
le mieux la tonte et que l'on paroi dure, ligneuse, épaisse
plante habituellement dans nos dans le tilleul commun.
parcs ou sur nos promenades. Le tilleul fleurit dans la se-
Il est susceptible d'acquérir de. conde moitié de juin ; le tillet,
grandes dimensions, témoin le environ 15 jours plus tard.
tilleul de Neustadt (Wurtem- Les tilleuls sont de grands et
berg), déjà célèbre en 1229, et beaux arbres originaires de
qui, en 1831, mesurait, à 2 m. l'Europe, de l'Asie et de l'Amé-
du sol, 12 m. de circonférence. rique du Nord. Outre les deux'
On reconnaît cette espèce à ce espèces citées ci-dessus, on ren-
que ses feuilles, lorsqu'elles contre encore le tilleul argenté,
sont complètement développées, originaire de Hongrie, à grandes
sont garnies d'un duvet mou sur feuilles blanches et cotonneuses
leur face inférieure. en dessous, à fleurs au parfum
suave, et le tilleul d'Amérique, qui
PI. XLI. Fig. 3; Tilia ulmifolia diffère peu du tilleul commun.
Scopoli. Tilia europea. Tilia syl- Emploi. Le bois de tilleul, d'un
vestris. Tilia parvifolia. Tilleul jaune pâle presque blanc, est d'un grain
des bois. Tilleul à petites feuilles. serré et uni qui le fait rechercher pour
Tillet. la sculpture; on l'emploie aussi dans
l'ébénisterie et la fabrication des tou-
Feuilles comparativement pe- ches de piano; il fournit en outré un
tites, glabres et d'un vert glau- charbon léger dont on se sert pour
que en dessous. Cette espèce confectionner la poudre à canon. Son
aime les bois moins couverts et écorce, flexible et résistante, est uti-
lisée pour faire des câbles grossiers,
moins montagneux que le tilleul des cordes à puits, des nattes, etc.
à grandes feuilles et elle se ren- Les Romains employaient les feuilles
contre plus fréquemment dans du tilleul comme fourrage pour le bé-
la région sud-occidentale. tail et de nos jours on s'en sert encore
Arbres souvent élevés, pou- pour le même usage en Suisse et dans
les pays du nord de l'Europe. La sève
vant vivre plusieurs de cet arbre est très sucrée et l'on
siècles ; à-
feuilles orbiculaires, brusque- peut en extraire du sucre comme on
ment acuminées, à base cordi- le fait pour l'érable.
La décoction d'écorce de tilleul s'em-
forme souvent oblique ou ployait autrefois pour combattre les
inégale, dentées, glabres ou dartres, les croûtes, la teigne, et le
pubescentes, barbues en-des- produit de la distillation des fleurs
sous à l'angle de ramification était usité contre les attaques épilep-
des nervures; fleurs jaunâtres, tiques. Son écorce formait avec l'eau
une sorte de liniment pour les brûlures
odorantes, à pédoncule et l'on vantait fort jadis, aux
40

3 a, b. Bourdaine.
Frangula alnus Miller.
2 a, b. Nerprun.
Rhamnus
cathartica L.

1 a, b. Marronnier.
Aesculus hippocastanum L.
Famille: Tiliacées, Malvacées 81
chlorotiques, la tisane obtenue en faisant arrondies, cordées à la base, à 5-7
bouillir dans du vin étendu d'eau des feuilles
récoltées avant la floraison. Les fruits étaient lobes obtus, crénelés, souvent tachés
antidiarrhéiques et les feuilles étaient diuré- de noir à la base, les supérieures à
tiques et emménagogues. Quoique nombre 3-5 lobes plus profonds. Fleurs pédon-
de ces soi-disant vertus soient aujourd'hui
totalement oubliées, le tilleul — ou plutôt ses culées, en fascicules axillaires, rare-
fleurs — n'en constitue pas moins un remède ment solitaires. Corolle purpurine vei-
populaire d'un usage journalier. Ses fleurs née, au moins trois fois plus longue
sont inscrites en bonne place au Codex et que le calice, à pétales profondément
nos ménagères savent fort bien les apprécier. bilobés et barbus à la base. Fruit dé-
Infusées dans l'eau, elles donnent en effet
une boisson fort agréable au goût et à l'odo- primé, orbiculaire, à carpelles glabres.
rat, et recommandée par la médecine com- Lieux incultes, décombres, bords des
me dépurative du sang, sudorifique et antis- chemins.
pamodique. Le curé Kneipp affirme que Ces deux espèces fleurissent de juin
cette infusion est, à côté de celle de fleurs en septembre. Leurs feuilles se récol-
de sureau, la meilleure tisane sudorifique à
employer contre les engorgements des pou- tent en été; elles sont inodores, avec
mons et des bronches, contre la vieille toux, une saveur fade, mucilagineuse.
contre les embarras du bas ventre provenant
d'un engorgement des reins. Emploi. Toutes deux sont offic. sous le
Les bains de fleurs de tilleul sont réputés nom de Folio, Malvoe.Leur richesse en mu-
contre les névroses et l'on prétend que les cilage les fait entrer dans les espècesémoi-
lientes (Speciesemollientes: camomille 2, feuille
personnes nerveuses se trouvent bien d'une de guimauve 2, feuille de mauve 2, graine
simple promenade sous les tilleuls en fleurs. de lin 4), dans les espècespectorales (fenouil 5,
Les fruits, piles dans du vinaigre, passent bouillon blanc 10, feuille de mauve 10, fleur
pour un hémostatique puissant. de tilleul 10, racine de réglisse 25, racine de
guimauve 40), dans nombre de cataplasmes
émollients (yeux enflammés) et de lavements
Famille des adoucissants et calmants. Nous ajouterons
que les Romains s'en montraient très friands
Malvacées à table, qu'ils les accommodaient à là façon
des épinards et que leur palais de gourmets
semblait donner la préférence aux feuilles
PI. XLII. Fig. I. Malva neglecta Wall- de la menthe sauvage qu'ils cultivaient tout
roth. Malva rotundifolia L. Mauve com- exprès dans ce but.
L'infusion des feuilles est recommandée
mune. Petite mauve. Mauve à feuilles contre les coliques et les diarrhées, celle des
rondes. fleurs (8-15gr. par litre d'eau) comme émol-
Plante annuelle ou bisanuelle, à liente et pectorale.
Les anciens herboristes reconnaissent tous
tiges couchées, puis ascendantes, plus des propriétés plus ou moins précieuses à
ou moins pubescentes; feuilles cordi- la mauve. Kneipp dit qu'elle doit avoir une
formes dans leur ensemble, à 5-7 lobes place marquée dans les jardins, et que le
obtus, peu profonds, crénelés; fleurs thé de fleurs de mauve, surtout de la mauve
en fascicules axillaires, à pédoncules noire, guérit les affections de la gorge et les
engorgements de la poitrine. D'autres ajou-
fructifères penchés; corolle petite, d'un tent que les feuilles, la racine et les graines,
blanc rosé, veinée, à pétales échancrés. cuites dans du lait ou dans du vin étendu
Fruit déprimé, orbiculaire, qui a valu d'eau, donnent des résultats analogues, et
à la mauve les noms de: fromageot, que la conserve de fleurs ou de feuilles
dans un jus sucré adoucit les ardeurs
fromagère, fromagéron. Lieux incultes, d'urine. La décoction vineuse de la plante
bords des chemins. entière (avec ses racines), de fenouil et
d'anis donnerait du lait aux nourrices et
PI. XLII. Fig. 2. Malva silvestris L. calmerait les maux de la vessie et des in-
testins. L'eau distillée de mauve serait un
Mauve sauvage. Grande mauve sauvage fébrifuge ainsi qu'un antidysentérique qui
Beurrat. Fromageon. rendrait également des services dans les
bisannuelle à catarrhes des reiris et de la vessie. Les ra-
Plante généralement
rameu- cines, les feuilles et les graines, bouillies
tiges ascendantes ou dressées, dans de l'eau avec de la farine d'orge et
ses, plus ou moins hérissées ainsi que additionnées d'huile d'olives ou d'huile rosat,
les pétioles et les pédoncules. Feuilles auraient des vertus sédatives, détersives,
82 Famille: Malvacées
émollientes et maturatives. Les fleurs, bouil- « La mauve alcée, bien que son action sur
lies dans le vin ou l'eau et additionnées de l'organisme soit moins profonde et moins
miel et d'alun, formeraient un bon garga- prompte, peut néamoins servir de succédané
risme contre les affections de la cavité bu- aux mauves et à la guimauve. Nous ne pou-
cale. La décoction de mauves pourrait être vons qu'en vanter les effets salutaires dans
employée en bains par les personnes sujettes les flux de ventre et les cas de dysenterie
aux calculs de la vessie ou aux maux de et la recommander à la dose de 8 gr. de
matrice et les racines pilées donneraient un racine dans du lait préalablement échaudé
excellent cataplasme à appliquer sur les au moyen de cailloux rougis au feu.»
seins crevassés.
PI. XL1I1. Fig. I. Guimauve officinale.
Malva alcea L. Mauve alcée. Guimauve. Bourdon de St. Jacques. Althea
riante viva- officinalis L.
ce à tiges La guimau-
dressées, ra- ve est une
meuses, cou- plante vivace
vertes ainsi dont la racine,
que les pédon- pivotante et
cules et les ca- charnue, blan-
lices, de poils che en dedans
étalés.Feuilles et jaune exté-
radicales cor- rieurement,
diformes, à 7 donne nais-
lobes peu pro- sance à de
fonds, créne- nombreuses
lés; feuilles tiges de 6-12
caulinaires dm. de hau-
profondément teur. Ses feuil-
palmatip ar- les sont gran-
tites, à 3—5 des, longue-
segments cu- ment pétio-
néiformes tri- lées, molles,
fides, incisés- to menteuses,
dentés. Fleurs les inférieures
grandes, roses, à 5 lobes, les
pédiculées et supérieures à
solitaires à 3 lobes. Ses
l'aisselle des fleurs sont
feuilles, sou- d'un rose pâle,
vent rappro- grandes, à ca-
chées au som- lice et à car-
met des ra- Mauve alcée. Malva alcea L.
a. Partiesup.de la planteen floraison, b. feuillecaulinaire pelles tomen-
meaux. Corol- c. vue latéralede l'ovaire,rf.l'ovaire,vu d'enhaut. teux et elles
le à pétales sont groupées
emargines, beaucoup plus grande que a 1 aisselle des feuilles ou alors dispo-
le calice. sées en des sortes dé grappes à l'ex-
La mauve alcée croît le long des trémité des rameaux.
chemins, au bord des haies, sur les
sols calcaires et ensoleillés de tout La guimauve officinale croît natu-
le domaine jurassique et elle fleurit rellement dans les terrains humides
de juillet en octobre. Elle est inodore et surtout dans les régions maritimes
et mucilagineuse. de l'Europe; on la cultive dans les jar-
Emploi. La mauve alcée jouit de proprié- dins et dans les champs comme plante
tés sensiblement analogues aux précédentes. médicinale. Elle fleurit de juin en
Certains herboristes disent à son sujet: septembre. Ses feuilles se récoltent
41

2 a, b. Tilleul.
Tilia platyphyllos Scopoli.

3 a, b. Tillet.
Tilia ulmifoliaScopoli.

1 a, b. Vigne.
Vitis vinifera L.
Famille: Malvacées 83
en juin, avant la floraison, ses fleurs Quant à la racine, Badix Althoe,elle n'est
en juillet et sa racine en automne ou utilisée en pharmacie que dépouillée de sa
même pendant l'hiver. Cette dernière couche subéreuse jaunâtre ainsi que de ses
fibres radicales. Elle sert alors à la prépa-
possède une odeur faible, particulière, ration des espècespectorales ou Speciespecto-
et une saveur fade, douceâtre, muci- rales (fenouil 5, bouillon blanc 10, feuille de
lagineuse. mauve 10, fleur de tilleul 10, racine de ré-
glisse 25, racine de guimauve 40) et du sirop
Emploi. Le curé Kneipp n'en semble point de guimauve ou Sirupus Althoeoe,un liquide
féru, car il dit quelque part: «La tisane jaunâtre, très mucilagineux,jouissant de pro-
d'althée (guimauve) est d'un grand usage priétés émollientes et pectorales très pro-
contre les refroidissements; pour moi, je n'y noncées.
tiens pas beaucoup parce qu'elle a rarement
répondu à mon attente; je ne recommande PI. XLIII. Fig. 2. Rose trémière. Al-
jamais ce genre de médicament et, sans thssa rosea Cavanilles. Alcea rosse L.
vouloir dire trop, j'avoue que la feuille et
la racine d'althée me sont suspectes. » Passe rose. Rose d'outre-mer. Rose de
Cette sorte de déconsidération jetée sur Damas. Rose à bâton.
la guimauve par le grand promoteur des La rose trémière est une plante
lavages à l'eau froide, n'empêche pas l'althée
de faire partie de nombre de remèdes popu- bisannuelle originaire de l'Orient. Elle
laires et de maintes recettes pharmaceutiques. est cultivée chez nous dans les par-
L'infusion de fleurs (15 gr. par litre d'eau) terres et les jardins où ses tiges, ro-
est un remède bien connu dans les campa- bustes-et élancées, dépassent souvent
gnes contre la toux et les maux de gorge.
La décoction de racine est regardée comme la hauteur d'un homme. Elle porte
émolliente et utilisée partout en gargarismes, des feuilles alternes, à l'aisselle des-
en fomentations, en lotions, en bains et en quelles naissent une ou plusieurs fleurs
lavements. On s'en sert pour combattre les
maladies des yeux, les maux d'oreilles et on qui s'épanouissent du mois de juillet
la donne à mâcher aux petits enfants (bâton au mois d'octobre. Ces fleurs doublent
de guimauve.des nourrices). facilement par la culture et on en a
Quand nous aurons mentionné son emploi obtenu un très grand nombre de va-
dans l'art vétérinaire, sa présence dans le riétés dont la couleur présente toute
commerce sous le nom de guimauve ratis-
la gamme des teintes allant du blanc
sëe, la pâte de guimauve, les bonbons pec-
toraux de guimauve — qui ne renferment pur au jaune foncé et du rouge cra-
généralement de la guimauve que le nom, moisi jusqu'au noir.
le mucilage de la guimauve n'étant que trop On récolte les fleurs, surtout celles
souvent remplacé par la gomme arabique —, des variétés brun-foncé et rouges; elles
nous aurons suffisamment prouvé que l'usage
de la guimauve est loin de vouloir disparaître. sont inodores avec une saveur muci-
Ses feuilles et ses racines se trouvent lagineuse.
d'ailleurs dans toutes les pharmacies.
La première (Folium Althoeoe)est la feuille Emploi. Autrefois offic. sous le nom de
récoltée avant la floraison; elle est tomen- Flores Malvoe arboreoe, les fleurs faisaient
teuse, grise, très mucilagineuse et se brise partie des Speciesémollientesad gargarisme..
facilement. C'est sous cet état qu'elle entre Kneipp les préfère de beaucoup à la gui-
dans la composition des espèces émollientes mauve et il les recommande en tisane dans
ou Species émollientescamomille 2, feuille de les engorgements de la poitrine et les affec-
guimauve 2, feuille de mauve 2 et graine tions de la gorge, et, en vapeurs, contre les
de lin 4 parties. maux et affections d'oreilles.
84 Famille:: Tamariscinées

Famille des
Tamariscinées

Tamarix germanica L. Myricaria ger- amère, astringente, et une petite odeur


manica Desvaux. agréable.
Myricaire. Myricai-
re d'Allemagne. Emploi. L'écorce,
c'est un fait acquis,
Sous-arbrisseau contient beaucoup de.
de 1 1/2 m. de hau- tanin: rien d'étonnant
teur, rappelant as- donc si les herboris-
sez le cyprès par tes la recommandent
comme astringent
sa forme extérieu- d'un bon emploi. Les
re; feuilles très graines et l'écorce,
petites et comme disent-ils, presque
aussi astringentes
imbriquées, parse- que les noix de gal-
mées de glandules le, rendront des ser-
en dessous, ses- vices appréciables
siles, linéaires, ob- dans les crache-
tuses, glabres et ments, de sang, les
flux de ventre, les
glaucescentes. menstrues trop abon-
Fleurs d'un blanc dantes, la jaunisse et
rosé disposées en les émissions volon-
taires d'urine. La dé-
grappes spicifor- coction de jeunes
mes dressées. rameaux dans du vin
La myricaire est à recommander
contre les inflamma-
croît dans les sa- tions de la rate et
bles et les graviers les graines peuvent
des bords des tor- servir en cataplas-
rents et descend mes résolvants, en
avec les cours gargarismes cal-
d'eau: par le Rhin, mants, en bains de
siège antimenstruels.
jusqu'au lac de Quant aux graines,
Constance et mê- si on les cuit avec
me jusqu'à Bâle; des raisins de Corin-
the, elles débarras-
par l'Aar, jusqu'à sent des impuretés
Soleure, Aarau; de la peau, de la
par le Rhône, jus- teigne, des croûtes,
de la gale, et, chose
qu'à sa jonction infiniment curieuse et
avec l'Arve. Les
Myricaire.Myricariagermanica Desvaux. intéressante, de la
graines et l'écorce a. Sommitéfleurie,b. Fleur,c.Etamines. lèpre.
ont une saveur d. Capsulefructifère,
e. Graine.
42

1 a, b. Mauve commune
Malva neglecta Wallroth. 2. Mauve sauvage.
Malva silvestris L.
Famille: Hypéricinées, Violariées 85
Famille des Kneipp dit en parlant du millepertuis: «Si
notre génération a presque totalement oublié
Hypéricinées cette plante et ses services, le millepertuis
n'en portait pas moins, jadis, le nom d'«herbe
aux fées», et cela à cause de sa grande e/-
PI. XLIV. Fig. I. Hypericum perfora- ficacité. Le millepertuis exerce une influence
tum L. Millepertuis. Herbe aux piqûres. toute spéciale sur le foie, pour lequel il four-
Herbe aux mille trous. Herbe de la Saint- nit le meilleur médicament théiforme. Un
Jean. Chassediable. peu de poudre d'aloès, ajoutée au milleper-
tuis, en renforce Faction qui se traduit prin-
Plante vivace et bien nommée s'il en cipalement par l'urine, laquelle entraîne sou-
fût, le millepertuis doit son nom aux vent des masses de matières corrompues.
nombreuses Le thé de millepertuis guérit les maux de
perforations qui semblent tête provenant d'humeurs, de mucosités ou
occuper toute la surface des feuilles de gaz accumulés dans la tête; il guérit
quand on les regarde par transparence l'oppression de l'estomac, les engorgements
et qui sont dues à des glandes dis- des poumons et de la poitrine. Les mères
de famille, à qui de petits pissenlits ont causé
séminées dans l'intérieur même des savent apprécier l'action
beaucoup d'ennuis,
organes foliaires. Ses tiges sont gla- corroborative de ce thé.»
bres, dressées, ordinairement rameu- Après avoir écouté Kneipp, jetons un
ses, à entre-noeuds offrant des lignes regard rapide sur la médication homéopa-
saillantes. Ses fleurs, jaunes, disposées thique où nous trouvons le millepertuis uti-
lisé comme vulnéraire à l'extérieur et à
en corymbes terminaux, ont leurs pé- l'intérieur (blessures), et passons, ensuite
tales bordés de points noirs. Le fruit aux anciens herboristes.
est capsulairé, polysperme, à 3-5 loges, Nous voyons tout d'abord que les fleurs
et les graines, cuites dans du vin, constituent
et les graines sont très petites, cylin- un remède efficace contre les rétentions
driques. Les bourgeons de fleurs écra- d'urine, la fièvre quarte, les menstrues re-
sés entre les doigts donnent un suc belles, et que les graines seules, bouillies,
sont non seulement antidysentériques, mais
huileux, violet foncé, vulgairement ap-
de qu'elles brisent la pierre dans la vessie et
pelé sang Saint-Jean. débarrassent de la sciatique au bout de 40
Le millepertuis est commun; il croît jours d'un usage quotidien. Ces mêmes grai-
sur les collines, dans les lieux secs, à nes sont d'ailleurs un bon Uniment pour les
la lisière des bois, au bord des che- brûlures et, si l'on a soin dé les piler avec
du suc d'absinthe, un spécifique contre les
mins, dans les champs en friche; il crachements de sang.
fleurit de mai en août; ses fleurs ont . Nous en passons — tout dire, nous ne le
une odeur aromatique faible et une saurions — pour arriver plus vite à l'huile
saveur amère, résineuse, astringente, de millepertuis de nos ancêtres. Cette huile
autrefois était préparée d'après une recette différant
qui les avait fait employer fort peu de celle indiquée plus haut et gé-
en pharmacie sous le nom de Flores néralement rehaussée de myrrhe, d'aloès,
s. Summitates Hyperiei. de rameaux de lentisque et de térébenthine.
Elle jouissait alors de propriétés cicatrisantes
Emploi. Les fleurs étaient autrefois c'on- plus énergiques, s'employait en frictions chau-
nues en pharmacie sous le nom de Flores s. des sur le ventre contré la dysenterie et, en
Summitates Hyperiei et servaient à la pré- petits tampons sur le nombril des enfants,
paration de 1Oleum Hyperiei. L'infusion des pour guérir ces derniers des tranchées, ab-
sommités (30. gr. par litre d'eau) est vul- dominales et des coliques.
néraire, vermifuge et diurétique. Elle rend
des services dans les affections des pou-
mons et de la matrice et constitue un breu- Famille des
vage que les catarrheux et les jeunes gens
des deux sexes en voie de croissance feront Violariées
bien de ne pas oublier.
Quant à l'huile de millepertuis, considérée PI. XLIV. Fig. 2. Violette odorante.
comme cicatrisante, elle se prépare en fai-
sant macérer les fleurs dans de l'huile d'oli- Violette de mars. Viola odorata L.
ve contenue dans un flacon exposé au soleil. Plante vivace à souche stolonifère,
Cette huile prend une belle couleur rouge à stolons radicants ; feuilles
qu'elle doit à la dissolution d'une résine allongés,
qui se trouve dans les pétales. ovales-arrondies, obtuses, profondé-
86 Famille: Violariées

ment cordiformes, celles des stolons remède contre les gênes de la respiration
provenant d'une accumulation de gaz et
ovales-réniformes. Stipules ovales-lan- d'éléments morbides dans l'estomac et dans
céolées. Fleurs généralement violettes, les intestins. Les feuilles de violettes, écra-
plus rarement blanches ou bleu-rou- sées et appliquées en forme de cataplasmes,
rafraîchissent et dissolvent les tumeurs ar-
geâtre, très odorantes. Capsule... mais
à quoi bon prolonger cette monogra- dentes, tandis qu'une décoction de ces feuil-
les dans du vinaigre, sert, sous forme de
phie d'une plante que vous avez tous compresse, à guérir la podagre.»
cueillie avec amour dans votre jeu- Nous ne nous arrêterons ni sur l'odeur
nesse et que, depuis, vous avez tou- pourtant si caractéristique de la violette, ni
sur la culture intense qu'on en fait pour la
jours saluée avec plaisir. production, de sa fleur; nous glisserons égar
La violette de mars croît naturelle- lement sur les fameux gâteaux à la violette
ment dans les lieux ombragés et frais, de la fin du. XVIIImesiècle, et, — que. nos
le long des haies et des murs, et elle belles mondaines nous pardonnent — sur
est cultivée dans les jardins et les l'essence de violette des parfumeurs d'au-
serres. Elle fleurit de mars en mai et, jourd'hui. Et pourtant, cette essence, bien
portée, savamment et subtilement employée...
çà et là, une seconde fois en automne. Nos ancêtres, de la violette, fabriquaient
un sirop; et pour ce sirop faire, il fallait
La violette était autrefois offic. mettre des fleurs bien épanouies dans un
Emploi. d'étain, verser de l'eau bouillante, cou-
sous le nom de Flores Violarum et la feuille vase 6-8 heures, exprimer, faire
sous celui de Herba Violarioe. La première vrir pendant.
avec la la rose et la bu- bouillir, le liquide obtenu, le verser sur des
entrait, bourrache, violettes fraîches et répéter ces opérations
glosse, dans la préparation du tonique des trois du quatre fois; sucrer alors, faire cuire
quatre eaux, et la seconde, avec la guimauve, à
la mauve, la mercuriale et la pariétaire, était conserver petit feu jusqu'à consistance sirupeuse et
constituante des émollientes. dans des flacons bien bouchés. Les
partie cinq espèces
Toutes deux, aujourd'hui, sont rayées du manipulations, pour être un peu longues,
et n'en étaient que plus méritoires, car 2-3
Codex, cependant... cuillerées du sirop suffisaient pour chasser
La violette est émolliente, béchique, sudo- les procurer sommeil tranquille, dis-
rifique et purgative, les feuilles sont émol- tillerfièvres, les points de côté, maintenir l'appareil
lientes; les racines sont franchement vomi-
tives et, à la dose de 12 gr. bouillis dans digestif en bon état et calmer les toux in-
un litre d'eau, purgatives. Le peuple des fantiles.
Voulez-vous un mode de préparation plus
campagnes croit encore aujourd'hui aux ef-
fets salutaires de l'infusion de violette (4-10 simple: faites infuser, pendant 12 heures,
gr. de fleurs par litre d'eau) sur les fiè- 250 gr. de pétales de violettes dans 1500gr.
vres éruptives à leur début, et les affections d'eau bouillante contenue dans un vase d'étain
catarrhales, et ce peuple n'a pas tort. Ecou- fermé; passez l'infusion, ajoutez y le double
tons d'ailleurs le curé Kneipp, qui, en fait de son. poids de sucre et chauffez au bain-
de thérapeutique, est loin d'être le premier marie.
venu.
« Les enfants ont souvent au printemps, à PI. XLIV. Fig. 3. Violette tricolore.
la suite des variations brusques de la tem-
pérature, une forte toux: la coqueluche. C'est Pensée sauvage. Pensée. Herbe de la
alors que la mère soucieuse de la santé des Trinité. Viola tricolor L.
siens, fera cuire une poignée de feuilles
vertes ou sèches de violettes dans 1/4 de Plante annuelle extrêmement varia-
litre, d'eau et qu'elle donnera, toutes les 2-3 ble, à racine grêle, à tiges solitaires
heures, deux ou trois cuillerées de cette ou ordinaire-
décoction à l'enfant souffrant. (Adultes: 3 nombreuses, dressées,
tasses par jour). ment rameuses. Feuilles glabres ou
Cette tisane est une médecine que les légèrement pubescentes, crénelées, les
phtisiques feront bien de prendre toutes'les inférieures ovales-cordiformes, les cau-
2-3 heures, à la dose de 3-5 cuillerées, pour linaires
adoucir la toux et résoudre le phlegme, et ovales-oblongues, atténuées en
c'est en même temps un spécifique contre pétioles. Stipules foliacées, les supé-
les maux de tête et les grands échauffements rieures lyrées-pinnatipartites, à lobes
de la tête, si l'on a soin de l'utiliser simul- latéraux linéaires, le lobe terminal
tanément en lotions ou en appliques sur la
tête ou sur l'occiput. très-grand, crénelé et semblable aux
Dans les enflures du cou, l'infusion de feuilles. Fleurs jaunes ou violettes
violettes est un gargarisme éprouvé et un mélangées, de jaune et de violet, mu-
2 a, b, c, d. Rose trémière.
1 a, b, c Guimauve Althea rosa: Cavanilles.
Althea officinalisL.
Famille: Violariées, Thyméléacées 87
nies d'un éperon dépassant les appen- loppent qu'après les fleurs et forment
dices des sépales. Capsule trigone, des sortes de touffes au sommet des
glabre. rameaux et au-dessus dès fleurs. Ces
La pensée croît dans les champs, dernières, sessiles, purpurines, roses,
les lieux cultivés, les moissons, les odorantes, sont rapprochées en fasci-
jachères; elle fleurit d'avril en octobre cules de 2-3 fleurs le long des rameaux
et se récolte en été. Elle a une odeur au-dessous du bouquet terminal des
faible qui rappelle la pêche quand on jeunes feuilles. Fruit ovoïde, rouge.
l'écrase entre les doigts, et une saveur Le bois gentil fleurit quelquefois
mucilagineuse, légèrement amère et en février, mais plus généralement en
quelque peu acre. mars-avril. Il se trouve dans les bois,
La culture lui fait perdre ses carac- dans les haies, dans les taillis, sur-
tères primitifs et la transforme en une tout dans les régions montagneuses,
fleur plus grande dont les pétales, et il s'élève jusqu'aux sommités juras-
d'un brun violet, sont nuancés de cou- siques.
leurs diverses. Si son écorce, ses feuilles, ses baies,
une odeur désagréable quand
Emploi. L'Herba Violestricoloris des phar- répandent
macies est la partie aérienne de la plante on les froisse entre les doigts, ses
non cultivée: tige quadrangulaire, feuilles fleurs, par contre, dégagent un par-
pétiolées, fleurs à longs pédoncules, sans fum des plus agréables, mais si péné-
rien de la racine qui, comme toutes les ra- trant aisément des
cines de violettes, est vomitive. Elle jouit qu'il provoque
— seule par-
de propriétés dépuratives, toniques, exci- maux de tête. L'écorce
tantes, sudorifiques, qui la font employer tie récoltée — possède une saveur
avec succès (10 gr. par jour dans 1/5de litre d'abord fade, puis bientôt brûlante et
d'eau bouillante et sucrée pour les enfants) acre.
contre les affections de la vessie, les réten-
tions d'urine, les affections scrofuleùses, les
maladies de la peau. Elle communique aux . Emploi. L'écorce de mézéréon ou Cortex
urines une odeur tout à fait particulière. La Mezerei est l'écorce recueillie au commence-
plante entière, pilée et employée avec du ment du printemps et provenant du tronc
lait sous forme de cataplasme, fait tomber ou des plus gros rameaux.
les croûtes lactées comme par enchantement. La médecine rurale la trempe dans du
La médication homéopathique fait usage vinaigre pour l'utiliser en vésicatoire, mais
de Viola tricolor contre les croûtes de lait on ferait bien de s'en remettre ici aux indi-
et les anciens herboristes la préconisent, cations d'un médecin. Les pharmaciens en
cuite dans l'hydromel ou le vin, contre les retirent un extrait fluide (Extractum Me-
embarras respiratoires et l'asthme. Des fric- zerei paidum, liquide vert-brun foncé, d'une
tions de poudre de violette et de miel pas- saveur acre et brûlante, donnant avec l'eau
saient pour guérir la gale. Le XVIraosiècle en un mélange trouble, laiteux) et une pommade,
la pommade de garou ou VngentumMezerei
préparait une eau distillée de fleurs, considé- dont
rée comme puissamment sudorifique, et une l'emploi est réservé à la Faculté.
sorte d'alcoolature qui s'administrait, neuf Les baies sont très dangereuses.
La médication homéopathique se sert du
jours durant, contre les affections syphilli- bois
tiques... du bon vieux temps. gentil contre la carie des os, les dartres
humides, les cancers d'estomac, les fleurs
blanches, la syphillis et les urines sanguino-
lentes (hématurie).
Famille des
ou Thymélées Daphne laureola L. Lauréole.
Thyméléacées
Sous-arbrisseau à tiges robustes,
PI. XLV. Fig. I. Bois-gentil. Daphne rameuses au sommet, à rameaux
mezereum L. Sain bois. Joli bois. Bois flexibles. Feuilles assez grandes, rap-
joli. Garou. Mézéréon. prochées au sommet des rameaux,
Le mézéréon est un sous-arbrisseau lancéolées, d'un vert foncé, luisantes
à écorce grisâtre, dont les feuilles, en dessus, coriaces, persistantes, alter-
nes. Fleurs odorantes d'un jaune
longuement atténuées à la base, alter-
nes, oblongues-lancéolées, ne se déve- verdâtre, disposées en petites grappes
Famille : Thyméléacées, Lythrariées

courtes, axillaires, penchées, de 3-7 plus fréquent —, ou pentagones avec


fleurs. Fruit d'abord vert, puis noir. des feuilles spiralées, ou encore hexa-
La lauréole croît dans les bois et gones avec des feuilles verticillées par
les buissons de la région montagneuse trois. Les fleurs sont purpurines, ra-
où elle fleurit en massées par 4-10
mars-avril; toutes sur des pédoncules
ses parties ont une communs axillaires
saveur brûlante et très courts, et for-
acre. ment de longues
Emploi et danger. grappes spiciformes
La lauréole est tout paniculées.
aussi dangereuse que La salicaire croît
le bois gentil et il est le long des cours
prudent de s'en méfier d'eau et dans les
toujours. L'ancienne lieux humides; elle
médication rurale se
servait des feuilles pi- fleurit de juillet en
lées vertes comme vé- août et se récolte
sicatoires contre la au moment de la
goutte sciatique: il ap-
paraissait d'abord de la floraison.. Sa sa-
rougeur, puis une vési- veur est âpre, as-
cation avec formation
de cloques; on fendait tringente.
alors ces cloques d'un
coup de ciseau et, l'eau Emploi. La salicai-
tamponnée, on oignait re (Herba Lysimachia
doucement de beurre purpurea) jouissait au-
frais non salé. trefois de propriétés
astringentes qui la fai-
saient utiliser dans les
campagnes, en poudre
Famille des (4-5 gr. deux fois par
jour) ou en décoction
Lythrariées (15 gr. par litre d'eau),
contre lès diarrhées et
PI. XLV. Fig. 2. la dysenterie.
Salicaire. Nos pères la con-
Lythrum sidéraient en outre
salicaria L. Salicai- Lauréole. Daphne laureola L.
Planteenfloraison, b. comme vulnéraire, car
re commune. Lysi- a. fleur,c.Étamines. Coupelongitudinale de la ils nous
d.Pistil,e.Fruit,f. Coupe communiquent
machie rouge. dufruit,g. Graine,h. Graineen
Iongitud. que le suc de la sali-
coupe,i. Graineencoupetransversale. caire fait cesser les
La salicaire est crachements de sang
une plante vivace à souche épaisse et et coupe la dysenterie, que les feuilles de la
presque ligneuse. Ses feuilles sont lan- salicaire, cuites dans du vinaigre, peuvent
être utilisées en
céolées, à base sessile, cordiformes, et et que la salicairelavements antidiarrhéiques,
ses tiges sont: ou tétragones avec des pilée, introduite dans les
narines ou appliquée sur les plaies, arrête
feuilles opposées — c'est le cas le l'écoulement sanguin.
44

3 a, b. Violette tricolore.
Viola tricolor L.

1. Millepertuis.
L
Hypericum perforatum
2. Violette odorante.
Viola odorata L.
Famille: Ombellifères 89

Famille des ou oblongs de la grosseur d'une


noisette.
Ombellifères
Le panicaut croît dans les lieux
Panicaut Eryngium campestre L. Pa- arides, au bord des chemins. Il fleurit
nicaut cham- en juillet-août,
pêtre. Chardon et possède, la
Roland. Char- racinesurtout,
don roulant. une Saveur a-
Barbe de chè- mère et aro-
vre. Querdon- matique.
net. Emploi. La
Le panicaut décoction de 40
est une plante gr. de racine
dans un litre
vivace à lon- d'eau est consi-
gue racine, dérée comme
dont l'aspect diurétique et re-
extérieur rap- commandée con-
tre l'hydropisie.
pelle davanta- La racine elle
ge un chardon même . est bien
qu'une ombel- connue en Suède
lifère.. Sa tige et en Zélande
comme faisant
est robuste, partie de l'ali-
longue d'en- mentation popu-
viron 50 cm.., laire.
Mais feuille-
sillonnée, gla- tons les livres
bre, blanchâ- des herboristes:
tre, et garnie « La racine du
de rameaux panicaut, bouil-
trësétalés. Ses lie dans du. vin
sont ou de l'hydro-
feuilles mel, est dépu-
d'un vert glau- rative, carmina-
que blanchâ- tive, diurétique,
tre, à nervures emménagogue
et elle se prend
saillantes, les — généralement
inférieures additionnée de 4
longuement gr. de graines de
panais — pour
pétiolées, à lo- Panicaut. Eryngiumcampestre L. le foie
bes et à dents d'uneplanteen floraison désopiler
a. Feuille,b.Partiesupérieure et la rate, com-
terminés en e.
c. Racine.d. Fleur mâle. Fleur femelle. battre la jaunisse
épine robuste, et l'hydropisie,
les caulinaires supérieures sessiles, à faciliter l'écoulement rénal et mensuel, distil-
en lanières. Ses ler les calculs de la vessie et expulser les
oreillettes découpées flatulences. Le produit de la distillation des
fleurs, sessiles, d'un blanc bleuâtre et jeunes feuilles est un dépuratif merveilleux
agrémentées de 5 bractées épineuses, du sang en même temps qu'un spécifique
groupées en capitules arrondis contre la fièvre quarte. Quant à la racine,
sont
6
90 Famille : Ombellifères
on peut l'utiliser avec avantage en cataplas- PI. XLVI. Fig. 2. Ache des marais.
me sur les tumeurs et les enflures et aussi Apium graveolens L. Céleri des
marais.
pour extirper des chairs les épines et les Ache odorante.
échardes. »
L'ache des marais est une plante
PI. XLVI. Fig. I. Sanicula europsea L. bisannuelle très aromatique, ressem-
Sanicle. Sanicle d'Europe. Herbe de Saint blant étonnamment au. céleri. Il n'y a-
Laurent. là rien qui puisse surprendre outre
Racine vivace d'un brun noir, don- mesure quand on sait que l'âche a
nant naissance à des tiges dressées, donné naissance au céleri et que le
nues ou presque nues, simples. Feuilles céleri n'est rien d'autre qu'une ache.
d'un vert foncé, presque toutes radi- aux propriétés modifiées par la culture.
cales, glabres, luisantes, longuement' Les tiges d'ache sont glabres,
Ses
pétiolées, à 3-5 lobes cunéiformes in- anguleuses, sillonnées, fistuleuses.
cisés-dentés. Fleurs blanches ou rosées, feuilles sont luisantes; les inférieures
la plupart mâles, disposées en om- pinnatiséquées, à larges segments cu-
belles au sommet des tiges, chaque néiformes divisés en 2-3 lobes plus ou
rayon divisé en 3-5 rayons secon- moins profonds et plus ou moins in-
daires portant chacun un capitule de cisés; les supérieures ordinairement à
fleurs: les fleurs mâles brièvement trois segments trifïdes, cunéiformes ou
pédicellées, les fleurs fertiles, sessiles. entiers, lancéolés-linéaires. Ses-fleurs
Rayons extrêmement allongés pen- sont petites, d'un blanc verdâtre et
dant la floraison; étamines très lon- disposées en nombreuses ombelles
gues; fruits globuleux couverts d'épi- presque sessiles de 6-12 rayons sou-
nes crochues. vent décomposés. Ses fruits sont petits,
La sanicle est assez répandue; elle brunâtres à la maturité, munis de
croît dans les bois, les buissons, les côtes blanchâtres.
forêts ombragées et fleurit en mai-juin. L'ache croît naturellement dans les
Ses fleurs et ses feuilles se récoltent terrains imprégnés de sel et sur les
pour leur saveur astringente et légè- côtes maritimes, mais ne se trouve
rement saline. guère chez nous qu'accidentellement
ou alors à l'état de culture. (Angle-
Emploi. La sanicle, de par son astringen-
ce, jouissait autrefois de propriétés très van- terre, France, Italie). Elle fleurit de
tées. Elle était considérée comme un vulné- juillet en septembre et ses racines se
raire d'une efficacitétout à fait remarquable, creusent en automne pour être con-
faisait partie de toutes ou presque toutes servées en cave; fraîches, ces derniè-
les lotions ou fomentations ou compresses
vulnéraires,—entrait — et entre encore par res ont une saveur particulière, aro-
ses fleurs dans la composition du thé matique et âcre qu'elles perdent tota-
suisse et figurait en outre, en bonne place, lement par la cuisson.
dans les officines des apothicaires. Aujour-
d'hui, la sanicle est tout à fait délaissée. Emploi. L'ache, malgré son odeur assez
Ce n'est pas pourtant la faute des herbo- particulière et plutôt désagréable, semble
ristes, car certains d'entre eux en on dit le avoir été fort goûtée des Anciens puisqu'ils
plus grand bien. Oyez plutôt: « Lasanicle, s'en couronnaient le chef dans leurs festins.
à l'intérieur comme à l'extérieur, est avant Elle faisait d'ailleurs partie des plantes offic:
tout un vulnéraire aussi énergique que pré- ses graines entraient dans la composition
cieux; sa décoction dans l'hydromel combat des quatre semenceschaudes mineures (ache,
avec avantage les flux de ventre et' la dy- carotte, ammi, piment) et sa racine dans la
senterie, dégage les poumons et les bronches préparation des cinq racines apéritives majeures
et rend des services appréciables aux phti- (ache, asperge, fenouil, persil, petit-houx).
siques en ce sens qu'elle arrête les crache- Bien que ces deux derniers produits soient
ments de sang. La poudre de sanicle, prise aujourd'hui rayés du Codex, l'ache des ma-
en vin avec du miel et du jus de réglisse, rais, l'ache cultivée - la plante sauvage
débarrasse l'appareil digestif de toutes les passe pour fort suspecte — n'a pas disparu
matières morbides et superflues qu'il peut de la médecine populaire: on lui accorde
contenir.» On le voit, la poudre, dans ce généralement des propriétés carminatives;
dernier cas, agirait comme purgatif léger. apéritives et diurétiques qui la font encore
45

1 a, b, c Bois-gentil
2. Salicaire.
Daphne mezereum L.
Lythrum salicaria L.
Famille: Ombellifères 91
entrer dans l'alimentation des personnes macopée et la graine entrait dans la compo-
travaillées de goutte ou de calculs de la sition des quatre semenceschaudes mineures-
vessie; on en prescrit les feuilles (40 gr. en Le suc était administré à la dose 100-200
décoction dans un litre d'eau) coupées de gr. par jour dans les cas de fièvre intermit-
lait et à jeun contre les catarrhes pulmo- tente, les feuilles contre les calculs de la
naires et les extinctions de voix, et on pré- vessie, et la jaunisse.
conise son suc comme antiscorbutique, en Le persil, c'est certain, jouit de propriétés
remarquant toutefois que le raifort lui est médicinales incontestables. Ses feuilles pilées
en tous points préférable. servent à faire des cataplasmes qu'on appli-
que sur les seins comme antilaiteux,:et elles
PI. XLVII. Fig. I. Apium petroselinum passent en outre pour calmer presque ins-
tantanément la douleur causée par les piqû-
L. Petroselinum sativum Hoff. Persil. res des guêpes et des abeilles. Ses fruits
C'est une plante bisannuelle, à ra- font partie des espècesdiurétiques des phar-
cine fusiforme, à tige dressée, striée, maciens d'aujourd'hui (baie de genièvre 20,
racine de bugrane 20, racine de livèche 20,
à rameaux effilés et dressés.. Ses racine de réglisse 20, pensée sauvage 10,
feuilles sont luisantes: les inférieures anis vert 5, fruit de persil 5). Ils agissent en
à segments ovales- outre contre les flatulences (carminatif) et
bipinnatiséquées, comme excitant léger du système nerveux.
cunéiformes, trifides, à lobes incisés Cette dernière propriété est due à la pré-
ou dentés; les supérieures ordinaire- sence d'un principe actif, l'apiol, qui rend
ment à 3 segments entiers, lancéolés- des services précieux comme emménagogue
linéaires. Ses fleurs, d'un jaune ver- (0,3 gr.) quand on en use pendant 4-5jours
avant l'apparition des menstrues.
dâtre, en ombelles pédonculées de
8-14 rayons environ, donnent naissance PI. XLVII. Fig. 2. Ciguë. Conium ma-
à un fruit brunâtre, ovoïde, à côtes
culatum L. Grande ciguë. Ciguë com-
blanchâtres.
Le persil est surtout cultivé pour mune. Ciguë tachetée. Cicuta major Lam.
La ciguë tachetée est une plante
l'usage culinaire: il n'est donc pas
rare de le trouver à l'état subspontané bisannuelle assez commune qui se
dans le voisinage des habitations et rencontre aux bords des chemins, sur
et des jardins. Il a fourni plusieurs les décombres, dans les cimetières,
variétés parmi lesquelles on peut citer dans le voisinage des habitations, dans
le persil frisé (feuilles crépues et frisées) les haies, au pied des murs. Elle est
et le persil à larges feuilles (racine très vénéneuse, surtout dans les pays
charnue et saveur douce). Il fleurit en chauds: c'est la ciguë que les Athé-
niens administraient à leurs condamnés
juin-juillet, mûrit en août. Toutes ses
à mort, c'est la même ciguë que l'on
parties, la graine surtout, ont une fit prendre à Socrate et à Phocion.
odeur et une saveur aromatiques si
et si connues qu'il nous La tige de la grande ciguë est assez
caractérisques
paraît parfaitement oiseux de nous y élevée, striée, vigoureuse, creuse, or-
arrêter plus longtemps. dinairement glauque, avec, sur sa
partie inférieure, des taches arrondies
Emploi. Le persil paraît être connu depuis rougeâtres. Ses feuilles sont très dé-
les temps les plus reculés. Dioscoride, mé- coupées et d'un vert sombre. Ses
decin grec, dit déjà au commencement de fleurs, petites, nombreuses, blanches,
notre ère que le persil «proufite aux inflam-
mations des yeux, appliqué avec pain ou sont disposées en ombelles de 12-16
griottes, et adoucit les ardeurs d'estomach.» rayons environ. Elles donnent naissan-
Pline, le fameux Pline à «l'Histoire naturelle» ce à des fruits ovales, comprimés laté-
en 37 livres (+ 79), Pline le compilateur, ralement, dont le méricarpe présente
nous apprend que le persil « ha une grâce
péculière pour mettre dans les sauces». Ga- 5 côtes nettement accusées, pâles, on-
lien, médecin de Marc-Aurèle et grand ad- dulées ou même sinueuses.
versaire d'Hippocrate (+ 201), dit du persil La ciguë fleurit de juin en août. On
qu'il «est fort agréable et à la bouche et à la récolte en juin-juillet en la débar-
l'estomach». rassant de ses tiges et de ses plus
La racine était partie constituante des cinq
racines apéritivesmajeures de l'ancienne phar- gros .rameaux. Fraîche, elle a une
92 Famille : Ombellifères

odeur désagréable qu'un viel auteur Aegopodium podagraria L. Egopode.


a qualifiée de « pesante, fascheuse et Podagraire. Herbe aux goutteux. Pied de
puante», et, desséchée, une odeur de bouc.
souris. Ses feuilles ont une saveur Plante vivace à souche traçante, à
nauséeuse, amère, acre, saline. tige glabre, dressée, fistuleuse, can-
nelée, rameuse au sommet. Feuilles
Emploi. La ciguë se trouve en pharma- radicales biternées ou à
cie sous le nom de Fructus Conii (dose max. pétiole com-
pro die: 1 gr.) où elle sert à la préparation mun divisé en 3 branches portant
d'un emplâtre, l'Emplastrum Conii; d'un ex- chacune 3 folioles ovales-lancéoléés,
trait sec, l'Extractum Conii duplex (dose max. dentées, la foliole termi-
pro die: 0,25 gr.) et d'un extrait fluide, l'Ec- inégalement
tractum Conii fluidum (dose max. par jour: nale quelquefois lobée; feuilles supé-
0,5 gr.) rieures simplement triséquées. Fleurs
La ciguë a été blanches, peti-
utilisée avec suc- tes; ombelles
cès comme cal- à rayons nom-
mant dans le
traitement de la breux, sans in-
scrofule,des rhu- volucrés ni in-
matismes, des volucelles. La
névralgies, des
affections ner- podagraire est
veuses, de la très commune
phtisie. Le cata- dans les ver-
plasme de feuil-
les de ciguë est gers, les lieux
d'un usage cou- frais et ombra-
rant comme fon- gés, trop com-
dant et résolutif. mune même,
La médication
homéopathique puisqu'il n'est
l'emploie contre pas rare de la
le cancer, la ca- voir faire le
rie des os, l'her- du
pès, la scrofule. désespoir
On le voit, la cultivateur.
ciguë est loin Elle fleurit de
d'être dédai- mai en juin.
gnée. Malgré Ses feuilles
tout, son admi- sont nauséeu-
nistration à l'in- Podagraire. Aegopodiumpodagraria L.
térieur doit tou- a. Feuillecaudinaire,b. Inflorescence,
c.Fleur,grossie,d. Pétale,grossi. ses et répan-
jours être réser- dent, pour peu
vée au médecin. on les froisse entre les doigts, une
Les empoisonnements par la ciguë sont qu'
heureusement assez rares; on les combat par odeur désagréable et acre.
des vomitifs, le café, le vinaigre, l'alcool, Emploi. La podagraire a joui autrefois
l'éther. d'une haute réputation contre la goutte et la
podagre. Aujourd'hui, elle est complètement
PI. XLVII. Fig. 3. Petite ciguë. Aethusa inusitée, sauf toutefois en Suède, en Prusse
L. Ethuse. et en Thuringe, où les feuilles printanières
cynapium Ciguë des chiens. Sont préparées en légume.
Ethuse vénéneuse. Ciguë des jardins.
Faux persil. PI. XLVIII. Fig. I. Cicuta virosa L.
La petite ciguë croît dans les en- Cicutaire. Ciguë aquatique. Persil des
droits frais des jardins, dans les champs fous. Cieutaire vénéneuse.
et les lieux cultivés. On la prend assez
Souche épaisse, donnant naissance
souvent pour le persil dont elle se a des fibres
distingue pourtant aisément par ses intérieurement nombreuses, présentant
des cavités superposées
tiges non maculées et rougeâtres à la
base. séparées par des diaphragmes trans-
versaux, et laissant échapper, quand
46

1 a, b. Sanicle.
Sanicula europaea L.

2 a, b, c. Ache des marais.


Apium graveolens L.
Famille: Ombellifères 93
on l'entame, un suc jaunâtre très vé- La médication homéopathique emploie la
néneux. Tiges d'un mètre et plus, Cicuta virosa contre la léthargie, les attaques
et sillon- d'épilepsie, la pituite, les étourdissements,
glabres, creuses, cylindriques l'affaiblissement de la vue.
nées. Feuilles très amples dans leur
circonscription, tripinnatiséquées, à Ammi majus L. Ammi commun. Ammi
segments lancéolés-linéaires ou linéai- Plante annuelle à tige pouvant at-
res, aigus, fortement dentés en scie; teindre 50 cm., glabre, flexueuse, très
les inférieures à pétioles très longs, rameuse, striée, Feuilles glaucescentes
fistuleux, épais. Fleurs blanches en et de forme très variable, pinnati- ou
ombelles à rayons nombreux s'allon- bipinnatiséquées, à segments oblongs
geant beaucoup pendant la floraison. ou lancéolés, dentés ou incisés-dentés,
Involucelle à folioles linéaires. Fruit à dents raides, mucronées; les infé-
nu, comprimé laté- rieures quelquefois
ralement, à commis- à trois segments
sure contractée. ou même réduites
La eicutàire, ap- au segment termi-
pelée encore oenan- nal, les supérieures
the, croît dans les bipinnatiséquées à
mares, les étangs, segments linéaires
les lieux maréca- et dentés. Fleurs
geux; elle fleurit' blanches en ombel-
de juillet en août les à rayons nom-
et répand une odeur breux, capillaires.
plutôt puante et mê- Fruits brunâtres, à
me stupéfiante. Son côtes blanchâtres.
suc est acre et sa L'ammi est une
racine, très véné- plante fugace qui se
neuse, a une saveur colporte çà et là
douceâtre rappelant avec les graines de
fort celle du persil. luzerne et qui ne
mûrit que dans les
Emploi et danger. étés très chauds. Il
La ciguë aquatique, fleurit de juillet en
dont les fruits, en infu-
sion de 4-16.grammes octobre; ses grai-
par litre d'eau, ont été nes ont une odeur
prônés autrefois contre
la toux et la phtisie à et une saveur aro-
son début, n'est plus Ammi.Ammimajus L. matiques;
employée en médeci- a. Feuillecaulinaire.
b. Inflorescence. Emploi. L'ammi fai-
ne. Ahles rapporte que sait autrefois partie
les empoisonnements provoqués par cette des quatre semenceschaudesmineures.Ses effets
plante ne sont pas rares et qu'ils se produi- sont à peu de chose près les mêmes que ceux
sent surtout lors d'inondations qui, ravageant du cumin, de I'ànis, du fenouil et du persil.
le sol, font prendre sa racine pour des raves
ou des racines de persil, de céleri ou Cerfeuil. Anthriscus cerefolium L.
d'acôre. On raconte même que des enfants
qui s'étaient confectionné des chalumeaux au Plante annuelle, dont la tige, striée,
moyen des tiges et qui avaient joué de ces rameuse, pubescente au-dessus des
instruments improvisés, sont morts empoi- noeuds,
sonnés. L'intoxication, due à un principe teur. peut atteindre 50 cm. de hau-
Feuilles à nervures légèrement
particulier, la phellandrine, se manifeste tout
d'abord par une sorte d'inflammation bientôt poilues, à segments courts, à lobes
suivie de vomissements et de convulsions incisés ou entiers, obtus. Fleurs blan-
violentes n'indiquant que trop une influence ches en ombelles. Fruit
directe sur la masse cérébrale et la moelle épi- disposées
nière. Le vinaigre, le camphre, tous les Vomi- linéaire, lisse, d'un noir olivâtre à
tifs, peuvent être employés comme antidotes. maturité, à bec égalant à peine la
94 Famille: Ombellifères
moitié du méricarpe et porté sur un base, glabre, anguleuse-striée, un peu
pédicelle court, raide et épais. flexueuse. Feuilles bipinnatiséquées, à
Le cerfeuil est originaire de l'Eu- circonscription oblongue: les radicales
rope méridionale et naturalisé en plu- dilatées à la base en une large gaine
sieurs endroits. Il croît de préférence blanchâtre, à segments pinnatifides ;
dans les haies, dans les vignes, dans les supérieures plus réduites. Ombel-
le voisinage des lieux cultivés et se les à rayons inégaux très redressés à
sème fréquemment pour l'usage do- la maturité. Involucre le plus souvent
mestique. Il fleurit nui; involucelle nul
de mai en juin, mû- ou presque nul.
rit en août-septem- Le carvi croît
bre. Son odeur et dans les prés secs,
sa saveur sont tou- les pâturages, les
tes deux aromati- prairies montueu-
ques, agréables. ses; on le cultive
en Saxe et il abon-
Emploi. Le cerfeuil
est avant tout un con- de dans une grande
diment et un aliment, partie de la Fran-
non seulement pour ce, surtout dans la
l'homme, mais encore
pour les volatiles, car région montagneu-
les jeunes oies, les ca- se. Il fleurit de mai
nards, les oiseaux en en juillet, mûrit de
général, le recherchent juillet en août.
avec avidité. Il fut l'une
des bases du suc d'her- On en récolte les
bes et fait encore par- fruits et quelquefois
tie du fameux bouillon aussi la racine. Les
aux herbes qu'il est d'u- ont une
sage de prendre après premiers
tout purgatif dans les odeur aromatique
campagnes (feuilles très prononcée et
d'oseille 125,feuilles de une saveur analo-
laitue 60, feuilles de
poirée 30, eau 1250, gue, quelque peu
sel de cuisine 20, beur- piquante.
re frais 20). On le re- Emploi. Les graines
commande en cataplas- de carvi faisaient déjà
me à appliquer sur les
seins pour arrêter la partie des quatre se-
mences chaudes majeu-
sécrétion mammaire; res de l'ancienne phar-
on l'a préconisé ja-
dis en décoction dans macopée (anis, fenouil,
du vin pour distiller coriandre, carvi) et el-
les calculs de la vessie les figurent encore au
et faciliter l'écoulement Cerfeuil.AnthriscuscerefoliumL. Codex d'aujourd'hui.
en suc rele- a. Feuille.6. Ombelleflorifère,c. Fleur,grossie. Elles sont stomachi-
menstruel, d. Fruit,e. Couped'unméricarpe. ques, stimulantes, aro-
vé de marrube contre
la jaunisse, en électuaire contre la toux, en et servent à la matiques, diurétiques
bouillons contre les flatulences. Nous ajoute- tile connue souspréparation d'une huile vola-
rons que l'on se trouve bien, dans les affec- le nom d'Oleum Carvi.
tions hémorroïdales, d'exposer la partie racine L'homme s'accomode facilement de sa
malade aux vapeurs d'une décoction de rave. Les qui se mange comme celle du céleri-
cerfeuil. graines, dans les pays du Nord,
se mêlent au pain, au fromage, à la charcu-
terie, qu'elles aromatisent et rendent d'une
PI. XLIX. Fig. I. Carvi. Carum carvi digestion plus facile. Les distillateurs les in-
corporent aux eaux-de-vie de grains et à
L. Carvi commun. Cumin des prés. maintes liqueurs de table pour leur donner
Plante bisannuelle à racine fibreuse une saveur plus piquante en même
très temps
et fusiforme. Tige rameuse qu'un parfum agréable.
dès la L'infusion de carvi (2-4gr. de graines
par
2 a, b, c. Ciguë
Conium maculatum L.

3. Petite ciguë. 1 a, b, c. Persil.


Aethusa cynopium L. Petroselinum
(Voir PI. 52.) sativum Hoffm.
Famille: Ombellifères 95
litre d'eau) est utilisée contre les coliques, entre dans la fabrication de la plupart des
pour augmenter la sécrétion mammaire et eaux dentifrices et de nombre de liqueurs
faciliter l'écoulement menstruel. de table : anisette, vespétro, absinthe, etc.
L'huile de carvi est fluide, incolore ou Elles font partie des espècespurgatives (feuille
légèrement jaunâtre. Elle s'obtient par la de séné 4 parties, fleur de sureau 3, anis
distillation des graines du carvi et se pres- vert 1, fenouil 1, sel de seignette 1), des
crit à la dose de 3-I0 gouttes à l'intérieur, espècesdiurétiques de la pharmacopée mo-
contre l'inappétence et les crampes d'esto- derne, de l'esprit d'ammoniaque anisé et ser-
mac. A l'extérieur, elle sert de liniment. vent à la préparation d'une huile volatile
Les anciens herboristes reconnaissent au connue sous le nom d'Oleum Anisi. Cette
carvi des propriétés digestives, carminatives, dernière est incolore ou légèrement jaunâtre,
aromatiques, diurétiques, et, comme le curé très réfringente, stimulante, tonique, antispas-
Kneipp, en font un succédané de l'anis. Ils modique et carminative. Elle se prend à la
l'emploient en outre, mouillé de vin Chaud, dose de 4-7gouttes sur un morceau de sucre,
en cataplasmes contre les maux d'oreilles et remplaçant ainsi l'infusion théiforme des
le mal de dents. graines (8-16gr. dans un litre-d'eau) ingérée
Qu'il nous soit permis d'indiquer ici deux dans le même but. On la mélange avec 10
remèdes préconisés çà et là par les sages- parties de graissé pour en faire une pom-
femmes. Le premier tend à prévenir et à made contre les poux et on l'utilise, en lini-
combattre le rachitisme infantile et consiste, ment en l'additionnant de 20-50 parties d'hui-
à frictionner soir et matin la poitrine et les le d'olives ou de lin.
flancs du patient avec un mélange d'huile de D'après les anciens herboristes, l'anis net-
carvi, d'huile de serpolet et d'huile de camo- toie, réchauffe, tonifie les intestins. Pris dans
mille. Le second — qui ne doit dans tous les de l'eau ou en vin, utilisé en compresses ou
cas être pratiqué que par une personne tout en cataplasmes, il fait disparaître les bal-
à fait saine — consiste à. mâchonner une lonnements et les flatulences du tube diges-
cuillerée à café de graines de carvi et à tif, les mucosités des bronches, du foie et
insuffler l'haleine ainsi aromatisée aux petits de la matrice, les fleurs blanches, les affec-
enfants atteints de convulsions. tions goutteuses et rend ainsi service aux
catarrheux, aux asthmatiques, aux hydropi-
PI. XLIX. Fig. 2. Anis. Pimpinella ani- ques, aux goutteux, ainsi qu'aux personnes
sum L. Anis.vert. affligées d'une haleine fétide. Il ouvre, en
L'anis est originaire d'Orient. On outre, les canaux lactifères des nourrices et
n'est pas sans efficacité sur les femmes en
le cultive dans les contrées méridio- mal d'enfant. Mais n'allons pas plus loin
nales, en France surtout, ainsi qu'en dans ce domaine et donnons plutôt, pour
Thuringe et dans le voisinage de Mag- terminer, une recette assez facile pour pré-
C'est une plante annuelle parer soi-même la liqueur alcoolique connue
debourg. sous le nom d'anisette.
dont les feuilles inférieures, 3-foliolées, Pour la préparer, on dissout dans 1150
sont' à segments cunéiformes incisés, gr. d'alcool: 3 gr. d'essence de badiane, 1/2gr.
dont les feuilles radicales sont ordi- d'essence de néroli, 1/2gr. d'essence de biga-
nairement réduites au segment termi- rade, 1/2 gr. d'essence de cannelle, 1 gr.
d'essence d'anis, 1 gr. d'essence de muscade,
nal et dont les grandes ombelles blan- r gr. de teinture de vanille; on filtre; on
ches donnent naissance, en août, à des ajoute 3500 gr. de sirop de sucre et... Fani-
fruits ovales, pubescents, sette est faite.
grisâtres,
sillonnés de côtes plus claires et lisses.
L'anis fleurit de juin eh août. Ses PI. L. Fig. I. Pimpinella magna L.
graines ont une odeur fortement aro- Boucage. Grande pimprenelle.
matique et une saveur agréable, très Plante à longue racine vivace; à
aromatique, légèrement douceâtre. tige anguleuse-sillonnée; à feuilles pin-
Emploi. L'anis vert, qui faisait autrefois natiséquées d'un vert sombre luisant,
partie des quatre graines chaudes majeures assez grandes, variables, à segments
des anciens apothicaires, se trouve aujour- ovales ou ovales-lancéolés,
d'hui dans les pharmacies sous le nom de dentés, à
Fructus Anisi. C'est un carminatif, un stimu- dents mûcronées; segments inférieurs
lant, un antispasmodique, un aromate, un pétioles, le supérieur ordinairement
diurétique, et, dit-on, un vermifuge (enfants), trilobé; feuilles supérieures à segments
un emménagogue et un lactifère.
Les graines d'anis servent souvent à aro- plus étroits. Fleurs blanches disposées
matiser certaines préparations pharmaceuti- en ombelles penchées avant la florai-
ques, et leur essence, plus parfumée encore, son, à rayons plus ou moins nombreux
96 Famille: Ombellifères
con-
et presque égaux. Involucre et invo- âge. Elle passe encore, dans quelques
trées, pour ouvrir. les vaisseaux lactifères et
lucelle nuls, favoriser l'écoulement menstruel.
La grande pimprenelle est très com- Les anciens herboristes en font une. pa-
mune dans les prairies montagneuses nacée. Ils la prennent en poudre, en infu-
sèches ou humides de l'Europe où sion, en électuaire, en décoction dans sortes
l'eau,
en vin, pilée, distillée, contre toutes
elle fleurit de juin en août. de maux dont les moindres sont les flatu-
lences de l'appareil digestif, les embarras
de matrice, les calculs de la vessie et des
PI. L. Fig. 2. Pimpinella saxifraga L. reins, les contusions, les blessures, les réten-
Petit boucage. Petit persil de bouc. tions d'urine, les affections des organes de
la vue, les crampes musculaires. Et ils ajou-
Plante vivace à longue racine d'un tent que le boucage est emménagogue et
mères
qu'il est surtout lactifère, puisque lesforcées
jaune brunâtre à l'extérieur, à tige cy-
lindrique finement striée. Feuilles dis- qui en portent sur le sein se voient
les infé- de l'enlever au bout de 6 heures déjà, tel-
semblables, pinnatiséquées; lement la sécrétion mammaire, dans ce laps
rieures à segments suborbiculaires, de temps, s'est faite puissante et débordante.
ovales ou oblongs, dentés ou incisés;
les caulin'aires à segments plus étroits, Anetbum graveolens L. Aneth puant.
incisés; les supérieures a segments Fenouil bâtard.
linéaires ou souvent réduites au pétiole Plante annuelle dont la racine pivo-
élargi. Fleurs blanches portées sur des tante et grêle, donne naissance à une
pédoncules glabres et disposées en
tige solitaire d'environ 80 cm., glabre,
ombelles à rayons plus ou moins
nombreux. glauque, fistuleuse, plus ou moins
rameuse et finement striée de vert
Le petit boucage affectionne le bord et de blanc. Feuilles décomposées en
des chemins, les collines et les pâtu- lanières fines, capillaires. Fleurs d'un
rages secs où il fleurit de juin en
octobre. jaune doré, grandes, disposées en om-
belles très amples de 20-35 rayons et
On récolte les racines des deux bou- une odeur forte et désa-
dégageant
cages au printemps ou dans les der-
niers jours d'automne. Elles ont une gréable. Fruit brun, ovale-orbiculaire,
odeur aromatique très particulière et garni d'un rebord blanc.
une saveur d'abord Originaire d'Orient, Taneth est fré-
aromatique, puis
acre et brûlante. quemment cultivé chez nous et souvent
subspontané dans les vignes, au bord
Emploi. La racine de boucage sert sou- des chemins ou parmi les céréales
vent de masticatoire dans les cas de para- de l'Europe méridionale. Son aspect
lysie de la langue, de gargarisme dans l'en- extérieur est celui du fenouil dont il
rouement et les affections de la gorge en se distingue par la nature de son fruit.
général, et même d'électuaire dentaire. Elle
jouit de propriétés émollientes, stimulantes, Il fleurit de juin en septembre.
sudorifiques, pectorales, favorise la digestion
et débarrasse les bronches des glaires et des Emploi. L'aneth jouit de propriétés ana-
mucosités qu'elles renferment. On la trouve logues à celles du carvi et du fenouil. Ses
dans toutes les pharmacies sous, le nom de -graines sont carminatives et stimulantes à
Radix Pimpinelloeet elle sert à la préparation. la dose-de 4-8 gr. pour un litre d'eau. Les,
d'un extrait (Extractum Pimpinelloe)et d'une anciens herboristes disent que ses fruits bu
teinture (Tinctura Pimpinelloe).Cette derniè- ses sommités fleuries, cuits dans du vin ou
re se prépare avec une partie de racine pul- dans de l'eau, facilitent singulièrement la
vérisée et 5 parties d'alcool à 8 °/°; c'est un" Sécrétion mammaire, chassent les flatuosités
remède estimé qui se prend à la dose de de l'estomac ou des intestins, règlent les
20-40 gouttes sur du sucre contre l'enroue- selles, favorisent la digestion et l'écoulement
ment, les angines et les affections catarrhales de l'urine. Ils le mêlent à l'huile d'olives
à leur début. pour l'utiliser en cataplasme résolvant sur
La racine de boucage faisait partie de la les tumeurs et donnent aux femmes sujettes
fameuse Thériaque: c'est dire qu'elle a joué aux douleurs de matrice le conseil d'expo-
un grand rôle comme remède prophylactique ser la partie souffrante à la vapeur d'une
lors des épidémies pestilentielles du moyen- décoction d'aneth dans de l'eau.
48

1 a, b, c, d, e, f. Ciguë aquatique,
Cicuta virosa L. à
Famille: Ombellifères 97
PI. Ll. Fig. 1. Fenouil. Anethum foeni- Les graines étaient autrefois partie cons-
culum L. Foeniculum officinale Allioni. tituante des quatre graines chaudes majeures
(anis, carvi, coriandre, fenouil) de l'ancienne
Le fenouil est une plante vivace pharmacopée et les racines figuraient, avec
dont la racine, pivotante et épaisse, celles de persil, de petit houx, d'ache et
émet, plusieurs de la hauteur d'asperge, parmi les cinq racines apéritives
tiges majeures.
d'un homme, robustes, glabres, striées, D'une manière générale, le fenouil jouit
fistuleuses. Ces tiges portent des feuil- des mêmes propriétés que l'anis. C'est un
les dun bleu carmmatif, un
ca- stimulant, un aro-
verdâtre, mate, un stoma-
naliculées en chique, et, pré-
dessous, et dé- tend-on, un lac-
composées en tifère et un em-
liné- ménagogue. Ses
segments graines figurent
aires, filifor- au Codex sous
mes, très al- le nom de Fruc-
Fleurs tus Foeniculi.El-
longés. les servent à la
jaunes, en om- préparation d'u-
belles très am- ne eau de fenouil
ples, à pétales (Aqua Foeniculi),
d'une huile vola-
entiers, ar-
tile de fenouil
rondis, enrou- (OleumFoeniculi),
lés en dedans d'une teinture de
et tronqués. fenouil compo-
Fruit sée (Tinctura
pres- Foeniculi compta-
que cylindri- sita). Elles font
que, formé de partie des espè-
deux carpelles ces purgatives
à cinq côtes. ( Species taxan-
Le fenouil tes), des espèces
est indigène pectorales (Spe-
cies pectorales),
de l'Europe du sirop de
méridionale. manne (Sirupus
On le rencon- Mannoecomposi-
tre dans les tus), de l'élixir
dans pectoral (Elixir
vignes, pectorale: suc de
les carrières, réglisse purifié
sur les colli- 2 parties, eau
nes et dans de fenouil 6, es-
Aneth puant. AnethumgraveolensL. prit d'ammonia-
les jardins. Il a. Partiesupérieured'uneplanteen floraison, b.Fleurgrossie. que anisé 2),dont
fleurit de juil- c.Pistilgrossi,d. Coupetransversaledufruitgrossi. le nom indique
let en octobre, suffisamment
mûrit en septembre-octobre. Ses grai- 1emploi.
d'anis et Le curé Kneipp s'étend assez longuement
nes ont une odeur agréable sur les mérites du fenouil.
une saveur analogue. Les graines de fenouil, dit-il, ne doivent
Emploi. Dans le S-E. et le midi de la faire défaut dans aucune pharmacie de fa-
France, on attribue aux tiges et aux feuilles mille, parce que le mal qu'elles soulagent
la propriété de faire produire beaucoup de survient très fréquemment: je veux parler
lait aux vaches et aux brebis et l'on prétend des coliques venteuses et des spasmes. Sans
que les lapins nourris de. fenouil ont une retard la mère de famille fait cuire, pendant
chair exquise. Les graines sont recueillies 510 minutes, une cuillerée de fenouil dans
un peu avant la maturité pour les faire en- une tasse de lait et donne au malade la po-
trer dans la composition du ratafia et il est tion aussi chaude possible: la réaction est
peu de liqueurs de table ou de vins stoma- habituellement rapide et excellente; la cha-
leur s'etend vite par tout le corps, calmant
chiques qui n'en renferment.
Famille : Ombellifères
les spasmes et faisant cesser les coliques. ont une odeur particulière, forte, dés-
La poudre de fenouil, semée sur les aliments, agréable, et une saveur acre, repous-
chasse les flatulences, les gaz de l'estomac sante.
et des régions inférieures. Ceux qui ont mal
aux yeux savent que le fenouil donne une Emploi. L'ancienne pharmacopée wurtem-
bonne eau ophtalmique: on fait une décoc- bergeoise préconisait les graines comme
tion d'une demi-cuillerée de fenouil en pou- exulcérantes à l'extérieur, et, à l'intérieur,
dre et on s'en lave journellement trois fois comme remède efficace contre la phtisie à
les yeux. Les vapeurs de fenouil, dirigées ses débuts et la fièvre intermittente. Gmelin
sur les yeux, ont une action plus dépurative ajoute quelque part que la phellandrie est
et plus fortifiante encore. un spécifique contre la morve et les blessu-
Ecoutons maintenant les anciens herbo- res extérieures des chevaux, et Lange la
ristes: le fenouil favorise la digestion, active recommande, à la dose d'une cuillerée pleine
la sécrétion mammaire, chasse vents et fla- de poudre sur du pain ou du beurre non
tuosités; il excelle, en vin, pour combattre salé, contre toutes les blessures fraîches ou
les affections des reins et de la vessie, les anciennes, contre les contusions, les fractu-
calculs, les rétentions d'urine, les embarras res, les ulcères, les abcès, les affections can-
du foie et de la rate, les menstrues rebelles; céreuses, les crachements de sang, la phtisie,
ses graines pilées sont mêlées avec avan- l'asthme, les maux de matrice, le scorbut, la
tage au lait des petits enfants privés du sein fièvre intermittente, les flatuosités, les her-
maternel, et les hydropiques, les sujets at- nies inguinales. C'est prétendre beaucoup.
teints de spasmes ou de convulsions ou de Nous devons toutefois à la vérité d'ajou-
crampes, se trouveront bien d'une décoction ter que les fruits sont encore utilisés dans
de racine de fenouil dans du vin. Le suc les campagnes pour combattre la toux et la
de fenouil, la salive de fenouil, l'haleine phtisie à ses débuts (0,5-2 gr. en infusion),
aromatisée au fenouil, sont autant de remèdes ainsi que le goitre des chevaux (20-40gr.)
ophtalmiques, et la racine, ramollie dans du
vin bouillant, est un cataplasme excellent à
appliquer sur les abcès des seins. PI. LII. Fig. I. Ethuse vénéneuse. Ae-
Ajoutons qu'une variété de fenouil, dite thusa cynapium L. Petite ciguë. Ciguë
fenouil doux, est cultivée surtout en Italie des chiens. Ciguë des jardins. Faux
comme plante potagère. On en fait blanchir
les tiges en fosse, en les buttant ou en les persil.
couvrant de litière, et on les mange, soit Plante annuelle finement striée, plus
crues comme les artichauts à la poivrade, ou moins rameuse et très variable
soit cuites et accommodées à la manière du dans ses caractères. Feuilles d'un
céleri, du cardon. vert foncé et luisant en dessus, bi-
PI. LI. Fig. 2. Phellandrie. Phellandrium tripinnatiséquées, à segments ovales-
aquaticum L. Oenanthe phellandrium La- lancéolés, rhomboïdaux ou triangulai-
mark. Fenouil d'eau. Ciguë aquatique. res, profondément incisés-lobés; les
Racine bisannuelle, fusiforme, sou- supérieures bipinnatiséquées, attei-
vent stolonifère. Tige épaisse, très gnant ou dépassant quelquefois les
renflée vers le bas, fistuleuse, striée, ombelles. Fleurs blanches à pétales
très rameuse et donnant naissance, obovales, échancrés, avec une languet-
aux noeuds inférieurs, à des verticilles te infléchie. Involucelles ordinainement
de fibres. Feuilles très amples, bi-tri- à 3 folioles linéaires-subulées, plus
pinnatiséquées, à segments divariqués, longues que l'ombellule et déjetées
ovales, très petits, incisés; les infé- en dehors d'un seul côté.
rieures submergées, divisées en seg- La petite ciguë croît comme mau-
ments capillaires multifides. Ombelles vaise herbe d'environ 60 cm. de hau-
plus ou moins brièvement pédonculées, teur dans les lieux cultivés, dans les
à 6-10 rayons. Ombellules à fleurs jardins et sur les décombres. Sa taille
toutes pédicellées. Fruits à côtes, pé- se réduit considérablement quand elle
dicellés, ovales-oblongs. pousse parmi les céréales, ce qui ne
La ciguë aquatique croît dans les l'empêche nullement d'arriver à flo-'
mares, dans les fossés et : dans les raison et même de donner des grai-
marécages où elle, atteint 0,6-1,2 m. nes. Ses feuilles, écrasées entre les
de hauteur. Elle fleurit en juillet-août doigts, répandent une odeur nauséeu-
et mûrit en septembre. Ses graines se désagréable.
49

La, b, c, d, e, f. Carvi 2 a, b, c, d. Anis.


Carum carvi L. Pimpinella anisum L.
Famille:. Ombellifères 99
Danger. Si nous mentionnons ici la petite juin en août. On récolte ses graines
ciguë, plante vénéneuse dont on aura soin en août, la partie aérienne pendant la
de se garder, c'est plutôt pour la différencier
un peu mieux du persil et du cerfeuil avec floraison et sa racine en automne.
lesquels on la confond souvent. N'oublions Toute la plante a une odeur forte-
donc pas: que tous les plants de petite ciguë ment aromatique qui s'accentue encore
fleurissent puisqu'ils sont annuels; que les
trois, folioles linéaires des involucelles sont quand on la froisse entre les doigts.
déjetées en dehors d'un seul côté; que les Emploi. La racine (Radix Mei) était autre-
feuilles sont étroites et d'un vert pâle luisant fois offic. à cause de ses propriétés stimu-
en dessous; que son odeur est désagréable. lantes et carminatives. Elle faisait même par-
Ahles dit que les empoisonnements dus tie de la Tliériaque, le fameux médicament
à la petite ciguë, et le plus généralement à aux 71 drogues, inventé, dit-on, par Mithri-
ses racines, étaient date, et considéré
autrefois beaucoup longtemps comme
plus fréquents souverain contre les
qu'aujourd'hui. morsures des ani-
Hochstetter ajou- maux venimeux.
te que toutes les A en croire les
parties de la plante anciens herboristes,
ont des propriétés la décoction de ra-
stupéfiantes pou- cine dans du vin
vant causer des dé- jouissait de proprié-
sordres graves dans tés éminemment
l'organisme et mê- diurétiques et Car-,
me la mort, et Gme- minatives qui la
lin la compare vo- rendraient recom-
lontiers, dans ses mandable contre les
effets, à la ciguë ta- flatulences, les gar-
chetée dont nous gouillements intesti-
connaissonsles pro- naux et les embar-
priétés meurtrières. ras de matrice. Les
vapeurs de meum
PI. LII. Fig. 2. ou les bains de ra-
Meum athamante. cine de meum au-
raient des effets em-
Athamanta meum ménagogues mar-
L. Meum athaman- quants, et on aide-
ticum Jacquin. rait fort aux enfants
Baudremoine. Fe- qui urinent avec
peine en leur appli-
nouil des Alpes. quant chaud, sur la
Racine vivace, vessie, un cataplas-
couverte à la me fait de racine
base par les ner- Athamantede Crête. Athamantacretensis L. de meum, de vin
a. Plante r
entière, éduite,
b .Fleur vuede c
dessus, .Fruit. blanc et d'huile d'o-
vures persistan- d. Couped'unméricarpe. lives.
tes des feuilles
anciennes desséchées, fusiforme, char- Athamante de Crête. Athamanta cre-
nue, blanche à l'intérieur, brune ex- tensis L.
térieurement. Tiges striées, dressées, C'est une plante blanchâtre à souche
glabres, presque nues et peu ra- épaisse, vivace, noueuse, rugueuse et
meuses au sommet. Feuilles presque brune. Ses tiges sont ordinairement
toutes radicales, à segments très fins, velues, dressées, cylindriques, striées;
capillaires, mucronés; segments secon- ses feuilles sont tripinnatiséquées, à
daires sessiles, d'apparence verticillée. segments très menus, linéaires-acumi-
Fleurs d'un blanc jaunâtre en ombel- nés, hérissés-velus, et ses fleurs blan-
les de 6-12 rayons très inégaux après ches sont disposées en ombelles de
la fructification. Involucre nul ou à 6-12 rayons environ. Involucre à 3-5
1-2 folioles. Fruit allongé à cinq côtes. folioles linéaires; involucelle à 5-7
Le meum croît sur les pâturages folioles oblongues-lancéolées, cuspi-
montagneux et alpins où il fleurit de dées et largement membraneuses sur
Famille: Ombellifères

les bords. Fruits hérissés de poils éta- ordinairement trifides, à bords denti-
lés, oblongs et garnis de côtes. culés-scabres, à nervures transparen-
L'athamante ne prospère que sur les tes; feuilles supérieures réduites à
rochers calcaires (Ile de Crête, Alpes, quelques segments ou au pétiole en-
Jura). Elle fleurit en juillet-août et
gainant; ombelles d'un jaune verdâtre;
possède une odeur et une saveur très involucre nul ou à 1-2 folioles; invo-
aromatiques. lucelles à plusieurs folioles linéaires
Emploi. Elle faisait autrefois partie de la bordées de blanc; fruits oblongs, aro-
Thériaque: Gmelin prétend que ses graines matiques, à côtes saillantes quelque
sont sudorifiques, diurétiques, carminatives,
emménagogues, et Mathiolus la préconise peu ailées... tel est, dans ses grandes

Silaus des prés. Silaus pratensis Besser.


a. Partieinférieure
de la planteavecfeuilleradicale,b. Partiesupérieure
de la plante.
c. Fleurvuede dessus,d. Fruit,e. Couped'unméricarpe.
contre les vieux rhumes, les gargouillements le cliché du botaniste.
intestinaux, les flatulences et le venin des lignes,
araignées. Le fenouil des chevaux croît de pré-
férence dans les prairies humides des
Silaus des prés. Silaus pratensis Bes-
ser. Peucedanum Silaus L. Fenouil des let régions inférieures où il fleurit de juil-
en septembre.
chevaux. Brise-pierre. Seseli selinoïdes
Emploi. Gmelin nous apprend que le silaus
Jacq. se trouvait autrefois dans les pharmacies,
Racine vivace, simple, charnue, mu- qu'on l'administrait alors pour briser la pier-
nie d'une touffe de filaments; tiges de re dans la vessie, mais que le bétail en
cm. de faisait fi.
60-90 hauteur, anguleuses,
striées, glabres, rameuses; feuilles in- Oenanthe fistuleuse. Oenanthe fistulosa
férieures tri-quadripennatiséquées, à L. Rue des eaux.
segments linéaires-lancéolés, les laté- C'est une plante aquatique très vé-
raux entiers ou bipartits, les terminaux néneuse dont les fibres radicales sont
50

1 a, b, c. Grande pimprenelle
2 a, b. Petit boucage.
Pimpinella magna L.
Pimpinella saxifraga L.
Famille : Ombellifères
souvent épaissies. Ses tiges atteignent terminées en pointe cartilagineuse;
de 30-90 cm. de hauteur; elles sont feuilles supérieures très réduites et à
glabres, fistuleuses, striées, peu feuil- pétioles largement dilatés en une gai-,
lées, ordinairement rameuses et d'un ne ventrue membraneuse. Fleurs blan-
vert glauque. Ses feuilles radicales et ches. Ombelles très amples, à rayons
inférieures sont bi-tripinnatiséquées, nombreux, et pubescents. Fruit assez
longuement pétiolées, à segments pe- grand, aplati, ailé.
tits et linéaires; les caulinaires sont L'angélique sauvage croît au bord
simplement pinnatiséquées, à pétiole des fossés, dans les prés humides et
fistuleux. Les fleurs sont blanches, dis- les marais où elle fleurit en juillet-
posées en ombelles longuement pédon- août. Ses racines, que l'on creuse au
culées formées d'ombellules fructifères printemps, ont une odeur et une sa-
et d'ombellules stériles. Les premières veur aromatiques.
donnent naissance Emploi. Bien que
la pharmacopée ac-
à un fruit à côtes tuelle ait rayé le Ra-
épaissies, ayant un dix Angelicoe Silves-
peu l'aspect d'une tris du Codex,Kneipp
n'en recommande pas
toupille aplatie qui moins la racine d'an-
surgirait du milieu gélique sauvage à
des cinq sépales cause de ses proprié-
recourbés en cro- tés stimulantes, dépu-
chets. ratives et réchauffan-
tes. «Une tisane pré-
La rue des eaux
parée avec les raci-
croît au bord des nes, les graines et
fossés, des marais les feuilles de cette
et des étangs de plante, est un excel-
lent remède, dit -il,
toute l'Europe. contre les aliments
Elle fleurit en malsains et plus ou
juin-juillet. Sa ra- moins empoisonnés
cine a une saveur qu'on aurait absorbés.
acre qui répugne, Une tasse de thé
d'angélique vous ré-
mais ses graines chauffe tout en pur-
sont plutôt aro- geant le sang des élé-
matiques. ments mauvais.
Quand l'estomac
Dangers. La rue et les intestins ren-
des eaux — surtout ferment des éléments
sa racine — est une Rue des eaux. Oenanthefistulosa. morbides, ou lorsque
a. Partieinférieure.6.Partie:supérieurede la plante. des gaz dissimulés
plante vénéneuse qui c.Feuilleradicale,d.Fleurvued'enhaut.e. Fruit.
provoque les cram- transversale d 'unméricarpe. vous occasionnent
f. Coupe des coliques, c'est en-
pes, la syncope, l'in-
conscience et la mort. Contrepoison: les core la tisane d'angélique qui vous débarras-
vomitifs. sera du mal, surtout si vous la préparez avec
un mélange d'eau et de vin.
PI. LIII. Fig. I. Angélique sauvage. Ce même thé est aussi le meilleur remè-
Angelica silvestris L. de contre les forts engorgements des pou-
Racine épaisse, bisannuelle, donnant mons, de la poitrine, des bronches, et contre
l'acrimonie de l'estomac.»
naissance à des feuilles la première
la seconde année, à une PI. LIII. Fig. 2. Archangelica officina-
année, et, lis Hoffmann. Archangélique. Archangéli-
tige d'un vert glauque, épaisse, fistu-
colorée de pourpre, aux que officinale. Angelica archangelica L.
leuse, souvent
striée-cannelée, b euil- Angélique de jardin. Racine du Saint-
noeuds, robuste,
les très grandes, bi-tripmnatiséquees, a Esprit.
ovales-lancéolés très amples, Racine pivotante assez épaisse, lai-
segments à l'exté-
dentés, à dents aiguës teuse, d'un brun rougeâtre
inégalement
Famille: Ombellifères

rieur, blanchâtre à l'intérieur. Tige de morbides, de réchauffer les organes en ac-


tivant la circulation du sang et de préserver
I m. de hauteur et plus, Cydindrique, un chacun des maladies contagieuses et pes-
épaisse, rameuse, sillonnée, fistuleuse. tilentielles: lors d'épidémies quelconques, on
Feuilles très amples, bipinnatiséquées, fera bien, pour se garder de tout danger, de
à grands subcordiformes ne sortir qu'avec une racine d'archangélique
segments sur la langue ou dans le nez. L'eau d'archan-
inégalement dentés en scie, le terminal gélique, la décoction d'archangélique, la pou-
souvent 3-lobé, les latéraux quelquefois dre d'archangélique au vin blanc font dispa-
I-lobés. Pétioles épais, fistuleux. Gai- raître les flatulences provoquées par les
nes supérieures très amples, ventrues. coups dé froid, les gargouillements du bas-
Ombelles très amples, verdâtres, à ventre, les toux opiniâtres, les rétentions
d'urine, toutes les matières et mucosités nui-
rayons très nombreux, anguleux et pu- sibles ou inutiles, et — sans doute par pur
bescents. Fruit jaune, ailé, aplati, grand. esprit de compensation — font apparaître les
L'archangélique, originaire du nord menstrues.
de l'Europe, est une plante, fréquem-
ment cultivée pour l'usage médicinal PI. LIV. Fig. I. Livèche. Levisticum
et pour ses jeunes tiges que l'on con- officinale Koch. Ache de montagne. Ligus-
fit au sucre. Elle est quelquefois sub- ticum levisticum L.
La livèche est une plante vivace à
spontanée et naturalisée, mais il est
bon de laisser à ses graines le soin racine épaisse, charnue, laiteuse, ra-
de la multiplier naturellement. meuse, blanchâtre à l'intérieur, d'une
Elle fleurit de juin en août. Ses couleur de rouille extérieurement. Elle
racines son récoltées au printemps de donne, la première année, des feuilles
la seconde année; les jeunes tiges à dressées longuement pédonculées, et,
confire, en mai-juin. La racine d'angé- la seconde année, des tiges très ra-
lique possède une odeur agréable et meuses de près de deux mètres de
forte et une saveur d'abord douceâtre, hauteur. Ses feuilles sont luisantes,
puis fortement aromatique et amère. bipinnatiséquées, à larges segments
cunéiformes profondément incises-lo-
Emploi. La racine d'angélique est stoma- bés de- forme rhomboïdale. Ses fleurs
chique, tonique, carminative et surtout sti-
mulante. Elle s'administre en infusion (15-30 sont petites, à pétales jaunes et en-
gr. pour un litre d'eau) contre les flatulences, tiers. Ses fruits sont elliptiques, garnis
la dyspepsie et les embarras des. bronches de côtes, riches en huile essentielle,
et des poumons. Elle entre dans la fabrica-
tion de nombre d'élixirs stomachiques et de - mais ils n'arrivent pas toujours à ma-
liqueurs de table, du vinaigre aromatique turité dans nos contrées.
(Acetum aromaticum), du baume de Fiora- La livèche est originaire des mon-
vanti (Spiritus balsamicus),du vin diurétique
(Vinum diureticum), etc. Ses feuilles servent tagnes de l'Europe méridionale. On
à la préparation d'un alcoolat vulnéraire. la rencontre assez fréquemment dans
Ses tiges confites sont renommées et ses les jardins de la campagne où on la
graines se retrouvent dans des imitations de cultive pour l'usage médicinal. Elle
la Chartreuse et de l'Eau de mélisse des fleurit de juin en août.
Carmes, dans les crèmes d'angélique, dans Toute la plante, mais surtout la
l'Angélique, le Vespétro, etc.
Les tiges confites peuvent être utilisées en racine, possède une odeur fortement
lieu et place dès autres préparations à base
aromatique, persistante, et une saveur
d'angélique et vous pouvez vous faire un d'abord douceâtre, désagréable et acre.
Vespétro très potable, carminatif et digestif,
en laissant macérer, pendant 8 jours, 60 gr.
de graines d'angélique, 8 gr. de graines de Emploi. La racine de livèche a été em-
ployée autrefois contre l'hydropisie, les ca-
fenouil, 8 gr. de graines.d'anis.et 6 gr. de tarrhes des bronches et des conduits urinai-
graines de coriandre dans 2 décilitres de res, les affections chroniques du coeur. Il est
bonne eau-de-vie, et en sucrant alors avec encore d'usage, dans certaines régions, d'as-
500 gr. de sucre dissous dans 1500gr, d'eau. pirer de l'eau au moyen d'une tige de livè-
Si nous en croyons les anciens hesboristes, che dans le but de se défaire des maux de
les principales vertus de l'archangélique — gorge, mais ces divers emplois tendent de
vertus appréciables s'il en fût — sont de plus en plus à disparaître.
débarrasser le corps des venins et principes Le rhizome et les racines se trouvent
1 a, b, c, d. Fenouil. 2 a, b, c, d. Fenouil d'eau.
FoeniculumofficinaleAllioni. Oenanthe phellandrium Lamarck.
Famille : Ombellifères 103
toutefois dans les pharmacies sous le nom de ne. A l'état frais, elle a une saveur
Radix Levistici. Ce sont des morceaux de
couleur gris-brun, fortement sillonnés dans amère, acre, persistante; à l'état des-
le sens de la longueur, cerclés d'anneaux séché, une odeur et une saveur très
vers l'extrémité supérieure, dont la coupe fortes et particulièrement aromatiques.
est souvent colorée en rouge-jaune par la
racine exsudée et dont l'êcorce, épaisse et Emploi. Le rhizome d'impératoire des
spongieuse, contient de nombreux réservoirs pharmacies (Rhizoma Imperatorioe) a sa sur-
oléifères brunâtres, La livèche est émolliente; face marquée d'anneaux et de tubérosités.
elle agit fortement sur le bas-ventre et les Sa coupe transversale montre un cercle
nerfs, réchauffe l'estomac et remplace sou- ligneux étroit et une moelle grande, parse-
vent l'acne des pharmaciens dont elle sem- mée, de même que l'écorce, de grands réser-
ble partager les propriétés. voirs oléifères. Son emploi est aujourd'hui
limité à l'art vétérinaire.
PI. LIV. Fig. 2. La racine, peu
usitée maintenant,
Impératoire. Im- même dans les cam-
peratoria ostru- pagnes, était con-
thium L. Benjoin sidérée comme toni-
Ostru- que, stimulante, car-
français. minative, sudorifi-
che. Otruche. Peu- que et béchique (15-
cedanum ostrti- 30 gr. par litre
thium Koch. d'eau, en, infusion).
L'ancienne phar-
Racine vivace macopée wurtem-
de la grosseur bergoise lui prêtait
du doigt, à suc en outre des vertus
noueu- diurétiques et C.
jaunâtre, Hoffmannvoyait en
se, annelée, tubé- elle un remède sou-
reuse, brune à verain contre les
l'extérieur, d'un coliques, la fièvre
quarte, l'hydropisie,
jaune verdâtre les rétentions d'uri-
intérieurement. ne, la paralysie de
Tige atteignant la langue (en mas-
souvent la hau- ticatoire) et les ac-
couchements péni-
teur d'un mètre. bles (lavement). El-
Feuilles inférieu- le constituait un
res à pétiole divi- résolvant, un émol-
sé en trois bran-, lient, un pectoral.
Sa décoction en
ches portant cha- vin était préconisée
cune une large contre les crampes,
foliole profondé- le haut mal, les
ment pinnatifide; Peucédane oréosélin. PeucedanumoreoselinumM. coups de froid, la
feuilles supérieu- a. Racine,b.Partiesinf.et sup.de la plante. pierre, la constipa-
c.Fleurdétachée,d. Fruità maturité. tion, l'hydropisie,
res très réduites, e. Couped'unméricarpe. la jaunisse, les men-
à gaine blanchâ- strues rebelles, les
tre très ample. Grandes ombelles de morsures venimeuses, les croûtes de lait,
Fruits les ecchymoses, la podagre, les plaies putri-
fleurs blanches. orbiculaires, des, etc.
jaunâtres.
L'impératoire est originaire des Peucédane oréosélin. Peucedanum
hauts monts de l'Europe méridionale. oreoselinum Moench. Athamanta oreose-
Elle croît sur les montagnes de la linum L. Cervaria oreoselinum Gaud.
Suisse et de l'Auvergne, et, ça et là, Souche vivace à rhizome épais,
dans les jardins. Elle fleurit en juin- fusiforme, couronné par les nervures
juillet. des feuilles détruites. Tige de 45-90
La racine se récolte au printemps cm., striée, rameuse. Feuilles inférieu-
ou dans les derniers jours de l'autom- res bi-tripinnatiséquées, à pétiole ge-
I04. Famille: Ombellifères

nouille à chaque articulation, à seg- s'introduit dans les cavités des dents pour
d'un beau maîtriser les rages de dents et se faufile
ments ovales-cunéiformes dans les oreilles pour calmer les maux d'icel-
vert sur les deux faces, incisés ou les; il se mélange avec l'huile d'olive et le
pinnatifides, non sessiles. Ombelles à vinaigre pour être utilisé en frictions contre
et le vertige, les étourdissements, l'épilepsie,
15-20 rayons et plus. Involucres les migraines, les céphalalgies, les crampes,
involucelles à plusieurs folioles linéai- les névrites; il se coule dans le flacon de
res-lancéolées, refléchies. Fleurs blan- senteurs des femmes sujettes aux crampes,
ches. Vallécules à une bandelette; d'utérus; il rend des services méritoires
bandelettes eommissurales arquées et dans les maux de reins et de vessie et se
formant un cercle par leur réunion. prend avec des oeufs pour combattre les ca-
tarrhes pulmonaires, l'asthme, les tranchées,
Le peucédane oréosélin croît dans la flatulence, et faciliter les accouchements!
les prés secs et sur les collines sablon-
neuses où il fleurit en juillet-août. Carotte commune. Carotte sauvage.
Toute la plante, la racine surtout, ré- Daucus carota L.
pand un arôme agréable. Racine pivotante, grêle et blanchâ-
Emploi. L'infusion de ses feuilles passait tre dans la carotte sauvage, longue-
autrefois pour dépurative, émoliiente, diuré- ment conique, grosse, charnue, ordi-
tique et pectorale. Sa racine a été vantée nairement dans la carotte
en masticatoire contre les maux de dents; jaunâtre
sa décoction dans du vin servait à combat- cultivée. Tige assez élevée, très ra-
tre les calculs, la jaunisse, les engorgements meuse, parsemée de poils rares, longs
du foie et de la rate, les flatulences, l'a myo-
et piquants. Feuilles bipinnatiséquées,
pie, et, par contre, à favoriser l'écoulement à segments pinnatifides ou incisés, à
de. l'urine et du flux mensuel. (Gmelin).
lobes oblongs-linéaires terminés en
PI. LV. Fig. I. Peucédan officinal. une longue pointe aiguë et raide. Om-
Peucedanum officinale L. belles blanches, avec une fleur pour-
Souche vivace, profonde, couron- pre au milieu — telle un oiseau dans
née par les nervures des feuilles dé- son nid — dont les 30-40 rayons se
truites. Tige striée d'environ un mètre redressent après la floraison pour
de hauteur. Feuilles grandes, longue- former une sorte de coupe. Involucres
ment pétiolées. Grandes ombelles d'un à folioles scarieuses sur la partie in-
blanc jaunâtre à rayons nombreux. férieure de leurs bords; involucelles
Involucelles à folioles linéaires. Fruit à folioles ordinairement largements
garni de côtes, lenticulaire, ailé. membraneuses sur leurs bords, éga-
Le peucédan croît dans les terrains lant ou dépassant l'ombellule. Fruit
tfiasiques supérieurs, sur les collines ovale-oblong, à soies égalant environ
sèches et calcaires où il fleurit de juin le diamètre transversal des méricarpes.
en septembre. Sa racine, qu'on récolte La carotte, cultivée, employée dans
au printemps ou dans les derniers l'alimentation de l'homme et des ani-
jours d'automne, a une odeur soufrée maux domestiques, n'est qu'un pro-
désagréable et une saveur grasse et duit de transformation de la carotte
amère. sauvage. Elle est plus rubuste, plus
Emploi. La racine de peucédan était au- grosse dans toutes ses parties, moins
trefois offic. sous le nom de Badix Peucedani, poilue cependant, et privée de la pe-
vantée qu'elle était par les médecins d'alors tite fleur au milieu des om-
pour ses propriétés émollientes, pectorales, belles. pourpre
stimulantes, diurétiques, dépuratives et em-
ménagogues... mais où sont les neiges La carotte sauvage est commune
d'antan? dans les prairies, les prés secs, sur
Les anciens herboristes utilisaient égale- les lieux incultes et au bord
ment la racine et surtout son suc. La pre- des
mière n'était guère employée qu'en poudre chemins; elle fleurit de juin en octo-
détergente ou en fomentations diaphoréti- bre, mûrit en septempre. Sa racine, la
ques, tandis que le suc était d'un usage carotte, possède une odeur et une
beaucoup plus fréquent. Qu'on en juge. Il saveur particulières, un peu
fortes, nul-
52

2 a, b, c, d. Baudremoine.
1 a, b, c, d, e. Ciguë des jardins. Meum athamanticum Jacquin.
Aethusa cynapium L.
Famille: Ombellifères 105
lement désagréables, qui se retrouvent, et les trouvent en tous points préférables à
atténuées, dans la carotte cultivée. ces derniers.
Les anciens herboristes lui reconnaissaient
Emploi. La carotte cultivée est avant tout des propriétés émollientes, diurétiques, pec-
une plante alimentaire. Ses fruits (Semen torales et très, très légèrement emménago-
Dauci silvestris) ont fait partie des quatre se- gues. Elle est utile, dit l'un d'eux, contre les
menceschaudes mineures de l'ancienne phar- «morsures et piqûres de bestes venimeuses
macopée et on leur accorde des propriétés et l'on prétend que les venins et poisons ne
stimulantes, diurétiques et carminatives qui pourraient nuire à ceux qui, devant, auroyent

Carotte commune.Daucuscarota L.
a. Racinede la carottecultivéeD.c. BsativaL. b. Partiede la tigeet feuille,
c.Ombelles florifères d. Fleurgrossie,e.Fruitgrossi.
et fructifères,
les font encore usiter dans les campagnes. mangé de cette graine».
Sa pulpe sert à la préparation d'un sirop et
d'une confiture réputés pectoraux, et elle PI. LV. Fig. 2. Coriandre. Coriandrum
peut très bien faire fonction de cataplasme. sativum L. Herbe aux punaises.
Sa racine se découpe en rondelles que l'on de l'Asie centrale et de
fait sécher au four pour les employer ensuite Originaire
à colorer les bouillons; c'est d'ailleurs un ali- l'Europe méridionale (Italie), fréquem-
ment sain, légèrement purgatif, dépuratif, ment cultivée (Thuringe) pour ses
diurétique et, dit-on, vermifuge. Il n'est pas graines aromatiques, la coriandre est
jusqu'aux feuilles qui ne trouvent leur utilité: une plante à odeur fétide, dont la tige,
Zwierlein, Brukmann, d'autres encore, les finement striée, glabre, rameuse
accommodent à la façon des épinards après supé-
les avoir fait bouillir longtemps dans l'eau rieurement, peut atteindre un mètre
7
106 Famille: Ombellifères, Ericinées

de hauteur. Ses feuilles inférieures deux pores; elles sont petites, réunies
sont pinnatiséquées, à segments sub- en ombelles terminales, et donnent
orbiculaires, incisés-lobés; les feuilles naissance à des fruits en capsule à
caulinaires sont bipinnatiséquées, à déhiscence septicide.
segments linéaires entiers ou lobés. Le romarin sauvage se trouve dans
Ombelles blanches à 3-6 rayons. Fruits les Alpes, dans les terrains tourbeux
aromatiques, globuleux, grisâtres, dont et les marécages où il fleurit d'avril
l'odeur agréable passe pour donner le en juillet. Il a une odeur forte rap-
vertige. pelant la térébenthine et une saveur
La coriandre fleurit de juin en août amère, aromatique, chaude, qui fait
et mûrit en août-septembre, époque involontairement songer au camphre.
à laquelle on récolte ses graines. Fraî- On en récolte les extrémités fleuries
che, elle a une odeur qui rappelle celle au commencement de mai.
de la punaise.
Emploi. Les feuilles du lédon des marais
Emploi. Les fruits, SemenCoriandri d'au- étaient autrefois offic. sous le nom de Herba
trefois, sont carminatifs et jouissent des pro- Rosmarini silvestris s. Ledi palustris. On les
priétés stimulantes et stomachiques de la utilisait en infusion contre la gale et les
plupart des ombellifères. Les médecins d'au- rhumes de poitrine, en décoction contre les
fois les tenaient pour suspects et ne les utili- poux et les punaises, en teinture contre les
saient que macérés à l'avance dans le vinaigre. piqûres d'insectes. C'est assez dire qu'on les
On les emploie en tisane à la dose de 10 réputait vénéneuses.
gr. par litre d'eau, en ayant soin, pour éviter La médication homéopathique emploie le
les maux de tête, de n'utiliser que des grai- lédon contre les noeuds articulaires, les dar-
nes bien mûres. tres sèches ou pruriteuses, les tumeurs ma-
D'aucuns, parmi les herboristes, préten- lignes, les éruptions, les crachements de
dent que la coriandre, macérée pendant une sang, et l'industrie en a tiré parti en le dis-
nuit dans du bon vin ou du vinaigre et tillant, avec l'êcorce de bouleau, de manière
séchée, constitue un excellent stomachique, à en retirer une huile aromatique servant à
qu'elle donne une haleine agréablement parfu- parfumer le cuir de Russie.
mée, empêche les flux de sang vers la tête et Le lédon, ainsi que son cousin à larges
tue les vers. D'autres en font une huile contre feuilles connu sous le nom de thé de Labra-
la podagre, l'utilisent en poudre hémostatique dor (Ledum latifolium), sont tous deux cul-
ou la broyent dans de l'huile d'olive avec tivés dans les jardins comme plantes d'or-
de la farine de vesces pour en faire des ca- nement.
taplasmes à appliquer sur les plaies enflam-
mées et les tumeurs.
PI. LVI. Fig. 2. Myrtille. Vaccinium
myrtillus L. Airelle. Ambroche. Ambre-
Famille des selle. Brinbelle. Bimbrelle. Lucet. Myrtil.
Ericinées C'est un coquet petit arbrisseau qui
croît parmi les bruyères des bois
PI. LVI. Fig. I. Lédon des marais. montueux et qui forme parfois, sur-
Ledum palustre L Romarin sauvage. tout dans les forêts de sapins, des
Romarin de Bohême.
tapis d'assez grandes étendues. Ses
Le lédon des marais est un arbris- tiges sont anguleuses, hautes de 4-7
seau de près d'un mètre de hauteur décimètres et garnies de petites feuil-
dont les jeunes rameaux sont coton- les d'un vert pâle, ovales, glabres,
neux et couleur de rouille, et dont finement dentées. Ses fleurs sont glo-
les feuilles, toujours vertes, ont les buleuses, d'un blanc verdâtre ou ro-
bords roulés en dessous et la face in- sées, solitaires à l'extrémité d'un pé-
férieure garnie d'un duvet cotonneux doncule axillaire recourbé. Son fruit
couleur de rouille. Ses fleurs com- est une baie noirâtre couverte d'une
prennent un calice à 5 dents, une co- poussière glauque; il a une saveur
rolle à 5 pétales blancs ou roses et acidulé et agréable et il porte, vers
un androcée de 5-10 étamines dont le sommet, une sorte d'échancrure
les anthères s'ouvrent au sommet par circulaire.
53

2 a b, c Archangèlique.
sauvage. Hoffm.
a, b, c. Angélique Archangelica officinalis
silvestris L.
Angelica
Famille: Ericinées 107
Le myrtil fleurit d'avril en juin et PI. LVI. Fig. 3. Myrtille ponctuée.
mûrit de juin en septembre. La ré- Airelle rouge. Vaccinium vitis Idae L.
colte des baies se fait en grand dans C'est un petit arbrisseau à écorce
certaines régions (juillet-août).
grisâtre et pubescente, à souche ram-
pante et à tiges cylindriques, qui croît
Emploi. Les myrtilles crues sont comes- parmi les bruyères et dans les tour-
tibles et, bien qu'elles noircissent abomina-
blement les dents et les lèvres, très appré- bières des régions montagneuses. Ses
ciées des enfants et des grandes personnes feuilles, d'un vert pâle et ponctuées
(grappes de groseilles, vinaigre étendu). de glandes en dessous, d'un vert lui-
Elles servent à la préparation de sirops, sant en
de tartes, de confitures estimés; les habitants dessus, sont glabres, obovales-
des Vosges en font une liqueur alcoolique obtuses, légèrement denticulées; leurs
bien connue sous le nom d'eau de myrtille bords sont un peu roulés en dessous
et l'esprit d'airelle est fort en vogue dans les et, à l'encontre des feuilles de myr-
environs d'Heidelberg. tille, elles sont persistantes. Ses fleurs
en
Kneipp dit beaucoup de bien. «Souffrez- sont blanches ou
vous d'une diarrhée légère, dit-il,prenez de rosées, campânulées
temps à autre quelques myrtilles crues, mais et disposées en courtes grappes pen-
desséchées; mâchez-les et avalez. Bien sou- chées à l'extrémité de la tige et des
vent ce petit médicament vous suffira. J'ai rameaux.
vu, dans de grandes villes d'eaux, des bai- L'airelle rouge fleurit en mai-juin
gneurs qui, pour prévenir certaines surprises et mûrit en
assurément désagréables au cours de leurs juillet-août. Ses baies sont
promenades, recevaient de leur hôtelière pru- d'un rouge écarlate avec une légère
dente de ces pilules antidiarrhéiques, avant odeur qui les rendrait sans autre agréa-
de se mettre en route.
L'extrait de myrtille, obtenu en introdui- bles, si leur saveur, acide et astrin-
sant 2-3 poignées de baies dans un verre gente, n'en empêchait la consommation
que l'on remplit ensuite avec de la bonne immédiate.
eau-de-vie et en laissant macérer fort long-
L'airelle rouge contient beaucoup
temps, des années même, est un excellent de Emploi. tanin. Ses tiges et ses feuilles sont em-
remède qui devrait se trouver dans tous les au tannage et ses fruits, trop acides
ménages. La diarrhée violente, opiniâtre, ployées
de souffrances ou même d'éva- pour être mangés crus, servent à faire un
accompagnée d'assez bonne qualité ainsi que des
cuations sanguines, peut être guérie par une vinaigre
confitures recherchées (Nord de l'Allemagne).
cuillerée de cet extrait prise dans 1/8de litre Ses baies sont recommandées contre l'inap-
d'eau chaude. Au bout de 8-10 heures, on la fièvre muqueuse, la fièvre inter-
peut prendre encore une fois le même mé- pétence,
mais une troisième sera mittente et surtout contre là cholérine.
dicament, répétition Les anciens herboristes disent que la pou-
rarement nécessaire. dre dès fruits desséchés est un remède ex-
Dans les dysenteries dangereuses, l'extrait cellent contre les diarrhées, la dysenterie,
de myrtille seconde puissamment l'action du les calculs de la vessie, et ils ajoutent que,
traitement externe, qui consiste en compres-
ses d'eau et de vinaigre sur l'estomac. jetée dans l'eau, elle fait de cette dernière
La teinture de myrtilles est la première une boissonet rafraîchissante, agréablement
de la couleur du vin. Serait-
et la plus indispensable de toutes les tein- aromatique
tures. Elle rend service dans tous les cas la ce là l'origine de l'emploi de l'airelle dans
venons et se coloration artificielle des vins? Nous ne
que nous d'indiquer signale savons.
comme un des plus chauds amis du bas-ven- Ce qu'il y a de certain, c'est que l'airelle
tre. On proportionne la dose à l'intensité du est à l'airelle coussinetteet
mal: la plus faible est de 10-12gouttes, ver- rouge apparentée
sées sur un morceau de sucre; la moyenne à l'airelle des tourbières.
La première, appelée aussi canneberge des
monte à 30 gouttes environ, et la plus forte marais
à une petite cuillerée à café prise dans de (Vaccinium oxycoccos), produit des
fleurs roses et des baies rouges d'une saveur
l'eau chaude ou du vin.» acidulé sont employées dans le
Les anciens herboristes préconisent le suc Nord en agréable qui
guise de citron, ainsi que dans la pré-
des feuilles contre les ulcérations de la mem- de confitures, de compotes et d'un
brane muqueuse de la bouche et ils pulvé- paration
vinaigre très estimé. La seconde, connue
risent la racine pour en saupoudrer les plaies sous le nom de Boudretschin
putrides. généralement
(Vacciniumuliginosum),produit des fruits d'un
bleu noirâtre qui passent dans les Vosges
pour faire vomir et provoquer l'ébriété.
108 Famille: Ericinées, Prirnulacées

PI. LVI. Fig. 4. Busserole. les radicales, ovales ou oblon-


Arctostaphylus officinalis Wim- gues, inégalement crénelées,
mer et Grab. Arbutus uva ursi ridées-réticulées, tomenteuses
L. Raisin d'ours. Arbousier. en dessous, sont disposées en
rosette et brusquement rétré-
C'est un sous-arbrisseau
cies en un pétiole ailé. La
toujours vert, très rameux, qui
croît sur les pâturages secs hampe dépasse ordinairement
les feuilles et se termine par
des régions montagneuses et
une ombelle de fleurs odoran-
alpines où il couvre quelque- tes, d'un beau jaune doré, or-
fois de grandes étendues. Ses dinairement penchées du mê-
feuilles sont pubescentes sur
me côté. Les fleurs sont faites
les bords dans leur jeunesse,
d'un calice renflé à divisions
coriaces, oblongues-obovales, lancéolées plus ou moins ai-
très-entières, veinées, non rou-
lées en dessous. Ses fleurs guës et d'une corolle, à limbe
concave et campanule, dont les
sont petites, à cinq courtes
dents réfléchies, rosées, glo- lobes sont marqués d'une tache
buleuses et disposées en grappes orangée à la base.
La primevère est très commune
terminales courtes et penchées.
Ses fruits forment de petites grap- dans les prairies, les taillis et les
pes rouges d'une saveur acerbe pâturages où elle fleurit en avril-
et astringente. mai. Ses extrémités fleuries sont
Le raisin d'ours fleurit en mai- douceâtres au goût et dégagent
une agréable odeur de miel.
juin et mûrit en août. Ses feuilles
sont inodores, fortement astrin- Emploi. Les fleurs sont calmantes
(infusion 10 gr. pour un litre d'eau)
gentes, légèrement amères. et Kneipp les a vantées contre les
Emploi. Les feuilles du raisin d'ours douleurs articulaires. On préconisait,
se trouvent en pharmacie sous le nom autrefois la primevère contre la para-
de Folium UvoeUrsi. Elles contiennent lysie, ses fleurs confites comme remè-
beaucoup de tanin et se prescrivent de cardiaque et sa racine contre les
contre les affections de la vessie, les calculs et les vers.
urines chargées, troubles ou sangui-
nolentes, la faiblesse de la vessie et Mouron. Anagallis arvensis L.
les calculs. Le mode d'emploi est l'in- Mouron des champs. Mouron mâle.
fusion de 30 gr. par litre d'eau, sui-
vant les uns, ou la tisane à la dose Morgeline d'été. Anagallis mas L.
de 2-4 gr. prise 4-5 fois par jour, sui- Anagallis phsenicse.
vant d'autres. Le mouron est une plante an-
Le raisin d'ours communique aux nuelle dont la tige, carrée, sou-
urines une coloration verte due à la vent rampante, très rameuse, est
présence de l'hydroquinone.
garnie de feuilles ovales, oppo-
sées, sessiles, ponctuées de points
Famille des glanduleux sur leur face infé-
rieure. Ses fleurs sont portées
Prirnulacées
par de longs pédicelles filiformes
PI. LVII.F. I. Primevère. Primula qui naissent solitairement à
officinalis Jacquin, Primula veris l' aisselle des feuilles et qui se
L. Coucou. Cocu. Pain de coucou. courbent vers la terre après la
Primevère officinale. Pri- floraison; elles ont une
mevère commune. Coquelu- corolle gamopétale dont
chon. Brayette. le limbe a la forme d'une
roue ou d'un entonnoir.
La primevère est une Le fruit du mouron est
plante vivace dont les feuil- une capsule globuleuse
54

1 a, b, c, d. Livèche.
Ligusticum levisticum L.

2 a, b, c. Impératoire.
Imperatoria ostruthium L.
Famille : Primulacées, Oléacées, Gentianées 109
(pyxide) qui finit par s'ouvrir en son naire de l'Europe méridionale (Calabre,
milieu et en travers par une fente Sicile), que l'on cultive souvent dans
circulaire d'où se détache une calotte les parcs à cause du bel effet de ses
formant couvercle. fleurs en panaches. Ses fleurs sont»
Le mouron bleu, Anagallis coerula blanches, odorantes, à calice 4 partit,
Sch., ne diffère du précédent que par à corolle 4 partite, à lobes linéaires.
la couleur de sa fleur. Il fleurit en mai-juin.
Le mouron, rouge ou bleu, est com- Emploi. Le frêne fleuri fournit la subs-
mun dans les vignes, les lieux cultivés, tance purgative connue sous le nom de manne,
les champs en fri- et qui n'est autre cho-
se que la sève sucrée,
che, où il fleurit et
mûrit de juin en épaissie, qui découle
naturellement ou par
octobre. Il est ino- incision de l'êcorce; la
dore, avec une sa- surface des feuilles en
veur mucilagineuse, fournit aussi sous la
forme de petits grains
amère, acre. et c'est à cette derniè-
Le mouron re qu'on semble don-
Emploi. ner la préférence.
rouge contient un poi- La manne se trouve
son narcotico-âcre qui
le rend vénéneux à en pharmacie sous le
haute dose.Les oiseaux nom de manna.Ce sont
n'y touchent pas. Si par des morceaux cristal-
inadvertance onen don- lins, aplatis ou un peu
ne à manger à des cintrés, friables, secs
oiseaux en cage, on est ou légèrement humi-
à peu près sûr de les des,d'une couleurblanc
empoisonner. Ingéré à jaunâtre et d'une sa-
dose suffisante dans le veur douce prononcée.
tube digestif des chiens Elle s'utilise à la dose
ou même des chevaux, de 10-15gr. dans de
il les fait périr au bout l'eau ou du lait com-
d'un temps relative- me purgatif léger à
ment court par l'inflam- administrer aux fem-
mation de la membra- mes enceintes, aux en-
ne muqueuse de l'esto- fants et aux vieillards.
mac et une sorte de Elle fait partie de l'in-
paralysie du système fusion de Vienne(Infu-
nerveux. Il est donc sum Sennoe composition),
prudent de ne pas con- un purgatif qui se pré-
fondre les graines du pare au moment du
mouron rouge avec besoin avec : feuilles
celles du mouron des Mouron.Anagallis arvensis. de séné 10, eau bouil-
oiseaux, Stellaria mé- a. Planteen floraison, b. Coupelongitudinale d'une lante 80, manne 10,
dia Villars. fleur,c. Capsulefructifèreouverte. sel de seignette 10 gr.,
Le mouron rouge a et elle entre en outre
été vanté contre toutes sortes de maux: la dans la préparation de la mannite et du
goutte, le cancer, la peste, l'épilepsie, les sirop de manne des pharmaciens.
morsures de bêtes et de gens enragées, la
gravelle, l'hydropisie, les plaies ulcéreuses, Famille des
les tumeurs, et même contre le tournis des
moutons que le moyen âge attribuait à un Gentianées
démon ad hoc.
PI. LVIII. Fig. I. Erythrée centaurée.
Famille des Erythrsea centaurium Persoon. Petite
centaurée. Gentiana centaurium L. Herbe
Oléacées
à la fièvre.
PI. LVII. Fig. 2. Frêne fleuri. Fraxi- Jolie petite plante annuelle ou bis-
nus ornus L. Frêne à fleurs. annuelle, à racine grêle, à tige très
Le frêne fleuri est un arbre origi- glabre, carrée, dressée, simple dans
Famille: Gentianées

le bas, plus ou moins rameuse dans des feuilles elliptiques très amples,
le haut par les rameaux opposées de entières, marquées de 5 fortes nervu-
l'inflorescence. Feuilles ovales-oblon- res convergentes au sommet, les radi-
gues, aiguës ou obtuses, sessiles, les cales atténuées en pétiole, les cauli-
radicales en rosette et atténuées en naires amplexicaulés, les supérieures
florales concaves et soudées par la
pétiole. Fleurs roses, rarement blan-
ches, brièvement pédicellées, en cimes base. Ses fleurs, sont jaunes, pédon-
corymbiformes compactes terminant culées et disposées, à l'aisselle des
la tige et les rameaux. feuilles supérieures, en cimes com-
La petite centaurée est commune pactes opposées.
dans les bois, dans les lieux secs et La gentiane est commune dans les
arides, dans les clairières. Elle fleurit pâturages montagneux et alpins où
de juin en août et se récolte en flo- sa racine est fort recherchée. Ce sont
raison. Parfaitement inodore, elle a une les racines des vieux plants que l'on
saveur amère très prononcée. préfère et que l'on creuse en automne
Emploi. L'Herba centaurii des pharmacies ou au commencement du printemps.
est la partie aérienne de la plante à fleurs Fraîches, elles ont une odeur repous-
rouges. Elle a des propriétés amères, toni- sante qui s'atténue fortement par là
ques, apéritives et fébrifuges qui ne sont dessication et une saveur d'abord dou-
nullement à dédaigner. Elle fait partie des
espèces amères (Species amarm: absinthe, ceâtre, puis très amère et persistante.
chardon bénit, écorce d'orange amère, mé- La gentiane fleurit en juillet-août.
nyanthe, petite centaurée, parties égales) ;
elle se prend en infusion (15-30 gr. pour un
litre d'eau), sert à la préparation d'un vin Emploi. La racine de gentiane (Radix
dont on boira un verre à bordeaux avant gentianes)occupe la première place parmi les
amers. Elle est en outre tonique, stomachique,
chaque repas; s'utilise en lotions (décoction) digestive, et, dit-on, vermifuge. Elle fait partie
contre les maladies de la peau. de l'élixir de longue vie ou teinture d'aloès
Les vertus de la petite centaurée sont
sérieuses. Godet la considère comme une composée (Tmctura aloès composita: aloès 30,
des plantes amères les plus généralement agaric blanc 5, myrrhe 5, racine de gentiane 5,
rhubarbe 5, safran 5, zédoaire 5, alcool dilué
employées et comme l'un de nos meilleurs 1000),de l'extrait de gentiane (Extractum Gen-
fébrifuges indigènes. Paul Hariot affirme que tiance), de la teinture de gentiane (Tinctura
des accès de fièvre ont été fréquemment
coupés par elle après avoir résisté au sul- Gentianoe),du vin de gentiane (Vinum Gentia-
fate de quinine. Kneipp l'emploie pour chas- nue),de la teinture de quina composée (Tinc-
ser les gaz de l'estomac, bannir les acides tura Cinchonoecomposita: écorce de quina 10,
malsains et inutiles, bonifier le suc gastrique, écorce d'orange 4, racine de gentiane 4, can-
nelle de Chine 2, alcool dilué 9), d'un sirop de
désopiler le foie et les reins, combattre l'acri- gentiane et d'une eau-de-vie bien connue.
monie de l'estomac, les troubles du sang et La décoction de racines est d'un emploi
l'anémie. souvent couronné de succès dans les cas de
Les anciens herboristes s'expriment dans
le même sens. Elle désopile le foie et la dyspepsie, de diarrhées chroniques et de
rate, dit l'un. Elle fait mourir les vers et la chlorose, car elle stimule les fonctions de
l'estomac. Elle se prépare en faisant bouillir
paralysie et les crampes, ajoute un second.
Elle fait «couler la bile par le ventre», 10-15 gr. de racines découpées ou pulvéri-
conte un troisième. sées dans un litre d'eau. Kneipp donne tou-
tefois la préférence à l'extrait de gentiane
PI. LVI1I. Fig. 2. Gentiane. Gentianà qu'il prépare simplement en faisant macérer,
lutea L. Gentiane jaune. Grande gentiane. dans des bouteilles d'eau-de-vie, des racines
de gentiane coupées menues. Cet extrait,
La gentiane est certainement l'une dit-il, est un des premiers stomachiques, un
des plus belles plantes de la région cordial de premier ordre. On en verse 20-
montagneuse. Sa racine est longue, 30 gouttes dans un verre qui contient 6-8
cuillerées d'eau et l'on prend journellement
volumineuse, tortueuse, brune et ru- ce mélange pendant un temps assez consi-
gueuse à l'extérieur, jaune et spon- dérable. L'excellent appétit que l'on ressent
gieuse intérieurement. Sa tige atteint dénotera l'excellence de la digestion. Quand
souvent plus d'un mètre de hauteur; un mets vous apesantit et vous moleste l'es-
elle est robuste, cylindrique, fistuleu- tomac, un mélange d'une petite cuillerée de
cet extrait dans un demi-verre d'eau chaude
se, dressée, très glabre; elle porte mettra fin à l'indisposition. Dans les grands
1 a, b, c, d. Peucédan.
2 a, b, c, d. Coriandre Peucedanum officinaleL.
Coriandrum sativum L.
Famille: Gentianées

voyages où pendant des journées entières Tige dressée, simple ou un peu ra-
vous ne prenez souvent qu'une mauvaise meuse supérieurement. Feuilles un peu
nourriture et des boissons plus mauvaises
encore, quand vous vous sentez exténués et soudées à la base, lancéolées-linéaires,
mal portants, un petit flacon d'extrait de à bords souvent réfléchis en dessous*
gentiane dont vous versez quelques gouttes les inférieures petites, squamiformes
sur un morceau de sucre, vous rendra des et à gaines plus allongées. Fleurs à
services impayables. Une petite cuillerée de
cet extrait, étendue d'eau, éloigne les malai- gorge nue, disposées en grappes ter-
ses et les accès de syncope, réchauffe, ré- minales d'un bleu d'azur et feuillues
veille, calme le corps et l'esprit. qui font l'ornement des marais tour-
Le sirop et la poudre sont également des prairies et
beux, spongieuses
usités, mais le vin est la forme sous laquelle des bois marécageux.
la gentiane est le plus souvent administrée.
Il se prend à la dose de 125-62gr. par jour La pulmonaire des marais fleurit de
et se prépare: 1° en tassant 5 parties de juillet en septembre.
poudre de racine dans un percolateur et en
épuisant par quantité suffisante de vin de Gentiane croisette. Gentiana cruciata L.
Marsala pour obtenir 100 parties (Vinum Souche allongée, traçante, émettant
Gentiance);2° en faisant macérer 30 gr. de ordinairement des rosettes stériles et
racine coupée pendant 24 heures dans 60
gr. d'alcool à 6o°, en ajoutant ensuite un litre des tiges florifères ascendantes, sim-
de vin rouge pour filtrer au bout de 10 jours; ples. Feuilles oblongues lancéolées,
3° en faisant macérer pendant 15 jours 30 opposées par leurs bases soudées.
gr. de racine dans un litre de bon vin rouge. Fleurs sessiles, fasciculées à l'aisselle
Quant à l'eau de gentiane, elle s'obtient
en laissant fermenter des rondelles de racine des feuilles supérieures et réunies en
dans l'eau-de-vie, et, la fermentation finie, glomérule compact au sommet de la
en soumettant le liquide à la distillation.
C'est une liqueur alcoolique très forte, tige; corolle bleue en dedans à sa
d'odeur désagréable et de saveur particulière, partie supérieure, d'un bleu verdâtre
qui devrait être avant tout un médicament, en dehors, tubuleuse, à tube renflé au
mais dont l'usage n'est malheureusement sommet, à gorge nue rayée de 4 plis,
que trop répandu dans certaines contrées à 4 lobes ponctués de vert et souvent
montagneuses. marqués, sur l'un de leurs bords,
La gentiane était partie constituante de
la fameuse Thériaque. Les anciens herboris- d'une petite dent aiguë.
tes l'administraient en électuaire ou à la La gentiane croisette croit sur les
dose de 4 gr. de poudre délayée dans de coteaux pierreux, dans les bois et les
l'eau ou du vin contre la fièvre quarte,
l'asthme et les embarras de poitrine. Ils re- prés secs, sur les lieux découverts et
commandaient la décoction de racine de gen- les pelouses. Elle fleurit en juillet-
tiane pour dégorger le foie et la rate et les août.
reins, pour couper les tranchées, favoriser
l'écoulement de la vessie et des menstrues. Gentiane d'Allemagne. Gentiana ger-
Que celui, disent-ils, dont l'estomac fatigué manica Willd.
ne supporte plus aucune nourriture, prenne
donc de la poudre de gentiane mouillée de Plante annuelle, très variable, à racine
vin. Et à ceux qui souffraient d'oppressions grêle. Tige dressée, souvent rameuse
de l'estomac, notre cardialgie moderne, ils dès la base et d'un pourpre violet,
conseillaient de prendre, en se couchant, des
miettes de pain blanc mélangées de petits quelquefois simple ou presque simple,
fragments de racine macérées un instant dans marquée de lignes saillantes provenant
du vinaigre. Pour eux, lé suc exprimé de la de la décurrence des feuilles. Feuilles
racine fraîche était un fébrifuge effectif, un d'un vert foncé, sessiles, ovales. Fleurs
emménagogue puissant, un vulnéraire, un d'un violet purpurin bleuâtre, termi-
diurétique, un apéritif, qu'ils administraient nales et axillaires au sommet de la
aussi à la dose de 4 gr. contre les points
belles
de côté et les lésions internes provenant de tige et des rameaux, bien moins
chutes. que celles des espèces précédentes.
La gentiane d'Allemagne est assez
Pulmonaire des marais. Gentiana pneu- commune sur les coteaux calcaires,
monanthe L. Gentiane à feuilles étroites. dans les pâturages secs ou humides.
Souche tronquée à fibres épaisses. Elle fleurit en septembre-octobre.
Famille : Gentianées
Ces trois dernières espèces sont floraison. Elles sont inodores, avec
inodores avec une saveur très amère. une saveur amère et persistante.
Emploi. De ces trois gentianes, qui parais- Emploi. Les feuilles de ményanthe sont
sent jouir des propriétés — fortement atté- encore offic. sous le nom de Folium Menyan-
nuées — de la grande gentiane, c'est la gen- this. Elles font partie des espèces stomachi-
tiane croisette qui semble avoir le plus oc- ques et des espèces amères (Species amara)
cupé les herboristes d'antan. Sa décoction et, bien que leurs propriétés soient loin de
dans l'eau passait pour, pectorale. Le vin, valoir celles de la grande gentiane, elles ser-
dans lequel on avait fait macérer sa racine vent à la préparation d'un extrait fébrifuge
pendant une nuit, était administré aux hy- (Extraction Menyanthis)de saveur amère pro-
dropiques. Toute la plante, cuite en vin, noncée et d'un sirop, antiscorbutique appelé
fournissait un vulnéraire précieux à employer sirop de raifort composé (Sirupus Cochlearia
en lotions cicatrisantes, et la poudre de sa compositus).
racine agissait d'une façon si merveilleuse Toute la plante a une amertume pronon-
sur les plaies que nos grands-mères l'avaient cée. Elle est tonique, stomachique, et sa dé-
baptisée «la perle de toutes les racines». coction (15 gr. de feuilles sèches dans 500
gr. d'eau) peut rendre des services appré-
PI. LIX, Fig. I. Ményanthe. Menyanthes ciables à la dose d'un verre pris avant cha-
trifoliata L. Trèfle d'eau. Minyanthe. que repas. Kneipp nous dit qu'on prépare
avec cette herbe une excellente infusion sto-
Le trèfle d'eau est, de par l'élégance machique qui aide la digestion et facilite la
de ses fleurs, l'espèce peut-être la plus sécrétion de bons sucs gastriques.
La médication homéopathique prescrit le
intéressante de la famille des Gentia- ményanthe contre les fièvres intermittentes
nées. C'est une plante vivace, aqua' accompagnées de sensations de froid dans
tique, dont l'épais rhizome, traçant, la région ventrale, contre la purulence des
stolonifère, est muni d'écaillés mem- oreilles provoquée par la fièvre scarlatine
ou la rougeole,-contre les hémorroïdes.
braneuses à la base des tiges. Ses Gmelin (f 1755) en a fait en son temps
feuilles prennent naissance au sommet une sorte de panacée employée par les mé-
des ramifications du rhizome; elles decins d'Allemagne pour combattre les trou-
sont alternes, trifoliolées, longuement bles digestifs, l'hypocondrie, la goutte, la
gravelle, le scorbut, la podagre, l'hydropisie
pétiolées, à folioles oblongues, obtu- à ses débuts, la faiblesse sénile, les ulcères,
ses, entières ou légèrement crénelées. les maladies de la poitrine et de la peau.
Ses fleurs, à corolle d'un blanc rosé, Vers la même époque, on disait en France
sont disposées en une grappe simple que le ményanthe, «parmi plusieurs sortes
terminant un pédoncule nu, et chargées, d'autres trèfles, contient du sel armoriac en-
sur leur face interne, d'élégantes laniè- veloppé de souphre et de parties terrestres,
qu'ainsi il est propre contre la goutte, le scor-
res qui en font l'un des plus beaux but, l'hydropisie et la cachexie, et que sa
ornements de nos contrées. semence incise puissamment et détache les
Le ményanthe croît de préférence humeurs glaireuses qui farcissent les bron-
ches du poumon».
dans les marais, dans les fossés, dans On le voit, le ményanthe jouissait il y a
les eaux dormantes, au bord des étangs 150 ans d'une vogue quasi européenne.
de l'Europe, de l'Amérique et du nord Ajoutons que son amertume prononcée
de l'Asie. Il fleurit de mai en. juin. fait que ses feuilles séchées remplacent sou-
vent le houblon dans la fabrication de la
Ses feuilles se récoltent pendant la bière.
1. Lédon des marais
Ledum palustre L.

2 a. b. Myrtille.
Vaccinium myrtillus L.

4. Busserole. 3 a, b. Airelle rouge.


Arctostaphylos officinalis Wim Vaccinium vitis Idaea L.
Famille: Asclépiadées, Borraginées II3
Famille des — d'où son nom de dompte-venin — bien
que rien, croyons-nous, n'ait motivé ces
Asclépiadées prétendues vertus. Nos pères la regardaient
comme un curatif des affections hydropiques.
Dompte-venin. Vincetoxicum officinale Rien de meilleur, s'écrient-ils, pour voir l'eau*
accumulée s'écouler par les extrémités in-
M, Asclepias vincetoxicum L. Asçlépiade.
férieures, que de prendre tous les matins,
Plante vivace à souche traçante à jeun, une bonne lampée chaude du liquide
donnant naissance à des tiges de 1/2-I m. obtenu en faisant macérer pendant 12 heures
de hauteur, dressées, simples inférieu- 1I2livre de racines dans un pot de bon vin
blanc. Il n'est pas jusqu'aux feuilles qui
rement. Feuilles d'un vert foncé, ova- n'aient eu leur emploi: elles passaient pour
les, lancéo- un excellent dé-
lées, briève- tersif des ulcè-
ment pétio- res et les bains
de vapeurs de
lées, oppo- feuilles et de
sées, cordifor- racines mélan-
mes, acumi- gées étaient uti-
lisés dans les
nées, finement crises d'hystérie
ciliées sur les et les menstrues
bords. Fleurs rebelles.
blanches dis-
posées en co-
rymbés axil-
laires; à corol-
les à 5 lobes
obtus, con- Famille des
tournés dans
le bouton. Borra-
Masses polli- grinées
niques ren-
flées, atté- PI. 59. Fig.
nuées supé- 2. Symphytum
rieurement, officinale L.
fixées au des- Consoude offi-
sous de leur cinale. Grande
sommet. Consoude.
Fruits secs Herbe à la cou-
pure. Oreille
polyspermes; d'âne. Herbe
graines mu-
nies d'une ai- aux coupures.
Dompte-venin.VincetoxicumofficinaleMoench. Herbe grasse.
grette fila-
menteuse et a. et b.d.Partiessup.et inf.d'uneplanteen floraison,
c.Fleurgrossie
La grande
Groupement desanthères,e. Anthèrevuede denière.
comme f.Anthèrede face.g. Fruitouvert,h. Graine. consoude est
soyeuse. une plante vi-
Le dompte venin croit dans les vace, hérissée, dont les fleurs, assez
lieux secs, sur les collines arides, grandes, blanchâtres, penchées, jau-
dans les bois et les endroits pierreux nâtres ou violacées, sont disposées en
où il fleurit de juin en août. Sa racine courtes grappes terminant les tiges.
a une odeur repoussante et une saveur Sa souche est épaisse, fusiforme, ra-
acre et amère. meuse, succulente, noire à l'extérieur,
blanche et visqueuse intérieurement.
Emploi et danger. La racine, vénéneuse Les feuilles radicales sont très
ou pour le moins suspecte, était autrefois amples,
d'un usage régulier contre venins et poisons rudes, ovales-lancéolées, longuement
II4 Famille: Borraginées
en pétiole et irrégulièrement créne-
pétiolées; les caulinaires lancéolées à
limbe décurrent. lées, les supérieures plus étroites, à
La consoude officinale habite les base amplexicaule. Ses fleurs, assez
prés humides, le bord des fossés, des grandes, d'un bleu d'azur ou roses,
ruisseaux et des rivières. Elle fleurit plus rarement blanches, sont groupées
de mai en août. Sa racine se récolte en grappes feuillées et portées sur
en automne et sa partie aérienne de des pédicelles qui s'allongent beau-
préférence pendant ou avant la flo- coup après la floraison.
raison. La bourrache est souvent cultivée
Bien qu'inodore et presque insipide, comme plante pectorale, adoucissante
la consoude est très mucilagineuse et et sudorifique et subspontanée en di-
quelque peu astringente. verses localités. Elle est probablement
originaire de l'Orient. Elle fleurit de
Emploi. L'herbe aux coupures a joui
autrefois d'une réputation surfaite sous les juin en octobre et possède une odeur
noms offic. de Radix Consolidaimaioris et et une saveur rappelant les con-
d'Rerèa Consolidéemaioris. Les médecins combres.
d'alors la considéraient comme «incrassante »
et l'utilisaient contre les hémorragies, les Emploi. La racine, les feuilles, lès fleurs,
fractures, les fissures, la diarrhée et les les graines, tout en elle était employé. Les
contusions. pharmaciens tenaient le Rhizoma Borragims
De ces propriétés merveilleuses, il reste et l'Herba Borraginis. Les fleurs avec la
aujourd'hui peu de chose. Le mucilage abon- buglosse, la rose et la violette, faisaient
dant de sa racine la fait employer en dé- partie du thé des quatre fleurs. Toute la
coction émolliente et pectorale (30 gr. pour plante était considérée comme tonique, diu-
un litre d'eau). La très petite quantité de rétique, sudorifique, émolliente, et nos pères
tanin qu'elle renferme la fait utiliser contre nous paraissent avoir été fort entichés de
les diarrhées. Sa décoction avec le sirop de cette borraginée d'azur. «Qu'on ajoute, sans
gomme et le suc de citron est encore usitée crainte, disent-ils, les fleurs pleines de grâce
çà et là contre le crachement de sang des de la bourrache aux mets et aux boissons,
vieillards et des personnes délicates, et d'au- car elles sont un tonique du coeur et du
cuns prétendent qu'on obtient de bons ré- cerveau, un dépuratif du sang, un merveil-
sultats en appliquant la pulpe rapée de la leux moyen de ramener les désespérés, les
racine sur les brûlures, les piqûres d'insectes mélancoliques et les hypocondres à une
et les gerçures du mamelon. meilleure conception des choses d'ici-bas, à
La médication homéopathique se sert de la gaîté et à la joie ! Les personnes affai-
la consoude en teinture dans les fractures, blies par les fièvres les prendront confites
les contusions, les lésions des os et du en sucre pour ranimer leurs forces et les
périoste. femmes pauvres de lait se trouveront bien
Les anciens herboristes, cela va de soi, de l'infusion de graines pilées dans du vin.
sont plus «incrassants» encore que les mé- D'ailleurs, la bourrache, cuite à la façon
decins. Ils prennent la consoude en vin des épinards, est d'une efficacité reconnue
contre les crachements de sang, les blessures dans les affections du foie; ses feuilles frois-
internes, la dysenterie, les flux de sang, les sées sont excellentes contre les piqûres d'in-
urines sanguinolentes, les mucosités des sectes et leur infusion est souveraine dans
bronches, la phtisie à tous ses degrés. Et ils es inflammations des yeux.»
ajoutent — serait-ce bien sans malice ? — que Où sont les cures au suc d'herbe? les
les barbiers de leur temps en avaient tou- cures prmtanières à la bourrache? les ga-
jours une provision en poudre pour réparer teaux à la bourrache? les assaisonnements
du rasoir la coupure inévitable. à la bourrache ? Disparus ... avec les neiges
d'antan! car il ne reste plus guère, de la
bourrache si vantée jadis, qu'une infusion
PI. 60. Fig. I. Bourrache. Borrago soi-disantsudorifique (10gr. de feuilles sèches
et de fleurs pour un litre d'eau) agissant
officinalis L. Bourraiche. Langue de surtout — disent les méchants — par l'eau
boeuf. chaude quelle renferme.
La bourrache est une plante an-
nuelle hérissée de poils raides. Sa tige PI. 60. Fig. 2. Buglosse. Anchusa
est épaisse, succulente, très rameuse. officinalis L.
Ses feuilles sont ovales ou elliptiques, La buglosse est une plante bisan-
les inférieures très amples, atténuées nuelle entièrement hérissée de poils
57

2 a, b, c. Frêne fleuri.
Fraxinus ornus L.

1. Primevère.
Primula officinalis Jacquin.
Famille: Borraginées II5
rudes et dont la racine, d'un brun noir, Quant aux fleurs, l'ancienne thérapeutique
et donne nais- les dénommait Flores Buglossoeet les faisait
épaisse tuberculeuse, entrer dans le thé des quatre fleurs (Flores
sance à une tige dressée, rameuse quatuor cordiales).
supérieurement par les rameaux pa- La buglosse jouit d'ailleurs des mêmes
niculés de l'inflorescence. Ses feuilles propriétés, pectorales et sudorifiques que la
radicales sont assez longues, atténuées bourrache.
en pétiole; les caulinaires sont plus L'écorce de la racine de la variété à racine
rouge (Radix Alcannoespurioe) contient une
courtes, sessiles, aiguës; les supé- matière colorante violette soluble dans l'éther,
rieures ovales lancéolées, semi-am- l'esprit-de-vin, les huiles grasses et volatiles,
plexicaules. qui la fait em-
Le calice est ployer pour co-
lorer les pom-
5-fide à divi- mades et les hui-
sions presque les capillaires.
aiguës et la
corolle, dont Lithospermum
la couleur officinale L.
passe du Grémil. Herbe
rouge au vio- aux perles. Thé
let foncé avec des perles. Blé
des stries d'amour.
bleuâtres, a
sa gorge gar- Plante vi-
nie d'écaillés vace, à racine
blanchâtres, ligneuse d'un
tomenteuses, brun noir,
veloutées et émettant une
entières. ou plusieurs
La buglosse tiges dressées,
croît dans les cylindriques,
lieux incultes rudes, pubes-
et centes, très
pierreux,
sur les murs rameuses.
et les décom- Feuilles
bres. La va- rudes-pubes-
riété à racine centes, d'un
Grémil. LithospermumofficinaleL. vert
rouge (Anchu- a. Sommité fleurie,b. Fleur,c. Coupe grisâtre
sa tincturia longitudinale de la corolle,d. Graines en dessous,
abritéespar le calice,e. Graine
Desf.), em- détachée, f. Coupede cettedernière. oblongues-
ployée autre- lancéolées,
fois en teintu- sessiles, à ner-
très sail-
rerie, se cultive dans le midi de la vures moyennes et latérales
France, en Hongrie, et dans quelques lantes en dessous, les inférieures ordi-
contrées de l'Allemagne; elle croît nairement détruites lors de la floraison-
spontanément sur les rives de la Corolle petite, d'un vert blanchâtre,
extérieurement, à gorge
Méditerranée, en Espagne et en Asie pubescente
Mineure. munie de 5 écailles pubescentes très
Les feuilles et les racines sont ino- petites. Graines arrondies, très dures,
dores avec une saveur douceâtre et d'un beau blanc, lisses et luisantes.
mucilagineuse. Le grémil croît dans les bois des
coteaux calcaires, au bord des chemins
Emploi. La racine était autrefois offic. et dans les lieux incultes. Il est ino-
sous le nom de Badix Buglossoeet la partie
aérienne sous le nom de Herba Buglossoe. dore et fleurit en mai-juin.
Il6 Famille : Borraginées, Verbénacées

Emploi. Le grémil, lithospermum-graine les bois ombragés et les buissons où


pierreuse, était le lithontriptique par excel- l'on en récolte les feuilles en avril.
lence de nos ancêtres: «prinse en breuvage Elle fleurit de mars en mai; ses
le poids d'une dragme (4 gr.), avec vin blanc,
il rompt et brise la pierre et la pousse de- feuilles, inodores, ont une saveur mu-
hors. » C'était de même un remède précieux cilagineuse et quelque peu astringente.
à administrer aux femmes en mal d'enfant.
Le grémil, de nos jours, n'est plus guère Emploi. La pulmonaire, autrefois offic.
usité qu'en une tisane qui, à la dose de 40 gr. sous le nom d'Serba Pulmonarice, a joui
par litre d'eau, peut être considérée comme jadis d'une vogue énorme et cela unique-
diurétique. ment à cause des taches blanches qui ma-
culent ça et là ses
feuilles et qui, au dire
des anciens, ressem-
PI. 61. Fig. I. Pul- blent à un poumon
malade. C'est presque
monaria officinalis dire qu'elle a été van-
L. Pulmonaire. tée et employée un
Grande Pulmonaire. peu partout dans les
Herbe aux poumons. campagnes contre les
maladies de la poi-
Herbe au lait de trine et des bronches,
Notre-Dame. contre les ulcères pul-
monaires, la phtisie
La pulmonaire pulmonaire, les cra-
est une plante vi- chements de sang, et
c'est dire en même
vace, velue, dont
la souche épaisse temps que la médica-
tion antituberculeuse
et tronquée donne d'aujourdhui en fait fi.
naissance à des ro- Les feuilles, émol-
settes stériles et à Iientes quand elles sont
des tiges florifères fraîches et légèrement
de I-3 décimètres astringentes après des-
sication, peuvent don-
de hauteur. Ces ner une boisson ra-
dernières sont dres- fraîchissante et pecto-
rale (30 gr. en décoc-
sées, simples, mais tion) et. .. c'est tout.
hérissées de poils
simples entremêlés
de poils articulés
et de poils glandu- Famille des
leux. Ses feuilles Verbénacées
sont pubescentes,
un peu rudes au Ivette. Ajuga chamoepitysSchreber.
a. Planteentièrelégèrement PI. 61. Fig. 2. Ver-
les radi- réduite.
toucher; b. Coupelongitudinaled'unefleur. bena officinalis L.
cales des pousses Verveine officinale.
stériles (qui produiront des fleurs Herbe sacrée. Herbe à la sorcière.
l'année suivante), pétiolées, . cordi- Racine vivace émettant une tige
formes; les caulinaires plus courtes, rai de, dressée, ordinairement très ra-
ovales, atténuées en un pétiole ailé; meuse, à rameaux obliquement dres-
les supérieures sessiles, toutes mar-
sés, effilés, glabres, à angles scabres.
quées quelquefois de taches blan- Feuilles scabres, à circonscription
châtres. Les fleurs sont d'abord ovale ou oblongue, profondément in-
rouges, puis passent au violet et au cisées ou pinnatifides, à lobes dentés
bleu. Les carpelles sont luisants, d'un ou crénelés. Fleurs petites, presque
noir olivâtre, un peu comprimés en-
tourés d'un bord saillant. sesiles, lilas, disposée en épis lâches
et effilés.... le botaniste a parlé!
La pulmonaire se rencontre dans La verveine est commune dans les
58

1 a, b. Petite centaurée.
2 a, b. Gentiane. centaurium Pers.
Erythrea
Gentiana lutea L.
Famille : Verbénacées, Labiées 117
lieux incultes, dans les décombres, sur presque sessiles, solitaires, axillaires,
les bords des chemins, où elle fleurit opposées, ponctuées de points bru-
de juillet en septembre. Ses feuilles, nâtres et longuement dépassées par les
inodores, sont récoltées en été; elles feuilles.
possèdent une saveur un tantinet On la rencontre fréquemment dans
amère et astringente. les terrains maigres, sur les côtes
arides et calcaires, à la lisière des bois,
Emploi. La verveine a pour ainsi dire dans les jachères. Elle fleurit de juin
vécu, et cependant la verveine fut vénérée
comme peu de ses compagnes. Les anciens en août. Elle a une odeur résineuse
s'en servaient pour nettoyer les autels avant particulière qui est loin de plaire à
les sacrifices et pour faire les aspersions chacun et une saveur amère très
d'eau lustrale; les druides la regardaient
comme sacrée; les sorciers et les sorcières prononcée.
du moyen-âge lui attribuaient des vertus
Emploi. Les anciens herboristes en disent
surnaturelles; les fériaux s'en couronnaient beaucoup de bien et les modernes n'en disent
et les magiciens lui faisaient jouer un rôle rien. A en croire les premiers, les feuilles
prépondérant dans leurs enchantements. d'ive prises en vin débarrassent de la jau-
Grandeur et décadence! De l'autel, la nisse à la fin du 7mejour d'emploi et la
pauvre verveine, légèrement amère et astrin- goutte sciatique ne résiste point à une cure
gente, a passé dans un cataplasme vinaigré de quarante jours de feuilles macérées dans
que l'on utilise ça et là dans les campagnes l'hydromel. Elles sont en outre d'un effet
contre les douleurs rhumatismales, les points salutaire dans les affections du foie et des
de côté et la migraine! Et c'est tout ce qu'il
reins, dans la strangurie, les menstrues re-
reste, aujourd'hui, de cette plante aimée des belles et les empoisonnements provoqués par
dieux ! l'aconit. Voulez-vousun remède efficacecontre
Voulez-vous connaître ses vertus curatives
d'antan? Voici. Quatre grammes de poudre l'épilepsie ? Triturez et mélangez intimement
32 gr. de feuilles d'ive, 16 gr. de feuilles de
pris avec de l'encens, et pendant quarante mauve, 16 gr. d'acore; le remède est prêt:
jours consécutifs dans du vin vieux, guéris- il n'a plus qu'à en avaler soir et matin la
saient la jaunisse. La décoction de ses feuilles
dans du vin blanc chassait l'urine et la grosseur d'une noix.
pierre, désopilait le foie et la rate et les reins, Germandrée. Teucrium chamaedrys L.
combattait les affections hydropiques. La
verveine, bouillie dans l'eau, était appliquée Petit chêne. Chenette. Sauge amère.
sous forme de cataplasme sur les tumeurs Chasse-fièvre.
et, bouillie dans du vin, usitée en gargarisme La germandrée est une plante vi-
contre les ulcères cervicaux. Elle guérissait
le feu St-Antoine, refermait les vieilles plaies, vace, sous-frutes cente, dont la souche
servait de préservatif contre les serpents, ligneuse et très rameuse émet de
réjouissait l'âme et le coeur et l'esprit. nombreuses tiges de 10-30 cm. de
hauteur. Ces dernières sont d'abord
couchées, puis redressées, velues, sou-
vent pourpres au sommet, plus ou
Famille des moins dépourvues de feuilles à la base
Labiées et disposées en touffe. Les feuilles
sont ovales-oblongues, obtuses, atté-
Ive. Ajuga chamaepitys Schr. Ivette. nuées en pétiole, fortement crénelées
Bugle petit pin. Bugle faux pin. Teu- — on les a comparées à celles du
crium chamaepitys. chêne — ordinairement luisantes en
L'ive est une plante de 10-20 cm. dessus, d'un vert pâle en dessous.
de hauteur dont la souche vivace Ses fleurs sont roses ou purpurines,
émet des tiges velues ou poilues sur rarement blanches, et réunies par deux
deux angles opposés, un peu glandu- ou trois à l'aisselle des feuilles supé-
leuses supérieurement et ordinaire- rieures.
ment rameuses dès la base. Ses feuilles La germandrée croît sur les col-
sont comme partagées en trois lanières, lines pierreuses, dans les lieux arides,
les radicales atténuées en un long sur les murs, à la lisière des bois et,
pétiole. Ses fleurs sont jaunâtres, assez souvent, dans les parterres où
II8 Famille: Labiées

ses bordures sont du plus bel effet. pétiolées, ridées, blanches-tomenteuses


Elle fleurit de juin en août avec une en dessous, inégalement crénelées, un
odeur légèrement balsamique et une peu cordiformes à la base, les supé-
saveur amère très prononcée. rieures dépassant longuement les glo-
La comme tant mérules. Fleurs petites, blanches, dis-
Emploi. germandrée,
d'autres, est une plante déchue que l'on ne posées en glomérules très compacts.
considère plus guère de nos jours que comme Calice velu-laineux, à dents subulées
un tonique et un apéritif légers à recom- recourbées en crochet.
mander en tisane dans les cas de dyspepsie. Le marrube blanc croît dans les
Sa vogue, autrefois, et ses propriétés cura-
tives étaient tout autres. Sa décoction en lieux incultes, sur les décombres et
eau ou en vin était « autres lieux rui-
préconisée contre les nez», au bord des
rhumes de poitrine, les
rétentions d'urine, les chemins, dans les
prédispositions à l'hy- villages. Il fleurit
dropisie, les mens- de juin en sep-
truations rebelles, les tembre et on en
fièvres intermittentes
et la goutte. Chomel récolte les feuilles
(1850) la prescrit à la et les extrémités
dose de 4-5 gr. de fleuries en juillet.
poudre pris 3 jours du- Ses feuilles et ses
rant contre les fièvres ;
Mathiole, au XVIme fleurs ont une odeur
siècle, la fait macérer assez désagréable
pendant 12heures dans et une saveur très
du vin pour l'adminis-
trer ensuite contre la amère, acre, due à
peste, la migraine et un principe amer,
les vers. D'autres la la marrubine, qui
donnent aux goutteux, s'y rencontre en
le matin à jeun,
soixante jours de suite, quantité appré-
sous forme d'une bonne ciable, et auquel la
lampée chaude d'une plante doit sans
décoction dans du vin doute ses proprié-
blanc. Et c'est la ger- tés médicinales.
mandrée, au dire de
Vésale, le créateur de Emploi. Bien que
l'anatomie moderne et l'Herba Marrubii et
la victime de la sainte l'Extractum Marrubii
Inquisition, que les aient tous deux dis-
médecins de Gênes re- paru des officinesphar-
commandèrent à l'em- Germandrée. Teucrium chamaedrysL. maceutiques, le mar-
pereur Charles-Quint a. Souche,b. Fleur. rube n'en jouit pas
pour se garer des mor- c. Coupelongitudinaled'unefleur. moins de propriétés
sures de cette désa- médicinales d'un usage
gréable affection. Ce n'est pas tout, car les courant dans les campagnes et qui nous
anciens thérapeutistes préconisent encore la paraissent assez réelles. C'est, en effet, un
germandrée comme vulnéraire et antihé- remède populaire contre la toux et les bron-
morroïdale, soit qu'on l'utilise simplement chites chroniques, contre la leucorrhée,
en poudre, soit qu'on s'en serve avec du l'asthme, le scorbut, les affections scrofu-
vinaigre, du vin, du miel ou de l'huile d'olive. leuses et l'hystérie. Le mode d'emploi est
la tisane et le vin. La première se prend à
la dose de deux à trois tasses par jour
PI. 62. Fig. I. Marrubium vulgare L. (ro gr. par litre
en infusion), le second s'ad-
Marrube. Marrube commun. Marrube ministre à raison d'un verre à bordeaux
blanc. Maroute. Marouette. après chaque repas et se prépare en faisant
macérer pendant 8 jours 30 gr. de marrube
Plante vivace à tige de 4-8 dm., ra- dans un litre de vin blanc.
meuse dès la base, toute couverte d'un Le marrube a passé, jadis, pour l'une des
duvet blanchâtre. Feuilles épaisses, meilleures plantes curatives de l'Europe. Le
1. Ményanthe.
2 a, b, c. Consoude. Menyanthes trifoliata L.
Symphytum officinale.
Famille: Labiées 119
grand Linné, le plus grand botaniste du juin et se récolte — feuilles et som-
XVIIImesiècle, le recommande chaleureuse- mités fleuries — en mai.
ment contre le flux salivaire provoqué par
les cures au mercure; Dioscoride raconte La plante desséchée ne répand plus
dans ses écrits que les feuilles de marrube, guère qu'une légère odeur aromatique
«séchées et cuites en eau ou vin avec la qui se perd d'ailleurs assez rapide-
graine, ou le suc tiré d'icelles encore verdes, ment. Sa saveur est amère,
se donne en forme de looth (médicament légèrement
liquide de consistance sirupeuse) avec miel, acre et balsamique, quelque peu as-
aux asthmatiques, à gens travaillés de toux, tringente.
emmaigris et langoreux», et d'autres her- Emploi. Si le lierre terrestre (Herba Se-
boristes, après lui, ajoutent que les effets de ne se trouve plus au Codex,
ces drogues sont plus efficaces encore si deroeterrestris)
l'on a soin d'ajouter au marrube de la poudre il n'en est pas moins considéré comme un
un pectoral, un stimulant, un astrin-
de racine de violette. C'est ce dernier remède tonique, et un vulnéraire dans la médication
qui était préconisé pour désopiler le foie, la gent
rate et la matrice, pour tuer les vers du rurale et recommandé à toutes les personnes
travaillées de rhumes. Le mode d'emploi est
corps, pour aider aux femmes en mal d'en- théiforme à la dose de 15 gr. par
fant. On préparait des bains de marrube l'infusion litre très usitée dans les campagnes
pour les personnes délicates du beau sexe contred'eau, les affections catarrhales et les crache-
sujettes aux maux de reins, aux points de
côté et aux affections variqueuses. On com- ments de sang.
Le lierre terrestre entre encore dans la
battait le goitre avec un cataplasme de du thé suisse, mélange, pour
marrube et il n'est pas sans intérêt d'ap- composition infusion stimulante et carminative, de 50 gr.
prendre que Pline préconisait les feuilles et
les graines broyées de marrube comme de véronique, 50 gr. de lierre terrestre, 50 gr.
contre de de feuilles de scabieuse, 50 gr. de feuilles de
«proufitables morsures serpents, tussilage, 10 gr. de feuilles de mélisse, 10 gr.
douleurs de costés et de poitrine et la toux de feuilles de litre d'eau en
envieillie, aussi bien contre les sauge (3 gr. par
que gangrènes infusion).
et ulcères survenant es racines des ongles». Le curé Kneipp recommande la tisane de
lierre contre les affections des poumons, des
reins et de la vessie. Rajus en préconise le
suc contre les maux de tête et prétend que
PI. 62. Fig. 2. Lierre terrestre. le dit suc, «introduit dans le nez», non seu-
Glechoma hederaceum L. Rondotte. lement calme les migraines, mais qu'il les
Rondelotte. Herbe Saint-Jean. Terrète. fait disparaître entièrement, aussi violentes
Rondette. Rondelette. Couronne de terre. et aussi enracinées soient-elies.
Le lierre, jadis, se prenait en vin comme
diurétique, emménagogue, vermifuge et su-
Le lierre terrestre est une plante Il passait pour guérir la jaunisse
dorifique.
aromatique vivace dont les tiges car-' et la goutte sciatique, pour désopiler le foie
rées, garnies de nombreux rejets ram- et la rate et combattre la peste. On l'utili-
pants, couchées-radicantes, sont plus sait en gargarisme et en eau vulnéraire pour
ou moins velues, grêles, faibles et distiller la pierre et cicatriser les cavernes
des poumons.
redressés vers les sommités. Ses L'art vétérinaire l'utilise encore, dans cer-
feuilles sont opposées, longuement taines régions, pour lutter contre les avives
(engorgement des glandes parotides du
pétiolées, réniformes-orbiculaires, pro-
fondément crénelées et couvertes en cheval).
dessous de petites glandes résineuses.
Ses fleurs, d'un violet bleuâtre ou PI. 62. Fig. 3. Brunelle. Brunella vul-
Prunella
rosé, sont ponctuées de violet à la garis L. Brunelle commune.
gorge et à la lèvre inférieure et communis L.
forment des glomérules opposés briè- La brunelle est une plante vivace
vement pédoncules de I-3 fleurs. dont les tiges tétragones. plus ou
Le lierre terrestre tire son nom de moins velues, couchées et souvent
la. soi-disant ressemblance de ses radicantes à la base, sont solitaires
feuilles avec celles du lierre commun. ou peu nombreuses et ordinairement
Il croît dans les haies et les lieux simples. Ses feuilles sont ovales ou
ombragés, au bord des bois, dans les ovales-oblongues, pétiolées, légère-
jardins humides. Il fleurit de mars en ment sinuées-dentées. Ses fleurs, d'un
Famille : Labiées

blanches, sont Lamiii albi est aujourd'hui inconnue des


bleu-violet, rarement
pharmacies.
groupées en glomérules opposés, rap- Nous devons toutefois à la vérité d' ajouter
prochés en épis terminaux compacts. que les feuilles se mangent dans certaines
La brunelle est commune dans les contrées accommodées à la façon des épi-
nards et qu'elles passent pour vulnéraires et
prés, dans les pâturages, au bord des résolutives; que Kneipp recommande les
chemins. Elle fleurit de juin en sep- bains de vapeur (fleurs) contre les maux
tembre et se récolte en pleine florai- d'oreilles et que l'infusion des fleurs (10 gr.
son. Elle a une saveur légèrement par litre d'eau) est un remède populaire d'un
amère, quelque peu acre, mucilagi- usage courant contre les rhumes de poitrine
et les fleurs blanches.
neuse.
Emploi. La brunelle-était autrefois offic.
sous les noms de Herba Prunelloe ou Con- PI. 63. Fig. 2. Betonica officinalis L.
solida;minoris. Elle est vantée comme «incras- Bétoine. Herbe de coeur. Bétoine offi-
sante» et antiscorbutique et souvent employée
dans les campagnes, en tisane ou en poudre, cinale. Tabac des gardes.
contre les angines et les inflammations de Plante vivace, à tige raide, dressée,
la gorge (gargarisme).
On utilisait jadis les compresses de feuilles pubescente ou hérissée, simple, ne
pilées dans du vinaigre et de l'huile rosat portant que 2-3 paires de feuilles très
pour calmer les migraines et les cataplasmes écartées. Feuilles inférieures très lon-
de feuilles, mélangées de scabieuse, pour se guement pétiolées, les radicales ordi-
défaire des furoncles et des anthrax. nairement plus larges, cordiformes à
la base, ovales ou ovales-oblongues,
PI. 63. Fig. I. Lamier. Lamium album crénelées; les caulinaires plus étroites;
L. Ortie blanche. Lamier blanc. Ortie les supérieures brièvement pétiolées
morte. Fausse-ortie. ou presque sessiles. Fleurs purpurines,
L'ortie blanche n'a de commun avec à tubes dépassant longuement le calice,
l'ortie véritable qu'une vague ressem- rapprochées en épi terminal compact
blance de feuillage. C'est une plante ordinairement interrompu à la base.
vivace, à tige tétragone ascendante, La bétoine est commune dans les
rameuse inférieurement. Les feuilles, bois et les pâturages montueux où
surtout les supérieures, sont très elle fleurit en juillet-août. Les feuilles,
longuement acuminées en une pointe qu'on récolte en juin, ont une odeur
lancéolée-linéaire. Les fleurs, toujours faible, repoussante, et une saveur
blanches, sont réunies en glomérules; amère prenant à la gorge.
elle sont formées d'un calice pubescent Emploi. La bétoine est encore une de ces
à dents aiguës et ciliées, d'une corolle plantes qui, après avoir été bonne à tout ou
rétrécie à la base- et garnie d'un peu s'en faut, n'est plus bonne à rien:
anneau de poils au niveau de ce ré- l'Herba Betonica est rayée du Codex et c'est
à peine si, dans les campagnes, on lui accorde
trécissement. encore quelques propriétés calmantes. Et
Le lamier est très commun dans les cependant, à en croire les anciens herboristes,
la bétoine, prise chaude matin et soir en
haies, sur les décombres, dans les décoction dans de l'eau ou du vin, débarras-
lieux cultivés et les jardins. Il fleurit serait les poumons et les bronches de toutes
d'avril en octobre. On n'en récolte les mucosités superflues et nuisibles, serait
que les fleurs qu'on débarrasse du favorable aux asthmatiques et aux tubercu-
calice et qu'on dessèche rapidement leux, bonne «pour l'estomach et la clarté des
yeux»; elle désopilerait le foie et la rate,
pour les conserver dans un endroit sec. chasserait la jaunisse et l'hydropisie, l'épi-
Les fleurs ont une légère odeur de lepsie, la faiblesse des nerfs, la goutte, la
miel et une saveur douceâtre, mucila- paralysie; elle briserait les calculs dans la
gineuse. vessie, provoquerait l'écoulement mensuel,
activerait la digestion et guérirait plaies et
Emploi. L'ortie morte, appelée ainsi parce bosses.
que ses feuilles ne piquent pas, est bien A ces vertus — peu ordinaires, on l'a-
déchue de son antique splendeur: les Flores vouera — s'ajoutent encore celles du suc et
Lamii albi ne sont plus de mode et l'Herba des racines. Le suc «versé goutte à goutte
60

2 a, b, c. Buglosse.
L.
La, b. Bourrache. Anchusa officinalis
L
Borrago officinalis
Famille : Labiées
dans les aureilles avec huile rosat proufite lante, digestive. L'infusion de ses feuilles
merveilleusement aux douleurs d'icelles» et (I0 gr. par litre d'eau) se prend à l'intérieur
les racines .... tuent les serpents. Oui, oyez contre les sueurs nocturnes et la dysenterie
plutôt: «Les serpens enfermez et enclos et s'utilise à l'extérieur contre les angines,
dans un cercle ou ceinture faits d'icelles, se les catarrhes de la gorge et les gencives
tuent l'un l'autre à force de se battre et saignantes. On l'utilise en fumigations contre
débattre». l'asthme et, infusée en vin, pour nettoyer les
plaies infectieuses.
PI. 63. Fig. 3. Sauge. Salvia offici- Kneipp dit que les plaies anciennes et
suppurantes, lotionnées avec une décoction
nalis L. Thé de France. Sauge des de sauge et pansées ensuite, guérissent ra-
jardins. Sauge franche. pidement et avec certitude; que le thé de
sauge fait disparaître les engorgements du
La sauge est originaire de l'Europe palais, de la gorge et de l'estomac; que là
méridionale. Elle croît sur les coteaux sauge, infusée dans l'eau ou le vin, purifie
secs du midi de la le foie et les reins et que
la poudre de sauge, ré-
France, dans les clai- pandue sur les aliments
rières et se cultive comme on fait avec le
fréquemment dans les poivre, le sucre ou la
jardins potagers. cannelle, rend les mêmes
C'est une plante sous- services que le thé dans les
infirmités susnommées.
frutescente à la base, Nos pères prenaient la
à tiges tétragones hé- sauge bouillie dans l'eau
rissées, à feuilles op- ou le vin contre les affec-
tions tuberculeuses du
posées, obtuses, poumon, les points de
ovales-lancéolées, to- côté, les encrassements
menteuses-blan- du foie, l'apoplexie, les
châtres dans leur jeu- tremblements nerveux, les
fine- crampes et la somnolence.
nesse, rugueuses, Ils la faisaientbouillir avec
ment crénelées. Ses l'absinthe pour se défaire
fleurs sont réunies en de la dysenterie, l'utili-
de 3—6 saient en lotions pour se
glomérules débarrasser des poux et
fleurs; elles sont d'un de la vermine, guérir les
rose lilas, assez blessures et les piqûres,
grandes, avec un style cicatriser les ulcères. Ils
très saillant et un tube écrasaient ses feuilles pour
se nettoyer les dents et
garni inférieurement les gencives et en préco-
d'un anneau de poils. Calament.Calaminthaofficinalis Moench.
nisaient les dans
a. Sommité fleurie,b. Fleur,c.Corolle. les rétentionsvapeurs
d'urine.
La sauge fleurit en d. Calice,e.Nucules.
iuin-juillet. On en ré-
colte les feuilles avant la floraison
et on les Calamintha officinalis Moencli. Cala-
(généralement en mai-juin)
ont une odeur ment. Calament officinal. Baume sau-
sèche à l'ombre. Elles
le vage. Calament de montagne. Melissa
pénétrante rappelant assez camphre calamintha L. Belle menthe..
et une saveur légèrement amère, aro-
matique et astringente. Plante vivace dont la souche tra-
çante donne naissance à une tige plus
Emploi. Les feuilles sont offic. sous le ou moins velue de 3o-6o cm. de hau-
nom de Folium Salvioe. Les pharmaciens en teur, flexueuse, simple ou rameuse.
préparent une eau de sauge concentrée Feuilles assez grandes, pétiolées,
(Aqua Salvioe concentrata) et elles entrent
dans la composition du vinaigre aromatique ovales-obtuses, dentées en scie, pubes-
(Acetum aromaticum), de l'eau vulnéraire centes-grisâtres inférieurement, poilues
(Spiritus Rosmarinicompositus), du thé suisse et vertes en dessus. Glomérules pédon-
et de maints dentifrices. cimes dichotomes pauciflores
La sauge est légèrement astringente, aro- cules, en
carminatiye, anticatarrhale, stimu- ou multiflores. Calice tubuleux, ordi-
matique,
122 Famille: Labiées

nairement coloré, à dents ciliées. Co- (2-5 gouttes plusieurs fois par jour). A l'exté-
rolle assez grande, d'un pourpre rosé, rieur, elle s'utilise en lotions, frictions, pom-
mades, bains, tant toniques qu'excitants; On
à lèvre inférieure tachée de blanc et en fait une pommade contre la gale et To-
de violet, deux à trois fois plus longue pinard prétend qu'on se débarrassera sûre-
ment des morpions par un bain de 300 1.
que le calice. Nucules bruns, subglo- d'eau dans lequel on aura préalablement
buleux. versé 300 gr. de soude, 3 gr. d'huile de
Le calament croît dans les rocailles romarin et 3 gr. d'huile de thym dissous
ombragées, dans les forêts et les haies, dans 100 gr. d'esprit-de-vin.
surtout dans la région montagneuse. Les sommités fleuries et les feuilles sont
Il fleurit de juillet en septembre. Son efficaces dans les catarrhes pulmonaires
(10 gr. pour un litre d'eau, en infusion) et
odeur est celle de la menthe; sa saveur le vin de romarin, pris en petites potions,
est acre, légèrement amère. a fait ses preuves dans les maladies du coeur:
il a une action calmante et provoque, dans
Emploi. Les anciens herboristes prétendent l'hydropisie du coeur et l'hydropisie en géné-
que le calament délaye, ramollit, incise et ral, une sécrétion abondante par les voies
nettoie. Ils le préconisent en décoction urinaires. Sa préparation est d'ailleurs fort
contre les crampes, la somnolence, l'épilepsie, simple: on coupe une poignée de romarin
l'asthme, la jaunisse, l'hydropisie, les flatu- en petits morceaux que l'on introduit dans
lences et les menstrues rebelles. Ils le une bouteille de bon vin blanc vieux, on
prennent en outre avec du miel et du sel décante au bout d'une demi-heure et l'on prend
pour chasser les vers du corps; ils l'utilisent du liquide un petit verre soir et matin.
en poudre dans l'hydromel pour provoquer Kneipp dit que le romarin est un excellent
la sueur et éclaircir la vue, et son suc, stomachique. «Apprêté et bu sous forme de
disent-ils, tenu dans les narines, arrête les thé, dit-il, il débarrasse l'estomac des ob-
saignements de nez. structions, remet l'appétit et la digestion.
Aimez-vouz voir parader sur votre table un
verre à médecine, ce grand consolateur des
PI. 64. Fig. I. Romarin. Rosmarinus souffrants? Remplissez le de thé de romarin
officinalis L. et prenez-en matin et soir 2.4 cuillerées:
l'estomac entendra bientôt raison, c'est à dire
Le romarin est un arbuste toujours qu'il sera rendu à la liberté. »
vert et très ramifié qui croît dans les Le romarin est en outre partie constituante
lieux arides de la région méditerra- du baume tranquille (OleumHyosciami corn-
néenne et qui. est souvent cultivé dans position: huile de jusquiame 1000, huile vo-
latile de lavande I, huile volatile de menthe
les jardins potagers. Ses feuilles sont I, huile volatile de romarin I, huile volatile
linéaires, blanches et cotonneuses en de thym I), de l'opodeldoc (Linimentum sa-
dessous, vertes et chagrinées en dessus. ponato-camphoratum), de l'opodeldoc liquide
Ses fleurs, d'un bleu pâle légèrement (Opodeldocliquidum: esprit de savon 680,
alcool camphré 240, ammoniaque liquide 65,
violacé, tachetées, ont une odeur pé- huile volatile de romarin Io, huile volatile de
nétrante, forte, nullement désagréable, thym 5) et il était autrefois la base d'une eau
et une saveur aromatique, chaude, de toilette fort recherchée et bien connue
sous le nom d'Eau de la Reine de Hongrie.
acre, légèrement amère. Les anciens herboristes voyaient dans la
Le romarin fleurit de mars en mai, décoction de romarin un remède contre la,
et, souvent, une seconde fois en jaunisse, un dépuratif du corps, un désopilant
automne. du foie et de la rate. Le romarin était pour
eux un tonique précieux, un préservatif des
Emploi. Les fleurs et les extrémités affections nerveuses, de l'épilepsie) de la
fleuries sont officinales et inscrites au Codex somnolence, de l'apoplexie, de la paralysie,
sous le nom de Folium Rosmarini. La dis- des tremblements nerveux et de l'insensibilité
tillation en donne une huile volatile, incolore générale ou partielle. C'était encore un anti-
ou légèrement vert-jaunâtre, connue sous le leucorrhéique que l'on en décoc-
nom d'huile de romarin , (Oleum Bosmarini). tions ou en bains de employait
Elles entrent dans la préparation de l'eau un vulnéraire. On l'utilisait siège, un gargarisme,
en
vulnéraire (Spiritus Bosmarini compositus), dans les affections du cou et du fumigations
de l'onguent nervin (Unguentum Rosmarini les rhumes, la toux et l'air nez, contre
empesté. On en
compositum), du thé suisse, de certains lini- mâchait les fleurs et les jeunes feuilles pour
ments et de l'eau de Cologne. s'éclaircir le teint et aromatiser son haleine,
L'huile de romarin s'administre à l'intérieur et on se frottait la d'huile de romarin
comme stimulant, carminatif, antispasmodique pour se préserver nuque des attaques épileptiques.
61

2 a, b, c, d. Verveine. 1. Pulmonaire.
Verbena officinalisL. Pulmonaria officinalisL.
Famille: Labiées 123
PI. 64. Fig. 2. Métissa officinalis L. n'en produit pas moins des cas d'alcoolisme
Mélisse officinale. Herbe du citron. assez fréquents: Faire macérer pendant 24
heures et distiller ensuite pour retirer 1000gr.
Citronnelle. Piment des abeilles. de produit: 3 poignées de feuilles fraîches
de mélisse, 30 gr. d'écorce fraîche de citron,
Plante vivace, plus ou moins poilue,
à odeur de citron très prononcée. 30 gr. de noix de muscade, 30gr. de semences
de coriandre, 30 gr. de girofles, 1000 gr. de
Tiges dressées, ordinairement très ra- vin blanc et 1000 gr. d'alcool rectifié.
meuses, à feuilles ovales ou ovales- Les anciens herboristes s'étendent longue-
orbiculaires, crénelées-dentées, ment sur les vertus curatives de la mélisse.
pétio- Ils l'administrent aux personnes sujettes aux
lées, ridées. Glomérules espacés, battements de coeur pendant la nuit et la
presque sessiles, dépassés par les préconisent contre l'hypocondrie et les em-
feuilles florales et formant un long barras d'estomac et d'intestin. Ils la prennent
épi interrompu. Corolle d'abord jaune, en vin blanc, pour dégager la poitrine et les
puis blanche et de moitié plus longue bronches, fortifier le coeur et le cerveau,
vaincre le haut-mal et combattre les empoi-
que le calice. sonnements provoqués par des champignons.
La mélisse est originaire de la région Ils utilisent son alcoolature à la dose de 3-4
méditerranéenne et elle a sa place cuillerées pleines contre les crampes de ma-
trice, son infusion en lavement antidysenté-
marquée dans tous les jardins. Elle
rique, ses feuilles écrasées contre les yeux
se plaît un peu partout, dans les haies, enflammés. La fleur de mélisse s'introduit
dans les rocailles, dans les bois et les avec la fleur de camomille dans des sortes
buissons. Toutes ses parties, surtout de petits sacs que l'on applique chauds sur
les feuilles cueillies avant l'épanouis- le ventre des femmes travaillées de crampes
de matrice; les bains de vapeurs sont emmé-
sement des fleurs, exhalent, lorsqu'on nagogues et les emplâtres de feuilles fraîches
les froisse entre les doigts, une odeur et de sel sont antigoitreux, détersifs et séda-
tifs. Les apiculteurs, ajoutent-ils, feront bien
agréable et prononcée de citron, et d'en frotter l'intérieur de leurs ruches pour
possèdent une saveur amère et aroma- empêcher les abeilles de trop vagabonder.
tique, chaude, légèrement astringente.
La mélisse fleurit de juillet en sep-
tembre. On en récolte les feuilles, PI. 64. Fig. 3. Hysope. Hyssopus offi-
d'ailleurs assez rapi- cinalis L.
qui repoussent
dement, avant ou au commencement Plante sous-frutescente, à souche
de la floraison. traçante et ligneuse, à tiges finement
pubescentes, dressées, rameuses, à ra-
Emploi. Les feuilles (Folia Melissoe)agis- meaux effilés ordinairement rapprochés
sent, en infusion de 5 gr. par litre d'eau, en touffe. Feuilles opposées, lancéo-
comme stimulantes, stomachiques, carmina-
tives, antispasmodiques, réchauffantes et vul- lées-linéaires, entières, à bords plus
néraires. Elles servent à la fabrication de ou moins roulés en dessous, portant
l'eau de mélisse des Carmes et entrent dans souvent à leur aisselle des fascicules
la cornposition de l'esprit de mélisse (Spiritus de feuilles plus petites. Fleurs ordi-
Melissoecompositus),liquide limpide, incolore, nairement d'un beau bleu, rarement
d'une odeur et d'une saveur prononcées, qui
se prépare avec de la cannelle de Chine I, blanches ou rouges, disposées en glo-
du girofle I, de la noix de muscade 2, de mérules axillaires formant un épi uni-
l'êcorce de citron 4, des feuilles de mélisse 12, latéral.
de l'alcool 80, de l'eau 60 gr.
Kneipp recommandait l'infusion de som- L'hysope officinale croît' spontané-
mités fleuries à la dose de 15 à 20 gr. par ment dans le midi de l'Europe, sur
litre, contre les affections nerveuses du bas- les coteaux arides, dans les fissures
ventre, la chlorose, l'hystérie, les crampes des rochers et des murailles des vieux
d'estomac, les embarras gastriques, les co- châteaux. On la cultivait au moyen-
liques venteuses, la migraine, les rages de
dents, les maux d'oreilles et les névralgies. âge en diverses localités des environs
Nous donnons ci-dessousune formule pour de Paris et elle se trouve déjà men-
la préparation d'une l'eau de mélisse des tionnée dans plusieurs passages de
Carmes en recommandant toutefois de n'en
user que modérément et à bon escient, car l'Ecriture. Elle fleurit en juillet-août;
si cette eau est un stimulant énergique, elle ses feuilles et ses fleurs se récoltent
124 Famille: Labiées
en août. Toute la plante exhale une Emploi. La marjolaine fait partie des
odeur aromatique prononcée et est espèces aromatiques (Species aromaticce) de
la pharmacopée moderne: fleurs de lavande I,
douée d'une saveur chaude et un peu girofle I, feuilles de menthe 2, feuilles de sauge
amère. 2, marjolaine 2, serpolet 2 parties —et du vin
Emploi. L'hysope, Herba Hyssoppi, autre- aromatique des pharmacies. Elle est forte-
fois offic., faisait partie des Speciescephalica; ment sternutatoire. C'est en outre un balsa-
pro épithemaie.On l'utilisait contre la jaunisse, mique et un stimulant dont les propriétés sont
à peu de chose près celles de l'origan.
l'hydropisie et les calculs rénaux, et on en Les anciens herboristes recommandent la
faisait une eau ophtalmique et vulnéraire.
Sa tisane par infusion est fort agréable à marjolaine en décoction dans le vin blanc
contre I'frydropisie à ses débuts, la dysurie,
prendre, à la dose de 8-15grammes de som- les tranchées, et aussi comme emménagogue.
mités fleuries pour un litre d'eau; elle est On se servait alors de la tisane de mar-
stimulante, anticatarrhale, pectorale, et, pa- jolaine pour combattre les affections nerveu-
raît-il, antiscrofuleuse. ses, l'apoplexie, l'insensibilité, les spasmes,
Les herboristes disent que l'hysope ré-
chauffe, incise, délaye, nettoie; que l'eau l'asthme, les crises épileptiques et la som-
dans laquelle on l'aura fait bouillir avec des nolence: on la prenait à l'intérieur et on s'en
frictionnait la tête en même temps. On en
figues, du miel et de la rue, dégorge les faisait des fomentations au vin blanc contre
bronches, favorise l'expectoration, apaise la les maux d'estomac, les luxations, les hémor-
toux et les accès d'asthme. D'aucuns recom-
mandent la décoction d'hysope et de graines ragies sous-cutanées et on la faisait macérer
de fenouil dans du vin contre les maux d'esto- dans l'huile d'olive pour l'introduire goutté
mac et d'intestin, la jaunisse, l'hydropisie, à goutte dans les oreilles et «proufiter aux
les frissons fébriles et aussi pour favoriser douleurs d'icelles.»
l'écoulement rénal et mensuel. On la prend
avec du miel contre les vers; on la mange
pour s'éclaircir le teint et la vue. On la cuit PI. 65. Fig. 2. Origanum vulgare L.
avec des racines de pivoine pour combattre Origan. Grande marjolaine bâtarde. Mar-
le haut-mal; dans de l'huile, pour l'employer
en lotions contre les poux; avec des figues, jolaine sauvage.
pour en faire un gargarisme; dans du Plante vivace à souche traçante.
vinaigre, pour obtenir une eau -sédative. Tige de 60 cm. environ, pùbescente,
On l'emploie en fumigations contre les bour-
donnements d'oreilles, en frictions huileuses dressée, rameuse supérieurement, sou-
contre la paralysie des membres, en lave- vent rougeâtre. Feuilles poilues, pé-
ments contre les coliques. tiolées, opposées, ovales, plus ou moins
aiguës, obscurément sinuées-denticu-
PI. 65. Fig. 1. Origanum majorana L. lées. Fleurs rosées, rarement blanches,
Marjolaine. petites, munies à leur base de brac-
La marjolaine d'été est annuelle, tées d'un rouge pourpre.
celle d'hiver est vivace. La tige, dres- L'origan commun est indigène en
sée, porte des feuilles elliptiques, ob- France où il croît parmi les buissons,
tuses, pétiolées, très entières, tomen- sur les pâturages secs et dans les lieux
teuses-blanchâtres en dessous, oppo- pierreux. Il fleurit de juillet en sep-
sées. Les fleurs, blanches ou rosées, tembre. On en récolte les feuilles et
petites, sont disposées en épillets ob- les extrémités fleuries en juillet-août.
longs-ovales, ordinairement ternes au Toute la plante, lorsqu'on la froisse
sommet de rameaux tomenteux-blan- entre les doigts, répand une odeur
chàtres. forte, agréable, aromatique; sa saveur
La marjolaine a été importée de la est aromatique, un tantinet amère,
région méditerranéenne dans nos jar- légèrement astringente.
dins où on la cultive souvent en
bordure pour ses propriétés, aroma- Emploi. L'origan, autrefois officinal sous
le nom à'Herba Origani, faisait partie des
tiques et culinaires. Elle fleurit en Species cephalicoe. Il possède des propriétés
juillet-août, possède une saveur et une dépuratives, apéritives et stimulantes que la
odeur fortes, agréables, aromatiques. médication rurale utilise sous forme de ti-
On n'en récolte que les fleurs et les sane (5-10 gr. par litre d'eau) contre les
bronchites chroniques et les embarras du
feuilles. foie et de la matrice. Il entre en outre dans
3 a, b. Brunelle.
Brunella vulgaris L.
L

1 a, b. Marrube.
Marrubium vulgare L.

2 a, b. Lierre terrestre.
Glechoma hederaceum L.
Famille: Labiées 125
a composition du thé suisse et de maints feuille de sauge 2, marjolaine 2, serpolet 2
alcoolats vulnéraires. parties), du vin aromatique (Vinum aroma-
Les anciens herboristes recommandent ticum: espèces aromatiques I, alcool I, vin
l'origan sous toutes ses formes. Sa décoction rouge 9 parties; faites macérer les espèees
en vin est bonne pour les piqûres d'insectes, dans l'alcool pendant 24 heures, ajoutez le vin;
sa poudre en hydromel évacue les principes faites macérer pendant 8 jours; exprimez;
morbides par lés selles et favorise les mens- filtrez) et chacun connaît son emploi dans
truations; son suc est souverain contre les les sachets et les bains de serpolet.
amygdalites, les affections ulcéreuses de la L'infusion de serpolet (5-15 gr. par litre
cavité buccale et les maux d'oreilles. Il avait d'eau) est légèrement stimulante, digestive,
bien des vertus d'ailleurs. «La décoction expectorante, de sorte qu'elle a son emploi
d'iceluy appliquée et mise dans le baing, tout marqué dans les cas de rhumes légers,
auquel se baigne le patient, guérit gratelle, de catarrhes ou même de coqueluche.
démangeaisons, rougnes et jaunisse. Si on le Kneipp le recommande en bains, en sa-
lesche confict en miel, il proufite à la toux» chets, en compresses, en fomentations forti-
et si on le cuit dans du vin et qu'on dirige fiantes et il loue fort l'huile de serpolet contre
ses vapeurs dans les oreilles, il fait dispa- les rhumatismes et la paralysie. Linné lui
raître les bourdonnements et «tintements attribue la propriété de dissiper les fumées
d'icelles. » Un excellent remède à prendre de l'ivresse et les maux de tête qui en sont
contre la diarrhée, la dysenterie et autres généralement la conséquence obligée. Mais
flux du bas-ventre, consiste à manger de la les anciens herboristes vont plus loin. A les
poudre d'origan «cuite en jaune d'oeuf.» en croire, le serpolet a la propriété de ré-
Toute personne sujette aux spasmes et à chauffer, d'inciser et d'évacuer. C'est ainsi
l'hydropisie fera bien, disent-ils, d'en manger que sa décoction en vin était emménagogue,.
avec des figues. On en faisait alors une diurétique et carminative; qu'elle «brisait la
pâte dentifrice en mélangeant sa poudre avec pierre dans la vessie», rentrait les hernies,
du salpêtre et du miel; on le mêlait avec du désopilait le foie et les poumons et la rate,
vin et de l'huile pour l'utiliser en compresses rendait service aux hydropiques; que le ser-
et lotions antileucorrhéiques, avec du soufre polet «cuit avec miel et vinaigre» était pré-
pour se défaire des fourmis, avec de l'eau conisé contre les crachements de sang; qu'on
chaude pour en prendre des bains de vapeurs le faisait bouillir en vin avec de la réglisse
réputés emménagogues. et de l'anis pour s'en faire un expectorant
et un remède contre les émissions involon-
PI. 65. Fig. 3. Thymus serpillum L. taires d'urine, et que ses «feuilles et branches,
cuites en vin, étaient fort efficaces contre
Serpolet. Thym sauvage. Pillolet. morsures de serpens, contre scolopendres
Tiges'sous-frutescentes, nombreuses, terrestres et marines, et contre les scor-
diffuses, couchées radicantes, redres- pions» ...
sées au sommet, rameuses, plus ou
moins pubescentes. Feuilles opposées, PI. 66. Fig. I. Thym. Thymus vulgaris
L. Thym commun.
ovales-arrondies, obtuses, ponctuées à
la face inférieure et à nervures souvent Le thym, originaire de l'Europe
très saillantes. Fleurs roses ou pur- méridionale, subspontané en quelques
purines, petites, formant une tête glo- localités, cultivé partout, se reconnaît
buleuse ou oblongue. à ses tiges presque ligneuses, dressées,
Le serpolet croît sur les friches, au à ses feuilles lancéolées-linéaires, à
bord des routes, sur les coteaux en- bords roulés en dessous et présentant
soleillés, les pâturages, les pelouses, souvent à leur aisselle des fascicules
où il se présente sous 4-5 formes de feuilles plus petites.
principales. Il fleurit de juin en août, Il fleurit de mai en juin et sa flo-
ornant et embaumant les campagnes, raison rappelle celle du serpolet. Ses
et se récolte en juin-juillet pour être rameaux fleuris ont une odeur aroma-
séché à l'ombre. C'est une plante à tique agréable et une saveur chaude,
odeur pénétrante et agréable, à saveur légèrement amère et camphrée.
aromatique. Emploi. Le thym est inscrit au Codex
Emploi. L'Herba serpylli du Codex est le sous le nom de Herba Thymi. II fait partie
rameau fleuri du serpolet. Il fait partie de du thé suisse, du baume de vie de Hoffmann
l'esprit de serpolet (Spirilus Serpylli), des (Mixtura oleoso-balsamica:huiles volatiles de
espèces aromatiques (Speciesaromdtieoe:fleur cannelle, de girofle, de citron, de lavande, de
de lavande I, girofle I, feuille de menthe 2, macis, de thym, de chacune 4 parties, baume
126 Famille: Labiées
du Pérou 16, alcool 960; mêlez, faites ma- dentées en scie. Glomérules rappro-
cérer pendant 8 jours en agitant souvent, chés en têtes globuleuses. Corolle assez
filtrez), du baume tranquille (OleumHyoscyami
composituni),de l'opodeldoc (Linimentumsa- grande, d'un rose lilas ou rose.
ponato-camphoratum),de l'opodeldoc liquide La menthe aquatique croît dans les
(Opodeldocliquidum), de l'huile volatile de prairies humides, au bord des ruis-
thym (Oleum Thymi) et du thymol. seaux et des fossés. Elle fleurit de
Les propriétés curatives du thym sont et répand une
celles du serpolet. Son huile s'emploie en juillet en septembre
lotions, frictions et bains fortifiants, soit qu'on odeur aromatique agréable.
l'utilise seule, soit qu'on la mélange. avec
d'autres huiles volatiles, telles celles de ro-
PI. 66. Fig. 3. Mentha crispa L. et
marin, de serpolet, etc. Mentha crispata Schrader sont toutes
Le thymol est un corps cristallisé à odeur
deux cultivées dans les jardins où
agréable et à saveur poivrée retiré du thym
par voies chimiques. C'est un antiseptique
elles fleurissent de juillet en septembre.
précieux, assez voisin du phénol, dont onLa première est une variété de la
tire grand parti en chirurgie et dans la con-
menthe aquatique et la seconde dérive
servation des préparations anatomiqués. Son
de la menthe verte, Mentha, viridis,
pouvoir antiseptique n'est pas, il est vrai,
aussi considérable que celui du phénol, mais
assez rare chez nous.
il n'a pas l'odeur désagréable de ce dernierOn en récolte les feuilles en juin
et il est aussi moins toxique. Il se prend à
avant la floraison et on les sèche à
l'intérieur à la dose de 0,05-0,1gr. — dose
l'ombre; elles doivent avoir une cou-
max. par jour 0,5 gr. — dans de la glycé-
rine, en teintures ou encore en pilules contre
leur verte. Toutes deux ont une odeur
les troubles digestifs,les dilatations d'estomac,
et une saveur aromatiques plus pro-
les angines, les mucosités de toute sorte, la
noncées que la menthe aquatique.
fièvre, les rhumatismes articulaires. A l'ex-
térieur, le thymol s'utilise en bandages, enEmploi. Nous ne nous arrêterons pas aux
compresses ou badigeonnages : pour les deux menthes crépues qui jouissent pour-
plaies, on l'étend de 50-200fois son volume
tant de propriétés balsamiques, stomachiques,
d'eau et pour les brûlures de 1000 fois son
carminatives, et qui passent, dans les cam-
volume d'eau ou de 100 fois ce même vo- pagnes, pour être d'un certain effet sur la
lume d'huile de lin. Le professeur Leyden,
matrice. Nous écouterons plutôt le curé
à en croire Hager, recommandait les inha-
Kneipp. «Onutilise beaucoup, dit-il,la menthe
lations de thymol dans les. bronchites infec-
poivrée (Menthapiperita) et la menthe aqua-
tieuses et Küster contre la coqueluche. tique. Je donne néanmoins la préférence à
Les lignes qui précèdent font pressentir
cette dernière parce que son action est plus
que le thym n'a pas dû plonger les anciens
puissante. La menthe est du nombre des
herboristes dans une indifférence parfaite.
grands remèdes qui fortifient l'estomac et
Ils préconisent, en effet, sa décoction en eau,
favorisent la digestion. Quand on met de la
agrémentée d'un peu de sel et de vinaigre,
menthe sur le front, le mal de tête, tout
pour évacuer les mucosités les plus tenaces
violent qu'il est, diminue incessamment. Le
par les selles, pour faciliter le jeu des or-
thé de menthe, pris matin et soir (chaque
ganes de la respiration et de la digestion,
fois une tasse) aide la digestion et rend le
pour chasser les vers et l'urine et provoquer
visage sain et frais. Le même effet est pro-
l'apparition des menstrues. Ils l'ajoutent aux
duit par la poudre de menthe, prise à la
aliments à la façon du poivre ou du sucre
dose 1-2 pincées par jour dans la nourriture
pour tonifier les organes visuels, le prennent
ou dans l'eau. Un usage fréquent de la
avec du miel pour favoriser l'expectoration,
menthe est à conseiller surtout aux personnes
le tiennent confit en sucre ou en salaisons,
sujettes aux battements de coeur, aux nausées,
et l'utilisent, cuit avec de la drêche dans du
aux vomissements, à l'haleine fétide, aux
vin, en compresses contre «la douleur dudouleurs gastriques.
ralle et des cuisses» et contre le «mal de Puisse chaque ménagère réserver à la
joinctures. » menthe et à la rue un petit coin dans son
jardin! Rien que le parfum réfrigératif qu'elle
PI. 66. Fig. 2. Mentha aquatica L. dégage et qu'elle laisse généreusement dans
Menthe aquatique. Baume de rivière. votre main pour peu que vous la touchiez
récompera largement la peine qu'on prend
Plante vivace à tige ferme, dressée, de la cultiver.»
Les anciens herboristes prétendent que les
tétragone, rameuse, plus ou moins cou-, trois menthes
verte de poils réfléchis. Feuille oppo- ci-dessus, cuites en vin blanc,
sont diurétiques, carminatives, vermifuges,
sées, à courts pétioles, ovales-aiguës, et que leur effet est plus marquant encore
1 a, b. Lamier blanc 2 a, b. Betoine. 3 a, b. Sauge.
Lamium album L. BetonicaoffficinalisL. Salvia officinalisL.
128 Famille : Labiées
de tête, des lotions contre les croûtes de lait tieum); de l'esprit de lavande (Spiritus La-
ou la teigne, des décoctions à employer vandulae: fleur de lavande 25, alcool 75, eau
contre les maux d'oreilles et les tumeurs... 75; faites macérer pendant 24 heures et re-
et les jeunes mères les prenaient en lait tirez par distillation 100 parties); de l'em-
pour empêcher la coagulation du précieux plâtre mercuriel composé (Emplastrum Hy-
liquide dans les tissus mammaires. drargyri compositum).
Bien que la lavande tienne une assez
large place au Codex, c'est peut-être en
parfumerie qu'elle est le plus usitée. On en
PI. 67. Fig. 2. Lavande vraie. La- prépare une eau-de-vie et un vinaigre pour
vandula vera de Candolle. Lavande offi- l'usage de la toilette; on la rencontre dans
cinale. Lavande femelle et Lavandula chaque formule de l'Eau de Cologne; on en
L. Lavande Lavande mâle. prépare des bains aromatiques fortifiants et
spica spic. des sachets odorants qui sont autant de pré-
Aspic. servatifs contre les mites et autres ennemis
Ce sont des plantes sous-frutes- des fourrures et des lainages; on l'utilise
centes à écorce d'un blanc grisâtre pour relever l'odeur de certains parfums.
Voici une formule pour préparer soi-même
dont la tige, ligneuse à la base et une excellente eau-de-vie de lavande, dont
dressée, est divisée inférieurement en quelques gouttes, dans un verre d'eau, suffi-
rameaux feuilles. Les feuilles ront pour adoucir la peau du visage ef faire
plusieurs les rougeurs et les petites érup-
sont linéaires, coriaces, blanches to- disparaître
tions : mélangez 1000gr. d'alcool, 180gr. d'eau
menteuses dans leur jeunesse, avec distillée, 24 gr. d'huile volatile de lavande et
des bords roulés en dessous. Les ra- autant d'essence de bergamote, 12 gouttes
meaux florifères sont longuement nus d'essence de rose, 12 gouttes d'essence de
au-dessus des dernières feuilles et ter- girofle, 2 décigrammes de musc, 60 gr. de.
miel, 5 gr. d'acide benzoïque; laissez reposer
minés par un épi court, formé de 3—5 pendant 24 heures, filtrez et... employez.
glomérules ou moins, et généralement La lavande jouit de propriétés stimulantes,
interrompu à la base. Les fleurs sont toniques, antispasmodiques qu'elle doit à son
petites, à calice Cotonneux et bleuâtre, essence. Elle agit avec succès dans les dys-
à corolle bleue, à bractées ovales et pepsies la flatulantes, la syncope, les étourdisse-
ments, chlorose et les affections scrofu-
scarieuses terminées en pointe dans leuses. On la prend, soit en infusion théi-
la lavande vraie, à bractées ovales et forme (4—8 gr. par litre d'eau), soit en eau
scarieuses, mais linéaires, dans la la- soit distillée de lavande à la dose de 30—60gr,
vande aspic. encore en alcoolat de lavande à la dose
de 2—4 gr. dans une potion.
La lavande croît spontanément sous Kneipp fait usage de l'huile de lavande
tout le climat méditerranéen; on la qu'il utilise à la dose de 5 gouttes sur du
rencontre sur les collines sèches, sur sucre et deux fois par jour pour faciliter la
combattre les congestions et les
les rochers, dans les lieux incultes, et digestion,
étourdissements, faire revenir l'appétit; il la
elle est fréquemment cultivée dans les recommande fortement à toutes les personnes
jardins. Elle fleurit en juillet-août, souffrant de flatuosités, de nausées et de
maux de tête provenant de gaz intestinaux
possède une saveur amère, et une odeur
assez pénétrante, suave, qui en fait la qui montent, et il là prescrit contre la mé-
lancolie et les affections mentales.
favorite des ménagères. On peut lire dans les livres des anciens
herboristes que la lavande a des propriétés
Emploi. La lavande est inscrite au Co- réchauffantes, diurétiques, emménagogues;
dex sous le nom de Flos Lavandulae: c'est qu'elle désopile le foie et la rate et qu'elle
la fleur entière, isolée, sans pédoncule ni constitue un remède précieux contre les ma-
feuilles; c'est du moins sous cette forme ladies du cerveau et des nerfs, contre les
qu'elle entre dans la préparation: du vinaigre syncopés, les étourdissements, l'apoplexie, la
aromatique (Acetum aromaticum); du. baume paralysie partielle ou totale, les crises épi-
de vie de Hoffmann (Mixlura oeleoso-balsa- leptiques, les spasmes, les tremblements ner-
mica); du baume tranquille (Oleum Hi/os- veux, la jaunisse et l'hydropisie.
cyami composition); de l'huile volatile dé la- La lavande spic, ou lavande mâle, fournit
vande (Oleum Lavandulae); de la lotion anti- une huile jaunâtre très acre qui se fabrique
strumale (Opodeldocjodatum liquidum); des surtout en Provence et qui est
employée
espèces aromatiques (Species aromaticae); pour la préparation de certains vernis, ça
de l'eau vulnéraire (Spiritus Rosmarini com- et là contre la teigne et certains cas de
positus); du vin aromatique (Vinum aroma- ralysie. pa-
64

2 a, b, c Mélisse.
1. Romarin. 3 a, b. Hysope.
Melissa officinalisL.
Rosmarinus officinalis L llyssopus officinalis1.
Famille: Labiées, Solanées 129
Les fleurs d'une 3mevariété de lavande, occasionne des vertiges, la surexcitation, une
la lavande stoechas, s'emploient en infusion sorte de folie momentanée que l'on com-
à la dose de 4—8 gr. contre les gastralgies battra par l'émétique et les boissons aci-
et les catarrhes pulmonaires. dulées.
Disons pour terminer qu'on peut se pré- Ses propriétés narcotiques et calmantes
parer une bonne eau de Cologne en pre- la font entrer dans nombre de drogues phar-
nant: 2 gr. d'essence de fleur d'oranger, maceutiques parmi lesquelles nous citerons:
15 gr. d'essence de bergamote, I0 gr. d'essence l'extrait de jusquiame sec (Extractum Hyos-
de citron, 15 gr. d'essence de lavande, 8 gr. cyami duplex: dose max. simp. 0,05 gr.);
d'essence d'écorce d'orange, 8 gr. d'essence l'extrait fluide de jusquiame (Extractum
de cédrat, 18 gouttes d'essence de girofle, Hyoscyami fluidum); l'huile de jusquiame
6 gouttes d'essence de cannelle et 3 litres (Oleum Hyoscyami); le baume tranquille
d'alcool rectifié. (Oleum Hyoscyami compositum: huile de jus-
quiame 1000, huile volatile de lavande I,
huile volatile de menthe 1, huile volatile de
romarin 1, huile volatile de thym 1); les
Famille des pilules de Méglin (Pilulae Hyoscyamicompo-
sitae) ; l'onguent de peuplier (UnguenlumPo-
Solanées puli). Mais, nous le répétons, il est bon,
pour l'administration à l'intérieur, de s'en
PI. 67. Fig. 3. Hyoscyamus niger L. remettre entièrement aux prescriptions du
Jusquiame noire. Jusquiame. Hannebanne. médecin.
Potelée. Herbe aux brigands. Herbe des L'hyoscyamine a été.utilisée dans le traite-
ment de l'alcoolisme et particulièrement
chevaux. contre le délirium tremens. Les feuilles cuites
C'est une plante généralement bis- sont souvent appliquées sur les tumeurs
goutteuses ou rhumatismales pour en calmer
annuelle, à racine fusiforme d'un brun les douleurs. Contre les maux de dents, on
clair, à odeur vireuse très désagréable, projette les graines de jusquiame sur dès
qui se trouve communément sur les charbons ardents et l'on en reçoit la vapeur
bords des chemins pierreux, parmi les dans la bouche, en ayant soin que cette
décombres et dans les champs en vapeur ne pénètre point dans les poumons.
La médication homéopathique emploie la
friche. Elle a. une tige de 3-8 dm., jusquiame contre les névralgies, les accès
robuste, dressée, rameuse, grisâtre, spasmodiques, les inflammations du cerveau
velue et couverte, ainsi que les feuilles, et les tics des paupières.
Il existe, dans le Sahara, une espèce de
d'une villosité visqueuse et glandu- jusquiame appelée «El Bethina» par les in-
leuse; ses feuilles sont molles, pubes- digènes: c'est avec son suc, mêlé à des
centes, sinuées, anguleuses; les infé- dattes, qu'ont été empoisonnés les membres
rieures sont pétiolées et presque pin- de la mission Flatters.
natifides, les supérieures sessiles et
Ses fleurs sont PI. 68. Fig. I. Tabac. Nicotiana ta-
presque embrassantes. bacum L. Tabac ordinaire. Petun. Herbe
relativement grandes, presque sessiles,
à la Reine. Herbe sacrée. Herbe du
d'un jaune sale, à gorge tachetée de
grand prieur. Herbe à tous maux.
pourpre, à limbe veiné de lignes noir-
âtres; elles sont disposées en grappes Le tabac est une plante annuelle
unilatérales feuillées, qui s'allongent ordinairement pubescente visqueuse,
beaucoup pendant la floraison. dont la tige, dressée et à rameaux
La jusquiame fleurit de juin en août. paniculés, peut atteindre I 1/2 m. de
Ses feuilles et ses rameaux fleuris hauteur. Ses feuilles sont très amples,
se récoltent en juin, pendant la florai- très entières, oblongues lancéolées,
son, et se sèchent à l'air libre. de 60 cm. environ de longueur, les
caulinaires sessiles, les inférieures at-
Emploi et dangers. La jusquiame est ténuées. Ses fleurs, d'un rose pur-
une plante qu'il est prudent de ne prendre
à l'intérieur que sur l'ordonnance du méde- purin, dépassent longuement le calice
cin. Toutes ses parties contiennent un al- et sont disposées en paniculés termi-
caloïde — l'hyoscyamine— autrement dit un nales. Graines petites, allongées.
nafcotico-âcre dont les effets sur l'organisme Le tabac, originaire d'Amérique, de
ont assez d'analogie avec l'atropine de la
belladone. A dose toxique, la jusquiame Cuba, de Haïti, est cultivé en grand
I30 Famille: Solanées

en France, en Algérie, en Suisse, en les cas de colique, de nouûres d'intestins,


dans le d'hernies, d'ischuries spasmodiques, de syn-
Autriche, dans le Palatinat, cope et de tétanos. Chacun connaît en outre
Wurtemberg. Il a été introduit en l'usage qu'on fait du tabac pour détruire les
Europe dès 1518 et c'est en 1560 pucerons et chacun sait que le tabac à pri-
que Jean Nicot, ambassadeur de Fran- ser, s'il peut rendre des services dans le
coryza et les maux d'yeux, provoque aisé-
çois II en Portugal, l'apporta en France ment l'affaiblissement du sens de l'adorât
et le présenta à Catherine de Médicis et la formation de polypes.
comme un remède contre tous les
maux. L'usage du tabac se répandit PI. 68. Fig. 2. Belladone. Atropa bella-
rapidement en Europe malgré la dé- dona L. Atrope belladone. Belle dame.
fense de plusieurs gouvernements : en Bouton noir. Morelle furieuse.
1604, Jacques I le prohiba en Angle- La belle dame est une plante her-
terre; en 1624, le pape Urbain VIII dé-
clare excommuniés ceux qui prendraient bacée, vivace, à racine blanchâtre et
du tabac dans les églises et le sultan pivotante, dont la tige élevée, dressée,
des Turcs, Amurat IV, ordonna de dichotome au sommet, ferme, est or-
dinairement couverte vers le haut
couper le nez aux musulmans qui en d'une pubescence finie et glanduleuse.
feraient usage dans les mosquées.
Rien n'y fit, puisque les Européens Ses feuilles sont alternes, entières,
ont encore renchéri sur la coutume d'un vert sombre, ovales, légèrement
sinuées. Ses fleurs en cloche sont
indienne, puisqu'ils ne se contentent
d'un pourpre obscur veiné de brun,
pas de le fumer, mais qu'ils le mâ-
chent et le prisent! penchées, géminées ou solitaires. Elles
Les feuilles du tabac se récoltent donnent naissance à des baies globu-
leuses d'un noir luisant, de la gros-
vers le mois de septembre pour être seur d'une cerise reposant
séchées à l'air et à l'ombre, suspendues sur un
à des ficelles. Elles ont une saveur calice à cinq dents.
et une La belladone fleurit de juin en août,
forte, repoussante, amère,
odeur narcotique prononcée qui n'est mûrit en août, et conserve ses baies
pas du goût de tout le monde. jusqu'en octobre. Elle croît dans les
bois montueux, dans les clairières, au
Emploi. L'abus du tabac, sous toutes ses bord des routes de forêts. On la ré-
diverses formes, expose à de sérieux dan- colte au commencement de la floraison.
gers. Il peut produire de graves maladies Ses baies sont inodores avec une sa-
de la muqueuse de la bouche, telles que le
cancer, affaiblir les facultés intellectuelles, veur douceâtre repoussante ; ses feuilles
rendre indolent, déterminer l'inflammation ont une saveur légèrement amère et
du canal intestinal, provoquer le nicotinisme
chronique et faire surgir une foule d'affec- désagréable.
tions nerveuses allant du vertige à l'apo- Emplois et dangers. La belladone est
plexie. Et cependant, son usage s'est telle- une des plantes les plus dangereuses de nos
ment répandu qu'il procure des revenus régions. Elle fait chaque année ses victimes,
considérables aux gouvernements qui ont des enfants surtout qui, trompés par la belle
établi un impôt sur sa consommation, à tel apparence de la guigne noire, courent inno-
point que les Tabacs français donnent au cemment à la mort. En attendant l'arrivée
Trésor environ 350 millions de francs par an. du médecin, qu'il faut quérir de suite, on
Le tabac contient un narcotico-poison, la administrera au patient des vomitifs et des
nicotine, dont la violence est telle que 2-3 purgatifs énergiques pour vider l'estomac,
gouttes suffisent pour foudroyer un chien. du café noir, du vin, du thé, du tanin, et
Ceci explique pourquoi le tabac n'est guère on lui entourera la tête de compresses froi-
employé en thérapeutique, pourquoi les pipes des en mettant ses pieds dans un bain ex-
culottées devraient être impitoyablement re- citant.
jetées, pourquoi les cigares ne devraient Les préparations pharmaceutiques à la
être fumés qu'aux deux tiers. belladone sont tirées des feuilles et des ra-
Les feuilles non fermentées (Folia Nico- cines, qui paraissent être les parties les plus
tianae) se prennent en pilules (0,05-0,15gr.), actives de la plante. On en prépare l'ex-
en infusion ou en lavements calmants (0,5 gr. trait de belladone sec (Extractum Belladonae
—1,05 gr. dans 150 gr. de liquide) dans duplex: dose max. journ. 0,075 gr.), l'extrait
65

1 a, b, c. Marjolaine.
Origanum majorana L.

2 a, b.
L Marjolaine sauvage.
Origanum vulgare L.

3 a, b, c. Serpolet.
Thymus serpyllum L.
Famille: Solanées 131
fluide de belladone (Extractum Belladonae et plus, dressée, anguleuse, plus ou
fluidum: dose max. journ. 0,15 gr.), le sulfate moins pubescente, souvent rameuse.
d'atropine (Atropinum sulfuricum: dose max. surtout en des-
journ. 0,003 gr.), toutes préparations éminem- Feuilles pubescentes
ment toxiques et dont l'emploi ne peut être sous, ovales, brusquement rétrécies
confié qu'au médecin. en pétiole, les supérieures géminées.
La belladone entre en outre, par son ex-
trait fluide, dans la préparation de l'emplâtre Fleurs pédonculées, solitaires, pen-
de belladone (Emplastrum Belladonnae), et, chées, blanchâtres, verdâtres à la
par ses feuilles, dans la confection de l'onguent gorge. Calice florifère velu, petit, vert;
de peuplier (Ungentum Populi). calice fructifère très ample, en forme
Les feuilles ou les préparations de la de vessie, veiné-réticulé, d'abord vert,
belladone, grâce à l'atropine qu'elles ren-
ferment, dilatent la pupille en immobilisant puis d'un rouge orangé plus ou moins
l'iris; elles donnent de bons résultats dans vif. Baie globuleuse d'un rouge vif,

Coqueret. Physalis alkekengiL.


fleurie,b.Fleur, c.Corolleétalée, d. Calicefructifère,e. Coupeducalicefructifère,f. Graine.
a. Sommité
la coqueluche, se fument en cigarettes cal- de la grosseur d'une cerise, cachée
mantes contre l'oppression, arrêtent les sueurs
des phtisiques, mais, nous le répétons, laissez par le calice fructifère comme un lu-
faire le médecin, si vous ne voulez vous mignon dans un lampion.
exposer à des accidents à peu près certains. Le coqueret fleurit en juin-juillet
La médication homéopathique en fait dans les vignes, les lieux ombragés,
usage contre les étourdissements, les inflam- au bord des haies; il ne dépasse pas
mations du cerveau, les migraines, les maux une certaine altitude, mais il se pro-
de dents, les tumeurs enflammées, l'érisipèle,
la fièvre scarlatine, les affections des yeux, page avec une certaine rapidité qui
les battements de coeur, les crampes, la toux le fait redouter des vignerons. Ses
convulsive, l'hystérie, la neurasthénie, la pa- baies sont inodores, acidulés, man-
ralysie, la fièvre intermittente, les affections geables; le calice fructifère, par contre,
de la matrice, les émissions involontaires
d'urine et la pléthore. étant donnée sa teneur en principe
amer, nous paraît suspect.
Physalis alkekengi L. Coqueret. Herbe
à cloques. Alkékenge. Emploi. Les baies d'alkékenge sont usi-
tées dans certaines régions de la France
Plante vivace à rhizome longuement pour colorer le beurre et, en fumigations,
traçant. Tige pouvant atteindre 50 cm. contre les maux de dents.
132 Famille: Solanées
Gmelin rapporte que les dites baies, soi- contre les rhumes de poitrine, l'asthme, la
gneusement débarrassées de leur enveloppe, jaunisse. L'ancienne pharmacopée a encore
étaient jadis mangées crues ou confites en connu les Stipites Dulcamarae (tiges) et l'Ex-
vinaigre en Espagne et dans d'autres pays tractum Dulcamarae. La douce-amère passait
de l'Europe, et que les médecins d'autrefois alors pour un purgatif violent qui faisait'
les recommandaient sous ces deux formes «passer par les selles et les urines la bile
ou encore macérées dans le vin comme for- visqueuse» des jaunisses les plus jaunes.
tement diurétiques et même contre les cra- La thérapeutique d'aujourd'hui est plus
chements de sang. restreinte dans son emploi. Elle se contenté
Les anciens herboristes leur attribuent des d'usager ses rameaux de deux ans qu'elle
propriétés efficaces dans les affections du coupe en petits morceaux pour en préparer
foie, des reins et de la vessie. Ils les re- une tisane dépurative et sudorifique qui,
commandent crues ou en alcoolature, à la dit-on, ne serait pas à dédaigner dans les
dose de 3-4 cuillerées prises plusieurs jours affections rhumatismales. Cette tisane se
de suite, contre la jaunisse, les tumeurs in- fait à la dose de 20 gr. de rameaux en dé-
ternes, la pierre et les ardeurs d'urine. Ils coction dans un litre d'eau et elle ne se
en préparent un vin précieux pour qui veut prend qu'à petites doses afin d'éviter les
se défaire des calculs et de la gravelle en les effets nauséeux de la solanine.
foulant avec du raisin pour les abandonner La médication homéopathique emploie la
ensuite à la fermentation. douce-amère contre les diarrhées provoquées
par un refroidissement, contre les tumeurs,
les glandes, les verrues, les éruptions, les
PI. 69. Fig. I. Douce-amère. Solanum rhumes de poitrine, la teigne et l'hydropisie.
dulcamara L. Vigne sauvage. Herbe à
la fièvre. Morelle douce-amère. PI. 69. Fig. 2. Solanum nigrum L.
La douce-amère Morelle noire. Herbe aux magiciens.
est une plante vi- Raisin de loup. Crève-chien. Mourelle.
vace ou sous-frutescente du genre
morelle dont les tiges sarmenteuses, Plante annuelle herbacée, ordinaire-
rameuses et à rameaux flexueux, ment très rameuse, à rameaux étalés,
s'élèvent à près de deux mètres de diffus, à angles saillants. Feuilles
hauteur en s'appuyant sur les plantes ovales, sombres, sinuées-dentées, atté-
voisines. Ses feuilles d'un vert foncé, nuées en un pétiole ailé. Fleurs blan-
alternes, pétiolées, ovales-acuminées, ches, pédicellées, réunies au nombre
entières, sont plus ou moins cordi- de 3-6 en fausses ombelles et dont
formes à la base, les supérieures sou: le fruit est une baie globuleuse, verte
vent .garnies de deux segments plus d'abord, puis noire.
petits formant oreillettes. Ses fleurs La morelle noire croît un peu par-
sont violettes, disposées en corymbes tout dans les lieux cultivés, sur les
rameux presque opposés aux feuilles, décombres, dans les jardins, dans les
avec, à leur base, deux taches glan- vignes, au bord des chemins, sur les
duleuses vertes bordées de blanc. places des bois où l'on fait du char-
Baies rouges. bon. Elle fleurit de juillet en septem-
La douce-amère est assez commune bre. Son odeur est faiblement mus-
dans les haies, les buissons ombragés, quée, et sa saveur fade et insignifiante.
les lieux humides, où elle fleurit de Ses baies écrasées ont une odeur
juin en août. Ses feuilles, écrasées fétide et une saveur mucilagineuse
entre les doigts, répandent une odeur quelque peu aigrelette.
désagréable de souris ; l'écorce de ses Emplois et dangers. Toute la plante
tiges et de ses racines a une saveur est vénéneuse grâce à la solanine qu'elle
d'abord amère, puissucrée, persistante. renferme, comme d'ailleurs toutes les sola-,
nées — les tubercules normaux de la pomme
Emploi et dangers. Quoique la douce- déterre exceptés. —Elle provoque des ma-
amère ne soit pas très vénéneuse, il est bon, laises, des crampes, l'angoisse et les convul-
toutefois, de mettre les enfants en garde sions, et l'on fera bien de recommander aux
contre ses rameaux sucrés et surtout contre enfants de ne pas toucher à ses baies. Chose
ses baies rouges qui passent pour véné- remarquable, ses feuilles cuites perdent leurs
neuses. propriétés toxiques et se mangent aux colo-
Sa racine était autrefois inscrite au Codex nies en guise d'épinards sous le nom de
(Badix Dulcamarae) et prescrite en décoction Brède.
3 a, b. Menthe frisée.
Mentha crispa L.

2 a, b, c
Menthe aquatique.
Mentha aquatica L.

1 a, b. Thym.
Thymus vulgaris L.
Famille: Solanées 133
Les anciens, herboristes ne veulent de Laye, à la tomate Humbert, à la tomate
de morelle noire à l'intérieur. Ils se con- pas
tentent des feuilles fraîches qu'ils utilisent en champion ou encore à la tomate Mikado.
compresses ou en fomentations calmantes
contre les migraines, les inflammations des Solanum melongena L. et Solanum
yeux, des oreilles, des seins, de l'estomac, ovigerum Dunal.
du foie, des reins et de la vessie. La première de ces solanées est
l'aubergine ou morelle mélongène, une
Lycopersicum esculentum Miller. So- plante annuelle tomenteuse à feuilles
lanum lycopersicum L. Tomate. Pomme ovales pétiolées, dont les fleurs blan-
d'amour. châtres ou d'un rose lilas, solitaires,
Qui ne connaît la tomate, ses feuilles donnent naissance à des fruits comes-
pinnatiséquées, ses fleurs jaunes et tibles, blancs, violets, jaunes, rougeâ-
surtout ses fruits tres, rafraîchis-
irréguliers, très sants, de la forme
volumineux, d'un et de grosseur
rouge vif ou d'un oeuf d'oie
orangé, qui ré- ou d'un con-
sultent de la sou- combre.
dure de plusieurs L'aubergine
fleurs? Elle est est originaire de
originaire du Pé- l'Asie équato-
rou où on la riale et se cultive
rencontre à l'état depuis le XVIIme
sauvage sur la siècle dans le sud
côte à Tarapato, de la France et
et plus au nord, même à Paris —
sur les confins où elle ne mûrit
du Mexique et toutefois pas tou-
des Etats-Unis, jours. Elle fleurit
vers la Califor- dans nos con-
nie. C'est de ces trées de juin en
contrées que sa septembre.
culture s'est- ré- La seconde so-
pandue sur tout lanée (Solanum
le continent amé- ovigerum) est la
ricain, aux An- morelle à oeufs ou
tilles, dans l'ar- pondeuse, origi-
Tomate. Lycopersicumesculentum Miller. naire de l'Inde,
chipel Malais et b. Fruit, c. Coupetransversale
a. Inflorescence, dufruit
de là dans l'Eu- très semblable à
rope méridionale. Aujourd'hui elle l'espèce précédente, et dont les baies
est cultivée dans nos jardins potagers, violettes, rougeâtres, jaunes ou blan-
non pas justement à cause de l'odeur ches, de la grosseur et de la forme
vireuse et désagréable de ses feuilles, d'un oeuf de poule, sont comestibles.
mais bien pour ses fruits succulents Emploi. Mattioli, médecin et naturaliste
à saveur acidulé agréable. italien, donnait déjà vers 1550 la recette
Emploi. Ne nous escrimons pas à re- suivante pour la préparation des aubergines :
chercher ce que les anciens herboristes pou- «on les cuit dans l'eau, puis on les pèle;
vaient bien penser de la pomme d'amour. on les coupe alors en morceaux qu'on sau-
Contentons nous de la manger chaque fois poudre de farine pour les rôtir ensuite dans
ou le beurre; on sale et on poivre.»
que nous en aurons l'occasion, et sous toutes l'huileLes aubergines constituaient donc à cette
ses formes, en sauce, en conserve, farcie, si
etc., sans même nous inquiéter de savoira la époque déjà lointaine un mets très apprécié
nous avons à faire à la grosse rouge, des gourmets d'alors, bien qu'Avicenne, un
tomate perfection, à la tomate a tige raide médecin qui vécut à la cour de Perse, leur
I31 Famille: Solanées
ait attribué dans ses écrits la propriété de 1565 John Hawkins tente, sans suc-
provoquer des sécrétions nuisibles, des fla- cès, de l'implanter en Irlande; Franz
tulences, des migraines, la tristesse, l'hypon- Drake l'apporté en Angleterre vers
condrie et la constipation.
1580 et elle apparaît ensuite dans le'
midi de l'Europe, apprortée par les
PI. 70. Fig. I. Solanum tuberosum L. Mais la culture ne s'en
Pomme de terre. Morelle tubéreuse. Espagnols.
faisait pas, puisqu'en 1616 on la ser-
Parmentière. vait encore comme rareté sur la table
Souche émettant des fibres allon- de Louis XIIII C'est alors que vint
gées et donnant naissance à des tuber- Parmentier (1717), et Parmentier dut
cules oblongs, consacrer sa vie
ovales, arrondis, à faire revenir
irréguliers, plus les campagnes de
ou moins volu- leur grossière
mineux. Tiges superstition et de
ordinairement leur ignorance !
rameuses dès la
base, anguleu- Emplois et dan-
ses, creuses, ru- gers. Nous ne par-
des pubescentes. lerons pas ici des
usages économi-
Feuilles rudes- ques et industriels
pubescentes, pin- de la pomme de
natiséquées, à terre. Chacun sait
segments ovales- qu'elle entre pour
une large part dans
acuminés pétio- l'alimentation de
lulés alternant l'homme et des ani-
avec des seg- maux, qu'on en re-
ments plus petits tire une fécule qui
et sessiles. Fleurs se convertit en glu-
cose et en dextrine,
blanches ou vio- ainsi qu'un alcool
lettes ou rougeâ- éminemment perni-
tres, en côrym- cieux connu sous
bes rameux lon- le nom d'alcool amy-
lique. Nous dirons
guement pédon- seulement que les
cules. Corolle à baies vertes—grâce
5 angles. Baies à leur richesse en
solanine —sont non-
globuleuses d'un
vert jaunâtre et seulement dange-
reuses prises à l'in-
de la grosseur térieur, mais que
d'une prune. Nlorelleà oeufs. SolanumovigerumDunal mises en contact
a. Planteentière,b. Fruit. avec une plaie ou-
La pomme de
terre est originaire des parties-un peu verte, elles peuvent
occasionner un empoisonnement du sang.
élevées de la Colombie et du Pérou Et nous ajouterons — bien que les tubercules
où elle est cultivée en (pommes de terre) ne contiennent aucun
grand depuis principe vénéneux — que les pommés de
la plus haute antiquité.. Elle est cer- terre mal mûres; gelées ou fermentées, sont
tainement l'une des plantes les plus une nourriture indigeste pouvant causer de
précieuses qui nous s'oient venues du graves maladies tant à l'homme qu'aux
nouveau monde et cependant bestiaux.
il a
fallu des années de' luttes contre des La pomme de terre râpée crue est un
préjugés ineptes (lèpre) pour en faire remède populaire contre les brûlures peu
ce qu'elle est aujourd'hui: un aliment profondes. La fécule de pommes de terre
est d'un usage fréquent pour faire des ca-
dont nous ne saurions nous passer. En
taplasmes sur les membres gelés, les enge-
67

1 a, b. Menthe poivrée.
3 a, b, c, d. Jusquiame Mentha piperita L.
Hyoscyamus niger L.
Famille: Solanées 135
Iures, etc. L'amidon de pommes de terre légèrement amère et quelque peu
peut être utilisé en lavements ou en cata- saline.
plasmes, mais il est loin de valoir l'amidon Emplois et dangers. La feuille (Falium
de céréales.
Stramonii) et la graine (Semen Stramonii)
sont offre. On en retire l'extrait de stramoine
PI. 70. Fig. 2. Datura stramonium L. sec (Extractum Stramonii duplex: dose max.
Strambine. Pomme épineuse. Herbe des journ. 0,075gr-), l'extrait fluide de stramoine
magiciens. Herbe du Diable. Herbe aux (Extractum Stramonii fluidum: dose max.
sorciers. Herbe à la taupe. journ. 0,15 gr.). La feuille entre en outre
dans la composition de l'onguent de peuplier
La pomme épineuse est une plante (Unguentum Populi). Les doses que nous
annuelle de 4-10 venons d indiquer
dm. de haut, ro- prouvent surabon-
damment que nous
buste, dressée, avons à faire ici à
glabre, rameuse, une plante éminem-
dont les larges ment dangereuse et
feuilles d'un vert que l'administration
de la stramoine, à
sombre sont pé- l'intérieur, doit tou-
tiolées, glabres, jours être laissée au
sinuées- anguleu- médecin. Il n'y a là
rien qui doive nous
ses, inégalement surprendre, car tou-
dentées et acu- tes les parties de la
minées, et dont plante, notamment
les grandes fleurs les graines, contien-
nent un poison nar-
blanches en cor- cotique, la stramo-
net sont solitaires nineou daturine, qui
à l'angle de bi- paralyse les centres
furcation des ra- nerveux.
On combat les
meaux. Le fruit empoisonnements
est une capsule de la stramoine.par
ovoïde, épaisse l'opium, par le café
et coriace, de la noir à doses consi-
dérables, par les li-
grosseur et de quides acidulés ou
l'apparence de la riches en tannin ;
capsule du mar- mais il est utile et
ronnier. Graines très recommanda-
ble de commencer
noires, rénifor- par faire vomir la
formes, assez personne intoxi-
grosses. quée.
La stramoine La stramoine est
Molèneblattaire. Verbascum blattaria L.
fleurit de juin en c. Fruit.
desfeuilles,b. Inflorescence, quelquefois emplo-
a. Disposition yée à l'intérieur
Elle d. Coupelongitudinale dufruit. dans le traitement
septembre.
est probable- de la gastralgie, des
ment originaire de 1 Inde et 1 on ad- maladies nerveuses de la face, de la coque-
a été luche et des hallucinations. Ses feuilles, sous
met assez généralement qu'elle forme de cigarettes, servent à faire des fu-
propagée dans l'ancien monde par les migations contre l'asthme nerveux et D est
pérégrinations de hordes de bohémiens. peu d'asthmatiques qui ne recourent à leur
Elle croît maintenant communément emploi.
dans les villages, au bord des che- La médication homéopathique a recours à
la stramoine dans les dérangements cérébraux,
mins, dans les jardins souvent, et prin- le délirium tremens, les accès de frénésie.
cipalement sur les décombres.
On en récolte les feuilles au mo-
ment de la floraison en les débarassant
du pétiole. Elles ont une saveur
I36 Famille : Scrofularinées

Famille des (ensemble des étamines) se compose


de 5 étamines dont les 3 supérieures
Scrofularinées. ont un filet chargé d'une laine blan-
Molène blattaire. Verbascum blatta- châtre tandis que les 2 inférieures sont
ria L. Herbe aux mites. à filets glabres.
Le bouillon blanc a beaucoup d'ana-
L'herbe aux mites est une plante logie avec la molène du faux bouillon
bisannuelle dont la tige, dressée, cy- blanc (Verbascum thapsiforme, Schra-
lindrique, raide, ordinairement simple, der: PI. 71. Fig. 2). Ce dernier ne
peut atteindre un mètre de hauteur. s'en distingue guère que par sa Corolle
Ses feuilles sont dentées, sinuées, relativement beaucoup plus grande et
glabres ; les radicales et les caulinaires à limbe presque plan et par ses feuilles
inférieures oblongues-ovales, rétrécies crénelées.
plus profondément
en pétiole; les caulinaires supérieures Le bonhomme est commun dans
lancéolées -oblongues, un peu cordi- les lieux arides, incultes, pierreux, sur
formes, crénelées, semi-amplexicaules. le bord des chemins, dans les clairières
Les fleurs sont assez grandes, jaunes, des bois où il fleurit de juillet en
disposées en longue grappe terminale septembre. On en récolte les fleurs,
dressée et rarement rameuse, et elles du calice, pendant
qu'on débarrasse
sont ornées d'étamines dont les filets les jours ensoleillés de juillet et août
sont chargés d'une laine purpurine ou et on les sèche rapidement au soleil.
violette. Capsules sphériques.
L'herbe aux mites croît sur les Emploi. Le bouillon blanc des pharma-
bords des chemins, dans les fossés et ciens (Flos Verbasci) ne contient rien de la
molène noire (Verbascum nigrum). C'est un
les lieux arides. Elle est relativement mélange de Verbascum phlomoïdes Linné et
peu répandue dans nos contrées, mais de Verbascum thapsiforme Schrader. L'abon-
se rencontre plus fréquemment dans dant mucilage contenu dans les feuilles et
les régions méridionales. Elle fleurit les fleurs de cette plante la font employer
avec succès pour combattre les maladies de
en juillet-août, possède un parfum poitrine. Les fleurs font d'ailleurs partie des
doux et agréable et une saveur acre espèces pectorales du Codex (Speciespecto-
et amère. rales: fenouil 5, fleurs de bouillon Io, feuille
de mauve 10, fleur de tilleul 10, racine de
Emploi. Son nom d'herbe aux mites lui réglisse 25, racine de guimauve 40), et elles
vient de ce qu'elle a la propriété d'attirer donnent à elles seules une tisane béchique
à elle ces dangereux parasites si redoutés et pectorale nullement à dédaigner (5 gr.
des ménagères. Ses propriétés médicinales pour un litre d'eau). On aura soin, chaque
sont à peu près de chose près celles du fois qu'il s'agira d'une infusion ou d'une dé-
bouillon blanc. coction de bouillon blanc, de renfermer les
fleurs dans un nouet afin d'éviter les pico-
PI. 71. Fig. I. Verbascum thapsus L. tements très désagréables et irritants pro-
Bouillon blanc. Bonhomme. Molène voqués par les poils laineux des étamines.
Gilibert prétend que les feuilles peuvent
bouillon blanc. Cierge de Notre-Dame. être utilisées en cataplasmes émollients et
C'est une plante robuste dont la que leur décoction constitue un admirable
lavement. On les emploie fraîches, notam-
tige, ordinairement simple est haute ment en Savoie, pour panser les plaies.
de 5 dm. à 2 m. Ses feuilles sont Les anciens herboristes reconnaissent à
oblongues, légèrement crénelées, la racine de bonhomme des propriétés astrin-
épaisses, couvertes sur les deux faces gentes qui la faisaient employer, en vin
d'un duvet cotonneux d'un blanc jau- rouge, contre les dévoiements intestinaux,
les hernies, les blessures internes, la toux,
nâtre: les radicales rétrécies en pétiole, la phtisie et les hémorroïdes. Voulez-vous
les caulinaires à limbe décurrent sur connaître le secret pratiqué par l'un d'eux
la tige, au moins d'un côté, sur toute contre cette dernière affection? Pétrissez
la longueur d'un entre-noeud. Les dans de l'huile d'olive 7,5 gr. de poudre de
racine desséchée, 7,5 gr. de farine et un
fleurs, réunies en une sorte d'épi, ont jaune d'oeuf; faites cuire au four de façon à
une corolle d'un jaune pâle; l'androcée obtenir une sorte de petit gâteau et absorbez
1 a, b, c, d. Tabac. 2 a, b. Belladone.
Nicotiana tabacum L. Atropa belladonna L.
Famille: Scrofularinées I37
un gâteau par jour, à jeun, neuf jours du- tièrement par la dessication, et une
rant: la cure est faite, le mal est loin.
Mais il n'y a pas que la racine qui ait saveur herbeuse, repoussante, amère,
trouvé son emploi dans la médication de quelque peu saline et acre.
nos aïeux. Le suc était utilisé par plusieurs, Emploi. La linaire commune était autre-
et toujours avec avantage, pour combattre fois offic. et servait à la préparation d'une
la fièvre quarte. L'infusion des fleurs s'ap- pommade calmante (Unguentum Linariae)
pliquait en compresses sur les inflammations employée contre les démangeaisons hémor-
des yeux et celles de l'anus. L'eau-de-vie roïdales. D'aucuns la regardent encore
de bonhomme était préconisée contre les comme diurétique, mais son usage en mé-
yeux chassieux, l'érysipèle, les brûlures, la decine semble s'être complètement perdu.
teigne, les dartres sèches et humides, les Les anciens herboristes préconisent la dé-
douleurs articulaires et l'huile de bonhomme coction de la linaire contre les obstructions
— ô coquettes — faisait pousser les che- du foie, de la rate, des intestins, de la vessie,
veux en leur donnant une belle coloration... et ils la recommandent spécialement aux
jaune. sujets enclins à la
jaunisse et à l'hy-
PI. 71. Fig. 3. dropisie. Ils l'em-
ploient également
Linaire com- en lotions et en
mune. Antirrhi- fomentations pour
num linaria L. combattre les af-
fections cancéreu-
Linaria vulgaris ses, les éruptions,
Mil. les pustules, la
La linaire rougeole, et ils
vantent fort son
commune est suc aux femmes
une plante, vi- désireuses de
vace dont les beauté, contre tou-
tes les taches du
tiges, de 2-6 visage et du corps.
dm., sont gar-
nies de feuilles
glaucescentes Scrophularia
ai- nodosa L. Scro-
linéaires, nou-
guës, triner- phulaire
à nervure euse. Herbe aux
viées, écrouelles.
moyenne seule
saillante en des- Souche ren-
sous. Ses fleurs flée, noueuse,
sont assez gran- vivace. Tige ro-
des et simulent buste de 80 cm.
un épi serré. Herbe aux écrouelles. Scrophularia nodosa L. environ, lisse, à
La corolle est a. Partiessup.et inf.d'uneplanteen floraison,b.Fleur, c. Coupe
4 angles plus
d'unefleur, d. Anthère,e. Capsulefructifère,f. Graine. ou moins tran-
jaune avec un g. Coupelongitudinalede la graine.
palais d'un chants mais non
jaune orangé, et un éperon très long, ailés. Feuilles opposées, glabres, ovales-
subulé et ordinairement un peu arqué. lancéolées, pétiolées, légèrement cor-
Les graines sont discoïdes, tubercu- diformes àla base, doublement dentées,
leuses en leur milieu, noirâtres et con- les dents supérieures plus courtes que
tenues dans une capsule ovoïde s'ou- les inférieures. Fleurs intéressantes,
vrant par 5-6 valves. d'un brun rougeâtre en dehors, oli-
La linaire fleurit de juillet en sep- vâtres en dedans, disposées en cimes
tembre le long des chemins, dans les paniculées non feuillées. Capsule sub-
lieux sablonneux ou pierreux, sur les globuleuse, brièvement acuminée, bi-
berges des rivières. Elle se récolte loculaire.
en juillet. Elle a, fraîche, une odeur La scrophulaire fleurit de juin en
désagréable qui se perd presque en- août dans les lieux frais et ombragés,
138 Famille: Scrofularinées
dans les buissons humides. Ses feuilles sont ovales, charnues, opposées, pé-
et ses racines ont une odeur repous- tiolulées et obscurément crénelées.
sante et une saveur amère. Les fleurs, petites, d'un beau bleu
Emploi. Elle est encore usitée aujour- rayé de veines plus foncées, sont dis-
d'hui, dans certaines régions, en lotions an- posées en grappes axillaires opposées.
tigaleuses; mais, comme son nom l'indique Capsule renflée, suborbiculaire, à loges
suffisamment, l'herbe aux écrouelles était polyspermes. Graines très petites,
surtout et avant tout le remède des scro-
fules (30 gr. dans un litre d'eau). D'après ovoïdes, jaunâtres.
Gmelin, on s'en servait à l'extérieur contre La véronique aquatique fleurit de
les hernies et les hémorroïdes et on l'ad- mai en août le long des ruisseaux,
ministrait aux porcs travaillés de vers. aux abords des sources, dans les
fossés où on la récolte, entière, avant
PI. 72. Fig. I. Gratiola officinalis L. la floraison. Elle est inodore avec
Gratiole officinale. Herbe au pauvre une saveur amère et saline.
homme. Séné des prés.
Emploi. Le cresson de chien passe pour
La gratiole est une plante vivace un dépuratif excellent et un antiscorbutique
à souche mince et longuement traçante efficace. Au printemps, on l'emploie à l'état
frais concurremment avec le cresson et la
dont les tiges de 2-5 dm., carrées chicorée dont il semble partager les pro-
dans leur partie supérieure, sont gar- priétés.
nies de feuilles opposées, sessiles,
simples et lâchement dentées vers le PI. 72. Fig. 3. Véronique mâle. Ve-
sommet. Ses fleurs sont d'un blanc ronica officinalis L. Thé d'Europe. Vé-
jaunâtre légèrement rosé, axillaires, ronique officinale. Herbe aux ladres.
solitaires et assez longuement pédi- Lève-toi et va-t-en. Herbe à thé.
cellées. Capsule ovoïde à 2 loges.
Plante vivace, pubescente, à souche
Graines très petites, oblongues, ru-
gueuses. grêle, rameuse, émettant souvent des
La gratiole fleurit de juin en août rejets stériles et donnant naissance à
au bord des eaux, dans les près hu- des tiges presque ligneuses, couchées
mides et les marécages et souvent radicantes à la base, re-
où elle se
récolte en pleine floraison. dressées au sommet, velues partout.
Elle est
inodore avec une saveur Feuilles opposées, d'un vert grisaille,
presque
forte, amère et repoussante. ovales, dentées en scie, très pubes-
centes. Fleurs en grappes spiciformes
Emploi. La gratiole est un purgatif dras- multiflores, à corolle d'un bleu pâle
tique violent, et même dangereux à haute ou rosée, avec des veines plus foncées.
dose, qu'il est préférable de ne pas em-
ployer. Nos pères la chérissaient. Ils lui Capsule pubescente glanduleuse, trian-
accordaient des vertus extraordinaires dans gulaire-obcordiforme.
les cas d'hydropisie, de mélancolie, de chlo- Le thé d'Europe fleurit de mai en
rose, de fièvre quarte et de menstrues re- juillet sur les pâturages, dans les bois
belles. Les modernes, tout autres, l'ont im-
pitoyablement rayée du Codex et les phar- secs et les forêts, sur les coteaux, au
maciens ne connaissent ni l'Herba-Gratiolae bord des chemins. Il se récolte en
ni ses extraits. mai-juin. Il a une faible odeur aro-
matique et une saveur balsamique,
PI. 72. Fig. 2. Véronique aquatique. amère, légèrement astringente.
Veronica beccabunga L. Cresson de Emploi. La véronique, tant vantée et
chien. Cressonnée. Beccabunga. prisée il y a un siècle pour ses merveilleuses
C'est une plante vivace et glabre vertus, est aujourd'hui bien délaissée. Elle
passait pour un remède précieux contre les
dont les tiges cylindrico-fistuleuses et catarrhes pulmonaires, les bronchites les
ordinairement rameuses, robustes, suc- rhumes, l'asthme, la terrible phtisie: on l'ad-
ministrait aussi bien à l'homme qu'au bétail;
culentes, sont couchées radicantes à on en préparait des décoctions vineuses re-
la base, puis ascendantes. Les feuilles commandées contre les syncopes, les obstruc-
2 a, b, c, d, e. Morelle noire.
Solanum nigrum L.
1 a, b, c. Douce-amère.
Solanum dulcamara L.
Famille : Scrofularinées 139
tions de la rate, du foie, des poumons, des La fausse germandrée fleurit d'avril
reins, de la matrice et de la vessie. C'était en juin dans les bois, les haies, au
un sudorifique apprécié dans les cas de jau-
nisse et de calculs, un vulnénaire, une pa- bord des chemins, dans les lieuxJier-
nacée, car nous la voyons encore guérir la beux où elle se rencontre jusqu'aux
gravelle, les maladies de la peau, le scorbut, sommités.
les hémorragies, les piqûres d'insectes, les
flatulences, et, couronnement suprême, re- Emploi. La véronique fausse-germandrée
médier à la stérilité des femmes. a des propriétés légèrement astringentes
La véronique entre qui la font prendre en
dans la composition- tisane à l'instar du thé
de différents thés. d'Europe. Gmelin pré-
Les gens de la cam- tend que les moutons
n'y touchent pas. D'au-
pagne en font encore tres rétorquent que les
une infusion à la dose moutons et les chevaux
de 20 gr. de feuilles en sont très-friands,
séchées par litre d'eau.
Ce thé, d'une saveur que les vaches et les
chèvres la consom-
désagréable et amère, ment, mais que les
est tonique, diurétique,
porcs en font fi. J'avoue
sudorifique, stomachi- à ma honte que je
que, émollient et di- ne saurais dire qui a
gestif. Bôrhave pré- raison !
tend que la véronique
guérit la podagre à la
dose de 60 gr. de suc PI. 73. Fig. I. Di-
par jour.
gitalis purpurea L.
Digitale pourprée.
Veronica chamae- Gant de Notre-Dame.
drys L. Véronique Doigt de Notre-Dame.
petit-chêne. Plus je La digitale est
te vois, plus je t'aime. une plante bisan-
Fausse germandrée.
nuelle, pubescente,
Souche grêle, vi- grisâtre, dont les
vace, traçante, don- tiges robustes at-
nant naissance à des teignent parfois un
tiges d'environ 3o mètre de hauteur.
cm. Ces dernières, Les feuilles radica-
ascendantes, sim- les sont assez gran-
ples ou peu ra- des, crénelées, lé-
meuses, sont gar- gèrement froncées,
nies de deux lignes ovales lancéolées ;
de poils opposées les feuilles supé-
qui alternent d'un Fausse L. rieures sont sessiles.
germandrée. Veronica chamaedrys
noeud à l'autre. Les a. Planteen floraison,b. Fleurvued'enhaut. La corolle est très
feuilles, ciliées, c.Fruit entourédu calice, d. Graine. grande, à deux
presque sessiles, lèvres, assez sem-
opposées, ovales, sont ordinairement blable à un doigt de gant renversé,
obtuses et inégalement incisées-den- d'un rouge pourpre à l'extérieur et
tées. Les fleurs sont en grappes lâ- d'un rose très pâle piqué de points
ches, opposées, avec une corolle d'un noirâtres à l'intérieur.
beau bleu, assez grande et veinée de La digitale fleurit de juin en sep-
lignes plus foncées. Capsule subor- tembre dans les terrains siliceux et
biculaire, ciliée, échancrée au sommet. boisés. Elle est commune dans les
Graines jaunâtres, aplaties sur les Vosges et la Forêt-Noire et se cul-
deux faces. tive fréquemment dans les jardins
140 Famille : Scrofularinées

où sa couleur peut passer au blanc feuilles terminant la tige et les ra-


absolu. meaux. La corolle est ordinairement
On en récolte les feuilles pendant blanche ou bleuâtre, avec une tache
la floraison. Elles ont une odeur dés- jaune au bas de la lèvre inférieure
agréable et une saveur légèrement et des striés violettes sur les lèvres
acre, très amère et nauséeuse. inférieure et supérieure. Capsule
échancrée, ciliée au sommet et sur
Emplois et dangers. La feuille de digi-
tale des pharmacies (Folium.Digitalis) est les bords.
la feuille de la plante non cultivée, recueillie L'euphraise est commune dans les
au moment de la floraison et débarrassée du sur les pe-
pétiole et de la nervure médiane. On en prés, dans les pâturages,
prépare un extrait sec (Extractum Digitalis louses, où elle fleurit de juillet en
duplex: dose max. journ. 0,25 gr.), un ex- octobre.
trait fluide (Ertractum Digitalis fiuidum: Elle est inodore, se récolte en août
dose max. journ. 0,5 gr.), et une teinture et possède une saveur amère; saline,
(Tinctura Digitalis: dose max. journ. 0,5 gr.),
autrement dit des médicaments dont l'emploi légèrement astringente.
doit être laissé au médecin.
La digitale est une plante très dangereuse Emploi. L'euphraise était inscrite autre-
qui doit ses propriétés médicales indéniables fois au Codex et elle se prévalait un peu
à la digitaline, un poison violent et si éner- partout de propriétés merveilleuses —oubliées
gique que les médecins ne l'administrent à de nos jours — contre les maladies des
l'intérieur qu'à la dose de 1-2 milligrammes yeux. Kneipp à essayé de la tirer de l'oubli:
au plus par jour. Elle est le curatif par «je l'ai prescrite maintes fois, dit-il, et avec
excellence des maladies du coeur dont elle succès, pour fortifier la vue, alors que tous
modère les battements, et elle augmente les autres moyen avaient été épuisés; les
considérablement la sécrétion des urines. feuilles desséchées fournissent du thé et les
La poudre des feuilles se prescrit souvent feuilles broyées donnent de la poudre; avec
à l'intérieur, sous forme de pilules, à la l'infusion, on se lave convenablement les
dose de 5-30 centigrammes. Elle est princi- yeux 2 ou 3 fois par jour ou bien l'on y
palement employée comme sédatif de la trempe de petits morceaux de linge, pour
circulation dans les hypertrophies du coeur, les appliquer la nuit sur les yeux, en les
les palpitations nerveuses, et, comme diuré- fixant avec un bandeau; ce remède épure
tique, dans les cas d'hydropisie et d'ana- les yeux et augmente la force visuelle».
sarque. Macérée pendant 12 heures, à la Le même auteur ajoute que l'euphraise
dose de 1 gr. dans un verre d'eau, et prise rend des services à l'estomac: «à cause de
par cuillerée dans les 24 heures, la poudre son amertume naturelle et prise sous forme
de feuilles de digitale passe pour un remède de thé, elle est un bon remède stomachique,
héroïque contre la pneumonie. facilitant là digestion et bonifiant les sucs
Mais, nous le répétons, en raison de ses gastriques».
propriétés éminemment toxiques, là digitale L'homéopathie utilise l'euphraise contre
ne doit être maniée qu'avec une grande l'inflammation des yeux, les abcès, les fu-
prudence, et il vaut mieux, toujours, en ré- roncles, la photophobie, les taches, le bégaie-
server l'emploi au médecin. ment, les crampes de mollets.
La médication homéopathique administre Les anciens thérapeutistes la font entrer
la digitale contre l'affaiblissement du pouls, dans l'alimentation, soit à l'état frais, soit
l'hydropisie provenant d'affections cardia- en poudre mélangée aux mets. Ils s'en
ques, I'amaurose, la cyanose et les crache- servent en compresses, préconisent son suc,
ments de sang; en font un vin et surtout une alcoolature
d'un effet merveilleux dans les affections
des yeux. Arnauld de Villeneuve, entre
PI. 73. Fig. 2. Euphrasia officinalis autres, affirme que son vin ophtalmique à
L. Euphraise. Casse-lunette. Herbe à l'euphraise a rendu la vue à des aveugles
l'ophtalmie. Euphraise officinale. au bout d'un an d'usage et que des myopes,
après une cure d'un certain temps, n'ont
C'est une jolie petite plante an- plus eu besoin de leurs lunettes. Il est
nuelle dont la tige ramifiée atteint de d'ailleurs appuyé dans ses dires par Mattioli
5-3o cm. de hauteur et dont les feuilles, qui, lui aussi, est arrivé à des résultats tout
aussi miraculeux.
opposées, sessiles, ovales, présentent
des nervures très saillantes en dessous.
Ses fleurs, axillaires, brièvement pé-
donculées, sont disposées en épis
1 a, b, c, d.
Pomme de terre.
Solanumtuberosum L.

2 a, b, c, d. Stramoine.
Datura stramonium L.
Famille: Lentibulariées, Plantaginées 141
Famille des Famille des
Lentibulariées Plantaginées
Grassette. Pinguicula vulgaris L. Gras-
PI. 74. Fig. I. Plantain lancéolé. Plan-
sette commune. Herbe grasse.
tago lanceolata L. Herbe aux cinq
La grassette est coutures.
une petite plante
vivace. Ses feuilles, Le plantain est
en une une plante vivace,
disposées
rosette appliquée très variable, bien
sur la terre, sont connue des oiseaux.
Ses feuilles sont un
oblonges, luisantes,
un peu enroulées un peu coriaces,
sur les. bords, et lancéolées, dres-
elles exsudent un sées ou étalées, at-
enduit ténuées aux deux
mucilagi-
neux qui les rend extrémités et mar-
carnivores. Les quées de cinq ner-
vures nettement
hampes sont soli- dessinées.
taires ou peu nom- Sa
breuses et termi- hampe, fortement
nées par une fleur anguleuse sillon-
solitaire née, porte des fleurs
penchée.
La corolle est d'un petites disposées en
bleu violacé ou épis ovoïdes ou cy-
rougeâtre, bilabiée, lindriques ou même
avec un éperon su- globuleux. Capsule
bulé un peu courbé. à deux loges con-
tenant chacune une
Capsule dressée à
2—4 loges. graine.
La grassette Le plantain croît
fleurit en mai-juin partout, au bord
dans les marais des chemins, dans
tourbeux, dans les les champs, dans
lieux humides et les prairies et s'ac-
marécageux. commode de tous
les terrains. Il fleurit
Emploi. Cette plante de mai en octobre.
possède, dit-on, la sin- Grassette. Pinguiculavulgaris L, Ses feuilles, ino-
gulière propriété de a. Planteentièreenfloraison.S.Coupede la fleur.
faire cailler le lait sans c. Calice,étamineset ovaire, d. Fruit, e. Graine. dores, amères,
que les parties sé- astringentes, sa-
reuses s'en séparent. Suivant Linné, les lines, se recueillent avant la formation
Lapons font subir cette opération au lait des des graines.
rennes en le versant fraîchement tiré sur
les feuilles. Emploi. Le plantain a joui jadis d'une
L'herbe grasse passait autrefois pour lé- assez grande vogue, mais il est aujourd'hui
gèrement purgative et vulnéraire; sa dé- rayé du Codex (Herba Plantaginis augusti-
coction formait une eau à faire pousser les foliae). Nos pères l'utilisaient en gargarisme
cheveux et son suc était employé contre les dans les affections buccales, en lotions sur
poux de l'homme et du bétail. Les anciens les plaies, les ulcères, les brûlures, les mor-
herboristes l'utilisaient sous toutes ses formes sures, les glandes, les hémorroïdes et la
dans les cas de phtisie pulmonaire, d'hernies podagre. Ils en exprimaient le suc qu'ils
et d'obstructions intestinales. employaient dans les maladies des yeux et
des oreilles, contre la fièvre quarte, les
142 Famille: Plantaginées, Rubiacées
hémorragies, et ils en préparaient une dé- Famille des
coction de racine dans du vin doux pour
combattre les affections ulcéreuses de la Rubiacées
vessie et des reins. Les feuilles et les grai-
nes, bouillies ou prises en poudré, passaient PI. 74. Fig. 2. Asperula odorata L.
pour arrêter les dévoiements de toute sorte, Aspérule odorante. Muguet des bois.
faire cesser les urines sanguinolentes et les Hépatique étoilée. Reine des bois. Petit
crachements de sang, prévenir l'asthme et
la phtisie. L'eau distillée guérissait toutes muguet. Muguet à linge.
les ophtalmies: c'était le collyre par excel- Jolie plante à souche traçante d'un
lence. rouge brunâtre; à tige dressée, ordi-
De tout cela, il ne reste pas grand chose. nairement simple, tétragone, lisse; à
Kneipp, toutefois, dit le plus grand bien du feuilles elliptiques acuminées, toutes
plantain et s'étend longuement sur ses mul- ciliées sur les bords, glabres, les in-
tiples vertus.
«Quand, dans leurs travaux, les paysans férieures verticillées par 4-6, les su-
se blessent quelque part, dit-il, ils ont im- périeures ordinairement par 8. Fleurs
médiatement recours au plantain, qu'ils ne d'un blanc de neige, pédicellées, odo-
cessent de presser et de froisser jusqu'à ce
rantes, en cimes rapprochées en co-
que la feuille revêche ait rendu quelques
gouttes de suc. Ils introduisent alors ce tymbe terminal. Fruit hérissé de poils
suc directement dans la plaie encore fraîche, raides et crochus.
ou bien ils en imbibent un petit linge qu'ils L'aspérule est commune dans les
mettent sur la partie lésée. La feuille re- lieux frais et ombragés des montagnes
fuse-t-elle son suc médicinal et ne devient-
elle que molle et humide, ils l'appliquent où elle fleurit en mai et se récolte
elle-même sur la plaie. Un pansement de tout au commencement de la floraison.
ce genre est le premier et, bien souvent le Elle renferme une quantité appréciable
meilleur, puisqu'il amène une prompte gué- de coumarine, une substance cristalli-
rison; on dirait que le plantain referme la sable à laquelle elle doit son agréable
plaie béante par une couture de fils d'or,
car, de même que l'or n'accepte pas la parfum.
rouille, le plantain n'admet point de pourri- Emploi. L'aspérule était autrefois offic.
ture ni de chair mortifiée.» sous les noms de Herba Matrisilvae et d'He-
Et il ajoute que le plantain n'est pas paticae stellafae. C'est un hépatique et un
moins précieux pour l'usage interne et que astringent. Ses jeunes pousses, macérées
c'est en masse qu'on devrait le récolter au dans du vin blanc, donnent le Maitranh
printemps et en été pour en extraire le suc d'Alsace et d'Allemagne, une boisson fort
et en faire une boisson. «Les feuilles des- ancienne, puisque Hieronymus Bock la vante
séchées, dit-il, fournissent un thé excellent déjà en 1551.comme «réjouissant le coeur et
pour les engorgements internes (30-60gr. désopilant le foie».
pour un litre d'eau pour décoction et in- Kneipp nous dit que les mères de famille
fusion) et pour le moins aussi efficace que qui préparent la boisson hygiénique connue
les préparations tant vantées de certains sous le nom de thé de fraisier, feraient bien
droguistes.» de remplacer le quart ou même le tiers des
feuilles de fraisier par des feuilles d'aspé-
rule: leur tisane gagnerait ainsi en saveur
et aussi en substance.
71

1. Bouillon blanc. 3. Linaire commune. 2. Faux bouillon blanc.


Verbascum thapsus L. Linaria vulgaris Miller. Verbascum thapsiforme.
Famille : Rubiacées 143
Rubia tinctorum L. Garance. Garance de dépérissement et cela grâce aux
des teinturiers. progrès de la chimie moderne.
Plante vivace à longue souche d'un Emploi. La garance, à côté de ses pro-
brun rouge ; à longues tiges carrées, priétés colorantes incontestables, a joui autre-
fois de propriétés médicinales pour le moins
grimpantes et accrochantes;, à feuilles C'est ainsi que l'infusion
coriaces d'un vert luisant, garnies de problématiques. de sa racine passait pour guérir la jaunisse;
piquants, verticillées par 4-6; à fleurs qu'il était bon d'en boire le jus contré les
axillaires d un morsures des
bêtes venimeuses;
jaune pâle, 5
lobées, donnant que la racine,prise
en hydromel, avait
naissance à de la propriété de
petits fruits désopiler le foie,
charnus, bacci- la rate, les reins
et la matrice, de
formes et noirs. combattre Phy-
Originaire de dropisie à ses dé-
la Syrie et de buts, d'évacuer les
méri- urines avec force,
l'Europe de provoquer les
dionale, la ga- menstrues, de
rance était tuer les vers, de
autrefois culti- guérir la sciati-
vée sur de que, et qu'un ca-
éten- taplasme de plan-
grandes tes broyées dans
dues pour la du vinaigre dé-
belle couleur barrassait des dar-
four- tres, des impure-
rouge que tés de la peau,
nit sa racine. de la teigne, des
Les Grecs et taches de nais'
les Romains sance
l'employaient
déjà à la tein- PI. 75. Fig I.
ture des laines Gafium verum A.
et des cuirs. Gaillet jaune.
Les Gaulois la Caille-lait. Fleur
cultivaient et de Saint-Jean.
dès le XIIme Bon sang.
siècle les
champs de ga- Plante vivace
rance des envi- à souche rou-
rons de Caen geâtre. Tiges
donnaient des Garance. Rubia tinctorum L. dressées, pres-
produits re- a. Part.inf. b.Inflorescence,c. Fleur, d. Coupelongitudinale que ou cylindri-
nommés. Vers de la fleur, e.Fruit, f. Fruiten coupe. ques angu-
le milieu du leuses, donnant
XVIme siècle, cette culture s'introduisit naissance, inférieurement, a des ra-
en Flandre, en Hollande et en Si-' meaux stériles et diffus. Feuilles ver-
lésie. En 1729, on commença à s'en ticillées par 8-12, linéaires, mucronées,
occuper en Alsace, mais c'est surtout luisantes à la face supérieure, pubes-
dans le territoire d'Avignon, où elle centes-blanchâtres et roulées en-des-
fut introduite en 1756 par un armé- sous par les bords. Fleurs jaunes,
nien catholique de Julfa, Johann Alt- odorantes, en cimes axillaires très
heu, qu'elle devint la plus florissante. rameuses, multiflores, formant une pa-
Aujourd'hui sa culture est en voie nicule terminale plus ou moins ample.
144 Famille: Rubiacées

Le gaillet jaune croît sur les bords PI. 75. Fig. 2, Gaillet grateron. Ga-
des chemins et dans les prés secs où lium aparine L.
il fleurit de juin en août. Toute la C'est une plante annuelle dont les
plante, que l'on récolte au moment tiges, faibles, rameuses, s'accrochent
de la floraison, a une saveur aigrelette aux plantes voisines et dont les angles
et astringente. sont munis d'aiguillons accrochants
dirigés de haut en bas. Les feuilles
Emploi. Le gaillet jaune était autrefois sont verticillées par 6-9, lancéolées-
le remède obligé des flux de sang, de la
teigne, des brûlures et des saignements de linéaires, terminées par une pointe
nez. C'était un antihystérique, un antigout- aiguë et raide qui les fait, comme les
teux, un vulnéraire, un astringent. On l'uti- rameaux, s'accrocher aux habits du
lisait en bains de pieds pour soutirer la Les fleurs sont petites
fatigue du corps; on le préconisait dans le promeneur.
traitement de l'épilepsie infantile; on en pré- et d'un blanc-verdâtré.
parait des bains fortifiants Le grateron est ino-
pour les enfants souffre- dore avec une saveur
teux et malingres. De herbeuse et astrin-
tout cela, il ne reste rien.
On prétend, il est vrai, gente. Il croît en
que c'est à ses tiges que abondance dans les
le fromage de Chester haies, dans les buis-
serait redevable de sa
saveur toute particulière; sons, à la lisière des
mais quant aux vertus bois, dans les lieux
«allichantes»de sa racine, cultivés et sur les dé-
elles sont pour le moins combres. Il fleurit de
aussi usurpées que ses et
effets sur le lait (Caille- juin en septembre
lait). se récolte en toute
saison.
Gaillet élevé. Galium Emploi. Le grateron
mollugo L. Caille-lait était autrefois offic. sous
blanc. le nom d'Herba Aparines.
Son suc passe pour être
Souche traçante, vi- d'une certaine efficacité
vace, d'unjaunerouge, dans les maladies de la
dont les tiges, quoique peau et pour adoucir les
douleurs provenant de
faibles et forcées de cancers. Il est considéré
s'appuyer sur les comme diurétique, recom-
plantes voisines, peu- mandé çà et là contre
vent atteindre plus Gaillet blanc. GaliummollugoL. l'obésité et préconisé par
d'un mètre de hau- a. Inflorescence, b. Feuille,c. Fleur, d.Fruit. Hochstetter dans le traite-
ment de l'hydropisie et
teur. Rameaux nom- du goître.
breux, tétragones, étalés et diffus, gla- Ses fruits, torréfiés à la façon des graines
bres et luisants. Feuilles ordinairement de café, pourraient, grâce à l'arôme et à la
verticillées par 8, oblongues-linéaires saveur qu'ils acquièrent, être considérés
comme un succédané du café.
ou même linéaires, mucronées, scabres Les anciens herboristes racontent que le
sur leurs bords. Fleurs blanches, grateron servait autrefois de passoire aux
petites, disposées en cimes dicho- vachers; que l'eau distillée de grateron, prise
tomes. à la dose de 2 à 3 cuillerées 3 fois par jour,
«distillait» la jaunisse et que le venin de
Cette espèce croît dans les'haies, vipère ne résistait pas à une bonne lampée
dans les buissons, au bord des che- de suc de grateron largement mouillé de vin.
mins. Elle fleurit de juin en août en
répandant une odeur agréable.
Emploi. Ses propriétés médicinales sont
celles du gaillet jaune.
2 a, b. Véronique aquatique.
Veronica beccabunga L.

1 a, b. Gratiole.
GratioIa officinalisL.
3 a, b. Véronique mâle.
Veronica officinalisL.
Famille : Caprifoliacées 145
Famille des voisin le plus proche de chaque ha-
bitation, attendu que tout, en lui, peut
Càprifoliacées être utilisé : les feuilles, les fleurs, les
Sambucus racemosa L. Sureau à baies, l'êcorce et les racines.
Le sureau est un arbrisseau ou un
grappes.
arbre peu élevé, à cime touffue et
Bel arbrisseau ou buisson pouvant arrondie et à double écorce: l'une,
atteindre 3 m. de hauteur, à écorce grisâtre et plus ou moins verruqueuse,
grisâtre ou brunâtre plus ou moins l'autre, plus épaisse, succulente, verte.
verruqueuse, à moelle d'un jaune Ses rameaux sont remplis d'une
brun. Feuilles à 3-5 segments pétio- moelle abondante et blanche que son
lulés, ovales-lancéolés, dentés, acu- extrême légèreté fait employer jour-
minés. Fleurs nellement dans les
blanches en pani- laboratoires de mi-
cule ovoïde. Fruits crographie. Ses
d'un rouge écar- feuilles sont gla-
late. bres et composées
Le sureau à de 8-7 segments
grappes est com- pétiolulés, ovales,
mun dans les jar- acuminés, dentés.
dins, dans les taillis Ses fleurs, fran-
et les bois, sur- chement odoran-
tout dans la région tes, blanches, sont
montagneuse. Il disposées en un
fleurit en avril- coiymbe plan et
mai. Ses fruits ont rameux et elles
une saveur aigre- donnent naissance
lette nullement à des baies qui
désagréable. passent du vert
au brun-rouge et
Emploi. Kamera- au noir luisant.
rius dit que ses fruits
sont de «froide na- Le sureau fleurit
ture», qu'ils provo- en juin et mûrit
la
quent somnolence
et sont nuisibles à en septembre. Il
hautes doses. Gme- est commun dans
lin ajoute que les les haies, les tail-
chevreuils sont très Sureau à grappes. Sambucus racemosa L. lis, les forêts et
friandsde ses feuilles, a. Extrémitéfleurie,b. Inflorescence,c.Caliceet ovaire.
que les insectes, par d.Fruits- e. Coupetransversaled'unebaie. f. Coupe les jardins. Ses
contre, ne peuvent d'unegraine.
longitudinale fleurs se récoltent
souffrir leur voisi- dans les jours en-
nage que sesbaies
nage et que ses baies sont un régal pour soleillés de juin et ses fruits, en sep-
les petites poules de bruyère, les gelinottes,
les perdrix et les tétras. tembre; les premières ont une saveur
aromatique légèrement amère; les se-
conds sont mueilagineux et douceâtres.
PI. 76. Fig. 1. Sambucus nigra L. L'êcorce verte, les jeunes pousses
Sureau commun. Grand sureau. Sureau
qui s'élancent verticalement vers le
noir commun. ciel, les feuilles également, ont une
Dans le bon vieux temps, le pied saveur amère et une odeur particu-
de sureau se trouvait tout à côté de lière et désagréable.
la maison. De nos jours, on l'ex- Emploi. La fleur de sureau (Flores Sam-
car il buci) est offic. Elle entre dans la composi-
tirpe un peu partout, à tort,
mérite de redevenir et de rester le tion de thés sudorifiques et pectoraux, ainsi
10
146 Famille : Caprifoliacées

que dans la préparation des espèces purga- omelettes au sureau : je ne m'y arrête donc
tives (Species luxantes: feuille de séné 4, pas. «De nos jours, c'est toujours Kneipp
fleur de sureau 3, anis vert 1, fenouil 1, sel qui parle, les grandes familles s'en vont faire
de seignette 1 partie), et de l'eau de sureau au prix de l'or une cure de raisins dans des
concentrée (Aqua Sambuci conuentrata). contrées souvent éloignées tandis que nos
L'infusion des fleurs est vulnéraire et su- parents et nos aïeux se contentaient de la
dorifique à la dose de 5 gr. par litre d'eau cure du sureaumarché qui les servait chez eux à
et spécialement recommandée aux personnes bien meilleur et souvent avec bien
âgées affectées de rhumes opiniâtres ou cra- plus de résultat.»
chant le sang. Leur décoction est usitée en Les baies de sureau, confites en sucre ou
lotions, en collyres, en injections, en lave- en miel, sont en hiver d'une grande utilité
ments (20-50gr. par litre d'eau), et chacun aux gens qui se donnent peu de mouvement
connaît les cataplasmes adoucissants et ré- et qui sont condamnés à une vie tranquille
solvants aux fleurs de sureau. et sédentaire. Une cuillerée de cette confi-
Les baies, sudorifiques, servaient à pré- ture, délayée dans un verre d'eau, donne
parer une sorte de rob usité à la dose de un excellent breuvage rafraîchissant qui pu-
2-8 gr. et nous sommes à peu près certain rifie l'estomac, évacue l'urine et agit-favo-
qu'on les utilise encore aujourd'hui, çà et là, rablement sur les reins.
dans la coloration des vins. Beaucoup de gens de la campagne font
Les feuilles donnent des cataplasmes à sécher les baies pour les prendre en thé,
appliquer sur les brûlures et les affections en marmelade ou sèches dans les cas de
hémorroïdales. On les prend, bouillies dans diarrhées violentes.
du lait, pour combattre la constipation. La médication homéopathique utilise le
Quant à l'êcorce, elle sert à préparer un sureau contre les sueurs nocturnes, la fièvre
suc que l'on prend à la dose de 30-60 gr. intermittente et l'asthme.
comme purgatif. On se sert ici de l'écorce La seconde écorce de la racine, macérée
des racines: on enlève l'épiderme avec un dans du Malaga à la dose de 300 gr. par
linge rude, et l'on broyé la partie charnue litre, fournit un purgatif énergique (30 gr.
qui reste. par jour) dont les effets sont presque tou-
Les bourgeons sont, franchement vomitifs. jours accompagnés de vomissements.
Toutes les parties du sureau, d'ailleurs, sont
susceptibles d'être utilisées comme éméto- PI. 76. Fig. 2. Sambucus ebulus L.
cathartiques et leur action peut même aller
jusqu'à provoquer la cholérine. Hièble. Petit sureau. Yèble. Sureau
Kneipp s'étend longuement sur les vertus hièble.
du sureau. «Qui ne connaît, dit-il, ces in-
La hièble a beaucoup d'analogie
dispositions, ces maladies du printemps:
éruptions, diarrhées, coliques, etc. Eh bien! avec le sureau. Sa souche, vivace,
prenez 6-8 feuilles de sureau, coupez les en émet chaque année un bouquet de
petits morceaux comme on le fait avec le tiges herbacées, cannelées, hautes de
tabac et faites bouillir pendant dix minutes
environ. Tous les matins, une heure avant 1-2 mètres. Ses tiges sont garnies
votre déjeuner, vous prendrez une tasse de de feuilles glabres composées de 5-11
ce thé pendant toute la durée de votre cure segments allongés, finement
Ce lancéolés,
printamère. simple thé dépuratif nettoie dentés et brièvement pétiolulés. Ses
la machine humaine d'une manière excellente
et remplace chez les pauvres gens les pi- fleurs, blanches et souvent rougeâtres
lules et les herbes alpestres qui courent au- en dehors, sont disposées en un co-
jourd'hui le monde dans de jolies petites rymbe plan et donnent naissance à
boîtes et qui produisent souvent des effets des fruits
tout à fait singuliers. noirs plus petits que ceux
La fleur de sureau est également dépu- du sureau.
rative et il serait bon que chaque pharmacie Le petit sureau fleurit en juillet-août
domestique renfermât une boîte de ces fleurs et mûrit en septembre-octobre. Il est
à l'état sec. L'hiver est long et il peut sur- très
venir des cas où ce petit remède sudorifique répandu dans le voisinage des
et résolutif rendrait les meilleurs services.» forêts, au bord des routes et dans les
Disciple en ceci d'Hippocrate, Kneipp re- lieux incultes. Ses baies se récoltent
commande la tisane de racine aux sujets en octobre et ses racines, vers la fin
menacés d'hydropisie. «Elle évacue l'eau de l'automne. Toute la
d'une façon si efficace, dit-il, que ce simple une plante exhale
médicament, à la portée de tous, peut diffi- odeur fétide; les fleurs ont un
cilement être dépassé par un autre.» parfum d'arriandes amères et les
Vous connaissez les gâteaux apprêtés aux fruits une saveur douce-amère et dés-
fleurs de sureau, les tartes au sureau, les
agréable.
73

2 a, b. Euphraise.
Euphrasia officinalis L.

1 a, b, c, d, e, f, g. Digitale pourprée.
Digitalis purpurea L.
Famille : Caprifoliacées 147
Emploi. Les baies servaient autrefois à couvert, sur ses parties herbacées,
la préparation d'un rob connu sous le nom
de Roob Ebuli et les graines (SeminaEbuli) d'une pubescence étoilée blanchâtre.
constituaient un remède contre l'hydropisie. Ses feuilles sont opposées, assez
On utilisait également les feuilles et l'êcorce grandes, ovales, denticulées et blan-
de la racine, toutes les parties de la hièble châtres en dessous. Ses
étant purgatives, sudorifiques et diurétiques. fleurs, toutes
fertiles, à corolle en roue d'un blanc
Kneipp dit que le thé de racine d'hièble sale, sont disposées en cimes corymbi-
évacue la sérosité chez les hydropiques avec
une efficacité merveilleuse, qu'il nettoie ad- formes à pédoncules primaires laineux.
mirablement les reins et qu'il agit également Le fruit est comprimé, d'abord vert,
dans les maladies du bas-ventre qui pro- puis rouge, puis, à maturité, tout à
viennent d'humeurs fait noir.
viciées, en évacuant
ces humeurs par La viorne est
les voies urinaires. commune dans
Le thé préparé les les
avec de la poudre haies,
d'hièble rend les buissons et les
mêmes services : taillis. Elle
deux pincées de fleurit en mai.
cette poudre suffi- Ses fleurs ont
sent pour une tasse
une odeur rap-
que l'on prend en
deux coups à des pellant celle des
heures différentes hannetons et ses
de la journée. fruits ont une
Les anciens her- saveur douceâ-
boristes faisaient tre et mucilagi-
cuire les feuilles et
les jeunes pousses neuse.
dans du vin relevé
de miel et les ad-
ministraient ainsi Emploi. Gmelin
nous apprend que
dans le cas de bron- les feuilles et les
chites légères. Les fruits ont des pro-
feuilles seules
étaient utilisées en priétés rafraîchis-
santes et astringen-
gargarismes pour tes qui les font em-
combattre les af- ployer en gargaris-
fections de la cavité mes.
buccale ainsi qu'en
cataplasmes que Les anciens thé-
l'on appliquait sur rapeutistes utilisent
la rate et les parties les fruits torréfiés
travaillées de po- Viornemancienne. Viburnumlantana. et pulvérisés contre
dagre. Et l'on don- b. Disposition
a. Inflorescence, desfruits. les dévoiements in-
nait aux femmes testinaux. Ils cui-
souffrant de gonflements de matrice le con- sent les feuilles de la viorne mancienne avec
seil d'exposer les parties malades aux va- des feuilles d'olivier dans de l'eau vinaigrée
peurs d'une décoction de racine dans de l'eau. et employent lales décoction ainsi obtenue
dents branlantes et com-
Les baies servent encore, dans certains pour consolider
régions, à colorer le vin. Bien mûres et battre les affectionselles de la luette. Quant
bouilliesdans le vinaigre, elles sont employées aux feuilles seules, étaient usitées en
à teindre les peaux et les toiles en violet. lotions dont l'effet consistait à empêcher la
chute des cheveux et surtout à colorer ces
Viburnum lantana L. Viorne mancienne. derniers en noir.
C'est un arbrisseau à rameaux
flexibles, à écorce d'un gris roussâtre,
Famille : Valérianées

Famille des en outre dans la composition des pilules de


de Méglin (Pilulae Hyoscyami compositae:
Valérianées extrait de valériane 5 gr., extrait fluide de
jusquiame 5 gr., oxyde de zinc depur 5 gr.,
PI. 77. Fig. I. Valeriana officinalis L. racine de réglisse 21/2gr., suc réglisse
Valériane. Herbe de Saint - Georges. 21/2gr.); du valérianate d'ammonium (Am-
monium valerianicum) ; du valérianate d'am-
Herbe aux chats. Valériane médicinale. monium liquide (Liquor Ammonii Pierlot).
Herbe à la meurtrie. Valériane sau- Dans la médecine populaire, la racine de
valériane jouit encore d'une haute réputa-
vage. tion : c'est l'antispasmodique et l'antinerveux
La valériane est une grande et belle par excellence. Elle a même été préconisée
comme fébrifuge, comme vermifuge et comme
plante dont la souche, vivace, très antiépileptique. On l'administre en infusion
courte, tronquée, stolonifère, donne (10 gr. pour un litre d'eau), en poudre, en
naissance à une tige unique très éle- teinture, en extrait, etc. La tisane se fait
à froid, en laissant macérer 60 gr. de racine
vée, fistuleuse, sillonnée et souvent dans un litre d'eau; elle est douce-amère,
pubescente inférieurement et aux comme la racine, aromatique, et elle com-
noeuds. Ses feuilles sont opposées, munique son odeur aux urines.
ciliées sur les bords, finement décou- Pulvérisée, elle fait partie de certaines
pées, avec des segments entiers ou poudres sternutatoires, du lavement de
Kämpf, du baume stomachal de Gruis et
inégalement dentés, oblongs, oblongs- elle produit d'excellents effets dans le cas
lancéolés ou même linéaires. Ses fleurs d'hystérie et de crampes du bas-ventre.
sont blanchâtres ou carnées et tou- Kneipp dit qu'elle soulage les maux de
en cimes corymbi- tête et fait disparaître les douleurs spas-
jours disposées
formes. modiques tout comme la rue. Il recommande
toutefois de ne la prendre qu'en petites
La valériane officinale croît dans portions, attendu que la valériane, sans être
les buissons humides, dans les haies, précisément toxique, peut aisément, à doses
au bord des rivières, dans les prés, élevées, provoquer des vertiges, des étour-
et elle s'élève jusqu'à des altitudes dissements et des migraines tout à fait dés-
assez considérables. Elle fleurit de agréables.
La médication homéopathique se sert de
juin en août. la valériane contre les affections nerveuses,
On récolte en septembre les racines la surexcitation, la fièvre intermittente, l'hys-
des plantes ayant poussé dans les térie, le typhus, les douleurs subites qui
endroits secs. Leur odeur est parti- ravagent la tête ou la face de certaines per-
sonnes.
culièrement pénétrante et repoussante, Les anciens herboristes l'administraient
et leur saveur est chaude, camphrée, en vin pour dégorger les reins et la vessie,
évacuer les flatulences, combattre les émis-
quelque peu acre et amère. sions involontaires d'urine et émoustiller les
Emploi. La racine de valériane des phar- menstrues revêches. Sa décoction, avec de
maciens (Radix Valerianae) est le rhizome, la réglisse, des raisins de Corinthe et de
dressé, épais d'environ I cm., pourvu de ses l'anis, était préconisée contre la toux, l'asthme
racines secondaires grêles et récolté à la fin et les blessures internes. On utilisait la
de l'été dans les endroits secs. On en pré- plante entière en compresses contre les
pare l'extrait de valériane (Extractum Va- maux de tête et on en préparait des eaux
lerianae), la teinture de valériane (Tinclura ophtalmiques.
Valerianae), la teinture de valériane éthérée La valériane, c'est presque inutile de le
(Tinctura Valerianae aetherea), l'acide valé- dire, faisait partie de la fameuse Thériaque
rianique, le valéral et la valérine. Elle entre aux 71 drogues.
2 a, b. Aspérule odorante
Asperula odorata L.

1 a, b. Plantain lancéolé.
Plantago lanceolata L.
Famille : Dipsacées, Cucurbitacées I49
Famille des quelles personne ne croit de nos jours.
Quand nous aurons ajouté qu'elle était en-
Dipsacées core emménagogue, qu'elle guérissait la
teigne et la gale, faisait disparaître les glan-
Succisa pratensis Moench. Scabiosa des et surtout les signes du visage et du
succisa L. Scabieuse tronquée. Mors corps, on comprendra que le diable, en
du diable. Succise. somme, ait eu suffisamment de raisons pour
se mettre en colère et montrer les dents.
Souche oblique, tronquée, vivace
par formation d'un noeud latéral. Tige
dressée d'environ 80 cm., simple,
raide, divisée supérieurement en ra- Famille des
meaux allongés.
Feuilles radica- Cucur-
les oblongues ou bitacées
oblongues lan-
céolées, pétio- PI. 78. Fig. I.
lées, très - entiè- Bryonia alba L.
res, à face su- et Fig. 2 Bryonia
périeure presque dioica Jacquin.
luisante, les cau- Bryone dioïque.
linaires plus pe- Couleuvrée. Vigne
tites, lancéolées, blanche. Navet du
soudées par leur diable.
base. Fleurs Ces deux es-
bleues en capi-
tules globuleux, pèces, dont Linné
ne faisait qu'une,
à corolle à quatre se
lobes distinguent
presque l'une de l'autre
égaux. surtout par leurs
La scabieuse fruits : ceux de
tronquée croît la première sont
dans les prairies noirs, les autres
et les bois où sont rouges. La
elle fleurit de bryone est une
juillet en sep- liane à racine pi-
tembre. Elle est votante, charnue,
parfaitement ino- acre, amère, lai-
dore avec une teuse, dont la
saveur un tan- Scabieuse tronquée. Succisa pratensis Moench. grosseur peut
tinet astringente a. Part, infér. b.Sommité fleurie,c. Fleurdétachée.atteindre celle
et amère. d. Coupede la fleur,e.Fruit. d'une tête
d'homme. Ses
Emploi. Si Scharschmidt recommandait tiges sont volubiles, anguleuses, grêles,
la décoction de la racine pour les chevaux
encloués, la croyance populaire allait plus rudes, et munies de vrilles simples
loin encore puisqu'elle reconnaissait à la qui lui permettent de s'attacher aux
dite racine des vertus telles que le diable, voisines. Ses feuilles —
plantes
furieux de ce riche cadeau qu'avaient fait les chacune est opposée à une vrille —
dieux aux humains, en mordait chaque fois une
bouchée dans la terre pour lui enlever une
sont pétiolées, plus ou moins rudes,
à 3-7 lobes anguleux entiers ou peu
partie de ses propriétés curatives (Mors du
diable). Le peuple des campagnes lui attri- dentés et ont assez de ressemblance,
buait en effet des propriétés antipestilen- grandeur exceptée, avec celles de la
tielles, vermifuges, résolutives, anticatarrha- vigne ou du houblon.
les, antiasthmatiques, antiulcéreuses, aux-
I50 Famille: Cucurbitacées, Campanulacées

La seconde variété porte des fleurs


Famille des
dioïques : les mâles, plus grandes que
les femelles, disposées en corymbes
longuement pédoncules, et les femelles, Campanulacées
à lobes calicinaux tri-
angulaires longuement Campanula rapuncu-
dépassés par la co- lus L. Raiponce. Ram-
rolle, disposées en co-
rymbes presque ses- pon.
siles.
La croît Racine bisannuelle,
bryone
dans les bois et les pivotante, charnue,
haies où elle fleurit blanche, produisant
de juin en août. Sa au printemps une
racine fraîche possède touffe de feuilles ana-
une odeur repoussante logues à celles de
et une saveur acre et la doucette et, plus
extrêmement amère. tard, une tige dres-
On la creuse au prin- sée, simple, effilée,
d'environ 90 cm. de
temps ou en automne.
hauteur, donnant
Emplois et dangers. naissance, latérale-
La racine (Radix Bryo- ment, aux rameaux
niae) se trouvait autre- de l'inflorescence.
fois, découpée en rondel-
les, dans les bocaux des Feuilles glabres ou
pharmacies. Elle est vé- pubescentes, molles,
néneuse et il est bon de légèrement crénelées,
mettre les enfants en les radicales oblon-
garde contre les baies Raiponce. Campanularapunculus L
rouges ou noires qu'elle a. Partieinférieure,b.Inflorescence, gues obovales atté-
produit. Elle constitue nuées en pétiole, les
un purgatif drastique, dangereux à forte caulinaires lancéolées-linéaires et ses-
dose, qu'il ne faut employer qu'avec mé- siles. Fleurs d'un de la
nagement. La médication homéopathique forme d'une bleu-violet,
l'utilise contre les rhumatismes articulaires coupe, disposées en une
et la goutte, contre la fièvre intermittente, grappe paniculée assez allongée.
la fièvre nerveuse, le typhus, les inflam- La raiponce est inodore; elle est
mations du poumon et du péritoine, la toux
convulsive, l'hydropisie ascite, les points de indigène de l'ancien monde, croît vo-
côté et les maux de dents. lontiers à la lisière des bois, sur les
Appliquée sur la peau, la racine produit bords des chemins, dans les fossés,
l'effet d'un sinapisme, mais par des lavages les
et les prairies où elle
répétés, ou par torréfaction, on peut en ob- fleurit pâturages
tenir,une fécule très blanche, propre à servir de juin en août. Sa racine a
d'aliment. une saveur agréable, laiteuse.
Les fruits et les racines, macérés dans
l'huile, jouissaient jadis de propriétés, déter- Emploi. La racine se cultive encore en
sives et légèrement caustiques qui les faisaient quelques pays pour l'usage alimentaire et
employer dans le traitement des affections les jeunes feuilles peuvent se manger en
teigneuses, des plaies purulentes et des abcès/.. salade.
2 d.
a, b, c, Gaillet grateron
Galiumaparine L.

1 a,
b. Gaillet jaune.
Famille: Composées I5I
Famille des sons herpétiques et guérissaient la gale.
Gesner dit que I'eupatoire est non seulement
Composées purgative, mais encore vomitive et vulné-
raire, que sa fumée détruit la vermine, et
que son suc, mélangé avec du vinaigrent
Eupatorium cannabinum L. Eupa- du sel, guérit la gratelle et la gale.
toire. Eupatoire à feuilles de chanvre.
Eupatoire chanvrine. Herbe de Sainte- Pi. 79. Fig. I. Solidago virga aurea
Cunégonde. Eupatoire d'Avicenne. L. Verge d'or. Grande verge dorée.
est une plante vivace Herbe aux juifs. Bâton de St-Pierre.
L'eupatoire
dont la tige, dressée, pubescente, L'herbe aux juifs est une plante
souvent rougeâtre, striée, peut at- vivace à tige dressée et légèrement
teindre 170 cm. de hauteur. Ses pubescente. Ses feuilles sont ovales-
feuilles sont oppo- lancéolées, acumi-
sées, brièvement nées, atténuées en
pétiolées, divisées un pétiole ailé, les
en 3-5 segments inférieures den-
lancéolés - dentés, tées, les supérieu-
acuminés. Capi- res presque en-
tules à 5-6 fleu- tières et aiguës.
rons rougeâtres, Les fleurs, petites,
oblongs - Cylindri- d'un jaune d'or,
ques, très-nom- sont réunies en
breux, disposés en capitules disposés
corymbe terminal en grappes et for-
rameux et com- mant, par leur
pact. Graines mu- réunion, une pani-
nies d'aigrettes. cule terminale.
L'eupatoire Les verges d'or
fleurit de juillet croissent sur les
en septembre et collines mon-
est commune sur tagneuses et sè-
le bord des eaux, ches de l'Europe
des fossés et dans et de l'Asie orien-
les lieux maréca- tale où elles fleu-
geux. Toute la Eupatoire. EupatoriumcannabinumL. rissent d'août en
plante est douée a. Sommité fleurie,b.Fleurdétachée,c. Coupe,d. Fruit. octobre.
d'une odeur forte, On les récolte
nullement désagréable, et d'une saveur en pleine floraison, en septembre. Elles
très amère qui l'a fait employer autre- sont inodores avec une saveur acre
fois en médecine comme tonique, légèrement astringente.
apéritive et purgative. (3o gr. de
sommités fleuries en infusion dans un Emploi. La verge d'or était autrefois
litre d'eau.) offic.sous le nom de Herba ConsolidaeSara-
cenicae.Et bien qu'elle soit maintenant raj'ée
du Codex, les habitants des campagnes ne
Emploi. Peu de plantes ont été aussi la considèrent pas moins comme diurétique,
vantées que I'eupatoire. Elle passait jadis astringente et vulnéraire. Le mode d'emploi
pour dépurative et émolliente; elle se pre- est la décoction dans l'eau (50 gr. par litre)
nait en décoction contre les obstructions du qui s'utilise soit en eau dentrifice, soit en
foie et de la rate, contre le teint mauvais, gargarisme contre les affections de la gorge,
contre la jaunisse, l'hydropisie et la fièvre; soit encore dans les obstructions des reins
elle s'administrait comme expectorant, comme et de la vessie (calculs).
diurétique et comme emménagogue. Son Les anciens herboristes tenaient la verge
suc était vermifuge. Ses feuilles, bouillies d'or en haute estime. Ils l'appliquaient fraî-
avec la fumeterre, calmaient les démangeai- chement écrasée sur les blessures afin de
152 Famille: Composées
régénérer les chairs meurtries, en prépa- PI. 79. Fig. 3. Chardon-bénit. Cnicus
raient un collutoire pour les gencives et la benedictus L.
muqueuse de la bouche et la prenaient en
vin rouge comme vulnéraire à l'intérieur et Le chardon-bénit est une plante an-
antidysentérique. D'aucuns même, parmi nuelle dont la tige est rameuse, an-
lesquels Arnauld de Villeneuve, préconisaient guleuse et poilue. Ses feuilles sont
la décoction d'herbe aux juifs dans du vin
blanc pour évacuer l'urine avec force et grandes, allongées, sinuées-lobées, pen-
distiller les pierres dans la vessie. natifides et épineuses, les inférieures
atténuées en un pétiole ailé, les supé-
rieures sessiles. Les fleurs sont dis-
PI. 79. Fig. 2. Pâquerette. Bellis pe-
rennis L. Petite marguerite. Pâquerette posées en capitules terminaux jaunâ-
tres qui sont entourés d'un involucre
vivace. Marguerite blanche. et de bractées garnies de poils aro-
C'est une petite plante vivace, pu- néeux. Graines rayées de côtes dans
bescente et gazonnante, qui émet des le sens de leur longueur.
feuilles paraissant toutes radicales. Ces Le chardon-bénit est originaire de
dernières sont disposées en rosettes; l'Orient et de l'Europe méridionale.
elles sont ovales, un peu épaisses, cré- Il se cultive çà et là dans nos con-
trées et fleurit en juin-juillet. On en
nelées, atténuées en pétiole. Les ca-
pitules sont portés par un réceptacle récolte les feuilles et les extrémités
fleuries au commencement de la flo-
conique et entourés d'un involucre
de folioles herbacées disposées sur raison; elles ont une odeur désagréa-
deux rangs. Les fleurons de la cir- ble qui se perd par la dessication
conférence, blancs ou roses, sont li- et une saveur très amère, légèrement
gules et renferment un pistil fertile; irritante et saline.
les fleurons du centre, jaunes, sont
tubuleux et hermaphrodites. Emploi. Le chardon-bénit se trouve en
pharmacie sous le nom de Herba Cardui
La pâquerette croît partout dans benedicti. Il sert à là préparation de l'ex-
les prés, dans les gazons, au bord trait de chardon-bénit (Extractum Cardui
des chemins, dans les pâturages benedicti); il entre dans la composition des
et espèces amères (Species amarae : absinthe,
s'élève jusqu'aux sommités. Elle fleurit chardon-bénit, écorce d'orange amère, mé-
dès les premiers beaux jours du prin- nyanthe, petite centaurée, en parties égales)
et de la teinture d'orange composée (Vinum
temps jusqu'aux premières rigueurs Aurantii compositum).
de l'hiver. C'est un amer et un tonique qu'on utilise
Elle est absolument inodore avec dans les cas de fièvre intermittente et de
une saveur très légèrement astrin- troubles digestifs et qui se prend couram-
ment dans les campagnes à la dose de
gente. 10-15gr. par litre d'eau en infusion. Il rem-
place
Emploi. Les feuilles et les fleurs, bien mais, avantageusement la petite centaurée,
chose remarquable, ses propriétés
qu'elles aient été rayées du Codex, sont semblent se perdre à mesure qu'il s'éloigne
encore considérées dans les campagnes du Midi.
comme vulnéraires, pectorales, dépuratives, Les anciens herboristes recommandent à
toniques et usitées, cà et là, en guise, de ceux qui tiennent à se préserver de la peste
salade et contre les crachements de sang. et des venins de prendre, dans du vin, 2-4gr.
Les anciens herboristes reconnaissaient de chardon-bénit pulvérisé. Ils le considèrent
aux feuilles des vertus sédatives qui les comme vermifuge, pectoral, dépuratif, sudo-
faisaient appliquer, écrasées fraîches, sur les rifique et carminatif. Ils.l'administrent contre
plaies enflammées de toutes sortes, mais les points de coté, contre la fièvre gastrique
surtout sur les plaies de la tête. Ils ajou- et ils donnent le conseil de le prendre en
taient de la hièble et de l'aigremoine aux pilules à tous ceux qui n'en
feuilles et aux fleurs de pâquerette et pré- aisément l'amertume. Ils le supportent pas
mêlent aux ali-
conisaient les bains de vapeurs ou les fomen- ments ou aux boissons pour combattre les
tations du mélange contre les membres per- étourdissements, les points dans la
clus et, avec du beurre non salé et des dureté de l'ouïe, les faiblesses de l'estomac tête, la
feuilles de mauve, ils en préparaient des et du foie. Ils à l'extérieur, pour
et des calmants. l'emploient,
la variole, les morsures
pommades onguents guérir venimeuses,
2 a, b, c, d. Hièble.
1 a, b, c, d, Sureau.
Sambucus ebulus L.
Ebulum humile Garcke. bambucus nigra L.
Famille : Composées 153
les brûlures, les ulcères et les plaies. Et ils très amples, dentées, tomenteuses-
ajoutent, que pour évacuer la pierre et les blanchâtres en dessous; les radicales
menstrues rebelles, il est bon d'exposer les
parties intéressées à des bains de vapeurs elliptiques-oblongues, pétiolées, les cau-
de chardon-bénit. linaires lancéolées-ovales, à limbe un
peu décurrent- Capitules jaunes, très
terminant les rameaux de l'in-
Gnaphale. Helichrysum arenarium De gros, florescence.
Candolle. Gnaphalium arenarium L. Involucre tomenteux-
blanchâtre à folioles extérieures folia-
C'est une plante finement coton- cées et largement ovales. Akènes
neuse dont la racine, vivace, donne glabres, à aigrette d'un blanc rous-
naissance à une tige sâtre. Ligules
simple terminée par étroits, allongés,
une panicule touf- disposés sur un seul
fue. Les feuilles rang et marqués
sont sessiles, liné- de trois, dents à leur
aires-lancéolées et extrémité. Fleurons
les fleurs sont réu- du disque herma-
nies en capitules phrodites, tubuleux.
d'un jaune citron. L'aunée se cul-
Le gnaphale ne tive en grand. Mais
croît que dans les on la rencontre à
terrains sablonneux l'état sauvage dans
où il fleurit de les prairies humides
juillet en septembre. et les fossés de la
Il a une odeur France, de l'Alle-
agréable et une sa- magne du Nord, de
veur amère. la Belgique, de la
Suisse et de l'Angle-
Emploi. Les anciens terre. Elle fleurit
herboristes prétendent
en juillet-août.
que la décoction de ce
gnaphale dans le vin On creuse les
chasse les vers du racines de plusieurs
le
corps, désopile foie, années au
la rate, les reins et la d'âge
vessie, et que l'odeur printemps ou en
de ses feuilles fait fuir automne. On les
les teignes et les blattes coupe en petites
et purge le cuir che- rondelles et on les
velu, de ces hôtes in-
commodes qui s'ap- sèche à l'ombre.
pellent des lentes. Gnaphale. HelichrysumarenariumDeCandolle. Elles ont une odeur
a. Planteen floraison,b. Capituleflorifère, assez
d'une fleur, d. aromatique
PI. 80. Fig. I. Inula c. Coupelongitudinale Coupelongitu- forte
rappelant la
dinaled'un fruit.
helenium L. Aunée. racine de violette
L'aunée est une plante vivace. Sa et une saveur amère, chaude, aro-
souche est d'un jaune pâle à l'exté- matique, désagréable.
rieur, blanchâtre à l'intérieur, épaisse, Emploi. La racine est offic. sous le nom
longue, charnue et rameuse. Elle de Radix Hellenii ou d'Enulae. Elle jouit de
donne naissance, la première année, propriétés expectorantes, diurétiques, et stimu-
à des feuilles radicales laineuses en lantes, stomachiques, emménagogues vul-
dessous et assez analogues à celles néraires, qui la font utiliser aussi bien à l'in-
térieur qu'à l'extérieur.
du bouillon blanc, puis, plus tard, à Elle se prend intérieurement en infusion
une tige robuste et velue de la hau- théifprme (15-30gr. par litre d'eau), en dé-
teur d'un homme. Les feuilles sont coction, en vin, en teinture, en extrait, en
154 Famille: Composées
électuaire, en poudre, contre les catarrhes blanches ou rosées: celles de la cir-
des bronches, contre l'anémie, la chlorose conférence sont des demi-fleurons fe-
et les troubles digestifs. Extérieurement, melles et fertiles, celles du centre sont
on l'utilise en pommades, en frictions, en
injections ou en fomentations dans le traite- des fleurons hermaphrodites.
ment des maladies de la peau, des dartres, La millefeuille s'élève jusqu'aux
de la gale, des éruptions herpétiques et de sommités. Elle est commune au bord
la leucorrhée. des chemins, sur les pelouses sèches,
Les anciens herboristes s'étendent longue-
ment sur ses propriétés. C'est un diurétique. dans les lieux incultes. Elle fleurit
C'est un emménagogue. C'est un expecto- à partir de juin jusqu'aux, premiers
rant qui «se mesle commodément aux élec- froids.
tuaires pour faire cracher et purger les On récolte les extrémités fleuries
grosses et visqueuses humeurs qui sont au en été et la plante elle-même, débar-
thorax et au poumon». C'est un mastica-
toire qui affermit les dents quand on le rassée de ses tiges, en préfloraison.
mâche à jeun. C'est un remède précieux Les fleurs et les feuilles ont une
pour ceux qui respirent péniblement au lit, odeur faiblement aromatique et une
pour ceux qui souffrent de luxations ou de
blessures internes, pour ceux qui sont sujets saveur acre, amère, aromatique, faible-
aux crampes. C'est un spécifique contre les ment astringente.
crachements de sang, les maladies du coeur,
l'asthme, les obstructions du foie et de la Emploi. Les fleurs (Flores Millefolii),
vessie. pas plus que les feuilles (Herba Millefolii)
Le suc était préconisé à la dose de 2-3 ne figurent au Codex, et cependant, le vul-
cuillerées sucrées pour évacuer les muco- gaire a donné à la millefeuille des noms si
sités et la bile par les selles. Les cataplas- caractéristiques qu'on en voit immédiatement
mes étaient vantées contre les morsures de l'emploi.
serpents et les tumeurs. Les fomentations La millefeuille est un hémostatique: elle
de feuilles cuites en vin étaient regardées arrête le sang des coupures, sert à panser
comme antigoutteuses et antirhumatismales. les plaies et rend surtout des services dans
Le vin d'aunée, qui s'administrait contre les affections bémorroïdales. Ses feuilles
toutes les affections énumérées plus haut, sont réputées toniques, stimulantes et vul-
se préparait en mettant des rondelles de néraires. D'aucuns leur accordent une action
racine dans du moût et en laissant fermenter résolutive sur les calculs de la vessie et les
jusqu'à complet éclaircissement. recommandent en tisane aux poitrinaires,
Une formule précieuse contre l'asthme tandis que. d'autres ne voient en elles qu'un
consistait à prendre 60 gr. de suc de racine amer, un stimulant comme tant d'autres,
d'aunée, 60 gr. de suc de racine d'isope, avec un tantinet d'astringence. Quoiqu'il en
500 gr. d'eau de tussilage, à sucrer à volonté, soit, elles sont encore employées en Savoie,
à cuire le tout jusqu'à consistance sirupeuse écrasées, pour panser les plaies; elles entrent
et à prendre, du produit ainsi obtenu, 60 dans la composition de différents thés, du
grammes trois fois par jour. thé suisse entre autres, et elles contiennent
une huile volatile extrêmement amère, l'achil-
PI. 80. Fig. 2. Millefeuille. Achillea léine, à laquelle elles doivent sans doute
leurs propriétés stimulantes. A l'intérieur,
millefolium L. Herbe au charpentier. elles se prennent avec les fleurs à la dose
Herbe à la coupure. Achillée millefeuille. de deux à trois tasses par jour (2-5 gr. par
Sourcil de Vénus. tasse en infusion).
Kneipp fait de la millefeuille un succé-
La millefeuille est une plante vi- dané du millepertuis et la recommande en
vace dont la souche traçante émet tisane contre les affections du foie, contre
des tiges dressées de 2-6 dm. de les maux de tête, l'oppression stomachale,
les engorgements bénins de la poitrine et
hauteur. Ces dernières sont raides, des poumons.
simples ou rameuses, plus ou moins L'homéopathie utilise la millefeuille dans
pubescentes et elles portent, des le traitement de nombre de maux dont les
feuilles doublement plus importants sont: les douleurs aiguës
pinnatiséquées dans les membres, les étourdissements, les
dont les segments linéaires, très nom- yeux larmoyants ou chassieux, les saigne-
breux, sont velus ou pubescents. L'in- ments de nez, les maux d'oreilles, la sto-
florescence est un corymbe de capi- matite ulcéreuse, les affections de la gorge
tules. Le réceptacle est couvert de en général, les maux de ventre, les oppres-
sions d'estomac, la dysenterie, les vers, les
paillettes et porte des fleurs toutes hémorroïdes, les urines sanguinolentes, la
1 a, b, c, d, e, f, g.
Valériane.
Valeriana officinalisL.
Famille: Composées I55
fièvre, les maladies de la peau, les plaies ques, sudorifiques et légèrement stimulantes.
putrides, la carie des os, les crampes de Le mode d'emploi est l'infusion théiforme.
matrice et d'autres encore. On les emploie également à l'extérieur en
Les anciens herboristes reconnaissent à lotions, fomentations et compresses, si souvent
la millefeuille des propriétés astringentes et usitées qu'il nous semble superflu de nous
détersives. Ils l'emploient en décoction dans y arrêter davantage.
le vin contre toutes sortes de plaies internes Les diverses huiles de camomille sont
ou externes, contre les crachements de sang, utilisées en frictions toniques.
contre les hémorragies sous-cutanées et aussi Kneipp emploie la tisane — de camomille
pour enrayer les flux mensuels trop abon- contre les refroidissements notamment
dants et de trop longue durée. quand ils sont accompagnés de fièvre —
contre les coliques, contre les crampes, con-
PI. 81. Fig. I. Wlatricaria chamomilla tre les fortes congestions, etc. «Les sachets
de camomille, dit-il, réchauffent très bien le
L. Matricaire camomille. Petite camo-
corps et servent dans beaucoup de cas:
mille. Camomille commune. Camomille l'usage en est si connu et si répandu qu'il
ordinaire. Camomille d'Allemagne. me paraît inutile d'ajouter un mot de plus».
En homéopathie, la camomille est usitée
C'est une plante annuelle très ra- contre la surexcitation des sens, la dysen-
meuse dont la tige, haute de 2-6 dm., terie, les convulsions, la toux infantile, les
maux de dents, l'otalgie, l'enrouement, les
porte des feuilles glabres doublement inflammations de la gorge, les crampes d'es-
pinnatiséquées et à lanières linéaires tomac, les pleurospasmes, les hémorragies
allongées. Les fleurs sont réunies en de matrice.
gros capitules solitaires au sommet Les anciens herboristes nous transmettent
des rameaux et insérées sur un ré- que les feuilles de camomille, prises en vin,
creux en forme de cône : provoquent l'écoulement mensuel, chassent
ceptacle l'urine, la pierre et les flatulences; qu'elles
celles de la circonférence sont des réchauffent l'estomac, calment les douleurs
demi-fleurons blancs tous femelles, des intestins, des reins, de la vessie et de
celles du centre sont des fleurons la matrice; qu'elles désopilent le foie et la
et rate; débarrassent de la jaunisse, des affres
jaunes hermaphrodites. de l'asthme et des abcès qui ravagent lès
La petite camomille croît dans les poumons. Ils préconisent le bouillon à la
lieux cultivés, dans les moissons, dans viande dans lequel on a fait cuire des ca-
les lieux pierreux, au bord des che- momilles pour combattre les coliques ner-
mins. Elle fleurit de juin en août. veuses, les fièvres chroniques, les dérange-
ments d'estomac et ils le recommandent
Ses fleurs, que l'on récolte en juin- fort aux accouchées travaillées de tranchées.
juillet, ont une odeur fortement aro- Ils emploient les camomilles, à l'extérieur,
contre les douleurs du ventre et du bas-
matique et une saveur amère, chaude, ventre, des reins, des lombes, de la matrice,
un peu acre. de la vessie, et ils en préparent des bains
Emploi. Les fleurs de la petite camo- pour les personnes sujettes aux calculs. Ils
mille sont connues en pharmacie sous le en font des eaux céphalalgiques, des eaux
nom de Flos Chamomillae. Elles se distin- vulnéraires, des eaux sédatives, maturatives
guent de celles — d'ailleurs plus grandes — et antihémorroïdales, des gargarismes, des
de la camomille romaine (Flos Chamomillae lavements calmants, etc.
romanae: Anthémis nobilis Linné) par leur L'huile de camomille,obtenue par digestion
réceptacle creux. Elles font partie des, es- de 50 gr. de fleurs dans 500 gr. d'huile d'olive,
pèces émollientes (Species emollientes:camo- est souvent usitée en frictions antispasmodi-
mille 2, feuille de guimauve 2, feuille de ques, topiques et antigoutteuses. Quant à
mauve 2, graine de lin 4 parties), servent l'huile de camomille camphrée dont nous
à la préparation de l'huile volatile de camo- avons parlé plus haut, elle s'obtient par le
mille (Oleum Chamomillae) et du remède mélange de deux liquides: l'un, filtré et ex-
populaire bien connu sous le nom d'huile primé, résultant de lacamomilledigestion pendant deux
de camomille camphrée. heures de 60 gr. de dans 500 gr.
Les fleurs de camomille — la camomille d'huile d'olive; l'autre, provenant de la dis-
romaine des pharmacies est cultivée en solution, dans 400 gr. d'huile d'olive, de 60 gr.
grand — se prennent à l'intérieur comme de camphre préalablement broyé dans un
stomachiques, carminatives, antispasmodi- peu d'alcool.
156 Famille: Composées

PI. 81. Fig. 2. Tanacetum vulgare L. dans, les cas de contusions ou de luxations
et les vapeurs d'une décoction de tanaisie
Tanaisie. Herbe aux vers. Barbotine. dans du vin blanc sont regardées comme
Tanaisie commune. Sent bon. abortives.
D'autres herboristes reconnaissent à la
C'est une plante dont les racines, tanaisie «prinse en vin ou lait ou miel» des
vivaces, donnent naissance à des tiges propriétés vermifuges qu'ils ne' sauraient
de 8-12 dm. de hauteur, simples, ro- assez vanter. Ils utilisent son suc contre
et glabres. Ses les engelures, prennent ses feuilles en cata-
bustes, cannelées plasmes sur l'ombilic pour chasser les vers,
feuilles, d'un vert foncé, crêpées, la broyent dans l'huile d'olive pour combattre
doublement pinnatipartites, . presque l'enflure des pieds et les douleurs variqueuses
glabres avec une base pourvue d'oreil- et lui reconnaissent en outre toutes les vertus
des segments ob- de la chrysanthème matricaire (Chrysan-
lettes, présentent themumparthenium Pers.).
longs-lancéolés à dents aiguës, dont N'allons pas plus loin et contentons-nous
la côte moyenne est ailée. Les ra- de faire remarquer que tous sont d'accord
meaux fleuris forment des capitules sur un point, celui d'accorder à la tanaisie
en corymbe. L'involucre est hémis- des propriétés vermifuges.
Le mode d'emploi estl'infusion des sommités
phérique et le réceptacle convexe. fleuries faite à la dose de 4-15 gr. par litre
Les fleurons sont tous tubuleux, ceux d'eau. N'oublions pas toutefois que l'abus
de la circonférence presque filiformes. de la tanaisie, comme l'abus de l'absinthe,
La tanaisie croît dans les endroits engendre aisément des troubles graves dans
l'organisme et que de fortes doses peuvent
pierreux, sur les bords des routes, provoquer la paralysie des membres, l'in-
sur les berges des rivières, le long flammation du péritoine et même la mort.
des voies ferrées. Elle fleurit de juillet
Une autre variété de tanaisie est
en septembre.
la balsamite, vulgairement dénommée
On en récolte les extrémités fleuries
menthe grecque, menthe coq ou menthe
et les feuilles en juin-juillet, les se-
à bouquets (Tanacetum balsamita L.).
mences en septembre-octobre.
Toute Elle est originaire de l'Europe méri-
la plante, aromatique et dionale et ne fleurit guère, dans nos
amère, exhale une odeur forte, péné-
trante et un peu camphrée. contrées, que dans les étés excep-
tionnellement chauds et longs. Son
Emploi. Bien que les feuilles, les extré- odeur et sa saveur sont plus faibles
mités fleuries et les semences ne soient plus
officinales de nos jours, elles n'en sont pas que celles de la barbotine.
moins regardées, dans les campagnes, comme Emploi. L'infusion des feuilles est stimu-
agissant sur la matrice et jouissant de pro- ante et antispasmodique à la dose de 15 gr.
priétés anthelminthiques, vulnéraires, anti- pour un litre d'eau. Les anciens herboristes
lithiasiques et fébrifuges. L'hystérie et l'épi- ui accordent des propriétés analogues à
lepsie y ont eu recours, mais sans grand celles de la menthe crépue et ils la vantent
succès croyons-nous. Gmelin la préconise dans ses effets sur les plaies purulentes.
en poudre ou en vinblanc comme tonique
sudonfique et vermifuge. Il J'emploie contre PI. 82. Fig. I. Artemisia absinthium L.
les affections nerveuses de la matrice, contre
les menstrues irrégulières, contre la fièvre Absinthe. Armoise absinthe. Grande ab-
intermittente, les points de côté, la goutte, sinthe. Herbe sainte.
les vers, les maladies de la peau, et il loue
fort l'huile de tanaisie dans ses effets contre L'absinthe est une plante dont la
l'hydropisie. Les feuilles passent, écrasées souche, dure et vivace, émet des tiges
vertes, pour rendre des services appréciables stériles et des tiges florifères. Ces
1 a, b.
Vigne blanche.
Bryonia alba L.

2 a, b, c Bryone dioïque.
Bryonia dioïca Jacquin.
Famille: Composées 157
dernières sont de hauteur variable, «Sous forme de tisane, dit-il, elle élimine
les gaz de l'estomac, améliore les sucs gas-
dressées, cannelées, plus ou moins triques et provoque ainsi l'appétit avec la
rameuses, pubescentes-soyeuses. Elles digestion; elle est aussi un excellent remède
portent des feuilles grisâtres, soyeuses contre l'odeur fétide de la bouche, en tant
sur les. deux faces, doublement ou que cette odeur provient de l'estomac. Dans
les supé- les maladies du foie (mélancolie, jaunisse),
triplement pinnatiséquées, on prendra, une ou deux fois par jour, une
rieures de plus en plus entières. Ca-
pincée d'absinthe en poudre pour la mettre
pitules petits, très nombreux, penchés, dans la première cuillerée de soupe, ou la
disposés en grappes unilatérales dres- répandre sur les aliments, comme du poivre».
sées formant une panicule par leur Et il ajoute que les voyageurs qui souffrent
réunion. Fleurs d'un vert jaunâtre. beaucoup d'embarras gastriques doivent con-
sidérer leur flacon de teinture d'absinthe
L'absinthe croît dans les lieux in- comme un fidèle compagnon, et que le thé
cultes et pierreux; . elle fleurit en d'absinthe, employé comme eau ophtalmique,
a déjà rendu de bons, d'excellents services
juillet-août, époque à laquelle on en dans les maladies oculaires.
récolte les feuilles et les sommités Les anciens thérapeutistes s'étendent lon-
fleuries. Elle possède une odeur guement sur les vertus de l'absinthe. Ils lui
reconnaissent toutes les propriétés que nous
forte, spéciale et une saveur dont venons d'énumérer et ils la préconisent en
l'amertume est proverbiale. outre contre les flatulences, la constipation,
les crampes de matrice, le mal de mer et
Emploi. l'Herba Absinthii se trouve dans la jaunisse. Ils la regardent comme l'antidote
toutes les pharmacies. Son infusion (10-15gr. de la jusquiame, de la ciguë et des cham-
de sommités fleuries dans un litre d'eau) est. pignons vénéneux. Ils la prennent au prin-
considérée comme tonique, stomachique, fébri- temps dans les omelettes; ils la font fermenter
fuge, vermifuge, stimulante et emménagogue. dans les moûts des vins; ils l'appliquent sur
Elle s'administre contre les vers et aussi l'ombilic des enfants pour tuer les vers, sur
dans les cas de faiblesse d'estomac, detroubles les yeux, sur la tête, sur les oreilles. Les
digestifs, d'anémie, de fièvre intermittente, feuilles d'absinthe font fuir les teignes et les
de menstrues retardées ou pénibles. Nous gerces, la décoction d'absinthe met les pu-
ne saurions affirmer que ces qualités, bien naises en déroute, les sachets d'absinthe font
qu'elles se soient perpétuées à travers les rentrer les hernies....
âges depuis l'antiquité grecque et romaine, Nous aurions mauvaise grâce de ne pas
soient toutes de même valeur. Ce qu'il y a parler ici de la liqueur d'absinthe, cette
de certain c'est que les pharmaciens d'au- boisson enivrante et redoutable qui, grâce
jourdhui tiennent l'extrait d'absinthe (Extrac- à sa belle couleur et à son arôme agréable,
tum Absinthii), la teinture d'absinthe (Tinc- s'infiltre maintenant jusque dans les contrées
tura Absinthii: absinthe 2, alcool dilué 10), les plus reculées en empoisonnant tout sur
la teinture amère (Tinctura Absinthii compo- son passage.
sita: absinthe 8, petite centaurée 4, acore La liqueur d'absinthe est un violent poison
vrai 2, écorce d'orange 2, galanga 2, canelle qui provoque la maladie particulière et re-
de Chine 1, girofle 1, alcool dilué 100); que poussante connue sous le nom d'absinthisme.
l'absinthe fait partie des espèces amères La liqueur d'absinthe est la fée abrutissante
(Species amarae: absinthe, chardon bénit, qui conduit à la ruine morale de l'être, à
écorce d'orange amère, ményanthe et petite la ruine matérielle des familles,à l'hébétement,
centaurée en parties égales); qu'une pincée au vol, à la prostitution, au crime, aux
de 10-15 gr. d'extrémités fleuries dans un attaques d'épilepsie, à la folie, à une para-
litre d'eau bouillante donne une tisane par- lysie générale progressive et à uneboisson mort
fumée dont on peut prender un verre soir atroce. La liqueur d'absinthe est une
et matin comme apéritif, et que le vin d'ab- maudite dont la vente, depuis longtemps,
sinthe est resté un médicament fort en usage. devrait être supprimée partout.
Ce dernier peut se préparer: I° en faisant
macérer pendant deux jours, dans 1000 gr. Armoise commune. Artemisia vulgaris L.
de vin blanc, 30 gr. de feuilles sèches d'ab- Herbe de St-Jean.
sinthe ayant trempé 24 heures dans 60 gr.
d'alcool; 2° en faisant macérer pendant huit L'armoise est une plante dont la
jours 15 gr. de sommités fleuries dans 1000gr. souche, vivace et rampante, donne
de vin blanc. naissance à des tiges striées, rameuses,
Kneipp dit que l'absinthe est l'un des ligneuses vers le bas, souvent rougeâ-
remèdes stomachiques les plus connus et
les plus appréciés et qu'elle se prend sous tres en automne et pouvant atteindre
forme de tisane, de teinture ou de poudre. 175 cm. de hauteur. Ses feuilles sont
158 Famille : Composées

ou doublement pinnati- ses souliers, car on savait que les voyageurs,


simplement «l'ayant sous eux, ne sentent lassetédeaucune».
partites, glabres, d'un vert foncé en On la regardait comme l'antidote l'opium
dessus, blanches-tomenteuses en des- et comme propre à «rompre les pierres des
sous. Capitules petits, ovales ou ob- reins». D'aucuns prétendaient alors, et Pline
longs. est du nombre, que «ceux qui l'hont sur
L'armoise est commune dans les eux, ne peuvent être ni de poisons, ni ve- de
médicaments
lieux incultes, nimeux, ni de
au bord des bestes, ni même
chemins et des du soleil endom-
haies, sur les magez», et les
murs et les dé- bonnes gens
d'autrefois, le
combres. Elle soir de la Saint-
fleurit en août- Jean, se couron-
septembre, naient le chef et
une se ceignaient la
possède ceinture d'ar-
odeur aroma- moise pour con-
tique et une jurer la maladie,
saveur amère. les accidents et
surtout le «mau-
Emploi. Les mais sort».
grappes de fleurs
sèches sont em-
ployées dans les PI. 82. Fig. 2.
assaisonnements Tussilage. Tus-
et les jeunes silago farfara
feuilles fraîches L. Tussilage
peuvent se ser-
vir comme hors- taconet. Pas
d'oeuvre. Toute d'âne.
la plante se
rapproche beau- Le tussilage
coup, de par a une souche
ses propriétés tra-
médicinales, de épaisse,
la grande ab- çante et char-
sinthe citée plus nue qui donne
haut. Son odeur naissance, aux
est cependant
plus agréable et premiers
ses vertus em- beaux jours,
ménagogues, à des hampes
sans rien avoir florifères Co-
d'abortif comme
on le croit géné- tonneuses
ralement, sont s'allongeant
plus énergiques. beaucoup
Nos pères la flo-
avaient dansl'ar- Armoisecommune. Artemisia vulgaris L. après
moise un talis- a. Sommitéfleurie,b.Feuillecaulinaire.c.Coupelongitudinale raison. Ces
man précieux. d'uncapituleflorifère. dernières sont
Ils en prépa- chargées de
raient un vin «pour dames» et des bains à feuilles écailleuses
l'usage exclusif «des dames». Ils en confec- en rougeâtres, glabres
tionnaient des sachets qu'ils appliquaient dehors, et de fleurs jaunes assez
chauds sur.l'ombilic pour calmer les douleurs semblables à celles du pissenlit. Les
de l'enfantement et préconisaient fort l'infusion fleurons sont très nombreux : ceux de
d'armoise dans la semaine qui précède les la circonférence, femelles, étroitement
menstrues.
On prenait alors des bains de pieds d'ar- ligules, sur plusieurs rangs; ceux du
moise pour soutirer la fatigue du corps par centre, tubuleux, mâles ou herma-
les jambes.. On fourrait de l'armoise dans phrodites, peu nombreux, à
cinq dents.
79

3 Chardon-bénit.
Cnicus benedictus L.

2 a, b. Pâquerette.:
L.
1 Verge d'or. Bellis perennis
Solidago virga aureaL.
Famille: Composées 159
Ce n'est qu'après la floraison, quand hampes simples, dressées, fistuleuses,
les fleurs ont été remplacées par des cotonneuses, couvertes de feuilles écail-
akènes oblongs-cylindriques surmontés leuses lancéolées-linéaires et portant
d'une aigrette de soies capillaires très de nombreux capitules à fleurons pur-
longues, qu'apparaissent les feuilles purins. Les hampes croissent surtout
proprement dites, toutes radicales, très après la floraison et il n'est pas rare
amples, en forme de fer à cheval, de les voir atteindre une hauteur de
sinuées-anguleuses, tomenteuses-blan- près d'un mètre. Les feuilles appa-
châtres en dessous. raissent après les fleurs; elles sont
Le pas d'âne est commun au bord très amples, longuement pétiolées,
des chemins et dans tous les terrains arrondies cordiformes, grisâtres en
argileux. Il fleurit en mars-avril. Ses dessous, inégalement dentées et d'une
feuilles se récoltent en mai-juin. ampleur que les autres feuilles indi-
Ces dernières dégagent une légère gènes ne sauraient atteindre.
odeur et possèdent une saveur mu- La chapelière croît dans les prés
cilagineuse légèrement amère et un humides, au bord des rivières, cou-
tantinet astringente. Les fleurs fraî- vrant souvent de vastes espaces. Elle
ches ont une odeur rappelant le miel fleurit en mars-avril. Ses racines se
et une saveur analogue, à celle des Creusent aux premiers jours du prin-
feuilles. temps. Elles ont une odeur forte,
Emploi. Les fleurs constituent un remède nullement désagréable, et une saveur
des plus populaires. Elles sont fort recher- amère, acre, légèrement aromatique.
chées comme béchiques, émolliehtes, adou- Ses feuilles, dont l'odeur et la saveur
cissantes et pectorales. Le mode d'emploi sont fortement atténuées, se récoltent
est l'infusion théiforme de 20-30gr. pour un
litre d'eau. Elles entraient autrefois, avec en mai.
le bouillon blanc, la violette, la guimauve, Emploi. La racine (Radix Pelasitidis ma-
la mauve, le pied de chat et le coquelicot, joris) était autrefois officinale. On lui attri-
dans la composition des fleurs pectorales de buait des propriétés toniques et vermifuges
l'ancienne pharmacopée. et on la regardait comme un détersif à em-
Kneipp dit que le tussilage, pris sous forme ployer sur les plaies ulcéreuses. Gmelin la
de thé, est un excellent remède béchique considère comme maturative des tumeurs
purifiant la poitrine, dégageant les poumons, et la préconise contre les «épaisses humeurs
calmant la toux, soulageant l'asthme, no- de poitrine de l'homme, des chevaux et des
tamment quand il y a prédisposition à la bêtes à cornes». Kneipp lui accorde des
phtisie. Les feuilles de tussilage, ajoute-t-il, effets analogues à ceux du pas d'âne et les
peuvent être appliquées, à nu ou entre deux anciens thérapeutistes racontent qu'une bonne
linges, sur la poitrine: elles attirent au dehors transpirée, après absorbtion de 7,5 gr. de ra-
la chaleur du corps, arrêtent la prostration cine dans du bon vin blanc, aura certainement
des forces et éloignent les fièvres; elles des effets antipestilentiels efficaces. D'aucuns
exercent aussi une très bonne influence sur y voient même un remède contre les tran-
les plaies suppurantes dont elles enlèvent chées, les crampes de matrice, la strangurie
l'inflammation et la rougeur et elles éliminent et un vermifuge à administrer aux enfants
les éléments morbides. et aux chevaux.
Ces mêmes feuilles ont une efficacité toute
particulière sur les ulcères des pieds dont PI. 83. Fig. 2. Arnica montana L.
les bords sont d'un bleu noirâtre; elles dissi-
pent la chaleur et la douleur, et, par une Arnica. Arnique de montagne. Tabac
application répétée, elles amènent la guérison des Savoyards. Tabac des Vosges.
complète. Il faut en dire autant pour le C'est une plante vivace à rhizome
traitement de l'érysipèle.
d'un brun noirâtre, oblique et ra-
PI. 83. Fig. I. Petasites officinalis meux. La tige est simple ou divisée
Moench. Pétasite officinal. Chapelière. au sommet en trois pédoncules allon-
Herbe aux teigneux. Tussilage petasites — un terminal et deux latéraux
gés
et Tussilago hybrida L. rougeâtre, rude,
opposés—cylindrique,
Plante vivace à souche épaisse très pubescente et glandulifère au sommet.
traçante donnant naissance à des Les feuilles radicales sont obovales-
160 Famille: Composées

oblongues, sessiles, très entières, à PI. 84. Fig. I. Calendula officinalis L.


cinq nervures; les caulinaires sont Grand Souci. Souci des jardins. Fleur
ovales-lancéolées, opposées, réduites. de tous les mois.
Involucre velu-pubescent. Fleurs gran- Plante annuelle à tige dressée, ra-
des, à ligules d'un jaune orangé, den- meuse, à feuilles radicales longuement
tées à leur extrémité.
L'arnica croît dans les pâturages pétiolées, obovales, alternes, visqueu-
ses. Fleurs d'un jaune-orangé, riche-
montagneux et alpins humides. Elle ment pourvues de ligules sur la cir-
fleurît en juillet-août. Ses fleurs sont
conférence, à fleurons souvent trans-
douées d'une faible odeur aromatique formés en ligules, à akènes presque
et d'une saveur amère qui prend à tous courbés en nacelle.
la gorge. Le souci, originaire du nord de
Emploi. La fleur d'arnica des pharmacies l'Afrique, est cultivé partout et jusque
(Flos Arnieae) est le capitule dont on a re- dans les plus humbles jardins. Il se
tranché l'involucre et le réceptacle. C'est
un stimulant énergique du système nerveux ressème tout seul et fleurit de juin
et de la circulation, un vulnéraire et un en octobre. On en récolte les fleurs
fébrifuge, un tonique, un diurétique et un et les feuilles, généralement pour
sudorifique qui, à hautes doses, peut pro-
voquer des coliques, des vomissements, et l'emploi immédiat. Les premières ont
même la mort. On l'emploie, en thérapeu- une odeur aromatique particulière
tique, à la dose de 0,3-1gr. en infusion, contre et une saveur un peu amère,'saline,
la goutte, les rhumatismes, les paralysies les secondes
provenant d'affections du cerveau ou de la légèrement astringente;
moelle épinière, les ébranlements du cerveau ont une odeur désagréable, résineuse
provoqués par une chute ou un choc, l'épi- et une saveur analogue à celle des
lepsie, le typhus, etc. L'alcoolature d'arnica fleurs.
(Tinctura Arnieae: une partie de plante con-
tusée fraîche et fleurie et macérée pendant Emploi. Le souci a quitté les bocaux
huit jours dans une partie d'alcool) se prend des apothicaires et ne s'emploie guère main-
couramment à la dose d'une demi-cuillerée tenant que dans la médecine rurale. Kneipp
à café dans une demi-tasse d'eau sucrée pour l'utilisait en tisane de fleurs et de feuilles
ramener à elles les personnes fortement (parties égales) contre l'endurcissement des ;
ébranlées par une frayeur subite, une chute glandes, la scrofule, les cancers des seins,
ou un choc. Quant à la teinture d'arnica, lés obstructions du bas-ventre. Dans les cas.
que vous pouvez préparer vous même en d'éruptions herpétiques, d'ulcères cancéreux,
faisant macérer pendant trois jours des fleurs d'endurcissements des glandes mammaires,
d'arnica dans de l'eau-de-vie, elle nous paraît il prescrivait 2-6 gr. de souci en décoction
si universellement appréciée et usitée chaque chaude dans du lait, à l'intérieur, et, en
fois qu'il s'agit de plaies, de contusions ou même temps, une pommade faite de 4-6gr.
d'écorchures, qu'il, est entièrement superflu de suc de souci et de 30 gr. de beurre non
de nous y arrêter plus longtemps. salé.
Le traitement homéopathique emploie l'ar- Le souci passe encore pour stimulant,
nica contre les blessures en général, contre emrnénagogue, antispasmodique, fébrifuge et
les furoncles, les plaies variqueuses, les s'emploie dans les cas de jaunisse, d'affections
rhumes de poitrine, les écorchures, l'hydro- scrofuleuses, d'hystérie, etc.
pisie sous-cutanée, l'hydropisie ascite, les Dans la médication homéopathique, le
crampes d'estomac et les points de côté souci s'administre, à l'intérieur et à l'ex-
provoqués par un violent effort. térieur, dans les cas de blessures graves et
Les anciens herboristes recommandent de fièvre traumatique.
une potion de 4-7,5 gr. de racine en vin à Jadis on prenait le souci en salade pour
tous ceux qui se sentent menacés d'un em- se défaire de la jaunisse et des battements
poisonnement par l'opium; ils préconisent de coeur, et surtout pour provoquer l'appa-
la racine, soit seule, soit relevée de graines rition des menstrues; on s'en servait en
de panais, contré les tranchées, la dysenterie compresses sur les yeux rouges et enflammés;
et les affections de la matrice. Nous ajou- on exprimait son suc contre «la grande dou-
terons qu'ils en faisaient des cataplasmes leur de dents» et on disait de la fleur
auxquels ils accordaient des vertus anti- «qu'elle est fort bonne pour faire venir les
diarrhéiques, sédatives, emménagogues et cheveux jaunes».
qu'il n'est pas rare de voir, dans les Vosges,
les Alpes, la Savoie, fumer les feuilles d'ar-
nica en guise de tabac.
2a, b. Millefeuille.
1 a, b c. Aunée Achillea millefolium.
Inula helenium L.
Famille: Composées 161
PI. 84. Fig. 2. Lappa tomentosa La- de juillet en septembre. On en creuse,
mark. Bardane à têtes cotonneuses. — au printemps, les racines de deux ans.
Lappa major Gaertner. Bardane à grosses Elles ont une odeur forte et repous-
têtes. — Lappa minor de Candolle. Bar- sante qui se perd par la dessication,?
dane à petites têtes, vulgairement Glou- et une saveur mucilagineuse, douceâ-
teron. Herbe aux teigneux. Pigriet. Copeau. tre, un peu amère.
Arctium Lappa L.
Emploi. Quoique la bardane ne soit plus
Plante bisannuelle à longue souche officinale, elle n'en est pas moins regardée,
fusnorme d un dans les cam-
brunâtre pagnes, comme
gris diurétique, dé-
à l'extérieur, purative et su-
blanchâtre à dorifique. Elle
l'intérieur, se prend en ti-
sane de 15-20gr.
charnue, don- qu'on fait bouil-
nant, la pre- lir dans un litre
mière année, d'eau et qu'on
des feuilles édulcore avec 15
radicales très gr. de racine de
en- réglisse, et elle
amples, s'administre spé-
tières, cordi- cialement dans
formes à la les cas de gout-
base, et, la te, de syphilis
et d'empoison-
seconde an- nements mercu-
née, des tiges riels.
dressées, fer- Nous ne sau-
mes, striées, rions, nous por-
ter garant de la
rameuses et réalité de ses
feuillues. Les vertus antisy-
capitules sont philitiques. Paul
ordi- Hariot rapporte
ovoïdes, toutefois dans
nairement ag- son „Atlas co-
glomérés le lorié des plantes
long et au médicinales"
sommet des que Péna, mé-
decin d'Henri
rameaux laté- III, affirme avoir
faux dans mi- guéri ce dernier,
nor, ordinaire- par la bardane,
d'une maladie
ment solitai- dont l'Amérique
res au sommet Bluet Centaurea cyanus L. et l'Europe se
de pédoncules a. Planteentière,réduite, b. Capitale rejettent la pa-
florifère. c. Fleurpériphériquestérile. ternité.
allongés dans e.
d.Fleurhermaphrodite,Coupede cette Cette même
major, pédon- dernière,f. Fruit, t
g. Coupe ransversale tisane est en
cules et dis- dufruit. outre utilisée en
posés en co- lotions pour cal-
terminal dans tomentosa. In- mer le prurit de l'eczéma et des dartres, et
rymbe faire tomber les croûtes de la teigne.
volucre à folioles toutes courbées en Certains herboristes font avec le suc des
crochets qui les font s'accrocher aux feuilles et l'huile de la racine une sorte de
habits. Uniment q'uils emploient pour déterger les
croissent dans les ulcères de mauvaise nature. Ils utilisent
Les bardanes les feuilles en cataplasmes sur les luxations,
décombres, dans les lieux arides, au les brûlures et le goître. Et chacun sait que
bord des chemins, dans les coins de les pâtres d'antan ajoutaient des rondelles
rues des villages. Elles fleurissent de bardane au fourrage des moutons ravagés
I62 Famille: Composées
par la tuberculose et que 4 gr. de racine, cules renflés; les supérieurs sessiles.
piles avec un pignon du pin cembre (Pinus Ligules bleues, rarement roses ou
cembra) et bus en vin, passaient autrefois
pour un remède précieux contre les crache- blanches, épanouies pendant le jour
ments de sang ou de pus. et fermées le soir.
La chicorée sauvage est commune
Bluet. Centaurea cyanus L. Centaurée dans les lieux arides et le long des
bluet. Barbeau. Casse-lunettes. Bleuet. chemins. Elle' fleurit de juillet en
Le bluet est une plante annuelle septembre. La culture en produit;
ou bisannuelle dont la tige dressée, dans les caves, la salade appelée
barbe de capucin et la nature en offre
anguleuse mais non ailée, floconneuse-
une variété (Cichorium sativum) plus
blanchâtre, plus ou moins rameuse,
est terminée ce bien développée dans toutes ses parties
par capitule
connu qui émaille si gracieusement et dont la racine, torréfiée, donne la
nos moissons. Ses feuilles sont blan- poudre connue sous le nom de poudre
châtres en dessous: les inférieures de chicorée.
souvent pinnatifides à la base; les On récolte la racine de la chicorée
et les indivises, sauvage au commencement du prin-
moyennes supérieures
lancéolées ou linéaires. Jolis fleurons temps et on la sèche aussi rapidement
d'un beau bleu (roses, blancs ou vio- que possible. Elle est complètement
lets dans les variétés). inodore avec une saveur très amère-
Le bluet, probablement importé Emploi. Bien que la chicorée sauvage
chez nous de l'Orient, croît de pré- (Badix Cichorii) ne soit plus officinale de nos
jours, elle n'en reste pas moins très popu-
férence dans les lieux cultivés où sa laire, car nous connaissons nombre de gens
fleur, d'un bleu intense, s'harmonise qui voient en elle le meilleur des remèdes
superbement avec le rouge vif du contre les maladies du foie. Le curé Kneipp
et le d'or des mois- dit qu'une décoction de chicorée est un ré-
coquelicot jaune solutif pour les engorgements de l'estomac,
sons. Il est inodore avec une saveur qu'elle enlève la bile superflue, épure le foie,
herbeuse et fleurit de juin en sep- la rate, et les reins, en évacuant, par l'urine,
tembre. tous les éléments morbides; que cette même
décoction est utile dans l'atonie des fonc-
Emploi. Nos pères le prenaient en poudre tions digestives, quand l'estomac a été gâté
pour combattre la jaunisse; en cataplasmes par quelque nourriture, etc. Le thé se prend
pour déterger les plaies ulcéreuses; en suc. pendant 3-4 jours de suite, à la dose de
comme gargarisme stomatique. Gmelin af- deux tasses par jour, l'une avant déjeuner,
firme encore que le bluet constitue un excel- l'autre le soir.
lent remède ophtalmique, mais c'est à peine Dans les oppressions de l'estomac et dans
si, aujourd'hui, on se sert ça et là de son les inflammations douloureuses à un endroit
eau distillée en collyre.
quelconque du corps — ajoute-t-il — on ap-
plique, sur l'estomac et sur les parties en-
PI. 85. Fig. I. Chicorée sauvage. Ci- dolories, une certaine quantité de chicorée
chorium intybus L. Yeux de chat. échaudée et enveloppée dans un linge, et
l'on renouvelle ce tonique 2-3 fois par jour.
La chicorée sauvage est une plante Souvent on fait macérer la chicorée dans
vivace dont la racine, cylindrique et l'esprit de vin et on en frotte bien, deux fois
pivotante, est d'un bleu jaunâtre à par jour, les membres amaigris menacés de
l'extérieur et blanche à l'intérieur. dépérissement ou d'atrophie.
La chicorée est dépurative, tonique, laxa-
Sa tige, de 60 cm. et plus, est ro- tive. Les ménagères en préparent un sirop
buste, anguleuse et à rameaux étalés. de chicorée qu'elles administrent à leurs en-
Ses feuilles inférieures sont roncinées, fants, une tisane de feuilles et une décoction
à lobes lancéolés, de racine. La tisane se fait à la dose de
dentés et angu-
les 8-15 gr. par litre d'eau et la décoction de
leux; supérieures sont lancéolées, racine à la dose de 15-30 gr. par litre du
à base large et semi-amplexicaule. même liquide. Ces deux derniers produits
Capitules inférieurs rapprochés deux sont encore si fréquemment usités que vous
deux ou fascicules : les connaissez sans doute dans votre entourage
par uns ses- des personnes qui ne commenceraient pas leur
siles, les autres pédoncules, à pédon- printemps sans leur petite cure de chicorée.
2. Tanaisie.
Tanacetum vulgare L.

1 a, b, c. Petite camomille
Matricaria chamomilla L.
Famille: Composées 163
A en croire les anciens herboristes, la On reconnaît généralement au pissenlit
chicorée rend, sous toutes ses formes, en des propriétés toniques, dépuratives, stoma-
salade de jeunes feuilles, en suc, en décoction, chiques, apéritives, diurétiques, sudorifiques
mélangée au persil,' en poudre, etc., des ser- et laxatives. Nous ne voudrions pas prétendre
vices signalés dans, les affections du foie que l'une ou l'autre de ces nombreuses vertus
qu'elle débarasse doucement de son trop ne soit pas quelque peu usurpée. Mais ce
plein par l'urine. Les feuilles, cuites en vi- qu'il y a de certain, c'est que le pissenlit se
naigre, se mangeaient jadis pour combattre place au premier rang des plantes popu-
les dévoiements intestinaux, la jaunisse et laires, qu'il passe —en Angleterre surtout —
les fièvres. Les racines se prenaient confites pour exciter la sécrétion du foie, qu'il est
en sucre pour exciter l'appétit, regaillardir employé dans la convalescence des fièvres
l'estomac,, et s'employaient en cataplasmes intermittentes et qu'il est surtout diurétique,
contré les douleurs de l'oesophage, les abcès, stomachique et tonique.
les tumeurs malignes, les maladies articulaires, On raconte que Frédéric le Grand, souf-
l'érysipèle, les névralgies et la gale. frant d'une hydropisie de poitrine, s'est bien
trouvé de son usage prolongé et que les
PI. 85. Fig. 2. Pissenlit. Taraxacum anciens thérapeutistes lui font partager les
officinale Weber. Leontodon taraxacum L. propriétés de la chicorée. Sa décoction était
Dent de lion. préconisée contre les crachements de sang.
Les feuilles étaient utilisées en cataplasmes
antivarioleux et antirhumatismaux. L'un dit
Le pissenlit est une plante vivace, que „cuist, il serre le ventre si on le prend
laiteuse, extrêmement variable, dont avec vinaigre ou lantiljès" et l'autre ajoute
la souche, épaisse et charnue, est ter- qu'il „émeust fort lés scorpions" et que qui
minée en racine pivotante. Les feuilles s'en frotte le corps avec de l'huile obtient
aisément tout ce qu'il désire.
sont toutes radicales, oblongues, atté-
Après avoir indiqué cette simple formule
nuées à' la base, profondément ron- à tous les déshérités de la fortune et du
einées, à lobes triangulaires aigus, sort, nous aurions mauvaise grâce de ne
dentés ou presque entiers. Les capi- pas mentionner ici la manière dont nos pères
se préparaient un fameux vin de pissenlit,
tules, d'un beau jaune, solitaires à aussi fort, disent-ils,qu'une toute fine liqueur.
l'extrémité des pédoncules radicaux, Lisez donc et commencez par verser 4 litres
donnent naissance à une aigrette s'é- d'eau sur 4 litres de fleurs fraîches de pis-
talant à maturité et formant une tête senlit cueillies par un temps sec et mesurées
tassées; ajoutez ensuite' une écorce d'orange
globuleuse, plumée, bien connue des et une de citron; faites cuire pendant 20
enfants. Involucre à folioles exté- minutes et exprimez; ajoutez au liquide ob-
rieures réfléchies, toutes réfractées à tenu 2 kg. de sucre et les morceaux d'une
la maturité. Akènes striés longitudi- orange débarrassée de son écorce et de ses
vers le graines; laissez refroidir jusqu'à ce que le
nalement, tubercules-épineux mélange soit tiède; ajoutez alors une demi-
sommet. tasse à café de levure; abandonnez pendant
Le pissenlit est très commun par- 4-5 jours; filtrez; mettez maintenant en bou-
tout et très variable suivant les loca- teilles que vous conserverez dans un coin
sombre en ayant soin de retenir le bouchon
lités. Il fleurit en avril-mai, et, ça et par de fortes ficelles Faites, et vous
là, mais rarement, en automne. On m'en direz des nouvelles.
récolte toute la plante, racine com- Ajoutons que le pissenlit se cultive aux
environs de Paris et notamment à Mont-
prise, avant la floraison, les fleurs en
magny. On le sème en mars ou avrilafin
se récoltant à part. La racine fraîche rigoles peu profondes et, en automne,
possède une saveur douce-amère, un de faire blanchir les plantes; on les couvre
tantinet saline, qui devient mucilagi- avec la terre qui a été relevée en billon
neuse et douceâtre par la dessication; entre les lignes. Dès la fin de l'hiver, les
les fleurs ont une odeur et une sa- pissenlits percent la couverture de terre et
sont alors bons à consommer. On obtient
veur douceâtres. des pissenlits à feuilles extrêmement longues
et très succulentes en couvrant la plantation
Emploi. La racine de dent de lion est de caisses en bois, percées de quelques trous
officinale sous le nom de Radix Taraxaci
et elle sert à la préparation d'un extrait pour l'accès de l'air.
connu en pharmacie sous le nom d'extrait
de dent de lion (Extractum Taraxaci: brun
foncé, saveur amère-douceâtre).
164 Famille: Composées

Tragopogon pratensis L. Salsifis. Barbe l'asthme, la phtisie, les points de côte, les
affections du foie et les ardeurs d'estomac.
de bouc. Salsifis des prés. D'aucuns le font cuire dans un bouillon à
Plante bisannuelle donnant nais- la viande pour activer la sécrétion mam-
maire des nourrices; d'autres en préparent
sance à des tiges de 60 cm. et plus, une boisson vulnéraire qu'ils administrent
glabres, dressées, simples ou rameu- dans les affections des intestins et de la vessie.
ses. Feuilles très allongées, à base
PI. 86. Fig. I. Lactuca virosa L. Laitue
élargie-amplexicaule, puis lancéolées-
linéaires et longuement linéaires-su- vénéneuse.
bulées au sommet, souvent ondulées C'est une plante annuelle ou bisan-
et tortillées. Ligules d'un jaune citron. nuelle dont la tige dressée, raide, sou-
Le salsifis est commun dans les vent munie de quelques petits aiguil-

Salsifis. Tragopôgonpratensis L.
a. Racineset feuillesradicales,b. Inflorescence,
c. Fleur, d. Fruit.

prés secs et le long des champs où lons, peut atteindre la hauteur d'un
il fleurit de mai en août. Ses tiges homme. Ses feuilles sont ovales-ob-
et sa racine contiennent un suc pres- longues, d'un vert glauque, obtuses,
que insipide collant aux lèvres et ses munies d'oreillettes embrassantes et
fleurs, par leur odeur, rappellent chargées, en dessous, sur la nervure
faiblement le miel. moyenne, de petits aiguillons se fai-
sant plus clairsemés sur les nervures
Emploi. En plusieurs contrées de. l'Alle- latérales.
magne, on mange les jeunes pousses. sous Capitules plus ou moins
le nom de Haferwurzel ou de Silssling.Gmelin pédoncules le long des rameaux, for-
rapporte que leur suc est un émollient, un mant, par leur réunion, une ample
résolvant et un diurétique. D'autres théra- terminale
peutistes recommandent le salsifis en salade panicule plus ou moins
et préconisent sa racine, soit cuite, soit crue, étalée. Fleurs jaunes. Akènes ovales-
soit en décoction, contre la strangurie, : les oblongs, noirâtres, marqués de 5-7
calculs de la vessie, les rhumes de poitrine, côtes.
1 a, b. Pétasite offic
Petasites officinalisMoench.

2 a, b, c. Armca.
Arnica montana.
82

1 a, b. Absinthe.
Artemesia absinthiumL.

2 a, b, c, d. Tussilage.
Tussilago farfara L.
1 a, b, c, d.
Chicorée sauvage.
2 a, b. Pissenlit.
Cichorium intybus L.
Taraxacum officinaleWeber.
84

1 a, b. Grand souci.
Calendula officinalisL.

2 a, b. Bardane.
Lappa major Gaetner.
Famille : Composées 165
La laitue vénéneuse croît à l'état priétés calmantes qu'on utilise principalement
contre la toux des phtisiques et dans les
sauvage au pied des murs, le long catarrhes. Il doit ses propriétés à trois sub-
des chemins, sur les pentes pierreuses. stances solides et cristallisables qu'il contient:
Elle se cultive pour son suc à Cler- la lactucine,un principe amer actif, la lactucope
mont-Ferrand et dans quelques loca- et l'acide lactucique. L'emploi du lactucarium
lités sur la Moselle. Elle fleurit en a fait abandonner celui de la thridace que
l'on considère aujourd'hui comme inerte;
juillet-août Son suc se recueille.de toutefois beaucoup de médecins n'attribuent
mai en septembre et ses feuilles au d'efficacité au lactucarium qu'autant qu'il est
commencement de la floraison. Le additionné d'une préparation de morphine
à l'air et ou d'opium,
premier brunit rapidement
ressemble assez à l'opium par sa Hager le prescrit en dose max. simple
de 0,3 gr, et en dose journalière de 1 gr.
couleur et par son odeur. Les feuilles, au plus, afin d'éviter les accidents possibles.
desséchées, sont inodores avec une Pris dans l'oxymel (sirop de miel et vinaigre),
saveur acre. il aurait la propriété d'évacuer, l'eau des
hydropiques par les urines et, employé en
Emploi et danger. Le lactucarium, autre; fermentations laiteuses, celle de guérir rapi-
ment dit le suc desséché, possède des pro- dement les brûlures.
1 a, b, c, d, e.
Laitue vénéneuse.
Lactuca virosa L.
Calendrier-floraison et calendrier-récolte

(I signifie prudence! Vénéneux!)

Février Mars Avril Mai Juin Juillet Août Septembre Octobre Novembre

Bourse à pasteur, Capsella bursa pastoris M.


Toute la plante

Pâquerette, Bellis perennis L.


Fleurs et plante

Gui, Viscum album L. Jeunes


rameaux

Bois gentil, Daphne meze-


reum L.

Bour- Peuplier
geons noir,
Populus .
nigra L.

Prêle, Equisetum Pousses été


arvense L. d'

Osier rouge, Salix


purpurea L.
Ecorce

Racines Hellébore vert, Hel-


leborus viridis L.
I68 Calendrier-floraison et calendrier-récolte

Mars Avril Mai Juin Juillet Août Septembre Octobre Novembre

Ficaire, Ranun-
culus ficaria L.
Tuber-
cules!

Prunellier, Prunus Fruits,


spincsa L. écorce de
Fleurs la racine

Amandier, Amyg- Amandes


dalus commums L.

Lauréole, Daphne
lauréola L.
Feuilles !

Tussilage. Tussi- Feuilles


lago farfara L.
Fleurs

Pétasite offic, Pe- Feuilles


tasites offcinalisM.
Racines

Cabaret, Asarum europaeum Racines et


. L. feuilles.!

Hellébore fétide, Helleborus


foetidùs L.
Plante et racine

Violette, Viola odorata L.


Fleurs

Pulmonaire, Pulmonaria offi-


cinalis L,
Feuilles

Romarin, Rosmarinus ofïci-


nalis L.
Fleurs et rameaux

Lierre terrestre, Glechoma hederaceum


L.
Feuilles
et fleurs

Pulsatille,
Pulsatilla
vulgaris
Miller
Plante !
Calendrier-floraison et calendrier-récolte 160
Mars Avril Mai Juin Juillet Août Septembre Octobre Novembre

Saule, Salix fragi-


fis L.
Ecorce

Mélèze, Larix. de- Résme


cidua Miller

Genévrier, Junipe-
rus commums L.

Sabine, juniperus
sabina L. !
Rameaux

If, Taxus baccata


L !

Thuya, Thuja oc-


cidentalis L. !

Cassis, Ribes ni-


grum L..
Groseilliel, Ribes Recolte
rubrum L.
Griottier loir, Pru-
nus cerasus L.

Merisier, Prunus
avium L.

Primevère Primula
omcinalis Jacquin
Fleurs
Sureau à grappes,
Sambucus race- Baies
mosa L.

Pissenlit, Taraxa-
Racine cum offic. Weber
et plante Fleur
Flambé, Iris germanica L. Racines
Pivoine, Paeonia omcinalisL.! Racines

Cochléaria, Cochlearia om-


cinalis L.
Feuilles et plante

Fraisier des bois, Fragaria


vesca L.
Feuilles Fruits
170 Calendrier-floraison et calendrier-récolte

Mars Avril Mai Juin Juillet Août Septembre Octobre Novembre

Pain de Coucou, Oxalis ace-


tosella L.
Plante en floraison

Polygale amer, Polygala ama-


ra L.
Plante en Toraison, avecracine

Myrtille, Vacciniura myrtil-


lus L.

Fausse germandrée Veronica


chamaedrys L.
Plante en floraison
Lédon des marais, Ledum palustre L.
Rameaux
florifères
Pensée sauvage, Viola tricolor L.
Plante en floraison
Ortie blanche, Lamium album L.
Fleurs
Pin syl-
Bour- vestre,
geons Pinus syl- Résine
vestris

Sapin
Bour blanc,
geons Abies al- Résine
ba Miller

Gouet,
Arum ma-
Racines culatum Racines
L.
Muguet,
Conval-
laria ma-
jalis L.
Fleurs !

Noyer,
Juglans Feuilles Fruits Noix
regia L. verts

Chêne,
Quercus
peduncu-
lata Ehr- Glands
hart
Ecorce
Calendrier-floraison et calendrier-récolte 171

Mars Avril Mai Juin Juillet Août Septembre Octobre Novembre

Pulsatille
des
champs,
Pulsatilla
pratensis
Miller
Plante !
Pommier,
Pirus ma- Maturité variable
lus L.
Cognas-
sier, Cy-
dônia vul- Fruits
garis Per-
soon
Merisier
à grappes, Fruits
Prunus
padus
Prunier
domesti- '
que, Pru- Fruits
nus do-
mesticaL.
Marron-
'nier, Aes-
culus hip-
Ecorce pocasta-
num L.
Fleurs
Viorne
mancien-
ne, Vibur-
lan
num Baies
tana L.
Feuilles

Epicéa, Picea ex-


Bour celsa Link
geons Résine

Flouve odorante,
Anthoxanthum odo-
ratum L,
Planté en floraison

Sceau de Salomon,
Racines Polygonatum offi-
cinale All.

Parisette, Paris qua-


drifohus L.
Feuilles !
172 Calendrier-floraison et calendrier-récolte

Mars Avril Mai Juin Juillet Août Septembre Octobre Novembre

Sceau de Notre-
Racines Dame, Tamus com-
munis L.

Orchis
Tuber-
cules

Souches Aristoloche, Aristo-


lochia
Souches clematitis L.
Actéé, Actae â spi-
cata L.
Plante avec racine !

Epine-Vinette, Ber- Fruits


beris vulgaris L.

Framboisier, Rubus
idaeus L.
Fruits

Polygale commun,
Polygala vulgaris L.
Plante en floraison
avec racines

Nerprun, Rhamnus fruits


cathartica L.
Bourdaine, Fran- floraison
gula alnus Miller. . .
Deuxième
Ecorce Fruits

Myricaire, Myrica-
ria germanica Des-
valux. Capsules fructifères
Ecorce

Sanicle, Sanicula
europaea L.
(Feuilles et Fleurs
Cerfeuil, Anthris-
cus cerefolium L.
Feuilles

Carvi, Carum carvi


L. Graines

Airelle rouge, Vac-


ciniumvitis ideaL. Baies

Busserole, Arcto-
staphylus omcinalis
Wimmer.
Calendrier-floraison et calendrier-récolte 173
Mars Avril Mai Juin Juillet Août Septembre Octobre Novembre

Ményanthe, Meny.
anthes trifoliata L.
Feuilles

Grémil, Lithosper-
mum officinale L. Graines
Feuilles

Thym, Thymus vul-


garis L.
Plante en floraison
Aspérule odorante,
Asperula odorata L.
Plante avant et pendant
la floraison
Orchis (espèces)
Tuber-
cules
Renoncule bulbeuse, Ranun-
culus bulbosus L.
Plante aviseracines!
Ansérine, Potentilla anserina L
Plante

Alchémille, Alchemilla vulgaris


Plante

. Sanguisorbé, Sanguisorba mi
Feuilles Scopoli.

Podagraire, Aegopodium poda-


graria L.
Feuilles
Véronique mâle, Veronica offi-
cinalis L.
Plante en floraison

Grassette, Pinguicula. vulgaris


Plante en floraison

Racines Bistorte, Polygonum bistorta L.

Chélidoins, Chelidonium majus L.—


Plante et
racines

Racines Benoîte, Geum urbanum L.


174 Calendrier-floraison et calendrier-récolte

Mars Avril Mai Juin Juillet Août Septembre Octobre Novembre

Vulnéraire, Anthyllis vulneraria L.


Plante en floraison

Lin purgatif, Linum catharticum L.


Plante en floraisons-

Consoude, Symphytum officinale L.


Plante Plante en floraison Racines

Véronique aquatique, Veronica becca-


Plante bunga L.

Racines Salsifis, Tragopogoi pratensis L.

Racines Tormentille, Potentilla tormeritilla Schrank

Fumeterre, Fumaria officinalis L.


Plante en floraison

Herbe à Robert, Géranium robertianum L.


Plante en floraisons.

Racines Buglosse, Anchusa officinalisL.


.
Plante et fleurs

Plantain lancéolé, Plantago lanceolata L.


Feuilles avant maturité

Orge,
Hordeum
vulgare et
Hordeum Moisson
distichum

Coqueli-
cot, Papa-
ver. rhoe-
as L.
Pétales

Vigne,
Pleurs de Vitis vini-
la vigne fera L.
Pampres

Tilleul,
Tilia pla-
Tille (libejr)r typbyllos
Scopoli.
Fleurs
Calendrier-floraison et calendrier-récolte 175
Mars Avril Mai Juin Juillet Août Septembre Octobre Novembre

Sureau,
Sambu-
cus nigra
Baies
Fleurs

Ivraie, Lolium temu-


lentum L. Graines!

Racines Chiendent, Triticum


repans L. Racines

Froment, Triticum
vulgart Villars Moissons

Racines Acore, Acorus cala-


mus L. Racines-

Asperge, Asparagus
Jeunes pousses officinalis L.
Orchis (variétés)-
Tuber-
cules
Nigelle cultivée, Ni-
gella sativa L. Graines

Clématite, Clematis
recta L.!
Feuilles
Raifort, Cochlearia Racines
armoracia L.

Filipendulé, Filipen-
dula hexapetala Gi-
litiert Tuber-
Plante entiere avec cules
tubercules
Reine des prés,
Filipendula ulmaria Deuxième
Racines Maximowicz floraison
Fleurs et feuilles
Eglantier, Rosa ca-
nina L.
Cynorrhoclons
Pétales
Rose, Rosa centifolia
Pétales
Fenugrec, Trigonella
foenum graecum L. Graines
176 Calendrier-floraison et calendrier-récolte

Mars Avril Mai Juin Juillet Août Septembre Octobre Novembre

Persil, Petroselinum
Racines sativum Hoffmann Graines

Rue des eaux, Oe-.


nanthe fîstulosa !

Racines lmpératoire, Impera- Racines


tora ostruthium L.

Sauge, Salvia offi-


cinalis L.
Feuilles

Alkékenge, Physalis Fruits


alkekengi L.

Garance,! -lubiatinc-
torun L.

Chanvre, Cannabis sativa L.—1 Graines


Racines Saponaire, Saponana offic. L. Racines

Aconit Napel, Accnitum na-


pellus L.
Plante et tubercules

Renoncule scélérate, Ranuncu-


lus sceleratus L.
Plante

Moutarde noire, Brassica nigra


Koch
Graines 1

Racines Qùintefeuille, Potentlla reptans

Sanguisorbe, Sanguisorba offi-


cinalis L.
Racines et plante

Grande ciguë, Conium macu-


latum L.
Plante en floraison

Racines Grande pimprenelle, Pimpinella Racines


magna L. 1

Méum, Meum athamanticum


Jaquin Racines
Plante en floraison
Graines
Calendrier-floraison et calendrier-récolte 177
Mars Avril Mai Juin Juillet Août Septembre Octobre Novembre

Archangélique, Archangelica
Radies officinalis Hoffmann
Tiges

Livèche, Levisticum officinale;


Radies Koch
Tiges

Coriandre, Coriandrikmsativum,
L.
Graines-

Petite centaurée, Êrythraea


centaurium Persoon
Plante en floraison

Dompte-venin, Vincetoxicum
Racines officinale Moénch Racines!
Feuilles et fleurs
Ivette, Ajuga chamaepitys,
Schreber
Plante en floraison

Germandrée, Teucrium cha-


maedrys L.
Plante en, floraison

Serpolet, Thymus serpillum L.


Plante en floraison

Menthe poivrée, Mentha pipe-


rita L.
Feuilles

Jusquiame, Hyoscyamus niger


Feuilles et
rameaux
florifères!
!
Belladone Atropa belladonna
L.
Feuilles

Douce-amère, Solanum dulca Tiges


Tiges mara L.

Scrofulaire, Scrophularia no-


dosa L. Graines
Feuilles

Gratiole, Gratiola officinalis L.l


Plante en floraison
178 Calendrier-floraison et calendrier-récolte

Mars Avril Mai Juin Juillet Août Septembre Octobre Novembre

Çaillelait aune,Galium verum L.


Plante en floraison
Caillelait blanc, Galiurn mol-
lugo L.
Plante en floraison
Valériane, Valeriara offic. L. Racines

Vigne blanche et Bryone dio-


Racines ïque, Bryonia alba L.et B. dio- Racines!
ica Jacquin

Racine et Raiponce, Campanula rapun-


feulles culus L.
Chardon-oénit, Cnicis benedic
Rameaux tus L.
florifères
feuilles
Petite cimomille, Matricariî.
chamomilla L.
Fleurs

Arnica, Arnica montana L.


Fleurs

Vélar, Si symbrium officinaleScopoli


Plante

Plante Cresson fontaine, Nasturtiuip officinale


R. Brown

Ronce, Rubus fruticosus L.— ——


Feuilles

Aigremoitie, Agrimonia eupatoria L. 1-


Feuilles
Racines Arrête-boeuf, Ononis spinosa L. Racines
Réglisse, Glycyrrhiza glabra L. Racines
Mauve commune, Malva neglecta Wallroth
Feuilles
Mauve sauvage, Malva silvestris L.
Feuilles

Racines Guimauve, Althaea officinalis L.


Feuifles -Racines

Millepertuis, Hypericum perforatum L.


Rameaux florifères
Calendrier-floraison et calendrier-récolte 179
I
Mars Avril Mai Juin Juillet Août Septembre Octobre Novembre

Aneth, Anethum gruveolens Ll. ——


Ombelles et graines

Racines Peucédan, Peucedanum officinale L. Racines


Suc d. racine et
jeunes rameaux

Marrube blanc, Marrubium album L.


Feuilles et sommités
fleuries

Brunelle, Brunella vulgaris L.


Plante en floraison

Stramoine, Datura stramonium L. —


Feuilles !

jDigitale, Digitalis pirpurea L.


Feuilles

Gaillet grateron, Galium aparine L.


La plante entière

Bluet, Centaurea cyanus L. —


Fleurs

Ciguë des jardins, Aethusa cynapium L.

Carotte commune, Daucus carota L.


La plante Crames
en légume Carottes

Mouron, Anagallis arvensis L


Plante en: floraison

Racines Bourrache, Borrago officinalisL.


Plante et fleurs

Millefeuille, Achillea millefoliuni L.


Plante
Fleurs

Souci des jardins, Calendula officinalis L.


Feuilles et fleurs

Avoine,
Avenasa
tiva L. Récolte
180 Calendrier-floraison et calendrier-récolte

Mars Avril Mai Juin Juillet Août Septembre Octobre Novembre

Tillet,
Tilia ul-
mifolia
Scopoli
Tille Fleurs
Hellébore blanc, Ve-
ratrum album L. Racines!
Racines! ,........ ...............
Orignon, Alliumcepa L.
Oignons
Ail,Alliumsativum L.
Aulx

Jeunes pousses Houblon, Humuius lu-


en salade
Grande ortie, Urtica
dioica L.
Plante
Pavot, Papaver sorti-
niferum L.
Têtes,
avant ma-
turité!

Plante Rossolis, Drosera ro-


tundifblia L.

Joubarbe, Semper-
vivum tectorumL. L.
Jeunes feuilles, l'année durant
Lin, Linum usitatissi-
mum L.
Graines
Lythrum
Salicaire, salicairia
L.
Plante et fleurs
Feuilles Panicaut, Eryngium
jet racines campestre L.
Ciguë aquatique, Ci-
cuta virosa L. !

Anis, Pimpinella ani-


sum L.
Graines
Phellandri , Oenanthe
phellandrium La-
marck
Graines
Calendrier-floraison et calendrier-récolte 181

Mars Avril Mai Juin Juillet Août Septembre Octobre. Novembre


Athamante de Crête,
Athamantha creten Graines
sis L.

Racines Angélique sauvage


Angehca silvestris L.
Peucédane oréosélin,
Racines Peucedanum oreo-
selinum Moench

Racines Gentiane Gentiane Racines


lutea L.
Croisette, Gentiana
cruciata L.
Racines et plante

Feuilles Bétoine, Betonica


cmalis L. offi-
Hysope, Hyssopus
Feuilles officinalis L.
Fleurs et feuilles
Marjolaine,Origanum
majorana L.
Feuilles et fleurs
Lavande, Lavandula
vera de Candolle
Fleurs
Tabac, Nicotiana ta- Feuilles
bacum L.
Pomme de terre, So
lanum tuberosum L. Récolte—

Molène blattaire,Ver-
bascum biattaria L.
Plante en floraison,

Hièble, Ebulum hu- Baies


mile Garcke Racines

Racines Aunée, Inula hele- Racines

Absinthe, Artemisia
absinthium L.
Feuilles et rameaux
florifères
Laitue vénéneuse,
Lactuca virosa. L.
Feuilles!
182 Calendrier-floraison et calendrier-récolte

Mars Avril Mai Juin Juillet Août Septembre Octobre Novembre


Renouée, Polygonuni aviculare
L.
La plante entière
Mélilot, Melilotus officinalisDes-
rousseaux
Feuilles
et fleurs
Feuilles Rue, Ruta graveolers L,
Ache des marais, Apium gra-.
veolens L. Racines
Graines
Silaus des prés, Silaus pratensis
Racines Besser
Graines
Pulmonaire des marais, Gen-
tiana bneumohanthe L.
Racines et plante .
Verveine officinale, Verbena
officinalis L.
Feuilles
Cajament, Calamintha officinalis
Moench

Mélisse, Melissa officinalis L.


Feuilles
Rameaux florifères
Origan, Origanum vulgare L.
Feuilles et sommités
fleuries

- Menthe aquatique, Mentha âqua-


tica L.
Menthe frisée, Mentha crispa L.
feuilles et Mentha
crispata Schrader
Morelle noire, Solanem nigrum

Feuilles

Tomate, Lycopersicum escu-


lentum Miller
Tomates
Bouillonblanc, Verbascumthap-
sus L.
Fleurs
Faux bouillon blanc, Verbascum
thapsiforme Schrader
Fleurs
Calendrier-floraison et calendrier-récolte 183
Mars Avril Mai Juin Juillet Août Septembre Octobre Novembre
Linaire commune, Linaria vul-
garis Miller
Plante en
floraison
Scabieuse tronquée, Succisa
Racines
pratensis Moench
Eupatoire Eupatorium cannabi-
nurri L. Racines
Feuilles
Gnaphale, Helichrysum arena-
riura De Candolle
Fleurs -,

Tanaisie, Fanacetum vulgare L.


Rameaux et feuilles Graines
Bardane, Lappa tomentosa La-
Racines ============== marck, L, major Gaertner, L.
minor De Cardolle
Chicorée sauvage, Cichorium
Racines intybus. L
Mauve, Malva alcea L.
Feuilles
Rose tremière, Althaea rosea Cavanilles
Pétales
Ammi, Ammi majus L.
Graines

Racines Petit boucage, Pimpinella saxifraga L.


Racines
Racines Fenouil, Foeniculum officinale Allioni
Graines
Euphraise, Euphrasia officinalis L.
Plante en
floraison
Ricin, Ridinus com-
munis L. Graines

Armoise, Artemisia
vulgaris L.
Sommités fleuries

Graines! Colchique, Colchicumautumnale


L

Verge d'Or, Solidago virga au-


rea L.
Plante en
floraison
184 Calendrier-floraison et calendrier-récolte

Mars Avril Mai Juin Juillet Août Septembre Octobre Novembre

Safran, Crocus sati-


vus L.
Stigmates
Gentiane d'Aile-
magne, Geitiana ger-
manica Wildenow
Racines
et plante

Novembre Décembre Janvier Février Mars

Helléboire noir, Helleborus niger L.


Racines

Calendrier-récolte pour Cliryptogames

Mars Avril Mai Juin Juillet Août Septembre Octobre Novembre

Mousse d'Islande, Cstraria is-


lândica Acharius
Seigle er-
goté, Cla-
viceps
purpurea
Tulasne
Polypore amadourier,
Pohyporius fomen-
tarius Fries
Vesse-loup Globaria
bovista Kirchner et
Eichler
Lycopode, Lycopo-
. dium clavatum L.
Spores
Polypo-
ulgare L.

Fougère mâle, Aspi-


dium filix masSwartz

'Rhizome
Table alphabétique des noms français

et vulgaires

Page Page Page Page


Absinthe 156 Archangélique off. 101 Benjoin français 103 Cabaret 35
Ache de montagne 102 Argalou 76 Benoîte 57 Caille-lait 143
Ache des marais 90 Argentine 56 Bétoine 120 Caille-lait blanc 144
Ache odorante 90 Aristoloche 35 Bétoihe officinale 120 Calament 121
Achillée millefeuilleI54 Armoise absinthe 156 Beurrât 81 Calament de mon-
Aconit 40 Armoise commune 157 Bimbrelle 106 tagne 121
Aconit Napel .40 Arnica 159 Bistorte 36 Calament officinal 121
Acore 17 Arnique de mon- Blé 14 Camomille com-
Acore odorant 17 tagne 159 Blé d'amour 115 mune 155
Actée 40 Arrête-boeuf 65 Bleuet 162 Camomille d'Aile-
Agaric blanc 1 Artichaut bâtard 51 Blodrot 56 magne 155
Agaric des phar- Artichaut sauvage 51 Bluet 162 Camomille ordi-
maciens 1 Asaret 35 Bois-doux 67 naire , 155
Agaric du mélèze I Asclépiade 113 Bois-gentil 87 Capuchon de moine 40
Agaric femelle 1 Asperge 23 Bois-joli 62, 87 Carotte commune 104
Agaric purgatif 1 Aspérule odorante 142 Bois-noir 76 Carotte sauvage 104
Agave 25 Aspic 128 Bolet à amadou 1 Carvi 94
Agrimoine 58 Asprêle 5 Bolet du mélèze 1 Carvi commun 104
Aigremoine 58 Athamânte de Crête .99 Bonhomme 136 Casque de Jupiter 40
Ail 21 Atrope belladone 130 Bon sang 143 Casse-lunette 140, 162
Airelle , 106 Aubergine 133 Boucage 95 Cassis 52
Airelle rouge 107 Aulne noir 76 Bougraine 65 Céleri des marais 90
Alchemille manteau Aunée 153 Bougrane 65 Centaurée bluet 162
des dames 58 Avoine 12 Bouillon blanc 136 Cerfeuil 93
Alkékenge 131 Avoine cultivée 12 Bourdaine 76, Cerisier à grappes 62
Alléluia 68 Bourdon de St-Jac- Cerisier aigre 61
Aloès 21 Balsamite 156 ques 82 Cerisier des oiseaux 62
Amadou 1 Barbeau 162 Bourgètie 76 Chanvre 31
à
Amandier coque Barbe de bouc 164 Bourgépine 76 Chapelière 159
dure 64 Barbe de chèvre 89 Bourrache 114 Char de Vénus 40
Amandier commun 64 Barbotine 156 Bourraiche 114 Chardon-bénit 152
Ambreselle 106 Bardarie à grosses Bourse à pasteur 50 Chardon Roland 89
Ambroche 106 têtes 161 Boursette 50 Chardon roulant 89
Ammi 93 Bardane à petites Bouton noir 130 Chasse-diable 85
Ammi commun 93 têtes 161 Brayette 108 Chasse-fièvre 117
Amourette 24 Bardane à têtes Brinbelle 106 Châtaigne de cheval 75
Aneth puant 96 cotonneuses 161 Brise-pierre 100 Chélidoine 45
de
Angélique jardin 101 Bâton de St-Pîerre 151 Brunelle 119 Chêne 31
Angélique sauvage 101 Baudremoine 99 Brunelle commune 119 Chêne rouvre 31
Anis 95 Baume de rivière 126 Bryone dioïque 149 Chenette 117
Anis vert 95 Baume sauvage 121 Bugle faux pin 117 Chênevis 31
Ansérine 56 Beccabunga 138 Bugle petit pin 117 Cheveux de Vénus 40
Anthyllide vulné- Bec de grue 68 Buglosse 114 Chicorée sauvage 162
raire 66 Belladone 130 Bugrane épineuse 65. Chiendent 13 .
Arbousier 108 Belle-dame 130 Busserole 108 Chou noir 49
Arbre de vie 11 Belle-Marie 66 Cicutaire 92
Archangélique 101 Belle menthe 121 Cicutaire vénéneuse 92
II Table alphabétique des noms français et vulgaires
Page Page Page Page
Cierge de Notre- Eupatoire d'Avi- Grande marjolaine Herbe aux chantres 49
Dame I36 cenne 151 bâtarde
Ciguë 9I Euphraise 124 Herbe aux chats 148
140 Grande mauve Herbe aux cinq
Ciguë aquatique 92,98 sauvage 81 coutures 141
Ciguë commune 91 Fausse germandrée Grande ortie 33 Herbe aux cors 51
Ciguë des chiens 92, 98 I39 Grande pimpre- Herbeaux coupures II3
Ciguë des jardins 92,98 tausse ortie 120 nelle 60, 95 Herbe aux cuillers 48
Ciguë tachetée 91 Faux persil 92, 98 Grande pulmonairenô Herbe aux écrouel-
Citronnelle 123 Felougue 45 Grande verge les
Citronnier 137
73 Fenouil 97 dorée 151 Herbe aux fies 42
Clématite dressée 42 Fenouil bâtard 96 Grand raifort 48 Herbe aux
Cocu 108 Fenouil d'eau goutteux 92
98 Grand souci 160 Herbe aux hémor-
Cognassier 53 Fenouil des Alpes 99 Grand sureau 145 roïdes 42
Colchique d'automne I8 Fenouil des chevaux Grassette com- Herbe aux juifs 151
Consoude officinale 113 100 mune 141 Herbe aux ladres 138
Copeau 161 Fenugrec 66 Gratiole officinale 138 Herbe aux magi-
Coquelicot 45 Ficaire 42 Gratto cuou 60 ciens 132
Coquelourde 41, 45 Fiel de terre 47 Grémil 115 Herbe aux massues 6
Coqueluchon 40, 108 Figuier 33 Griottier noir 61 Herbe aux mille
Coquerelle 41 Filipendule 57 Groseillierà grappes 52 trous 85
Coqueret .131 Flambe 26 Groseillier commun 52 Herbe aux mites 136
Coriandre 105 Fleur de Pâques 41 Groseillier noir 52 Herbe aux panaris 23
Coucou 108 Fleur de St-Jean 143 Groseillier rouge 52 Herbe aux perles 115
Couleuyrée 149 Fleur de tous les Gui 34 Herbe aux piqûres 85
Couleuvrée-noire. 25 mois 160 Guimauve 82 Herbe aux pou-
Couronné de terre 119 Flouve odorante 13 Guimauve officin. 82 mons 116:
Cranson de Bre- Fougère mâle 4 Herbe aux poux 40
tagne 48 Fraisier 55 Hannebanne 129 Herbe aux punaises
Cranson officinal 48 Fraisier des bois 55 Hellébore blanc 18 IO5
Cresson de chien 138 Framboisier 54 Hellébore fétide 39 Herbe aux sorciers 135
Cresson de fontaine 50 Frêne à fleurs 109 Hellébore noir 39 Herbe aux teigneux
Cressonnée 138 Frêne fleuri 109 Hellébore vert 39 159, 161
Crève-chien 132 Fromageon 81 Hépatique étoilée 142 Herbe aux verrues 45
Cumin des prés 94 Froment 14 Herbe à cent noeuds 37 Herbe aux vers 156
Cumin noir 40 Fumeterre 47 Herbe à cloques 131 Herbe de coeur 120
Cynorrhodon 60 Fumeterre. officinal 47 Herbe à cochon 37 Herbe de la St-Jean 85
Herbe à foulon 38 Herbe de la Trinité 86
Herbe de Pâques 68
Gaillet élevé 144 Herbe à la coupure de Saint-
Dent de lion 163 Gaillet grateron 144 II3. I54 Herbe
Digitale pourprée 139 Gaillet jaune 143 Herbe à la fièvre 57 Herbe Christophe 40
des chevauxI29
Doigt de Notre- Gant de Notre 109, 132 Herbe des
Dame 139 Dame. 139 Herbe à lait 74 magiciens
Dompte-venin 113 Garance 143 Herbe à la meurtrie 148 Herbe des nonnes 135 47
Douce-amère 132 Garance des tein- Herbe à la reine 129
Herbe de St-Benoît 57
turiers 143 Herbe à la rosée 51 Herbe de Ste-
Garou 87 Herbe àla sorcière 116 Cunégonde 151
Eglantier 60 Genévrier 9 Herbe à la taupe 135 Herbe de St-Georges
92 Gentiane 110 Herbe à l'esqui-
Egopode à feuilles nancie 68 148
Epicéa 8 Gentiane Herbe de St-Jean 157
étroites 111 Herbe àl'ophtalmie I49
Epine de cerf 76
60 Gentiane croisette 111 Herbe à Paris 24 Herbe de St-Laurent 90
Epine de juif Gentiane d'Alle- Herbe à Robert 68 Herbe d'Hirondelle 45
Epine noire 63
Herbe à sétons 39 Herbe d'ivrogne 12
Epine-vinette 43 magne III Herbe du citron 123
Erbo dé cin feillos 55 Gentiane jaune 110 Herbe à thé 138
Germandrée Herbe à tous maux 129 Herbe du diable 135
Ergot de seigle 2 117 Herbe du grand
Glouteron 161 Herbe au char-
Erythrée centaurée 109 pentier 154 prieur I29
Ethuse 92 Gnaphale 153 Herbe grasse 113, 141
Ethuse vénéneuse Gouet 17 Herbe au lait de
Grande absinthe Notre-Dame 116 Herbe sacrée I16, 129
92, 98 156 Herbe sainte 156
151 Grande ciguë 91 Herbe au pauvre
Eupatoire
à feuilles Grande consoude 113 homme 138 Herbe
Hièble
Saint-Jean 119
Eupatoire Grande éclaire 45 Herbe au vent 41 146
de chanvre 151
110 Herbe aux brigands Houblon 32
Eupatoire chanvrine Grande gentiane
151 Grande joubarbe 51 129 Hysope 123
13*
Table alphabétique des noms français et vulgaires III

Page Page Page Page


If commun 10 Mauve alcée 82 Oignon de mer 22 Petite marguerite 152
Impératoire 103 Mauve commune 81 Oignon marin 22 Petite mauve 81
Iris de Florence 26 Mauve sauvage 81 Opium 46 Petite pimprenelle 59
Ive 117 Mélèze 7 Oranger 72 Petit muguet 142
Ivette 117 Mélilot 65 Orchis à fleurs Petit persil de bouc 96
Ivraie 12 Mélilot officinal 65 carnées 28 Petit sureau 146
Mélisse officinale 123 Orchis à larges Peturi 129
Jauniot 65 Menthe à bouquets 156 feuilles 28 Peucédane oréo-
Joli bois. 87 Menthe anglaise 127 Orchis bouffon 28 sélin 103
Joubarbe 51 Menthe aquatique .126 Orchis mâle 28 Peucédan officinal 104
Joubarbe des toits 51 Menthe coq 156 Orchis militaire 27 Peuplier, franc 30
Jusquiame 129 Menthe grecque 156 Orchis singe 27 Peuplier noir 30
Jusquiame noire 129 Menthe poivrée 127 Orchis taché 28 Peuplier suisse 30
Ményânthe 112 Orchis tacheté 28 Phellandrie 98
Laitier 74 Merisier 62 Oreille d'âne 113 Picéa 8
Laitue, vénéneuse 164 Merisier à grappes 62 Oreille d'homme 35 Pied-de-bouc 92
Lâmier 120 Meum athamante 99 Orge 14 Pied-de-griffon 39
Lamier blanc. 120 Mézéréon 87 Origan 124 Pied-de-lion 58
Langue de boeuf 114 Millefeuille 154 Orne 49 Pied-de-veaû 17
Lauréole 87 Millepertuis 85 Ornière 58 Pignet 161
Laurier 44 Minyanthe 112 Ortie 33 Pillolet 125
Laurier d'Apollon 44 Molène blattaire 136 Ortie blanche 120 Pimentdesabeilles 123
Laurier noble 44 Molène bouillon Ortie dioïque 33 Pinasse 8
Laurier sauce 44 blanc 136 Ortie morte 120 Pin commun 8
Laurier vrai 44 Morelle à oeufs 133 Oseille 68 Pin de Genève 8
Lavande femelle 128 Morelle douce- Oseille à trois Pin de mâture 8
Lavande mâle 128 amère 132 feuilles 68 Pin de Riga 8
Lavande officinale 128 Morelle furieuse 130 Oseille de bûcheron 68 Pin de Russie 8
Lavande spic 128 Morelle noire 132 Oseille ronde 68 Pin du Nord 8
Lavande vraie 128 Morelletubéreuse 134 Osier franc 30 Pin sauvage 8
Lédon des marais 106 Morgeline d'été 108 Osier rouge 30 Pin sylvestre 8
Lève-toi et va-t-en 138 Mors du diable 149 Ostruché 103 Pissenlit 163
Liard 30 Mourelle 132 Otruche 103 Pivoine
Lichen d'Islande 3 Mouron 108 Oxalide 68 38
Lierre terrestre Pivoine femelle 38
119 Mourondes champs108 Oxalide petite Pivoine officinale 38
Limon 73 Mouron mâle 108 oseille 68 Plantain lancéolé 141
Limonier 7g Mousse d'Islande 3 Platanthère 28
Lin 70 Moutarde de ca-
Linaire commune 137 Pain de coucou 68,108 Plus je te vois,
Lin cultivé pucin 48 Panicaut 89 plus je t'aime 139
70 Moutarde des Alle- Panicaut champêtre 89 Podagraire
Lin purgatif 69 mands 48 92
Lis de la vallée 24 Moutarde noire 49 Pâquerette 152 Poivrette commune 40
Livèche 102 Muguet 24 Pâquerette vivace 152 Polygale amer 74
Lucet 106 Muguet à linge 142 Parisette 24 Polygale commun 74
Luzerne bâtarde 65 Muguet des bois 142 Parmentière 134 Polypode 4
Lycopode en mas- Pas d'âne 158 Potypode du chêne 4
Myricaire 84 Passe-fleur
sue 6 Myricaire d'Alle- 41 Polypore ama-
Lysimachie rouge 88 Passe rose 83 dourier 1
magne 84 Patte de loup 6 Polypore officinal 1
IWanteletde la Vier- Myrtil 106 Patte d'oie
Myrtille 106 58 Pomme d'amour 133
ge 58 Myrtilleponctuée 107 Pavot 46 Pomme de terre 134
Marguerite blanche 152 Pavot coq 45 Pomme épineuse 135
Marjolaine 124 Navet du diable Pavot somnifère 46 Pommier 53
Marjolainesauvage 124 149 Pensée 86 Pondeuse 133
Marouetté 118 Nerprun 76 Pensée sauvage 86 Potelée 129
Maroute II8 NerprunBourgaine 76 Persil 91 Potentille rampante 55
Marronnier 75 Nerprun purgatif 76 Persil des fous 92 Prêle des champs 5
Marronnier d'Inde 75 Migellecultivée 40 Pesse 8 Primevère 198
Marrube 118 Slougué 29 Pétasite officinal 159 Primevère com-
Marrube blanc 118 Nouguié 29 Petit boucage 96 mune 108
Marrube commun 118 Noyer 29 Petit chêne 117 Primevère offic. 108
Matricaire camo- Petite camomille 155 Pruneaulier 62
mille 155 Deillette 46 Petite centaurée 109 Prunellier 63
Mauve à feuilles Denanthefistuleuse100 Petite ciguë 92, 98 Prunier domestique 62
rondes 81 Oignon 19 Petite éclaire 42 Prunier épineux 63
IV Table alphabétique des noms français et vulgaires
Page Page Page Tage.
Pulmonaire 116 Rose de Damas 83 Sent bon 156 Tourmentille 56
Pulmonaire des Rose de Noël 39 Serpolet 125 Trainasse 37
marais III Rose de serpent 39 Silaus des prés 100 Trèfle d'eau 112
Pulsatille 41 Rose d'outre-mer 83 Souci des jardins 160 Trigonelle-fenugrec 66
Putier 62 Rose sauvage 60 Soufre végétal 6 True-Love 24
Putiet 62 Rose trérhière 83 Soupe en vin 47 Tue-chien 18
Rosier de chien 60 Sourcil de Vénus 154 Tue-loup 40
Querdonnet 89 Rossolis à feuilles Stramoine 135 Tussilage 158
Queue de rat rondes
5 Rue 51 Succise 149 Tussilage taçonet 158 .
Quille de coq 17 Rue des 71 Sureau à grappes 145
Quintefeuille. 55 Rue fétideeaux 100 Sureau commun 145
71 Sureau hièble 146 Ulmain 58
Racahout Rue puante 71 Sureau noir Ulmaire 58
31 commun
Racine du St-Esprit loi 145
Sabine 10 Surelle 68
Raiponce 150 Valériane 148
Raisin de loup 132 Safran 25 Valériane médi-
Raisin de mars 52 Safran bâtard 18 Tabac I29 cinale
Raisin de. renard 24 Safran des prés 18 Tabac des gardes 120 Valériane sauvage 148 148
Raisin d'ours 108 Sain bois 87 Tabac des Sa- Varaire 18
Raisin du diable 25 Salicaire 88 voyards 159 Veilleuse 18
Rampon 150 Salicaire commune 88 Tabac des Vosges 159 Veillote 18
Ratelàire 35 Salsifis 164 Tabac ordinaire 129 Vélar 49
Rave de St-Antoine 42 Salsifis des prés 164 Tamier 25 Verâtre blanc 18
Réglisse 67 Sanguisorbe 59, 60 Taminier 25 Verdiau 30
Réglisse bâtarde 4 Sanicle 90 Tanaisie 156 Verge d'or 151
Réglisse des bois 4,142 Sanicle d'Europe 90 Tanaisie commune 156 Véronique aqua-
Réglisse officinale 67 Santé du corps 50 Terrète 119 tique 138
Régolisse. 67 Sapin 8 Thé de France I21 Véronique mâle 138
Reine des prés 58 Sapin argenté 8 Thé des perles 115 Véronique offic. 138
Renoncule bulbeuse 42 Sapin blanc 8 Thé d'Europe 138 Véronique petit-
Renoncule scélérate 42 Sapin rouge 8 Thuya II chêne 139
Renouée. 37 Saponaire 38 Thuya articulé 11 Verquet 34
Rhubarbe 36 Sauge 121 Thuya du Canada 11 Verveine offic. 116
Ricin 75 Sauge amère 117 Thuya occidental 11 Vesse-de-loup 2
Romarin 122 Sauge des jardins 121 Thuya oriental 11 Vesse-loup géant 2
Romarin de Bo- Sauge franche 121 Thym 125 Vigne 77
hême 106 Saule pourpre 30 Thym commun 125 Vigne blanche 149
Romarin sauvage 106 Savonnière 38 Thym sauvage 125 Vigne cultivée 77
Ronce commune 54 Scabieuse tronquée 149 Tillet 80 Vigne sauvage 132
Rondelette 119 Sceau de Notre- Tilleul à gr. feuilles 80 Vinettier 43
Rondelotte 119 Dame 25 Tilleul à larges Violette de mars 85
Rondette 119 Sceau de la Vierge 25 feuilles 80 Violette odorante 85
Rondotte 119 Sceau de Salomon 23 Tilleul à petites Violette tricolore 86
Rose 61 Scille 22 feuilles 80 Viorne manclenne 147
Rose à bâton 83 Scrofulaire nou- Tilleul commun 80 Vulnéraire 66.
Roseau aromatique 17 euse 137 Tilleul des bois 80
Roseau odorant 17 Seigle ergoté 2 Tomate 133
Rose cent-feuilles 61 Séné des prés 138 Tormentille . 56 Yèble 146
Rose chaste 38 Sénevé noir 49 Tortelle 49 Yeux de chat 162
Table des noms latins
alphabétique

Page Page Page Page


Abies alba 8 Artemisia absin- Cochlearia ârmo- Gèntiana pneumo-
Abies excelsa 8 thium 156 râcia 48 nanthe III
Abies pectinata 8 Artemisia vulgaris 157 Cochlearia officin. 48 Géranium Rober-
Achillea millefo- Arum maculatum 17 Colchicum autum- tianum 68
lium 154 Arum vulgare 17 nale 18 Geum urbanum 57
Aconitum napellus 40 Asarum europeum 35 Conium maculatum 91 Glechoma hedera-
Acorus calamus 17 Asclepias vince- Convalaria majalis 24 ceum II9
Actaea spicata 40 toxicum 113 Convallaria poly- Globaria bovista .2
Aegopodium poda- Asparagus offic. 23 gonatum 23 Glycyrrhiza glabra 67
graria 92 Asperula odorata 142 Coriandrum sati- Gnaphalium are-
Aesculus hippocas- Aspidium filix 4 vum 105 narium 153
tanum 75 Athamanta cretensis 99 Crocus sativus 25 Gratiola officin. 138
Aethusa cyna- Athamanta meum. 99 Cydonia vulgaris 53
pium 98, 92 Athamanta oreose- Helichrysum are-
Agaricus albus 1 linum 103 Daphne lâureola 87 narium .153.
Agave americana 25 Atropa belladona 130 Daphné mezereum 87 Helleborus foetidus 39
Agrimonia eupatoria58 Avena sativa 12 Daturastramonium I35 Helleborus niger 39
Ajuga chamaepitys 117 Daucus. carota 104 Helleborus viridis 39
Alcea rosae 83 Bellis perennis. 152 Digitalis purpurea 139 Hprdeum vulgare 14
Alchemilla vulgaris 58 Humulus lupulus 32
Allium cepa Berberis vulgaris 43 Drosera rotondifolia 5I Hyoscyamus niger 129
19 Betonica officinalis120
Allium satiyum 21 Equisetum arvense 5 Hypericum perfo-
Boletus fomentarius 1 ratum
Aloë soccotrina . 21 Boletus laricis 1 Eryngium cam- 85
Althaea officinalis 82 Boletus ungulatus 1 pestre 89 Hyssopus officin. 123
Althaea rosea C. 83 Erysimum officin. 49
Borrago officinalis 114 Erythrea centau-
Ammi majus 93 Bovista gigantea 2 Imperatoria ostru-
Amygdalus com- rium 109 thium 103
munis Brassica nigra 49 Eupatorium canna- Inula helenium 153
64 Brunella vulgaris 119
Anagallis arvensis 108 binum Iris florentina 26
Anagallis mas 108 Bryonia alba 149 Euphrasia officin. 151
140 Iris germanica 26
Bryonia dioïca 149 Iris pallida 26
Anagallis phaenica 108
Anchusa offic. 114 Fiearia ranuncu-
Anémone pratensis 41 Calamintha offic. 121 loïdes M.. 42 Juglans regia 29
Anémone pulsatilla 41 Calendula offic. 160' Fiearia verna H. 42 Juniperus communis 9
Anethum foeniculum97 Campanula rapun- Ficus carica 33 Juniperus foetida 10
Anethum graveolens 96 culus 150 Filipehdula hexa- Juniperus sabina 10
Angelica archan- Cannabis sativa 31 petala 57
gelica . 101 Capsella bursa Filipendula ulmaria 58 Lactuca virosa 164
Angelica silvestris 101 pastoris 50 Foeniculum offic.. 97 Lamium album 120
Anthoxanthum odo- Carum carvi 94 Fragaria vesca 55 Lappa major 161
ratum 13 Centaurea cyanus 162 Frangula alnus 76 Lappa minor 161
Anthriscus cerefo- Cervaria oreose- Fraxinus ornus 109 Lappa tomentosa 161
lium 93 linum 103 Fumaria officin. 47 Larix decidua M. 7
Anthyllis vulneraria 66 Cetraria islandica 3 Fungus chirurgdrum 1 Larix europea 7
Anthirrhinum lina- Chelidonium majus 45 Laurus nobilis 44
ria 137 Cichorium intybus 162 Lavandula spica 128
Apium graveolens 90 Cicuta major 91 Galium aparine 144 Lavandula vera 128
Apium petroselinum 91 Cicuta virpsa 92 Galium mollugo 144 Ledum palustre 106
Arbutus uva ursi 108 Citrus orantium 72 Galium verum 143 Leontodon tara-
Ar.changelica offic. 101 Citrus limonium Gentiàna centau- xacum 163
Arctium Lappa 161 Risso 73 rium 109 Levisticum offic, 102
Arctostaphylus off. 108 Citrus medica 73 Gentiàna cruciata 111 Lichen islandicus 3
Aristolochia clema- Claviceps purpurea 2 Gentiana gernla- Ligusticum levisti-
titis 35 Clematis recta 42 nia W. III cum 102
Arnica montana 159 Cnicus benedictus 152 Gentiàna lutea 110 Liriaria vulgaris 137
VI Table alphabétique des noms latins
Page Page Page Page
Linum catharticum 69 Paris quadrifolius 24 Rahunculus bul- Tamarix germanica 84
Linum usitatissimum 70 Petasites officin. 159 bosus 42 Tamus communis 25
Lithospermùm off. 115 Petroselinum sati- Ranunculus fiearia 42 Tanacetum balsa-
Lolium temulentum 12 vum 91 Ranunculus scele- mita 156
Lycoperdon bovista 2 Peucedanum offic. 104 ratus 42 Tanacetum vulgareisé
Lycopersicum escu- Peucedanum oreo- Rhamnus cathartica 76 Taraxaçum offic. 163
lentum 133 selinum 103 Rhamnus frangula 76 Taxus bâceata 10
Lycopodium clavâ- Peucedanum ostru- Rheum compactum 36 Teucrium chamae-
tum 6 thium 103 Rheum Emodi W. 36 drys 117
Lytrum salicaria 88 PeucedanumSilaüs I00 Rheum officin. B. 36 Teucrium chamâ.e-
Phellandrium aqua- Rheum rhaponticum36 pitys- 117
Malva alcea 82 ticum 98 Rhéum undulatum 36 Thlaspi bursa pas-
Malva neglecta W. 81 Physalis alkekengi 131 Ribes nigrum 52 toris 50
Malva rotundifolia 81 Picea excelsa 8 Ribes rubrum 52 Thuja occidentâlis 11
Malva silvestris 81 Pimpinella anisum 95 Ricinus communis 75 Thymus serpillum 125
Marrubium vulgare 118 Pimpiriella magna 95 Rosa-canin a 60 Thymus vulgaris 125
Matricaria chamô- Pimpihella saxifragagô Rosa centifolia 61 Tilia europea 80
milla 155 Pinguicula vulgaris I4I Rosmarinus offic. 122 Tilia grandifolia . 80
Melilotus officin. D. 65 Pinus abies 8 Rubia tinctorum 143 Tilia parvifolia 80
Melissa calamintha 121 Pinus larix 7 Rubus fruticosus 54 Tilia paucifera . 80
Melissa officin. 123 Pinus picea 8 Rubus idaeus 54 Tilia platyphyllos S.80
Mentha aquatica 126 Pinus silvestris 8 Ruta graveolens 71 Tilia rubra 80
Mentha crispa 126 Pirus eydonia 53 Tilia silvestris 80
Mentha crispata 126 Pirus malus 53 Tilia ulmifolia S. 80
Mentha piperita 127 Plantago lanceo- Tormentilla erecta 56.
Menyanthes trifo- lata- 141 Salix purpurea Tragopogon pra-
liata 112 Plâtenthêra 28 Salvia officinalis 121 30 tensis 164
Meum athaman- Polygala amara 74 Sambucus ebulus 146 Trifolium melilotus
ticum 99 Polygala vulgaris 74 Sambucus nigra. 145 officin. 65
Myricaria germa- Polygonatum offic. 23 Sambucus race- Trigonella foenum
nica D. 84 Polygonum avicu- gr. 66
mosa
lare L. 37 Sanguisorba minor145 Triticum repens. 13
59 Triticum sativum 14
Nasturtium officin. 50 Polygonum bistorta 36 offic. 60 Triticum
Sanguisorba
23 Sanicula europea 90 vulgare 14
Nicotiana tabacum 129 Polygonum vulgare filix mas 4 farfara 158
sativa Polypodium officin. Tussilago
38 Tussilago hybrida 159
Nigella 40 Polypôdium vulgare 4 Saponaria
fomenta- Scabiosa succisa 149
Oehanthe fistulosa 100 Potyporus Scilla maritima 22 Tussilagopetasites 159
Oenanthe phellan- rius 1 no-
1 Scrophularia Urginea maritima 22
drium Polyporus ignarius
98 Potyporus officin. 1 dosa 137, Urtica dioïca 33
Ononis spinosâ 65 Polystichum filix Secale cornutum 2
Orchis gymnadenia 28 4 Sempervivum tec- - Vàccinium myr-
Orchis incârnata 28 Populus nigra 30 torum 51 tillus 106
Orchis latifolia Potentillà
28 Potentilla reptans 55 Seseli selinoïdes J. 100 Vaccinium vitis
Orchis maculata 28 tormen- Silaus pratensis B. 100 Idae
tilla 107
Orchis majalis R. 28 Poterium 56 Sinapis nigra 49 Valériana officin. 148
Orchis mascula 28 sangui- Sisymbrium nas- Veratrum album 18
sorba 59
Orchis militaris 27 Primula offic. 108 turtium 50 Veratrum Lobe-
Orchis morio 28 Primula veris Sisymbrium offic. 49 lianum 18
108 Solanum dulca- Verbascum blat-
Orchis Rivini Gouan 27 Prunella
Orchis simia communisii9 mara 132 taria 136
27 Prunus avium 62 Solanum
Orchis tephro- lycoper- Verbascum thap-
Prunus cerasus 61 sicum sus
santhos 27 Prunus domestica 62 133 136
Origanum majo- Solanum melôn- Verbena offic. 116
Prunus padus 62
rana 124 Prunus pyramidalis gena
62 Solanum 133 Veronica becca-
Origanum vulgare 124 Prunus spinosa nigrum 132 bûnga 138
63 Solanum ovigerum 133 Veronica chamae-
Ornithogalum scil- aria officin.116
loïdes 22 Pulmon
Pulsatilla
Solanum tubero- drys 139
Oxalis acetosêlla 68 Pulsatilla pratensis 41 sum 134 Veronica officin. 138
vulgaris 41 Solidaga virga Viburnum lantana 147
1
Paeonia officin. 38 Pyreium ungulatum aurea I51 Vincetoxicum off. 113
Palma Christi 75 Spirea filipendula 57 Viola odorata .85
Papaver rhoeas- 45 Spirea ulmaria 58 Viola tricolor 86
Papaver somni- Quercus pedoncu- Succisa pratensis 149 Viscum album 34
ferufn 46 lata 31 Symphytum offic. 113 Vitis vinifera 77
Table alphabétique des Familles

Page Page Page


Amaryllidées 25 Gentianées 109 Papavéracées 4-5
Amentacées 3I Géraniacées .68 Parméliacées 3
Ampélidées 77 Graminées 12 Plantaginées 141
Aristolochiées 35 Polygalées 74
Aroïdées I7 Polygonées 36
Hippocastanées 75
Asclépiadées n3 Hypéricinées 85 Polypodiacées 4
Hypoçréacées 2 Polyporés 1
Berbéridées 43 Primulacées 108
Borraginées II3 Iridées 25 Renonculacées 38
Rhamnées 76
Campanulacées 150 Juglandées 29 Rosacées 53
Caprifoliacées 145 Rubiacées 142
Caryophyllées 38 Labiées 117 Rutacées 71
Composées 151 Laurinëes 44
Conifères 7 Salicinées
Légumineuses 65 3o
Crassulacées 51 Lentibulariées 141 Saxifragées 52
Crucifères 48 Liliacées 18 Scrofularinées 136
Cucurbitacées 149 Linées Solanées
69 129
Cupulifères 31 Loranthacées 34
Lycoperdonées 2 Tamariscinées 84
Dioscorées 25 Lycopodiacées 6 Thyméléacées 87
Dipsacées 149 Lythrariées 88 Thymélées 87
Droséracées 51 Tiliacées 80
Malvacées 81
Ulmacées 3I
Equisétacées 5 Urtieées 33
Ericinées 106 Oiéaçées 109
Euphorbiacées . 75 Ombellifères 89 Valérianées . I40
Orchidées 27 Verbénacées II6
Fumariacées 47 Oxalidées 68 Violariées 85
Table alphabétique des noms français et vulgaires
Absinthe
Ache de montagne
Ache des marais
Ache odorante
Achillée millefeuille
Aconit
Aconit Napel
Acore
Acore odorant
Actée
Agaric blanc
Agaric des pharmaciens
Agaric du mélèze
Agaric femelle
Agaric purgatif
Agavé
Agrimoine
Aigremoine
Ail
Airelle
Airelle rouge
Alchemille manteau des dames
Alkékenge
Alleluia
Aloès
Amadou
Amandier à coque dure
Amandier commun
Ambreselle
Ambroche
Ammi
Ammi commun
Amourette
Aneth puant
Angélique de jardin
Angélique sauvage
Anis
Anis vert
Ansérine
Anthyllide vulnéraire
Arbousier
Arbre de vie
Archangélique
Archangélique off.
Argalou
Argentine
Aristoloche
Armoise absinthe
Armoise commune
Arnica
Arnique de montagne
Arrête-boeuf
Artichaut bâtard
Artichaut sauvage
Asaret
Asclépiade
Asperge
Aspérule odorante
Aspic
Asprêle
Athamante de Crête
Atrope belladone
Aubergine
Aulne noir
Aunée
Avoine
Avoine cultivée
Balsamite
Barbeau
Barbe de bouc
Barbe de chèvre
Barbotine
Bardane à grosses têtes
Bardane à petites têtes
Bardane à têtes cotonneuses
Bâton de St-Pierre
Baudremoine
Baume de rivière
Baume sauvage
Beccabunga
Bec de grue
Belladone
Belle-dame
Belle-Marie
Belle menthe
Benjoin français
Benoîte
Bétoine
Bétoine officinale
Beurrat
Bimbrelle
Bistorte
Blé
Blé d'amour
Bleuet
Blodrot
Bluet
Bois-doux
Bois-gentil
Bois-joli
Bois-noir
Bolet à amadou
Bolet du mélèze
Bonhomme
Bon sang
Boucage
Bougraine
Bougrane
Bouillon blanc
Bourdaine
Bourdon de St-Jacques
Bourgène
Bourgépine
Bourrache
Bourraiche
Bourse à pasteur
Boursette
Bouton noir
Brayette
Brinbelle
Brise-pierre
Brunelle
Brunelle commune
Bryone dioïque
Bugle faux pin
Bugle petit pin
Buglosse
Bugrane épineuse
Busserole
Cabaret
Caille-lait
Caille-lait blanc
Calament
Calament de montagne
Calament officinal
Camomille commune
Camomille d'Allemagne
Camomille ordinaire
Capuchon de moine
Carotte commune
Carotte sauvage
Carvi
Carvi commun
Casque de Jupiter
Casse-lunette
Cassis
Céleri des marais
Centaurée bluet
Cerfeuil
Cerisier à grappes
Cerisier aigre
Cerisier des oiseaux
Chanvre
Chapelière
Char de Vénus
Chardon-bénit
Chardon Roland
Chardon roulant
Chasse-diable
Chasse-fièvre
Châtaigne de cheval
Chélidoine
Chêne
Chêne rouvre
Chenette
Chênevis
Cheveux de Vénus
Chicorée sauvage
Chiendent
Chou noir
Cicutaire
Cicutaire vénéneuse
Cierge de Notre-Dame
Ciguë
Ciguë aquatique
Ciguë commune
Ciguë des chiens
Ciguë des jardins
Ciguë tachetée
Citronnelle
Citronnier
Clématite dressée
Cocu
Cognassier
Colchique d'automne
Consoude officinale
Copeau
Coquelicot
Coquelourde
Coqueluchon
Coquerelle
Coqueret
Coriandre
Coucou
Couleuvrée
Couleuvrée-noire
Couronne de terre
Cranson de Bretagne
Cranson officinal
Cresson de chien
Cresson de fontaine
Cressonnée
Crève-chien
Cumin des prés
Cumin noir
Cynorrhodon
Dent de lion
Digitale pourprée
Doigt de Notre-Dame
Dompte-venin
Douce-amère
Eglantier
Egopode
Epicéa
Epine de cerf
Epine de juif
Epine noire
Epine-vinette
Erbo dé cin feillos
Ergot de seigle
Erythrée centaurée
Ethuse
Ethuse vénéneuse
Eupatoire
Eupatoire à feuilles de chanvre
Eupatoire chanvrine
Eupatoire d'Avicenne
Euphraise
Fausse germandrée
Fausse ortie
Faux persil
Felougue
Fenouil
Fenouil bâtard
Fenouil d'eau
Fenouil des Alpes
Fenouil des chevaux
Fenugrec
Ficaire
Fiel de terre
Figuier
Filipendule
Flambe
Fleur de Pâques
Fleur de St-Jean
Fleur de tous les mois
Flouve odorante
Fougère mâle
Fraisier
Fraisier des bois
Framboisier
Frêne à fleurs
Frêne fleuri
Fromageon
Froment
Fumeterre
Fumeterre officinal
Gaillet élevé
Gaillet grateron
Gaillet jaune
Gant de Notre-Dame
Garance
Garance des teinturiers
Garou
Genévrier
Gentiane
Gentiane à feuilles étroites
Gentiane croisette
Gentiane d'Allemagne
Gentiane jaune
Germandrée
Glouteron
Gnaphale
Gouet
Grande absinthe
Grande ciguë
Grande consoude
Grande éclaire
Grande gentiane
Grande joubarbe
Grande marjolaine bâtarde
Grande mauve sauvage
Grande ortie
Grande pimprenelle
Grande pulmonaire
Grande verge dorée
Grand raifort
Grand souci
Grand sureau
Grassette commune
Gratiole officinale
Gratto cuou
Grémil
Griottier noir
Groseillier à grappes
Groseillier commun
Groseillier noir
Groseillier rouge
Gui
Guimauve
Guimauve officin.
Hannebanne
Hellébore blanc
Hellébore fétide
Hellébore noir
Hellébore vert
Hépatique étoilée
Herbe à cent noeuds
Herbe à cloques
Herbe à cochon
Herbe à foulon
Herbe à la coupure
Herbe à la fièvre
Herbe à lait
Herbe à la meurtrie
Herbe à la reine
Herbe à la rosée
Herbe à la sorcière
Herbe à la taupe
Herbe à l'esquinancie
Herbe à l'ophtalmie
Herbe à Paris
Herbe à Robert
Herbe à sétons
Herbe à thé
Herbe à tous maux
Herbe au charpentier
Herbe au lait de Notre-Dame
Herbe au pauvre homme
Herbe au vent
Herbe aux brigands
Herbe aux chantres
Herbe aux chats
Herbe aux cinq coutures
Herbe aux cors
Herbe aux coupures
Herbe aux cuillers
Herbe aux écrouelles
Herbe aux fics
Herbe aux goutteux
Herbe aux hémorroïdes
Herbe aux juifs
Herbe aux ladres
Herbe aux magiciens
Herbe aux massues
Herbe aux mille trous
Herbe aux mites
Herbe aux panaris
Herbe aux perles
Herbe aux piqûres
Herbe aux poumons
Herbe aux poux
Herbe aux punaises
Herbe aux sorciers
Herbe aux teigneux
Herbe aux verrues
Herbe aux vers
Herbe de coeur
Herbe de la St-Jean
Herbe de la Trinité
Herbe de Pâques
Herbe de Saint-Christophe
Herbe des chevaux
Herbe des magiciens
Herbe des nonnes
Herbe de St-Benoît
Herbe de Ste-Cunégonde
Herbe de St-Georges
Herbe de St-Jean
Herbe de St-Laurent
Herbe d'Hirondelle
Herbe d'ivrogne
Herbe du citron
Herbe du diable
Herbe du grand prieur
Herbe grasse
Herbe sacrée
Herbe sainte
Herbe Saint-Jean
Hièble
Houblon
Hysope
If commun
Impératoire
Iris de Florence
Ive
Ivette
Ivraie
Jauniot
Joli bois
Joubarbe
Joubarbe des toits
Jusquiame
Jusquiame noire
Laitier
Laitue vénéneuse
Lamier
Lamier blanc
Langue de boeuf
Lauréole
Laurier
Laurier d'Apollon
Laurier noble
Laurier sauce
Laurier vrai
Lavande femelle
Lavande mâle
Lavande officinale
Lavande spic
Lavande vraie
Lédon des marais
Lève-toi et va-t-en
Liard
Lichen d'Islande
Lierre terrestre
Limon
Limonier
Lin
Linaire commune
Lin cultivé
Lin purgatif
Lis de la vallée
Livèche
Lucet
Luzerne bâtarde
Lycopode en massue
Lysimachie rouge
Mantelet de la Vierge
Marguerite blanche
Marjolaine
Marjolaine sauvage
Marouette
Maroute
Marronnier
Marronnier d'Inde
Marrube
Marrube blanc
Marrube commun
Matricaire camomille
Mauve à feuilles rondes
Mauve alcée
Mauve commune
Mauve sauvage
Mélèze
Mélilot
Mélilot officinal
Mélisse officinale
Menthe à bouquets
Menthe anglaise
Menthe aquatique
Menthe coq
Menthe grecque
Menthe poivrée
Ményanthe
Merisier
Merisier à grappes
Meum athamante
Mézéréon
Millefeuille
Millepertuis
Minyanthe
Molène blattaire
Molène bouillon blanc
Morelle à oeufs
Morelle douce-amère
Morelle furieuse
Morelle noire
Morelle tubéreuse
Morgeline d'été
Mors du diable
Mourelle
Mouron
Mouron des champs
Mouron mâle
Mousse d'Islande
Moutarde de capucin
Moutarde des Allemands
Moutarde noire
Muguet
Muguet à linge
Muguet des bois
Myricaire
Myricaire d'Allemagne
Myrtil
Myrtille
Myrtille ponctuée
Navet du diable
Nerprun
Nerprun Bourgaine
Nerprun purgatif
Nigelle cultivée
Nougué
Nouguié
Noyer
Oeillette
Oenanthe fistuleuse
Oignon
Oignon de mer
Oignon marin
Opium
Oranger
Orchis à fleurs carnées
Orchis à larges feuilles
Orchis bouffon
Orchis mâle
Orchis militaire
Orchis singe
Orchis taché
Orchis tacheté
Oreille d'âne
Oreille d'homme
Orge
Origan
Orne
Ornière
Ortie
Ortie blanche
Ortie dioïque
Ortie morte
Oseille
Oseille à trois feuilles
Oseille de bûcheron
Oseille ronde
Osier franc
Osier rouge
Ostruche
Otruche
Oxalide
Oxalide petite
Pain de coucou
Panicaut
Panicaut champêtre
Pâquerette
Pâquerette vivace
Parisette
Parmentière
Pas d'âne
Passe-fleur
Passe rose
Patte de loup
Patte d'oie
Pavot
Pavot coq
Pavot somnifère
Pensée
Pensée sauvage
Persil
Persil des fous
Pesse
Pétasite officinal
Petit boucage
Petit chêne
Petite camomille
Petite centaurée
Petite ciguë
Petite éclaire
Petite marguerite
Petite mauve
Petite pimprenelle
Petit muguet
Petit persil de bouc
Petit sureau
Petun
Peucédane oréosélin
Peucédan officinal
Peuplier franc
Peuplier noir
Peuplier suisse
Phellandrie
Picéa
Pied-de-bouc
Pied-de-griffon
Pied-de-lion
Pied-de-veau
Pignet
Pillolet
Piment des abeilles
Pinasse
Pin commun
Pin de Genève
Pin de mâture
Pin de Riga
Pin de Russie
Pin du Nord
Pin sauvage
Pin sylvestre
Pissenlit
Pivoine
Pivoine femelle
Pivoine officinale
Plantain lancéolé
Platanthère
Plus je te vois, plus je t'aime
Podagraire
Poivrette commune
Polygale amer
Polygale commun
Polypode
Polypode du chêne
Polypore amadourier
Polypore officinal
Pomme d'amour
Pomme de terre
Pomme épineuse
Pommier
Pondeuse
Potelée
Potentille rampante
Prêle des champs
Primevère
Primevère commune
Primevère offic.
Pruneaulier
Prunellier
Prunier domestique
Prunier épineux
Pulmonaire
Pulmonaire des marais
Pulsatille
Putier
Putiet
Querdonnet
Queue de rat
Quille de coq
Quintefeuille
Racahout
Racine du St-Esprit
Raiponce
Raisin de loup
Raisin de mars
Raisin de renard
Raisin d'ours
Raisin du diable
Rampon
Ratelaire
Rave de St-Antoine
Réglisse
Réglisse bâtarde
Réglisse des bois
Réglisse officinale
Régolisse
Reine des prés
Renoncule bulbeuse
Renoncule scélérate
Renouée
Rhubarbe
Ricin
Romarin
Romarin de Bohême
Romarin sauvage
Ronce commune
Rondelette
Rondelotte
Rondette
Rondotte
Rose
Rose à bâton
Roseau aromatique
Roseau odorant
Rose cent-feuilles
Rose chaste
Rose de Damas
Rose de Noël
Rose de serpent
Rose d'outre-mer
Rose sauvage
Rose trémière
Rosier de chien
Rossolis à feuilles rondes
Rue
Rue des eaux
Rue fétide
Rue puante
Sabine
Safran
Safran bâtard
Safran des prés
Sain bois
Salicaire
Salicaire commune
Salsifis
Salsifis des prés
Sanguisorbe
Sanicle
Sanicle d'Europe
Santé du corps
Sapin
Sapin argenté
Sapin blanc
Sapin rouge
Saponaire
Sauge
Sauge amère
Sauge des jardins
Sauge franche
Saule pourpre
Savonnière
Scabieuse tronquée
Sceau de Notre-Dame
Sceau de la Vierge
Sceau de Salomon
Scille
Scrofulaire noueuse
Seigle ergoté
Séné des prés
Sénevé noir
Sent bon
Serpolet
Silaus des prés
Souci des jardins
Soufre végétal
Soupe en vin
Sourcil de Vénus
Stramoine
Succise
Sureau à grappes
Sureau commun
Sureau hièble
Sureau noir commun
Surelle
Tabac
Tabac des gardes
Tabac des Savoyards
Tabac des Vosges
Tabac ordinaire
Tamier
Taminier
Tanaisie
Tanaisie commune
Terrète
Thé de France
Thé des perles
Thé d'Europe
Thuya
Thuya articulé
Thuya du Canada
Thuya occidental
Thuya oriental
Thym
Thym commun
Thym sauvage
Tillet
Tilleul à gr. feuilles
Tilleul à larges feuilles
Tilleul à petites feuilles
Tilleul commun
Tilleul des bois
Tomate
Tormentille
Tortelle
Tourmentille
Trainasse
Trèfle d'eau
Trigonelle-fenugre
True-Love
Tue-chien
Tue-loup
Tussilage
Tussilage taconet
Ulmain
Ulmaire
Valériane
Valériane médicinale
Valériane sauvage
Varaire
Veilleuse
Veillote
Vélar
Verâtre blanc
Verdiau
Verge d'or
Véronique aquatique
Véronique mâle
Véronique offic.
Véronique petit-chêne
Verquet
Verveine offic.
Vesse-de-loup
Vesse-loup géant
Vigne
Vigne blanche
Vigne cultivée
Vigne sauvage
Vinettier
Violette de mars
Violette odorante
Violette tricolore
Viorne mancienne
Vulnéraire
Yèble
Yeux de chat
Table alphabétique des noms latins
Abies alba
Abies excelsa
Abies pectinata
Achillea millefolium
Aconitum napellus
Acorus calamus
Actaea spicata
Aegopodium podagraria
Aesculus hippocastanum
Aethusa cynapium
Agaricus albus
Agave americana
Agrimonia eupatoria
Ajuga chamaepitys
Alcea rosae
Alchemilla vulgaris
Allium cepa
Allium sativum
Aloë soccotrina
Althaea officinalis
Althaea rosea C.
Ammi majus
Amygdalus communis
Anagallis arvensis
Anagallis mas
Anagallis phaenica
Anchusa offic.
Anemone pratensis
Anemone pulsatilla
Anethum foeniculum
Anethum graveolens
Angelica archangelica
Angelica silvestris
Anthoxanthum odoratum
Anthriscus cerefolium
Anthyllis vulneraria
Anthirrhinum linaria
Apium graveolens
Apium petroselinum
Arbutus uva ursi
Archangelica offic.
Arctium Lappa
Arctostaphylus off.
Aristolochia clematitis
Arnica montana
Artemisia absinthium
Artemisia vulgaris
Arum maculatum
Arum vulgare
Asarum europeum
Asclepias vincetoxicum
Asparagus offic.
Asperula odorata
Aspidium filix
Athamanta cretensis
Athamanta meum
Athamanta oreoselinum
Atropa belladona
Avena sativa
Bellis perennis
Berberis vulgaris
Betonica officinalis
Boletus fomentarius
Boletus laricis
Boletus ungulatus
Borrago officinalis
Bovista gigantea
Brassica nigra
Brunella vulgaris
Bryonia alba
Bryonia dioïca
Calamintha offic.
Calendula offic.
Campanula rapunculus
Cannabis sativa
Capsella bursa pastoris
Carum carvi
Centaurea cyanus
Cervaria oreoselinum
Cetraria islandica
Chelidonium majus
Cichorium intybus
Cicuta major
Cicuta virosa
Citrus orantium
Citrus limonium Risso
Citrus medica
Claviceps purpurea
Clematis recta
Cnicus benedictus
Cochlearia armoracia
Cochlearia officin.
Colchicum autumnale
Conium maculatum
Convalaria majalis
Convallaria polygonatum
Coriandrum sativum
Crocus sativus
Cydonia vulgaris
Daphne laureola
Daphne mezereum
Datura stramonium
Daucus carota
Digitalis purpurea
Drosera rotondifolia
Equisetum arvense
Eryngium campestre
Erysimum officin.
Erythrea centaurium
Eupatorium cannabinum
Euphrasia officin.
Ficaria ranunculoïdes M.
Ficaria verna H.
Ficus carica
Filipendula hexapetala
Filipendula ulmaria
Foeniculum offic.
Fragaria vesca
Frangula alnus
Fraxinus ornus
Fumaria officin.
Fungus chirurgorum
Galium aparine
Galium mollugo
Galium verum
Gentiana centaurium
Gentiana cruciata
Gentiana germania W.
Gentiana lutea
Gentiana pneumonanthe
Geranium Robertianum
Geum urbanum
Glechoma hederaceum
Globaria bovista
Glycyrrhiza glabra
Gnaphalium arenarium
Gratiola officin.
Helichrysum arenarium
Helleborus foetidus
Helleborus niger
Helleborus viridis
Hordeum vulgare
Humulus lupulus
Hyoscyamus niger
Hypericum perforatum
Hyssopus officin.
Imperatoria ostruthium
Inula helenium
Iris florentina
Iris germanica
Iris pallida
Juglans regia
Juniperus communis
Juniperus foetida
Juniperus sabina
Lactuca virosa
Lamium album
Lappa major
Lappa minor
Lappa tomentosa
Larix decidua M.
Larix europea
Laurus nobilis
Lavandula spica
Lavandula vera
Ledum palustre
Leontodon taraxacum
Levisticum offic.
Lichen islandicus
Ligusticum levisticum
Linaria vulgaris
Linum catharticum
Linum usitatissimum
Lithospermum off.
Lolium temulentum
Lycoperdon bovista
Lycopersicum esculentum
Lycopodium clavatum
Lytrum salicaria
Malva alcea
Malva neglecta W.
Malva rotundifolia
Malva silvestris
Marrubium vulgare
Matricaria chamomilla
Melilotus officin. D.
Melissa calamintha
Melissa officin.
Mentha aquatica
Mentha crispa
Mentha crispata
Mentha piperita
Menyanthes trifoliata
Meum athamanticum
Myricaria germanica D.
Nasturtium officin.
Nicotiana tabacum
Nigella sativa
Oenanthe fistulosa
Oenanthe phellandrium
Ononis spinosa
Orchis gymnadenia
Orchis incarnata
Orchis latifolia
Orchis maculata
Orchis majalis R.
Orchis mascula
Orchis militaris
Orchis morio
Orchis Rivini Gouan
Orchis simia
Orchis tephrosanthos
Origanum majorana
Origanum vulgare
Ornithogalum scilloïdes
Oxalis acetosella
Paeonia officin.
Palma Christi
Papaver rhoeas
Papaver somniferum
Paris quadrifolius
Petasites officin.
Petroselinum sativum
Peucedanum offic.
Peucedanum oreoselinum
Peucedanum ostruthium
Peucedanum Silaüs
Phellandrium aquaticum
Physalis alkekengi
Picea excelsa
Pimpinella anisum
Pimpinella magna
Pimpinella saxifraga
Pinguicula vulgaris
Pinus abies
Pinus larix
Pinus picea
Pinus silvestris
Pirus cydonia
Pirus malus
Plantago lanceolata
Platenthera
Polygala amara
Polygala vulgaris
Polygonatum offic.
Polygonum aviculare L.
Polygonum bistorta
Polygonum vulgare
Polypodium filix mas
Polypodium vulgare
Polyporus fomentarius
Polyporus ignarius
Polyporus officin.
Polystichum filix
Populus nigra
Potentilla reptans
Potentilla tormentilla
Poterium sanguisorba
Primula offic.
Primula veris
Prunella communis
Prunus avium
Prunus cerasus
Prunus domestica
Prunus padus
Prunus pyramidalis
Prunus spinosa
Pulmonaria officin.
Pulsatilla pratensis
Pulsatilla vulgaris
Pyreium ungulatum
Quercus pedonculata
Ranunculus bulbosus
Ranunculus ficaria
Ranunculus sceleratus
Rhamnus cathartica
Rhamnus frangula
Rheum compactum
Rheum Emodi W.
Rheum officin. B.
Rheum rhaponticum
Rheum undulatum
Ribes nigrum
Ribes rubrum
Ricinus communis
Rosa canina
Rosa centifolia
Rosmarinus offic.
Rubia tinctorum
Rubus fruticosus
Rubus idaeus
Ruta graveolens
Salix purpurea
Salvia officinalis
Sambucus ebulus
Sambucus nigra
Sambucus racemosa
Sanguisorba minor
Sanguisorba offic.
Sanicula europea
Saponaria officin.
Scabiosa succisa
Scilla maritima
Scrophularia nodosa
Secale cornutum
Sempervivum tectorum
Seseli selinoïdes J.
Silaus pratensis B.
Sinapis nigra
Sisymbrium nasturtium
Sisymbrium offic.
Solanum dulcamara
Solanum lycopersicum
Solanum melongena
Solanum nigrum
Solanum ovigerum
Solanum tuberosum
Solidaga virga aurea
Spirea filipendula
Spirea ulmaria
Succisa pratensis
Symphytum offic.
Tamarix germanica
Tamus communis
Tanacetum balsamita
Tanacetum vulgare
Taraxacum offic.
Taxus baccata
Teucrium chamaedrys
Teucrium chamaepitys
Thlaspi bursa pastoris
Thuja occidentalis
Thymus serpillum
Thymus vulgaris
Tilia europea
Tilia grandifolia
Tilia parvifolia
Tilia paucifera
Tilia platyphyllos S.
Tilia rubra
Tilia silvestris
Tilia ulmifolia S.
Tormentilla erecta
Tragopogon pratensis
Trifolium melilotus officin.
Trigonella foenum gr.
Triticum repens
Triticum sativum
Triticum vulgare
Tussilago farfara
Tussilago hybrida
Tussilago petasites
Urginea maritima
Urtica dioïca
Vaccinium myrtillus
Vaccinium vitis Idae
Valériana officin.
Veratrum album
Veratrum Lobelianum
Verbascum blattaria
Verbascum thapsus
Verbena offic.
Veronica beccabunga
Veronica chamaedrys
Veronica officin.
Viburnum lantana
Vincetoxicum off.
Viola odorata
Viola tricolor
Viscum album
Vitis vinifera
Table alphabétique des Familles
Amaryllidées
Amentacées
Ampélidées
Aristolochiées
Aroïdées
Asclépiadées
Berbéridées
Borraginées
Campanulacées
Caprifoliacées
Caryophyllées
Composées
Conifères
Crassulacées
Crucifères
Cucurbitacées
Cupulifères
Dioscorées
Dipsacées
Droséracées
Equisétacées
Ericinées
Euphorbiacées
Fumariacées
Gentianées
Géraniacées
Graminées
Hippocastanées
Hypéricinées
Hypocréacées
Iridées
Juglandées
Labiées
Laurinées
Légumineuses
Lentibulariées
Liliacées
Linées
Loranthacées
Lycoperdonées
Lycopodiacées
Lythrariées
Malvacées
Oléacées
Ombellifères
Orchidées
Oxalidées
Papavéracées
Parméliacées
Plantaginées
Polygalées
Polygonées
Polypodiacées
Polyporés
Primulacées
Renonculacées
Rhamnées
Rosacées
Rubiacées
Rutacées
Salicinées
Saxifragées
Scrofularinées
Solanées
Tamariscinées
Thyméléacées
Thymélées
Tiliacées
Ulmacées
Urticées
Valérianées
Verbénacées
Violariées

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