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dans une base de données est également interdit.
L
es entreprises socialement responsables et éthiques sont
parfois confrontées à des risques différents des entre-
prises conventionnelles du fait des contraintes qu’elles
s’imposent et de la spécificité de leur mode de gestion. Pour
survivre et se développer, elles doivent développer des méthodes
de gestion des risques appropriées sans nécessairement avoir
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prudentielle, telles que l’AAOIFI1 et l’IFSB2, reconnaissent la son activité de gestion des fonds. En dehors du cas de violation
particularité des banques islamiques et procèdent ainsi à des du contrat ou de négligence, la banque (en tant qu’entrepreneur)
ajustements de l’accord de Bâle dans le but de développer une n’a pas à garantir le capital investi ou la réalisation d’un profit
approche plus sensible aux caractéristiques spécifiques de ces minimum4. En pratique, la distribution des profits est un peu plus
institutions financières. complexe car la banque islamique joue aussi le rôle d’investisseur.
L’objectif de cet article est d’étudier de manière approfondie Le partage des profits se réalise alors de la manière suivante :
la nature du risque généré par les comptes d’investissement – Les profits sont alloués tout d’abord entre les actionnaires
participatifs, les modes de gestion de ce risque ainsi que la de la banque et les titulaires des comptes d’investissement
réglementation prudentielle associée. La section 1 présente le (Composante Musharaka5). Selon l’AAOIFI, les profits générés par
fonctionnement des comptes d’investissement participatifs et les investissements, conjointement financés par les fonds de la
identifie le risque commercial déplacé auquel la banque islamique banque islamique et les titulaires des comptes d’investissement,
est exposée suite à la gestion des comptes d’investissement sont répartis entre eux au prorata de leurs contributions en capital.
participatifs. La section 2 expose les différentes méthodes de – La part des titulaires des comptes d’investissement est appelée
gestion du risque développées par ces établissements pour le revenu de Mudaraba. De ce revenu, la banque prélève sa
maîtriser le risque associé aux comptes d’investissement. Enfin, rémunération appelée couramment « Mudarib share » pour son
la section 3 fait une présentation critique des propositions rôle en tant que gestionnaire de fonds (Composante Mudaraba).
de réglementation prudentielle des banques islamiques et, à Cette répartition se fait selon un ratio prédéfini. Les pertes
partir d’un échantillon de ces banques, illustre la diversité des résultant d’une mauvaise gestion ou de négligence de la part de
environnements réglementaires auxquels elles sont confrontées. la banque islamique, doivent être déduites de sa part du profit.
Si les pertes dépassent cette part du profit, la différence est
déduite de la part du profit rémunérant ses capitaux propres6.
1. Les comptes d’investissement Les comptes d’investissement participatifs représentent théori-
participatifs : théorie et pratique quement un mécanisme puissant d’atténuation des risques pour
les banques islamiques. En théorie, elle n’a donc pas besoin
d’exigences minimales en fonds propres si elle applique parfai-
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Tableau 1. Revue de littérature sur les motivations des clients des banques islamiques (par ordre chronologique).
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recommande de ne pas inscrire les deux types de réserves avec L’intégration d’une proportion α des risques de crédit et de marché
les capitaux propres. des actifs, financés par les comptes d’investissement participatifs,
permet de prendre en compte le risque commercial déplacé. Plus
La majorité des autorités de régulation n’interviennent pas sur la valeur de α est grande, plus la banque islamique absorbe une
la méthode de calcul du taux de rendement sur les comptes plus grande proportion de risques liés aux actifs financés par
d’investissement participatifs ainsi que sur le calcul des PER et les comptes d’investissement participatifs (risque de crédit et
IRR. La Banque Centrale de Malaisie par exemple, propose un risque de marché). Une valeur proche de zéro reflète des dépôts
intervalle de détermination de la PER par rapport au profit total assimilables à des dépôts d’investissement purs. Par contre,
mais pas un pourcentage spécifique. une valeur proche à l’unité reflète des dépôts assimilables à des
dépôts conventionnels. La politique de la banque islamique quant
à la détermination des réserves PER et IRR affecte l’estimation
3.3. Les ratios prudentiels proposés de la valeur � et donc la valeur des fonds propres minimum pour
couvrir le risque commercial déplacé.
L’AAoIFI a publié en 1999 « the Statement on the purpose and Le risque commercial déplacé résulte seulement de la gestion des
calculation of the capital adequacy ratio for islamic banks ». cette comptes d’investissement non restrictifs. La banque islamique
proposition représente la première tentative pour développer n’absorbe en aucun cas les pertes sur les actifs financés par la
un ratio d’adéquation en capital qui prend en considération deuxième catégorie des comptes d’investissement (restrictifs)
les spécificités des banques islamiques. Le ratio proposé par puisque la gestion est assurée par leurs titulaires.
l’AAoIFI est : L’IFSB (2005) laisse la détermination de la valeur de α à la
discrétion des autorités de supervision nationales. A ce jour, la
majorité des autorités de régulation fixe arbitrairement la valeur
de α à un certain niveau et impose la même valeur à toutes les
Avec CC : Comptes courants, CP : Capitaux propres, CI : Comptes banques islamiques opérant sous son contrôle. Par exemple, la
d’investissement participatifs. banque centrale à Bahreïn exige une valeur de 30 %. En d’autres
termes, les banques islamiques supportent 30 % des risques
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Dans l’approche avancée (The supervisory discretion method), 3.4. La diversité des environnements
l’IFSB (2005) propose un ratio plus proche de la pratique : réglementaires des banques islamiques
La pression réglementaire pour lisser les taux de rendement
sur les comptes d’investissement participatifs diffère selon les
régions du monde (Simon Archer & Rifaat Ahmed Abdel Karim,
Avec CIR : comptes d’investissement participatifs restrictifs, 2009). Dans la majorité des pays, avec un système bancaire dual,
CINR : comptes d’investissement participatifs non restrictifs. les autorités de régulation adoptent une politique protectrice des
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La Banque Centrale Égyptienne recommande que les banques dépôts « garantis » et la loi de la Shariah qui exige que le client
islamiques déterminent les taux de rendement sur les dépôts en accepte le risque d’une perte pour avoir la possibilité d’un gain.
fonction du résultat. Par contre, ces taux de rendement pourraient Les banques islamiques au Royaume-Uni résolvent ce problème
être changés pour diminuer le risque. en offrant aux déposants le « remboursement complet » de leur
Les institutions financières islamiques, dans un environnement capital investi, mais elle les informe tout de même de la part
réglementaire non adapté à leurs spécificités, fonctionnent du profit réel qu’ils devraient recevoir en appliquant le vrai ratio
conformément aux réglementations gouvernant les banques de partage des profits. Cela permet aux déposants en comptes
conventionnelles. Dans ce contexte, les comptes d’investissement d’investissement participatifs de ne pas accepter « le rembour-
participatifs basés sur le contrat Mudaraba sont assimilés à des sement total » si leurs convictions religieuses l’imposent.
dépôts conventionnels et donc le capital déposé doit être garanti. Une grande diversité existe également en ce qui concerne la
Les autorités de ces pays cherchent à promouvoir une situation réglementation des réserves pour lisser les rendements des
équitable entre les banques conventionnelles et islamiques déposants en comptes d’investissement participatifs.
mais elles annoncent clairement qu’elles sont des régulateurs Les autorités de régulation du Bahreïn, des Émirats arabes unis
financiers et pas des régulateurs religieux. Néanmoins, l’autorité et du Soudan prennent en compte les normes recommandées par
financière au Royaume-Uni (Bank of England) reconnaît qu’il y l’AAOIFI et l’IFSB concernant la PER et l’IRR. La Malaisie autorise
a un conflit potentiel entre la loi du Royaume-Uni qui exige des seulement la rétention de la réserve PER. Parmi les 20 banques
Tableau 4. Étude comparative des réglementations prudentielles des banques islamiques dans le monde
Directives
Nbre Directives
Pays Système bancaire spéciales Types de réserves publiées Régulation des banques Is
de banques Is* pour le RCD
aux banques Is
UAE Dual 8 Oui Oui PER, IRR IFSB, Basel II
Bahreïn Dual 27 Oui Oui PER, IRR IFSB, Basel II
Arabie Saoudite Dual 10 Non Non - Basel II
Kuwait Dual 5 Oui Non - Basel II
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IFSB (2005) Guiding Principles of Risk Management for Institutions Rachmawati, Erna et Syamsulhalim Ekki. factors affecting
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