Benjamin Melinand
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Mathématique de France.
PRÉ-RENTRÉE : CALCUL
Benjamin Melinand
TABLE DES MATIÈRES
Avertissement. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 1
Ce document est issu d’un support de cours distribué en septembre 2019. Il doit beaucoup
– au polycopié d’Alexandre Afgoustidis d’Analyse 1,
– au polycopié de José Trashorras d’Analyse 2,
– au polycopié de Denis Pasquignon d’Algèbre 1,
– aux remarques des collègues : Alexandre Afgoustidis, Emeric Bouin, Irène Waldspurger, José Trashorras.
Il reste sans aucun doute beaucoup d’erreurs et de coquilles. N’hésitez pas à me les signaler.
QU’EST CE QU’UN CALCUL ?
Un peu d’histoire
Il faut remonter au moins 20 000 ans en arrière pour voir les premières traces de calculs mathématiques.
Dans notre connaissance actuelle de l’histoire, le bâton d’Ishango est la plus ancienne utilisation de l’arithmé-
tique. Bien des années après, vers 3000 ans avant notre ère, les Égyptiens utilisèrent des concepts de géométrie
pour construire des pyramides. Mais il a fallu véritablement attendre l’époque babylonienne (2000 ans avant
notre ère) pour que les premières bases de calcul mathématique soient mises en place à des fins utilitaires.
Vint ensuite l’époque des Grecs où la philosophie et les mathématiques se mêlèrent. L’abstraction prit le
pas sur l’utilitaire. On peut penser par exemple à Archimède. Ce dernier est connu pour avoir calculé des
aires grâce à la méthode d’exhaustion. Des siècles plus tard, après une controverse entre Newton et Leibniz,
le calcul infinitésimal est fondé. Cela correspond à ce qu’on appelle aujourd’hui le calcul mathématique.
Dans ce petit laïus nous oublions bien entendu de nombreuses civilisations qui ont façonné à leurs façons le
calcul mathématique. Nous pensons par exemple à la civilisation chinoise et leurs techniques algorithmiques,
aux civilisations précolombiennes et plus particulièrement les Mayas qui étaient capable de mener des calculs
laborieux en astronomie, ou encore à la civilisation islamique, les inventeurs du zéro.
Il faut aussi prendre garde aux erreurs qui peuvent se glisser dans un calcul. Supposons par exemple que a et
b soient deux réels égaux et non nuls. Alors ab = b2 et donc ab−a2 = b2 −a2 ou encore a(b−a) = (b+a)(b−a).
En simplifiant par (b − a), on obtient a = b + a et comme b = a, a = 2a donc 1 = 2 ! Bien entendu ce calcul
mène à un résultat faux et le lecteur curieux pourra en chercher l’erreur.
CHAPITRE 1
IDENTITÉS ET INÉGALITÉS
1. Quelques identités
Ce que nous appelons identité est une égalité entre deux termes ou deux expressions qui est vraie quels
que soient les paramètres et les variables considérés.
1.1. Identités remarquables. — Nous rappelons ici les identités remarquables vues au collège et au lycée.
Rappelons au passage un peu de vocabulaire. Développer signifie que l’on transforme un produit en
somme et factoriser signifie que l’on transforme une somme en produit.
Exercice 1.1. —
1. Montrer que (a + b + c)2 = a2 + b2 + c2 + 2(ab + ac + bc).
2. Calculer efficacement 10002 · 9998.
3. Factoriser (2x − 5)2 − (2x − 9)2 .
4. Développer (x3 − x2 + x − 1)2 .
1.2. Coefficients binomiaux. — Nous introduisons les coefficients binomiaux qui vous seront utiles en
probabilité et en dénombrement dans les prochaines années. Dans ce cours, nous ne les utiliserons que dans
la formule du binôme de Newton. Commençons par définir la factorielle d’un nombre naturel.
Par convention 0! = 1.
Interprétation. — L’entier nk est le nombre de parties ayant k éléments dans un ensemble à n éléments.
Par exemple dans l’ensemble à 4 éléments {1, 2, 3, 4} il y a 42 = 6 parties ayant 2 éléments. Ce sont les sous
ensembles : {1, 2},{1, 3}, {1, 4}, {2, 3}, {2, 4}, {3, 4}.
Exercice 1.2. —
n
1. Montrer que 0 = 1.
n
2. Montrer que n = 1.
n n
3. Montrer que k = n−k .
Les coefficients binomiaux sont reliés entre eux par un certain nombre d’égalités. La plus célèbre est le
triangle de Pascal.
n=0 : 1
n=1 : 1 1
n=2 : 1 2 1
n=3 : 1 3 3 1
n=4 : 1 4 6 4 1
n=5 : 1 5 10 10 5 1
n=5 : 1 6 15 20 15 6 1
Exercice 1.3. — Montrer par récurrence sur N∗ que les coefficients binomiaux sont des entiers naturels en
utilisant la formule du triangle de Pascal. Attention aux cas k = 0 et k = n.
n
Exercice 1.5. — Montrer que pour tout entier naturel non nul n, 1 = n.
Exercice 1.6. —
1. Calculer 73 .
6 4
2 4 + 4
2. Montrer de deux manières que 4 = 2 + 3 13 4
.
16 13 13 13
3. Montrer de deux manières que 13 = 10 + 3 11 + 3 12 + 13 .
Exercice 1.8 (Une formule). — Montrer que pour tout n et k entiers naturels tels que 1 ≤ k ≤ n
n−1 n
n =k .
k−1 k
2. Calcul algébrique
L’objectif de cette section est essentiellement pratique : savoir calculer avec des formules contenant le
symbole Σ.
On reconnait la somme des termes d’une suite géométrique. Le nombre de termes de cette somme est
5 − 0 + 1 = 6 d’où
5
X 20 − 26
2k = = 63.
1−2
k=0
On peut aussi écrire une somme allant de k = 0 à k = n où n est un entier naturel quelconque, on a
n
X
2k = 20 + 21 + 22 + 23 + 24 + · · · + 2n .
k=0
n
X
ai = a1 + a2 + · · · + an−1 + an .
i=1
Lorsque la quantité à sommer ne dépend pas de l’indice de sommation, le calcul de la somme revient à
compter les termes de la somme, ainsi pour tout réel a :
10
X
a = a + a + · · · + a = (10 − 1 + 1)a = 10a.
k=1
Par contre
10
X
a = (10 − 0 + 1)a = 11a.
k=0
Cet exemple montre que la valeur d’une somme dépend de l’indice de départ et de celui d’arrivée.
Dans certaines sommes, il peut être astucieux de faire un changement d’indice. Dans l’exemple qui suit en
posant i = k − 1 on obtient
3
X 2
X 2
X
2k = 2i+1 = 2 2i = 2(1 + 2 + 22 ) = 14.
k=1 i=0 i=0
Nous donnons dans la suite quatre formules impliquant une somme que vous devez connaitre :
100
X 100 · 101
Exemple 1.9. — k= = 5050.
2
k=0
Pour tout n et i entiers naturels tels que i ≤ n, pour tout nombre complexe q,
n
( i n+1
q −q
X
k 1−q si q 6= 1,
q = .
k=i
n − i + 1 si q = 1.
Maxime. — Cette formule peut se résumer de la manière suivante : "(premier terme) moins (premier terme
qui n’apparaît pas dans la somme) le tout divisé par (un moins la raison)".
9 9
X 20 − 210 1024 − 1 X 21 − 210
Exemple 1.11. — 2k = = = 1023 et 2k = = 1022.
1−2 2−1 1−2
k=0 k=1
4
X 4
4
Exemple 1.13. — 11 = (10 + 1) = 4
10k = 1 + 4 · 10 + 6 · 102 + 4 · 103 + 104 = 14641.
k
k=0
Exercice 1.10. —
1. Calculer 2 + 3 + 4 + 5 + 6 + 7 + 8.
X4
2. Calculer 3k .
k=0
n n
X n X n k
3. Calculer pour tout entier naturel n, et (−1) .
k k
k=0 k=0
2 X
X 1
S= 2ij .
i=0 j=0
2. CALCUL ALGÉBRIQUE 8
On a
2
X
S= (1 + 2i ) = (1 + 1) + (1 + 2) + (1 + 4) = 10.
i=0
Cette opération revient à additionner tous les termes 2ij lorsque i varient de 0 à 2 et j de 0 à 1. On peut
disposer ces valeurs dans un tableau dont les entrées sont les 2ij (en gras on a noté la somme de la colonne
ou de la ligne correspondante)
i\j 0 1
0 1 1 2
1 1 2 3
2 1 4 5
3 7 S = 10
Sur ce tableau, pour calculer S on peut soit additionner les termes par lignes puis additionner les résultats
ou additionner les colonnes puis additionner les résultats. Ainsi
1 X
X 2
S = (1 + 1 + 1) + (1 + 2 + 4) = 2ij .
j=0 i=0
X p
n X p X
X n
aij = aij .
i=1 j=1 j=1 i=1
Une situation plus difficile apparait lorsque les indices i et j sont liés, par exemple si on impose j ≤ i alors
intervertir les deux sommes nécessite de respecter cette condition.
X n X
X i n X
X n
aij = aij = aij .
0≤j≤i≤n i=0 j=0 j=0 i=j
X i i
Exemple 1.16. — Calculer . Pour comprendre la formule précédente, on dispose les nombres j
j
1≤i≤j≤5
dans un tableau
i\j 1 2 3 4 5
1 1 1/2 1/3 1/4 1/5
2 2 1 2/3 2/4 2/5
3 3 3/2 1 3/4 3/5
4 4 2 4/3 1 4/5
5 5 5/2 5/3 5/4 1
Dans ce tableau, les cases qui vérifient la condition i ≤ j correspondent aux nombres au dessus de la
diagonale de 1, c’est-à-dire aux nombres représentés en gras. La double somme signifie que l’on additionne
n X
X i
tous les nombres en gras. Or il y a deux façons de faire : Dans la double aij , on somme d’abord sur
i=0 j=0
i ce qui signifie que l’on fixe une ligne i puis on additionne tous les termes en gras de cette ligne, puis tous
ces termes sont additionnés. Mais on peut aussi fixer j c’est-à-dire fixer une colonne puis sommer tous les
nombres en gras de cette colonne, puis tous ces termes sont additionnés. C’est le cas de la double somme
Xn X n
aij . Ces deux méthodes donnent bien entendu le même résultat.
j=0 i=j
2. CALCUL ALGÉBRIQUE 9
Attention. — Si on essaye
5 X 5 5 5
X i X i X X 1
= = i
j i=1 j=i
j i=1 j=i
j
1≤i≤j≤5
5
X 1
on se retrouve bloqué car n’est pas une quantité aisée à calculer (voir le mot clé « série harmonique »
j=i
j
dans votre moteur de recherche préféré). Il faut donc penser sur ce genre d’exemples à tester les deux cas
pour voir lequel est le plus simple à calculer.
2.3. Exercices. —
Exercice 1.15 (Réindexation d’une somme). — Soient x un réel et n un entier naturel. Calculer
n+2
X
xk−2 .
k=2
n−1 n
Exercice 1.19. — En utilisant le fait que n k−1 = k k , calculer
n
X n
k .
k
k=0
n X
X i n X
X i
Exercice 1.22 (Une double somme, III). — Calculer les doubles sommes j et i.
i=0 j=0 i=0 j=0
3. Inégalités
3.1. Rappels de lycée. — On rappelle ici quels faits sur les inégalités entre réels. Soient x, y, z, t des réels.
• Si x < y alors x ≤ y (inégalité stricte entraîne inégalité large) ;
• si x ≤ y et z ≤ t, alors x + z ≤ y + t (somme d’inégalités) ;
• si x ≤ y, alors x + z ≤ y + z et x − z ≤ y − z (ajout d’un réel à une inégalité) ;
• si x ≤ y et z ≤ t, alors x − t ≤ y − z (soustraction d’inégalités) ;
• si x ≤ y et si z > 0, alors zx ≤ zy (produit d’un réel positif avec une inégalité) ;
• si x ≤ y et si z < 0, alors zx ≥ zy ;
• si x ≤ y et si 0 ≤ z ≤ t, alors xz ≤ yt.
√
3.2. Majorer, minorer et encadrer. — Considérons le nombre réel x = π. On souhaite connaître une
valeur approchée de ce nombre. Une première idée est de chercher un nombre réel proche de x plus grand que
π ≤ 4 et que la fonction
celui-ci. On sait que √ √ racine carrée est croissante : pour tout a et b réels positifs, a ≤ b
√ √
implique que a ≤ b. Ainsi, π ≤ 4 = 2. On vient de majorer x. On peut √ aussi chercher un nombre
réel proche de x plus petit que celui-ci. Comme par exemple 1 ≤ π, on a 1 = 1 ≤ π. On vient de minorer
x. Lorsque l’on effectue les deux opérations sur x, on encadre celui-ci. Dans cet exemple, on a montré que
√
π était compris entre 1 et 2.
9x+3
Exercice 1.23. — Montrer que si x ∈ [1, 2], alors x2 +2 ∈ [2, 7].
3.3. L’inégalité de Young. — L’inégalité qui suit est souvent utile pour estimer un produit de deux
quantités.
Démonstration. — On remarque que pour a 6= b, (a − b)2 > 0. Il s’en suit que a2 + b2 − 2ab > 0 et donc que
1 2 2 1 2 2
2 (a + b ) > ab. Si maintenant a = b, il est clair que ab = 2 (a + b ).
3. INÉGALITÉS 11
Pn
On considère la fonction P (t) = k=1 (ak + tbk )2 .
1. Développer P et expliquer pourquoi P est un polynôme du second degré.
2. Montrer que pour tout réel t, P (t) ≥ 0.
3. Calculer le discriminant de P .
4. En étudiant le signe du discriminant, en déduire l’inégalité souhaitée.
On remarque que la fonction valeur absolue est paire : pour tout réel x, | − x| = |x|. Énoncons quelques
On obtient donc
|x| − |y| ≤ |x − y| et − |x − y| ≤ |x| − |y|
c’est-à-dire
− |x − y| ≤ |x| − |y| ≤ |x − y| .
Le résultat est une conséquence de la propriété (d).
Exercice 1.30. —
1. Montrer que |1 − x12 + 4x3 | ≤ 5 pour x ∈ [0, 1].
2. Montrer que | sin12 (x) − 2 cos9 (x)| ≤ 3 pour x ∈ R.
Exercice 1.32 (Comme l’exercice précédent). — Résoudre dans R les équations et inéquations
suivantes
|x+1|(x+2)
Exercice 1.34. — Montrer que si x appartient à [−3, 1], alors x2 +1 appartient à [−1, 3].
Exercice 1.35. — Montrer que |x + y| = |x| + |y| si et seulement si x et y sont de même signe.
CHAPITRE 2
FONCTIONS USUELLES
Il existe une unique fonction de R dans R qui soit dérivable sur R, qui vaille 1 en 0 et qui soit égale
à sa dérivée.
On l’appelle exponentielle ; on la note exp. Si x est un nombre réel, on note souvent ex pour exp(x).
L’existence et l’unicité d’une telle fonction de R dans R est loin d’être évidente : ce n’est qu’en deuxième
année qu’il sera possible de la justifier. L’allure du graphe de exp est la suivante :
Ordre de grandeur. — La fonction exponentielle peut atteindre des valeurs gigantesques très rapidement.
Par exemple e10 ≈ 22066 et e100 ≈ 2 · 1043 .
1. EXPONENTIELLE ET LOGARITHME NÉPERIEN 16
e3x −ex
Exercice 2.1. — Simplifier l’expression e2x +ex pour x réel.
Les propriétés (iii) et (iv) ci-dessus et le théorème des valeurs intermédiaires (que vous verrez plus tard
dans l’année) permettent d’obtenir le fait suivant :
Pour tout t de R+? , il existe un unique réel dont l’image par exp vaille t.
Ce réel est appelé le logarithme népérien de t, noté ln(t).
R+? →R
1
t 7→ .
t
(ii) La fonction ln vérifie : ∀(u, v) ∈ (R+
? ) 2
, ln(uv) = ln(u) + ln(v).
(iii) Elle tend vers −∞ en 0 et vers +∞ en +∞.
(iv) Pour tout t ∈ R+ ? et x ∈ R, exp(ln(t)) = t et ln(exp(x)) = x.
√
Exercice 2.2. — Simplifier l’expression ln( x + 1) pour x strictement positif.
Ordre de grandeur. — À l’inverse de la fonction exponentielle, la fonction logarithme met du temps à
atteindre de grandes valeurs. Par exemple ln(1010 ) ≈ 23 et ln(10100 ) ≈ 230.
2. FONCTION « PUISSANCE » 17
2. Fonction « puissance »
2.1. Puissance entière. — Pour tout entier naturel n, on définit la fonction
pn : R → R
x 7→ xn .
Comme nous le verrons plus part, les fonctions pn sont des fonctions très régulières. Cela se résume dans la
proposition suivante.
Démonstration. — Utilisons la formule du binôme. Soit un nombre réel x fixé et h dans R? . En utilisant le
fait que n0 = 1 et h0 = 1, on obtient
Pn n n−k k
n
pn (x + h) − pn (x) (x + h)n − xn k=0 k x h − xn X n n−k k−1
= = = x h .
h h h k
k=1
pn (x+h)−pn (x)
et on constate que le deuxième terme tend vers zéro quand h tend vers zéro, donc que h tend
vers nxn−1 quand h tend vers zéro.
√
2.2. Racine n-ème. — Soit n un entier naturel non nul et x un nombre réel. Que signifie n
x?
• Si n est impair, alors la fonction x 7→ xn définit une bijection de R sur R : pour tout réel a, il existe
√ 1
un unique réel s vérifiant sn = α. On note s = n α, ou encore s = α n .
√
Ainsi, si n est impair, n x est bien défini pour tout réel x.
1 √
Dans ce cas, x n = n x a le même signe que x.
2. FONCTION « PUISSANCE » 18
• Si n est pair, alors la fonction x 7→ xn est à valeurs positives ; de plus, pour tout réel α,
n
si α > 0, alors il existe il existe deux réels s vérifiant s = α,
si α = 0, alors il existe un seul réel s vérifiant sn = α (c’est s = 0),
si α < 0, alors il n’existe aucun réel s vérifiant sn = α,
En revanche, si α est positif, il existe un unique réel positif s vérifiant sn = α. C’est lui qu’on
1 √
note α n ou n α.
1 √
Ainsi, si n est pair, x n = n x n’est bien défini que si x est positif.
Il est alors toujours positif.
√ π
2.3. Puissance d’exposant et fonction « puissance ». — Peut-on donner un sens à ( 2) ? La réponse
passe par la fonction exponentielle.
Si u est un réel strictement positif et si v est un réel quelconque, on note uv = ev ln(u) . De plus, si
v > 0, on adopte la convention que 0v = 0.
1
Ainsi, attention, (−7)π n’a pas de sens alors que (−7) 3 fait sens. Donnons quelques propriétés de ces
fonctions.
Démonstration. — Le point (i) vient de la définition sous la forme exponentielle. Le point (ii) découle de la
définition.
Fixons un nombre réel α. On vient de voir que l’on peut définir la fonction
pα : R+
? →R
x 7→ xα = eα ln(x) .
Démonstration. — Les théorèmes généraux sur la dérivation des fonctions composées assurent que pour tout
α ln(x) α ln(x)
0 α
x de R+
? , on a pα (x) = x · e
α ln(x)
= α · eeln(x) = α · eeln(x) = α · eα ln(x)−ln(x) = αe(α−1) ln(x) .
3. FONCTIONS TRIGONOMÉTRIQUES 19
Attention, si α > 0, bien que la fonction x 7→ xα puisse être définie sur R+ , elle n’est pas forcément
dérivable en zéro. Par exemple, la fonction (α = 12 )
R+ → R
√
x 7→ x
1
est dérivable sur R+
? de dérivée x 7→
√
2 x
mais elle n’est pas dérivable en 0.
3. Fonctions trigonométriques
Dans cette section nous allons définir les fonctions « réciproques » des fonctions sinus, cosinus et tangente.
Soit le cercle de rayon 1 centré à l’origine (0, 0) dans le plan cartésien. Considérons l’intersection entre
ce cercle et la demi-droite partant de l’origine et faisant un angle t avec l’axe x. Notons M (x, y) le
point d’intersection. On définit alors cos(t) = x et sin(t) = y.
et la fonction sinus
3. FONCTIONS TRIGONOMÉTRIQUES 20
Démonstration. — Le point (i) vient du fait qu’un angle est défini à 2π près. Le point (ii) est une consé-
quence du théorème de Pythagore. Le point (iii) se voit sur le cercle trigonométrique : changer le signe de
l’angle revient à faire une symétrie axiale par rapport à l’axe x. Le dernier point se voit aussi sur le cercle
trigonométrique : ajouter π revient à faire une symétrie centrale par rapport à l’origine.
Les fonctions cosinus et sinus sont dérivables sur R et pour tout réel x,
cos0 (x) = − sin(x) et sin0 (x) = cos(x).
Remarque 2.13. — La fonction tangente n’est pas définie en les réels où la fonction cosinus s’annule. Le
domaine de définition de la fonction tangente est donc le complémentaire de l’ensemble
π nπ o
+ πZ = + kπ , k ∈ Z .
2 2
π π π
x 0 6 4 √
3
tan(x) 0 √1 1 3
3
En utilisant les propositions précédentes on en déduit les propriétés suivantes sur la fonction tangente.
Démonstration. — Le point (i) est une conséquence du point (iv) des propriétés sur cos et sin. Le point (ii)
découle de la parité des fonctions sinus et cosinus. Pour le point (iii), la fonction tangente est dérivable sur
son ensemble de définition comme quotient de fonctions dérivables et car la fonction cosinus ne s’annule pas
sur l’ensemble de définition de la fonction tangente. On calcule maintenant sa dérivée. On a
1 1
Pour le point (iv), on remarque que sin(− π2 ) = −1, sin( π2 ) = 1, limπ = +∞ et lim = +∞.
x→− 2 + cos(x) x→ 2 − cos(x)
π
Le résultat suit par les théorèmes généraux sur les limites (voir chapitre suivant).
3.2. Formules trigonométrique usuelles. — On rappelle ici quelques formules trigonométriques de base
sur les fonctions cosinus et sinus.
Pour tout t de [−1, 1], il existe un unique réel x ∈ [− π2 , π2 ] dont l’image par la fonction sinus vaille t.
On note ce réel arcsin(t) et la fonction associée est appelée fonction arc-sinus.
3. FONCTIONS TRIGONOMÉTRIQUES 23
Remarque 2.18. — Le domaine de définition de la fonction arc-sinus est l’intervalle [−1, 1].
√
Exercice 2.6. — Calculer arcsin − 23 .
Les fonctions sinus et arc-sinus sont reliées par les relations suivantes.
On a :
• pour tout y ∈ [−1, 1], sin(arcsin(y)) = y ;
• pour tout x ∈ [− π2 , π2 ], arcsin(sin(x)) = x.
La fonction arc-sinus est définie de [−1, 1] dans [− π2 , π2 ]. Elle est continue, impaire et strictement
croissante sur [−1, 1]. De plus, elle est dérivable sur ] − 1, 1[ et pour tout y ∈] − 1, 1[
1
arcsin0 (y) = p .
1 − y2
3.3.2. La fonction arc-cosinus. — La fonction cosinus est strictement décroissante et continue sur [0, π]. On
en déduit donc la définition suivante.
Pour tout t de [−1, 1], il existe un unique réel x ∈ [0, π] dont l’image par la fonction cosinus vaille t.
On note ce réel arccos(t) et la fonction associée est appelée fonction arc-cosinus.
Remarque 2.22. — Le domaine de définition de la fonction arc-cosinus est l’intervalle [−1, 1].
Les fonctions cosinus et arc-cosinus sont reliées par les relations suivantes.
On a :
• pour tout y ∈ [−1, 1], cos(arccos(y)) = y ;
• pour tout x ∈ [0, π], arccos(cos(x)) = x.
Attention. — Si x ∈
/ [0, π], arccos(cos(x)) 6= x. Par exemple, arccos(cos(2π)) = arccos(1) = 0 6= 2π.
Exercice 2.9. — Montrer que si x ∈ [0, π] et k est un entier relatif, arccos(cos(x + 2kπ)) = x.
3. FONCTIONS TRIGONOMÉTRIQUES 25
La fonction arc-cosinus est définie de [−1, 1] dans [0, π]. Elle est continue et strictement décroissante
sur [−1, 1]. De plus, elle est dérivable sur ] − 1, 1[ et pour tout y ∈] − 1, 1[
1
arccos0 (y) = − p .
1 − y2
Remarque 2.25. — La dérivée de la fonction arc-sinus est l’opposée de la dérivée de la fonction arc-cosinus.
3.3.3. La fonction arc-tangente. — La fonction tangente est strictement croissante et continue sur ] − π2 , π2 [,
limπ tan(x) = −∞, lim π
tan(x) = +∞. On en déduit la définition suivante.
x→− 2 + x→ 2 −
Pour tout t de R, il existe un unique réel x ∈] − π2 , π2 [ dont l’image par la fonction tangente vaille t.
On note ce réel arctan(t) et la fonction associée est appelée fonction arc-tangente.
Exercice 2.10. — Calculer arctan − √13 .
Les fonctions tangente et arc-tangente sont reliées par les relations suivantes.
4. EXERCICES. 26
On a :
• pour tout y ∈ R, tan(arctan(y)) = y ;
• pour tout x ∈] − π2 , π2 [, arctan(tan(x)) = x.
La fonction arc-tangente est définie de R dans ] − π2 , π2 [. Elle est continue et strictement croissante
sur R. Elle a pour limites en ±∞
π π
lim arctan(x) = − et lim arctan(x) = .
x→−∞ 2 x→+∞ 2
De plus, elle est dérivable sur R et pour tout réel y
1
arctan0 (y) = .
1 + y2
4. Exercices.
Exercice 2.12. — Montrer que pour tout réel positif non nul y,
1 π
arctan(y) + arctan = .
y 2
On pourra penser à dériver la fonction y 7→ arctan(y) + arctan y1 et calculer la valeur de la fonction en
√
y = 3.
exp(x2 −1)
Exercice 2.15. — Résoudre dans R l’inéquation exp(x+1) ≤ 1.
1
Exercice 2.16. — Résoudre dans R l’inéquation ex − ex < 0.
4. EXERCICES. 27
Exercice 2.19. — Dans cette exercice on va montrer que pour tout y dans [−1, 1],
p
cos(arcsin(y)) = sin(arccos(y)) = 1 − y 2 .
1. Montrer que pour tout y dans [−1, 1], arcsin(y) + arccos(y) = π2 . On pourra penser à dériver.
2. Montrer que pour tout y dans [−1, 1], cos(arcsin(y)) = sin(arccos(y)).
3. Montrer que pour tout y dans [−1, 1], sin(arccos(y)) cos(arcsin(y)) = 1 − y 2 .
4. Conclure.
Exercice 2.20 (∗). —
1
1. Montrer que pour tout x réel, cos(arctan(x)) = √1+x 2
.
x
2. Montrer que pour tout x réel, sin(arctan(x)) = 1+x2 .
√
CHAPITRE 3
ÉTUDE DE FONCTIONS
Dans cette partie nous rappelons quelques faits généraux pour étudier une fonction.
1. Un peu de vocabulaire
On rappelle que le domaine de définition d’une fonction f est l’ensemble des points x où f (x) existe.
Par exemple, la fonction raciné carré à pour domaine de définition R+ .
√
Exercice 3.1. — Donner le domaine de définition de la fonction x 7→ 1 − x2 .
1
Exercice 3.2. — Déterminer le domaine de définition de x 7→ √ .
sin(x)
Soient f et g deux fonctions. On définit f ◦ g comme la fonction x 7→ f (g(x)) en les points où cette
formule fait sens.
√ √
Attention au domaine de définition ! — Si f (x) = x et g(x) = 1 − x3 , (f ◦ g)(x) = 1 − x3 donc f ◦ g
√
est définie sur ] − ∞, 1] (ensemble des réels où la fonction x 7→ 1 − x3 est positive) mais (g ◦ f )(x) = 1 − ( x)3
donc g ◦ f est définie sur R+ .
√
Exercice 3.3. — Soit f (x) = x et g(x) = sin(x). Calculer et donner le domaine de définition de f ◦ g et
de g ◦ f .
2. Limites
2.1. Quelles limites ? — Vous avez vu au lycée les notions suivantes :
1. f (x) tend vers une limite finie l lorsque x tend vers a : lim f (x) = l ;
x→a
2. f (x) tend vers +∞ lorsque x tend vers a : lim f (x) = +∞ ;
x→a
3. f (x) tend vers −∞ lorsque x tend vers a : lim f (x) = −∞ ;
x→a
4. f (x) tend vers une limite finie l lorsque x tend vers +∞ : lim f (x) = l ;
x→+∞
5. f (x) tend vers une limite finie l lorsque x tend vers −∞ : lim f (x) = l ;
x→−∞
6. f (x) tend vers +∞ lorsque x tend vers +∞ : lim f (x) = +∞ ;
x→+∞
7. f (x) tend vers +∞ lorsque x tend vers −∞ : lim f (x) = +∞ ;
x→−∞
2. LIMITES 29
2.2. Quelques propriétés. — Nous rappelons ici quelques règles sur les limites. Vous montrerez ces ré-
sultats durant le semestre.
2
Exemple 3.3. — lim 1 − 2 = −∞ comme somme de limites.
x→0 x
(i) Soient f une fonction continue en l et g ayant pour limite l en a. On suppose que f ◦ g fait sens
autour de a. Alors f ◦ g a pour limite f (l) en a ;
(ii) Soient f ayant pour limite +∞ en +∞ et g ayant pour limite +∞ en a. On suppose que f ◦ g
fait sens autour de a. Alors f ◦ g a pour limite +∞ en a ;
(iii) Soient f ayant pour limite l en +∞ et g ayant pour limite +∞ en a. On suppose que f ◦ g fait
sens autour de a. Alors f ◦ g a pour limite l en a.
Exemple 3.5. — lim cos(π + x2 ) = −1 par composition de limites et car cos est continue en π.
x→0
1 1
= +∞ et lim ey = +∞ y = 1
Exemple 3.6. — lim e x2 = +∞ par composition de limites car lim x2 .
x→0 x→0 x2 y→+∞
1 1
Exemple 3.7. — lim e− x2 = 0 par composition de limites car lim − = −∞ et lim ey = 0 y = − x12 .
x→0 x→0 x 2 y→−∞
Exemple 3.8. — lim |x|π = lim eπ ln(|x|) = 0 par composition de limites car lim π ln(|x|) = −∞ et
x→0 x→0 x→0
lim ey = 0 (y = π ln(|x|)).
y→−∞
• On dit que f a une limite à gauche en x0 si f (x) s’approche d’un réel, de +∞ ou de −∞ lorsque
x approche x0 tout en restant strictement plus petit que x0 . On note limx→x0 − f (x).
• On dit que f a une limite à droite en x0 si f (x) s’approche d’un réel, de +∞ ou de −∞ lorsque
x approche x0 tout en restant strictement plus grand que x0 . On note limx→x0 + f (x).
1 1 1
Exemple 3.10. — On a lim = +∞ et lim = −∞. Cependant, la fonction x 7→ x n’a pas de limite
x→0+ x x→0− x
en 0.
2. LIMITES 30
(
1 si x > 0,
Exemple 3.11. — On définit la fonction h(x) = . On a alors
0 si x ≤ 0.
Cette limite est différente de h(0) car la fonction h n’est pas continue en 0. Attention donc quand la fonction
n’est pas continue ! On a aussi
lim h((x − 1)3 ) = 0.
x→1−
Soient f ayant pour limite k lorsque x en +∞ et g ayant pour limite l en +∞. Soit a un réel.
(i) La somme f + g a pour limite k + l en +∞ ;
(ii) Le produit f g a pour limite kl en +∞ ;
(iii) La fonction af a pour limite ak en +∞.
1
Exemple 3.14. — lim 2 − + e−x = 2 comme somme de limites.
x→+∞ x
Soient f une fonction continue en l et g ayant pour limite l en +∞. On suppose que (f ◦ g)(x) fait
sens pour x grand. Alors f ◦ g a pour limite f (l) en +∞.
1 1 1
Exemple 3.16. — lim + cos = lim + lim cos (y) = 1 par somme et composition de
x→+∞ x x+1 x→+∞ x y→0
1
limites y = x+1 car cos est continue en 0.
(
1 si x > 0,
Exemple 3.17. — On reprend la fonction h(x) = . Alors
0 si x ≤ 0.
1
lim h = 1.
x→+∞ x
Cette limite est différente de h(0) car la fonction h n’est pas continue en 0.
sin(x)
Exemple 3.18. — En reprenant la fonction h, la fonction x 7→ h x n’a pas de limite en +∞.
2. LIMITES 31
Proposition 3.19 – Limites infinies en +∞ d’une somme, d’un produit, d’une composée.
2 2
−1 −1
Exemple 3.20. — lim xex = −∞ et lim xex = +∞.
x→−∞ x→+∞
Soient f ayant pour limite l en +∞ et g ayant pour limite +∞ en +∞. On suppose que (f ◦ g)(x)
fait sens pour x grand. Alors f ◦ g a pour limite l en +∞.
ex + 1 y+1
Exemple 3.24. — lim = lim = 1 car lim ex = +∞ (y = ex ).
x→+∞ ex − 1 y→+∞ y − 1 x→+∞
2 + x2 2+y
= 1 car lim x2 = +∞ y = x2 .
Exemple 3.25. — lim = lim
x→−∞ x2 − 3 y→+∞ y − 3 x→−∞
2
lim e1−x = 0 car lim (1 − x2 ) = −∞ et lim ey = 0 y = 1 − x2 .
Exemple 3.26. —
x→±∞ x→±∞ y→−∞
2.3. Formes indéterminées. — Dans certains cas, la connaissance de la limite de chaque sous terme
d’une expression ne permet pas de déduire la limite de cette dernière. On parle de formes indéterminées.
Les situations où l’on a une indétermination sont les suivantes :
0 ∞
« (∞) − (∞) », « 0 × ∞ », « », « », « 1∞ ».
0 ∞
Nous verrons dans la suite et dans les exercices comment on peut lever l’indétermination.
2. LIMITES 32
2.4. Croissances comparées. — Pour l’étude des limites, il arrive que les formes indéterminées puissent
être levées en utilisant les croissances comparées. C’est un résultat important permettant de comparer
puissances, logarithmes et exponentielles.
ex x
Exemple 3.28. — lim = +∞, lim ex x10000 = 0 et lim e 1000 ln(x)10000 = 0.
x→+∞ x10000 x→−∞ x→−∞
√
x
Exemple 3.30. — lim = +∞.
x→+∞ (ln(x))100
√
Exemple 3.32. — lim x(ln(x))100 = 0.
x→0
Exercice 3.4 (Quelques limites vers l’infini, I). — Calculer la limite des fonctions suivantes lorsque x
tend vers +∞ et vers −∞
x 1 x3 +1 e2x +1
(a) ex , ex ,
(b) √ (c) 2
√ −1
x , (d) e3x√−1
x+1 x2 +1 x2 +1
(e) x1000 − ex , (f) x−1 , (g) x+1 , (h) ln(x1000 +1) .
Exercice 3.5 (Quelques limites vers l’infini, II). — Calculer la limite des fonctions suivantes lorsque
x tend vers +∞
1 √ √
(a) ln(x)
x , (b) x1x , (c) x x , (d) x + 1 − x − 1
√
ln(x)+x−e−x ln(x)+xe−x −ex x−3−2 1
(e) e−x +1 , (f) ex +1 , (g) x+3 , (h) ecos(sin( x )) .
3. DÉRIVABILITÉ 33
Exercice 3.6 (Quelques limites en zéro.) — Calculer la limite des fonctions suivantes lorsque x tend
vers 0
ex
1
(ln(|x|))99
(a) |x| , (b) |x|x , (c) |x||x| (d) |x| |x| , (e) √ .
|x|
Exercice 3.7 (Quelques limites à gauche et à droite.) — Calculer la limite des fonctions suivantes
lorsque x tend vers 1+ et vers 1−
2
(a) (x − 1)x−1 , (b) x3 −3x21+3x−1 , (c) sin(x)
x−1 (d) −(x+1)
(x−1)2
+3x+1
, (e) exp sin(5(x−1))
(x−1)2 .
3. Dérivabilité
3.1. Formules de dérivation usuelles. — Nous rappelons ici quelques règles sur la dérivation. Vous
montrez ces résultats durant l’année.
Remarque pratique. — Pour dériver un quotient « compliqué », il est parfois pénible d’utiliser directement
(iv) et il peut être avantageux de revenir à (ii) et (iii)
sin(x)
Exemple 3.34. — Calculer la dérivée de la fonction f (x) = cos(x)+2 . Comme pour tout réel x, cos(x)+2 > 0,
la fonction est définie sur R et elle est dérivable comme produit de fonctions dérivables. Calculons sa dérivée.
On a
cos(x)(cos(x) + 2) − sin(x)(− sin(x)) cos2 (x) + sin2 (x) + 2 cos(x) 1 + 2 cos(x)
f 0 (x) = 2
= 2
= .
(cos(x) + 2) (cos(x) + 2) (cos(x) + 2)2
xex
Exercice 3.9. — Calculer la dérivée de la fonction x 7→ x+1 pour x > 0.
Si f et g sont des fonctions dérivables et que f ◦g fait sens, alors f ◦g est dérivable de dérivée g 0 ·f 0 ◦g.
4. RENSEIGNEMENTS SUR UNE FONCTION PAR L’ÉTUDE DE SES VARIATIONS 34
Exemple 3.36. — Calculer la dérivée de la fonction x 7→ ln(x2 + 1). On pose f (x) = ln(x) et g(x) = x2 + 1.
La fonction f ◦ g est définie et dérivable sur R. On a f 0 (x) = x1 et g 0 (x) = 2x. On a donc
1
(f ◦ g)0 (x) = 2x .
x2 + 1
√
Exemple 3.37. — Calculer la dérivée de la fonction x 7→ ex . On pose f (x) = exp(x) et g(x) = x2 .
√
On remarque que pour tout réel x, f ◦ g(x) = ex . La fonction f ◦ g est définie et dérivable sur R. On a
f 0 (x) = exp(x) et g 0 (x) = 12 . On a donc
1 x 1√ x
(f ◦ g)0 (x) = e 2 = e .
2 2
3.2. Exercices sur la dérivabilité. —
• Dans le cas où il existe des limites finies aux bords du domaine de définition et où la fonction est
dérivable, compléter l’étude du comportement aux bords par une étude des limites de la dérivée aux
bords du domaine.
• Dessiner le graphe de la fonction en utilisant les étapes précédentes et en considérant quelques points
caractéristiques. Y ajouter quelques asymptotes et tangentes lorsque c’est pertinent.
q
x+1
Exemple 3.38. — Étudier la fonction f (x) = x−1 .
On détermine d’abord le domaine de définition. Ici, à cause de la racine carrée, il faut et il suffit que
x+1 x+1
x−1 ≥ 0 pour que f soit définie. Or x−1 ≥ 0 si et seulement si x ≤ 1 ou x > 1. Le domaine de définition de
x+1
f est donc D =] − ∞, −1]∩]1, +∞[ (1 est exclu car la fonction x 7→ x−1 n’est pas définie en x = 1).
La fonction f n’a pas de parité particulière et elle est continue sur D comme produit, somme et composée
de fonctions et car la fonction x 7→ x − 1 ne s’annule pas sur D. Elle est aussi dérivable sur l’ensemble
D0 =] − ∞, −1[∩]1, +∞[ (on exclut ici −1 car la fonction racine carrée n’est pas dérivable en 0 et donc on ne
peut pas appliquer le théorème de composition de fonctions dérivables lorsque x = −1). Calculons la dérivée
x+1
de f . Posons g(x) = x−1 . On remarque que
x−1+2 2
g(x) = =1+ .
x−1 x−1
Cela nous simplifiera la tache pour calculer la dérivée de f . On a donc pour tout x ∈ D0 ,
r r
1 2 1 x−1 1 x−1
f 0 (x) = g 0 (x) p =− = − .
2 g(x) (x − 1)2 2 x + 1 (x − 1)2 x + 1
On voit que pour tout x ∈ D0 , f 0 (x) < 0. La fonction est donc décroissante sur D0 .
Calculons maintenant les limites aux bords de D. En utilisant les théorèmes de composition et de produit
de limites (la fonction racine carrée est continue en 1), il vient
et
lim f (x) = +∞ , lim f (x) = 0.
x→1 x→−1
x −∞ −1 x 1 +∞
f 0 (x) − f 0 (x) −
1 +∞
f (x) f (x)
0 1
Exercice 3.16 (Quelques études de signe). — Dans chacun des cas ci-dessous, donner l’ensemble des
réels x pour lesquels l’expression a un sens ; déterminer le signe de l’expression selon la valeur de x.
√ √
• px − 1 − p 2x − 3 ;
• |x − 1| − |2x − 3| ;
√ √
• (x2 − 3)(2 − x)( x2 − 2x + 1 − 4) ;
• ln(x + 3) + ln(x + 2) − ln(x + 11).
Exercice 3.17. — Montrer que le graphe de la fonction x 7→ x2 + 2x + 3 est symétrique par rapport à la
droite d’équation x = −1.
Exercice 3.18. — Montrer que le graphe de la fonction x 7→ x3 − 3x2 + 3x − 6 est symétrique par rapport
au point (1, −5).
1
Exercice 3.19. — Déterminer l’ensemble D des réels x pour lesquels l’expression e ln x a un sens, puis
étudier la fonction
f : D → R
1
x 7→ e ln x .
1 1
Exercice 3.22. — Étudier la fonction x 7→ x x . En déduire la plus grande valeur de n n pour n ∈ N.
4. RENSEIGNEMENTS SUR UNE FONCTION PAR L’ÉTUDE DE SES VARIATIONS 37
f1 : R→R f5 : R→R
f3 : R→R
1 2 x−1
x 7→ x 7→ sin (x) x 7→ arctan
1 + e−x x+1
L’objectif de ce chapitre est de rappeler quelques points sur l’intégrale. Vous définirez cet objet plus
précisément cette année.
Soit f une fonction continue et positive définie sur un intervalle [a, b]. On appelle intégrale de a à b
de f l’aire délimitée par l’axe des abscisses, les droites x = a et x = b et la courbe y = f (x). On note
Z b
cette aire f (x)dx.
a
27
Par exemple l’intégrale entre −1 et 2 de la fonction f (x) = x3 − 2x2 + 3 vaut 4 comme le montre le tracé
qui suit
Z b
Remarque 4.2. — La variable x dans l’expression f (x)dx est muette. On peut utiliser d’autres lettres
a
comme variable Z b Z b Z b
f (x)dx = f (y)dy = f (z)dz.
a a a
On peut définir l’intégrale d’une fonction continue non nécessairement positive en séparant « la partie posi-
tive » et « la partie négative ». Vous verrez cela plus tard dans l’année. On introduit maintenant la notion
de primitive.
1. QUELQUES DÉFINITIONS ET PROPRIÉTÉS 39
Attention. — On parle d’une primitive et non de la primitive. Par exemple les fonctions F1 (x) = x2 et
F2 (x) = x2 + 1 sont des primitives de la fonction f (x) = 2x. Une fonction ayant une primitive possède en
fait une infinité de primitives et elles diffèrent toutes d’une constante.
On donne maintenant le théorème fondamental de l’analyse que vous démontrerez plus tard dans l’année.
Soit fZ une fonction continue sur un intervalle [a, b]. On définit sur l’intervalle [a, b] la fonction
x
F (x) = f (y)dy. Alors la fonction F est une primitive de la fonction f : pour tout réel x ∈ [a, b],
a
F 0 (x) = f (x).
Z x
Remarque 4.5. — F (x) = f (y)dy est l’unique primitive de f qui s’annule en a.
a
Soit f une fonction continue sur un intervalle [a, b] et F une primitive de f . On a alors
Z b
f (x)dx = [F (x)]ba = F (b) − F (a).
a
R1
Exemple 4.7. — Calculer 0
2xdx. Comme la fonction x 7→ x2 est une primitive de la fonction x 7→ 2x, il
vient Z 1
2xdx = [x2 ]10 = 1 − 0 = 1.
0
2
Remarque 4.8. — La fonction x 7→ x + 1 est aussi une primitive de la fonction x 7→ 2x, on a donc
Z 1
2xdx = [x2 + 1]10 = (1 + 1) − (0 + 1) = 1
0
qui est le même résultat que dans l’exemple précédent. On voit donc que dans le calcul d’une intégrale le
choix d’une primitive importe peu puisqu’on obtient toujours le même résultat.
On peut découper une intégrale en deux.
Soit f une fonction continue sur un intervalle [a, b] et c ∈ [a, b]. On a alors
Z b Z c Z b
f (x)dx = f (x)dx + f (x)dx.
a a c
2. PRIMITIVES USUELLES 40
R2 R1 R2
Exemple 4.10. — On a 0
2xdx = [x2 ]20 = 4 et 0
2xdx + 1
2xdx = [x2 ]10 + [x2 ]21 = 1 + (4 − 1) = 4.
R1 R1 R1
Exemple 4.12. — On a 0
2x − 3dx = 0
2xdx − 3 0
dx = [x2 ]10 − 3[1]10 = 1 − 3 = −2.
2. Primitives usuelles
Nous rappelons ici quelques primitives usuelles. Sur chaque ligne, F (x) est une primitive de la fonction f
sur l’intervalle I. Ces primitives sont uniques à une constante près notée C.
Nous donnons maintenant quelques relations qui découlent des formules de dérivations. Les primitives
sont données à une constante près notée C. Dans la suite on considère f et g des fonctions dérivables sur un
intervalle I.
3. RECONNAÎTRE LA DÉRIVÉE D’UNE FONCTION COMPOSÉE 41
fonction primitive
f 0 + g0 f +g+C
af 0 (a constante) af + C
f 0 f n (n ∈ N) 1
n+1 f
n+1
+C
f0
f (f strictement positive sur I) ln(f ) + C
f0
f (f strictement négative sur I) ln(−f ) + C
g0 · f 0 ◦ g f ◦g+C
Z 1
2x
Exemple 4.14. — Calculer dx. On reconnait ici la dérivée de la fonction x 7→ ln(1 + x2 ). On a
0 1 + x2
donc Z 1
2x 1
dx = ln(1 + x2 ) 0 = ln(1 + 1) − ln(1 + 0) = ln(2).
2
0 1+x
Z 1
x−3
Exemple 4.15. — Calculer dx. On va coupler les deux exemples précédents. En utilisant la
0 1 + x2
linéarité on a
x−3 1 2x 1
= −3 .
1 + x2 2 1 + x2 1 + x2
Il s’en suit donc
Z 1
1 1 2x
Z 1
x−3
Z
1 1 1 1 ln(2) 3
2
dx = 2
dx − 3 2
dx = ln(1 + x2 ) 0 − 3 [arctan(x)]0 = − π.
0 1+x 2 0 1+x 0 1+x 2 2 4
Z 1
2x −1
Exemple 4.16. — Calculer dx. On reconnait ici la dérivée de la fonction x 7→ 1+x2 . On a
0 (1 + x2 )2
donc 1
Z 1
2x 1 1 1
dx = − = −( − 1) = .
0 (1 + x2 )2 1 + x2 0 2 2
Z 1
2 1
Exemple 4.17. — Calculer √ dx. On reconnait ici la dérivée de la fonction x 7→ arcsin(x). On a
0 1 − x2
donc Z 1
2 1 1 1 π
√ dx = [arcsin(x)]02 = arcsin( ) − arcsin(0) = .
0 1 − x2 2 6
5. TRANSLATION 42
1
√
Z
x
2
Exemple 4.18. — Calculer √dx. On reconnait ici la dérivée de la fonction x 7→ − 1 − x2 . On
0 1 − x2
a donc
1
! √
√
Z i 12 r
2 1 hp 1 3
√ dx = − 1 − x2 = − 1− − 1 =1− .
0 1 − x2 0 4 2
Soient f et g deux fonctions dérivables sur [a, b] telles que f 0 et g 0 sont continues sur [a, b]. Alors
Z b Z b
f 0 (x)g(x)dx = [f (x)g(x)]ba − f (x)g 0 (x)dx.
a a
Z 1
Exemple 4.20. — Calculer xex dx.
0
On choisit f (x) = ex et g(x) = x de sorte que f 0 (x) = ex et g 0 (x) = 1. Il s’en suit en intégrant par parties
Z 1 Z 1
x x 1
e xdx = [xe ]0 − ex dx = e1 − 0 − [ex ]10 = e1 − (e1 − e0 ) = e0 = 1.
0 0
On choisit maintenant f (y) = e et g(y) = cos(y) de sorte que f (y) = e et g 0 (y) = − sin(y). Il s’en suit en
y 0 y
et on a donc
Z x Z x
y x 0
e sin(y)dy = e (sin(x) − cos(x)) + e cos(0) − ey sin(y)dy.
0 0
Il s’en suit
x
ex (sin(x) − cos(x)) + 1
Z
ey sin(y)dy = .
0 2
5. Translation
Nous donnons ici un moyen de translater le calcul d’une intégrale. Cette formule sera généralisée plus tard
dans l’année par le changement de variable dans une intégrale.
6. EXERCICES 43
Moralité. — On change dans l’intégrale de départ x par y + α et on change les bornes : comme x varie
entre a et b, y varie entre a − α et b − α.
Z 1
Exemple 4.23. — Calculer 3(x − 1)2 dx. On pose y = x − 1. Si x varie entre 0 et 1 alors y varie entre
0
−1 et 0. On a donc Z 1 Z 0
3(x − 1)2 dx = 3y 2 dy = [y 3 ]0−1 = 1.
0 −1
x
Exemple 4.24. — Calculer la primitive qui est nulle en 0 de la fonction x 7→ (1+x) 2 . On doit calculer
Z x
y
2
dy. On pose ici z = y + 1. Si y varie entre 0 et x alors z varie entre 1 et 1 + x. On a donc
0 (1 + y)
Z x Z x+1 Z x+1 x+1
y z−1 1 1 x+1 1 1
2
dy = 2
dz = − 2 dz = [ln(z)]1 + = ln(x + 1) + − 1.
0 (1 + y) 1 z 1 z z z 1 x+1
6. Exercices
x
si 0 ≤ x ≤ 1,
Exercice 4.1 (Une intégrale sur un intervalle). — On définit la fonction h(x) = 1 si 1 ≤ x ≤ 2,
(x − 1)2
si 2 ≤ x ≤ 3.
Z 3
Calculer f (x)dx.
0
Exercice 4.4 (Intégration par parties (∗)). — Calculer une primitive de la fonction x 7→ arcsin(x).
6. EXERCICES 44
Exercice 4.6 (Primitives en vrac). — Calculer une primitive nulle en 0 des fonctions suivantes (on
précisera l’ensemble de définition des fonctions)
ex
(a) x 7→ x
x−1 , (b) x 7→ cos(x) sin3 (x), (c) x 7→ ex +1 , (d) x 7→ 1
(x+3)2 ,
x x 1
(e) x 7→ (x−3)3 , (f) x 7→ sin(x) cos(cos(x)), (g) x 7→ 3 , (h) x →
7 √
2 x+1(x+2)
.
(x2 +1) 2
n
X
Exercice 4.7 (Une somme à calculer (∗)). — Calculer f (x) = kxk pour x réel et n entier naturel.
k=0
On pourra penser à intégrer entre 0 et x.