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Notre travail consiste à traiter cette question à partir des données et des
propositions du « synode » convoqué par l’Église sur la « Parole de Dieu » (24-8-
2008).
Tout en insistant sur l’originalité de la Bible comme source de toute morale et
de tout agir humain, le texte intégral du synode sur la Parole de Dieu reflète
implicitement des rapports entre la Parole et la Morale que nous avons pu les
dégager comme suite :
L'expression Parole de Dieu se réfère avant tout à la Parole de Dieu en tant que
Personne qui est le Fils Unique de Dieu. Cette Parole divine déjà présente dans la
création de l'univers et de manière particulière de l'homme, se révèle au cours de
l'histoire du salut. L’Église garde cette Parole et la conserve dans sa Tradition
vivante (cf. DV 10) et l'offre à l'humanité comme la Règle suprême de la foi (cf.
DV 21) (proposition, 2-3).
Rapport entre Parole de Dieu et Morale selon le synode sur la Parole de Dieu
1. Écoute, observance
Chaque famille devra garder les valeurs bibliques et morales avec soin. Elle
devra proposer des formes et des modèles d'éducation orante, catéchétique et
didactique sur l'usage des Écritures, afin que les «jeunes hommes, et jeunes filles,
les vieillards avec les enfants!» (Ps 148, 12) écoutent, comprennent, louent et
vivent la Parole de Dieu. De même, cela doit être appliqué à la Morale. Les
nouvelles générations, les enfants et les jeunes, devront être destinataires d'une
pédagogie juste et spécifique qui les conduise à expérimenter la fascination de la
figure du Christ (synode, 12) et la grandeur de la dignité humaine à laquelle sont
liées d’autres dimensions; écologique, cosmique, etc.
Jésus, dans la parabole du semeur, nous rappelle qu'il y a des terrains arides,
rocheux, étouffés par les épines (cf. Mt 13, 3-7). Celui qui s'aventure sur les routes
du monde découvre également les foyers de souffrances et de pauvretés,
d'humiliations et d'oppressions, d'exclusions et de misères, de maladies physiques,
psychiques et de solitudes (synode, 13). Tout cela invite à une bonne écoute et une
observance des « normes » spirituelles, humaines, morales, communautaires, etc.
face aux guerres, aux violences, à la corruption, à l'injustice, etc.
6. Inculturation et inter-échange
Selon le synode, la Parole de Dieu dans la Bible était prise dans bien des
situations pour des paraboles existentielles, et tant des personnes ont traité et se
sont interrogés sur le mystère de l'esprit, de l'infini, du mal, du bien, de l'amour, de
la mort, de la vie, etc. qui animaient les pages bibliques. Même les penseurs, les
hommes de sciences et la société elle-même avaient fréquemment comme
référence, même par opposition, les conceptions spirituelles et éthiques (que l'on
pense par exemple au Décalogue) de la Parole de Dieu. C'est pourquoi la Bible est
nécessaire, non seulement au croyant mais à tous, afin de redécouvrir les
significations authentiques des différentes expressions culturelles et surtout pour
retrouver notre propre identité historique, civile, humaine et spirituelle. D’où
l’exigence d’une inculturation du message biblique dans de nouveaux contextes
culturels (morale); faire pénétrer la Parole de Dieu dans la pluralité des cultures et
l'exprimer selon leurs langages, leurs conceptions, leurs symboles et leurs
traditions religieuses, tout en conservant la véritable substance du contenu,
surveillant et contrôlant les risques de dégénération, faisant briller les valeurs que
la Parole de Dieu offre aux autres cultures afin qu'elles en soient purifiées et
fécondées. Comme l'avait déclaré Jean-Paul II : «l'inculturation sera réellement un
reflet de l'incarnation du Verbe quand une culture transformée et régénérée par
l'Évangile, produit dans sa propre tradition des expressions originales de vie, de
célébration et de réflexion chrétiennes» (synode, 15). Ainsi, Parole de Dieu et
Morale constituent une table de partage, un festin de rencontre, d’acceptation, de
réconciliation, de dialogue, d’union, etc. (synode, 10). Cette réconciliation
débouche sur un autre rapport entre Parole et Morale, celui de la communion
fraternelle.
La Parole de Dieu et la Morale
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2) La Lectio divina
C’est une lecture priante dans l'Esprit Saint, capable d'ouvrir au fidèle le trésor
de la Parole de Dieu, et par là de créer la rencontre avec le Christ, Parole divine
vivante en vue de l’imiter. Cette Lectio divina s'ouvre par la lecture (lectio) du
texte qui provoque une question portant sur la connaissance authentique de son
contenu réel: que dit le texte biblique en soi? S'en suit la méditation (meditatio)
qui pose la question suivante: que nous dit le texte biblique? L'on arrive ainsi à
la prière (oratio) qui suppose cette autre demande: que disons-nous au Seigneur
en réponse à sa parole? Et on termine par la contemplation (contemplatio), au
cours de laquelle nous assumons comme un don de Dieu son propre regard de
jugement qu'il porte sur la réalité, et nous nous demandons: quelle conversion de
l'esprit, du cœur et de la vie le Seigneur nous demande-t-il? Cela traduit donc
le fait de s’assoir, à la manière de Marie sœur de Marthe, aux pieds du Seigneur, à
l'écoute de sa parole, empêchant que les agitations extérieures n'absorbent
totalement notre âme, jusqu'à occuper l'espace libre pour «la meilleure part» qui
ne doit pas nous être enlevée (cf. Lc 10, 38-42) (synode, 9).
6) Lecture patristique
Pour l'interprétation du texte biblique, les pères du synode affirment dans la
proposition (no 6) qu’on ne doit pas négliger la lecture patristique de l'Écriture, qui
distingue deux sens : le sens littéral et le sens spirituel. Le sens littéral est celui qui
est signifié par la parole de l'Écriture et trouvé grâce à des instruments
scientifiques de l'exégèse critique. Le sens spirituel concerne aussi la réalité des
évènements dont parle l'Écriture, en tenant compte de la Tradition vivante de toute
l'Église et de l'analogie de la foi, qui comporte la connexion intrinsèque de la
vérité de la foi entre elles (tradition et Écriture) et dans la totalité du dessein de la
Révélation divine.