Essais d’identification des sols et des matériaux rocheux considérés dans la classification
N.F.P. 11300 et le G.T.R. 92
Pour évaluer les possibilités d’utilisation d’un sol ou d’un matériau rocheux en remblai ou
en couche de forme, il faut d’abord l’identifier et le classer à partir de paramètres reconnus
comme étant significatifs des problèmes posés par son emploi dans ces ouvrages.
C’est dans cet objectif
qu’à été établi la classification
normalisée : NF P 11-300, sur
laquelle repose le guide
technique « Réalisation des
remblais et des couches de
formes » publié en 1992
(Fascicule I et II), en abrégé le
GTR 92.
Dès lors que la classe du
matériau considéré est
connue, on peut trouver dans
les tableaux du GTR les
conditions d’utilisation en
remblai ou en couche de forme à cette classe.
Couverture du GTR :
Norme française NF P 11-300
Septembre 1992
Exécution des terrassements
Classification des matériaux utilisables dans la construction des remblais et des couches
de forme d’infrastructures routières.
1
La classification des sols et des matériaux rocheux définie dans ces documents repose sur
trois catégories de caractéristiques :
CARACTERISTIQUE :
De NATURE
D’ETAT
De COMPORTEMENT.
Tout d’abord les CARACTERISTIQUES dites « de NATURE » :
Elles peuvent être considérées comme n’étant pas modifiées par les sollicitations que subit
le matériau au cours de sa mise en œuvre ou du fait du nouvel environnement hydrique qu’il
va connaître dans l’ouvrage.
La connaissance de ces caractéristiques est indispensable. Mais généralement insuffisante
pour prévoir complètement le comportement d’un matériau dans un remblai ou une couche de
forme.
Les caractéristiques de nature considérées dans la classification NF P 11300 sont :
La nature pétrographique d’un matériau rocheux.
La granularité d’une grave alluvionnaire.
L’argilosité d’un sol fin.
Nota : Pour identifier et classer un sol ou un matériau rocheux dans la classification NF P
11-300 il faut dans tous les cas connaître sa nature. S’il est sensible à l’eau il faut en plus
déterminer son état hydrique. Enfin pour certains matériaux rocheux ou granulaires il faut
encore définir leur comportement.
La seconde catégorie est celle des CARACTERISTIQUES dites « d’ÉTAT ».
Elles concernent des caractéristiques qui à l’inverse des précédentes, varient en fonction
des sollicitations mécaniques et hydriques supportées par le matériau ; ces variations induises
alors des modifications sensibles de son comportement.
La caractéristique d’état la plus souvent concernée est l’état hydrique des sols sensibles à
l’eau.
Une seconde caractéristique d’état que l’on doit également considérer est l’état de
compacité en place du matériau avant son extraction.
Elle s’avère pertinente pour expliquer le comportement de certains matériaux rocheux, tels
que les craies ou les calcaires tendres.
La troisième catégorie enfin, rassemble les CARACTERISTIQUES dites « de
COMPORTEMENT ».
On y a recours pour certains matériaux lorsque la connaissance de leurs caractéristiques de
nature et d’état n’est pas encore suffisante pour prévoir leur comportement à la mise en œuvre
et dans l’ouvrage en service.
C’est le cas pour appréhender le caractère évolutif des matériaux rocheux que l’on
envisage d’utiliser en remblai.
C’est aussi le cas pour évaluer la tenue sous trafic lourd des matériaux rocheux
granulaires utilisés sans traitement dans les couches de forme.
2
La détermination de l’ensemble de ces caractéristiques est réalisée à partir des différents
essais d’identification géotechnique qui vont être brièvement décrits à présent.
GRANULARITE
NATURE DU SOL
ARGILOSITE
ANALYSE GRANULOMETRIQUE
Pour identifier son argilosité on a recours soit à l’Indice de Plasticité lorsque le sol est
moyennement à très argileux, soit à la valeur au bleu de méthylène s’il est peu ou pas
argileux.
L’ANALYSE GRANULOMETRIQUE
La fraction inférieure à 80 microns également appelée fraction fine est recueillie pour en
déterminer sa proportion pondérale.
3
On peut éventuellement en effectuer l’analyse granulométrique par une méthode
sédimentométrique, mais les résultats de cette analyse ne sont pas exigés pour classer un
matériau dans la classification NF P 11300.
Les refus aux différents tamis sont séchés puis pesés et on calcule leurs proportions
pondérales cumulées. On peut alors procéder à l’établissement et au tracé de la courbe
granulométrique. Cette courbe est représentée dans un repère semi-logarithmique.
Les différents pourcentages sont portés sur l’échelle linéaire des ordonnées et les
dimensions des grains sur l’échelle logarithmique des abscisses.
Un point particulier de cette courbe, par exemple celui situé sur l’horizontale 50% auquel
correspond le diamètre de 12mm, exprime que 50% du matériau est constitué de grains dont
le diamètre est inférieur à cette dimension. Il est appelé diamètre moyen ou D50 du sol. De la
même façon le D10 du sol est la dimension de la maille du tamis laissant passer 10% de la
masse de l’échantillon soit ici 200 microns.
50%
10%
D10=200µm D50=12mm
4
L’examen de la courbe granulométrique d’un sol renseigne déjà beaucoup sur son
comportement.
Ainsi ce premier exemple de courbe dite « courbe granulométrique étalée » ou « bien
graduée » caractérise un sol comportant une très faible fraction fine, de l’ordre de 4%, et une
fraction granulaire comportant de manière bien réparties toutes les dimensions comprises
entre 0 et 50mm. Un tel sol une fois compacté présentera une densité sèche élevée ainsi
qu’une grande résistance au cisaillement qui lui permettra de supporter des trafics lourds
même sous la pluie. Ces matériaux sont traditionnellement considérés comme les meilleurs
pour la construction des remblais et des couches de forme.
Nota : La courbe granulométrique est un élément puissant d’évaluation du comportement
d’un sol pour qui sait l’interpréter.
Si on considère le sol dont la courbe
granulométrique apparaît à présent et qui ne diffère du
précédent que par l’importance de sa fraction inférieur
à 80 microns qui passe de 4 à 8%, on pourrait penser
que ces deux sols ont des comportements similaires. En
réalité il n’en est rien car s’il est acquis que ce second
sol présentera également une fois compacté une densité
8%
sèche élevée, voire supérieure au premier, en revanche
son aptitude à supporter une circulation pourra varier
d’exceptionnelle à quasi nulle suivant l’importance,
l’humidité et l’argilosité de la fraction fine qu’il 80µm
contient.
Ce premier exemple montre donc toute l’importance d’une connaissance précise de la
proportion d’éléments fins contenus dans le matériau.
Un second exemple de l’interprétation permise par l’analyse granulométrique est donné par
cette courbe dite « homomètrique » ou « uniforme » :
On constate à l’inverse des deux
courbes précédentes que 80% de la
masse du sol est formée de grains dont D90
les dimensions varient seulement de 0,1
à 0,3mm.
Ce sol est très facile à compacter à sa
densité maximum mais celle-ci restera
toujours faible car obtenue pour un
80%
indice des vides élevé. Il est difficile à
circuler et d’autant plus que son D50 est
D10
faible et que les grains sont peu
anguleux.
0,1mm 0,3mm
Si l’on envisage de le traiter avec un liant pour
améliorer ses caractéristiques mécaniques, des
dosages importants ou l’incorporation d’un
correcteur granulaire seront à prévoir pour atteindre
des performances significatives.
5
Le troisième exemple enfin est celui
d’une courbe dite « discontinue ». Elle
caractérise un matériau dans lequel il
manque une fraction granulaire
intermédiaire. Sur l’exemple présenté le sol
est essentiellement constitué de 55% 30%
d’éléments fins voire très fins et de 30% 50%
d’éléments grossiers qui nagent, si l’on peut 55% D<15mm
dire, dans la fraction fine. D<80µm
L’interprétation de cette courbe est claire,
il s’agit d’un matériau dont le comportement
est entièrement gouverné par celui de sa
fraction fine. Et c’est donc cette fraction fine
qu’il convient d’identifier notamment à partir de la mesure de son argilosité.
6
Comme déjà évoqué, la mesure de l’argilosité d’un sol est réalisée soit à partir de l’indice
de plasticité soit à partir de la valeur au Bleu de Méthylène.
L’indice de Plasticité est défini comme étant l’écart entre deux teneurs en eau particulières
du sol qui sont sa limite de liquidité et sa limite de plasticité. Ces deux teneurs en eau sont
également appelées les limites d’Atterberg du sol :
Limite de Limite de
plasticité liquidité
WP WL
W%
IP
IIN
NDDIIC
CEE D
DEE PPLLA
ASSTTIIC
CIITTEE ((IIPP))
LA LIMITE DE LIQUIDITE
La limite de liquidité est la teneur en eau à laquelle on peut considérer que la fraction
inférieure à 400 microns du sol, appelée mortier, s’écoule sous son propre poids par
insuffisance de résistance au cisaillement.
Tous les mortiers de sols, qu’ils soient argileux ou non, ont toujours une teneur en eau à
laquelle correspond un tel comportement mais celle-ci est d’autant élevée qu’ils contiennent
une proportion importante d’éléments fins et argileux.
Pour mesurer la limite de liquidité d’un sol, il faut d’abord isoler son mortier par tamisage
sous l’eau s’il renferme une fraction significative d’éléments supérieurs à 400 microns.
Ensuite on recherche la teneur en eau à laquelle il présente la très faible résistance au
cisaillement évoquée précédemment en utilisant l’une ou l’autre des deux méthodes
suivantes :
7
La première, dénommée méthode à la coupelle de
Casagrande, consiste à mettre en place le mortier dans une
coupelle, à tailler un mini talus à sa surface et à faire glisser ce
talus en imprimant de légères secousses à la coupelle jusqu’à
ce que le glissement se produise sur une dizaine de millimètres,
estimée visuellement.
On note alors le nombre de secousses qui a été nécessaire.
On répète l’opération pour au moins 4 teneurs en eau
différentes puis en interpolant entre ces valeurs on détermine la
limite de liquidité cherché qui par convention est la teneur en
eau pour laquelle, on obtient le glissement du talus sur une
longueur de 10 millimètres après avoir appliqué 25 secousses.
25
W%
WL
Limite de liquidité
8
H(mm)
17 mm
W%
WL
Limite de liquidité
Remarques : Lorsque leur teneur en eau est celle de leur limite de liquidité, tous les
mortiers de sols présentent une même résistance au cisaillement.
La valeur approximative de la résistance au cisaillement du sol à teneur en eau
correspondant à sa limite de liquidité est de l’ordre de 2kPa.
La méthode à la coupelle de Casagrande est entachée d’un facteur d’erreur non
négligeable du fait que la longueur de glissement du mini talus est laissée à l’appréciation
visuelle de l’opérateur.
La méthode au pénétromètre à cône doit être privilégiée dans la mesure du possible en
raison de sa plus grande précision.
LA LIMITE DE PLASTICITE
La limite de plasticité est la teneur en eau en deçà de laquelle le mortier du sol se rompt
lorsqu’on le soumet à une certaine contrainte de traction par flexion.
Seuls les mortiers des sols comportant une quantité suffisante de colloïdes argileux
présentent une limite de plasticité car ce sont uniquement ces colloïdes qui peuvent lui
conférer une résistance en traction.
Pour déterminer la limite de plasticité, on prélève un échantillon
du mortier ayant servi à la mesure de la Limite de liquidité, puis
par trituration on en forme un fuseau que l’on fait rouler sur une
plaque de marbre microporeuse et sèche.
Cette opération assèche lentement le fuseau de manière
homogène. A intervalles réguliers on le soulève de quelques
millimètres le sollicitant ainsi en traction par flexion.
9
Dès que sa fissuration apparaît, on procède à la mesure de la teneur en eau qui
conventionnellement correspond à la limite de plasticité cherché.
Connaissant la limite de Liquidité et la limite de Plasticité du sol, on peut alors calculer son
Indice de Plasticité.
Plus cet Indice est élevé, c'est-à-dire plus le sol reste déformable sans rupture dans un large
domaine de teneur en eau, plus ce sol est argileux et plus la sensibilité de ce paramètre pour
caractériser son argilosité est grande.
En revanche lorsque sa valeur est inférieure à 7%, ou lorsque la proportion de son mortier
descend en dessous de 80%, on peut considérer qu’il n’est plus représentatif de l’argilosité du
sol.
Celle-ci doit alors être évaluée par la Valeur au Bleu de Méthylène.
DOMAINE DU
SOL DONT L’IP EST
SIGNIFICATIF
80%
400µm
Remarques : Seuls les mortiers de sols argileux présentent une limite de plasticité. Elle
correspond à la teneur en eau à laquelle une faible déformation par traction est suffisante
pour provoquer leur rupture.
L’essai adopté empiriquement pour déterminer la limite de plasticité est grevé de sources
d’erreurs importantes liées à plusieurs facteurs d’appréciation de l’opérateur. Le fait
qu’aucune amélioration acceptable n’ait pu être proposée jusqu’à présent est dû à la
complexité qu’il y a en faire une analyse mécanique satisfaisante. Cette situation explique que
l’on doive considérer que la limite de plasticité n’est plus significative lorsqu’elle est
inférieure de moins de 5 à 7 points de la valeur de la limite de liquidité.
10
LA VALEUR AU BLEU DE METHYLENE
V .C
VBS = 100
m
Avec :
11
En général on effectue l’essai sur la fraction 0/5 mm du sol et on exprime la valeur au bleu
du sol considéré en pondérant la valeur trouvé sur cette fraction par la proportion qu’elle
représente dans ce sol :
(0 5 )
VBS (0 D ) = VBS (0 5 ).P
(0 D )
Avec :
V BS (0 D ) : Valeur au bleu du sol de granularité (0 D )
V BS (0 5 ) : Valeur au bleu de la fraction (0 5 )
P
(0 5 ) : Proportion de la fraction (0 5 ) dans le sol (0 D ) .
(0 D )
Remarques : La valeur au bleu de méthylène d’un sol est directement fonction de la
surface spécifique des éléments dont il est constitué. Cette dernière est toutefois avant tout
régie par granularité de la fraction fine présente dans le sol.
Approximativement la surface spécifique des éléments grenus (≥ 400µm ) constituant un
sol est de quelques cm 2 g alors que celle de la fraction argileuse (éléments ≤ 2µm ) peut
atteindre plusieurs centaines de m 2 g . C’est ce très important contraste qui permet de
négliger dans la valeur au bleu d’un sol la part adsorbée par les éléments grenus et
d’exprimer la valeur au bleu d’un sol grossier à partir de la valeur mesurée sur une fraction
0 d de ce sol corrigée par une pondération suivant une loi de proportionnalité directement
pour tenir compte de la proportion de la fraction 0 d dans le sol total. Il est ainsi possible et
fondé de comparer les argilosités de sols ayant des granularités très différentes, ce qui n’est
pas possible à partir de l’Indice de Plasticité.
12
LES CARACTERISTIQUES D’ETAT DES SOLS ET
DES MATERIAUX ROCHEUX
Caractériser l’état hydrique d’un sol sensible à l’eau consiste à le qualifier comme étant :
très humide, humide, moyen, sec ou très sec :
0
T
Trrèèss sseecc SSeecc Mooyyeenn
M H
Huum
miiddee T
Trrèèss H
Huum
miiddee W%
Pour cela il faut d’abord déterminer sa teneur en eau et ensuite la comparer à l’une ou
l’autre des teneurs en eau spécifiques du sol considéré.
La teneur en eau d’un échantillon de sol ou de roche est une grandeur à laquelle il a déjà
été fait appel à plusieurs reprises précédemment. Elle s’exprime par le rapport entre la masse
d’eau libre et la masse de matière sèche qu’il contient :
13
Les teneurs en eau spécifiques du sol auxquelles il convient de comparer celle de
l’échantillon pour en déduire son état hydrique sont :
On peut aussi définir indirectement l’état hydrique d’un sol sans procéder à aucune mesure
de teneur en eau mais en déterminant sa résistance au poinçonnement.
Remarques : La valeur de la teneur en eau d’un sol n’a à elle seule aucune signification en
tant que paramètre représentatif de son état hydrique. Elle doit être interprétée par
comparaison avec les teneurs caractéristiques du sol qui sont : soit ses limites d’Atterberg,
soit sa teneur en eau optimum Proctor normal.
Ainsi le fait de savoir seulement que la teneur en eau d’un sol est de 10% par exemple peut
aussi bien être interprété comme étant en présence d’un sol très sec si l’on a affaire à un sol
argileux ou au contraire très humide s’il s’agit d’une grave limoneuse.
Les conditions qui limitent l’utilisation des méthodes « rapides », de détermination de la
teneur en eau, sont principalement la présence d’une importante fraction argileuse ou de
matières organiques ou d’éléments gypseux.
COMPARAISON DE LA MESURE DE LA
TENEUR EN EAU DU SOL RESISTANCE AU
AVEC SES LIMITES POINCONNEMENT
D’ATTERBERG IMMEDIAT
COMPARAISON DE LA
TENEUR EN EAU DU SOL AVEC
LA TENEUR EN EAU OPTIMUM
PROCTOR NORMAL
La question du choix du paramètre le plus pertinent pour déterminer cet état se pose donc :
IC Wn IPI IC
14
DERMINATION DE L’ETAT HYDRIQUE
PAR REFERENCE A L’INDICE DE CONSISTANCE
Lorsque le sol est fin et argileux, le paramètre le plus approprié pour caractériser son état
hydrique est l’indice de Consistance.
IC
Cet Indice exprime la position de la teneur en eau du sol par rapport à ses limites
d’Atterberg.
W L − Wnat
IC =
WL − WP
IP
Ainsi un sol dont l’Indice de consistance est supérieur à 1 se trouvera dans un état sec voire
très sec.
S’il est voisin de 1, il se trouvera dans un état moyen.
Enfin s’il est inférieur à 1 son état sera humide voire très humide.
Limite de Limite de
Plasticité WP Liquidité WL
Wnat W%
1 0 IC
Très sec Sec Moyen Humide Très humide
L’Indice de consistance permet donc d’identifier les cinq états hydriques dans lesquels peut
se présenter un sol sensible à l’eau.
Tout fois sa pertinence ne vaut qu’autant que les limites d’Atterberg sur lesquelles il repose
sont significatives comme cela a déjà été évoqué à propos de l’Indice de Plasticité.
15
Cette qualification du sol suivant sa consistance est également très pertinente pour estimer
ses difficultés d’extraction (notamment pour les consistances molle et très molle).
Lorsque les limites d’Atterberg du sol ne sont plus significatives on définit l’état hydrique
d’un sol à partir de l’écart entre sa teneur en eau et sa teneur en eau optimum Proctor
normal :
Wnat − Wopn
Ce paramètre est bien adapté pour identifier les états moyen, sec et très sec. En revanche il
ne l’est plus pour les états humides et très humides. Car il ne renseigne ni sur les difficultés
d’exécution liées au manque de portance, ni sur les risques de pressions interstitielles pouvant
s’installer, notamment durant le compactage, lorsque le sol se présente dans ces états.
Wnat
Wopn
16
W nat
γd moyen
γ d OPN W nat
sec
W nat
très sec
W OPN W%
Enfin pour identifier les états humide et très humide d’un sol pour lesquels ni l’indice de
consistance, ni la comparaison avec la teneur en eau optimum proctor normal ne sont
significatifs, on utilise un paramètre de résistance appelé « Indice Portant Immédiat »,
déterminé par l’essai dit de poinçonnement immédiat.
I.P.I
L’ESSAI DE POINCONNEMENT
IMMEDIAT OU I.P.I
17
construire la courbe pénétration - résistance. On relève ensuite sur cette courbe les valeurs de
la résistance correspondant à deux enfoncements particuliers : 2,5 et 5mm.
Ces valeurs de résistances sont alors rapportées à 2 valeurs conventionnelles et l’Indice
portant Immédiat cherché, en abrégé IPI, est défini comme étant la plus grande des deux
valeurs des 2 ratios ainsi trouvé.
Résistance (kN)
R2
R1
Pénétration (mm)
2 ,5 5
R1 R2
,
13 ,5 20
On renouvelle l’essai pour chacune des teneurs en eau considérées pour l’essai proctor
normal ce qui permet d’établir la courbe donnant l’évolution de l’Indice Portant Immédiat du
sol et d’en déduire l’état hydrique cherché.
IPI %
W nat
moyen
W nat
W nat
humide
très humide
W%
18
γd
W%
IPI %
W%
Remarques : Il faut remarquer que la détermination de l’état hydrique d’un sol sensible à
l’eau à partir de l’IPI n’exige pas la mesure de sa teneur en eau puisque la grandeur à partir
de laquelle cet état est évalué est la mesure de sa résistance au poinçonnement à la teneur en
eau où il se trouve. Autrement dit l’IPI n’est autre qu’une détermination quantifiée de la
consistance du sol.
On peut alors se demander pourquoi l’IPI n’a pas été retenu pour caractériser l’ensemble
des 5 états hydriques puisque chacun d’eux définit un domaine de consistance différent. La
raison en est que le mode opératoire de la valeur de l’IPI n’est plus suffisamment sensible dès
que la consistance devient moyenne et a fortiori importante.
19
L’ESSAI DE DENSITE SECHE SUR BLOCS
Le second type de paramètre d’état considéré dans la classification est l’état de compacité
dans lequel se trouve le matériau dans son gisement.
Ce paramètre permet de préjuger de la fragmentabilité de certains matériaux rocheux
tendres comme les craies et les calcaires tendres et par suite de prévoir leur comportement à la
mise en œuvre et dans l’ouvrage en service.
L’essai permettant de déterminer l’état de compacité en place d’un échantillon de roche
tendre consiste tout d’abord à prélever dans le gisement par carottage ou tout autre moyen de
prélèvement d’échantillons intacts, un certain nombre de blocs de quelques dizaines de
centimètres cube à quelques décimètres cube. Après les avoir séchés on détermine leur masse
et leur volume apparent.
Le volume apparent est déterminé par pesée hydrostatique mais comme il s’agit de roches
tendres donc de grande porosité ; il est nécessaire d’imperméabiliser leur surface par
paraffinage avant de les immerger.
Bien entendu le volume de la paraffine fixée doit être déterminé et déduit du volume donné
par la pesée hydrostatique.
Remarques : En effet pour des matériaux, comme les craies et les calcaires tendres, il
existe une corrélation étroite entre leur masse volumique sèche et leur fragmentabilité.
L’intérêt de cette caractéristique par rapport au coefficient de fragmentabilité examiné plus
loin réside dans la plus grande commodité et rapidité de l’essai. Toutefois dès qu’un doute
existe sur la probabilité que le matériau calcaire considéré soit tant soit peu argileux, il faut
remplacer cette caractéristique ou la compléter par le coefficient de fragmentabilité.
20
LES CARACTERISTIQUES DE COMPORTEMENT
Le caractère évolutif est appréhendé à partir de deux essais qui sont l’essai de
fragmentabilité et l’essai de dégradabilité :
FRAGMENTABILITE
CARACTERE EVOLUTIF
DEGRADABILITE
La résistance sous trafic est, quant à elle, évaluée à partir des essais granulats classiques à
savoir l’essai Los Angelés, l’essai Micro-Deval humide et l’essai de friabilité des sables.
Remarques : Les risques induits par une mauvaise prise en compte du caractère évolutif
des matériaux sont considérablement plus grands lorsqu’il s’agit de la construction des
remblais que lorsqu’il s’agit de celle des couches de forme.
En effet, dans le cas des remblais, les matériaux évolutifs « au sens remblai », s’ils n’ont
pas été reconnus en tant que tels, peuvent conduire à plus ou moins long terme à des
pathologies (déformations par tassements, ruptures par cisaillement…) qu’il n’est souvent,
très difficile, voire impossible de corriger.
La même situation dans le cas des couches de forme peut trouver des solutions simples en
cours d’exécution : purges ; traitement avec chaux, liants hydrauliques…
21
L’ESSAI DE FRAGMENTABILITE
D10 initial
FR = Courbe avant
Pilonnage
D 10 final
22
L’ESSAI DE DEGRADABILITE
L’essai de dégradabilité est conduit de façon identique à celle qui vient d’être décrite pour
l’essai de fragmentabilité à ceci près que le pilonnage est remplacé par une exposition de
l’échantillon à 4 cycles de 8 heures d’imbibition suivies de 16 heures de séchage dans une
étuve à 105 degrés.
8 5 cycles
Séchage à l’étuve 16 heures :
D 10 initial
DG = Courbe
initiale
D10 final
23
Si le matériau est très fragmentable, on peut considérer que son évolution sera terminée à
la fin de sa mise en œuvre et il n’est pas nécessaire alors de déterminer sa dégradabilité.
Si au contraire il est peu fragmentable il faut déterminer sa dégradabilité et s’il se révèle
très dégradable son utilisation dans des corps de remblais présentera des risques importants.
Le GTR précise toutefois les modalités de mise en œuvre particulières qui devront être
appliquées si l’on décide malgré cela de l’utiliser.
Remarques : Les matériaux les plus « perfides » vis-à-vis de la construction des remblais
sont les matériaux rocheux évolutifs peu fragmentables et très dégradables.
En effet ces matériaux se comportent à la mise en œuvre comme des matériaux rocheux
sains puis sous l’action des sollicitations hydriques ils se déstructurent plus ou moins
rapidement et aléatoirement. Cette déstructuration provoque des réarrangements entre les
éléments de roche qui sont d’autant plus importants et dommageables que le matériau n’a pu
être suffisamment fragmenté à la mise en œuvre, laissant ainsi des vides de grand volume
dans lesquels les éléments désagrégés peuvent se loger.
Nous terminerons cette présentation par une rapide description des essais permettant
d’appréhender le comportement sous trafic des matériaux granulaires destinés à une utilisation
en couche de forme sans traitement.
24
Cette résistance dénommée coefficient Los Angelès est exprimée par la masse des
éléments inférieurs à 1,6mm produit durant l’essai rapportée à la masse de l’échantillon
introduite dans la machine :
m ( D < 1 ,6 mm )
LA% = 100
M ( Echantillon )
L’essai Micro Deval en présence d’eau, appelé également Micro Deval Humide, a pour
objet d’évaluer la résistance à l’usure en présence d’eau d’un échantillon de 500grammes à
10kg suivant la dimension du granulat considéré en le soumettant à des frottements sur lui-
même et sous l’action d’une charge broyante dans un cylindre en rotation et selon des
modalités normalisées.
Cette résistance dénommée Coefficient Micro Deval humide ou MDE est, comme le
Coefficient Los Angelès, exprimée par la masse des éléments inférieurs à 1,6mm produits
durant l’essai rapportée à la masse de l’échantillon introduite dans la machine :
m ( D < 1 ,6 mm )
MDE% = 100
M ( Echantillon )
25
L’ESSAI DE FRIABILITE
DES SABLES
m ( D < ( 500 µm )
FS% = 100
500 Grammes
Tels sont donc sommairement décrits et commentés les 13 essais d’identification
permettant de déterminer les paramètres sur lesquels repose la classification des sols et des
matériaux rocheux :
L’ANALYSE GRANULOMETRIQUE
L’INDICE DE PLASTICITE
LA LIMITE DE LIQUIDITE
LA LIMITE DE PLASTICITE
L’ESSAI DE FRAGMENTABILITE
L’ESSAI DE DEGRADABILITE
Cette classification, on le rappelle, constitue l’outil de base utilisé pour définir les
conditions d’emploi de chaque classe de sol dans un remblai ou une couche de forme comme
cela est présenté dans le GTR.
Le géotechnicien dispose bien entendu d’une palette d’essais d’identification des sols bien
plus large que celle qui vient d’être examinée et il doit y avoir recours chaque fois que son
26
expérience lui conseille de ne pas se limiter aux seules investigations introduites par les essais
strictement nécessaires au classement d’un matériau dans le système de classification proposé
dans le GTR.
Toutefois vis-à-vis de l’objectif limité à la réalisation des remblais routiers et des couches
de forme, on peut considérer que cela ne sera que rarement nécessaire.
ESSAIS COMPLEMENTAIRES :
EQUIVALENT DE SABLE
LIMITE DE RETRAIT
etc.…
Références documentaires :
GTR : Guide Technique pour la réalisation des Remblais et des couches de forme .
Document établi et diffusé par le LCPC et le SETRA .
LCPC - 58 Boulevard Lefèbvre - 75732 Paris Cedex 15 .
SETRA - 46 Avenue Aristide Briand - 92223 Bagneux Cedex.
Norme NFP 11-300 : Classification des matériaux utilisables dans la construction des
remblais routiers et des couches de forme.
Document établi et diffusé par l’Association Française pour la Normalisation (AFNOR) –
Tour Europe – 92049 Paris la Défense.
27
Norme NFP 94-057 : Analyse granulométrique par sédimentation. AFNOR.
Mise en évidence des argiles par l’essai au bleu de méthylène : Application aux sols,
roches et granulats. C. TOURENQ, TRAN NGOC LAN. Bull. Liaison Labo. P. et Ch. n°159
Janv.-Fév. 1989. Réf. 3376.
Norme NFP 94-050 : Détermination de la teneur en eau pondérale d’un sol par étuvage.
AFNOR.
Norme NFP 94-049-1 : Détermination de la teneur en eau pondérale d’un sol par
dessiccation au four à Micro-Ondes. AFNOR.
Norme NFP 94-049-2 : Détermination de la teneur en eau pondérale d’un sol par
dessiccation sur une plaque chauffante. AFNOR.
Norme NFP 94-093 : Détermination des caractéristiques de compactage d’un sol. Essai
proctor normal et essai proctor modifié. AFNOR.
Norme NFP 94-078 : Essai IPI – CBR Immédiat – CBR après immersion. AFNOR.
28