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·

wami atyananda
·

, . '�
Le Yoga Nldra
une technique
de transformation

Mis au point par Swami


Satyananda Saraswati, l'un
des leaders les p
lus célè­
bres.du yoga contemporain,
la méthode du yoga nidra ici
exposée nous apprend à
bénéficier de tous les avan­
tages du sommeil profond
en un temps record.
Le yoga nidra ne réédu­
que pas seulement votre
sommeil. Il vous conduit, si
vous le voulez, à l'éveil. Il
met en effet à la portée de
tout un chacun, la possibi­
lité d'élargir sa conscience
et de développer ses poten­
tialités latentes. De vastes
zones de notre cerveau sont
en friches. Il est temps de les
cultiver auj ourd'hui.
Cinq yoga nidra, expo­
sés par ordre de difficulté
croissante, peuvent nous
enseigner à dormir sur
commande, comme Napo­
léon ; mais ils visent surtout
à faire de nous des cosmo­
nautes de nos espaces inté­
rieurs. Certes, ce livre inté­
resse les yogis, mais aussi
les chercheurs, les méde­
cins, les psychologues et les
éducateurs. Micheline Flak,
qui a traduit et présenté cet
ouvrage important, indique
les moyens de préciser les
fondements d'une action
efficace, à la lumière de la
tradition millénaire.
©Editions SATYANANUASHRAM
11, cité Trévise, 75009 PARIS
& BIHAR SCHOOL OF YOGA.
YOGA NIDRA

Apprenez à dormir
...pour vous éveiller

Quatrième édition revue et corrigée


Swami Satyananda Saraswati.

Il jette un pont entre l'Orient et l'Occident,


les deux continents que nous portons en nous.
tr C'est en marchant très loin dans le fini
qu'on rencontre l'infini •···

Gœthe
AVANT-PROPOS

Ce mot de YOGA est devenu, en ces années 80, un terme


"
presque banal. On est maintenant tellement saturé de Técla­
mes qu'un livre de plus sur le Yoga peut apparaître, pour les
oreilles de quelqu'un qui n'est point attentif ou instruit, com­
me quelque chose de rabâché.
Il n'en était pas ainsi naguère, dans les années 35/40, où
il avait gardé encore sa poésie et son mystère. Je me souviena
de mes premiers émois à la lecture des livres de Viveka­
nanda, que venait alors de traduire Jean Herbert, et du véri­
table choc que me produisit la lecture des « Aphorismes de
Patanjali », si bien que, quand je découvris, peu après 14
guerre, les exercices de hatha yoga auxquels se borne en
général la culture européenne à cet égard, j'en éprouv«iB un
curieux sentiment de tristesse et de déception. J'avais tort;
il est bien évident que c'est à peu près tout ce que l'Occident
était capable d'accueillir de vivant et d'intense en ce domaine,
tout au moins jusqu'à ces tout derniers temps.
Il est certain, en effet, que, derrière ce cheval de Troie
qui est, la plupart du temps, enseigné et exécuté par les
adeptes comme une nouvelle gymnastique suédoise, d'autres
valeurs et d'autres perspectives réussissent maintenant à
accrocher la conscience et la curiosité des hommes et des
femmes des pays occidentaux.
Le yoga ne fait plus peur et il s'est progressivement
répandu dans toutes les couches de la population, comme, à
L'autre bout de la chaîne, les connaissances psychanalytiques
sont, elles aussi, puissamment banalisées.
C'est le moment que choisit un des plus grands Maîtres
de cette discipline pour faire cadeau à l'Occident de cette
nouvelle aventure de l'être qui s'appelle le YOGA NIDRA,
ou le YOGA de l'EVEIL d.ans le SOMMEIL ou, encore, le
YOGA de la CONQUETE d'un SOMMEIL A UTRE.
YOGA NIDRA : grâce à l'action incessante de son auteur,
SWAMI SA TYANANDA, je sais que ce terme sera connu
partout dans les a1tnées qui viennent et qu'il est fondamen­
tal de présenter aux lecteurs une œuvre qui ne se veut point
aguicheuse mais qui se sait véhicule d'un savoir et d'un pou­
voir sur cette partie la plus mystérieuse de nous-mêmes, qui
nous permet d'entrer tous tes jours dans le monde du som­
meil.
Depuis toujours, les humains s'interrogent sur cet étran­
ge présence-absence et sur ce qui est encore plus étrange, le
REVE, cet éveil dans le sommeil.
Le sommeil avec la mort pose sans doute l'interrogation
la plus mystérieuse que notre nature puisse soumettre à notre
conscience, si l'on en excepte le grand ahurissement d'être
ou, plutôt, d'exister.
Certes, les études modernes sur le sommeil ont considé­
rab lement éclairé la question, mais bien sûr à la manière de
la science qui tente d'étudier les « comment )) et jamais les
« pourquoi )) et nous isole de plus en plus de notre possibi­
lité personnelle d'action pour la remettre à la chimie : nous
avons ainsi appris l'existence d'un sommeil superficiel, d'un
sommeil profond et d'un sommeil paradoxal ; de savants
appareils enregistreurs sont venus nous le démontrer, c'est­
à-dire nous permettre une découpe particulière du phéno­
mène qui reste, en fait, aussi mystérieux après qu'avant.
Les neuro-biologistes et les pharmacologistes accumulent
de leur côté de nouvelles formules chimiques qui nous confis­
quent encore davantage nos possibilités d'action sur notre
sommeil à partir de nos propres moyens : prenez ce com­
primé, il vous fera dormir à votre convenance ; cet autre vous
donnera un réveil merveilleux; ce troisième respectera vos
rêves, etc... Ce sommeil traité objectivement après études
minutieuses sur des milliers d'animaux de laboratoire, a pour
résultat d'isoler encore davantage son matériel biologique de
l'homme qui le porte, de faire de l'être humain un individu
encore plus dépendant, plus assisté.
Si j'osais cette boutade, je dirais : « Payez, on dormira
pour vous )) !
A l'inverse, le YOGA NIDRA nous conduit à une démar­
che d'un tout autre type. Il s'agit de recréer l'harmonie entre
les parties de l'être qui, pour dormir, doivent s'accorder à
nouveau, même si d'énormes tensions - soucis, contrcrrié1Jés,
conflits - sont venus rendre cette harmonie difficile. Il n'y
a rien de mystérieux, en effet, à constater que nous portons
en nous -- à notre su ou à notre insu - des révoltes ou des
10
critiques contre telle de nos actions ou tel de nos projets, en
un mot que nous sommes perpétuellement divisés, et parfois
fort gravement, sur nos choix qui entraînent dès lors les re­
mords ou les regrets; or le sommeil n'est possible que si
quelque charme nous conduit, par la voie secrète, jusqu'à
l'apaisement des conflits et l'apparition de quelque fantaisie
qui nous enchante et nous détourne bientôt de nos tristes
empoignades aussi bien que d'une joie qui nous exalte et
nous capte. A lors il est possible aux lourds fardeaux que nous
avons traînés avec nous, jusque sur la grève du sommeil, de
prendre les frêles barques qui les feront passer vers le monde
où ils se relativisent.
Avec le YOGA NIDRA, c'est la première fois que l'on
tente de relier d'une manière aussi spécifique les deux rives
du fleuve : la rive consciente et la rive qui ne l'est pas.
Les anciens appelaient ce fleuve le LETHE et nous
disaient que LETHE, c'est « l'oubli », fille d'ERIS, la « dis­
corde >>. Cette << discorde », nous apprend HESIODE, est une
des formes primordiales que génère NYX, la « nuit » ; la
nuit » et la << discorde » engendrent << l'oubli », sœur de la
« mort » et du << sommeil ». Mais NYX a aussi un fils,
HYPNOS, le << sommeil ». OVIDE nous décrit son palais
enchanté où tout le monde dort. HYPNOS est ailé ; il par­
court terre et mer. Mais il est amoureux d'ENDYMION et
il lui accorde le don de dormir les yeux ouverts pour pouvoir
regarder sans cesse les yeux de son amant. C'est ainsi
qu'ENDYMION reste éternellement jeune et que SELENE
s'en est épris; mais ceci est une autre histoire*.
Il est difficile d'arracher les secrets d'HYPNOS, car il
n'est pas seulement le Dieu qui gouverne le monde du rêve,
serait-il éveillé, il cache encore beaucoup d'autres trésors
qui concernent aussi bien les prodiges du sommeil superfi­
ciel que du sommeil profond. Il est le maître des vannes du
sommeil qu'il baisse ou qu'il ouvre à son gré et non pas au
nôtre.
Je crois bien que le YOGA NIDRA peut nous permettre
de découvrir les secrets d'HYPNOS, secrets qu'il vous appar­
tient maintenant de percer à jour, au travers de ce texte plein
d'espoir.
Jacques DONNARS

• Dictionnaire de la mythologie grecque et romaine, Pierre GRIMAL


(P.U.F.) .

11
Présentation de Micheline FLAK
Diplômée de la Bihar School of Yoga

OUI, LA SAGESSE S'APPREND

Depuis les débuts de notre histoire, nous nous sommes


toujours tournés vers l'Orient pour y trouver la confirmation
à notre désir de dépassement. Les yogis et les sages ont
de tout temps fasciné les écrivains, les conquérants, les
occultistes, les philosophes et les artistes. Mais aujourd'hui
au XX.. siècle, chose nouvelle - ce sont les chercheurs, les
physiciens, les biologistes et les médecins qui prêtent une
puissante attention au yoga. Il y a quelque chose de neuf
dans ce regard. Ce livre salue la rencontre du yoga et de la
science.
SWAMI SATY ANANDA, l'auteur de la méthode du
YOGA NIDRA, n'est pas un inconnu chez nous, mais ceci est
sa première œuvre à être traduite d'anglais en français. ll est
un spécialiste incontesté en matière de textes traditionnels.
orateur recherché, auteur de nombreux ouvrages qui ser­
vent de référence dans la vaste famille du yoga interna­
tional. On reconnaît en lui un sage contemporain qu'il a fallu
des millénaires pour former. n dirige actuellement l'une des
plus grandes écoles de yoga du monde - peut-être la plus
grande - qu'il a fondée à Munger, au nord de l'Inde. En
s'appuyant de plus en plus sur des professeurs formés par lui,
il répand l'essence du Yoga Tantrique à travers les nations.
Le Tantrisme est, comme nous le verrons, une très ancienne
philosophie concrète qui fait partie du patrimoine oublié de
l'humanité. La renaissance du yoga, soudain le ravive à nos
yeux.

Q U E L PROGRES 7

Nous avons de lourdes charges à payer en échange de


notre aisance matérielle et le xx• siècle n'est pas le para­
dis que les utopistes du siècle dernier avaient prédit. Dans
13
leur enthousiasme, ils sussuraient à l'oreille des foules que
les bonds prodigieux de la technologie étaient le dernier mot
du Progrès. Aujourd'hui, nous en sommes revenus, et beau­
coup de gens se posent la question : « Le Progrès, pour quoi
faire ? ) ). Ils se rendent compte qu'ils sont tendus, dispersés,
anxieux, et que le sommeil les fuit - signe indubitable que
le bien-être intérieur n'est plus. Ils ont fait le tour des pilu­
les-miracle et sûrement, ce n'est pas du côté de la pharma­
copée et de la drogue qu'ils vont récupérer le bon sommeil
d'antan, ni la joie de vivre. En 1980, tout le monde le dit, et
c'est un lieu commun que les journaux nous ressassent à
longueur de semaine. D'accord ! Laissons de côté les paradis
artificiels ; il ne faut qu'une chose : se changer soi-même.

TROP-AVO I R ET PLUS·ETRE.
C'est là que la tentation nous saisit de nous tourner vers
l'Orient pour lui subtiliser ses secrets de sagesse. On est fati­
gué du « Trop-avoir ,, et on voudrait un « Plus-être )). On
envoie à tous les diables son confort climatisé et on aspue
à se perdre un peu dans les volutes de l'extase, teintée vague­
ment d'écologie sur un fond de cithare ou de flûte des Andes.
C'est un peu comme si l'on marchandait avec les peuples du
Tiers-Monde : « Nous vous envoyons nos machines IBM !
Exportez-nous votre sérénité!,, Echange standard. Mais ce
troc est un peu simpliste. La sérénité ne s'achète pas. « Il
faut se travailler ,, disait Paul Valéry.
En fait, on oublie que la sagesse a elle aussi sa méthodo­
logie ultra-précise, sa gradation cartésienne, son vocabulaire
technique, ses arides nomenclatures et si nous voulons nous
reprogrammer le cœur, le cerveau et le sexe, il nous faudra
suivre un savant itinéraire avec des guides qualifiés. Vous
trouverez des exigences aussi rigoureuses dans les arcanes
de la Kabbale, de l'Alchimie, du Zen ou du Tantrisme, que
dans la formation dispensée par Polytechnique ou quelque
autre Grande Ecole. YOGA NIDRA est un fascinant manuel
de travail. Il nous montre bien que la Science de L'Etre ne
s'improvise pas. Les professeurs de yoga et les psycho­
thérapeutes trouveront ici le savoir et l'expérience d'un
expert. L'Orient s'y connaît en matière de technologie ; mais
c'est la technologie des états de conscience.
Nous autres en Occident, nous avons élaboré une civili­
sation matérielle qui a pour but de gratifier les besoins
matériels de l'individu. Nous avons tôt fait d'oublier ses be­
soins spirituels. En Inde, c'est le contraire : le mode de vie
a été mis au point pour favoriser l'épanouissement intérieur
14
et une sdence considérable a été développée dans un sens
qui s'oppose au nôtre ; si bien qu'aujourd'hui, l'Orient et
l'Occident se retrouvent, ayant chacun en main une moitié
de la roue. Pour que le monde tourne rond, il faudrait que
ces deux moitiés se rejoignent et que la science de l'être et la
science de l'avoir se conjuguent ensemble. L'Inde doit ap­
prendre de nous à nourrir l'homme extérieur et nous devons
apprendre de l'Inde à nourrir l'homme intérieur.

SO M M E I L LUC I D E.
Aujourd'hui, il est l'heure pour l'Occidental d'apprendre
l'Eveil. << Est-ce que vous dormez >> ? La question abrupte
que le professeur de yoga nidra pose à ses étudiants en
cours de séance, nous concerne tous. Supposons que menta­
lement, vous répondiez : << Oui, je dors ». Alors, vous savez
que vous dormez, et vous êtes lucides, prêts à avancer sur
l'un des chemins qui vous ramène au centre de vous-mêmes.
Prêts à vous éveiller en suivant les directives de la voix
qui vous parle du fond des âges.
L'impulsion du départ est donnée. Vous êtes mûrs pour
vivre la sagesse du sommeil.

LE VOYAG E D U YOGA N I DRA.


Pour comprendre quelque peu son impact, voyons com­
ment se déroule la séance de yoga nidra : les étudiants sont
allongés à plat dos sur un tapis, avec un ou deux coussins
bien calés sous la tête. Ils sont enveloppés chaudement dans
une couverture, car le métabolisme du corps ralentit considé­
rablement en cours de séance ( 1 ) . « Préparez-vous pour yoga
nidra » dit l'instructeur d'une voix bien timbrée. << Instal­
lez-vous à l'aise, de manière à ne pas avoir envie de bouger.
Pour commencer la séance, mettez sur votre visage le sou­
rire de la détente. Sentez-le bien. (pause). Maintenant, écou­
tez les bruits qui viennent du dehors (pause), et les bruits
qui viennent de la pièce (pause). Percevez bie� le flux et le
reflux de votre souffle. Laissez-vous àller -ët restez immobi­
les, car le voyage du yoga nidra va commencer... Surtout
ne dormez pas ! ».
<< Cela aussi, c'est du yoga ? Je n'aurais pas cru ! ».

<<Curieux ! ». L'apparent sommeil va laisser perplexes ceux


qui avaient assimilé le yoga à une série de postures

(1) L'engourdissement provoqué par l'immobilité physique et la dé­


tente intérieure entraîne une sensation de froid à la périphérie.

16
corporelles mettant problématiquement en jeu toutes les artl­
culations. Voilà ce qui se voit dJhabitude dans un cours de
hatha-yoga (1). Et c'est une excellente chose pour maintenir
la machine en bon état de marche. Tout ·le monde le sait.
Mais ici, dans cette salle de silence, les gens sont allongés,
sans faire aucun mouvement - pendant près d'une heure.
Si seulement ils étaient assis dans la posture du Bouddha,
on comprendrait qu'ils se livrent à la contemplation, ce serait
une activité plus claire ! Après une heure d'entraînement, ils
n'auront ni parlé, ni bougé, ni dormi. Pourtant quelque chose
s'est passé. Si les directives ont été bien suivies, ces gens
repartent avec un moral meilleur et la vigueur insufflée
au psychisme apporte du tonus à leur colonne vertébrale
et conununique à leur démarche une élasticité qui n'y était
pas tout à l'heure. A la fin de la séance, même le débutant
a senti poindre en lui l'aube d'une certitude : celle qu'on
peut se changer, donner un sens à sa vie et que cela vaut les
efforts de régularité que la pratique demande.

POURQUOI L E YOGA 7

Quel est le lien du yoga nidra avec les autres techni­


ques de yoga connues en Occident? C'est simple:
Le point conunun à toutes les méthodes authentiques de
yoga reste le même, toujours et partout : <<Il vise à étabLir
l'harmonie des facultés de l'être humain et de tous les élé­
ments qui le composent : corps, émotions, intellect, intui­
tion. L'individu obtient alors la plus large expression de soi
possible. Une fois que ceci est acquis, le vrai contentement
survient. Jusqu'à ce que cette expression et ce développe­
ment total de la personnalité se manifestent, l'être humain
reste malheureux. Toutes les composantes du mental doivent
être harmonisées pour que la vraie sérénité s'instaure à de­
meure ,, (2).
Autrement dit, le but du yoga est un. Entendons-nous
bien : il e st un, pas double. Ce but unique est l'élimination
des obstacles qui empêchent l'être humain de profiter plei­
nem�mt de sa vie.
Pour réaliser ce but, les sages yogis ont mis au point des
méthodes perfectionnées et tèstées depuis des millénaires.
Elles font appel aux ressources naturelles de la personne
et elles se servent de toutes les réalités de la vie quotidienne

(1) Le yoga le plus communément pratiqué en Occident à ce jour.


(2) Swami Satyananda, citation d'un discours.

18
qui choisit de rester. Il ne lamine pas la personnalité. Il l'élè­
pour faire progresser l'être humain sur la voie qui est celle
de son épanouissement.
Il est remarquable que nous cherchions dehors - dans
les d.rogues ou les divertissements - les moyens d'un bien­
être qui se trouvent au-dedans. Si nous savons les utiliser,
nous pouvons garder le cou hors des vagues et nous hisser
au-dessus de l'agitation, lorsque nous sommes fatigués, dé­
primés ou anxieux. Le vrai remède consiste en un change­
ment du niveau de conscience - tout est là.
L'OCC I D E N T A BESO I N D'APPR E N D RE A E LARG I R SA
C O N S C I E N C E.
Le yoga nidra a été mis au point par un maître qui
s'inscrit dans la grande tradition indienne et qui en même
temps connaît bien l'Occident et ses besoins. Avant de voir
qui est cet homme bipolaire, citons quelques cas. Cela nous
donnera une idée de ce que le yoga nidra peut pour nous.

Quelques cas vécus :


V.F. est une jeune femme très tendue. Par suite de dif­
ficultés familiales, elle est arrivée au bord de la dépression.
Tout ce qu'elle demande, c'est d'avoir assez d'énergie pour
faire face à sa situation. Au bout de deux mois, à raison de
deux séances par semaine, elle y voit plus clair. Elle a re­
trouvé le sourire. Elle dit qu'elle le doit au yoga nidra.
J.Y. 30 ans. Il souffre de troubles digestifs avec une ten­
dance à l'hypertension et à l'embonpoint. Deux médecins
qu'il a consultés lui conseillent la relaxation. Par l'intermé­
diaire d'une parente qui pratique le yoga de longue date et
s'en trouve fort bien, J.Y. se procure une cassette de yoga
nidra. Il l'utilise tous les jours. Au bout de 6 mois, ses trou­
bles digestifs se sont presque résorbés, il a maigri de 10 kgs
et sa tension artérielle est tombée à un chiffre raisonnable.
H.A. est enceinte lorsqu'elle vient voir le professeur de
yoga. Elle craint de faire des exercices physiques, car elle
est hantée par la peur d'une fausse couche. Elle rumine la
terreur qu'elle a d'être le jouet d'un refus inconscient de la
maternité et cela lui a déjà valu, dit-elle, deux fausses cou­
ches antérieures. La pratique du yoga nidra va la calmer,
l'aider à bien accepter cette grossesse et à préparer un accou­
chement sans problème.
M.A., mère d'une petite fille qui fait encore pipi au lit
à 6 ans, se demande comment soigner l'enfant. Son profes-
17
seur de yoga lui indique un moyen de traiter sa fille selon
la méthode de la Bihar School. Au bout de 15 jours, l'énuré­
sie a disparu (1).
Au moment où elle commence le yoga nidra, M.G. souf­
fre d'insomnie depuis des années. Elle voudrait trouver le
moyen de se passer de somnifères. Au bout de six mois,
elle a appris à s'endormir rapidement sans drogues. Elle
trouve qu'elle ne dort pas encore assez, mais elle a supprimé
ses cachets et elle compense le manque de sommeil nocturne
par des mini yoga nidras dans la journée (2). Elle se sent
transformée.
Cette épouse indienne vit un drame : son mari est al­
coolique. Elle ne sait comment le tirer de la boisson. Elle vou­
drait qu'il pratique le yoga nidra. Il essaye, mais après quel­
ques séances, il abandonne. On ne peut pas forcer quelqu'un
à faire du yoga même si « c'est bon pour lui >>. Elle devra
faire seule le yoga nidra pour prendre ce mari en patience !

LA SC I E N C E D E LA C O N S C I E N C E.
Ces quelques exemples montrent la variété des situations
où le yoga nidra peut être appliqué, mais aussi ses limites.
On ne peut en attendre des résultats que si l'on a le désir
et la persévérance de s'y livrer d'une manière systématique
et avec un bon guide. A ce compte, l'Orient nous offre un
trésor. Il faut le mériter. Le yoga nidra fait partie de la
science tantrique qu'on peut définir comme la science de la
conscience. Science indispensable à notre époque où l'on sent
bien que ni l'argent, ni les médicaments, ni rien de ce qu'on
appelle le confort, ne suffisent à faire le bonheur. De plus
en plus de « civilisés » pressentent la réalité d'une sagesse
pratique utilisant les données immédiates de la vie quoti­
dienne pour trouver, par l'effet d'une discipline librement
consentie, un autre Progrès.

(1) Voir p. 188.


(2) Voir p. 186-7.

18
SWAMI SATYANANDA

La vie et l'œuvre

L'épisode de la naissance .du yoga nidra ici raconté par


Swami Satyananda se situe aux alentours de 1940. Le futur
maître en était encore à son noviciat. Au moment où il décou­
vrait la capacité d'écoute du« corps subtil )), sa carrière n'avait
guère commencé. Il n'avait pas vingt ans, mais déjà il réflé­
chissait profondément à la manière de mettre en œuvre les
ressources cachées de l'homme. C'est plus tard en 1956 qu'il
crée la méthode systématique exposée dans le présent ouvra­
ge. Fort de son expérience, il s'appuie sur de vieux rituels
tantriques plus ou moins tombés en désuétude, qu'il s'était
mis à étudier sur les conseils de Swami Sivananda. En 1962,
il a déjà testé l'efficacité du yoga nidra et il commence à
l'enseigner et à le répandre. Il publie la première édition en
1976 sur les presses de la Bihar School of Yoga. Ecoutons-le :

LA D ECOUVERTE DU YOGA N I DRA

« Je vivais à Rishikesh près de l'ashram de Sivananda.


Il y avait là, près de l'ashram, une école de sanscrit dont le
Principal était un vieil homme très vénérable et mon guru,
Swami Sivananda, avait beaucoup de respect pour lui. Dans
ce temps-là personne ne se souciait d'apprendre le sanscrit,
sauf de jeunes garçons qui étaient pris en charge parce qu'ils
n'avaient ni emploi ni travail dans leur propre foyer. Ces
jeunes gens venaient donc à l'école de sanscrit et chaque fois
que le vieil homme. qui était leur Principal, sortait, ils s'en­
fuyaient en commettant des larcins. Alors Swamiji* me de­
mandait de rester là-bas pour garder les lieux chaque fois
que le vieil homme devait sortir.

* Terme affectueux employé vis-à-vis du guru (prononcer « gourou »).

19
Je m'allongeais tranquillement sur un lit ma1s je res­
tais éveillé jusqu'à trois heures du matin et à ce moment-là
je tombais dans un profond sommeil. Les jeunes gens se le­
vaient à quatre heures du matin, faisaient leur toilette, répé­
taient des mantras, accomplissaient leur rituel et disaient
leurs prières. Mais je ne les entendais jamais. Je me levais
à six heures du matin et je retournais à l'ashram, sans savoir
quels mantras ils avaient récités à l'aurore.
Il se trouva qu'un jour une cérémonie eut lieu dans un
ashram proche et les jeunes novices en question furent conviés
à chanter quelques vers en sanscrit. Pendant cette cérémonie,
ils récitèrent« Mangala Charan ».Au moment où ils disaient:
(( A no bhadrech » il me sembla que j'avais déjà entendu ces
mots quelque part et à mesure que j'écoutais, l'impression
du (( déjà entendu » s'imposaï.t à moi. Je ne les avais jamais
ni lus ni écrits, pourquoi m'étaient-ils donc si familiers ? Mê­
me après avoir réfléchi, je n'y comprenais rien ; aussi allai­
je trouver le Principal qui était assis près des jeunes gens
et je lui posai la question.
Il me répondit que j'avais dormi dans le lieu où les man­
tras étaient récités tous les jours et que mon corps subtil les
avaient écoutés. Cette explication directe, simple et véridi­
que signa la naissance du Yoga Nidra.
Je pensais toujours autant à ce corps subtil qui était ca­
pable d'écouter les paroles. Plus tard, je me mis à lire et à
pratiquer les enseignements des Tantras et je compris que le
corps subtil était quelque chose qui pouvait s'imprégner d'un
savoir. Ceci me persuada qu'une personne endormie pouvait
recevoir un eJlfleignement de la même manière qu'une per­
sonne qui était à l'état de veille et je retournais ceci dans
ma tête pendant quelque temps.

Aux premiers jours de mon installation à Munger, je


n'avais rien à moi, mais quelqu'un me donna par hasard un
magnétophone. Alors j'expérimentai ce que l'on pouvait faire
sur la personne d'un jeune garçon qui était bien connu pour
dormir comme une souche. Même si on l'avait transporté
d'une pièce à l'autre, il ne s'en serait pas rendu compte. A
peine était-il endormi, que je lui faisais entendre des versets
de la Bhagavad Gita enregistrés sur bande. Le magnétophone
était placé près de lui. Ensuite, je lui donnais de vive voix
une conférence en bon anglais. Pendant cinq mois, je prati­
quais ceci régulièrement. Ce garçon n'est jamais allé à l'école,
n'a jamais pris de leçons, ni reçu l'enseignement de personne
et pourtant aujourd'hui, si vous l'entendiez parler, vous vous
!0
rendriez compte que cet enseignement subtil laisse une im­
pression très profonde » (1).

U N E FAM I LLE LIB ERALE.


Personnalité hors du commun, que celle de ce maître,
marqué dès sa jeunesse par la rencontre avec l'Esprit.
Dans la famille où naquit le jeune Satyananda, on avait
peu de goût pour les rites hindouistes. Il y régnait un grand
respect pour l'étude. C'était un foyer libéral où pourtant,
une stricte discipline était exigée de chacun des membres,
par le père de famille.
La religion qu'il pratiquait était dépouillée de folklore,
trait commun des orthodoxies.C'est dans une ambiance libérale
que grandit Satyananda, de son nom d'origine Dharmendra
Singh Mayer. Il est né le 26 juillet 1923, à Ahnora, petite ville
de l'Uttar Pradesh, au nord de l'Inde, près de la frontière
du Tibet. Son père, Sri Krishna Mayer Singh, était un inspec­
teur de police, que sa position officielle mettait en rapport
journalier avec les hauts fonctionnaires britanniques. Ceux­
ci menaient une vie fort agréable dans cette splendide con­
trée abritée des moussons, derrière les contreforts de l'Hima­
laya. Sa mère était une femme très vive et passionnée pour
la cause de l'indépendance indienne. Sa fougue militante lui
valut même, jeune fille, de passer quelques jours en prison,
car elle appartenait à l'Aryah Samadj, un groupe fondé par
le célèbre Dayananda, qui avait préparé le terrain pour l'ac­
tion de Gandhi. Lorsque, tel le Siddharta du roman de Her­
mann Hess, le jeune Dharmendra part à la recherche de l'a­
venture spirituelle, il rencontrera plus d'une fois sur sa route
la tentation de la politique. La jeunesse de- Swami Satya­
nanda se déroule sur un fond de conscience très sensible aux
réalités contemporaines de l'histoire indienne. A cela, il faut
ajouter les effets d'une éducation occidentale. C'est en effet
dans un monastère chrétien à Naini Tal que ses parents l'en­
voient faire ses études secondaires. Ses condisciples sont, en
majorité, les enfants de résidents britanniques. Avec eux, il
fait du sport. Il adore la chasse. Il a l'humeur joyeuse.

D ES ETUDES BRI LLANTES.


Aussi n'est-il pas surprenant qu'en telle compagnie, il
apprenne l'anglais d'une manière parfaite. C'est sa langue

( 1 ) Il s'agit en effet de Swami Niranjan qui, à 28 ans, est déjà bien


connu comme l'un des plus remarquables disciples de la Bihar
School of Yoga. Il est désigné comme l'héritier spixi·tuel du maître.

21
maternelle au même titre que le hindi. Il aime à raconter
qu'il a lu la Bible avant la Bhagavad Gita ( 1 ) . Il découvre
le Ramayana ( 2 ) en même temps que Shakespeare. Lt!cteur
vorace et universel, il aborde Darwin, Rousseau et Karl Marx
envers qui il éprouvera un intérêt passionné pendant l'ado­
lescence. Ses études sont brillantes. Il témoigne d'une intelli­
gence précoce, aidée par une mémoire phénoménale, qui le
rend apte à restituer mot pour mot un livre qu'il a lu une
seule fois.A l'âge de 14 ans, il fonde une petite revue nommée
Ma (mère). Il y écrit des hymnes nationalistes qui sont sur
toutes les lèvres. En patriote, il soutient la cause d'une
culture indienne qui devra rompre les amarres d'avec la Cou­
ronne anglaise.
Sa carnere de rebelle s'annonçait bien. Comme
Aurobindo (3), son contemporain, il semblait taillé pour
une carrière de leader politique. Une profession libérale l'at­
tendait peut-être. A l'âge de 15 ans, il est déjà en Faculté,
où il obtient coup sur coup trois diplômes : neurophysiolo­
gie, art vétérinaire et philosophie. On aperçoit la variété de
ses champs d'intérêt et en particulier son goût pour la re­
cherche fondamentale.
R E N CONTRE AVEC LE TA N TR I S M E.
C'est à eette époque qu'il fréquente ses premiers maîtres
tantriques. Ceux-ci étaient des thaumaturges doués, paraît-il,
de siddhis- de «pouvoirs >>. Ils vont le sensibiliser très jeune
à la science précise des Tantras, qui réclame un équilibre par­
fait entre la vie des sens et la connaissance des lois invisi­
bles aux yeux des profanes. Le jeune licencié commence déjà
à se demander si la course aux diplômes et la réussite dans
le monde lui offriront ce qu'il cherche. Il ressent depuis tou­
jours un appel au dépassement, sans pour autant éprouver
de dégoût vis-à-vis du monde. Pourtant, il a autre chose à
y faire que l'homme du commun.
Tout jeune, et sans le vouloir, il a accès à des états de
conscience particuliers. Il lui arrive de perdre conscience de
son corps et de s'en sentir dégagé. Lorsqu'à dix ans, le même
phénomène incompréhensible pour lui, se réitère, il en parle

(1) La Bible des Indiens.


(2) Poème épique sacré, monument de la culture indienne.
(3) Avant de se tourner vers le yoga, le philosophe Aurobindo avait
été militant 'actif de la cause de l'Indépendance. C'est à Pondi­
chéry qu'il trouva refuge contre les persécutions du gouverne­
ment anglais. Là, il fonda le célèbre ashram de Pondichéry où
vint le rejoindre la Mère.

22
à ses parents, qui s'inquiètent. On veut le montrer à un méde­
cin formé à l'occidentale. Il ne s'en trouvait pas dans les pa­
rages. Heureusement ! ( 1 )
L e père était doté d'une tournure d'esprit bien carrée,
mais à certains égards, il avait la foi du charbonnier, et
nourrissait une révérence très indienne pour un maître spi­
rituel, un vieux sage réputé, que ses périples amenaient
j ustement à passer par Almora. Lorsqu'on lui présenta le
cas de l'enfant, le guru eut ce diagnostic : « Qu'il continue
ses études. Il n'est pas malade. Sa destinée est marquée par
le rayonnement spirituel. Qu'il soit élevé en conséquence >>.
Les parents avaient donc décidé de bonne heure, que leur
fils serait swami. Il nous faut interrompre un instant cettr:
biographie pour définir le terme.

QU'EST-CE QU'U N SWA M I '1


Le mot signifie en sanscrit « maître de soi ». C'est un
yogi qui est arrivé à un tel niveau de maîtrise, qu'il est deve­
nu un avec son être profond. Swami Venkateshananda, con­
naissant le français, s'amusait à dire que « Swami » et « Soi­
même », c'est pareil. Quel est le rôle du swami dans le sys­
tèm e yogique ? Il faut revenir à cette notion que le yoga
dont on retrouve partout les traces dans le monde aux épo­
ques reculées de notre histoire humaine, a été progressive­
ment partout occulté. Mais pas en Inde, car sur ce continent,
un groupe d'hommes motivés, des voyants, les « Rishis »,
s'étaient juré de préserver la vieille science, en dépit des
manœuvres politiques, de l'usure du temps et de l'oubli des
peuples. Ils formèrent des ordres de renonçants, les « san­
nyasins », libérés de toute allégeance vis-à-vis du gouverne­
ment. Par un consensus immémorial, ils obtinrent des pou­
voirs en place, que des hommes éclairés aient l'immense pri­
vilège d'être dégagés à jamais du lien avec la cité.

U N H O M M E E N MARC H E .
Souvent, ils furent forcés d e vivre dans les forêts l'ascèse
des ermites. Souvent aussi, les rois venaient de loin leur de­
mander conseil. Ces hommes des forêts apparaissent à travers
les millénaires, comme des phares inébranlables au sein des
remous de l'histoire. Leur fidélité à l'Esprit était et reste tou-

( 1 ) Aujourd'hui l'attitude des psychiatres est plus ouverte vis-à-vis


de la parapsychologie. Cf. p. 189-91.
<2) L'organisation des ordres de sannyasins est dûe au célèbre
Shankaracharya qui vécut au XI• siècle.

23
jours indépendante des régimes et des églises. Ils n'obéissent
qu'à leur conscience, bien que se rattachant à une appella­
tion particulière selon la lignée des gurus dont ils se récla­
ment. Swami Satyananda appartient à celle des Saraswati ( 1 ) .
I l porte l a robe orange - l e dhoti - e t le crâne rasé, mais i l ne
pratique aucun culte. Il est yogi et sa vocation est univer­
selle. Eventuellement, le prêtre peut aussi bien être yogi ; il
n'y a pas de fossé entre les croyances qui se réclament au­
thentiquement du Principe. Mais le yogi qui a prononcé les
vœux du « sannyas » et reçu le dhoti, sait que son refuge
ne sera jamais plus le jardin, ni le temple. Il est un homme
en marche. Il ne fuit pas le monde, mais, même au cœur de
l'action, il sera toujours au-<lessus de la mêlée.
Notons ceci : la sœur aînée de Satyananda poursuivait
parallèlement à lui, des études à l'école de filles du couvent,
et elle avait décidé de prendre le voile. C'est là un fait qui
donne bien la mesure de ce que peut signifier l'œcuménisme
dans un pays comme l'Inde. Une fille carmélite, un fils swa­
mi, cela pour les parents n'avait rien de contradictoire !
G RA N D ES R E N C O NTRES.
A 17 ans, le jeune homme quitte le foyer familial avec
70 roupies en poche. C'est très peu, mais il est riche d'espoir.
Il est en route avec tous ceux qui, avant lui et en même temps
que lui, partent et toujours partiront en quête de connais­
sance. Ses pas le mènent d'abord - peut-on parler de ha­
sard ? - chez des hommes remarquables : d'abord Gandhi,
dont il sera pendant un temps le secrétaire particulier, puis
un maître tantrique de valeur. Il restera 9 mois près de ce
dernier. La tentation de rester est grande. On veut retenir ce
jeune homme doué, mais il part, car il sait qu'il n'a pas trou­
vé le maître qu'il attend. La rencontre avec Swami Sivanan­
da à Rishikesh va orienter son existence. Il a reconnu en lui
son guru. Le guru reconnaît en lui son disciple. Ce dernier
va rester à ses côtés pendant 12 ans, durée traditionnelle d'une
formation yogique complète. Comme le mot de « guru » a été
dénaturé en Occident, et qu'il y a même souvent mauvaise
presse, il est difficile de rendre compte du prestige dont peu­
vent jouir des maîtres authentiques dans les civilisations tra­
ditionnelles.
Les livres de Romain Rolland, Jean Herbert, Satprem et
Arnaud Desjardins en France, ont réussi à faire connaître et
aimer des figures prodigieuses comme celles de Ramakrishna,

(1) Déesse de la mythologie hindoue, patronne des arts et des lettres,


équivalente de Minerve.

24
Aurobindo, Ramana Maharshi, Mère, Ma Ananda Môyi, Ram­
das ou Sivananda. C'est ce dernier - une figure de grand
saint moderne- qui fut le guru de Satyananda.

L ES JEU N ES C H ERCHENT DES MOD E L ES.


Que de femmes et d'hommes, à toutes les époques et sous
tous les cieux, ont dû l'épanouissement de leur génie à la
rencontre avec un modèle ! Un jeune est en quête du
sens de la vie. Il se cherche en même temps qu'il cherche le
Grand Aîné, qui le précède sur le chemin, l'éclaire et peut
l'aider à canaliser sa force vitale, vers le but encore indéfini.
L'être humain évolué ne vit pas seulement de pain. Il veut
savoir qui il est, et la manière de se comporter pour mettre
en œuvre la force qu'il porte en lui. Il veut se réaliser. Et
son élan le fait tomber parfois sur de mauvais guides. Mais
il a le mérite parfois aussi, de se relever et de trouver un
vrai maître qui va lui montrer la route chaque fois que sur­
git la question essentielle : « Qui suis-je ? >>.
Le maître véritable n'abusera pas de l'admiration que le
disciple lui porte. L'enjeu de cette rencontre est la libération
des entraves : il s'agit de devenir ce qu'on est. A cette fin,
le maître travaille l'étoffe du disciple. Ainsi guidé, l'aspi­
rant va dénouer ses complexes, unifier ses pensées, réunir
les faisceaux épars de l'être en un fil solide, un câble qui va
arrimer sa barque sur le fond solide de sa propre vérité. Le
maître sait bien comment il faut que l'élève « se travaille »
- surtout lorsque ce maître s'appelle Sivananda.

S I VANAN DA, U N HO M M E- M O N TAG N E.


Sivananda, un homme hors du commun, à la mesure des
Himalayas près desquels il avait choisi de vivre.
Physiquement c'était un géant. Moralement aussi. Avant
de prendre le << sannyas » il avait été médecin des pauvres,
connu pour son dévouement aux malades et aux affamés ( 1 ) .
Lui qui, d e par son gabarit avait un appétit d'ogre, s e conten­
tait de quelques chapatis par jour et ne s'asseyait j amais pour
manger avant d'avoir envoyé de quoi se nourrir à ceux qui
attendaient à sa porte. Un grand cœur qu'on ne sollicitait ja­
mais en vain, qu'on aurait pu dire naïf comme un gosse, s'il
ne s'était rencontré tant de gens autour de lui capables de
reconnaître la splendeur spirituelle dans cette simplicité. Il
faut sûrement pour le décrire utiliser des qualificatifs dé-

( 1) Guy Despinardes a consacré un texte inédit à la biographie de ce


maître : Sivananda ou le chant de l'Himalaya. Divine Life Society,
22, rue des Acacias, Paris-1 7•

26
suets comme «humble» et «magnanime». Des visiteurs s'éton­
naient de voir ce guru infatigable, auteur de plus de 200 li­
vres, faire irruption dans leur « kutir », une tasse de thé im­
promptue pour eux à la main.
En revanche, parfois il disparaissait pendant plusieurs
j ours. On le cherchait, on ne le retrouvait nulle part. Il reve­
nait d'on ne sait où, chargé des énergies nécessaires pour
poursuivre son œuvre de bâtisseur, de médecin, de prédica­
teur. Il fut, de son vivant, très attaqué et ridiculisé par ses
pairs ( 1 ) . On l'appelait Swami Propaganda! Il s'était donné
pour tâche de répandre le yoga, resté j usqu'à lui l'apanage
de quelques élus, et il voulait, lui, en homme du xx· siècle, le
transmettre généreusement aux hommes ordinaires, sans dis­
tinction de caste et ou de couleur, qu'ils fussent indiens ou
européens. Des quatre points cardinaux, les gens arrivaient
à Rishikesh. Aujourd'hui encore, on remarque chez tous les
disciples de Sivananda, une ouverture considérable au mon­
de occidental. Il semble qu'elle ait été particulièrement en­
couragée chez le jeune Satyananda, puisqu'il reçut pour mis­
sion de devenir un propagateur du yoga sur la scène inter­
nationale. Sivananda n'était jamais sorti de la péninsule
asiatique. Satyananda sillonne le monde et, comme son maî­
tre, il pense que les moyens modernes de diffusion peuvent
être utilisés pour faire connaître, aimer et pratiquer l'anti­
que science dans tous les continents ( 2 ) . Il se plaît à dire :
« Le Yoga, héritage d'hier, est la culture de demain ».
U N E I N DEPE N DAN C E RAD I CALE.
Parmi les maîtres contemporains, l'auteur du yoga nidra
se distingue par son côté révolutionnaire, mais il reste l'hom­
me des racines, très attaché à la connaissance traditionnelle.
Il affirme que la vérité immuable doit s'adapter à l'esprit
des temps.
Homme intrépide et sans tabous : « J'ai connu toutes les
réalités », dit-il, et il faut prendre cette affirmation à la lettre.
Il témoignait dès sa jeunesse d'une indépendance radicale,
qu'il n'a pas perdue et qui l'invite à se situer aujourd'hui plus
que jamais au-dessus des conformismes, de tous les confor­
mismes, même lorsqu'ils se réfugient dans les cercles yogi­
ques, encore très empreints de préjugés victoriens.

( 1 ) Il n'hésitait pas l'hiver à porter de chauds vêtements occidentaux,


ce qui offusquait beaucoup les brahmanes indiens qui se mo­
quaient : «Voilà Swami Overcoat ! » (Swami Pardessus).
{2) Il a fondé l'International Yoga Fellowship qui organise des congrès
annuels en divers points du globe.
A 18 ans, sa personnalité était déjà affirmée en ce sens.
Voici ce qu'il répondait en 1977 à un journaliste occidental
qui l'interrogeait sur ses années de formation :
« Lorsque j'étais très jeune, je ne connaissais rien du
yoga. Pendant mes années d'études, je jouissais d'une très
bonne santé. Je n'avais jamais eu de problèmes physiques,
mentaux ou émotionnels. Après avoir terminé mes classes,
j'allais trouver Swani Sivananda à Rishikesh. Je n'allais pas
à lui dans le but d'apprendre le yoga ; tout ce que je voulais
c'était mener une vie plus complète. J'avais une philosophie
et une religion à moi. J'avais des vues très définies sur la
vie et sur la société, des idées bien arrêtées. Je ne voulais
pas avoir le même genre d'existence que mes parents. J'en
voulais une autre bien à moi. J'avais demandé à mon père :
« Etes-vous satisfait de la vie que vous menez ? ». Il m'avait
répondu : « Non ». - Alors pourquoi voulez-vous que je
mène la même vie que vous ? Laissez-moi vivre la vie que
je veux ». Je m'en allais donc, pour trouver mon guru, pour
mener une vie d'ascèse qui me permette de développer ma
personnalité, tout mon être ». ( 1).

L'AR BRE ET L ES FRU ITS.


Vers les années 1940, Sivananda a autour de lui à Rishi­
kesh une poignée de disciples, une équipe de jeunes soudés
par la même aspiration au dépassement, le même idéal de
service. C'est aux fruits qu'on juge de l'arbre. Ces jeunes
swamis de la première heure sont aujourd'hui célèbres. L'im­
mense stature du guru se mesure chez les disciples qu'il a
formés, au fait que pas un ne ressemble à l'autre. Ils sont
devenus « eux-mêmes », œuvrant dans la direction où leur
propre nature les poussait. De la sorte, à chacun est dévolue
une œuvre et une terre d'élection, où son influence s'exerce
de manière plus spécifique. Pour Satyananda c'est la Bihar
School of Yoga à Ganga .Darshan au bord du Gange.
Citons Swami Satchidananda, qui est au Connecticut,
Swami Chidananda qui maintient à Rishikesh l'institution de
la Divine Life Society, Vishon Dekananda qui est au Canada,
Swami Hridayananda, une discipline proche, médecin de
formation, qui se partage entre la France et la Hollande.
Tous ces disciples, et bien d'autres (2), ont gardé une par­
faite originalité d'action et de pensée. Là se révèle le trait

(1) Revue Yoga - Mai 1977.


(2) Swami Venkateshananda, aujourd'hui dispaw, avait ses bases à
l'île Mauxice.
27
le plus fondamental du guide authentique : il ne retient pas
celui qui veut le quitter, et il façonne, sans le déformer, celui
qui choisit de rester. Il ne lamine pas la personnalité. Il l'élè­
ve. Qu'est-ce qu'un guru ? Un parfait éducateur.
Swami Satyananda ne manque jamais l'occasion de mani­
fester l'amour qu'il voue à son maître par delà la mort. Car
Sivananda a quitté ce monde en 1962.
A cette date, il était devenu mondialement célèbre pour
avoir fait d'un lieu-dit « Rishikesh )) (quelques cabanes dans
la jungle au bord du Gange) une ville exemplaire.

L'ES DEBUTS A MUNGER.


Là, le jeune Dharmendra obtint son nom d'initié
SATYAM (Vérité ) qui deviendra Satyananda (Félicité par
la Vérité ) , au moment où il prononcera ses vœux de sannya­
sin. Disciple efficace, il aide sans relâche son maître à fonder
le dispensaire, la bibliothèque, l'école, la poste, l'hôpital et
surtout la presse.
L'édition : excellente responsabilité pour ce jeune yogi
destiné à répandre ses enseignements par le livre. Aujour­
d'hui les services de la Bihar School of Yoga diffusent ses
très nombreux ouvrages dans le monde entier.
Après avoir quitté Rishikesh, Satyananda partit neuf ans
sur les routes en moine errant. Puis ayant trouvé dans le
Bihar à Munger, au bord du Gange, le lieu qu'il cherchait,
il s'y installa, aidé par ses premiers disciples.
Pendant deux ans, il vécut une ascèse volontaire. Ayant
atteint l'illumination, il entama son œuvre.

PORTRA IT D'U N MA ITRE.


Satyananda a aujourd'hui 65 ans. Il ne les paraît pas. Il
est dans la force de l'âge. Président-fondateur de la Bihar
School, il est à la tête de l'un des plus célèbres ashrams
de l'Inde qui a des filiales dans le monde entier. Une
hérédité tibétaine par sa mère explique sa petite taille
et aussi la vivacité du regard, qui tranche sur l'habituelle pla­
cidité indienne. Le visage aux traits bien dessinés est celui
d'un penseur. Souvent il s'éclaire d'un sourire ou parfois cède
à un rire formidable. La science et l'humour font chez lui bon
ménage. Quelque chose dans son allure évoque la résistance
des sherpas, ces montagnards tibétains réputés infatigables.
28
On se rend compte qu'il possède une capacité de travail et
d'écoute exceptionnelles. Les audiences qu'il donne du matin
au soir tant en Inde qu'à l'étranger lui permettent de bien
connaître la nature de l'homme sous toutes les latitudes. A
'Munger, les entrevues avec des visiteurs sont sans cesse
interrompues par l'entrée et la sortie de ses proches qui le
tiennent informé de tout ce qui se passe au portail, au secré­
tariat, aux cuisines ou à la presse. Il sait qu'on attend de lui
des décisions immédiates et des solutions j ustes. Il fait face
à tout avec une assurance tranquille et une efficacité qui
expliquent que son action ait pu déborder largement les
limites de son ashram.
Aujourd'hui, il est célèbre en Inde, mais aussi à l'étran­
ger, en Amérique du Sud et en Europe où les Fédérations de
Yoga l'invitent à venir former leurs enseignants. Des parti­
culiers, ainsi que des groupes, n'hésitent pas à entreprendre
la .difficile expédition jusqu'à son école enfouie au cœur du
Bihar, pour suivre ses cours ou lui demander de les éclairer
sur la Voie.

UN FE M INISTE DE LA PREMIERE H EURE.


II est devenu l'un des leaders du yoga contemporain,
connu comme un novateur. Sa formation tantrique le rend
particulièrement apte à comprendre le rôle de la femme dans
le monde du xx• siècle. Il a été, soulignons-le, l'un des pre­
miers à permettre aux femmes de devenir swamis, au même
titre que les hommes. Cela au grand dam des traditionna­
listes, qui ont aujourd'hui fini par trouver naturelle cette
innovation, comme bien d'autres.
Ce maître a eu souvent raison le premier. Mais il faut
être fort lorsqu'on est seul. Un pionnier doit avoir le don de
convaincre, et Satyananda possède au plus haut degré la
capacité d'expliquer les divers niveaux du yoga aux foules
les plus variées. La précision très cartésienne de ses exposés
lui vaut aujourd'hui d'apparaître comme un porte-parole
de la rencontre entre deux modes de pensée. Pourquoi ?

IL RECONCIL I E LES CONTRAIRES.


Kipling, dans son très beau roman, Kim, a choisi pour
héros un petit garçon qui est né du mariage entre une
indienne et un officier britannique, et cet enfant tentera de
réconcilier « les deux côtés de sa tête ». Swami Satyananda
semble bien pour sa part y avoir réussi. Il jette un pont entre
l'Orient et l'Occident, les deux hémisphères que nous portons
en nous.
Si un j our, le yoga entre à l'université comme science de
l'homme total, méritant l'attention des médecins, des cher­
cheurs et des intellectuels, il le devra à des esprits de cette
ampleur, qui combinent dans leur manière de voir la
faculté logique du technicien et l'intuition du sage. Cette
alliance, il l'a réalisée. Sa formation l'a préparée. Son intelli­
gence l'a cultivée. La fin de ce deuxième millénaire permettra
de j uger si ce grand disciple de Sivananda a su faire com­
prendre le yoga au monde occidental.

LA B I HAR SC HOOL : U N E U N IVERSITE DU YOGA


Il était une chose que le jeune Satyananda espérait
mettre sur pied à Rishikesh : c'était un centre de formation
yogique. Il s'avérait qu'une école où les techniques de hatha
yoga, de pranayama, de kriya yoga, de yoga nidra et autres
puissent être enseignées systématiquement, était une utopie.
Les gens attirés par le rayonnement de Sivananda venaient
à Rishikesh en pèlerinage. Ils arrivaient par milliers les
j ours de fête et souvent de fort loin par familles, et même
par villages. Une fois sur place, ils étaient trop heureux, si
seulement ils avaient aperçu le saint ou touché ses pieds.
Cette forme d'adoration n'est pas sans valeur ; elle participe
de ce qu'on appelle la voie de la bhakti, yoga de la dévotion,
et elle a son équivalent dans toutes les religions de la terre.
Mais elle peut avantageusement s'associer à des exercices
d'approfondissement : exercices de maîtrise du corps, du
souffle et des pensées. La foi n'exclue pas l'acquisition de
connaissances en matière de biologie, d'anatomie, de méde­
cine et de psychologie. Un tel enseignement ne s'improvise
pas. Il demande un programme d'études et de la régularité.
Or, chaque fois que l'expérience était tentée à
Rishikesh, elle restait sans suite parce que les gens venaient
avant tout pour contempler un monument et ce monument,
c'était Sivananda et lui seul, le Père de la Divine Life Socie­
ty ( 1 ) . Lorsqu'il encourageait le j eune Satyananda à la révi­
sion des vieux textes tantriques, il savait qu'il le préparait à
fonder une authentique université yogique. Il voyait loin.
L'une des premières visées de Swam.i Satyananda à Munger
fut d'y fonder la grande école de yoga qui n'avait pu prendre
racine à Rishikesh.
Aujourd'hui, la Bihar School of Yoga enseigne le yoga
de A à Z. Elle est devenue une pépinière de professeurs et

( 1) Institution fondée par Sivananda. L'ashram de Munger en fut la


première filiale.

30
de plus un centre d'expériences et de recherche où le savoir
millénaire du yoga est confronté avec les dernières décou­
vertes scientifiques.

L'AP PLICAT I O N PURE ET S I M PL E D ES LOIS D E LA


V I E.
Il nous faut ici bien souligner que le Tantra est le sou­
bassement granitique sur lequel repose tout le système du
yoga. Le Tantra est au-dessus des nationalités, des religions,
des castes sociales et c'est sa vocation d'être invisiblement
présent. L'a priori de l'existence de Dieu ne lui est pas néces­
saire. Il ne contrarie en rien l'exercice d'une pratique reli­
gieuse ; mais il n'accueille pas de « credos », seulement des
observances et des disciplines fondées sur la connaissance
de la physiologie, de la psychologie et des aspirations inhé­
rentes à l'humain, transmises depuis des millénaires. Cepen­
dant, quoique distinct de tous les dogmes religieux établis,
le Tantra les a pratiquement tous imprégnés par osmose et
il s'est lui-même coloré des nuances imposées par le milieu
qui l'assimilait, de sorte qu'on parle d'un tantrisme tibétain
ou bouddhiste et d'un tantrisme japonais qui est le Zen.
L'effort particulier de Swami Satyananda est de libérer
le dynamisme premier du Tantra et de l'exposer dans son
intégrité en tant que système indépendant des institutions ou
des philosophies. C'est un ensemble de méthodes grâce aux­
quelles il est possible à l'homme d'améliorer la structure de
sa personnalité, en s'appuyant sur une application pratique
des lois de la vie.
U N E RECHERC H E FO N D A M E NTALE.
L'étendue des connaissances recouvertes par le tantrisme
est vaste : elle porte sur la possibilité d'expansion de la
conscience et la libération des énergies. Comme la science
occidentale se penche actuellement sur ces sujets, nous som­
mes arrivés à un tournant de notre histoire. La science occi­
dentale fondée sur l'expérimentation objective vient conver­
ger avec une science fondée sur l'expérience subjective. Si
cette fusion s'opère, la vision de l'homme sera transformée
Cette convergence, l'une des idées fondamentales de
Satyananda, est d'une richesse prodigieuse. Il a d'ailleurs
réuni autour de lui une équipe de traducteurs et de méde­
cins, dont la tâche essentielle consiste à établir des corréla­
tions entre disciplines orientales et occidentales. L'agran­
dissement de l'ashram primitif qui s'est transporté dans un
ancien palais tout à restaurer, sur une colline proche domi­
nant le Gange, laisse entrevoir des développements d'enver-
31
gure, grâce aux possibHités de construction d'un hôpital con­
sacré à la yogathérapie. Ce progranune et ces projets en
cours, suscitent déjà un intérêt considérable dans le monde.
De sorte que Ganga Darshan devient un centre de ral­
liement sur le thème du yoga scientifique. Dans le texte qui
suit, nous lisons son manifeste. Ecoutons Satyananda :

LE MAN I FESTE D U YOGA SC I E NT I FI Q U E


<< Pendant la dernière moitié d u xx• siècle est né un
enfant dont la venue au monde était attendue depuis des
siècles. L'enfant s'appelle YOGA SCIENTIFIQUE. La mère
de cet enfant était d'Orient, son nom était TANTRA. Le
père était d'Occident, son nom était SCIENCE.
Pendant leurs fiançailles, ils manifestèrent un grand
respect l'un pour l'autre et dans leur union, un soleil d'or
commença de paraître sur le sombre océan qu'était l'esprit
humain.
Trois sages concentrèrent les rayons chaleureux de ce
soleil. Le prenùer était un Yogi qui avait renoncé au mon­
de et à sa famille depuis des années et qui s'était embarqué
dans un pélerinage intérieur pour trouver le Royaume de
Dieu. Entouré de ses disciples, il était réputé pour la clarté
de sa vision et la nature dynamique de ses enseignements.
Sa compassion et ses conseils éclairés le faisaient rechercher
de bien des fidèles.
Le second était un chercheur. Ses recherches sur la phy­
siologie neuro-endocrinienne avaient trouvé un grand reten­
tissement et faisaient de lui un pionnier dans la communau­
té scientifique. Ses conférences à l'Université attiraient tou­
jours les foules. Il manifestait un intérêt réel pour la photo­
graphie Kirlian, le biofeedback et la parapsychologie. Il était
fasciné par la perspective de la transmission d'énergie en
psychokinèse.
Le troisième était médecin. Le soulagement de la souf­
france était sa mission. Pendant des années, il avait été le
témoin des souffrances et des peines des hommes. Il connais­
sait la joie de la naissance et l'éclat de la santé et il connais­
sait aussi les maladies et le caractère inéluctable de la mort.
Son antichambre était touj ours bondée. Chacun de ses hom­
mes possédait une connaissance spécialisée jointe à des in­
tuitions nées de l'expérience de la vie et d'un dur labeur.
Ils offrirent cela au Yoga Scientifique et ensemble s'em­
barquèrent dans une quête nouvelle de la connaissance, réu­
nis par la fraternité de l'amour et du service envers toute
l'humanité.
37
La combinaison de l'esprit de la recherche scientüique
jointe à la pratique de la vérité et de l'expansion de la cons­
cience, amena chacun de ses hommes à vivre pleinement
sa propre vie tout en remplissant la mission d'apporter le
Yoga, cette science de la connaissance, au monde entier.
Ils fondèrent un Institut de la Recherche Supérieure,
consacrée à la culture et à la diffusion du Yoga Scientifique.
Des savants, des chercheurs, des médecins, des profes­
seurs, des ingénieurs, des aspirants et des individus motivés
venus de tous les coins du monde, s'y affilièrent. De chaque
pays et de chaque culture vinrent pour y étudier des hom­
mes et des femmes décidés à travailler dans cet Institut.
Des orateurs et des professeurs qui avaient poursuivi leurs
recherches en ces lieux rapportèrent la connaissance à leur
propre communauté par delà les mers, répandant la nou­
velle de la croissance et du développement du Yoga Scien­
tifique partout à la ronde. Dans ce Yoga Scientifique, l'hu­
manité perçut une grande promesse pour l'avenir, une cul­
ture aux dimensions universelles qui nourrirait les plus no­
bles aspirations de l'être humain et lui permettrait de réa­
liser ses plus hauts idéaux.
On s'aperçut que le Yoga Scientifique avait beaucoup à
offrir à ceux qui sont en proie aux maladies. Alors l'Institut
créa un centre de recherche de coordination qui travailla
en symbiose avec des laboratoires de recherches situés un
peu partout dans le monde, décidé à cerner la cause des ma­
ladies et les moyens thérapeutiques de guérir ces fléaux
que sont le cancer, les troubles mentaux, l'hypertension et
bien d'autres.
On rechercha la connaissance et les techniques néces­
saires à l'élévation de l'homme. On planifia des laboratoires
de recherche et un hôpital où les pratiques et les thérapies
yogiques puissent être appliquées et où la tradition oubliée
et retrouvée en cours d'études, puisse être testée. Les résul­
tats de ces recherches furent compilés dans des livres, tra­
duits en plusieurs langues et publiés par la presse de l'Ins­
titut. Le travail effectué à l'Institut dans ses différents sec­
teurs fut publié dans la revue mensuelle Yoga (1) et répan­
du dans le monde entier. Le soleil se lève. Le Yoga Scien­
tifique, fils du Tantra et de la Science, grandit de jour en
jour vers sa maturité, illuminant le chemin de la sagesse,
générateur de vérité et de santé pour tous » .

( 1 ) L a revue Yoga, publiée e n hindi, en anglais et en espagnol.

33
YOGA NID RA
de Swami SATYANANDA SARASWATI

Traduction de Micheline Flak


en collaboration avec Alain Frapech

Lorsque sankalpa et vikalpa sont déracinés, les karmas


n'exercent plus d'influence et les désirs et les illusions sont
é liminés par une pratique ininterrompue. A lors seulement
émerge l'état de félicité sans fin de Yoga Nidra.
Différent des trois états habituels est la quiétude qu'on
appelle Turiya ; alors seulement la Nidra omniprésente sous
la forme de pure conscience illumine l'Etre. Plonge donc sans
fin dans la Nidra qui n'est pas une forme de Prakriti, ma1s
la forme manifestée de Purusha.
Yogataravali 25/26.
Ce Livre est dédié au Seigneur Narayana
qui repose sur A nanta en éternel Yoga Nidra.
PREMIÈRE PARTIE :
TH ÉORIE
LE BESO I N D E R E LAXAT I O N
A notre époque, ni les découvertes scientifiques de pointe,
ni les progrès technologiques, ni les institutions les mieux
organisées sur le plan social, politique et économique, n'ont
réussi à résoudre les problèmes de l'individu, qu'ils soient
d'ordre physique, mental ou spirituel. Lois, polices, armées,
gouvernements, constitutions, tous ont échoué. Malgré la
prospérité, le confort matériel, la sécurité sociale, l'éducation
la plus poussée, malgré tout ce que nous offre la société
moderne, nous sommes émotionnellement des sous-dévelop­
pés. Au niveau des émotions, nous sommes assaillis par la
maladie, les troubles mentaux et l'anarchie. Tout, sauf la
sérénité. Nous souffrons de maladies chroniques qui ne tou­
chent pas seulement le corps, mais aussi le mental. Les peu­
ples sous-développés souffrent énormément de malaises phy­
siques et les peuples prospères de troubles mentaux chroni­
ques, sur lesquels nous ne savons rien. Nous ne voyons pas
la nature de nos erreurs psychologiques, ni celle des tensions
qui guident le comportement humain. Nous n'avons rien à
opposer à ces afflictions individuelles. Les souffrances qui
sont notre lot guident la destinée de l'humanité. L'agitation
qlli gagne le monde est le résultat du malaise psychique de
l'homme moderne.
Les Sociétés modernes.
Après avoir mis fin aux fléaux du passé, les sociétés
modernes sont maintenant confrontées à une nouvelle épidé­
mie de maladies mentales et psychiques causées par le mode
de vie hautement compétitif de la vie moderne. Ced crée ce
qu'on nomme les « stresses >>. En Australie, par exemple, plus
de la moitié de tous les lits d'hôpitaux, psychiatriques ou non,
est occupée par des gens souffrant d'alcoolisme, de schizo­
phrénie et de troubles similaires. Dans tous les pays dévelop­
pés, les somnifères, les tranquillisants et les pilules contre la
migraine sont consommés chaque année en quantité impres­
sionnante. Les tranquillisants et les boissons alcoolisées peu­
vent soulager temporairement des tensions musculaires et
émotionnelles, mais quand leurs effets s'estompent, ils s'avè-
41
rent plus nuisibles qu'efficaces. Les problèmes mentaux
oubliés pour un temps ressurgissent avec une acuité redou­
blée, et souvent on est incapable de résister à leur impact
puissant, ce qui mène à l'épuisement, à la faiblesse et à l'ins­
tabilité mentale. Il est significatif que beaucoup de schizo­
phrènes soient aussi des alcooliques.
Il ne fait pas de doute que bien des maladies caractéris­
tiques des pays industrialisés ne soient d'origine psychoso­
matique, quoique des causes matérielles telles que la mauvai­
se nourriture et la pollution de l'environnement soient aussi
à incriminer. Aux Etats-Unis, près de la moitié des décès est
due aux maladies cardiaques et artérielles, et presque un cin­
quième aux formes diverses de cancer. D'autres maladies de
ce groupe incluent le diabète, les déficiences rénales, l'ar­
throse et les rhumatismes, les ulcères d'estomac, l'asthme,
la bronchite et toute une série de troubles digestifs et de
maladies de peau. Ces maladies ont pour causes les tensions
fortement enracinées dans notre mental et dans notre corps.

Les maladies mentales.


Personne aujourd'hui n'est entièrement exempt de mala­
dies mentales. Nous avons là des troubles qu'on ne saurait
guérir en vivant dans la prospérité matérielle ou en marmon­
nant quelques prières le matin. Beaucoup de gens vivent
dans l'ignorance de ce que sont vraiment les maladies menta­
les. Les facteurs mentaux qui causent leurs soucis et leurs
peurs leur sont inconnus. Nous vivons dans un monde où règne
la matière, une ère de matérialisme. Quand notre corps est
malade nous le savons, et nous nous soignons, mais quand
notre mental est malade nous n'en tenons pas compte, èt
nous ne cherchons pas à le guérir. Aussi la maladie s'incrus­
te-t-elle dans les couches les plus profondes de notre mental,
dans notre subconscient.
Les consciences individuelles font partie de la conscience
collective. Les maladies mentales individuelles et les maladies
mentales collectives peuvent mener à des désastres et c'est
souvent ce qui se passe. Il doit y avoir un moyen de favori­
ser un bon état de santé dans le groupe social, la famille, la
communauté et la conscience individuelle. Les problèmes ont
pour source l'individu et ne seront résolus que par l'individu.
Il est le noyau de la plupart des problèmes qui s'offrent à
notre réflexion.
La triple tension.
Depuis des siècles, les saints et les sages de l'Inde affir­
ment que la paix et le calme ne peuvent s'acquérir que de
42
l'intérieur et jamais de l'extérieur. Tout individu devrait
avoir la capacité de pénétrer dans le subconscient pour trai­
ter et assainir la personnalité profonde. On peut opérer cette
plongée grâce au yoga nidra. La psychologie moderne et la
philosophie de l'Inde énumèrent trois types de tensions res­
ponsables de toutes les souffrances de la vie moderne. La pre­
mière est la tension musculaire ou physique, la seconde est
la tension mentale ou psychique, et la troisième est la tension
émotionnelle. Ces trois tensions sont la cause des maladies,
des inhibitions, des complexes, de l'anxiété et de toutes sor­
tes de souffrances.
Beaucoup de gens se disent ou se croient détendus la plu­
part du temps. C'est peut-être vrai, pour certains, mais prati­
quement tous les tests scientifiques prouvent d'une manière
décisive, que la majorité des gens qui se croient détendus
ne le sont pas. L'observation nous en convainc tous les jours.
Nous connaissons tous des gens qui ont l'habitude de se ron­
ger les ongles, de se mettre les doigts dans le nez, de se grat­
ter la tête, de se tapoter le menton, etc... D'autres fument
cigarette sur cigarette, parlent à perte de vue pour ne rien
dire, ont la bougeotte, ou montrent une constante irritabilité.
Ces personnes font cela sans s'en rendre compte, ce qui prouve
qu'on peut être inconscient de son propre état de tension.
Nous pouvons nous croire heureux et détendus mais un
regard plus lucide sur nous-mêmes et sur notre comportement
prouvera en général le contraire.
Se relaxer semble tellement facile ! Vous n'avez qu'à
vous allonger dans une position confortable, fermer les yeux,
et vous endormir ou bien fumer une cigarette, boire un verre,
aller au cinéma, lire un roman ou allwner la télé. Peut-être
aller à votre club, ou chez le pharmacien chercher des somni­
fères. Peut-être même prendre des vacances. Tous ces moyens
n'apportent qu'un relâchement provisoire des tensions. Même
pendant le sommeil les gens continuent mentalement à res­
sasser les mêmes pensées et les mêmes soucis, et ils se réveil­
lent toujours aussi fatigués. En cet âge scientifique, les gens
ignorent la relaxation.
Yoga N idra.
Le yoga nidra est le tranquillisant yogique, le moyen natu­
rel d'établir l'harmonie dans tout l'organisme. C'est un sys­
tème magnifiquement efficace de relaxation, qui réduit de
manière substantielle les tensions physiques et mentales ame­
nées par la vie moderne. Pour les gens malades ou affaiblis,
c'est le moyen de revitaliser le système nerveux et d'éveiller
les forces de guérison.
43
Le yoga nidra est connu comme technique de relaxation,
mais en fait vise à un parfait équilibre physique et mental.
Il apporte un état de complète quiétude dans toutes les di­
mensions de notre personanlité. Il peut aussi contribuer à
amener l'illumination et la réalisation du Soi. La pratique
est fondée sur la rotation de la conscience, dans laquelle
on passe mentalement en revue les différentes parties du
corps, et là réside le secret de son efficacité. D'autres tech­
niques yogiques sont utilisées. Notamment antar mou.na,
pranayama, chidakasha dharana, visualisation intérieure.
L'ensemble constitue une méthode polyvalente de méditation,
qui convient aussi bien a ux débutants qu'aux étudiants
avancés.
Afin de comprendre et d'apprécier le yoga nidra à sa j uste
valeur, il est nécessaire d'avoir une vue d'ensemble sur le
yoga. Il nous faut présenter un panorama de ce que sont le
mental et la méditation à la lumière du yoga. Ce sera le sujet
de notre prochain chapitre.

LE YOGA ET LE M E NTAL
Le yoga est la science de la juste manière de vivre. Le
yoga convient aux personnes qui désirent changer intérieu­
ment, qui ne sont pas satisfaites de l'état de choses actuel ni
au dedans ni au dehors d'elles-mêmes, et qui désirent une
transformation radicale.
Littéralement, le mot yoga signifie : union, communion,
mieux encore : fusion. « Yoga » signifie aussi le processus par
lequel se fait la réintégration de la conscience inférieure dans
la plus haute et la plus puissante conscience de l'homme. Il
signifie aussi union entre la personnalité intellectuelle,
c'est-à-dire les forces conscientes, et les forces subconscien­
tes et inconscientes de l'homme. «Yoga» est un terme généri­
que qui englobe beaucoup de choses, telles que asanas, pra­
nayama, ésotérisme, méditation, activité désintéressée, aban­
don de soi à la puissance suprême, expérience de la super­
conscience et éveil des facultés et des capacités du mental.
Dans le yoga, il y a quatre voies principales pour le trai­
tement des différents types de tensions. Ce sont le bhakti
yoga : dévotion et abandon de soi à Dieu ou au guru ; le
karma yoga : travail parfait, accompli dans un parfait déta­
chement ; le raja yoga : contrôle mental, incluant asanas,
pranayama et méditation ; et le jnana yoga : analyse appro­
fondie et recherche de soi menant à la sagesse. Ce sont les
yogas qui sont mis en lumière dans la Bhagavad G ita et les
Yop Sutra de Patanjali.
44
Raja Yoga.
Dans le monde moderne, le Raja yoga est le plus cou­
ramment pratiqué de tous les yogas et c'est de tous, celui
qui correspond le mieux à la conception que les gens se font
du yoga. Les pays occidentaux l'ont adopté, bien qu'il ne ré­
ponde pas à leurs critères de connaissance intellectuelle ; ceci
en raison de son efficacité. Le Raja yoga convient à chacun
quelque soit sa nature, car il réunit toutes les exigences de la
vie spirituelle, de ses débuts à son sommet. Le yoga nidra est
une méthode de Raja yoga. Ces dernières années ont vu la
popularisation du mysticisme de l'Inde en Occident, et cela
a donné un essor considérable. au bhakti yoga. Cependant,
le Raja yoga reste la forme de yoga la plus répandue.
Le Raja yoga a trait à la conscience et à ses diverses ma­
nifestations : conscientes, subconscientes, inconscientes et
superconscientes. L'exposé cla ssique du Raja yoga se trouve
dans le livre appelé Yoga Sutra, un ensemble magistral
de 196 aphorismes écrits par Patanjali, sage des temps an­
ciens, peu avant la naissance du Christ ( 1 ) . Patanj ali a divisé
la voie du Raja yoga en huit étapes, qui débutent par les rè­
gles élémentaires visant au changement de caractère chez
l'individu, et s'achèvent sur le stade ultime de Samadhi ou
réalisation du Soi. Les étapes sont les suivantes :
Etapes préparatoires ou externes :
1. YAMAS (code social) .
2. NIYAMAS (code personnel ) .
3. ASANAS (postures) .
4. PRANAYAMA ( contrôle du prana, ou force de vie ) .
5. PRATYAHARA (retrait des sens) .
Etapes les plus élevées ou internes :
6. DHARANA (concentration) .
7. DHYANA (pure méditation, c'est-à-dire concentration
spontanée) .
8. SAMADHI ( superconscience) .
Alors que les quatre premiers stades de ce yoga ne se
réfèrent qu'à des pratiques spécifiques, les quatre derniers
se rapportent autant à des niveaux de conscience qu'aux tech­
niques nécessaires pour les atteindre. Au début, on opère

( 1 ) Cf. Propos sur la liberté, comment.aire de P.atanjali. Voir ouvra­


ges de l'auteUŒ", pa ge 207.

4!1
un retrait de la conscience dans l'état de pratyahara, puis on
l'élargit aux dimensions du samadhi, lequel selon Patanjali
n'est atteint que lorsque toutes les étapes précédentes ont
été maîtrisées correctement.
Hatha yoga.
On a déj à pu se rendre compte que le yoga embrasse un
champ très vaste, mais dans la conception populaire, il se
réduit encore aux exercices physiques ou postures (asanas)
et aux exercices respiratoires ( pranayama) qui, ensemble,
constituent le Hatha yoga. Les asanas et le pranayama sont
très importants mais il faut insister sur le fait qu'ils ne sont
que des préliminaires.
Les exercices prétendus « physiques >> du Hatha yoga
ne donnent pas que des bénéfices touchant à la santé, béné­
fices tels que réduction de poids, raffermissement des mus­
cles, traitement de beauté et traitement de troubles tels que
sinusite, ulcères et asthme. Les scientifiques ont également
découvert que les postures et les respirations influencent les
états négatifs au niveau du mental et du vital, états qui se
manifestent sous la forme de désordres psychiques. Des états
négatifs, tels que agitation, anxiété, névrose, insomnie et
soucis, peuvent être guéris de manière sûre par la science
yogique des postures. Celles-ci éliminent certes les problè­
mes et défauts physiques, mais de plus, elles influencent et
stimulent les différentes glandes qui agissent sur les émo­
tions.

Méd itation.
Lorsqu'on en vient aux techniques de méditation, on
s'aperçoit qu'il existe des centaines de méthodes pour « aller
à l'intérieur » de la perception du dehors à la perception du
dedans. Le yoga donne à la méditation un rôle central
C'est une méthode très efficace pour amener la relaxation
mentale et physique, et pour libérer l'esprit de-s tensions et
des complexes profondément enracinés. En Occident, on con­
sidère la méditation comme le processus de contemplation
d'une idée particulière, mais on la définit ici comme un pro­
cessus de développement de la perception, grâce à laquelle
nous essayons de nous rapprocher de notre moi supérieur.
Dans la méditation, on essaie d'acquérir la complète con­
naissance du mental, et en même temps d'opérer un entraî­
nement et un contrôle de ses potentialités infinies. La mé­
thode n'est pas tellement difficile, mais il s'agit de trouver
une technique adaptée à chaque personne. Toutes les tech­
niques visent à amener l'individu du retrait des sens à la
41
concentration, étap� où la pure méditation (dhyana) peut se
produire spontanément. Beaucoup de gens pourront confir­
mer que la Méditation Transcendantale, qui est une forme de
mantra yoga, s'avère être une méthode efficace pour y arri­
ver. Mais il y a beaucoup d'autres techniques qui sont tout
•aussi efficaces, telles que le japa yoga, ajapa japa, mantra
siddhi yoga, yoga nidra, antar mauna, chidakash dharana,
tratak, nada yoga, prana vidya et kriya yoga ( 1 ) . Parmi ces
méthodes, les deux plus utiles pour l'homme moderne sont
le japa yoga et le yoga nidra.
La méditation elle-même vient spontanément, mais pour
y arriver, il nous faut passer à travers tout un processus de
relaxation. Ceci s'effectue en se retirant de l'environnement
extérieur, pour plonger à l'intérieur de soi-même (2) . Vous
détournez progressivement votre perception du monde exté­
rieur : de votre corps, de votre respiration, de votre cons­
cient, de votre subconscient et aussi de votre inconscient, cet­
te dernière étape étant fort difficile. Dans le yoga, on dit que
lorsque la conscience s'est dégagée de tout cela, une com­
plète relaxation survient et alors la vraie méditation com­
mence. Dans le système de Patanjali, ceci représente toute
la pratique de pratyahara, dharana et dhyana.

Le symbole psychique.
Nombre de techniques précédemment citées arrivent à
pratyahara par la pratique systématique de la prise de cons­
cience du corps, du souffle, des bruits, et par la répétition
de mantras. Le retrait des sens est obtenu d'une part en
concentrant le mental, et d'autre part en le maintenant ab­
sorbé dans la perception d'éléments intérieurs, de manière
qu'il oublie le contexte extérieur. Quand pratyahara est
atteint, le mental devient parfaitement centré et le pro­
blème se pose de savoir comment maintenir la conscience
sur ce point particulier et comment demeurer dans cet état
d'intériorité. Si l'on persiste dans pratyahara, la conscience
se retire complètement dans l'inconscience, c'est-à-dire qu'on
s'endort. Pour cette raison, lorsque la conscience se réduit à
une aire limitée, on choisit un symbole psychique comme
objet de concentration. Ce doit être un objet concret plutôt
qu'une idée abstraite, un objet qui ait une forme. Par exem­
ple une figure humaine, de haut niveau spiriiuel, ou alors

( 1 ) Voilr Méditations tantriques (éditions Satyanandasbram ) , page 207.


(2) Ici se trouve décrit le processus de pratyahara ( retrait des sens à
l'intérieur) qui joue un rôle central dans le yoga nidra.

47
nne fleur de lotus, un triangle, le symbole d'un chakra, W1
œuf d'or ou un simple mandala ou yantra. Cela peut aussi
être un mantra qui s'est projeté dans sa propre forme ou son
image. Dans le yoga nidra, on vous propose des symboles
de cet ordre.

I mages subconscientes.
A ce degré de notre pratique, la perception se déplace
dans le domaine du subconscient. Il arrive, surtout au début,
lorsque vous essayez de vous concentrer sur votre image ou
sur votre symbole psychique, que nombre d'autres images
surgissent et viennent troubler et distraire votre attention.
Ces images représentent en fait des éliminations subconscien­
tes, des expressions symboliques des couches plus profondes
de votre personnalité. Dans le yoga, on les nomme samskaras,
ou impressions qui forment la trame d'un mental centré sur
l'égo ; dans la psychanalyse occidentale, on les décrit sous l e
nom d'inhibitions, complexes, refoulements, névroses, fantas­
mes, phobies et psychoses. Elles sont la cause de nos tensions
profondes et de la constante agitation du mental ; elles rési­
dent à la source même de notre comportement. Elles condi­
tionnent nos pensées et nos expériences conscientes, et nous
forcent à agir selon certains modes prévisibles. Dans le yoga,
il est très important de purger la personnalité malade de ces
manifestations, si l'on désire progresser.
Ce matériau subconscient émotionnellement chargé, at­
tend en permanence au seuil de notre mental l'occasion de
s'exprimer, de se manifester, et commence à émerger dès que
la relaxation musculaire et mentale est réalisée. Il n'est pas
nécessaire, ni même souhaitable, d'analyser ces impressions,
mais elles doivent être éliminées si l'on veut parvenir
à des niveaux plus profonds de méditation. Quand elles
commencent à surgir, ces images peuvent prendre des
formes déconcertantes ou même effrayantes, telles que dé­
mons, dragons, fantômes, serpents, monstres, etc... mais peu
à peu ces figures changent d'aspect et l'on commence à voir
de merveilleux j ardins, des lacs sereins, des paysages har­
monieux, de saints personnages et soi-même en paix, toutes
ces images étant des représentations variées du moi supé­
rieur. Quelles que soient vos expériences ou vos images, il
est très important de rester détaché ; regardez-les simple­
ment comme des séquences qui se déroulent sur un écran de
cinéma en face de vous. Il ne vous faut que rester conscient,
en témoin détaché. Cette attitude va vous permettre de rom­
pre vos attachements, grâce à elle vous vous libérerez de vos
samskaras ou << impressions ». Vient un moment où toute
48
image cesse de surgir. Cela peut se produire après des mois
ou des années de pratique de la méditation. Alors vous vous
établissez fermement dans l'état de pure méditation ou
dhyana.
Le yoga nidra est une méthode complète de méditation qui
vous guide de pratyahara à dharana, pour aboutir à dhyana.
Sous sa forme simple, elle représente une méthode de retrait
des sens conduisant à la relaxation, mais les stades les plus
hauts et les plus subtils, sont également accessibles à l'étu­
diant qui persiste dans sa pratique. Le chapitre suivant donne
un aperçu du yoga nidra en tant que méthode de relaxation
et méthode de méditation.

YOGA N I D RA : SON ACTION.


Le yoga nidra attaque de front le problème de la triple
tension en induisant progressivement et dans l'ordre une rela­
xation physique, émotionnelle et mentale. Un schéma com­
plet de la séance est donné dans l'appendice A ( 1 ) , schéma
que l'on peut réduire aux éléments essentiels suivants :
Rotation de la conscience.
Prise de conscience du souffle.
Développement des sensations.
Visualisation d'histoires et d'images.
Les deux premiers points ont trait à la relaxation phy­
sique, le troisième à la relaxation émotionnelle, et le dernier
à la relaxation mentale. L'opportunité est donnée de formu­
ler une résolution au début et à la fin de yoga nidra. La re­
laxation est également amplifiée par une courte période de
prise de conscience du corps et/ou antar mauna avant la
rotation de la conscience. L'ensemble de la technique s'achève
sur un retour très étudié à l'état de veille. Pendant la prati­
que du sommeil psychique, il vous est demandé de jouer un
double rôle, c'est-à-dire de suivre les directives tout en les
donnant ( 2 ) .
Relaxation physique.
La relaxation physique est induite par une rotation de
la conscience à travers les quelques 76 centres du corps phy­
sique, d'une manière aussi rythmée et rapide que possible.
Ces centres sont des parties de la surface du corps assez bien
définies telles que doigts, genoux, paumes des mains, yeux

( 1 ) Cf. page 121.


(2) Lorsque vous avez suffisamment étudié la technique pour vous
passer d'un instructeur.

49
et fessiers. Par « rotation de la conscience >>, nous entendons
ceci : on demande au mental de penser à ces centres pen­
dant un temps et dans une séquence ordonnée, telle que
doigts, paume, poignet, coude, épaule, etc. et l'on procède de
la même manière en suivant düférents circuits bien définis
du corps. ll est donc possible de faire circuler la conscience
selon différents circuits, soit à la surface du corps, soit selon
des itinéraires internes, tels que l'appareil digestif, l'appareil
respiratoire et les structures du squelette. C'est comme un
petit train qui se déplace sur tout un réseau de chemin de
fer. Il suffit de deux ou trois rotations dans tout le corps pour
amener la relaxation physique et même un degré appréciable
de relaxation émotionnelle et mentale.
Puis cette relaxation est approfondie en dirigeant l'atten­
tion sur le souffle. On ne cherche alors qu'à prendre cons­
cience de la respiration, sans essayer de la forcer ou de la
modüier. On pourra la sentir dans les narines, dans la poi­
trine, ou dans le passage qui se situe entre le nombril et la
gorge. Il est courant d'y adjoindre un compte à rebours, qui
ajoute à l'efficacité. Cette pratique sert à parfaire l'état de
relaxation physique, et ramène le champ de conscience à un
espace encore plus restreint.
Relaxation émotionnelle.
Ensuite vient la relaxation sur le plan des émotions ou
sensations. Nous arrivons à un stade mental où les sensations
sont volontairement amenées à la surface, puis éliminées ou
rejetées. A ce stade, le mental a cessé de réagir aux informa­
tions venues du dehors ou du corps, et les sens lui sont sou­
mis, ce qui constitue une inversion du cheminement habituel
des sensations. Des sensations dotées d'une forte charge psy­
chomatique sont rappelées ou éveillées, éprouvées aussi in­
tensément que possible, puis congédiées. Ces sensations com­
prennent en particulier la chaleur, le froid ; la douleur, le
plaisir ; la lourdeur, la légèreté, aussi bien que l'amour, la
haine, la jalousie, la peur et la colère. C'est une pratique qui
développe le pouvoir de notre volonté sur nos émotions, tout
en amenant la relaxation sur le plan émotionnel qu'on purge
des sensations déplaisantes.

Rel axation mentale.


Nous en arrivons ensuite à la relaxation mentale, au
sommeil psychique dans le domaine du mental. Vu de l'exté­
rieur à ce niveau, on semble endormi mais on reste pleine­
ment conscient de son milieu intérieur. En fait, on perd toute
conscience du corps physique. A cette phase de la séance, on
60
évoque des images soit les unes après les autres, soit sous
forme d'histoires ; on essaye de les visualiser. On discipline
son imagination à tel point que l'on est capable d'évoquer
des paysages, des océans, des fleurs, des temples, des mon­
tagnes et des saints. Les images utilisées sont sélectionnées
en fonction de leur symbolisme universel et des associations
puissantes qu'elles suscitent. En les visualisant, on cultive
les niveaux les plus profonds du mental et l'on appro­
fondit la perception de soi. Cette phase se termine habi­
tuellement sur une image ou un groupe d'images chargés
d'une forte signification spirituelle ou appelant des sensa­
tions de paix et de calme. A ce stade, le mental est très sen­
sible aux affirmations et aux suggestions positives. Après le
sankalpa, on ramène graduellement la conscience vers le
monde extérieur.
Pratyahara.
Considérons maintenant le yoga nidra en tant que techni­
que de pratyahara. La majorité d'entre nous, passe la plus
grande partie de sa vie de veille, le mental tourné vers le
dehors, dans la préoccupation essentielle et constante des
événements qui surviennent à l'extérieur du corps. Le men­
tal a été habitué depuis la naissance à s'extérioriser, et com­
me toute habitude, celle-ci est bien difficile à surmonter. Le
plus grand obstacle est constitué par les messages que le
mental reçoit continuellement du monde extérieur, par l'in­
termédiaire des sens. Nous ne parviendrons jamais à nous
dissocier vraiment du monde extérieur, tant que notre men­
tal n'aura pas été entraîné à ignorer le courant incessant des
stimuli des sens. Ce n'est pas aussi dur qu'il y paraît, car le
mental ignore spontanément nombre de stimuli externes et
ne sélectionne que ce qui l'intéresse. Nous essayons dans pra­
tyahara de développer cette fonction naturelle et d'arriver
au point où tous ces stimuli sont laissés pour compte.
Or le mental ressemble à un gosse espiègle : il fait le
contraire de ce que nous voulons qu'il fasse. Aussi, quand
nous essayons de nous fermer aux données des sens, le men­
tal répond en les intensifiant. Mais tentez au contraire, les
yeux fermés de forcer le mental à se tourner vers les bruits
extérieurs, et au bout d'un certain temps, il s'en désintéres­
sera et s'en écartera automatiquement, ce qui est exactement
le but visé dans le yoga nidra.
Ce retrait explique pourquoi la technique d'Antar mauna
est si adaptée en introduction à yoga nidra : nous portons dé­
libérément notre attention sur les bruits de l'extérieur et
nous la déplaçons d'un bruit à l'autre avec une complète
61
objectivité. Au bout d'un moment, le mental perd tout intérêt
pour ces bruits et s'en détourne spontanément. En fermant
les yeux et en pratiquant Antar mouna, nous nous coupons
de la vue et de l'ouïe, les deux sens qui concourent le plus
à l'extraversion. Reste le sens du tact, comme principale
source de stimuli extérieurs ; le goût et l'odorat étant com­
parativement négligeables.
Les sensations du toucher sont minimisées en adoptant la
position de shavasana, dans laquelle les bras et les jambes
sont écartées de l'axe du corps pour éviter le contact. La pul­
pe des doigts étant un organe des plus sensibles, on évite le
contact avec le sol en tournant la paume des mains vers le
haut. Les vêtements seront légers, pas trop serrés, et il vaut
mieux être aussi peu habillé que possible. L'idéal est d'être
dans une pièce où la température ambiante n'entraîne ni sen­
sation de chaud, ni sensation de froid. Veillez à ce qu'il n'y
ait pas de vent ou de courants d'air dirigés sur le corps.

Rotation de la conscience.
De cette manière, les stimuli extérieurs sont sensible­
ment réduits et l'attention est ramenée sur le corps. La phase
suivante de la technique consiste alors en un retrait de la
conscience du corps. Encore une fois, nous allons délibéré­
ment, concentrer toute notre attention sur le corps. On fait
évoluer la conscience à travers les différentes parties du corps
un certain nombre de fois de la manière déjà décrite, et après
un temps, on s'aperçoit que le mental manifeste une forte
tendance à l'introversion. De plus, l'état de relaxation ainsi
créé sert à réduire considérablement l'arrivée au cerveau des
stimuli.
A ce stade, la sensation majeure qui persiste vient du
sol sur lequel repose le corps. En conséquence, il est utile de
focaliser l'attention sur la surface ou les points de contact
entre le corps et le sol. Ce genre de concentration peut natu­
rellement se déployer dans une sensation de légèreté - l'im­
pression de planer au-dessus du sol; et de lourdeur - l'impres­
sion de s'enfoncer dans le sol, si on le désire, mais normale­
ment la phase suivante de la pratique concerne la prise de
conscience du souffle. A ce stade aussi, il est possible d'intro­
duire des éléments de visualisation, par exemple de perce­
voir son corps comme s'il était vu de l'extérieur. .
L'introversion du mental est encore accentuée par la
prise de conscience du souffle. C'est là une pratique subtile,
au cours de laquelle il est important d'éviter tout effort phy­
sique et toute tentative pour modifier le souffle. Cela achève
52
le pratyahara du corps physique et aide aussi à parfaire le
pratyahara du corps subtil ou pranique.
De la même manière on peut poursuivre la pratique sur
le terrain des émotions ou des sensations psychosomatiques.
On opère une sorte de voyage de la conscience parmi un en­
semble de sensations, d'abord d'un caractère physique, telles
que légèreté et chaleur, puis d'un caractère plus mental com­
me celles de douleur, de plaisir, et si l'on veut de colère, de
peur, de jalousie et d'amour. On peut effectuer cette pratique
en se remémorant et revivant des émotions du passé ou en
éveillant ces émotions d'une manière progressive, dans les
diverses parties du corps, comme on le fait dans la rotation
de la conscience.
Visual isation.
Le yoga nidra se poursuit avec la pratique de la visuali­
sation qui est comme « le voyage organisé >> du mental. De la
sorte, ce dernier est complètement introverti, tout en conti­
nuant à écouter la voix de l'instructeur. Dans les autres for­
mes de méditation, cela équivaut à la phase où des pensées
et des images de toutes sortes commencent à émerger des
niveaux conscient et subconscient et troublent la concentra­
tion. Dans yoga nidra, au lieu de refouler ces impressions,
nous les utilisons. L'approche sera la même qu'auparavant :
on fera circuler la conscience à travers des images et des pen­
sées choisies, afin de désactiver leur puissance de dispersion.
On aura recours à des images et des symboles capables de
remuer j usqu'aux tréfonds le contenu du mental pour le ra­
mener en surface. Lorsque ce processus d'assainissement est
entamé, il continue souvent de lui-même. On a une idée de
ce phénomène dans la pratique appelée Chidakash dharana,
ou « conscience de l'espace intérieur >> où l'on devient le té­
moin détaché des trains de pensées et d'images qui surgissent
comme des bulles.
L'un des moyens les plus efficaces d'activer le mental,
est d'énumérer une longue série de différents objets, selon
une succession rapide et rythmée ; c'est ce que nous appe­
lons les « images rapides ». Une autre manière est d'assem­
bler les images sous forme d'histoires. Bien qu'au début ces
images puissent seulement être « imaginées », on peut, par
la pratique régulière devenir capable de visualisations très
poussées. Pour des gens bien entraînés, il peut suffire de ne
nommer que quelques images-clés qu'on leur laisse le soin
de développer. Les meilleures séquences de visualisations
sont celles qui ressortent d'une expérience personnelle vécue
par l'instructeur.
Dharana.
Ces visualisations qui viennent après pratyahara, nous
conduisent à son but même, à savoir la concentration ou dha­
rana.
La vision d'images agit sur d.eux plans : 1 ) elle déve­
loppe la puissance de visualisation ; 2) par leur capacité à
susciter des associations, ces images éliminent du conscient
et du subconscient les éléments perturbants. A ce stade, votre
mental est parfaitement concentré et vous êtes prêt pour la
pratique de dharana. Là, votre vigilance est maintenue sur
un objet particulier pendant un certain temps. Dans nombre
des techniques proposées ici, on a recours à l'image de
« l'œuf d'or » ; c'est un symbole psychique très puissant qui
est particulièrement adapté à la concentration. La médita­
tion pure est la projection consciente de cet objet dans l'in­
conscient. Alors la distinction entre inconscient et conscient
cesse, et toutes les imagea d'ordre psychologique aussi.

SankalpL
Les couches les plus profondes du subconscient sont très
sensibles aux suggestions de la volonté consciente. Yoga nidra
nous donne accès A cette région, et nous induit dans un état
de très haute réceptivité à la suggestion consciente. Les sug­
gestions formulées A ce moment seront soutenues par la force
formidable du subconscient et pourront alors exercer une
grande influence sur la personnalité de l'individu. Le san­
kalpa est un ordre direct donné par le conscient au sub­
conscient. La puissance du subconscient finira par faire émer­
ger cet ordre au niveau conscient, et cela se manifestera d'une
manière effective dans votre comportement.
Comme nous l'avons vu, le contenu du subconscient
(samskaras) exerce une influence majeure sur notre mode
de pensée et de perception et également sur notre manière
d'apparaître aux autres. A supposer que nous exprimions et
éliminions les samskaras déjà existant, nous en créons de nou­
veaux. Les pensées et les actes d'aujourd'hui sont influencés
par l'expérience passée et l'expérience d'aujourd'hui déter­
mine notre comportement à venir. Ce cycle de l'action et de
la réaction est connu sous le nom de karma. Il est responsa­
ble de toutes les régressions, stagnations et progressions dans
la vie.
Nous ne sommes pas les victimes impuissantes du destin,
car chacun de nous a le pouvoir de modeler sa propre struc­
ture mentale. Le sage développe sa personnalité, en se tra­
vaillant lui-même, et en installant de propos délibéré des
64
comportement et des désirs de nature positive. Il n'est aucune
personnalité qui ne puisse être réformée et aucune peur ni
obsession si profondément enracinées, qu'on ne puisse élimi­
ner ; le germe du changement est le sankalpa qui est formulé
dans le yoga nidra.
Souvent, nous avons pris des résolutions superficielles
pour venir à bout d'une habitude indésirable. Quelqu'un peut
essayer de changer sincèrement, mais échouer. C'est parce
que sa résolution ne travaillait qu'au niveau de la conscience
intellectuelle et non en profondeur. La résolution n'était pas
soutenue par la force de volonté de l'être profond qui doit
agir pour mener la résolution à terme. Cependant, la même
suggestion formulée en état de yoga nidra est fermement
plantée dans le subconscient, afin de laisser agir son pouvoir
inhérent et le diriger vers des fins constructives. La tendance
spontanée des samskaras à s'exprimer à travers l'esprit cons­
cient, sera amenée à travailler pour nous, au lieu de travail­
ler contre nous.
L'autosuggestion est une technique puissante et doit être
utilisée intelligemment. Les vieilles habitudes indésirables,
dont vous ne pouvez vous débarrasser, ne représentent pas
de problèmes par elles-mêmes. Elles sont le symptôme de
quelque chose de plus profond. Supprimer un symptôme com­
me par exemple de fumer, ne fera qu'entraîner la réappari­
tion de cette impulsion sous une forme différente. A moins
que vous ne soyez très gêné par une habitude particulière, et
que vous ne puissiez en déterminer la cause probable, nous
suggérons que vous n'utilisiez pas le sankalpa pour vous dé­
barrasser de « mauvaises habitudes » : il est plus construc­
tif de diriger le sankalpa vers un but positif qui concerne la
vie toute entière, un vrai désir de se réformer soi-même à
fond. En atteignant un tel but, vous gagnerez automatique­
ment la force de surmonter les habitudes indésirables.
Il est très important que le sankalpa soit formulé en ter­
mes clairs et positifs. Par exemple, il y a une attitude néga­
tive derrière une résolution telle que « j e vais vaincre ma
peur ». Réorientez votre attitude en affirmant plutôt « je vais
avoir du courage et de la force » . On se débarrasse d'un élé­
ment indésirable en cultivant sa qualité opposée.
Votre sankalpa doit être répété mentalement avec la
conviction sincère qu'il sera efficace dans votre vie. La répé­
tition mécanique a peu d'effet sur l'esprit. Vous devez
SENTIR votre sankalpa, car le subconscient n'est sensible et
réceptif qu'à des suggestions soutenues par un fort élan émo­
tionnel.
Le sankalpa doit être formulé en termes clairs et simples
sans en changer un seul mot, jusqu'à ce qu'il se soit mani­
festé dans votre vie. En voici quelques exemples, vous en
concevrez d'autres en fonction de vos propres besoins et de
vos propres inclinations :
* Je demeure en parfaite santé.

* Je deviens efficace et dynamique.

* Je suis sincère envers moi-même.


* Je me souviendrai de Dieu toujours.
* Je trouve la vérité.
ASPECTS PSYCHOLO G I QU ES
Les psychologues occidentaux décrivent l'esprit comme
étant formé de deux constituants essentiels : le conscient et
l'inconscient. Le mot inconscient sera donc pris ici dans un
sens düférent de celui qui lui est donné dans les chapitres
précédents. Le conscient prédomine pendant notre état de
veille normal. C'est une partie de l'esprit qui analyse, com­
pare et tire les conclusions à partir des informations qui lui
arrivent de l'extérieur. Le fait de résoudre des problèmes et
de raisonner, est la caractéristique de cet état rationnel. Il
est classique de comparer l'esprit à un iceberg. Le conscient
est le sommet visible hors de l'eau ; la masse de l'iceberg
cachée sous l'eau est l'inconscient.
Chacun peut vérifier par sa propre expérience que l'état
de veille conscient n'est pas le seul champ de l'activité men­
tale. Il est courant d'être incapable de se rappeler quelque
chose, quelqu'effort qu'on fasse pour se souvenir. Puis, plus
tard, alors qu'on n'y pense plus, la chose qui échappait à notre
mémoire revient spontanément à l'esprit. Souvent aussi,
nous faisons des rêves où réapparaissent des personnes ou des
scènes de notre enfance que nous avions oubliées. Des ins­
pirations soudaines nous viennent, apparemment de nulle
part. On pourrait citer beaucoup d'autres cas semblables qui
mettent en lwnière la présence d'une force mentale de nature
différente et profonde. Elle est à l'œuvre derrière l'état de
veille.
Suivant Freud, l'inconscient est l'entrepôt de toutes les
expériences passées. Les expériences les plus douloureuses
sont enterrées dans l'inconscient, par delà la mémoire. Ces
événements refoulés, encore actifs, sont à l'origine de nos
craintes et de nos obsessions. Dans l'inconscient, se trouvent
également nos désirs instinctifs, qui luttent sans fin pour
s'exprimer, et se donner libre cours au niveau du conscient.
C'est au sein de ce tumultueux inconscient que s'enracinent
nos tensions.
56
L'égo.
Entre le conscient et l'inconscient se trouve la partie du
mental logique et rationnel que Freud appelait << l'égo ».
C'est le censeur du mental qui ne permet la pénétration dans
le conscient que d'un mince courant d'informations. Il fait
obstacle à tout ce qu'il considère comme inconvenant. Le
censeur exerce une fonction nécessaire en nous permettant
de nous concentrer sur le travail effectué. Il ferme l'accès
à toutes les données sensorielles inutiles à la tâche du mo­
ment, et n'ouvre la porte qu'aux autres.
Le censeur est appelé << égo », car il identifie les com­
plexes, les inhibitions, les affinités et les antipathies qui con­
tribuent à façonner l'égotisme . de l'individu. n alimente le
conscient en informations qui lui permettront de faire ressor­
tir ses propres limites. Par exemple, si nous redoutons quel­
que chose, nous percevrons plus aisément les informations qui
renforceront cette peur plutôt que celles qui la minimiseraient.
De même, on empêchera d'affleurer au conscient les informa­
tions qui n'iraient pas dans le sens de nos préjugés. Le cen­
seur passe son temps à supprimer de nombreux désirs et de
nombreuses conduites, j ugées irrationnels ou impraticables.
Ceux-ci ne pourront donc s'exprimer à l'intérieur des bar­
rières érigées par le conscient.

La censure.
Les préventions mêmes du censeur, notre égo, nous empê­
chent de voir le monde de manière claire et objective. Ceci
influence continuellement nos émotions et nos réactions face
au monde extérieur, car l'inconscient est touj ours en activité,
même durant le sommeil. Censure et répression, par l'énorme
consommation d'énergie qu'elles nécessitent, entrainent un
gâchis de nos ressources propres qui pourraient être canali­
sées de manière plus efficace ailleurs. L'égo nous refuse aussi
l'accès aux zônes de l'inconscient qui sont le siège de l'intui­
tion et de la créativité, et aussi l'accès à l'inconscient collec­
tif, qui contient l'expérience accumulée par la race. Jung
considère ce dernier comme un élément qui nous relie à
autrui, car la conscience collective garde enregistré tout notre
passé commun. Si un certain degré de censure est nécessaire
à notre efficacité, un excès de censure en revanche nous cou­
pe de nos tendances positives et intuitives.
Le yoga nidra nous aide à harmoniser le conscient et l'in­
conscient, et nous amène ainsi à un état où la censure n'est
plus nécessaire, du moins temporairement. Aucune informa­
tion ne nous vient plus des sens, le censeur est hors service,
6?
et nous sommes appelés à une exploration systématique de
l'inconscient.
Ce que l'homme est incapable d'exprimer par des mots, il
le traduit en symboles et en mythes. Ceux-ci, pris au pied de
la lettre, peuvent apparaître comme des affabulations puéri­
les, mais en fait, ils contiennent sous une forme condensée
l'essence d'un vécu trop profond pour la compréhension logi­
que. L'inconscient emmagasine des expériences et les expri­
me par le biais de symboles et d'images. On a bien souvent
l'occasion de vérifier cela dans les rêves.
A l'intérieur de notre inconscient, se trouvent les sym­
boles personnels de notre exisetnce individuelle, aussi bien
que de nombreux symboles chargés d'un sens puissant com­
mun à toute l'humanité. Ces symboles ont diverses significa­
tions - certains se réfèrent aux vérités de la vie spirituelle,
d'autres naissent des conflits fondamentaux de la condition
humaine, et d'autres servent à l'inconscient de véhicule pour
l'expression et le soulagement des tensions.
Pendant la pratique de yoga nidra, nous sommes en
mesure d'observer le jeu de ces symboles et de ces images.
Ceci nous amène à mieux comprendre notre nature réelle, et
résorbe le conflit entre le conscient et l'inconscient.
Effets physiologiques.
Pendant la pratique de yoga nidra et des autres formes
de méditation, il se produit un ralentissement de tout le
métabolisme. Ceci est indiqué par une réduction de la con­
sommation d'oxygène, une augmentation de la résistance
(électrique) de la peau, une diminution du rythme cardiaque
et une augmentation de l'activité des ondes alpha dans le
cerveau. On observe une chute de la pression sanguine, mais
le flux de sang à travers le corps est augmenté du fait de la
réduction de la constriction des vaisseaux sanguins. Cet afflux
de sang supplémentaire entraîne un apport d'oxygène aux
muscles qui permet de diminuer le taux de lactate accumulé
pendant l'exercice musculaire. Ceci est important, car des
tests médicaux ont montré que l'augmentation du lactate
dans l'organisme se traduisait par un surcroît de fatigue et
d'anxiété. Ce type de changements physiologiques se produit
naturellement pendant le sommeil mais seulement au bout de
quelques heures. La pratique de yoga nidra amène un état de
relaxation qui est plus profond que le sommeil, et permet
ainsi à ces changements de s'effectuer en un temps record.
Une relaxation physique aussi complète nous prépare à
une exploration des niveaux les plus profonds de l'inconscient.
Habituellement, les tentatives de l'égo pour faire face au
58
confl.it entre le conscient et l'inconscient nous bloquent l'accès
à ces régions. Pendant la pratique de yoga nidra, nous nous
déconnectons de la conscience de veille extravertie. On nous
demande de laisser de côté l'intellect et de fonctionner seule­
ment au niveau des sensations. L'égo n'a plus à satisfaire
notre esprit critique, et cesse de censurer les impulsions qui
remontent de l'inconscient. Nous pouvons considérer ces ten­
sions comme autant d'énergie accumulée, énergie qui ren­
force tout ce que nous essayons de censurer, toutes ces con­
duites et ces désirs qui n'avaient pas le droit de s'exprimer au
niveau conscient. Pendant le yoga nidra, on laisse s'exprimer
ces frustrations et ces désirs contrariés dans le but de réduire•
les tensions, et l'énergie qui sous-tendait ces désirs est libérée
pour d'autres usages.
Le même processus se produit dans le sommeil normal
lorsque nous rêvons. Cependant, un sommeil insuffisant ou de
mauvaise qualité crée un besoin accru de temps d e rêve pour
faire face aux remous de l'inconscient. Le yoga nidra nous
amène à un état de rêve <<auto-induib, avec toutefois une
nuance. La composition des rêves habituels répond à une
sélection aléatoire d'impulsions insconscientes. Pendant le
yoga nidra, nous créons un << rêve » selon les directives de
celui qui nous guide. Les symboles choisis pour cette prati­
que ont une signification universelle puissante, ce qui aide
b eaucoup à accroître la prise de conscience et à provoquer le
relâchement des tensions. Ainsi le fait de passer régulière­
ment en revue le contenu de l'inconscient, réduit de beau­
coup le potentiel d'anxiété et amène dans notre être profond
une plus grande harmonie. C'est un coup d'arrêt donné au
pessimisme et à la dépression, et un stimulant à l'efficacité
et à la joie que nous dirigeons sur notre travail et nos acti­
vités de tous les j ours. Nos vies deviennent vraiment une
expression de santé mentale et physique.

L'HYPNOSE

L'hypnose couvre un large spectre d'états modifiés de


la conscience, sur lesquels on sait peu de chose d'un point de
vue sci enti fiq ue . Malgré cette lacune, il est utile de faire quel­
ques comparaisons générales entre yoga nidra et hypnose,
car les gens se méprennent souvent sur leurs rapports. La
forme d'hypnose dont il est question et connue sous le
nom d'hypnothérapie ; c'est une technique utilisée par les
psychiatre et les psychothérapeutes occidentaux. La même
59
technique est utilisée dans l'auto-hypnose ou training auto­
gène*, et elle n'est pas très difficile à apprendre.
Le traitement autogène ne doit pas être confondu avec
l'hypnotisme de théâtre. Pour l'homme de la rue, l'hypnotis­
me évoque habituellement des images de maestro barbu aux
yeux perçants et aux vêtements flamboyants, qui persuade
les gens d'accomplir des actes extraordinaires contre leur
volonté propre. C'est une fausse conception sur un sujet
sérieux, du moins en ce qui concerne l'hypnothérapie. il est
tout aussi faux de croire que la personne hypnotisée ne garde
jamais aucun souvenir de ce qui est arrivé pendant sa «transe>>
• hypnotique, ou que l'hypnotiseur enregistre une déperdition
d'énergie du fait de ses activités. Il faut écarter ces préjugés
pour comprendre l'hypnothérapie.
Dans l'hypnothérapie telle qu'elle est actuellement prati­
quée, on induit des états de relaxation très semblables à ceux
de yoga nidra. De même que dans yoga nidra, ces états peu­
vent aller de la superficie aux profondeurs. Il faut compren­
dre clairement que l'hypnothérapie n'induit pas d'état d'in­
conscience, ni même ne vise à cela. En vérité, il faudrait que
le sujet reste conscient d'un bout à l'autre, somnolent, mais
éveillé et lucide. S'il y a perte de conscience ou si le sommeil
survient, le thérapeute réveillera le sujet afin de poursuivre
la séance. Naturellement, ce dernier n'aura pas le souvenir
de ce passage. Normalement, l'esprit du patient est soit
concentré totalement sur les directives ou suggestions du
thérapeute, soit occupé à une activité telle que de compter
des chiffres ou des respirations pendant que le thérapeute
continue de parler. Comme dans le yoga nidra, le but est de
s'adresser directement au subconscient sans qu'interfère le
conscient, comme il le fait d'habitude.

Méthode.
Dans l'hypnothérapie, on utilise à la fois la suggestion
verbale et la concentration visuelle, pour induire l'état de
relaxation souhaité. On peut demander au suj et de se concen­
trer sur un métronome qui bat à un rythme lent, sur un petit
carré noir fixé contre un mur blanc, ou sur l'index du théra­
peute qui se meut entre ses sourcils. Pendant ce temps, ce
dernier parle sans cesse, affirmant d'une voix très assurée que
l'objet de c oncentration du patient devient trouble, qu'il res­
sent l'envie de dormir, etc... Si la personne se prête volontai­
rement à cet exercice physique et physiologique, il ne faut

* On peut ajouter évidemment la sophrologie ( N.D.T.) , cf. page 154.


60
guère plus de dix à quinze minutes pour l'amener à l'état
d'hypnose voulu. Il faut noter cependant, qu'une grande pro­
portion de gens n'est pas sensible à ce genre de suggestion et
ce, généralement par refus de se sownettre ouvertement à la
volonté d'un autre. On a d'ailleurs mis au point un test psy­
chologique qui permet de repérer ces personnes ; elles sont
dotées d'un très haut niveau d'indépendance et de confiance
en elles, si l'on en croit les résultats de certains de ces tests.
En hypnothérapie, on donne en général au suj et des ins­
tructions positives d'une voix persuasive et assurée, d'une
voix péremptoire ou insinuante comme celle d'un père ou
d'une mère parlant à son enfant. Cela doit agir en riposte aux
programmes et aux habitudes négatives profondément ancrés
dans la psyché du patient. Pour réussir, il faut planter la
graine à un niveau similaire. Le but est de briser les anciens
programmes tenaces des comportements négatifs, afin de lais­
ser la place libre aux nouveaux. Ceux qui sont sensibles à ce
genre de traitement, réagissent très favorablement à la tech­
nique de suggestion. Elle est très puissante, et il faut bien
veiller au choix du thérapeute. Cependant, on doit insister
sur le fait que les hypnothérapeutes sont incapables d'im­
planter des modèles de pensée ou de comportement qui
seraient fondamentalement opposés au système de valeurs de
la personne traitée, ou qui pourraient nuire à sa santé.
Hypnoanalyse.
L'hypnothérapie n'est pas la seule méthode d'hypnose uti­
lisée à des fins curatives. Dans l'état d'hypnose, il est possible
au sujet de se rappeler des éléments de sa vie ou de son
enfance qui lui sont cachés à l'état de veille ordinaire. L'hyp­
noanalyse utilise le même procédé en demandant au sujet de
faire des associations au hasard, touchant à son malaise, en
espérant que celles-ci en éclaireront les causes. Tous les élé­
ments qui surgissent sont discutés et analysés en détail, tan­
dis que le patient reste en état de relaxation. Dans certains
cas, on peut demander au patient d'oublier ces éléments au
sortir de l'état d'hypnose ; par exemple, au cas où l'on n'en a
pas complètement terminé avec la thérapie. Ce genre d'amné­
sie post-hypnotique ainsi induite, n'est cependant guère
utilisé ; quand il l'est, c'est seulement pour éviter que la per­
sonne ne soit inutilement troublée.
Comme le yoga nidra, l'hypnose s'apprend et se pratique
éventuellement tout seul. Dans les sociétés occidentales axées
sur la consommation, beaucoup de gens continuent à retour­
ner chez leur thérapeute pour des séances d'hypnose alors
que cela n'est plus réellement nécessaire et entraîne même
61
une relation de dépendance. Un bon thérapeute encouragera
d'habitude ses patients à apprendre la technique pour la pra­
tiquer seul, à moins qu'il n'y ait un risque que la personne
s'en tire mal sans lui.
L'état actuel des connaissances, montre que le yoga nidra
et l'hypnothérapie induisent des états de relaxation similaires,
mais le contenu, les buts et les méthodes en font deux prati­
ques bien distinctes. Dans le yoga nidra, la méthode ne repose
pas sur la suggestion ou la persuasion, bien qu'il soit vrai de
dire que les instructions sont données d'une manière autori­
taire et directive. Mais ce qui se passe, c'est que le sujet crée
lui-même son propre état de relaxation en suivant les instruc­
tions ; le rôle du professeur ressemble plutôt à celui d'un gui­
de amical qui vous indique la route, étant bien entendu que
vous êtes d'accord pour faire le voyage. C'est pourquoi les
gens qui trouvent l'hypnose trop contraignante n'ont pas de
mal à accepter le yoga nidra. De plus, dans le yoga nidra, la
pratique personnelle est encouragée dès le départ.
L'essentiel dans le yoga nidra ( et dans le yoga en général )
est d'accroître la prise de conscience et la perception de l'être
profond. Toutes les intuitions, toutes les images qui surgis­
sent, doivent être regardées avec détachement ; il ne doit pas
y avoir d'analyse. En yoga on s'est aperçu que l'analyse ne
fait que perpétuer le cycle karmique du fait qu'elle donne
aux éléments analysés plus d'emprise à tous les niveaux du
mental ; cela renforce le problème au lieu de le résorber. En
affinant sa lucidité, on passe en revue les composants du men­
tal en tant que témoin détaché ; on opère de nouvelles décou­
vertes, mais sans s'impliquer, car implication signifie régres­
sion.
Aussi bien dans le yoga nidra que dans l'hypnothérapie,
la première phase de la pratique est consacrée à la mise en
place de la relaxation, étape grandement facilitée en yoga
nidra par la posture de shavasana. Ensuite, dans le traitement
par hypnose, la séance est consacrée à la thérapie, alors qu'en
yoga nidra on évoque des sensations et des visualisations
diverses. Le seul élément thérapeutique inclus dans le yoga
nidra est le sankalpa, dont le choix est entièrement laissé à
l'étudiant ; le sankalpa n'est pas donné par l'instructeur, et
de plus ne représente qu'une petite partie du processus com­
plet.

62
DEUXI ÈME PARTIE :
PRATIQUE
C O N S E I LS G E N ERAUX
Le yoga nidra peut être pratiqué dans un cours de yoga ou
chez soi. Si vous le faites chez vous, choisissez une pièce cal­
me et fermée, et prenez l'habitude d'y recourir tous les j ours.
La pièce doit être bien ventilée, mais à l'abri des courant�>
d'air et des moustiques, avec un éclairage tamisé et une tem­
pérature ambiante agréable. Si le ventilateur s'impose, ne
vous exposez pas directement à l'air en mouvement. Dans un
cours de yoga collectif, on ne devrait pas empiéter sur la
place de ses voisins. Si l'on pratique yoga nidra dehors, il est
recommandé de recouvrir complètement le corps et la tête et
il est essentiel de choisir un lieu tranquille ; les interruptions
brutales doivent touj ours être évitées.
Les meilleurs moments pour pratiquer le yoga nidra sont
les petites heures du matin et la période du soir avant le cou­
cher. La frange calme qui va de quatre à six heures le matin
est la plus propice à la relaxation. Une fois que vous aure-:
choisi votre heure, tâchez de vous y tenir. Ne pratiquez pas
immédiatement ap rès les repas ; attendez au moins deux
heures pour la digestion d'un gros repas et une demie heure
après une collation légère. Si vous pratiquez tout de suite
avant de dormir, il est conseillé de prendre une douche froide
préalablement.

Shavasana.
Le yoga nidra se pratique dans la posture de yoga appelée
shavasana, la posture du cadavre, aussi appelée mitrasana,
la posture de l'homme mort ( 1 } . Il a été démontré scientifique­
ment que parmi toutes les positions possibles, shavasana est
la plus propice à la relaxation. On peut se décontracter de
différentes manières, par exemple en prenant conscience du
souffle (pranayama ) , ou conscience des bruits extérieurs
( antar mouna) , par le chant du Om (mantra yoga) aussi bien
que par la rotation de la conscience qui est un trait distinc­
tif du yoga nidra.

(1) Voir Asana Pranayama Mudra Bandha, page 207.

86
Dans cette posture la personne repose le dos bien à plat
sur le sol, sur une couverture ou sur une mince natte éven­
tuellement. La colonne vertébrale est droite. Les bras repo­
sent dans l'axe de chaque côté du corps, mais suffisamment
écartés pour que leur partie supérieure ne touche pas le bord
de la poitrine. Les mains doivent être dans une position déten­
due, les paumes tournées vers le haut et les doigts repliés
vers l'intérieur sans être serrés. Les jambes sont également
droites, mais suffisamment écartées pour éviter le contact en
haut des cuisses. On laisse les pieds tomber vers l'extérieur.
Les yeux sont fermés.
Dans la position idéale, la tête repose au même niveau
que le reste du corps, mais beaucoup de personnes s'y trou­
vent mal à l'aise ; on utilisera alors un coussin ou une couver­
ture pliée, comme support sous la nuque. On tirera les coins
de cet oreiller sous les épaules afin d'assurer la relaxation
des muscles du cou et des épaules. Eviter d'utiliser des oreil­
lers épais car ils tendent à accuser les tensions au niveau d'un
cou exagérément relevé. L'utilisation d'un oreiller évitera
aussi de ronfler (il est à noter que les personnes qui ronflent
durant yoga nidra ne sont pas nécessairement endormies,
même si c'est le cas en général ) .
Une autre source d'inconfort peut être le bas du dos (la
région lombaire) lorsqu'elle accuse une courbure au lieu de
reposer à plat sur le sol. Les gens qui souffrent de cette région
du corps pendant le yoga nidra seront autorisées à utiliser un
petit traversin comme support.
On peut également changer la position des mains. Au lieu
de reposer sur le sol, elles seront placées l'une sur l'autre en
haut de la poitrine, les coudes restant sur le sol. Le désavan­
tage de cette position est d'augmenter les points de contact
physique, mais elle peut convenir aux personnes qui trouvent
la précédente par trop inconfortable, par exemple en cas de
meurtrissure.
L'obj ectif principal de shavasana est de réduire autant
que possible les stimulations sensorielles ; c'est ce qui expli­
que l'arrangement des bras et des j ambes précédemment indi­
qué. Pour cette même raison, il est préférable de ne porter
qu'un minimum de vêtements, très peu serrés, et d'éviter de
trop couvrir le corps. Cependant comme la température de
celui-ci tend à diminuer pendant la relaxation, on pourra
utiliser une couverture.
Préparation.
Un des plus grands obstacles dans la pratique de yoga
nidra est la douleur, la raideur et une tension généralisée du
81
corps. Cet inconvénient sera évité si l'on pratique le yoga nidra
à la fln d'un cours de yoga. A la maison, un certain nombre
de possibilités s'offrent à l'étudiant, en fonction du temps dis­
ponible. Par exemple, l'idéal serait une séance préliminaire
d'asanas de vingt minutes. Une séance type pourrait commen­
cer par pawanamuktasana (exercices pour s'échauffe r) suivis
de shavasana ( cadavre) ; on passe ensuite rapidement à sar­
vangasana ( chandelle ) , halasana (la charr.ue) , matsyasana
(le poisson) , paschimottasana (la pince) , bhuj angasana (le
cobra ) , shalabasana (la sauterelle) , ardha matsyendrasana
(torsion de la colonne vertébrale) , puis à bhumi pada mastak­
asana ( demi-posture sur la tête) ; on pourra aussi ne choisir
que certaines de ces postures. Puis, l'on finira en reprenant
shavasana. Ces postures sont décrites dans " Asana Pranaya­
ma M udra Bandha >> ( 1 ) mais demandez d'abord conseil à
un professeur de yoga.
Si vous ne disposez que de dix minutes, Suryanamaskar
(Salutation au Soleil) est une excellente pratique pour échauf­
fer l'ensemble des muscles et des articulations du corps, et
pour exercer un massage des organes internes. Il est particu­
lièrement recommandé de la pratiquer le matin après le bain ;
répéter de cinq à douze cycles. Et si l'on n'a même pas assez
de temps pour cela on peut faire naukasana (2) ( posture du
navire) , qui consiste à lever la tête et les pieds à partir de
shavasana, puis on serre les poings et on contracte tous les
muscles du corps pendant quelques instants avant de tout
relâcher. Si vous répétez cela de trois à cinq fois avec des
périodes intercalées de relaxation, la relaxation générale s'en
trouvera grandement améliorée.

Nécessité d'un professeur qual ifié.


Il est conseillé à tous les débutants en yoga nidra de
prendre des leçons avec un professeur qualifié. Les étudiants
devront avoir comme obj ectif, d'assimiler suffisamment la
technique pour se remémorer la totalité des instructions sans
aucun effort conscient, et le moyen le plus efficace pour y
arriver est de prendre des leçons régulièrement complétées
par une pratique personnelle régulière. Dans l'état de pro­
fonde relaxation induit par l'ensemble des éléments de la
pratique, le contenu, la vitesse, la séquence des directives, le
ton de la voix s'apprennent rapidement et à fond, car ils se
glissent directement dans le subconcient, et sont assimilés à

( 1 ) Cf. note 1, p. 65
(2) Voir p. 85 (dessin) .

67
un niveau plus profond qu'il n'est possible par des voies
purement intellectuelles. En elle-même, la saisie intellec­
tuelle de la technique est de peu de valeur et peut même
empêcher le succès attendu de la pratique.
Un professeur saura quel type de yoga nidra convient le
mieux et poW'ra varier en conséquence. Ceci s'applique aux
cours de groupe aussi bien qu'aux cours particuliers. Si la
plupart des élèves d'un coW's commencent avec un haut
niveau de tension, alors on insistera davantage sur la relaxa­
tion ; si tous se relaxent aisément, on poW'ra insister davan­
tage SW' la méditation. Le sommeil survient couramment dans
le yoga nidra, aussi bien que dans les autres types de médita­
tion. Des études récentes menées par des scientifiques (Scien­
ce, 23 j anvier 1976 ) , ont montré que des professeurs expéri­
mentés d'une forme de méditation avec mantra, qui est popu­
laire en Occident, passaient de 10 à 50 % de leur temps de
méditation à dormir. Lorsqu'on médite tout seul, il est facile
de s'endormir sans qu'on s'en aperçoive, mais dans un cours,
le professeur peut aider les élèves à rester éveillés grâce à
des avertissements tels que « Attention, ne vous endormez
pas ». D'un autre côté, les insomniaques se rendent compte
que le sommeil qu'ils obtiennent lorsqu'ils s'endorment pen­
dant le yoga nidra est très réparateW', du fait qu'il SW'Vient
dans un état de très grande relaxation. Si vous vous endor­
mez, c'est que votre corps en avait vraiment besoin, mais en
restant éveillé, vous poW'rez développer votre capacité à
méditer.
Si l'accès à un professeur s'avérait vraiment impossible,
une bonne solution de remplacement serait de vous procurer
un enregistrement sur bande magnétique ou cassette. Si cela
n'est pas possible, vous pouvez enregistrer les directives
vous-même, et arriver à une présentation acceptable en pro­
cédant par tâtonnements. Si vous ne pouvez disposer d'un
magnétophone, demandez à un membre de votre famille de
vous lire les directives à voix haute. De cette manière, vous
serez capable de faire des progrès.

Temps de pratique.
Les directives doivent être données SW' un rythme qui
maintienne le mental en alerte, tout en lui permettant d'en­
registrer chaque instruction et de l'exécuter. Le rythme
variera selon le type de yoga nidra complet ou partiel, aussi
bien qu'en fonction de l'état d'esprit de la personne qui pra­
tique. Naturellement, les débutants ont besoin qu'on leur
donne les directives plus lentement que les personnes qui
sont familiarisées avec la technique. Habituellement la «rota-
68
tion de la conscience» et les « images rapides » correspondent
à des instructions données sur un rythme plus rapide que le
reste de la séance, alors que la conscience de la respiration
peut s'accommoder de pauses de cinq minutes environ. La
première rotation de la conscience devrait être assez rapide
pour capter l'attention du mental encore tout occupé par les
soucis de la j ournée. Arrivé à un certain degré de détente,
ces rotations peuvent être ralenties. En général, le temps des
pauses augmente avec les progrès de l'étudiant.

Les pauses.
La longueur des pauses ( silence entre les directives) est
indiquée par l'échelle des ponduations suivantes allant du
court au long : virgule ; point virgule ; points de suspension ;
point final ; « pause » ; « longue pause ». A titre d'indication,
chaque intervalle est en gros le double du précédent, et le
point est environ le double de l'intervalle utilisé dans la lec­
ture normale. On remarquera que les paragraphes sont utili­
sés pour séparer des sujets différents plutôt que pour indi­
quer des pauses de longue durée.

Application des techniques.


Naturellement il faudra faire varier les techniques en
fonction du temps disponible et du niveau d'avancement des
participants. Une fois qu'on est arrivé à trouver le rythme
optimal, il vaut bien mieux aj outer ou soustraire des parties
entières que de faire varier la vitesse des directives. Les
techniques qui suivent, sont disposées de manière à faciliter
ce genre d'application, et un supplément offre une série de
pratiques graduées correspondant aux différentes parties ou
phases. Les titres en caractères gras servent à indiquer la
phase de la pratique et n'impliquent pas de courtes ou lon­
gues pauses en elles-mêmes ; la pause appropriée est indiquée
par la dernière directive donnée dans la section précédente.
Un schéma complet de la pratique du yoga nidra se trouve
dans l'appendice A, et on peut trouver dans l'appendice B
une liste de pratiques de substitution tirées des cinq yoga
nidras donnés.

Avertissements.
Quelques-unes des pratiques les plus avancées exposées
dans cet ouvrage peuvent amener un état profond de détente
et de méditation. Il est très important que les personnes
soient ramenées à l'état de conscience ordinaire par une tran­
sition non pas abrupte, mais étudiée. Si l'on entend quel­
qu'un se plaindre de migraine, ce sera le signe que le retour a
69
été trop brusque. Le mental est temporairement sous le coup
du passage brutal d'un état à un autre. De même, certains s'ef­
fraient de la profondeur de leur relaxation si on les en sort
trop rapidement. Dans les deux cas, les participants en ques­
tion devraient s'allonger à nouveau et prendre conscience
de leur respiration jusqu'au retour du calme. .
Il faut également prendre garde au choix des visualisa­
tions. Les images utilisées sont souvent de puissants symbo­
les et peuvent provoquer des réactions négatives chez les
personnes qui les associeraient à des expériences déplaisan­
tes ou à des phobies ( peurs irrationnelles) . Il faut, par exem­
ple, prêter une attention particulière aux images qui évoquent
la peur de tomber, la peur de se noyer, d'être brûlé vif et
d'être heurté par des objets qui chutent ou qui sont en sur­
plomb. Si l'on utilise des images de cet ordre, ce sera u:ne
sage précaution de les accompagner de paroles rassurantes.
Bien qu'il soit vrai de dire qu'un des obj ectifs du yoga nidra
est d'accroître la prise de conscience du contenu mental, on
doit arriver à cela non pas par des traumatismes, mais par
une progression graduée.
En dernier lieu, il est particulièrement important que les
professeurs ne portent aucun j ugement de valeur négatif, de
manière directe ou implicite, sur les expériences de l'étu­
diant. Si, par exemple, une personne perçoit une << chaleu­
reuse et sympathique obscurité » dans l'espace intérieur, alors
qu'une autre y voit << des guirlandes de fleurs de lotus », les
deux expériences doivent être validées. De même, il paraîtra
évident à la plupart des professeurs de yoga que des affirma­
tions du type << ne vous inquiétez pas si vous ne voyez pas
ça » doivent absolument être évitées pendant les visualisa­
tions, car il n'y a pas de plus sûr moyen pour précisément
amener les gens à s'inquiéter. Il faut aussi faire en sorte que
les étudiants n'échangent pas de commentaires oiseux sur
leurs expériences en yoga nidra.

70
YOGA NIDRA 1
PREPARATION (Introduction)
RELAXATION ( corps/Om)
SANKALPA
ROTATION DE LA CONSCIENCE ( côté droit, côté gau­
che, dos, devant, parties principales)
RESPIRATION ( décompte des respirations en portant
la conscience sur le nombril, la poitrine, la gorge et
les narines ; chaque fois de 27 à 1 )
VISUALISATION D 'IMAGES (travail préparatoire)
SANKALPA
TRANSITION
AUTRES COURTES PRATIQUES PROPOSEES
(à utiliser sur le lieu du travail, et avant de s'endormir) .

Préparation.
Préparez-vous pour yoga nidra. Allongez-vous par terre
en posture de shavasana. Dans cette position, le corps doit
être droit de la tête aux pieds, les jambes légèrement
écartées et les bras près du corps, les paumes de main tour­
nées vers le haut. « pause >>. Assurez-vous que votre corps,
votre position et vos vêtements vous laissent à l'aise et
arrangez l'ensemble de manière à vous trouver parfaitement
bien. Pendant le yoga nidra il ne doit y avoir aucun mouve­
ment, absolument aucun mouvement physique. « pause ».
[ Ferm�z les yeux _�et ne les rouvrez pas avant qu'on ne vous le
dise. ifl!e.P�Z une profonde inspiration et en expirant1 sentez
toutes vos préoccupations et to us vos soucis de la journée
s'en aller de vous. « palise ».
Dans la séance qui suit, vous allez développer la sensa­
tion de relaxation dans le corps. Il n'est pas nécessaire de
faire de mouvement o u d'essayer de relâcher vos muscles
un à un ; ':ressentez simplement une sensation de détente.
« pause ». �etrouvez la sensation que vous _ éprouvez j uste
avant de vous endormir ... quand la relaxation s'approfondit,
·
le sommeil vl.ent à coup sûr, mais vous devez essayer de
rester tout à fait éveillé, ceci est très important. Prenez
mentalement la résolution suivante : « ��-A�- y�i� _p�_s gpr­ __

mir, je vais rester éveillé p endant toute la �éance ». « paus e » .


Pendant l e yoga nidra vous travaillerez à u niveau d e l'écoute,
en parfaite lucidité, et la seule chose importante est de sui­
vre la voix de l'instructeur. « pause ». Vous ne devez pas
71
chercher à intellectualiser ou à analyser les directives, car
cela nuirait à votre détente mentale. Mettez simplement
toute votre attention et votre sensibilité dans l'écoute de la
voix, et si des pensées viennent vous déranger de temps en
temps, ne vous inquiétez pas et continuez votre pratique.
« pause >>. Laissez-vous aller au calme et à l'immobilité;··
(Lorsque vous pratiquez seul, consacrez toujours cinq minu­
tes à la préparation. Ne commencez pas trop abruptement) .
« pause >>.

Relaxation.
Eveillez maintenant un sentiment de détente intérieure
dans tout de corps et prenez conscience de l'importance de
cette complète immobilité. « pause ». Prenez conscience de
votre corps du haut de la tête jusqu'au bout des pieds et
répétez mentalement 0-o-o-o-m-m-m-m- « pause >>. Une
complète immobilité et une parfaite conscience de tout le
corps... répétez 0-o-o-o-m-m-m-m. « pause >>. Continuez à
�avoir conscience tdoe ..tout J e _corpsJ .. ltout le corps.;. tout l e
corps. « longue pause >>. Prenez conscience d u fait que vous
allez pratiquer yoga nidra ... Répétez mentalement « j e suis
conscient... je vais pratiquer yoga nidra ... >> Répétez cela
encore une fois. « pause >> .

Sankalpa.
C'est le moment de prononcer votre sankalpa. <<pause)).
La formulation devra en être très simple ... Essayez d'en
trouver une naturellement. Vous en trouverez sûrement une
à prononcer maintenant. << pause >> . Ce doit être une \ affirma­
tion c<>_w-te et positive, formulée dans un langage clair ... Elle
doit être énoncée en toute conscience, en la vivant, et avec
force trois fois. << pause >>. Il est absolument certain que ce
sankalpa que vous affirmez durant le yoga nidra se réalisera
dans votre vie.

Rotation de la conscience.
Nous commençons par la 'rotation de la conscience ... La
rotation de votre conscience qui voyage à travers les diffé­
rentes parties du corps. La conscience doit se déplacer aussi
rapidement que possible d'une partie à une autre ; 'répétez
mentalement le nom de �a partie du corps en même temps
que vous en \prenez conscience. i Restez en alerte, mais ne
vous concentrez pas trop intensément ; prenéz conscience de
la main droite. << pause >>.
72
( COTE DROIT)
Pouce de la main droite, deuxième doigt, troisième
doigt, quatrième doigt, cinquième doigt, paume, prenez
: conscience de la paume, du poignet, coude, épaule, aisselle,
taille à droite, cuisse droite, genou, mollet, talon, plante du
pied droit, gros orteil deuxième, troisième, quatrième, cin-
quième.
(COTE GAUCHE)
Prenez conscience du pouce de la main gauche, deuxiè­
me doigt, troisième, quatrième, cinquième, paume de la
main gauche, poignet, coude, épaule, aisselle, taille à gauche.
cuisse gauche, genou, mollet, cheville, talon, plante du pied
gauche, gros orteil, deuxième, troisième, quatrième, cin­
quième.
(DOS)
-
Passons maintenant au dos. Prenez conscience de l'omo-
plate droite ... omoplate gauche ... fessier droit ... fessier gau­
che... colonne vertébrale... tout le dos
(DEVANT)
Passez maintenant au sommet de la tête. Sommet de la
tête, front, les deux tempes, sourcil droit, soW"cil gauche,
espace entre les deux sourcils, œil droit, œil gauche, oreille
droite, oreille gauche, joue droite, joue gauche, le nez, le
bout du nez, lèvre supérieure, lèvre inférieure, menton,
gorge, poitrine droite, poitrine gauche, milieu de la poitrine,
nombril, abdomen.
(PARTIES PRINCIPALES)
Toute la j ambe droite... toute la j ambe gauche... les deux
j ambes... ensemble. « pause ». Le bras droit... le bras gauche...
les deux bras ... ensemble. << pause >>. Tout le dos, les fessiers,
la colonne vertébrale, les omoplates... tout le devant du
corps, l'abdomen, la poitrine ... le devant et le dos ... ensem­
ble... toute la tête... toute la tête... tout l e corps... tout le
corps... tout le corps... tout le corps... tout le corps... tout le
corps... tout le corps. . (Répétez ce cycle une ou deux fois
.

en diminuant progressivement le rythme).


Attention, ne vous endormez pas... soyez totalement
conscient... ne vous endormez pas... aucun mouvement.
<< pause ». Tout le corps sur le sol, prenez conscience de votre
corps qui repose sur le sol, « pause ». Voyez votre corps qui
repose sur le sol, voyez votre corps qui repose SW' le sol...
dans cette pi�e parfaitement calme. « pause ». Visualisez
bien cela. « longue pause ».
Respiration.
Prenez conscience de votre souffle. << pause ». Sentez le
flot de respiration qui entre et sort de vos poumons. << pause».
73
N'essayez pas de changer le rythme : la respiration se fait
naturellement, automatiquement... sans aucun contrôle, sans
aucun effort. « pause » . Gardez bien la conscience de la res­
piration continuez, continuez... conscience de la respiration.
« longue pause ».
Fixez maintenant votre attention sur la région du nom­
bril. « pause ». Votre nombril s'élève et s'abaisse do•.1cement
à chaque respiration. A chacune de vos respirations, il y a
expansion, puis contraction du nombril... Concentrez-vous
sur ce mouvement synchronisé avec votre respiration.
« pause ». Continuez à faire cela, et restez bien conscient.
« longue pause >>. Commencez maintenant un compte de vos
respirations à rebours de 27 à 1, comme ceci : 27 le nombril
se soulève, 27 le nombril s'abaisse, 26 le nombril se soulève,
26 le nombril s'abaisse, 25 le nombril se soulève, 25 le nom­
bril s'abaisse, etc. Répétez mentalement ces mots et ces·

chiffres en comptant les respirations. « paus e ». Attention ne


vous trompez pas, si vous vous trompez, vous devez revenir
à 27 et recommencer. « longue pause ». En restant pleinement
conscient du compte, continuez de 27 à 1. « longue pause » .
Continuez votre compte. . . sans erreur. « longue pause ».
Arrêtez maintenant de compter les respirations au
niveau du nombril, et déplacez votre attention vers la poi­
trine, fixez-vous sur la poitrine. « pause ». Votre poitrine
s'élève et s'abaisse doucement à chacune de vos respirations.
Prenez-en conscience. « pause ». Continuez à vous concen­
trer sur le mouvement de la poitrine et recommencez à
compter de 27 à 1, comme tout à l'heure ... 27 la poitrine
s'élève, 27 la poitrine s'abaisse, 26 la poitrine s'élève, 26 la
poitrine s'abaisse, 25 la poitrine s'élève, 25 la poitrine s'a­
baisse, etc... De la même manière répétez ces mots et ces
chiffres mentalement en comptant. « longue pause ». Ne vous
trompez pas, si vous faites une erreur vous devez recommen­
cer au début, à 27. « longue pause ». Continuez votre compte
de 27 à 1, continuez le compte à rebours et restez vigilant.
Restez vigilant et continuez de compter. « longue pause » .
Arrêtez votre compte de la respiration a u niveau d e la
poitrine et portez votre conscience sur la gorge. « pause ».
Prenez conscience du souffl e qui passe dans la gorge, en
montant et en descendant ; prenez-en bien conscience.
<< pause ». Concentrez-vous sur le mouvement du souffle, et
recommencez le compte à rebours de 27 à 1 comme précé­
demment... Soyez parfaitement conscient du compte et du
souffle. « longue pause ». Ne dormez pas, restez bien cons­
cient du compte. << longue pause ». Continuez à compter vos
respirations au niveau de la gorge. « longue pause ».
74
Arrêtez maintenant votre compte et portez votre atten­
tion sur les narines... prenez conscience du souffle qui en­
tre et qui sort par les narines « pause » . Concentrez-vous
sur le mouvement du souffle, et commencez à compter com­
me précédemment vous venez de le faire, 27 le souffle
entre, 27 le souffle sort, « longue pause ». Restez pleinement
conscient. continuez à compter, sans erreur « longue pause >> .
Continuez votre compte, continuez. « longue pause » .
Visual isation d'images.
Arrêtez votre compte et laissez votre respiration. Nous
en arrivons aux visualisations « pause >>. Dans la séquence
qui va suivre un certain nombre de choses vont être nom­
mées et vous devrez essayer de les percevoir à tous les ni­
veaux... sensation, conscience, émotion, imagination, aussi
parfaitement que possible « pause ». Si vous arrivez à cette
...

vision, votre relaxation sera complète... et si vous n'y arrivez


pas, c'est que vous avez besoin de vous entraîner encore un
peu « pause ».
Une: bougie allumée... une bougie allumée, une bougie
allumée... un désert sans fin... un désert sans flin... lun
désert sans fin... une pyramide d'Egypte... une pyramide
d'Egypte ... une pyramide d'Egypte .. une pluie torrentielle ...
une pluie torrentielle... une pluie torrentielle... Des monta­
gnes couvertes de neige... des montagnes couvertes de nei­
ge... des montagnes couvertes de neige... un temple grec
au lever du soleil... un temple grec au lever du soleil... un
temple grec au lever du soleil... un cercueil près d'une tom­
be... un cercueil près d'une tombe... un cercueil près d'une
tombe ... un vol d'oiseaux au soleil couchant... un vol d'oi­
seaux au soleil couchant... un vol d'oiseaux au soleil cou­
chant... des nuages rouges qui passent... des nuages rouges
qui passent... des nuages rouges qui passent. .. une croix au-
dessus d'une église... une croix au-dessus d'une église... une
croix au-dessus d'une église... une nuit criblée d'étoiles ... une
nuit criblée d'étoiles... une nuit criblée d'étoiles... la pleine
lune ... la pleine lune... la pleine lune... le sourire du Boud-
dha... le sourire du Bouddha... le sourire du Bouddha... le
vent de la mer... le vent de la mer... le vent de la mer... des
vagues qui déferlent sur une île déserte... des vagues qui
déferlent sur un île déserte... des vagues qui déferlent sur
une île déserte... le mouvement éternel de la mer ... le mou­
vement éternel de la mer ... « longue pause ».
Sankalpa.
C'est le moment maintenant de répéter votre sankalpa...
répétez le même sankalpa qu'au début de la séance, un seul
75
et le même, ne le changez pas... répétez le sankalpa trois
fois en le vivant et en pleine conscience « pause » .
Fin.
Relâchez tout effort, ramenez votre mental vers l'ex­
térieur, et prenez conscience de votre respiration... prenez
conscience de votre respiration naturelle « pause )). Votre
corps parfaitement détendu repose sur le sol... et vous res­
pirez tranquillement, avec lenteur << pause )). Prenez bien
conscience de votre corps, du sommet du crâne jusqu'au
bout des pieds et répétez mentalement o-o-o-o-m-m-m-m
<< pause )). Répétez o-o-o-o-m-m-m-m mentalement encore
deux fois « pause )). Prenez conscience du sol et de la posi­
tion de votre corps sur le sol... Visualisez la pièce autour de
vous, prenez conscience de votre environnement << pause )).
Restez ainsi quelques instants en gardant les paupières
closes.

AUTRES COURTES PRAT I QU ES POSS I BL ES


Pour ce qui a trait à la relaxation, les éléments essen­
tiels de cette forme de yoga nidra sont la rotation de la
conscience et le compte des respirations. Ces éléments
s'adaptent facilement au contexte du lieu de travail ou du
domicile, quand une courte interruption de cinq à vingt mi­
nutes se présente d'elle même. La technique est très sou­
ple, elle se prête à des combinaisons multiples des quatre
niveaux de la respiration selon les circonstances. Les exem­
ples suivants sont la transcription de séances qui convien­
nent au bureau et à la maison, ou à n'importe quel endroit
tranquille.
Fermez la porte à clé, éteignez les lumières et fermez
les rideaux. Fixez mentalement l'heure à laquelle vous vou­
lez terminer (par exemple 10 minutes plus tard) . Etendez­
vous sur le sol ou sur un divan, et fermez les yeux. Com­
mencez par relaxer le corps en vous allongeant un petit
moment en shavasana. Laissez votre mental vagabonder
alentour en suivant les bruits qui vous parviennent du de­
hors ; ne cherchez pas à analyser ou à intellectualiser ces
sons, prenez-en simplement conscience comme de quelque
chose d'extérieur à vous. Portez votre attention sur le corps.
Prenez une grande inspiration et en expirant, sentez que
vous vous abandonnez complètement. Concentrez le mental
sur les points de contact entre votre corps et le sol, et inten­
sifiez cette sensation pendant une ou deux minutes. Puis
passez à une rotation rapide de la conscience dans le corps,
en commençant par le pouce droit et en vous déplaçant
78
selon le même traj et que pendant la séance décrite ci-dessus
(côté droit, côté gauche, dos, devant, parties principales).
Prenez conscience de votre souffle naturel. Fixez votre at­
tention sur l'air qui entre et qui sort des narines (ou fixez
votre attention au niveau de la gorge, de la poitrine, ou du
nombril, comme vous préférez) . Comptez les respirations
à rebours de 1 1 à 1 (ou de 27 à 1 si vous en avez le temps) .
Arrêtez votre compte et prenez une profonde inspiration.
Restez allongé pendant quelques instants puis étirez-vous
doucement. Ouvrez les yeux et levez-vous ; la séance est
terminée.
Il est possible de pratiquer yoga nidra assis ou même
debout, mais cela n'est pas recommandé. Le trait distinctif
de cette forme de relaxation est la rotation systématique de
la conscience dans le corps, et les meilleurs résultats s'ob­
tiennent dans la position couché sur le dos. Si l'on désire
obtenir une rapide détente mentale et qu'on ne dispose de
rien de mieux qu'une chaise, par exemple dans la cui­
sine pendant que le dîner mijote, ou dans l'autobus en
rentrant du travail, alors il vaut mieux ne pratiquer que
la conscience du souffle. en particulier la conscience de la
respiration mentalement alternée (anulom vilom) ( 1 ) .
Le processus est l e même que précédemment. Une fois
encore faites-vous aussi silencieux et immobile que possi­
ble et laissez votre corps se relâcher. Puis prenez une par
une les régions tendues et relaxez-les. (Par exemple : avez­
vous les sourcils froncés ? votre cou est-il raide ? Est-ce que
vos poings sont serrés ? ) Contractez intérieurement tous les
muscles de votre corps et relâchez-les ; recommencez. Fixez
votre attention sur le souffle qui entre et qui sort des na­
rines, et maintenez votre conscience sur ce passage pendant
quelques instants. Imaginez que le souffle· entre et sort
alternativement de chaque narine : entrant par la gauche ;
sortant par la droite ; entrant par la droite ; sortant par la
gauche ; et ainsi de suite. Commencez à compter vos respi­
rations de 27 à 1 ( ou n'importe quel nombre selon le temps
disponible) . Continuez le temps fixé. Pour vous arrêter,
abandonnez le compte et reprenez conscience de votre corps.
Avant de vous lever, prenez une profonde inspiration et éti­
rez-vous bien. Ceci termine la séancP..
Dans les cas d'insomnie ou de surexcitation mentale,
yoga nidra peut aussi être utilisé en vue d'amener le som­
meil. Commencez par éteindre la lwnière et par vous met-

( 1 ) Nadi shodhana mental : voir descriptif p. 91 (Respi1'ation) .

77
tre au lit. Mettez-vous en shavasana, la tête sur un oreiller
pas trop épais. Laissez les mains retomber dans la position
la plus confortable, probablement les paumes tournées vers
le bas. Si vous avez un matelas trop mou, il serait bon de
mettre une planche dessous. Le processus est le même que
dans la première de ces courtes séances. Commencez en
écoutant les bruits extérieurs, puis concentrez-vous sur les
points de contact entre votre corps et le lit. Faites suivre de
deux ou trois rotations de la conscie�ce dans le corps, et cela
vous amènera normalement au sommeil. Si cela est néces­
saire, vous pouvez continuer par une respiration mentalement
alternée dans les narines, en effectuant un compte à rebours
de 54 à 1. Si le sommeil ne vient toujours pas, il pourrait être
bon de prendre de l'exercice avant d'aller se coucher, par
exemple une longue promenade ou 15 minutes de Surya Na­
maskar, ( salutation au soleil ) .

78
YOGA NIDRA 2
PREPARATION.
RELAXATION (Antar maw1a) .
SANKALPA.
ROTATION DE LA CONSCIENCE ( côté droit, côté gau­
che, dos, devant, parties principales) .
CONSCIENCE DU CORPS/DU SOL.
RESPIRATION (de la gorge au nombril, 54 à 1 ou
27 à 1 ) .
SENSATIONS ( lourdeur/légèreté froid/chaleur
douleur /plaisir) .
ESPACE INTERIEUR ( Chidakash ) .
VISUALISATION DU PARC/DU TEMPLE.
ESPACE INTERIEUR ( Chidakash ) .
SANKALPA.
FIN.
AUTRES VISUALISATIONS PROPOSEES.
1. Montagne.
2. Le corps qui plane.
3. Puits/océan.

Préparation.
Préparez-vous pour Yoga nidra. Etendez-vous en shava­
sana, la posture du cadavre, aussi confortablement que pos­
sible. Ne serrez pas les pieds et laissez-les tomber un peu
vers l'extérieur, les bras près du corps, paumes tournées
vers le haut « pause ,,, Assurez-vous que votre couverture,
votre position et vos vêtements vous laissent à l'aise, afin
de pratiquer le yoga nidra sans bouger et sans inconfort. Fer­
mez maintenant les yeux et ne les rouvrez pas avant qu'on
ne vous le dise. « longue pause )). Dans la pratique du yoga
nidra, il vous est demandé d'écouter et de ressentir, ce sont
les deux seuls éléments importants. « pause ,,, Pendant le yoga
nidra, vous fonctionnez au niveau de la prise de conscience...
et en plus, au niveau de l'écoute, alors que vous n'exercez
pas de contrôle pendant que vous rêvez, dans yoga nidra
vous êtes le c réateur du rêve. « pause ,,, DiteSI-vous menta­
lement : « Je vais rester éveillé, je vais rester à l'écoute de
la voix » ... répétez-vous : « Je vais rester éveillé. << pause ».
79
Prenez tout le temps nécessaire pour arriver au calme et à
l'immobilité... Prenez une profonde inspiration et sentez le
calme se répandre dans tout votre corps. << pause >>. En expi­
rant dites-vous mentalement : << DETENTE ». << pause » .

Relaxation.
Prenez conscience des bruits du lointain, prenez cons­
cience des bruits les plus éloignés dans votre champ d'au­
dition. << pause ». Laissez votre sens de l'ouïe opérer com­
me un radar ... en cherchant à capter les sons éloignés et
en les suivant pendant quelques secondes. « pause ». Dé­
placez votre attention d'un son à l'autre ... sans chercher à
en identifier la source. << pause ». Amenez peu à peu votre
attention sur des bruits plus proches ... vous passez des bruits
extérieurs à cet immeuble... aux bruits intérieurs à l'im­
meuble. << pause ». Maintenant intensifiez votre conscience
de cette pièce ... sans ouvrir les yeux, visualisez les quatre
murs, le plafond, le sol, votre corps étendu sur le sol, voyez
votre corps étendu sur le sol. << pause ». Prenez conscience
de votre corps physique étendu sur le sol... conscience to­
tale de votre corps, allongé parfaitement immobile sur le
sol. « pause » . Votre corps repose sur le sol... Prenez cons­
cience des points de contact psychologiques entre votre corps
et le sol. << pause ». Prenez conscience de votre respiration
naturelle, prenez conscience du souffle profond et naturel,
du souffle qui se fait spontanément ; ne vous concentrez
pas, car cela gênerait ce processus naturel. « pause ». Conti­
nuez à m'écouter et soyez conscient que vous respirez.
<< pause » . La pratique du yoga nidra commence mainte­

nant... répétez mentalement : << Je vais pratiquer yoga


nidra. Je ne vais pas m'endormir, je ne vais pas m'endor­
mir. Je vais pratiquer yoga nidra » .

Sankalpa.
Le moment est venu de prononcer votre résolution.
<<pause » . Un sankalpa simple... un sankalpa simple. Formu­
lez votre sankalpa en toute conscience et en le vivant, trois
fois de suite. << pause ».

Rotation de la conscience.
Rotation de la conscience dans les différents centres du
corps ... Aussi rapidement que possible la conscience doit
sauter d'un point à un autre. Répétez mentalement le nom
de la partie du corps en même temps que vous en prenez
conscience. On commence toujours par la main droite...
80
( COTE DROIT)
Pouce de la main droite, deuxième doigt, troisième, qua­
trième, cinquième, paume, poignet, coude, épaule, aisselle,
taille, hanche, cuisse droite, genou, mollet, cheville, talon,
plante du pied, gros orteil, deuxième, troisième, quatrième,
cinquième ...
( COTE GAUCHE)
Pouce de la main gauche, deuxième doigt, troisième,
quatrième, cinquième, paume, poignet, coude, épaule, ais­
selle, taille, hanche, cuisse gauche, genou, mollet, cheville,
talon, plante du pied, gros orteil, deuxième, troisième, qua­
trième, cinquième...
(DOS)
Epaule droite, épaule gauche, omoplate droite, omoplate
gauche ... fessier droit, fessier gauche, colonne vertébrale...
le dos en entier...
( DEVANT)
Sommet de la tête, front, sourcil droit, sourcil gauche,
espace entre les deux sourcils, œil droit, œil gauche, oreille
droite, oreille gauche, j oue droite, j oue gauche, le nez, le
bout du nez, lèvre supérieure, lèvre inférieure, menton, gor­
ge, clavicule droite, clavicule gauche, poitrine droite, poi­
trine gauche, milieu de la poitrine, nombril, abdomen, bas­
ventre ...
(PARTIES PRINCIPALES)
Toute la j ambe droite ... toute la j ambe gauche... les deux
j ambes ensemble ... le bras droit, le bras gauche, les deux
bras ensemble... Tout le dos, tout le fr;ont, toute la têt�.. .
tout ensemble. Jambes, bras, dos, devant, tête, ensemble .. .
tout le corps ... tout le corps ... tout le corps .. « Pause » .
.

(RECOMMENCEZ ENCORE DEUX CYCLES) .

Conscience du corps et d u sol.


Conscience homogène de tout le corps, conscience com­
plète, mais aussi... prenez conscience de l'espace occupé par
le corps. Vous devenez conscient de votre corps... et de cet
espace qui est occupé par votre corps, le corps et l'espace.
<< longue pause >>. Devenez conscient de tout le corps et du
sol, de tout le corps en relation avec le sol... en même temps
prenez conscience des points de contact du corps avec le sol.
« pause ». De ces points de contact psychologiques très
subtils entre le corps et le sol. « pause ». Sentez les points
de contact entre l'arrière de la tête et le sol... omoplates
et sol... coudes et sol... dos des mains et sol... fessiers et sol...
mollets et sol... talons et sol... « pause » . Perception de tous
81
les points de contact entre le corps et le sol, sensation homo­
gène de tous les points à la fois. « pause ». Continuez à sen­
tir ces points de contact clairement et distinctement. Atten­
tion, ne dormez pas, allez-y. « longue pause >> . Branchez
votre attention sur les paupières ... sentez les points de con­
tact des paupières supérieures avec les paupières inférieu­
res... Sentez la mince ligne où elles se joignent. « Pause » .
Intensifiez votre perception du contact des paupières.
« pause ». Et maintenant les lèvres ... Centrez toute votre
attention sur la jonction des lèvres, sur l'espace entre les
lèvres. « longue pause ».

Respiration.
Des lèvres nous passons à la respiration. Portez votre
attention sur le flux du souffle qui entre et sort naturelle­
ment. « pause ». Sentez le souffle qui se déplace dans le pas­
sage entre le nombril et la gorge. . à l'inspiration, il s'élève
.

du nombril à la gorge, à l'expiration il redescend de la gorge


au nombrj). « pause ». Prenez parfaitement conscience de
la respiration, du nombril à la gorge, de la gorge au nom­
bril... n'essayez pas de forcer le souffle, prenez-en seule­
ment conscience. « pause ». Maintenez-y votre conscience
et en même temps commencez un compte à rebours de vos
respirations de la manière suivante : 54 j 'inspire, 54 j 'ex­
pire, 53 j'inspire, 53 j'expire, 52 j 'inspire, 52 j ' expire et ainsi
de suite de 54 à 1 ( ou de 27 à 1 ) . Comptez mentalement en
suivant la montée puis la descente de votre souffle, du nom­
bril à la gorge, puis dans l'autre sens. « pause ». Conscience
totale de la respiration et du compte. << pause ». La respira­
tion est lente ... et détendue, continuez à compter.

Sensations.
(LOURDEUR)
Eveillez la sensation de lourdeur dans le corps, éveillez
la sensation de lourdeur. << pause ». Devenez conscient de
la lourdeur de chaque partie de votre corps prise séparé­
ment. << pause ». Vous êtes tellement lourd que vous vous
enfoncez dans le sol. << pause ». Conscience de la lourdeur.
Conscience de la lourdeur. << longue pause » .
(LEGERETE)
Eveillez la sensation de légèreté, éveillez la sensation
de légèreté. << pause ». La sensation d'être léger et sans
poids dans toutes les parties de votre corps. << pause ». Votre
corps est si léger... qu'il pourrait flotter au-dessus du sol.
« pause ». Sensation de légèreté. « longue pause ».
(FROID)
Il
Sensation de froid ; éprouvez la sensation d'un froid
piquant dans le corps. « pause ». Imaginez que vous êtes en
train de marcher sur un sol glacé en hiver... Vos pieds sont
froids, tout votre corps est glacé. « pause >>. Prenez cons­
cience du froid. « longue pause ».
( CHALEUR )
Eveillez la sensation de chaleur ; éveillez l'expérience
de la chaleur. Tout le corps est chaud, tout le corps est très
chaud ... Vous vous sentez brûlant de partout. « pause ». Sou­
venez-vous de la sensation de chaleur en été, dehors en plein
soleil... de la chaleur partout dans le corps, de la chaleur
tout autour du corps. << pause ». Prenez conscience de la
chaleur. << longue pause ».
( DOULEUR)
Expérience de la douleur, concentrez-vous et essayez
de vous souvenir d'une expérience. << pause ». N'importe
quelle douleur que vous ayez ressentie dans votre vie, men­
tale ou physique, remémorez-vous la sensation de douleur.
<< longue pause >>.
(PLAISIR)
Remémorez-vous la sensation de plaisir, n'importe quel
genre de plaisir, physique ou mental. « Pause » . Remémorez­
vous cette sensation et revivez-la ; rendez-là très vive ...
Eveillez la sensation de plaisir. < < longue pause ». Vérifiez
que vous êtes bien éveillé, êtes-vous endormi, assoup1 ? .. .

Assurez-vous que vous êtes bien éveillé, que vous ne dor­


mez pas ; dites-vous << Je suis éveillé ». << paust! » .

Espace intérieur.
Concentrez-vous sur l'espace que vous voyez en face de
vos yeux fermés, l'espace que nous appelons chidakash.
<< pause ». Imaginez devant vous un écran transparent à tra­
vers lequel vous pouvez voir l'espace infini... Un espace qui
s'étend à perte de vue. << pause ». Concentrez-vous sur cet
espace noir et prenez conscience de tous les phénomènes
qui s'y manifestent : tout ce que vous voyez est la manifes­
tation de votre mental. << pause ». Prenez conscience de cet
espace mais sans vous sentir implfqué. Surtout regardez avec
détachement. << longue pause » .

Visual isation d u parc et d u temple.


Imaginez que vous êtes dans un parc, très tôt le ma­
tin ... le soleil n'est pas encore levé et dans le parc il n'y a
personne sauf vous. « pause ». C'est un parc splendide, cal­
me et serein... marchez dans l'herbe drue... Ecoutez les oi­
seaux qui chantent pour saluer le jour nouveau. << pause ». Il
83
y a des bosquets pleins de fleurs, roses, j aunes, rouges ... Hu­
mez leur parfum et regardez les gouttes de rosée sur les péta­
les. Tout près se trouve un bassin avec des poissons ... des pois­
sons rouges nagent autour des nénuphars, regardez leurs
mouvements gracieux. Vous marchez au milieu des arbres,
des arbres magnifiques ... des arbres nus et des arbres feuil­
lus. Des arbres aux branches épanouies et de grands arbres
austères. Il y a une clairière au milieu des arbres ... et dans
la clairière se trouve un petit temple entouré d'une aura de
lumière. « pause ». Allez jusqu'à la porte, il fait frais et obs­
cur à l'intérieur... Sur les murs se trouvent des images de
grands saints. Vous vous asseyez sur le sol, vous fermez les
yeux et vous restez immobile... Une sensation de paix pro­
fonde et d 'harmonie vous enveloppe, et les bruits de l'exté­
rieur s'effacent dans le lointain. « pause >>. Ayez conscience
de méditer à l'intérieur du temple... Continuez un moment
j usqu'à ce que la paix et l'harmonie vous imprègnent.
Espace intérieur.
Ramenez votre conscience à chidakash, ramenez votre
conscience à cet espace noir que vous voyez en face de vos
yeux fermés. « pause ». Cet espace peut aussi être visualisé
en face de votre front ; si vous désirez l'explorer, il vous
suffit de déplacer votre regard un petit peu vers le haut...
Mais sans tension. « pause ». Observez bien cette obscurité ;
vous la regardez très attentivement, avec détachement ; res­
tez dans l'attitude du témoin. « pause ». Reposez votre men­
tal dans cette obscurité chaleureuse et sympathique ... Si
un phénomène subtil se présente, par exemple des couleurs
ou des formes, prenez-en note simplement, et continuez à
faire attention à ce qui se passe. « pause ». Si des pensées
vous arrivent, laissez les venir et repartir, mais continuez
à observer l'espace sombre, restez conscient. « longue pause » .
Sankalpa.
Votre sankalpa, rappelez-vous votre sankalpa. Répé­
tez le même sankalpa qu'au début de la séance, gardez les
mêmes mots et la même attitudQ. Répétez votre réso­
lution trois fois de suite, en la vivant et avec force.
Fin.
Reprenez conscience de votre respiration, reprenez
conscience de votre respiration naturelle. « pause ». Cons­
cience de la respiration... et conscience de la relaxation.
« pause ». Intensifiez la conscience de votre relaxation et
la conscience de votre existence physique. « pause ». Prenez
conscience de vos bras, de vos j ambes, et de votre corps al-
84
longé sur le sol. « pause >> . Prenez conscience des points de
contact entre votre corps et le sol. « pause ». Prenez bien
conscience de la pièce, du sol, des murs... des bruits de la
pièce et des bruits de l'extérieur. . . Ramenez votre mental
vers le dehors, extériorisez-vous. « pause ». Restez étendu
tranquillement quelques instants et gardez les yeux fermés.
Commencez à bouger votre corps et à vous étirer... Surtout,
prenez votre temps, ne vous pressez pas. « pause ». Quand
vous serez sûr d'être bien réveillé, asseyez-vous doucement
et ouvrez les yeux. La séance de yoga nidra est maintenant
terminée. HARI OM TAT SAT ( 1 ) .

AUTRES CHOIX D E V ISUALISATIONS


La montagne.
Imaginez qu'il est tôt le matin. Il fait encore sombre,
et vous marchez, vous gravissez des collines en route vere
quelque sommet. Vous êtes seul. « pause ». Vous avancez
en direction de l'est, et, j etant un regard en arrière, vous
apercevez le croissant de lune très bas dans le ciel. Bientôt
le soleil va se lever sur les montagnes face à vous. « Pause ».
Au loin, tout au fond d'une vallée, les lumières d'une bour­
gade scintillent dans la brume de l'aube. « pause ». La piste
déroule ses lacets sur le flanc d'une pente abrupte... elle
serpente entre d'énormes blocs rocheux et par des ponts
suspendus au-dessus de gouffres profonds. « pause ». Entre
deux flancs de colline, vous avez devant vous la vision d'une
très haute montagne au sommet neigeux ... et au-delà, le ciel
qui pâlit, annonce l'aurore. « pause ». Vous gravissez la pente
tapissée d'une couche de neige unie qui crisse sous chacun
de vos pas. Votre chemin croise un glacier.. . Tandis qu'à
une allure rapide vous avancez, la glace bouge, gémit et
craque. << pause ». Près du sommet de la montagne, il com­
mence à faire très froid... le vent hurle en rafales, tourbil­
lonne autour de vous, et fouette vos vêtements... Neige et
glace collent à vos souliers. << pause ». Vous voilà au som­
met et là une scène grandiose s'offre à vos yeux... vers l'est
une immense étendue de pics neigeux et de vallées encore
sombres ... vers l'ouest, des collines qui descendent en lignes
ondulées vers des plaines et vers la mer. « pause ». Activez
votre imagination et visualisez le spectacle. Voyez le soleil
se lever comme une boule dorée à l'est, répandant partout
ses rayons ; leurs reflets dorés sur la neige éblouissent vos

( 1) Ceci est une salutation yogique qui signifie : « Tu es cela, la


plénitude ».

85
yeux. « Pause ». Du regard, balayez tout le ciel : vers l'ouest
il est toujours gris ; au-dessus de vous, bleu ; à l'est, il prend
une délicate coloration verte aux abords du soleil. « pause )).
Observez bien l'effet de la lumière solaire qui frappe les
sommets des montagnes et se déverse sur leurs flancs... des
vallées profondes émergent de l'ombre qui se dissipe.
<< pause )). Vous êtes assis, les jambes croisées, et vous con­
templez cette scène grandiose ... L'aurore d'un j our nouveau.
« pause )). Laissez-vous porter par cette expérience. Laissez­
la librement imprégner votre esprit. « longue pause )).
Le corps qui plane.
Imaginez que vous êtes au plafond... et qu'en dessous,
vous voyez votre corps étendu en shavasana sur le sol, en
train de pratiquer yoga nidra au nùlieu d'autres personnes.
« pause ». Maintenant, voyez le corps se mettre debout len­
tement, aller sur la pointe des pieds jusqu'à la porte, l'ou­
vrir doucement ... et sortir, en refermant la porte sans bruit
derrière lui. Voyez votre corps en train de marcher à l'ex­
térieur de cette maison, voyez les objets familiers autour de
vous ... il n'y a aucune sensation d'effort, rien que de la légè­
reté. << pause ». Vous rencontrez des gens que vous connais­
sez ... vous les voyez, mais ils ne peuvent pas vous voir. Vous
les regardez passer, ils sont plongés peut-être dans leurs
conversations habituelles. << pause )). Soudainement, vous
vous apercevez que le corps plane maintenant au-dessus de
la mer... Prenez bien conscience de cela ... regardez les reflets
sur la mer bleu sombre, au-dessous de vous. Voyez un na­
vire qui laisse échapper de la vapeur. << pause )). Votre corps
plane comme un nuage... avec les nuages, votre corps se
déplace emporté par le vent... des rubans de nuages frôlent
votre visage. Au-dessous, le soleil se reflète sur des forma­
tions de nuages blancs ... Au-dessus de vous, des nuées déri­
vent dans le bleu du ciel. << pause )). Maintenant votre corps
est soulevé par des courants ascendants et survole des ter­
res ... sur le sol, au-dessous, vous voyez des fermes, des
champs bien découpés, des forêts épaisses, des rivières si­
nueuses éclaboussées de soleil. « pause )). Arrêtez-vous un
moment pour vous regarder vous-même de près... Votre corps
est totalement détendu et votre visage est l'expression par­
faite du calme et de la paix. « pause )). Soudain vous passez
à travers un arc en ciel ; votre corps est baigné de couleur...
sentez-vous lavé et purifié par les couleurs subtiles... Jaune,
vert, bleu, violet, rouge, orange, or. Sentez les couleurs pé­
nétrer tout votre corps, vous nourrissant et vous tonifiant
à un niveau profond. << longue pause ». Maintenant, revenez
lentement... voyez votre corps revenir vers l'extérieur de
88
cet immeuble, revoyez les objets familiers. Doucement, vous
ouvrez la porte, vous entrez, et vous la refermez derrière
vous. Vous vous étendez sur le sol, en prenant soin de ne
pas déranger les autres. « pause )). Maintenant voyez votre
corps pratiquer lentement des postures ... Votre corps repose
à nouveau en shavasana. cc longue pause )).
Puits/ Océan.
Imaginez-vous en train de marcher sur une route dé­
serte par un jour de chaleur torride ; sur l'un des côtés de la
route, il y a un grand mur, et dans le grand mur une petite
porte. Vous franchissez cette porte, et vous découvrez à l'inté­
rieur un jardin... des oiseaux qui chantent... des fleurs magnifi­
ques ... l'ombre rafraîchissante des arbres. _ cc pause )). Vous
explorez le j ardin et vous arrivez à un puits avec des pa­
pillons voletant au-dessus ; regardez à l'intérieur de ce
puits .. Il est très profond... le cylindre d'un tunnel qui plonge
dans l'obscurité sans fin. << pause ». Un escalier en colima­
çon longe les parois... vous commencez à descendre... Aux
murs, des pierres lisses ... du marbre blanc, du marbre jaune,
du marbre serpentin, vert émeraude ... regardez vers le haut,
et voyez le cercle de lumière au sommet du puits. << Pause )).
De trous dans la paroi, vous parviennent des cris de petits
animaux... des froissements et des petits cris aigus ; main­
tenant vous êtes plongé dans les ténèbres... vous cherchez
votre chemin à tâtons sur les murs. << pause ». De grands
yeux verts vous contemplent, cillent, puis se referment...
on entend un battement d'ailes et le hullulement d'une
chouette. Vous passez au travers d'une nuée d'insectes lumi­
neux... absolument transparents... Ils vous entourent, mais
aucun ne vous touche ; les murs sont humides et cou­
verts de mousse... Il y a une faible lumière au-dessous.
<< pause )). Vous atteignez le fond, et vous courez dans un
tunnel... et vous ressortez sur une plage de sable doré ; vous
êtes sur le rivage d'un océan infini de paix et de félicité.
cc pause )). Sur l'eau, une grande fleur de lotus se balance
doucement au rythme des vagues ... sur la fleur il y a un
petit enfant qui repose, et ce petit enfant, c'est vous ... sentez
que vous êtes cet enfant, doucement bercé par les eaux de
l'océan infini. « longue pause ». Continuez à ressentir cela :
vous êtes cet enfant, doucement balancé sur les eaux ... et
percevez le son du Om vibrant sur l'océan infini. << La vi­
bration du Om )). << longue pause )).

87
YOGA NI DRA 3
PREPARATION.
RELAXATION (Antar mauna ) .
SANKALPA.
ROTATION DE LA CONSCIENCE ( côté droit, côté
gauche, devant et dos, parties principales ) .
CONSCIENCE D E L A PEAU.
RESPIRATION (respiration mentalement alternée par
les narines, de 108 à 1 ou de 54 à 1 ) .
ESPACE INTERIEUR ( Chidakash) .
POINT-CENTRE DES SOURCILS/VISUALISATION
DE OM.
ESPACE INTERIEUR ( Chidakash ) .
SANKALPA.
FIN.
AUTRE CHOIX DE VISUALISATIONS.
1. Centre des sourcils/œuf d'or.
2. Centre des sourcils/Om/œuf d'or.
3. Puits/œuf d'or.

Préparation.
Préparez-vous pour yoga nidra. Etendez-vous en shava­
sana, la paume des mains tournée vers le haut ; laissez tom­
ber les pieds vers l'extérieur. « pause >>. Fermez les yeux, et
rapidement faites-vous immobile... Vérifiez maintenant que
vous êtes bien en place, il ne doit absolument plus y avoir
de mouvement j usqu'à la fin de la séance. cc pause ». Oubliez
pour une heure tous vos problèmes et tous vos soucis et
concentrez-vous sur yoga nidra ... oubliez tous vos soucis.
cc pause ». Faites une grande inspiration ... et en expirant,
sentez que vous vous A-B-A-N-D-0-N-N-E-Z. « pause ».
Relaxation.
Prenez conscience des bruits de l'extérieur, prenez cons­
cience des bruits éloignés de l'immeuble. cc longue pause » .
Laissez votre sens de l'ouïe vagabonder a u loin. . . puis rame­
nez-le progressivement vers l'immeuble, j usqu'à cette pièce.
cc longue pause ». Prenez bien conscience de cette pièce ... et
de vous-même allongé sur le sol... prenez conscience de votre
corps allongé sur le sol... cc pause ». Prenez conscience de
votre respiration ... soyez simplement conscient de respirer,
ne vous concentrez pas. Conscience du souffl e et conscience
du corps. cc pause ». Rappelez-vous votre intention, et
89
répétez mentalement : j e vais pratiquer yoga nidra. Je ne
vais pas dormir. « pause >>.
Sankalpa.
Le moment est venu maintenant de prononcer votre
sankalpa. Trois fois, en le vivant, et en pleine conscience.
cc pause » .

Rotation de la conscience.
Rotation de la conscience... conscience des différentes
parties du corps. En faisant un voyage tout autour du corps.
Laissez votre mental sauter librement d'une partie à une
autre.
(COTE DROIT)
Pouce de la main droite, deuxième doigt, troisième, qua­
trième, cinquième, paume, poignet, coude, épaule, aisselle,
côté droit, taille, hanche, cuisse droite, genou, mollet, che­
ville, talon, plante du pied, orteils du pied droit, un, deux,
trois, quatre, cinq...
( COTE GAUCHE)
Pouce de la main gauche, deuxième doigt, troisième,
quatrième, cinquième, paume, poignet, coude, épaule, aissel­
le, côté gauche, taille, hanche, cuisse gauche, genou, mollet,
cheville, talon, plante du pied, orteils gauches, un, deux,
trois, quatre, cinq.
(FACE ANTERIEURE EN DESCENDANT)
Passez à la tête. Sommet de la tête, front, sourcil droit,
sourcil gauche, espace entre les deux sourcils, œil droit,
œil gauche, oreille droite, oreille gauche, narine droite, nari­
ne gauche, j oue droite, j oue gauche , lèvre supérieure, lèvre
inférieure, clavicule droite, clavicule gauche, poitrine droite,
poitrine gauche, milieu de la poitrine, nombril, haut de l'ab­
domen, bas de l'abdomen, aine droite, aîne gauche, cuisse
droite, cuisse gauche, genou droit, genou gauche, cheville
droite, cheville gauche, orteils droits, orteils gauches...
(FACE POSTERIEURE EN REMONTANT)
Maintenant, la face postérieure. Plante du pied droit,
plante du pied gauche, talon droit, talon gauche, mollet
droit, mollet gauche, arrière du genou droit, arrière du
genou gauche, arrière de la cuisse droite, arrière de la cuisse
gauche, fessier droit, fessier gauche, hanche droite, hanche
gauche, colonne vertébrale en entier, omoplate droite, omo­
plate gauche, arrière de la tête, sommet de la tête...
(PARTIES PRINCIPALES)
Parties principales. Toute la jambe droite, toute la j am­
be gauche, les deux j ambes ... ensemble ; le bras droit, le bras
gauche, les deux bras ... ensemble ; toute la tête ; tout le dos ;
90
tout l'avant du corps ... tout le corps ... tout le corps. . tuut l tt
.

corps.
REPETEZ CE CYCLE DEUX FOIS.

Peau.
Prenez conscience des points de contact de votre corps
avec le sol... concentrez-vous sur eux un petit moment.
cc pause )) . Sentez les points de contact de votre corps avec
le sol... intensément, de manière homogène. cc longue pause )).
Portez-vous sur la paume des mains ... sentez-en la peau, et
celle des doigts. Sentez la peau et prenez conscience des
lignes qu'il y a sur la paume et les doigts... avec intensité ;
perception pleine et entière. cc longue pause )). Portez votre
conscience au visage, prenez conscience de la peau du visage
et intensifiez cette perception. cc pause )) . Prenez conscience
de la peau, du front, des joues et du menton. Percevez les
moindres rides du visage. cc pause )) . Portez votre attention
sur les paupières, sentez le contact entre les paupières.
cc pause )). Et maintenant les lèvres, sentez le contact entre
les lèvres, ressentez-le avec intensité. cc longue pause )).

Respiration.
Portez votre attention sur votre respiration naturelle ...
soyez conscient de respirer lentement et tranquillement.
cc pause )) . Soyez c onscient de votre respiration et de rien
d'autre. cc pause )). Concentrez-vous maintenant sur le mou­
vement du souffle entre le nombril et la gorge... Ressentez
le souffle qui se déplace tout au long de ce passage. ccpause)).
A l'inspiration, l'air s'élève du nombril à la gorge, à l'expi­
ration, il redescend de la gorge au nombril... prenez-en bien
conscience. cc longue pause )). Prenez maintenant conscience
de la respiration dans les narines, du souffle naturel qui
passe par les deux narines, et vient former un triangle dont
le sommet est la racine du nez. cc pause )). Pensez aux deux
souffles qui entrent séparément, se rapprochent et se rejoi­
gnent au milieu des sourcils. cc longue pause )) . Commencez
maintenant à pratiquer un nadi shodhana mental ( 1 ) conscien­
ce de la respiration mentalement alternée dans les narines...
en effectuant un compte de 108 à 1 comme suit : 108 - inspi­
ration par la narine gauche, 108 - expiration par la narine
droite, 107 - inspiration par la narine droite, 107 - expiration
par la narine gauche ... et ainsi de suite. Répétez en même
temps ces chiffres mentalement. cc longue pause )). Pleine
conscience du souffle dans les narines et du compte. cc longue

( 1 ) Cf. page 77 (Respintion) .


pause ». Continuez votre compte en restant pleinement con­
scient. « longue pause ». Continuez. (5 à 10 minutes de
pause) .
Espace intérieur.
Prenez conscience de chidakash, l'espace intérieur que
vous voyez derrière votre front. « pause ». Intensifiez votre
perception de cet espace... Un espace infini qui s'étend à
perte de vue. « pause ». Prenez conscience de cet espace.
« longue pause ». Soyez totalement conscient, mais restez
détaché... Ayez conscience de le regarder comme si vous
regardiez un film... ce que vous voyez est une projection de
votre inconscient. << pause >>. Si vous voyez des formes... ces
formes ne sont que des manifestations de votre mental...
maintenez votre perception, continuez. << longue pause ».
Point-centre des sourcils/Cm.
Amenez votre attention sur le point-centre des sourcils,
concentrez votre attention sur le point au milieu des deux
sourcils. << pause ». Imaginez que vous êtes assis au centre
des sourcils en posture de méditation en train de chanter
le mantra Om en synchronisation avec votre souffle ... Vous
êtes assis en lotus ou dans une autre position assise.
<< longue pause ». Conscience d'être assis au point-centre des
sourcils en train de chanter Om... Om vibre avec chaque
souffle, continuez. << longue pause ». Visualisez Om qui se
déploie en cercles concentriques à partir du point entre les
sourcils au fur et à mesure que vous continuez. << longue
pause ». Ramenez maintenant votre attention au point-centre
des sourcils uniquement ... cessez de vous visualisez vous­
même en train de méditer... préparez-vous à retourner è
chidakash. << pause ».
Espace intérieur.
Ramenez votre conscience à chidakash, retournez à cet
espace intérieur... l'espace que vous voyez derrière la paroi
du front. << pause ». Dans cet espace, guettez toutes les cou­
leurs ou formes qui peuvent surgir... Il ne doit y avoir
aucun effort, simplement la conscience de regarder. << longue
pause ». Pleine conscience de regarder en témoin. << longue
pause ». Continuez à observer cet espace en prenant con­
science de toute image, de toute pensée spontanée qui sur­
git... Essayez d'en prendre conscience. << longue pause ».
Sankalpa.
Prenez conscience de votre sankalpa, remémorez-vous
le sankalpa que vous avez formulé au début de la séance ;
92
le moment est venu de répéter votre sankalpa. « pause ».
Formulez votre sankalpa dans les mêmes termes et avec la
même attitude, avec foi, avec force, avec calme et avec con­
viction, trois fois de suite. « pause >> .
Fln.
Reprenez conscience de votre respiration, soyez con­
scient du souffle naturel, prenez conscience du souffle natu­
rel dans les narines. « pause ». Intensifiez votre perception
du souffle dans les narines et demeurez là. « longue pause >>.
La perception de la respiration mentalement alternée dans
les narines ... pratiquez cela un petit moment. « longue pau­
se >> . Elargissez maintenant votre conscience de la respira­
tion à toutes les parties du corps... En inspirant, sentez la
force de vie imprégner tout votre corps. << longue pause >>.
Prenez une lente, longue et profonde inspiration, et prenez
conscience de votre corps étendu, prenez conscience de votre
existence physique. << pause >>. Prenez conscience de votre
environnement... le sol sur lequel vous ête allongé, la pièce
où vous vous trouvez... tournez votre attention vers l'exté­
rieur. << longue pause >>. Commencez à faire de petits mou­
vements en vue de vous asseoir, prenez votre temps, rien
ne presse. << pause ». Etirez-vous des pieds à la tête trois
fois, avec les bras au-dessus de la tête, comme un chat, à
gauche, à droite et en arrière. Asseyez-vous doucement, et
ouvrez les yeux. La séance de yoga nidra est terminée.
HARI OM TAT SAT.

AUTRE C H O I X D E VISUALISAT I O N S
(a la place de u Point-centre des sourcils/Om)
Centre des sourcils/œuf d'or.
Portez votre attention sur le point situé entre les sour­
cils, fixez votre attention sur le centre des sourcils. <<pause».
Prenez conscience d'une porte d'or... prenez conscience
d'une grande et massive porte d'or. « pause >>. Essayez d'ou­
vrir cette porte, essayez d'ouvrir cette porte. «longue pause>>.
Maintenant, vous avez franchi la porte, vous êtes à l'entrée
d'une caverne obscure... visualisez cette caverne obscure.
« pause ». Tout au fond d e cette caverne, vous voyez la
flamme d'une lampe ... avancez vers cette lampe ... cherchez
à voir. << pause >>. Au cœur de cette lwnière se trouve un
petit œuf d'or, très brillant... aussi petit qu'un grain de
sésame ... minuscule et très brillant. << pause >>. Intensifiez
votre vision et voyez l'œuf d'or au cœur de la flamme ...
Tous ces éléments symbolisent votre être. << longue pause >>.
13
Laissez la flamme qui brûle et l'œuf d'or et revenez fran­
chir la porte d'or ... reprenez conscience du point-centre des
sourcils. « pause )) .

Centre des sourcils;om;œuf d'or.


Portez votre conscience sur le point au milieu des sour­
cils et fixez-y toute votre attention. « pause )). Imaginez que
vous êtes assis au centre des sourcils en train de chanter
Om ... assis en lotus ou dans une position confortable. «pause)).
Visualisez des cercles de Om qui se déploient en forme
concentrique depuis le point entre les sourcils, au fur et à
mesure de votre pratique. << longue pause )). Imaginez main­
tenant que vous quittez le centre des sourcils et que vous
pénétrez dans un espace sombre... devant vous se trouve
une porte d'or, visualisez cette porte d'or et essayez de
l'ouvrir. << longue pause )) . Maintenant, vous avez franchi la
porte et vous vous trouvez dans une caverne obscure... Quel­
que part dans cette caverne se trouve une flamme brûlante,
cherchez cette flamme. << pause )). Rapprochez-vous de cette
flamme, cherchez-la. Rapprochez-vous encore plus près de
la flamme qui brûle, et en son cœur voyez un œuf d'or ...
un petit œuf d'or resplendissant... visualisez-le. << pause )) .
Visualisez cet œuf d'or et cette flamme lumineuse ... que
vous êtes ... le grand Soi et le petit soi. << longue pause )).
Abandonnez la flamme et l'œuf d'or, et allez franchir à nou­
veau la porte d'or ... Ramenez votre attention au point-centre
des sourcils... Reprenez encore une fois conscience du point­
centre des sourcils. « pause )) .

Puits/œuf d'or.
Imaginez que vous êtes en train de marcher dans un
champ d'herbe verte et dorée... le soleil brille... l'air est
rafraîchi par la brise... chants d'oiseaux dans les arbres.
<< pause )) . Vous arrivez à un puits dans un champ de fleurs...
l'air est rempli de parfums... et de papillons ! << pause ».
Visualisez-vous en train de descendre dans le puits... par le
moyen qui vous paraît bon. << pause )) . Le fond du puits est
sombre ; mais là, une faible lumière vient d'un passage sou­
terrain. Entrez dans ce passage... Il descend en pente, tour­
ne, puis descend encore, puis vire sur lui-même. Vous arri­
vez dans une grande caverne... Il y a une flamme qui brûle...
allez j usqu'à cette flamme, et observez-la de plus près.
<< pause )). Au cœur de cette flamme, se trouve un œuf d'or...
très petit, un minuscule œuf d'or resplendissant ; de cet œuf
d'or, trois rayons de lumière "e proj ettent vers vous, un
vers l'œil droit, un vers l'œil gauche, et un vers le point-
14
centre des sourcils. Fixez votre regard sur cet œuf d'or et
prenez conscience de ces rayons de lumière. « longue pause >>.
Abandonnez maintenant l'œuf dor et reprenez le chemin à
travers la caverne... une fois dans le puits, remontez rapi­
dement... et retrouvez-vous dehors, dans le champ d'herbe
dorée. Sentez à nouveau la douce chaleur du soleil, et la
fraîcheur de la brise sur votre visage. « pause ».

85
YOGA NIDRA 4
PREPARATION
RELAXATION (Om/respiration)
SANKALPA
ROTATION DE LA CONSCIENCE ( côté droit, côté gau­
che, côté droit n remontant, côté gauche en remon­
tant, face postérieure en descendant, face antérieure
en remontant, parties principales) .
CORPS/CONSCIENCE DU MIROIR
RESPIRATION (mentalement alternée par les narines)
SENSATIONS (lourdeur, légèreté, douleur, plaisir)
ESPACE INTERIEUR ( océan, puits, pensées sponta-
nées)
VISUALISATION D'ASANAS
MOUVEMENT DANS LE TEMPS
VISUALISATION D'IMAGES RAPIDES
VISUALISATION OCEAN/JUNGLE
VISUALISATION DE L'ŒUF D'OR
SANKALPA
FIN

Préparation.
Préparez-vous pour yoga nidra. Etendez-vous en shava­
sana, le corps bien allongé, les pieds écartés, les paumes de
main tournées vers le haut et fermez les yeux. « pause >>�
Arrangez-vous pour vous trouver parfaitement à l'aise ; il
ne faudra faire aucun mouvement, conscient ou inconscient.
« pause >> . So uvenez vous que vous allez pratiquer le yoga
-

nidra, le sommeil psychique, et que vous n'avez qu'à main­


tenir votre attention au nivea u de l'écoute et des sensations.
« pause >> . Le corps dort mais l'esprit reste éveillé ... Vous
devez rester en alerte a.Gn de ne pas vous endormir. Répé­
tez mentalement : je ne vais pas dormir, je vais rester éveillé.
« pause >>. Prenez une profonde inspiration et sentez la fraî­
cheur et le calme se répandre à travers le corps ... à l'expir,
rejetez vos préoccupations et vos soucis ; sentez-les vous
q uitter. « longue pause >>.
Relaxation.
Prenez conscience de votre corps et détendez-vous com­
plètement, faites-vous calme, silencieux et immobile. « pau­
se ». Sentez que les jambes sont relaxées, le tronc, la tête,
97
les bras et les os. « pause ». Prenez conscience de votre corps
physique, du haut de la tête j usqu'au bout des pieds, et
répétez mentalement 0-o-o-o-m-m-m-m « pause ». Conscien­
ce totale de tout le corps... Répétez encore une fois
0 - o - o - o - rn - rn - rn - rn et encore une fois mentalement
0-o-o-o-m-m-m-m « pause >>. Relaxez mentalement votre
corps entier, relaxez-vous mentalement, relaxez-vous en res­
pirant normalement et en percevant le souffle qui se dépla­
ce du nombril à la gorge. «pause ». Perception de votre res­
piration naturelle, sans forcer. «pause ». Restez conscient
de la respiration du nombril à la gorge, et doucement, sen­
tez que vous respirez. « longue pause ». Maintenant soyez
conscient que vous allez pratiquer yoga nidra.
YOGA NIDRA COMMENCE MAINTENANT.

Sankalpa.
Le moment est venu de prononcer votre sankalpa
« pause ». Soyez fidèle à votre résolution, plantez-là à un
endroit et n'en changez pas ; le sankalpa se réalisera certai­
nement si le terrain est parfait. << pause ». Répétez votre
sankalpa trois fois, avec force et conviction. « pause ».

Rotation de la conscience.
Conscience des parties du corps... La conscience doit se
déplacer tout le long du corps et rester en mouvement.
<< pause ». En se déplaçant, elle se transforme en prana,
énergie vitale, sous forme d'un courant d'énergie. Ne vous
attardez pas sur une partie, mais sautez librement d'une
partie à une autre. << pause ».
(COTE DROIT)
Pouce de la main droite, deuxième doigt, troisième,
quatrième, cinquième, paume, poignet, coude, épaule, ais­
selle, taille, hanche, cuisse droite, genou, mollet, cheville,
talon, plante du pied, orteils gauches, un, deux, trois, quatre,
cinq.
(COTE GAUCHE )
Pouce de la main gauche, deuxième doigt, troisième,
quatrième, cinquième, paume, poignet, coude, épaule, ais­
selle, taille, hanche, cuisse gauche, genou, mollet, cheville,
talon, plante du pied, orteils gauches, un, deux, trois, quatre,
cinq.
( COTE DROIT EN REMONTANT)
En commençant en bas, allez aux orteils droits.
Gros orteil droit, deuxième, troisième, quatrième, cinquième,
plante du pied, talon, cheville, mollet, genou, cuisse, hanche,
98
taille, aisselle, épaule, coude, poignet, paume, pouce droit,
deuxième doigt, troisième, quatrième, cinquième.
(COTE GAUCHE EN REMONTANT)
Passez aux orteils gauches, passez aux orteils gauches.
Gros orteil gauche, deuxième, troisième, quatrième, cinquiè­
me, plante du pied, talon, cheville, mollet, genou, cuisse,
hanche, taille, aisselle, épaule, coude, poignet, paume, pouce
gauche, deuxième doigt, troisième, quatrième, cinquième...
(FACE POSTERIEURE EN DESCENDANT)
Cheville droite, cheville gauche, mollet droit, mollet
gauche, arrière du genou droit, arrière du genou gauchE\
arrière de la cuisse droite, arrière de la cuisse gauche, fes­
sier droit, fessier gauche, hanche droite, hanche gauche,
colonne vertébrale en entier, omoplate droite, omoplate
gauche, arrière de la tête ...
(FACE ANTERIEURE EN DESCENDANT)
Passez à la face antérieure du corps, passez au sommet
de la tête. Sommet de la tête, front, sourcil droit,. sourcil
gauche, espace entre les deux sourcils, œil droit, œil gauche,
oreille droite, oreille gauche, narine droite, narine gauche,
joue droite, joue gauche, lèvre supérieure, lèvre inférieure,
menton, gorge, clavicule droite, clavicule gauche, poitrine
droite, poitrine gauche, milieu de la poitrine, abdomen, bas­
ventre, aine droite, aine gauche, cuisse droite, cuisse gauche,
orteils droits, orteils gauches...
(FACE ANTERIEURE EN REMONTANT)
Orteils droits, orteils gauches, genou droit, genou gauche,
cuisse droite, cuisse gauche, aine droite, aine gauche, bas-'
ventre, abdomen, poitrine droite, poitrine gauche, milieu de
la poitrine, clavicule droite, clavicule gauche, gorge, menton,
lèvre inférieure, lèvre supérieure, joue droite, joue gauche,
sourcil droit, sourcil gauche, espace entre les deux sourcils,
front, sommet de la tête.
(PARTIES PRINCIPALES)
Parties principales. Toute la jambe droite, toute la j am­
be gauche, les deux j ambes ... ensemble ; le bras droit, le
bras gauche, les deux bras . . . ensemble ; tout le dos ... tout le
dos ; tout l'avant ... tout l'avant ; toute la tête ... toute la tête ;
tout le corps ... tout le corps ... tout le corps ... Visualisez tout
le corps, dites « tout le corps » et visualisez tout le corps.
« pause ». Intensifiez votre prise de conscience. .. tout le
corps, tout le corps, tout le corps. « longue pause » .
Conscience du corps.
Prenez conscience des points de contact de votre corps
avec le sol. « pause ». Sentez les points de contact de votre
89
corps avec le sol... les points de contact bien nets ... le corps
et le sol. « pause >>. Sentez le sol vous tenir en son sein,
comme on tient un petit enfant dans les bras. « longue
pause >>. Maintenant, concentrez-vous sur votre corps comme
si vous le regardiez de l'extérieur, regardez votre corps
comme un objet. « pause >>. Regardez votre tête, vos vête­
ments, tout votre corps de haut en bas, étendu en
shavasana sur le sol de cette pièce. « pause >>. Voyez votre
corps comme un objet, comme un reflet dans un miroir imagi·
naire. « pause >> . Vous regardez votre propre reflet dans le
miroir et vous vous voyez allongé sur le sol... Vos pieds,
vos jambes, votre ventre, votre poitrine, vos bras, vos mains,
vos vêtements, votre nez, vos yeux clos, votre front, vos
cheveux... le tout reflété dans ce miroir. Ayez conscience de
votre corps comme d'un objet. « pause >>. Assurez-vous que
vous ne dormez pas. « longue pause >> .
Respiration.
Pol'tez votre attention sur la respiration naturelle, le
souffle tranquille, prenez conscience de la respiration dans
les narines. « pause ». Le courant naturel de la respiration
dans chaque narine... et leur rencontre à la racine du ne?
qui forme un triangle. « pause >>. Le double souffle sponta­
né ... qui entre par l'orifice des narines, monte vers le haut,
et se rassemble formant un triangle dont le sommet est dans
le point entre les sourcils. « pause >>. Soyez conscient du
souffle passant à travers les deux narines... percevez bien
les deux souffles, séparés... et simultanés. « pause >>. Pensez
aux deux souffles qui partent séparés et se rapprochent, pour
se rejoindre au centre des sourcils. « pause >> . Concentrez­
vous maintenant sur chacun des souffles et essayez de dé­
terminer sa température, faites la navette et comparez les
températures. « pause ». En yoga on dit que le souffle de la
narine gauche est ida, lunaire, et que le droit est pingala,
solaire. << pause >>. Ida, le souffle de gauche est rafraîchis­
sant, et pingala, le souffle de gauche, est réchauffant.
<< pause >>. Gardez bien la conscience de votre respiration,
mais imaginez que vous pratiquez maintenant la respira­
tion alternée par les narines ... l'air entre par une narine,
ressort par l'autre ; il monte et descend alternativement le
long des côtés du triangle. << pause ». Tout en restant cons­
cient du souffle, mettez toute votre attention à compter les
respirations : 54 inspir à gauche, 54 expir à droite, 53
inspir à droite, 53 expir à gauche, 52 inspir à gauche, 52
expir à droite, 51 inspir à droite, 51 expir à gauche, et
ainsi de suite... continuez votre décompte j usqu'à zéro.
<< longue pause ». Conscience totale du compte et de la res-

1 00
piration, si vous faites une erreur ou si vous atteignez zéro,
revenez à 54. « longue pause >>. Arrêtez votre compte et ne
restez conscient que de la respiration... inspirant de maniè­
re homogène par les deux narines, expirant de même ;
conscience totale, ne dormez pas, attention ne dormez pas.
« longue pause ».

Sensations.
(LOURDEUR)
Lourdew- ; éveillez dans tout le corps la sensation de
lourdew-. « pause 1. Percevez la lourdew- dans toutes les
parties du corps au fur et à mesure qu'elles sont nommées :
orteils ; talons ; chevilles ; mollets ; genoux ; cuisses ; fes­
siers ; dos ; ventre ; poitrine ; épaules ; bras ; paumes ;
tête ; paupières ; tout le corps... tout le corps ... lourd.
« pause >>. Intensifiez la sensation de lourdew- dans tout le
corps. « pause » .
(LEGERETE)
Légèreté ; manifestez un état de légèreté dans le corps.
« pause >>. Manifestez un état de légèreté depuis le haut...
depuis le haut de la tête, toute la tête ; épaules ; paumes ;
dos ; poitrine ; abdomen ; cuisses ; genoux ; mollets ; ta­
lons ; plante des pieds ; orteils ; manifestez la sensation de
légèreté dans tout le corps, du sommet de la tête j usqu'aux
orteils. << pause » . La légèreté peut être développée par la
sensation des points de contact du corps avec le sol, point
par point, ou tous ensemble ; une large zone de contact du
corps avec le sol... << pause >>. Concentrez-vous sur cette aire
de contact et éprouvez peu à peu une sensation de légèreté.
<< Pause >>. Sentez-vous flotter au-dessus du sol... vous êtes

tellement léger que vous flottez au plafond dans un mou­


vement de va-et-vient. << pause >>. Continuez cette expe­
rience j usqu'à ce que la légèreté s'impose ; continuez.
<< pause » .
(DOULEUR)
Douleur ; remémorez-vous une sensation de douleur,
n'importe quel genre de douleur dont vous ayez fait l'ex­
périence dans votre vie ... mal de tête, mal à l'estomac, n'im­
porte quelle douleur physique ou mentale. « pause ». Tout
le monde a éprouvé de la douleur à un moment ou à un
autre de sa vie, rappelez-vous cette douleur, ressentez cette
douleur. << pause ». Essayez d'éprouver la douleur aussi net­
tement que possible... intensifiez votre perception, ressen­
tez-la profondément... avec acuité. << pause ». Concentrez­
vous sur l'expérience de la douleur. << pause » .
(PLAISIR)
Plaisir ; essayez de ressentir la sensation de plaisir,
n'importe quel plaisir. << pause ». Concentrez-vous et essayez
101
de vous souvenir de la sensation de plaisir ... cela peut être
en relation avec vos sens du toucher, de l'odorat, du goût,
de l'ouïe, de la vue, ou avec n'importe quel type de plaisir
mental. « pause ». Rappelez-vous ce plaisir et essayez de
le faire aboutir à une intense expérience d'extase ... Goûtez
profondément à ce plaisir, revoyez-le, rendez-le présent.
<< longue pause ».

Espace intérieur.
Pensez à un océan... pensez à un océan d'un bleu foncé
et voyez bien les vagues. « pause >> . Cet océan se trouve
dans l'espace intérieur, le chidakash, et les vagues qui dé­
ferlent représentent le sommeil ... l'inconscient qui se mani­
feste. << pause ». Soyez conscient du sommeil et essayez de
visualiser cet état d'inconscience au cœur de votre être, com­
me les vagues sur l'océan. « pause ». Au-dessus, il y a un
ciel magnifique et au-dessous le vaste océan. Avec des va­
gues à l'infini... le processus de l'inconcient qui se mani­
feste. << longue pause >>.
(PUITS)
Imaginez un puits, imaginez un puits au fond duquel
vous plongez le regard ; le puits est sombre et sans fin, com­
me un tunnel cylindrique dans les profondeurs de la terre.
<< pause >>. Il y a un seau accroché à une chaîne, vous le des­
cendez dans le puits... et il s'en va dans l'obscurité sans
fond... Vous sentez le seau au bout de la chaîne, qui des-
cend... mais vous ne le voyez plus. << pause >> . Mainte-
nant remontez le seau, hors des ténèbres, dans la lumière ...
Faisons encore une fois descendre le seau, mais cette fois,
si vous voulez, vous allez bien vous installer dans le seau,
et c'est moi qui vais vous faire descendre et vous faire re­
monter ; rien à craindre. << pause >>. Maintenant je fais tour­
ner la poulie, et vous descendez lentement de la lumière
vers l'obscurité ... inconnue, le noir total. << pause >> . Le noir
total et le vide tout autour... tellement noir que vous ne vous
voyez même plus ; mais vous savez et vous sentez que vous
êtes. << pause >> . Vous descendez encore un petit peu, avec
la pleine conscience que vous êtes. << pause >> . Maintenant je
vous remonte des ténèbres dans la pénombre j usqu'à la lu­
mière du jour, hors du puits. << pause >> .
( PENSEES SPONTANEES)
Demandez-vous : << A quoi est-ce que j e pense » ? . . Il.

ne s'agit pas de penser mais de prendre conscience du pro­


cessus spontané de la pensée... devenez un témoin... N'éli­
minez aucune pensée. « pause ». Devenez le témoin de vos
pensées et demandez-vous sans cesse : << A qui est-ce que j e
1 02
pense ». « pause >>. En même temps, cherchez à percevoir
toute pensée qui passe dans le champ de la conscience.
« longue pause » .

Asanas.
Maintenant, concentrez-vous sur vous-même comme si
vous étiez en train de faire des asanas, des postures de yoga.
Essayez de vous visualiser de l'extérieur en train de faire
les postures, mais mentalement... Surtout, ne bougez pas le
corps. « pause » .
Pratiquez mentalement Surya Namaskar, la salutation
au soleil. Regardez-vous dans chacune des phases, 1, 2, 3 . . .
Jusqu'à 12. < < pause » . Maintenant vous êtes allongé, visua­
lisez-vous en shavasana, posture du cadavre... de shavasana,
passez en sarvangasana (la chandelle) , halasana, (la char­
rue) , et la contrepose, matsyasana (le poisson) ; mainte­
nant paschimottanasana (la pince) , bhujangasana (le co­
bra ) , retournez-vous, padmasana, ( le lotus ) , et puis shirsha­
sana (la pose sur la tête ) . Vérifiez bien que vous ne dormez
pas. << longue pause » .

Mouvement dans le temps.


Maintenant, vous allez voyager dans votre passé, de la
même manière que vous avez voyagé du passé au présent...
en remontant le cours de votre mémoire et de votre cons­
cience à partir d'aujourd'hui en cet instant. « pause ». Le
passé est une partie du temps et le temps une partie de
votre mental ; habituellement vous avancez dans le temps...
cette fois essayez d'aller à reculons ; en vous remémorant
votre passé, vous pénétrez dans les retraites les plus profon­
des de votre conscience. << pause >>.
Essayez de vous souvenir de ce qui est arrivé, depuis
l'heure présente j usqu'à l'heure où vous vous êtes levé ce ma­
tin ... Il vous faut remonter dans le temps comme si vous
regardiez un film passé à l'envers, de la fin au début, ou
sinon un film, une série de diapositives. « pause » . Revenez
au début de la séance de yoga nidra et rappelez-vous ce
que vous faisiez dans la demi-heure qui l'a précédée.
<< pause ». Rappelez-vous les choses et les sensations impor­

tantes dans ce laps de temps, et continuez j usqu'au moment


où vous vous êtes levé, en procédant par étapes d'une demi­
heure ou d'une heure. « longue pause ». Etape par étape,
en restant pleinement conscient. Visualisez et remémorez­
vous ce que vous faisiez, pensiez, ressentiez. << pause >>.
Quand vous aurez fini, ramenez votre esprit directement à
l'in�tant présent. « longue pause » .
1 03
I mages rapides.
Ramenez votre conscience au présent et assurez-vous
que vous n'êtes pas endormi, attention, ne dormez pas. Je
vais citer quelques objets et vous devrez essayer de les vi­
sualiser aux niveaux des sensations, de la perception, de
l'émotion et de l'imagination, du mieux que vous pourrez.
« pause ». Vous devrez vous déplacer à mon rythme, aussi
rapide soit-il... En faisant sauter votre mental d'image en
image, ne perdez pas votre temps à vous concentrer sur une
image, suivez le mouvement.
Shiva lingam ( 1 ) ... le Christ debout ... une flamme de bou­
gie ... un saule pleureur... un grand palmier... une voiture qui
roule sur la route ... un cadavre dans un cercueil... un amas
de nuages colorés ... des nuages jaunes... des nuages bleus.. .
une nuit criblée d'étoiles... un clair de lune ... la pleine lune.. .
un chien debout... un chat qui dort... un éléphant qui mar­
che... une course de chevaux... le soleil levant ... le soleil cou­
chant... l'océan avec ses vagues... shiva lingam ... le Christ
debout. .. un lac transparent ... un lotus bleu ... un lotus blanc ...
un lotus rose... une toile d'araignée doré e... le sable au bord
du fleuve ... un bateau qui glisse sur l'eau... un cadavre dans
un cercueil... un squelette d'homme ... vous-même allongé
sans vêtements... complètement nu... une corde d'or partant
de votre nombril s'élève j usque dans le ciel... un coq sur un
clocher. . . dans l'église un prêtre en prière... une fumée s'éle-
vant de la cheminée d'une vieille maison ... un hiver froid ...
un feu brûlant dans l'âtre... l'aube du jour... des clochettes
dans un temple... un moine à la tête rasée... un yogi assis dans
une méditation profonde. . . « pause ».

Océan-/ jungle.
Intensifiez votre perception, intensifiez votre percep­
tion, allez à un océan infini, calme et transquille ... et essayez
d'y déceler un son. « pause ». Il y a un son, un océan infini,
de sombres et vertes j ungles sur la rive, des serpents, des
lions et des chèvres qui vivent en amitié. « pause ». De la
rive, un chemin mène à une chaumière solitaire dans la
j ungle... Et à un yogi assis en lotus. « pause ». Il y a un feu
allumé et une odeur d'encens, le parfum des fleurs, et une
atmosphère de sérénité. « pause ». Tout autour on peut en­
tendre le son du Om, le chant du Om sur l'océan infini.
« longue pause >>.

( 1 ) Une pierre dressée, un obélisque, un menhir. (Voir p. 167) .


Les images trop particularisées peuvent naturellement être mo­
difiées.

1 04
Œuf d'or.
Devenez le témoin de votre perception... pas du corps,
pas des sens, pas du mental, de rien d'autre que de votre per­
ception. « pause ». Prenez conscience que vous êtes cons­
cient de vous-même. << pause >>. Regardez à l'intérieur et
prenez conscience de quelqu'un qui regarde, et qui est cons­
cient de ce que vous avez fait, jusqu'à maintenant. << Pause ».
Allez dans chidakash ; entrez dans la caverne que vous
trouvez là. « pause ». Au cœur de la caverne, au cœur de
la caverne, sombre, sombre ... au cœur de la caverne, il y a
une flamme qui brûle ... trouvez cette flamme. << pause ».
Trouvez cette flamme et trouvez un petit œuf d'or au cen­
tre de la flamme ... un petit œuf d'or, resplendissant auréolé
de lumière. « longue pause » .

Sankalpa.
Sankalpa, sankalpa, sankalpa ... maintenant remémorez­
vous votre sankalpa et répétez-le trois fois. << pause ». En
le vivant pleinement et en le ressentant aussi fort que vous
le pourrez, trois fois. << pause ». Le sankalpa formulé pen­
dant le yoga nidra changera votre vie, sans que rien ne puisse
l'empêcher. « pause ».

Fin
Tout le corps... tout le corps... tout le corps... « longue
pause >>. Relâchez tout effort et ramenez votre attention sur
le souffle naturel, sur le souffle naturel qui entre et qui sort
des narines. << longue pause ». Restez bien conscient de la
respiration et en même temps constatez votre état de rela­
xation physique. « pause ». Conscience de la relaxation... et
conscience de votre existence physique ; prenez conscience
de l'existence physique de votre corps. << longue pause » .
Devenez de plus en plus conscient de votre corps, et visua­
lisez-le allongé sur le sol. << pause ». Ramenez votre mental
vers l'extérieur, et visualisez la pièce où vous êtes, que votre
mental se tourne complètement vers le dehors ... n'ouvrez
pas les yeux. << pause ». Vous êtes en train de pratiquer
yoga nidra ; prenez conscience de ce fait. << pause ». R estez
tranquillement allongé jusqu'à ce que votre attention soit
t!omplètement tournée vers l'extérieur. Commencez à bou­
ger, à bouger votre corps et à vous étirer... surtout prenez
votre temps, rien ne presse. << pause ». Quand vous serez
sûr d'être tout à fait éveillé, asseyez-vous lentement et ou­
vrez les yeux. La séance de yoga nidra est maintenant ter­
minée.
HAQI OM TAT SAT.
1 06
YOGA NI DRA 5
PREPARATION.
RELAXATION (antar mouna ) .
SANKALPA.
ROTATION DE LA CONSCIENCE (côté droit, côté
gauche, face antérieure de haut en bas, face posté­
rieure de bas en haut, parties internes, parties prin­
cipales) .
RESPIRATION (point-centre des sourcils ; de 54 à 1).
SENSATIONS (froid, chaud, douleur, plaisir) .
ESPACE INTERIEUR ( chidakash, personnage, océan,
puits, pensées spontanées) .
VISUALISATION DES CENTRES PSYCHIQUES (loca-
lisation et aspect ) .
VISUALISATION DES SYMBOLES PSYCHIQUES.
CENTRE DES SOURCILS/OM.
VISUALISATION TEMPLE/OCEAN.
SANKALPA.
FIN.
AUTRE SEQUENCE DE VISUALISATION
PROPOSEE.
1. Centres psychiques (localisation ) .
2. Symboles psychiques.
3. Centre des sourcils/Oro.
4. Images rapides.
5. Corps transparent.
6. Aura.
7. Œuf d'or.

Préparation
Préparez-vous pour yoga nidra, maintenant vous con­
naissez très bien la position. « pause >> . Fermez les yeux
et assurez-vous que vous êtes parfaitement à l'aise. Si vous
voulez bouger encore un peu, faites-le maintenant ; une
fois que vous êtes définitivement installé, le corps doit res­
ter absolument immobile jusqu'à la fin de la séance.
« pause » . Doucement, assurez votre détente, une détente
totale. Prenez trois longues et profondes inspirations et à
chaque fois, en expirant, sentez que vous vous détendez.
« pause ». Pour une heure, oubliez tous vos soucis et vos
tracas et concentrez-vous sur yoga nidra. « pause >> .
1 07
Relaxation
Prenez conscience des bruits les plus éloignés qui vous
parviennent de l'extérieur. « pause ». Déplacez votre atten­
tion d'un bruit à l'autre ... en écoutant seulement, sans
essayer d'analyser. << pause >> . Portez votre attention sur les
bruits plus proches à l'extérieur de l'immeuble ; puis, passez
aux bruits qui viennent de l'intérieur de l'immeuble ... de
l'intérieur de cette pièce. << pause ». Intensifiez votre cons­
cience de la pièce où vous êtes, les murs, le plafond ... et votre
corps allongé sur le sol... voyez votre corps allongé sur le
sol ; prenez conscience de votre existence physique.
<< pause ». Soyez conscient de l'existence de "otre corps
physique, concentrez-vous !ilur la totalité de votre corps phy­
sique... ayez pleine conscience de votre souffle naturel.
<< Pause >>. Continuez à percevoir votre respiration et sentez
que vous êtes de plus en plus détendu. << longue pause ».
Soyez bien conscient que vous allez pratiquer yoga nidra,
dites-vous : << Je vais pratiquer yoga nidra ; je vais prati­
quer yoga nidra ». Ouïe et toucher ... seules ces deux portes
de la perception restent ouvertes. << pause » .
YOGA NIDRA VA COMMENCER.
Sankalpa
Sankalpa, sankalpa ... formulez votre sankalpa trois fois,
en pleine conscience et avec une conviction profonde.
<< pause » -

Rotation de la conscience
Conscience des différentes parties du corps... aussi rapi­
dement que possible, le mental doit sauter d'une partie à
une autre.
(COTE DROIT)
Pouce de la main droite, deuxième doigt, troisième,
quatrième, cinquième, paume, poignet, coude, épaule, aissel­
le, côté, taille, hanche, cuisse droite, genou, mollet, cheville,
talon, plante du pied, orteils droits, un, deux, trois, quatre,
cinq...
Pouce de la main gauche, deuxième doigt, troisième,
quatrième, cinquième, paume, poignet, coude, épaule, aissel­
le, côté, taille, hanche, cuisse gauche, genou, mollet, cheville,
talon, plante du pied, orteils gauches, un, deux, trois, quatre,
cinq...
(FACE ANTERIEURE DE HAUT EN BAS )
Passez au sommet de la tête. Sommet de la tête, front,
sourcil droit, sourcil gauche, espace entre les sourcils, œil
droit, œil gauche, oreille droite, oreille gauche, narine droite,
101
nartne gauche, j oue droite, j oue gauche, lèvre supeneure,
lèvre inférieure, menton, gorge, clavicule droite, clavicule
gauche, poitrine droite, poitrine gauche, milieu de la poi­
trine, nombril, abdomen, bas-ventre, aine droite, aine gau­
che, cuisse droite, cuisse gauche, genou droit, genou gauche,
cheville droite, cheville gauche, orteils droits, orteils gau­
ches...
(FACE POSTERIEURE DE BAS EN HAUT)
Maintenant la face postérieure, orteils droits, orteils gau­
ches, plante du pied droit, plante du pied gauche, talon
droit, talon gauche, mollet droit, mollet gauche, arrière du
genou droit, arrière du genou gauche, arrière de la cuisse
droite, arrière de la cuisse gauche, fessier droit, fessier gau­
che, hanche droite, hanche gauche, colonne vertébrale en
entier, omoplate droite, omoplate gauche, arrière de la tête,
sommet de la tête ...
( PARTIES INTERNES)
Parties internes du corps. Portez votre mental sur le
cerveau, commencez par le cerveau. Le cerveau, le passage
entre la gorge et le nez, la langue, les dents, le palais ou
paroi supérieure de la bouche, caisse du tympan à droite,
caisse du tympan à gauche ; la gorge, par où passe l'air,
l'œsophage, par où passe la nourriture ; le poumon droit,
le poumon gauche, le cœur, sentez le cœur en vous concen­
trant sur ses battements ; l'estomac, qui est au-dessus de
votre nombril, du côté gauche, le foie, au-dessus du nom­
bril du côté droit ; le rein droit et le rein gauche, dans le
dos au niveau de la taille ; et dans l'abdomen, un très long
tube enroulé qu'on appelle l'intestin grêle, et un tube en
forme de guirlande qu'on nomme le gros intestin...
Encore une fois, plus vite. Commencez par le cerveau.
Le cerveau, le passage entre le nez et la gorge, caisse du
tympan à droite, caisse du tympan à gauche, gorge, œsopha­
ge, poumon droit, poumon gauche, cœur, estomac, rein droit,
rein gauche, intestin grêle, gros intestin, tout l'intérieur de
l'abdomen...
(PARTIES PRINCIPALES)
Maintenant les parties principales du corps. Toute la
jambe droite, toute la jambe gauche, les deux j ambes en­
semble ; bras droit, bras gauche, les deux bras ensemble ;
toute la tête, tout le dos, tout l'avant, tous les organes inter­
nes ensemble ; tout le corps ... tout le corps... tout le corps ...
en même temps que vous prononcez « tout le corps ,, visua­
lisez-le. « pause )). Intensifiez votre perception, intensifiez
votre perception... tout le corps ... tout le corps... tout le
corps ... « pause )).
(REFAIRE UN CYCLE COMPLET) .
1 1: :1
Concentrez-vous, le corps allongé sur le sol... votre corps
est allongé sur le sol... Prenez conscience des points de con­
tact de votre corps avec le sol. « pause ». Tête et sol ; épau­
les et sol ; bras et sol ; fessiers et sol ; cuisses et sol ; mollets
et sol ; talons et sol ; tout le corps et le sol. << pause >> .
Respiration
Portez votre conscience sur la respiration ; soyez cons­
cient que vous respirez, percevez l'ensemble de votre souffle,
ne soyez conscient que du souffle et de rien d'autre. << lon­
gue pause ». Toujours conscient de votre respiration, amenez
votre attention sur le point-centre des sourcils ... Imaginez
que vous respirez par ce point et que le souffle entre et sort
du front. « pause ». Imaginez que le souffle passe au travers
du point entre les deux sourcils jusqu'à un point au centre
de l'arrière de la tête, en traversant ajna chakra ... percevez
bien le trajet de ce souffle. « longue pause >> . Percevez bien
la respiration qui se fait par le point-centre des sourcils et
commencez un compte de vos respirations en partant de 54 :
54 j'inspire ; 54 j'expire ; 53 j'inspire ; 53 j'expire ; 52 j'ins­
pire ; 52 j'expire ; et ainsi de suite en répétant cela menta­
lement. « longue pause ». Pleine conscience du compte et
de la respiration, attention ! ne vous endormez pas ; si vous
faites une erreur, vous devez revenir au début. << 5 minutes
de pause >>. Respiration par le point-centre des sourcils, véri­
fiez que vous êtes bien conscient de votre compte... Si vous
arrivez à zéro, recommencez à 54. << 5 minutes de pause ».
Arrêtez votre compte, mais demeurez conscient de votre res­
piration ... Vous percevez votre souffle, et aussi votre posi­
tion en shavasana, et rien d'autre en d ehors de cela. << lon­
gue pause » .
Sensations
(FROID )
Eveillez la sensation de froid ; concentrez-vous sur votre
mœlle épinière et intensifiez la sensation de froid et de fris­
son. << pause ». Concentrez-vous sur le souffle dans votre
narine gauche et développez la sensation de froid dans tout
le corps. . à chaque respiration, votre corps se refroidit un
.

peu plus. << pause ». Concentrez-vous sur la narine gauche


et sur le souffle à gauche ... Chaque souffle amplifie la sen­
sation de froid dans le corps. « longue pause ». Concentrez­
vous sur vishuddhi chakra dans le cou... c'est le siège de la
sensation de froid ... concentrez-vous sur vishuddhi. << pause ».
Quand votre conscience sera localisée dans ce centre psy­
chique, tout le corps sera enveloppé d'une sensation de froid
absolu. << longue pause ».
110
(CHALEUR)
Attachez-vous à créer une sensation de chaleur tout au­
tour du corps ... Intensifiez les manifestations du chaud à l'in­
térieur du corps . . « pause >> . Concentrez-vous sur une atmo­
.

shère de chaleur qui vous enveloppe de la tête aux pieds


et qui pénètre tout le corps. « pause ». Concentrez-vous sur
le souffle dans la narine droite... avec chaque souffle, res­
sentez une augmentation de la chaleur d'un bout à l'autre
du corps, de la tête aux pieds. « longue pause » . Intensifiez
la sensation de chaleur en vous concentrant sur manipura
chakra dans la région du nombril... Grâce à ce centre, vous
pouvez produire de la chaleur et la distribuer dans tout le
corps. << longue pause ». Création de chaleur dans manipura,
le centre du nombril, et dans la narine droite. << pause ».
Concentrez-vous sur la chaleur que vous avez générée dans
tout le corps. « longue pause » .
(DOULEUR)
Souvenez-vous de n'importe quelle douleur, souvenez­
vous de n'importe quelle douleur ... Essayez d'intensifier ce
souvenir à tel point que votre mental soit submergé de dou­
leur. << pause ». Remémorez-vous cette douleur, ressentez­
là ; vous devez stimuler votre volonté à ressentir cette dou­
leur, réelle et imaginaire, dans n'importe quelle partie du
corps ou dans toutes les parties du corps. < < longue pause » .
Concentrez votre mental sur l'endroit où vous avez éveillé
la sensation de douleur ; rassemblez les particules de dou­
leur et approfondissez-en la perception ... rendez présente
l'expérience de la douleur. « longue pause ».
(PLAISIR)
Remémorez-vous la sensation de plaisir, le plaisir déri­
vant du sens du goût, ou peut-être du sens de l'ouïe ou de
la vue. << pause » . Quelle que soit l'expérience, grande ou
petite ... elle doit se concentrer et s'intensifier en une sen­
sation d'extase. << longue pause » . Approfondissez cette sen­
sation ... rassemblez toute l'énergie de votre volonté ... et res­
sentez le vécu du plaisir. « longue pause ».

Espace intérieur
(PERSONNAGE)
Chidakash, amenez votre conscience sur chidakash, l'es­
pace noir derrière la paroi du front. << pause ». Concentrez­
vous sur vous-même assis en méditation les jambes croi­
sées et les yeux fermés. Vous êtes assis en méditation dans
une grande salle et quelqu'un est assis en méditation en face
de vous, quelqu'un de très important ; c'est un événement
111
considérable dans votre vie. « longue pause ». Vous êtes
assis en méditation et il est assis en méditation ; votre cen­
tre des sourcils et son centre des sourcils ne font qu'un.
Vous respirez tous les deux , par le point-centre des sour­
cils, bhrumadhya... Quand vous expirez, votre souffle touche
son point-centre des sourcils, et quand il expire, son souffle
effleure votre point-centre des sourcils ... un lien s'est établi.
« longue pause >>.
(OCEAN )
Concentrez-vous maintenant sur chidakash et percevez
de fortes vagues à la surface d'un océan immense, sous un
ciel chargé. « pause » . Les vagues sont le symbole de votre
inconscient... percevez bien le ciel chargé, l'océan immense,
et les vagues. « pause » .
(PUITS)
Intensifiez votre concentration et imaginez un puits très
profond. A l'aide d'une corde, descendez aussi loin que pos­
sible, puis revenez... faites cette expérience. « longue pause ».
(PENSEES SPONTANEES)
Revenez maintenant à chidakash et prenez conscience
de toutes les pensées spontanées. « pause ». Prenez cons­
cience de toute pensée qui émerge spontanément... et, sans
aller j usqu'au bout, abandonnez-la totalement... détachez­
vous-en totalement et passez à une autre pensée qui se pré­
sente spontanément. « longue pause >>.
(PENSEES DIRIGEES )
Arrêtez maintenant le processus des pensées spontanées,
rejetez les pensées spontanées. A la place, vous devez choi­
sir une pensée et la développer à votre gré. « pause >> . Re­
jetez toute pensée spontanée et développez la pensée de
votre choix... voyez clairement cette pensée et maintenez­
la. << longue pause >>. ( 1 )
Centres psychiques
Visualisation des centres psychiques, découvertes des
centres psychiques ou chakras dans le corps psychique.
D'abord mu.Zadhara situé chez l'homme dans le périnée, entre
l'anus et les organes génitaux, et chez la femme dans le col
de l'utérus. Concentrez-vous sur le centre psychique mula­
dhara. << pause >> . Le second chakra est appelé swadhisthana
et se situe tout en bas de la mœlle épinière, dans le coccyx.
Concentrez-vous sur swadhisthana. << pause >> . Le troisième

( 1) Ces deux dernières séquences représentent des stades avancés


de la technique d'Antar Mauna. (Pour le connaître voyez Medi·
talions from the Tantra).

11!
chakra est manipura, situé dans la mœlle épinière au niveau
du nombril... Concentrez-vous directement sur manipura...
ou indirectement comme si vous respiriez sur une ligne droite
passant par le nombril... « pause ». Anahata est le quatrième
chakra, situé dans la mœlle épinière, j uste à l'arrière du
cœur et du sternum. Concentrez-vous sur anahata directe­
ment ... ou indirectement en respirant sur une ligne droite
passant au niveau du corps. Vishuddhi est le cinquième cha­
kra, et se situe dans le cou. Concentrez-vous sur vishuddhi.
« pause >>. Le sixième chakra est ajna, situé dans la partie
postérieure du cerveau, au sommet de la mœlle épinière...
au même endroit que la glande pinéale (épiphyse ) . Concen­
trez-vous sur ajna directement... ou indirectement en respi­
rant sur une ligne droite passant par le point-centre des
sourcils. « pause ». Bindu est le septième chakra, et se situe
au sommet et en arrière de la tête, là où les hindous 01 tho­
doxes conservent une petite touffe de cheveux ( 1 ) . Concen­
trez-vous sur bindu. « pause ». Enfin, sahasrara, situé au
sommet du crâne (au niveau des fontanelles ) . Concentrez­
vous sur sahasrara. << longue pause ».
Maintenant une seconde rotation, cette fois plus vite.
Chaque fois qu'un chakra est nommé, répétez-le mentale­
ment et imaginez que vous touchez le point physique con­
cerné avec votre pouce : Muladhara... périnée, col de l'uté­
rus ; Swadhisthana ... extrémité inférieure de la mœlle ;
Manipura ... derrière le nombril ; Anahata... derrière le cœur ;
Vishuddhi... dans le cou ; Ajna ... derrière le point-centre des
sourcils ; Bindu ... partie postérieure du sommet du la tête ;
et Sahasrara ... sommet du crâne. << pause » .
Encore une fois : Muladhara ... Swadhisthana ... Mani­
pura ... Anahata ... Vishuddhi... Ajna... Bindu... Sahasrara ...
Sahasrara ... Bindu... Ajna ... Vishuddhi... Anahata... Manipu­
ra... Swadhisthana... Muladhara. << pause ».

Symboles psychiques
Visualisation des symboles des chakras, les symboles
des centres psychiques. Quand la conscience se localise sur
l'emplacement exact d'un chakra, le symbole ou la vision
qui lui correspond s'épanouira dans votre conscience.
Le symbole psychique pour muladhara est un triangle
rouge, la pointe en bas. Concentrez-vous sur muladhara et
imaginez un triangle rouge la pointe en bas. « pause ». Swa­
dhisthana représente l'inconscient. Concentrez-vous sur swa-

( 1 ) Les moines chrétiens y ont la tonsure.

113
dhisthana et visualisez l'inconscient sous forme de vagues,
vision d'un vaste océan la nuit. « pause ». Le symbole de
manipura est un tournesol d'un j aune éclatant. Concentrez­
vous sur manipura et visualisez son symbole. « pause ».
Anahata. Concentrez-vous sur anahata et visualisez la minus­
cule flamme d'une petite lampe brillant dans l'obscurité
totale, dans une salle immense ; l'univers entier n'est qu'obs­
curité et dans un coin brûle une toute lampe à huile avec sa
flamme d'or. « pause » .
Vishuddhi. Vishuddhi a pour symbole les gouttes d'un
nectar glacé... concentrez-vous sur les gouttes de nectar
glacé. « pause ». Ajna est le siège de l'intuition, concentrez­
vous sur ajna. « pause ». Bindu. Visualisez un croissant de
lune la nuit, c'est bindu. « pause ». Et pour terminer,
sahasra-ra, visualisez-le comme le foyer où sont accomplis
les rites sacrés, où sont données les initiations, et où l'on
vient se recueillir... Imaginez le feu qui brûle, de grandes
flammes qui dansent. « longue pause » .

Point-oentre du eourollt
Concentrez-vous sur le point au centre des sourcils, con­
centrez-vous sur le point-centre des sourcils. Découvrez le
rythme d'une pulsation nerveuse ... et sur le rythme de cette
pulsation, prenez conscience de Om. « longue pause >> . Conti­
nuez à vous concentrer sur le point-centre des sourcils ... et
découvrez-y un petit cercle, un petit cercle qui sans effort
s'élargit peu à peu, jusqu'à se fondre dans l'infini. Voyez
des cercles qui vont s'élargissant à partir du point-centre
des sourcils. « longue pause ». Concentrez-vous sur le sym­
bole Om qui est inscrit... ( 1 ) concentrez-vous sur le symbole
Om. « pause ». Voyez Om comme un cercle s'élargir à l'inspi­
ration et se contracter à l'expiration, au niveau du point­
centre des sourcils. Sur le rythme de votre souffle, expansion
et contraction de Om dans chaque cercle. « longue pause » .

Océan/Temple
Intensifiez votre vision, votre concentration et votre
faculté d'évocation. « pause ». Imaginez un océan calme et
tranquille, sombre aussi... imaginez que vous êtes à la sur­
face... lentement vous vous mettez à couler . .. « pause ». Som­
brez dans l'inconscient. Laissez-vous couler encore. « pause >> .
Plongez encore plus profondément et découvrez les secrets
du corps ... dans un monde totalement intérieur. « longue
pause » .

( 1 ) Représenté en sanscrit, p . 167.

114
Intensifiez votre VISion et votre faculté d'évocation.
« pause ». Voyez une j ungle sombre et épaisse, entrez dans
cette j ungle... enfoncez-vous profondément dans cette j un­
gle. « pause ». Allez-y. Plus loin encore... Voyez une clai­
rière entourée d'une aura de lumière ... Cette lumière vient
d'un temple tout proche. « pause >>. Le temple est comme
une maison illuminée de l'intérieur au cœur de la nuit...
L'aura de lumière est aussi bien dedans que dehors, et elle
se voit de loin. « pause ». Vous percevez que le temple pulse
avec la vibration du son Om... A l'intérieur du temple, on
entend chanter des mantras et résonner des clochettes, dans
un parfum d'encens. « longue pause ». Rapprochez-vous du
temple, ressentez l'ambiance de paix... la porte du temple
est ouverte, vous j etez un coup d'œil à l'intérieur et il n'y
a rien. cc pause ». Rien qu'un moine en robe orange, assis
dans la posture du lotus les yeux ouverts. Asseyez-vous en
face de lui, regardez-le en face... essayez de chercher qui il
peut bien être... concentrez-vous. cc longue pause ».

Sankalpa
Prenez conscience du souffle, prenez conscience du souf­
fle. « longue pause ». Rappelez-vous votre sankalpa ; répétez
votre sankalpa avec une foi et une conscience totales. Répétez
votre sankalpa trois fois. « pause ». La résolution que vous
prenez dans le yoga nidra s'accomplira sans faute.

Fin
Tout le corps... tout le corps... tout le corps... tout le
corps. Abandonnez tout effort, et prenez conscience de tout
le corps. cc longue pause ». Portez votre attention sur la res­
piration naturelle, le souffle calme, intensifiez votre percep­
tion du calme dans le souffle. Maintenez votre conscience
du souffle et approfondissez-le peu à peu, donnez-lui de la
force. cc pause ». Prenez conscience de votre existence phy­
sique, de votre corps et de votre état de détente physique.
Votre souffle devient plus ample. Prenez une longue, lente
et profonde inspiration ... puis expirez de même. cc pause » .
Développez l a perception de votre corps, profondément dé­
tendu, allongé sur le sol. Visualisez la pièce où vous êtes,
laissez votre esprit s'extérioriser pleinement, commencez à
faire de petits mouvements... Pliez vos doigts, remuez les
orteils, bougez les bras et les j ambes. cc pause ». Gardez les
yeux clos, faites quelques respirations profondes et étirez
vous trois fois, à fond, les bras étendus au-dessus de la tête.
Surtout prenez votre temps, rien ne presse. cc pause ». Quand
vous serez sûr d'être tout à fait réveillé, asseyez-vous dou-
115
cement et ouvrez les yeux. La séance de yoga nidra est ter­
minée.
HARI OM TAT SAT.

AUTRE S E Q U E N C E D E V I S UALISAT I O N S PROPOSEE


La séquence de visualisation qui suit représente une
variation essentielle de la séance ci�essus, et convient à des
étudiants plus avancés. Elle se substitue aux visualisations
de << CENTRES PSYCHIQUES >> j usqu'à << OCEAN-TEM­
PLE » et se termine avec un << SANKALPA » et une << FIN »
comme ci-dessus.

Centres psychiques
Découverte des centres psychiques, concentration sur
les centres psychiques ou chakras. Répétez leur nom menta­
lement avec moi, et sentez leur position comme si vous les
touchiez avec une petite fleur : Muladhara.. périnée ou col
.

de l'utérus : Swadhisthana.. extrémité inférieure de la mœl­


.

le ; Manipura ... derrière le nombril ; Anahata... derrière le


cœur ; Vishuddhi ... dans le cou ; Ajna ... derrière le point­
centre des sourcils ; Bindu... partie postérieure du sommet
de la tête ; Sahasrara ... au sommet du crâne ; Sahasrara ...
Bindu... Ajna... Vishuddhi ... Anahata... Manipura... Swadhis-
thana... Muladhara.
Encore une fois : Muladhara, Swadhisthana, Manipura,
Anahata, Vishuddhi, Ajna, Bindu, Sahasrara. Sahasrara,
Bindu, Ajna, Vishuddhi, Anahata, Manipura, Swadhistha­
na, Muladhara.
Encore une fois : Muladhara, Swadhisthana, Manipura,
Anahata, Vishuddhi, Ajna, Bindu, Sahasrara. Sahasrara,
Bindu, Ajna, Vishuddhi, Anahata, Manipura, Swadhisthana,
Muladhara. « pause ». Concentrez-vous bien sur la forme des
chakras. Chaque fois qu'un chakra est nommé, tâchez d'avoir
la sensation d'un lotus jaillissant de ce centre.
Muladhara. . lotus rouge à quatre pétales, avec au cen­
.

tre le bija mantra (ou mantra germe) Lam.


Swadhisthana... lotus bleu à six pétales avec au centre
le mantra germe Wam.
Manipura ... de Manipura j aillit un lotus jaune à 10 péta­
les, avec le mantra Ram au centre.
A nahata .. lotus bleu à douze pétales, le bij a mantra est
.

Yam.
Vishuddhi .. lotus verts à seize pétales, mantra Ham.
.

Ajna... lotus blanc à deux pétales, mantra Om.


118
Bindu... pas de lotus, un croissant de lune.
Sahasrara . le lotus rouge aux mille pétales et un shiva
. .

lingam au centre. « pause >> .


Symboles psychiques
Concentration sur les symboles des centres psychiques...
Représentez-vous les images avec précision au fur et à me­
sure qu'elles sont nommées ... Muladhara ... triangle rouge
la pointe en bas, Swadhisthana... l'inconscient comme des
vagues la nuit sur l'océan, Manipura ... tournesol d'un j aune
éclatant, Anahata ... une flamme de lumière dorée, Vishud­
dhi... nectar et froid, Ajna.:. siège de l'intuition, Bindu. .. crois­
sant de lune la nuit, Sahasrara ... foyer où brûle le feu sacré.
Point-centre des sourcils
Concentrez-vous sur le point-centre des sourcils. « pau­
se ». Sur le rythme du souffle, voyez Om s'élargir et se ré­
tracter en cercles concentriques. « pause ». Au point-centre
des sourcils, sur le rythme du souffle, dilatation de Om dans
un cercle. << longue pause » .
I mages rapides
Nous commençons maintenant dharana, le contrôle men­
tal du concept d'un objet. Au fur et à metSure que je nom­
me les obj ets, activez votre imagination et évoquez aussitôt
de votre mieux la forme de la vision ou la perception de la
relaxation qui l'accompagne.
Shiva lingam ( 1 ) , le Christ debout, la flamme d'une bou­
gie, un baobab, un olivier, un abricotier, une voiture qui
roule, un cadavre dans un cercueil, un arnas de nuages die
couleur, des nuages j aunes, des nuages de fumée, des nuages
bleus, une nuit étoilée, un clair de lune, la pleine lune, un
chien debout, un chat qui dort, un éléphant qui marche, un
cheval au galop, le soleil levant, le soleil couchant, l'océan
et ses vagues, le shiva lingam dans nn temple, le Christ
debout, un lac transparent, un lotus bleu, un lotus blanc, un
lotus rose, une toile d'araignée dorée, le sable au bord d'une
rivière, une barque qui glisse sur l'eau, un cadavre dans un
cercueil, des squelettes humains, vous-même étendu sans
vêtements, complètement nu, une croix sur une église, un
prêtre en prière à l'intérieur de l'église, les fidèles à genou,
une fumée s'élevant de la cheminée d'une vieille maison,
un hiver froid, le feu qui brûle dans l'âtre, l'aube du j our,
une cloche qui sonne, un moine au crâne rasé, un yogi en

( 1 ) Cf. Illustration, p. 167.

117
méditation, le Bouddha dans sa paix, le Christ dans l'attitude
de la compassion, Moïse et les tables de la loi ( 1 ) , un océan
infini de sérénité, le vert intense d'une j ungle sur le rivage,
des cobras, des lions, des chèvres vivant tous ensemble :en
amitié ; percevez le son, les vibrations du Om partout dans
la j ungle, ressentez bien cela, intensifiez cette perception.
« longue pause )).
Corps transparent
Revenez dans votre corps. . . revenez dans votre corps et
prenez conscience de votre prana, ou force de vie, la force de
vie qui se présente sous forme de chaleur. « pause )). Vous
êtes conscient de vous-même, vous êtes conscient d'une sor­
te de chaleur, vous êtes conscient d'une sensation agréable...
Prenez conscience de votre prana, la force de vie... ressen­
tez le prana comme une chaleur ... ressentez-le à travers tout
le corps. « longue pause )). Concentrez-vous sur votre nom­
bril, une corde d'or s'élève de votre nombril ; à un bout de
la corde se trouve votre corps physique. .. et à l 'autre, votre
corps transparent. « longue pause )). Essayez de le voir.
« pause ». Essayez de voir le corps transparent ... Voyez sa
silhouette générale sans que vous puissiez y distinguer les
détails ni les traits d'un visage. « pause )). Le corps physique
semble être dans un. halo de fumée, mais il peut aussi avoir
des contours nets. << pause ». Voyez en même temps le corps
physique et le corps transparent qui flotte a u-dessus de lui.. .
relié par une brillante corde d'or au niveau du nombril.
« longue pause )).
Aura
Prenez conscience de votre être, regardez votre être
profond. << pause )). Regardez votre être comme dans un mi­
roir.. . ou comme j e vous regarde ou comme vous me regar­
dez. « pause ». Regardez votre être et regardez votre pro­
pre aura... Regardez-vous sous différents angles, de l'avant ...
de la droite... de la gauche... d'en haut... d'en bas... Décelez
votre aura et regardez si elle est j aune, dorée, rose, rouge,
violette, j aune d'or, marron, verte, j aune intense, noire, blan­
che, bleue, mauve. « longue pause )).
L'œuf d'or
Prenez conscience de vous-même, cherchez et posez­
vous la question : << Suis-j e conscient de moi-même, suis-je

( 1 ) La vision de ces figures religieuses a pour but d'approfondir


l'expérience spirituelle, mais la liste n'est pas exhaustive, ni indis­
pensable. Voir p. 201 .

1 18
endormi ou éveillé ? » . Voyez tout votre corps, de la tête
aux pieds, aussi clairement que je le vois... Essayez de
regarder votre corps, comme si vous le voyiez de l'exté­
rieur. Demandez-vous : « Suis-j e ce corps, ce corps qui
m'accompagne, ce corps qui finira par mourir ? << pause >> .
Maintenant regardez vos sens, les cinq sens par lesquels
vous prenez connaissance de ce monde. Demandez-vous :
« Suis-j e ces sens, qui mourront avec le corps ? » << pause ».
Prenez conscience de votre mental, le mental par lequel vous
vous comprenez vous-même et vous comprenez le monde.
Demandez-vous : << Suis-je le mental, le mental qui meurt
aussi ? » << pause ». Prenez conscience de vous-même,
regardez-vous et prenez conscience de votre aura... perce­
vez-la. Demandez-vous : << Suis-j e cette aura, dont l'exis­
tence est liée au corps ? » << pause ». Regardez encore
mieux, prenez conscience du prana dans votre corps. Posez­
vous la question : << Suis-j e ce prana ? » << pause ». Regardez
encore à l'intérieur et prenez conscience de l'existence de
votre conscience, grâce à qui vous savez que vous êtes en
train de pratiquer le yoga nidra. Demandez-vous : << Suis­
j e cette conscience ? Cette conscience survivra-t-elle à la
mort du corps ? » << pause ». Regardez à l'intérieur de vous­
même et percevez un œuf d'or au centre de votre cerveau...
un œuf d'or, très petit, tout petit, minuscule, qui est le siège
de votre superconscience. << pause ». Un œuf d'or minuscule,
qui est le siège de la conscience suprême tout à l'intérieur
de vous ... Essayez de vous identifier à elle. << longue pause » .
Essayez de vous voir vous-même comme l'œuf d'or. . . et
dites-vous : <<Au-delà du mental, du corps, des sens, du kar­
ma, de la nature et de tout ce qui est physique, mental, psy­
chique, inconscient, je suis sous la forme de cet œuf d'or.
<< longue pause ». Dites à votre mental : << Je suis cela » << lon­
gue pause ».
(Terminer la séance avec le sankalpa et la fin comme
ci-dessus) .
HARI OM TAT SAT

118
APPENDICE A
Résumé de toutes les techniques

PREPARATION : Shavasana. Conseils généraux. Bien


avertir les débutants qu'ils ne doivent ni bouger ni dormir.
RELAXATION : Corps/Om. Antar Mauna. Oro/respira­
tion.
SANKALPA : Prononcer son propre sankalpa.
ROTATION DE LA CONSCIENCE : Côté droit, côté
gauche, face antérieure, face postérieure, parties principales,
côté droit en remontant, côté gauche en remontant, face
antérieure de haut en bas, face postérieure de bas en haut,
parties internes.
CONSCIENCE DU CORPS : Corps/sol. Corps/miroir.
Corps/peau.
RESPIRATION : Nombril, poitrine, gorge et narines.
Gorge/nombril. Respiration mentalement alternée par les
narines. Point-centre des sourcils.
SENSATIONS : Lourdeur/légèreté. Froid/chaleur. Dou­
leur/plaisir.
ESPACE INTERIEUR : Espace derrière la paroi du
front : chidakash. Couleurs et formes. Océan. Puits. Pensées
spontanées. Méditation.
VISUALISATION D'HISTOffiES : Parc/Temple. Mon­
tagne. Le corps qui plane. Puits/Océan. Point-centre des
sourcils/Oro. Œuf d'or. Puits. Corde d'or.
VISUALISATION DES CENTRES PSYCHIQUES :
Localisation et forme des centres psychiques ou chakras.
Rotation à travers les cenfres.
VISUALISATION DES SYMBOLES PSYCHIQUES :
Symbole de chacun des chakras.
POINT-CENTRE DES SOURCILS/VISUALISATION
DE OM : Cercles de Om partant du point-centre des sourcils.
VISUALISATION D'ASANAS : Se voir en train d'effec­
tuer des postures.
MOUVEMENT DANS LE TE:MPS : Passage en revue
des moments de la journée à rebours.
1 21
VISUALISATION D'IMAGES RAPIDES : Large sélec­
tion d'images données à un rythme rapide.
VISUALISATION D'HISTOIRES : Océan/temple. -
Océan/j ungle.
VISUALISATION DU CORPS TRANSPARENT : Corps
physique et transparent reliés par une corde d'or.
VISUALISATION DE L'AURA : Couleurs.
VISUALISATION DE L'ŒUF D'OR : Œuf d'or au sein
d'une lumière, perçu dans chidakash. Œuf d'or au centre du
cerveau.
SANKALPA : Répéter le sankalpa.
FIN : Conscience de la respiration, du corps, de la pièce.
HARI OM TAT SAT

1 22
APPENDICE 8

I. - Progression de séances fondées sur les Yoga nidra


de 1 à 5

Séances construites :
1 ) en variant les types de visualisations proposées.
2 ) en omettant une ou plusieurs parties.
Dans tous les cas garder le sankalpa en début et en fin
de séance, et la transition finale qui se retrouvent dans cha­
que séance.

VARIANTE A PARTIR DE YOGA NIDRA 1


1 ) séance complète,
2) omettre « visualisation d'images >>,
3) omettre « visualisation d'images » et varier les prati­
ques respiratoires, par exemple, en utilisant seulement
la conscience du nombril et de la gorge ou seulement
la conscience des narines.

VARIANTE A PARTIR DE YOGA NIDRA 2


1) séance complète,
2) séance complète avec visualisation de << la monta­
gne »,
3) séance complète avec la visualisation du << corps qui
plane »,
4) séance complète avec la visualisation du << puits/
océan »,
5 ) omettre les << sensations » en entier ou en partie.

VARIANTES A PARTIR DE YOGA NIDRA 3


1 ) séance complète,
2 ) séance complète avec << œuf d'or »,
3) séance complète avec « om/œuf d'or »,
4) séance complète avec << puits/œuf d'or ».

VARIANTES A PARTIR DE YOGA NIDRA 4


1 ) séance complète,
2 ) omettre la visualisation de << l'œuf d'or »,
3 ) omettre la visualisation des « images rapides »,
1 23
4 ) omettre à la fois << asanas » et << mouvements dans le
temps »,
5 ) omettre toutes les visualisations depuis << asanas »
jusqu'à « œuf d'or ».
VARIANTES A PARTIR DE YOGA NIDRA 5
1 ) séance complète,
2) séance complète avec autre séquence de visualisation
proposée,
3) omission à partir de 1 :
a) omettre la visualisation << symboles psychiques »,
b ) omettre à la fois les visualisations de << centres
psychiques » et de << symboles psychiques »,
c) comme pour b) en omettant aussi la visualisation
du centre des sourcils.
4 ) omission de 2 :
a) omettre à la fois les visualisations de « corps
transparent >> et d'<< aura ».
b) omettre la visualisation de << centres psychiques »
et de << symboles psychiques ».
5 ) combinaisons de 1 et 2 :
a) interchanger « centre psychique », << symbole psy­
chique >> et « point-centre des sourcils-am »,
b) en 2, omettre les visualisations, depuis << images
rapides » jusqu'à « œuf d'or » et leur substituer la
visualisation << océan/temple »,
c) en 1, insérez le << corps transparent » et << aura »
entre << point-centre des sourcils/« om » et << océan/
temple».
d) autres combinaisons personnalisées.

U. - Valeur aomparée des techniques

Construction de séances en combinant des parties tirées


des Yoga nidra de 1 à 5 et en utilisant le schéma donné dans
l'appendice A. Bien que chaque Yoga nidra ait une sélection
de parties similaires, presque toutes ces parties di11èrent les
unes des autres et en général sont présentées par ordre de
difficulté de Yoga nidra 1 à Yoga nidra 5. Un très grand
nombre de combinaisons est naturellement possible, mais
au lieu de les détailler, nous préférons nous en tenir à des
conseils généraux.
1 24
Préparation et relaxation
Un grand nombre de schémas .ont proposés. Le lecteur
choisira ce qui lui parait le plus efficace. Noter que la «pré­
paration » dans Yoga nidra 1 s'adresse à des débutants. Beau­
coup de gens trouvent la technique d'Antar Mauna excel­
lente pour une relaxation préliminaire.
Rotations de la conscience
Identiques dans les premières séances mais différentes
dans les suivantes. Interchangeables de séance en séance.
Cn obtient de meilleurs résultats en s'en tenant à un
même type de rotation sur une assez longue période. C'est
la raison pour laquelle on a inclus au moins « côté droit » et
« côté gauche » dans chaque séance.
Un bon moyen de varier les rotations de la conscience
consiste à les répéter ( comme nous voyons par exemple dans
Yoga nidra 3) plutôt qu'à les substituer les unes aux autres.

Conscience du corps
Interchangeable de séance en séance, mais noter que
« corps/peau » est une technique plus subtile que les autres.

Respiration
Ces pratiques sont interchangeables, mais bien noter les
points suivants :
1 ) Plus la prise de conscience du souffl e est longue; plus
la relaxation s'approfondit, à condition que le sommeil ne
survienne pas.
2) Noter par degré d'efficacité les techniques suivantes :
- respiration mentalement alternée (la plus puissante)
- point-centre des sourcils et nombril-gorge (moyen-
nement puissante)
- nombril ; poitrine ; gorge ; narines (la plus faible) .
On peut aussi faire un usage plus large de la respiration
sur le mantra et sur la sushwnna.

Sensations
Elles sont très efficaces pour induire une relaxation pro­
fonde qui amène aux visualisations et peuvent aussi se subs­
tituer les unes aux autres ou se combiner de différentes
manières. On choisit d'habitude dans la séance au moins
deux paires de sensations opposées, comme froid/chaud, ou
pesanteur/légèreté. L'insertion d'une séquence de sensations
est une bonne manière de rallonger Yoga nidra 3.
1!5
Visual isations
Nombre de combinaisons sont possibles mais noter les
points suivants :
1 ) Les visualisations (y compris les séquences de visua­
lisations données en fin de chapitre) sont facilement inter­
changeables entre Yoga nidra 2 et 3 et entre Yoga nidra 4
et 5.
2) Les visualisations suivantes tirées de Yoga nidra 4
et 5 peuvent aisément servir dans Yoga nidra 2 et 3 :
- << espace intérieur »
<< postures >>
<< mouvement dans le temps »
<< images rapides »
- << œuf d'or »
- << océan/j ungle ».
3) Séance complète avec l'autre séquence de visualisa­
tion proposée (p. 1 16 ) .
I l est bien recommandé que << centres psychiques »,
<< symboles psychiques », << corps transparent » et << visuali­
sation de l'aura » ne soient utilisés que dans les classes
plus avancées.

Sankalpa et Fin
Les parties concernant le sankalpa sont pour la plupart
très semblables mais si cela semble nécessaire, on peut ajou­
ter d'autres directives portant sur la nature du sankalpa ( 1 ) .
La fin de la séance varie suivant l'état de relaxation
obtenu, une relaxation profonde réclamant une transition
plus lente qu'une relaxation superficielle.

Fin du texte de Swaml Satyananda Saraswati.

< l ) Voir pp. 54-56 et pp. 1 94-7.


1 26
Présentation Micheline f'LAK

YOGA NIDRA
FILS DU TANTRA

L E N YASA
Le mot nyasa signifie << placer >>. C'est une pratique du
Tantra dans laquelle des mantras spécifiques sont << placés »
et ressentis à différents endroits du corps. Rappelons qu'un
mantra est une parole (généralement monosyllabique) char­
gée de puissance et qui est supposée avoir une action sur les
couches subtiles de celui qui le prononce ou le reçoit. Ainsi
lesté des mantras, le nyasa est une forme antique de yoga
nidra utilisée par les yogis et encore pratiqué extérieurement
par nombre d'Hindous orthodoxes. Nyasa est décrit dans des
écritures variées telles que le Brihad Yoga Yagyavalkya
SmTiti et le Yogataravali ainsi que de nombreux textes upa­
nishadiques et tantriques. L'Aruneyi Upanishad (verset 5)
enj oint tous les saddhus, c'est-à-d.ire tous les moines errants,
de pratiquer nyasa continûment, de chanter le mantra Om
et de placer celui-ci mentalement dans différentes parties
du corps. Ceci peut aisément être introduit sous une forme
simplifiée dans une séance de yoga nidra moderne. Mais il
existe des formes plus spécifiques et vraiment curieuses de
nyasa qui sont décrites dans le Mahanirvana Tantra, par
exemple :
- Le MatTika Nyasa où les lettres de l'alphabet sans­
crit (matrikas) sont << placées » à différents niveaux du corps
physique de l'adepte, tandis qu'en même temps le son cor­
respondant est modulé.
- Le Hridayadi sadanga nyasa qui signifie littéralement
l'imposition des mains sur six différentes parties ( sadanga)
du corps en commençant par le cœur (hridaya ) .
On doit réciter des mantras spécifiques dans l'ordre
namah en touchant le cœur ; swaha en touchant la tête
vasat en touchant les fontanelles, et ainsi de suite.
1 27
- Kara nyasa dans lequel les mantras sont placés et
chantés sur les doigts, les pouces et les paumes des mains.
Notons à ce sujet que la plupart des yoga nidras enseignés
par Swami Satyananda incluent ce type de nyasa sans usage
de mantra.
- Vyapaka nyasa : Vyapaka signifie << qui diffuse par­
tout », << qui imprègne tout ». Ainsi nommé parce que l'éner­
gie des mantras est distribuée dans toutes les parties du corps
avec une prise de conscience simultanée.
Des mantras spécifiques sont placés et ressentis sur la
tête, la bouche, le cœur, l'anus, les deux pieds et ainsi de
iuite.
Ces méthodes sont donc amplement décrites dans le
Mahanirvana Tantra. On pourrait s'y étendre plus en détail,
mais il vaut mieux renvoyer le lecteur intéressé à cet ouvra­
ge traduit en anglais par Sir John Woodroffe ( 1 ) .
Le nyasa est encore pratiqué par nombre d'Hindous de
par le monde. L'une des méthodes les plus connues est nom­
mée Angvinyasa (le nyasa des différentes parties du corps) .
L a rotation commence dans l'ordre indiqué ci-dessous et se
poursuit en employant des mantras spécifiques pour chaque
partie :
Petit doigt : Aum Kannestha Abhyam Namahe.
Annulaire : Aum Anamikastha Abhyam Namahe.
Majeur : Aum Madhyama Abhyam Namahe.
Index : Aum Tarj aneem Abhyam Namahe.
Pouce : Aum Augushtha Abhyam Namahe.
Nous sommes en plein rituel, et comme tous les ri­
tuels authentiques, il demande pour être efficace précision
et vigilance. Son premier effet est fort heureux, il induit
un état de retrait des sens (pratyahara ) qui prépare aux
états de concentration (dharana) . Mais on peut imaginer
la grimace des Occidentaux s'il leur fallait en passer par
là pour se relaxer ! Cela leur paraitrait absurde au plus
haut point.
Si ces méthodes de nyasa semblent très loin de nous,
elles sont sûrement puissantes et elles offrent une grande
variété d'application.
L'HO M M E M O D E R N E EST PRESSE
L'Occidental ne tient pas à se remplir la cervelle de for­
mules qui exhalent des relents de traditions fumeuses. Si

( 1 ) Sous le nom d'Arthur Avalon, il est aussi l'auteur d'un livre


célèbre 11 La Puissance du Serpent 11 (Dervy-Livres) .

1 28
on abandonne le latin, ce n'est pas pour « donner » dans le
sanscrit !
Le yoga nidra, tel que l'a mis au point Swami Satyanan­
da, pouvait être essayé par tout un chacun, quelle que fût
sa religion, sa langue, sa philosophie. Cependant, il fallait
tenir compte de l'essentiel. On devait veiller à préserver sa
vérité : la puissance d'action sur le corps subtil.
C'est, avons-nous dit, sur le conseil de son guru que
Swami Satyananda s'attela à la tâche. Ce ne fut pas une
mince affaire. Il s'agissait de s'y retrouver dans la j ungle
des textes tantriques dont l'efficacité pratique restait encore
à mettre à l'épreuve. Il y avait un verrou à tirer, et ce ver­
rou, c'était le temps qui l'avait mis. Il fallait le faire jouer,
huiler la vieille mécanique, la simplifier, tout en gardant
l'aj ustement parfait avec une vérité que le temps n'altère
pas. Aujourd'hui, cette technique, née en Inde, se répand
à travers le monde, se diffuse, pénètre les domaines les plus
variés. Elle a beaucoup à nous apporter.

U N E M ETHO D E D'AUTO-D EFENSE PSYCHOLO G I QU E


L a technique des états de conscience nous permet de
nous défendre contre les manipulations des slogans et de la
publicité. C'est un moyen de retrouver notre intégrité lors­
que, par suite des soucis ou des agressions venues de l'exté­
rieur, cette intégrité est en miettes. Oui, il est en notre pou­
voir de nous recentrer et de reprogrammer notre vie nous­
mêmes. La science tantrique est là pour nous y aider. Elle
s'appuie sur des lois qui ne sont l'apanage ni de l'Orient, ni
de l'Occident : elles sont universelles.

LE TANTRA, U N E V I E I LLE SAG ESSE Q U I RE NAIT


D E S ES C E N DRES
On a souvent assimilé le yogi classique à un ascète et
non sans raison, car ce type de héros solitaire voué au re­
noncement, est donné comme modèle dans la littérature védi­
que. Mais c'est faire fausse route que d'en rester à cette
image, somme toute désuète. Le yogi-ermite correspond à
une conception élitiste en relation avec un temps où le yoga
était réservé à quelques rares disciples. Pour recevoir les
enseignements d'un maître il fallait une longue période de
probation.
Il existe un autre genre de yoga le yoga tantrique.
-

Celui-ci est le yoga de l'homme dans le monde.


129
LE TA NTRIQUE E N B UTTE AUX PURITA I N S
L'attitude d u tantrique est bien différente de celle
de l'ascète. Ce dernier aspire à un état sans désirs. En
contraste, le tantrique insiste sur la nécessité de respecter
Les désirs. Rien de plus contraire à la philosophie du Tan­
tra que la notion d'une pratique de l'austérité poursuivie
au mépris des instincts naturels. Attaqué par les puritains
de toutes les époques, le tantrique ressemble à l'homme
d'aujourd'hui comme un frère. Il aspire à ne voir aucun
antagonisme fondamental entre la Nature et l'Esprit. Pour
lui, la Nature est la manifestation de l'Esprit. Elle est la
force créative de la vie. Elle est l'Energie symbolisée par
une Divinité-Mère, Shakti. Personne ne peut connaître
ou espérer connaître les secrets des mondes supérieurs,
s'il n'a donné son dû aux revendications de la déesse.
Selon lui, la pratique des mortifications est une fin de non­
recevoir envoyée sèchement à la nature et cela au prix de
bien des rancœurs, d'où les maux que l'on connait. Car c'est
de l' énergie vitale que surgissent les désirs. Refuser de les
regarder en face, c'est se mutiler. Les vengeances de mère
nature, nous en connaissons bien les signes : refoulement
et culpabilité, les deux mamelles de la peur de vivre.

DEPASSER LE CON FLIT


On peut naitre ascète comme d'autres naissent poètes,
mais rares sont les êtres humains qu'un obscur sentiment de
frustration n'assaille pas, s'ils n'ont goûté aux plaisirs des
sens avant d'y renoncer. Ces instincts refoulés deviennent
alors des explosifs dans les dédales de l'inconscient. « On
résiste à tout sauf à la tentation » disait Oscar Wilde et il
y a un parfum tantrique dans cette boutade.
De la défaite des serments qu'on a cru pouvoir s'impo­
ser par bravade ou que le conformisme de société ou de la
famille nous a imposés - de ce naufrage de la << moralité »
naît dans les profondeurs de la conscience une sensation dif­
fuse de culpabilité : elle rend honteux le plaisir qu'on prend,
de sorte qu'on n'en j ouit pas, tout en cédant à son attrait.
•Le refus de la nature, le refus du corps et des pensées est
une source inépuisable de conflits internes que la psycho­
logie contemporaine depuis Freud a bien repérés : blocages
et inhibitions de toutes sortes lovés dans les recoins du corps
et de la psyché et qui appellent des traitements de choc,
une catharsis énorme à la mesure du mal qu'on s'est inflig4.
C'est cela que le tantrisme voudrait guérir certes, mais avant
tout éviter. Pour cela, il a mis au point des méthodes.
1 30
L E TA NTR I S M E EST AUSS I N OTRE H ER ITAG E
Cette philosophie pratique, nous dit Swami Satyananda,
remonte à plus de 6.000 ans ( 1 ) . L'Inde l'a conservée dans sa
pureté originelle, mais elle existait à la surface du globe dans
toutes les civilisations. On en retrouve des traces en Egypte,
en Amérique du Sud, au Tibet, au Japon, en Europe. Un de
ses traits fondamentaux est le culte de la Mère ( Matri en
sanscrit) et l'on sait que la France en particulier, était riche
en statues de « Vierges Noires », comme celle conservée dans
la crypte de Chartres.
La vénération de la Grande Mère Divine est encore vi­
vante en Asie. Elle incarne dans son essence, la profonde
sagesse de la terre. Elle est la force inhérente qui porte tout
être et toute chose vers son accomplissement. En l'homme,
cette force, cette puissance bio-énergétique, c'est la Kunda­
lini, puissance guérisseuse, cinétique, créatrice. Elle est l'élan
dynamique de toute croissance, de tout changement et de tou­
te évolution. Dans notre nature secrète, elle correspond à l'in­
telligence du corps, cette intuition qui, si nous lui obéissons
dans une juste conscience va régir notre vie dans le sens
de son épanouissement.
A cause de l'équivoque qu'entretient volontiers celui ou
celle qui cherche à j ustifier son laisser-aller, le terme de
« tantrisme » a été souvent vilipendé et réduit comme une
peau de chagrin. Il a trait à toutes les réalités de la vie et
les puritains hindous et victoriens ligués ont cru bon de
l'associer au seul thème de la sexualité. C'est une j ustice à
lui rendre que de bien préciser ce point.

LE TA NTR I S M E EST B I E N PLUS Q U E LA SEX UALITE


IL CONC ERN E TOUTES LES ACTI V ITES DE LA V I E
Disons simplement ceci à propos d u tantrisme. Cette sa­
gesse pratique a été pendant des siècles la seule forme de
spiritualité qui osait parler du sexe et librement. D'où le
regard peu amène que lui ont accordé les religions en Inde
même. Que dire de l'Occident ! Cela s'explique très bien si
l'on songe qu'il a fallu attendre Freud et notre époque pour
que ce sujet cesse d'être tabou.
Oui, le tantrisme s'intéresse au sexe et bien plus, il
l'intègre de même qu'il intègre la mort, la nourriture, le tra­
vail, le repos et le sommeil, bref, toutes les réalités de la vie

( 1 ) Témoin, la C·u1ture Harapéenne qui a fleuri ·sur les bords de l'Indus


au moins 6 000 ans avant notre ère.

131
concrète auxquelles sont sownises nos destmee:. sur œrre.
Et il est remarquable de voir les affinités du tantrisme avec
.me Spoque P-omme la nôtre où « les choses de la vie » au
lieu d'être escamotées sont lucidement constatées, discutées,
et étudiées. La mort devient le thème de la thanatologie, le
sexe de la sexologie, le repos de la relaxation, le sommeil
de l'hypnologïe et ainsi de suite. Il n'est pas un domaine du
vécu qui n'échappe aujourd'hui au regard puissamment at­
tentif du chercheur. Mais il manque à ce regard contempo­
rain quelque chose d'essentiel : la capacité de percevoir le
sacré.

LA NAVETTE DE LA V I E
O r l a dimension d u sacré est inhérente a u tantrisme,
poi!l.t qui échappe souvent aux touristes occidentaux lors­
qu'ils s'étonnent des scènes érotiques sculptées aux frontons
des temples. Pour un tantrique, il existe au milieu de la plus
complète immersion dans le fleuve de l'existence quotidien­
ne, un fil qui le relie au Divin, c'est tout le sens du rituel, et
ce rituel est à la base même de la vie. On voit sur le marché
de Katmandou, le minuscule temple qui jouxte l'étal ; le
sacré est omniprésent. Il n'y a pas de dichotomie entre les
réalités d'en haut et les réalités d'en bas. Les unes et les
autres s'interpénètrent. Le courant circule de la base au
sommet et s_ans cesse remonte. Navette sans fin qui tisse la
vie.
Et ainsi, il n'est aucune expérience si hwnble soit-elle
qui ne puisse servir à l'élévation de toutes nos facultés. Tout
devient une occasion de fusionner avec la vie cosmique :
boire, manger, respirer, faire l'amour sont des modes de com­
munion « au point d'où :Jaillissent toutes les sources » ( 1 ) .
A des époques o ù dans l e monde entier s'est mise à pré­
valoir une différence entre la réalité concrète et l'accès aux
espaces divins - entre le corps et l'esprit - le tantrique
représentait aux yeux des bien-pensants, le scandale, le dia­
ble en personne. En effet, il n'allait pas chercher la paix dans
les envolées hors du monde, mais dans ce monde même, où
il pensait que tout est contenu : c'est ici, pas ailleurs, qu'il
faut réaliser la plénitude de l'être. « Ce qui est ici est par­
tout, ce qui n'est pas ici n'est nulle part » ; ainsi s'exprime
la voix du tantrisme dans le Visvasra Tantra, l'un de ses
grands textes.

( 1 ) Henry-David Thoreau, dournal. Cf. Thoreau, collection « Philoso­


phes de tous les temps », Seghers, par Micheline Flak, pp. 1 1 0 à 125.

1 32
EVE I LL EZ-VOUS 1
Auj ourd'hui un nombre crmssant d'intellectuels et ële
psychologues se rend compte de la j ustesse du j ugement
qu'expriment sur la nature de l'âme humaine, les vieux trai­
tés traditionnels : les lois qu'ils véhiculent ne servent pas
seulement à accomplir les problématiques fusions de l'extase.
Les vérités énoncées par les sages et expérimentées par eux,
nous aident à mieux vivre là où nous sommes. Nous savons
dans nos meilleurs moments, que nous avons fondé notre
existence sur une vision limitée de la réalité et qu'au lieu
de vivre, nous végétons ; que cela n'est pas seulement le fait
de conditions extérieures déficitaires et que plus d'aise
matérielle n'augmentera pas notre capital de vie. Aussi exis­
te-t-il actuellement dans la conscience collective un désir
parfois diffu s, parfois clair, de suivre le conseil que nous
répètent les maîtres soufis, zen, yogis : « Sortez de vôtre som­
meil ! >>.
Si être apparemment éveillé, c'est - comme nous le
pressentons - dormir, alors peut-être que le sommeil des
sages, des « éveillés vivants » recèle le secret d'une vie plus
large, l'éveil de nouvelles capacités du cerveau humain.
A une condition cependant : c'est d'éviter le piège de
l'inconscience, de ruser avec la nature pour qu'elle ne nous
force pas à plonger, absents de nous-mêmes, dans le fleuve
de l'oubli qui est aussi, de nuit en nuit, le fleuve de la mort.

LE C O U PLE CONSC I E N C E-E N ER G I E


Depuis que l e monde est monde, les êtres humains ont
toujours admiré et glorifié l'énergie de la vie latente en eux :
le courage du héros, la puissance de conception et de réalisa­
tion du législateur, de l'écrivain, du savant, l'inspiration créa­
trice de l'artiste, la prière efficace du saint. Dans toutes les
civilisations, on a dressé des pyramides, des autels, des sta­
tues à ceux chez qui l'élan vital avait réussi à se frayer un
chemin vers les sommets du génie. Mais derrière le génie il
y a une autre réalité que l'énergie : imagine-t-on un Homère
qui n'aurait pas chanté l'Iliade et l'Odyssée ? un Mozart qui
n'aurait pas eu pour s'exprimer, la musique ? Non, cette
rorce vitale a besoin d'être orientée, canalisée. Elle requiert
une impulsion directrice qui la suscite et lui donne un sens.
Elle veut de la conscience et un effort. Que d'énergie se perd
sur terre, ou retombe sur elle-même dans un grand fracas
destructeur, faute de discipline et faute de concentration vers
un but bien défini ! Les traditions ésotériques ont depuis
l ongtemps éprouvé la valeur de ce diagnostic. L'art tantri­
q ue en particulier regorge de figures symboliques de ces deux
133
polarités complémenta ires, que sont l'Energie figurée comme
nous l'avons vue par une femme et la Consdence incarnée
par son complément mâle Shiva. Le couple divin est repré­
senté de multiples manières : par exemple, on voit Shiva
allongé et de lui sort toute armée et prête pour le combat de
la vie, sa parèdre. C'est une belle allégorie du yoga dont les
techniques ont précisément pour but de susciter le potentiel
énergétique contenu dans la pâte humaine grâce à un entraî­
nement systématique.

LA D I SC I PL I N E D E L'ATT E N T I O N
Beaucoup s e sont fait d e l a spiritualité une idée par trop
exotique. Combien de mes amis ont cru qu'il leur fallait tra­
verser les vallées de l'Himalaya pour recevoir l'initiation !
Ils arrivent tout excités à l'ashram de quelque guru réputé.
Une fois sur place, celui-ci leur demande d'abord de se repo­
ser, puis les ayant appelés, il leur fait raconter leurs périples
et leurs expectations. Après quoi il leur dit : << Asseyez-vous,
demeurez immobiles et observez votre respiration ».
Les voilà tout déçus, en s'apercevant qu'ils auraient pu
s'épargner de venir de si loin pour si peu. Mais c'est que j us­
tement le développement de l'attention - de toujours plus
d'attention - est le secret même de la recherche intérieure.
Les maîtres n'enseignent ce secret, ouvert à tous, qu'à condi­
tion de se plier à cet apprentissage. << Quand le disciple est
prêt, le maître arrive », dit un vieil adage. Peut-être l'Occi­
dent a-t-il à attendre ses maîtres sur place. Nous avons, sem­
ble-t-il, compris, que l'élargissement de la conscience com­
mence par une discipline. C'est ce à quoi nous invitent en­
tre autres, le Mantra et l'Ecoute. Ils jouent un rôle de pre­
mier plan dans le yoga nidra.

QU' EST·CE QU'UN MA NTRA '1


C'est une formule souvent monosyllabique - comme
le << OM >> , syllabe sacrée de l'Inde - dont le pouvoir s'exer­
ce en profondeur si elle est répétée dans le but d'agir sur
les couches subtiles de l'être. Dans le mantra, qu'il soit court
ou long, tout est important : la manière de le dire, l'état
d'esprit au moment de le dire, la modulation de la voix, le
mode de répétition à voix haute, à voix basse ou mentalement
et la durée de la pratique. Rien n'est censé être laissé a u
hasard. Toutes les instructions comme celles que nous venons
d'énumérer et d'autres, ont une valeur opératoire et elles sont
en principe données par le maître qui a choisi le mantra en
percevant intuitivement la nature du disciple. La parole que
1 34
ce dernier va incorporer à sa propre substance peut être
accompagnée d'une visualisation sur une figure géométrique
ou yantra en accord avec la vibration. Ce yantra est comme
la proj ection exacte sous une forme géométrique de ce qu'est
le mantra en tant qu'onde sonore. C'est une transposition
du son en une figure visuelle, l'un et l'autre représentant les
modes audibles et visibles selon lesquelles la nature psychi­
que du disciple doit se structurer. L'art tantrique est plein
de ces figures symétriques offertes par les artistes
inspirés à la contemplation des initiés. Bien entendu, le maî­
tre est le dépositaire d'une vaste connaissance des mantras
et des yantras. Il a en mémoire des centaines de ces supports
sonores et imagés qu'il va offrir en les accordant à la nature
propre de chacun de ses disciples. Dans le tantrisme en effet,
on attache une grande importance au caractère individuel.
Tout être a droit à sa forme privilégiée de travail intérieur.
Le chemin à suivre est donc très personnalisé. La tradition
veut que le maître répète le mantra qu'il a choisi à l'o­
reille du disciple ( 1 ) . Ainsi chargé d'une puissance renforcée
par le secret, le mantra va être incorporé à la vie de l'aspirant
par la répétition quotidienne à des moments désignés.
Avec le temps, la pratique du mantra s' est perdue en
Occident et les yantras sont devenus de simp les amulettes.
En retrouverons-nous le sens ? Oui, si nous comprenons
l'énergie contenue dans la vibration.

L'énergie du son
Auj ourd'hui, nous ne le savons que t.'rop : certains bruits
peuvent rendre fou et créer des lésions dans le cerveau.
D'autres, au contraire, apaisent l'esprit malade et restaurent
la santé. Il existe bel et bien des sonorités discordantes qui
détraquent l'organisme par l'effet du trouble qu'elles mettent
dans ses diverses fonctions, et il y a des sonorités harmonieu­
ses comme le bruit d'une cascade, le concert des oiseaux, le
déferlement des vagues, le bruissement des feuillages, qui
ont le pouvoir de calmer. Le chant grégorien possède 'des
modulations tranquillisantes : cela a été éprouvé. On recon­
naît aussi une puissance à la fois sédative et tonique à la
musique « baroque » de Corelli, Telemann, Vivaldi, Bach.
Pourquoi ne pas penser que certains de ces compositeurs
aient pu être initiés aux secrets de ce Y oga du Son ( 2 ) dont la

( 1 ) Il est aujourd'hui courant qu'il l'écrive sur un papier qu'il tend


à l'aspirant.
( 2 ) Nada yoga.

135
subtilité échappe encore à l'intelligentsia occidentale dans
son ensemble ? « Au commencement était le Verbe » dit la
Bible et la Mandukya Upanishad dit la même chose : « Au
début de la création est la syllabe AUM » ( 1 ) . Pour perce­
voir ce son originel il sera nécessaire de le sentir vibrer dans
cette caisse de résonance qu'est le corps, notre corps pro­
fond. Quel supplément de vie n'obtiendrons-nous pas si nous
savons susciter la force vitale inhérente à notre peau, nos os,
notre chair et tous nos organes et pourquoi pas au ssi à nos
sensations et à nos émotions ? Ainsi va naître notre nouvelle
conscience.
Dans les types de yoga nidras originels une grande impor­
tance était accordée à la projection des mantras exactement
modulés, dans toutes les parties du corps. Chaque membre a
sa tonalité particulière et ainsi, il fallait que la voix du
guide émette la parole j uste pour l'aj uster aux points du
corps adéquats. Swami Satyananda en simplifiant la métho­
de, a remplacé le mantra par une invite soit à visualiser soit
à répéter le nom de la partie mentionnée, soit les deux à la
fois. Qu'il y ait mantra ou non, le but reste identique : il
s'agit d'intensifier le courant de conscience-énergie dans
chaque parcelle de ce corps qui est notre instrument à vivre.

La voix et l 'écoute.
Or c'est à la voix que répond le flot de l'énergie dans ce
circuit codé qu'est le yoga nidra. Elle soutient le chemine­
ment des courants .de conscience dans les sentiers de notre
être. La voix de l'instructeur de yoga nidra ne s'improvise
pas, elle se travaille. Elle doit être puissante. Elle est
indispensable au maintien de la lucidité. Elle doit circu­
ler dans les labyrinthes du corps et en même temps sembler
lointaine, car elle est le fil même de la transmission. Elle
vient du fond des âges et en même temps, elle est au cœur
de nous-mêmes.
Remarquons bien ceci : dans le yoga nidra le seul sens
en éveil est l'ouïe. Et il doit rester en état d'écoute du début
à la fin. La voix est le seul lien physique qui relie l'étudiant
au monde extérieur. Cette voix est chargée de favoriser la
détente et de soutenir l'attention. Elle est un élément essen­
tiel au succès du yoga nidra.

( 1 ) Le son OM est fait de trois vibrations A


- U - M qui se fondent
les unes dans les autres et donnent le OM.

136
<< Tire la chevillette ,,
La recherche en matière de psychothérapie s'est penchée
avec beaucoup d'intérêt sur les effets de la répétitions mono­
corde d'une même mot ou d'une même phrase. Notons au
passage que les êtres humains ont le goût spontané de la
litanie. Les enfants dès leur plus j eune âge ont ce réflexe
lorsqu'ils viennent d'entendre un terme de langage qui les
a frappés. Les contes j ouent abondamment sur le charme
inexplicable de formules dont le sens compte moins que la
sonorité. Qui ne se souvient dans le Petit Chaperon Rouge
du fameux : « Tire la chevillette et la bobinette cherra J ?
Il y a fort à parier que les comptines comme « Pic et Pic et
Colegram » ou l'« Abracadabra » des sorcières ne véhiculent
d'anciens mantras dégradés et devenus... abracadabrants 1
Mais le mantra auj ourd'hui renaît. Il rencontre l a science
et ses appareils de mesure perfectionnés.

Ce que d isent les appareils enregistreurs.


Lorsque les électrodes sont placées sur la tête des m6di·
tants occupés à répéter une formule particulière, le trac'
E.E.G. ( 1 ) laisse apparaître au bout de dix minutes - lOU•
vent moins - un graphique qui témoigne du ralentissement
des ondes cérébrales habituelles, celles qui correspondent l
l'état de veille. Ces nouvelles ondes sont des ondes alpha et
comme leur accroissement correspond à un état de d'tente
semblable à celui d'un sommeil superficiel, ou qui signale chez
les yogis avancés, l'approche d'un état de méditation, U n'ett
pas déplacé de conclure que la répétition modérément pro­
longée d'un vocable, agit <!omme sédatif des centres psychi­
ques dont le cerveau est le siège. Il est intéressant de noter
que cette parole n'a pas besoin d'être énoncée à voix haute ou
basse, mais que la simple récitation mentale a des eftets
mesurables sur la courbe cérébrale du sujet observé. Autre
chose : le sens n'a rien à voir avec l'effet produit.
Au vu de ces résultats expérimentaux on est fort tenté
lorsqu'on est cartésien, de remettre en question la cérémonie
de l'initiation mantrique. Les esprits modernes sont prompts
à douter de l'effet non quantifiable qu'est supposé avoir tel
son particulier sur la couche profonde de l'être. Pourquoi
« Aum », pourquoi « Allehuyah », pourquoi « Allah hu,
Allah hu », quand « Coca-cola » ou « Du bo du bon Dubon­
net » feront aussi bien l'affaire ?

( 1 ) Electroencéphalogr amme.

137
C'est un fait que la répétition rythmée agit sur les cen­
tres nerveux et il est même recommandé de ne pas en abuser
au risque de perturber plus que de raison nos ondes habi­
tuelles. On en revient toujours dans ce domaine à la recom­
mandation qu'un bon guide est nécessaire sous peine de
franchir les bornes d'une juste hygiène.

Ce que d isent les vieux textes.


Pour les tenants de la tradition tantrique, les seules
électrodes ne disent pas tout. Selon la doctrine des Tantras,
notre corps est. un produit du son primordial. Le corps, en­
seigne les vieux textes, est composé d'espace et aussi d'éner­
gie. L'espace est le conducteur de son, véhiculé par l'énergie
vitale - le prana. Il existe bel et bien une science du man­
tra. Les grands voyants ont �laboré le code phonétique du
corps humain dtmt chaque partie est en résonance vibratoire
avec les sonorités particulières des 50 lettres de l'alphabet
sanscrit.

L'alphabet des énergies.


Ces lettres sont donc réparties dans le corps et chacune
d'elle est en correspondance avec une divinité qui lui cor­
respond. La notion que les parties du corps sont chacune
pénétrées de phonèmes et chargées d'une puissance latente
qu'il est possible de stimuler, n'est pas dévolue à l'Inde seu­
lement. La Kabbale offre une vision analogue et l'on
voit de vieilles gravures alchimiques où les 22 lettres de
l'alphabet hébraïque sont placées à divers points-clé du
corps. La tradition j uive a insisté fortement, comme les
traditions orientales, sur l'idée que le corps est le temple
du Divin . Le croyant doit répéter la lettre appropriée cor­
respondant au pied droit et au pied gauche, à l'épaule droite et
à l'épaule gauche, à la poitrine, la tête et ainsi de suite. La
terminologie sanscrite ajoute « namah » qui signifie « j e me
prosterne » et comme nous le verrons, on peut toucher en
même temps la partie du corps nommée.

Notre corps : une caisse de résonance.


Les pratiques tantriques cherchent à éveiller systéma­
tiquement les divinités qui habitent, dit-on, les 76 demeures
du corps. En termes occidentaux, on pourrait dire cela autre­
ment. La matière étant une masse d'énergie en mouvement,
on cherche à éveiller l'intensité vibratoire de l'organisme et
donc sa capacité d'entrer en résonance avec l'environnement
131'
immédiat et lointain : maison, famille, amis, mais aussi la
nature et finalement le cosmos tout entier. Mircea Eliade a
longuement parlé dans ses ouvrages des procédés du shama­
nisme pour parvenir à ces fins.
Pour le Tantra, le corps de l'être humain contient tout.
Le travail de l'initié consiste à rendre manifeste en lui-même
l'union de ce corps avec la totalité de l'univers. Il va lui
falloir rendre ce corps semblable à une harpe qui vibre sous
les doigts du virtuose. L'homme est à la fois le musicien et
l'instrument sur lequel il j oue, déployant à travers tous les
actes - absolument tous les actes - de sa réalité quotidien­
ne la musique de l'univers.

Universalité de la technique du <( japa ,,.

On p eut donc aisément concevoir que le mantra particu­


lier de chacun de ceux qui s'engagent sur la Voie, puisse
devenir la clé essentielle de l'accès à un plan de conscience
supérieur. « Pas de Mantra, pas de Tantra » dit un adage an­
cien. L'une des pratiques les plus connues est celle du japa
qui consiste à répéter le mantra sur le rythme respiratoire
naturel ou contrôlé. L'auteur anonyme des Carnets du Péle­
rin Russe et les moines du Mont Athos, témoignent dans
le christianisme, de l'efficacité de cette technique héritée
des Pères du Désert, mais qui s'est enlisée dans les sables
de l'oubli j usqu'à disparaître chez nous sous les structures
de la religion établie. En fait, lorsque l'Occident découvre
la puissance du Verbe, que ce soit au travers du japa indien
ou du sicr soufi, il célèbre, sans le savoir peut-être, des re­
trouvailles avec sa propre tradition enfouie. Nous avions
aussi notre yoga autrefois. Swami Satyananda pense que
c'est une erreur de considérer le yoga comme un produit
de marque indienne. L'Egypte pharaonique en fut longtemps
la patrie. Le monde celtique et toutes les civilisations préco­
lombiennes avaient leurs propres techniques d'accès à la
transcendance.

Malraux, prophète.
Malraux a écrit cette phrase devenue célèbre : « Le XXI•
siècle sera religieux ou il ne sera pas >>. Pour survivre et
dépasser l'impasse où nous laisse stagner la civilisation
actuelle, il faudra certainement renouer avec une << religion »
qui, par delà les religions, tisse à nouveau la trame d'un être
humain qu'on saura relier a ux grandes puissances du cosmos.
Ce qu'il y aura de plus remarquable dans cette culture
dont certains témoignent déjà aujourd'hui, c'est qu'elle
1 39
cherchera à unir la perception des vérités méta p hysiques
avec l'écologie, la connaissance des circuits de l'énergie,
avec la médecine, l'accès à des plans de conscience supérieurs,
avec la pédagogie. La cn.lture de demain éclairera les zônes
obscures du cerveau humain.

L'AU·DELA DU M E NTAL.
Certains disent qu'il existe dans le cerveau une zône
totalement abritée des modifications incessantes de notre
mental. C'est d'une telle zône, sorte d'oasis cérébral, qu'éma­
neraient la paix et l'harmonie intérieures. Pourquoi ne pas
chercher à prendre contact avec ce centre ?
Sommes-nous physiquement fatigués ? Nous nous allon­
geons à plat sur le sol pour « récupérer ». Si nous sommes
mentalement courbaturés comment libèrerons-nous notre
psychisme de sa fatigue ?
D'habitude notre mental j uge, critique, approuve, bref
il réagit à tout moment et par là il s'use. La halte lui permet
de retrouver ses forces en s'allongeant sur son propre sup­
port, qu'est la conscience.
L'attention va être l'instrument de cette régénération.
Swami Sayananda nous expose le point de vue tantrique
sur la manière de reposer le mental :

L'or et la bague.
« Qu'est-ce que le mental ? Vous pouvez énumérer des
centaines de composantes ? De même que la matière se subdi­
vise en éléments, ainsi le mental peut éclater en facettes
multiples. Les divisions classiques sont les suivantes : dyna­
misme (rajas) - inertie (tamas) - équilibre (sattva) .
C e sont les trois qualités essentielles d u mental en tant
que participant à la nature des choses. Mais à partir de là,
le mental se manifeste sous plusieurs formes : jalousie,
amour, colère, orgueil, anxiété, suspicion, doute, appréhen­
sion, crainte, vengeance et bien d'autres. Il y a les tendances,
et les impressions latentes (ou samskaras) . Tout cela c'est le
mental. Ce n'est pas la conscience. Par exemple, si j'ai une
bague en or et que cette bague est ronde, cela signifie-t-il
que l'or est rond ? La rondeur n'est qu'une forme, un sché­
ma. De même la jalousie, la colère, la passion, etc ... ( que
nous en ayons la perception claire ou pas) sont des habitu­
des surajoutées, des conditionnements mentaux. Maintenant,
si vous voulez réaliser la vraie forme de votre mental, il vous
faut les ôter. Si vous voulez vraiment connaître l'or, que
faites-vous ? Si vous le fondez, vous verrez que l'or n'est
1 40
ni horizontal, ni vertical, ni rond, ni ovale, l'or est une
qualité, pas une forme. De la même manière, le mental doit
être dégagé des associations, des habitudes et des tendances
qu'il a accumulées ou qui ont accompagné son évolution
depuis les débuts » ( 1 ) .
Comm ent s e défatiguer l'esprit '1
Pour récupérer ses forces vives, le mental doit entrer
en résonance avec l'au-delà du mental. Il va prendre contact
avec ce quelque chose dans le temps par où l'éternité se
manifeste. Nous n'avons pas là des concepts abstraits, enten­
dons-nous bien. L'éternité ne se définit pas : elle est, et nous
avons, grâce à des techniques de méditation bien comprises,
un moyen de trouver un au-delà du temps et de l'espace.
Si l'homme et la femme d'aujourd'hui sont si fatigués,
ce n'est pas faute de chercher les remèdes, c'est faute de
connaître la nature même du mental et des mécanismes de
récupération de l'énergie nerveuse.
Mais il nous faut ici liquider quelques préjugés.
Descartes, pourquoi pas '1
Ainsi on répète sur la foi d'idées reçues, qu'on voudrait
apprendre à << faire le vide mental » et on pense que le yoga
ou d'autres méthodes peuvent nous enseigner cet exploit.
Quel exploit et quel accomplissement est-ce donc pour un
cartésien d'apprendre à ne plus penser ? << Je pense donc je
suis ». Que restera-t-il à Descartes s'il ne pense plus ?
Le tantrique ne cherche pas à évacuer la pensée : 1l
l'observe.
Rien n'est plus redouté par l'esprit occidental que la
dissolution du mental dans une sorte de vide océanique où
la personnalité craint de s'annihiler. En fait, notre désir de
nous conserver intact par l'exercice de la pensée rejoint la dé­
marche tantrique. Que nous propose-t-elle ? Tout simplement
ceci : « Ne vous battez pas contre vous-même. Si les pensées
vous traversent, eh bien acceptez-les. En témoin, observez­
les. Soyez présents ! >> ( 2 ) .
Laissons encore une fois Swami Satyananda nous déve­
lopper le processus :
Le Conseil des conseils.
« Lorsqu'on tente de se concentrer à toutes forces en
dressant une digue contre le flux mental, alors survient un

( 1 ) Revue Yoga, mai 1 978.


(2) Les maîtres qui parlent l'anglais répètent sans cesse « Be aware ».

141
conflit et une brèche s'établit à l'intérieur du mental même.
Ce mental est fluctuant et c'est lui-même qui se veut unifié :
Par conséquent, il manifeste deux tendances opposées, d'où
la brèche. Les deux tendances sont très fortes. La tendance
sensuelle du mental qui est soumise aux fluctuations, est
aussi f orte que celle qui veut rendre effective l'unification.
Par conséquent, une brèche se prépare.
C'est dans ce contexte que le Tantra a développé un sys­
tème à travers lequel on n'ait pas à se battre contre son
inattention. Vous n'aurez qu'à poursuivre vos pratiques yogi­
ques pour vous apercevoir que par certaines techniques, le
mental se calme et épuise son trop-plein.
Dans le système tantrique, on pense et on croit que le
mental n'est pas quelque chose contre lequel il est bon d'en­
tamer la guerre. Il y a des religions dans le monde y compris
l'hindouisme - qui vous enseignent que la première chose
à faire, c'est de lutter contre le mental. Le Tantra nous ensei­
gne j uste l'inverse. Il dit : « Ne partez pas en guerre contre
le mental, parce que le mental a la puissance, le mental e.st
plein de ressources et si vous entamez les hostilités contre
lui, il finira par vous amener à régresser dans le processus
de l'évolution spirituelle. Par conséquent, la philosophie
tantrique nous enjoint fermement de laisser le mental tran­
quille quel qu'il soit et où qu'il soit ; ne vous mettez pas
martel en tête. Mettez-vous plutôt à le suivre un certain
temps. Essayez de bien le connaître.
Pour le moment, vous e ssayez de mettre la main sur le
mental sans connaître ses mystères, ses ressources, ses carac­
téristiques. Le mental est bien plus que vos pensées. Ce que
vous savez du mental n'est rien. C'est comme un iceberg
dont on ne voit qu'une partie au-dessus du niveau de l'eau.
Nous parlons des pensées, nous parlons des émotions et des
passions, de l'envie et des sensations, mais ils ne sont rien
en regard de l'homogénéité et du caractère infini du mental.
Le mental est infini et les étudiants en yoga doivent se com­
porter très prudemment envers ce mental infini. Dans le
Tantra, on vous conseille ceci : soyez en amitié vis-à-vis de
votre mental. Suivez votre mental pendant un moment. C'est
le conseil des conseils.

Comment agir avec un ami turbulent '!


Je vous en prie, notez bien comme j e suis attentif à bien
parler du mental. Je suis l'un de ses meilleurs amis. Mon
mental est mon ami de toujours et je ne suis j amais opposé
à lui. Il a été fort turbulent parfois, mais sans mentir, j e
n'ai pas été scandalisé par ses agissements parce que lui et
1 42
moi nous sommes un. Parlant de moi, et en espérant que
vous penserez de même, je dois dire que j e ne me suis
j amais senti coupable ou honteux de la conduite de mon
mental. Pendant des années et des années, il a pensé des
choses insensées, mais pourtant je ne le désavoue pas. Com­
ment pourrais-j e insulter mon mental ? Comment puis-je
être choqué par lui ? Comment puis-j e critiquer mon men­
tal ? Ce serait me critiquer moi-même.
Je pense que nous devons transcender le mental plutôt
que le tuer. Je pense même quelquefois que nous devons
sauter par dessus l'obstacle du mental plutôt que le le trans­
former. Dans nombre de mes livres, j 'ai parlé de sa transfor­
mation, mais désormais j 'ai plutôt l'impression qu'il est sou­
haitable de dire transcender plutôt que transformer. Com­
ment peut-on espérer le transformer ? Le mental est ce qu'il
est. Sa nature est de sauter, de penser, de sentir, d'agir, de
réagir, le mental est toujours dynamique.
Lorsque vous vous élevez dans l'air en avion, vous voyez
les grands gratte-ciel apparaître comme des boîtes d'allu­
mettes. Vous n'avez pas à les éocaser pour les rapetisser.
Il ne vous faut que monter à 12.000 mètres de haut dans
votre avion à réaction pour les apercevoir comme de petites
boîtes, si encore vous les voyez ! C'est cela la transcendance .
De la même manière, dans la recherche intérieure et dans
le yoga , vous devez vous trouver une méthode à vous qui
ne vous amène pas à en venir aux coups avec votre mental ;
une méthode par laquelle vous n'ayez pas à tuer le mental,
mais par laquelle vous serez à même de le transcender. Et
je puis vous assurer que dans tous les textes tantriques que
j 'ai lus, je n'ai pas lu une seule phrase qui vous enjoigne
de mettre votre mental sous le boisseau » ( 1 ) .

Résumons donc la notion d e conscience selon l e Tantra.


La conscience est ce qui reste lorsque tout ce qui em­
pêche de la voir est éliminé. Cette présence lumineuse
qui nous habite, brille toujours, mais sur le plan phé­
noménal où nous vivons, tout se passe comme si elle était
soumise à des variations d'intensité. Au fur et à mesure que
nous nous désidentifions d'avec notre mental, la conscience
semble s'illuminer un peu plus, et cela donne la mesure de
notre croissance intérieure.
Le tantrisme est une philosophie pratique, qui mise sur
deux principes d'efficacité

( 1 ) Yoga, février 1977.

143
Leur formule est simple.
« Acceptez-vous -vous-mêmes et soyez en éveil. C'est
une approche réaliste et pratique de l'émancipation spiri­
tuelle, car elle nous invite à nous prendre là où nous
en sommes. En nous acceptant nous-même pleinement avec
nos points forts et nos points faibles, avec les qualités posi­
tives et négatives de notre personnalité, nos schémas de
conduite créateurs et indépendants, aussi bien que nos habi­
tudes destructrices, nous pouvons avoir la vision d'un état
de liberté mentale pur et sans entrave qui englobe nos émo­
tions et nos inspirations, état qui est le droit de naissance
de tout individu » ( 1 ) .

CONC LUSI O N : N ETTOYEZ L E M I RO I R !


« Notre vraie nature n'est pas l'état normal d'anxiété,
d'excitation et de tension. Notre nature est l'état de pure
conscience, le calme, la tranquillité, la sérénité. Comparons­
là au miroir qui est obscurci par des couches de crasse et de
poussière. Nettoyez le miroir et sa qualité naturelle va appa­
raitre qui est de réfléchir les objets.
C'est l'agitation du mental qui cause tous les chagrins,
les tensions, les complexes : ils ne sont que surimposés.
Tranquillisez et purifiez le mental par un travail sur vous­
même et vous éprouverez l'état de méditation, la plénitude
de l'être, votre vrai moi ». (2 )

( 1 ) « Vivre avec nos habitudes », Dr Swami Karmananda Saraswati,


Revue Yoga, juin 1978, pa.ge 30.
(2) Swami Satyananda, Méditations Tantriques.

144
LA SCIENCE
ET LE SOMMEIL LUCIDE
L E Y O G A N I DRA, U N SO M M E I L AUTRE.
La quantité de somnifères vendus en pharmacie atteint
un chiffr e record vraiment phénoménal. Si l'on songe à ce
critère comme à un test pour sonder le cœur des civilisés,
on concluera que l'insomnie est un mal qui répand la terreur,
et que le désir le plus lancinant de la société de consomma­
tion est de trouver le sommeil.
Comment le yoga nidra va-t-il pouvoir favoriser ce vœu?
D'abord en désamorçant la crainte des nuits blanches. Natu­
rellement, mieux vaut dormir, mais un bon moyen de sur­
monter l'insomnie, c'est de se mettre à n'en avoir plus peur.
Rien n'est plus varié que les besoins de chacun en fait d'heu­
res de sommeil. Mais les gens ont du mal à croire qu'on
puisse être mieux reposé en quatre ou cinq heures, qu'en
douze heures de sommeil abrutissant. Osons nous moquer
un peu de cette obsession : il y a le sommeil idiot et le som­
meil intelligent ! Certes, il ne sera j amais bête, ni démodé
de dormir quand l'envie nous prend, mais il est certain
qu'un type de sommeil particulier pourra rendre les plus
grands services à des gens qui veulent diminuer leur dose
de somnifères, de barbituriques et de tranquillisants ou
mieux, carrément s'en passer.

DOR M I R V ITE ET... M I EUX.


Bien sûr il y a les gens qui souffrent de maladies chro­
niques génératrices de sérieuses perturbations du sommeil. Ils
forment une importante partie de la clientèle médicale et pa­
ramédicale, et ils doivent être soignés par des moyens théra­
peutiques plus sophistiqués que la simple relaxation, c'est
évident.
Nous parlons ici des insomniaques courants, ceux qui
sont en proie à la triple tension physique, émotionnelle, et
mentale dont parle Swami Satyananda. ( 1 )

( 1 ) Cf. p . 42-43.

146
La désolation envahit leur mental par suite soit des
difficultés qu'ils éprouvent à s'endormir, soit au contraire
des éveils intempestüs aux petites heures du matin. Or,
d'après les yogis, le plus important n'est pas d'augmenter
la quantité de sommeil, mais sa qualité. Tout être récupère
ses énergies vitales en dormant, mais la nature peut être
stimulée. Il est possible de dormir plus vite... et mieux.
« Le temps d'une relaxation profonde comme celle qui est
induite par le yoga nidra équivaut à quatre fois le même
temps de sommeil ordinaire » nous affirme Swami Satya­
nanda.

FRAG I L IT E DE N OTRE V I G I LA N CE.


« Dormir, disait Bergson, c'est se désintéresser ». Ce
« désintérêt » est une excellente définition occidentale de ce
que les yogis appellent le retrait des sens vers l'intérieur.
L'isolation sensorielle appelée Pratyahara est un phéno­
mène neurophysiologique qui consiste en une rupture de
contact de notre cerveau avec les stimuli sensoriels venus
de la périphérie. Un pratyahara spontané s'accomplit cha­
que fois que nous passons par là période d'assoupissement
qui précède le sommeil et qu'on appelle phase hypnagogique.
Toute l'énergie mentale est alors en principe disponible
pour des perceptions internes. A une condition : c'est que
nous restions lucides. Mais la plupart du temps, ce déplace­
ment de l'attention vers l'intérieur, est annulé par la vague
d'inconscience surgie des profondeurs : le raz-de-marée nous
surprend tous les soirs. On le nomme... sommeil ! Et c'est le
signe non négligeable que nous avons atteint un certain
seuil de détente. Mais le proverbe nous invite à nous méfier ·
de l'eau qui dort.

LE S O M M E I L N'EST PAS S I TRA N Q U I LLE.


La science contemporaine de même, nous invite à ne pas
trop croire à cette détente. Les études très poussées qui se
sont multipliées depuis 1950, nous montrent clairement que
même pendant le sommeil, notre cerveau est le siège d'une
activité psychique intense. Sommeil n'est pas toujours syno­
nyme de repos.
La science nous révèle l'existence de deux sommeils :
un sommeil de rêves et un sommeil . profond ( 1 ) . Nous pas­
sons environ 20 % de notre temps nocturne à rêver. Ce temps

( 1 ) Dit aussi sommeil cc lent », parce que les tracés encéphale­


graphiques le signalent par un ralentissement des ondes cérébrales.

1 46
des songes est relativement faible par rapport à l'autre. Que
se passe-t-il dans l'autre sommeil, le sommeil profond ?
li se distingue nettement du sommeil de rêves, caracté­
risé lui, par un mouvement rapide des yeux (REM ) . ( 1 ) .
Les rêves n e sont pas tous agréables, loin d e là. Ils viennent
essentiellement nous visiter pendant la période dite REM,
mais aussi parfois, pendant la phase de sommeil lent, où spas­
mes et cauchemars ont presque toujours leur source. Nous
ne sommes même pas à l'abri de fantasmes inquiétants lors
de la phase d'assoupissement (2 ) où des images et des ré­
miniscences de toutes sortes surgies du subconscient, for­
ment une trame de scènes dont nous sortons parfois d'un
sursaut, le soir avant de nous endormir ou le matin avant
le réveil.

L'ELAN D U MAT I N .
Il est intéressant d e souligner, e n passant, que selon les
yogis, le lever matinal est l'une des meilleures choses qui
soient, car c'est à l'aurore que le potentiel d'énergie vitale
est le plus haut. Le rythme biologique de l'homme dépend
du cycle du soleil. Il nous invite idéalement à nous coucher
avant minuit et à nous lever vers 4 ou 5 heures (heure so­
laire) . « Toutes les Intelligences s'éveillent le matin » disent
les Vedas, et ce pourrait bien être une raison pour mettre
ou point l'art de nous éveiller.
Si l'on est debout de bonne heure, on peut faire
usage de cette énergie en pratiquant le yoga ou quelque au­
tre manière de discipline qui nous mette en excellente forme
pour toute la j ournée. Mais l'immense maj orité des indivi­
dus ne vit pas ainsi. L'homme, la femme et l'enfant n'ont
d'yeux et d'oreilles que pour la télévision et le culte que lui
rendent des millions de gens exclut la salutation au soleil.

ETRE C O N S C I ENT DANS LE REVE.


Les choses étant ce qu'elles sont, il faudra compenser
le décalage de nos rythmes biologiques. Le yoga nidra est
une manière scientifique de combler le manque quantitatif
ou qualitatif de sommeil, et de donner du rendement à notre
vieil Hypnos. L'assoupissement nous ouvre le portail de cet
autre moitié du monde dont il nous est impossible de donner

( 1 ) REM (Rapid Eye Movement) .


(2) Cette phase de pré-sommeil se nomme « phase hypnagogique »
ou sommeil superficiel. Elle se retrouve au sortir du sommeil,
au moment du réveil, dite « phase hypnapompique ».

1 47
un compte rendu précis au réveil. Parfois, nous nous souve­
nons de nos rêves.
La phase de rêve a fait l'objet de recherches variées. On
a même l'exemple d'une population primitive de l'Inde, les

Senoï, qui fondent leur culture sur la maîtrise et l'utilisa­


tion de leurs rêves à des fins d'organisation sociale. Leur
haut potentiel de j oie de vivre découle de la coutume qu'ils
ont de raconter leurs rêves et de les exorciser en les faisant
servir à l'amélioration des rapports sociaux et familiaux.
Leur niveau de créativité et d'intégration psychique est de
ce fait remarquable. Les Senoï représentent un cas d'excep­
tion des plus curieux.
Une psychol<'Jgue américaine, Patricia Garfield, s'est
fait connaître par un ouvrage, Creative Dreaming, où elle
rapporte des séances d'entraînement au rêve conscient. Elle
y décrit la manière de procéder pour pouvoir se rappeler
ses rêves : avoir près de soi un papier et un crayon la nuit
et développer le réflexe de se réveiller afin de les noter à n'im­
porte quel moment de la nuit. De la sorte se développe la
faculté de maîtriser le rêve. ( 1 )

PE UT·O N MAITR I S E R LE S O M M E IL PROFOND 'l

Mais commènt savoir ce qui se passe en nous dans le tré­


fonds de notre « sommeil lent », où peut-être rien d'autre n'ar­
rive que l'abandon de nous-même et de notre mémoire sur
un rivage inconnu, l'abandon de notre fatigue et de nos sou­
cis à une force réparatrice, qui à notre insu nous régénère ?
Car nous avons un travail à faire en dormant : celui de nous
reposer. Sommeil lent et sommeil rapide y concourent tous
deux à leur manière. Les hypnologues ont montré que pen­
dant le « sommeil lent », le corps se revitalise au niveau des
échanges cellulaires, et que cette phase met en chantier une
restauration de l'usure physique et une harmonisation de
nos horloges organiques, tandis que dans nos périodes de
rêves, c'est le système nerveux qui se recompose.
Cela ne nous donne tout de même pas réponse à la
question fondamentale : en quoi consiste le travail vital du

( 1 ) Le grand pionnier des tentatives actuelles est l'auteur fran­


çais Hervey de Saint Denys qui n'aurait été qu'un obscur professeur
de Tartaro-Mandchou au Collège de France vers le milieu du siècle
dernier, s'il n'avait écrit un traité 11 Les rêves et les moyens de lee
diriger ». On doit à Robert Desoille, le créateur du « rêve éveillé­
dirigé )) d'avoir exhumé cet ouvrage. C'est un livre étonnant qu'on
vient de rééditer (Pauvert ) .

148
sommeil ? Il est excellent de comparer les recherches fabu­
leuses de Dement aux Etats-Unis et de Jouvet à Lyon, avec
les vieux textes sacrés : elles confirment les données préci­
ses de la connaissance yogique.
Le yoga et la science trouvent dans cette confrontation
une raison d'estime réciproque.
Selon la Mandukya Upanishad, notre conscience peut
connaître quatre états :
- l'état de veille en relation avec la perception habi­
tuelle consciente,
- l'état de rêve en relation avec le subconscient,
- l'état de sommeil profond en relation avec l'incons-
cient,
- l'état de méditation en relation avec la supercons­
cience.
Ce dernier état, le quatrième, peut englober les trois
autres. Qu'est-ce à dire ? On peut donc rester superuigilant
même en état de rêve, même en état de sommeil profond 1
Ces quatre états ont été repérés par la science contem­
poraine sur la foi de graphiques reproduisant les tracés des
ondes cérébrales.
Nous renvoyons ceux que ce repérage scientifique inté­
resse de près aux revues spécialisées ( 1 ) . Il est certain que
notre connaissance des états de conscience a fait des pas de
géants depuis les travaux de pionnier du Docteur Thérèse
Brosse, qui en 1937, plaçait déj à des électrodes sur la tête
des yogis en Inde. Mais on ne sait pas encore maitriser son
sommeil. Il nous mène souvent la vie dure ! C'est pourquoi
la Mère à Pondichéry s'entraînait << à changer la nature du
sommeil » .
S O M M E I L L E N T S U R CO M MA N D E
<< Deux choses à supprimer : tomber dans l'abrutisse­
ment de l'inconscience, avec toutes ces choses du subcons­
cient et de l'inconscient qui remontent, vous envahissent,
vous pénètrent ; et une suractivité mentale où l'on passe
son temps à se battre littéralement - des batailles terribles.
Les gens en sortent moulus, comme s'ils avaient reçu des
coups - et ils les ont reçus, ce n'est pas << comme si >> . Et j e
ne voie qu'un moyen, c'est d e changer l a nature d u som­
meil >> ( 2 ) .

( 1 ) Remarquable série d'articles sur ce thème dans l a Vie médi·


cale, mars 1 974, par Pierre Etevenon.
( 2) Agenda de Mère ( 1 951-1969 ) , p. 394. (Institut de Rerchercbe
évolutive, 1 978 ) .

1 49
Un chercheur américain, Elmer Green, a rapporté le cas
d'un yogi, Swami Rama, qui était capable de manifester les
ondes du « sommeil lent » , sur le tracé encéphalographique,
tout en étant absolument présent à tout ce qui se passait
dans le laboratoire. Pour comprendre cet exploit, voyons
comment le yoga nidra agit.

L ES O N D ES C ERE BRALES ET LE YOGA N I DRA

SOMMEIL VEILLE
( normalement inconscient) (normalement conscient)

DELTA THETA ALPHA BETA


1 4 8 9 13 26

( Herz-Cycles par seconde)

Totalité des ondes DELTA - THETA - ALPHA - BETA


simultanées apparaissant
pendant le yoga nidra chez ALPHA et BETA chez un
un grand yogi. yogi débutant.

DifNrence entre un grand yogi et un yogi débutant.

Lorsqu'une personne dirige son attention sur le monde


extérieur, il se produit habituellement des ondes de fré­
quence BETA. Si elle ferme les yeux et ne pense à rien de
spécial, elle produit généralement un mélange de BETA et
ALPHA. Si elle glisse dans le sommeil, elle s'assoupit : les
ondes THETA apparaissent, tandis que les ondes ALPHA et
BETA diminuent. Les ondes DELTA sont présentes dans le
sommeil profond ( sommeil lent) . Il est anormal qu'elles le
soient à l'état vigile.
On peut faire apparaître des ondes ALPHA les yeux
ouverts si l'attention en même temps se tourne vers le de­
dans. Les ondes alpha lentes sont la zone privilégiée où se
situe le yoga nidra chez un étudiant moyennement avancé.
Résumons-nous. Pendant le yoga nidra :
1) La plupart des gens peuvent rester conscients dans
la zone des ondes alpha et béta.
2) Les yogis avancés peuvent rester conscients en alpha,
béta et théta.
3 ) Les Maîtres peuvent rester conscients en delta et
théta.
1 50
4) Le yoga nidra couvre toute la série des ondes céré­
brales.
Les yogis experts - les gurus - parviennent à res­
ter vigilants dans toutes les phases de leur sommeil.
ACT I O N ET ROLE DU SOM M EI L L U C I D E.
Il agit sur le système nerveux central et les glandes
endocrines. Il provoque un ralentissement fonctionnel dans :
- le système nerveux central,
- le système nerveux autonome,
- le système périphérique : effet de relaxation muscu-
laire et vasculaire - retrait des sens à l'intérieur,
- le système endocrinien : surrénale et thyroïde : au
repos.
Rôle de la relaxation profonde du sommeil. Elle apporte :
- un repos métabolique,
- une harmonisation des diverses fonctions organiques et
psychiques.
LES N IVEAUX DU YOGA N I D RA

NIVEAU I NIVEAU II NIVEAU III NIVEAU IV

Ecoute des bruits Assoupissement Sommeil Sommeil


extérieurs rapide lent

1
Phase normalement Phases normalement inconscientes
consciente

La pratique du yoga nidra se situe dans le niveau I et


touche légèrement le niveau II. La lucidité se maintient ra­
rement dans l'état de rêve ( phase III) et pratiquement
jamais dans la phase de sommeil lent IV, sauf chez les grands
maîtres, comme nous venons de le voir.
On pourrait représenter la même chose sous forme de
cercles concentriques qui rendent compte de la théorie yo­
gique du sommeil. En effet, selon celle-ci, nous procédons
chaque nuit à une marche vers l'être profond. C'est la
source où nous allons pour nous restaurer. Nous sommes
obligés pour ce faire, de «désenchevêtrer la conscience)) ( 1 )
d e tous les revêtements successifs qui l a cachent. Les diver­
ses séquences de yoga nidra ont cet effet.
( 1 ) L'expn!ssion est citée par le Dr Thérèse Brosse, pionnière
en matière de recherche scientifique sur les yogis.

1 61
LES C I N Q CORPS SELON L E YOGA
Le yoga nidra met en harmonie nos différentes horloges
internes, parce qu'il nous recentre.

[ËIL���@�� Corps
I ll
mental et
émotionnel.
IV
W-11illl&Ji i 1. Corp
§Th
-liloililila��:�:;�
-_
s psychique
,
Archetypes et
Images rapides symboles.
et évocations
des sensations.
v

Ë3
Corps causal
Symboles du centre.
Méditation.

1 52
PARTICULARITÉ DU YOGA NIDRA
PLAC E D U YOGA N I DRA DANS L E SYST E M E
YOG I Q U E.
Le Yoga nidra est une superbe technique de détente du
cerveau, et à ce titre la relaxation générale qu'il apporte
est très puissante. Dans la mesure où les «stresses» accumu­
lés sont directement liés à nos maladies (1), il est impératif
d'apprendre à les désamorcer. Le yoga nidra est un système
qui peut réussir là où d'autres techniques de détente ont
échoué.
Il s'appuie, comme nous l'avons abondamment expliqué
sur les anciens nyasas (2) qui constituent une catégorie à
part dans le savoir tantrique. Notons bien que la technique
décantée par Satyananda est un yoga immobile. Tout l'effort
porte au niveau du mental. Par conséquent il s'apparente à
la vaste famille du Raja Yoga (le Yoga Royal) (3) .
Ce yoga englobe selon Patanjali, les étapes de « retrait
des sens >> (Pratyahara) , de << concentration >> (Dharana) et
de <<méditation» (Dhyana) . Originellement, les nyasas étaient
conçus comme un moyen d'atteindre à l'illwnination. Le yoga
nidra vise moins haut dans l'échelle de Patanjali. Il se con­
tente de participer à l'effort de ceux qui veulent « nettoyer
le miroir >> avant d'aller au-delà.
En tant qu'approche du Soi profond, le yoga nidra peut
servir de support à toutes sortes de techniques. C'est en fait,
un réceptable qui peut recevoir de multiples pratiques pos­
sibles : répétition du mantra (aj apa j apa) , silence intérieur
(antar mauna ) , concentration interne (antar tratak) , visua­
lisation des circuits d'énergie (prana vidya) , etc. On dénom­
bre des dizaines de pratiques qui s'accordent avec la séance
de yoga nidra.
Disons que sa place est assurée par les enseignants de
yoga qui l'incluent désormais dans leurs cours réguliers, gé­
néralement après la séance de hatha yoga.

( 1 ) Comme l'a montré Hans Selye, spécialiste des recherches sur le


stress.
( 2 ) Cf. p. 1 27.
(3) Cf. p. 45.

153
PLACE D U YOGA N I D RA PAR M I L ES TECH N IQ U ES
OCCIDE NTALES DE RELAXATION.
La dette des techniques occidentales vis-à-vis du yoga
n'est souvent pas mentionnée. Nous prenons cette occasion
de rappeler que la majorité des formes de relaxation occi­
dentales sont, de près ou de loin, des versions adaptées des
techniques yogiques. La détente en décubitus dorsal dite en
« shavasan » est devenue l'attitude généralisée de la relaxa­
tion classique. Dans sa préface à la première édition alle­
mande de son livre sur le Training Autogène, Schultz men­
tionne son emprunt au Yoga.

Un psychiatre en I nde.
Pour ce qui est du Docteur Caycedo, il a posé les fonde­
ments de la sophrologie au moment même où Swami Satya­
nanda commençait à rendre publique la technique du yoga
nidra. C'est là une coïncidence qui mérite d'être soulignée.
Le Docteur Caycedo, fondateur de l'Ecole de Sophro­
logie s'était trouvé intéressé de près au yoga par l'intermé­
diaire de son épouse, une française qui enseignait cette dis­
cipline. De 1965 à 1967 il fit un long séj our d'études en Inde
et vécut un temps à Rishikesh dans le but de repérer les
vues des grands maîtres du continent asiatique sur les phé­
nomènes de la conscience et il écrit lui-même : << Une telle
expérience influa d'une manière considérable sur les fonde­
ments de la sophrologie médicale et sur certaines de ses
méthodes » ( 1).

Le réglage des énergies internes.


Il ne fait plus de doute que la plupart des techniques
de bien-être que nous connaissons aujourd'hui, sont .de près
ou de loin inspirées des divers yogas tantrique, bouddhique,
tibétain, japonais, chinois ou autre. Que ce soit le training
autogène, le rêve éveillé de Desoille (2) , la méditation
.transcendantale ( 3 ) , la méthode de Jacobson, la sophrolo­
gie, sans oublier de mentionner l'efflorescence exceptionnelle
des techniques qui sont apparues en Californie à l'Institut

(1) « La India de los Joguis » (Editorial Andes international, Barcelona


1 977) . Titre original de la première édition : l ndia of Yogis (Na­
tional publishing house, New Delhi 1 966 ) .
( 2 ) Robert Desoille a mis au point l a technique du rêve éveillé dirigé
en s'appuyant sur les travaux de l'orientaliste Caslant.
{ 3 ) Le centre de la M.T. se trouve à Rishikesh, face à Sivanandashram.

1 54
d'Esalen avec Lowen et Perls pour ne citer que ceux-là, tou­
tes les méthodes doivent à une fusion avec l'Orient, la plus
grande part de leur efficacité. Qu'elles nous viennent du
Far West Américain ou du Far East Asiatique comme le
Do In ou le Shiatsu, techniques modernes et anciennes se
fond�nt sur la reconnaissance d'une énergie vitale, une bio­
énergie dont le réglage peut être opéré, à condition de bien
connaître le tableau de bord ! L'idée s'est fait j our dans la
conscience collective que l'être humain n'a pas à demeurer
l'esclave de ses tensions, de ses blocages, de ses complexes,
et de ses inhibitions de toute nature.

La santé avant l'extase.


Non, la p ersonnalité conditionnée n'est pas le dernier
mot de la personne. Un soi profond attend un effort, un tra­
vail ( au sens premier d'accouchement) pour se libérer. Le
travail sur soi peut prendre la forme du cri, des postures,
du souffle contrôlé, de la répétition du mantra, de visualisa­
tions, du chant, de la décrispation musculaire, de la danse,
de la prière, mais quelque soit le chemin, il doit être par­
couru avant que les niveaux élevés de conscience puissent
être atteints. Les maîtres zen ou yogis, les alchimistes et les
kabbalistes, tous les grands leaders spirituels assignent un
but aux exercices : l'ouverture à une réalité transperson­
nelle. Mais ils disent aussi ceci, qui rejoint tout à fait les
conceptions plus terre à terre de la psychologie occidentale :
avant que l'état supérieur de transcendance puisse être at­
teint, ou même seulement entrevu, il faut que l'homme et
la femme se déploient lucidement dans leur pleine humanité.
Pour que ce qu'on nomme l'illumination soit authentique, il
faut qu'elle apparaisse comme l'apogée d'un être complet au
sommet de sa forme ; elle consiste en un intellect sain, un
cœur bien réglé, une aspiration réfléchie au dépassement de
l'égoïsme. Cela ne suppose en rien le renoncement préala­
ble aux j oies de la vie. Quel que soit le dédain qu'affichent
les ascètes malingres pour cette guenille qu'est le corps et
cette chenille qu'est le mental, il semble bien que l'être
pour croître, doive d'abord se déployer dans son envergure
terrestre sur la base d'une bonne santé physique et men­
tale et d'une totale acceptation de soi. C'est à ce prix seu­
lement que l'arrivée sur les hauteurs sera possible et sou­
haitable.

Vivant jusqu'au bout des ongles.


Il ne sert à rien de sculpter des œuvres d'art, si nous
ne nous sommes mis à sculpter notre propre être pour faire
1 55
de notre vie une réussite achevée. Et nos matériaux ne sont
pas la pierre et la peinture, mais nos muscles, nos os et notre
mental.
Nous avons contre toutes les tentations de l'infidélité
à nous-mêmes, des garde-fous très simples. L'étrange chose,
c'est que notre époque semble les découvrir comme une nou­
veauté, alors que la tradition millénaire, la sagesse des na­
tions le répète : « Il faut prendre le temps de souffler >> .
Le premier pas vers la santé c'est l'intense conscience
du souffle en nous et de l'énergie qui lui est liée et
qui a son habitat dans les moindres fibres de notre
chair, les moindres cellules de nos organes, des pieds
à la tête et j usqu'au bout des ongles. Impossible de
faire appel à l'énergie, sans devenir intensément cons­
cient de cette vitalité. A ce titre, le yoga nous offre le
moyen de rassembler nos forces et de saisir la réalité d'une
Présence, source des sources. Son contact délivrera le sens de
notre vie. Nietzsche fait dire à Zarathoustra : « Derrière tes
sentiments et tes pensées mon frère, se tient un maître plus
puissant, un sage inconnu. Il s'appelle « Soi >> . Il habite ton
corps, il est ton corps >> .

1 56
LA ROTAT I O N : T EC H N I Q U E SPEC I F I Q U E D U YOGA
N I DRA.
Regardons un moment le tableau comparatif du Yoga
nidra par rapport aux diverses techniques les plus connues
en Occident.
Le tableau qui suit nous montre clairement que le
trait spécifique du yoga nidra, (que nous ne retrouvons dans
aucune des techniques mentionnées) est la rotation systé­
matique de la conscience. Notons au passage qu'elle se situe
à trois niveaux :
1) Rotation dans les parties physiques ( externes et in­
ternes) .
2) Rotation dans le psychisme ( évocation des sensations
par paires d'opposés : lourd-léger ; froid-chaud ; dou­
leur-plaisir ) .
3 ) Rotation dans les chakras ou centres psychiques.

Ce schéma comparatif permet de situer le yoga nidra et


de retracer son influence cachée depuis le début du si�le.
La plupart des créateurs de techniques de relaxation ont
en effet été en contact avec des connaisseurs des sciences
orientales. La recherche contemporaine mettra sftrement en
valeur dans le public, le rôle joué par le yoga depuis les
débuts de notre histoire, que ce soit dans le domaine de
l'art, de la philosophie et de la psychiAtrie. Nous espérons
reprendre ces suj ets dans des p ublications ultérieures.

157
-
en
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TABLEAU SYNOPTIQU E DES DIVERSES TECH N IQUES
en fonction de l eurs rapports aux traits câractérlstlques du Yoga Nldra
Séquences étudiées et caractéristiques essentielles
TECHNIQUES COMPAREES. > ,::�. I:l
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l:l
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CD

1 ) Yoga nidra. x x x x x x x

2 ) Relaxation yogique simple. x x x x

3) Relaxation occidentale x x x
(Jacobson) .

4 ) Méthode Coué. x

Stades Stades
5) Training autogène. x x x
avancés X avancés X

6) Rêve éveillé dirigé. x x x

7 ) Sophrologie. x x x x x
... -- -- -- --- -
Rotations et Il

Côtés droit et gauche

Passase
dans
o1haque
11rtell
Arrût 1

111
Rotation I l l
Face postérieure du corps (de bas en haut)

· - .

Omoplates

T
Fessiers .

Talons

1 80
Rotation IV
Face antérieure (de haut en bas)

Face antérleura


Sourcils
Yeux
Net
Oreillea
Bouche

·Mentoa
ViSage

Cilu
Trone
Bras
Jambes

161
Rotation V

Schéma des divers organes i nternes


du corps humain

1) Cerveau
2 ) Moëlle épinière
3) Colonne vertébrale
4) Trachée
5 ) Aorte
6) Poumon gauche
7) Cœur
8) Diaphragme
9) Estomac
10) Rate
1 1 ) Pancréas
12) Colon transverse
( gros intestin)
13) Colon descendant
14) Intestin grêle
15) Colon sigmoïde @.---1-�
-
16) Anus
17) Œsophage
18) Poumon droit
1 9 ) Diaphragme
20) Foie
2 1 ) Vésicule biliaire
22 ) Colon ascendant
23) Caecum
24) Appendice
25) Rectum
Schéma des Chakras et Symboles Psychiques

Sahasrara

Bindu

Ajna

Anahata

1 63
Les effets de la rotation de conscience.
Cette rotation équivaut à un accroissement de la sensa­
tion d'être et à une harmonisation des circuits de l'énergie
vitale en nous. D'après le Docteur Swami Shankardeva­
nanda « la rotation systématique du yoga nidra pratiquée
régulièrement étendrait ses effets dans la vie courante et
aiderait à coordonner et à rendre plus liés nos mouvements
physiques ». Elle serait déterminante dans le relâchement
des tensions et des spasmes. L'attention sans effort qui est
requise n'a rien à voir avec un travail délibéré de relâche­
ment des tensions physiques. Dans cette séquence, on ne
demande pas au patient de relaxer ses muscles volontaire­
ment. On lui demande seulement de visualiser les parties du
corps mentionnées ou de les évoquer mentalement par leur
nom ou d'y projeter le mantra << Om >> . Cela suffit. C'est
une nomenclature opératoi:o:e.

Le pouce de la main droite.


On sait que toutes les parties du corps sont loca­
lisées dans le cerveau au bout d'une longue chaîne de
cellules dont l'une des extrémités correspond à la tête.
Mais la projection du système sensori-moteur est telle que
c'est la main droite qui, proportionnellement, a la plus large
proj ection, et dans cette main le pouce. Une réalité de cet
ordre fonde le démarrage de la rotation sur le pouce de la
main droite, comme si ce premier pas déclenchait une onde
puissante de remise en ordre des circuits cérébraux. Le pro­
cessus initial au pouce droit témoigne de la connaissance
physiologique extraordinaire qu'avaient les voyants qui ont
mis au point ces techniques. C'est un fait que le relâchement
physique et mental induit par la seule concentration men­
tale est supérieurement efficace. L'effet s'accentue encore
par la suite si l'on respecte bien l'ordre des diverses séquen­
ces. La rotation de la conscience survient à un moment bien
précis j uste après le sankalpa et avant le travail sur le
souffl e.
Du fait de la corrélation qui existe entre le cerveau et
les parties du corps, il est important de souligner que la
nomenclature des parties du corps n'agit pas comme cer­
tains le croient, par un effet hypnotique. Il s'agit d'un véri­
table massage du cerveau par le moyen d'ondes de pensées.
Si le cerveau se relaxe, le reste du corps et du psychisme
sera entraîné vers la détente profonde.
1 64
Homonculus moteur

On notera l'importance du pouce.

Lu upe du cerveau révélant le cortex moteur et indiquant


les zônes du corps projetées le long du sillon précentral.
C'est l'homonculus moteur - le petit homme symbolique
qui est localisé à l'intérieur de la substance cérébrale.

On notera l'importance topologique de la main et du


visage par rapport au reste du corps. Ceci correspond bien
au soin méticuleux avec lequel ces parties sont détaillées
pendant la séance de yoga nidra ainsi que le démarrage de
la rotation au pouce de la main droite.

1 65
Rôle essentiel de l'immobil ité corporel le.
D'après les sages de l'Orient, nous établissons dans le
cycle de nos nuits, le contact avec les forces cosmiques, qui
nous régénèrent. Nous n'avons rien à faire qu'à aller vers
elles. Mais ce n'est pas toujours aisé.
Dans le yoga nidra, on donne le moyen d'aller droit au
but en rusant avec le sommeil. La technique mise au
point par Satyananda permet à l'homme moyen de
demeurer vigilant. Lorsque la lucidité est maintenue
dans l'engourdissement, un changement fondamental sur­
vient dans l'intérieur du cerveau : un autre état d'être
qui permet d'accéder à des niveaux de perception inhabi­
tuels. Dans ces moments, un nouveau niveau de conscience
est atteint. Un élément relie toutes les applications qui
pourront être faites : c'est la possibilité que nous avons tous
d'entraîner notre intelligence à se dépasser elle-même.

1 68
A PROPOS D E D E U X G RA N DS S Y M BOLES
Le Shiva Lingam (ou Pierre Levée) et l'Œuf d'Or.
Les symboles ont toujours j oué un rôle important dans
les civilisations. L'Inde, plus que tout autre pays, en con­
serve un grand nombre. Le plus célèbre d'entre ces symbo­
les est le Shiva Lingam ici représenté.
Les éléments du Shiva Lingam rendent manifeste la réa­
lisation de l'unité. Elle apparaît sous la forme du Lingam, la
pierre ronde dressée (le phallus) placée dans le Yoni qui
est l'organe féminin, symbole de la nature, associé à la
Shakti, aspect dynamique d'où naissent toute vibration et
tout mouvement. Ainsi, la contemplation du Shiva Lingam
offre-t-elle à l'esprit méditatif le symbole de toute création.

LE SHIVA LINGAM
emblème de toutes « les pierres levées »
le Om y est représenté en sanscrit
(Dessin original de Jo Corbeau)
1 67
Un autre symbole puissant est celui de l'Œuf d'Or
(Hiranya Garba) qui représente le centre dans lequel les
principes mâle et femelle sont éternellement unis.
La contemplation de ces formes dans des états de rela­
xation où les barrières logiques ont cédé à l'intuition immé­
diate est très agissante. On ne peut pas mesurer l'effet que
ces images archétypales peuvent avoir sur la psyché, mais il
est considérable. Ces formes sont chargées d'un fort potentiel
de restructuration qui agit sur les couches profondes du
mental.
Les « images rapides » ne sont pas forcément des sym­
boles.
On a beaucoup utilisé les visualisations ( 1 ) et leur in­
fluence est bien connue en psychothérapie occidentale. Nous
ne nous attarderons donc pas outre mesure sur ce point.
Cependant, la séquence «images rapideS)) n'a rien à voir
avec un symbolisme traditionnel. Il s'agit d'évoquer très
rapidement des objets dont la nomenclature a pour but de
conduire le mental et ainsi de le reposer de ses obsessions
épuisantes. On notera que les «images rapideS)) sont utilisées
en premier, les histoires suivies en second, vers la fin de la
séance, lorsque l'intériorisation est telle qu'elle permet une
plongée dans les profondeurs. Le yoga nidra est un voyage
très minutieusement préparé.

( 1 ) Rêve éveillé dirigé, Silva Mind control, Sophrologie, Méthode


Vittoz, etc ...

1 88
LES APPLICATIONS
DANS LA VIE QUOTIDIENNE

L E YOGA N I DRA, U N M O Y E N D E D EVELOPPER


L'I NTUITION
De temps immémorial, le Tantra a tissé une trame de
connaissances où les concepts scientifiques ont été cons­
tamment amalgamés à la métaphysique. La science a tou­
jours aidé les tantriques. C'est ainsi qu'ils ont libre­
ment puisé dans la chimie, la physique, l'astronomie, les
mathématiques, la médecine de leur temps. Tous les systè­
mes scientifiques des anciens Hindous sont véhiculés par les
Tantras. Par exemple, les yantras - ces figures symétriques
si caractéristiques de l'art tantrique, témoignent d'un savoir
géométrique de premier ordre. Cependant la démarche du
tantra est différente de celle de notre monde occidental ;
chez nous la science base ses poursuites sur une étude expé­
rimentale susceptible de vérification a posteriori. Elle sem­
ble en opposition avec une approche qui base ses expériences
sur un a priori obtenu par intuition.

L'ouverture du troisième œil.


Il existe dans la vaste panoplie du tantrisme, un systè­
me de disciplines portant sur le développement de l'in­
tuition. L'étudiant est invité non pas à chercher tout
dans les bibliothèques, mais à « trouver » la réponse à des
problèmes dans les profondeurs de son inconscient. Les
médecins d'auj ourd'hui admirent la minutie cartographique
des points d'acupuncture dans les anciens documents chi­
nois. On parle de plus en plus de la concordance entre les
vues des Upanishads ou du Tao sur la structure de la ma­
tière, et les travaux des physiciens contemporains. On prouve
la précision physiologique et psychologique des techniques
du yoga millénaire. Ces faits nous amènent à nous poser des
questions : Comment les Anciens arrivaient-ils à des connais­
sances si exactes ?
1 81
N'y aurait-Il pas eu autrefois une méthodologie
de la découverte '1
Si tel a été le cas, on peut supposer que des variétés
encore inconnues de yoga nidra aient été utilisées sciem­
ment pour que la vision, le flash jaillis des profondeurs dans
l'état subliminal, émerge au niveau de la conscience claire.
On pouvait alors décrire ce flash, cette vision, les noter et
les passer au crible de l'expérimentation classique. S'il n'était
pas vérifié, le fait était considéré comme non avenu. S'il
était corroboré sur le plan pratique, il devenait partie inté­
grante de la connaissance.
Il était alors répercuté de maître à disciple par la filière
de l'initiation ou transcrit dans des livres mis en réserve
pour les générations suivantes.
Il s'agit là d'une hypothèse pour expliquer l'origine des
connaissances prodigieuses, perdues pour nous, des Anciens
Egyptiens aussi bien que des Mayas. Il n'est pas impossible
que nous en sachions davantage sur leurs gnoses secrètes à
l'avenir. Mais est-il nécessaire de prouver que la décou­
verte nous vienne autrement que par analyse et expéri­
mentation ? L'histoire des sciences et des arts fourmille
d'anecdotes à ce suj et. Nous laisserons de côté les artistes
parce que leur créativité est, tout le monde le sait, liée à un
état plus ou moins poétique qu'on appelle inspiration. Des
artistes et des poètes, on sourit. Le scientifique est considéré
comme un monsieur sérieux ! Si par un moyen ou un autre.
son « flair » pouvait être suscité de manière à commander la
découverte scientifique, ce serait autre chose. Cette nouvelle
approche donnerait une valeur de premier ordre au j ume­
lage de l'intuition et de l'analyse.
Deux cas célèbres :
Gœthe, qui ne fut pas seulement écrivain, mais homme
de science, disait qu'il devait à une forme particulière de vie
nocturne, certaines de ses découvertes. Au moment où il
sentait les approches du sommeil le gagner, il laissait « son
œil intérieur être lumière >> et appelait à sa mémoire un
sujet sur lequel il travaillait. Il attendait que la nature vien­
ne à sa rescousse et suscite en lui un aperçu, une intuition
capable d'unifier la déconcertante multiplicité des phénomè­
nes. Il pensait que « dans la fraction obscure de nous-mêmes
gisent nos plus précieuses richesses et le meilleur de la per­
sonnalité » ( 1 ) . Il menait pendant la journée les recherches

( 1 ) The Roots of consoiousness de Jeffrey Mishlore ( Random


House) , New-York 1975 (p. 57-59) .

1 70
habituelles du savant, mais il utilisait les ressources cachées
de la période que les hypnologues modernes appellent phase
hypnagogique ( phase spécifique du yoga nidra) .
L'on est tenté d e voir là une précieuse indication, si l'on
songe que Niels Bohr, prix Nobel de Physique, découvrit la
structure planétaire de l'atome, sous forme de vision dans
un demi-sommeil au coin du feu.
Pendant des mois, il avait travaillé cette question et son
mental en était sûrement imprégné. La réponse sous
forme d'une image, survenait ou moment où les tensions de
la veille s'évanouissaient doucement.
Phénomène évidemment spontané. Mais pourquoi ne
pas imaginer que l'intelligence puisse bénéficier d'une sorte
d'entraînement psychique semblable à celui que l'athlète
parvient à faire sur son corps ? L'effort de Gœthe est sem­
blable à celui du yogi qui rend conscients les processus incons­
cients ( 1 ) .
L e yoga nidra ouvre sûrement de vastes perspectives llU\'
la maîtrise de nos états de conscience, source d'une plus
grande créativité dans tous les secteurs d e notre vie.

APPL ICATIONS THERAPEUT I Q U ES


Les effets ont déj à été testés par des chercheurs de tou­
tes nationalités, et la vérification scientifique est importante.
« La thérapie par la relaxation du yoga nidra a été appliquée
de manière très satisfaisante sur des patients qui souffraient
de problèmes chroniques » rapportent les médecins du centre
médical Davis Sacramento-Université de Californie (U.S.A. ) .
Ils ont pu constater :
1 ) Le soulagement de l'insomnie et des troubles du
sommeil.
2) La possibilité de maintenir d'une manière modérée
la douleur en dehors du champ de conscience permettant
ainsi au patient de s'endormir.
3) Le soulagement partiel du sentiment de désespoir et
de dépression qui est communément associé à la maladie
chronique.
4) Une diminution des besoins en drogues, hypnotiques
et sédatifs.

( 1 ) Les expériences de bio-feedback corroborent l'idée yogique


qui affirme la possibilité que nous avons tous en puissance de contrô­
ler notre système nerveux autonome. Le bio-feedback est un « yoga
mécanisé » .

171
Soulagement de la douleur.
On pourrait à ce sujet se demander par quel processus
le yoga nidra et les techniques apparentées, seraient ame­
nées à agir particulièrement en cas de douleur. On n'a guère
que des indices dont le docteur Alain Donnars, Président de
la Société Française de Sophrologie, nous dit qu'ils repo­
sent sur <da possibilité d'inhibition du système réticulé dans
le cortex supérieur >> .
Une autre hypothèse nous est fournie par les recherches
récentes sur les hormones endorphines ou enképhalines.
Actuellement on a mis en lumière l'existence de facteurs
intercérébraux, qui transmettent à distance des hormones
régulatrices vers des « organes cibles ». Il existerait des hor­
mones de ce genre dans les cas de stress ou de douleur. 0tn
a découvert ainsi que l'hypophyse (glande de la grosseur
d'un poids située à la base du cerveau) secrétait des types
d'hormones qui ont des propriétés analogues à celles de la
morphine. Or, l'hypophyse est en relation étroite avec tous
les processus qui gouvernent la pensée et la perception. Les
hormones dites endorphines ou enképhalines pourraient-elles
répondre à une stimulation psychique ?
Il serait probablement prématuré de tirer des conclu­
sions sur l'effet physiologique qu'auraient les rotations de
la conscience et des visualisations sur les processus inhibi­
teurs de la douleur et du stress. Mais les chercheurs spécia­
lisés ont fait des constatations qui intéressent tous les prati­
ciens de yoga nidra et des techniques apparentées. Voici ce
que déclare un spécialiste des morphines du cerveau :

Les morphines du cerveau.


« Notre laboratoire a détecté l'enképhaline dans le liqui­
de céphalorachidien de l'homme. Les patients examinés
avaient des électrodes implantées à des fins thérapeutiques
dans la matière grise périventriculaires du cerveau. La sti­
mulation produite par ces électrodes abolit la douleur intrai­
table chez ces patients et ce soulagement est accompagné
d'un accroissement de la quantité d'enképhaline dans le
liquide céphalo-rachidien. A. Akil et D. Richardson aux
Etats-Unis ont obtenu des résultats analogues ». ( 1 ) .
S'il est prouvé que ces morphines endogènes augmentent
chez les patients soumis au traitement du yoga nidra, on
aura eu raison de favoriser le rapprochement des médecins,

( 1 ) John Hughes : Les Morphines du cerveau. Revue « La


Recherche », Paris, oct. 1978, vol. 9, p. 866-75.

1 72
des chercheurs et des yogis unis dans un effort commun
pour diminuer la souffrance humaine.

Rôle du yoga nidra dans le traitement de l'hypertension


et des maladies cardio-vasculaires.
Le Dr Shreenivas MD, directeur de l'Institut de Yoga
à Patna, a effectué des recherches poussées sur le traitement
de l'hypertension depuis 1977.
Les résultats obtenus sont les suivants :
1 ) Les médicaments ont très peu d'effets durables sur
l'abaissement de la tension artérielle (T.A. ) .
2 ) L e yoga nidra abaisse la T.A. à un niveau plus bas
que le repos ordinaire de 10 à 20 mm Hg systolique et de
0 à 10 mm Hg diastolique.
3) C'est une méthode parfaitement sans danger, saine
et effi cace pour abaisser la T.A.
D'autres médecins ont confirmé la validité de ces conclu­
sions. Notez bien que lorsque l'hypertension se complique
d'artério-sclérose, il semble peu probable que le yoga nidra
suffise à régler le problème. Mais il est recommandé de l'ad­
mettre comme un adj uvant précieux du traitement.

La force du yoga nidra dans le cas de maladies graves


com me le cancer.
Il nous faudra sur ce point dépasser l'usage de yoga
nidra en tant que technique de relaxation et l'envisager
comme technique de méditation.
Il existe des preuves qui montrent le rôle des techniques
d'expansion de la conscience dans la guérison du cancer. La
méditation peut être un facteur de modification capable
d'éliminer les causes du cancer, qu'elles se situent dans le
corps ou dans le mental. Deux chercheurs ont fait en ce
domaine des expériences très encourageantes.
Le Dr Ainslee Meares a publié un rapport sur �a
thérapie de la méditation dans le cas de cancer. Le Dr Mea­
res est Australien et il travaille en relation avec les méde­
cins swamis de la Bihar School of Yoga. Il affirme : « Il y a
de bonnes raisons de penser que certains cancers sont influen­
cés par les réactions immunologiques. Il existe quelques res­
semblances entre les réactions immunologiques et les réac­
tions allergiques. Certaines réactions allergiques peuvent
être modifiées par l'expérience méditative. De plus, certains

( 1 ) Pour plus de détails, voir la Revue Yoga, sept. 77, p. 10.

173
cancers sont influencés par les réactions endocrines et cer­
taines réactions endocrines peuvent être modifiées par l'ex­
périence de méditation >>.

Puissance de la méditation.
Les recherches les plus poussées en ce domaine ont
été faites par le Dr Carl Simonton aux U.S.A. qui use de mé­
thodes très semblables à celle du yoga nidra classique :
On demande au patient de méditer régulièrement trois
fois par j our pendant 15' le matin en se levant, à midi et le
soir avant le coucher. Dans l'exercice de la méditation, 2
minutes sont consacrées à induire un état de relaxation,
puis lorsque le corps est totalement relaxé, le patient évoque
un paisible paysage ; une minute plus tard, le patient enta­
me l'essentiel du travail d'imagerie mentale.
D'abord il se branche sur le cancer, le « voit » sur son
écran mental. Puis comme le décrit Simonton, il visualise le
système immunitaire en pleine action en train de ramasser
les cellules mortes ou en passe de mourir. On demande aux
patients de visualiser l'armée de globules blancs en cours
de formation, se déployant sur le cancer et emportant les
cellules malignes qui ont été affaiblies ou tuées par le bar­
rage des particules d'irradiation de haute énergie envoyées
par la machine de cobalt, l'accélérateur linéaire ou d'autres
sources.
Ces globules blancs détruisent les cellules malignes qui
sont évacuées hors du corps. Finalement, j uste avant la fin
de la méditation, le patient se visualise en bonne forme ( 1 ) .
Nous donnons ici des éléments de recherche. Une chose
est sûre, ce genre de thérapie demande une persistance et
une fermeté considérables dans la pratique j ournalière. Pour
de plus amples renseignements, nous renvoyons au Docteur
Swami Shankardevananda qui coordonne toutes les recher­
ches médicales ayant trait aux effets du yoga et de la médi­
tation sur la santé.
Dans la mesure où la maladie serait dûe à une pertur­
bations des rythmes internes, on peut penser que la médita­
tion profonde arrive dans certains cas, à harmoniser nos
horloges biologiques entre elles. Mais dans les cas graves,

(1) Dans la cure effectuée sur 152 pa·tients, le Dr Simonton s'aperçut


que les patients optimistes étaient les plus sensibles aux bons effets
de la thérapie, et montraient aussi le moins d'effets secondaires dus
à la thérapie par irradiation. Of. Gu érir envers et contre tout (Epi) .

174
j amais le traitement médical ne doit être rejeté. La médita­
tion peut servir d'adj uvant précieux. Ni le Dr Meares, ni le
Dr Simonton ne contestent la valeur de ce j umelage psycho­
physique.

Le yoga nidra dans la cure de désintoxication.


Là vont jouer à plein la relaxation et la résolution (le
sankalpa) .
La première étape d u traitement consiste à regarder
son habitude en face sans se sentir coupable d'être fumeur
ou buveur. Acceptez d'être adepte du « petit verre » ou d'une
bonne bouffée de cigarette. Il faut se faire un point d'hon­
neur de vivre cela pleinement du temps que l'on ne peut
« vivre sans ».
La seconde étape consiste à diriger son énergie mentale
vers les pratiques yogiques adaptées à votre nature. Grâce
'
à un sankalpa bien choisi, on peut éliminer les tensions men­
tales qui ont généré les habitudes indésirables. Notons bien
qui les chances de guérir sont faibles, si les sujets ne sont
pas intérieurement motivés. Il faut pour pratiquer le yoga
et se changer vraiment une forte dose de bonne volonté,
mais une fois cela acquis, la transformation se fait peu à
-peu et les chaînes tombent d'elles-mêmes.
Pour terminer ce chapitre, nous donnerons le texte d'un
discours de Swami Satyananda, qui fera réfléchir ceux qui
ont pour charge de réhabiliter des délinquants ou des cri­
minels.

Le yoga nidra en prison.


« On m'invita une fois à enseigner le yoga en prison. En­
viron 600 prisonniers vinr·ent au cours et ils étaient presque
tous déchaînés, sautant, sifflant, hurlant. Pendant 40 minu­
tes, j ' essayai de les calmer assez pour qu'ils puissent prati­
quer des asanas, mais sans succès. Soudain, l'un des prison­
niers vint vers moi et me tendit un paquet de cigarettes en
me demandant de fumer. Je lui dis que j e le ferai s'il pou­
vait obtenir de tous les prisonniers qu'ils s'allongent tranquil­
lement. Il avait de l'autorité et il parvint à les faire tous
s'allonger à plat dos, mais sans que pour autant ils cessent
de lancer leurs plaisanteries et leurs quolibets. Après 20
minutes de ce chahut, où je leur répétais en vain de fermer
les yeux et de ne pas bouger, je finis par me dire qu'il m'était
impossible de les tenir en main et quittai la prison. Le j our
suivant, j 'appelai les directeurs de la prison pour les infor­
mer que je ne reviendrai pas donner ces cours. Ils me priè-
175
rent de revenir : << Swamij i, me dirent-ils, vous les avez en­
sorcelés. Ils sont beaucoup plus calmes depuis que vous êtes
venu. >>
La seconde fois que j e parus, tous les prisonniers étaient
là allongés calmement. Lorsque je leur demandai de se lever
et de se préparer à faire la salutation au soleil, ils dirent :
« Non, nous voulons le yoga que vous nous avez enseigné
hier ». Et ainsi pendant six jours, je leur enseignai yoga
nidra, le sommeil psychique, comment relaxer de fond en
comble, au dehors et au dedans, chaque partie de leur être.
Des rapports j ournaliers m'étaient communiqués m'annon­
çant que leurs dispositions s'amélioraient et qu'il y avait eu
moins de querelles.
Le septième jour, il y eut une réception d'adieu où tous
furent conviés. Lorsque vint mon tour de parler j e pris le
paquet de cigaret\es qu'on m'avait donné et je dis : << Le pre­
mier jour vous avez voulu que je fume. Voici les cigarettes
que vous m'avez données et maintenant je vais les fumer
avec vous ».
L'honune qui me les avait données vint vers moi sur
l'estrade et dit : « Swam.iji, je suis désolé de vous avoir don­
né ces cigarettes. S'il vous plait, rendez-les moi » .
L'attitude d e cet homme, qui n'avait pas s u se comporter
envers un swami une semaine plus tôt, était complètement
transformée, sans qu'on lui ait rien appris d'autre que la pra­
tique du yoga nidra. »

Une technique de transformation.


<< Quel est le secret de cette transformation ? Des ser­
mons ? Non ! Des conseils ? Non ! Le relâchement des ten­
sions, la relaxation et la paix mentale, tels sont les secret�
de la transformation. Beaucoup de gens ont de mauvaises
habitudes qu'ils détestent. Par exemple, quelqu'un est peut­
être un habitué du haschish et chaque fois qu'il fume, il s'en
veut de le faire, tout en pensant << j e n'aime pas cette habi­
tude, je ne veux pas fumer ». Dû à la forte tendance de son
psychisme dès que la nuit tombe, il commence à éprouver le
besoin lancinant du haschish. Ceci crée en lui un conflit
symptômatique d'une personnalité divisée. Il désire quelque
chose dont il sait que l'usage est mauvais pour lui. Il cède à
la tentation et alors il se livre au haschish qui est nocif pour
le cerveau et le système respiratoire. Conunent surmon­
ter cette situation ? Il y a une simple formule. Allongez-vous
sur votre lit et concentrez-vous sur le souffle et le corps. Au
178
moment où vous vous sentez sur le point de vous assoupir
dites-vous une chose : « Fini le haschish ». Un père, une mère,
une personne proche peuvent faire cela pour des enfants qui
sont encore jeunes. Essayez cette technique à propos de
n'importe quelle habitude et en moins de dix jours vous
vous apercevrez que vous la quittez. Grâce à cette résolution
prise lorsque le mental est totalement relaxé et réceptif vous
pouvez améliorer votre vue, votre digestion, vos rela­
tions ». ( 1 )

( 1 ) Disoours de Swami Satyananda Saraswati, lors d'un congrès in­


ternational de Yoga à Bogota, Colombie, en 1974.

1 77
APPLICAT I O N P EDAG O G I Q U E

S i nous regardons d e près l e texte où Swami Satyananda


nous raconte la naissance de yoga ni-dra ( 1 ) nous sommes frap­
pés par le fait que l'épisode en question repose sur la décou­
verte d'un effet d'apprentissage. En fait, nous avons tous
entendu parler de l'hypnopédie qui est la science de l'ap­
prentissage pendant le sommeil. On vous serine un texte
pendant que vous êtes endormi et il paraît que le lendemain
vous le savez ! On connaît l'aptitude de notre mental à
absorber le savoir par suggestion. De même le jeune homme
qu'était Swami Satyananda à l'époque s'aperçoit qu'à. son
insu il a appris des paroles par cœur. Il ne se souvenait pas
des circonstances où cela avait pu se faire. Il constatait un
savoir inexplicable et alors le vieux maître qu'il interrogeait
à ce sujet, lui dit : « Vous dormiez, mais votre corps subtil,
lui, ne dormait pas. C'est lui qui a appris >>. Ce corps sub til
avait pris note comme un magnétophone. Mais pour que la
bande enregistrée fût entendue, il fallait un facteur déclen­
chant. La rencontre auditive, incident · inattendu, met le ma­
gnétophone subtil en état de marche. Sans éveil, le savoir
reste latent dans le mental.

Le yoga peut aider à mieux apprendre.


Nous avons donc à bien souligner deux conditions cie
l'apprentissage :
1 ) Imprégnation de l'inconscient.
2) Maintien de l'état vigile.
Une information enfermée dans nos infrastructures non
actualisée, non réutilisable dans le contexte où elle est requi­
se, est lettre morte. C'est un trésor, mais un trésor enfoui.
Nous avons tous un jour ou l'autre été ce candidat malchan­
ceux, qui devant l'examinflteur ou la feuille blanche, a un
trou noir. Il savait tout. Il ne sait plus ce qu'il sait. Le yoga
nidra propose un état de détente favorable à l'apprentissage.
Il enseigne un dosage bien précis qui ne privilégie pas la
relaxation (facteur d'imprégnation inconsciente) par rapport
à l'attention ( liée à un réemploi possible du savoir) . Et cet
état, nous pourrons l'appeler état réceptif maximum.

La méthode Lozanov.
Les récentes méthodes pédagogiques, qui utilisent ces
données, apportent des résultats tout à fait spectaculaires. Il

( 1) Pages 1 9, 20, 21.

1 79
s'agit de créer une ambiance où le savoir s'enregistre sans
effort et puisse être réemployé sans blocages.
Témoin la méthode du Dr Lozanov ( 1 ) , psychologue bul­
gare et Directeur-Fondateur de l'Institut de Suggestopédie de
Sofia. En prenant appui sur le fait que l'état de conscience
détendu et actif des élèves suscite l'appétit d'apprendre,
favorise la mémoire et lève les inhibitions, le Dr Lozanov
procède de la manière suivante.
Les étudiants sont confortablement installés dans des
fauteuils. La salle est agréable et le professeur au milieu
s'ingénie à créer une ambiance détendue, par l'intermédiaire
de j eux, de sketches, de chants, d'exercices de relaxation,
de respiration, de musique. Tout cela soigneusement
dosé (l'alternance des activités est bien au point) , les étu­
diants s'imprègnent sans s'en apercevoir - sans fatigue -
d'une quantité de connaissances bien supérieures à ce qu'ils
croient être capables d'emmagasiner.
On note des phénomènes d'hypermnésie (rendement
exceptionnel de la mémoire) . On remarque la spontanéité
dans l'expression et de plus, un état de détente qu'on a pu
mesurer. En effet, les recherches menées à l'Institut font
état d'ondes alpha apparaissant sur l'E.E.G. (électro-encépha­
logramme) dans le cerveau des élèves pendant l'écoute. Il
semble bien que l'efficacité de la méthode soit due pour une
grande part à l'atmosphère de passivité vigile qui a été sus­
citée. Le maximum de détente a été combiné au maximum
de vigilance.

Les débuts du yoga scolaire.

Le professeur suisse Jacques de Coulon (2) en utilisant


des méthodes de << yoga scolaire » a vu augmenter chez les
enfants les facultés d'écoute et d'attention, et surtout la joie
d'apprendre. Des expériences de yoga conduites dans des
classes de divers niveaux d'âge font appel à ces données.
Des exercices de prise de conscience du corps (rotation
de la conscience) et de visualisation permettent d'accen­
tuer le potentiel de détente et d'intérêt dont tout enfant
a besoin pour se plaire à l'étude. Dans une bonne
ambiance, la fatigue et l'ennui s'envolent. Une nouvelle atti-

( 1 ) Le Dr Lozanov a séjourné longuement en Inde dans les années 60.


(2) Jacques de Coulon, Eveil et harmonie de l'enfant (Editions Signal
Chiron, Paris) . M. Flak et J. de Coulon, Des enfants qui réussis­
sent (Epi ) .

1 &0
tude se fera j our, qui donnera à l'enfant ainsi éduqué des
bases solides pour poursuivre de lui-même sa formation. En
plus de l'autodiscipline, il aura absorbé des méthodes de
relaxation qu'il pourra réutiliser sur lui-même lorsqu'il se
sentira tendu ou déprimé.
Les enfants sont comme les adultes, victimes des ryth­
mes inhumains et de la pauvreté des buts que les sociétés
modernes offrent à l'action quotidienne. Comment se défen­
dre contre les effets du manque de sommeil, de la peur des
mauvaises notes, de l'angoisse ressentie à la pensée de ne
pas savoir ses leçons, la crainte de ne pas être à la hauteur ?
De telles sensations vite suivies d'effets psychosomati­
ques sont le lot de la plupart des enfants, et nous ne sommes
pas surpris du nombre de parents qui conduisent leur pro­
géniture dans les cabinets des psychiatres. Les jeunes comme
les adultes, souffrent de fatigue nerveuse.
La dispersion mentale est déplorée dans tous les pays
occidentaux, comme l'un des défauts majeurs de cette géné­
ration. Tous les éducateurs de la maternelle à l'université
le répètent : l'incapacité à se concentrer grandit d'année en
année. On devrait, c'est évident, enseigner à l 'école les tech­
niques de bien-être adaptées aux enfants, afin qu'ils devien­
nent des adultes moins dépendants des drogues et des pilules.
Le yoga nous donne un très bon schéma d'intervention dans
ce domaine ( 1 ) . Notons que la nouvelle génération est très
intéressée par les techniques de développement des facultés
de mémoire, d'attention et d'intuition. Un entratnement sys­
tématique du mental permettrait de favoriser les mécanis­
mes d'acquisition du savoir (2) .
Le j umelage de la vigilance et de la détente dont le yoga
nidra nous donne le modèle, nous fera beaucoup réfléchir
sur la possibilité d'un meilleur apprentissage.

( 1 ) Voir plus loin pour complément, p. 188-9.


(2) Siège social du Groupe de Recherche sur le Yoga dans l'Education,
R.Y.E., 5 bis, rue Saint-Ferdinand, 75017 Paris.

181
,· - - ....
1 ...
...
1
' ..... ...

..

Carte de l'Inde, montrant les principaux lieux


mentionnés dans la présentation.

1 82
RÉPONSES
A QUELQUES QUESTIONS
Swami Satyananda a-t·il inventé l e terme cc yoga nidra n 'l
De toute évidence non, et lui-même qui est expert en
matière de textes anciens, donne volontiers ses sources. La
littérature sanscrite fourmille de références à l'état de yoga
nidra et nous avons Lité plus haut quelques-uns de ces ou­
vrages ( 1 ) . << Yoga Nidra » y est nommé comme un état de
béatitude digne des dieux et des sages.
Dans la mythologie hindoue, on représente la Nidra sous
les traits d'une divinité au sourire de Joconde. Est-ce le sens
de nos nuits que ce sourire nous cache ? Yoga signifie union
par une maîtrise. Le yoga nidra est donc l'état où culmine
la conscience sereine dans l'état de sommeil profond.
Le mérite de Swami Satyananda est d'avoir élaboré une
technique précise qui nous permette d'induire cet é tat et
d'en tirer de grands avantages.
Il a donné le nom de yoga nidra à la méthode qu'il a
mise au point. Il est temps que nous, génération de l'aube
du deuxième millénaire, fils et filles de l 'ère du Verseau,
ayons un peu en main les techniques qu'il nous faut, d'abord
pour nous détendre, ensuite pour explorer nos espaces inté­
rieurs.
Sur le plan matériel, nous ne nous étonnons plus des
trouvailles technologiques capables d'ordonner notre conquê­
te du monde extérieur. Nous en tirons profit pour notre
confort physique. Mais nous n'avons pas réussi encore à ga­
rantir notre confort mental. Là aussi pourtant, nous sommes
capables d'agir. Il nous faut nous tourner vers la méthodo­
logie codée par la tradition immémoriale. Elle nous donne
les moyens de connaître et de maitriser nos ressources inté­
rieures d'une manière correcte.

( 1 ) Cf. p. 35 et p. 127.

1 83
Aujourd'hui, où l'ésotérisme est devenu accessible au
grand public, les vieux traités nommés Shastras commen­
cent à être déchiffrés, mais nous avons absolwnent besoin
d'authentiques experts pour les exploiter.
Au cours de son travail de révision des Shastras, Satya­
nanda s'était rendu compte de ce qu'il fallait élaguer. Les
perles étaient enfouies sous les scories de plusieurs millé­
naires. Il a fait des anciens nyasas une méthode claire qui
peut être réemployée à volonté.

Quel est le mei l leur moment de la journée


pour pratiq uer Yoga nidra 'l
Si l'on dort on a les bénéfices du sommeil ordinaire, pas
ceux de la relaxation profonde, ni ceux de la méditation. On
peut donc conseiller de choisir le courant de la matinée, à
un moment où l'on se trouverait bien d'une pause, mais sans
éprouver pour autant le besoin de dormir. L'heure de la
sieste après le déjeuner est un cap redoutable où la plus fer­
me intention de vigilance risque de faire naufrage.
D'une manière générale, il vaut mieux éviter les pério­
des d'après-repas sauf dans les cas d'insomnies. Lorsqu'on
pratique le yoga nidra dans le but de s'endormir, le meiL­
leur moment se situe j uste après le dîner. Mais il y a une
contre-indication en cas d'hypertension. Jamais de séance de
yoga nidra couché, l'estomac plein, pour les hypertendus !
Une excellente occasion de pratiquer le yoga nidra est
le soir au lit avant de s'endormir. Cela prépare à un som­
meil d'excellente qualité. On a des chances de s'endormir
rapidement pendant la rotation de la conscience dans les
parties du corps. Lorsqu'on s'aperçoit qu'on frôle le som­
meil, on répète sa phrase-clé et là-dessus, on se livre au
somtneil. Les personnes qui cherchent à retrouver un som­
meil normal auront tout avantage à prendre comme san­
kalpa (résolution) : « Je dors mieux » ou une phrase-clé
de ce genre.
Lorsque je pratique yoga nidra, au l ieu de m'engour­
dir, je suis pris de l'envie incoercible de bouger l e corps ou
une partie d u corps et cela me rend nerveux et incapable
de me concentrer. Que dois-je faire 'l
Il est possible que cette envie de bouger vienne de ten­
sions physiques ou mentales sous-jacentes. Si l'on constate
ce phénomène d'une manière répétée, il faudra faire une
longue séance de hatha yoga avant la pratique. Les postures
jointes à une bonne concentration sur le souffle seraient un
moyen très efficace de liquider les tensions qui ont ten-
114
dance à surgir pendant l'immobilité. Choisissez des postu­
res qui demandent des tensions vives comme l'<< arc » ou le
<< navire » ( 1) suivies de relâchements accompagnés de sou­
pirs et de bâillements.
En principe, tout le monde se trouverait bien de faire
quelques étirements avant la pratique. Cela fatigue un peu
et il est très agréable de s'allonger quand on est fatigué. La
détente vient naturellement. C'est une loi d'alternance. L'im­
mobilité devrait avoir le mouvement pour prélude. Au sor­
tir de la séance de yoga nidra, on peut effectuer quelques
postures dynamisantes - des postures debout par exemple
- afin de dissiper l'engourdissement dont on sort. C'est
utile si l'on a encore une longue soirée devant soi. En géné­
ral, passés les premiers moments qui suivent la pratique et
qui peuvent laisser l'impression de flotter (cela est courant
après les relaxations et tous les réveils) on se trouve dispos
et plein de vie pour le restant de la journée.

Dhanurasana Nau.k:asana
- L'Arc - - Le Navire -
Types de postures en étirement
et contraction qu'on peut faire avant
la séance de Yoga nidra

Peut-on pratiquer Yoga nidra autrement que couché


à plat dos '1
Le yoga nidra à plat dos est parfaitement agréable à la
plupart des gens. Mais on peut conseiller à des personnes
qui ont tendance à s'endornùr dès qu'elles sont allongées
de le pratiquer assis. Il faudra bien s'installer de manière à
ne plus bouger de toute la séance. En Inde, j 'ai vu des swa­
mis s'y entraîner debout. Quand on atteint à une maitrise
considérable, on peut y arriver les yeux ouverts. Lorsqu'on
a atteint la maîtrise suprême, on peut demeurer en état de
yoga nidra, et on s'y plonge sur commande. N'oublions pas

( 1 ) Ci-dessous les illustrations de ces deux postures classiques. Cf.


Asana Pran:ayama Mudra Bandha.

185
que c'est l'état des grands yogis. Il combine en proportion
idéale, détente et vigilance. Il est sans rêve, car il aborde
aux rives d'une relaxation parfaite.
Pour en revenir à la position, disons que le yoga nidra
doit pouvoir se pratiquer partout et s'adapter à chacun. Par
exemple, une femme enceinte préfèrera souvent s'installer
latéralement. Dans tous les cas, assurez-vous que vous n'au­
rez pas à changer de position en cours de séance et que vous
n'aurez pas froid. Couvrez-vous, bras et mains compris.

Comment peut-on faire un yoga nidra·éclair


quand on est pressé 'l
Evidemment, nous vivons à l'ère de la vitesse. Le yoga
nidra, lui aussi, devra nous servir à des sommeils mara­
thons !
Voici pour compenser un manque de sommeil : le quart
d'heure de yoga nidra ( 1).
La technique du sommeil conscient peut se pratiquer
n'importe où, à n'importe quelle heure et dans n'importe
quelle position, pourvu qu'on ait un moment à soi. Ce peut
être dans l'autobus ou dans un bureau ou une salle de classe
« entre-deux )) comme on dit. La rotation de la conscience est
l'une des techniques spécifiques de yoga nidra, et elle peut se
pratiquer assis ou debout.
Avant de commencer, bien prendre note du temps dont
on dispose. Que l'on soit assis ou couché, on doit d'abord
se détendre. On se détend en écoutant les bruits puis on se
met à respirer lentement et régulièrement. Cela prend à
peine cinq minutes. On se répète alors la phrase-clé du san­
kalpa.
Puis on opère la rotation de la conscience systématique
en commençant par la droite.
1) A droite : Pouce de la main droite, deuxième doigt,
troisième, quatrième, cinquième, paume, poignet, bras, cou­
de, épaule, poitrine à droite, taille, hanche, cuisse, genou,
mollet, cheville, talon, plante du pied, gros orteil, deuxième,
troisième, quatrième, cinquième.
2) A gauche : Même circuit.
3) Les deux parties ensemble
Les deux pieds, les deux j ambes, les fessiers, bas-ven­
tre, abdomen, dos, poitrine, cou, tête, cuir chevelu, front,

( 1 ) Pages 150-161. Suivre les schémas de la rotation.

1 86
oreilles, sourcil droit, sourcil gauche, point entre les sour­
cils, nez, joues, lèvre supérieure, lèvre inférieure, menton,
tout le visage, toute la tête... et le cou... et le tronc, tout le
corps, tout le corps, tout le corps. << Pause >> .
4) Nouvelle rotation similaire.
5) Prise de conscience du contact du corps avec le sol
ou avec le support.
6) Prise de conscience de la respiration : On porte son
attention sur l'abaissement et le soulèvement de la poitrine
en comptant de la manière suivante douze fois :
12 : Inspir, 12 : expir, 12
11 : Inspir. 1 1 : expir, 11
10 : Inspir, 10 : expir, 10, etc.
Jusqu'à zéro.
7) On prend conscience de son bien-être et de l'engour­
dissement où le corps est plongé. Le mental s'est calmé. On
répète le sankalpa. On prend conscience alors des bruits
extérieurs, on respire un peu plus fort, on s'étire et on ouvre
les yeux.
Cela ne prend qu'à peine un quart d'heure. En dimi­
nuant les temps de chaque séquence, on peut arriver à cinq
minutes. La répétition de telles pauses dans la journée per­
met de faire baisser considérablement le taux de fatigue
physique et mentale.

Le yoga nidra peut-il remplacer une séance de hatha yoga


lorsqu'on est immobil isé 'l
Lorsque pour une raison ou une autre, on est malade,
il n'est pas question et il est même déconseillé de faire
des exercices corporels. Le yoga nidra, en revanche, est tout
à fait indiqué dans les cas où l'on a besoin de reprendre des
forces, sur un lit d'hôpital par exemple.
C'est la seule technique de bien-être possible à des per­
sonnes que la maladie chronique, l'accident ou le handicap
physique maintient clouées au lit.
Dans de tels cas, le hatha yoga est hors de que&tion :
elles ne peuvent pas bouger. Seront-elles privées pour au­
tant de yoga ? Le yoga nidra vient à point pour les aider.
En effet, il est possible d'adapter la séance à leur situa­
tion particulière et de les faire bénéficier d'une détente pro­
fonde. En agissant sur le psychisme, on met en œuvre les
forces latentes des mécanismes immunitaires ; tout le sys-
1 87
tème endocrinien et le système nerveux vont recevoir du
cerveau des influx qui à leur tour, par un chassé-croissé
subtil, vont inciter le métabolisme à une reprise. On ne doit
pas attendre des miracles, mais bien voir qu'il existe pour
tout le monde à quelque titre que ce soit, une technique
yogique possible amenant à un plus grand équilibre
psycho-somatique et à un progrès sur soi.

Peut-on util iser Yoga nidra avec des enfants atteints


d'énu résie '1
Je citerai seulement Swami Satyananda dont l'interven­
tion donne un schéma de comportement en ce domaine :
« On m'amena une fois une petite fille qui était atteinte
d'énurésie. Je la gardai avec moi et le soir, au moment où
elle s'endormait, je lui répétai sans me lasser les mêmes
mots : « Tu vas faire pipi au cabinet ». Je l'éveillai au bout
de trois minutes et lui dis d'aller aux toilettes dès qu'elle
aurait envie d'uriner. Elle acquiesça et se rendormit aussi­
tôt. Je répétai la même chose pendant dix j ours et elle s'ar­
rêta de mouiller son lit. On peut comprendre, par cet exem­
ple, qu'il existe une partie de notre mental qui est totale­
ment réceptive et obéissante, qui est capable de suivre un
ordre donné par autrui ou par soi-même. On peut entrer
en résonance avec cette partie de notre mental pour déve­
lopper l'amour, la compassion, la charité, la continence.
Lorsque le mental est intériorisé, il devient semblable à une
terre fertile où la bonne graine peut pousser et c'est tout le
secret du yoga nidra » .

Le Yoga nidra pourrait-il aider des enfants nerveux


et fatigués à se calmer 7
On vient de voir le rôle que peuvent j ouer des parents
ou les proches en utilisant le sankalpa pour les petits enfants
dont ils ont la charge. Quant à utiliser la séance de yoga
nidra en totalité, cela paraît hasardeux. Il faut demeurer
attentif à la nature de l'enfant et tenir compte du fait qu'il
a un besoin énorme de mouvement. Entre 8 et 14 ans par
exemple, il reste difficilement en place passées dix minu­
tes. Lui imposer l'immobilité au-delà de cette durée risque­
rait de créer des tensions. A moins que pour y échapper, il
ne se réfugie dans un sommeil qui lui tiendra lieu de rela­
xation, mais pas d'apprentissage ! Pour éviter que l'enfant,
dans ce genre d'exercice, ne se sente contraint ( comme un
jeune chiot enfermé dans sa niche) , il faut opérer de ma­
nière rapide et légère. La rotation de la conscience dans les
pa rties du corps est excellente mais elle devra être renou-
1 11
velée par des fantaisies qui aiguisent l'imagination. Exem­
ple : imaginez un papillon qui se pose ici et là, des voyants
qui s'allument, des petits trains qui circulent dans les parties
du corps ou bien ce dernier exploré comme s'il était une île.
Beaucoup de possibilités sont ouvertes dans le vaste champ
où l'imagination de l'instructeur rencontre celle de l'enfant.
Un autre point fort du yoga nidra pour le bien-être des
jeunes, c'est la séquence des visualisations. La capacité
qu'ont les enfants de << voir )) sur l'écran mental est impres­
sionnante : c'est ce qu'on appelle leur faculté éidétique et
il ne faut pas craindre de l'entretenir, surtout à notre épo­
que d'audio-visuel où paradoxalement, la fonction de l'ima­
ginaire se dessèche sous l'effet des apports imagés venant
en surnombre de l'extérieur : T.V., bandes dessinées, affi­
ches, etc. Donner aux enfants à visualiser est un excellent
moyen de les calmer et développer leur créativité. Les ima­
ges rafraîchissantes de nature et d'animaux sont un vrai
bain d'oxygène pour le mental des élèves frustrés de ver­
dure, surtout s'ils vivent dans la grande ville.
Exemple de séquences d'images qu'on peut proposer aux
enfants : la mer avec ses vagues, une caravelle, un nuage
blanc dans le ciel bleu, un château-fort sur une colline, un
ruisseau qui coule entre des fleurs, des poulains qui bati­
folent dans une prairie, un dauphin savant qui saute à tra­
vers un cerceau de feu ...
Nous ne faisons qu'amorcer ici un très vaste sujet et
d'importance capitale parce que le yoga nidra a beaucoup
à apporter dans les domaines éducatifs. La chose urgente
est d'apprendre aux enfants à se relaxer et à se concentrer.
Le yoga donne l'idée de base à des recherches qui sont faites
pour développer une attention sans effort, une motivation,
un regain d'intérêt pour les matières qu'on enseigne à
l'école ( 1 ) .
Un autre point à surveiller dans le yoga nidra chez les
enfants est la transition. Les jeunes se relaxent plus vite
et plus profondément que les adultes. Le retour à la mobi­
lité ne doit pas être traumatisant. Une activité calme fera
suite à la séance comme de dessiner en silence ou de se
concentrer sur un objet visuel.
N'y a-t-il pas danger à susciter des expériences de
dédoublement, comme c'est le cas dans certaines parties de
yoga nidra où l'on doit s'imaginer flottant au-dessus de son
corps '1

( 1 ) Cf. pp. 1 79-80-81 .

1 8 !)
.Visons-le tout de suite : le yoga nidra originel était un�
technique qui j ustement visait à susciter chez les yogis ce
genre d'expérience. C'était une méthode pour « voyager
dans l'astral )) comme disent les occultistes. Or ce genre d'ex­
cursion n'est pas très bien vu des gens ordinaires. Récem­
ment, cependant, on a pu lire les comptes rendus de per­
sonnes qui auraient frôlé la mort de près et il est apparu
qu'aux abords de ce qu'il faut dans ce contexte appeler un
coma, les états de conscience dont on peut se souvenir lors­
qu'on en réchappe n'ont eux, rien d'ordinaire ; en fait, il
arrive très souvent à des moribonds de se sentir libérés du
corps et de se voir pour ainsi dire flotter au-dessus de lui.
Les confidences des rescapés de la dernière heure concor­
dent sur ce point d'une manière très impressionnante. Ceci
pour dire que la désidentification au corps n'est pas une
expérience étrangère à l'existence. Cela peut aussi · être un
état volontairement suscité par des yogis experts, afin d'ar­
river à élargir la conscience. En effet pour le yoga, nous
n'avons pas seulement un corps physique, mais des corps
qui doublent notre enveloppe de chair, un monde non per­
ceptible par les sens : il y a le corps subtil dit aussi « corps
astral )) et un « corps causal )) ( 1 ) .
Ceux qui sont familiers avec la littérature ésotérique,
connaissent ces termes. On a récemment avancé que le halo
lumineux détecté par la photographie Kirlian n'était autre
que l'aura tant de fois mentionnée par les voyants et les
initiés. Il ne semble pas improbable que le corps vivant
dégage un rayonnement et soit doué d'une énergie cinétique
qui lui appartient en propre. Il varierait d'ailleurs selon
l'état psycho-physique et serait infiniment plus sensible aux
vibrations environnantes que le corps physique proprement
dit.
La matière étant chargée d'énergie vitale et psychique,
il n'est pas illogique de penser que ce double éthérique se
détache du subtrat d'os et de chair au moment où ce der­
nier perd de sa vitalité et où, comme le dit Aurobindo, « les
tentacules de la nature )) relâchent leur prise.
Dans une revue spécialisée, un médecin psychiatre (2)
rapporte deux cas d'expériences de dépersonnalisation ( con­
sistant à se voir soi-même d'en haut allongé sur le sol ) , ac­
compagnée d'une sensation de légèreté irréelle. Il est évi-

( 1 ) Le premier devient actif dans le rêve, le second est i ncons­


cient, il est contacté dans le sommeil profond.
( 2 ) R. B. Kennedy Junior : Self-induced depersonalizatlon syn­
drome, Am. J. Psychiatry, 1 976, vol. 133 (Il) p. 1 326-28.

1 90
dent qu'on peut m ettre cette expenence en parallèle avec
la schizophrénie, l'a b ùs de la drogue, le LSD et la phéno­
tiazine qui est ll:n tranquillisant. Mais cette sensation peut
aussi être intentwnneu ement développée par diverses tech­
niques de respiratio n et de méditation. Ces moyens psycho­
physiques se basent Sur les présupposés de la science yogi­
que en ce qui � trai t à la nature de l'être humain et au fait
qu'il peut sortlr de ses corps comme de fourreaux succes­
sifs ( 1 ) . En tout ca s, l 'auteur de cet article médical insiste
bien sur le fait que le praticien médical, le yogi expérimenté
ou le méditant averti doit connaître ce genre de choses et
consi dère la sensation d'être hors de son corps comme l'ex­
pression d'un état de c onscience modifié. Il souligne cepen­
dant que le novic e ignorant de ce sujet peut, lorsque l'ex­
périence survient à l 'improviste, en éprouver de la peur.
C'est la panique, n o:t:l. pas l'expérience elle-même qui crée
des remous et l'arnèn e à consulter un psychiatre. Celui-ci
peut avoir trois réaction s :
1) Il considère que son patient manifeste un symptôme
grave de perte de c ontact avec la réalité et il le traite en
conséquence. Il se Peut qu'il ait raison. Il se peut qu'il se
trompe. Certains gran ds saints auraient dû être envoyés à
l'asil e !
2) Il est va�u e rne nt averti des possibilités que peuvent
manifester certams ê tres psychiquement doués de facultés
hors du commun. Il c alme donc le patient et se documente
auprè s de centre s SPirituels sérieux qui ont aussi connais­
sance des recherche s scientifiques sur les états de conscience
différents.
3 ) Il est lui-mêm e expert en la matière et se trouve ha­
bilité à formuler un diagnostic. Il tient compte des él éments
pathologiques et Parapsychologiques qui entrent en j e�
.dans ce cas. Il saura à coup sûr quoi dire et qum
_
faire. Le traü�ment psychiatrique peut effectivement être
nécessaire, ma 1s c e n'est pas toujours évident.
Lorsque, da�s :Une salle de yoga, le cas se présente d'une
personne effrayee Par cette expérience de désidentification,
il faut surtout �ue l' instructeur garde son sang-froid. Il s: ap­
proche de son etudiant allongé et lui demande de resp1rer
bien fort et de sentir son corps. La rotation de la conscience
e st la meilleure antidote à la peur de la dépersonnalisation.
Bien vécue, celle-ci n'a rien d'inquiétant. Elle ne peut que
renforcer la capacité que nous avons tous de prendre du
,
recul par rapport a nos problèmes.

( 1 ) Voir p. 1 52.

1 91
Quel rôle joue la voix de l' instructeur et puis-je enre­
gistrer ma propre voix pour pratiquer yoga nidra '1
La voix qui énonce les directives extrêmement précises
( comme dans la nomenclature des parties du corps) doit
être nette et assurée. Elle doit aussi se faire entendre avec
des intonations plus fortes à certains moments, afin d'empê­
cher le sommeil. La voix du yoga nidra aura des accents
susceptibles d'étonner ceux qui étaient habitués à la voix
douce et insinuante qu'on associe aux techniques de rela­
xation ordinaires. Ici la voix induit la détente, mais aussi
l'attention. Ce dernier point est capital, car il s'agit, répé­
tons-le, d'une relaxation induite par l'écoute attentive.
Imaginons qu'au moment de prendre l'avion dans la
salle d'attente de l'aéroport, nous nous laissions distraire
par la voix de sirène des hôtesses qui sussurent leurs ins­
tructions : si nous nous laissons bercer par la voix, nous
avons de grandes chances de rater l'avion. La voix est là
pour autre chose que pour elle-même : elle est chargée de
donner des directives indispensables sur les différentes por­
tes d'accès, les horaires et la destination, les tenants et les
aboutissants du voyage.
Dans le yoga nidra, l'écoute est le fil d'Ariane qui nous
relie à la pratique. Elle va nous permettre d'explorer en
pleine vigilance les espaces secrets où le sommeil nous guet­
te. Il est prêt à envelopper notre lucidité dans les plis de
l'inconscience. La voix nous retient. Elle doit être prête à
déjouer le piège. Il va lui falloir aussi garder dans ses into­
nations l'écho des voix millénaires des maîtres qui, de
bouche à oreille, nous parlent pour nous guider dans
l'itinéraire prodigieux - le voyage en nous mêmes. Le yoga
nidra est « un voyage organisé de la concience » . La voix
doit aussi être nette dans ses énoncés. Elle est à la fois in­
cantatoire et utilitaire. Cette double qualification permet de
comprendre pourquoi il n'est pas souhaitable lorsqu'on est
habitué à une voix d'en changer. En effet, lorsqu'on prati­
que seul, il va s'agir de se remémorer cette voix.
On doit pouvoir réécouter les intonations bien connues
comme si elles étaient enregistrées sur un magnétophone
incorporé à nous-mêmes. On retrouvera sans efforts les
séquences, les mots, les sonorités, les pauses et les silences
efficaces.
Les modulations d'une voix dont le timbre familier est
agréable à notre oreille, agissent d'une manière bienfaisante
sur les couches subtiles de notre personnalité. On comprend
que les Grecs, dans leurs mystères, aient attribué une telle
1 92
influence a u « terpnos logos » (le beau parler) . La voix est
chargée de transmettre la force du Verbe pour éclairer, gui­
der et réco nforter.
Au point de vue pratique, et pour résumer, si vous avez
un instructeur, dans la mesure du possible, restez-lui fidèle.
Votre apprentissage n'en sera que plus rapide. Vous éviterez
les brouillages de styles contradictoires.
Si vous voulez travailler sans cassettes et sans profes­
seur ou que vous ne puissiez en trouver, vous pouvez cer­
tainement enregistrer votre propre voix et dans ce cas, tenez
bien compte des indications données plus haut. Votre voix
doit avoir une élocution aisée qui respecte les pauses et les
silences indiqués dans le texte ( 1 ) . Un conseil : enregistrez­
vous à un moment où vous serez en bonne forme. Votre voix
reflètera ce bien-être.

Pendant la pratique du yoga nidra, il m'arrive souvent,


tout en suivant avec attention l es directives de mon profes­
seur d'avoir des flashes, des images spontanées qui n'ont
rien à voir avec l es images proposées. Dois-je m'y arrêter 'l

Le surgissement des ces images est normal et même


précieux dans la mesure où vous en prenez conscience. Il
s'agit d'un véritable récurage de vos souterrains psychiques.
Les images et les pratiques du yoga nidra éveillent dans
le cerveau des connexions avec des souvenirs enfouis dans
votre subconscient et ils remontent sous forme de visions
incongrues sur votre écran mental. Cela survient très vite,
mais vous avez le temps d'en prendre note intérieurement.
Vous n'avez pas à vous y attarder. Il faut suivre le fil de la
voix qui vous guide. Ces phénomènes sont fréquents dans
une séance de yoga nidra. Ils sont liés à des mécanismes
associatifs. Par exemple, une femme a éprouvé une vive
douleur lors de la séquence « images rapides », au moment
où l'instructeur évoquait « une voiture rouge sur une auto­
route ». En fouillant dans sa mémoire par la suite, elle s'est
souvenue q u'étant petite fille, elle avait vu ses parents em­
menés en déportation dans une voiture rouge et cet épisode
tragique venait de ressurgir à la faveur d'une image qui
pourtant paraissait bien anodine pour les autres. La prise
de conscience est une bonne manière d'éliminer des résidus
psychiques et de nous délivrer de leurs effets nocifs. Soyez
attentifs. Il suffit d'être aux aguets et de ne pas réagir a u­
trement qu'en restant témoin d'une image spontanée ou

( 1 ) Voir page 69 : Les pauses.

1 93
d'une sensation curieuse qui se manifestent à un moment ou
à un autre au cours de la séance.
Ces souvenirs émergent dans un moment de calme in­
duit par la pratique et ce calme est excellent pour affron­
ter des impressions sauvages. Le yoga nidra poursuivi avec
assiduité équivaut à une véritable psychanalyse où nous
jouons nous-mêmes le rôle du praticien impartial. Le yogi
n'intellectualise pas, n'interprète pas. il constate.
Il y a aussi d'autres types d'images, des visions au sens
fort. Là nous sommes sur le terrain de la parapsychologie.
Ce flash privilégié peut être un choc. Mais là encore il faut
rester maître de soi et continuer à suivre les directives. On
aura ensuite tout le loisir de repenser l'expérience intérieure
pour l'intégrer. Le yoga nidra est le terrain favorable par
excellence pour développer votre perception extra-senso­
rielle. Mais ce n'est pas le rôle du yogi de jeter sans guide
les aspirants sur cette piste.
Le Sankalpa agit·il toujours '1
Le mot Sankalpa peut se traduire par « résolution )). Le
sens étymologique est « parole de vérité )) . Lorsqu'on la dit
et qu'on l'entend, on est sûr de sa force et on en ressent
de la joie. Et c'est l'état d'esprit où il faut être pour bien
la répéter. C'est pourquoi nous gardons le mot originel qui
désigne un point fort de la technique. C'est une puissante
méthode pour remodeler sa personnalité selon une ligne posi­
tive. Le sankalpa prend la forme d'une brève affirmation
répétée mentalement et qui est imprimée dans le subcons­
cient pendant la séance. On peut s'en servir pour modifier
son mode de vie, éliminer les conflits intérieurs et réaliser
son ambition la plus chère ( 1 ) .
Swami Sivananda d e Rishikesh disait
Semez une pensée
Vous récolterez une action
Semez une action
Vous récolterez une habitude
Semez une habitude
Vous récolterez un caractère
Semez un caractère
Vous récolterez un destin.
Le sankalpa est un procédé efficace pour cultiver cette
terre sauvage qu'est le subconscient. Les plus hauts idéaux
sont sous nos yeux j ournellement, et nous les apprécions,
nous voudrions bien devenir ce que nous sommes et nous

( 1 ) Cf. pp. 54-57.

1 94
réaliser pleinement. Et nous savons même ce qu'il faudrait
faire pour y parvenir.
D'où vient que nous n'y arrivons pas ?
Tout simplement parce que la force de volonté n'est pas
suffisante pour faire obstacle à nos habitudes de laisser­
aller. Essayez le sankalpa. Vous prononcez une phrase­
clé au moment où vous atteignez dans le yoga nidra
les postes avancés de l'inconscience et vous vous la répétez
avec ferveur sans tension, mais avec force dans la certitude
que ce que vous affirmez est vrai.
Si l'on regarde de près, on s'aperçoit que les gens de
valeur n'atteignent cette valeur que grâce à un sankalpa
qu'ils se sont formulés à eux-mêmes. On rapporte que
Rachel avant de devenir une célèbre actrice au siècle der­
nier était une j eune fille timide et malingre. Elle voulait
être comédienne. Passant devant les statues grecques du
Louvre, elle s'était jurée de devenir comme elles : « Je
commandais à mes os, à mes muscles, à ma chair de leur
ressembler ». Et c'est ce qui arriva. On admirait Rachel la
tragédienne pour ses formes sculpturales et son aplomb.
L'usage du sankalpa peut être un puissant facteur de
guérison et l'on a maintes fois vu des gens très malades
commencer à aller mieux à partir du moment où ils
avaient dit : « Je m'en sortirai » ou quelque parole forte
de ce genre. « Il ne faut qu'une petite décision » avait cou­
twne de dire Thérèse d'Avila. Le sankalpa est « une petite
décision » qui va déterminer la métamorphose.
Une fois bien installé dans les profondeurs de l'être, le
sankalpa rassemble autour de lui les forces immenses du
« corps subtil » pour servir à son mûrissement. Au départ le
sankalpa est une résolution intellectuelle, mais il finit par
s'incorporer à l'inconscient et par s'exprimer dans le carac­
tère et le destin.
Pour que le sankalpa réussisse, il faut bien suivre les
directives à ce sujet. Vous constaterez alors la vérité de ce
qu'en dit Swami Satyananda :
« Tout dans la vie peut échouer, mais jamais, jamais un
sankalpa répété au début et à la fin de yoga nidra ».

C e qu'il ne faut pas faire :


1) Répéter le sankalpa dans un moment inadéquat.
Par exemple lorsqu'on est déprimé, anxieux et insatis­
fait. A ce moment, le mental n'est pas prêt à recevoir la
résolution. Il rumine ses problèmes. Il n'est pas réceptif.
1 95
Il peut même être hostile. Jamais de sankalpa si l'on n'est
pas en état de repos complet physique et mental. D'où la
nécessité de la détente préalable.
2) Changer sans cesse de sankalpa.
Il n'a aucune chance de réussir. C'est par la répétition
et la régularité qu'il mûrit.
3) Prendre un sankalpa superficiel.
C'est-à-dire une résolution futile qui n'offre que peu
d'intérêt pour la réussite de votre vie, du genre : « Je vais
mieux réussir qu'Untel », ou « Je vais avoir une Rolls Royce>)
(on pourrait en choisir bien d'autres ! )
4) Attendre des résultats du jour au lendemain.
Le sankalpa demande comme la graine un temps de ger­
mination et de croissance. Cela peut prendre des semaines,
des mois, des années même, gage d'un remaniement profond
des structures de notre personnalité. Persistez.
Comment s'y prendre :
1) Choisir son sankalpa avec intelligence.
« Vous voulez vous débarrasser d'une mauvaise habitude,
faites attention ! Les << mauvaises habitudes )) sont << la sou­
pape de sécurité de tensions psychiques sous-jacentes », nous
dit un swami expert, Nischalananda. << Si vous voulez vous
arrêter de fumer, vous vous apercevez qu'une autre habitude
prend sa place. On pflut comparer cela à un matelas pneu­
matique : si vous appuyez à un endroit, un autre va s'en­
fler )) . Il vaut mieux choisir un sankalpa global qui puisse
modifier votre vie dans le sens de son plein épanouissement.
Dans cette perspective, les prétendues mauvaises habitudes
vont se dissoudre sans suppressions arbitraires.
2) Choisir un sankalpa qui soit clair et précis.
Il faut que le sankalpa corresponde à un réel besoin de
l'être ; chacun doit en être j uge et choisir soi-même les ter­
mes de son sankalpa. Vous devez aimer les mots qui le for­
ment et le rythme de votre phrase. Une fois qu'elle est
formulée n'en changez plus une lettre. Nous vous conseillons
de ne pas prendre un sankalpa à la dernière minute. Le
choix d'une phrase-clé mérite de la réflexion.
3) Répétez votre sankalpa au début et à la fin de la
séance de Yoga nidra.
Vous pouvez lui donner une impulsion encore plus forte
en le répétant le soir avant de vous endormir, le matin avant
de vous lever lorsque vous êtes dans l'état subliminal que
nous avons précédemment décrit. Le sankalpa est un temps
1 !16
fort dans la pratique du yoga nid.ra. Il peut l'être aussi dans
le cours de notre vie.
Puis-je changer de sankalpa si je m'aperçois que la résolu·
tion q ue j'ai choisie est de trop longue haleine ou bien
qu'e l l e ne correspond pas vraiment à mon désir pro­
fond '1
Si vraiment elle ne correspond pas à votre désir profond
changez-en et prenez un sankalpa plus définitif. Il est bien
recommandé de ne pas sauter d'une affirmation à une autre,
sans se fixer à aucune. Pour avoir toutes les chances de pous­
ser, la graine doit être plantée une fois pour toutes. Si on la
remplace constamment par une autre, aucune pousse ne
sortira de terre. il en est de même avec votre pensée-germe.
La persistance et la régularité sont les deux clés de sa réus­
site. On ne doit changer de sankalpa qu'une fois obtenu
l'effet cherché. Lorsque le sankalpa qu'on a affirmé maintes
fois s'est bel et bien consolidé dans la vie quotidienne, on
peut passer à un autre. Le résultat peut venir après quel­
ques semaines, des mois ou des années. Patience !
A propos du sankalpa de longue haleine, souvenons-nous
qu'il mérite notre patience, car il donnf: la direction j uste
et sur le chemin qu'il fraye, bien des difficultés et des obsta­
cles de détail - dont notre problème particulier - vont se
trouver aplanis. Par exemple, il vaut mieux choisir «je suis
en pleine santé physique et mentale >> que de traiter nos
maux particuliers - comme un mal de dos ou une indiges­
tion. L'affirmation générale se chargera d'assainir le ter­
rain tout entier. On ne perd pas de temps en visant haut et
j uste. Choisissez un sankalpa englobant, un résolution de
fond. Visez la forteresse elle-même, pas la guérite d'une
sentinelle !

Y a-t-i l des contre-indications au yoga nidra '1


Yoga nidra est une technique parmi bien d'autres dans
l'éventail des méditations tantriques. C'est le yoga du som­
meil et par conséquent c'est un yoga très calmant, « le tran­
quillisant yogique » dit Swami Satyananda. Comme toutes
les techniques d'accès à l'être profond, il demande la tra­
versée des niveaux de conscience où sont emmagasinés les
détritus psychiques. Si quelqu'un est sous traitement psy­
chiatrique sérieux, il risque d'exprimer son malaise non pas
parce que yoga nidra va activer ses troubles - ce qui est
rarement le cas - mais parce que l'esprit malade n'aura pas
réussi à se concentrer. Normalement, lorsque vous écoutez la
voix du professeur et que vous suivez ses directives, vous
1 97
n'avez pas le temps d'évoquer vos problèmes, vous pensez
aux doigts de votre main ou bien vous comptez vos respira­
tions ou bien vous visualisez les images ( 1 ) . L'instructeur
s'occupe de vous pendant une heure, mais à tout instant, vous
êtes libres de « décrocher ,,, Une personne psychotique n'est
pas « libre ,, dans ce sens. Elle est submergée par ses
fantasmes. L'instructeur a beau parler, le malade psy­
chique ne l'entend pas, il suit son propre processus mental
et à l'écoute de son mental débridé, il va manifester le
désordre et la panique pendant le yoga nidra. Il peut se
mettre à pleurer, à crier, à s'agiter et troubler les autres. Il
vaut mieux ne pas aller au devant de tels désagréments. Il
existe des formes de yoga pour tout le monde et dans l'ash­
ram de Monghyr on soigne les gens atteints de folie par des
méthodes adaptées à leur cas.
Le yoga nidra est réservé à des personnes capables de'
maintenir l'immobilité et l'attention pendant la durée de la
séance.
La concentration est assez aisée pour qu'on n'ait pas à
redouter la durée, sauf chez des malades mentaux ou des
enfants trop jeunes. Il faut que la séance soit, pour ces der­
niers raccourcie et adaptée en conséquence (pas plus de 5
minutes) ( 2 ) .
D u point d e vue psychologique, l e yoga nidra convient
bien à une personne tendue, déprimée, sous pression. Son
mode d'action particulier porte sur un ralentissement du
système sympathique. Comme c'est j ustement ce système qui
est excité dans le sein de la vie moderne, la plupart des
occidentaux ne pourront que gagner à la pratique.
D'autres techniques tantriques existent qui correspon­
dent à d'autres besoins et à d'autres types de personnalités.
Certaines méthodes sont plus dynamisantes ( 3 ) .
N'attendez pas d'être « à plat ,, pour commencer l e yoga !
Ceci dit, ne croyez pas que le yoga résolve tous les pro­
blèmes. Aucune méthode, aucune ascèse, aucune philosophie
ne remplaceront j amais la nécessité d'être toujours en alerte
pour faire ce qui mérite d'être fait, au moment où il faut.

( 1 ) Ce qui n'empêche pas l'irruption de « ftashes » spontanés. Cf.


p. 193.
(2) La rotation de la conscience est excellente pour tous, même
abrégée.
( 3 ) Consulter un professeur de yoga expert ou les livres de Swarni
Satyananda.

1 98
Quels sont l es rapports du yoga nidra avec les techniques
d'hypnothéraple et la sophrologie '1
Le Yoga et l'Hypnose ont en commun d'avoir été très
mal interprétés et même déformés. Dans la conscience popu­
laire, le yogi et l'hypnotiseur sont doués d'une volonté irré­
sistible et de capacités paranormales.
Mais les temps ont changé. On sait que le fakirisme
n'est pas le yoga et l'hypnotiseur aujourd'hui est un soignant
qui s'appelle psychanalyste ou sophrologue. Le yoga s'est
rapproché de la science et l'hypnose s'occupe des états de
conscience modifiés. Il est extrêmement intéressant de voir
le yoga nidra rapproché de l'hypnothérapie contemporaine
par un yogi qui se trouve être aussi psychiatre. C'est le cas
du Dr Swami Vivekananda, un Australien qui a été un psy­
chiatre très connu dans son pays avant de prendre le « san­
nyas ». Il parcourt l'Inde et le monde pour œuvrer au rap­
prochement des techniques thérapeutiques de l'Orient et de
l'Occident. Voici ce qu'il écrit :
« Nous nous pensons tous en tant qu'unités individuelles
de conscience, alors qu'en vérité nous sommes partie inté­
grante d'une conscience universelle. La plupart d'entre nous
se trouvent maintenus dans cet état de conscience indivi­
duelle limitée, à cause de conflits et de problèmes. Notre
conscience est tirée vers le bas par des émotions négatives.
Il n'est pas surprenant que nombre de thérapeutes avertis se
tournent vers le yoga et s'émerveillent des techniques que
les yogis ont employées depuis longtemps, pour se libérer de
leurs déchets psychiques. L'une de ces excellentes techni­
ques est yoga nidra, et lorsque j'en ai pris connaissance, j 'ai
été frappé de ses rapports à l'hypnothérapie. J'ai pu m'aper­
cevoir que la méthode de concentration progressive sur les
différentes parties du corps mène à une décontraction plus
profonde que la technique du relâchement musculaire. Nom­
bre de facultés peuvent se développer dans les stades ulti­
mes de l'état hypnagogique, qui sont atteints dans yoga
nidra. Selon mon expérience de praticien spécialiste en psy­
chiatrie, le yoga nidra est une approche efficace aisée et
naturelle, qui se suffit à elle-même pour libérer les blocages
inconscients et les complexes >> ( 1 ) .
Est-on dans le yoga nidra plus soumis à l'influence d e l'ins­
tructeur que dans un cours de hatha yoga '1
Sûrement pas. Lorsque vous vous en remettez à un spé­
cialiste pour votre apprentissage ou votre évolution, c'est

( 1 ) Dr Swami Vivekananda Saraswati - Revue Yoga, mars 1978, p. 39.

1 99
que vous avez confiance. Sinon, vous partez. Les enseignants
de yoga nidra que nous nous permettons de recommander
sont ceux qui ont été formés par Satyananda, l'auteur de ce
livre et de la méthode, ou par des disciples proches de la
Bihar School of Yoga.
L'instructeur de yoga nidra insistera toujours sur la
nécessité de maintenir votre vigilance d'un bout à l'autre de
la séance. Donc vous n'êtes pas hypnotisé. Vous restez
lucide.
D'autre part, votre résolution ( ou sankalpa) est votre
affaire. Elle est formulée par vous mentalement et nullement
par une personne extérieure. Les directives qui vous sont
données par la voix ont pour but de favoriser une détente
exceptionnellement profonde, mais lorsque vous en avez
appris par cœur le cheminement, c'est à vous de travailler
seul.
Il faut bien que quelqu'un guide nos premiers pas et
nous apprenne un tant soit peu à faire le ménage dans notre
inconscient. La propreté mentale est une conquête de l'hy­
giène comme le fait de se brosser les dents.

J'ai du mal à visualise•· les images et les symboles, et même


j'ai beau faire des efforts, je ne vois rien.
Le but de yoga nidra n'est pas de créer des tensions,
mais au contraire de les supprimer. Si vous faites des efforts
pour voir, et que vous n'y arriviez pas, vous vous en voulez
à vous-même, vous vous battez contre votre psychisme. Ne
vous étonnez pas de ne pas obtenir les bienfaits de la séance.
En fait, on ne vous demande pas tellement de voir les
images, que de les évoquer et de ressentir l'effet qu'elles
produisent sur vous. L'important est de créer en vous une
aire de réceptivité. Si l'instructeur dit « bouquet de violet­
tes >>, vous devez sentir en vous la présence de ces fleurs.
S'il dit « bouquet de violettes » et que vous essayez à toutes
forces de les voir, vous n'atteignez rien et vous n'êtes donc
pas réceptifs. N'essayez pas de vous concentrer à toute
force sur la vision pendant la séquence des images. Essayez
plutôt d'éprouver l'impression que le nom des choses fait
sur vous. Ouvrez-vous et votre faculté de voir se développe­
ra d'elle-même peu à peu ( 1 ) .

( 1 ) La technique de tratak (concentration les yeux ouverts


sur un objet qu'on essaye de revoir les yeux fennés) est une techni­
que yogique bien faite pour développer la vision intérieure.

200
Le yoga nidra a-t-il un rapport avec la prière '1
Encore faudrait-il définir le sens ou les sens de ce mot
de « prière >>. Mais ce n'est point ici notre sujet et nous devons
plutôt insister sur le fait que le yoga dans sa pureté pre­
mière, se démarque de tout formalisme religieux, sans pour­
tant s'opposer à aucune religion.
Science de l'homme total, le yoga est capable d'intégrer
à la fois une démarche athéiste et une approche religieuse.
Que cherche le chrétien dans la prière ? Un dialogue
avec Dieu et la perfection de ce contact est dans le silence
de l'oraison pure.
Que fait le yogi ? En �veillant, par des exercices psy­
chophysiques les énergies latentes qui se trouvent aux ni­
veaux profonds de son être, il entre en résonance avec une
réalité à la fois intime et transcendante qu'il n'est pas tenu
d'appeler Dieu. On ne cesse de répéter que notre cerveau
est employé à un dixième de ses possibilités. L'Eveil n'est
peut-être que l'ouverture de certains circuits dans les zones
silencieuses du cerveau. L'expérience religieuse aux yeux
d'un athée, peut facilement se réduire à n'être qu'une modi­
fication des ondes cérébrales.
L'excès nous ramène à l'oraison ! Ce qu'un croyant
appelle prière, un yogi ou un moine zen l'appellera médita­
tion. L'illumination est « Samadhi » ou « Satori ». Question
de vocabulaire !
Les yoga nidra présentés ici, peuvent s'adapter à tous,
chacun modifiant les images et les symboles en fonction de
ses propres goûts et de ses propres buts. Lorsque cette mé­
thode est pratiquée en groupe, et que l'instructeur ne con­
naît pas la religion des participants, il devra se garder de
références religieuses. Mais dans un groupe de croyants, il
peut aider à approfondir la foi.
On peut trouver ainsi dans le yoga nidra, la relaxation,
la concentration, la méditation, la prière ou un sommeil d'or,
tout sauf un sommeil de plomb.
A chacun sa vérité !

Existe-t-il d'autres types de yoga nidra que ceux exposés


dans cet ouvrage '1
Bien entendu, les yoga nidras sont légion. Ceux qui sont
présentés ici représentent une gradation dans l'apprentissa­
ge. De même que l'on peut faire un yoga nidra de deux
heures ou de cinq minutes selon les circonstances, il existe
autant de yoga nidras que de cas personnels.
281
Il y a le yoga nidra des gens qui souffrent de dépression
ou d'obsessions, le yoga nidra des délinquants j uvéniles, le
yoga nidra des gens qui cherchent à développer leur mémoi­
re, leurs facultés mentales ou supra-mentales, de ceux qu1
veulent se débarrasser de mauvaises habitudes ou de pen­
sées négatives, qui sont dans le doute en ce qui concerne la
direction à donner à leur vie et qui cherchent à y voir clair,
avant de s'engager dans une direction nouvelle. A tous, le
yoga nidra rend possible une nouvelle vision. De plus, il met
la méditation à la portée de tous.
Sa qualité protéiforme le rend apte, comme nous l'avons
vu, à hâter la guérison même dans le cas de maladies graves
comme le cancer et les troubles cardiaques. Il peut réussir i
calmer la douleur, l'épilepsie, les ulcères peptiques o u les
colites. Il rééduque le sommeil. C'est l'un des traitements
psycho-somatiques les plus précieux et pour qu'il agisse, il
n'est nullement requis de stopper le traitement médical . Le
yoga nidra peut décupler l'efficacité de la cure en accélérant
les bons effets du régime ou des médicaments. Il est à même
de susciter chez une personne qui souffre, les puissantes for­
ces d'autoguérison qui sont latentes en elle, et à partir du
yoga nidra, on peut pratiquer le prana vidya.
C'est une technique avancée de yoga nidra, peu connue
encore, qui vise à diriger les courants d'énergie vitale vers
les lieux du corps qui en ont besoin. Cette méthode de gué­
rison psychique a fait l'objet d'un autre livre de Swami
Satyananda, qui sera traduit plus tard.
M. F.

FIN
LEXIQUE

AJAPA J APA : Répétition d'Wl mantra sur le souffle. Pra­


tique yogique visant à développer la conscience d'Wle cir­
culation d'énergie dans les passages psychiques.
AJNA : Centre psychique ou chakra souvent appelé << le
troisième œil » situé au sommet de la moëlle épinière, a 1
centre de la tête.
ANAHATA : Centre psychique ou chakra. Situé dans la
moëlle épinière au niveau du sternum. Centre des sons psy­
�hiques entendus dans la méditation. Siège de toutes les
émotions.
ANTAR MAUNA : Silence intérieur ; technique tantri­
que de méditation qui, partant d'une écoute des bruits, vise
par palliers à endiguer les fluctuations du mental, pour arri­
ver au silence du mental.
ASANA : Posture de yoga. Représente le troisième sta­
de du yoga dans le système de Patanjali qui est défini com­
me ayant huit stades.
BIJA MANTRA : Mantra-germe ; tràs puissant mantra,
généralement monosyllabique.
BINDU : Centre psychique situé au sommet et à l'ar­
rière de la tête, là où les hindous orthodoxes gardent Wle
mèche de cheveux. Autrefois en occident, les prêtres y
avaient la tonsure.
CHAKRA : Centre psychique dans le corps subtil ; les
chakras principaux sont : Muladhara, Swadhisthana, Mani­
pura, Anahata, Vishuddhi, Ajna, Bindu, Sahasrara.
CHIDAKASH : Obscurité aperçue derrière les yeux
clos ; espace intérieur.
- Ecran sur lequel sont projetées les visualisations.
- Existence abstraite, inconsciente, le mental plus le
Soi.
CHIDAKASH DHARANA : Technique de méditation
sur l'espace intérieur.
DHARANA : Concentration ; sixième stade du yoga de
Patanj ali.
203
DHYANA : Méditation ; septième stade du yoga de
Patanj ali. (Ne pas confondre avec « méditation » au sens
occidental de « réflexion intellectuelle » ) .
GURU : Littéralement : celui qui dissipe les ténèbres de
l'ignorance ; guide spirituel.
HATHA YOGA : Yoga qui mène à l'illumination par les
purifications et l'équilibration des énergies du corps.
IDA : L'un des trois plus importants courants praniques
(na dis) du corps humain. Partant de Muladhara chakra, il
correspond à la narine gauche.
KARMA : Le poids du destin. Cycle de l'action et de la
réaction.
JAPA : Pratique de méditation qui consiste à répéter
un mantra.
KRIYA : Forme de yoga qui libère l'énergie primordiale
en éveillant les centres psychiques.
KUNDALINI : Energie latente chez l'homme, située
dans Muladhara chakra et symbolisée par un serpent lové ;
connue également sous le nom de « puissance du serpent >> .
MANDALA : Figure symétrique généralement circulaire,
servant de support imagé à la concentration.
MANIPURA : Chakra ou centre psychique, situé dans
la moëlle épinière au niveau du nombril.
MANTRA : Son psychique ayant des effets profonds sur
l'être total de l'homme et le cosmos. « OM » est le plus
connu des mantras.
MULADHARA : Le chakra-racine, situé au niveau du
périnée chez l'homme, et au niveau du col de l'utérus chez
la femme. La Kundalini y repose, lovée trois fois et demie
autour du Shiva Lingam.
NADA YOGA : Yoga du son.
NADI : Canal du corps subtil qui transporte le courant
du prana. Les trois principaux sont Ida, Pingala et Sushum­
na. (Ce dernier est l'axe central qui figure le caducée) .
NIDRA : Sous sa forme dégradée signifie sommeil, mais
en sanskrit son sens est relaxation complète.
NIY AMA : Observances. Deuxième stade du yoga de
Patanj ali.
PINGALA : L'un des trois principaux courants prani­
ques du corps humain. Commence à droite de Muladhara,
aboutit à Ajna. Correspond à la narine droite.
204
PRAKRITI : Energie active manifestée de l'univers. La
philosophie du Samkhya considère celle-ci comme l'une des
deux réalités ultimes sur lesquelles repose l'i>volution, l'au­
tre étant le Purusha.
PRANA : Energie fondamentale de toute vie, qui imprè­
gne tout l'univers.
PRANA VIDYA : Connaissance et contrôle du prana.
Prise de conscience de la force de vie par la méditation ;
une technique de méditation très précise qui inclut l'expan­
sion, la contraction, la localisation et la visualisation des
courants praniques dans le corps.
PRANAYAMA : Exercices de respiration. Quatrième
stade du yoga de Patanjali.
PRATHYARA : Retrait des sens, coupure des stimu1l
sensori !Ùs venant de l'extérieur.
PURUSHA : Conscience universelle ; principe spiritur->1.
La philosophie du Samkhya considère celui-ci comme l' une
des deux réalités ultimes sur lesquelles repose l'évolution.
RAJA YOGA : Méthode systématique codifiée par Patan­
jali pour atteindre le Samadhi. Il définit pour y arriver huit
stades qui sont : Yama, Niyama, Asana, Pranayama, Pra­
thyahara, Dharana, Dhyana, Samadhi.
SADHANA : Pratique spiritnelle, travail sur soi.
SAHASRARA : Centre psychique situé juste au dessus
et au centre de la tête ; le « lotus aux mille pétales )), siège
de la superconscience.
SAMADHI : Stade ultime du yoga de Patanjali. Etat de
fusion avec la conscience universelle dans une intense joie.
SANKALPA : 1) Formation mentale. 2) Parole de vérité.
3) Résolution ; forte autosuggestion, phrase-clé.
SAMKHYA : Système philosophique qui définit deux
réalités, Purusha et Prakriti. Base théorique du yoga.
SAMSKARAS : Tendances accumulées par le mental
résidus des expériences passées qui ressurgissent à la sur­
face du conscient. On peut les rapprocher des complexes,
inhibitions, frustrations agissant dans le subconscient.
SATSANG : Réunion des disciples et des visiteurs au­
tour du maître où l'enseignement est dispensé sous la forme
spontanée de « questions-réponses )).
SHAKTI : Energie. Principe féminin de l'univers.
SHAVASANA : « Posture du cadavre >>. Allongé sur le
dos, le corps doit être dans un seul axe, les jambes légère­
ment écartées, les bras près du corps, paumes tournées vers
le haut.
SHIVA LINGAM : Pierre dressée. Symbole de la Cons­
cience et de l'Energie conjuguées.
SIDDHI : Pouvoir psychique, tel que télépathie, clatr­
voyance, clairaudience, psychokinèse.
SOHAM : Le mantra du souftle naturel, utilisé dans Aj a­
pa Japa.
SUSHUMNA : Le principal nadi du corps humain ;
situé dans la moêlle 6pinière, il va de Muladhara à Sahasrara.
SWADHISTHANA : Chakra situé en bas de la maëlle
épinière, liée à l'inconscient individuel et collectif.
TANTRA SHASTRA : Ensemble des connaissances sur
le Tantrisme ; divers textes et écritures ayant trait à cette
science.
VISHUDDHI : Chakra situé dans la maëlle épinière au
niveau de la gorge. Le centre de la purification et de la
parole inspirée.
TRATAK : Méthode pour développer la concentration
à partir du sens de la vue.
VIKALPA : Les fantaisies de l'imaginaire.
YAMA : Maîtrise de soi ; le premier des stades du yoga
défini par Pantajali.
YANTRA : Figure géométrique, forme épurée du man­
dala, sorte d'archétype de perception visuelle servant à foca­
liser les énergies par le moyen du tratak.

206
TABLE DES MA TIÈRES
Pages

Avant propos : Docteur Jacques Donnars 9

Présentation : Micheline Flak.


Oui, la Sagesse s'apprend . . . ... .. ...... . . . . .. . .. . 13
Swami Satyananda : La vie et l'œuvre . . . . . . . . . . 19

Yoga nidra : Swami Satyananda . .. . .. .. .. .. . .... . . . 35

Première partie : Théorie . ... ... .... . . . . . . . ... . . 39


Deuxième partie : Pratique . .. . . . .. . . ... . . .. . . .. 63
Yoga nidra 1 . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 71
Yoga nidra 2 79
Yoga nidra 3 89
Yoga nidra 4 97
Yoga nidra 5 107
Appendice A 121
Appendice B 123

Présentation : M i che l i ne Fl ak.

Yoga nidra, fils du Tantra 127


La science et le sommeil lucide . . . . . . . . . . . . . . . . . . 145
Particularité du Yoga nidra . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 153
Applications dans la vie quotidienne . . . . . . . . . . . . . 169
Réponses à quelques questions . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 183

Lexique . . .... .. .. .......... ....... . ... ..... . . . . .. . .. 203


OUVRAGES DE SWAM I SATYANAN DA EN FRANÇAIS

Yoga rNidra. - Apprenez à dorm i r avec deux cassettes d'ac­


compagnement enreg istrées par Michel i ne FLAK • .

Méditations Tan triques.

Asana Pranayama Mudra Bandha.

Propos sur la l ibe r té . - Commentiares des Yoga Sutra


de Patanja l i .

Swara Yoga. - Le cerveau resp i re.

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