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Le recours à l’endettement extérieur pour une nation se justifie par l’insuffisance de ses
ressources intérieures (épargnes et recettes publiques) à faire face aux besoins économiques
totaux (dépenses publiques et investissement) de ses citoyens. Ainsi la dette extérieure peut
servir à financer le développement. La Corée du Sud a montré qu'
une nation pauvre dans les
années 70 pouvait s’endetter et réaliser le pari du développement. Toutefois bon nombre de
pays à l'
image des pays pauvres très endettés continuent de s'
endetter sans sortir de ce cercle
vicieux qui se traduit par un sous développement perpétuel. Ce constat pose la problématique
de la soutenabilité de la dette extérieure. L'
étude de ce dernier se justifie donc pour plusieurs
raisons :
• La dette extérieure se compare à du «bon cholestérol » lorsqu'
elle agit positivement sur
l'
économie. Elle s'
identifie à du «mauvais cholestérol » quand elle agit négativement sur
l'
économie, en d'
autres termes quand elle n'
est plus soutenable. Il existe donc un seuil
limite de soutenabilité à ne pas dépasser au risque de subir des hémorragies financières
particulièrement importantes avec des risques de déstructuration de l’économie.
• L’accroissement de la dette extérieure au dessus du seuil de soutenabilité rend l’économie
plus vulnérable. Il est donc intéressant de connaître ce seuil pour toute économie qui veut
rester sur une trajectoire de soutenabilité de sa dette. C'
est ce constat qui amène Daseking
(2002) à dire " dans leurs travaux sur les indicateurs de vulnérabilité, les économistes
cherchent à savoir quel endettement est viable pour une économie et à quel niveau il
devient excessif. Les emprunts extérieurs peuvent aider les pays à accélérer leur
croissance en finançant des investissements productifs et peuvent aussi atténuer les effets
des perturbations économiques. Mais si un Etat accumule des dettes dont il ne peut
assurer le service, une crise de la dette peut éclater, et ses coûts économiques et sociaux
peuvent être élevés. C'
est pourquoi il est important d'
évaluer quel niveau d'
endettement
une économie ou un Etat peut accumuler sans problème".
• Une situation d’endettement insoutenable se caractérise par une incapacité à poursuivre
des efforts de développement durable (MacArthur et Trotsenburg, 1999). La dette
extérieure peut, par conséquent, devenir une contrainte sur les stratégies de
développement empêchant la mise en œuvre de politiques économiques pour la
1
croissance et la réduction de la pauvreté. La marge de manœuvre des décideurs
économiques se trouve ainsi réduite par des flux extérieurs générant des
dysfonctionnements (déséquilibres de production et d’épargne) qui se traduisent par une
instabilité macro-économique et une perte d’autonomie dans la gestion de l’économie
nationale (Mougani, 2001).
Répondre à la question de la soutenabilité de la dette est donc utile pour la mise en œuvre
de politiques économiques de développement. Cet article a pour objectif central d'
étudier les
principales méthodes économétriques d'
analyse de la soutenabilité de la dette extérieure et de
les appliquer à l'
économie sénégalaise. Pour traiter cette question nous utilisons comme
approche la contrainte d'
endettement intertemporelle en économie ouverte.
1
Nous ne faisons pas de différence entre soutenabilité, solvabilité et viabilité de la dette.
2
SECTION I : Analyse économétrique de la soutenabilité de la dette extérieure
La dette extérieure est soutenable lorsque l’économie n’est pas confrontée à une
incapacité récurrente, dans un horizon infini, à rembourser le service de sa dette (intérêts et
principal échus). La contrainte d’endettement intertemporel de la nation permet de définir
cette condition de soutenabilité à travers le processus d’accumulation de la dette extérieure.
L’équilibre sur le marché des biens et services dans une économie ouverte est obtenu
par l’égalité de l’offre et de la demande. Cette dernière est composée des exportations et de la
demande intérieure qui comprend la consommation effectuée par les ménages,
l’investissement privé (ménages - entreprises) et les dépenses publiques qui sont du ressort de
l’Etat. Quant à l’offre, elle est composée du produit intérieur brut et des importations. Pour
transcrire ces flux en une équation comptable appelons Qt le produit intérieur brut, Mt les
importations, Xt les exportations, It l’investissement, Gt les dépenses publiques, Ct la
consommation. L’équilibre s’établit ainsi :
Qt + Mt = Ct + It + Gt + Xt (1)
Avec, Dt l’encours de la dette extérieure, r le taux d’intérêt. Le produit national brut (Yt)
correspond au second membre de l’équation (2), l’expression Yt – At correspond au solde
total du compte courant de l’économie (noté CAt) :
3
Yt − At = CAt = NXt + Ut – rDt-1 (3)
Zt est le solde du compte courant hors intérêt aussi appelé solde primaire du compte courant.
La relation entre l’encours de la dette extérieure et le solde du compte courant peut se traduire
par l’équation ci-après :
Le processus d'
endettement est déterminé pour partie par la dette héritée du passé et,
pour une autre partie, par le solde primaire du compte courant dégagé par le pays. L'
évolution
de ce solde joue un rôle déterminant dans le processus de désendettement ou d'
accumulation
de la dette. En réécrivant l'
équation (6), il est possible de mettre en évidence les interactions
entre la dette extérieure et le solde primaire du compte courant.
Dt − Dt − 1 Zt
+ = rt (7)
Dt − 1 Dt − 1
4
Si le solde primaire du compte courant est nul (Zt = 0) alors le stock de la dette extérieure
croît au taux d’intérêt r :2
Dt − Dt − 1
=r (7a)
Dt − 1
Si le solde primaire du compte courant est négatif (Zt < 0) alors le stock de la dette extérieure
croît plus vite que le taux d’intérêt :3
Dt − Dt − 1
> r (7b)
Dt − 1
Si le solde primaire du compte est positif (Zt > 0) deux sous cas qui dépendent de l’ampleur
du surplus sont à prendre en considération :
- Cas 1 : Lorsque le surplus primaire du compte courant couvre moins que les paiements
d’intérêts, c’est à dire Zt < rDt-1, le stock de la dette extérieure croît moins vite que le taux
d’intérêt :4
Dt − Dt − 1
0< < r (7c)
Dt − 1
- Cas 2 : Lorsque le surplus primaire du compte courant couvre plus que les paiements
d’intérêts, c’est à dire Zt > rDt-1, le stock de la dette extérieure se réduit au cours du
temps :5
Dt − Dt − 1
<0 (7d)
Dt − 1
En conclusion nous pouvons dire que le solde primaire du compte courant joue un rôle
essentiel dans le processus d'
accumulation ou de réduction de la dette.
2
(cf. graphique 1, la droite Zt = 0 partage le plan (r, O, + D/D) en deux angles égaux de 45°.
3
Ce cas correspond dans le graphique 1 au pays X qui se trouve dans la zone A : (+ D/D, O, Zt)
4
Ce cas correspond dans le graphique 1 au pays Y qui se trouve dans la zone B : (Zt , O, r).
5
Ce cas correspond dans le graphique 1 au pays W qui se trouve dans la zone C : (r, O, – D/D).
5
Graphique 1 : Dynamique interactive de la dette et du solde primaire du compte courant6
Dt − Dt − 1
+
Dt − 1 ZONE A
Zt 0 D t − D t −1
Zt = 0 : =r
D t − D t −1 D t -1
r
D t -1
ZONE B
PAYS X Zt 0 et Z t rD t − 1
D t − D t −1
PAYS Y r
D t -1
0
r
PAYS W
ZONE C
Zt 0 et Z t rD t − 1
D t − D t −1
0
D t -1
6
Je remercie Monsieur Philippe Rous, Professeur à l'Université de Limoges, pour ses suggestions qui m'
ont
permises de construire ce graphique. Pour une explication approfondie se référer au graphique 2.
6
Graphique 2 : L'équation du cercle de la dette
En supposant que le taux de croissance de la dette (m) est une fonction well-behaved par
rapport à r, et que l'
image de cette fonction sur l'
axe (r, O, -m) est égale au transposé de cette
fonction sur l'
axe (r,O, m), alors le processus de désendettement et le taux d'
intérêt sont régis
par une équation circulaire : (m – a)2 + (r – b)2 = (rayon)2 , a et b représentant la position du
pays sur son cycle d'
endettement. Cette représentation permet de voir les pays qui sont dans
une trappe d'
endettement, tout pays qui n'
évolue pas de façon circulaire se trouve dans une
trappe d'
endettement, pour exemple, les pays K, S, F, et T ont des fonctions qui illustrent un
piège d'
endettement.
•
T
D =m
D D t − D t −1
Zt = 0 : =r
D t -1
•
−D = −m
D
7
En partant de cette équation dynamique fondamentale, nous pouvons en déduire les
conditions théoriques de soutenabilité de la dette extérieure.
La notion centrale qui sera discutée au cours des développements théoriques qui seront
exposés ci-dessous repose sur la condition de transversalité de la contrainte d’endettement
intertemporel. La dette est soutenable lorsque la contrainte d’endettement intertemporel n’est
pas violée, en d’autres termes lorsque la condition de transversalité est respectée. Cette
dernière dans sa forme originelle présentée par Hamilton et Flavin (1986) prend en compte un
taux d’actualisation constant qui dépend uniquement du taux d’intérêt. Cette approche
standard de la condition de transversalité de la contrainte d’endettement intertemporel est
sujette à un certain nombre de limites. O’Connell et Zeldes (1988) vont intégrer par la suite le
facteur démographique (l’évolution de la population) dans le taux d’actualisation qui devient
le produit du taux d’intérêt et du taux de croissance démographique. Cette approche standard
fait aussi l’hypothèse irréaliste d’un taux d’actualisation constant. Du fait que le taux d’intérêt
varie d’une année à une autre, Wilcox (1989) prend en compte le caractère évolutif du taux
d’intérêt dans la détermination de la condition de transversalité. Bohn (1995) réexamine les
fondements théoriques de la soutenabilité de la dette en plaçant celle-ci dans un cadre
d'
équilibre général stochastique. La condition de transversalité qui permet d'
apprécier la
soutenabilité de la dette est déterminée sans tenir compte du taux d'
intérêt, le taux
d’actualisation correspond à un taux marginal de substitution intertemporel qui dépend de la
probabilité de distribution de la dette future dans différents états de la nature.
D1 = (1+r)D0 − Z1
D2 = (1+r)D1 − Z2 = (1+r)2D0 − (1+r)Z1 − Z2
D3 = (1+r)D2 − Z3 = (1+r)3D0 − (1+ r)2Z1 − (1+ r)Z2 − Z3
8
Pour chaque période le niveau de la dette est égal au niveau de la période précédente plus les
intérêts accumulés moins le solde primaire du compte courant obtenu dans cette période.
Nous pouvons réécrire l’expression de DT comme suit :
T
D T = (1 + r) T D 0 − (1 + r) T - t Z t (8)
t =1
Le niveau de la dette en fin de période T est égal au niveau initial de la dette D0 accumulée au
taux r pour T périodes plus la somme algébrique des déficits primaires (surplus) à chaque
période t, chacun de ces déficits (surplus) étant accumulé au taux r pour T - t périodes.
Supposons que les valeurs des déficits (surplus) primaires futurs soient connues, la valeur
actualisée de DT est :
DT T
Zt
= D 0 − (9)
(1 + r) T
t = 1 (1 + r)
T
Dans un horizon infini l’équation (9) peut être réécrite comme suit :7
∞
Zt Dt
D0 =
t =1 (1 + r) t
+ Lim (1 + r)
t →∞
t
(10)
7
Lorsque t va de 1 à l'
infini et non de 1 à T
9
∞
Zt
D0 = [Condition a] (11)
t =1 (1 + r ) t
Dt
Lim (1 + r )
t →∞
t
=0 [Condition b] (12)
La condition (a) signifie que la dette initiale doit être égale à la somme actualisée des
excédents primaires futurs du compte courant. Le pays n’a pas besoin à chaque période
d’équilibrer son compte courant et peut financer son développement en s’endettant mais il ne
peut pas vivre sur des déficits perpétuels et systématiques. Les excédents primaires doivent
couvrir à terme la dette initiale. Cette équation montre aussi que le solde du compte courant
correct pour l’analyse de la soutenabilité exclut les paiements d’intérêts. Par conséquent,
grâce à l’équation (11) nous savons que le solde total du compte courant peut être
perpétuellement négatif mais pas le solde primaire. Nous savons aussi que le recours à
l’emprunt doit avoir pour contrepartie dans le futur des excédents primaires, que les déficits
ne doivent pas être systématiques, et doivent être compensés par des excédents primaires
futurs suffisants. La valeur actualisée des surplus futurs, doit permettre à terme le
remboursement de la dette initiale.
La condition (b) signifie que la limite à l’infini de la valeur actualisée de la dette doit
être nulle. La soutenabilité de la dette à long terme est assurée du fait que l’économie ne joue
pas aux jeux de Ponzi, c’est à dire qu’elle ne finance pas le remboursement du principal et des
intérêts par de nouveaux emprunts. Si le côté gauche de l’équation (12) est supérieur à zéro, la
dette n’est pas soutenable, nous interprétons cette situation comme reposant sur des déficits
extérieurs excessifs qui font que les jeux de Ponzi (cf. Encadré 1) sont utilisés pour financer
Dt
les déséquilibres extérieurs. Ainsi la valeur limite de doit être égale à zéro dans le
(1 + r) t
but d’exclure toute possibilité que l’économie rembourse sa dette par de nouveaux emprunts.
En conclusion la condition standard de soutenabilité impose qu’à long terme la dette doit
croître moins vite que le taux d’intérêt (cf. 7c, 7d) :
Dt − Dt - 1
< r
Dt - 1
10
Encadré 1 : Origine de l'expression "interdiction aux jeux de Ponzi"
Dans le Boston des années 1920, Carlo Ponzi était un escroc particulièrement astucieux, dont
le boniment assurerait aux souscripteurs des actifs qu’il avait émis à un rendement sans
commune mesure avec ceux du marché financier. Le principe de la fraude consistait à payer
l’intérêt des premiers porteurs par l’émission de nouveaux titres de dépôts. La supercherie prit
fin lorsque les investisseurs cupides mais finalement méfiant exigèrent des garanties ou du
moins le remboursement de leur dépôt auprès de Ponzi, qui n’en put mais, n’ayant en caisse,
sur les huit millions collectés, que soixante et un dollars en timbres ; arrêté, ruiné, il mourût
peu après (Bruno Cavalier 1999 in Kindelberg 1989).
Cette approche standard est sujette à un certain nombre de limites. Elle ne prend pas
en compte plusieurs facteurs comme :
• Les ressources nécessaires pour assurer le remboursement de la dette,
• L'
évolution démographique,
• La variation du taux d'
actualisation,
• Le caractère stochastique de la contrainte d'
endettement intertemporel.
11
excéder ces ressources. Pour cette raison, les deux auteurs adoptent plutôt une notion de
soutenabilité effective, imposant que tende à long terme vers zéro le rapport de la dette au
volume des ressources permettant d'
en assurer le service, mesuré par le PNB (Yt) ou encore
par les recettes brutes d'
exportations (Xt). Cette nouvelle condition de transversalité implique
que la variable de dette actualisée et normalisée8, à l'
infini, soit aussi égale à zéro. La
condition de soutenabilité théorique de la dette extérieure est satisfaite lorsque :
∞
Z t /Yt
D 0 /Y0 = [Condition a] (13)
t =1 (1 + r) t
D t /Yt
Lim (1 + r)
t →∞
t
=0 [Condition b] (14)
L'
approche standard suppose aussi que la population est constante, O'Connell et Zeldes
(1988) vont intégrer dans l'
étude de la soutenabilité le cas d'
une économie avec une
population croissante, (des lors que le taux de croissance démographique n'
est plus égal à 0).
∞
Zt Dt
D0 =
t = 1 [(1 + r)(1 + n)]
t
+ Lim [(1 + r)(1 + n)]
t →∞
t
(15)
Ou de façon équivalente :
8
Normalisée veut dire déflatée par le PNB ou les exportations
12
Dt
Lim [(1 + r)(1 + n)]
t →∞
t
=0 (17)
Dt / (1 + n)t représente le stock de dette par habitant et Zt / (1 + n)t le surplus primaire par tête.
La condition de transversalité implique que si la population croît au taux n, la dette extérieure
doit croître à un taux inférieur à (r + n) et non à (r) comme l'
indique la condition standard des
interdictions aux jeux de Ponzi. Nous obtenons donc la règle9 suivante :
Dt − Dt - 1
< r+n
Dt - 1
t
1
it = ∏ j et j = , i 0 = 1 et 0 < j t
j=1 1 + rj
L'
équation (18) peut être réécrite en actualisant chaque variable en référence à la période
équation (18) par it, on obtient :
zéro. En multipliant l'
i t Dt = i t − 1 Dt-1 − i t Zt (19)
13
Bt = Bt-1 − St (20)
∞
B0 = S t + Lim B (21)
t =1
t →∞ t
Avec :
t
1
it = ∏ j et j = , i0 = 1
j =1 1 + rj
Et :
-1
∏ (1 + r )
t
Lim (i t D t ) = Lim (B t ) = 0 avec B t = j Dt [condition b] (23)
t →∞ t →∞
j =1
La condition de transversalité présentée par Wilcox est identique à celle de Hamilton et Flavin
(1986) à la seule différence que le taux d'
actualisation est variable. Toutefois, ce dernier paraît
plus conforme à la réalité.
Au début de la seconde moitié des années 90, Bohn (1995) analyse la contrainte
d'
endettement en terme stochastique, contrairement à tout ce qui se faisait avant. Le taux
d'
actualisation ne dépend plus du taux d'
intérêt mais de l'
arbitrage que le pays effectue entre
sa consommation présente et future.
9
cette condition de soutenabilité est moins rigoureuse que la condition de transversalité standard.
14
e. Le caractère stochastique de la contrainte d'
endettement
est égale à : ht = (et, et-1, …, e0) avec ht ∈ Ht.0 La contrainte d'endettement à la période t
établit ainsi :10
s'
Dt = u t , n .( Z t + n ) + u t , n . Dt + N (25)
n≥0
D0 = Et [u t , n .( Z t + n )] (26)
n≥0
10
Pour plus de détail se conférer à l'article de Bohn (1995)
11
Cette valeur dépend de la probabilité de distribution de la dette future, en d'
autres termes elle dépend de
l'
arbitrage qui est fait entre la consommation d' aujourd'
hui et celle de demain.
12
Le "n" qui est représenté ici est un paramètre temps et n'
a rien à voir avec le "n" traité dans la partie I.3.c qui
représente le taux de croissance démographique.
15
Ou de façon équivalente :
Lim u t , n . Dt + N = 0 (27)
N→∞
L'
équation (26) diffère de l'
équation (11) puisqu'
elle utilise le taux marginal de substitution
intertemporel comme taux d'
actualisation au lieu du taux d'
intérêt sur la dette extérieure.
Ainsi, selon cette approche, la dette extérieure et le solde primaire du compte courant
dépendent de la probabilité de distribution de ces variables qui est déterminée par les facteurs
d'
actualisation dans différents états de la nature. Une mauvaise spécification des taux
d'
actualisation peut aboutir à des résultats erronés sur la soutenabilité de la dette extérieure
(Bohn, 1995). Cependant une telle analyse n'
est pas aisée à intégrer dans une étude
économétrique ou empirique.
Nous venons de passer en revue les différents développements théoriques majeurs sur
la condition de transversalité de la contrainte d'
endettement intertemporel. Cette analyse
théorique permet d'
en déduire des méthodes économétriques d'
évaluation de la soutenabilité
de la dette extérieure.
L'
approche en valeur actualisée permet de concevoir une analyse économétrique avec des
implications testables. Cette analyse économétrique de la soutenabilité de la dette peut se faire
sous plusieurs angles. En termes d'
économétrie des séries temporelles, nous pouvons en
distinguer deux types d'
analyse:
• Une analyse économétrique en terme de stationnarité,
• Une analyse économétrique en terme de cointgration.
Dans le cas où l'
analyse se fait en terme de stationnarité, deux cas sont à distingués :
• Une analyse économétrique en terme de stationnarité univariée13,
• Une analyse économétrique en terme de stationnarité bivariée14.
Lorsque l'
analyse se fait en terme de stationnarité univariée, nous étudierons, dans une
première méthode le processus de la dette actualisée, puis dans une seconde méthode le
13
On parle d'analyse économétrique en terme de stationnarité univariée lorsque l'
analyse se fait sur une variable.
14
On parle d'analyse économétrique en terme de stationnarité bivariée lorsque l'
analyse se fait conjointement sur
deux variables.
16
processus du compte courant. Dans la première méthode, la dette extérieure est considérée
comme soutenable si sa valeur actualisée est stationnaire et converge vers zéro (ou tourne
autour de zéro). Dans la seconde méthode, la dette extérieure est soutenable quand le solde
du compte courant est stationnaire et converge vers une valeur supérieure ou égale à zéro (ou
tourne autour d'
une constante positive).
Soit une série temporelle de dette actualisée notée Bt = itDt,15 comment distinguer une
politique économique soutenable d’une politique non soutenable. La réponse est donnée par la
trajectoire prévue de Bt. Si celle-ci converge vers zéro, alors la dette extérieure est soutenable.
Supposons que Bt suit un processus ARIMA :
Avec ρ(L) le ρième ordre polynomial, θ(L) le qième ordre polynomial, αo est la moyenne
inconditionnelle de la série stationnaire (1 – L)dBt. Les polynômes (ρ et θ) sont supposés
satisfaire les conditions de stationnarité et d’inversibilité. L’équation (28) fournit un cadre
15
it correspond au taux d'
actualisation, Dt à la dette extérieure et Bt à la dette extérieure actualisée
17
analytique pratique pour formaliser les propriétés qui doivent être respectés par Bt pour la
soutenabilité de la dette extérieure. D’abord Bt doit être stationnaire ; pour cela la valeur de
"d" doit être égal à zéro.17 Ensuite Bt doit avoir une moyenne inconditionnelle égale à zéro. En
d’autres termes le coefficient αo doit être égal à zéro, le graphique 3 illustre ce cas de figure :
Bt → stationnaire
Et
Lim B ( t)=0
t →∞
La condition économétrique est satisfaite, à travers l’équation (28), lorsque les deux
critères suivants sont respectés :
La dette extérieure actualisée est stationnaire autour d’une constante,
La constante (de stationnarité) est égale à zéro.
Nous rappelons qu’une série peut être intégrée d’ordre zéro c’est à dire I(0), autour d’une
constante ou d’un trend comme le souligne Kwiatkowski et al (1992). Lorsque la dette
extérieure actualisée est stationnaire autour de zéro (valeur d’état régulier) ou autour de sa
valeur moyenne (valeur d’équilibre en dynamique transitoire) qui tend vers zéro, alors la
deuxième exigence est acquise.
L’hypothèse nulle à tester repose donc sur la stationnarité de la dette extérieure actualisée
autour de sa valeur d’état régulier qui doit être égale à zéro. Si ces deux conditions ne sont pas
respectées, l’économie nationale rembourse le service de la dette par de nouveaux emprunts,
elle ne respecte pas les interdictions aux jeux de Ponzi, et nous pouvons conclure que la dette
extérieure n’est pas soutenable. Nous focaliserons notre réflexion sur deux questions :
- La dette extérieure actualisée est-elle stationnaire ?
- Si oui l’est-elle autour de sa valeur d’état régulier à savoir zéro ? ou autour de sa valeur
d’équilibre de dynamique transitoire qui doit converger vers zéro ?
16
(1 – L)d correspond à l'
opérateur de retard de différence dième
17
c'est à dire (1 – L)0
18
La procédure du test adoptée est la suivante :
• On teste d’abord l’hypothèse nulle de stationnarité de la dette extérieure actualisée.
• Si celle-ci est stationnaire, on teste l’hypothèse nulle de stationnarité autour d’une
constante ou d’un trend.
• Si elle est stationnaire autour d’une constante, on teste si c’est autour de zéro (valeur
d’équilibre d’état régulier)
• Enfin, si elle est stationnaire autour d’un trend, on teste si c’est autour de sa valeur
moyenne (valeur d’équilibre de dynamique transitoire) qui doit converger vers zéro.
Bt Cas 1
Bt stationnaire
Cas 2
Bt → stationnaire
Bt 0
Cas 3
0 Bt → stationnaire
t Bt = 0
Lorsqu'
on ne dispose pas de séries chronologiques longues, la dette actualisée risque de ne
pas converger trop tôt vers zéro (surtout lorsque l'
économie est en dynamique transitoire).
Pour pallier ce fait, il est possible d'
analyser économétriquement la soutenabilité de la dette
extérieure en étudiant la dynamique de long terme du solde du compte courant de la balance
des paiements.
18
Pour le cas 3, la série se confond avec l'
axe des abscisses.
19
2. La dynamique de long terme du solde du compte courant de la Balance des Paiements
Dt = (1+ r)Dt-1 – Zt
Dt – Dt-1= rDt-1 – Zt
L’hypothèse nulle a tester repose donc sur la stationnarité du compte courant autour de sa
valeur d’état régulier. Si ces deux conditions ne sont pas respectées, l’économie nationale est
en violation de sa contrainte d’endettement intertemporel et nous pouvons conclure que la
dette extérieure n’est pas soutenable. Le test de stationnarité nous permettra aussi de voir
20
globalement,19 si le solde du compte courant est suffisant pour le remboursement du service
de la dette sans risque de défaut de paiement ou de recourir à des renégociations de sa dette.
Nous focaliserons notre réflexion sur deux questions :
- Le solde total du compte courant est-il stationnaire ?
- Si oui, l’est-il autour de sa valeur d’état régulier ? ou autour de sa valeur d’équilibre de
dynamique transitoire qui doit converger vers zéro ?
CAt
Cas A
Cas de soutenabilité
Cas B
0
Cas de soutenabilité
t
Cas C
Absence de
soutenabilité
– CAt
19
En détail ce sera avec le test de cointégration.
21
Cette seconde méthode répond beaucoup plus que la première à l'
analyse de la
soutenabilité si les séries chronologiques sont courtes. Nous rappelons que le minimum
d'
observations qui permet d'
estimer qu'
on peut obtenir une inférence valide pour les tests de
stationnarité usuels (c'
est à dire univariés) est de 30 au regard des propriétés asymptotiques
des statistiques (Hénin et Fève 1998, Mougani et Moulemvo 2004).
Cependant lorsqu'
on se retrouve avec un manque substantiel de données, l'
analyse
économétrique en terme de stationnarité bivariée est la mieux adaptée pour répondre à la
question de la soutenabilité (Hénin et Fève, 1998).
Hénin et Fève (1998) proposent et mettent en œuvre une nouvelle procédure de tests qui
exploite l’information apportée par les séries de dette et les séries de solde considérées
conjointement. En terme de représentation a priori, l’approche proposée consiste à associer
une équation d’accumulation de la dette à une équation de réaction du solde du type de celle
considérée par Uctum et Wickens (1993).
L’équation d’accumulation de la dette établie par les deux auteurs s’écrit ainsi :
Avec d qui représente le ratio d’endettement et ξ le solde du compte courant (en % du PIB). Il
y a soutenabilité brute si le processus de la dette converge pour ϕ < 1. Lorsque le solde ξt est
considéré comme exogène, cette propriété de stabilité est suffisante dans un environnement
déterministe. Dans le cas stochastique, la soutenabilité nette, qui seule assure la stationnarité
22
de la dette, exige non seulement la condition ϕ < 1 mais aussi la stationnarité de la variable de
solde ξ.
∧
Avec qui s’interprète comme la composante autonome du solde. Les deux équations
t
combinées donnent :
∧
dt+1= (ϕ − β)dt − α + t +1
(32)
i) (ϕ − β) < 0
∧
ii)
t +1
∼ I(0)
La caractérisation des conditions de soutenabilité effective nette fait donc apparaître plusieurs
hypothèses testables comme la stationnarité des ratios de dette et de solde du compte courant.
Elle suggère aussi que la relation auxiliaire entre solde et dette héritée joue un rôle
déterminant pour la soutenabilité.
b. Une représentation des interactions entre dette extérieure et solde du compte courant
Hénin et Fève (1998) considèrent un modèle structurel constitué par une équation d'
accu-
mulation de la dette et une équation auxiliaire :
23
Le système (33, 34) implique comme équation réduite la représentation suivante de la
dynamique de la dette :
ii) Une approche plus performante, posant (ϕ−β) =1 comme une restriction jointe sur
les coefficients du système d'
équation (33, 34).
rapport au cercle unitaire permet alors de déterminer le processus suivi par chacune des
variables. La valeur estimée du paramètre discrimine entre les deux représentations que
~
sont le solde du compte courant et le solde de la balance commerciale.20 La valeur de est
égale à :
~
b *t − 1 b *t + ca 2t − 1 ca *t
=1+
b 2t − 1 + ca 2t − 1
où b *t = b t − E(b t ) et ca *t = ca t − E(ca t )
20
Hénin et Fève considère deux types de solde à savoir le solde du compte courant et le solde de la balance
commerciale, une différence dans les résultats signifieraient une importance des charges de la dette et
inversement des résultats qui ne différent pas significativement permet de conclure que le facteur d'
intérêt ne
joue pas un rôle significatif dans l'
explication de la soutenabilité ou non de la dette extérieure.
24
Nous venons d'
exposer les différentes analyses en terme de stationnarité. Le solde du
compte courant qui a aussi fait l'
objet d'
une telle analyse est égal à la différence entre les
ressources courantes et les dépenses courantes (cf. Annexe 7). Il est donc possible d'
analyser
économétriquement en terme de cointégration la soutenabilité de la dette extérieure en ayant
recours à ces deux variables.
Dans cette section nous montrons que la dette extérieure est soutenable lorsqu'
il existe
une relation de long terme entre les ressources et les dépenses de transactions courantes.
Cette partie étend les travaux de Hakkio et Rush (1991) en économie ouverte.
Reprenons l' endettement intertemporel :21
équation en valeur actualisée de la contrainte d'
∞
Zt Dt
D0 =
t =1 (1 + r) t
+ Lim (1 + r)
t →∞
t
Notons que le solde primaire du compte courant (Zt ) est égal aux ressources courantes (Rt)
moins les dépenses courantes hors intérêts (Ht), l’équation ci-dessus devient :
∞
Dt
D0 =
t =1
i t (R t − H t ) + Lim
t →∞ (1 + r) t
Dt
La question principale est de savoir si la limite de est nulle sachant que les
(1 + r) t
ressources (Rt) et les dépenses courantes hors intérêts (Ht) continuent de suivre des processus
stochastiques :
21
Les expressions "ressources courantes" et "dépenses courantes" sont bien détaillées en annexe 7, le compte de
transactions courantes enregistre à son débit les dépenses courantes et à son crédit les ressources courantes.
25
Nous avons besoin d’une équation alternative pour en déduire des implications testables.
Supposons que le taux d’intérêt soit stationnaire, avec une moyenne inconditionnelle qui est
égale à r. Ajoutons et soustrayons rDt-1 des deux côtés de l’équation dynamique fondamentale
nous obtenons (cf. annexe 6 pour démonstration) :
Où Ft = Ht + (rt − r)Dt-1,22 l’équation (36) est vérifiée à chaque période. La résolution de cette
équation vers l’avant fournit :
∞
D t -1 = λk + 1 (R t + k − Ft + k ) + Lim λk + 1 D t + k (37)
k =0
1
où λ =
1+ r
∞
H t + rt D t -1 = R t + λk −1 (∆R t + k − ∆Ft + k ) + Lim λk + 1 ∆D t + k (38)
k =0 k →∞
Soient Wt les dépenses courantes totales, Wt est égal au côté gauche de l’équation (38).
Supposons que les variables Rt et Ft ne soient pas stationnaires et quelles soient intégrées
d’ordre 1, c’est à dire stationnaires en différence première. Supposons aussi que ces deux
variables suivent des processus de marche au hasard avec dérive :
22
Ft correspond aux dépenses courantes hors intérêts (Ht) auxquelles il faut ajouter la différence entre les intérêts
observés et la moyenne des intérêts.
26
Dans ce cas l’équation (38) peut être réécrite comme suit :
Wt = + R t + Lim k + 1 ∆D t + k + t (41)
k →∞
k −1 k −1
où ≡ ( − ) et t = ( 1t − 2t )
L’équation (41) forme l’hypothèse de base qui est testée dans cette section. Si la condition de
soutenabilité est satisfaite, le troisième terme du second membre de l’équation (41) est nul et
nous pouvons réécrire l’équation (41) comme une équation de régression :
Rt = m1 + m2Wt + µt (42)
La condition économétrique est satisfaite, à travers l’équation (42), lorsque les deux
conditions suivantes sont respectées :
La première exigence que le pays doit respecter pour tendre vers un sentier de
soutenabilité repose sur l’existence d’une relation de cointégration entre les ressources et
les dépenses courantes. Deux variables sont dites cointégrées quand chacune d’elles suit
un processus non stationnaire en niveau, mais intégrées en différence avec un ordre
identique supérieur ou égal à 1, et qu’il existe une combinaison linéaire entre ces variables
qui soient stationnaires ; dans notre étude ceci est vérifié lorsque le réel m2 est tel que
Rt - m2Wt - m1 = ut soit stationnaire.
La deuxième condition est relative au vecteur de cointégration (1,-m2) qui doit être égal à
(1,-1), c’est à dire m2 =1.23
Plus précisément considérons nos deux séries temporelles. Supposons que celles-ci ne soient
pas stationnaires en niveau et ont besoin d’être différencier, au moins, une fois pour l’être.
L’hypothèse nulle à tester repose sur la stationnarité des perturbations ut et la valeur unitaire
du coefficient m2. En d’autres termes, si Rt et Wt sont non stationnaires, l’hypothèse nulle est
23
Lorsque 0 m2 1 Quintos (1995) parle de soutenabilité faible, Hakkio et Rush montrent que lorsque
m2 < 1, la condition de transversalité est toujours respectée, cependant la dérivée de Rt par rapport à Wt ne tend
pas vers l'
unité qui correspond à un compte courant équilibré.
27
que les deux variables soient cointégrées et que m2 = 1. L’existence de cette relation de
cointégration exige donc que les séries individuelles soient intégrées d’ordre supérieur ou égal
à 1. Il suffit que l’une d’elles soit stationnaire en niveau pour qu’il y ait constamment
divergence entre les séries et la condition de transversalité n’est plus respectée. Plus
clairement si Wt est non stationnaire, tandis que Rt est stationnaire, il n’y a pas de relation de
long terme entre les deux variables. Cela implique que l’économie nationale est en violation
de sa contrainte d’endettement intertemporel parce que Wt tend à croître pendant que Rt ne
croît pas. Plus formellement, dans ce cas, le m2 estimé converge vers zéro. Lorsque les deux
variables sont cointégrées avec comme vecteur de cointégration (1,-1), il n’y a pas de dérive
systématique car la différence Rt – Wt = ut est stationnaire. Si elles ne sont pas intégrées la
dérive est cependant grande.
Signification économique de m2
28
• Le second, analyse économétriquement une relation de long terme entre l'
épargne
nationale et l'
investissement domestique.
Lorsqu'
on veut aussi savoir le(s) secteur(s) à l'
origine de l'
insoutenabilité de la dette
extérieure, on peut procéder à des tests de cointégration sectoriels (Uctum et Wickens, 1993);
un qui porte sur le secteur privé et un qui porte sur le secteur public (cf. Annexes 3,4,5). Avec
ces deux tests sectoriels, il est envisageable que tous les deux secteurs puissent être à l'
origine
de l'
insoutenabilité de la dette extérieure.
Au total, nous avons présenté quatre outils d’analyse économétrique pour évaluer la
soutenabilité de la dette extérieure d’une nation suite aux politiques économiques mises en
œuvre dans un horizon temporel donné. Ces outils ont un caractère préventif et peuvent servir
aux décideurs économiques d’apporter des corrections ou de renforcer les politiques
économiques. Le recours à chacun de ces outils n’a qu’un seul objectif final à savoir parvenir
à prévenir les crises. Nous pouvons à présent passer à l'
analyse de la soutenabilité de la dette,
du Sénégal.
29
SECTION II : ANALYSE ECONOMETRIQUE DE LA SOUTENABILITE
La croissance économique est nécessaire pour réduire la pauvreté. Elle crée des
emplois et finance des dépenses sociales. Sans croissance, les pays ne peuvent véritablement
améliorer leur niveau de vie et répondre à leurs besoins fondamentaux. Toute économie est
confrontée à une contrainte de ressources pour le financement de son développement. Ce
dernier passe par la mobilisation de capitaux intérieurs et extérieurs. Certains pays,
notamment les plus pauvres, n’ont pas suffisamment de ressources intérieures pour réaliser
leurs importants besoins d’investissement. Cet écart ne peut être comblé que par des
ressources étrangères. Cela pose la problématique du financement externe du développement
qui passe par les Emprunts Extérieurs (E), les Dons, les Investissements Directs Etranger
(IDE) et les Investissements de Portefeuille (IP).
30
GRAPHIQUE 5 : PROFIL DE FINANCEMENT
EXTERNE DU DEVELOPPEMENT AU SENEGAL (1970-2002)
IP
DONCOP 1%
20%
EMPRUNT
IDE 42%
5%
DON
32%
Dt
Lim (1 + r)
t →∞
t
=0
31
1. La dynamique de long terme de la dette actualisée
Nous rappelons (cf. section I) que la dette extérieure est soutenable, selon cette approche,
lorsque les deux critères suivants sont respectés :
La dette extérieure actualisée est stationnaire autour d’une constante ;
La constante (de stationnarité) est égale à zéro.
La procédure du test adoptée est la suivante :
Nous testerons d'
abord l’hypothèse nulle de stationnarité de la dette extérieure actualisée.
Si celle-ci est stationnaire, nous testerons si elle est stationnaire autour de zéro ou autour
d’un trend qui doit converger vers zéro.
32
P
Modèle [1] : ∆xt = ρxt − 1 − φ j ∆xt − j + 1 + ε t
j=2
P
Modèle [2] : ∆xt = ρxt − 1 − φ j ∆xt − j + 1 + c + ε t
j=2
P
Modèle [3] : ∆xt = ρxt − 1 − φ j ∆xt − j + 1 + c + bt + ε t
j=2
Une faible taille de l’échantillon et/ou une rupture de tendance dans la série étudiée
réduisent la puissance des tests de Dickey-Fuller Augmentés et de Phillips et Perron à des
niveaux relativement faible. Ils peuvent ainsi conclure trop facilement et parfois de façon
erronée à l’existence de racine unitaire (Kwiatkowski et al 1992). Les tests classiques tels que
ceux de Dickey-Fuller et Phillips-Peron sondent l’hypothèse nulle de non stationnarité
(présence de racine unitaire) contre l’hypothèse alternative de stationnarité (d’absence de
racine unitaire). Kwiatkowski, Philips, Schmidt et Shin (1992) ont développé une procédure
qui prend le contre pied des tests classiques à savoir tester l’hypothèse nulle de stationnarité
contre l’hypothèse alternative de non stationnarité.
Les séries temporelles peuvent être écrites comme la somme d’une composante
déterministe, d’une marche aléatoire et d’un terme d’erreur stationnaire. L’hypothèse nulle de
stationnarité correspond à une variance de l’erreur de la marche aléatoire qui est égale à zéro.
33
L’hypothèse additionnelle est que la marche aléatoire suit une loi normale et que son erreur
qui est stationnaire est un bruit blanc normal (gaussien). Il existe deux modèles (en niveau) à
tester :
yt est la série étudiée et rt est une marche aléatoire avec un terme d’erreur ut qui suit les
caractéristiques d’un bruit blanc gaussien, normal et est un iid (0,σu2), la valeur initiale ro est
fixe, εt est supposé stationnaire et est iid N(0, σε2). Les hypothèses à tester dans le modèle 1
sont :
Ho : σu2 = 0 yt est stationnaire autour de ro
H1 : σu2 ≠ 0 yt n’est pas stationnaire
∧
S t2
ηµ = T −2 t =1
2
s (1)
y t = y + et
T l T
s 2 (1) = T − 1 et2 + 2T −1 w( s, l ) et e t − s
t =1 s =1 t = s +1
w(s,l) est la fonction de pondération qui garantit la non négativité de s2(l) ; et l est le
paramètre de troncature ;un nombre de troncature égale à zéro (l=0) implique l’absence de
34
correction en cas d’autocorrelation, lorsque la valeur statique calculée est plus petite que la
valeur critique tabulée cela veut dire que l’hypothèse nulle ne peut être rejetée pour toutes les
valeurs de l implémentées ;
La variable étudiée porte sur la dette extérieure actualisée. Pour construire cette variable,24
nous avons eu recourt à deux autres variables; la dette extérieure et le taux d'
intérêt. Les séries
sont de fréquence annuelle et sont extraites des données de la Banque Mondiale (Global
Development Finance, 2004). Notre échantillon couvre la période 1970-2002.
24
Les taux d' intérêt permettent de construire les facteurs d'
actualisation, ils suffit, après, de les multiplier par la
dette extérieure pour avoir sa valeur actualisée.
35
(b) : Test de racine unitaire sur la dette actualisée en % du PIB (1970-2002) :
Modèle avec constante et sans trend
ADF/PP t t* (1%) t* (5%) t* (10%)
ADF (1) -1.556081 -3.6496 -2.9558 -2.6164
ADF (2) -1.841454 -3.6576 -2.9591 -2.6181
ADF (3) -2.014298 -3.6661 -2.9627 -2.6200
PP(3) -1.708579 -3.6496 -2.9558 -2.6164
ADF(d) test de Dickey-Fuller Augmenté, avec d = nombre de retards, les critères d’information d’Akaiké (AIC)
et de Schwartz (SC) suggèrent un modèle optimal avec un nombre de retards égal à un (cf. annexe 8.a). PP(d)
test de Phillips-Perron, avec d comme paramètre de troncature, comme le test de Newey-Nest le suggère le
paramètre de troncature maximal est égal à trois.
Avec cette méthode la série de dette extérieure actualisée en niveau reste toujours non
stationnaire, cependant lorsque nous prenons en considération les ressources nécessaires pour
assurer le remboursement de la dette, la série exprimée en ratio devient stationnaire (la
variable de normalisation étant le PIB); les résultats sont reportés au tableau 2. Le logiciel
Eviews 4.1 suggère un paramètre de troncature égale à 5 pour le premier modèle et 4 pour le
dernier modèle.25
Tableau 2: Test de KPSS sur la dette extérieure actualisée (1970 - 2002) :
modèle avec constante sans trend
Variables KPSS(4) KPSS(5)
DA 0.526321
DAPIB 0.257422
Valeurs critiques de Kwiatkowski-Phillips-Schmidt-Shin (1992, Table 1) pour un risque de rejet à tort de
1% (0.739000), 5% (0.463000), 10% (0.347000) KPSS (l ) test de KPSS avec l comme paramètre de
troncature.
La première condition étant respectée pour la série en ratio, regardons si la seconde l’est aussi.
La régression fournit les résultats suivants (pour le modèle 1 : yt = rt + εt, rt = rt-1 + ut qui
s’écrit à l’état stationnaire : yt = r0 + εt ) :
yt = 0.264485 + εt
(18.11757)
( ) = t-Statistique
25
Le premier modèle représente la dette actualisée en niveau, et le deuxième modèle représente la dette
actualisée en pourcentage du PIB.
36
Les résultats montrent que la série est stationnaire autour d’une constante dont la valeur
relative est non nulle,26 ce qui signifie que la dette extérieure n’est pas soutenable durant la
période étudiée. Les graphiques 6 et 7 illustrent que des efforts ont été réalisés tout au moins à
partir de 1991 (en niveau) et 1985 (en ratio) avec une décroissance plus ou moins significative
en ratio ; cependant, selon la méthode de KPSS, cette série (uniquement celle qui est
stationnaire en ratio) se stabiliserait à des niveaux non nuls.
1.5E+09
1.0E+09
5.0E+08
0.0E+00
70 75 80 85 90 95 00
DADOL HPDADOL
0.4
0.3
0.2
0.1
0.0
70 75 80 85 90 95 00
D PIBAD OL VES
H PD PIBAD OL VE
La condition de transversalité qui exige que la dette actualisée tende vers zéro à l'
infini
implique aussi, implicitement, que la variation de la dette soit nulle. Or, la variation de ce
dernier détermine le solde du compte courant.28 Ce qui revient donc à tester la stationnarité du
solde du compte courant.
26
La dette actualisée serait stationnaire selon le test de KPSS autour de 26 % du PIB.
27
La dette actualisée est exprimée en dollars américains
28
Dt − Dt-1 = − CAt (cf. Section I (I.1))
37
2. La dynamique de long terme du solde du compte courant de la Balance des Paiements
L'
étude porte sur le solde du compte courant de l'
économie sénégalaise. La série est de
fréquence annuelle et est extraite des données de la Banque Centrale des Etats de l'
Afrique de
l'
Ouest (BCEAO). L'
échantillon couvre la période 1968-2003.
29
c'
est à dire celle de Trehan et Walsh (1988, 1991)
30
Pour ces deux auteurs, il suffit que le solde du compte soit stationnaire pour que la dette extérieure soit
soutenable, j'en rajoute que la constante de stationnarité doit être supérieure ou égale à zéro. Lorsque le solde est
stationnaire au tour d' une valeur négative on ne peut pas considérer que la dette de ce pays est soutenable (cf
Section I, graphique 4 pour une explication).
38
Tableau 3 : Test de racine unitaire sur le compte courant
Avec ce test, la série du compte courant en niveau reste toujours non stationnaire,
cependant lorsque nous prenons en considération les ressources nécessaires pour assurer le
remboursement de la dette, la série exprimée en ratio (la variable de normalisation est le PIB)
devient stationnaire ; les résultats sont reportés au tableau 4. Le logiciel Eviews 4.1 suggère
un paramètre de troncature égale à 4.
39
La première condition étant respectée pour la série en ratio, regardons si la seconde l’est aussi.
La régression fournit les résultats suivants (pour le modèle 1 : yt = rt + εt, rt = rt-1 + ut qui
s’écrit à l’état stationnaire : yt = r0 + εt ) :
yt = -0.062659 + εt
(-9.824481)
( ) = t-Statistique
Les résultats montrent que la série est stationnaire autour d’une constante dont la valeur
relative est négative et non nulle,31 ce qui signifie que la dette extérieure n’est pas soutenable
durant la période étudiée. Le graphique 8 illustre que des efforts ont été réalisés à partir de
1981 avec une décroissance significative ; cependant, selon le test de KPSS, cette série
(uniquement celle qui est stationnaire en ratio) se stabiliserait à des niveaux non nuls.
0.05
0.00
-0.05
-0.10
-0.15
-0.20
70 75 80 85 90 95 00
CAPIB VE
HPC APIB VES
31
Le solde du compte courant est stationnaire, selon le test de KPSS, autour d'
un déficit de 6 % du PIB.
40
Graphique 9 : Evolution du compte courant en niveau (1968-2003)
50
-50
-100
-150
-200
-250
-300
70 75 80 85 90 95 00
CA HPCA MOY
Le solde du compte courant est égal à la différence entre les ressources courantes et les
dépenses courantes. Dire que le solde du compte courant est stationnaire revient à affirmer
qu'
il existe une relation de long terme entre les variables de ressources courantes et de
dépenses courantes. Nous allons donc tester s'
il existe une relation de cointégration entre ces
deux variables en suivant la démarche de Hakkio et Rush (1991).
La relation entre les ressources courantes et les dépenses courantes est donnée par l'
équation
de régression suivante :32
Rt = m1 + m2Wt + µt
IL existe une relation de cointégration entre les ressources et les dépenses courantes.
Le vecteur de cointégration (1,-m2) est égal à (1,-1), c’est à dire m2 =1.
41
Nous rappelons qu'
il existe une relation de cointégration entre Rt et Wt (toutes deux intégrées
du même ordre supérieur ou égal à un) s'
il existe une valeur particulière m2 pour laquelle la
combinaison linéaire Rt - m2Wt - m1 est, elle, stationnaire. Nous pouvons, maintenant,
présenter les deux principaux tests qui permettent d'
étudier une relation de cointégration entre
deux variables.
Après avoir vérifié que chaque variable à une racine unitaire, la procédure proposée
par Engle et Granger peut être employée. Cette procédure estime d’abord la relation de
cointégration entre les deux variables en utilisant la méthode des m.c.o (moindres carrés
ordinaires). Ensuite les résidus sont récupérés et leur stationnarité est étudiée à travers le test
de racine unitaire de Dickey-Fuller (1981). Concrètement les deux équations de régression qui
sont estimées sont les suivantes :
R t = m1 + m 2 Wt + t équation de cointégration
t = t -1 + et équation des perturbations
Il s’agit de tester la présence d’une racine unitaire dans le processus autorégressif des
perturbations µt. Celles-ci étant inconnues, leur estimation s’obtient lors de la régression de :
∧
µ t = R t - m̂ 2 Wt - m̂1 équation des résidus
32
(cf. Section I / II.4)
42
La procédure de test mise en œuvre dont l’hypothèse nulle correspond à la non cointégration
des séries est la suivante :
Ce test consiste à voir si la série temporelle des résidus suit un processus stationnaire ou non.
Le test de significativité du coefficient ρ est obtenu grâce à l’équation de régression estimée.
Lorsque ce coefficient est statistiquement égal à zéro, t est non stationnaire ; la série des
résidus présente une racine unitaire par conséquent Wt et Rt ne sont pas cointégrées. Si ρ est
significativement différent de zéro, alors ut est stationnaire, et nous acceptons l’hypothèse
alternative de cointégration.
Le but du test de cointégration est de déterminer si un groupe de séries non stationnaires est
cointégré ou non. Considérons un VAR d’ordre p :
yt = A1y t-1+………….+ Apyt-p + Bxt + εt
Avec yt un vecteur-k de variables non stationnaires I(1), Bxt est un vecteur-d de variables
déterministes, et εt est un vecteur d’innovations. Nous pouvons réécrire ce VAR comme suit :
p −1
∆y t = Π y t − 1 + Γi ∆y t − i + Bxt + ε t
avec p i = 1
p
Π = Ai − I , Γi = − Aj
i =1 j = i +1
43
des contantes et des trends linéaires. Les cinq types d’équation de cointégration définis par
Johansen sont :
1. Le vecteur yt n’a pas de trend déterministe et les équations de cointégration n’ont pas de
constantes : H2(τ) : Πyt-1 + Bxt =αβ’yt-1
2. Le vecteur yt n’a pas de trend déterministe et les équations de cointégration ont des
constantes : H1*(τ) : Πyt-1 + Bxt =α(β’yt-1 + ρo)
3. Le vecteur yt a un trend linéaire et les équations de cointégration ont des constantes :
H1(τ) : Πyt-1 + Bxt =α(β’yt-1 + ρo) + α⊥γo
4. Le vecteur yt et les équations de cointégration ont des trends linéaires :
H*(τ) : Πyt-1 + Bxt =α(β’yt-1 + ρo + ρ1t) + α⊥γo
5. Le vecteur yt a un trend quadratique et les équations de cointégration ont des trends
linéaires H(τ) : Πyt-1 + Bxt =α(β’yt-1 + ρo + ρ1t) + α⊥ (γo +γ1t)
La distribution asymptotique des tests statistiques de cointégration ne suit pas la distribution
usuelle du χ2 et dépend des hypothèses effectivement faites sur la constante et le trend de
équation de régression (ou de cointégration) :33
données. La spécification de l'
Rt = m1 + m2Wt + µt permet de sélectionner le modèle 2.
Ho : τ = 0 il n’existe pas de relation de long terme entre les séries (non cointégration)
H1 : τ ≥ 1 il existe, au moins, une relation de long terme entre les séries (cointégration)
33
(cf. Section I, II.4)
44
Les décisions associées étant d’exclure ou d’établir une relation de cointégration entre les
séries. La règle de décision est la suivante selon la statistique de Johansen utilisée :
Le premier test est relatif à la statistique de la trace (soit le rapport de vraisemblance noté TS).
On compare la trace statistique à la valeur critique :
• Si TS > CV, on rejette l’hypothèse nulle Ho (τ = 0) : on accepte l’hypothèse de
cointégration. Le rang de cointégration est supérieur ou égal à un.34
• Si TS ≤ CV, on accepte l’hypothèse nulle Ho (τ = 0) : on rejette l’hypothèse de
cointégration. Le rang de cointégration est égal à zéro.
Le deuxième test est relatif à la statistique de la valeur propre maximale (soit le rapport de
vraisemblance noté ME). On compare la valeur propre maximale à la valeur critique :
• Si ME > CV, on rejette l’hypothèse nulle Ho (τ = 0) : on accepte l’hypothèse de
cointégration. Le rang de cointégration est supérieur ou égal à un.
• Si ME ≤ CV, on accepte l’hypothèse nulle Ho (τ = 0) : on rejette l’hypothèse de
cointégration. Le rang de cointégration est égal à zéro.35
Nous allons répondre aux questions suivantes dans le cas du Sénégal :36
• Wt et Rt sont-elles cointégrées ? En d’autres termes les perturbations de l’équation (42)
sont elles stationnaires ?
• m2 estimé est-il égal à un ?
La procédure de test adoptée est la suivante :
• On teste d’abord l’hypothèse nulle de stationnarité des ressources et dépenses courantes.
• Si celles-ci sont non stationnaires (et stationnaires en différence), on teste l’hypothèse
nulle d’absence de relation de cointégration entre les deux variables.
• Enfin si ces variables sont cointégrées, on teste l’hypothèse nulle selon laquelle le vecteur
de cointégration est (1,-1).
Remarquons ici que la non stationnarité des deux variables est un préalable à la mise en
œuvre du test.
34
TS : Likelihood Ratio dans Eviews 4.0 et Trace Statistic dans Eviews 4.1
CV : Critical Value
35
ME : Max-Eigen Statistic dans Eviews 4.1
36
Ce paragraphe est à titre de rappel, il a été énoncé dans la section I.
45
b. Analyse des résultats économétriques dans le cas du Sénégal
Les deux variables utilisées sont les ressources courantes et les dépenses courantes. Les séries
sont de fréquence annuelle et sont extraites des données de la Banque Centrale des Etats de
l'
Afrique de l'
Ouest (BCEAO). L'
échantillon couvre la période 1968-2003. Nous utilisons
aussi la variable "taux d'
intérêt" pour voir s'
il est possible de travailler en niveau; lorsque le
taux d’intérêt réel est stationnaire, il est permis de faire les tests de cointégration avec des
séries en niveau, c'
est à dire sans variable de normalisation (Hakkio et Rush, 1991). Le taux
d'
intérêt nominal est corrigé de l’inflation mesurée par le déflateur du PIB. Les données sont
extraites des logiciels de GDF (Global Development Finance, 2004) et de WDI (World
Development Indicator, 2004).37
ADF(d) test de Dickey-Fuller Augmenté, avec d = nombre de retards, les critères d’information d’Akaiké (AIC) et
de Schwartz (SC) suggèrent un modèle optimal avec un nombre de retards égal à un. PP(d) test de Phillips-
Perron, avec d comme paramètre de troncature, comme le test de Newey-Nest le suggère le paramètre de
troncature maximal est égal à trois.
37
Le taux d' intérêt nominal est extrait de GDF (Global Development Finance, 2004) et l’inflation mesurée par
le déflateur du PIB est extraite de WDI (World Development Indicator, 2004).
46
Graphique 10 : Evolution du taux d’intérêt réel (1970-2002)
10
-10
-20
-30
70 75 80 85 90 95 00
INTD MOY
Les séries crédit et débit du compte courant notées respectivement Rt et Wt ne sont pas
stationnaire en niveau et sont intégrées d’ordre 1, I(1), les résultats sont reportés aux tableaux
7 et 8, nous pouvons procéder à l’étude d’une éventuelle relation de long terme entre ces deux
séries.
47
Tableau 8 : Test de stationnarité en différence première
Augmented Dickey-Fuller test statistic
Null Hypothesis : D(R) has a Null Hypothesis : D(W)
unit root has a unit root
Lag Length : 0 (Fixed) Lag Length : 0 (Fixed)
t-Statistic = -5.799483 t-Statistic = -5.075092
Test critical values : Test critical values :
1% level -3.6353 1% level -3.6353
5% level -2.9499 5% level -2.9499
10% level -2.6133 10% level -2.6133
Rt = − 7,67 + 0,76Wt
(34,3990) (0,05365)
Comme il est bien explicité ci-dessus la soutenabilité de la dette n’est acquise qu’a
condition que m2 soit aussi égal à un après l’existence d’une relation de cointégration. Le
coefficient m2 étant tés inférieur à un, la dette extérieure n’est donc pas soutenable. m2 peut
être interprété comme un coefficient de couverture, en d’autres termes les ressources ne
38
Si l'on prend en compte une éventuelle rupture de tendance de l' une ou des deux séries, il se pourrait qu'il ai
cointégration entre les séries (cf. Annexe 12). Par ailleurs si la spécification suivante Rt = m2Wt + µt est retenue,
alors il y a cointégration entre les deux séries; ce type de spécification correspond au premier modèle de
Johansen, dans le cas du Sénégal il est le seul parmi les cinq modèles à conclure à une relation de cointégration.
39 0,76 − 1
Le "t" calculé est égal à = (– 4,47), ce qui est inférieur aux "t" tabulés à 1%, 5%, 10% qui sont
0,05365
respectivement de (2,57582), (1,95906), (1,64485)
48
parviennent pas à couvrir plus de 76,6 % des dépenses du compte courant, ce qui indique une
situation d’endettement sévère et des probabilités plus élevées de risque de défaut de
paiement, cela expliquerait peut être le nombre de fois ou le Sénégal est passé au Club de
Paris pour restructurer sa dette ; entre 1981 et 2000 le Sénégal a bénéficié de 15
renégociations de sa dette en battant le record dans tous les pays en développement amenant
Jeffrey Sachs (2002) a affirmer une crise d’endettement chronique pour ce pays. Une autre
façon d’interpréter cette équation en prenant comme variable de normalisation les dépenses
(cf. équation 43) reviendrait à dire que sur 100 unités monétaires gagnées, l’économie est
incitée à dépenser par rapport à sa mode de vie 130 unités monétaires soit 30 unités de plus,
en d’autres termes 30 % de plus que ses ressources ;
Régression de Rt sur Wt
En utilisant la méthode des moindres carrés ordinaires, la relation entre les ressources
et les dépenses courantes s’exprime ainsi :
Rt = 0,876147Wt − 4,380561 + µt
(63.08) (-0.406)
2
R = 0,991279 et ( ) = t-Statistique
49
Test de stationnarité des résidus
150
100
50
- 50
- 100
70 75 80 85 90 95 00
R esiduals
16
Ser ies : ERREUR
Sample 1968 2003
Obs erv ations 36
12
Mean 5.43E-14
Median 2.261002
Max imum 127.0730
8
Minimum -62.29191
Std. Dev . 38.00725
Sk ewnes s 1.431320
4 Kur tos is 6.381856
J ar que-Ber a 29.44748
Probability 0.000000
0
-75 -50 -25 0 25 50 75 100 125 150
40 0,87614 − 1
Le "t" calculé est égal à = (– 8,92), ce qui est inférieur aux "t" tabulés à 1%, 5%, 10% qui sont
0,013889
respectivement de (2,57582), (1,95906), (1,64485)
41
Les résidus sont en milliards de FCFA
50
Les méthodes de cointégration de Johansen d’une part et de Engle et Granger d’autre
part permettent de voir que les deux conditions de soutenabilité économétrique ne sont pas
acquises, nous pouvons, par conséquent, conclure que la dette extérieure du Sénégal sur la
période 1968-2003 n’est pas soutenable (cf. Graphique 12).
2000
1600
1200
800
400
0
1970 1975 1980 1985 1990 1995 2000
RESSOURCES DEPENSES
Observations 36 36
51
Les méthodes économétriques d'
analyse présentées précédemment supposent que le solde
du compte courant est exogène, en tenant compte du caractère endogène de ce dernier, il est
possible de redéfinir un nouveau critère de soutenabilité; c'
est la notion d'
effet feed-back du
solde du compte courant.
Uctum et Wickens (1993) proposent une nouvelle méthode pour déterminer si un pays est
en mesure de soutenir son déficit du compte courant sans un risque de défaut de payement du
service de sa dette extérieure. Cette approche est basée sur la notion de contrainte
d’endettement intertemporel de la nation qui dérive des équations d’identité comptable de la
balance des paiements. Une solution plus générale est obtenue en prenant en compte le
caractère endogène du déficit primaire du compte courant alors que les tests passés
supposaient que les déséquilibres extérieurs sont exogènes. Ils montrent que des effets feed-
back négatifs de la dette nette au déficit primaire du compte courant sont suffisants pour
assurer la soutenabilité de la dette. L’équation à tester est ainsi décrite :
b. Méthodologie économétrique
Deux conditions doivent être remplies pour que les déficits soient soutenables sans risque
de défaut de paiement (ces deux conditions correspondent à l’hypothèse nulle) : Les
coefficients φ1et φ2 doivent être négatifs et statistiquement significatifs.
∧ ∧
condition 2 -q 1
= ∧
1
> t et - q 2
= ∧
2
> t
∧ ∧
1
2
52
q et tα représentent respectivement les valeurs calculées et tabulées du ratio de Student. La
condition 1 signifie que les coefficients φ1 et φ2 sont négatifs. La condition 2 signifie que les
coefficients φ1 et φ2 sont significatifs. Le respect de ces deux critères correspond à la
condition nécessaire et suffisante pour que la contrainte d’endettement intertemporel soit
satisfaite ; ce qui se traduit par l’existence d’effets feed-back négatif de la dette extérieure
nette au déficit primaire du compte courant. Si ces deux conditions ne sont pas respectées
alors les déficits d’aujourd’hui produisent et amplifient les déficits de demain par conséquent
les déficits ne participent pas à la relance de l’activité économique et ne favorisent pas
l’amélioration du bien être de la population.
Les variables étudiées sont la dette extérieure nette et le solde primaire du compte courant.
Chacune de ces variables est déflatée par le PIB. Pour construire la série du solde primaire, il
faut ajouter les paiements d'
intérêt au solde total. Ce denier est exprimé en FCFA et est extrait
de la base de données de la de la Banque Centrale des Etats de l'
Afrique de l'
Ouest (BCEAO).
Les paiements d'
intérêt, qui sont extraits du GDF(2004), sont exprimés en dollar américain.
Pour les ramener en FCFA, nous avons utilisé la série du taux de change Dollar/FCFA, cette
série est extraite du WDI (2004). La série dette extérieure nette est exprimée en dollar, elle est
extraite de GDF (2004). Pour la ramener en FCFA, nous avons aussi eu recours au taux de
change Dollar/FCFA. Le PIB est extrait de la base de données de la Banque Centrale des Etats
de l'
Afrique de l'
Ouest (BCEAO). Les séries sont de fréquence annuelle et l'
échantillon
couvre la période 1968-2003.
Régression de l'
équation
53
Il est nécessaire de passer au test d'
autocorrélation des erreurs, car en présence d'
erreurs
autocorrélées les coefficients estimés ne sont pas BLUE (Best Linear Unbiased Estimator)42
c'
est à dire optimaux.
test d'
autocorrélation des erreurs
Le test de Breusch-Godfrey (cf. tableau 11) montre une autocorrélation des erreurs puisque la
probabilité est inférieure à 5%.
Pour corriger cela nous utilisons la méthode de Cochrane Orcutt qui fournit des estimateurs
tendant à être BLUE :
( ) = t-Statistic
Il apparaît bien que l’autocorrélation a été éliminée par la méthode proposée (cf. Tableau 12),
ce qui veut dire que les coefficients sont à présent BLUE et qu'
on peut procéder à leurs
interprétations.
Les coefficients sont positifs tout le contraire de ce qu’on attendait pour affirmait la
soutenabilité de la dette extérieure. Les déficits n’ont pas servi à relancer les activités
économiques. Nous pouvons, par conséquent, dire que la dette extérieure du Sénégal n'
était
42
Traduction de BLUE en français = le meilleur estimateur linéaire sans biais
54
pas soutenable sur la période 1970-2002 selon l'
approche de Uctum et Wickens (1993) qui
considère le caractère endogène du solde du compte courant.
L'
étude de la vitesse de convergence du compte courant de l'
économie sénégalaise
nous renseignera sur la capacité de cette économie à converger vers l'
état régulier qui
correspond à un solde du compte courant égal à zéro.
43
CA/Y correspond au solde du compte courant exprimé en pourcentage du PIB
55
d’anticipation. La variable εt capte les chocs subis par l’économie qui peuvent avoir des
causes diverses : une faible pluviométrie ou une sécheresse, une appréciation du dollar, une
augmentation brutale des taux d’intérêt et d’autres facteurs exogènes non maîtrisés par
l’économie. Si la variance de l’erreur σ2 est élevée (si les erreurs sont heteroscedastiques) cela
veut dire que l’économie et son compte courant subit un éventail important de chocs, tandis
qu’une variance faible indique des périodes plus tranquilles sans perturbations majeures.
L'
étude porte sur le solde du compte courant exprimé en pourcentage du PIB. Les séries solde
en niveau et PIB sont de fréquence annuelle et sont extraites de la base de données de la
Banque Centrale des Etats de l'
Afrique de l'
Ouest (BCEAO). L'
échantillon couvre la période
1968-2003.
∆(CA/Y)t= α + β(CA/Y)t-1 + εt
∆(CA/Y)t= −0.020111 −0.311359 (CA/Y)t-1 + εt
(-2.185) (-2.478)
( ) = t-Statistic
Le modèle est globalement significatif au seuil de 5%. Pour ce type de régression le test de
DW ne permet pas de conclure sur l'
autocorrélation des erreurs. Lorsque dans une régression
la variable endogène est retardée, la statistique de Durbin-Watson n'
est plus valable. On
remplace ce dernier par le test du h Durbin. Le test du h de Durbin (1970) nous permet
d’étudier si les erreurs sont autocorrélées. La statistique du h de Durbin est la suivante :
56
∧ n
h =
∧ 2
1− n ∧
∧
= 1−(DW/2), DW est la statistique de Durbin et Watson calculée sur le modèle précèdent, n
La règle de décision est la suivante pour un seuil critique de tα=1,96 avec un risque de rejet à
tort de 5% :
• Si |h|<1,96 nous acceptons l’hypothèse Ho d’indépendance des erreurs
• Si |h|>1,96 nous acceptons l’hypothèse d’autocorrélation des erreurs
D’après nos calculs le h de Durbin = -1,48556042 ce qui signifie que |h|<1,96. On accepte
donc l’hypothèse de non autocorrélation des résidus. Les estimateurs trouvés sont donc sans
biais et de variance minimale. Le test de Breusch-Godfrey le confirme également
(cf. Tableau 13):
9 .06
Series: ERREUR
8 Sample 1969 2003 .04
7 Observations 35
.02
6 Mean 5.20E-18
Median 0.003244 .00
5
Maximum 0.056401
4 Minimum -0.076938 -.02
Std. Dev. 0.028008
3 Skewness -0.730699 -.04
Kurtosis 3.991133
2 -.06
1 Jarque-Bera 4.547125
-.08
Probability 0.102945 1970 1975 1980 1985 1990 1995 2000
0
-0.05 0.00 0.05 ERREUR VN
57
Les résultats de la régression montrent que la vitesse de convergence (β) est très faible durant
la période 1968-2003, environ 31% par an ; les déviations par rapport à l'
état régulier ont une
demi-vie de 22 mois, ce qui indique une faible flexibilité pour lisser les chocs. Lorsqu'
on
décompose cette période en trois sous période (1968-1979, 1980-1991, 1992-2003), nous
trouvons les résultats ci-dessous :
44
Je remercie Monsieur Alan Taylor du National Bureau of Economic Research pour ses explications sur les
demi vie des déviations. La formule des demi vie se calculent en temps discret selon l'
expression suivante :
ln(0,5)/ln|1−|β||
58
Nous constatons à travers le graphique précédent que les chocs sont importants et plus
particulièrement durant la période 1975-1980 marquée par la sécheresse et une vitesse de
convergence faible qui montre le caractère rigide du compte courant et traduit l’absence de
flexibilité de l’économie dans ces structures de production et sa façon de concevoir ses
politiques économiques.
Nous venons de voir, à travers les différentes méthodes utilisées, que la dette extérieure n'
était
pas soutenable sur la période considérée par l'
étude. Nous avons aussi vu que le
remboursement de la dette du Sénégal a compromis ses efforts de développement. La question
qu'
on se pose à présent est de savoir les enseignements de politiques économiques à tirer
d'
une telle situation pour éviter que les décennies à venir soient caractérisées par des périodes
d'
insoutenabilité de la dette contractée.
Les résultats empiriques ont montré que la dette extérieure du Sénégal n’était pas
soutenable sur la période 1968-2003. Cela soutient l’importance de mettre en œuvre des
politiques de développement cohérentes et efficaces pour rendre viable les futurs ratios
d’endettement.
59
changement de la composition des activités économiques portant sur l'
ensemble des secteurs,
des branches d'
activités ou des types d'
activité à l'
intérieur d'
une même branche. Cette
restructuration de l'
économie (sur le plan de la production, de l'
emploi et des exportations
etc.…) est un processus continu vital pour créer des secteurs à haute valeur ajoutée et source
de devises. Ainsi la restructuration aura un effet sur le bien-être et la performance de
l'
économie. D'
une manière générale on peut distinguer trois catégories de restructurations :
• Une recomposition sectorielle depuis le secteur primaire surtout l'
agriculture jusqu'
aux
services en passant par l'
industrie manufacturière.
• Une restructuration à l'
intérieur d'
un secteur. Passer des industries à faible productivité
aux industries à forte productivité.
• Un réaménagement interne d'
une branche d'
activité en sélectionnant les biens et services à
forte valeur ajoutée au détriment de ceux à faible valeur ajoutée.
écart de soutenabilité est mesuré par la différence X* − Xobs, avec X* > Xobs. Une
L'
politique macro-économique efficace est nécessaire pour encourager la production de biens
exportables. X* est le niveau a atteindre, pour cela nous définissons trois mesures à mettre en
œuvre :
La diversification des exportations de biens et services ; les secteurs de l’horticulture et de
l’aviculture, par exemple, sont en expansion mais sont sous exploités alors que le marché
60
de la sous région offre au Sénégal des opportunités considérables à exploiter, les
exportations ne doivent plus dépendre de quelques produits principaux tels que la pèche,
les phosphates, le tourisme et l’arachide.
Mettre l’accent sur la formation des intervenants qui agissent dans le secteur des
exportations ou qui sont destinés à l’intégrer pour la maîtrise des facteurs de compétitivité
Procéder à la réorganisation des secteurs d’exportation en rendant formel une bonne partie
de cette activité qui reste dans le secteur informel, sans oublier aussi la restructuration des
secteurs d’exportation appartenant au secteur formel.
Ces trois mesures sont destinées à améliorer le rythme de progression des exportations
puisque l’écart de soutenabilité actuel (X* − Xobs et/ou M* − Mobs) traduit dans le cas du
Sénégal un rythme de progression des exportations inférieur à celui des importations.
écart de soutenabilité peut aussi être mesuré par la différence M*− Mobs, avec M* < Mobs.
L'
M* est le niveau a atteindre, pour cela, nous définissons trois mesures à mettre en œuvre
Développer les productions locales tels que le secteur de la riziculture ;
Faire la promotion des produits locaux;
Développer la formation à la création de biens d’équipements qui pèse lourdement sur la
facture des importations ; Il est aussi indispensable d'
encourager la formation. Le
développement économique passe par l'
adaptation des ressources humaines au progrès
technique et par la diffusion de la technologie. La formation joue à cet égard un rôle de
premier plan. L'
éducation permanente et le recyclage sont également importants et doivent
être étayés par des mesures visant à relier le système d'
éducation à l'
industrie et à soutenir
les efforts de formation de cette dernière. Pour mener une action efficace il faut favoriser
l'
établissement de liens entre l'
instruction préprofessionnelle et la formation en cours
d'
emploi.
Ces trois mesures sont destinées à réduire le rythme de progression des importations. Le
troisième volet des politiques concerne la gestion de la dette.
61
pendant 16 années d’affilés de 1981-1997. Du fait que la dette initiale était inférieure à la
somme actualisée espérée des excédents primaires futurs du compte courant, l’économie
finançait le remboursement du principal et des intérêts par de nouveaux emprunts en ayant
recourt à des politiques de déficits extérieurs excessifs et systématiques. Il s'
ensuivait des
programmes d’emprunt extérieur qui ne servaient pas à relancer les activités économiques et
ne favorisaient pas l’amélioration du bien être de la population. Si les mêmes politiques sont
conduites, les déficits d’aujourd’hui produiront et amplifieront les déficits de demain. Pour
maîtriser le poids de la dette dans l’économie, dans les années à venir, plusieurs mesures
doivent être prises :
Instaurer un système efficient d’information et de gestion de la dette. Le système
informatique de la dette extérieure est géré par une autre direction (la DTAI : Direction du
Traitement Automatique de l’Information) qui répond aux différentes demandes de la
direction de la dette en éditant des états ad hoc. Cela pose un certain nombre de problèmes
notamment l’impossibilité pour la direction d’exploiter le système à temps réel.
Résoudre le problème d’insuffisance de capital humain qui se pose au sein de la direction;
la direction est faiblement dotée en ressources humaines. Cette division qui a enregistré
plusieurs départs a vu ses effectifs passer à deux agents. Dans un passé récent, elle
comptait plus d’une dizaine d’agents. La direction ne peut mener à bien sa mission que si
elle bénéficie d’une augmentation significative de ses effectifs, d’une stabilité et d’un
renforcement des capacités de ce dernier.
Résoudre le problème de traçabilité des emplois de la dette : la transparence et l’efficacité
du système d’information supposent qu’il fournit des données complètes sur les
affectations de l’encours de la dette publique extérieure. La collecte d’information sur les
emplois de la dette est problématique car les projets financés par la dette ne font pas
toujours l’objet de rapport d’achèvement ou d’évaluation expost. Ce type de rapport est
souvent réalisé à la demande des bailleurs de fonds et même dans le cas où il existe, il ne
fournit pas généralement d’information complètes et suffisamment fines pour analyser
l’impact des projets réalisés.
Résoudre le problème de la documentation sur les questions d'
endettement international;
La direction ne dispose pas d’un service de documentation et il n’existe pas de
disponibilité de l’information sur les projets réalisés.
Résoudre le problème de l'
insuffisance des évaluations et/ou d’audit externes : les
dysfonctionnements des projets peuvent être mis en évidence et corrigés grâce aux
rapports d’évaluation à mi-parcours et d’audit externe. Dans le cas de certains projets le
62
rapport d’évaluation à mi-parcours s’est révélé déficient et aucune mission d’audit externe
n’a été réalisée durant la période d’exécution. Ces différentes insuffisances diminuent
fortement les chances de succès des projets.
Instaurer un dispositif de suivi-évaluation des projets à travers la confection et l’analyse
d’indicateurs standards capable d’apprécier les performances du projet financé par la dette
externe.
Résoudre les déficiences relatifs au système d’information (insuffisance de la transparence
des procédures, absence de manuel de procédures administratives) et à l’organisation des
projets (insuffisance du professionnalisme des responsables de projet) afin de pouvoir
procéder aux corrections nécessaires en temps opportun ;
Mettre en œuvre une politique de couverture au risque de change; tout endettement en
devises crée un risque de change qui doit être géré convenablement par l’emprunteur pour
éviter un alourdissement du service de la dette imputable aux variations du taux de
changes. Les services du trésor public révèlent qu’ils n’utilisent pas de techniques de
couverture de risque change dans le cas de la gestion de la dette extérieure. Ce qui porte à
croire que la gestion de la dette est sous-optimale.
Faire varier les conditions d’endettement en fonction du type de projet à financer.
Former et sensibiliser les bénéficiaires des projets de développement; La sensibilisation et
le renforcement des capacités des bénéficiaires constituent généralement une condition
nécessaire à la réussite des projets. Cependant dans le cas de certains projets ce volet n’est
pas exécuté de manière efficiente. Cela s'
est traduit par les phénomènes suivants :i) une
insuffisance de l’entretien des équipements installés; ii) une insuffisance ou une absence
de provisions pour amortissements permettant de renouveler les équipements, d’assurer
l’indépendance et la pérennité du projet ; et iii) une faible participation des bénéficiaires
au financement de certains équipements ou infrastructures.
Réviser la gestion des projets issus de l'
endettement : la réalisation des objectifs des
projets de développement est tributaire de facteurs situés en amont ou aval des projets. En
particulier il s’agit : a) de l’impact d’autre(s) projet(s) réalisé(s) antérieurement ou
concomitamment (exemple : la non prise en compte de la distribution de moulins par un
autre projet implanté dans la zone peut biaiser l’impact prévu du projet) ; b) des difficultés
de commercialisation de produits provenant d’activités génératrices de revenus
(maraîchage, embouche, etc.). Beaucoup de projets se focalisent sur la levée des
contraintes de production et ne prennent pas suffisamment en considération les problèmes
63
de commercialisation. Or l’absence ou l’insuffisance des débouchés remet en cause
l’augmentation des revenus et le recul de la pauvreté.
Les objectifs à venir pour les décideurs du Sénégal devraient tourner autour des axes
suivant :
- Reconstituer le circuit de la dette et mettre en évidence l’affectation de la dette contractée.
- Déterminer l’impact économique et social des projets financés et apprécier la mesure dans
laquelle ils ont répondu aux attentes des pouvoirs publics et des bénéficiaires.
- Etablir des rapports d’achèvement et d’évaluation ex post des projets financés par la dette
extérieure
- Procéder à des analyses d’impact et construire des indicateurs pertinents (taux de
rentabilité économique et sociale, impact sur la production, les revenus, l’emploi, etc.)
pour tous les projets à venir.
- La mise en place d’un service de documentation doté de moyens humains et matériels
(informatique). Ce service aurait la responsabilité de collecter et de gérer toute
information relative au circuit de la dette disponible auprès de la DDI, la DCEF, la
Direction du Trésor, la BCEAO ;45
- La gestion de la dette ne doit pas être conçue de manière isolée car elle constitue une
partie intégrante de la gestion macroéconomique globale. Le niveau et la variation de la
dette sont étroitement liés au solde des opérations de l’Etat et à la situation de la balance
des paiements. Par conséquent, il est souhaitable de renforcer la coordination entre la
DDI, la DCEF, la DPS, la Direction du Trésor et la BCEAO pour dégager une approche
globale et cohérente de la politique d’endettement extérieur. La coordination entre ces
différentes directions peut être formalisée par la création d’un comité national de suivi de
la politique d’endettement regroupant ces directions.
- Les projets en cours d’exécution doivent faire systématiquement l’objet d’audits interne et
externe selon un calendrier établi dès leur démarrage.
- Des indicateurs de suivi-évaluation doivent être mis en place et une base de données
complètes et détaillées (situation de référence, ventilation des dépenses, etc.) couvrant
toute la durée de vie des projets doit être disponible afin de faciliter toute analyse des
performances des projets. Il est donc indispensable de mettre l’accent sur les politiques de
45
DDI (Direction de la Dette et de l'
Investissement), DCEF (Direction de la Comptabilité et des Etudes
Financières ), DPS (Direction de la Prévision et des Statistiques), DDP (Direction de la Dette et de la
Planification)
64
suivi pour essayer de résoudre les problèmes risquant de provoquer de futures crises
d'
endettement.
- Le recensement systématique de l’information sur l’historique de la dette (origines,
caractéristiques, destinations) et la conservation de celle-ci par des moyens appropriés
(CD-ROM, microfiches par exemple)
- L’augmentation et la stabilité des effectifs de la DDP
Conclusions
Pour le cas du Sénégal la condition de solvabilité n’est pas respectée sur la période
1960-2003. Les tests de stationnarité sur son compte courant et sa dette actualisée nous ont
permis de voir que les déficits extérieurs étaient excessifs et systématiques amenant
l’économie à financer le remboursement du principal et des intérêts par de nouveaux
emprunts. Le solde dégagé par le compte courant était insuffisant pour assurer le
remboursement du service de la dette. Les résultats les plus optimistes montrent que les séries
de dette actualisée et du compte courant (en ratio) sont stationnaires autour d’une constante
dont la valeur relative est non nulle et négative, ce qui correspond à une absence de
soutenabilité. Les résultats nous ont aussi permis de voir que des efforts ont été réalisés à
partir de 1981, mais ils ont été insuffisants pour rendre la dette extérieure soutenable durant la
période étudiée.
65
Par ailleurs, avec une prise en compte du caractère endogène du compte courant, les
coefficients des effets feed-back de la dette nette au déficit primaire sont positifs; tout le
contraire de ce qu’on attendait pour conclure à la soutenabilité de la dette extérieure selon
l'
optique de Uctum et Wickens, 1993). Les emprunts n’ont donc pas servi à relancer les
activités économiques et à l’amélioration du bien être de la population.
En somme, les résultats empiriques prouvent que la dette extérieure courante restante était
supérieure à la valeur espérée des surplus nets commerciaux, faisant apparaître un problème
de surendettement et d’insolvabilité externe. Ces résultats donnent des justifications aux
stratégies de restructurations entamées à partir de 1981 entre le Sénégal et ses créanciers, et
l'
annulaton à 100% de la dette de ce pays vis a vis de la Banque Mondiale, du Fond Monétaire
International et de la Banque Africaine de Développement. Cela soutient aussi l’importance
de mettre en œuvre, dans le futur, des politiques de développement cohérents et efficaces pour
des ratios d’endettement viables (politique de croissance économique, politiques
commerciales, politique de gestion de la dette). Pour que la contrainte d'
emprunt
intertemporel soit respecter, il faut deux types de mesure: i) réduire la dette et/ou ii)
augmenter les exportations nettes de bien et service, d'
où l’importance de mettre en œuvre
dans les pays très endettés comme le Sénégal des politiques de développement orientées sur
l’efficacité des exportations.
L’ouverture aux capitaux par l’endettement est à la fois inévitable et souhaitable. Mais la
dette peut en définitive coûter à la nation plus chère qu’elle ne lui rapporte, elle comporte des
risques qu’une politique d’endettement résolue permettra d’éviter. Créer un climat favorable à
la gestion des futurs programmes d'
endettement constituera des atouts de réussites. Telle est la
tâche à la quelle le gouvernement devra s’atteler.
66
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69
Annexe 1 : La dynamique de long terme du PNB et de l’absorption
Yt’ représente le PNB hors intérêts versés à l’extérieur qui peut s’assimiler au PIB si l’on ne
prend pas en considération les transferts, cependant puisque ce dernier occupe une importance
au Sénégal du fait de son statut de pays en développement son intégration dans l’analyse est
capitale.
Dt = (1+ r)Dt-1 – (Yt’ – At) (3)
Dt − Dt −1 (Yt' − A t )
+ = r (4)
Dt − 1 Dt −1
Si le PNB hors intérêts versés à l’extérieur est égal à l’absorption (Yt’ – At = 0) alors le stock
de la dette extérieure croît au taux d’intérêt r :
Dt − Dt − 1
=r (4A)
Dt −1
Si le PNB hors intérêts versés à l’extérieur est inférieur à l’absorption (Yt’ – At < 0) alors le
stock de la dette extérieure croît plus vite que le taux d’intérêt :
D t − D t -1
> r (4B)
D t -1
70
Si le PNB hors intérêts versés à l’extérieur est supérieur à l’absorption (Yt’ – At > 0) deux cas
qui dépendent de l’ampleur du surplus sont à distingués :
Cas 1 : Lorsque le différentiel qui est positif couvre moins que les paiements d’intérêts c’est à
dire [(Yt’ – At) < rDt], le stock de la dette croît moins vite que le taux d’intérêt :
Dt − Dt −1
0< < r (4C)
Dt −1
Cas 2 : Lorsque le différentiel qui est positif couvre plus que les paiements d’intérêts c’est à
dire [(Yt’ – At) > rDt], le stock de la dette extérieure se réduit au cours du temps :
Dt − Dt −1
<0 (4D)
Dt −1
Nous allons montrer à présent que la dette extérieure est soutenable lorsqu'
il existe une
relation de long terme entre le PNB et l'
absorption.
Reprenons l'
équation en valeur actualisée de la contrainte d'
endettement intertemporel
∞
Zt Dt
D0 =
t =1 (1 + r) t
+ Lim (1 + r)
t →∞
t
Notons que le solde primaire du compte courant (Zt) est égal au PNB hors intérêt (Yt’) moins
la demande intérieure (At), l’équation ci-dessus devient :
∞
Dt
D0 =
t =1
i t (Yt' − A t ) + Lim
t →∞ (1 + r) t
(5)
71
Dt
La question principale est de savoir si la limite de est nulle sachant que les
(1 + r) t
ressources (Yt’) et la demande intérieure (At) continuent de suivre des processus
stochastiques :
Nous avons besoin d’une équation alternative pour en déduire des implications testables.
Supposons que le taux d’intérêt est stationnaire, avec une moyenne inconditionnelle qui est
égale à r. Ajoutons et soustrayons rDt-1 des deux côtés de l’équation dynamique fondamentale,
nous obtenons :
Où Ft = At + (rt − r)Dt-1, l’équation (6) est vérifiée à chaque période. La résolution de cette
équation vers l’avant fournit :
∞
D t -1 = λk + 1 (Yt'+ k − Ft + k ) + Lim λk + 1 D t + k (7)
k =0
1
où λ =
1+ r
∞
A t + rt D t -1 = Yt'+ λk − 1 (∆Yt'+ k − ∆Ft + k ) + Lim λk + 1 ∆D t + k (8)
k =0 k →∞
Soit Wt le côté gauche de l’équation (8). Supposons que les variables Yt'et Ft ne soient pas
stationnaires et quelles soient intégrées d’ordre 1, c’est à dire stationnaires en différence
72
première. Supposons aussi que ces deux variables suivent des processus de marche au hasard
avec dérive :
Yt'= Ψ+ Y'
t-1 + µ1t (9)
Ft = α +Ft-1 + µ2t (10)
k −1 k −1
où ≡ ( − ) et t = ( 1t − 2t )
L’équation (11) forme l’hypothèse de base qui est testée. Si la condition de soutenabilité est
satisfaite le troisième terme du second membre de l’équation (11) est nul et nous pouvons
réécrire l’équation (11) comme une équation de régression :
Yt’= m1 + m2Wt + µt
Yt’= m1 + m2 (At + rDt-1) + µt
73
Annexe 2 : La dynamique de long terme de l’investissement et de l’épargne
Zt – rDt = CAt = Yt – At
Zt = Yt – (Ct + It + Gt) + rDt = St – It + rDt = St’ – It (2)
Dt − Dt − 1 (S 't − I t )
+ = r (4)
Dt − 1 Dt − 1
Dt − Dt − 1
=r (4A)
Dt − 1
Si St’ – It < 0 alors le stock de la dette extérieure croîtra plus vite que le taux d’intérêt :
D t − D t -1
> r (4B)
D t -1
Si St’ – It > 0 deux cas qui dépendent de l’ampleur du surplus sont à distingués :
74
Cas 1 : Lorsque le différentiel qui est positif couvre moins que les paiements d’intérêts c’est à
dire [(St’ – It ) < rDt], le stock de la dette croît moins vite que le taux d’intérêt :
Dt − Dt − 1
0< < r (4C)
Dt − 1
Cas 2 : Lorsque le différentiel qui est positif couvre plus que les paiements d’intérêts c’est à
dire [(St’ – It ) > rDt], le stock de la dette extérieure se réduit au cours du temps :
Dt − Dt − 1
<0 (4D)
Dt − 1
Reprenons l'
équation en valeur actualisée de la contrainte d'
endettement intertemporel :
∞
Zt Dt
D0 =
t =1 (1 + r) t
+ Lim (1 + r)
t →∞
t
∞
(S 't − I t ) Dt
D0 =
t =1 (1 + r) t
+ Lim
t →∞ (1 + r) t
(5)
Dt
La question principale est de savoir si la limite de est nulle sachant que St’ et
(1 + r) t
75
Nous avons besoin d’une équation alternative pour en déduire des implications testables.
Supposons que le taux d’intérêt est stationnaire, avec une moyenne inconditionnelle qui est
égale à r. Ajoutons et soustrayons rDt-1 des deux côtés de l’équation dynamique fondamentale,
nous obtenons :
Où Ft = It + (rt − r)Dt-1, l’équation (6) est vérifiée à chaque période. La résolution de cette
équation vers l’avant fournit :
∞
D t -1 = λk + 1 (S 't + k − Ft + k ) + Lim λk + 1 D t + k (7)
k =0
1
où λ =
1+ r
∞
I t + rt D t -1 = S 't + λk −1 (∆S 't + k − ∆Ft + k ) + Lim λk + 1 ∆D t + k (8)
k =0 k →∞
Supposons que les variables St’ et Ft ne soient pas stationnaires et quelles soient intégrées
d’ordre 1, c’est à dire stationnaires en différence première. Supposons aussi que ces deux
variables suivent des processus de marche au hasard avec dérive :
It = + S t + Lim k + 1 ∆D t + k + t (11)
k →∞
k −1 k −1
où ≡ ( − ) et t = ( 1t − 2t )
L’équation (11) forme l’hypothèse de base qui est testée. Si la condition de soutenabilité est
satisfaite le troisième terme du second membre de l’équation (11) est nul et nous pouvons
réécrire l’équation (11) comme une équation de régression :
St = m1 + m2It + ut (12)
76
Annexe 3 : Prise en compte des responsabilités du secteur public et privé
Nous pouvons aussi décrire la répartition du revenu du ménage qui se fait entre la
consommation, l’épargne et l’impôt, ce qui nous donne en notant T l’impôt, S l’épargne :
Y =C+S+T (2)
X–M=S–I+G-T (3)
77
Globalement l'
analyse des ces quatre cas nous montre que si les ressources intérieures
composées de l'
épargne et des recettes fiscales (les impôts) sont insuffisantes pour faire face à
l'
investissement et aux dépenses publiques, il y aura des mouvements de capitaux du reste du
monde vers le pays éprouvant un déficit de sa BPC. Cette équation permet aussi de déterminer
le(s) secteur(s) à l’origine des emprunts excessifs.
78
Annexe 6 : Démonstrations de l'expression Ft + (1+ r)Dt-1 = Dt + Rt
Dt = (1+ rt)Dt-1 – Zt
Dt + rDt-1 = (1+ rt)Dt-1 – Zt + rDt-1
Dt + rDt-1 = (1+ rt)Dt-1 – (Rt − Ht) + rDt-1
Dt + rDt-1 = Dt-1 + rtDt-1 – Rt + Ht + rDt-1
Dt + rDt-1 = (1+ r)Dt-1 – Rt + Ht + rtDt-1
Dt + rDt-1 = (1+ r)Dt-1 – Rt + Ht + rtDt-1 – rDt-1
Dt = (1+ r)Dt-1 – Rt + Ht + (rt – r)Dt-1
Dt + Rt = (1+ r)Dt-1 + Ht + (rt – r)Dt-1
Ht + (rt – r)Dt-1 + (1+ r)Dt-1 = Dt + Rt
Posons Ft = Ht + (rt – r)Dt-1 alors
Ft + (1+ r)Dt-1 = Dt + Rt
79
Annexe 7 : La balance des paiements
80
Les comptes
La balance des paiements se compose de trois comptes principaux :
Le compte des transactions courantes
Le compte de capital
Le compte financier
Le poste des erreurs et omissions nettes sert à équilibrer la BP
• Les biens (marchandises). Les exportations et importations ne concernent que les biens;
• Les services (transports, voyages, assurances, frêt, dépenses des touristes). Les services
sont retracés à part;
• Les revenus (du travail et du capital46). Les revenus issus des facteurs de production
(intérêts des prêts, dividendes des investissements directs etc.) sont retracés avec les
revenus du travail (des non résidents). Les intérêts payés par les pays endettés sont inclus
dans les revenus des investissements (postes intérêts);
• Les transferts courants (les biens et services fournis ou reçus sans contrepartie
identifiable). On retrouve notamment dans la rubrique autres transferts les envois de fond
des travailleurs émigrés devenus résidents d'
autre économie ainsi que les subventions
accordées par des Etats étrangers tels que les dons au titre de l'
aide au développement.
Le compte de capital
Ce compte regroupe :
• Les transferts en capital (remises de dette, aide à l'
investissement);
• Acquisition d'
actifs non financiers (vente de brevets, droit d'
auteurs, transferts en bien
d'
équipement, etc.)
La balance du capital ne comprend à présent que des opérations limitées.
Le compte financier
46
Les revenus du capital sont aussi appelé revenus des investissements
81
Investissements directs (détention de plus de 10 % du capital de l'
entreprise investie);
Investissements de portefeuille. titre de participation ( détention de moins de 10 % du
capital de l'
entreprise investie) et titres de créances ( obligations et autres titres
d'
endettement)
Les autres investissements (les prêts bancaires internationaux, les crédits commerciaux,
les prêts et placements).
Produits financiers dérivés destinés à la couverture des risques (intérêts sur swaps
primes option appels de marge et dépôts de garantie)
• Les avoirs de réserve et postes apparentés qui regroupent les rubriques suivantes:
Les avoirs de réserve (or, avoirs en droit de tirage spéciaux, position nette de réserve
au FMI, avoirs en devises)
Financement exceptionnel. Ce poste, que l'
on retrouve souvent dans les BP des pays
en développement, regroupent des opérations qui ne constituent pas un mode de
financement régulier (rééchelonnements du service de la dette, conversion de dette,
arriérés de paiement, etc.)
Contrairement à ce qui était fait antérieurement, il est maintenant prescrit d'
exclure le poste
des réévaluations des avoirs de réserve, ainsi que leurs contreparties. Les erreurs et omissions
nettes enregistrent la différence entre ressources et emplois (erreurs statistiques, etc.).
Les soldes
82
Le solde de la balance globale récapitule l'
ensemble des transactions effectuées par les agents
privés entre l'
économie et le reste du monde. Il indique donc la variation de la quantité de
monnaie dans le pays due aux relations extérieures de ce pays avec le reste du monde.
L'
équilibre comptable de la BP est donnée par la relation suivante :
BTC + BCA = R
Avec
BTC : Balance des transactions courantes
BCA : Balance des capitaux
R : Variation des réserves en devises
Le solde de la balance globale (BG) est tel que BG = BTC + BCA
R apparaît comme la variation de la quantité de monnaies dans le pays due aux relations
extérieures de ce pays avec le reste du monde. La manière dont s'
équilibre la balance des
paiements est en grande partie déterminée par le régime de change. En régime de change fixe,
c'
est la variation des réserves qui permet l'
ajustement des ressources et des emplois (de l'
offre
et de la demande de devises). EN régime de flexible (quand le taux de change est librement
déterminé sur le marché), c'
est la variation du taux de change qui permet cet ajustement. Dans
ce dernier cas, un pays importateur de capitaux verra son taux de change s'
apprécier, ce qui
devrait conduire à une perte de compétitivité :
En taux de change fixe R 0
En taux de change flexible R=0
83
BALANCE DES PAIEMENTS : PRESENTATION STANDARD.
DESCRIPTION DU CONTENU DES RUBRIQUES ET DES MODES DE COMPTABILISATION
Solde courant
Balance des capitaux et des
opérations financières
Compte de capital Opérations portant sur du capital, au Comprend les transferts en capital
sens de la formation Brute de (subventions pour investissement,
capital des comptes nationaux tel que la construction de route, etc.,
les remises de dette, les acquisitions
et cessions d'actifs non financiers
non produits
84
résidents en vue d' acquérir un transaction initiale, mais aussi les
intérêt durable dans une entreprise transactions ultérieures entre maison
non-résidente -mère et filiale (emprunts, prêts,
En pratique, l'investisseur direct doit bénéfices réinvestis). Les
détenir au moins 10 % des actions désinvestissements sont
ou des droits de vote de l' entreprise comptabilisés comme des
dans laquelle il investi investissements directs négatifs
De l'
Etranger à l'
Economie Flux financiers effectués par des idem
non-résidents en vue d' acquérir un
intérêt durable dans une entreprise
résidente
Investissements de portefeuille Transactions sur des titres de
participation (actions), de créances
(obligations et autres titres
d'endettement, instruments du
marché monétaire, produits
financiers dérivés)
Autres Investissements Crédits commerciaux, prêts à court
et long termes, y compris les crédits
et prêts du FMI
Erreurs et Omissions Ce poste enregistre la différence
entre le total des ressources et le
total des emplois recensés par
ailleurs.
Financement
Avoirs de réserve Transactions portant sur les avoirs Comprend notamment les avoirs en
dont les autorités monétaires devises (monnaie fiduciaire, dépôts
considèrent qu' elles disposent pour et titres), l'
or "monétaire" détenu par
répondre essentiellement aux la banque centrale ( l'or commercial
besoins de financement de la est traité comme une marchandise
balance des paiements quelconque), les DTS, la position de
réserve au FMI
Financement exceptionnel Réduction de dette,
rééchelonnements
Source : Raffinot (2004)
85
Annexe 8 : Critères d’information et sélection du modèle optimal
86
Annexe 9 : Présentation détaillée des résultats économétriques
87
Augmented Dickey-Fuller Unit Root Test on D(CR)
88
Augmented Dickey-Fuller Unit Root Test on CA
89
Augmented Dickey-Fuller Unit Root Test on CAPIB
90
KPSS Unit Root Test on CA
Null Hypothesis: CA is stationary
Exogenous: Constant
Bandwidth: 4 (Newey-West using Bartlett kernel)
LM-Stat.
Kwiatkowski-Phillips-Schmidt-Shin test statistic 0.538141
Asymptotic critical values*: 1% level 0.739000
5% level 0.463000
10% level 0.347000
*Kwiatkowski-Phillips-Schmidt-Shin (1992, Table 1)
91
Augmented Dickey-Fuller Unit Root Test on DA
Null Hypothesis: DA has a unit root
Exogenous: Constant
Lag Length: 0 (Fixed)
t-Statistic Prob.*
Augmented Dickey-Fuller test statistic -1.648771 0.4468
Test critical values: 1% level -3.653730
5% level -2.957110
10% level -2.617434
*MacKinnon (1996) one-sided p-values.
92
Augmented Dickey-Fuller Unit Root Test on DPIBADOL
Null Hypothesis: DPIBADOL has a unit root
Exogenous: Constant
Lag Length: 0 (Fixed)
t-Statistic Prob.*
Augmented Dickey-Fuller test statistic -1.556081 0.4929
Test critical values: 1% level -3.653730
5% level -2.957110
10% level -2.617434
*MacKinnon (1996) one-sided p-values.
93
KPSS Unit Root Test on DADOL
94
KPSS Unit Root Test on DPIBADOL
95
KPSS Unit Root Test on CR et DE
96
Johansen Cointegration Test
97
Annexe 10 : Graphes "compte courant"
.0
-.1
-.2
-.3
-.4
-.5
-.6
-.7
1970 1975 1980 1985 1990 1995 2000
CAX HPCAX
.00
-.04
-.08
-.12
-.16
-.20
1970 1975 1980 1985 1990 1995 2000
CAPIB HPCAPIB
98
Annexe 11 : Graphes "ressources courantes" et "dépenses courantes"
1.4 1.4
1.2 1.3
1.0 1.2
1970 1975 1980 1985 1990 1995 2000 1970 1975 1980 1985 1990 1995 2000
99
Annexe 12 : test de cointégration avec rupture de tendance
Brown, Durbin et Evans (1975) ont proposé des tests de stabilité des coefficients basés sur le
calcul des résidus récursifs. Ces tests sont des tests graphiques permettant d'
accepter ou non
l'
hypothèse de stabilité. L'
intérêt de ces tests réside dans le fait qu'
il permet d'
étudier la
stabilité d'
une régression sans définir a priori la date de rupture sur les coefficients. Quand on
travaille sur des séries temporelles, la date à laquelle des changements interviennent dans les
coefficients n'
est pas toujours facilement repérable. Les tests CUSUM permettent d'
examiner
la stabilité d'
une régression sans connaître la date de rupture. La représentation graphique des
résidus récursifs cumulés permet de tester la stabilité temporelle de la régression et de
visualiser les dates d'
éventuelles ruptures de comportements.
La règle de décision graphique est la suivante :
H0 : Le modèle est stable le graphique ne sort pas du corridor (cf Graphique 1),
on accepte l'
hypothèse de stabilité des coefficients de la régression.
H1 : Le modèle n'
est pas stable le graphique sort du corridor (cf Graphique 2),
on accepte l'
hypothèse d'
instbilité des coefficients de la régression.
100
Graphique 1 Graphique 2
t t
101
Le choix de la date de rupture
Il suffit d'
exécuter le test de Chow pour toutes les valeurs d'
instabilité (et les valeurs
alentours) détectées par les tests Cusum. La date de rupture correspond à la valeur de
F-statistique la plus élevée (ou du maximum de vraisemblance la plus élevée). Le choix de
cette date de rupture permet de récrire les équations de stationnarité et de cointégration à
retester.
Rt = α + σD + βWt + et (10)
Avec D qui correspond à la variable muette. Avec D qui est égale à 1 durant la période de
rupture. Rt et Wt représentent respectivement les ressources et dépenses courantes.
2000
1600
1200
800
400
0
1970 1975 1980 1985 1990 1995 2000
RESSOURCES DEPENSES
102
Il y a une rupture de tendance ponctuelle.
1.6
1.2
0.8
0.4
0.0
- 0.4
70 75 80 85 90 95 00
Cependant il n'
y a pas de rupture de tendance structurelle
20
10
-10
-20
70 75 80 85 90 95 00
103
Le F-Statistique suggère l'
année 1994 comme date de rupture
20
18
16
14
12
F-statistic
10
Log likelihood ratio
8
0
1979 1980 1981 1982 1983 1984 1985 1986 1987 1988 1989 1990 1991 1992 1993 1994 1995 1996 1997 1998
104
Les résultats de l’équation de régression se présente ainsi :
120
80
40
- 40
- 80
70 75 80 85 90 95 00
R ESID U
Les valeurs critiques tabulées qui sont utilisées pour le test de Engle et Granger sont celles de Davidson et
MacKinon (1993), 1 %, 5 %, et 10 %, elle est égale à –3,90/–3,34/–3,04.
47
Les résidus sont en milliards de FCFA
105
Tableau : Test de racine unitaire sur les résidus avec rupture de tendance :
Modèle avec constante et sans trend
ADF/PP t* (1%) t* (5%) t* (10%)
ADF (1) -3.6289 -2.9472 -2.6118
ADF (2) -3.6353 -2.9499 -2.6133
ADF (3) -3.6422 -2.9527 -2.6148
PP(3) -3.6289 -2.9472 -2.6118
VCDM –3,90 –3,34 –3,04.
Les valeurs critiques tabulées qui sont utilisées pour le test de Engle et Granger sont celles de
Davidson et MacKinon (1993), elles correspondent à la ligne VCDM.
Dependent Variable: CR
Method: Least Squares
Date: 01/09/06 Time: 11:03
Sample: 1968 2003
Included observations: 36
Variable Coefficient Std. Error t-Statistic Prob.
C 19.82538 11.14801 1.778379 0.0846
DE 0.794236 0.024644 32.22793 0.0000
DU 96.32872 25.46066 3.783434 0.0006
R-squared 0.994091 Mean dependent var 540.7448
Adjusted R-squared 0.993733 S.D. dependent var 412.9319
S.E. of regression 32.68917 Akaike info criterion 9.891620
Sum squared resid 35263.20 Schwarz criterion 10.02358
Log likelihood -175.0492 F-statistic 2775.961
Durbin-Watson stat 0.810505 Prob(F-statistic) 0.000000
106