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"Le monde auquel je suis est toujours un monde que je partage avec d’autres."
Martin Heidegger (1889-1976)
"Autrui joue toujours dans la vie de l’individu le rôle d’un modèle, d’un objet, d’un associé ou
d’un adversaire."
Sigmund Freud (1856-1939)
"Le visage d’autrui est dénué (sans défense) ; c’est le pauvre pour lequel je peux tout et à qui
je dois tout."
Emmanuel Levinas (1906-1995)
"Je n’existe que dans la mesure où j’existe pour autrui."
Emmanuel Mounier (1905-1950)
DESIR
"Parmi les désirs, certains sont naturels, d’autres sont vains. Parmi les désirs naturels, certains sont
nécessaires, d’autres sont simplement naturels."
Épicure (342-270 av. J.-C.)
"Il ne faut pas gâter les choses présentes par le désir des absentes."
Épicure (342-270 av. J.-C.)
"Ce n’est pas par la satisfaction des désirs que s’obtient la liberté, mais par la destruction du désir."
Épictète (50-125)
"Ma maxime était de tâcher toujours plutôt à me vaincre que la fortune, et à changer mes désirs que
l’ordre du monde."
René Descartes (1596-1650)
HISTOIRE
"Un homme versé dans l’histoire peut être regardé comme ayant vécu depuis le
commencement du monde."
David Hume (1711-1776)
Cette citation répond à la question de l’utilité de l’histoire : l’histoire sert à accumuler une
expérience qui remonte aux origines de l’humanité. En effet, par l’histoire, chaque génération
transmet la mémoire des générations passées, et la jeune génération bénéficie des découvertes
et des leçons du passé. Ainsi, les hommes ne sont pas condamnés à recommencer de zéro à
chaque génération, comme le font les animaux. Grâce à l’histoire, l’humanité peut progresser
et s’améliorer en évitant de refaire des erreurs.
L’histoire des sciences, par exemple, permet à chaque chercheur de s’appuyer sur les
découvertes d’Archimède ou Newton ; de même pour la médecine. En revanche, on peut
s’interroger sur la politique ou la morale ; dans ce domaine, Hegel considère qu’on ne tire pas
de leçons du passé, parce que chaque situation est nouvelle et ne peut être comparée aux
situations du passé. De fait, on peut se demander s’il y a un progrès de l’humanité en politique
et en morale.
Comment l’utiliser ? Cette citation peut être mobilisée dans un sujet sur notre rapport au
temps, sur le rôle politique de l’histoire, sur l’existence humaine étendue aux générations
passées, ou sur la possibilité d’un progrès en histoire.
"Ce que raconte l’histoire n’est en fait que le long rêve, le songe lourd et confus de
l’humanité."
Arthur Schopenhauer (1788-1860)
"La devise générale de l’histoire devrait être Eadem sed aliter (les mêmes choses mais d’une
autre manière.)"
Arthur Schopenhauer (1788-1860)
"On peut envisager l’histoire de l’espèce humaine en gros comme la réalisation d’un plan
caché de la nature pour produire une constitution politique parfaite."
Emmanuel Kant (1724-1804)
"L’histoire de toute société jusqu’à nos jours n’a été que l’histoire des luttes de classes."
Karl Marx (1818-1883)
Hegel (1770-1831)
TERMINALE S – PHILOSOPHIE
LA CONSCIENCE :
« Ce n'est pas la conscience des hommes qui détermine leur existence, c'est au contraire leur
existence sociale qui détermine leur conscience » : Marx.
« Qu'une chose se passe dans ton âme ou que tu en sois de plus averti, voilà qui n'est pas la
même chose » : Freud, Essai de psychanalyse appliquée.
« Les hommes ont conscience de leurs désirs mais non des causes qui les déterminent à
désirer » : Spinoza.
LE DÉSIR :
« Ce n'est pas par la satisfaction du désir que s'obtient la liberté, mais par la destruction du
désir » : Épictète, Manuel.
« Ne demande point que les choses arrivent comme tu les désires mais désire qu'elles arrivent
comme elles arrivent et tu prospéreras toujours » : Épictète, Manuel.
L'ART :
« Personne ne peut voir dans l'oeuvre dans l'artiste comment elle s'est faite ; c'est son
avantage, car partout où l'on peut assister à la formation, on est un peu refroidi » : Nietzsche,
Humain, trop humain.
LE TRAVAIL :
« Le travail éloigne de trois grands maux : l'ennui, le vice et le besoin » : Voltaire, Candide.
LA RELIGION :
« L'ignorance, la peur, voilà les deux pivots de toute religion » : Baron d'Holbach, Système de
la nature.
« La religion sans la conscience morale, n'est qu'un culte superstitieux » : Kant, Réflexions sur
l'éducation.
« On trouve des sociétés qui n'ont ni science, ni art, ni philosophie. Mais il n'y a jamais eu de
société qui n'a jamais eu de religion » : Bergson, Les deux sources de la morale et de la
religion.
LA DÉMONSTRATION :
« Ceux qui sont naturellement doués pour le calcul ont pour ainsi dire l'esprit agile dans toutes
les autres sciences » : Platon, La République.
« L'évidence paralyse la démonstration » : Reverdy, Le Gant de crin.
« On peut, sur les vérités de fait, se passer de la démonstration si l'on sait se servir de
l'expérience » : Bacon, Opus majus.
« Les premiers principes ne peuvent être connus que par intuition ; et au contraire les
conséquences éloignées ne peuvent l'être que par déduction » : Descartes, Règles pour la
direction de l'esprit.
LE VIVANT :
« La vie, c'est l'ensemble des fonctions qui résistent à la mort » : Bichat, recherches
physiologiques sur la vie et la mort.
« Un être organisé n'est pas simplement machine, car la machine possède uniquement une
force motrice ; mais l'être organisé possède en soi, une force formatrice » : Kant, Critique de
la faculté de juger.
« Une des propriétés fondamentales qui caractérisent tous les êtres vivants sans exception :
celle d'être des objets doués d'un projet » : Monod, Le hasard et la nécessité.
LA MATIÈRE ET L'ESPRIT :
« L'esprit n'est lui-même que le produit le plus élevé de la matière » : Engels, La fin de la
philosophie classique allemande.
« L'âme de l'homme est réellement distincte du corps, et toutefois elle lui est si étroitement
conjointe et unie qu'elle ne compose que comme une même chose avec lui » : Descartes,
Abrégé des Méditations métaphysiques.
« Il n'y a pas de tyran qui aime la vérité, car la vérité n'obéit pas » : Alain.
« Le vrai et le faux ne sont pas dans les choses, mais dans la pensée » : Aristote.
LA SOCIÉTÉ :
« La plus ancienne de toutes les sociétés et la seule naturelle est celle de la famille » :
Rousseau, Du Contrat social.
« Chacun appelle barbarie ce qui n'est pas de son usage » : Montaigne, Essais.
« L'homme n'existe que pour la société et la société ne le forme que pour elle » : De Bonald,
Théories du pouvoir politique et religieux.
L'ÉTAT :
« Résistance et obéissance, voilà les deux vertus du citoyen. Par l'obéissance, il assure l'ordre,
par la résistance, il assure la liberté » : Alain, Propos d'un Normand.
LA LIBERTÉ :
« Je ne puis prendre ma liberté pour but, que si je prend également celle des autres pour but »
: Sartre, L'existentialisme est un humanisme.
« Les Hommes se trompent en ce qu'ils se croient libres ; et cette opinion consiste en cela seul
qu'ils ont conscience de leurs actions et sont ignorants des causes par lesquelles ils sont
déterminés » : Spinoza, Éthique.
LE BONHEUR :
« Il n'y a qu'une erreur inée : celle qui consiste à croire que nous existons pour être heureux » :
Schopenhauer, le Monde comme Volonté et comme Représentation.
« Pour ne pas devenir très malheureux, le moyen le plus certain est de na pas demander à être
très heureux » : Schopenhauer, Aphorismes sur la sagesse dans la vie.
« Le bonheur n'est réel que s'il est partagé » : Into the Wild, film. ( référence )
« Ne faites pas des choses dont vous pourriez vous repentir plus tard et vous prosperez pour
toujours » : paroles du Bouddha concernant le bonheur spirituel et matériel, religion.
S'étonner devant une réalité ou devant la réalité dans son ensemble, c'est en prendre
conscience, prendre du recul par rapport au réel et le considérer comme n'allant pas de soi,
comme problématique. C'est découvrir son ignorance aussi, et donc se mettre en quête de la
connaissance. Philosopher c'est s'étonner ou se déprendre de notre attitude quotidienne vis-vis
du réel et le mettre en question, au sens littéral : en faire une question.
Bachelard a mis en évidence dans le livre dont est tirée cette phrase que l'esprit qui veut faire
oeuvre de science ne doit pas seulement affronter des obstacles externes, mais aussi des
obstacles qui viennent de lui. Il y a dans nos manières habituelles de raisonner, dans notre
esprit même des éléments qui font "obstacle à la spiritualisation".
Autrement dit, pour acquérir l'esprit scientifique, il nous faut, avant de vaincre la nature, lutter
contre nous-même, contre les penchants naturels de notre esprit. Il nous faut surmonter ce que
Bachelard appelle donc des obstacles épistémologiques.
Cette affirmation ne peut se comprendre que si on prête attention à l'expression "en droit" qui
est utilisée ici. Une opinion peut être vraie, dans son contenu : je peux émettre une opinion sur
un sujet que je ne connais pas du tout et, par chance, "tomber juste" comme don dit. Mais là
n'est pas le problème pour Bachelard. Une opinion, même "juste", n'a pas de valeur, en
tant qu'opinion : ce qui est en cause c'est la manière par laquelle elle a été établie. En fait,
une opinion, dans son sens le plus bas, considéré ainsi par l'auteur, est une affirmation que
nous émettons à propos d'un objet, d'un problème, sur lequel nous n'avons pas réellement
réfléchi. Nous réagissons simplement, ou nous disons ce que nous avons entendu ou ce qui
nous est passé spontanément par la tête.
Or, comme le dit encore Bachelard, "L’esprit scientifique nous interdit d’avoir une opinion
sur des questions que nous ne comprenons pas, sur des questions que nous ne savons pas
formuler clairement."
« L'homme est l'animal qui n'accepte pas simplement le donné naturel, qui
le nie. »
Bataille, L'érotisme
L'homme est ici pensé, comme dans une longue tradition classique, comme séparé de la
nature, ou tout du moins comme l'animal qui, par l'éducation (discipline et instruction) et la
technique, s'éloigne de la nature. Cette phrase réactive le mythe prométhéen dans lequel
l'homme est déjà pensé comme un être à part, sans nature, dont seules la vie sociale et la
technique rendent possible la survie.
Bataille insiste sur le fait que l'homme construit le monde humain par une série de négations.
C'est en niant la nature telle qu'elle se donne à lui immédiatement, ainsi que sa nature (ses
pulsions, tendances, désirs...), qu'il affirme sa liberté et se construit en tant qu'homme.
Cette phrase est célèbre aujourd'hui chez les militants de la cause animale. Bentham est en
effet un des premiers auteurs à avoir voulu inclure d'autres animaux que l'homme dans la
sphère des préoccupations morales.
Il rompt avec la tradition cartésienne pour laquelle les animaux ne sont que des machines
tellement bien faites par Dieu que nous n'en voyons pas les rouages et qui sont, par
conséquent, dénués non seulement de sentiments mais même de la capacité de ressentir le
plaisir et la peine.
Il rompt également, avec un certain intellectualisme morale doublé d'un anthropocentrisme,
qui veut que seul l'homme, en tant qu'être raisonnable, puisse être considéré comme un sujet
moral, comme digne de respect (Kant).
Ce qui fonde le devoir moral pour Bentham et les utilitaristes, c'est le principe d'augmenter,
autant que faire se peut, le plaisir (ou le bien-être) de tous les êtres sensibles (pas seulement
l'homme donc) et/ou de diminuer le plus possible leurs souffrances.
Cette phrase du poète classique Boileau, illustre l'idée selon laquelle, comme dit Hegel, c'est
dans les mots que nous pensons. Il n'y a pas de pensée hors de ceux-ci, sinon des pensées
vagues et inabouties. Cela s'oppose à la vision 'romantique' qui fait de la soit-disant pensée
'indicible', la pensée la plus riche et la plus profonde...
« Je ne reconnais aucune différence entre les machines que font les artisans
et les divers corps que la nature seule compose »
Cette phrase exprime le point de vue mécaniste de Descartes sur le corps. Pour connaître les
êtres vivants nous pouvons les considérer comme des machines, et par conséquent, nous
pouvons considérer que les lois de la physique ne s'appliquent pas uniquement aux réalités
inertes : On parle alors aussi d'approche physicaliste.
« Ce qui trouble les hommes, ce ne sont pas les choses, ce sont les jugements
qu'ils portent sur les choses. »
Epictète, Manuel
Conformément à sa distinction entre les choses "qui dépendent de nous" et celles "qui ne
dépendent pas de nous", Epictète considère que nous ne pouvons jamais être troublé ou blessé
en raison d'une cause extérieure. Seules nos opinions ou nos représentations ont ce pouvoir :
si je souffre parce que quelqu'un m'a injurié, ce n'est pas à cause de la personne qui m'insulte,
mais à cause du fait que je me soucie de son opinion alors que par définition je n'ai aucun
pouvoir sur elle, sur ses représentations.
Cette phrase célèbre ramasse en une formule choc la réflexion sur la mort d’Épicure. S'il peut
affirmer quelque chose d'aussi radical, c'est parce qu’Épicure fait de la sensation la source de
toutes nos connaissances et expériences : nous ne pouvons connaître ou expérimenter que ce
que nous pouvons sentir. Or, par définition, dans le système matérialiste épicurien, l'âme est
mortelle. Elle est par ailleurs la cause de notre capacité de sentir. Ainsi, lorsque nous
mourrons, notre âme se défait, nous ne pouvons plus rien sentir, ni douleur, ni plaisir. Donc, la
mort n'est rien pour nous, au sens où nous n'en faisons aucune expérience, ni en bien, ni en
mal.
La philosophie épicurienne est une philosophie hédoniste, c'est-à-dire qu'elle fait du plaisir le
but de la vie, ce qu'exprime la citation ci-dessus. Elle en fait d'ailleurs aussi le critère pour
juger de tout ce que nous devons rechercher ou rejeter : est bon pour nous ce qui nous procure
du plaisir; est mauvais l'inverse.
Il faut cependant préciser, contre les détracteurs auxquels ont eu à faire face les épicuriens,
que l'hédonisme en question est très modéré. En aucun cas il ne s'agit de faire l'éloge d'une vie
de débauche, où tous les plaisirs seraient recherchés, sans freins ni limites.
Épicure recommande d'être attentif au fait que certains plaisirs ne doivent pas être satisfaits ou
avec modération, comme on dit aujourd'hui, car des excès de certains plaisirs peuvent naître
des désagréments ou des souffrances (une indigestion suite à un repas trop riche par exemple);
et certains déplaisirs peuvent être avantageux en ce qu'il nous garantissent un bien-être ou un
plaisir futur (boire un SMECTA ou réviser son bac ! ;) ).
« La vie telle qu’elle nous est imposée est trop dure pour nous, elle nous
apporte trop de douleurs, de déceptions, de tâches insolubles. Pour la
supporter, nous ne pouvons pas nous passer de remèdes sédatifs. »
Dans cette phrase, extraite d'un livre aux tonalités assez, voire franchement, pessimistes,
Freud affirme que nous avons besoin d'inventer des stratégies ou de trouver des palliatifs,
pour supporter la vie, étant donné, comme il le dit quelques lignes plus loin, qu'il semble
"qu'il n'est point entré dans le plan de la « Création » que l'homme soit « heureux»".
Il poursuivra en disant que ces remèdes sont de trois sortes : "de puissantes diversions qui
nous permettent de faire peu de cas de notre misère, des satisfactions substitutives qui la
diminuent, des stupéfiants qui nous y rendent insensibles."
Bref, comme disait l'autre
"Il faut être toujours ivre, tout est là; c'est l'unique question. Pour ne pas sentir l'horrible
fardeau du temps qui brise vos épaules et vous penche vers la terre, il faut vous enivrer sans
trêve.
Mais de quoi? De vin, de poésie, ou de vertu à votre guise, mais enivrez-vous!"
« Ce n'est qu'au prix d'une prétention intenable que l'on peut exiger que
tout ce qui se produit dans le domaine psychique doive aussi être connu de
la conscience. »
Freud, Métapsychologie
Pour Freud, ses découvertes ont mis en évidence qu'une grande de la vie psychique de
l'homme lui échappe. Les informations que notre conscience nous fournit sur notre vie
intérieure sont partielles, lacunaires. Seul la répugnance narcissique à avouer notre propre
faiblesse, notre ignorance sur nous-même fait que nous refusons d'admettre "l'hypothèse de
l'inconscient".
Phrase célébrissime et facile à retenir permet de soutenir l'idée que les rêves et leur analyse
sont un moyen privilégié d'accès à la connaissance de l'inconscient. Rappel : ils sont
considérés par Freud comme des "la réalisation déguisée de désirs refoulés".
Notions liées : La conscience et l'inconscient - L'interprétation - Le désir
C'est dans la première des Cinq leçons que Freud écrit cela. Il y relate les débuts de la
psychanalyse, les premières découvertes fondamentales qui vont lui donner naissance. Or,
dans cette formule lapidaire, qui constitue une sorte de définition de l'hystérie, Freud souligne
le fait que les malades souffrent d'un rapport pathologique au passé : les événements
traumatiques qui sont à l'origine de leur névrose "ne sont pas passés", comme on dit dans le
langage courant, ils sont restés coincés (ils n'ont pas été "digérés").
« Le mal est donc au début ce pour quoi on est menacé de perte d’amour »
Pour Freud la capacité à distinguer le bien du mal, la conscience morale, n'est pas innée ou
naturelle, comme chez Rousseau par exemple : elle se construit dans la petite enfance, par
intériorisation des interdits sociaux et parentaux, et c'est d'abord parce que le jeune enfant a
peur de perdre l'amour de ses parents quand il leur désobéit, qu'il n'accomplit pas certaines
actions dont il sent qu'elles vont déclencher la désapprobation parentale.
Freud cite cette phrase de Goethe dans Le malaise dans la culture, dans un passage dans
lequel il se demande dans quelle mesure l'homme peut faire l'expérience du bonheur.
Il remarque que "Ce qu'on nomme bonheur (...) n'est possible de par sa nature que sous forme
de phénomène épisodique" et que "nous sommes ainsi faits que seul le contraste est capable
de nous dispenser une jouissance intense, alors que l'état lui-même ne nous en procure que
très peu".
Ainsi, nous ne sommes jamais aussi heureux d'être en bonne santé que lorsque nous sortons
d'une période de maladie; de voir une personne, qu'après une période où elle nous a manqué
etc... Alors qu'un plaisir qui dure risque de se muer en ennui, voire en dégoût.
Notions liées : L'existence et le temps - Le bonheur
Par cette phrase Hegel adopte un point de vue qui n'est pas du tout celui du moraliste sur les
passions. Il ne les juge pas mauvaises parce qu'elles pourraient empêcher d'atteindre la
sérénité (comme chez les épicuriens ou les stoïciens) ou parce qu'elles détourneraient par
essence l'homme de l'action morale désintéressée (Kant). Il les évaluent du point de vue de
leur fonction dans le processus global de l'Histoire humaine : même les passions égoïstes ou
"négatives" au sens de la morale commune ont un rôle, elles sont le moyen par lequel la
Raison se réalise dans l'Histoire. Ainsi l'Universel se réalise par le particulier, la raison par ce
qui semble être la déraison etc... C'est ce qu'Hegel appelle la "ruse de la raison".
« L'art doit donc se proposer une autre fin que l'imitation purement
formelle de la nature; dans tous les cas, l'imitation ne peut produire que des
chefs-d'oeuvre de technique, jamais des œuvres d'art. »
Hegel, Esthétique
Pour Hegel, l'art n'a pas pour but de reproduire ou d'imiter la nature, il doit manifester l'esprit,
des contenus spirituels. Jamais les grandes œuvres d'art n'ont eu d'ailleurs pour seul but de
copier la nature : elles expriment toujours une vision, une pensée du peintre par exemple,
comme dans ces natures mortes où les aliments exposés à notre regard sont là pour nous faire
réfléchir à la vanité de la chair ou à sa beauté menacée déjà par la pourriture...
Hegel, Esthétique
Cette supériorité du beau artistique sur le beau dans la nature s'explique par le fait que pour
Hegel, "l'esprit et ses créations sont plus élevés que la nature". La beauté naturelle est
insignifiante, au sens littéral du mot, elle ne signifie rien, ne manifeste aucun contenu
spirituel. Une chose naturelle n'existe que de manière immédiate, brute.
Pour Hegel, une pensée ne se réalise vraiment que lorsqu'elle a été "mise en mots". Ce qui
existe avant les mots est flou, imprécis, inachevé, il ne s'agit au mieux que d'une vague
impression. Ainsi, il s'oppose à ceux qui valorisent l'ineffable, l'indicible.
Cette phrase étonnante, surtout quand on voit tous les jours le spectacle de la déraison dans le
monde, peut nous laisser sceptique, voire moqueur. Elle exprime la foi fondamentale de Hegel
dans un sens de l'histoire : malgré les apparences, malgré le chaos, les injustices que nous
voyons se produire tout au long de l'histoire, il faut affirmer qu'il y a un ordre sous-jacent, que
tout cela a un sens, une raison d'être. Rien n'arrive sans raison : l'histoire des hommes est la
réalisation progressive de la raison ou de l'esprit, qui s'incarne dans le réel à travers le temps.
« Aussi longtemps que les hommes vivent sans un pouvoir commun qui les
tient en respect, ils sont dans cette condition qui se nomme guerre, la guerre
de chacun contre chacun. »
Hobbes, Léviathan
Dans cette phrase célèbre Hobbes exprime sa conception de l'état de nature : il imagine que
dans cet état hypothétique d'avant la société, les hommes, mûs par leurs seuls appétits et
désirs égoïstes, vivent comme dans un état de guerre perpétuelle. C'est pour cette raison qu'il
est un des plus fervents théoricien et partisan de la monarchie absolue : le rôle de l'Etat est
assurer l'ordre, la sécurité de tous, même au détriment des libertés individuelles.
Apparemment, l'idée selon laquelle la proposition "Le soleil ne se lèvera pas demain" n'est
"pas moins intelligible" que la proposition "Le soleil se lèvera" est absurde : tout le monde
sait que le soleil "se lèvera" (laissons de côté Copernic...!) demain, et tout le monde pense
qu'il s'agit là d'une certitude.
Or, c'est là qu'un problème existe pour Hume : De quel genre de certitude s'agit-il ?
Certainement pas d'une certitude démonstrative. Nous savons que le soleil se lèvera demain,
parce que l'habitude nous l'a enseigné depuis que nous sommes nés. Nous savons, que depuis
que des hommes existent, ils voient le soleil se lever. Mais cette vérité n'est issue que de
l'expérience. Nous ne pouvons la démontrer : il ne s'agit pas d'une vérité de raison (établie
par la démonstration), mais d'une vérité de fait (résultat de l'expérience). Elle n'est pas
certaine absolument, mais seulement probable (fortement probable, en l’occurrence!).
« “Le vrai” consiste simplement dans ce qui est avantageux pour notre
pensée. »
Cette phrase, au-delà de ce qu'elle dit sur la personnalité de Kant qui n'était pas vraiment un
hédoniste (!), illustre l'idée selon laquelle le travail, comme activité, a une valeur morale et
pas seulement un intérêt économique ou social : Il faut mériter son repos ! Si l'on se repose
sans avoir durement travaillé auparavant on manifeste une âme vile, qui se laisse aller aux
plus basses tendances de l'animalité en nous...
« Agis donc de telle sorte que tu traites l'humanité, aussi bien dans ta
personne que dans la personne de tout autre, toujours en même temps
comme une fin, et jamais simplement comme un moyen. »
Cette formulation de la loi morale met l'accent sur le fait que l'homme, en tant qu'être
raisonnable, a le statut de personne. Il doit être objet de respect et l'on ne peut en disposer
comme d'une chose. Il a une valeur absolue et non relative. Dit autrement, une personne a une
dignité alors qu'une simple chose, un objet, a un prix. Cette citation peut servir dans le cadre
d'un sujet sur la morale ou sur les échanges (avec un sujet comme "Tout peut-il s'acheter ?"
par exemple).
Kant exprime ici son opposition à toute doctrine morale qui définit le bonheur comme étant la
finalité suprême. Pour lui, non seulement une telle morale implique que celui qui agit n'agit
pas par pur respect pour la loi morale (parce que c'est simplement son devoir), mais motivé
par un intérêt (être heureux); mais il montre que cette finalité est vague, indéterminée, et qu'à
ce titre elle ne peut fonder aucun devoir digne de ce nom : on ne peut formuler, formaliser,
aucun principe universel pour déterminer l'action de l'agent. Chacun entend à sa façon, selon
son imagination, et non selon sa raison, ce que serait "le bonheur". Et même pire, un seul
individu, si on le lui demandait, serait bien en peine de répondre clairement à la question de
savoir ce qu'est le bonheur... Il est ainsi plus facile de savoir ce que le devoir moral nous
commande de faire que de répondre à la question "Qu'est-ce qui nous rendrait heureux ?"...
Machiavel, Le Prince
Selon Machiavel, un Prince, s'il veut pouvoir conserver le pouvoir ou atteindre ses fins, ne
doit pas toujours "être bon". S'il peut l'être sans danger, rien ne l'empêche d'être vertueux :
Machiavel ne prône pas un immoralisme en toutes circonstances; mais justement, les
circonstances peuvent rendre nécessaire de faire des entorses à la conduite vertueuse. Il se
soucie du résultat de l'action et de la situation particulière dans laquelle elle a lieu : pour
qu'elle réussisse, il faut savoir adapter ses principes d'action.
« Ce n'est pas la conscience qui détermine la vie, mais la vie qui détermine
la conscience»
Marx critique ici l'idéalisme philosophique de Hegel par exemple et de ses héritiers (dont
pourtant il fait également partie par de nombreux aspects) qui attribue une toute puissance aux
idées sur le monde et une absolue autonomie. Sa perspective est au contraire matérialiste : les
idées ne dirigent pas le monde, elles ne sont que le reflet, le produit, d'un certain contexte
historique, social, économique etc. La pensée politique, philosophique, et les croyances
religieuses d'une époque n'ont aucune existence indépendante de sa structure socio-
économique. Tout cela n'est que de l'idéologie qui masque et justifie la réalité plus qu'elle ne
permet de la comprendre.
« Tous les hommes sont des bêtes; les princes sont des bêtes qui ne sont pas
attachées. »
Montesquieu est un des grands représentants du libéralisme politique. En tant que libéral, il
pense que la finalité de l'organisation politique est certes de garantir la possibilité d'un ordre
social, ou la sécurité des citoyens mais pas au détriment de la liberté individuelle. Pour le dire
plus vite, la principale fin est la liberté. Or tout pouvoir a tendance à dégénérer en despotisme.
Pour prévenir ces dérives, il faut que les institutions, par le biais d'une Constitution ou par un
dispositif de séparation et d'équilibre des pouvoirs, rendent impossible qu'un individu
(souverain ou président) ou un groupe, même majoritaire, ne puisse abuser du pouvoir. Il faut
autrement dit que "le prince" lui-même soit soumis à la loi.
« Tout le malheur des hommes vient d’une seule chose, qui est de ne savoir
pas demeurer en repos dans une chambre. »
Pascal, Pensées
« Nous connaissons la vérité, non seulement par la raison, mais encore par
le cœur. »
Pascal met ici l'accent sur le fait que ce n'est pas seulement grâce à la raison que nous
pouvons connaître la vérité, ou plutôt qu'il n'y a pas que les vérités rationnelles ou discursives
(découvertes grâce à un raisonnement, un discours). Certaines vérités se saisissent
directement, par une sorte d'intuition, d'instinct ou de sentiment. Il ne s'agit pas d'ailleurs que
des vérités "morales" ou religieuses. C'est aussi grâce à une telle intuition que les
mathématiciens "voient" les premiers principes de leurs démonstrations : Tout n'est pas
démontrable, y compris en mathématiques et en particulier pas les principes qui sont au
fondement des démonstrations, autrement appelées axiomes ou postulats.
Pascal, Pensées
Dans cette phrase nous voyons, comme souvent chez Pascal, que l'homme est un être
paradoxal, à la fois grand et misérable. Misérable, car il est insignifiant au regard de l'infinité
de l'univers. C'est un être faible, qui ne sait ni pourquoi il est sur terre, ni qui il est, ni ce qu'il
y a après la mort par exemple. Mais en même temps, il est "grand" parce qu'il possède la
conscience de sa condition, il est grand "en ce qu'il se connaît misérable". Ainsi, cette image
du "roseau pensant" synthétise cette nature "incompréhensible" : l'homme est un être faible de
la nature et en même temps il lui est supérieur.
« Une théorie qui n'est réfutable par aucun événement qui se puisse
concevoir est dépourvue de caractère scientifique »
Karl Popper énonce par cette phrase ce qui distingue une science d'une "pseudo-science".
Contrairement à ce que l'on pense souvent, ce n'est pas la vérifiabilité qui est le vrai critère de
démarcation, mais la "falsifiabilité" ou la réfutabilité.
Un énoncé réellement scientifique peut ou pourrait être contredit par une observation ou une
expérience, alors qu'un énoncé d'une pseudo-science ne peut jamais être mis en défaut : tous
les faits observables ou même concevables ne semblent que pouvoir le corroborer. C'est le cas
pour Popper des énoncés de l'astrologie ou de la psychanalyse.
Par exemple : vous montrez davantage que vous êtes libres, en vous mettant au travail et en
révisant, parce que votre raison vous dit que c'est ce que vous devez faire, qu'en cédant à la
tentation (à votre désir ou à votre appétit) de faire la tournée des bars avec vos potes...
Autrement dit, on n'est pas libre quand on suit l'impulsion du moment, quand "on fait ce qu'on
désire", comme on le pense souvent, mais, au sens strict, quand on fait ce que l'on veut (voir
différence Désir/Volonté); quand avec l'aide de notre raison, on se donne une loi, une règle, un
principe, et que l'on s'y tient.
Cette conception de la liberté définit la liberté morale aussi bien que la liberté politique
chez Rousseau. Dans un Etat juste, dans lequel les citoyens sont à l'origine des lois, en leur
obéissant, ils sont libres puisqu'elles sont censées être l'œuvre de leur raison.
Cette phrase ressemble à une provocation, à une boutade. Elle l'est sans doute, pour une part.
Un "matheux" veut croire que les vérités mathématiques sont les seules qui soient établies
absolument, avec rigueur : en mathématiques, tous les énoncés sont absolument certains,
parce que tout est démontré !
C'est ce caractère absolu de la vérité mathématique que les développements récents de cette
discipline, et la réflexion des logiciens et des philosophes, viennent mettre à mal à la fin du
XIXe siècle (voir cours sur la démonstration, partie III) : les énoncés mathématiques portent
sur des objets abstraits, qui n'ont d'existence qu'idéelle, et leur "vérité" est relative au système
dans lequel ils s'insèrent.
Cette phrase est tirée d'une partie de L'être et le néant consacrée aux "relations concrètes avec
autrui". Le désir dont il est ici question est le désir sexuel.
Sartre part de l'idée commune selon laquelle quand on désire l'autre, on désire le posséder
physiquement, que ce désir est un désir de possession physique. Pour Sartre, si l'on désire
effectivement le corps de l'autre, ce n'est pas seulement en tant que corps, mais en tant que
dans ce corps s'est incarnée sa conscience. C'est donc de sa conscience ou de sa liberté
"empâtée" dans son corps devenu chair que nous voulons en réalité nous rendre "maîtres"...
Dingue, non ?