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Par :
M. Abdelouhab SALAHDDINE
Professeur-chercheur à l'ENCG Tanger Université Abdelmalek Essaadi
Mlle. Amina HACHIMI
Doctorante à l’ENCG Tanger Université Abdelmalek Essaadi
M Madjidi A. ZIN
Doctorant à l’ENCG Tanger Université Abdelmalek Essaadi
Résumé
Les PME contribuent d’une manière considérable à la croissance du PIB du Maroc et à
l’enrichissement de son économie. Toutefois, celles-ci affrontent des difficultés relatives aux
besoins financiers dues aux asymétries d’information qui existent dans leurs relations avec
les banques. Ces informations imparfaites sur les projets d’investissement des PME sont à
l’origine du rationnement de crédit pratiqué par les banques.
Cet article présente tout d’abord une revue de la littérature sur le rationnement de
crédit utilisé par les banques à l’encontre des PME supposées comme une clientèle à haut
risque. Il permet ainsi de mettre en lumière les causes, les déterminants et les mécanismes du
rationnement de crédit recensés par les principaux travaux de recherche sur le sujet. Ensuite,
une étude sur le terrain portant sur les chargés d’affaires des banques implantées dans la
région Tanger – Tétouan permettra de déceler les pratiques relatives à cette pratique dans le
financement des PME.
Mots-clés :
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Revue Marocaine de Gestion et d’Economie, Vol 3, N°7, Juillet - Décembre 2016
Introduction
La pratique bancaire dans le financement des PME a connu une évolution remarquable, ces
dernières années, par la mise en place des outils de gestion de risque et d’évaluation de la qualité des
entreprises. Elle a été le sujet de plusieurs travaux et articles scientifiques traitant les facteurs qui
influencent la décision d’octroi du crédit à la PME par la banque, et le phénomène du rationnement du
crédit qui freine l’accès de ces entreprises aux services bancaires.
En effet, le choix de l’analyse du financement des PME n’est point arbitraire, puisqu’elles
constituent le moteur de développement économique et social d’un pays et de la croissance du monde
des affaires. Ce type d’entreprise connaît certaines particularités, qui la distinguent de la grande
entreprise. Celles-ci peuvent être résumées par le principe de la proximité, étudié par Olivier Torres,
dans le cadre de l’organisation de l’entreprise, de sa décomposition fonctionnelle, de sa stratégie, de
son mode de financement et même de sa localisation géographique. Cette proximité, selon lui, est un
facteur de réduction de l’incertitude et un gage de confiance dans une relation d’affaire.
Ces entreprises nécessitent des fonds internes pour leur création et l’évolution de leur activité,
mais lorsque la capacité interne de financement n’est pas suffisante, elles s’adressent aux banques
pour capitaliser ses projets d’investissement. Néanmoins la PME rencontre des problèmes d’accès au
financement bancaire qui, dans la plupart du temps, est justifié par l’opacité de ce type d’entreprise.
En effet le processus de décision d’octroi des prêts aux PME est fortement dépendant de la nature de
l’information collectée qui porte généralement sur l’entreprise, son propriétaire et son environnement.
Se pose alors la question de savoir dans quelles mesures l’asymétrie informationnelle qui
caractérise les relations banques – PME pourrait être à l’origine d’un rationnement du crédit : Est-ce la
seule raison de ce rationnement ? Comment les banques l’exercent ? Et quelles sont les mécanismes
mis en place pour le réduire ? Quelle est la réalité de cette pratique dans le cadre de l’économie
marocaine ? Quelles sont les techniques de rationnement appliquées par les banques
marocaines ? Autant de questions auxquelles nous allons tenter de répondre en présentant en premier
lieu un état de l’art sur le rationnement du crédit et dans le deuxième lieu les résultats d’une étude
exploratoire menée à l’échelle de la région Tanger-Tétouan du Maroc.
Une des principales théories retenue pour expliquer la structure financière des PME est le
rationnement du crédit. Avant de faire une présentation générale de cette théorie il convient
tout d’abord de définir la notion de rationnement du crédit.
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Levine et Smith, 2000). Il en résulte une amplification des frictions dans le marché de crédit
et l’aggravation du problème d’asymétrie d’information, ce qui entraîne par voie de
conséquence un rationnement du crédit (Gao et al., 2012).
la sélection adverse (Akerlof, 1970) définit par la difficulté de la banque à distinguer entre
les projets d’investissement présentés à cause du manque d’information sur l’emprunteur et
sur les caractéristiques de son projet.
l’aléa moral ou l’effet d’incitation, qui est le risque de changement de comportement de
l’emprunteur au moment de la réalisation du projet suite à une fluctuation du taux d’intérêt
(Arrow, 1963).
Dans ces deux situations, le taux d’intérêt n’est plus une référence pour l’équilibre du
marché du crédit. Les banques choisissent plutôt la quantité comme variable d’équilibre et
limitent ainsi l’accès au financement pour certaines catégories d’emprunteurs. Selon Stiglitz
et Weiss, le rationnement de crédit est pratiqué dès que la demande de crédit pour un taux
d’intérêt optimal dépasse l’offre de la banque.
Williamson (1986) de son côté s’est intéressé au post financement des projets, et il a
soulevé le risque que la banque soit victime d’un détournement des profits réalisés par
l’emprunteur. Une autre situation qui pousse les banques à opter pour le rationnement
quantitatif pour pallier aux comportements opportunistes potentiels de certains emprunteurs.
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Parmi les variables les plus citées dans la littérature comme déterminantes du
rationnement du crédit, on retrouve les caractéristiques de l’emprunteur. C’est le cas plus
particulièrement des PME qui présentent des spécificités argument principale de limitation de
leur accès au marché de crédit. Il s’agit essentiellement des :
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De même, la taille des fonds propres de la banque affecte ses mécanismes d’octroi du
crédit (Stein, 2002; Berger et al., 2005). En fait, le niveau des fonds propres déterminé et exigé
par le comité de Bâle impose aux banques deux situations : diminuer leur total bilan ou
augmenter leur capital. Dans le cas où la banque est obligée de procéder à un désendettement, le
rationnement des offres de crédit est utilisé fortement. En effet, Sapienza (2002) a stipulé que
plus la banque est large, plus elle réduit l’offre du crédit aux petits et moyens emprunteurs.
En outre, la proximité physique de la banque par rapport aux PME joue un rôle essentiel
dans l’accès de ces entreprises au financement bancaire. Ce propos a été argumenté par le fait
que cette proximité accroît la disponibilité des informations liées à l’environnement de
l’entreprise et diminue les coûts de transfert d’information utile à la banque dans les phases
du « monitoring » et « screening ». En effet, les PME ont plus de chance d’accéder aux
emprunts offerts par les banques proches d'eux géographiquement et caractérisées par leur
petite dimension (Saunders et Allen, 2002). Ainsi les banques exigent des conditions de prêt
rigides davantage pour les emprunteurs loin d’eux. La distance de la PME du centre de prise
de décision de la banque est également cruciale dans le processus de prêt.
Dans ce cadre, la durée de la relation entre la banque et la PME a été reconnue dans les
modèles théoriques traitant de la question du choix de financement (Petersen et Rajan, 1994;
Von Thadden, 1995). Elle abaisse les coûts de l'emprunt et la probabilité d'exigence des
garanties par la banque (Berger and Udell, 1995). Elle permet également de réduire l'asymétrie
d'information entre la banque et la PME et ainsi la probabilité du rationnement du crédit. Par
contre, Cole et al. (1998) constatent que la durée de la relation n’est pas aussi importante que la
relation « intense » elle-même, puisque celle-ci augmente la probabilité d’obtenir un crédit
supplémentaire et avoir une réponse favorable pour la demande du prêt de la part de la banque.
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En outre, les relations bancaires multiples d’une entreprise affectent son accès au crédit.
D’un côté, cette multibancarité diminue le risque de pénurie des liquidités de la banque et
évite d’abandonner les projets d’investissement par les entreprises (Detragiache et al., 2000).
D’un autre côté, le recours des PME à une seule banque réduit leur pouvoir de négociation et
augmente celui de la banque (Bris and Welch, 2005), facilite l’accès au financement de la
PME et rend les projets d’investissement à financer rentable (Gobbi et Sette, 2014). Dans ce
sens, la décision de la banque sur l’octroi du crédit à une PME est influencée par le nombre
des relations bancaires nouées par l’entreprise.
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Dans ce sens, le montant du crédit est considéré comme étant un des déterminants du
rationnement du crédit, où deux visions se confrontent, l’une postule que la taille du crédit est
liée positivement avec son rationnement (Evans et Jonanovic ,1989), l’autre réclame la
relation négative entre le montant du prêt et le coût de l’emprunt (Schreft et Villamil 1992).
Elles suscitent souvent des interrogations quant à leur insuffisance et à leur imperfection
et parfois par rapport à leur complexité. Ce qui occasionne des problèmes d’asymétrie
d’information (Sharpe, 1990) dans la relation entre la PME et la banque source de sélection
adverse (Stiglitz et Weiss, 1981) et/ou d’aléa moral (Darrough et Stoughton, 1986 ; Chan et
Thakor, 1987), ce qui rend difficile l’appréciation du risque de la part des prêteurs.
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des PME de changer de projet ; soit sur des conditions particulières relatives à la politique des
dividendes évitant de procéder à des retraits par les dirigeants de montants excessifs de
capitaux ; soit encore sur les choix du dirigeant en matière de politique financière en imposant
un taux d'endettement maximal à ne pas dépasser ; soit enfin sur des spécifications de la nature
des informations que le dirigeant doit fournir au banquier. Toutes ces clauses permettent à la
banque de réduire le risque apparent et l’asymétrie d’information qui caractérisent la relation
banque – PME et donc limite le rationnement du crédit de ces dernières.
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Elles permettent également aux PME de développer une bonne réputation qui peut leur
assurer un accès facile au crédit et dans de meilleures conditions (Diamond, 1989). Cette réputation
est source de confiance. La PME se trouverait alors persuader de transgresser ses engagements sous
peine de perdre la confiance qu’il a pu construire au fil du temps (Rivaud-Danset, 1996).
Empiriquement, les études réalisées d’une part par Petersen et Rajan (1994) et, d'autre
part, par Berger et Udell (1998) sur des échantillons de P.M.E. américaines confirment
l'impact de la relation de crédit sur respectivement la disponibilité et le coût du crédit.
Selon Petersen et Rajan (1994) l'impact des relations de clientèle sur l'importance du
rationnement dépend du nombre de banques avec qui les P.M.E. sont en relation. La
mutibancarité influence négativement la disponibilité du crédit aux P.M.E. Le financement
exclusif des P.M.E permet en effet la réduction des coûts de transaction et des asymétries
d'information qui caractérisent la relation banque-entreprise (Doberanzke, 1993).
Alexandre et Buisson-Stéphan (2014) ont réalisé une étude qui vise à mesurer le rationnement
du crédit des PME françaises sur la période 2000-2008. Ils ont conclu que le rationnement du crédit
a été renforcé pendant la crise de 2008, et les PME sont les plus affectées par le rationnement de
crédit bancaire, en particulier, celles qui disposent de moins de garanties, dégagent moins de cash-
flow et croissent plus rapidement que les autres. Cette étude a montré que les banques ont privilégié
les PME affiliées aux grands groupes au détriment de celles qui sont indépendantes.
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[…la décision de financer une PME ou une grande entreprise n’est pas une question
de taille, on peut avoir une grande entreprise qui a une situation financière fragile, un
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mauvais management et une mauvaise réputation, ce n est pas la taille qui donne la qualité
de l’affaire…].
La variable taille ne semble pas avoir un effet significatif sur la stratégie de sélection
des banques
Toutefois cette situation est nuancée par les propos d’une chargée de clientèle :
[…Rationnement sectoriel ? Pas de standard, réponse au cas par cas. Prenez le cas de la
promotion immobilière, toutes les banques la finançaient les yeux fermés il ya encore
quelque temps, mais aujourd’hui la crise est là, donc on est un peu prudent. En effet,
puisque rien n’est éternel, la préférence sectorielle n’a pas de sens, ce qui n’est pas porteur
aujourd’hui peut le devenir demain, ce qui compte c’est d’abord la santé financière et les
perspectives d’évolution de l’affaire. Par exemple, on peut avoir une entreprise qui a une
structure financière équilibrée, mais opère dans un secteur en crise, alors à cause de la
conjoncture, on préfère ne pas accorder de crédit. Mais toutes les entreprises, quelque soit
leur secteur d’activité sont normalement les bienvenues chez nous…, mais en fonction de la
conjoncture dans un secteur, nous pouvons revoir notre politique de crédit].
Une entreprise peut donc être rationnée si elle opère dans un secteur qui présente très
peu de visibilité future pour les banquiers.
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L’analyse financière des documents comptables fournis à la banque par la PME est la
technique d’appréciation des risques la plus répandue. Mais, les chargés d’affaires affirment
également ne faire confiance qu’au bilan fiscal qui est le plus correct à leurs yeux. L’un des
chargés d’affaire déclare à cet effet :
[…il nous arrive souvent de voir des chiffres différents dans les colonnes des bilans
de deux années consécutives, ces chiffres étant supposés être identiques, c’est pourquoi
nous demandons le bilan fiscal…]
Bien que ces comportements opportunistes des dirigeants soient fréquents, les chargés
d’affaires tirent des enseignements importants des documents comptables les plus fiables.
L’étude de la structure financière en est un exemple. Le rôle de signal joué par la structure
financière de l’entreprise dans la décision d’octroi de crédit apparaît clairement dans les
réponses données par les chargés de clientèle interviewés.
Si les chargés d’affaires affirment à 100% que la structure financière est importante
dans leurs décisions, son interprétation par contre montre quelques disparités. Ainsi pour 67%
des répondants la structure financière « est le reflet de la solidité de l'entreprise et de ses
capacités à se développer » et 58% d’entre eux pensent que la structure financière « est
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Le rôle de l’endettement comme signal de la firme apparaît de façon explicite dans les
opinions des chargés d’affaires. Ainsi, à la question « Quel est le degré d'importance du taux
d'endettement pour vous dans l'octroi de crédit à une PME? », les chargés d’affaires affirment
à 72% que le taux d’endettement est un élément important dans leur décision, alors que pour
21% d’entre eux, cette variable est très importante.
[… les prêteurs doivent savoir qu’ils ont une double casquette, ils sont à la fois
déposants et prêteurs ; les garanties constituent pour nous, la seule manière de les
satisfaire en tant que prêteurs et de sécuriser leurs dépôts en tant que déposants, mais ils
ne comprennent pas cela et nous accusent de demander trop de garanties…]
Rien toutefois ne nous permettrait de conclure à partir de ces résultats à une demande
excessive de garanties.
L’importance de la structure de propriété pour les chargés d’affaires se justifie selon eux
par le fait que, cela constitue pour les uns « une garantie pour notre banque », et pour
d’autres « elle reflète la garantie potentielle sur laquelle la banque peut compter ». Le
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patrimoine personnel du (ou des) dirigeant (s) est l’élément le plus important auquel les
chargés d’affaires accordent de l’importance.
Plus important encore, aux yeux des chargés d’affaires le caractère familial du capital,
synonyme en partie de l’implication du dirigent dans l’investissement de l’entreprise. Erigé
comme faiblesse des entreprises marocaines par les chercheurs universitaires, les chargés de
clientèles interviewés semblent voir le caractère familial des PME d’une autre manière. Ainsi un
peu plus de la moitié (52%) des répondants jugent favorablement le caractère familial du capital.
Pour 12% des chargés d’affaires, un capital détenu totalement par le dirigeant (ou le
dirigeant et sa famille) constitue pour eux, dans l'octroi de crédit, un élément très favorable
comme le justifie avec nuance l’un d’entre eux :
Les résultats de l’enquête montrent que, face à la clientèle P.M.E., les banques font
appel à des clauses très diversifiés. Ces dernières portent sur l’obligation pour la firme de
fournir des informations sur sa politique financière. On remarque ainsi que l’exigence d’un
engagement à maintenir stables les principaux ratios de l’orthodoxie financière vient en tête
des préoccupations des chargés d’affaires avec 82% d’opinions favorables ; le blocage du
compte courant d’associés arrive en deuxième position avec 79% des cas. D’autres clauses
cités dans 3% des cas portent sur l’engagement de ne pas distribuer de dividendes,
l’augmentation de capital ou encore le changement des caractéristiques de crédits.
A retenir également à ce niveau que 88 % des répondants affirment exiger à leurs clients
de ne pas dépasser un taux d’endettement maximum qu’ils auraient fixé au préalable. Les
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maxima fixés par les chargés de clientèles se présentent comme suit : 2/3 du financement
permanent, 50 % et 25% du chiffre d’affaires.
Même si la prise de garanties est quasi systématique, les chargés d’affaires affirment que
cela dépend de la nature et du montant du crédit et enfin de la qualité de la structure financière.
Les garanties les plus utilisées sont les actifs de l’entreprise et les garanties personnelles et les
cautions des associées. Ainsi, le nantissement sur machines et équipements sont cités dans 73%
des cas et le nantissement sur le fonds de commerce est cité dans 91% des cas. Près de 80% des
chargés d’affaires ont mentionné l’usage de la caution des associés et 70% ont cité l’usage de
garanties personnelles. Les fonds de garanties sont également utilisés par les entreprises qui
possèdent peu de suretés réelles ou personnelles, 21 % des répondants affirment exiger ce type de
garantie. Il arrive souvent qu’une combinaison des garanties soit envisagée en fonction des cas.
Quant à la question « Lorsqu'un crédit objectif est accordé, les entreprises essayent –
elles de changer de projet ? », les banquiers interviewés répondent pour 88% d’entre eux que
cela arrive rarement. Si les entreprises changent rarement de projet, il n’en demeure pas moins
qu’ils ne déclarent pas à leurs banquiers les vrais résultats de leur activité. En effet pour 70%
des chargés d’affaires les entreprises changent souvent de résultats et pire encore, 21% d’entre
eux pensent que cela arrive très souvent. Dès que cela arrive, les banquiers affirment qu’ils
exigent les bilans fiscaux, lesquels contiendraient les vrais chiffres et le vrai résultat.
Le risque d’aléa moral n’est apparemment combattu de cette manière par les banquiers
car ils risquent de subir de coûts d’agence en faisant confiance au contrôleur fiscal à s’assurer
de l’exactitude des chiffres déclarés par les dirigeants.
Lorsque les banquiers octroient des crédits ils procèdent systématiquement au contrôle
de la destination des fonds par différents moyens. A la question « Comment contrôlez-vous la
destination des fonds accordés à l'entreprise ? », les chargés de clientèle répondent à 76%
qu’ils paient directement les fournisseurs, tandis que 64% des répondants affirment qu’ils
débloquent le compte sur présentation de factures du bien acheté. Le contrôle des banquiers
s’effectue encore sous d’autres formes :
Contrôle des mouvements sur le compte
Vérification des états de synthèse lors du renouvellement du crédit
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En dehors du suivi des mouvements de compte et l’étude des états financiers, les
banquiers organisent des rencontres régulières avec les dirigeants de l’entreprise (12% des
cas). Ainsi plus de la moitié des chargés d’affaires affirment rencontrer jusqu’à 10 fois par an
le directeur général ou le directeur financier de l’entreprise. Ils précisent toute fois que les
rencontres dépendent de la nature de l’engagement. Quant il s’agit par exemple d’un projet
immobilier, la fréquence des rencontres passent de 1 à 2 fois par mois.
Ainsi à la question « Lorsque vous avez une relation de crédits avec une entreprise,
quels autres partenaires de l'entreprise rencontrez-vous pour avoir plus d'informations sur
cette dernière? », la réponse des chargés d’affaires (graphique ci-dessous) nous révèle l’effort
d’investissement en information déployé par les banquiers.
Les chargés d’affaires utilisent divers canaux pour collecter des informations sur leurs
clients. En effet 91% d’entre eux ont cité les autres banques comme pourvoyeuses
d’information, viennent ensuite les fournisseurs (82%), les entreprises concurrentes (61%) et
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les clients (39%). Ils se procurent également les rapports d’audits sur les entreprises. Ce
contrôle apparaît particulièrement efficace puisqu’il limite la capacité des dirigeants à
masquer leur résultat pour renégocier les conditions de leur endettement.
A la question de savoir si les PME désirent s’engager à long terme avec les banques, les
chargés d’affaires interrogés ne sont pas unanimes ; comme le précise un directeur d’agence :
« Relation de long terme ou transactions isolées, en fait ; consciemment ou inconsciemment,
les dirigeants veulent s’engager à long terme dès le début de la relation, mais tout dépendra
de l’évolution des pratiques, de la pérennité de l’affaire et de la santé financière ». Un autre
chargé d’affaires apporte plus de précision : « … les PME préfèrent une relation de court
terme qui durent entre 3 et 4 ans voire entre 5 et 6 ans, mais ce n’est pas forcément la totalité,
c’est la tendance générale ».
Même si les chargés d’affaires affirment à plus de 90% des cas qu’une nouvelle
entreprise obtiendrait plus difficilement de crédit qu’une entreprise anciennement établie, ils
affirment que la durée de la relation n’a pas un impact systématique sur les conditions de
financement (d’obtenir plus facilement de crédit encore moins de le payer moins cher),
comme en témoigne un chargé d’affaires :
Seulement 41% des personnes interviewées pensent qu’il faut discriminer les
entreprises en fonction de l’ancienneté de la relation de crédit, alors que près de 1 chargé
d’affaires sur 2 déclarent réserver souvent un traitement particulier aux anciens clients pour
l’octroi de prêt.
Par contre lorsqu’on leur pose la question, « Procédez-vous à une révision des
conditions à chaque renouvellement de crédit par les PME? », la réponse des chargé d’affaires
ne dégage pas une tendance à donner plus d’accès au crédit à leur clientèle par rapport à la
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durée de la relation. En effet, seulement 6% d’entre eux affirment qu’ils révisent très souvent
les conditions de crédits à chaque renouvellement.
Il se dégage de ces résultats, que le statut de banque principale est positivement lié à un
meilleur accès au crédit. Ainsi, les chargés d’affaires qui sont favorables justifient la position de
leur banque : « Oui, si cela peut aider la PME à améliorer sa situation, nous l’accompagnons ».
D’autres par contre, qui préfèrent « stabiliser », préfèrent conseiller à leur client de voir
ailleurs, comme le déclare un des chargés d’affaires :
[….En cas de difficulté, on peut refuser un crédit, tout en l’incitant à voir avec une
autre banque, cela permet de partager les risques…ou encore, nous lui conseillons de
procéder à une augmentation de capital »
Les PME n’ayant qu’un seul partenaire bancaire seraient dans ce cas pénalisées. Ce
n’est apparemment pas le cas dans la pratique des PME, il semble qu’elles font jouer la
concurrence entre les banques comme l’affirme l’un des répondants :
«…d’ailleurs la multibancarité est courante, les entreprises commencent d’abord avec une
première banque, la relation dure 2 à 3 ans, à cause peut être d’un incident avec un chargé
d’affaire, l’entreprise change de banque, ainsi un deuxième partenaire...et ainsi de suite... »
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Conclusion
La problématique de financement des PME est issue généralement de l’asymétrie
informationnelle présente dans la relation banque/PME et de la pusillanimité des banques vis-à-vis
du risque. A partir de ce qui précède, il est clair que la banque met en place le rationnement de crédit
sur la base de plusieurs caractéristiques qu’elles soient liées à la PME elle-même, à la banque, au
projet objet de financement, au prêt proposé par l’institution financière voire la relation
banque/PME.
Les relations de long terme ou de clientèle constituent à leur tour, et pour les banques
ainsi que pour les PME, un moyen efficace pour mieux se connaître et diminuer les
inquiétudes de part et d’autre. Elles représentent un canal important de remontée de
l’information et de transparence. Elles assurent plus de financements aux PME.
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