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Grenoble INP

No. attribué par la bibliothèque

THESE

pour obtenir le grade de

DOCTEUR de Grenoble INP

Spécialité : Optique et Radiofréquence

préparée au LCIS (Laboratoire de Conception et d’Intégration des Systèmes)

dans le cadre de l’Ecole Doctorale :


Electronique, Electrotechnique, Automatique, Traitement du Signal

présentée et soutenue publiquement

par

Romain SIRAGUSA
le 04/12/2009

Titre :

Étude de nouvelles fonctions radiofréquences à base


d’antennes à onde de fuite composite main droite/gauche
Directeur et Co-Directeur de thèse :
Smail Tedjini Professeur, Grenoble INP
Pierre Lemaître-Auger Maître de conférence, Grenoble INP

Jury :
M. Christophe CALOZ Professeur à l’École Polytechnique de Montréal Président
M. Franscisco MARCOS DE ASSIS Professeur à l’université de Campina Grande Examinateur
M. Robert STARAJ Professeur à l’Université de Nice-Sophia Antipolis Rapporteur
M. Saïd ZOUHDI Professeur à l’Université Paris Sud XI Rapporteur
"Vis comme si tu devais mourir demain. Apprends comme si tu devais vivre toujours."

Gandhi

i
ii
Remerciements

J’aimerais remercier l’ensemble des personnes qui ont contribué à ce travail et que j’ai côtoyé
durant ces trois années.
J’adresse toute ma reconnaissance à Monsieur Robert Staraj, Professeur à l’Université de
Nice-Sophia Antipolis et à Monsieur Saïd Zouhdi, Professeur à l’Université Paris Sud XI, qui ont
cordialement accepté d’être rapporteurs de ce travail. Je les remercie pour leur lecture attentive
de mon manuscrit et leurs remarques constructives.
Un très grand merci à Monsieur Francisco Marcos De Assis, Professeur à l’Université de
Campina Grande, pour avoir accepté d’être membre du jury lors de ma thèse.
Je tiens à remercier chaleureusement Monsieur Christophe Caloz, Professeur à l’École Poly-
technique de Montréal, pour avoir présidé mon jury de thèse mais aussi pour m’avoir accueilli
dans son équipe et soutenu tout au long de mon travail. Grâce à ses précieux conseils et à son
encadrement, j’ai énormément appris sur le plan scientifique et organisationnel. Je pense sincè-
rement que ce mémoire ne serait pas là sans son aide.
Je voudrais remercier mon directeur de thèse, Monsieur Smaïl Tedjini, Professeur à l’Institut
Polytechnique de Grenoble, pour m’avoir proposé ce sujet et pour avoir accepté de diriger ma
thèse. Je te remercie aussi de m’avoir fait confiance dans les choix que j’ai pris durant ces trois
années.
Je tiens aussi à remercier mon co-directeur, Monsieur Pierre Lemaître-Auger, maître de
conférence à l’Institut Polytechnique de Grenoble, pour son soutien et son suivi. Je te remer-
cie d’avoir trouvé le temps, malgré ta charge de directeur des études, pour me conseiller et me
guider dans mon travail.
Je remercie tout particulièrement Monsieur Etienne Perret, maître de conférence à l’Institut
Polytechnique de Grenoble, avec qui j’ai eu le plaisir de travailler tout au long de cette thèse.
Même si son nom n’est pas présent sur la première page de ce mémoire, son aide et son implica-
tion ont été au moins aussi importantes que celles de mes encadrants.
Je tiens à exprimer ma chaleureuse amitié à Monsieur Tân-Phu Vuong, Professeur à l’Institut
National Polytechnique de Grenoble, pour son soutien mais aussi pour ses nombreux conseils.
Sans lui, je ne pense pas que j’aurais eu l’idée et le courage d’entreprendre une thèse.

iii
iv

Merci aux membres du LCIS que je ne peux pas tous citer. A votre manière, vous avez
contribué à la réussite de ce travail.
Je remercie également toute l’équipe enseignante et administrative de l’Esisar pour son aide
et sa gentillesse.
Je voudrais aussi remercier les membres et ancien membres de l’équipe des sportifs du LCIS
pour les entrainements hebdomadaires. Merci donc à Khalil, notre caliméro, Arnaud, "je peux
pas j’attends mes pneus neiges", Pierre, le québécois frileux, Etienne, "promis je viens la se-
maine prochaine", Aurélie, maman de l’extrême, Marie-Anne, imbattable à la chaise, Ghislain,
l’homme en carton, David, journaliste chez Voici, Max, notre chanteur et bien sur Yvan, notre
coach sportif pouvant faire le tour du monde avec une barre de céréale.
Je tiens à remercier mes collocs et ex-collocs pour m’avoir supporté durant certaines périodes
et avoir pris ma part de ménage, cuisine et course pendant la rédaction de ce manuscrit. Merci
donc à Gish, The Batman, Romain, "plaisir des yeux", Audrey, tompouce, Gaspard, mister Bump
et maintenant Amandine, swifter.
Je remercie aussi mes amis : Lilie, Danseuse de salsa et bien plus, Ben, l’allumette, Olivier,
"Boulangerie ! !", David, la frite, Simon, chercheur carreleur, Paco, "j’ai rapporté un marteau
piqueur pour planter un clou", Choco, dessinateur hors pair, Caro, Super Maman, Nathalie, sur-
feuse de l’extrême, Audrey, le petit dragon, Bruno, golfeur nocturne, Remy, homobourrinus,
Céline, notre masseuse, Marie-Laure, experte en caca de poisson, Darine, toujours à la pointe
de la mode, Boussad, le roi de la guitare, Hub, l’accent de la Lozère, Anne-Laure, dresseuse de
scorpion, Philippe, le collectionneur compulsif, Bao, le beau gosse, Antoine, "gros ski ou rien"
mais aussi Pauline, Emilie, Marc, Lolo2 , Davide, Nico et évidemment, tous ceux que je n’ai pas
pu citer.
J’ai une énorme pensée pour toute ma famille, mes parents et mes sœurs, Arielle et Séverine,
sans qui je n’en serais pas là aujourd’hui.
Liste des publications

Revues internationales avec Comité de lecture

[1] "Modeling and synthesis of the interdigital/stub composite right/left-handed artificial


transmission line", R. Siragusa, H.V. Nguyen, P. Lemaître-Auger, S. Tedjini and C. Caloz, Int. J.
RF. Micowave Computer-Aided Eng., to be published, 2009.

Conférences internationales avec comité de sélection et publication des actes

[2] "Automated design of CRLH structures using co-design synthesis computational ap-
proach", R. Siragusa, H.V. Nguyen, E. Perret, P. Lemaître-Auger, S. Tedjini and C. Caloz, IEEE
Asia Pacific Microwave Conference, Accepted, Singapore, 2009.

[3] "Near field focusing circular microstrip antenna array for RFID applications", R. Sira-
gusa, P. Lemaître-Auger and S. Tedjini, in Proc. IEEE International Antenna and Propagation
Symp., Charleston, USA, 2009.

[4] "Focusing principle of antenna array for localization applications", R. Siragusa, P. Lemaître-
Auger and S. Tedjini, in Proc. VIII Semetro, 8th International Seminar on Electrical Metrology,
Brasil, 2009.

[5] "Efficient electronically scanned CRLH leaky-wave antenna using independent double
tuning for impedance equalization", R. Siragusa, H.V. Nguyen, C. Caloz et S. Tedjini, in Proc.
CNC/USNC URSI National Radio Science Meeting, San Diego, USA, 2008.

[6] "Applications of the Acousto-optic Effect on Glass Integrated Optic Devices", L. Poffo,
P. Lemaître-Auger, P. Benech, K. Djerroud, R. Siragusa, in Proc. IEEE Industrial Electronics,
IECON 2006, vol. 6 n°10, pp. 2963-2968, Paris, France, 2006.

v
vi

Conférences nationales avec comité de selection et publication des actes

[7] "Méthode de conception automatisée appliquée aux lignes composites main gauche/droite",
R. Siragusa, H.V. Nguyen, E. Perret, P. Lemaître-Auger, S. Tedjini and C. Caloz, in Proc. 16èmes
Journée Nationale Microondes, pp. 114-118, Grenoble, France, 2009.

[8] "Antennes méta-matériaux pour la traçabilité par RFID", R. Siragusa, P. Lemaître-Auger,


L. Guilloton, T.P. Vuong, S. Tedjini, Journée Scientifique du Comité National Français de Ra-
dioélectricité Scientifique, Paris, France, 2007.
Table des matières

Remerciements iii

Liste de publication v

Table des matières x

Table des figures xiv

Liste des tableaux xv

Introduction 1

1 Etat de l’Art 5
1.1 Introduction . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 5
1.2 Les antennes à onde de fuite . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 5
1.2.1 Historique . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 6
1.2.2 Principe général . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 9
1.2.3 Les antennes 1-D . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 13
1.2.3.1 Les antennes uniformes . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 14
1.2.3.2 Les antennes périodiques . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 18
1.2.3.3 Les antennes quasi-uniformes . . . . . . . . . . . . . . . . . . 20
1.2.3.4 Diagramme de dispersion des AOF . . . . . . . . . . . . . . . 20
1.2.4 Les antennes 2-D . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 22
1.3 Théorie des métamatériaux : étude des structures CRLH . . . . . . . . . . . . . 23
1.3.1 Définition des métamatériaux . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 24
1.3.2 Propriétés de base des métamatériaux . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 26
1.3.3 Historique . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 29
1.3.4 La structure composite main droite/gauche . . . . . . . . . . . . . . . . 34
1.3.4.1 Cas idéal : structure homogène . . . . . . . . . . . . . . . . . 35

vii
viii TABLE DES MATIÈRES

1.3.4.2 Cas réel : structure pseudo-homogène . . . . . . . . . . . . . . 40


1.3.4.3 Implémentation en technologie micro-ruban . . . . . . . . . . 42
1.3.4.4 Applications . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 43
1.4 Conclusion . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 44

2 Modélisation et conception optimale de structures CRLH 45


2.1 Introduction . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 45
2.2 Modèle circuit amélioré d’une cellule CRLH . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 45
2.2.1 Modèle circuit d’une capacité interdigitée . . . . . . . . . . . . . . . . . 46
2.2.1.1 Modèle amélioré . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 47
2.2.1.2 Validation expérimentale . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 50
2.2.2 Modèle circuit d’un stub micro-ruban . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 51
2.2.3 Modèle circuit complet de la cellule CRLH . . . . . . . . . . . . . . . . 53
2.2.4 Validation expérimentale . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 54
2.2.5 Outil d’aide à l’analyse et à la synthèse de cellule CRLH . . . . . . . . . 54
2.2.5.1 Description de l’outil semi-automatique . . . . . . . . . . . . 56
2.2.5.2 Validation expérimentale d’un exemple de conception . . . . . 60
2.2.6 Les limites du modèle circuit pour une conception de ligne CRLH . . . . 60
2.3 Méthode manuelle de conception de lignes CRLH . . . . . . . . . . . . . . . . . 63
2.4 Méthode automatique de conception de lignes CRLH . . . . . . . . . . . . . . . 66
2.4.1 Description générale de l’approche de conception automatisée . . . . . . 66
2.4.1.1 Etape 1 : initialisation des paramètres géométriques de la cellule 66
2.4.1.2 Etape 2 : Optimisation de la ligne par algorithme génétique . . 68
2.4.2 Exemple de conception de ligne CRLH équilibrées . . . . . . . . . . . . 74
2.5 Sensibilité de la structure capacité interdigitée - stub . . . . . . . . . . . . . . . 80
2.6 Conception de lignes CRLH non uniformes . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 82
2.7 Conclusion . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 86

3 Antenne à onde de fuite CRLH efficace à balayage électronique 87


3.1 Introduction . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 87
3.2 Antenne à onde de fuite CRLH passive . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 87
3.2.1 Principe théorique . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 87
3.2.2 Application des AOF de type CRLH . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 88
3.3 Antenne à onde de fuite électronique à simple syntonisation . . . . . . . . . . . . 91
3.3.1 Principe de fonctionnement . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 91
3.3.2 Inconvénients de la structure simple syntonisation . . . . . . . . . . . . . 93
TABLE DES MATIÈRES ix

3.4 Antenne à onde de fuite CRLH électronique à double syntonisation . . . . . . . . 94


3.4.1 Théorie . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 94
3.4.2 Dimensionnement de l’antenne . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 98
3.4.3 Caractérisation des varactors . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 100
3.4.4 Implémentation en technologie micro-ruban . . . . . . . . . . . . . . . . 106
3.4.5 Le circuit d’alimentation des varactors . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 108
3.4.6 Diagramme de rayonnement de la structure . . . . . . . . . . . . . . . . 108
3.5 Conclusion . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 112

4 Réseau d’antennes CRLH à onde de fuite pour des applications de focalisation 115
4.1 Introduction . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 115
4.2 Théorie des réseaux d’antennes à phase . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 116
4.2.1 Applications des réseaux d’antennes à phase . . . . . . . . . . . . . . . 116
4.2.2 Principe de fonctionnement et techniques d’optimisation . . . . . . . . . 117
4.2.3 Etat de l’art de la focalisation par un réseau d’antennes à phase . . . . . . 119
4.3 Principe de fonctionnement du système de focalisation . . . . . . . . . . . . . . 121
4.3.1 Réseau d’antennes isotropes . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 121
4.3.1.1 Théorie . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 121
4.3.1.2 Etude de l’influence de la périodicité du réseau . . . . . . . . . 124
4.3.1.3 Etude de l’influence de la taille du réseau . . . . . . . . . . . . 126
4.3.1.4 Configuration planaire du réseau d’antennes . . . . . . . . . . 128
4.3.1.5 Performances d’un réseau planaire . . . . . . . . . . . . . . . 131
4.3.2 Réseau d’antennes dipôles . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 133
4.4 Conception du système à base d’antennes dipôles . . . . . . . . . . . . . . . . . 136
4.4.1 Schéma global du système . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 136
4.4.2 Le circuit d’alimentation . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 137
4.4.3 Le réseau d’antennes dipôles . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 139
4.5 Résultats pratiques préliminaires . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 140
4.5.1 Banc de mesures de champ électrique . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 140
4.5.2 Résultats de mesures . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 141
4.6 Réseau d’AOF CRLH . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 143
4.7 Perspectives . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 145
4.8 Conclusion . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 147

Conclusion 149
x TABLE DES MATIÈRES

Annexes 153
A.1 Caractérisation des diodes MSV34064 et MSV34075 . . . . . . . . . . . 153
A.2 Layout des jonctions 1 vers 2 et 1 vers 8 du circuit d’alimentation . . . . 153

Bibliographie 153
Table des figures

1.1 Première structure d’antenne à onde de fuite uniforme. . . . . . . . . . . . . . . 7


1.2 Première structure d’antenne à onde de fuite quasi-uniforme. . . . . . . . . . . . 8
1.3 Antenne à onde de fuite périodique. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 8
1.4 Convention de rayonnement des antennes . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 9
1.5 Ouverture supportant une onde de fuite avec un champ Ey . . . . . . . . . . . . . 10
1.6 Schéma géométrique du rayonnement d’une AOF infinie . . . . . . . . . . . . . 12
1.7 Schéma géométrique d’une AOF de dimension finie alimentée en z = 0. . . . . . 13
1.8 Convention d’axes en coordonnées sphériques . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 15
1.9 Diagramme de rayonnement d’une AOF infinie pour β = 0.1k0 , 0.5k0 et 0.866k0 . 16
1.10 Diagramme de rayonnement d’une AOF infinie pour α = 0.1k0 , 0.5k0 et 0.866k0 . 17
1.11 Diagramme de rayonnement d’une AOF pour L = 2λ0 , 10λ0 et 20λ0 . . . . . . . 18
1.12 Diagramme de dispersion d’une structure périodique. . . . . . . . . . . . . . . . 22
1.13 Diagramme de dispersion d’une structure uniforme. . . . . . . . . . . . . . . . . 22
1.14 Diagramme de Brillouin prenant en compte les rayonnements par onde de surface. 23
1.15 Classement des matériaux en fonction du signe de ǫ et de µ. . . . . . . . . . . . . 25
1.16 Trièdre (E,H,k) pour une onde électromagnétique. . . . . . . . . . . . . . . . . 27
1.17 Réfraction d’une onde électromagnétique à l’interface de deux matériaux. . . . . 28
1.18 Effet de double focalisation d’une lentille MG plane. . . . . . . . . . . . . . . . 29
1.19 Premier schéma de principe de la réfraction négative. . . . . . . . . . . . . . . . 30
1.20 Premier MMG composé d’un réseau périodique d’anneaux résonnants et de fil. . 31
1.21 Comparaison de l’angle de réfraction au travers d’un prisme MG et MD. . . . . . 32
1.22 Nombre de publications sur les MMT en fonction des années. . . . . . . . . . . . 33
1.23 Image obtenue avec une super lentille en argent. . . . . . . . . . . . . . . . . . . 33
1.24 Schéma d’un élément de longueur ∆z d’une ligne de transmission idéale. . . . . 35
1.25 Schéma circuit d’une cellule non symétrique d’une ligne CRLH homogène. . . . 36
1.26 Diagramme de dispersion d’une ligne CRLH uniforme non équilibrée. . . . . . . 39
1.27 Diagramme de dispersion d’une ligne CRLH uniforme équilibrée. . . . . . . . . 39

xi
xii TABLE DES FIGURES

1.28 Schéma circuit d’une cellule symétrique d’une ligne CRLH pseudo-homogène. . 41
1.29 Implémentation d’une cellule CRLH (a) non symétrique, (b) symétrique. . . . . . 41
1.30 Implémentation d’une ligne CRLH . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 42
1.31 Schéma d’une ligne CRLH implémentée en technologie micro-ruban. . . . . . . 43

2.1 Schéma et modèle circuit équivalent d’une cellule CRLH. . . . . . . . . . . . . . 46


2.2 Schéma et modèle circuit équivalent d’une capacité interdigitée. . . . . . . . . . 47
2.3 Modèle circuit équivalent proposé d’une capacité interdigitée. . . . . . . . . . . 48
2.4 Module et phase des paramètres S de la capacitée interdigitée. . . . . . . . . . . 52
2.5 Schéma et modèle circuit du stub court-circuité par un via métallisé. . . . . . . . 53
2.6 Module et phase des Paramètres S obtenus à partir du modèle analytique. . . . . 55
2.7 Abaque de CL et LR en fonction de wf et Lf . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 57
2.8 Abaque de CL et Ccp en fonction de wf et Lf . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 57
2.9 Abaque de LL et Cst en fonction de wf et Lf . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 58
2.10 Interface graphique de l’outil d’aide à la synthèse de cellule CRLH. . . . . . . . 60
2.11 Module et phase des paramètres S de la cellule. . . . . . . . . . . . . . . . . . . 62
2.12 Paramètres S de deux lignes CRLH de 6 cellules et de 18 cellules. . . . . . . . . 63
2.13 Schéma de l’approche manuelle de conception de lignes CRLH. . . . . . . . . . 65
2.14 Schéma de l’approche automatique de conception de ligne CRLH. . . . . . . . . 67
2.15 Schéma général du fonctionnement des algorithmes génétiques. . . . . . . . . . 71
2.16 Exemple d’évolution d’une fonction de coût d’un algorithme génétique. . . . . . 72
2.17 Evolution de la réponse d’une ligne CRLH au cours l’optimisation. . . . . . . . . 74
2.18 Photographie de la ligne CRLH réalisée avec l’approche automatique. . . . . . . 75
2.19 Paramètres S d’une ligne CRLH avant et après optimisation. . . . . . . . . . . . 75
2.20 Diagramme de rayonnement de la ligne CRLH avant et après optimisation. . . . . 76
2.21 Evolution des deux fonctions de coût de l’algorithme génétique. . . . . . . . . . 77
2.22 Paramètres S simulés et mesurés d’une ligne comportant six cellules. . . . . . . . 78
2.23 Comparaison des diagrammes de rayonnement de la ligne à la fréquence f0 . . . . 79
2.24 Diagrammes de dispersion simulés et mesurés de la ligne finale. . . . . . . . . . 79
2.25 Paramètres S simulés et mesurés de la ligne de 20 cellules. . . . . . . . . . . . . 80
2.26 Paramètres S mesurés de la ligne avec un facteur de surgravure (FS) de -0.02 mm. 81
2.27 Layout de la ligne CRLH non uniforme. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 83
2.28 Simulation des paramètres S en module de la ligne optimisée. . . . . . . . . . . . 85
2.29 Simulation des paramètres S en module de la ligne optimisée. . . . . . . . . . . . 85
2.30 Diagramme de rayonnement de la ligne uniforme et non uniforme pour f0 . . . . . 86

3.1 Diagramme de dispersion d’une ligne CRLH équilibrée. . . . . . . . . . . . . . 89


TABLE DES FIGURES xiii

3.2 Prototype d’AOF active de 8x6 cellules interconnectées avec 7 amplificateurs. . . 90


3.3 Schéma de l’analyseur de spectre temps réel à base d’AOF. . . . . . . . . . . . . 90
3.4 Diagramme de dispersion d’une AOF électronique . . . . . . . . . . . . . . . . . 91
3.5 Principe de rayonnement de l’antenne pour deux tensions d’alimentation. . . . . 92
3.6 Schéma circuit équivalent de la cellule électronique à simple syntonisation. . . . 93
3.7 Diagramme de rayonnement dans le plan E de l’AOF à simple syntonisation. . . 93
3.8 Schéma circuit de la cellule CRLH à double syntonisation. . . . . . . . . . . . . 95
3.9 Variations des varactors en fonction de l’angle de rayonnement. . . . . . . . . . . 99
3.10 Diagramme de dispersion théorique de l’antenne pour θ égale à −90◦ , 90◦ , 0◦ . . . 100
3.11 Impédance de Bloch, ZB , de l’antenne pour θ égale à −90◦ , +90◦ , 0◦ . . . . . . . 101
3.12 Diagramme de rayonnement normalisé théorique de l’antenne. . . . . . . . . . . 103
3.13 Modèle circuit constructeur des diodes varactors MSV34064 et MSV34075. . . . 104
3.14 Schéma du dispositif de mesure des diodes varactors. . . . . . . . . . . . . . . . 104
3.15 Schéma du dispositif de calibration Transmission/Reflection/Line. . . . . . . . . 105
3.16 Paramètres S pour Vp = 0V pour les diodes MSV34064. . . . . . . . . . . . . . 106
3.17 Layout de l’AOF électronique à double contrôle sans le circuit d’alimentation. . . 107
3.18 Impédance d’entrée du circuit d’alimentation vu de l’AOF. . . . . . . . . . . . . 109
3.19 Layout de l’AOF électronique à double contrôle avec le circuit d’alimentation. . . 109
3.20 Photo de l’antenne électronique à double contrôle. . . . . . . . . . . . . . . . . . 110
3.21 Banc de mesure de paramètres S avec l’analyseur vectoriel de réseau. . . . . . . 111
3.22 Variations des varactors en fonction de l’angle de rayonnement. . . . . . . . . . . 112
3.23 Paramètres S11 de l’AOF réalisée pour trois angles de rayonnement. . . . . . . . 113
3.24 Diagramme de dispersion de l’AOF réalisée pour trois angles de rayonnement. . . 113
3.25 Diagramme de rayonnement de l’antenne CRLH électronique réalisée. . . . . . . 114

4.1 Réseau d’antennes utilisé comme radar et comme relais de téléphonie. . . . . . . 117
4.2 Géométrie d’un réseau de N sources espacées d’une distance d. . . . . . . . . . . 119
4.3 Système RFID de la société Mojix composé d’une station de base STAR. . . . . 120
4.4 Schéma d’une lentille sphérique. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 122
4.5 Schéma équivalent du système de focalisation composé de sources isotropes. . . 123
4.6 Configuration du réseau shérique de 120 sources et puissance rayonnée. . . . . . 124
4.7 Configuration du réseau shérique de 12 sources et puissance rayonnée. . . . . . . 125
4.8 Puissance rayonnée par des réseaux de période 0.22 m et 0.022 m. . . . . . . . . 126
4.9 Puissance rayonnée par des réseaux sphériques de trois largeurs différentes. . . . 127
4.10 Schéma du système de focalisation composé d’un réseau d’antenne plan. . . . . . 128
4.11 Puissance rayonnée par un réseau plan de 12 sources espacées de 0.22 m. . . . . 129
xiv TABLE DES FIGURES

4.12 Schéma montrant le passage du réseau de forme sphérique Sij au réseau plan Sij′ . 130
4.13 Configuration et puissance rayonnée du réseau plan de 12 sources. . . . . . . . . 131
4.14 Puissance rayonnée par des réseaux plan et sphérique de 12 sources. . . . . . . . 132
4.15 Erreur de focalisation en fonction de la distance. . . . . . . . . . . . . . . . . . . 133
4.16 Taille du point focal en fonction de la distance. . . . . . . . . . . . . . . . . . . 134
4.17 Schéma d’une antenne dipôle λ/2. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 135
4.18 Puissance rayonnée d’un réseau de dipôles placés de façon radiale et tangentielle. 136
4.19 Schéma bloc du système de focalisation. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 137
4.20 Système d’alimentation du réseau d’antenne circulaire. . . . . . . . . . . . . . . 138
4.21 Phase mesurée en transmission de la jonction 1 vers 2. . . . . . . . . . . . . . . 138
4.22 Paramètres S simulés et mesurés de la jonction 1 vers 8. . . . . . . . . . . . . . . 139
4.23 Paramètres S mesurés de l’antenne dipôle. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 140
4.24 Réseau circulaire de dipôles. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 141
4.25 Puissance rayonnée par le réseau suivant l’axe Z pour une focale de 85 cm. . . . 142
4.26 Puissance rayonnée par le réseau suivant l’axe Y pour Z = 1m. . . . . . . . . . . 142
4.27 Principe de fonctionnement du système de focalisation idéal. . . . . . . . . . . . 144
4.28 Champ rayonné suivant l’axe Z par un réseau circulaire d’AOF. . . . . . . . . . 144
4.29 Erreur de focalisation et largeur du point focal en fonction de la distance. . . . . 146
4.30 Paramètres S avec les valeurs du constructeur pour les diodes MSV34064. . . . . 155
4.31 Paramètres S avec les valeurs du constructeur pour les diodes MSV34075. . . . . 156
4.32 Paramètres S avec les valeurs extraites des mesures pour les diodes MSV34064. . 157
4.33 Paramètres S avec les valeurs extraites des mesures pour les diodes MSV34075. . 158
4.34 Layout de la jonction 1 vers 2 du circuit d’alimentation du réseau d’antenne. . . . 159
4.35 Layout de la jonction 1 vers 8 du circuit d’alimentation du réseau d’antenne. . . . 159
Liste des tableaux

2.1 Paramètres de la capacitée interdigitée réalisée et modélisée . . . . . . . . . . . . 51


2.2 Paramètres physiques et paramètres du modèle circuit de la cellule CRLH réalisée. 54
2.3 Paramètres initiaux pour la synthèse de la cellule. . . . . . . . . . . . . . . . . . 58
2.4 Paramètres physiques de la cellule CRLH synthétisée. . . . . . . . . . . . . . . . 61
2.5 Paramètres de l’algorithme génétique de la méthode de conception automatique. . 72
2.6 Paramètres de la ligne CRLH réalisée avec l’approche automatique. . . . . . . . 76
2.7 Paramètres de la ligne CRLH non uniforme réalisée avec l’approche automatique. 84

3.1 Paramètres de l’AOF CRLH à double syntonisation. . . . . . . . . . . . . . . . . 98


3.2 Valeur des paramètres constructeur et extrait des mesures des diodes. . . . . . . . 102
3.3 Dimensions de l’AOF électronique de 10 cellules réalisée. . . . . . . . . . . . . 107

4.1 Dimensions des jonctions 1 vers 2 et 1 vers 8 du circuit d’alimentation. . . . . . . 154

xv
xvi LISTE DES TABLEAUX
Introduction

Lorsque je suivais Harry Potter dans sa cape d’invisibilité en lisant ses aventures ou lorsque
je paniquais en regardant le film Predator, invisible dans la jungle équatoriale, je n’imaginais
pas que tout cela serait un jour possible. Bien sur, ce ne sont pas des sorciers ou des monstres
extra-terrestres dont je parle mais de l’invisibilité. Depuis maintenant quelques années, cette ap-
plication occupe le centre des informations de vulgarisation scientifique : "La cape d’invisibilité
sera bientôt disponible grâce aux méta-matériaux (MMT)". Evidemment, la réalité dans les la-
boratoires est tout autre. Même si beaucoup de chemin fut parcouru depuis les bases posées par
Veselago en 1968 [1], nous sommes encore loin de la cape d’invisibilité du jeune sorcier. Seuls
quelques dispositifs à bande étroite sont aujourd’hui disponibles.
En dehors de cette application prometteuse, les MMT ont apporté d’importantes innovations
dans le domaine des radiofréquences et de l’optique. Il a été prouvé, par exemple, qu’il était pos-
sible de concevoir des lentilles planes quasi-parfaites grâce aux MMT [2]. D’autres applications
ont vu le jour dans le domaine des filtres, des coupleurs, des diviseurs de puissance[3].
Un autre domaine en pleine évolution aujourd’hui concerne les antennes. Au début, sous
la forme assez simple de monopôles ou de paraboles, les antennes sont devenues plus que de
simples éléments rayonnants. Beaucoup d’efforts ont été menés pour les miniaturiser afin de
les intégrer plus facilement dans les systèmes de communication. Ces dernières années, la ten-
dance semble cependant s’inverser, notamment dans le domaine de la téléphonie mobile. Les
téléphones sont maintenant de plus en plus gros pour intégrer le plus de fonctionnalités possibles
(photo, vidéo, internet). Aujourd’hui, l’antenne parfaite devrait être capable de balayage spatial,
de balayage fréquentiel, de modifier sa polarisation ou la forme de son faisceau.
L’utilisation des MMT apporta des résultats très prometteurs dans ce dernier domaine. Une
des antennes les plus originales est sans aucun doute l’Antenne à Onde de Fuite (AOF) de type
Main Gauche/Droite Composite (CRLH en anglais pour Composite Right/Left-Handed). Contrai-
rement aux AOF traditionnelles, elle permet un balayage spatial en fonction de la fréquence de
−90◦ à +90◦ . Il est intéressant de remarquer que le rayonnement à 0◦ est impossible avec les
AOF classiques car il correspond généralement à la fréquence de coupure du mode de fuite. Il
est cependant possible avec des AOF CRLH, comme nous le verrons dans ce mémoire. Quelques

1
2 Introduction

points de ces antennes sont encore à améliorer, points sur lesquels nous avons décidé de travailler.
Le premier chapitre pose les bases théoriques des AOF et des MMT afin de faciliter la com-
préhension des chapitres suivants. Nous introduirons les différents types d’AOF : les AOF uni-
formes, les AOF périodiques et les AOF quasi-périodiques. Nous nous intéresserons presqu’ex-
clusivement aux antennes à une dimension (1D). Une brève introduction aux antennes à deux
dimensions (2D) sera cependant effectuée. Ensuite, nous introduirons les MMT en commençant
par le contexte historique puis nous définirons les propriétés propres aux MMT. Un soin tout
particulier sera porté à la théorie des structures CRLH puisqu’elles serviront tout au long de ce
mémoire.
Le deuxième chapitre portera sur la modélisation et la conception de lignes et d’AOF de type
CRLH. Nous commencerons par présenter les modèles circuit que nous avons développés pour la
cellule composée de capacités interdigitées et de stubs micro-ruban. Pour faciliter la conception,
une première étude débouchant sur la réalisation d’une interface graphique sera développée.
Cet outil permet l’analyse et la synthèse des cellules CRLH. Un exemple de conception sera
démontré et les limites du modèle étudiées. Nous verrons l’importance du nombre de cellules
sur la réponse du système qui montrera la nécessité de disposer d’une méthode de conception
automatisée. Ensuite, nous présenterons la méthode que nous avons développée qui permet la
conception automatique d’une ligne ou AOF à partir d’un cahier des charges. Nous validerons
cette approche par un exemple de conception de ligne. Enfin, nous appliquerons cette technique
à la conception d’AOF CRLH non uniformes dans le but de minimiser les lobes secondaires de
l’antenne.
Dans le troisième chapitre de ce mémoire, nous allons étudier et concevoir un nouveau type
d’AOF électronique permettant le balayage spatial à fréquence fixe tout en conservant une bonne
adaptation d’impédance. Pour le moment, les AOF passives permettent de scanner l’espace en
modifiant la fréquence de fonctionnement. Comme la majorité des technologies de communica-
tion sont à bande étroite, cette propriété est souvent inexploitée. Pour atteindre notre objectif,
nous introduirons des diodes varactors dans la cellule afin d’en contrôler les différents para-
mètres. Après avoir développé la partie théorique, nous caractériserons des diodes varactors du
commerce. Enfin, nous présenterons notre prototype ainsi que les mesures expérimentales en fin
de chapitre.
Le quatrième et dernier chapitre sera l’occasion d’utiliser les AOF CRLH dans un réseau
à phase pour des applications de focalisation. Grâce au principe de Huygens, nous détaillerons
la théorie que nous avons développée pour permettre la focalisation à l’aide d’un réseau plan.
Nous commencerons par étudier les performances d’un réseau composé de sources isotropes
puis de sources de type dipôle. Afin de valider le concept, nous présenterons un premier système
basé sur des antennes dipôles. Ce système facilement reconfigurable grâce à deux déphaseurs
Introduction 3

permet la focalisation suivant l’axe normal au centre du réseau. La mesure de plusieurs points de
focalisation sera présentée. Enfin, nous étudierons théoriquement un réseau d’AOF CRLH.
Nous terminerons ce mémoire par les conclusions et les perspectives.
4 Introduction
Chapitre 1

Etat de l’Art

1.1 Introduction
Ce chapitre a pour but d’introduire les concepts théoriques qui seront utilisés dans ce mé-
moire. La première partie de ce chapitre portera sur l’état de l’art et la théorie des AOF. Nous
commencerons par un bref historique puis nous développerons le principe de fonctionnement des
differents types d’AOF à une dimension (1-D) : les antennes uniformes, les antennes périodiques
et les antennes quasi-uniformes. Enfin nous terminerons par un rapide descriptif des AOF à deux
dimensions (2-D).
La deuxième partie de ce chapitre portera sur les MMT et plus précisément les structures
CRLH. Nous commencerons par un historique général puis nous expliquerons les principales
propriétés des MMT. Enfin, nous détaillerons la théorie ainsi que les applications des structures
CRLH qui serviront de base pour le composant que nous utiliserons tout au long de ce mémoire :
l’AOF CRLH.

1.2 Les antennes à onde de fuite


Les antennes sont des composants radiofréquences permettant de faire la transition entre la
propagation guidée et la propagation en espace libre. Cette transistion se fait généralement sui-
vant des contraintes de tailles, de directions, de polarisations et de fréquences. Pour cette raison,
il existe une multitude de types et de formes d’antennes. Les plus rencontrées sont les antennes
résonnantes comme les dipôles ou les "patch" mais d’autres types d’antennes existent comme
par exemple les AOF. Les AOF sont des structures guidées utilisant la propagation d’une onde
de fuite (OF) comme mécanisme de radiation. Cette onde va perdre de la puissance par rayon-
nement tout au long de sa propagation dans la structure. Le rayonnement d’une AOF intervient

5
6 Etat de l’Art

donc sur sa longueur.

1.2.1 Historique
La première antenne à onde de fuite (AOF) date de 1940 et fut conçue par Hansen [4]. Elle
se compose d’un guide d’onde rectangulaire muni d’une ouverture sur l’un de ses côtés par
laquelle un rayonnement à lieu, comme le montre la figure 1.1. Cette antenne restera très peu
utilisée jusque dans les années 50 à cause de sa faible directivité. En effet, l’ouverture provoque
une importante perturbation des lignes de courant induisant un fort coefficient de fuite. Ainsi,
la majorité de l’énergie est rayonnée dès le début du guide ayant pour conséquence une faible
directivité.
Avec le succès des antennes à ouvertures comme les cornets, les AOF resteront peu étudiées
et peu utilisées. Il faudra attendre la fin des années 50 pour voir les premières avancées dans le
domaine. En effet, les AOF à base de guides d’onde fermés nécessitent peu de moyens de calculs
lors de la conception et sont réalisables avec des techniques de fabrication simples. Comme à
cette époque, il n’y avait pas encore d’ordinateur pour aider à la réalisation des antennes, cet
aspect est très important. De plus, la théorie est tellement précise que le prototype correspond
souvent parfaitement au cahier des charges sans avoir recours à une conception empirique.
En 1957, Hines propose de résoudre le problème de la faible directivité des AOF en rempla-
çant l’ouverture par une série de trous périodiques faiblement espacés [5]. Cette configuration
évite de couper les lignes de courant permettant ainsi d’obtenir des coefficients de fuite plus
faible et donc des faisceaux plus fins, voir la figure 1.2. Ces différents types d’antenne sont trai-
tés dans le livre de Walter [6] ainsi que dans le chapitre 11 de celui écrit par Oliner et Jackson
[7].
A la fin des années 50, des AOF basées sur des guides d’onde ouverts sont étudiées par
Rotman et al. [8]. Il découvre qu’un guide d’onde ouvert ne rayonne pas à cause de sa géo-
métrie présentant un plan de symétrie. Ainsi, l’adjonction d’une asymétrie dans la structure a
pour conséquence de permettre la propagation d’un mode de fuite. La théorie de cette antenne,
simple et performante, sera développée par Oliner [9]. Ce dernier type d’antenne restera peu
utilisé jusque dans les années 70, où de nouveaux besoins dans les fréquences micro-ondes et
millimétriques apparaissent. En effet, les guides d’ondes fermés présentent beaucoup de pertes à
ces fréquences. Les réseaux d’antennes sont alors étudiées mais ils nécessitent des circuits d’ali-
mentations souvent compliqués. Or le besoin de l’époque était de pouvoir faire des antennes les
plus simples possibles. Ainsi, l’AOF est la candidate parfaite de part sa simplicité. Cette antenne
à base de guide asymétrique fut largement utilisée dans de nombreuses applications et bandes de
fréquences.
Les antennes à onde de fuite 7

Onde rayonnée

Onde guidée

F IGURE 1.1 – Première structure d’antenne à onde de fuite uniforme : une guide d’onde rectan-
gulaire muni d’une ouverture sur un de ses bords.

Au même moment, Rotman présenta la première AOF périodique appelée sandwich line an-
tenna [10]. Elle se compose d’une ligne stripline avec deux plans de masse supérieur et inférieur
et un conducteur central plié périodiquement de façon à exciter le mode n = −1 de la structure.
Cette antenne ne connu pas un très grand succès car elle était très difficile à concevoir. En effet,
les paramètres α et β étaient liés aux mêmes paramètres géométriques et ne pouvaient donc pas
être fixés indépendamment l’un de l’autre.
L’AOF périodique la plus populaire a été inventée par Honey [11]. Elle se compose d’un
guide d’onde diélectrique surmonté d’un réseau de fils métalliques, comme le montre la figure
1.3. Cette antenne présente le grand avantage de coller parfaitement à la théorie. Les mesures de
diagrammes de rayonnement correspondent à la théorie jusqu’à des niveaux de -40 dB.
Le concept d’AOF 2D a aussi été développé dans les années 50. Von Trentini utilisa des
écrans partiellement réfléchissant (EPR) disposés périodiquement pour obtenir un rayonnement
broadside [12]. L’avantage de cette structure est de pouvoir obtenir des faisceaux directifs avec
un simple guide d’onde comme source. Ce travail servit de base pour un pan complet des AOF
2D. Ainsi dans les années 80, ce type de structure se développa sous la forme de super substrat
[13]. Au départ, cette structure ne fut pas reconnue comme étant une antenne à onde de fuite.
Il faudra attendre la fin des années 80 pour qu’une analyse complète soit réalisée par Jackson
et Oliner [14] [15]. Plus récemment, les antennes 2D utilisant des EPR furent étudiées plus en
détails en utilisant des surfaces composées de patch, de dipôles et de boucles [16].
Depuis les années 2000, les structures à base de métamatériaux et notamment les structures
CRLH ont été étudiées intensivement. Ainsi, le développement d’antenne à onde de fuite 1D de
type CRLH a permis de réaliser des antennes ayant un balayage spatial continu de "backfire" à
8 Etat de l’Art

Onde rayonnée

Onde guidée

F IGURE 1.2 – Première structure d’antenne à onde de fuite quasi-uniforme : un guide d’onde
rectangulaire muni d’une ouverture périodique sur un des bords.

Onde rayonnée

εr
Onde guidée

F IGURE 1.3 – Antenne à onde de fuite périodique : un guide d’onde dielectrique surmonté d’un
réseau de fil métallique.

"endfire" en passant par "broadside" sans présenter de coupure [17], comme le montre la figure
1.4. Ce type de structure sera étudié en détail dans la section 3.2.
Les antennes à onde de fuite 9

Rayonnement Broadside (0°)

Rayonnement Backfire (-90°) Rayonnement Endfire (+90°)

Propagation de l'onde
Antenne à onde de fuite

F IGURE 1.4 – Convention de rayonnement des antennes : "Backfire", rayonnement arrière : −90◦ ,
"Broadside", rayonnement perpendiculaire : 0◦ , "Endfire", rayonnement avant : +90◦ .

1.2.2 Principe général


Après cette revue de bibliographie sur les AOF, nous allons maintenant présenter plus en
détail le principe de fonctionnement de ces antennes.
Comme nous venons de le voir, les AOF utilisent la propagation d’une onde de fuite comme
mécanisme de rayonnement. Grâce à cette propriété, les AOF peuvent produire des faisceaux
directifs dépendant directement de la longueur de la structure et de la constante d’atténuation, α.
Ainsi plus l’antenne est longue et plus α est faible, plus elle sera directive.
Une onde de fuite (OF), est aussi nommée une Onde Rapide (OR). Elle est fondamentalement
rayonnante et possède une constante de phase β inférieure au nombre d’onde en espace libre k0 .
Pour illustrer le mécanisme de rayonnement de base des AOF, prenons l’exemple d’une ouverture
de longueur infinie comme sur la figure 1.5. Supposons que cette ouverture supporte une OF
possédant un champ électrique Ey (x, z) en x = 0 ayant la forme suivante :

Ey (x = 0, z) = Ae−jkz z , (1.1)

avec kz , le nombre d’onde complexe de fuite, donné par

kz = β − jα, (1.2)

avec β, la constante de phase et α, la constante d’atténuation. Dans le cas des AOF, la constante
d’atténuation n’est jamais nulle, même dans le cas d’une structure sans perte. En effet, elle
10 Etat de l’Art

contient à la fois les pertes inhérentes à l’antenne (dans le cas d’une structure à perte) et les
pertes par rayonnement.

x Ey
... ... z
F IGURE 1.5 – Ouverture supportant une onde de fuite avec un champ Ey .

Interessons-nous maintenant au champ électrique pour x > 0. Ce champ est de la forme :

Ey (x, z) = Ae−jkz z e−jkx x , (1.3)

avec le nombre d’onde transversal égal à :


q
kx = k02 − kz2 , (1.4)

avec k0 le nombre d’onde en espace libre. Pour expliquer le principe d’onde rapide et d’onde
lente, supposons que αz << βz (Dans la pratique cette hypothèse est souvent vraie). Dans ce
cas, l’équation 1.4 devient : q
kx = k02 − βz2 , (1.5)

L’équation 1.5 permet de mieux comprendre pourquoi une OR est de nature rayonnante. Lorsque
|βz | est supérieur à k0 , l’onde est dite lente. Sa vitesse de phase est inférieure à la vitesse de la
lumière. Nous remarquons que kx alors est imaginaire. Il y a donc une décroissance exponentielle
de l’onde suivant l’axe x. Par contre lorsque |βz | est inférieur à k0 , l’onde est dite rapide. Sa
vitesse de phase est supérieure à la vitesse de la lumière. La constante de propagation kx est alors
réelle. Il y a donc propagation d’une onde suivant l’axe x.
La direction de propagation de la puissance de l’onde rayonnée est directement liée au vecteur
~
de phase β,
β~ = βx~x + βz ~z = Re(~k) = Re(kx~x + kz ~z). (1.6)

L’angle de rayonnement principal θ0 peut alors être exprimé à l’aide de l’équation suivante :
βx
tan(θ0 ) = . (1.7)
βz
Dans la plupart des cas, αz est petit afin d’obtenir des faisceaux directifs. L’angle θ0 peut alors
être approximé par :
βz
cos(θ0 ) = . (1.8)
k0
Les antennes à onde de fuite 11

Lors de la démonstration précédente, nous avons implicitement considéré que le nombre


d’onde kx était soit purement réel (onde rapide), soit purement imaginaire (onde lente). En gé-
néral, l’onde possède une constante de propagation complexe. Une nouvelle approche doit alors
être développée pour décrire le fonctionnement de l’antenne. Nous allons maintenant voir le
comportement d’un mode à fuite complexe.
Supposons maintenant que le champ présent au dessus de l’antenne est de la forme donnée
par l’équation 1.3 avec une constante de propagation kx complexe égale à :

kx = βx − jαx . (1.9)

L’équation 1.4 devient alors :

q
βx − jαx = k02 − (βz − jαz )2 . (1.10)

Après avoir élevé au carré l’équation 1.10, nous exprimons l’égalité des parties imaginaires
et obtenons la relation suivante :

− βx αx = βz αz . (1.11)

Dans le cas d’une onde dite avant, c’est-à-dire avec αz , βz et βx tout deux supérieurs à zéro,
l’équation 1.11 implique αx < 0. Ainsi, l’onde au dessus de l’ouverture est censée croître ex-
ponentiellement. A première vue, cela peut sembler erroné car la condition de rayonnement à
l’infini serait alors violée. Ce paradoxe a été expliqué simplement dans [18] et [19] grâce à une
approche géométrique du problème.
Cette approche est présentée sur la figure 1.6. Elle montre une représentation schématique
d’une AOF. Les plans équi-phase de l’onde plane inhomogène rayonnée par l’antenne sont re-
présentés par les traits pointillés. La direction de propagation de l’onde est donnée par les rayons
en traits plein. L’espacement entre deux raies pleines indique l’intensité du champ. Ainsi, les raies
sont de plus en plus espacées au fur et à mesure de la propagation de l’onde le long de l’antenne
due à la puissance qui est rayonnée. Si un observateur se déplace sur l’axe x en s’éloignant de
l’antenne, il verra une intensité de champs de plus en plus importante. Ce schéma simple permet
d’expliquer la conclusion de l’équation 1.11. Dans cette situation, on parle de mode impropre de
l’antenne.
Le cas d’une onde arrière est présenté sur la figure 1.6.b. Une onde arrière possède une
constante de phase (β) négative et une constante de propagation (k) positive. Suivant l’équation
1.11, nous avons à présent αx > 0. Par le même raisonnement que précédemment, ce résultat est
expliqué par une interprétation géométrique. Le mode est alors dit propre.
12 Etat de l’Art

Plan equi-phase
Direction de propagation de l'onde

...
β
θ0 βx
βz

... Mode à fuite


θ0
... z

(a)

x
β
βx θ0
...

βz

θ0
... Mode à fuite ... z

(b)

F IGURE 1.6 – Schéma géométrique du rayonnement d’une AOF infinie supportant : a) une onde
avant, b) une onde arrière.

Par la suite, nous verrons que selon le type d’antenne, uniforme ou périodique, seul un certain
type de mode sera supporté. Toutes ces considérations seront utiles lors de l’analyse des AOF.
Jusqu’à présent, nous avons étudié le comportement d’une ouverture de longueur infinie. En
pratique, ce n’est jamais le cas. Intéressons-nous maintenant à la même ouverture excitée par une
source située en z = 0 telle que :

Ey (0, z) = Ae−jkz |z| , (1.12)

La figure 1.7 montre le rayonnement de l’AOF suivant le même principe que la figure 1.6. Ce mo-
dèle prédit à présent que si un observateur s’éloigne de l’AOF, il verra l’intensité du champ aug-
menter exponentiellement avant de décroitre très rapidement à partir d’une frontière "brouillard"
Les antennes à onde de fuite 13

située à θ = θ0 . Sur la figure 1.7, nous constatons que le champ s’annule directement au-delà
de cette frontière mais en réalité un champ très faible est présent. Nous pouvons noter que dans
le cas d’une antenne finie, le champ n’augmentera pas indéfiniment au dessus de l’antenne. Les
AOF finies ne violent donc pas la condition de radiation à l’infini.

Plan equi-phase
Direction de propagation de l'onde

x
β
θ0 βx d
u illar
βz e bro
n tièr
Fro

Source θ0
Mode à fuite z

F IGURE 1.7 – Schéma géométrique d’une AOF de dimension finie alimentée en z = 0.

Le champ rayonnée par cette ouverture peut être calculé grâce à la méthode de la tranformée
de Fourier. Elle permet de trouver le champ suivant les axes x et z en effectuant la transformée
de Fourier du champ Ẽy (0, kz′ ) définie par :

Ẽy (0, kz′ ) = T F [Ey (0, z)]


Z ∞

= Ae−jkz |z| ejkz z dz
−∞
2jAkz
= ′2 . (1.13)
kz − kz2
Le champ Ey (x, z) peut alors être déduit de la transformée de fourier 2D de 1.13.
Z ∞Z ∞
1 ′ ′
Ey (x, z) = Ẽy (0, kz′ )e−jkx x e−jkz z dkx′ dkz′ (1.14)
2π −∞ −∞
Après avoir décrit le fonctionnement des AOF de manière générale, nous allons nous intéres-
ser aux différents types d’AOF 1-D existants.

1.2.3 Les antennes 1-D


Une AOF 1D est une antenne guidant dans une seule dimension. Cette catégorie est ensuite
découpée en trois grandes familles : les antennes uniformes, les antennes périodiques et enfin les
14 Etat de l’Art

antennes quasi-uniformes. Leur principe de fonctionnement est globalement similaire mais leurs
performances et leur conception diffèrent.
Les antennes uniformes sont des structures guidantes qui sont uniformes sur toute leur lon-
gueur. Nous verrons par la suite que, dans certain cas, une zone tampon est utilisée le long du
guide. Il est admis dans la littérature que ce dernier type d’antenne fait également partie des
AOF uniformes. Leur mode de propagation principal est un mode rapide dit impropre. Il est
donc rayonnant par nature et ne peut rayonner que de broadside à endfire. En pratique, il est
impossible d’atteindre ces deux limites.
Les antennes périodiques sont, quant à elles, des structures guidantes modulées périodique-
ment. Cette périodicité fait apparaître le rayonnement. Comparées aux AOF uniformes, leur
mode dominant est lent et ne rayonne donc pas. Cependant, l’utilisation d’une structure pé-
riodique va produire des harmoniques d’espace dont certains seront rapides. Toute la difficulté
est donc de concevoir une antenne avec un seul harmonique rayonnant. Nous reviendrons sur
ces considérations dans la section 1.2.3.2. Nous verrons aussi que l’un des avantages de ce type
d’antenne est de pouvoir balayer de backfire à endfire. Le seul angle interdit est le rayonnement
broadside autour duquel se trouve une zone de coupure.
Enfin, les antennes quasi-uniformes sont des AOF qui possèdent une structure périodique qui
utilise l’harmonique spatial fondamentale comme mode à fuite. En effet, les autres harmoniques
d’espaces n’interviennent pas dans ce cas car ils sont négligeables.
Nous allons à présent détailler les caractéristiques de chacune d’entre elles aux travers d’exemples
de réalisation. Pour plus de détails, il est possible de se référer au chapitre 11 écrit par Oliner et
Jackson [7] où un grand nombre d’exemples est traité.

1.2.3.1 Les antennes uniformes

Les antennes uniformes à une dimension sont les premiers types d’AOF à avoir été réalisés.
La première étant le guide d’onde à fente [4] présentée à la figure 1.1. Cette structure est clas-
sée dans les AOF uniforme car sa géométrie est constante suivant l’axe z. Nous allons voir le
fonctionnement des AOF uniformes avec l’étude de cette structure.
Si la fente est étroite et qu’un plan de masse infini est utilisé autour de l’ouverture, la structure
est équivalente à une ligne de courant se propageant suivant l’axe z de la forme :

K(z) = Aexp(−jkz z), (1.15)

avec kz complexe égal à : β − jα. Le mode fondamental du guide, T E10 , est de type onde rapide.
Il est impropre et limite donc les angles de rayonnement à l’intervalle [0◦ ; 90◦ ]. Il est cependant
difficile d’obtenir un rayonnement broadside car cet angle correspond à la fréquence de coupure
Les antennes à onde de fuite 15

du guide. Ceci est le principal inconvénient de cette antenne. Une façon de le contourner est
d’alimenter le guide à chaque extrémité à une fréquence très légèrement supérieure à la fréquence
de coupure. Il est résulte alors deux rayonnements proches de broadside. Si les deux lobes sont
suffisamment proches, il en résultera un rayonnement équivalent à broadside mais moins directif
(puisque composé de la somme des deux lobes).

P(r, θ, φ)
θ

F IGURE 1.8 – Convention d’axes en coordonnées sphériques que nous conserverons tout au long
du mémoire.

En champ lointain, le champ électrique est polarisé suivant φ. Les coordonnées sphériques
utilisées dans ce mémoire sont présentées sur la figure 1.8. Cette composante peut être exprimée
à l’aide de la transformée de Fourier, K̃(kz ), de la fente [20] :

Eφ = −jk0 sin(θ)ψ(r)K̃(k0 cos(θ)), (1.16)

où :
e−jk0 r
ψ(r) = . (1.17)
4πr
En introduisant la transformée de l’équation (1.15) dans (1.16), nous obtenons alors :
sin(θ)
Eφ (r, θ) = Aψ(r) . (1.18)
cos(θ) − kz /k0
16 Etat de l’Art

En exprimant kz en fonction de α et β, le module du champ est :


 1/2
sin(θ)
|Eφ (r, θ)| = |Aψ(r)| . (1.19)
(cos(θ) − β/k0 )2 − (α/k0 )2

L’angle de rayonnement est contrôlé par β par la relation (1.8). La constante d’atténuation α
contrôle la largeur du lobe principal, BW , suivant la formule suivante :

BW = 2csc(θ0 )(α/k0 ), (1.20)

avec csc la fonction cosécante. Ainsi, pour obtenir une antenne très directive, nous chercherons
à avoir des coefficients α très faibles. La conséquence est qu’il faut en parallèle une antenne très
longue pour que suffisamment de puissance soit rayonnée.
Comme expliqué précédemment, il est difficile d’obtenir un angle de rayonnement proche
de broadside car la fréquence de fonctionnement correspond alors à la fréquence de coupure du
guide. Il n’est pas non plus possible d’utiliser l’antenne trop proche de l’angle endfire car la
fréquence élevée nécessaire induit la propagation de modes d’ordre supérieur dans le guide.
La figure 1.9 montre le diagramme de rayonnement théorique de cette antenne pour trois
valeurs de β : 0.1k0 , 0.5k0 et 0.866k0 . La constante d’atténuation α est fixée à 0.02k0 . Les angles
de rayonnement sont de 85◦ , 60◦ et 45◦ respectivement. Ces valeurs sont en concordance avec
l’équation 1.8 qui relie l’angle de rayonnement à la constante de phase.

1
β = 0.1 k 0
Puissance normalisée

0.8 β = 0.5 k 0
β = 0.866 k0
0.6

0.4

0.2

0
0 50 100 150 200
θ (°)

F IGURE 1.9 – Diagramme de rayonnement d’une AOF infinie pour β = 0.1k0 , 0.5k0 et 0.866k0 .
Les antennes à onde de fuite 17

1
α = 0.1 k
0
α = 0.06 k 0
Puissance normalisée
0.8
α = 0.01 k
0
0.6

0.4

0.2

0
0 50 100 150 200
θ (°)

F IGURE 1.10 – Diagramme de rayonnement d’une AOF infinie pour α = 0.1k0 , 0.5k0 et 0.866k0 .

La figure 1.10, quant à elle, montre le diagramme de rayonnement théorique de l’antenne


pour les valeurs suivantes de α : 0.1k0 , 0.5k0 et 0.866k0 . Dans chacun des cas, la constante
de phase β est fixée à 0.866k0 . Comme prévu, la constante d’atténuation joue directement sur
la largeur du lobe principal. Ainsi, plus α est faible, plus le faisceau est directif. C’est pour
cela qu’en pratique nous cherchons toujours à avoir une constante d’atténuation assez petite. En
contrepartie, la longueur de l’antenne doit être augmentée pour qu’une puissance suffisante soit
rayonnée.
Comme nous venons de la voir, le diagramme de rayonnement d’une AOF de longueur infinie
ne comporte pas de lobes secondaires. En effet, toute l’énergie injectée dans l’antenne se retrouve
rayonnée. Par contre, si l’antenne est finie de longueur L et est terminée par un absorbeur idéal
afin d’empêcher toute réflexion à la sortie, les bornes de l’intégrale de la transformée de Fourrier
deviennent alors égales à 0 et L. Le champ rayonné par l’AOF est :
 1/2
sin(θ)
|Eφ (r, θ)| = |Aψ(r)| 2 2
|1 − e−αL ejk0 L(cos(θ)−β/k0 ) |. (1.21)
(cos(θ) − β/k0 ) − (α/k0 )
Nous pouvons voir que le fait de limiter le domaine d’intrégration fait apparaître un terme en
exponentiel à la fin de l’équation 1.21. Ce terme est responsable des lobes secondaires.
La figure 1.11 représente le diagramme de rayonnement d’une AOF de différentes longueurs
L : 2λ0 , 10λ0 et 20λ0 pour α = 0.02k0 et β = 0.866k0 . Le fait d’utiliser une AOF de longueur
finie fait apparaître des lobes secondaires dont le niveau dépend directement de la longueur de
l’antenne.
18 Etat de l’Art

1
L = 20 λ
0
L = 10 λ0
Puissance normalisée
0.8
L = 2λ
0
0.6

0.4

0.2

0
0 50 100 150 200
θ (°)

F IGURE 1.11 – Diagramme de rayonnement d’une AOF de longueur L pour L = 2λ0 , 10λ0 et
20λ0 .

En pratique, il n’est pas possible d’avoir une antenne de longueur infinie. Une solution est
d’augmenter la valeur d’α. Cependant, la diminution des lobes secondaires se fait au détriment
de l’efficacité de rayonnement de l’ouverture. La solution la plus utilisée est de faire varier la va-
leur d’α le long de l’antenne. Cette technique est directement inspirée des synthèses de réseaux
d’antennes. En effet, il est courant d’utiliser des distributions d’amplitude non uniformes pour
alimenter les antennes d’un réseau afin de contrôler le niveau des lobes secondaires comme par
exemple les distributions de Taylor [21] et de Dolph Tschebyscheff [22]. La première permet
d’obtenir le meilleur compromis possible entre le niveau des lobes secondaires et la largeur du
lobe primaire. La seconde minimise la largeur du lobe principal pour un niveau de lobe secon-
daire donné. Toutes ces distributions sont à choisir en fonction du compromis que l’on veut faire.
Il est impossible d’obtenir une antenne très directive tout en ayant des lobes secondaires très bas.
L’optimisation se fera toujours au détriment de la directivité de l’antenne. La comparaison des
différentes distributions possibles est présentée en détail dans [23] et [24].

1.2.3.2 Les antennes périodiques

Les AOF périodiques sont assez similaires aux antennes uniformes d’un point de vue géné-
ral. Ainsi, la plupart des équations de la section précédente peuvent s’appliquer ici. Les seules
différences concernent la façon de produire le rayonnement qui est basé sur la périodicité de la
Les antennes à onde de fuite 19

structure et l’intervalle de balayage du rayonnement. Ceci nous conduit à présenter le concept


d’harmonique d’espace des AOF périodiques que nous ferons en nous basant sur l’exemple de la
figure 1.3.
Cette antenne présentée pour la première fois par R.C. Honey [11] est appelée antenne à
grille inductive. Elle est formée d’un guide d’onde diélectrique surmonté d’un réseau de plaques
métallisées de période d. Sans ce réseau périodique, le mode dominant du guide est un mode
lent qui est donc parfaitement guidé. Cette particularité est la principale différence par rapport
aux AOF uniformes qui ont toujours un mode dominant rapide. L’ajout des plaques métalliques
de façon périodique va creer une distribution d’énergie selon des harmoniques. Il est possible
d’exprimer le champ du mode fondamental, grâce au théorème de Bloch-Floquet, comme une
somme infinie d’ondes planes appelées harmoniques d’espace ou modes de Bloch-Floquet :
+∞
X
E(x, y, z) = An (x, y)e−αz e−jβzn z , (1.22)
n=−∞

avec,
2nπ
βzn = β0 + . (1.23)
d
βzn est la constante de phase du nime harmonique d’espace, β0 est la constante de phase du mode
fondamentale du guide diélectrique sans le réseau périodique. L’équation 1.23 montre que βzn
peut prendre une infinité de valeur. L’harmonique peut ainsi constituer une onde avant, arrière,
lente ou rapide.
Il est important de noter que les harmoniques d’espace sont des composantes de Fourier du
champ total. Ils ne peuvent pas exister de façons indépendantes. Ainsi, le champ total est rapide
si au moins un des harmoniques d’espace est rapide, c’est-à-dire que |βzn /k0 | < 1, sauf pour
n = 0 car le mode fondamental est lent. Si nous réécrivons l’équation 1.23 sous la forme :
βzn β0 nλ0
= + , (1.24)
k0 k0 d
nous voyons que |βzn /k0 | peut être inférieur à 1 si n est négatif et si le terme λ0 /d est choisi cor-
rectement. En pratique, afin d’éviter les lobes parasites, nous ne voulons qu’un seul harmonique
rapide. Le mode n = −1 est alors choisi pour être le mode rayonnant.
Nous avons vu que les antennes périodiques permettaient de balayer de backfire à endfire.
Une des difficultés rencontrées par ce type d’antenne concerne le rayonnement broadside car le
point β−1 = 0 correspond à βp = 2π. Dans la littérature, ce point est appelé "open stopband".
Prenons l’exemple du guide à trous de la figure 1.2. Au point de fonctionnement open stopband,
toutes réflexions dues aux discontinuités retournent en phase vers la source formant ainsi une
onde stationnaire. La constante d’atténuation devient alors égale à zéro et aucun rayonnement
n’a lieu.
20 Etat de l’Art

Beaucoup de techniques ont été développées pour remédier à ce problème. En effet, la plupart
des antennes sont utilisées en rayonnement broadside. Cet effet est donc un problème qui limite
fortement la popularisation des AOF. La solution la plus simple est d’utiliser deux éléments
rayonnant par cellule espacés de λ/4 [25]. Ainsi, lorsque βp = 2π, l’espace entre deux éléments
de chaque cellule ne sera que de π/2. Le déphasage global entre les cellules sera alors de π ce
qui tend à annuler les réflexions aux discontinuités. Cette technique permet de minimiser l’effet
stopband mais elle ne l’annule pas totalement. En 2007, de nouveaux travaux ont permis de faire
disparaitre totalement ce problème par une optimisation des paramètres de l’antenne [26].
Nous allons à présent discuter brièvement du dernier type d’AOF 1D qu’il est possible de
rencontrer : les antennes quasi-uniformes.

1.2.3.3 Les antennes quasi-uniformes

Les antennes quasi-uniformes sont à mi-chemin entre les antennes uniformes et les antennes
périodiques. Elles ont une structure périodique mais leur rayonnement provient exclusivement de
leur harmonique d’espace fondamental, les autres étant négligeables dans ce cas. Par exemple,
l’AOF de la figure 1.2 est une antenne quasi-uniforme car son mode fondamental T E10 est ra-
pide. Les AOF de type métamatériaux, basées sur des lignes de transmission périodiques de type
CRLH, sont aussi des antennes quasi-uniforme car c’est l’harmonique fondamental qui est uti-
lisé pour rayonner [17] [27]. Ces structures ont la particularité de permettre un rayonnement
broadside sous certaines conditions d’équilibre. Nous les détaillerons dans la section 3.2.

1.2.3.4 Diagramme de dispersion des AOF

Pour aider à la conception des AOF et à la visualisation des modes lents et rapides, il existe
un outil très utilisé appelé le diagramme k-β ou encore diagramme de Brillouin. Ce graphique
représente k0 d en fonction de βn d comme sur la figure 1.12. Nous utiliserons très souvent ce type
de diagramme par la suite car il permet de synthétiser toutes les informations utiles de l’antenne
sur un même graphique à savoir : mode, angle de rayonnement, zone de coupure, vitesse de phase
et vitesse de groupe. En effet, la vitesse de phase correspond au coefficient directeur de la droite
passant par l’origine et par le point de fonctionnement. Elle est définie par :

ω0
vφ =
βzn
k0 d
= c0 . (1.25)
βzn d

La vitesse de groupe correspond au coefficient directeur de la tangente à la fréquence de


Les antennes à onde de fuite 21

fonctionnement. Elle est définie par :

dω0
vg =
dβzn
d(k0 d)
= c0 . (1.26)
d(βzn d)

Sur la figure 1.12, chaque harmonique d’espace est déphasée de 2π par rapport aux har-
moniques adjacents. Les cônes délimités par les lignes en noir, appelés cônes de rayonnement,
représentent les limites entre les zones rapides et les zones lentes. Ces lignes correspondent à
|βzn /k0 | = 1. Chaque harmonique possède son propre cône de rayonnement. C’est pour cela que
l’on peut voir une infinité de frontières sur le graphique 1.12. Comme il suffit qu’un seul des
harmoniques soit rapide pour que le mode global soit rapide, la zone de rayonnement est étendu
à toute la zone non hachurée. Elle correspond à l’union de tous les cônes de rayonnement des
harmoniques. Les triangles hachurées correspondent aux zones d’ondes lentes de l’antenne. Si le
point de fonctionnement se trouve dans cette zone, il n’y a aucun rayonnement. Nous pouvons
aussi remarquer que si la fréquence est assez haute pour que k0 p soit supérieur à π alors le mode
est obligatoirement rayonnant.
Le diagramme de Brillouin est aussi très utilisé pour étudier les AOF uniformes. Dans ce cas,
il n’y a qu’un seul cône de rayonnement car il n’y a pas d’harmonique d’espace. Seul le mode
principal peut être lent ou rapide. La figure 1.13 montre un diagramme de Brillouin pour une
structure uniforme. L’antenne est rayonnante lorsque le point de fonctionnement entre dans la
zone non hachurée. Sinon le mode est complètement guidé.
En 2007, un nouveau type de diagramme de Brillouin a été introduit par Baccarelli et al. [28]
pour décrire plus précisemment le comportement des AOF périodiques dont la dimension trans-
verse au rayonnement est finie. La figure 1.14 montre le nouveau diagramme pour la structure de
la figure 1.3. Le but est de prendre en compte les autres mécanismes de rayonnement possibles
que sont les rayonnements par onde de surface directement dans le substrat. Ces ondes sont sup-
portés par les modes T E1 et T M0 . La zone A représente le rayonnement par onde de surface
T M0 et par onde de fuite, la B, repésente la partie guidée, la C est le rayonnement par onde de
surface T M0 seulement, la D correspond au rayonnement par ondes de surface T M0 et T E1 et
enfin la E, est le rayonnement par T M0 , T E1 et par onde de fuite. Nous pouvons remarquer qu’il
n’y a jamais de rayonnement purement par onde de fuite mais toujours une combinaison : onde
de fuite/onde de surface. Dans la suite de ce mémoire, nous négligerons ce rayonnement par onde
de surface par souci de simplicité.
22 Etat de l’Art

Région rayonnée
Région guidée k0p

-2π 0 2π
βnd

F IGURE 1.12 – Diagramme de dispersion, aussi appelé diagramme k−β, d’une structure pério-
dique.

Région rayonnée
Région guidée k0p

-2π 0 2π
βd

F IGURE 1.13 – Diagramme de dispersion, aussi appelé diagramme k−β, d’une structure uni-
forme.

1.2.4 Les antennes 2-D

Les AOF 2-D sont des antennes dont la structure guidante a deux dimensions. L’onde de fuite
qui en émerge est une onde cylindrique. Elles permettent d’obtenir assez facilement des faisceaux
très directifs à l’aide d’une source comme un dipôle. La première antenne de ce type fut crée par
von Trenteni en 1956 [12] mais ce n’est que beaucoup plus récemment, avec les avancés sur les
Théorie des métamatériaux : étude des structures CRLH 23

E
D
C
B B B B A

F IGURE 1.14 – Diagramme de Brillouin prenant en compte les rayonnements par onde de surface
[28]. La zone A représente le rayonnement par onde de surface T M0 et par onde de fuite, la B,
repésente la partie guidée, la C est le rayonnement par onde de surface T M0 seulement, la D
correspond au rayonnement par onde de surface T M0 et T E1 et enfin la E, est le rayonnement
par T M0 , T E1 et par onde de fuite.

métamatériaux, que ce type d’AOF fut le plus étudié. Beaucoup de ces antennes ne furent pas tout
de suite considérées comme des AOF car leur rayonnement était originellement expliqué par des
résonances de Fabry-Perot. Généralement ces antennes sont planaires. Elles sont constituées d’un
plan de masse surmonté d’un substrat diélectrique avec une surface partiellement réfléchissante
(SPR) [29] ou un réseau de fente [30] au dessus. Il est aussi possible de remplacer la SPR par
une surface à très faible permittivité (ǫr << 1) [31]. Cette surface peut être réalisée par des
structures périodiques comme les métamatériaux [3]. L’onde est alors piégée dans le substrat
et le rayonnement a lieu au niveau de la SPR. Les AOF 2-D n’étant pas le sujet principal de
ce mémoire. La théorie concernant ce type d’antenne ne sera pas développée ici. Pour plus de
détails, le lecteur peut se référer au chapitre 11 de [7].

1.3 Théorie des métamatériaux : étude des structures CRLH


Dans cette section, nous allons définir le concept de métamatériaux (MMT). Ce concept,
novateur, est très vaste et un consensus n’est pas encore réellement trouvé pour définir les fron-
tières entre structures classiques et structures MMT. Nous commencerons donc par exposer la
définition que nous avons adoptée dans ce mémoire. Ensuite, nous développerons les propriétés
communes à tous les MMT. Puis nous présenterons l’historique de ce type de structure. Enfin,
24 Etat de l’Art

nous nous attarderons au type de MMT qui sera principalement étudié dans ce mémoire : les
structures composite main gauche/droite(CRLH). Pour cela, nous détaillerons la théorie et les
applications de ces composants. Enfin, nous étudierons plus en détails les antennes à ondes de
fuite CRLH qui serviront de structures de base pour toutes les sections suivantes de cette thèse.

1.3.1 Définition des métamatériaux


La définition généralement admise des MMT est la suivante : "un MMT est une structure
artificielle pseudo-homogène possédant des propriétés électromagnétiques non disponibles dans
la nature"[3]. Cette définition, assez vague, est sujette à controverse. Surtout au sujet des termes
"non disponibles dans la nature" et "artificielle". En effet, la plupart des matériaux utilisés de
nos jours sont artificiels et la plupart de leurs propriétés ne sont pas disponibles telles quel dans
la nature. L’article de A. Shivola [32] résume bien le problème de la définition du terme méta-
matériaux. Nous ne rentrerons pas dans ce débat dans ce mémoire. Nous prendrons donc l’inter-
prétation admise par la communauté scientifique.
Le terme pseudo-homogène veut dire que la taille de la cellule de base constituant le ma-
tériau, p, doit être beaucoup plus petite que la longueur d’onde guidée λg . A la fréquence de
fonctionnement, le matériau est donc vu comme homogène par l’onde. Il est admis que la limite
d’homogénéité est fixée à p < λg /4. Cette limite nous assure que les phénomènes de diffraction
pourront être négligés.
Enfin, le terme "propriétés électromagnétiques non disponible dans la nature" est très vague.
Nous imaginons aisément que selon ce seul critère beaucoup de nouvelles structures peuvent être
considérées comme des MMT.
Etant définis comme pseudo-homogènes, il est possible de définir la perméabilité magnétique,
µ, et la permittivité électrique, ǫ, du MMT. Ceux-ci et les matériaux classiques peuvent alors être
classés en fonction du signe de ces deux paramètres qui forment l’indice de réfraction, n. Cet
indice est défini par la relation suivante :

n= ǫr µ r , (1.27)

avec ǫr et µr respectivement les permittivité et perméabilité relatives du matériau.


Nous pouvons voir, grâce à l’équation 1.27, que l’indice d’un matériau peut prendre différents
signes suivant le signe de ǫ et µ. Les différentes possibilités du couple (ǫ, µ) sont (+, +), (+, −),
(−, +) et (−, −). La figure 1.15 résume toutes les configurations possibles. Les trois premières
configurations ne sont pas nouvelles. En effet (+, +) correspond aux matériaux "classiques" dits
matériaux main droite (MMD) comme les matériaux diélectriques isotropes. L’expression main

→ − → −→
droite vient du fait qu’il faille utiliser la main droite pour trouver le trièdre direct ( E , H , k ).
Théorie des métamatériaux : étude des structures CRLH 25

MMT
µ

Matériaux mains droites


Matériaux électriques négatifs ε>0, µ>0, n>0
ε<0, µ>0, n imaginaire Propagation d'ondes avants
Présence d'ondes évanescentes ex: Diélectrique isotrope
ex: Métaux aux fréquences optiques

Matériaux mains gauches Matériaux magnétiques négatifs


MMG ε<0, µ<0, n<0 ε>0, µ<0, n imaginaire
Propagation d'ondes arrières Présence d'ondes évanescentes
ex: Lignes CRLH ex: Ferrites

F IGURE 1.15 – Classement des matériaux en fonction du signe de leur permittivité ǫ et de leur
perméabilité µ.

(+, −) correspond aux matériaux ferromagnétique sur certaines bandes de fréquences. (−, +)
correspond aux plasmas ainsi qu’aux métaux à des fréquences optiques. La dernière configura-
tion, (−, −), appartient à la classe des MMT dit main gauche (MMG). C’est ce type de MMT
qui sera étudié par la suite. Nous considérons donc qu’il est possible de mettre tout matériau
(anisotrope ou fonctions artificielles) avec un paramètre négatif dans la catégorie MMT tandis
que seules les structures avec un indice n négatif peuvent être nommé MMG.
Plusieurs synonymes de MMT existent dans la littérature pour désigner les MMG. Ils se
résument comme suit :
– Matériaux main gauche (left-handed materials). Ce terme fut proposé par Veselago [1]. Il
souligne la propriété fondamentale des MMT qui est l’opposition entre la vitesse de phase
et la vitesse de groupe.
– Matériaux doublement négatif (double-negative materials). les signes négatifs de la per-
mittivité et de la perméabilité sont explicitement mentionnés. Ce terme ne peut donc être
utilisé hors contexte.
– Matériaux à indice de réfraction négatif (negative refractive index materials). Ce terme
décrit très bien les matériaux 2D et 3D. Par contre, il ne peut être utilisé pour les matériaux
1D car la notion de d’angle de réfraction perd tout son sens.
26 Etat de l’Art

– Matériaux à onde arrière (backward wave materials). Ce terme souligne une autre propriété
mais ne donne pas de réelle information sur la définition d’un métamatériau car les ondes
arrière peuvent être également visibles dans des structures classiques.
– Matériaux de Veselago (Veselago medium). Ce terme rend hommage au scientifique consi-
déré comme le père des MMT. Seulement, il ne donne aucune information physique sur
les propriétés du matériau.
– Matériaux à vitesse de phase négative (negative phase velocity medium). Ce terme permet
de pointer du doigt la nouveauté des MMT : utiliser l’information de phase des paramètres
S du système au même titre que le module. Jusqu’à maintenant, le module des signaux était
le plus utilisé pour réaliser une fonction. Bien que très précis d’un point de vue sémantique,
ce terme est très peu utilisé par la communauté scientifique.
Dans la suite de ce mémoire, nous utiliserons le terme matériaux main gauche. En effet, il est
très utilisé dans la littérature et permet de bien comprendre de quel type de MMT nous parlons.
Dans la section suivante, nous allons à présent détailler les différentes propriétés qui dé-
coulent de l’indice négatif.

1.3.2 Propriétés de base des métamatériaux


Les MMG furent étudiés pour la première fois par Veselago dans son article fondateur [1].
Dans ce dernier, il étudie les caractéristiques qu’aurait un matériau avec les paramètres ǫ et µ
simultanément négatifs. Dans ce cas, il est possible de montrer que l’onde électromagnétique
se propageant dans le MMG possèdera une vitesse de phase opposée à la vitesse de groupe. En
effet, dans un MMG, les relations suivantes entre le champ électrique E, le champ magnétique
H et le nombre d’onde k peuvent être dérivées à partir des équations de Maxwell :

k × E = −ω|µ|H, (1.28)
k × H = +ω|ǫ|E. (1.29)
Le vecteur de Poynting, S, peut alors être déduit de l’équation suivante :

S =E×H . (1.30)

A partir des équations 1.28 et 1.29, il est possible de définir le trièdre (E,H,k) de la figure 1.16.
Dans le cas d’un MMD, le trièdre est classique avec le vecteur de pointing S dans la même
direction que le vecteur d’onde k (Fig. 1.16(a)), alors que dans le cas d’un MMG, nous pouvons
voir que le vecteur d’onde et le vecteur de Poynting sont opposés (Fig. 1.16(b)).
A première vue, cette opposition semble non physique. Elle devient moins troublante lorsque
l’on se rappelle que le vecteur d’onde ne transporte pas d’énergie. Dans le cas des MMG, le
Théorie des métamatériaux : étude des structures CRLH 27

S S

E H E H
k

(a) (b)

F IGURE 1.16 – Trièdre (E,H,k) pour une onde électromagnétique se propagant (a) dans un MMD
et (b) dans un MMG. Le vecteur de Pointing est désigné par S.

vecteur de Poynting, donc la puissance de l’onde, est toujours orienté dans le sens de propagation
de l’onde, seule la phase est inversée. Les MMG ne violent donc pas le principe de causalité.
Il est aussi possible de montrer que pour respecter la condition d’entropie, un MMG doit être
forcément dispersif. C’est-à-dire que la constante de propagation est une fonction non linéaire
de la fréquence. Une démonstration détaillée est disponible dans le livre de C. Caloz et T. Itoh ,
section 2.2 [3].
L’indice de réfraction d’un matériau est défini par l’équation 1.27. La constante de propaga-
tion est définie par :
ω
kn = nk0 = n . (1.31)
c
Comme nous venons de voir que kn < 0, cela implique que l’indice de réfraction, n, du MMG
est négatif.
A partir de ce résultat, il est possible de généraliser la loi de Snell-Descarte en tenant compte
de la possibilité d’une interface entre un MMD et un MMG :

ni sinθi = nt sinθt , (1.32)

avec ni et nt les indices de réfraction des matériaux supportant l’onde incidente et l’onde trans-
mise respectivement et θi et θt les angles des ondes incidentes et transmises par rapport à la
normale de l’interface entre les deux matériaux. Deux cas peuvent alors être distingués. Si les
deux matériaux possèdent un indice du même signe, alors la réfraction est dite positive car les
deux angles, θi et θt , sont positifs, voir la figure 1.17(a). Si les deux matériaux sont de signes
différents, alors la réfraction est dite négative car l’un des deux angles sera négatif, voir la figure
1.17(b).
28 Etat de l’Art

MMD (ni >0) MMD (n t>0) MMD (ni >0) MMG (n t<0)

kt St

θi θt θi θt
kt
Si Si St
ki ki

(a) (b)

F IGURE 1.17 – Réfraction d’une onde électromagnétique à l’interface de deux matériaux dif-
ferents. (a) Cas de deux matériaux d’indice de même signe (deux MMD ou deux MMG) : une
réfraction positive a lieu. (b) Cas de deux matériaux d’indice de signe different (un MMD et un
MMG) : une réfraction négative a lieu.

Cette propriété de l’équation 1.32 nous permet de définir le concept de lentille main gauche
plate. En effet, si l’on applique cette relation à un MMG entouré de deux MMD, alors nous
pouvons voir l’apparition d’un double effet de focalisation, comme le montre la figure 1.18.
Deux rayons symétriques par rapport à l’axe optique de la lentille seront réfractés négativement
à la première interface. Un premier point de focalisation aura donc lieu à l’intérieur de la lentille
à une distance f de l’interface. A la sortie du MMG, les deux rayons vont encore être réfractés
négativement pour se focaliser une deuxième fois à la sortie de la lentille.

Il y a encore beaucoup de propriétés qui peuvent découler de l’indice négatif. Nous avons
choisi de ne présenter que les plus remarquables. D’autres caractéristiques comme l’inversement
de l’effet Doppler [1], de la radiation de Vavilov Cerenkov [1] ou le concept de super lentille [2]
sont aussi démontrés et étudiés dans la litterature. Comme nous n’utiliserons pas ces concepts
par la suite, nous recommandons aux lecteurs interessés le chapitre 2 du livre de C. Caloz et T.
Itoh[3] pour obtenir plus d’informations et de référence sur ces concepts.

Après avoir décrit les principales propriétés des MMG, nous allons maintenant présenter
l’historique qui a mené la communauté scientifique à se tourner vers ce type de structure.
Théorie des métamatériaux : étude des structures CRLH 29

MMD (ni >0) MMG (nt = -ni ) MMD (ni >0)

θi θt
Source Re focalisation
focalisation

f
l

F IGURE 1.18 – Effet de double focalisation d’une lentille MG plane d’indice −|nt | entourée par
deux MMD d’indice ni = |nt |.

1.3.3 Historique

Beaucoup considèrent l’article de V. Veselago [1] comme l’article fondateur des MMG. Ce-
pendant l’étude des structures à ondes arrières a commencé bien avant 1967. En effet, l’opposi-
tion entre la vitesse de phase et la vitesse de groupe d’une onde a été reportée pour la première
fois dans la littérature par H. Lamb en 1904 [33] puis par H.C. Pocklington en 1905 [34] lorsque
ce dernier remarqua cette particularité sur certains systèmes mécaniques basés sur des chaines
tendues. En se basant sur les travaux de Lamb, A. Schuster nota brièvement l’implication de ce
phénomène sur la réfraction optique [35]. Cependant, il ne mena aucune étude détaillée sur ce
thème.
Il faudra attendre 1944 pour voir la première étude portant sur la réfraction négative. L.I.
Mandelshtam remarque que la réfraction négative est possible et qu’elle implique une opposition
entre la vitesse de phase et la vitesse de groupe [36]. Il conclut en écrivant que bien que cette so-
lution soit inhabituelle, elle n’en est pas moins physique car la phase ne porte aucune puissance.
La figure 1.19 montre le premier schéma de la réfraction négative que présenta L.I. Mandelshtam
[36].
En 1951, Malyuzhinets présente des exemples théoriques de structures 1D infinies supportant
des ondes arrières[37]. Ces lignes artificielles périodiques sont composées de capacités série
connectées à des inductances en parallèle.
Le lien entre la négativité de la permittivité et de la perméabilité avec la réfraction négative
a été étudié par Sivukhin en 1957 [38]. Il nota qu’il n’existe pas encore de tel matériau et que
leur faisabilité n’est pas encore très claire. Une étude plus détaillée fut présenté par Pafomov
30 Etat de l’Art

[39]. cet article traite également de la radiation de Vavilov Cerenkov dans les matériaux à ǫ et µ
négatif. C’est en se basant sur tous ces travaux que V. Veselago écrivit son article qui fera date
dans l’histoire des MMG [1].

F IGURE 1.19 – Premier schéma de principe de la réfraction négative publié en 1950 par L.I.
Mandelshtam [36].

A partir de cette théorie, Silin propose d’utiliser les MMG pour réaliser des lentilles planes
en 1978 [40]. Jusque là, tous les articles présentés ne sont que théoriques. Toutes les bases de
la théorie des MMG sont connues mais aucun MMG n’a pu être réalisé. Il faudra attendre 2000
pour que le premier MMG soit présenté par D. R. Smith et al. [41]. Il se compose d’un ré-
seau d’anneaux magnétiques résonnants appelés Split Ring Resonator couplés à un réseau de
fils conducteurs verticaux comme le montre la photo 1.20. Ces deux composants de base de la
structure étaient connus depuis les années 50. Les premiers réseaux de fils ont été étudiés par J.
Brown [42] et par W. Rotman [43] à partir des années 60. Leur combinaison est alors utilisée
comme matériaux diélectriques artificiels pour réaliser des lentilles RF.
Il était en effet connu que les matériaux comme les métaux nobles possèdent une fréquence
nommée fréquence de plasma à partir de laquelle il est possible d’obtenir des permittivités infé-
Théorie des métamatériaux : étude des structures CRLH 31

F IGURE 1.20 – Premier MMG composé d’un réseau périodique d’anneaux résonnants et de fils,
tiré de l’article de D. R. Smith et al. [41].

rieures à 1 ou même négatives. Il a été démontré qu’en utilisant des réseaux de fils conducteurs,
il est possible de diminuer cette fréquence afin de réaliser des applications dans le domaine RF.
Les anneaux magnétiques résonnants ont aussi été étudiés durant la même période. Nous re-
trouvons des études de tels résonateurs dans le livre de H.T. Friis et al écrit en 1952 [44]. Les
matériaux magnétiques artificiels ont continués à être utilisé et amélioré dans les années 70 et 80
[45][46] mais le premier anneau résonnant double sera présenté par J. Pendry et al. en 1999 [47].
Cet anneau sera l’une des briques de base du premier MMG. En effet, ces anneaux possèdent
la particularité de présenter une perméabilité magnétique négatives sur une certaine bande de
fréquence. Ainsi, en combinant des anneaux et des fils conçus pour résonner à la même fré-
quence, on réalise un matériau artificiel possédant une permittivité et une perméabilité négative
simultanément [41].
En 2001, la première expérience de réfraction négative fut menée par J. Pendry et D.R. Smith
[48]. Pour cela, un prisme a été formé en utilisant le MMG de [41], et l’angle de réfraction
d’une onde électromagnétique le traversant a été mesuré. Comme prévu par la théorie, un angle
négatif fut mesuré, comme le montre la figure 1.21. Ce résultat sera cependant contesté par
certains chercheurs qui tenteront de montrer que la réfraction négative mesurée n’est qu’une
mauvaise interprétation de la mesure [49]. J. Pendry et D.R. Smith répondront dans [50] en
montrant qu’une erreur s’était glissée dans l’article [49], faisant ainsi taire la controverse sur
cette expérience.
Depuis, de nombreuses recherches ne cesseront d’être menées dans le domaine. Sur le gra-
phique de la figure 1.22 tiré de [51], nous pouvons remarquer une augmentation exponentielle
32 Etat de l’Art

1
LHM

Normalized power (linear scale)


Teflon
0.8

0.6

0.4

0.2

0
-90 -60 -30 0 30 60 90
Angle from normal (deg)

F IGURE 1.21 – Comparaison de l’angle de réfraction au travers d’un prisme fait à partir du MMG
de [41] et de téflon. L’angle de réfraction est bien négatif pour le prisme en MMG. Figure tirée
de [48].

du nombre de publications sur le domaine qui double tous les dix mois. Cela prouve l’intérêt de
la communauté pour ce nouveau pan de la physique. Recemment, plusieurs équipes ont réussi à
réaliser des matériaux à perméabilité magnétiques négatives [52] ainsi que des MMG [53] à des
longueurs d’ondes visibles en utilisant des cellules de l’ordre de la centaine de nanomètre.
En même temps que l’apparition des premiers MMG, Pendry présenta le concept de super
lentille [2]. Dans son article, il montra que la limite de résolution d’une lentille, qui est de l’ordre
de la longueur d’onde, est due à la perte des modes évanescents lors de la propagation, modes
qui sont porteurs d’informations. Dans le cas d’une lentille MG plane comme celle de la figure
1.18, les modes evanescents se trouvent amplifiés dans le MMG. Il est alors possible d’obtenir
des images avec une résolution meilleure que la longueur d’onde. Ce concept (comme celui des
MMG) divisa la communauté scientifique [55][56]. Depuis, il a été démontré expérimentalement
qu’il était en effet possible de réaliser des super lentilles. Par exemple, dans l’article [54], une
couche d’argent est utilisée comme lentille à la longueur d’onde de 365 nm. Des résolutions de
89 nm ont été obtenues, soit 4 fois inférieures à la longueur d’onde utilisée, voir la figure 1.23.
Ces résultats prometteurs permettront d’améliorer les systèmes optiques basés sur les lentilles
comme les télescopes en astronomie, les tireuses de masque en microélectronique ou les lasers
permettant de brûler les tumeurs en médecine.
La deuxième application très étudiée concerne l’invisibilité. En effet, dans [57], il a été mon-
Théorie des métamatériaux : étude des structures CRLH 33

104

103
Log(Publications)

102

101

100
1997 1998 1999 2000 2001 2002 2003 2004 2005 2006
Year

F IGURE 1.22 – Nombre de publication en échelle logarithmique en fonction des années. Ce


nombre augmente de façon exponentielle en doublant tous les dix mois. Graphique tiré de [51].

(a)

(b)

(c)

F IGURE 1.23 – (a) Image réalisée avec un faisceau d’ions focalisés. (b) Image développée sur
résine photosensible avec une lentille argent. (c) Image développée sur résine photosensible sans
une lentille argent. Photos tirées de [54].

tré qu’il était possible de réaliser une sorte de cape d’invisibilité à l’aide de MMG. Le principe
est d’utilisér les MMG pour contrôler la lumière autour de l’objet à cacher de telle sorte que
l’onde lumineuse après l’objet soit comme elle aurait été sans le présence de ce dernier. Le défi
34 Etat de l’Art

est de réussir à faire un système large bande et surtout à faible perte afin d’obtenir une invisibilité
sans effet de floue.
Les MMG présentés jusqu’à maintenant font parti de la catégorie dite MMG résonnant. En
effet, l’effet MMG est obtenu lors de la résonance des composants constituants la cellule de base
du matériau. Le problème rencontré avec ce type de structure concerne les pertes qui sont souvent
importantes. De plus, ces MMG sont difficilement intégrables dans des structures planaires de
type micro-ruban. Quelques applications ont cependant été réalisées comme des filtres passe-
bande [58] mais leur utilisation demeure marginale.
En 2002, un nouveau type de MMG, non résonnant, a été développé par C. Caloz et T. Itoh
[59] et Eleftheriades [60]. Cette structure sera expliquée en détails dans la section suivante ainsi
que plusieurs des applications qui en ont découlées. Le principal avantage de cette approche est
la non résonance. Il y a donc moins de perte que dans les MMG de type fil+SRR. Depuis son
invention, cette approche a rencontré un grand succès et fut intensivement étudiée. Les défis
actuels sont de développer de nouvelles structures plus complètes, de faciliter la conception de
ce type de structure ou encore d’intégrer ces composants dans des systèmes innovants. Nous
élaborerons ces trois points plus amplement dans les chapitres 2, 3 et 4 respectivement.
Nous allons à présent détailler la théorie des lignes composites main gauche/droite puis nous
présenterons les différentes applications guidées et non guidées de cette structure.

1.3.4 La structure composite main droite/gauche

La structure composite main droite/gauche ou Composite Right/Left Handed (CRLH) en an-


glais fait partie de la catégorie MMG non résonnant. Contrairement aux structures basées sur les
réseaux de fil+SRR, cette approche n’utilise pas de résonateurs pour créer artificiellement des
permittivités et perméabilités négatives. Les principaux avantages sont donc de faibles pertes,
une plus large bande d’utilisation et un encombrement moindre. En effet, comme nous le verrons
dans cette section, il est possible de réaliser une ligne CRLH en technologie planaire.
La théorie des lignes CRLH est basée sur la théorie des lignes de transmission. Elle fut
entièrement détaillée dans le livre de Caloz et Itoh [3], précurseurs dans le domaine. L’objectif de
cette section n’est pas de réecrire ce livre mais de permettre au lecteur non familié du domaine de
comprendre les principes de base des lignes CRLH et d’introduire les concepts qui seront utilisés
par la suite. Nous verrons ensuite un panorama des utilisations potentielles des lignes CRLH en
séparant les applications guidées des applications non guidées. Enfin, nous apporterons un soin
particulier à l’antenne à ondes de fuite CRLH, composant central de ce mémoire.
Théorie des métamatériaux : étude des structures CRLH 35

1.3.4.1 Cas idéal : structure homogène

Cette section porte sur l’étude des lignes main gauche en supposant celles-ci idéales et ho-
mogènes. Idéal veut dire, dans notre cas, que la ligne est utilisable sur toutes les fréquences, sans
aucune fréquence de coupure. Homogène veut dire uniforme, c’est-à-dire invariant dans la di-
rection de propagation. La figure 1.24 représente le schéma d’un élément de longueur ∆z d’une
ligne de transmission homogène avec ses paramètres fondamentaux : v(z, t), i(z, t), les courants
et tensions dans le domaine temps/fréquence et V (z), I(z), les tensions et courants dans le ré-
gime stationnaire.

i(z,t),I(z)

v(z,t),V(z) z

∆z

F IGURE 1.24 – Schéma d’un élément de longueur infinitésimale ∆z d’une ligne de transmission
idéale.

En pratique, il n’existe pas de MMG à l’état naturel. Il n’est donc pas possible de faire une
ligne strictement homogène à cause de la taille des éléments MG la composant. Nous disons
alors que la ligne est quasi-homogène, c’est à dire que :

∆z << λg (au moins inférieur à λ/4 en pratique). (1.33)

où λg est la longueur d’onde guidée.


Il est tout de même interessant d’étudier le cas homogène car, comme nous le verrons dans
la section 1.3.4.2, ces résultats peuvent facilement se généraliser au cas pseudo-homogène.
Le schéma circuit d’une cellule CRLH est présenté sur la figure 1.25. Il se compose d’une
impédance linéique série Z ′ (Ω/m) connectée en parallèle à une admittance linéique Y ′ (Ω/m),
elle-même connectée au plan de réference. Z ′ se compose d’une capacité CL′ (F.m) contribuant
à l’effet main gauche en série avec une inductance L′R (H/m) contribuant à l’effet main droite.
Y ′ est composé d’une inductance main gauche L′L (H.m) connectée en parallèle à une capacité
main droite CR′ (F/m). Z ′ et Y ′ peuvent alors s’exprimer de la façon suivante :
 
′ ′ 1
Z = j ωLR − , (1.34)
ωCL′
36 Etat de l’Art

 
′ ′ 1
Y = j ωCR − . (1.35)
ωL′L
Lorsque les impédances mains gauches sont nulles, il est intéressant de remarquer que nous re-

Z’
L’R .∆ z C’L /∆ z
Y’
L’L /∆ z C’R.∆ z

∆z
F IGURE 1.25 – Schéma circuit d’une cellule unitaire non symétrique d’une ligne CRLH homo-
gène.

trouvons alors le modèle d’une ligne purement main droite (PMD). Tandis que si les impédances
mains droites sont nulles, nous obtenons alors le modèle d’une ligne purement main gauche
(PMG). En pratique, il est impossible d’avoir une ligne PMG, car lors de la réalisation physique
des capacités CL′ et des inductances L′L , il y a toujours des éléments parasites assimilables aux
composants mains droites. Ces contributions deviennent de plus en plus importantes à mesure
que la fréquence augmente. Ainsi, lorsque ω → ∞, nous avons ZL′ → 0 et YL′ → 0. Le com-
portement de la ligne CRLH devient alors équivalent à une ligne PMD. Inversement, à basse
fréquence, lorsque ω → 0, nous avons ZR′ → 0 et YR′ → 0. Le comportement de la ligne CRLH
devient alors équivalent à une ligne PMG. Entre les deux, le comportement dépend des valeurs
des differents paramètres de la cellule.
Après cette étude asymptotique, nous allons maintenant présenter l’étude rigoureuse de cette
ligne. Commençons par écrire l’équation des télégraphistes dans le cas sinusoïdale stationnaire :
 
dV ′ ′ 1
= −Z I = −j ωLR − I, (1.36)
dz ωCL′
 
dI ′ ′ 1
= −Y V = j ωCR − V, (1.37)
dz ωL′L
avec V et I, les tensions et courants fonction de la position z le long de la ligne. En manipulant
les équations 1.36 et 1.37, nous obtenons les équations d’onde suivantes :
d2 V
2
− γ 2 = 0, (1.38)
dz
Théorie des métamatériaux : étude des structures CRLH 37

dI
− γ 2 = 0, (1.39)
dz
où γ(m−1 ) est la constante de propagation complexe qu’il est possible d’exprimer en fonction de
Z ′ et Y ′ avec l’équation suivante :

γ = α + jβ = Z ′Y ′, (1.40)

où α est la constante d’atténuation et β, la constante de phase. La solution des équations 1.38 et


1.39 est la suivante :
V (z) = V0+ e+γz + V0− e−γz , (1.41)
γ
I(z) = I0+ e−γz + V0− e+γz = V0+ e−γz − V0− e+γz .

(1.42)
Z
Par convention, le terme e−γz correspond à la propagation dans le sens de l’axe z et e+γz à la
propagation suivant le sens contraire de l’axe z. L’impédance caractéristique, Zc (Ω), qui est le
ratio entre courant et tension circulant dans une même direction, est obtenue en comparant les
équations 1.42 et 1.41 et en utilisant l’équation 1.40 :
r
Z Z
Zc = Rc + jXc = = . (1.43)
γ Y

Pour alléger les équations, nous définissons les paramètres suivants :

1
ωR = p ′ ′ (rad.m/s), (1.44)
LR CR

1
ωL = p (rad.m/s), (1.45)
L′L CL′

κ = L′R CL′ + L′L CR′ (s/rad2 ), (1.46)

ainsi que les fréquences séries et parallèles :

1
ωse = p ′ ′ (rad/s), (1.47)
LR CL

1
ωpar = p (rad.m/s). (1.48)
L′L CR′
En injectant les expressions 1.34 et 1.35 dans l’équation 1.40, il est possible d’obtenir l’ex-
pression analytique suivante de la constante de propagation :
s 
2
ω  ω 2
L
γ = α + jβ = js(ω) + − κωL2 , (1.49)
ωR ω
38 Etat de l’Art

avec s(ω), la fonction de signe suivante :



−1 si ω<min(ω , ω ) Comportement main gauche,
se par
s(ω) = (1.50)
+1 si ω>max(ω , ω ) Comportement main droite.
se par

Nous pouvons constater qu’à cause du signe − dans la racine de l’équation 1.49, la constante de
propagation peut être purement réelle, et ce, même si la ligne est sans perte.
La figure 1.26 présente le diagramme de dispersion d’une ligne CRLH calculée à partir de
l’équation 1.49. Nous distinguons trois zones sur ce diagramme. La zone main gauche (β < 0)
qui correspond à une vitesse de phase et de groupe anti-parallèle. La zone main droite (β > 0)
qui correspond à une vitesse de phase et de groupe parallèle. Enfin, la région stopband (β = 0) où
aucune onde ne peut se propager. Elle correspond à ω ∈ [min(ωse , ωpar ), max(ωse , ωpar )]. Celui-
ci est présent lorsqu’il y a une difference entre les fréquences de résonance séries et parallèles,
ωse et ωpar . Dans ce cas, la ligne est dite non équilibrée. Si par contre ωse = ωpar , alors la
ligne est dite équilibrée et le stopband disparait. La ligne est alors utilisable sur toute sa bande
passante, y compris au point β = 0. A cette fréquence, la vitesse de phase est infinie, c’est-à-dire
que la longueur d’onde guidée est infinie alors que la vitesse de groupe est non nulle. Il y a donc
propagation d’énergie, même au point de transition MG/MD.
La figure 1.27 présente le diagramme de dispersion d’une ligne CRLH équilibrée. Dans la
pratique, la structure équillibrée est la plus interessante et la plus utilisée. En effet, elle offre
de nombreux avantages comparés aux structures non équilibrées comme par exemple une bande
passante plus importante et une impédance théoriquement indépendante de la fréquence. Elle
ajoute par contre une condition supplémentaire lors de la conception. Comme nous le verrons
par la suite dans la section 2.4, cette condition est très difficile à obtenir en pratique car elle
nécessite le contrôle parfait et indépendant de tous les éléments du modèle circuit.
La condition d’équilibre correspond à l’équation suivante :

ωse = ωpar ,

L′R CL′ = L′L CR′ . (1.51)


Dans ce cas, nous pouvons voir, à partir de l’équation 1.43, que les pôles et les zéros de l’im-
pédance Zc s’annulent mutuellement, ayant pour conséquence de supprimer le stopband et de
rendre Zc indépendant de la fréquence. La condition d’équilibre autorise donc théoriquement
une adaptation parfaite sur une bande de fréquence infinie. En pratique, cela se traduit par une
adaptation optimale sur toute la bande passante de la ligne. La condition d’équilibre simplifie
aussi l’expression de la constante de phase β :
ω ωL
β= − . (1.52)
ωR ω
Théorie des métamatériaux : étude des structures CRLH 39

- +
βMD βMD

max(ωse , ωpar )

α- α+ min(ωse , ωpar )
+ -
βMG βMG

0 β ,α

F IGURE 1.26 – Diagramme de dispersion d’une ligne CRLH uniforme non équilibrée calculé à
partir de l’équation 1.49. Les signe + et − désignent la propagation dans le sens des z positifs et
négatifs respectivement.

- α +
βMD βMD

ω0
+ -
βMG βMG

0 β ,α

F IGURE 1.27 – Diagramme de dispersion d’une ligne CRLH uniforme équilibrée calculé à partir
de l’équation 1.49. Les signes + et − désignent la propagation dans les sens des z positif et
négatif respectivement.

La racine de l’équation 1.52 est la fréquence de transition ω0 , entre le comportement main gauche
et le comportement main droite de la ligne :

ω0 = ωR ωL . (1.53)

Dans le cas non-équilibré, à la fréquence ωse ou ωpar , nous avons, selon les équations 1.34 et
40 Etat de l’Art

1.35 :
Z(ω = ωse ) = 0, (1.54)
et
Y (ω = ωpar ) = 0. (1.55)
Cela a pour conséquence d’introduire un zéro et un pôle dans l’équation de l’impédance caracté-
ristique 1.43 :
Zc (ω = ωse ) = 0, (1.56)
et
Zc (ω = ωpar ) = ∞. (1.57)
Ces deux points correspondent à une vitesse de groupe nulle, c’est-à-dire une pente nulle sur le
diagramme de dispersion. Cela a pour conséquence d’induire un stopband même si la ligne est
sans perte. Ainsi, sur toute la bande de fréquence de la zone stopband, l’impédance caractéris-
tique est purement imaginaire.
En conclusion, la ligne équilibrée présente donc l’avantage d’être utilisable sur une plus large
bande avec une meilleure adaptation que la ligne non équilibrée. Enfin, la possiblité de pouvoir
transmettre de la puissance, même au point β = 0, sera un avantage exploité dans de nombreuses
applications, comme par exemple les AOF CRLH.
Après avoir détaillé les différentes propriétés des lignes CRLH uniformes, nous allons géné-
raliser ces concepts aux lignes réelles qui, elles, sont pseudo-uniformes.

1.3.4.2 Cas réel : structure pseudo-homogène

En pratique, une ligne CRLH uniforme n’existe pas : les capacités et les inductances pos-
sèdent une taille finie qui dépend de la technologie utilisée. La taille de la cellule unitaire étant
finie, nous ne pouvons donc pas la considérer homogène sans précaution particulière. Comparée
à une cellule homogène, la cellule n’a plus une taille ∆z proche de 0. Les éléments la composant
ne sont donc plus linéiques mais localisés. Ils ne peuvent s’exprimer qu’en terme de longueur
électrique, c’est-à-dire en radian. Si, la taille de la cellule unitaire, p, tend vers 0, il est alors
possible d’exprimer les différentes impédances de façon linéique comme dans le cas homogène
par l’équation suivante :  
′Z LR 1
Z = =j ω − , (1.58)
p p ωCL p
 
′ Y CR 1
Y = =j ω − . (1.59)
p p ωLL p
Le modèle de la figure 1.28 est donc équivalent à celui de la figure 1.25. Les propriétés définies
dans la section 1.3.4.1 sont donc valables pour la cellule pseudo-homogène si sa longueur tend
Théorie des métamatériaux : étude des structures CRLH 41

Z
LR CL
Y
LL CR

∆φ
F IGURE 1.28 – Schéma circuit d’une cellule symétrique d’une ligne CRLH pseudo-homogène.

vers 0. En pratique, nous considérons qu’il y a équivalence entre les deux modèles si la taille de
la cellule suit la condition d’homogénéité 1.33.
Il existe deux façons d’implémenter une cellule CRLH comme le montre la figure 1.29 :
symétrique et non symétrique. Ensuite, pour faire une ligne CRLH de longueur, L, il suffit de
mettre en cascade N cellules de telle sorte que : L = N p. La figure 1.30 montre la différence qu’il
y a entre les deux. La principale difference provient de la première et de la dernière capacitée
interdigitée. Leur capacité CL doit être deux fois plus importante que les autres, tandis que leur
inductance LR doit être deux fois plus faible. Cette particularité augmente la complexité de la
ligne. Elle sont toutefois préférée aux lignes non symétriques car leurs deux ports d’accès sont
identiques. Elles sont donc plus facilement adaptables.

Z Z/2 Z/2

Y Y

(a) (b)
F IGURE 1.29 – Implémentation d’une cellule CRLH (a) non symétrique, (b) symétrique.

Après avoir exposé la théorie des lignes CRLH, nous allons maintenant décrire comment il
est possible de les implémenter en pratique.
42 Etat de l’Art

Ze Zs
Z Z Z

Y Y Y

(a)
Ze Zs
Z/2 Z/2 Z/2 Z/2 Z/2 Z/2

Y Y Y

(b)
F IGURE 1.30 – Implémentation d’une ligne CRLH de (a) 3 cellules non symétriques, (b) 3 cel-
lules symétriques.

1.3.4.3 Implémentation en technologie micro-ruban

L’avantage en terme d’implémentation de l’approche CRLH comparé à l’approche MMG ré-


sonnant est le fait de pouvoir être facilement intégrable avec la technologie micro-ruban. Cette
technologie simple, bas-coût et planaire a grandement contribuée à la popularisation des struc-
tures CRLH. La figure 1.31 présente une ligne CRLH 1D de type micro-ruban.
La façon la plus populaire de réaliser la capacité main gauche CL est d’utiliser une capacité
interdigitée. L’inductance main gauche LL est, quant à elle, réalisée à partir d’un stub connecté
à la masse par un via métalisé. Cette configuration est celle présentée initialement par C. Ca-
loz et T. Itoh [3]. Elle présente l’avantage d’être simple couche. Le principal inconvénient de
cette approche provient des résonances parasites des capacités interdigitées qui limitent la bande
passante. Une façon de supprimer ces résonances est de connecter deux à deux les doigts de la
capacité afin que ceux-ci soient toujours au même potentiel [61].
Une autre façon d’implémenter la capacité CL est d’utiliser des capacités MIM (de l’anglais
Metal-Insulator-Metal). Elles sont réalisées à l’aide de deux plans métalliques superposés. Cette
approche permet de s’affranchir des résonances parasites, cependant elle nécessite l’utilisation
d’un circuit multi-couche. De plus, ces capacités sont sensibles à l’alignement des armatures
Théorie des métamatériaux : étude des structures CRLH 43

Substrat
Capacité interdigitée

Port 1 Port 2

(a)
Via vers la masse
Stub

F IGURE 1.31 – Schéma d’une ligne CRLH symétrique de 5 cellules implémentée avec une struc-
ture capacité interdigitée/stub en technologie micro-ruban. La couche inférieure du substrat est
un plan de masse métallique.

métalliques. La complexité de la structure est donc accrue. Pour ces raisons, les lignes CRLH à
base de capacités MIM restent peu utilisées.
Dans toute la suite de ce mémoire, nous utiliserons la structure capacité interdigitée/stub pour
tous les avantages cités précédemment.

1.3.4.4 Applications

Les structures CRLH ont donné lieu à de nombreuses applications autant dans le domaine des
composants guidés que des composants rayonnants. La propriété de phase négative a été exploité
pour miniaturiser certains composants comme les déphaseurs. Ainsi, par exemple, un déphasage
de +270◦ peut être obtenu grâce à une ligne CRLH de longueur électrique −90◦ . Cette propriété a
aussi été utilisée pour concevoir des circuits comme des diviseurs de Wilkinson, en quadrature ou
des stubs possédant deux points de fonctionnement arbitraires [62]. En effet, avec des structures
MD, le choix du premier point de fonctionnement fixe le deuxième puisque le diagramme de
dispersion est linéraire. Grâce au caractère dispersif des lignes CRLH, il est possible de choisir
arbitrairement le deuxième point de fonctionnement. Ce type de structure fut aussi utilisé dans le
domaine des filtres puisque le filtrage passe-bande est une propriété inhérente des lignes CRLH
[3]. Une autre application guidée très populaire est le coupleur. Grâce aux lignes CRLH, il a
été possible d’obtenir une large bande passante et un niveau de couplage arbitraire pouvant aller
jusqu’à 0 dB [63]. Des résonateurs ont aussi été réalisés grâce à ces MMG. Il a ainsi été possible
de faire des résonateurs dont la fréquence ne dépendait pas de la taille du dispositif, contrairement
44 Etat de l’Art

aux résonateurs MD, mais des paramètres circuit de la cellule [64].


Dans le domaine des applications rayonnantes, les matériaux CRLH ont permis de concevoir
plusieurs types d’antennes : des antennes résonnantes et des AOF. Suivant le même principe
que les résonnateurs, il a été possible de concevoir des antennes miniatures dont la fréquence de
fonctionnement ne dépend pas de la dimension physique du système [65]. Des antennes bi-bande
ont aussi été réalisées. Enfin, les AOF seront exposées dans la section 3.2, nous n’en parlerons
donc pas davantage dans cette partie.

1.4 Conclusion
Ce chapitre nous a permis d’exposer la théorie, l’historique et les applications des AOF et
des structures CRLH. Nous avons ainsi pu exposer les deux briques de base qui serviront pour le
composant que nous étudierons tout au long de ce chapitre : l’AOF CRLH. Nous allons à présent
nous intéresser à la modélisation et aux techniques de conception des lignes CRLH.
Chapitre 2

Modélisation et conception optimale de


structures CRLH

2.1 Introduction
Ce chapitre porte sur la modélisation et la conception de lignes et d’AOF de type CRLH.
Nous commencerons par présenter les modèles circuit que nous avons développés pour la cel-
lule composée de capacités interdigitées et de stubs micro-ruban. Pour faciliter la conception,
une première étude débouchant sur la réalisation d’une interface graphique sera développée. Cet
outil permet l’analyse et la synthèse des cellules CRLH. Un exemple de conception sera démon-
tré et les limites du modèle étudiées. Nous verrons l’importance du nombre de cellules sur la
réponse du système qui montrera la nécessité de disposer d’une méthode de conception auto-
matisée. Ensuite, nous présenterons la méthode que nous avons développée pour la conception
automatique d’une ligne ou AOF à partir d’un cahier des charges. Nous validerons cette approche
par un exemple de conception de ligne. Enfin, nous appliquerons cette technique à la conception
d’AOF CRLH non uniformes dans le but de minimiser les lobes secondaires de l’antenne.

2.2 Modèle circuit amélioré d’une cellule CRLH


La cellule CRLH que nous allons étudier et utiliser tout au long de ce mémoire est présentée
sur la figure 2.1(a). Elle se compose d’une capacité interdigitée (CI) connectée à un stub court-
circuité par un via métallique. Lors de la conception d’une structure de type CRLH, les premiers
paramètres qui sont souvent identifiés sont les valeurs du modèle circuit. En effet, comme nous
l’avons vu dans la section précédente, le comportement de la ligne peut être complètement décrit
en fonction des paramètres circuit. Si la taille de la cellule suit la condition d’homogénéité (voir

45
46 Modélisation et conception optimale de structures CRLH

R LR CL
1 2
1 2
LL CR
Rs
via vers
la masse
(a) (b)

F IGURE 2.1 – (a) Schéma d’une cellule CRLH composée d’une capacité interdigitée et d’un stub
court-circuité. (b) Modèle circuit équivalent.

équ.1.33 de la section 1.3.4), alors le modèle équivalent de la cellule peut être assimilé à celui
illustré à la figure 2.1(b).
L’étape de conception aussi appelée synthèse, nécessite ensuite de pouvoir passer rapidement
du modèle circuit au layout. Nous appelerons le procédé inverse (layout vers le modèle circuit)
analyse dans la suite de ce mémoire. Pour cela, des modèles de CI et de stubs sont utilisés. Ces
modèles ont été developpés dans les années 70 et sont basées sur des méthodes de caractérisation
empirique. Par exemple, le modèle de CI communément utilisé est celui de Gary Alley datant
de 1970 [66]. Cependant, ces modèles s’avèrent souvent imprécis et une étape d’optimisation est
nécessaire pour la conception de lignes CRLH équilibrées. Dans la suite de cette section, nous
allons présenter les modèles circuit que nous avons complétés à partir de modèles existant. Puis
nous présenterons l’outil informatique d’aide à la conception de cellule CRLH que nous avons
développé. Enfin, nous montrerons les limites du modèle circuit pour la conception de structure
CRLH au travers d’un exemple de ligne équilibrée.

2.2.1 Modèle circuit d’une capacité interdigitée


Les CI sont des éléments très utilisés dans les circuits radiofréquences lorsque de faibles
valeurs de capacités par unité de surface sont nécessaires. Comparés aux capacités Metal/ Insu-
lator/ Metal(MIM), elles présentent l’avantage d’être simples à réaliser car elles sont planaires.
La figure 2.2(a) présente le schéma d’une CI en technologie micro-ruban. ωf et lf sont respecti-
vement la largeur et la longueur des doigts. gf représente l’espace entre chaque doigt. ωc est la
largeur totale de la capacité et N est le nombre de doigts. Afin de pouvoir étudier rapidement
des structures composées de CI, un modèle circuit simple mais précis est souvent nécessaire. Par
exemple, dans le cas des lignes CRLH, ce modèle doit permettre de trouver une partie des valeurs
Modèle circuit amélioré d’une cellule CRLH 47

des paramètres circuit de la cellule unitaire ; la CI étant la brique élémentaire de la capacité main
gauche de la structure.
Un des pionniers à avoir étudié en détail les CI fut Gary Alley en 1970 [66]. Il proposa
un modèle circuit illustré à la figure 2.2(b) ainsi que des formules permettant l’analyse de la
structure. Les résultats obtenus et publiés par G. Alley montrent une bonne concordance entre le
modèle et les mesures jusqu’à une fréquence de 3.8 GHz. Cet article est toujours aujourd’hui la
référence en matière d’analyse des CI.

lf
Rf Lf Lf Rf
gf
wc N
wf Cf Cid Cf

(a) (b)

F IGURE 2.2 – (a) Schéma d’une capacité interdigitée. Les paramètres ωf et lf sont respectivement
la largeur et la longueur des doigts. gf représente l’espace entre chaque doigt. ωc est la largeur
totale de la capacité et N est le nombre de doigts. (b) Modèle circuit équivalent proposé par G.
Alley [66].

2.2.1.1 Modèle amélioré

Dans le cas des structures CRLH, il est nécessaire de connaitre avec précision la valeur de la
CI mais aussi de ses éléments parasites (capacitifs et inductifs) car ils jouent un rôle important
dans la réponse de la ligne. De plus, comme nous l’avons vu dans la section 1.3.4, la condi-
tion d’équilibre (voir éq.1.51) nécessite de contrôler avec précision tous les éléments du modèle
sous peine d’obtenir une ligne non équilibrée. Comme nous le verrons par la suite, les lignes
équilibrées sont très sensibles. Pour cette raison, nous proposons de compléter le modèle de G.
Alley en prenant en compte les capacités et les inductances parasites engendrées par le brusque
changement de largeur au niveau de l’origine des doigts (fig.2.3(c)).
La figure 2.3(d) montre le schéma circuit que nous proposons. La capacité Cid correspond
à la capacité utile de la structure. Les éléments Rf , Lf et Cf correspondent respectivement aux
éléments parasites dus aux doigts de la CI. Les éléments L1 et Cs correspondent aux éléments
parasites de la jonction entre les doigts et la ligne. Ils ajoutent une contribution dans la capacité
48 Modélisation et conception optimale de structures CRLH

parasite parallèle et dans l’inductance parasite série. Nous allons maintenant présenter la manière
de calculer les valeurs de ce modèle.

lf

gf
(a) wc N
wf

L1 L2 Rf Lf Lf Rf

(b) Cs Cf Cid (c)


Cf

Rf Lf +L1 Lf +L1 Rf

Cf + Cs Cid Cf + Cs

(d)

F IGURE 2.3 – (a) Schéma d’une capacité interdigitée. ωf et lf sont respectivement la largeur
et la longueur des doigts. gf représente l’espace entre chaque doigt. ωc est la largeur totale de
la capacité et N est le nombre de doigts. (b) Modèle circuit équivalent proposé par G. Alley
[66]. (c) Modèle circuit de la jonction ligne/doigt de la capacité. (d) Modèle circuit proposée se
composant des modèles (b) et (c).

Il existe deux façons de calculer cette capacité. La première est celle présentée dans [66] que
nous noterons approche A :

CidA = (ǫr + 1)lf [(N − 3)A1 + A2 ](pF ), (2.1)


Modèle circuit amélioré d’une cellule CRLH 49

où les effets du substrat d’épaisseur, h, sont pris en compte dans les coefficients A1 et A2 :
"  0.45 #
h
A1 = 4.409tanh 0.55 × 10−6 (pF/µm), (2.2)
wc
"  0.5 #
h
A2 = 9.92tanh 0.52 × 10−6 (pF/µm). (2.3)
wc
La deuxième façon, l’approche B, de calculer la capacité CidB est donnée par [67] :

ǫef fc 10−3 K(h)


CidB = (N − 1)lf (pF ), (2.4)
18π K ′ (h)
avec,  h √ i
1 1+ u
K(u)  π ln 2 1−
 √
u
pour 0.707 ≤ u ≤ 1,
= (2.5)
K ′ (u)  π
 lnh2 1−√√u′ i pour 0 ≤ u ≤ 0.707,
1− u′

et,  
2 wf π
u = tan , (2.6)
4(wf + gf )

u′ = 1 − u 2 . (2.7)

Par "curve fitting" et en comparant entre simulation EM et modèle circuit, nous avons trouvé
que les valeurs CidA et CidB ne sont pas optimales et que, généralement, la moyenne de ces deux
valeurs est plus proche de la réalité. Pour cette raison, nous utiliserons la moyenne arithmétique
des deux approches pour la suite de l’étude :

Cid = (CidA + CidB )/2. (2.8)

Quant à elle, l’inductance Lf est déterminée en supposant que les lignes de champ magné-
tique autour de chaque doigt de la capacité ont une contribution négligeable face au champ
magnétique créé autour de la capacité entière. Cette hypothèse est valide si : wf /h << 1. Ainsi,
Lf peut être approximée comme étant l’inductance d’une ligne de transmission de largeur wc et
de longueur lf /2 : √
1 Z0c ǫef fc
Lf = lf (H), (2.9)
2 c0
avec ǫef fc et Z0c , respectivement, la permittivité effective et l’impédance caractéristique d’une
ligne micro-ruban de largeur wc et c0 , la célérité de la lumière dans le vide.
De la même façon, la capacité Cf peut être décrite comme la capacité de la même ligne de
transmission : √
1 ǫef fc
Cf = lf (F ). (2.10)
2 Z0c C0
50 Modélisation et conception optimale de structures CRLH

Finalement, la résistance parasite série due aux pertes par conduction est donnée par [67] :

4 lf
Rf = Rs (Ω), (2.11)
3 wf N

où Rs est la résistivité de surface (sheet resistivity en anglais) en Ω/.


Nous allons à présent détailler les paramètres du modèle de la figure (2.2)b de la jonction à
l’origine des doigts. L’inductance L1 est donnée par la formule [68] :

Lw1
L1 = Ls (H), (2.12)
Lw1 + Lw2
avec, √
Z0f ǫef ff
Lw1 = (H/m), (2.13)
C0

Z0c ǫef fc
Lw2 = (H/m), (2.14)
C0
et  
Z0c ǫef fc
r
Ls = 0.000987 × h 1 − × 106 (H). (2.15)
Z0f ǫef ff
La capacité parallèle Cs est donnée par [67] :
√ Wc
!
ǫef fc + 0.264
  
wf ǫef fc + 0.3 h
Cs = 0.00137 × h × 1− × Wc
(pF ). (2.16)
Z0c wc ǫef fc − 0.258 h
+ 0.8

2.2.1.2 Validation expérimentale

Afin de vérifier la validité de notre modèle, nous avons réalisé une capacité interdigitée sur
un substrat RO3003 d’épaisseur 1.54 mm avec les paramètres géométriques suivant : lf = 10.15
mm, wf = gf = 0.254 mm, N = 6, h = 1.524 mm. Avec l’aide des formules définies précé-
demment, nous trouvons les valeurs présentées dans le tableau 2.1. Nous pouvons remarquer une
différence non négligeable entre les deux approches A et B pour calculer la valeur de la capacité
Cid . Cette différence ne se ressent pas trop sur la réponse d’une seule capacité mais son influence
sera plus importante dans le cas d’une cellule CRLH. Nous pouvons aussi voir que la capacité Cs
représente une part non négligeable (14%) de la capacité parasite totale (Cf + Cs ), d’où l’intérêt
de l’intégrer au modèle.
La figure (2.4) montrent les paramètres S en module et en phase du modèle circuit et des
mesures. Une échelle linéaire est utilisée pour bien montrer, voire amplifier, les faibles diffé-
rences qu’il peut y avoir entre les differentes courbes. La concordance entre les mesures et le
modèle est bonne, autant en module qu’en phase. Il est important de noter que l’information de
phase est le paramètre le plus important dans le cas de lignes CRLH. En effet, pour la plupart
Modèle circuit amélioré d’une cellule CRLH 51

Tableau 2.1 – Paramètres de la capacitée interdigitée réalisée et modélisée

Layout Modèle

wf 0.254 mm CidA 0.79 pF


gf 0.254 mm CidB 1.08 pF
lf 10.15 mm Rf 9.01 mΩ
N 6 Lf 7.86 nH
Cf 0.52 pF
Cs 0.07 pF

des applications, comme par exemple les antennes à onde de fuite, c’est principalement le dia-
gramme de dispersion, donc la phase en transmission, qui fixe le comportement du circuit. Notre
modèle permet de décrire correctement la CI jusqu’à une fréquence de 2.5 GHz. Au delà de cette
fréquence, des fréquences parasites transverses peuvent cependant apparaitre [61].

2.2.2 Modèle circuit d’un stub micro-ruban


Les stubs imprimés sur substrat planaire sont couramment utilisés dans les circuits RF. Ils
permettent de réaliser des adaptations ou de petites inductances comme c’est le cas ici. La figure
(2.5) montre le schéma du stub inductif incluant le via métallisé ainsi que le modèle utilisé. Les
effets du stub et du via sont modélisés séparément. Le stub est considéré comme une ligne de
transmission, tandis que le via est modélisé par une inductance, Lvia , connectée en série à une
résistance, Rvia , elle-même connectée à la masse, voir la figure 2.5(b). Les différents paramètres
géométriques du stub et du via sont respectivement les suivant : wst est la largeur du stub, lst est
sa longueur, dvia est le diamètre du via et h est l’épaisseur du substrat (donc la longueur du via).
Les formules permettant de calculer les paramètres du stub sont données par [69] :

Z0st ǫef fs t
Lst = lst (H), (2.17)
c0

lst wst
Cst = ǫ0 ǫr (F ), (2.18)
h
lst
Rst = (mΩ), (2.19)
σcd wst t
où σcd et t sont respectivement, la conductivité et l’épaisseur du conducteur. ǫef fst et Z0st sont
équivalents à la permittivité effective et à l’impédance caractéristique d’une ligne de transmission
52 Modélisation et conception optimale de structures CRLH

Modèle circuit
1.2 Simulation EM
Mesures

0.8
S11
|S|

0.6

0.4

0.2 S21

0
0 0.5 1 1.5 2 2.5 3
f (GHz)

(a)

200
Modèle circuit
Simulation EM
150 Mesures

100 S11

50
phase S (°)

−50
S21
−100

−150

−200
0 0.5 1 1.5 2 2.5 3
f (GHz)

(b)

F IGURE 2.4 – (a)Module, (b) phase des paramètres S de la capacitée interdigitée avec lf = 10.15
mm, wf = gf = 0.254 mm, N = 6 pour un substrat RO3003 d’épaisseur h = 1.524 mm et photo
du dispositif réalisé.

de largeur wst . Quant à eux, les éléments du modèle du via métallisé sont donnés par [70] :
" √ ! #
µ0 h − d2 + h2 3 √ 
Lvia = h × ln + d − d2 + h2 (H), (2.20)
2π dvia 2
s
f
Rvia = Rcd 1+ (Ω), (2.21)

Modèle circuit amélioré d’une cellule CRLH 53

Lst R st Lst +Lvia


wst
Lvia R st + R via
dvia lst Cst Cst
h R via

(a) (b) (c)

F IGURE 2.5 – (a) Schéma du stub court-circuité par un via métallisé. (b) Modèle circuit du stub
et du via. (c) Modèle combiné.


1
fδ = . (2.22)
πµ0 σcd t2

Rcd est la résistivité du conducteur, t son épaisseur et σcd sa conductivité.


Nous avons choisi de ne pas procéder à la mesure directe du stub court-circuité car celle-ci est
assez délicate si l’on veut qu’elle soit exploitable. En effet, soit la mesure est faite directement
en court-circuit et, dans ce cas, les paramètres S sont difficilement exploitables (le stub n’est
pas à 50Ω et toute la puissance est réfléchie), soit la mesure est faite en transmission, il est
alors nécessaire de prendre en compte correctement l’influence des connecteurs et des lignes
d’accès pour avoir une information précise sur la phase. Pour ces raisons, nous avons opté pour
une validation expérimentale du modèle par une mesure de la cellule CRLH complète. Nous
présenterons et commenterons les résultats à la section 2.2.4

2.2.3 Modèle circuit complet de la cellule CRLH

La dernière étape de la modélisation consiste à regrouper les modèles de la CI et du stub pour


trouver les paramètres du modèle de la figure (2.1). Les différents paramètres sont regroupés
comme suit :



CL = 21 (CidA + CidB )


LL = Lst + Lvia






C = N (C + 2C ) − C = C + C

R s f st cp st
(2.23)


LR = 4(Ls + Lf )/N


R = 2Rf






R = R − R

s st via
54 Modélisation et conception optimale de structures CRLH

Tableau 2.2 – Paramètres physiques et paramètres du modèle circuit de la cellule CRLH réalisée.

Paramètres physiques Paramètres du modèle circuit


lf = 10.15 mm CL = 0.94 pF
wf = gf = 0.254 mm LL = 10.22 nH
N =6 CR = 1.53 pF
Lst = 13 mm LR = 6.05 nH
wst = 0.254 mm R = 9.01 mΩ
dvia = 1.53 mm Rs = 0.05 mΩ

2.2.4 Validation expérimentale


Pour valider notre modèle, nous avons fabriqué une cellule CRLH sur un substrat RO3003
d’épaisseur 1.54 mm en utilisant la CI précédente et un stub dont les paramètres sont regroupés
dans le tableau 2.4. Dans cette configuration, nous trouvons les paramètres circuit en utilisant les
équations des sections 2.2.1 et 2.2.2 et l’équation 2.23. Ceux-ci sont regroupés dans le tableau
2.4.
La figure (2.6) montrent les paramètres S de la cellule CRLH en amplitude et en phase calcu-
lés avec le modèle analytique, ceux obtenus par simulations EM réalisées avec Ansoft Designer
et enfin, ces mêmes paramètres mesurés avec un Analyseur Vectoriel de Réseaux (AVR) de type
Anritsu 37369D. Nous voyons que le modèle présente une bonne adéquation avec les mesures
et les simulations jusqu’à 3 GHz. Rappelons qu’au dessus de cette fréquence, le modèle circuit
n’est plus valide à cause des résonnances parasites.
Bien que le modèle circuit se montre très précis, cela n’est pas suffisant pour la conception
d’une ligne CRLH. En effet, lors de la mise en cascade des cellules, la moindre différence se
trouvera amplifiée. Il est donc indispensable de procéder à une optimisation pour avoir un circuit
final correspondant à un cahier des charges précis. Dans ce contexte, le modèle circuit est très
utile pour nous fournir les valeurs initiales de cette étape d’optimisation. Nous étudierons ce
problème plus en détail dans la section 2.2.6. Nous allons maintenant présenter l’outil d’aide au
design semi-automatique que nous avons développé à partir des modèles analytiques précédent.

2.2.5 Outil d’aide à l’analyse et à la synthèse de cellule CRLH


Les modèles que nous avons présentés dans les sections précédentes permettent à présent
d’analyser une cellule CRLH avec une bonne précision. Toutefois, dans la pratique, il est plus
utile de pouvoir synthétiser un layout de cellule à partir des paramètres du modèle que l’in-
Modèle circuit amélioré d’une cellule CRLH 55

Modèle circuit
1.2 Simulation EM
Mesures

0.8

S11
|S|

0.6

0.4

0.2
S21

0
0 0.5 1 1.5 2 2.5 3
f (GHz)

(a)

200
Modèle circuit
Simulation EM
150 S11 Mesures

100

50
phase S (°)

−50
S21
−100

−150

−200
0 0.5 1 1.5 2 2.5 3
f (GHz)

(b)

F IGURE 2.6 – Comparaison (a) des modules et (b) des phases des paramètres S11 et S21 obtenus
à partir du modèle analytique, des simulations numériques et des mesures expérimentales. Les
caractéristiques de la ligne sont les suivantes : lf = 10.15 mm, wf = gf = 0.254 mm, N = 6,
Lst = 13 mm, wst = 0.254 mm et dvia = 1.53 mm. Le substrat est du RO3003 d’épaisseur
h = 1.54 mm.

verse. Cependant aucune forme analytique n’est possible pour réaliser cette étape. En effet, les
équations définies dans la section précédente sont, pour la plupart, transcendantales et interdé-
pendantes. Elles ne peuvent donc être inversées analytiquement. De plus, la solution n’est pas
unique car nous avons plus d’inconnues que d’équations.
La méthode généralement utilisée pour synthétiser une cellule est de résoudre manuellement
56 Modélisation et conception optimale de structures CRLH

ou numériquement les modèles circuits après s’être fixé un substrat à utiliser. Cette méthode
présente quelques inconvénients. Tout d’abord, comme nous l’avons montré dans la section 2.2,
les modèles circuit n’étaient pas assez précis pour permettre une synthèse directe de la cellule.
De plus, il est souvent necessaire de faire plusieurs itérations entre les simulations circuit et EM
avant de converger vers un layout correspondant au cahier des charges. Ensuite, pendant cette
phase, il est difficile de réellement voir l’influence des différents paramètres, comme le substrats
ou le nombre de doigts, sur les valeurs du modèle circuit. Enfin, la sensibilité de la cellule aux
incertitudes de fabrication est difficile à étudier rapidement.

2.2.5.1 Description de l’outil semi-automatique

Partant de ce constat, nous avons décidé de concevoir un outil permettant de faire la synthèse
de cellules CRLH de façon semi-automatique en se basant sur des abaques dynamiques à partir
des paramètres circuit et des paramètres du substrat. La conception semi-automatique que nous
avons développé consiste à résoudre numériquement les modèles de la cellule pour un certain
intervalle de paramètres géométriques. Nous obtenons alors un ensemble d’abaques permettant
de choisir les dimensions de la cellule correspondante. Ces abaques peuvent être modifiées fdy-
namiquement en fonction des paramètres du substrat ou du nombre de doigts de la CI afin de
pouvoir le fixer rapidement en fonction de son influence sur la cellule. Le concepteur peut aussi
visualiser graphiquement la sensibilité de la cellule et ainsi choisir au mieux la valeur de chaque
inconnu. Comme nous avons choisi d’utiliser des abaques, l’intervention de l’utilisateur est ici
obligatoire. Par contre, cette méthode présente l’avantage de permettre au concepteur de réelle-
ment percevoir et mesurer l’influence de chaque paramètre physique sur le modèle circuit tout
en restant peu coûteuse en temps homme/machine.
Nous allons maintenant décrire plus en détails la méthode au travers d’un exemple de concep-
tion.
Nous avons décidé de concevoir une cellule avec les valeurs arbitraires suivantes : CL =
0.44 pF, LL = 8.54 nH, CR = 0.97 pF et LR = 2.98 nH. La première étape de conception
consiste à choisir les paramètres initiaux du substrat (permittivité, tangente de perte, épaisseur
de diélectrique et de conducteur) et du layout (nombre de doigts de la CI, diamètre du via et la
fréquence). Les paramètres choisis sont présentés dans le tableau 2.3.
La deuxième étape commence par le calcul automatique des trois abaques présentés sur les
figure 2.7, 2.8 et 2.9.
La première courbe représente les paramètres CL et LR en fonction de la longueur et de
la largeur des doigts de la CI (Lf et wf respectivement). L’équation 2.23 est utilisée pour le
calcul. L’intervalle de valeur de Lf est déterminé à partir de la fréquence d’utilisation afin que la
Modèle circuit amélioré d’une cellule CRLH 57

2.5 CL

8
0.44

3.4
LR

2.48

2.98
2

8
3.4
1.5
wf (mm)

0.44
2.48

8
2.9
1

8
3.4
0.5
8
2.4

wf1

2 4 Lf1 6 8 10 12 14
Lf (mm)

F IGURE 2.7 – Abaque de CL et LR en fonction de wf et Lf pour CL = 0.44 pF, LL = 8.54


nH, CR = 0.97 pF et LR = 2.98 nH, N = 6 et un substrat RO3003 d’épaisseur 1.524 mm et de
permittivité 3.

2.5 9
CL
4

6
5

7 Ccp
0.44
3

8
2
6
2

4 5 7

1.5
wf (mm)

3
0.44

5
4
2
1 3
4
1

2 3

0.5 2

wf1 1
1

2 4 Lf1 6 8 10 12 14
Lf (mm)

F IGURE 2.8 – Abaque de CL et Ccp en fonction de wf et Lf pour CL = 0.44 pF, LL = 8.54


nH, CR = 0.97 pF et LR = 2.98 nH, N = 6 et un substrat RO3003 d’épaisseur 1.524 mm et de
permittivité 3.
58 Modélisation et conception optimale de structures CRLH

Tableau 2.3 – Paramètres initiaux pour la synthèse de la cellule avec les paramètres CL = 0.44
pF, LL = 8.54 nH, CR = 0.97 pF et LR = 2.98 nH.

Substrat R03003
Permittivité 3
Tangente de perte 0.0013
Epaisseur de diélectrique 1.524 mm
Epaisseur de conducteur 35 µm
Nombre de doigt de la CI 6
diamètre du via 1.5 mm
Fréquence 3 GHz

2.5
0. LL
5
0.4

Cst
0.2

0.3
0.1

0.4

1.5 0. 0.3
2
wst (mm)

0.1

1 0.2

0.1

4
0.5 8.5

wst
8.54
2 4 6 8 10 Lst 12 14
Lst (mm)

F IGURE 2.9 – Abaque de LL et Cst en fonction de wf et Lf pour CL = 0.44 pF, LL = 8.54


nH, CR = 0.97 pF et LR = 2.98 nH, N = 6 et un substrat RO3003 d’épaisseur 1.524 mm et de
permittivité 3.

condition d’homogénéité 1.33 soit toujours respectée. L’intervalle de valeur de wf est défini de
façon fixe de 0.15 mm à 2.5 mm ; ces valeurs étant les plus utilisées en pratique et 0.15 mm étant
la valeur minimum réalisable au laboratoire. Le point d’intersection entre les contours CL et LR
donne une première valeur aux paramètres de la CI : wf 1 = 0.25mm et Lf 1 = 4.82mm. Si les
courbes ne se coupaient pas, il n’y aurait donc pas de solution possible avec ce type de substrat
Modèle circuit amélioré d’une cellule CRLH 59

ou ce nombre de doigts. Il faudrait donc modifier ces valeurs et relancer le calcul.


A ce point du processus, nous ne sommes pas encore sûrs qu’une cellule physique corres-
pondant au modèle existe. En effet, à cause du nombre limité de substrats dans le commerce, des
limites de résolution de la technologie de fabrication ou encore de l’incompatibilité des valeurs
circuit, il arrive que la cellule soit impossible à réaliser en pratique. L’expérience du concepteur
est alors nécessaire pour éviter un trop grand nombre d’itérations entre les simulations circuit et
életromagnétique.
L’avantage des abaques comparés à un calcul numérique est de pouvoir estimer visuellement
la sensibilité de la cellule vis-à-vis de chaque paramètre physique. Par exemple, sur la figure 2.7,
nous pouvons déduire que la capacité CL est très peu sensible aux variations de wf en compa-
raison de Lf . En effet, la courbe de niveau de CL est presque parallèle à l’axe wf . Les courbes
de niveaux de CR , nous permettent aussi d’en déduire que le paramètre le plus déterminant pour
fixer l’inductance LR est la longueur des doigts de la capacité. En modifiant les paramètres ini-
tiaux du calcul, il est aussi possible de modifier la sensibilité de la structure ou de visualiser son
effet.
Le deuxième abaque est présenté sur la figure 2.8 et montre les variations de CL et Ccp en
fonction de wf et Lf calculés avec les équations 2.23. La valeur de la capacité Ccp est choisie
sur les courbes de niveaux comme étant le point de coordonnée (wf 1 ,Lf 1 ). Nous trouvons alors
0.92pF . (Le logiciel donne directement les valeurs du point d’intersection.)
Le dernier abaque de la figure 2.9 présente les variations de LL et Cst en fonction des para-
mètres Lst et wst du stub. Tout d’abord la valeur de la capacité Cst est déduite de CR et Ccp par
l’équation suivante :
Cst = CR − Ccp . (2.24)
Nous obtenons une capacité de 0.05 pF. A partir de cette valeur et de celle de LL , nous pouvons
en déduire les dimensions du stub prenant le point d’intersection entre les lignes de niveaux
correspondantes sur l’abaque. Nous obtenons finalement les dimensions suivantes : Lst = 10.95
mm et wst = 0.25 mm.
Il est à noter que comme l’analyse peut aussi se faire simplement, nous l’avons inclus dans
notre outil. La figure (2.10) présente notre interface graphique réalisée avec l’outil GUI de
Matlab© . Nous pouvons remarquer les trois abaques que nous avons décrit précedemment. La
partie supérieure de la fenêtre est consacrée au choix des paramètres initiaux : substrat et unité
des différents paramètres. Le cadre nommé calculation permet de choisir le type de résolution :
analyse ou synthèse de cellule. La partie tuning permet de modifier dynamiquement les valeurs
de N, ǫr et h sur les abaques. Concernant la prise en main du logiciel, une aide est disponible en
cliquant sur le bouton Instructions de la fenêtre. Les sources de cette application sont téléchar-
geables à l’adresse [71].
60 Modélisation et conception optimale de structures CRLH

F IGURE 2.10 – Interface graphique de l’outil d’aide à la synthèse de cellule CRLH.

2.2.5.2 Validation expérimentale d’un exemple de conception

Nous avons procédé à la réalisation d’un circuit conçu à l’aide de cet outil semi-automatique.
Les valeurs des différents paramètres sont résumés dans le tableau 2.4. La figure (2.11) montrent
le module et la phase des paramètres S de la cellule réalisée. Nous pouvons remarquer une bonne
concordance entre le modèle, la simulation et les mesures.
Nous allons maintenant discuter des limites du modèle circuit pour la conception d’une ligne
CRLH équilibrée comportant un grand nombre de cellules.

2.2.6 Les limites du modèle circuit pour une conception de ligne CRLH
Dans la section précédente, nous avons développé des modèles circuit complet pour l’analyse
et la synthèse d’une cellule CRLH unitaire. Au travers d’un exemple d’une cellule, nous avons
vu qu’il était possible de concevoir des cellules de manière semi-automatique avec une bonne
précision. Nous allons à présent mettre en évidence une des difficultés de la conception de struc-
tures CRLH : l’influence du nombre fini de cellules et du couplage entre cellules sur la réponse
Modèle circuit amélioré d’une cellule CRLH 61

Tableau 2.4 – Paramètres physiques de la cellule CRLH synthétisée à l’aide de la méthode semi-
automatique.

Paramètres du modèle circuit Paramètres physiques


CL = 0.44 pF lf = 4.82 mm
LL = 8.54 nH wf = gf = 0.25 mm
CR = 0.97 pF N =6
LR = 2.98 nH Lst = 10.95 mm
wst = 0.25 mm
dvia = 1.53 mm

de la ligne.
Les modèles circuit que nous venons de développer sont valables en théorie pour une ligne
de longueur infinie. C’est-à-dire, qu’il n’y a aucun effet dû à l’adaptation pris en compte. De
plus, les couplages entre cellules ne sont pas non plus évalués. Pour pallier ce premier problème,
lors de la conception du layout, une simulation EM utilisant comme condition frontière des murs
périodiques est effectuée. Grâce à eux, une ligne périodique infinie peut être simulée et, dans ce
cas, les couplages inter-cellules sont pris en compte. Ainsi, la conception de la cellule au niveau
physique reste rapide puisqu’une seule cellule est simulée.
Dans l’article de S. Paulotto et al. [72], les auteurs présentent une méthode de conception
et une étude de ligne CRLH équilibrée basée sur ce type de simulation. Ils montrent qu’il est
possible de se rapprocher du modèle circuit théorique.
En théorie, on pourrait penser qu’il ne reste plus qu’à cascader la cellule obtenue pour avoir
une ligne de N cellules répondant aux caractéristiques souhaitées. En pratique, cette étape n’est
pas aussi triviale. En effet, le passage d’un nombre infini à un nombre fini de cellules induit des
effets parasites dus aux désadaptations en entrée et sortie. De plus, le couplage inter-cellule peut
aussi se trouver modifié par ces effets. Ces problèmes sont d’autant plus visibles pour une ligne
équilibrée de grande taille (N > 10).
Pour illustrer cela, prenons l’exemple d’une cellule équilibrée ayant les caractéristiques sui-
vante : CL = 1.67 pF, LL = 3.4 nH, CR = 1.86 pF et LR = 3.78 nH. Nous pouvons vérifier, avec
l’équation 1.51, que la structure est bien équilibrée. L’impédance caractéristique, qui peut être
assimilée à l’impédance de Bloch dans ce cas, est de 50 Ω (equ.1.43). La fréquence de transition
est de 2 GHz.
La figure 2.12 montre les paramètres S de deux lignes de 6 et 18 cellules dont la cellule
unitaire a été synthétisée à l’aide de nos modèles. Dans les deux cas, les cellules sont identiques.
62 Modélisation et conception optimale de structures CRLH

1.2
Modèle circuit
Simulation EM
Mesures

S11
0.8
|S|

0.6

0.4

0.2
S21

0
0 0.5 1 1.5 2 2.5 3
f (GHz)

(a)

200
Modèle circuit
Simulation EM
Mesures
150

100 S11

50
phase S (°)

−50 S21

−100

−150

−200
0 0.5 1 1.5 2 2.5 3
f (GHz)

(b)

F IGURE 2.11 – (a)Module, (b) phase des paramètres S de la cellule avec : wf = 0.25 mm,
Lf = 4.82 mm, Lst = 10.95 mm, wst = 0.25 mm, N = 6, substrat RO3003 d’épaisseur 1.524
mm et de permittivité 3.
Méthode manuelle de conception de lignes CRLH 63

Nous pouvons remarquer que pour un nombre de cellules de 6, la ligne est équilibrée et adaptée.
Par contre, il est possible de vérifier que, contrairement aux modèles, la fréquence de transition
de la ligne est de 2.45 GHz. Lorsque l’on augmente le nombre de cellules à 18, nous pouvons voir
que la ligne n’est plus équilibrée. Comme les couplages entre les cellules dépendent directement
de leur nombre, il n’est pas possible de concevoir une ligne en se basant uniquement sur la cellule
unitaire.

10
Ligne de 6 cellules
5 S21 Ligne de 18 cellules

−5

−10
|S| (dB)

−15

−20

−25

−30

−35 S11
−40
0.5 1 1.5 2 2.5 3
f (GHz)

F IGURE 2.12 – Paramètres S de deux lignes CRLH de 6 cellules et de 18 cellules.

Nous pouvons conclure qu’il est préférable de travailler directement avec le nombre final de
cellules et de s’affranchir au maximum des modèles. Maintenant, nous allons commencer par dé-
crire l’étape classique de conception manuelle puis nous exposerons notre approche automatique
qui permet de s’affranchir de ces problèmes tout en minimisant le temps homme/machine.

2.3 Méthode manuelle de conception de lignes CRLH


Nous venons de développer des modèles circuit permettant l’analyse et la synthèse d’une cel-
lule CRLH. Grâce à l’interface graphique développée et nos modèles, l’étape permettant d’ob-
tenir la version initiale du layout de la cellule est maintenant rapide et simple. Cependant, nous
avons aussi montré les limites du modèle circuit pour la conception de lignes équilibrées. Bien
que précis pour une cellule, ces modèles ne permettent pas de prendre en compte les effets de
couplage et de bord présent dans les lignes de tailles finies. Nous avons vu que dans le cas d’une
ligne équilibrée de grande longueur, ces effets devenaient importants autour de la fréquence de
64 Modélisation et conception optimale de structures CRLH

fonctionnement, ω0 , rendant alors la ligne déséquilibrée. Une étape supplémentaire d’optimisa-


tion est alors souvent nécessaire. Dans cette section, nous allons détailler les différentes étapes
de la méthode de conception habituellement utilisée que nous baptiserons approche manuelle.
L’approche manuelle se compose de trois étapes principales permettant de passer du cahier
des charges au layout final de la ligne. La figure 2.13 présente schématiquement ces différentes
étapes ainsi que l’ensemble du processus de conception d’une structure CRLH. Les trois étapes
sont les suivantes :
1. La première étape consiste à trouver les paramètres LC du modèle circuit correspondant
aux spécifications : la fréquence de fonctionnement, ω0 , l’impédance caractéristique, Zc ,
la bande passante, BP , ou la fréquence de coupure basse, fcb . Cette étape est effectuée en
résolvant manuellement ou numériquement les équations 2.23 définies à la section 1.3.4.
2. La deuxième étape permet d’obtenir une première version du layout de la cellule à partir
des paramètres LC du modèle. Bien que simplifiée par notre interface, cette étape demeure
critique. Une fois le layout obtenu, il est alors simulé en utilisant des conditions pério-
diques. Comme mentionné plus haut, celles-ci permettent de simuler une ligne infinie tout
en prenant en compte le couplage entre cellules [72]. Lors de cette simulation, il est sou-
vent nécessaire d’effectuer une première étape d’optimisation des paramètres physique de
la cellule afin de se rapprocher le plus possible du modèle circuit. Cette optimisation est
basée sur du curve fitting entre les paramètres S simulés et les paramètres S du modèle
circuit. On comprend donc l’importance d’un bon modèle pour que la ligne soit conforme
au cahier des charges.
3. La dernière étape permet de passer du layout de la cellule unitaire au layout de la ligne
finale de dimension finie en cascadant la cellule obtenue à l’étape 2. Cependant, à cause
de la taille finie de la structure, nous avons vu précédemment que cette étape n’était pas
triviale. En effet, une longue étape d’optimisation est souvent nécessaire pour retrouver le
layout correspondant aux spécifications car la ligne complète doit être simulée à chaque
itération.
Cette approche présente de nombreux désavantages. Premièrement, un coût homme/machine
important qui dépend grandement de l’expérience du concepteur car celui-ci doit intervenir à
chaque étape. De plus, ce temps augmente avec le nombre de cellules utilisés. En effet, plus
N est grand et plus la structure est sensible. Deuxièmement, l’optimisation finale est réalisée à
partir de curve fitting entre le modèle circuit et les simulations EM. Enfin, cette approche est
empirique et le résultat final dépend principalement de l’expérience du concepteur. Pour ces
raisons, la conception de lignes CRLH ne peut être généralisée en l’état au monde industriel qui
nécessite des temps de conception faibles, stables ainsi que des performances identiques pour
Méthode manuelle de conception de lignes CRLH 65

Spécifications: f0 , BW, Z0 , N
Utilisateur
Informations sur le substrat:
ε0 , h, t

1. Recherche des paramètres LC Logiciel de calcul


Résolution des équations: Logiciel de simulation EM
 1
ω0 − 4 L C L C = 0
 R R L L

 LR
 Zc − =0 Utilisateur
 CR

 LL
Zc − =0
 CL

 BW − (ωCL − ω CR ) = 0

Paramètres L R , C R , L L , C L

2. Recherche de la cellule unitaire


Résolution des modèles:
- Capacité interdigitée
- Stub microruban
- Via métallisé
Utilisateur
Simulation EM

Simulation Cellule unitaire


avec conditions périodiques

Paramètres physiques
de la cellule unitaire
3. Recherche de la ligne de N cellules

Mise en cascade de la Cellule unitaire


Simulation de la ligne complète
Utilisateur
Optimisation de la ligne
Curve fitting entre circuit et simulation

Paramètres physiques
de la ligne CRLH
Non
OK?

Oui

Layout final Utilisateur

F IGURE 2.13 – Schéma de l’approche manuelle de conception de lignes CRLH.

chaque circuit. Pour ces raisons, nous allons maintenant présenter l’approche automatique que
nous avons développée et qui permet de s’affranchir en partie des modèles circuit et de minimiser
le coût homme/machine.
66 Modélisation et conception optimale de structures CRLH

2.4 Méthode automatique de conception de lignes CRLH


Dans la section précédente, nous avons développé des modèles circuit permettant de décrire
le comportement d’une cellule CRLH. Grâce à ces modèles, nous avons présenté une méthode
de conception semi-automatisée permettant la conception de cellules grâce à des abaques dy-
namiques reliant les paramètres circuits aux dimensions physiques. Au travers d’un exemple de
conception d’une cellule CRLH, nous avons démontré la validité de la méthode. Cependant, nous
avons aussi vu que cette approche était limitée à la conception de lignes avec un faible nombre
de cellule.
Dans cette section, nous allons présenter une approche complètement automatisée permettant
la conception de lignes avec un nombre illimité de cellules. Pour cela, nous nous basons sur les
modèles circuits de la section précedente et sur une optimisation en couplant un logiciel de calcul
à un logiciel de simulation électromagnétique.

2.4.1 Description générale de l’approche de conception automatisée


L’approche que nous proposons ici est une méthode de conception totalement automatisée
permettant d’obtenir le layout d’une ligne CRLH à partir des spécifications définies précédem-
ment, c’est-à-dire : Z0 , f0 , fcb et les intervalles de valeurs de chaque paramètre géométrique : ld ,
wd , lst et wst . Le schéma de principe de l’approche est présenté sur la figure 2.14. Elle est basée
sur une technique de "co-design" s’inspirant de la méthode de conception de tag RFID robuste
développée par Chaabane et al. [73][74]. Cette approche se compose de deux étapes principales :
une première étape permettant d’obtenir le layout initial d’une cellule, puis une seconde étape
d’optimisation de la ligne comportant N cellules. Nous allons à présent détailler les étapes de
conception puis nous présenterons un exemple de réalisation automatique d’une ligne CRLH
équilibrée à 2.45 GHz.

2.4.1.1 Etape 1 : initialisation des paramètres géométriques de la cellule

Pour cette première étape d’initialisation, aucune simulation EM n’est utilisée. En effet, le but
est d’obtenir rapidement une première version de la cellule assez proche du cahier des charges.
Pour cela, nous utilisons un algorithme de résolution numérique de type moindre carré [75]. Les
inconnus du problème sont les dimensions physiques de la ligne (ld , wd , lst et wst ). Elles doivent
vérifier les quatres équations fixant le comportement de la ligne : l’impédance caractéristique,
Z0 , la fréquence, f0 , la bande passante, BP et la condition d’équilibre, CE. Les paramètres du
substrat, le nombre de doigts de la capacité et le diamètre du via sont des variables fixées par le
concepteur au début du processus. Au final, nous avons quatre équations pour quatre inconnus.
Méthode automatique de conception de lignes CRLH 67

Spécifications: f0 , BW, Z0 , N
Informations sur le substrat: Utilisateur
ε0 , h, t

1. Initialisation: algorithme des moindres carrés Logiciel de calcul

Selection des paramètres Logiciel de simulation EM


géométriques

Paramètres géométrique vers paramètres LC:


Résolution des modèles de cellule CRLH

Paramètres LC vers spécifications


Résolution des 4 équations (3.22)

Non
OK?

Oui
Paramètres géométriques initiaux

2. Optimisation par algorithme génétique


Paramètres physiques
Sélection, croisement des
chromosomes
Simulateur EM

Simulation de la
ligne CRLH
Evaluation des solutions
Deux fonctions de coût:
- Minimisation de S11 à f
0
- Angle de rayonnement égal à 0° à f Résultats de simulation:
0
- Paramètres S
- Diagramme de rayonnement
Non
OK?

Oui

Layout final Utilisateur

F IGURE 2.14 – Schéma de l’approche automatique de conception de ligne CRLH que nous pro-
posons.

En pratique, deux étapes sont nécessaires pour relier les paramètres géométriques aux spé-
cifications. Tout d’abord, les paramètres circuit sont calculés à partir des équations 2.23 de la
section 2.2.3 en utilisant les paramètres géométriques fixés par l’algorithme des moindres carrés
dans l’intervalle donné. Ensuite, les équations 2.25 reliant le modèle circuit aux caractéristiques
du cahier des charges sont calculées afin de vérifier si la cellule est satisfaisante, c’est-à-dire que
toutes les équations 2.25 sont vérifiées. Cette étape permet d’obtenir la valeur du résidu de la
68 Modélisation et conception optimale de structures CRLH

solution. La convergence est atteinte lorsque le résidu est inférieur à l’erreur maximale admise.

1
ω0 − (LL CL LR CR )1/4 = 0




Z − √ 1 = 0

c LR CL
(2.25)


 Zc − √LL1 CR = 0


BP − ( √ 1 − √ 1 ) = 0

LR CR CL LL

Si le résidu est trop important, les paramètres géométriques sont modifiés et les équations recal-
culées jusqu’à la convergence de l’algorithme. A la fin de cette étape, nous obtenons le layout
initial de la cellule.
Comme cette première recherche est basée sur les modèles circuit, elle ne correspond pas
exactement au cahier des charges. Elle demeure cependant assez proche du layout final pour
permettre une optimisation rapide lors de la seconde étape. La suite du processus est donc de
procéder à l’optimisation de la ligne.

2.4.1.2 Etape 2 : Optimisation de la ligne par algorithme génétique

Nous allons maintenant voir l’étape d’optimisation nécessaire à l’obtention d’une ligne équi-
librée correspondant exactement aux spécifications. Comme nous l’avons vu précédemment, il
est nécessaire de travailler directement avec le nombre final de cellules. En effet, comme nous
l’avons montré dans la section 2.2.6, deux lignes de spécification identique mais dont le nombre
de cellules diffère auront des géométries differentes. Cette étape nécessitant une précision impor-
tante au niveau du comportement de la ligne, il devient alors obligatoire d’utiliser un logiciel de
simulation EM pour réaliser l’optimisation. Celui-ci permet d’obtenir des résultats de simulation
très proches des résultats de mesures.
Comme nous voulions un temps de simulation le plus faible possible et que notre structure
est planaire et simple couche, nous avons choisi de nous orienter vers un logiciel 2.5D. Pour
des raisons de disponibilité, le logiciel Ansoft© Designer fut retenu. Il utilise la méthode des
moments [76] comme algorithme de résolution. La taille finie du substrat n’est donc pas prise en
compte dans la simulation car il n’est pas possible d’imposer des conditions limites avec cette
méthode. Cependant, l’influence de la taille du substrat est en pratique négligeable dans notre cas
car sa taille est relativement importante en comparaison de la ligne. L’avantage de ce logiciel par
rapport à un logiciel 3D de type CST© Microwave Studio est son temps de calcul. En effet, avec
un maillage équivalent, il faut en moyenne un temps dix fois moindre pour simuler une ligne
CRLH.
Les outils d’optimisation disponibles dans les logiciels de simulation EM sont aujourd’hui
très nombreux : algorithmes de points fixes type Newton-Raphson, algorithmes évolutionnistes
Méthode automatique de conception de lignes CRLH 69

type Algorithme Génétique (AG)[77], etc. Notre but principal étant de proposer une approche
facilement généralisable à d’autres structures et à d’autres logiciels de simulation électromagné-
tique, nous avons opté pour une optimisation extérieure au logiciel de simulation EM. De plus,
à l’heure actuelle, les AG proposés ne permettent pas d’utiliser des fonctions de coût induisant
des calculs mathématiques. Par exemple, il n’est pas possible de minimiser les lobes secondaires
d’un diagramme de rayonnement car la fonction de coût nécessitera une fonction afin de repérer
les premiers lobes parasites. Ce deuxième point renforce notre idée de coder l’algorithme d’op-
timisation directement dans le logiciel de calcul, en l’occurence Matlab© . Grâce à cette solution,
nous nous affranchissons totalement du type de simulateur utilisé.
Techniquement, nous avons utilisé le protocole activX pour gérer la communication entre
Matlab© et Designer© . Avec cet outil, il est possible d’envoyer des requêtes codées en Basic
du logiciel de calcul au simulateur et ainsi contrôler complètement le processus d’optimisation.
Aujourd’hui, tous les simulateurs permettent ce type de communication.
Notre choix d’algorithme d’optimisation s’est porté sur un AG. Ce type d’algorithme permet
d’obtenir une solution approchée au problème. Le but ici n’est pas d’obtenir la meilleure solu-
tion possible mais d’avoir une solution correspondant au cahier des charges. Les AG utilisent le
principe d’évolution développé par Darwin au 19ime siècle et l’appliquent à la résolution numé-
rique de problèmes complexes. Ils sont particulièrement adaptés aux problèmes comportant un
nombre important de solutions potentielles car ils permettent d’obtenir une solution sans avoir à
tester toutes les configurations. Pour ce type de situation, cet algorithme est plus rapide que les
méthodes déterministes. Dans le cas des lignes CRLH uniformes, le nombre d’inconnues n’est
pas très élevé. Cependant, l’intervalle de recherche peut être assez grand si l’étape d’initiali-
sation n’a pas permis d’obtenir une solution assez approchée. De plus, notre approche a aussi
pour but d’être appliquée par la suite aux lignes CRLH non uniformes. Dans ce cas, le nombre
d’inconnues est directement proportionnel au nombre de cellule et peut rapidement devenir très
important. (80 inconnues dans le cas d’une ligne de 20 cellules)
Nous allons maintenant résumer le fonctionnement des AG afin de permettre une meilleure
compréhension de ce mémoire. Pour plus de détails, Nous recommandons au lecteur interessé le
livre [77]. Les différentes étapes de l’optimisation par AG sont présentées sur la figure 2.15.
La première étape consiste à générer la population initiale, c’est-à-dire l’ensemble initial de
solutions. Chaque solution, ou individu, est codée selon ses paramètres appelés gènes (dans notre
application, les paramètres géométriques de la ligne) pour former un chromosome. Au début, un
certain nombre d’individus est généré aléatoirement pour former la population initiale. Chaque
solution est évaluée et notée. Dans notre cas, l’évaluation consiste à simuler les lignes CRLH de
la population. La note est donnée par les fonctions de coût de l’algorithme. Ces fonctions servent
à transcrire les résultats de l’évaluation en termes de qualité de la solution. Nous détaillerons un
70 Modélisation et conception optimale de structures CRLH

peu plus loin cette notion très importante. Ensuite la convergence de l’algorithme est évaluée.
En effet, l’optimisation s’arrête si la note maximale définie par l’utilisateur est atteinte par un
individu ou si le nombre maximum de générations est atteint. La note maximale est choisie en
fonction des performances souhaitées.
La figure 2.16 montre deux évolutions possibles d’une fonction de coût en fonction du
nombre d’itération. La courbe continue montre le cas où l’algorithme s’est arrêté après avoir
atteint la note maximale. Dans ce cas, la solution a bien atteint les spécifications choisie par l’uti-
lisateur. La courbe en pointillé montre le cas où le nombre maximum d’itération est atteint. Dans
ce cas, l’optimisation s’arrête mais la solution ne respectera pas les spécifications. Il convient
alors de modifier les réglages de l’AG (nombre d’individus par population, taux de mutations,
...) ou de revoir les performances de la solution à la baisse.
Après l’évaluation de la convergence, nous passons aux étapes d’évolution des individus
permettant de passer à une autre génération. Tout d’abord, nous avons une étape de sélection.
Elle permet de choisir les individus qui serviront à la reproduction.
Une fois les individus sélectionnés, une autre étape est le croisement ou la recombinaison des
individus. Elle consiste à échanger certaines parties de chromosomes pour en former de nouveaux
(Nous pouvons voir ici l’analogie avec la reproduction des êtres vivants dont l’enfant reçoit une
partie du patrimoine génétique de ses parents).
Enfin, une dernière étape de mutation est effectuée avant l’évaluation de la nouvelle géné-
ration. Elle consiste à modifier aléatoirement le gène d’un individu. Le taux de mutation est
généralement assez faible pour ne pas tomber dans une recherche aléatoire et conserver le prin-
cipe d’évolution. Cependant, la mutation permet d’éviter la convergence vers un extremum local
et permet d’apporter de la variété dans les solutions. (Nous pouvons voir ici l’analogie avec la
consanguinité en biologie). Après cette étape, l’algorithme reboucle pour produire une nouvelle
génération jusqu’à sa convergence.
Dans notre approche, nous avons utilisé un AG multi-objectif nommé Non-dominated Sor-
ting Genetic Algotrithm 2(NSGA 2) [78] que nous avons codé sous Matlab. Les paramètres de
cet algorithme sont regroupés dans le tableau 2.5. Le nombre d’individu par génération a été
affiné après plusieurs optimisations de lignes CRLH afin d’obtenir la convergence la plus rapide
possible. Les probalilités de croisement et de mutation sont les valeurs typiques conseillées pour
l’algorithme. Les individus sont les lignes de transmission CRLH. Leur chromosome se compose
des paramètres géométriques de la cellule unitaire : wd , ld , wst et lst . L’évaluation de chaque in-
dividu se fait par une simulation EM réalisée automatiquement avec le logiciel Designer© en
utilisant la liaison ActivX. Les résultats de simulation comme les paramètres S ou le diagramme
de rayonnement sont ensuite renvoyé à l’algorithme pour l’évaluation. Cette étape est la partie
critique de l’optimisation. Elle conditionne grandement la bonne convergence de l’algorithme.
Méthode automatique de conception de lignes CRLH 71

Population initiale

Evaluation de la population

OUI
Convergence?

NON

Sélection

Croisement et mutation Résultat final

F IGURE 2.15 – Schéma général du fonctionnement des algorithmes génétiques.

En effet, l’évaluation qui est réalisée à partir des fonctions de coût permet de traduire les résul-
tats de simulation en termes de paramètres du cahier des charges afin de juger de la qualité de
la solution. Dans notre étude, le but est de pouvoir évaluer la fréquence de fonctionnement, f0 ,
l’adaptation, Z0 , et l’équilibre de la ligne.

Comme nous l’avons vu dans la section 1.3.4, la fréquence f0 correspond à la transition entre
la bande MG et la bande MD. Ce point est aussi caractérisé par une constante de phase, β, nulle.
Cependant, cette caractéristique ne peut pas être utilisée pour trouvé f0 car nous ne connaissons
pas l’origine des phases. Or, c’est justement cette origine qui permet de pouvoir connaître la
constante de phase avec précision. Nous avons donc décidé d’utiliser le fait que la ligne rayonne
obligatoirement à θ = 0◦ à la fréquence f0 . La première fonction de coût, fcot1 , consiste donc à
évaluer l’angle de rayonnement à la fréquence f0 et à donner une note d’autant moins élevée que
72 Modélisation et conception optimale de structures CRLH

Fct de coût

Note max

Nb max Nb itérations

F IGURE 2.16 – Exemple d’évolution d’une fonction de coût d’un algorithme génétique au cours
de l’optimisation. En trait plein : l’algorithme s’est arrêté après avoir atteind la note maximale.
L’algorithme a convergé, la solution respectera le cahier des charges. En trait pointillé : l’al-
gorithme s’est arrêté après avoir atteint le nombre maximum d’itérations. L’algorithme n’a pas
convergé, la solution ne respectera pas le cahier des charges.

le rayonnement est proche de 0◦ . Elle correspond à la formule suivante :


θM B (f0 )
fcot1 = , (2.26)
K1
avec θM B (f0 ), l’angle de rayonnement de la ligne à la fréquence f0 . Le coefficient K1 est une
pondération pour que les fonctions de coût renvoient des valeurs du même ordre de grandeur. Il
est possible de priviligier l’une ou l’autre fonction en modifiant ce paramètre.
Concernant la condition d’équilibre, nous savons que si la ligne comporte le moindre dés-
équilibre, alors cela se traduit par une forte désadaptation. La deuxième fonction de coût, fcot2 ,

Tableau 2.5 – Paramètres de l’algorithme génétique utilisé dans la méthode de conception auto-
matique.

Nombre d’individus par génération 25


Nombre maximum de générations 200
Probabilité de croisement 0.9
Probabilité de mutation 0.1
Méthode automatique de conception de lignes CRLH 73

consiste donc à minimiser le coefficient S11 à la fréquence f0 . Comme nous l’avons montré lors
de l’étude théorique des lignes équilibrées (section 1.3.4), une ligne équilibrée possède en théo-
rie une impédance indépendante de la fréquence. Ainsi si la ligne est adaptée à la fréquence de
transition, alors elle est adaptée sur toute sa bande passante. En pratique, l’impédance n’est pas
constante mais varie peu. La deuxième fonction de coût est donc suffisante pour satisfaire une
bonne adaptation. Elle correspond à la formule suivante :

K2
fcot2 = , (2.27)
|S11 |

avec K2 , le coefficient de pondération de la fonction.

Il est à noter que seules deux fonctions de coût sont utilisées mais qu’aucune ne fixe la
fréquence de coupure basse de la ligne. Nous supposons ici que l’étape d’initialisation donne
des résultats assez proches de ceux escomptés en termes de coupure basse et que l’optimisation
par AG ne modifiera que très peu cette fréquence. En effet, comme les intervalles de recherche
de l’AG sont relativement fins, seuls les paramètres S autour de la fréquence de fonctionnement
seront modifiés. Cette hypothèse s’est vérifiée en pratique au cours de la conception de lignes
équilibrées. La figure 2.17 montre l’évolution de la réponse d’une ligne CRLH de 20 cellules
au cours de dix itérations de l’AG. Nous pouvons voir qu’au fur et à mesure de l’optimisation,
la ligne devient équilibrée et que seuls les valeurs des paramètres S autour de la fréquence de
2.45 GHz sont modifiées.

Dans le cas où la précision sur ce paramètre ne serait pas assez bonne, il faudrait alors ajouter
une troisième fonction de coût pour fixer cette fréquence. Notre méthode et son implémentation
permet de réaliser facilement cet ajout grâce à la grande flexibilité de la structure proposée et de
l’algorithme d’optimisation choisi.

Le point fort de notre approche est de n’évaluer la ligne qu’à un seul point de fréquence.
Cela permet un gain de temps important et de s’affranchir du principal défaut des AG qui est un
temps de convergence lent dans le cas d’un nombre important de générations. Dans notre cas,
l’évaluation d’un individu de 20 cellules ne prend que 5 minutes avec un PC standard double
coeur cadencé à 2 GHz avec 4 Go de mémoire vive et un maillage extrêmement fin : 62 tétraèdres
par longueur d’onde contre 12 habituellement. Une étude de convergence des simulations de la
ligne nous a permis de fixer cette valeur.

Nous allons à présent valider notre approche au travers d’un exemple de conception de ligne
CRLH équilibrée fonctionnant à 2.45 GHz.
74 Modélisation et conception optimale de structures CRLH

−5 itération i

−10

−15
|S| (dB)

−20 itération i+10

−25
S11
−30

−35 S21

−40
0.5 1 1.5 2 2.5 3
f (GHz)

F IGURE 2.17 – Exemple d’évolution de la réponse d’une ligne CRLH de 20 cellules au cours de
dix itérations de l’algorithme génétique.

2.4.2 Exemple de conception de ligne CRLH équilibrées


Une conception entièrement automatique d’une ligne CRLH équilibrée avec les caractéris-
tiques suivantes est ici décrite :
– Impédance caractéristique : Zc = 50Ω.
– Fréquence de transition : f0 = 2.45GHz.
– Fréquence de coupure basse : fcb = 1GHz.
– Largeur de ligne minimum : Zlmin = 0.15mm.
– nombre de doigts des CI : N = 10, pour les CI d’entrée/sortie : Nes = 12.
– Substrat RO5880 : permittivité, ǫr = 2.20, épaisseur, h = 1.52mm, pertes, tanδ = 0.0004.
Cette ligne pourrait être utilisée comme antenne à onde de fuite rayonnant à broadside à la
fréquence de 2.45 GHz. Une photographie du prototype est présentée à la figure 2.18. Les pa-
ramètres du layout de la ligne à la fin de l’étape 1 et de l’étape 2 sont présentés dans le tableau
2.6. Nous pouvons remarquer que les paramètres avant et après optimisation sont relativement
proches. A première vue, la figure 2.19 qui montre les modules des paramètres S avant et après
optimisation peut laisser penser que cette faible différence n’a que peu d’influence sur la ligne :
la ligne avant optimisation est assez bien adaptée sur la bande [1 GHz ; 3 GHz]. Cependant,
après vérification du rayonnement de la ligne, la fréquence de fonctionnement ne se situe pas à
Méthode automatique de conception de lignes CRLH 75

F IGURE 2.18 – Photographie de la ligne CRLH de 6 cellules réalisée avec l’approche automa-
tique.

2.45 GHz, comme l’illustre la figure 2.20, mais à 2.77 GHz. Cela prouve la grande sensibilité
de la structure CRLH autour de la fréquence f0 , car la légère modification des paramètres géo-
métriques (seulement quelques pourcents) permet de ramener la fréquence de transition à 2.45
GHz. Cela montre aussi la nécessité de réaliser une étape d’optimisation après l’initialisation.

10
Avant optimisation
Après optimisation
0

−10
|S|(dB)

−20

−30 S11
f0
−40
S21

−50
0.5 1 1.5 2 2.5 3
f (GHz)

F IGURE 2.19 – Paramètres S simulés d’une ligne CRLH de six cellules avant et après optimisa-
tion par algorithme génétique.

La figure 2.22 montre la comparaison entre les paramètres S en module simulés et mesurés
pour la ligne réalisée et illustrée à la figure 2.18. Nous pouvons voir une bonne concordance
entre mesures et simulation sur toute la bande de fréquence pour le paramètre S21 . La fréquence
76 Modélisation et conception optimale de structures CRLH

Tableau 2.6 – Paramètres de la ligne CRLH réalisée avec l’approche automatique.

CI Etape 1 Etape 2

wd 0.20 mm 0.21 mm
gd 0.20 mm 0.19 mm
ld 9.13 mm 10.00 mm
wst 0.50 mm 0.51 mm
lst 4.46 mm 4.91 mm
N 10 10

CI d’entrée/sortie

wd 0.20 mm 0.23 mm
gd 0.20 mm 0.18 mm
ld 9.13 mm 10.20 mm
N 12 12

Avant optimisation
Après optimisation 0°
−15° 15°
−30° 30°
−45° 45°

−60° 60°

−75° 75°
−2 0
−6 −4
−90° −8 90 °
dB

F IGURE 2.20 – Diagramme de rayonnement de la ligne CRLH avant et après optimisation pour
une fréquence de 2.45 GHz.

parasite autour de 2.7 GHz correspond à la première résonnance transverse des CI de la ligne.
Celle-ci pourrait être supprimée en connectant les doigts des CI deux à deux [61] ou en ajou-
tant une fonction de coût à l’AG afin de repousser la résonnance vers les hautes fréquences. Le
Méthode automatique de conception de lignes CRLH 77

paramètre S11 mesuré correspond bien aux simulations jusqu’à 2 GHz. Autour de la fréquence
f0 nous pouvons voir une petite désadaptation par rapport aux simulations. Cependant, elle de-
meure acceptable avec un paramètre S11 toujours inférieur à -10 dB. Ce problème s’explique
par la sensibilité de la ligne CRLH aux tolérances de fabrication. Ce point sera détaillé dans la
section 2.5.

5
Fonction de coût angle θ

0
0 2 4 6 8 10 12
Fonction de coût S11
Solution retenue

F IGURE 2.21 – Evolution des deux fonctions de coût de l’algorithme génétique au cours de
l’optimisation d’une ligne CRLH de six cellules. La couleur des marqueurs évolue du rouge pour
les premières itérations vers le bleu pour les dernières. La solution retenue est celle entourée.

La figure 2.21 montre l’évolution des deux fonctions de coût de l’AG au cours de l’opti-
misation de la ligne CRLH de six cellules. La couleur des marqueurs évolue du rouge pour les
premières itérations vers le bleu pour les dernières. Le coefficient K1 et K2 sont de 5 et 10 res-
pectivement. Dans ce cas, les fonctions sont du même ordre de grandeur. Il n’y a donc aucune
préférence donnée à l’une ou à l’autre. Nous pouvons clairement voir qu’au fil des itérations, les
fonctions de coût évoluent vers le point (0,0). La solution retenue est celle entourée. Elle corres-
pond au point (0.45,0), soit un coefficient S11 de -22 dB et un angle de rayonnement de 0◦ à 2.45
GHz.
La figure 2.23 montre la directivité simulée et mesurée de la ligne à la fréquence de 2.45
GHz. Les mesures et les simulations sont en bonne concordance. L’angle de rayonnement est
bien de 0◦ à 2.45 GHz. Cette fréquence correspond donc bien à la transition entre les zones MG
et MD et donc à l’origine des phases. A partir de cette vérification, il est maintenant possible de
78 Modélisation et conception optimale de structures CRLH

10
Simulations EM
Mesures
0

−10
|S| (dB)

−20

−30
S11 f0
−40
S21

−50
0.5 1 1.5 2 2.5 3
f (GHz)

F IGURE 2.22 – Paramètres S simulés et mesurés d’une ligne comportant six cellules fonctionnant
à 2.45 GHz.

tracer le diagramme de dispersion. La figure 2.24 montre le diagramme de dispersion mesuré et


simulé. Aucune zone de coupure n’est visible à la transition : la ligne est donc bien équilibrée.

Le temps de conception pour la ligne de 6 cellules a été de 10 heures. Comme il n’y a aucune
simulation lors de la première étape, ce temps est principalement dû à l’étape d’optimisation. En
effet, l’étape d’initialisation ne dure pas plus d’une minute. Pour l’étape d’optimisation, 180 si-
mulations EM ont été nécessaires. Cependant, il faut noter que le temps est ici un temps purement
machine puisque le concepteur n’a jamais à intervenir. La machine utilisée pour les simulations
est un PC standard double coeur cadencé à 2 GHz avec 4 Go de mémoire vive.

Nous venons de présenter un exemple de conception automatique qui valide notre approche
pour la conception de lignes CRLH équilibrées. Lors de la mesure de notre ligne, nous avons
cependant noté une légère désadaptation autour de f0 . Nous allons à présent montrer que ce pro-
blème vient principalement de la grande sensibilité de la structure CRLH vis-à-vis des tolérances
de fabrication.
Méthode automatique de conception de lignes CRLH 79

Simulations EM
−15° 0°
Mesures 15°
−30° 30°

−45° 45 °

−60° 60°

−75° 75 °

−90° 90°
−30 −24 −18 −12 −6 −3 0
dB

F IGURE 2.23 – Comparaison des diagrammes de rayonnement simulés et mesurés de la ligne à


la fréquence f0 .

3
Simulations EM
Mesures
2.5

2
f (GHz)

1.5

0.5
−30 −20 −10 0 10
β (rad)

F IGURE 2.24 – Diagrammes de dispersion simulés et mesurés de la ligne finale.


80 Modélisation et conception optimale de structures CRLH

2.5 Sensibilité de la structure capacité interdigitée - stub


Sur la figure 2.22 qui montre les paramètres S de la ligne de 6 cellules conçue automati-
quement, nous constatons une légère désadaptation de la ligne entre 1.8 GHz et 2.5 GHz. A la
fréquence f0 , la différence est de 11 dB entre les mesures et les simulations. Même si dans ce
cas la ligne demeure assez bien adaptée, la différence s’accentue lorsque la ligne devient plus
longue. Nous avons conçu automatiquement une ligne avec les mêmes caractéristiques que pré-
cédemment mais avec 20 cellules et l’avons réalisée. La figure 2.25 montre les paramètres S
simulés avec Ansoft Designer et ceux mesurés. Nous pouvons voir que, cette fois-ci, la ligne est
totalement déséquilibrée. Il apparait clairement une zone stopband à la fréquence f0 . Le coeffi-
cient de réfection n’est plus que de -3.8 dB en pratique contre -12 dB en simulation alors que la
mesure correspond parfaitement à la simulation en dehors de la fréquence de résonnance.

10
Simulations EM
Mesures
0

−10
S (dB)

−20

−30
f0
−40

−50
0.5 1 1.5 2 2.5 3
f (Ghz)

F IGURE 2.25 – Paramètres S simulés et mesurés de la ligne de 20 cellules fonctionnant à 2.45


GHz.

Afin de comprendre ce phénomène récurant, nous avons réalisé une étude de sensibilité de la
ligne. Nous avons ainsi simulé la même ligne de 20 cellules mais avec un facteur de surgravure
(FS) de -0.02 mm ; c’est-à-dire en diminuant toutes les dimensions de cette quantité. La figure
2.26 montre les paramètres S mesurés et les paramètres S simulés avec un FS de -0.02 mm. Nous
pouvons voir que, cette fois, les mesures et la simulation sont en parfait accord. La ligne est bien
Sensibilité de la structure capacité interdigitée - stub 81

10
Mesures
5 Simulation avec un FS de −0.02 mm

−5
S (dB)

−10

−15

−20 f0

−25

−30
0.5 1 1.5 2 2.5 3
f (GHz)

F IGURE 2.26 – Paramètres S mesurés de la ligne de 20 cellules comparés à ceux simulés de la


ligne avec un facteur de surgravure (FS) de -0.02 mm.

déséquilibrée si l’on modifie les dimensions de 0.02 mm. Cette valeur correspond à la tolérance
maximum de fabrication du laboratoire.
Il est cependant impossible de prévoir la surgravure. En effet, celle-ci provient principalement
de la difficulté à gérer le temps de gravure du cuivre. Cette étape consiste à tremper la ligne munie
de son masque en résine dans une solution de perchlorure de fer. Cette solution va alors attaquer
les zones cuivrés qui correspondent aux endroits que l’on veut supprimer. Le temps de gravure
dépend grandement de la température et de la qualité de la solution de perchlorure. Le FS dépend
donc du moment où l’on réalise la ligne et est donc impossible à connaître précisément. La seule
chose que l’on peut savoir est sa valeur maximale.
La solution est donc de réaliser plusieurs lignes en même temps en prenant en compte diffé-
rents FS. Le principal problème de cette solution provient du nombre de lignes non utilisables au
final. Par exemple, sur toutes les lignes qui seront faites, une seule correspondra parfaitement aux
spécifications. De plus, nous ne sommes pas sûrs d’obtenir une ligne correcte. Tout dépend du
nombre de lignes différentes que nous réalisons. Statistiquement, plus nous prenons en compte
différent FS, plus nous aurons de chance d’obtenir une bonne ligne.
Une autre piste potentielle à explorer serait d’ajouter une fonction de coût à l’AG afin de mi-
82 Modélisation et conception optimale de structures CRLH

nimiser cette sensibilité. Il faudrait alors modifier les dimensions d’un certain FS puis minimiser
la différence d’adaptation entre la ligne parfaite et la ligne modifié. Cependant, cette approche
nécessite de simuler deux fois plus de ligne. Le temps de conception sera donc doublé.
Après cette étude de sensibilité, nous allons à présent voir une seconde application de notre
approche : la conception d’AOF non uniformes de type CRLH pour la minimisation des lobes
secondaires.

2.6 Conception de lignes CRLH non uniformes


Les lignes non uniformes (NU) de type CRLH sont des structures non périodiques, c’est-
à-dire que chaque cellule est differente. Dans [3], il a été montré que la périodicité n’était pas
obligatoire pour faire une structure de type CRLH. Seulement, comme les lignes périodiques
(ou uniformes) sont plus faciles à concevoir, elles se sont imposées dans la pratique. Pourtant
les lignes NU présentent l’avantage de pouvoir contrôler le diagramme de dispersion ainsi que
le coefficient d’atténutation avec une plus grande souplesse que les lignes uniformes car nous
avons plus d’inconnues à notre disposition. Il est ainsi possible de concevoir une ligne avec une
dispersion quadratique afin d’obtenir un temps de groupe linéaire ou de contrôler le coefficient de
fuite d’une AOF CRLH afin de minimiser les lobes secondaires du diagramme de rayonnement.
Dans la littérature, il n’est reporté aucune de ces applications. Une ligne NU CRLH équilibrée
est réalisée dans [3]. Cette réalisation a permis de prouver qu’il n’est pas obligatoire d’avoir
une ligne périodique pour concevoir une structure CRLH. En effet, il est extrêment difficile de
concevoir une ligne NU manuellement à cause du grand nombre d’inconnues. Les algorithmes
de point fixe ont alors beaucoup de difficultés à converger.
Nous proposons dans cette section de modifier quelque peu notre approche automatique pour
l’appliquer à la conception de lignes d’AOF NU dans le but de minimiser les lobes secondaires
de l’antenne. Cette application est une première, ce qui montre bien l’intérêt de la méthode
automatique proposée.
Le principe de minimisation des lobes secondaires des AOF par le contrôle du coefficient de
fuite n’est pas nouveau et a été largement utilisé pour les AOF autres que CRLH [7]. Dans la
pratique, une distribution d’amplitude était choisie parmis les distributions classiquement utili-
sées pour l’optimisation des antennes (Taylor, Dolph Tschebyscheff, etc) puis la structure était
conçue pour suivre au mieux cette distribution. Dans le cas des lignes CRLH, il est difficile de
trouver α de manière analytique en fonction de la géométrie de la ligne. Cependant, le coefficient
α peut être calculé grâce au coefficient de transmission S21 avec la formule suivante :

ln|S21 |
α=− , (2.28)
l
Conception de lignes CRLH non uniformes 83

avec l, la longueur de la ligne CRLH. Dans ce cas, il serait théoriquement possible de conce-
voir chaque cellule de la ligne de manière indépendante avec la valeur de α correspondant à la
distribution choisie. Cependant, comme nous l’avons vu précédemment, les effets de couplage
jouent un grand rôle dans la réponse de la ligne. Il est donc difficile de concevoir les cellules
indépendamment. Si la ligne NU est conçue en une seul fois, il est alors impossible de trouver
la distribution de α sans passer par les modèles circuit qui, comme nous l’avons vu en section
2.2.6, introduisent inévitablement des erreurs.

F IGURE 2.27 – Layout de la ligne CRLH non uniforme.

Pour ces raisons, nous avons décidé d’utiliser l’approche de la section 2.4 pour concevoir des
AOF NU de manière automatique sans avoir à définir la distribution de α. La démarche reste la
même que celle présentée sur la figure 2.14 sauf que, cette fois-ci, une ligne NU est générée et une
troisième fonction de coût, fcot3 , est ajoutée dans l’AG. Celle-ci nous sert à contrôler les lobes
secondaires de l’antenne. Elle repère les valeurs maximales des lobes secondaires et renvoie une
note d’autant meilleure que les lobes secondaires sont faibles suivant la formule suivante :

K3
fcot3 = , (2.29)
|GLP − GLS |

avec GLP , le gain du lobe primaire, GLS , le gain du premier lobe secondaire et K3 , le facteur de
pondération de la fonction.
La ligne étant NU, chaque cellule est différente. Pour une ligne de 20 cellules, il y a donc 100
inconnues à fixer, 5 par cellules : ld , wd , lst , wst . Dans ce cas, l’utilisation de l’AG pour l’étape
d’optimisation se justifie complètement. De plus, le temps d’évaluation de chaque solution n’est
pas plus long que pour une ligne uniforme. Par contre, il n’est pas facile de trouver une ligne
initiale proche de la ligne finale. Pour cela, l’optimisation d’une AOF NU est plus longue que la
conception d’une ligne uniforme.
Nous avons optimisé une ligne avec les paramètres présentés dans le tableau 2.7. Nous avons
choisi de partir d’une ligne uniforme fonctionnant à la fréquence f0 . La figure 2.27 montre le
layout de la ligne NU. Nous pouvons clairement voir que chaque cellule est différente. Les fi-
gures 2.28 et 2.29 montrent les paramètres S en module de la ligne optimisée sur les bandes de
fréquences [1 GHz ; 3.5 GHz] et [2.2 GHz ; 2.6 GHz] respectivement. La figure 2.30 montre le
diagramme de rayonnement de la ligne optimisée comparé au cas uniforme pour la fréquence de
2.45GHz. Nous pouvons voir que l’angle de rayonnement est de 8° à cette fréquence. Elle ne
correspond donc pas exactement à la fréquence de transition f0 . Cela s’explique principalement
84 Modélisation et conception optimale de structures CRLH

Tableau 2.7 – Paramètres de la ligne CRLH non uniforme réalisée avec l’approche automatique.

Paramètres Valeurs

Nombre de cellule, Nc 20
Nombre de doigts des CI, N 10
Nombre de doigts des CI d’E/S, N 12
Fréquence de l’antenne, f0 2.45 GHz
Impédance caractéristique Z0 50 Ω

Substrat RT/5880
Permittivité ǫ 2.2
Tangente de perte tanδ 0.0004
Epaisseur h 1.574 mm

par le fait que l’algorithme n’avait pas totalement fini de converger lors de l’arrêt de l’optimisa-
tion. Tous les critères n’ont donc pas été satisfaits. Par contre, nous pouvons voir que les lobes
secondaires ont diminué de 5.9 dB passant de -14 dB à -19.9 dB. L’adaptation à cette fréquence
est de -10 dB. Par contre, comme le montre la figure 2.29, la bande passante de la ligne est beau-
coup plus étroite que celle de la ligne uniforme. En effet, le coefficient S11 est inférieur à -10 dB
sur une bande de 100 MHz autour de 2.45 GHz.
Le temps de calcul a été d’environ 72 heures sur un PC standard double coeur cadencé à 2
GHz avec 4 Go de mémoire vive. 15 générations de 25 individus ont été nécessaires pour arriver
à ce résultat.
Cet exemple prouve bien qu’il est possible d’optimiser les lobes secondaires des AOF de
type CRLH en utilisant des lignes NU. Notre approche a permis de réaliser cette antenne de
manière complètement automatique alors qu’en l’absence de cet outil, une telle conception était
impossible actuellement.
Conception de lignes CRLH non uniformes 85

−5

−10

−15
|S(dB)|

−20

−25

−30
S 11
−35 S
21

−40
1 1.5 2 2.5 3
f (GHz)

F IGURE 2.28 – Simulation des paramètres S en module de la ligne optimisée.

10
S 11

5 S
21

0
|S(dB)|

−5

−10

−15

−20
2.2 2.3 2.4 2.5 2.6
f (GHz)

F IGURE 2.29 – Simulation des paramètres S en module de la ligne optimisée autour de la fré-
quence f0 .
86 Modélisation et conception optimale de structures CRLH

5
non uniforme
Gain normalisé (dB) 0
uniforme

−5

−10

−15

−20

−25

−30
−100 −50 0 50 100
θ (°)

F IGURE 2.30 – Diagramme de rayonnement de la ligne uniforme comparé à celui d’une ligne
non uniforme pour f = 2.45GHz.

2.7 Conclusion
Dans cette section, nous avons d’abord présenté des modèles plus complets permettant l’étude
et la synthèse de cellules CRLH composées de CI et de stubs micro-ruban. Nous avons montré
que, même si ces modèles se révèlent précis, ils ne sont pas insuffisant pour concevoir rapidement
et précisément des structures CRLH. Une approche de conception automatique qui s’affranchie
en partie des modèles circuit fut présentée et appliquée à la conception de lignes CRLH non
uniformes. Pour la première fois, nous avons montré qu’il était possible de minimiser les lobes
secondaires d’une AOF CRLH en contrôlant la valeur de la constante d’atténuation le long de la
ligne, de la même manière que pour les AOF uniformes classiques.
Dans la section suivante, nous allons présenter une AOF CRLH électronique permettant de
scanner l’espace à fréquence fixe tout en conservant une bonne adaptation.
Chapitre 3

Antenne à onde de fuite CRLH efficace à


balayage électronique

3.1 Introduction
Ce chapitre va porter sur l’étude et la conception d’un nouveau type d’AOF électronique
permettant le balayage spatial à fréquence fixe tout en conservant une bonne adaptation d’im-
pédance. Tout d’abord, nous rappelerons les propriétés de balayage fréquentiel des AOF CRLH.
Puis, nous présenterons l’AOF CRLH à simple synthonisation qui fut étudiée dans un projet
précédent. Enfin, nous étudierons l’antenne à double synthonisation que nous proposons. Après
avoir développé la partie théorique, nous caractériserons des diodes varactors du commerce. En-
fin, nous présenterons notre prototype ainsi que les mesures expérimentales en fin du chapitre.

3.2 Antenne à onde de fuite CRLH passive

3.2.1 Principe théorique


Dans cette section, nous allons présenter le fonctionnement des lignes CRLH en tant qu’AOF.
Comme nous l’avons vu dans la section 1.2.2, les AOF sont des structures guidantes utilisant la
propagation d’une onde de fuite comme méchanisme de rayonnement. L’angle de rayonnement
est alors fixé par la constante de phase, βz , grâce à la formule 1.8 de la section 1.2.2.
Dans le cas des lignes CRLH équilibrées, la constante de phase β peut être exprimée en
fonction des paramètres circuit de la figure 1.28 à l’aide de la formule suivante :
 p 
1 1
β(ω) = ω LR CR − √ , (3.1)
p ω LL CL

87
88 Antenne à onde de fuite CRLH efficace à balayage électronique

avec p, la taille de la cellule unitaire, ω, la pulsation. La figure (3.1) montre le diagramme ω − β


d’une structure CRLH équilibrée avec les droites ω = ±k0c délimitant la zone d’onde rapide.
Cette zone est aussi appelée cône de rayonnement pour les AOF 2D. Lorsque le point de fonc-
tionnement de l’antenne se trouve dans cette bande, alors l’onde se propageant devient rapide
et l’antenne rayonne. Nous pouvons aussi voir sur cette figure que toutes les structures CRLH
équilibrées possèdent une bande d’utilisation qui traverse totalement le cône de rayonnement.
Comme la constante de phase dépend de la fréquence, alors l’angle de rayonnement de l’an-
tenne dépend également de la fréquence. Les points ωBF et ωEF de la figure (1.5) correspondent
respectivement aux valeurs −k0 et +k0 soit à un angle de rayonnement, θM B (MB pour Main
Beam), de −90◦ et +90◦ . Une ligne CRLH équilibrée peut donc être utilisée comme une AOF
permettant de balayer de backfire à endfire en passant par un rayonnement broadside. En dehors
du cône de rayonnement, l’AOF se comporte comme une ligne de transmission.
Il est à noter que ce type d’antenne, bien que composé d’une structure périodique, n’utilise
pas la périodicité comme mécanisme de rayonnement. En effet, le mode de rayonnement est le
mode principal de la ligne. Elle fait donc partie des AOF quasi-uniformes.

3.2.2 Application des AOF de type CRLH


Cette capacité des lignes CRLH à émettre un rayonnement de type onde de fuite fut pour
la première fois démontrée expérimentalement par L. Liu et al. [17]. Depuis, cette propriété de
rayonnement des lignes CRLH fut largement exploitée. Dans l’article de C. Caloz et al. [79], la
structure duale de la cellule CRLH est utilisée pour faire une AOF avec un ’beam squinting’, une
variation de l’angle de rayonnement en fonction de la fréquence, plus faible qu’avec les AOF
CRLH classiques. F. Casares-Miranda et al. ont introduit des amplificateurs RF dans une AOF
CRLH toutes les N cellules, comme le montre la figure 3.2 [80]. Ainsi, il est possible d’augmenter
le gain de l’antenne en augmentant sa taille sans problème de saturation du gain. Dans les AOF
CRLH passives, le gain sature au bout d’une certaine longueur car toute l’énergie finie par être
rayonnée. Un gain de 17.2 dBi est obtenu en pratique avec une antenne de 48 cellules contre 8.9
dBi pour une AOF passive de même longueur.
L’AOF CRLH peut aussi être utilisée en réseaux pour permettre de balayer suivant deux axes.
Par exemple, H.V. Nguyen et al ont présenté un réseau de 4 AOF permettant d’obtenir un faisceau
de type peigne scannant dans deux directions [81]. Une variante de cette structure a été propo-
sée dans [82]. Les antennes sont alors rebouclés pour permettre à plus d’énergie d’être rayonnée
et donc améliorer encore le gain et l’efficacité du réseau tout en optimisant l’encombrement.
Dans [83], la propriété de balayage fréquentiel est judicieusement exploitée pour concevoir un
analyseur de spectre temps réel basé sur une simple AOF CRLH. En effet, comme l’angle de
Antenne à onde de fuite CRLH passive 89

ω
−β/c +β/c

ωEF

ω0
ωBF

−π / p 0 π/ p β

F IGURE 3.1 – Diagramme de dispersion d’une ligne CRLH équilibrée calculé avec l’équation
3.1. Le cône en pointillé correspond à la zone d’onde rapide. Les points ωBF et ωEF corres-
pondent respectivement aux valeurs −k0 et +k0 , soit à un angle de rayonnement, θM B (MB pour
Main Beam), de −90◦ et +90◦ .

rayonnement dépend de la fréquence du signal, il est possible de décomposer chaque harmo-


nique fréquentiel suivant un angle, comme le montre la figure 3.3. Ainsi, en positionnant des
récepteurs pour chaque angle, on retrouve le spectre du signal. Cette propriété sera aussi utilisée
par S. Gupta et al afin de concevoir un démultiplexeur spatial [84]. Récemment, un guide d’onde
ouvert uniforme, chargé de ferrite, fut utilisé comme AOF ayant une réponse de type CRLH [85].
Cette antenne permet de balayer en fréquence en appliquant un champ magnétique constant ou à
fréquence fixe mais en modifiant l’intensité du champ magnétique d’excitation.
Une autre application intéressante concerne les antennes électroniques balayant à fréquence
fixe. Une AOF CRLH électronique fut pour la première fois proposée par S. Lim et al. [86].
Elle fut ensuite étudiée en détail dans [87]. Nous présenterons cette structure de manière plus
complète dans la section suivante. En 2009, cette structure a été utilisée sur un substrat souple
afin de contrôler la forme du faisceau en incurvant l’antenne [88]. La même année, la propriété
de balayage est utilisée pour concevoir un système permettant d’estimer la direction d’arrivée
d’un signal [89]. Enfin, une possible application de cette antenne peut être l’ajout d’une diversité
90 Antenne à onde de fuite CRLH efficace à balayage électronique

F IGURE 3.2 – Prototype d’AOF active de 8x6 cellules interconnectées avec 7 amplificateurs
proposé par F. Casares-Miranda et al. [80]. (a) Face rayonnante/passive (b) Face guidante/active.

F IGURE 3.3 – Schéma de l’analyseur de spectre temps réel à base d’AOF proposée par S. Gupta
et al., tiré de [83]

spatiale dans les systèmes de type "Multiple Input Multiple Output" (MIMO). En effet, J. F.
Frigon et al. ont montré que la capacité du canal pouvait être améliorée en utilisant une AOF
CRLH électronique couplée avec un algorithme de diversité spatiale [90].

Nous allons à présent détailler le fonctionnement d’une AOF CRLH électronique, puis nous
présenterons l’approche que nous avons proposée pour améliorer celle-ci.
Antenne à onde de fuite électronique à simple syntonisation 91

3.3 Antenne à onde de fuite électronique à simple syntonisa-


tion
Cette antenne novatrice fut initialement proposée et étudiée par les équipes de T. Itoh et de
C. Caloz. Dans cette partie, nous allons présenter le principe de fonctionnement ainsi que les
inconvénients de la structure qui fut présentée dans [87] car cette antenne servira de base pour
l’AOF à double syntonisation présentée dans la section 3.4.

3.3.1 Principe de fonctionnement


Comme nous venons de le voir, les AOF CRLH passives possèdent la capacité de balayer
l’espace de backfire à endfire en passant par broadside en modifiant leur fréquence d’utilisation.
Bien que cette propriété puisse être exploitée dans certaine application, elle limite l’utilisation
de ces AOF dans le domaine des télécommunications car les techniques de transmission sont
généralement à bande étroite. Pour cette raison, la possibilité de créer une AOF CRLH balayant
électroniquement à fréquence fixe fut étudiée.

F IGURE 3.4 – Diagramme de dispersion d’une AOF électronique pour trois tensions de fonc-
tionnement. Le fait de pouvoir translater la courbe de dispersion permet de modifier l’angle de
rayonnement de l’AOF. Tiré de l’article de S. Lim et al. [87].
92 Antenne à onde de fuite CRLH efficace à balayage électronique

Le principe de fonctionnement de cette antenne est le suivant. L’équation 3.1 montre que β
dépend de la fréquence mais aussi des éléments capacitifs et inductifs qui composent la cellule.
Il est alors possible de faire varier β en jouant sur la valeur des paramètres circuit grâce à une
tension de contrôle et ainsi faire varier l’angle de rayonnement, ceci sans modifier la fréquence.
La figure 3.4 montre le diagramme de dispersion correspondant pour trois tensions de fonction-
nement.
La valeur des paramètres circuit peut être modifiée à l’aide de diodes varactors. Ce type de
diode a la particularité d’avoir une capacité de jonction dépendant de la tension de polarisation.
Elles sont donc souvent utilisées comme des capacités variables. L’angle de rayonnement, θM B ,
dont l’origine est pris selon l’axe perpendiculaire à l’antenne devient alors fonction de la tension
d’alimentation des varactors, V , suivant la formule suivante :

θM B (V ) = sin−1 (βz (V )/k0 ), (3.2)

Il est ainsi théoriquement possible de faire varier en continu l’angle de rayonnement de backfire
à endfire en utilisant une distribution de tension uniforme sur chaque cellule, voir la figure 3.5.

Cell.1 Cell.2 Cell.3 Cell.4 Cell.5 Cell.6 Cell.1 Cell.2 Cell.3 Cell.4 Cell.5 Cell.6

V + V + V + V + V + V + V + V + V + V + V + V +
1 1 1 2 2 2 2 2 2
1 - 1 - 1 - - - - - - - - - -

F IGURE 3.5 – Principe de rayonnement de l’antenne pour deux tensions d’alimentation permet-
tant un rayonnement arrière et un rayonnement avant.

La figure 3.6 montre le schéma circuit de la cellule permettant le balayage électronique.


Comparé à la cellule classique de la figure 1.28, nous pouvons voir que trois diodes varactors sont
utilisées pour contrôler la valeur des composants du modèle. Deux d’entre-elles sont connectées
en parallèle aux capacités interdigitées et une est connectée en parallèle du stub micro-ruban.
Grâce à elles, il est alors possible de contrôler les valeurs du couple CL − LR et de la capacité
CR grace à la tension d’alimentation V1 des diodes. Pour simplifier la structure, il a été choisi
de n’utiliser qu’une seule tension d’alimentation par cellule. Il n’est donc pas possible de faire
varier les diodes de manière indépendante. L’antenne est donc dite simple syntonisation.
Antenne à onde de fuite électronique à simple syntonisation 93

La figure 3.7 montre le diagramme de rayonnement dans le plan E pour différentes valeurs
de tensions d’alimentation. Nous pouvons voir sur ces diagrammes que le rayonnement varie de
-40◦ à +20◦ . L’intervalle maximum obtenu est de [-50◦ ;+50◦ ].

2CVAR1 (V1 ) 2CVAR1 (V1 )

LR /2 2CL LR /2 2CL

CVAR2 (V1 ) LL CR

∆φ

F IGURE 3.6 – Schéma circuit équivalent de la cellule électronique à simple syntonisation. La


tension V1 permet de contrôler la valeur des capacités variables CV AR1 et CV AR2 afin de contrôler
l’angle de rayonnement de la structure.

F IGURE 3.7 – Diagramme de rayonnement dans le plan E de l’AOF pour (a) V = 18 V, (b) 10 V,
(c) 8 V, (d) 3.5 V, (e) 2 V et (f) 1.5 V. Tiré de l’article de S. Lim et al. [87].

3.3.2 Inconvénients de la structure simple syntonisation


Nous avons vu que ce type de structure permettait de balayer à fréquence fixe avec une seule
tension d’alimentation. Le principal inconvénient de ce système provient du fait que l’impédance
94 Antenne à onde de fuite CRLH efficace à balayage électronique

de Bloch de l’antenne dépend aussi de la valeur des paramètres de la cellule comme le montre
l’équation 1.43 de la section 1.3.4.1. Ainsi, lorsque l’angle de rayonnement est modifié, l’im-
pédance de Bloch l’est aussi. L’adaptation de cette antenne est donc dépendante de l’angle de
rayonnement car il n’y a qu’un seul degré de liberté. Le coefficient de réflexion varie de -6 dB à
-12.6 dB selon la tension.
L’objectif de cette partie de mon travail, qui s’est déroulé à Montréal au sein de l’équipe du
Professeur C. Caloz, est d’obtenir un coefficient de réflexion inférieur à -10 dB pour tous les
angles de rayonnement. Pour cela, nous allons introduire dans la section suivante une double
syntonisation pour contrôler à la fois l’impédance de Bloch et l’angle de rayonnement.

3.4 Antenne à onde de fuite CRLH électronique à double syn-


tonisation

3.4.1 Théorie
Nous allons maintenant présenter l’AOF CRLH à double syntonisation permettant de ré-
soudre les inconvénients de l’antenne précédente. Le but est donc d’améliorer l’adaptation tout
au long du balayage. Pour cela, il faut contrôler à la fois la constante de phase, β, et l’impédance
caractéristique, ZB . Contrairement à l’antenne simple syntonisation, il nous faut maintenant deux
degrés de liberté au niveau de la cellule.
Le schéma de la cellule que nous proposons est présenté à la figure 3.8. Comparée à la
cellule précédente, nous avons ajouté trois capacités variables : deux en parallèle de CL nommées
CV AR1 et une en série avec LL nommée CV AR2 . Les capacités CV AR1 et CV AR2 peuvent varier
indépendamment. En pratique, elles seront réalisées avec des diodes varactors contrôlées par
deux tensions V1 et V2 . Nous détaillerons les modèles de ces composants dans la section 3.4.3
ainsi que le contrôle indépendant des diodes dans la section 3.4.5.
Le couple CL /CV AR1 est équivalent à une seule capacité variable égale à :

CL (V1 ) = CL + CV AR1 (V1 ), (3.3)

avec V1 , la tension d’alimentation des capacités CV AR1 . Le couple LL /CV AR2 est équivalent à
une inductance variable égale à :
1
LL (V2 ) = LL − , (3.4)
CV AR1 (V1 )ω 2
avec V2 , la tension d’alimentation de la capacité CV AR2 et ω, la pulsation. Nous avons choisi
cette solution plutôt que d’utiliser une inductance variable car celles-ci sont encombrantes et il
Antenne à onde de fuite CRLH électronique à double syntonisation 95

Z/2 Z/2
2CVAR1 2CVAR1

LR /2 2CL LR /2 2CL

Y
LL CR

CVAR2

∆φ

F IGURE 3.8 – Schéma circuit de la cellule CRLH à double syntonisation.

existe peu de valeurs disponibles aux fréquences RF. Cette solution présente donc l’avantage
de n’utiliser qu’une simple diode pour contrôler l’inductance. Par contre, nous pouvons voir
que l’inductance équivalente dépend alors de la fréquence. Son comportement général demeure
inductif tant que la capacité CV AR2 demeure supérieure à 1/(LL ω). Nous pouvons à présent
introduire les expressions 3.3 et 3.4 dans les équations de β et ZB .
Dans le cas général des lignes CRLH pseudo-homogènes, la constante de propagation, γ,
peut être exprimée à l’aide de l’équation suivante :
 
1 −1 Z(V1 )Y (V2 )
γ(V1 , V2 ) = cosh 1+ , (3.5)
p 2

avec p, la taille de la cellule, Z(V1 ), l’impédance série et Y (V2 ) l’admittance parallèle (voir figure
3.8). Dans le cas sans perte, nous avons :

jβ(V1 , V2 ) = γ(V1 , V2 ). (3.6)

Quant à elle, l’impédance de Bloch peut aussi être exprimée avec les mêmes paramètres à l’aide
de l’équation ci-dessous :
s r s
Z(V1 ) Z(V1 )Y (V2 ) Z(V1 )
ZB (V1 , V2 ) = 1+ ≈ lorsque p → 0, (3.7)
Y (V2 ) 4 Y (V2 )

Nous avons à présent un système de deux équations permettant d’exprimer les valeurs des va-
ractors à appliquer pour un angle de rayonnement, θM B , voulu et une impédance de Bloch, ZB ,
96 Antenne à onde de fuite CRLH efficace à balayage électronique

donnée. Nous allons donc résoudre ce système en fonction des éléments passifs du modèle cir-
cuit. Le système d’équations est le suivant :
 s
 Z(V1 )

 ZB = ,
Y (V2 )

  (3.8)
 1 Z(V1 )Y (V2 )
 jcos(θM B )k0 = cosh−1 1 +

 ,
p 2
avec :
1
Z(V1 ) = jLR ω +
jCL (V1 )ω
LR CL (V1 )ω 2 − 1
=j , (3.9)
CL (V1 )ω
et :
1
Y (V2 ) = jCR ω +
jLL ω − j CV AR21 (V2 )ω
CR LL CV AR2 (V2 )ω 3 − (CR + CV AR2 (V2 ))ω
=j . (3.10)
LL CV AR2 (V2 )ω 2 − 1
Nous avons résolu ce système par substitution. Tout d’abord, la capacité CL (V1 ) est exprimée
en fonction de CV AR2 (V2 ) grâce à l’équation de dispersion 3.5. Puis cette expression est injectée
dans l’équation 3.7. Nous obtenons l’expression suivante :
(CR LL ω02 − 1)CV AR2 (V2 ) − CR
CL (V ) = , (3.11)
ACV AR2 (V2 ) − B
avec :
A = 2(cosh(jk0 pcos(θM B )) − 1)LL ω02 + LR CR LL ω04 − LR ω02 , (3.12)

et :
B = 2(cosh(jk0 cos(θM B )) − 1) − LR ω02 CR . (3.13)

En introduisant cette expression dans 3.7, nous obtenons finalement une équation du second
degré permettant de trouver Cvar2 (V2 ) :

[ZB2 CR2 L2L ω04 − 2ZB2 CR LL ω02 + ZB2 + 2L2L ω02 (cosh(jpk0 cos(θM B )) − 1)]CV2 AR2 (V2 )
+[2CR ZB2 − 2LL CR2 ZB2 ω02 − 4LL (cosh(jpk0 cos(θM B )) − 1)]CV AR2 (V2 ) (3.14)
+CR2 ZB2 + (2/ω0 )(cosh(jpk0 cos(θM B )) − 1) = 0.

Pour un angle de rayonnement différent de 0◦ , l’équation 3.14 donne deux racines distinctes
qui donneront donc deux couples de valeurs pour CV AR1 et CV AR2 . Ces deux couples corres-
pondent aux solutions MG et MD. Pour connaître laquelle est MD et laquelle est MG, il faut
Antenne à onde de fuite CRLH électronique à double syntonisation 97

calculer le diagramme de dispersion correspondant. En effet, lorsque l’angle θM B varie de −90◦


à +90◦ , nous perdons l’information du signe dans l’équation 1.8 de la section 1.2.2.
Pour que les valeurs des varactors éxistent en pratique, il faut absolument que les deux racines
de l’équation 3.14 soient positives. Pour cela, les conditions suivantes doivent être satisfaites :

[ZB2 CR2 L2L ω04 − 2ZB2 CR LL ω02 + ZB2 + 2L2L ω02 (cosh(jpk0 cos(θM B )) − 1)] > 0, (3.15)

et :
[2CR ZB2 − 2LL CR2 ZB2 ω02 − 4LL (cosh(jpk0 cos(θM B )) − 1)] < 0. (3.16)

Le système d’équation que nous venons de voir n’est cependant pas suffisant pour garantir
la condition d’équilibre pour l’angle θM B = 0◦ . En effet, la condition d’équilibre nécessite les
condition suivantes :
Z = 0, (3.17)

et :
Y = 0. (3.18)

Or, avec le système d’équation 3.8, il y a un risque pour que seulement une seule des deux
conditions ne soit satisfaite. Pour cela, ce cas doit être traité de manière indépendante. Nous
devons donc résoudre les deux équations 3.17 et 3.18. La première, nous donne :
1
CL (V1 ) =
LR ω02
1 − LR CL ω02
⇔ CV AR1 (V1 ) = . (3.19)
LR ω02
La valeur de CV AR1 est alors positive si :
1
ω0 < √ . (3.20)
LR CL
La seconde équation donne :

Y =0
CR
⇔ CV AR2 (V2 ) = . (3.21)
CR LL ω02 − 1
La valeur de CV AR2 est alors positive si :
1
ω0 < √ . (3.22)
LL CR
Les équations 3.20 et 3.22 nous donnent alors deux conditions supplémentaires sur les paramètres
de l’antenne.
98 Antenne à onde de fuite CRLH efficace à balayage électronique

Tableau 3.1 – Paramètres de l’AOF CRLH à double syntonisation.

Paramètres de l’AOF Valeurs

LL 5 nH
CL 0.32 pF
LR 3.5 nH
CR 0.98 pF
f0 3.4 GHz
p 7.3 mm

Nous pouvons remarquer que la condition d’équilibre est une condition très forte puisqu’elle
nécessite de fixer les deux varactors simultanément. Il ne reste donc aucun degré de liberté pour
contrôler l’impédance de Bloch à l’équilibre. Sa valeur est alors donnée par l’équation suivante :
s
LR
ZB = . (3.23)
CR2 LL ω02

A l’équilibre, l’impédance est alors fixée par les paramètres LR , CR , LL et ω02 . Nous devons
donc prendre en compte toutes ces conditions pour concevoir une antenne.
En pratique, la non disponibilité de certaines valeurs de varactors est un facteur de choix très
important et limitatif, tout comme la plage de variation des varactors du commerce. A l’heure
actuelle, ces facteurs font que le processus ne peut se faire sans une intervention humaine.

3.4.2 Dimensionnement de l’antenne


Nous avons conçu une cellule avec les valeurs du tableau 3.1. La figure 3.9 montre la varia-
tion des varactors CV AR1 et CV AR2 en fonction de l’angle de rayonnement de l’antenne pour une
impédance de Bloch constante de 50Ω. Les valeurs sont toutes positives et réalisables en pra-
tique. Les intervalles de valeurs des varactors CV AR1 et CV AR2 sont respectivement : [0.3 pF ;1.2
pF] et : [0.7 pF ;3.6 pF]. Après recherche, les diodes MSV34064 et MSV34075 de Aeroflex Me-
telics correspondent aux spécifications [91]. Nous détaillerons leurs performances ainsi que leur
modélisation dans la section suivante.
La figure 3.10 montre le diagramme de dispersion de la ligne pour les angles de rayonnement
-90◦ , 90◦ et 0◦ . La courbe noire correspond à la limite de la zone d’onde rapide et donc aux
angles de rayonnement ±90◦ . Nous pouvons voir que la ligne est bien équilibrée pour l’angle de
Antenne à onde de fuite CRLH électronique à double syntonisation 99

4 4

3.5 3.5

3 3

2.5 2.5

(pF)
CVAR1(pF)

VAR2
2 2

C
1.5 1.5

1 1

0.5 0.5

0 0
−90 −50 0 50 90 −90 −50 0 50 90
θ (°) θ (°)
(a) (b)

F IGURE 3.9 – Variations des varactors (a) CV AR1 et (b) CV AR2 en fonction de l’angle de rayon-
nement pour ZB = 50Ω, LL = 5 nH,CL = 0.32 pF, LR = 3.5 nH, CR = 0.98 pF, f0 = 3.4 GHz,
p = 7.3 mm.

rayonnement broadside, alors que pour les deux autres angles (±90◦ ), la ligne n’est pas équili-
brée. Ceci est normal puisque qu’il n’est pas nécessaire de fermer la zone stopband. Il en va de
même pour tout autre angle différent de 0◦ .
La figure 3.11 montre l’impédance de Bloch pour les mêmes angles de rayonnement que
précédemment. Pour les angles ±90◦ , nous pouvons voir que l’impédance est bien égale à 50Ω
à la fréquence de 3.4GHz. Nous pouvons aussi remarquer que l’impédance varie rapidement
autour de la fréquence f0 pour l’angle −90◦ . Cela aura pour conséquence une bande passante
limitée de l’antenne près de cette fréquence.
L’angle de rayonnement broadside correspond à une ligne équilibrée. Dans ce cas, nous avons
vu qu’il n’était pas possible de contrôler l’impédance : elle suit l’équation 3.23 à la fréquence
f0 . Comme il est très difficile de satisfaire toutes les conditions, nous avons décidé de faire une
concession sur l’adaptation à l’équilibre : même si l’impédance n’est pas égale à 50Ω, l’antenne
aura tout de même un bon fonctionnement. Dans le cas présent, l’impédance est égale à 41Ω pour
θM B = 0◦ soit un coefficient de réflexion de l’ordre de -17 dB.
La figure 3.12 montre les diagrammes de rayonnement théorique de la ligne pour les couples
100 Antenne à onde de fuite CRLH efficace à balayage électronique

de valeurs de varactors correspondant aux trois angles −90◦ , 90◦ et 0◦ . Ces diagrammes ont été
calculés suivant la méthode du facteur de réseau présentée dans l’article de C. Caloz [92]. Le
nombre de cellule de la ligne est ici de 20.
Grâce à l’étude théorique précédente, nous avons vu qu’il était possible de contrôler à la
fois l’angle de rayonnement et l’impédance de Bloch d’une antenne CRLH grâce à un contrôle
indépendant des paramètres CL et LL au moyen de diodes varactors. Nous allons à présent étudier
plus spécifiquement les diodes utilisées. Puis nous présenterons le prototype que nous avons
réalisé.

5
θ = 90°
4.5 θ = 0°
θ = −90°
4

3.5
f (GHz)

2.5

1.5

1
0 0.1 0.2 0.3 0.4 0.5
β.p/π

F IGURE 3.10 – Diagramme de dispersion théorique de l’antenne pour θ égale à −90◦ , 90◦ , 0◦ .

3.4.3 Caractérisation des varactors


Comme nous l’avons vu dans la section précédente, les diodes varactors utilisées sont les
éléments clés de l’antenne. En effet, l’impédance de Bloch ainsi que l’angle de rayonnement
sont contrôlés grâce à eux. De plus, nous avons vu que l’intervalle de balayage était grandement
dépendant des valeurs des diodes, voir la figure 3.9. Pour ces raisons, il est important de connaitre
avec précision le modèle circuit des diodes utilisées.
Dans notre cas, les diodes choisies sont des diodes silicium provenant de Aeroflex Metelics :
MSV34064 et MSV34075. Elles sont conçues pour fonctionner jusqu’à 18 GHz. La capacité
de jonction est contrôlée par une tension de polarisation inverse allant de 0 V à 30 V. La fiche
Antenne à onde de fuite CRLH électronique à double syntonisation 101

70
θ = 90°
θ = 0°
60
θ = −90°
50

40
ZB (Ω)

30

20

10

0
1 2 3 f0 4 5 6
f (GHz)

F IGURE 3.11 – Impédance de Bloch, ZB , de l’antenne pour θ égale à −90◦ , +90◦ , 0◦ .

technique du constructeur fournit toutes les indications du modèle circuit ainsi que son schéma.
Celui-ci est présenté sur la figure 3.13. Il se compose d’une inductance parasite, Lp , correspon-
dant aux lignes d’accès dans le boitier, d’une résistance de perte, Rp , d’une capacité parasite, Cp ,
induite par le boitier et la diode et enfin de la capacité de jonction, Cv , fonction de la tension de
polarisation inverse, Vp . Les valeurs constructeur de chaque paramètre du modèle sont données
dans la première colonne du tableau 3.2. Toutes ces valeurs sont validées par le constructeur pour
une fréquence de 1 MHz. Notre fréquence d’utilisation étant de 3.4 GHz, nous ne pouvons donc
pas utiliser ces valeurs constructeurs. Nous avons alors décidé d’extraire les valeurs dont nous
avions besoin à partir de la mesure des paramètres S des diodes.
La figure 3.14 montre le schéma du dispositif de mesure des diodes varactors. Il se compose
de deux lignes d’accès microruban d’impédance caractéristique de 50 Ω. Le substrat utilisé est du
Rogers RO3003 d’épaisseur 1.54 mm. La diode est soudée manuellement entre les deux lignes
d’accès. La mesure est effectuée avec un Analyseur Vectoriel de Réseau (AVR) Anritsu 37369D.
Il possède deux entrées permettant de brancher un générateur de tension pour ajouter une com-
posante continue au signal RF. Il n’y a donc pas besoin de réaliser un circuit supplémentaire pour
alimenter les diodes.
Ce type de mesure nécessite d’utiliser une méthode de calibration différente de la méthode
traditionnelle : Short/Open/Throught/Load (SOTL). En effet, le but de la mesure est d’obtenir les
paramètres S en module et en phase des diodes varactors. Même si la calibration SOTL supprime
102 Antenne à onde de fuite CRLH efficace à balayage électronique

Tableau 3.2 – Valeur des paramètres circuit du modèle constructeur (f = 1 MHz) et des paramètres
mesurés pour les diodes MSV34064 et MSV34075 de Aeroflex Metelics.

Paramètres circuit Valeurs constructeur Valeurs du modèle Différence


du modèle constructeur pour f = 1 MHz extraites des mesures en %
pour f = 3.4 GHz

MSV34064

Lp 0.4 nH 0.53 nH 32.5


Cp 0.06 pF 0.16 pF 160
Rp 1Ω 4.2 Ω 320
Cv de 0.31 pF à 1.2 pF 0.28-0.32 pF à 0.9-1.1 pF 10 à 25

MSV34075

Lp 0.4 nH 0.53 nH 32.5


Cp 0.06 pF 0.2 pF 230
Rp 1Ω 3.5 Ω 250
Cv de 0.8 pF à 4 pF 0.7-0.84 pF à 2.5-3.1 pF 12.5 à 37.5
Antenne à onde de fuite CRLH électronique à double syntonisation 103


−15° 15°
−30° 30°

−45° 45°

−60° 60°

−75° 75°

−12 −6 −3 0
−18
−90° −30
−24 90°

(a)


−15° 15°
−30° 30°

−45° 45°

−60° 60°

−75° 75°

−12 −6 −3 0
−90° −24 −18 90°
−30

(b)


−15° 15°
−30° 30°

−45° 45°

−60° 60°

−75° 75°

−12 −6 −3 0
−24 −18
−90° −30 90°

(c)

F IGURE 3.12 – Diagramme de rayonnement normalisé théorique de l’antenne calculé selon la


méthode du facteur de réseau de la réference [92]. Calculé avec les valeurs de CV AR1 et CV AR2
correspondant à : a) θM B = −90◦ b) θM B = 0◦ c) θM B = +90◦ .

les erreurs, elle amène les plans de référence à la sortie des câbles de l’AVR. Or, pour pouvoir
pendre en compte les effets des deux lignes d’accès, nous devons utiliser une calibration de type :
Transmission/Reflection/Line (TRL). Elle nécessite la réalisation du dispositif de la figure 3.15. Il
se compose de trois lignes. La première est une ligne de transmission identique aux bras d’accès
104 Antenne à onde de fuite CRLH efficace à balayage électronique

Cp

Lp /2 C v (Vp ) Rp Lp /2

F IGURE 3.13 – Modèle circuit constructeur des diodes varactors MSV34064 et MSV34075 de
Aeroflex Metelics.

des diodes. Le plan de référence de la calibration sera situé au centre de cette ligne. La deuxième
correspond à un circuit ouvert utilisant un des deux bras d’accès. Enfin, la dernière est une ligne
de longueur différente de la première. Pour une meilleur précision, nous utilisons souvent une
ligne de longueur λ/4, ce que nous avons fait. La calibration TRL est décrite en détail dans la
note d’Agilent [93].

Plan de référence avec calibration SOTL

θ Diode

1 2

Plan de référence avec calibration TRL

F IGURE 3.14 – Schéma du dispositif de mesure des diodes varactors.

La figure 3.16 montrent les paramètres S calculés avec les valeurs du constructeur et ceux
mesurés pour les diodes MSV34064 pour une tension de 0V. Les paramètres S calculés avec
les valeurs du constructeur et ceux mesurés pour les diodes MSV34064 et MSV34075 pour une
tension de 0V et 28V sont regroupés dans l’annexe A.1. Nous pouvons voir que la réponse du
modèle avec les valeurs constructeurs est assez proche des mesures pour une fréquence inférieure
à 2 GHz. Au delà de cette fréquence, le modèle ne correspond plus du tout aux mesures, surtout
pour la diode MSV34075. Cette figure confirme que les paramètres fournis par le constructeur ne
sont valables que pour les fréquences basses (inférieures à 1 GHz). Les valeurs constructeurs du
modèle circuit ont donc été modifiées par curve fitting afin de correspondre aux mesures effec-
tuées. Les figures 4.32 et 4.33 montrent les paramètres S calculés à partir des nouvelles valeurs du
modèle circuit comparés aux mesures des diodes MSV34064 et MSV34075 pour une tension de
Antenne à onde de fuite CRLH électronique à double syntonisation 105

Transmission
1 2

Réflection
1

Ligne
1 2

θ1

F IGURE 3.15 – Schéma du dispositif de calibration Transmission/Reflection/Ligne. Cette mé-


thode de calibration permet d’ammener les plans de référence de phase à la distance θ corres-
pondant à l’entrée du boitier de la diode varactor dans notre cas.

0V et 28V. Les différentes valeurs des paramètres du modèle sont présentées dans la colonne 2
du tableau 3.2. Nous pouvons remarquer que tous les éléments parasites deviennent bien plus
importants en haute fréquence que dans le modèle fourni par le constructeur. Notamment la ré-
sistance parasite qui passe de 1 Ω à 3.5 Ω et 4.2 Ω selon le type de diode. La plage de variation de
la capacité Cv est aussi diminuée par rapport aux données constructeur. La capacité de la diode
MSV34064 varie de 0.28 - 0.32 pF à 0.9 - 1.1 pF et celle de la diode MSV34075 varie de 0.7 -
0.84 pF à 2.5 - 3.1 pF. La valeur maximale de la capacité Cv de la diode MSV34075 est donc
environ 37% en dessous des valeurs constructeurs, tandis que celle de la diode MSV34064 est in-
férieure de 25%. D’après le graphique de la figure 3.9, nous pouvons voir que la plage maximale
de rayonnement ne pourra être que [-30◦ ;35◦ ].

Nous allons à présent étudier l’implémentation de la structure en technologie micro-ruban.


106 Antenne à onde de fuite CRLH efficace à balayage électronique

0 40
mesures
modèle constructeur
−5 20

−10 0

(°)
|S | (dB)
−15 −20

11
phase S
11

−20 −40

−25 −60

−30 −80

−35 −100
1 2 3 4 5 1 2 3 4 5
F (GHz) F (GHz)

(a)

0 80
mesures
modèle circuit
−5 60

40
−10
(°)

20
|S | (dB)

−15
11
phase S

0
11

−20
−20
−25
−40

−30 −60

−35 −80
1 2 3 4 5 1 2 3 4 5
F (GHz) F (GHz)

(b)

F IGURE 3.16 – Paramètres S pour Vp = 0V calculés avec (a) les valeurs du constructeur (b) ceux
mesurés pour les diodes MSV34064.

3.4.4 Implémentation en technologie micro-ruban

Après l’étude théorique de la structure et la caractérisation des diodes, il nous reste à présent
à concevoir la structure en technologie micro-ruban. Elle se compose de cellules CRLH faites de
capacités interdigitées (CI) connectées à des stubs court-circuités. Pour réaliser la cellule de la
figure 3.8, il nous faut placer une diode en parallèle avec la CI et une seconde en série avec le
stub tout en ayant un contrôle indépendant de la tension d’alimentation de chacune. Pour cette
dernière raison, nous avons dû utiliser deux diodes tête bèche en parallèle avec la CI. Grâce à
cette configuration, nous pouvons contrôler indépendamment les diodes, par contre nous utilisons
deux diodes en parallèle de la CI au lieu d’une seule. La tension V2 permet de contrôler la capacité
CV AR2 tandis que la tension V1 − V2 contrôle les deux capacités CV AR1 .
La figure 3.17 montre le layout de la cellule. Le substrat choisi pour réaliser l’antenne est du
Antenne à onde de fuite CRLH électronique à double syntonisation 107

Tableau 3.3 – Dimensions de l’AOF électronique de 10 cellules réalisée sur Rogers RO3003
d’épaisseur 1.54 mm.

Paramètres de l’antenne Dimensions

Ld 5.75 mm
wd 0.262 mm
gd 0.262 mm
N 6
lst 4.89 mm
wst 1.3 mm
ldiode 1.2 mm

Duroid RO3003. Sa permittivité relative est de 3 ± 0.04. Sa tangente de perte est de 0.0013 à
10GHz. L’épaisseur est de 1.54mm. Nous avons choisi ce substrat pour ses pertes relativement
faibles et surtout pour sa disponibilité. Les dimensions de l’antenne que nous avons réalisée sont
présentées dans le tableau 3.3. Nous avons choisi de faire une antenne de 10 cellules. Le nombre
de cellules modifie essentiellement le gain de l’antenne. Avec une dizaine de cellules, l’antenne
sera suffisamment directive pour observer la modification de l’angle de rayonnement.
Nous allons à présent détailler la solution que nous avons retenue pour alimenter les diodes.

V1 V1 V1

CVAR1
V2 V2

CVAR2

F IGURE 3.17 – Layout de l’AOF électronique à double contrôle sans le circuit d’alimentation
des diodes varactors
108 Antenne à onde de fuite CRLH efficace à balayage électronique

3.4.5 Le circuit d’alimentation des varactors


Le circuit d’alimentation des diodes a un double rôle. Il permet à la fois d’apporter une
alimentation continue aux varactors et de séparer le circuit haute fréquence de la partie courant
continu. En effet, il faut que ce circuit perturbe le moins possible le comportement de l’antenne.
Classiquement, ce circuit se comporte comme un filtre passe-bas. Pour cela, chaque diode est
connectée à un circuit composée d’une inductance série et d’une capacité parallèle connectée à
la masse. De cette façon, le courant continu passe à travers le filtre sans être perturbé tandis que
le signal RF est bloqué. Le problème de cette approche est qu’elle nécessite autant d’inductances
et de capacités que de diodes. Cela ajoute un coût non négligeable à l’antenne puisque, pour une
antenne de 10 cellules, il faudra 32 capacités et inductances.
Pour cette raison, nous avons décidé de concevoir un circuit d’alimentation sans composant
discret (ou presque). Le schéma de l’antenne munie du circuit d’alimentation est présenté sur la
figure 3.19. Il se compose de deux lignes situées de chaque côté de l’AOF et de faible impédance.
Elles sont respectivement au potentiel V1 et V2 . Elles permettent d’alimenter les diodes tout au
long de la structure au travers de lignes de haute impédance de longueur λ/4. Ces lignes per-
mettent d’isoler la partie continue de la partie haute fréquence. En effet, une ligne quart d’onde
est un inverseur d’impédance. Ainsi, l’impédance vue de l’AOF est égale à l’inverse de l’impé-
dance de la ligne basse fréquence.
La figure 3.18 montre la simulation de l’impédance d’entrée du circuit d’alimentation vu
par l’AOF. Nous pouvons voir que celle-ci est égale à 1100Ω à la fréquence de 3.4GHz. Pour
compléter ce système il est cependant nécessaire que deux capacités de forte valeur relient les
lignes faible impédance à la masse, de sorte d’évacuer le signal RF qui aurait réussi à passer.
L’inconvénient de ce système est sa faible bande passante. En effet, il ne fonctionne de ma-
nière optimale que lorsque la longueur des lignes d’alimention est proche de 2kπ × λ/4. Nous
pouvons voir sur la figure 3.18 que l’impédance reste au dessus de 100Ω sur une bande de fré-
quence de 3.2GHz à 3.8GHz. Le coefficient S11 demeure ainsi supérieur à −1dB sur toute cette
plage de fréquence. Cependant, comme l’antenne fonctionne à fréquence fixe, ce défaut n’est
pas préjudiciable. De plus, cette solution nous a permis d’économiser 28 inductances et capa-
cités dans notre circuit. L’économie serait d’autant plus importante que le nombre de cellules
augmenterait.
Nous allons maintenant présenter les résultats de mesures de l’AOF réalisée.

3.4.6 Diagramme de rayonnement de la structure


La figure 3.20 montre l’AOF que nous avons réalisée. Nous pouvons voir l’antenne composée
des CI connectées en parallèle aux diodes CV AR1 ainsi que les stubs inductifs connectés aux
Antenne à onde de fuite CRLH électronique à double syntonisation 109

2
10

1
10
Ze (kΩ)

0
10

−1
10

−2
10
3 3.2 3.4 3.6 3.8
f (GHz)

F IGURE 3.18 – Impédance d’entrée du circuit d’alimentation vu de l’AOF.

CDC CDC

V V
2 2

λ/4

V V
1 1

CDC CDC

F IGURE 3.19 – Layout de l’AOF électronique à double contrôle avec le circuit d’alimentation
des diodes varactors.
110 Antenne à onde de fuite CRLH efficace à balayage électronique

diodes CV AR2 . Ces diodes sont ensuite connectées à la masse grâce à des vias métallisés réalisés
à l’aide de rivets en aluminium. Le circuit d’alimentation des diodes se situe de chaque côté de
l’antenne. Les capacités CDC sont des composants CMS (Composant Monté en Surface) que
nous avons soudés sur le coté du substrat évitant ainsi quatre vias supplémentaires. Celles-ci font
1 µF chacune.
Nous pouvons aussi remarquer que l’antenne possède deux ports ce qui est très inhabituel
pour ce type de circuit. Cela vient du fait que l’AOF CRLH est aussi une ligne de transmission,
elle peut donc aussi être utilisée comme telle. Nous utilisons le deuxième port uniquement lors de
la mesure des paramètres S. Lors de l’utilisation du circuit en antenne, nous plaçons une charge
adaptée de 50Ω afin d’absorber l’énergie qui n’a pas été rayonnée.

C
DC
V2 C
DC

C VAR1 C VAR2
V1 C
C DC
DC

F IGURE 3.20 – Photo de l’antenne électronique à double contrôle.

La figure 3.21 montre le banc de mesure des paramètres S. Pour cela, nous avons utilisé un
AVR Anritsu 37369D. Pour alimenter les diodes, nous avons utilisé un générateur de tension
continu Agilent E3620A permettant d’avoir deux tensions indépendantes de 0V à 28V .
Les figures 3.23 et 3.24 montrent respectivement les coefficients S11 ainsi que le diagramme
de dispersion obtenu. Nous avons représenté trois points de fonctionnement correspondant aux
angles minimum, maximum et broadside de l’antenne. Nous pouvons voir que l’antenne reste
parfaitement adaptée pour ces trois angles avec un coefficient S11 inférieur à -10 dB à la fré-
quence f0 de 3.4 GHz. Le diagramme de dispersion de la figure 3.23 montre que nous sommes
bien dans la zone main gauche pour l’angle minimum. Nous avons donc un rayonnement arrière.
Pour l’angle 0◦ , l’antenne est parfaitement équilibrée. Le point de fonctionnement se trouve à β
égal à 0. L’angle maximum correspond à la zone main droite et donc à un rayonnement avant.
Les diagrammes de rayonnement de l’antenne ont été mesurés dans une chambre anéchoïde
sur le banc de mesure automatique du laboratoire Poly-Grame de Montréal. La figure 3.25 montre
les diagrammes de rayonnement de l’AOF pour les trois points de fonctionnement présentés pré-
Antenne à onde de fuite CRLH électronique à double syntonisation 111

F IGURE 3.21 – Banc de mesure de paramètres S avec l’analyseur vectoriel de réseau et les deux
alimentations de tension continue.

cédemment. Le diagramme 3.25(a) correspond aux tensions V1 = 28V et V2 = 28V . L’angle de


rayonnement est bien arrière et égal à −25◦ . Le rayonnement broadside correspond aux tensions
V1 = 3V et V2 = 7V et est présenté sur la figure 3.25(b). Le rayonnement avant, présenté sur la
figure 3.25(c), donne un angle de rayonnement maximum de +35◦ pour des tensions V1 = 0.7V
et V2 = 0.7V . La plage de rayonnement de l’antenne est donc de −25◦ à +35◦ . Elle est un peu
différente de la plage théorique que nous pensions atteindre : -30◦ à 35◦ .
Cela peut venir de la grande sensibilité de la structure et de la difficulté de contrôler chaque
élément du modèle. La figure 3.22 montre la variation de la valeur des varactors en fonction de
l’angle de rayonnement pour une variation de 10% de CR par rapport aux valeurs de la figure 3.9.
Nous pouvons voir que, cette fois, il n’est pas possible d’obtenir un angle de +90. Or, nous avons
vu dans la section 2.5 que les éléments parasites de la structure étaient difficiles à contrôler et à
connaître. De plus, comme le circuit d’alimentation a une faible bande de fréquence, en dehors
de cette bande, l’influence de celui-ci sur l’antenne n’est plus négligeable. La réponse de la ligne
n’a donc plus un comportement CRLH en dehors des 100 MHz de bande passante du circuit
d’alimentation. Il est alors difficile d’identifier les paramètres du modèle car nous n’avons que
peu de points utilisables. La combinaison de ses effets a donc modifié la plage de rayonnement
que nous pouvions obtenir théoriquement.
Bien sur, la structure fut originellement dimensionnée pour rayonner de -90◦ à 90◦ . Ce-
112 Antenne à onde de fuite CRLH efficace à balayage électronique

pendant, à cause des faibles performances des diodes varactors que nous avons choisies, nous
n’avons pu atteindre ce balayage. Il faudrait donc refaire une nouvelle structure en tenant compte
de ces paramètres. Nous avons cependant réussi à comprendre et expliquer les performances de
notre antenne et nous avons apporté des solutions pour les améliorer.

4 4

3.5 3.5

3 3

2.5 2.5
(pF)

(pF)
2 2
var2

var1
C

C
1.5 1.5

1 1

0.5 0.5

0 0
−50 0 50 −50 0 50
θ (°) θ (°)

F IGURE 3.22 – Variations des varactors (a) CV AR2 et (b) CV AR1 en fonction de l’angle de rayon-
nement pour une variation de 10% de CR par rapport aux valeurs de la figure 3.9 pour ZB = 50Ω,
LL = 5 nH,CL = 0.32 pF, LR = 3.5 nH, CR = 0.88 pF, f0 = 3.4 GHz, p = 7.3 mm.

3.5 Conclusion
Dans cette section, nous avons montré théoriquement et par la pratique qu’il était possible de
contrôler l’angle de rayonnement et l’impédance caractéristique d’une AOF CRLH en contrôlant
indépendamment les paramètres LL et CL de la structure. Nous avons obtenu une antenne ayant
une bonne adaptation, soit un coefficient S11 inférieur à −10dB, sur toute la plage de rayonne-
ment allant de −25◦ à +35◦ . Dans le chapitre suivant, nous allons étudier l’utilisation des AOF
CRLH passives pour réaliser un réseau en phase pour des applications de focalisation.
Conclusion 113

5
f0 θmin = −25°
0 θ = 0°
θmax= + 35°
−5
S11(dB)

−10

−15

−20

−25

−30
2 2.5 3 3.5 4 4.5 5
f (GHz)

F IGURE 3.23 – Paramètres S11 de l’AOF de la figure 3.20 pour l’angle backward, V1 = 28V et
V2 = 28V en trait plein rouge, l’angle broadside, V1 = 3V et V2 = 7V en trait pointillé long vert
et l’angle forward, V1 = 0.7V et V2 = 0.7V en trait pointillé court bleu.

5
θmin = −25°
θ = 0°
4.5 θmax = +35°

4
f (GHz)

3.5 f0

2.5

2
−20 −15 −10 −5 0 5 10 15 20
β

F IGURE 3.24 – Diagramme de dispersion de l’AOF de la figure 3.20 pour l’angle backward,
V1 = 28V et V2 = 28V en trait plein rouge, l’angle broadside, V1 = 3V et V2 = 7V en trait
pointillé long vert et l’angle forward, V1 = 0.7V et V2 = 0.7V en trait pointillé court bleu.
114 Antenne à onde de fuite CRLH efficace à balayage électronique

−15° 0° 15°
−30° 30°
−45° 45°

−60° 60°

−75° 75°
−5 0
−10
−90° −20 −15 90°
dB
(a)

−15° 0° 15°
−30° 30°
−45° 45°

−60° 60°

−75° 75°
−5 0
−10
−90° −20 −15 90°
dB
(b)
−15° 0° 15°
−30° 30°
−45° 45°

−60° 60°

−75° 75°
−5 0
−10
−90° −20 −15 90°
dB
(c)

F IGURE 3.25 – Diagramme de rayonnement de l’antenne CRLH électronique réalisée pour


(a)V1 = 28V et V2 = 28V , (b)V1 = 3V et V2 = 7V (c)V1 = 0.7V et V2 = 0.7V .
Chapitre 4

Réseau d’antennes CRLH à onde de fuite


pour des applications de focalisation

4.1 Introduction

Nous venons de voir au cours des précédents chapitres, différentes caractéristiques des AOF
de type CRLH. Grâce à la structure équilibrée, il est ainsi possible de balayer l’espace de back-
fire à endfire en passant par un rayonnement broadside, normalement diffile à obtenir avec ce
type d’antenne, en modifiant la fréquence. Nous avons montré qu’il était possible de contrôler
le niveau des lobes secondaires grâce à l’utilisation d’une structure non périodique. Dans le cha-
pitre précédent, nous avons étudié et réalisé une antenne permettant de balayer à fréquence fixe
en gardant une bonne adaptation grâce au contrôle des paramètres de l’antenne via des diodes
varactors. Dans ce chapitre, nous souhaitons explorer une caractéristique encore peu étudiée : la
focalisation. A titre d’exemple, ce type d’application présente actuellement un grand intérêt pour
la technologie RadioFrequency IDentification (RFID) concernant les aspects de localisation et
d’optimisation du lien RF.
Pour cette raison, nous avons voulu explorer le potentiel intéressant des AOF CRLF pour les
applications de focalisation dans le cadre d’un réseau d’antennes. Dans la première partie de ce
chapitre, nous présenterons la théorie des réseaux d’antennes à phase. Nous en profiterons pour
réaliser un état de l’art des applications de focalisation à base de réseaux d’antennes. Ensuite,
nous présenterons une étude préliminaire sur le principe de fonctionnement du système de fo-
calisation constitué d’antennes dipôles. L’implémentation ainsi que les résultats pratiques de ce
système seront présentés. Enfin, nous finirons ce chapitre en présentant une étude théorique d’un
réseaux d’antennes CRLH ainsi que les perspectives de ce projet.

115
116 Réseau d’antennes CRLH à onde de fuite pour des applications de focalisation

4.2 Théorie des réseaux d’antennes à phase

4.2.1 Applications des réseaux d’antennes à phase

Les antennes planaires simples telles les antennes dipôles ou patch ont souvent une très faible
directivité et un angle de rayonnement fixe. Pour obtenir des antennes plus directives, il faut uti-
liser des sources de volume comme les antennes paraboliques ou les antennes Yagi. Ce type
d’antenne permet des gains supérieurs à 20 dB assez simplement. Par contre, leur taille est dé-
pendante du gain souhaité. Elles sont donc difficilement intégrables dans des systèmes où la taille
est un paramètre déterminant. De plus, leur angle de rayonnement est fixe et égal à 0◦ . L’unique
façon de modifier celui-ci est d’orienter l’antenne dans la direction souhaitée. Un mécanisme
lourd et complexe est donc nécessaire. Dans certaines applications, comme les radars d’avion ou
les satellites d’observations, ce type de solution est à proscrire. Quelques cas particuliers existent
cependant comme, par exemple, les célèbres avions de type "Airborne Warning and Control Sys-
tem (AWACS)" qui possède une grande antenne radar sur leur fuselage. Les réseaux d’antennes
ont été crées pour résoudre ces inconvénients. Le cahier des charges recherché était de concevoir
un système d’antennes planaires procurant une grande directivité et un angle de rayonnement
variable sans modification de l’orientation de l’antenne.
Les réseaux d’antennes à phase sont utilisés dans de nombreuses applications où la flexibilité
et la performance sont primordiales. Les antennes radar des avions de chasse sont aujourd’hui en
grande majorité des réseaux d’antennes à phase, la figure 4.1(a) montre l’antenne située dans le
nez de l’avion. L’avantage de ce type d’antenne est sa taille. En effet, les avions de chasse ont une
forme très complexe pour des besoins de furtivité. Les antennes doivent donc être complètement
intégrées au fuselage tout en conservant leur propriété de balayage spatial. De plus, le balayage
spatial est beaucoup plus rapide que celui d’une antenne simple qui nécessite un système méca-
nique d’orientation. Le dernier né des chasseurs américain, le F-22 Raptor, possède un réseau
d’environ 1500 sources. Il permet un balayage fréquentiel, spatial ainsi qu’un contrôle total de
la largeur du faisceau. En plus d’utiliser cette antenne pour son radar, le F-22 peut aussi détruire
ou brouiller des systèmes de détection ennemis en concentrant l’énergie de son faisceau.
Les réseaux sont aussi utilisés dans les télécommunications mobiles de type Global System
for Mobile communications (GSM). La figure 4.1(b) montre trois antennes relais comme nous
pouvons en voir un peu partout en France. Ce type d’antenne se trouve toujours par trois afin de
couvrir les trois cellules adjacentes du réseau GSM. Sous l’étui de protection blanc se trouve un
réseau d’antenne type patch permettant d’obtenir un faisceau directif dirigé vers le sol. La perte
d’énergie est ainsi minimisée puisque la majorité des utilisateurs se trouve au sol. Les propriétés
de balayage spatial ne sont cependant pas utilisées ici.
Théorie des réseaux d’antennes à phase 117

(a) (b)
F IGURE 4.1 – Réseau d’antenne utilisé comme (a) radar pour un avion de chasse (b) relais pour
téléphonie mobile.

Un autre domaine d’utilisation des réseaux est l’astronomie. En effet, la puissance des si-
gnaux à mesurer est très faible. Il faut donc utiliser des antennes paraboliques de très grande
taille. Celle de Goldstone en Californie fait 70 m de diamètre. Elle fait partie du très connu ré-
seau Deep Space Network (DSN) de la NASA. Ce réseau se compose de trois stations d’une
dizaine d’antennes de tailles variables situées à Goldstone en Californie, à Madrid en Espagne et
à Camberra en Australie. Il est utilisé pour les communications avec les sondes, la station spatiale
internationale et permet des transmissions dans tout le système solaire.

4.2.2 Principe de fonctionnement et techniques d’optimisation


Un réseau d’antennes est un ensemble de sources rayonnantes, chacune notée Si . Chacune
d’entre-elle est alimentée par un même signal utile mais avec une phase, φi qui lui est propre.
Comme nous le verrons par la suite, cette phase est calculée pour répondre aux performances
souhaitées en termes d’angle de rayonnement, de directivité ou de lobes secondaires. Nous ne
détaillerons pas l’ensemble de la théorie des réseaux d’antennes car ce n’est pas l’objectif de ce
mémoire. Seule la base sera introduite afin de comprendre le principe général de fonctionnement
des réseaux. Nous invitons le lecteur à se référer aux ouvrages [20] et [94] pour plus de détails
sur la théorie et les techniques d’optimisation des réseaux d’antennes à phase.
Les performances des réseaux d’antennes sont exprimées indépendamment du type de source
utilisée grâce au Facteur de Réseau (FR). Ce terme permet de quantifier l’effet de la mise en
réseau sur la directivité, l’angle de rayonnement, les lobes secondaires, et ce sans faire intervenir
les propriétés de la source. Il est possible de montrer que le champ total rayonné, Etotal , peut être
118 Réseau d’antennes CRLH à onde de fuite pour des applications de focalisation

calculé par la formule suivante :


Etotal = Esource FR, (4.1)

avec Esource le champ d’une source unitaire au niveau du point de référence choisi et FR, le
facteur de réseau du système. La figure 4.2 montre la géométrie d’un réseau de N sources placées
sur l’axe Z. Il est possible de montrer que le FR est définie comme la somme des différences de
phase entre les sources :
N
X
FR = ej(n−1)ψ , (4.2)
n=1
avec,
ψ = kdcosθ + ϕ. (4.3)

ϕ est la différence de phase entre les sources, d est l’espace entre les sources et θ est la compo-
sante angulaire du système de coordonnée cylindrique. A partir du FR, il est possible de déduire
tous les paramètres du système comme l’angle de rayonnement, la position des lobes secondaires
ainsi que leur amplitude. En effet, le FR peut aussi être approximé par la formule suivante :

sin N2 ψ

FR ≈ N
. (4.4)
2
ψ

L’angle de rayonnement θ0 , c’est-à-dire le premier maximum du FR, est fixé grâce au déphasage
des sourse, ϕ selon l’équation suivante :

ψθ=θ0 = kdcosθ0 + ϕ = 0 ⇒ ϕ = −kdcosθ0 . (4.5)

L’angle de rayonnement du réseau peut alors être facilement contrôlé en modifiant la phase d’ex-
citation des antennes avec l’équation 4.5.
Pour un réseau plan d’amplitude uniforme, la directivité, D0 , peut être déduite du FR. Nous
pouvons alors facilement démontrer que celle-ci suit la fonction suivante :
 
d
D0 ≈ 2N . (4.6)
λ
La formule précédente est valable pour L ≫ d, avec L la taille totale du réseau. La directivité du
réseau est donc proportionnelle au nombre de sources N . Cette grande flexibilité en termes de
directivité et d’angle de rayonnement est la raison du succès des réseaux d’antennes à phase. Des
exemples détaillés ainsi que les démonstrations des formules précédentes sont présentés dans le
sixième chapitre de l’ouvrage de C.A. Balanis [20].
En raison de leur grande popularité, les réseaux ont été intensivement étudiés sur le plan théo-
rique. Il existe donc un grand nombre de méthodes d’optimisation permettant de minimiser ou de
contrôler les lobes secondaires des réseaux. Ces techniques consistent à ajouter une distribution
Théorie des réseaux d’antennes à phase 119

z
θ rN

r4
θ

4
r3
d
θ
L
3 r2

d
θ
r1
2 d cos θ

d
θ

1 y
d cos θ

F IGURE 4.2 – Géométrie d’un réseau de N sources placées sur l’axe Z espacée d’une distance d.
Les vecteurs ri correspondent à la contribution de chaque antenne dans la direction θ.

d’amplitude ou à modifier l’emplacement des sources afin de réaliser des réseaux non uniformes.
Les distributions binomiales, de Taylor ou de Dolph-Tschebyscheff sont les plus couramment
utilisées. Toutes ces techniques sont présentées dans les références [20] et [94].
Après cette brève introduction à la théorie des réseaux, nous allons maintenant présenter
l’état de l’art de ce type de système pour des applications de focalisation.

4.2.3 Etat de l’art de la focalisation par un réseau d’antennes à phase


Les réseaux d’antennes commencent aujourd’hui à être utilisés dans les systèmes RFID. Cette
technologie d’identification est basée sur la modulation de charge d’un tag souvent passif per-
mettant de moduler sa surface effective. La puissance réfléchie sur le tag est donc modulée de
la même façon que l’impédance du récepteur. Une des problématiques actuelles de recherche est
la localisation du tag RFID. La société Mojix [95] propose un système basé sur une puissante
station de base nommée STAR munie d’une antenne réseau permettant un balayage spatial et un
contrôle de la forme du faisceau. Couplée à des transmetteurs locaux (eNode), ce système per-
mettrait une localisation des tags avec une précision d’un mètre ainsi qu’une distance de lecture
de 91 m Les systèmes RFID UHF passifs classiques ont une distance de lecture d’un dizaine de
120 Réseau d’antennes CRLH à onde de fuite pour des applications de focalisation

mètre. La figure 4.3 montre la configuration du système RFID avec la station STAR et les eN-
odes. Ici, le réseau d’antenne ne produit pas de focalisation à proprement parlé. Son utilisation
demeure pour ainsi dire classique.

eNode

STAR Receiver

Mojix Space Time Array (STAR) System

F IGURE 4.3 – Système RFID de la société Mojix composé d’une station de base STAR couplée
à des transmetteurs eNode permettant l’alimentation des tags à proximités.

Les systèmes de focalisation basés sur les réseaux d’antennes sont très peu répandus. En
2003, la société Paratek Microwave a présenté un système de focalisation UHF intégré dans un
portique RFID. Il permet de concentrer les ondes au niveau du passage des palettes à détecter.
Ainsi, il y a moins de puissance perdue et donc un meilleur taux de lecture tout en respectant la
spécification EN302 208 de l’European Telecommunications Standards Institute (ETSI).
En 2007, un système de focalisation pour l’inspection industrielle sans contact est présenté
dans [96]. Le système se compose d’un réseau carré de 16 antennes à fente fonctionnant entre
10 et 12 GHz. Des distances focales de 126 mm et 300 mm ont été obtenues en pratique. La
distribution de phase du réseau est basée sur la théorie des lentilles optiques. Comme nous le
verrons par la suite, cette distribution n’est pas la plus performante pour obtenir un bon point de
focalisation.
En dehors de ces quelques exemples, l’utilisation des réseaux d’antennes pour la focalisation
n’est pas très répandue. En effet, aux fréquences RF les problèmes sont nombreux : encombre-
ment, qualité de la focalisation, reconfigurabilité. Cependant, il est possible de trouver quelques
études sur le domaine dans la littérature.
Principe de fonctionnement du système de focalisation 121

Le premier travail porté à notre connaissance est celui de Wehner en 1949 [97]. Dans cet
article, les limitations en termes de focalisation des antennes à ouvertures sont étudiées. Il n’est
pas encore question de réseaux. D’autres études seront menées par la suite sur ce type d’antenne
[98] [99]. En 1972, les premières études sur la focalisation de réseaux en phase sont réalisées par
M.D. Fahey et al [100]. Enfin, une étude théorique détaillée des performances des réseaux est
présentée par R.C. Hansen [101]. Il étudie l’utilisation de différentes distributions d’amplitude
afin de minimiser les lobes parasites.
Nous venons de voir le principe de fonctionnement des réseaux d’antennes à phase ainsi que
leurs utilisations. A présent, nous allons détailler la théorie que nous avons utilisée et développée
afin de créer un système de focalisation reconfigurable pour des applications RFID.

4.3 Principe de fonctionnement du système de focalisation


Dans cette section, nous allons détailler le principe de fonctionnement du système de focali-
sation que nous avons développé. Ce système est basé sur un réseau d’antennes à phase comme
ceux présentés dans la partie 4.2. Nous allons séparer notre étude en trois parties distinctes en
partant du cas idéal composé de sources isotropes pour arriver au cas plus complexe du réseau
d’antennes CRLH.

4.3.1 Réseau d’antennes isotropes


4.3.1.1 Théorie

Les systèmes de focalisation sont très répandus dans le domaine de l’optique. Le composant
le plus utilisé est la lentille de forme sphérique, voir la figure 4.4. Celle-ci permet de transformer
une onde plane incidente en une onde sphérique se focalisant à une distance f du plan Hi de la
lentille. Ce plan est appelé le plan principal image. Il existe son équivalent pour la transformation
inverse, c’est-à-dire lorsque l’objet est une onde sphérique. La source de celle-ci doit alors être
située à une distance f du plan principal objet, Ho , pour qu’une onde plane soit obtenue en
sortie. Si l’épaisseur de la lentille est faible par rapport aux rayons de courbure de ses faces, nous
parlons alors d’une lentille mince. Les plans Ho et Hi sont alors supposés confondus. Pour une
lentille symétrique dans l’air, la distance focale f est obtenue grâce à la formule suivante :

R
f= , (4.7)
n0 − 1
avec R, le rayon de courbure des faces de la lentille et n0 l’indice de réfraction du matériau
utilisé.
122 Réseau d’antennes CRLH à onde de fuite pour des applications de focalisation

Ho Hi
Onde plane Onde sphérique

Fo Fi

n1 n0
f

F IGURE 4.4 – Schéma d’une lentille sphérique. Ho et Hi sont respectivement les plans principaux
objet et images, Fo et Fi , les points focaux objet et image. f est la longueur focale.

En pratique, il n’est pas possible d’obtenir une focalisation parfaite. La principale limitation
est due à la longueur d’onde utilisée. Ainsi, la taille de la tâche de focalisation est au mieux de
l’ordre de grandeur de la longueur d’onde avec une lentille sphérique composée de matériaux
main droite. Cette limite est appelée limite de Rayleigh. De plus, la lentille ayant une taille finie,
il n’est pas possible de transformer l’onde plane incidente en une onde sphérique parfaite. En
effet, le plan équiphase d’une onde sphérique est une sphère complète. En pratique, seule une
partie de cette sphère est obtenue. Le système peut donc être vu comme une lentille sphérique de
grande taille suivie d’une ouverture circulaire de dimension égale à celle de la lentille à simuler.
Il y a donc toujours la présence de lobes secondaires au niveau du point de focalisation due à la
diffraction de l’onde par l’ouverture circulaire [102]. En pratique, cet effet est souvent négligé
car la taille d’une lentille optique est très importante par rapport à la longueur d’onde utilisée.
Par contre, nous verrons que cet effet devient non négligeable aux fréquences RF.
Le but de notre système est de produire et de focaliser une onde de fréquence RF à une
distance f . Nous voulons donc recréer l’onde qu’il est possible d’obtenir à la sortie de la lentille.
C’est bien l’onde et non la lentille que nous voulons émuler. En effet, si l’on veut être rigoureux,
la distance focale est définie par le rayon de courbure et l’indice de réfraction du système. Or,
comme nous le verrons par la suite, ce n’est pas exactement le même phénomène qui est utilisé
ici.
Pour expliquer et quantifier le fonctionnement de notre système, nous allons introduire le
principe de Huygens [103], très utilisé pour modéliser les ondes sphériques et pour expliquer les
Principe de fonctionnement du système de focalisation 123

phénomènes de diffraction. Ce principe dit que chaque point d’un front d’onde est une source
secondaire émettant une onde sphérique dont l’amplitude complexe est proportionnelle à l’am-
plitude complexe de l’onde incidente. Fresnel a complété ce principe en disant que le front d’onde
global est obtenu en sommant, en chaque point d’intérêt, toutes les ondes produites par les
sources secondaires (une similitude peut être vue avec les séries de Fourier, où une fonction
périodique peut être décomposée en une infinité de fonctions de base). En suivant ce principe, il
est donc possible d’émuler une onde sphérique se focalisant à une distance f avec un réseau de
sources isotropes disposées sur une sphère de rayon f comme le montre la figure 4.5.
Selon le principe de Huygens, le nombre de sources est infini. Le champ E dans le plan focal
du réseau est donc obtenu en intégrant l’ensemble des sources suivant la formule suivante :
A ikR
ZZ
E(xf , yf ) = e dxdy, (4.8)
C R

avec, xf et yf , les coordonnées dans le plan focal, A, l’amplitude des sources, k le nombre d’onde
et R, la distance entre la source et le point (xf ,yf ) du plan focal définie par la formule suivante :
q
R = (x − xf )2 + (y − yf )2 + f 2 . (4.9)

Dans la pratique, le nombre de sources est fini et la distribution n’est pas continue. Il y a une
Source secondaire

y Onde secondaire

φ
φ
yf
L φ
f zf
Période

φ
Onde sphérique globale

F IGURE 4.5 – Schéma équivalent du système de focalisation composé de sources isotropes.

discrétisation du système. Le champ E sera alors obtenu avec la formule suivante :


n X n
X A ikRij
E(xf , yf ) = e , (4.10)
i=1 j=1
R ij
124 Réseau d’antennes CRLH à onde de fuite pour des applications de focalisation

avec n, le nombre de sources du réseau.


Nous allons maintenant étudier théoriquement l’influence des paramètres du réseau comme
la périodicité des sources ou la taille du réseau sur la focalisation.

4.3.1.2 Etude de l’influence de la périodicité du réseau sur la focalisation pour une confi-
guration sphérique

Les figures 4.6(a) et (b) montrent respectivement une vue de coupe du réseau selon le plan
YZ et la puissance moyenne rayonnée suivant la même coupe calculée avec la formule 4.10.
Nous sommes dans le cas idéal : les sources sont parfaitement isotropes et nous ne tenons pas
compte ici des problèmes de champ proche. La fréquence utilisée est de 5.8 GHz. Cette fréquence
correspond à une bande de fréquence allouée pour la RFID. Le réseau est composé de 120 sources
espacées de 0.022 m. La longueur globale du réseau, L, définie à la figure 4.5, est donc de 2.64
m.
Le point rouge sur la figure 4.6(a) correspond au centre du rayon de courbure du réseau,
qui dans notre cas est égal à 1m. Nous pouvons clairement voir que le point de focalisation est
situé au centre de la courbure du réseau. Pour vérifier l’influence de l’espacement des sources,

F IGURE 4.6 – (a) Configuration du réseau sphérique de 120 sources espacées de 0.022 m (b)
Puissance rayonnée calculée avec l’équation 4.10.

nous avons effectué la même simulation mais pour un réseau dont les sources sont espacées de
0.22 m. Comme la longueur du réseau est toujours de 2.64 m, il n’y a plus que 12 sources. Les
figures 4.7(a) et (b) montrent respectivement la configuration du réseau vu de coupe YZ et la
Principe de fonctionnement du système de focalisation 125

puissance moyenne rayonnée par le réseau suivant la même coupe calculée avec la formule 4.10.
Nous pouvons voir que le point de focalisation est toujours présent malgré l’apparition de lobes
parasites.

Afin d’étudier ce point plus en détail, nous avons superposé les deux distributions de la puis-
sance moyenne obtenue suivant les axes Z et Y pour Y = 0 et Z = f sur la figure 4.8. Nous

F IGURE 4.7 – (a) Configuration du réseau sphérique de 12 sources espacées de 0.22 m(b) Puis-
sance rayonnée calculée avec l’équation 4.10.

pouvons voir que la périodicité et le nombre de sources du réseau ne changent en aucun cas la
position et la taille du point de focalisation. La taille du point focal à mi-hauteur est de 5.87 cm
suivant Z et de 2 cm suivant Y. L’axe critique de la focalisation pour des applications RFID est
donc la profondeur. La longueur d’onde à cette fréquence est de 5.17 cm. Pour une période de
0.22 m, nous pouvons voir apparaitre des lobes parasites autour du lobe principal pour le réseau
de 12 sources. Après avoir simulé ce réseau pour différentes périodes, nous pouvons en déduire
que la discrétisation amenée par la formule 4.10 cause l’apparition de lobes parasites mais ne
modifie aucunement l’effet de focalisation. Ainsi, plus la période est grande et plus les lobes pa-
rasites vont se rapprocher du point focal. Un compromis sera à faire entre le nombre de sources
et la position des lobes parasites.
126 Réseau d’antennes CRLH à onde de fuite pour des applications de focalisation

1
12 sources
120 sources
0.8

(U.A.)
0.6
moy

0.4
P

0.2

0
0.5 1 1.5 2
Z (m)

(a)

1
12 sources
120 sources
0.8
(U.A.)

0.6
moy

0.4
P

0.2

0
−1 −0.5 0 0.5 1
Y (m)

(b)

F IGURE 4.8 – Puissance normalisée rayonnée par deux réseaux de longueur 2.64 m de période
0.22 m (soit 12 sources) et 0.022 m (soit 120 sources) pour une distance focale de 1 m. (a) Suivant
Z pour Y = 0 m. (b) Suivant Y pour Z = f = 1 m. Les courbes sont parfaitement confondues au
point focal dans les deux cas.

4.3.1.3 Etude de l’influence de la taille du réseau sur la focalisation pour une configuration
sphérique

Pour voir à présent l’influence de la taille du réseau sur la focalisation, nous avons simulé un
réseau de période fixe et de longueur variable. La figure 4.9 montre la puissance rayonnée suivant
les axes Z et Y pour Y = 0 et Z = f par trois réseaux de période 0.022 m de longueur 33 cm,
132 cm et 264 cm pour une distance focale de 1 m. Nous pouvons voir que la taille du réseau
Principe de fonctionnement du système de focalisation 127

modifie principalement la taille du point focal mais ne change presque pas les lobes secondaires.
Ce résultat était prévisible car plus le système est petit plus la diffraction est présente. Par contre,
nous pouvons remarquer un résultat que nous n’attendions pas. Pour un réseau de 33 cm, le point
focal est déplacé à 85 cm au lieu de 1m. Nous pouvons donc en déduire que la taille du réseau
joue à la fois sur la taille du point de focalisation et sur son emplacement. Toutes ces études nous
permettront de faciliter par la suite le dimensionnement d’un prototype car nous pouvons déjà
voir qu’il faudra faire un compromis entre la simplicité du système et la qualité de focalisation.

1
L = 33 cm
0.9 L= 132 cm
L = 264 cm
0.8

0.7

0.6
Pnorm

0.5

0.4

0.3

0.2

0.1

0
0.2 0.4 0.6 0.8 1 1.2 1.4 1.6 1.8 2
Z (m)

(a)

1
L = 33 cm
0.9 L= 132 cm
L = 264 cm
0.8

0.7

0.6
Pnorm

0.5

0.4

0.3

0.2

0.1

0
−0.5 −0.4 −0.3 −0.2 −0.1 0 0.1 0.2 0.3 0.4 0.5
Y (m)

(b)

F IGURE 4.9 – Puissance rayonnée par trois réseaux sphériques de période 0.022 m de taille 33
cm, 132 cm et 264 cm pour une distance focale de 1 m. (a) Suivant Z pour Y=0m. (b) Suivant Y
pour Z = f =1 m.
128 Réseau d’antennes CRLH à onde de fuite pour des applications de focalisation

En conclusion, ces études préliminaires, assez simples, ont confirmé nos prévisions : 1) la
discrétisation fait apparaitre des lobes secondaires mais affecte peu les performances en terme de
focalisation. 2) La taille du réseau joue sur la dimension de la tâche de focalisation. Par contre,
elles ont montré un problème que nous n’attendions pas : la taille joue aussi sur la position du
point focal.

4.3.1.4 Configuration planaire du réseau d’antennes

Nous venons de voir les différentes caractéristiques d’un réseau de forme sphérique pour
la focalisation. Notre but est cependant de concevoir un système planaire qui serait facilement
intégrable dans un mur ou un portique. Pour cela, il suffit de jouer sur les phases, φij , de chaque
source pour simuler un réseau sphérique à l’aide d’un réseau plan, comme le montre la figure
4.10.

Source secondaire
y
Onde secondaire
φ1

φ2
yf
L
φ3
z f zf

φj

Onde sphérique globale


φN

F IGURE 4.10 – Schéma du système de focalisation composé d’un réseau d’antenne plan.

Dans [104], il a été proposé d’utiliser la formule suivante provenant des lentilles sphériques
optiques :
(x2i + yj2 )
φij = . (4.11)
2f
Cette formule est parfaitement adaptée à la lentille sphérique optique mince qui utilise la diffé-
rence d’indice entre le milieu ambiant et la lentille pour focaliser les rayons. Dans la situation qui
nous interesse, celle-ci nous a paru douteuse car il n’y a pas de différence d’indice. Nous avons
vérifié ce point. La figure 4.11 montre la puissance rayonnée par un réseau plan de 12 sources
Principe de fonctionnement du système de focalisation 129

espacées de 0.22 m suivant Z pour Y = 0 m pour une focale de 1 m calculée avec l’équation 4.11
et celle d’un réseau ayant les mêmes caractéristiques mais de forme sphérique. Nous pouvons
remarquer une erreur de focalisation de 15% par rapport au réseau de forme sphérique. Pour
corriger cette erreur, nous avons développé une nouvelle formule pour relier le déphasage des
sources, φij , à la distance focale, f .

1
Sphérique
Plan phase lentille
0.8

0.6
norm
P

0.4

0.2
f

0
0.5 1 1.5 2
Z (m)

F IGURE 4.11 – Puissance rayonnée par un réseau plan de 12 sources espacées de 0.22 m suivant
Z pour Y = 0 m pour une focale de 1 m calculée avec l’équation 4.11 comparée à la puissance
d’un même réseau de forme sphérique.

Comme le montre la figure 4.12, le réseau plan correspond à la projection à partir du point
de focalisation des sources situées sur une sphère, sur un plan passant pas le sommet S. Cette
projection est effectuée pour chacune des sources Sij . La phase des sources Sij′ doit être telle
que la phase des ondes aux points Sij est toujours la même, autrement dit, la phase sur la sphère
contenant les points Sij doit être constante, comme c’est le cas pour une onde sphérique. Ceci
implique que :
φ′ij + k0 lij = φ0 , (4.12)
avec k0 , le nombre d’onde et lij la distance entre les sources Sij et Sij′ comme le montre la figure
4.12. Après quelques manipulations géométriques, nous trouvons la formule suivante :
q
φij = R′2 + (x2i + yj2 ) − R′ , (4.13)

avec R′ le rayon de courbure du réseau sphérique et xi et yj , les cordonnées de la source dans le


plan XY . L’équation 4.10 est donc modifiée pour y inclure ce déphasage :
n X n
X A ikRij −jkφij
E(xf , yf ) = e e . (4.14)
i=1 j=1
R ij
130 Réseau d’antennes CRLH à onde de fuite pour des applications de focalisation

Cette approche peut être comparée au système de focalisation présenté dans [105]. Dans
cet article, une interface focalisante est conçue à l’aide de deux AOF CRLH non uniforme. La
constante de phase est alors modifiée le long de la ligne de sorte d’obtenir la distribution désirée.
En comparaison de notre approche, cette structure est difficilement reconfigurable et sa taille
limitée ne peut pas permettre de grande distance focale facilement.

S'ij φ'ij
φ
0

Sij
R'
φ
0

S
R' f z
φ
0

φ
0

F IGURE 4.12 – Schéma montrant le passage du réseau de forme sphérique Sij au réseau plan
Sij′ ainsi que le déphasage φ′ij à ajouter à chaque source Sij′ afin d’émuler le réseau de forme
sphérique.

La figure 4.13 montre la simulation du réseau plan équivalent au réseau sphérique de la figure
4.7. Le déphasage de chaque source a été calculé grâce à l’équation 4.13 pour une focalisation à
une distance de 1 mètre. Nous pouvons voir que, grâce à l’équation 4.14, le point de focalisation
se trouve bien à une distance de 1m. Nous pouvons donc conclure de cette première étude que la
focalisation à l’aide d’un réseau plan est possible et de performance similaire à celle du réseau
de forme sphérique.
Pour comparer les performances du réseau plan par rapport au réseau sphérique, nous avons
superposée la puissance rayonnée des deux réseaux suivant les coupes Z-Y = 0 m et Y-Z = f =
1 m sur la figure 4.14. Nous pouvons voir que les performances des deux réseaux sont presque
équivalentes. La focalisation est à 1 mètre dans les deux cas. La taille du lobe principal selon l’axe
z est plus importante de 50% pour le réseau plan soit 9 cm contre 6 cm pour le réseau sphérique.
Par contre, suivant l’axe Y, la largeur des lobes est identique. Concernant les lobes parasites, ils
Principe de fonctionnement du système de focalisation 131

sont de même intensité suivant l’axe Y et il y a disparition d’un lobe parasite suivant l’axe Z pour
le réseau plan.

F IGURE 4.13 – (a) Configuration du réseau plan de 12 sources espacées de 0.22 m. (b) Puissance
rayonnée calculée avec l’équation 4.14.

4.3.1.5 Performances d’un réseau planaire

Nous avons montré dans les sections précédentent que la qualité de la focalisation était gran-
dement dépendante de la géométrie du système. Par contre, nous n’avons pas étudié spécifi-
quement l’effet d’un changement d’une distance de focalisation pour un réseau donné sur les
performances attendues. Afin de connaître plus précisément les performances que nous pouvions
espérer d’un réseau sphérique plan, nous avons calculé l’erreur sur la distance de focalisation et
les dimensions à mi-hauteur du point de focalisation en fonction de la distance focale d’un réseau
composé de trois rangées circulaires de 6 sources espacée de 0.2 m (voir les figures 4.15 et 4.16).
Comme le montre la figure 4.15, nous pouvons voir que l’erreur de focalisation due à la taille
finie du réseau augmente de manière presque linéaire. Elle reste inférieure à 10% jusqu’à une
distance focale de 2 mètres. La figure 4.16(a) montre que la largeur du point focal augmente de
manière linéraire avec la distance focale et que sa valeur reste faible : 6 cm pour une distance
de focalisation de 1.5 m. Ces valeurs sont cohérentes avec la théorie de la diffraction. La figure
4.16(b) montre que la profondeur de la tâche de focalisation augmente avec la distance focale de
manière exponentielle pour atteindre 0.9 m pour une focale de 1.81 m. Elle demeure inférieure à
0.5 m pour des focales inférieures ou égales à 1.3 m. Nous pouvons tout de même conclure que
132 Réseau d’antennes CRLH à onde de fuite pour des applications de focalisation

1
Sphérique
Plan
0.8

Pmoy (U.A.)
0.6

0.4

0.2

0
0.5 1 1.5 2
Z (m)
(a)

1
Sphérique
Plan
0.8
Pmoy (U.A.)

0.6

0.4

0.2

0
−1 −0.5 0 0.5 1
Y (m)
(b)

F IGURE 4.14 – Puissance normalisée rayonnée par des réseaux plan et sphérique de 12 sources
espacées de 0.22 m (a) suivant Z pour Y = 0 m, (b) suivant Y pour Z = f = 1 m.

le système peut focaliser jusqu’à des distance assez importante. La seule limitation sera la taille
maximale en profondeur du point de focalisation et non sa largeur. L’erreur de focalisation n’est
pas non plus discriminante car celle-ci peut être compensée à l’aide d’une simple correction sur
les déphasages des antennes.
Nous venons d’étudier théoriquement l’utilisation d’un réseau de sources isotropes pour ému-
ler le comportement d’une onde convergente. Nous avons montré qu’il était possible de focaliser
avec un réseau plan avec des performances similaires à celles d’un réseau sphérique. En pratique,
des sources parfaitement isotropes n’éxistent pas. Seules des sources omnidirectionnelles comme
Principe de fonctionnement du système de focalisation 133

10

7
Erreur (%)

1
0.4 0.6 0.8 1 1.2 1.4 1.6 1.8 2
Distance focale (m)

F IGURE 4.15 – Erreur de focalisation en fonction de la distance focale pour un réseau de sources
isotropes composée de trois rangées circulaires de 6 sources espacées de 0.2 m.

des antennes dipôles sont réalisables. Nous allons donc maintenant étudier les performances d’un
réseau d’antennes dipôle pour ensuite valider notre approche expérimentalement.

4.3.2 Réseau d’antennes dipôles

Une antenne parfaitement isotrope n’existe pas en pratique. La source qui s’en rapproche
le plus est l’antenne omnidirectionnelle qu’est le dipôle. Cette antenne se compose de deux
sections conductrices de faible taille par rapport à la longueur d’onde comme, par exemple, le
dipôle demi-onde. Dans ce cas particulier, il est facile d’obtenir la formule analytique du champ
lointain. La limite entre le champ lointain et le champ proche est assez floue. Il est admis que le
champ lointain se situe à une distance, r, supérieure à :

2D2
r> , (4.15)
λ

avec λ la longueur d’onde d’utilisation et D, la plus grande dimension de l’antenne. Dans le cas
d’un dipôle demi-onde fonctionnant à la fréquence de 5.8 GHz, cette limite se situe à 2.58 cm. En
champ lointain, l’onde est rayonnée et de forme TEM. C’est-à-dire que les champs électriques et
magnétiques sont dans un plan normal à la direction de propagation de l’onde. De plus, contrai-
rement au champ proche, la puissance réactive est négligeable devant la puissance rayonnée. Le
transfert de puissance est donc plus important en champ lointain qu’en champ proche.
134 Réseau d’antennes CRLH à onde de fuite pour des applications de focalisation

0.08

Largeur à mi−hauteur (m) 0.07

0.06

0.05

0.04

0.03

0.02
0.4 0.6 0.8 1 1.2 1.4 1.6 1.8 2
Distance focale (m)
(a)

1
Profondeur à mi−hauteur (m)

0.9

0.8

0.7

0.6

0.5

0.4

0.3

0.2

0.1
0.4 0.6 0.8 1 1.2 1.4 1.6 1.8 2
Distance focale (m)
(b)

F IGURE 4.16 – (a) Largeur, (b) profondeur à mi-hauteur du point focal en fonction de la distance
focale pour un réseau de sources isotropes composé de trois rangées circulaires de 6 sources
espacées de 0.2 m.

Le champ lointain rayonné par un dipôle λ/2 est le suivant [20] :



I e−jkr cos(π/2cosθ)
 Eθ (r, θ) = jη 0


2πr sinθ (4.16)
−jkr
Ie cos(π/2cosθ)
 HΦ (r, θ) = j 0

 .
2πr sinθ
I0 est l’intensité du courant électrique appliqué au dipôle, η est l’impédance du vide : 376,730 Ω
Principe de fonctionnement du système de focalisation 135

et (r, θ) sont les coordonnées sphériques, voir la figure 4.17. Le diagramme de rayonnement de
cette antenne est de type toroïdal. Le champ est donc nul sur l’axe Z et maximal suivant le plan
XY de la figure 4.17.
Comme le rayonnement n’est plus uniforme, il nous faut chercher l’orientation à adopter
pour obtenir les meilleures performances possibles. La figure 4.18 montre la configuration et la

P(r, θ, φ)
θ

L=λ/2

F IGURE 4.17 – Schéma d’une antenne dipôle λ/2.

puissance rayonnée par deux réseaux de 6 antennes dipôles espacées de 20 cm, l’un placé de
façon radiale et l’autre de manière tangentielle. Pour cette étude, nous avons diminué le nombre
de sources pour se rapprocher d’un système réalisable en pratique. En effet, un réseau de 6
sources n’a besoin que de deux déphaseurs pour contrôler le point de focalisation alors qu’un
de 12 sources en nécessite 5. Nous pouvons voir sur la figure 4.18 que le placement radial des
sources permet de diminuer les lobes parasites sans modifier le point de focalisation. Enfin, on
remarque que ce dernier se situe à 0.97 m alors que la phase a été calculée pour une distance
focale de 1 m. Comme nous l’avons vu précédemment, cela provient principalement de la taille
du réseau qui est plus faible que dans les cas précédent.
La diminution des lobes parasites dans la configuration radiale s’explique en observant le
diagramme de rayonnement de l’antenne dipôle. En effet, dans cette configuration, plus nous
nous approchons du réseau suivant l’axe Z, plus la puissance rayonnée par les antennes est faible.
A contrario, à partir d’une certaine distance (0.5 m dans notre cas), la puissance rayonné par les
dipôles devient similaire à celle d’une source isotrope. En effet, l’équation 4.16 du champ Eθ
136 Réseau d’antennes CRLH à onde de fuite pour des applications de focalisation

montre que pour un angle θ se rapprochant de 90◦ , l’expression devient alors :


I0 e−jkr
Eθ (r, θ) ≈ jη . (4.17)
2πr
Pour cette raison, la focalisation s’effectue correctement selon le comportement étudié avec des
sources parfaitement isotropes.
12
Orientation Orientation x 10
3.5
tangentielle radiale Sources tangentielles
3 Sources radiales

20 cm 20 cm 2.5

2
P (U.A.)

1.5

0.5

0
0 0.5 1 1.5 2
Z (m)

(a) (b)

F IGURE 4.18 – (a) Schéma de la configuration radiale et tangentielle du réseaux. (b) Puissance
rayonnée d’un réseau de dipôles placés de façon radiale et tangentielle.

4.4 Conception du système à base d’antennes dipôles


Afin de valider en pratique le concept que nous avons développé dans la section précédente,
nous avons réalisé un réseau d’antennes dipôles. Nous allons tout d’abord décrire le système
dans sa globalité, puis nous étudierons les différents éléments comme le circuit d’alimentation et
l’antenne dipôle utilisée.

4.4.1 Schéma global du système


Afin de vérifier les concepts théoriques que nous avons développés, nous avons décidé de
réaliser un système de focalisation simple basé sur les antennes dipôles. Le réseau présenté dans
[96] est de forme carrée. Il nécessite donc une phase d’alimentation différente pour chaque an-
tenne. Afin de simplifier le système au maximum, nous avons choisi de concevoir un réseau cir-
culaire. Dans ce cas, la phase d’alimentation des antennes est constante pour une rangée donnée.
Le nombre de déphasages à générer est donc directement proportionnel au nombre de rangées
Conception du système à base d’antennes dipôles 137

utilisées. Afin de n’avoir que deux déphasages à contrôler, nous avons choisi d’utiliser un réseau
circulaire de trois rangées de six antennes chacune soit 18 antennes au total. Les rangées sont
espacées de 20 cm. Nous avons choisi d’utiliser la fréquence de 5.8 GHz qui est une fréquence
disponible pour la technologie RFID. Pour le moment, aucune application n’utilise cette bande.
Cependant, comme la taille du point de focalisation diminue avec la fréquence, nous avons be-
soin d’une fréquence assez élevée. De plus, cela nous permet de travailler avec des antennes
compactes. Nous discuterons plus en détails de l’utilisation qu’il serait possible de faire de notre
système dans la section 4.7.
La figure 4.19 montre le schéma bloc du système. Il se compose d’un réseau de 18 antennes
et d’un circuit d’alimentation. Ce dernier permet d’alimenter les antennes avec la phase cor-
respondante au point focal désiré. Nous allons à présent détailler chaque élément du montage
séparément.
Déphaseurs Réseau circulaire

Jonction
φ
1 vers 8 8

Signal Jonction
φ
1 vers 8 8
50 Ω

Jonction
1 vers 8 8

F IGURE 4.19 – Schéma bloc du système de focalisation.

4.4.2 Le circuit d’alimentation


Le but du système d’alimentation est de séparer le signal d’entrée en 16 signaux d’égale
amplitude avec la phase adéquate pour la distance focale désirée. Pour trois rangées circulaires
d’antennes, nous avons besoin de contrôler le déphasage des deux rangs extérieurs, le premier
servant de référence. La figure 4.20 montre une des deux jonctions 1 vers 2 et une des trois
jonctions 1 vers 8 que nous avons concues et réalisées. Les layouts des circuits sont détaillés
dans l’annexe A.2. Les deux premières jonctions délivrent quatre signaux en phase. Seul trois
signaux sont utiles dans notre cas. Une des sorties est donc connectée à une charge 50 Ω pour
éviter les réflexions.
La figure 4.21 montre la phase mesurée en transmission d’une des deux jonctions 1 vers 2
que nous avons réalisée. Une différence de 3.5◦ à 5.8 GHz est observée entre les deux signaux.
Cette valeur n’est pas critique puisqu’en la connaissant il est possible de la corriger grâce aux
138 Réseau d’antennes CRLH à onde de fuite pour des applications de focalisation

déphaseurs. Ceux-ci sont des déphaseurs commerciaux ATM 1605D. Ils permettent un déphasage
variable de 0◦ à 360◦ sur une plage de fréquence de 0 à 8.2 GHz.

(a) (b)
F IGURE 4.20 – Jonctions 1 vers 2 et 1 vers 8 utilisées dans le circuit d’alimentation.

200
S
21
S
150 31

100

50
phase S (°)

−50

−100

−150

−200
3 3.5 4 4.5 5 5.5 6 6.5 7 7.5 8
F (GHz)

F IGURE 4.21 – Phase mesurée en transmission de la jonction 1 vers 2. La différence de phase à


5.8 GHz est de 3.5◦ .

La figure 4.22 montre les paramètres S simulés et mesurés en module et en phase de la


jonction 1 vers 8. Nous pouvons remarquer un léger décalage fréquentiel entre les simulations
et la mesure. Nous pensons qu’il est dû aux tolérances de fabrication qui sont de l’ordre de 10%
concernant les largeurs de métallisations. Malgré cela, le coefficient de réflexion est égal à -20
dB à la fréquence de fonctionnement. La transmission est égale à -9.7 dB, soit 0.7 dB de perte. La
figure 4.22 montre la phase en transmission des 8 sorties de la jonction. La différence observée
entre deux sorties à 5.8 GHz est de 8◦ .
Les circuits ont été réalisés sur du Arlon 25N d’épaisseur 1.6 mm, de permittivité 3.38 et de
tangente de perte 0.0025. Les dimensions et layouts des circuits sont disponibles en annexe A.2.
Conception du système à base d’antennes dipôles 139

−10

−20 S21
|S| (dB)
−30

−40
Mesures S11
−50 Simulations EM

−60
3 3.5 4 4.5 5 5.5 6
F (GHz)

(a)

200

150

100
Phase S (°)

50

−50

−100

−150

−200
4.5 5 5.5 6
F (GHz)

(b)

F IGURE 4.22 – Paramètres S simulés et mesurés. (a) Module en dB. (b) Phase en transmission
de la jonction 1 vers 8. La différence observée entre deux sorties à 5.8 GHz est de 8◦ .

4.4.3 Le réseau d’antennes dipôles


Le réseau est composé de 18 antennes. La source que nous avons choisie est l’antenne dipôle
demi-onde. Celle-ci se compose de deux segments cuivrés sur un substrat Arlon 25N. Un brin fait
8.2 mm par 2 mm. La figure 4.23 montre le paramètre S11 mesuré de l’antenne. Nous pouvons
voir que celui-ci est inférieur à -20 dB à 5.8 GHz. Le léger décalage en fréquence que nous
pouvons observer est dû aux tolérances de fabrications.
Pour supporter les antennes, nous avons utilisé du polystyrène extrudé utilisé comme isolant
pour les habitations, il a la particularité de posséder une permittivité voisine de 1, comme l’air. Il
ne perturbe donc pas les antennes. Il permet aussi de rapidement modifier la géométrie du réseau
car il suffit de le percer et d’implanter les antennes dans le trou. De plus, il est très bon marché.
140 Réseau d’antennes CRLH à onde de fuite pour des applications de focalisation

0
5.8 GHz
−5

−10

−15
S11 dB

−20

−25

−30

−35

−40

−45
3 4 5 6 7 8
F (GHz)

F IGURE 4.23 – Paramètres S11 mesurés de l’antenne dipôle.

4.5 Résultats pratiques préliminaires

4.5.1 Banc de mesures de champ électrique


Le banc de mesure de notre système se compose d’un support en bois permettant de maintenir
le réseau en place et d’un deuxième support en bois pour la sonde de mesure. Le but de ce
dispositif est de pouvoir mesurer l’intensité du champ électrique émis par le réseau. Dans notre
cas, nous ne nous intéressons qu’à la variation du champ et non à sa valeur exacte. La sonde de
mesure est un dipôle du même type que la source utilisée dans le réseau. Elle permet de mesurer
un champ électrique lorsque celui-ci est colinéaire au dipôle.
Pour nous affranchir des champs parasites et des réflexions, nous avons réalisé nos premières
mesures dans une chambre anéchoïde. Elle se compose d’une cage métallique servant de cage
de Faraday. Des absorbeurs d’onde EM sont placés sur les murs, le sol et le plafond de sorte à
absorber toute onde incidente. Ainsi, nous devrions pouvoir mesurer le champ dans les mêmes
conditions que nos calculs théoriques et nos simulations EM. La figure 4.24 montre une des trois
rangées circulaires de 8 antennes dipôles de notre réseau. Nous pouvons remarquer la présence
du polystyrène servant de support aux antennes.
Ce type de mesure est assez délicat car il nécessite une bonne précision sur la position de
la sonde et la stabilité des supports afin d’assurer la reproductibilité de la mesure. De plus, les
niveaux de signaux étant très faibles (autour de -60 dB), nous avons dû utiliser un amplificateur
en sortie de l’AVR. La dynamique de ce dernier était insuffisante sans amplificateur. Cet ampli-
ficateur délivre une puissance maximale de 33 dBm avec un gain de 30 dB. Enfin, le banc étant
Résultats pratiques préliminaires 141

F IGURE 4.24 – Réseau de dipôles de forme circulaire. La photo montre une des trois rangées de
8 antennes.

totalement manuel, les mesures ont été faites dans deux plans seulement : Y Z avec X = 0 et
XY avec Z = f .

4.5.2 Résultats de mesures


La figure 4.25 montre la puissance normalisée rayonnée suivant l’axe Z par le réseau défini
précédemment d’un diamètre total de 1 m pour une distance focale de 85 cm. La figure 4.26
montre la puissance normalisée rayonnée suivant l’axe Y par le réseau défini précédemment
d’un diamètre total de 0.5 m pour une distance focale de 1m. Les déphasages de chaque rangée
ont été calculés avec la formule 4.13. Les simulations EM ont été réalisées avec le logiciel CST
Microwave Studio. La première mesure a été réalisée avec une focale de 85cm. Nous pouvons
clairement voir le point de focalisation sur la figure 4.25. Les mesures sont en bonne concordance
avec les simulations et la théorie. La profondeur du point de focalisation est de 230 mm suivant
l’axe Z.
Nous avons effectué une deuxième mesure à une distance focale de 1 m avec un diamètre
de réseau total de 0.5 m, le nombre d’antenne et de rangée restant inchangés. Cette fois-ci, la
mesure fut effectuée suivant l’axe X pour Z = 1 m. Les mesures et la théorie concordent bien
encore une fois. La largeur du point focal suivant cet axe est de 95 mm.
142 Réseau d’antennes CRLH à onde de fuite pour des applications de focalisation

Ces mesures montrent bien la validité des concepts proposés dans ce chapitre et du banc
construit à cet effet.

1
Théorie
0.9 Simulation EM
Mesures
0.8
Puissance normalisée

0.7

0.6
230 mm
0.5

0.4

0.3

0.2

0.1

0
600 650 700 750 800 850 900 950 1000 1050
Z (m) pour x = y = 0 mm

F IGURE 4.25 – Puissance normalisée rayonnée par le réseau d’un diamètre total de 1 m suivant
l’axe Z pour une focale de 85 cm.

1
Théorie
0.9 Simulation EM
Mesures
0.8
Puissance normalisée

0.7

0.6
95 mm
0.5

0.4

0.3

0.2

0.1

0
−100 −50 0 50 100
x (mm) pour y = 0 mm and z = f

F IGURE 4.26 – Puissance normalisée rayonnée par le réseau d’un diamètre total de 0.5 m suivant
l’axe Y pour Z = 1 m.
Réseau d’AOF CRLH 143

4.6 Réseau d’AOF CRLH


Les études précédentes nous ont permis de montrer que pour diminuer les lobes parasites
autour du point de focalisation, il fallait soit diminuer le pas du réseau, ce qui signifie un plus
grand nombre d’antennes et une plus grande complexité du système, soit jouer sur la directivité de
l’antenne unitaire du réseau. En effet, le but est d’illuminer le point de focalisation et de diminuer
la puissance rayonnée en dehors de ce point. Or, nous avons vu que l’orientation radiale des
dipôles permettait d’améliorer les performances du système en diminuant les parasites proches
du réseau. Nous pouvons alors extrapoler cette observation pour en déduire que de meilleurs
performances pourraient être obtenues en utilisant une antenne très directive dont l’angle de
rayonnement est dirigé vers le point de focalisation.
La figure 4.27 montre le principe de fonctionnement d’un tel réseau pour deux points de
focalisation. Nous pouvons remarquer qu’il faut obligatoirement que l’antenne puisse modifier
son angle de rayonnement pour pouvoir changer de point de focalisation de manière importante.
Dans ces conditions, l’AOF CRLH électronique que nous avons présentée dans la section 3 est
la candidate idéale. En effet, cette antenne peut être très directive car celle-ci dépend directement
de sa longueur et elle peut faire varier son angle de rayonnement sans modifier sa fréquence
de fonctionnement. Cette approche fut proposée dans [105] sous une forme différente puisque
une seule antenne non uniforme est utilisée. En conséquence, la distance focale est plus diffici-
lement ajustable et sa taille réduite ne permet pas d’atteindre facilement des distances focales
importantes.
Pour valider cette hypothèse, nous avons simulé un réseau de trois rangées circulaires de six
AOF disposées radialement. La formule utilisée pour calculer le champ rayonné est l’équation
1.18 de la section 1.2.3.1. La phase de chaque antenne CRLH est calculée à partir de la formule
4.13, comme pour le réseau précédent.
La figure 4.28 montre la puissance rayonnée suivant l’axe Z pour des distances focales de
0.5 m, 0.8 m et 1 m. Le coefficient α, qui contrôle la directivité du faisceau, est fixé à 0.01
k0 , qui est une valeur tout à fait réalisable en pratique. La fréquence est toujours de 5.8 GHz.
Le diamètre du réseau est de 1 m. La puissance est bien présente aux distances focales choisie.
Grâce à la directivité de l’AOF, les lobes parasites présents sur l’axe Z avec les réseaux de dipôles
ont complètement disparus.
Afin de comparer les performances de cette structure par rapport au réseau d’antennes di-
pôlaires, nous avons calculé l’erreur de focalisation et la largeur à mi-hauteur du point focal
en fonction de la distance focale pour un réseau d’antennes dipôle, un réseau d’AOF CRLH de
coefficient α égale à 0.01 k0 et un réseau d’AOF CRLH de coefficient α égale à 0.05 k0 . Les
réseaux sont constitués de trois rangées circulaires de 6 antennes d’un diamètre total de 1 m. La
144 Réseau d’antennes CRLH à onde de fuite pour des applications de focalisation

AOF CRLH n°1

AOF CRLH n°2

f2

f1 z

AOF CRLH n°3

AOF CRLH n°4

F IGURE 4.27 – Principe de fonctionnement du système de focalisation idéal composé de 4 AOF


CRLH. La distance focale est modifiée en jouant à la fois sur la phase d’alimentation des antennes
et sur l’angle de rayonnement de chaque source (grâce à une tension de contrôle dans le cas
d’AOF électronique).

1
f = 0.5m
f = 0.8m
0.8 f=1m

0.6
norm
P

0.4

0.2

0
0 0.5 0.5 0.75 1 1.25 1.5
Z (m)

F IGURE 4.28 – Champ rayonné suivant l’axe Z par un réseau circulaire de trois rangées de six
AOF pour des distances focales de 0.5 m, 0.8 m et 1 m.

figure 4.29 montre le résultat de cette étude. Nous pouvons clairement voir sur la figure 4.29 (a)
que l’erreur de focalisation est grandement dépendante du coefficient α, soit de la directivité, des
AOF. Pour un coefficient de 0.01 k0 , l’erreur reste proche de 0% sur toute la plage de calcul.
Perspectives 145

Alors que pour un coefficient de 0.05 k0 , l’erreur se trouve quasiment identique au réseau d’an-
tennes dipôle. La largeur à mi-hauteur du point focal, présentée sur la figure 4.29 (b), est quand à
elle bien plus importante pour un coefficient de fuite de 0.05 k0 . Par contre, le faite d’augmenter
la directivité améliore grandement la qualité de focalisation. Cette étude nous montre l’impor-
tance d’avoir des AOF directives pour la conception du réseau. Si le coefficient de fuite n’est
pas assez faible, les performances s’en trouveront détériorées et seront inférieures à celles d’un
réseau d’antennes dipolaires.
Comme la conception d’une AOF CRLH électronique est assez complexe, nous n’avons
malheuresement pas pu valider expérimentalement cette idée. Nous pensons qu’elle deviendra
beaucoup plus facilement réalisable dans les années à venir étant donné l’intérêt suscité par les
structures CRLH pour la communauté scientifique.

4.7 Perspectives
Dans ce chapitre, nous avons montré qu’il était possible de réaliser une focalisation dans le
domaine RF avec l’aide d’un simple réseau circulaire d’antennes dipôle. L’étape suivante serait
d’utiliser l’AOF CRLH électronique du chapitre 3 afin d’optimiser les performances du système.
En effet, nous avons montré théoriquement qu’il était possible de minimiser les lobes parasites
présents au point focal en utilisant ce type d’antenne. Nous obtiendrions donc au final un système
de focalisation fiable et facilement modulable. La distance focale du système est contrôlable
grâce à des déphaseurs et aux tensions de contrôle des varactors dans le cas d’antennes CRLH
électroniques. Ainsi, en ajoutant un système de contrôle de type carte FPGA et des déphaseurs
électroniques, il serait possible d’utiliser notre système dans des systèmes RFID ou WiFi.
Une première utilisation pourrait être la localisation de tags RFID. Cette propriété est aujour-
d’hui très demandée pour retrouver des objets dans un stock ou dans un hangar [95].
Une deuxième application pourrait être l’optimisation de la transmission. En effet, en focali-
sant les ondes dans une zone de lecture, nous augmentons le taux de lecture d’un tag ou le débit
de liaison sans avoir à augmenter la puissance émise. Or, nous savons que les normes RFID et
WiFi sont très restrictives en termes de puissance d’émission. De plus, les ondes RF sont des
phénomènes qui font peur au grand public. (Nous l’avons vu récemment dans les médias avec
le grenelle des ondes qui a eu lieu en France en juin 2009.) Ce type de système va dans le sens
d’une diminution des puissances mises en jeu, donc d’une diminution du risque pour la santé, si
risque il y a.
Il serait aussi interéssant de pouvoir modifier la position du point focal suivant plusieurs axes.
En utilisant une distribution de phase différente, nous pensons possible le contrôle du point fo-
cal suivant les axes X et Y . Enfin, d’autres pistes d’optimisation sont à explorer comme, par
146 Réseau d’antennes CRLH à onde de fuite pour des applications de focalisation

0.35

Dipôle
0.3 AOF α=0.05 k0
AOF α=0.01 k0
0.25
Erreur (%)

0.2

0.15

0.1

0.05

0
0 0.5 1 1.5 2 2.5 3 3.5
Distance focale (m)

(a)

4
Dipôle
3.5 AOF α=0.05 k0
AOF α=0.01 k0
3
Largeur à mi−hauteur (m)

2.5

1.5

0.5

0
0 0.5 1 1.5 2 2.5 3
Distance focale (m)

(b)

F IGURE 4.29 – (a) Erreur de focalisation et (b) largeur à mi-hauteur du point focal en fonction
de la distance focale pour un réseau d’antennes dipôle, un réseau d’AOF CRLH de coefficient
α égale à 0.01 k0 et un réseau d’AOF CRLH de coefficient α égale à 0.05 k0 . Les réseaux sont
constituées de trois cercles de 6 antennes. Le diamètre du système est de 1 m.

exemple, cumuler une distribution de phase et une distribution d’amplitude ou utiliser de la di-
Conclusion 147

versité en polarisation pour définir plusieurs canaux de focalisation.

4.8 Conclusion
Nous venons de présenter le concept d’un système de focalisation fonctionnant à la fréquence
de 5.8GHz basé sur un réseau d’antennes de type AOF CRLH. Nous avons montré théorique-
ment que ce système permettait de focaliser les ondes en modifiant la phase des antennes du
réseau et la direction d’émission des AOF CRLH. L’utilisation de ces dernières permet de mi-
nimiser les lobes parasites présents à ces fréquences et de mimnimiser l’erreur de focalisation.
Afin de valider le concept, nous avons réalisé un prototype en utilisant un réseau circulaire de
18 antennes dipôles placées sur trois cercles. Deux déphaseurs sont nécessaires pour contrôler
la distance focale. Nous avons effectué une focalisation à une distance de 85cm et une autre à
1m avec un diamètre de réseau de 1 m. Les résultats pratiques que nous avons eus sont en bonne
concordance avec la théorie et la simulation. Cette étude préliminaire nous encourage maintenant
à concevoir un réseau d’AOF CRLH. Pour cela, une étude théorique beaucoup plus approfondie
est d’abord nécessaire avant d’intégrer ce type d’antenne dans un réseau.
148 Réseau d’antennes CRLH à onde de fuite pour des applications de focalisation
Conclusion

Contributions

Le travail que nous venons de présenter a été séparé en quatre sections principales. Nous
avons tout d’abord introduit les éléments de théorie sur les AOF et sur les MMT. Nous en avons
aussi profité pour expliquer le contexte de notre étude au travers d’un état de l’art détaillé du
domaine.
Le deuxième chapitre fut consacré à la modélisation et à la conception optimale de cellules
CRLH et tout particulièrement la structure "capacité interdigitée/stub". Des modèles circuit dé-
taillées furent développés à partir des modèles existants. Ces modèles ont permis de diminuer
le temps de conception d’un circuit CRLH en diminuant le nombre d’itération entre la simula-
tion circuit et la simulation EM. En effet, grâce à nos modèles, la cellule initiale est très proche
des spécifications. Dans un premier temps, en vue d’atteindre cet objectif, un outil d’aide à la
conception a été développé afin de faciliter la manipulation des formules théoriques. Grâce à une
interface graphique intuitive, l’utilisateur peut ainsi concevoir et modifier une structure CRLH
très rapidement. Ensuite, nous avons montré les limites du modèle circuit pour la conception de
structures CRLH plus complexes. Nous avons vu que le nombre de cellules influence la réponse
de la ligne de transmission de manière importante de telle sorte que, pour un nombre important
de cellules, il est impossible de concevoir une structure en étudiant uniquement la cellule uni-
taire. Pour cette raison, nous avons introduit une méthode de conception totalement automatisée
de lignes de transmission CRLH équilibrées.
La méthode se divise en deux étapes. La première utilise les modèles circuits pour obtenir
une première version de la structure. Puis, pour la seconde étape, le programme optimise la ligne
grâce à un algorithme génétique couplé au logiciel de simulation Ansoft Designer. Il permet
ainsi de réaliser les simulations électromagnétiques nécessaires à l’optimisation. Un exemple de
conception d’une ligne équilibrée de 10 cellules a ensuite été présenté. Pour expliquer les légères
différences entre la simulation et les mesures, une étude de sensibilité fut également menée. Nous
avons ainsi montré que les tolérances de fabrication expliquaient le léger déséquilibre observé en

149
150 Conclusion

pratique.
Pour finir, nous avons appliqué notre méthode de conception à un problème concret : les
lignes CRLH non uniformes. En effet, ce type de ligne peut être utilisé pour minimiser les lobes
secondaires des AOF CRLH. Or, il est presque impossible de concevoir ce type de structure
manuellement. Nous avons montré, pour la première fois, qu’il était possible de minimiser les
lobes secondaires des AOF CRLH en utilisant une structure non uniforme. Cette antenne fut
conçue de manière entièrement automatique sans aucune intervention humaine.
Le troisième chapitre a porté sur la conception d’un nouveau type d’AOF CRLH efficace
balayant électroniquement. Nous avons en premier lieu rappelé les propriétés de balayage spatial
en fréquence des AOF CRLH. Ensuite, nous avons présenté l’antenne à simple contrôle qui fut
réalisée au cours d’un projet précédent. Cette antenne utilise des diodes varactors pour modifier
la valeur des paramètres de la cellule CRLH et ainsi contrôler l’angle de rayonnement de la
structure. Une seule tension est utilisée pour contrôler les diodes. Or, l’impédance de Bloch de
l’antenne dépend aussi des paramètres de la cellule unitaire. Il en découle une forte désadaptation
lors du balayage spatial. Un balayage de ±50◦ fut obtenu mais au prix d’une mauvaise adaptation,
le coefficient de réflexion de l’antenne étant supérieur à -10 dB.
Pour résoudre ce problème, nous avons proposé une structure avec deux contrôles indépen-
dants par des diodes varactors. L’étude théorique nous a permis de montrer que, grâce à ce double
contrôle, il était possible de modifier à la fois l’angle de rayonnement et l’impédance d’entrée de
l’antenne.
Suite à cette étude, nous avons pu choisir les diodes varactors dont nous avions besoin.Nous
les avons caractérisées afin d’être sûr des valeurs de capacités que nous pouvions obtenir. Pour
cela, des mesures ont été effectuées avec une calibration TRL afin d’extraire la réponse en fré-
quence des diodes. Nous avons remarqué des différences de l’ordre de 10% à 37% par rapport
aux données constructeur.
Une antenne de 10 cellules fut réalisée. Nous avons obtenu un balayage de −25◦ à +35◦
avec un coefficient de réflexion inférieur à -10 dB. A cause des performances limitées des diodes
varactors et de la sensibilité de la structure, le balayage spatial fut inférieur à ce que nous pensions
obtenir. Nous avons toutefois proposé des pistes d’amélioration pour augmenter cette plage et
avons aussi prouvé qu’il était possible de concevoir des AOF scannant électroniquement avec
une bonne adaptation.
Le quatrième chapitre fut consacré à l’étude d’un réseau d’AOF CRLH pour des applications
de focalisation. Le principe de fonctionnement des réseaux à phase ainsi que leur utilisation fut
tout d’abord introduit. Nous avons ensuite développé la théorie de ce genre de structure grâce
au principe de Huygens. Une étude théorique d’un réseau sphérique de sources isotropes fut tout
d’abord menée. Nous avons alors montré que la focalisation était possible même avec un nombre
Conclusion 151

réduit de sources. Il faut faire cependant quelques concessions sur les performances car des lobes
parasites apparaissent lorsque le nombre de sources diminue. Afin de limiter l’encombrement et
faciliter la modification de la longueur focale du système, nous avons calculé la distribution
de phase qu’il était nécessaire d’appliquer pour utiliser un réseau planaire au lieu d’un réseau
de forme sphérique. Nous avons montré que les performances étaient similaires dans les deux
cas. Seule une augmentation de la profondeur du point de focalisation de quelques pourcent fut
observée.
Les sources isotropes furent ensuite remplacées par des antennes dipôles. L’étude théorique
nous a permis de mettre en évidence que la disposition radiale des antennes permettait de mini-
miser les lobes parasites. En effet, les dipôles étant des sources omnidirectionnelles, le champ
rayonné est nul suivant l’axe de l’antenne. Les lobes parasites proches du réseau sont donc mini-
misés.
Afin de valider le concept, nous avons réalisé un réseau de trois rangées circulaires de six an-
tennes dipôle de diamètre 0.2 m, 0.6 m et 1 m respectivement. Grâce à cette géométrie, seuls deux
déphaseurs sont nécessaires pour contrôler le point de focalisation du système. Deux distances
focales furent mesurées : 850 mm et 1000 mm. Les mesures sont en très bonne concordance avec
la théorie et la simulation électromagnétique.
Nous avons terminé par une étude des réseaux fait avec des AOF CRLH. Grâce à la forte
directivité et à la propriété de balayage de ce type d’antenne, il est possible de diminuer sensi-
blement les lobes parasites autour du point de focalisation sans détériorer les performances du
système.

Perspectives
Les résultats obtenus dans ce mémoire sont variés et les perspectives le sont tout autant.
Le deuxième chapitre a montré que, même si beaucoup d’applications ont déjà été développées
avec des structures CRLH, beaucoup reste à faire, notamment en ce qui concerne les structures
CRLH non uniformes. Il serait intéressant de concevoir une antenne non uniforme afin de valider
notre approche d’optimisation automatique des AOF CRLH. Des lignes de transmission avec une
réponse en phase quadratique seraient, par exemple, très utiles pour la détection d’impulsions
[106].
Dans le troisième chapitre, nous avons réalisé une AOF électronique à double contrôle. Nous
avons montré qu’il était possible de modifier électroniquement l’angle de rayonnement de la
structure tout en conservant une bonne adaptation. Cependant, à cause des performances des
diodes et de la sensibilité de la structure, un balayage restreint fut obtenu. En se basant sur notre
étude, la suite du projet serait de concevoir une nouvelle antenne balayant cette fois-ci de −90◦
152 Conclusion

à +90◦ puis de l’utiliser dans un système de type MIMO. Ceci afin d’étudier en pratique le gain
qu’il est possible d’obtenir en termes de capacité du canal . Pour le moment, seule une étude
théorique fut menée par Frigon et al. [90].
Enfin, le dernier projet concernant les réseaux d’AOF CRLH est certainement le moins étu-
dié, faute de temps, et donc celui qui offre le plus grand nombre de perspectives. Pour le moment,
nous avons prouvé théoriquement le fonctionnement de notre système. Puis nous avons montré
en pratique que la focalisation était possible avec un réseau d’antennes dipôle. Des études com-
plémentaires sur le placement des antennes dans le réseau, de la focalisation hors de l’axes sont
des sujets encore à étudier et à approfondir. Une autre piste à creuser serait d’utiliser l’AOF
CRLH électronique afin de concevoir un système performant et totalement reconfigurable. En-
suite, il serait possible d’intégrer le réseau dans un système RFID pour mesurer les gains en
termes de taux de lecture qu’il est possible d’obtenir. Enfin, un système de localisation des tags
RFID pourrait être développé.
Annexes

A.1 Caractérisation des diodes MSV34064 et MSV34075


Les figures suivantes présentent les paramètres S calculés avec les valeurs du constructeur et
ceux mesurés pour les diodes MSV34064 et MSV34075 pour une tension de 0V et 28V.

A.2 Layout des jonctions 1 vers 2 et 1 vers 8 du circuit d’alimentation


Les figures 4.34 et 4.35 présentent les layout des jonctions 1 vers 2 et 1 vers 8 du circuit
d’alimentation du réseau d’antennes du chapitre 4. Les dimensions du layout sont regroupées
dans le tableau 4.1.

153
154 Annexes

Tableau 4.1 – Dimensions des jonctions 1 vers 2 et 1 vers 8 du circuit d’alimentation du réseau
d’antenne du chapitre 4.

Paramètres Dimensions (mm)

a 47.3
b 17.08
c 5.084
d 17.08
e 6.38
f 18
g 5.084
h 1.8
i 3.84
Annexes 155

0 0

−10 −1
|S11| (dB)

|S21| (dB)
−20 −2

−30 −3

−40 −4
1 2 3 4 5 1 2 3 4 5
F (GHz) F (GHz)

50 60
mesures
modèle constructeur
40
phase S11 (°)

0 phase S21 (°)


20

−50
0

−100 −20
1 2 3 4 5 1 2 3 4 5
F (GHz) F (GHz)

(a)

0 0

−2
−5
|S11| (dB)

|S21| (dB)

−4
−10
−6
−15
−8

−10 −20
1 2 3 4 5 1 2 3 4 5
F (GHz) F (GHz)

0 100
mesures
modèle constructeur
80
−20
phase S11 (°)

(°)
21

60
phase S

−40
40
−60
20

−80 0
1 2 3 4 5 1 2 3 4 5
F (GHz) F (GHz)

(b)

F IGURE 4.30 – Paramètres S calculés avec les valeurs du constructeur et ceux mesurés pour les
diodes MSV34064 pour (a) Vp = 0V , (b) Vp = 28V
156 Annexes

0 0

−20 −0.2
|S11| (dB)

|S | (dB)
−40 −0.4

21
−60 −0.6

−80 −0.8
1 2 3 4 5 1 2 3 4 5
F (GHz) F (GHz)

100 30
mesures
modèle constructeur
20
0
phase S11 (°)

phase S21 (°)


10
−100
0
−200
−10

−300 −20
1 2 3 4 5 1 2 3 4 5
F (GHz) F (GHz)

(a)

0 0

−5
−2
−10
|S11| (dB)

|S21| (dB)

−15 −4

−20
−6
−25

−30 −8
1 2 3 4 5 1 2 3 4 5
F (GHz)
F (GHz)

−20 80
mesures
modèle constructeur
60
−40
phase S11 (°)

phase S21 (°)

40
−60
20
−80
0

−100 −20
1 2 3 4 5 1 2 3 4 5
F (GHz) F (GHz)

(b)

F IGURE 4.31 – Paramètres S calculés avec les valeurs du constructeur et ceux mesurés pour les
diodes MSV34075 pour (a) Vp = 0V , (b) Vp = 28V
Annexes 157

0 0

−10 −1
|S | (dB)

|S21| (dB)
−20 −2
11

−30 −3

−40 −4
1 2 3 4 5 1 2 3 4 5
F (GHz) F (GHz)

100 60
mesures
modèle circuit
50 40
phase S11 (°)

phase S21 (°)


0 20

−50 0

−100 −20
1 2 3 4 5 1 2 3 4 5
F (GHz) F (GHz)

(a)

0 0

−2
−5
|S11| (dB)

|S21| (dB)

−4

−6
−10
−8

−10 −15
1 2 3 4 5 1 2 3 4 5
F (GHz) F (GHz)

0 80
mesures
modèle circuit
−20 60
phase S11 (°)

(°)
21
phase S

−40 40

−60 20

−80 0
1 2 3 4 5 1 2 3 4 5
F (GHz) F (GHz)

(b)

F IGURE 4.32 – Paramètres S calculés avec les valeurs du constructeur et ceux mesurés pour les
diodes MSV34064 pour (a) Vp = 0V , (b) Vp = 28V
158 Annexes

−10 0

−15 −0.2
|S11| (dB)

|S | (dB)
−20 −0.4

21
−25 −0.6

−30 −0.8

−35 −1
1 2 3 4 5 1 2 3 4 5
F (GHz) F (GHz)

100 20
mesures
modèle circuit
50 10
phase S11 (°)

phase S21 (°)


0 0

−50 −10

−100 −20
1 2 3 4 5 1 2 3 4 5
F (GHz) F (GHz)

(a)

0 0

−0.2
−10
|S11| (dB)

|S | (dB)

−0.4
−20
21

−0.6
−30
−0.8

−40 −1
1 2 3 4 5 1 2 3 4 5
F (GHz) F (GHz)

−20 60
mesures
modèle circuit
−40 40
phase S11 (°)

phase S21 (°)

−60 20

−80 0

−100 −20
1 2 3 4 5 1 2 3 4 5
F (GHz) F (GHz)

(b)

F IGURE 4.33 – Paramètres S calculés avec les valeurs du constructeur et ceux mesurés pour les
diodes MSV34075 pour (a) Vp = 0V , (b) Vp = 28V
Annexes 159

d
f
e

F IGURE 4.34 – Layout de la jonction 1 vers 2 du circuit d’alimentation du réseau d’antenne du


chapitre 4.

d e

c
b

i h

F IGURE 4.35 – Layout de la jonction 1 vers 8 du circuit d’alimentation du réseau d’antenne du


chapitre 4.
160 Annexes
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Résumé
Dans ce travail, nous nous intéressons au développement de nouvelles fonctions radiofréquences basée
sur des Antennes à Onde de Fuite (AOF) de type composite main gauche/droite (CRLH en anglais). Dans
la première partie du mémoire, la théorie ainsi que l’état de l’art des AOF et des structures CRLH est pré-
sentée. La deuxième partie concerne la modélisation circuit et la conception automatique d’AOF CRLH.
Nous avons prouvé que le modèle classique décrivant des capacités interdigitées proposé par G. Allen de-
vait être complété, ce que nous avons fait. Nous avons aussi développé un outil semi-automatique d’aide
à la conception permettant la synthèse et l’analyse d’une cellule CRLH en technologie micro-ruban. En-
suite, nous avons développé une méthode entièrement automatique de conception de lignes CRLH que
nous avons appliquée à la conception d’une AOF CRLH non uniforme afin de minimiser les lobes se-
condaires. Une diminution de 5.9 dB fut observée. C’est une première. La troisième partie porte sur la
conception d’une AOF électronique permettant un balayage spatial à fréquence fixe tout en conservant
l’adaptation. Nous avons obtenu un balayage de -25◦ à 30◦ pour une impédance constante de 50 Ω. La
quatrième partie est dévouée à l’utilisation des AOF CRLH dans un réseau circulaire plan pour des ap-
plications de focalisation. La configuration circulaire permet un ajustement dynamique de la distance de
focalisation. Un réseau plan d’antennes dipôle a été réalisé et testé. Des distances de focalisation de 85 et
de 100 cm furent testées et comparées aux modèles théoriques. Les écarts sont minimes. Enfin, une idée
originale de réseaux avec des AOF CRLH est présentée.
Mots clés : Antenne à onde de fuite, CRLH, méta-matériau, main gauche, modélisation, réseau à phase,
focalisation, radiofréquence.

Abstract
This work deals with the study of new radiofrequency applications based on the Composite Right/Left
Handed (CRLH) Leaky-Wave Antenna (LWA). In the first part, we introduce the LWA and the CRLH
theory. In the second part, circuit modelisation and automated design of CRLH structures are presented.
We proved that the classical circuit model of interdigital capacitors introduced by G. Allen needed to be
completed and improved. We also developed a semi-automated tool for the synthesis and the analysis of
a micro-strip CRLH unit cell. Afterword, a first fully automated approach to design CRLH transmission
lines is presented. We used this approach to reduce the side lobes level of a non uniform CRLH LWA. A
decrease of 5.9 dB was observed. This is the first time that such a conception was done. The third part is
devoted to the design of an electronic CRLH LWA using a double tuning to scan at constant frequency wi-
thout mismatching. We obtained a scan from -25◦ to +30◦ for a constant impedance of 50 Ω. The subject
of the fourth part is the use of phased antenna array for focalisation applications. Circular configuration
was chosen because it easily allows dynamic modification of focal lengths. Dipole antennas array was
realized and tested. Focal lengths of 85 cm and 100 cm were both tested and good agreement with respect
to simulation was observed. Finally, a novel use of CRLH LWA in a phased antenna array is presented.
Key words : Leaky wave antenna, CRLH, metamaterials, left handed, modelisation, phased array antenna,
focusing applications, radiofrequency.

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