L’alimentation est une fonction vitale qui apporte les éléments nutritionnels
indispensables à une bonne santé physique et psychologique. Un équilibre
doit être trouvé entre exigences personnelles, culturelles et métaboliques.
L’alimentation est aussi une pratique sociale, familiale et culturelle qui
permet à la personne de prendre une place dans son environnement.
Ceci explique :
• la diversité des facteurs à l’origine des TCA;
• la continuité entre préoccupations alimentaires sans lendemain
et troubles pathologiques (anorexie et boulimie);
• la variété des modes d’expression d’une souffrance
psychologique.
Anorexie mentale
C’est une perturbation de la relation à l’alimentation, qui
survient le plus souvent chez les jeunes flles entre 14 et
18 ans (dans 10 % des cas chez les garçons). Il existe des
anorexies pré-pubaires (survenant avant l’apparition des
premières règles). Ce trouble peut aussi débuter à l’âge
adulte (1).
L’anorexie mentale est caractérisée par une peur de s’alimenter
ou de prendre du poids. La recherche de la minceur ou d’un poids
idéal conduit à perdre du poids ou à maintenir un poids
bas. Il existe deux types d’anorexie mentale, la première est
l’anorexie restrictive où la perte de poids est due à la diminution
de l’alimentation en suivant des régimes restrictifs et/ou à
l’exercice physique intensif ; et la seconde, l’anorexie avec des
vomissements ou des épisodes de boulimie. La boulimie est
caractérisée par la présence de crises au cours desquelles la
personne éprouve une sensation de perte de contrôle de la prise
alimentaire. Ces crises sont suivies de vomissements ou d’autres
stratégies pour compenser la prise de poids redoutée. Une
autre forme de boulimie est appelée hyperphagie boulimique dans
laquelle la personne ne se fait pas vomir .
L’anorexie n’a rien à voir avec… l’anorexie mentale
Le terme « anorexie » signife simplement une perte de l’envie de manger. Il
s’agit d’un symptôme dans de nombreuses maladies comme le cancer,
certaines infections virales, des maladies de l’intestin, la dépression… C’est
donc très différent de l’anorexie mentale : dans l’anorexie mentale, la
personne lutte contre la sensation de faim et d’appétit. Certain(e)s
adolescent(e)s trouvent d’ailleurs la sensation de faim agréable.
Étonnamment, elles/ils aiment sentir leur ventre
vide, leur tête tourner et les maux d’estomac ne les font pas changer
d’attitude.
Les objectifs des soins psychologiques sont individuels et familiaux. Il est recommandé que la prise en charge
globale du patient souffrant de TCA comprenne un volet psychologique dans le but de l’aider à :
● comprendre et à coopérer à sa réhabilitation physique et nutritionnelle, pour réduire le risque physique ;
● comprendre et à modifer les attitudes dysfonctionnelles liées au trouble alimentaire, pour encourager le gain
de poids et tendre vers une alimentation équilibrée ;
● améliorer ses relations sociales et interpersonnelles, et lui permettre de façon plus globale de se sentir plus en
confance et en sécurité pour avancer dans sa vie ;
● traiter les éventuelles comorbidités psychiatriques, le mode de fonctionnement des personnalités pathologiques
ou les dimensions de personnalité et les conflits psychiques qui contribuent à renforcer ou à maintenir
les troubles du comportement alimentaire.
Volet cognitivo-comportemental :
La thérapie cognitivo-comportementale est un moyen efficace de
traitement de l’anorexie mentale : elle a fait la preuve de son
efficacité au sein d’études randomisées. Dans ces études, le
groupe « contrôle » était constitué de malades sur la liste d’attente
ou, dans quelques études, de malades sous psychothérapie
individuelle de type psychanalytique [18].
La TCC consiste à identifier avec le malade les pensées, les émotions
et les sentiments qui l’agitent lorsqu’il rejette l’acte de s’alimenter,
lorsqu’il ressent le besoin d’une hyperactivité physique ou d’une crise
de boulimie [2-18].
La TCC ne cherche pas le « pourquoi » dans l’enfance, mais le «
comment » dans le présent. Elle cherche aussi à donner aux malades
des pistes concrètes pour ne plus le faire ([18].
Traitement médicamenteux :
Il n’existe pas de traitements médicamenteux qui permettent la prise
de poids, et la guérison de l’anorexie [8-9-14].
Les anxiolytiques sont sans effet.
Les antidépresseurs imipraminiques et autres non sérotoninergiques
ont eu une certaine efficacité dans de rares études (niveau de preuve
faible).
Les sérotoninergiques sont plutôt à déconseiller, sauf en cas de crises
de boulimie fréquentes et de poids pas trop bas (niveau de preuve
faible).
Les neuroleptiques ont eu une certaine efficacité dans de rares
études (niveau de preuve assez faible), mais font courir le risque de
crises de boulimie ou de compulsions alimentaires à terme. Les
neuroleptiques en revanche, s’ils n’aident pas à la prise de poids,
peuvent être utiles pour lutter contre une hyperactivité physique très
importante et des TOC mal contrôlés.