Résumé
L'écoulement maximum des crues pluviales est soumis à une grande variabilité spatiale. L'estimation
de cette caractéristique pour période de retour rare est conditionnée par la qualité des valeurs des
principales caractéristiques statistiques: moyenne, le coefficient de variation et le coefficient d'asymétrie.
Généralement, les séries d'observations hydrométriques sont courtes. Ceci engendre des écarts importants
par rapport aux valeurs réelles. Dans un contexte régional, l'écoulement maximum est généré par un
complexe de facteurs relativement continus dans l'espace. Les caractéristiques statistiques doivent en
principe refléter cette continuité et dépendre des principaux facteurs. L'analyse régionale permettrait de
corriger les valeurs des statistiques estimées séparément et de donner des valeurs reflétant le contexte
régional et aussi l'estimation des paramètres statistiques pour les sous-bassins non jaugés. Après
l'estimation des principales caractéristiques statistiques pour chaque sous-bassin on cherche les
dépendances avec les principaux facteurs. La relation analytique exprimant chacune des statistiques donne
la valeur régionale de celle-ci. L'objectif de la présente étude est de montrer l'utilité de l'analyse régionale et
de prouver que l'analyse fréquentielle fondée sur un seul échantillon provoquerait des écarts importants.
Mots clés: écoulement maximum, crue, débit spécifique moyen, coefficient de variation, coefficient
d'asymétrie.
1. ETAT DE LA QUESTION
L'évaluation quantitative des variables hydrologiques constitue l'étape importante dans toute
analyse statistique. Souvent en hydrologie, les calculs des écoulements probables s'appuient sur une
distribution statistique donnée, qui nécessite au moins trois paramètres: la moyenne, le coefficient
de variation et le coefficient d'asymétrie. L’estimation vraisemblable des paramètres statistiques
exige des séries suffisamment longues. Ce qui n’est pas le cas en Algérie. Rares sont les séries
hydrologiques qui dépassent le seuil de 40 années. Avec la taille réduite des séries, les valeurs
estimées des paramètres statistiques, séparément pour chaque bassin versant, comprennent des
écarts aléatoires énormes, surtout quand le régime hydrologique se caractérise par une grande
variation ( C v > 0.50 ). Alors, en considérant que le phénomène hydrologique est soumis à
l’influence conjuguée de facteurs physiques déterminants,.L’identification cette influence intégrée
permet d’estimation des paramètres statistiques de chaque bassin versant.
- 22 -
D'après Rojdetvensky et Tchebotariev [8], le recours aux méthodes statistiques en hydrologie
est confronté aux particularités spécifiques des phénomènes hydrologiques:
1- le volume réduit d'informations, impossible d’accroître assez, pour rallonger la série
hydrologique courte et estimer les paramètres statistiques, permettant l'extrapolation de la courbe de
fréquence en dehors des données d'observation.
2- Les séries de l'écoulement fluvial mesurées peuvent être non homogènes dans le temps et
dans l'espace. Souvent, la violation de l'homogénéité des séries des caractéristiques de l'écoulement
est liée à influence entropique.
3- l'existence de l'autocorrélation entre les éléments de la même série qui gêne le concept
aléatoire, d'où on a le volume d'information indépendante se réduit.
Généralement les séries hydrologiques sont de l'ordre allant de 20 à 40 ans. C'est pour cela, on
détermine seulement les deux premiers paramètres statistiques – la moyenne et le coefficient de
variation. En ce qui concerne le coefficient d'asymétrie C s , on le considère lié avec le coefficient de
variation Cv . A titre d'exemple, pour les séries des débits maxima des crues pluviales, on considère
=( ÷ )
que Cs 3 4 Cv et même plus [4].
Certains hydrologues [9] ont proposé l’estimation du coefficient de variation des bassin de la
plaine en fonction de la superficie du bassin Cv = a1 + m1 lg(S ) . Pour les bassins dans les régions
montagneuse, on développe le coefficient a1 = a2 + f (H ) ou en fonction de débit a1 = a3 + f (qo ) .
Les valeurs de l’écoulement moyen interannuel et celle du coefficient de variation peuvent être
déterminées par interpolation des valeurs des cours d’eau analogues [3, 4, 9].
4. COLLECTE DES DONNEES ET TRAITEMENT STATISTIQUE PAR BASSIN
VERSANT
Les bassins versants, objet de la présente étude, sont situés dans la partie nord de l'Algérie. Ils
sont soumis au climat méditerranéen et reçoivent des précipitations annuelles, variant de plus 1000
mm au bord de la mer à 100 mm sur las versant de l'Atlas saharien, c'est-à-dire qu’elles augmentent
avec la latitude. Les températures de l’air sont douces sur le littoral et plus élevées en allant vers
l’intérieure du pays, en direction du Sud. Le relief exprime une faible zonalité verticale.
Les données morphomètriques et hydrologiques sont saisies dans les annuaires de l’ANRH
2 2
[1]. Les surfaces des bassins versants, objet de cette étude, varient de 77 km à 8735 km . La taille
des séries des débits maxima varie de 9 à 26 années, dont les deux tiers sont de taille variant de 24 à
26. L'estimation des paramètres statistiques a été réalisée par la méthode des moments.
5. ANALYSE STATISTIQUE REGIONALE
Les débits maxima des crues pluviales sont le résultat des transformations des pluies brutes en
ruissellement. Ils dépendent du type de l'averse et des caractéristiques géomorphologiques et
morphométriques des versants, qui déterminent la genèse des eaux capable de ruisseler et les
conditions hydrauliques de ruissellement. Ils sont formés par le cumul des débits de ruissellement
qui arrivent en même temps des différentes parties du bassin, après avoir subit une régularisation
dans le réseau hydrographique durant leur parcours. La superficie du bassin représente une
caractéristique, qui intègre l’influence de plusieurs facteurs déterminant l’écoulement maximum,
notamment la réduction avec l’augmentation de celle-ci. La zonalité verticale, dictée par le relief,
est exprimée par l’altitude moyenne du bassin versant. L’influence de chacun de ses facteurs est
identifiée analyse graphique de ces dépendances.
5.1. Analyse de la dépendance q o = f (S , H )
-0,5
-1,0
-1,5
-2,0
-2,5
-3,0
-3,5
ln(qo)
-4,0
-4,5
Cette analyse n’a pas lieu, puisque nous savons que les valeurs de ce paramètre contiennent
de grandes erreurs.
ln(qo ) = −ln ⎢( + ) 0, 25 ⎢ + ln
⎡ S 12 ⎤
( ). Après quelques transformations, on obtient la formule de calcul
⎣
(H +Cq1) ⎦
o
suivante :
(H + 1)
0,0625
qo = C q
S+1
o
Les valeurs du coefficient Cqo n’ont pas vérifié le critère de normalité, d’où on ne peut pas
prendre la moyenne pour tous les bassins de la région. Et vu, qu’il croit avec l’augmentation de la
latitude, il peut être porté sur une carte sous forme d’isolignes (fig. 2)
Fig.2. Projet de la carte du coefficient C qo
Les valeurs du coefficient CCv n’ont pas vérifié le critère de normalité, d’où on ne peut pas
prendre la moyenne pour tous les bassins de la région. Et vu, qu’il décroît avec l’augmentation de la
latitude, il peut être porté sur une carte sous forme d’isolignes (fig. 3)
5,0
4,0
3,0
2,0
1,0
ln(Cv/qo)
0,0
0,0 0,5 1,0 1,5 2,0 2,5 3,0 3,5 4,0 4,5
-1,0
Fig.4. Dépendance Cs ⎛ Cv ⎞
= f⎢ ⎢
qo ⎝ qo ⎠
1,24
C
Cs =1.22 v0, 24
q o
On tire des cartes respectivement Cq = 2,76 et Ccv = 0,45 . On calcule les paramètres
o
,0625 km
S+1
o q
o
1, 24
Cv
de variation Cv = (S + 1) 0 ,0165
( H + 1) 0 ,119
= 1,13 et le coefficient d’asymétrie C s 0, 24
= 1,75 .
=1.22 qo
CC v
On tire la valeur de F1% = 3,47 du tableau de Foster/Rebkine.
L’influence de la zonalité verticale du relief pour la partie nord de l’Algérie est anéantie par
l’influence de la mer Méditerranée. C’est pour cette raison on a obtenu une relation du coefficient
de variation qui n’exprime pas la réduction de celui-ci avec l’augmentation de la surface. Ceci
pourrait être du au petit volume des observations et aussi à la qualité des données.
On pu mettre à l’évidence l’existence d’une relation analytique entre les trois paramètres
statistiques : qo , C v et C s . Ceci a permis de trouver l’expression du coefficient
d’asymétrie C s (qo , C v
).
La présente méthode d’analyse régionale est menée jusqu’à l’application pratique avec des
données fiables.
8. REFERENCES
1 -Annuaires Hydrologique de l’Algérie, Année 1993-1994, Agence Nationale des Ressources Hydrauliques.
2- Blokhinov E. G. Nouveaux procédés pour l’estimation des paramètres des variations aléatoires de l’écoulement
fluvial par les données des observations interannuelles. Travaux de GGI, 1968, tom 143, 134-185.
3- Détermination des principales caractéristiques hydrologiques de calcul (СП 33-101-2003). Comité d’Etat de la
Fédération de Russie de construction (ГОССТРОЙ РОССИИ). Moscou, 2004.
4- Goptchenko E.D., Gouchlia A.V. ‘’Hydrologie d’amélioration agricole’’, Guidrométéoizdat, Leningrad, 1989.
5- Kritsky S. N., Menkel F. O. “ Concernant les principes du choix des paramètres des ouvrages de régularisation de
l’écoulement. Dans le livre « Les problèmes de régularisation de l’écoulement fluvial », 1948, tom 2, pages 5-43.
6- Ladjel Mahmoud :’’Contribution à la méthode de cartographie de l’écoulement moyen interannuel (EMI) des cours
d’eau du bassin méditerraneen’’. Conférence Internationale Géoengineering’2000, USTHB/IGC, 11,12 et 13 juin 2000,
Alger.
7- Ladjel Mahmoud: ‘’Nouvelle voie d’évaluation des ressources hydriques superficielles’’.Colloque Méditerranéen
Eau-Envoronnement, CMEE’2000,2 et 3 octobre 2000, Alger.
8- Rojdestvensky A. V. , Tshebotariov A. I. “ Méthodes statistiques en hydrologie”. Ghidrométéoizdat , Leningrad,
1974.
9- Sokolovsky D.L. ‘’L’écoulement fluvial ’’.Guidrométéoizdat, 1959.