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MOTIVATIONS ET JUSTIFICATIONS DU
PROJET
SOMMAIRE
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Chapitre 1 - Motivation et Justification du projet
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Chapitre 1 - Motivation et Justification du projet
Ce monde des nanomatériaux concerne aussi bien celui de la matière molle que
celui de la matière solide et les champs d’applications sont extrêmement vastes
puisqu’ils s’étendent de l’optoélectronique aux biomatériaux. Kamigaito
[KAMIGAITO 1991] a suggéré que l’obtention des microstructures nanocristallines
peut entrainer une amélioration des propriétés d’un matériau quand la taille est
inférieure à une certaine valeur (tableau 1).
Tableau 1 : différentes tailles particulières pour des changements des propriétés [KAMIGAITO 1991]
Taille prévue au-deçà de
laquelle des propriétés
seront améliorées (nm)
Activité catalytique <5
Elaboration des matériaux magnétiques doux <20
Production d’un changement de l’indice de réfraction <50
Production des phénomènes super paramagnétisme et <100
électromagnétique
Modification de la dureté, plasticité <100
Modification de la résistance, la ténacité <100
Ces changements potentiels dans les propriétés ont suscité l’intérêt de
nombreuses recherches, ayant pour but l’amélioration des performances des matériaux,
telles les propriétés mécaniques qui seront détaillées par la suite.
Les propriétés mécaniques des matériaux céramiques sont liées à la
microstructure. Les défauts préexistants dans les matériaux peuvent sous l’effet d’une
contrainte mécanique ou thermique conduire à une fissuration et une rupture des
pièces.
La première approche suivie pour décrire le comportement des matériaux
céramiques est fondée sur le critère de Griffith, reliant la résistance à la rupture à la
taille de défauts. Des microstructures de plus en plus fines ont été développées, afin de
diminuer la taille et la répartition des défauts préexistants qui sont à l’origine de la
rupture.
La deuxième démarche consiste à développer des microstructures qui
permettent d’augmenter la ténacité des matériaux en introduisant des mécanismes de
renforcement. L’amélioration des propriétés mécaniques est ainsi obtenue dans les
céramiques composites. Selon la classification de Niihara [NIIHARA 1991], on
distingue pour les nano-composites (figure 2), les composites de type intra-granulaire,
inter-granulaire, ou mixte (dans ces trois cas, on se réfère à la distribution d’une phase
nanométrique minoritaire vis-à-vis d’une phase majoritaire micrométrique), et en outre
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Chapitre 1 - Motivation et Justification du projet
les composites entre deux phases d’échelle nanométrique pour lesquelles il peut y
avoir ou non percolation.
Propriétés élastiques :
La limite d’élasticité est reliée à la taille des grains par l’équation (Hall-Petch)
suivante :
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−
Re = Re0 + K × d 2
Re0 est la limite élastique du monocristal, K est une constante et d est la taille du
grain. La limite d’élasticité augmente donc quand la taille de grains diminue.
Cette croissance de la limite élastique lorsque la taille du grain décroît
s’accompagne d’un déplacement vers les hautes températures de la transition fragile-
ductile. Le phénomène a été décrit par Cottrell [COTTRELL 1958] comme étant la
conséquence de l’interaction des dislocations avec les joints de grains qui constituent
un obstacle à leur propagation ; des empilements de dislocations se forment jusqu’à ce
que la dislocation en tête de l’empilement soit soumise à une contrainte seuil lui
permettant de se transmettre au grain voisin.
Le comportement en d-0.5 est bien établi dans tout le domaine qui s’étend du
millimètre au micromètre. Cependant, pour les cristaux de taille nanométrique un
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Chapitre 1 - Motivation et Justification du projet
autre phénomène devient important plus la taille des grains diminue et agit en sens
inverse. Ce phénomène est la diffusion aux joints de grains Ds, appelé fluage de Coble
[COBLE 1963] qui peut s’exprimer selon la relation :
• B ⋅ σ ⋅ Ve ⋅ D j
ε =
d 3 ⋅ K B ⋅T
•
Avec ε est la vitesse de déformation, σ la contrainte appliquée, V volume
atomique, e épaisseur du joint de grains, Dj coefficient de diffusion aux joints, KB
constante de Boltzmann, T température, d diamètre du grain. Il s’agit d’un fluage de
type newtonien (proportionnel à σ). Ce phénomène ne doit cependant pas être
significatif à température ambiante dans les céramiques.
Un autre effet conduit également à un adoucissement relatif du matériau pour
des tailles des grains nanométriques : le déplacement des dislocations n’est plus limité
par le cisaillement de la forêt de dislocations (c’est-à-dire l’intersection par une
dislocation mobile des autres dislocations existantes considérées comme fixes) car le
contournement d’Orowan devient plus facile du fait de la réduction de la portée à
grande distance (limitée par la taille des grains) du champ élastique des dislocations.
L’ensemble de ces considérations est en accord avec les observations expérimentales
qui donnent, pour les cristaux nanométriques, des valeurs plus faibles, voire dans
certains cas négatives du coefficient K de la loi de Hall-Petch.
Résistance à la rupture :
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Chapitre 1 - Motivation et Justification du projet
Dureté :
La dureté (H) d’un matériau est définie par le rapport entre la force (F)
appliquée sur un poinçon et l’empreinte (A) résiduelle laissée dans le matériau après le
retrait de l’indenteur :
F
Η=
A
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Chapitre 1 - Motivation et Justification du projet
Dans le cas des matériaux à gros grains, la déformation plastique se traduit par
la nucléation et/ou la mise en mouvement de lignes de dislocations dans le matériau.
La contrainte nécessaire pour activer une telle source dépend de la distance séparant
les deux points d’ancrage d’une dislocation. On comprend donc aisément que la
diminution de la taille des grains induit une réduction de la distance entre points
d’ancrage et donc une augmentation de la limite d’élasticité. La relation empirique de
Hall-Petch rend compte de ce phénomène.
Ténacité :
Superplasticité :
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Chapitre 1 - Motivation et Justification du projet
Etant une étape essentielle dans la fabrication des composés nanostructurés, des
efforts ont été réalisés pour assurer la production d’une poudre tout en faisant un
contrôle approprié de la taille des particules, de la présence des agglomérations et du
degré de contamination. Un grand nombre de techniques sont apparues pour la
fabrication des particules ultrafines. La plupart de ces techniques peuvent être classées
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Chapitre 1 - Motivation et Justification du projet
en trois domaines : techniques chimiques (dans une phase gazeuse, phase liquide, ou
bien phase plasma), broyage mécanique.
La synthèse par CVD « Chemical Vapor Deposition » est l’une des techniques
conventionnelles utilisées pour la synthèse de poudres céramiques. Dans cette
technique, un précurseur est transformé en gaz, suivie de la décomposition à basse
pression en nanoparticules. Cette technique a été utilisée pour la synthèse des
nanotubes de carbone [IIJIMA 1991]. Un processus similaire, la technique de
condensation d’une phase gazeuse, développé initialement pour la production des
métaux par Gleiter [GLEITER 1981], a été utilisé pour la production des oxydes par
oxydation directe du métal [SIEGEL 1988, ZALITE 2003]. Il est nécessaire de
mentionner que cette technique permet un bon contrôle de la taille des particules, de la
largeur de la distribution en taille. De plus, les paramètres d’élaboration peuvent être
ajustés afin d’éviter la croissance et l’agglomération des particules formées, ainsi que
la contamination de la poudre formée.
La pyrolyse laser (procédé chimique), impliquant la décomposition des
précurseurs chimiques pour former un nouveau composé, est fréquemment employée
pour la fabrication des poudres nanométriques. Cette méthode permet un bon contrôle
des réactions et de la production de poudre de haute pureté. Toutefois, le défi majeur
rencontré lors de la synthèse par le biais de cette méthode est l’agglomération et
l’élargissement de la distribution en taille des particules formées, en raison de la forte
température de synthèse utilisée [WANG 2002]. Pour surmonter ces difficultés, des
sources de chaleur telles que les lasers, plasma et micro-onde ont été utilisées pour
générer un profil de température favorable. La pyrolyse des précurseurs polymères
permet le développement d’une poudre nanométrique amorphe de Si-C-N, qui sera
ensuite utilisée pour produire des nano-composites Si3N4-SiC [WAN 2005].
La précipitation chimique est l’une des méthodes utilisées fréquemment en
industrie et en laboratoire de recherche. Dans ce processus, une solution contenant des
agents de précipitation, tel que l’hydroxyde ou l’acide oxalique, est ajoutée à la
solution contenant des cations de l’oxyde désiré [TANI 1983]. Cette étape est suivie
par élimination des précipités par chauffage. Durant cette dernière étape, la formation
de cous entre les particules peut avoir lieu. L’un des moyens employés pour éviter la
croissance des cristallites est l’utilisation des surfactants. Par exemple, la thermolyse
de fer carbonyle dans des solutions contenant un surfactant [CHOW 1992] permet de
produire un ferrofluide contenant des particules de fer amorphe.
Les techniques sol-gel sont largement utilisées. Ces techniques permettent de
produire des nanomatériaux à partir de solutions d’alkoxydes ou de solutions
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Chapitre 1 - Motivation et Justification du projet
colloïdales. La voie alkoxyde est celle qui est la plus adaptée pour la production de
nano-céramiques d’oxydes réfractaires (alumine, zircone). Le contrôle simultané de la
taille, de la morphologie et de la surface des particules est l’un des avantages de
l’utilisation de la méthode sol-gel [BARRINGER 1982]. Cependant, cette méthode est
limitée par le cout élevé des précurseurs alkoxydes.
Parmi les méthodes physiques de la fabrication des poudres nanométriques, on
cite l’usure mécanique à broyage haute énergie « HEBM : high energy ball milling »
qui a suscité un intérêt considérable dans les applications industrielles. Cette technique
a été initialement développée par J.S. Benjamin de la société INCO pour fabriquer des
superalliages durcis par des dispersions d’oxydes. Assez vite, cette technique a été
utilisée pour broyer des poudres micrométriques (1 à 30 µm) afin de produire des
matériaux nanométriques. La mécano-synthèse permet aussi de synthétiser des nano-
matériaux. Les nano-poudres obtenues par cette méthode présentent généralement des
impuretés dues à la contamination par les medias de broyage et une distribution large
des particules. De plus, les particules produites ne sont pas sphériques. Cependant, à la
différence de quasiment toutes les autres techniques évoquées, le broyage haute
énergie permet d’obtenir des nano-matériaux en quantités qui s’expriment en
kilogrammes, voire en tonne. La simplicité de cette méthode et le rendement du
produit formé rend cette méthode la plus utilisée. Jusqu’à ce jour, une grande variété
des céramiques nano-composites a été développée en utilisant des poudres produites
par HEBM [ZHAN 2003, ZHAN 2004, YOSHIMURA 2001, ZHOU 2005].
Toutes les méthodes, citées ci-dessus, possèdent la capacité de produire des
poudres ayant une taille de particule nanométrique. Cependant, chaque méthode
possède des inconvénients et des limites. En effet, la synthèse des précurseurs des
poudres nanocristallines, par la méthode de condensation en phase vapeur ou par les
méthodes de synthèse chimique, nécessite un contrôle précis des paramètres de
l’élaboration (température, pH, pression, etc.) de façon à éviter la croissance et
l’agglomération des particules formées. L’augmentation de la température, conduisant
dans des conditions extrêmes à un accroissement dit « explosif » du nombre de
germes, permet par exemple de limiter la quantité de matériau disponible pour leur
croissance. D’autre part, le broyage mécanique, ayant un potentiel de produire des
poudres nanométriques en grande quantité, possède une limitation importante. Il existe
une limite au dessous de laquelle la taille des particules ne peut pas être réduite par
cette technique. Des expérimentations, ainsi que des analyses théoriques ont prédit que
le niveau de stress généré durant le HEBM n’est pas capable de réduire la taille des
particules au dessous de 25-50 nm [ZHANG 2004, KIM 2001].
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Chapitre 1 - Motivation et Justification du projet
A.IV.1.2 Les défis posés par les propriétés des poudres nanométriques
Figure 3 : Observation au microscope électronique à transmission d’une poudre fine de ZrO2 montrant
l’état d’agglomération de la poudre [GAO 2001]
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3Y-TZP, une pression de ~480 MPa de la poudre donne seulement une densité à cru de
45% [RHODES 1981]. Avec l’application d’une plus grande pression de l’ordre de
~1GPa, des densités à cru de 51% et 62% sont obtenues respectivement pour des
particules de ZrO2 (~10nm) [SKANDAN 1995] et de TiO2 (~15nm) [WAGNER
1991]. L’application d’une grande pression peut donc forcer les particules à se
réarranger tout en améliorant la densité d’empilement. Cependant, des contraintes
résiduelles sont formées dans le compact, pouvant causer la fissuration durant la
manipulation du compact ou durant le frittage.
D’autre part, en raison des problèmes d’agglomération remarqués sur les
poudres nanométriques, un contrôle approprié de l’agglomération est nécessaire au
cours des différentes étapes de mise en forme. La présence d’agglomérats dans le
compact influence la densification. En effet, plus la taille des agglomérats est grande,
plus la taille des pores inter-agglomérat est large, ce qui augmente la distance de
diffusion et par conséquent diminue la vitesse de densification. Une température
élevée sera ainsi nécessaire pour avoir une bonne densification. Cependant, avec une
température élevée, la croissance des grains est favorisée, ce qui rend difficile le
maintien d’une structure nanocristalline.
De plus, la présence des agglomérats donne lieu à une distribution bimodale de
porosité : inter-agglomérat et intra-agglomérat (voir figure 4). Durant le frittage, les
pores intra-agglomérats (plus petits en taille) s’éliminent plus rapidement que les pores
inter-agglomérats. Ainsi, au cours de la dernière étape de frittage, les grosses porosités
hétérogènes issues des pores inter-agglomérats favoriseront la croissance des grains.
Suite à l’effet nocif des agglomérats sur l’obtention d’un matériau nano-
structuré, des efforts ont été développé afin d’éliminer leur présence dans le compact
et d’avoir une microstructure homogène du cru. Cette homogénéité peut être améliorée
par les mises en forme en voie liquide (i.e. Coulage en barbotine « slip casting »,
filtration sous pression « pressure filtration », etc.). Un effet similaire peut être obtenu
par l’application d’une pression élevée [HAHN 1990, JORAND 1995]. Ainsi, pour
une poudre de zircone ayant comme taille de grain de 5 nm, l’application d’une
pression uniaxiale de 800 MPa aboutit à un compact ayant comme une densité de 55%.
Après frittage sous vide pendant 1 h, ces compacts ont donné des frittés denses à une
température inférieure à 950°C [HAHN 1990].
Le frittage est une opération qui permet, par diffusion atomique à chaud,
d’établir des ponts de matière entre les grains et ensuite de réduire la porosité. Dans un
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premier temps celle-ci est ouverte, puis fermée. La force motrice du frittage est la
réduction de l’énergie de surface des particules. La réduction de l’énergie totale
d’interface ne se fait pas seulement par densification mais aussi par croissance des
grains, comme deux mécanismes compétitifs lors du frittage. Le challenge est le
maintien d’une structure nanométrique durant le frittage.
Densification
Figure 5 : Variation de la vitesse de densification en fonction de la taille des grains et de la taille des
pores à 1050°C pour ZrO2 -3 mol% Y2O3 [MAYO 1996]
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L’enjeu le plus important pour les procédés de frittage des nanomatériaux est
d’éviter la croissance des grains pendant la densification. La vitesse de croissance des
grains est donnée par la relation suivante :
dg
= 2M b γ (3 / g )
dt
Avec g est la taille des grains, Mb est la mobilité aux joints de grains et γ est
l’énergie d’interface. D’après cette équation, on remarque que, plus la taille des grains
est fine, plus la croissance des grains est favorisée. Par conséquent, en raison d’une
vitesse de croissance élevée dans le cas du frittage d’une poudre
ultrafine/nanocristalline, la rétention d’une structure nanométrique finale devient
extrêmement difficile.
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Figure 6 : Variation de la taille des grains en fonction de la densité relative pour une alumine
submicronique [BERNARD-GRANGER 2008]
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poudre par frittage micro-onde seul nécessite un temps plus long de 20 à 30 mn aux
températures de 1500 et 1400°C respectivement. Néanmoins, la taille des grains
obtenus par ces frittages micro-onde augmente jusqu’à une taille submicronique
[GARCIA 2006].
D’autre part, la technique de frittage en deux étapes a été appliquée suite aux
travaux de Chen et Wang [CHEN 2000] sur le frittage de poudres nanométriques
d’Y2O3. Les compacts sont dans ce cas traités initialement à une température élevée
(1250 ou 1310°C) pendant un temps très court puis refroidis rapidement à une
température plus basse (1150°C) et maintenus jusqu’à densification complète du
compact, ce palier pouvant atteindre 20 heures. Aucune croissance cristalline n’a lieu
lors du second palier alors que la densification se poursuit.
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Il est difficile d’obtenir une poudre d’alumine α nanométrique avec une taille de
particule inferieure à 100nm avec une distribution de taille étroite et sans agglomérat
[WEN 1999, ZENG 1999]. Actuellement, les poudres commerciales d’α-Al2O3
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proposées sur le marché sont toutes des tailles de grain supérieur à 100 nm. Les plus
utilisées sont TM-DAR (Taimei) et BMA15 (Baikowski).
Les poudres les plus fines sont aujourd’hui nécessairement des poudres
d’alumine de transition (δ, γ, θ), de granulométrie inférieure à 50nm [RAMESH 2000]
Depuis peu, l’alumine de transition est bien étudiée à cause de sa nature nanocristalline
intrinsèque et parce qu’elle peut être synthétisée par des techniques diverses.
B.IV.1.1 Nucléation-Croissance
Le premier mécanisme de nucléation-croissance proposé est reporté dans
[BADKAR 1976]. Ce mécanisme a été repris et approfondie par [DYNYS 1982,
PACH 1990, CHOU 1991, CHOU 1992]. Badkar et Bailey [BADKAR 1976] ont
étudié, sur des films minces, le mécanisme de transformation de phase en suivant la
transformation par observation au microscope électronique à transmission et par
diffraction électronique in situ. Figure 9-a montre une micrographie obtenue en
microscopie électronique à transmission d’un compact ayant subi un traitement jusqu’à
1230°C avec une vitesse de chauffe de 15°C/mn. La diffraction électronique du
compact montre qu’il s’agit d’un mélange d’alumine θ + α-Al2O3. La microstructure
(figure 9-a) semble être formée par des vermicules α (zone A) mêlées avec de larges
porosités et avec à côté une matrice de fines particules θ (zone B). La zone indiquée
par A montre une variation considérable de taille. Par diffraction électronique dans les
zones indiquées A et B, figure 9-b et 9-c respectivement, il est montré que A
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correspond à une seule cristallite α-Al2O3 tandis que la section B serait constituée de
plusieurs cristallites de θ-Al2O3. Par ces observations en microscopie électronique,
Badkar et Bailey ont supposé que durant la transformation de phase, la nucléation d’α-
Al2O3 apparait puis une croissance a lieu au dépend de la matrice de θ-Al2O3 par
redistribution de la porosité fine présente dans la matrice θ en large porosité, comme
c’est montré en figure 9. Cependant, ils n’ont pas pu donner de détails sur la
nucléation initiale en identifiant la taille critique de nucleus d’α-Al2O3 dans la matrice
de θ poly-cristalline.
Figure 9: a) Micrographie obtenue en MET d’une boehmite frittée à 1230°C à une vitesse de chauffe
de 15°C/mn, b) Diffraction électronique dans la zone indiquée par A, c) Diffraction électronique dans la
zone indiquée par B [BADKAR 1976]
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γ en α-Al2O3, si les particules voisines ne sont pas en contact ou arrangées d’une façon
symétrique, la réduction du volume cristallographique peut induire des forces inter
particules les poussant à bouger.
Figure 11 : mécanisme de réarrangement des particules, proposé par Legros et al. [LEGROS 1999],
durant les transformations de phases.
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Des études ont mis en évidence l’effet de l’application d’une grande pression en
cours du frittage sur la diminution de la température de transformation de phase [YEN
2002, AHN 1999, LIAO 1998]. Liao [LIAO 1998] a montré que l’application d’une
haute pression durant le frittage peut favoriser la vitesse de nucléation et diminuer la
vitesse de grossissement des grains. Il a reporté que la transformation de γ→α peut se
produire à 460°C à une pression de 8GPa. Ainsi, par application d’une pression élevée,
un compact avec une taille de grains finale plus fine est obtenu. Le même phénomène
a été observé dans le système n-TiO2 [LIAO 1997-a, LIAO 1997-b, LIAO 1995-a,
LIAO 1995-b].
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allant jusqu’à 5 GPa puis frittés sous pression entre 1000 et 1600°C. Pour les compacts
à des pressions en dessous de 3 GPa, une microstructure poreuse a été obtenue. Ce
résultat a été attribué à la formation de la structure vermiculaire après la
transformation de phase en alumine α. Tandis que le compactage à des pressions
supérieures à 3 GPa a permis d’éviter la structure vermiculaire et d’obtenir des
alumines denses proches de la densité théorique, avec une structure de grain
nanométrique (taille moyenne des particules 150 nm).
D’autres études ont mis en relief l’effet du frittage en deux étapes (double step),
une procédure bien décrite par Chen et al. [CHEN 2000] pour la densification des
céramique Y2O3 nano-structurées. Malgré la diminution de la taille des grains de l’α-
Al2O3 obtenue (600 nm) dans certaines études [CHEN 2000, BODISOVA 2007], cette
procédure est plus limitée dans le cas du frittage de l’alumine, que dans le cas de la
zircone où elle aboutit à la formation d’un composé dense et nanométrique de 65 nm
[BINNER 2008]. L’efficacité de ce frittage en double étape pour l’alumine est remise
en question. En effet, des études ont montré que l’énergie d’activation de la
densification de l’alumine est plus élevée que celle de la croissance des grains
[KANTERS 2000] et que l’on demeure ainsi dans l’impossibilité d’aboutir à une
structure nanocristalline dans le cas de l’alumine.
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CONCLUSION
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