2018–2019
Table des matières
1 Intégrale de Lebesgue 1
1.1 Rappel topologique et notations . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 1
1.2 Rappel sur l’intégrale de Riemann . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 2
1.3 Intégrales de Lebesgue . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 4
1.3.1 Ensemble mesurable . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 5
1.3.2 Fonction mesurable . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 9
1.3.3 Intégrale au sens de Lebesgue . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 10
1.4 Comparaison avec l’intégrale de Riemann et les intégrales généralisées . . . . 18
i
TABLE DES MATIÈRES
5 Espace de Hilbert 64
5.1 Espaces de Hilbert . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 64
5.2 Théorème de projection . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 66
5.2.1 Projection sur un sous espace vectoriel fermé . . . . . . . . . . . . . . . 68
5.2.2 Théorèmes de représentation . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 70
5.3 Base Hilbertienne . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 72
ii
Table des figures
3.1 Courbes de fn et fm . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 33
3.2 Fonction échelon unité . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 45
3.3 Fonction porte . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 45
3.4 Fonction triangle . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 46
3.5 Convolution d’un signal triangle avec un signal porte . . . . . . . . . . . . . . . . 46
iii
Chapitre 1
Intégrale de Lebesgue
Introduction
La notion d’intégrale a connu des progrès notables au 19ème sciècle grâce à Cauchy 1 ,
Riemann 2 et Darboux 3 . La théorie de l’intégrale au sens de Lebesgue 4 qui est basée sur la
notion de mesure, arrive au 20ème sciècle pour généraliser l’intégrale au sens de Riemann
déjà vue. Cette théorie s’applique à une classe de fonctions beaucoup plus grande qui est
celle de fonctions mesurables. Elle permet aussi d’établir des théorèmes de convergence plus
puissants.
Dans ce chapitre, on introduit d’abord la notion d’intégrale de Lebesgue en donnant
quelques-unes de ses propriétés. Ensuite, on établit le lien de l’intégrale de Lebesgue avec
les intégrales classiques.
Pour d un entier naturel non nul, on considère dans ce cours l’espace vectoriel Rd de
vecteurs x = (x1 , x2 , ..., xd ).
Une application N : Rd → R+ définit une norme sur Rd si elle vérifie :
1. N(x) = 0 si et seulement si x = 0,
2. N(x + y) ≤ N(x) + N(y), ∀ x, y ∈ Rd ,
3. N(αx) = |α|N(x), ∀ α ∈ R, ∀ x ∈ Rd .
1. Augustin Louis. Cauchy, 1789-1857 : mathématicien Français.
2. Bernhard Riemann, 1826-1866 : mathématicien Allemand.
3. Gaston Darboux, 1841-1917 : mathématicien Français.
4. Henri-Léon Lebesgue, 1875-1941 : mathématicien Français.
1
1.2 Rappel sur l’intégrale de Riemann
Comme exemples, pour p ∈ [1, +∞[, on rappelle la norme dite de Holder d’indice p, notée Np
ou k.kp et définie en x = (x1 , ..., xd ) ∈ Rd par : Pour p = +∞, la norme infinie en x = (x1 , ..., xd ) ∈
Rd est donnée par : kxk∞ = max |xi |.
1≤i≤d
Toutes les normes sont équivalentes dans Rd , dans le sens où si N1 et N2 sont deux normes
de Rd , alors il existe α > 0 et β > 0 tels que
Si N est une norme sur Rd , alors, la boule ouverte de centre a ∈ Rd et de rayon r ≥ 0 est :
Un ensemble U ⊂ Rd est dit ouvert de Rd s’il est vide ou si, pour tout a ∈ Rd , il existe
r > 0, tel que la boule ouverte B(a, r) ⊂ U.
On appelle fermé F de Rd si son complémentaire Fc = Rd \F dans Rd est un ouvert de Rd .
Soit f une fonction de Rd à valeurs dans R. L’image réciproque d’une partie J ⊂ R est
f (J) = {x ∈ Rd tel que f (x) ∈ J}. Attention, on parle d’image réciproque de f sans que f
−1
Définitions 1.2.1
— On appelle subdivision S de [a, b] toute suite ordonnée et finie (xi )1≤i≤n de [a, b], a = x0 < x1 <
... < xn = b.
— Pour toute subdivision Sn = (xi )0≤i≤n de [a, b], on appelle somme de Riemann la somme finie
n−1
X
R( f, Sn , α) = f (αi )(xi+1 − xi ),
i=0
2
1.2 Rappel sur l’intégrale de Riemann
f (αi ) −
p p p p p
x0 = a xi αi xi+1 xn = b
Définition 1.2.1
La fonction bornée f : [a, b] → R est dite Riemann intégrable sur [a, b], si la limite de R( f, Sn , α)
existe quand n tend vers +∞ et si cette limite est indépendante du choix de la subdivision Sn = (xi )1≤i≤n
Z b
et des points (αi )0≤i≤n−1 . Cette limite, si elle existe sera notée f (x)dx.
a
Remarques 1.2.1
1. Toute fonction bornée et continue par morceaux est Riemann-intégrable sur [a, b].
2. Si ( fn ) est une suite de fonctions Riemann-intégrable sur [a, b] qui converge uniformément
vers une fonction f sur [a, b], (i,e., sup | fn (x) − f (x)| → 0 ), alors f est Riemann-intégrable
x∈[a,b] n→+∞
sur [a, b] et on a Z b Z b
lim fn (x)dx = f (x)dx.
n→+∞ a a
3. Si une fonction bornée f est Riemann-intégrable sur [a, b], alors | f | est Riemann-intégrable
sur [a, b]. La réciproque n’est pas vraie en général comme le montre l’exemple (1.2.1) suivant :
Exemple 1.2.1 :
La fonction bornée f définie sur [0, 1] par
(
−1 si x ∈ [0, 1]\Q
f (x) =
1 si x ∈ [0, 1] ∩ Q
n’est pas Riemann intégrable sur [0, 1]. En effet, si on choisit xi = ni , alors, pour αi = xi , on a Sn = 1
tend vers 1 quand n tend vers +∞. Mais pour αi irrationnel dans ]xi , xi+1 [, Sn = −1 dont la limite est
-1 quand n tend vers +∞. Cependant, | f | = 1 sur [−1, 1] est continue, donc Riemann-intégrable sur
[0, 1].
3
1.3 Intégrales de Lebesgue
Exercice 1.2.1 Montrer que l’application f de l’exemple (1.2.1) est discontinue en tout point de [0, 1].
où mesure(Ei ) désigne la ”mesure” de l’ensemble Ei qui est la somme des longueurs des
intervalles disjoints qui composent Ei dans ce cas.
4
1.3 Intégrales de Lebesgue
yn−
yi+1−
yi −
y0 −
p p p p pp p
aE3 E1i E2i b
i
Définition 1.3.1 La fonction f : [a, b] → R est dite Lebesgue intégrable si la limite de L( f, Sn ) existe
quand n tend vers +∞ et si cette limite est indépendante du choix de la subdivision Sn = (yi )0≤i≤n .
La ”mesure” de l’ensemble f −1 (Ei ) est-elle toujours définie lorsque la fonction f est donnée
sur un ensemble quelconque de R ou si elle n’est pas continue ?
La notion d’intégrale de Lebesgue est basée sur la théorie de la mesure.
Une application f d’un ensemble E vers un ensemble F est dite bijective si tout élément
y ∈ F, il existe x ∈ E unique tel que y = f (x).
5
1.3 Intégrales de Lebesgue
3. Mais aussi on trouve des intervalles qui ne sont ni fermés ni ouverts de R qui sont de
la forme [a, b[ et ]a, b]. (Ce sont les semi-fermés ou les semi-ouverts de R).
La notation (a, b) pour −∞ ≤ a ≤ b ≤ +∞ désigne un intervalle quelconque (fermé, ouvert ou
semi ouvert, borné ou non borné ) de R. L’ensemble R est pour désigner l’ensemble R∪{±∞}.
On considère B = BR la plus petite famille au sens de l’inclusion de P(R) contenant les
intervalles ouverts et vérifiant les trois propriétés suivantes :
i) L’ensemble vide appartient à B.
ii) B est stable par passage au complémentaire ; (i.e., si A ∈ BR , alors Ac ∈ BR ).
iii) B est stable par réunion dénombrable ; (i.e., si An ∈ BR , n ∈ N ⊂ N, alors ∪n∈N An ∈
BR ).
6
1.3 Intégrales de Lebesgue
Comme B vérifie ii), alors B contient aussi tous les intervalles fermés de R. De ii) et iii),
on tire que B est aussi stable par intersection dénombrable et par suite B contient aussi les
1
semi-ouverts, puisque [a, b[= ∩n∈N∗ ]a + , b[. Par conséquent B contient tous les intervalles
n
de R.
Cet ensemble B a la structure d’une tribu.
La tribu B = BR , engendrée par les intervalles ouverts de R (la plus petite tribu au sens de
l’inclusion de P(R) contenant les intervalles ouverts), est appelée tribu Borélienne 5 sur R.
Remarque 1.3.1
Comme autres exemples de tribu, on cite :
1. Si E un ensemble quelconque, alors {∅, E} et P(E) sont des tribus appelées respectivement tribu
grossière et tribu discrète.
2. Si A ⊂ E, alors {∅, A, Ac , E} est une tribu dite tribu engendrée par l’ensemble A.
3. De même on définit la tribu Borélienne BRd , la tribu engendrée par les pavés ouverts de Rd
d
Y
de la forme Ii , pour Ii , i = 1, ..., d sont des intervalles ouverts de R. Les éléments de BRd
1
s’appellent aussi Boréliens.
Mesure de Lebesgue
La notion de mesure s’applique sur des ensembles mesurables donc sur une tribu. Celle
de Lebesgue correspond à la notion de longueur pour d = 1, la surface pour d = 2 et le
volume pour d = 3.
7
1.3 Intégrales de Lebesgue
ii) Si (An )n∈N une suite dénombrable d’ensembles mesurables de B deux à deux disjoints, alors
X
µ(∪n∈N An ) = µ(An ).
n∈N
On laisse à titre d’exercice à montrer que toute mesure µ vérifie les propriétés suivantes :
Propriétés 1.3.1
1. µ(A ∪ B) + µ(A ∩ B) = µ(A) + µ(B), pour tout A et B mesurables.
2. Si A et B deux ensembles mesurables tels que A ⊂ B, alors µ(A) ≤ µ(B).
3. Si (An ) est une suite croissante (An ⊂ An+1 ), d’ensembles mesurables alors
4. Si (An ) une suite décroissante d’ensembles mesurables d’intersection A, et si µ(A1 ) < ∞, alors
limn→+∞ µ(An ) = µ(A).
Exemple 1.3.1
1. Mesure de comptage : si B = P(E), et si A ∈ P(E) on considère µ(A) = card(A), le cardinal
de A, si A est fini, et +∞ sinon.
2. Mesure de Dirac : si a ∈ R, on définit la mesure de Dirac µa (A) = 1 si a ∈ A, µa (A) = 0 sinon.
d
Y d
Y
Pour un pavé A = ]ai , bi [ de Rd , on définit µ(A) = (bi − ai ). On admet alors le résultat
i=1 i=1
suivant :
Proposition 1.3.1 ( Mesure de Lebesgue)
d
Y
Il existe une unique mesure sur les boréliens de R telle que la mesure de tout pavé A =
d
]ai , bi [
i=1
d
Y
est égale à (bi − ai ).
i=1
Exemples 1.3.1
8
1.3 Intégrales de Lebesgue
Exemples 1.3.2
— La suite de fonctions ( fn ) donnée par fn : x 7→ xn converge simplement presque partout sur
[0, 1] vers la fonction nulle.
— L’application x 7→ E(x), partie entière de x, est presque partout continue sur R.
— La fonction f = IQ est presque partout nulle, mais attention, elle n’est pas presque partout
continue.
Définition 1.3.7
Soit f : Rd → R. La fonction f est dite mesurable si l’image réciproque de tout ouvert de R est
un ensemble mesurable de R. i.e.,
Une fonction complexe f : Rd → C est dite mesurable si les deux fonctions réelles représentant sa
partie réelle et sa partie imaginaire sont mesurables.
Exercice 1.3.3
Soit A ⊂ Rd . Montrer que la fonction IA est mesurable si et seulement si A est un ensemble
mesurable.
Propriétés 1.3.2
1. Toute fonction continue est mesurable puisque l’image réciproque d’un ouvert est un ouvert
donc mesurable. La réciproque n’est pas toujours vraie : la fonction indicatrice des rationnels,
f = IQ est mesurable mais non continue. L’ensemble des fonctions mesurables est beaucoup
plus large que celui des fonctions continues.
9
1.3 Intégrales de Lebesgue
On suppose dans la suite que toutes les fonctions dont il va être question sont mesurables.
où ai ∈ R sont des réels distincts et Ai = f −1 (ai ) sont des ensembles mesurables de Rd deux à deux
disjoints.
Plus généralement, pour une fonction mesurable positive étagée f : Rd → [0, +∞[, on définit
l’intégrale de Lebesgue de la façon suivante :
n
X
Définition 1.3.9 Si f = ai IAi , pour ai ∈ [0, +∞] et Ai mesurable de Rd , i = 1, ..., n deux à deux
i=1 Z
disjoints, alors l’intégrale de Lebesgue de f est le nombre positif (éventuellement +∞), noté f dµ
Rd
10
1.3 Intégrales de Lebesgue
Z
ou aussi f (x)dµ(x) et qui vaut
Rd
Z n
X
f dµ = ai µ(Ai ).
Rd i=1
f (x) = IQ = 1 × IQ + 0 × IR\Q .
Donc Z
f dµ = µ(Q) + 0 × µ(R\Q) = 0.
R
On peut définir l’intégrale d’une fonction mesurable positive de deux manières dont la
première est la suivante :
Définition 1.3.10
- Soit f : Rd → [0, +∞] une fonction mesurable. Alors l’intégrale de Lebesgue de f est le nombre
positif (éventuellement +∞ ),
Z (Z )
f dµ = sup gdµ, g étagée, 0 ≤ g ≤ f ∈ [0, +∞].
Rd Rd
Z
f est dite Lebesgue intégrable si f dµ est finie.
Rd
- Si Ω un ensemble mesurable de Rd et si f : Ω → [0, +∞] une fonction mesurable positive, alors
l’intégrable de Lebesgue de f sur Ω est
Z Z
f dµ = fΩ dµ ,
Ω Rd
x∈Ω
(
f (x) si
où la fonction fΩ = f IΩ : Rd → R̄, x 7→ .
0 sinon
11
1.3 Intégrales de Lebesgue
Propriétés 1.3.3
Soit f et g deux fonctions mesurables positives sur un ensemble mesurable Ω et soit λ un réel
positif . Alors
Z Z Z
i) ( f + g)dµ = f dµ + gdµ.
Ω Ω Ω
Z Z
ii) (λ f )dµ = λ f dµ.
Ω Ω
Z Z
iii) Si f ≤ g, alors f dµ ≤ gdµ.
Ω Ω
La troisième propriété est évidente, puisque toute fonction étagée positive qui minore f ,
elle minore aussi g.
Pour les deux premières on montre d’abord qu’elles sont vérifiées pour toute fonction
étagée positive, puis de la définition de la borne sup, on déduit qu’elles s’étendent à une
fonction mesurable positive quelconque.
Exemple 1.3.3
La fonction f = IQ n’est Z
pas Riemann-intégrable
Z sur [0,
Z 1]. Son intégrale au sens de Lebesgue sur
[0, 1] est nulle puisque 0 ≤ f dµ = IQ∩[0,1] dµ ≤ IQ dµ = 0. Donc elle est Lebesgue mais
[0,1] R R
non Riemann intégrable.
La deuxième façon pour définir l’intégrale de Lebesgue d’une fonction positive découle
de résultat suivant :
Lemme 1.3.1
Toute fonction mesurable positive est limite simple d’une suite croissante de fonctions mesurables
positives et étagées.
et k = 0, 1..., 2n n − 1
( k
si 2kn ≤ f (x) ≤ k+1
fn (x) = 2n 2n
n si f (x) > n.
12
1.3 Intégrales de Lebesgue
où n ≥ f (x), alors n + 1 ≥ f (x) et fn (x) = n ≤ fn+1 (x) = n + 1. Enfin si n ≤ f (x) ≤ n + 1, alors
E(2n f (x))
fn (x) = 2n ≤ f (x) ≤ n + 1 = fn+1 (x).
Il suffit de vérifier la convergence simple de la suite de fonctions ( fn ) vers f . Soit x ∈ Rd .
Si f (x) = +∞, alors fn (x) = n → +∞ = f (x). Sinon, pour n > f (x), et d’après la carctérisation
n→+∞
de la fonction partie entière, E(2n f (x)) ≤ 2n f (x) ≤ E(2n f (x)) + 1. Par conséquent, en divisant
par 21n , on obtient
1
f (x) ≤ fn (x) ≤ f (x) + n .
2
Ceci implique
1
0 ≤ fn (x) − f (x) ≤ n → 0 .
2 n→+∞
Ce qui achève la démontration.
De la définition (1.3.9) et des propriétés (1.3.3) découle le premier résultat d’interversion
entre limite et intégrale.
Preuve. On prend d’abord le cas Ω = Rd . Clairement, f est positive et mesurable, comme li-
mite simple d’une suite de fonctions mesurables positives. PourZtout x ∈ RdZ
, la suite croissante
( fn (x)) croit vers f (x) et elle vérifie fn (x) ≤ f (x), ∀n ∈ N. Donc fn dµ ≤ f dµ, ∀n ∈ N et
Z Z Rd Rd
13
1.3 Intégrales de Lebesgue
Alors, il est facile de vérifier que, pour tout entier naturel n, Bn ⊂ Bn+1 et que fn (x) ≤ fn+1 (x),
pour tout x ∈ Rd . De plus, Rd = ∪n∈N Bn .
En intégrant g sur Bn , on obtient
Z Z X p p
X
gdµ = ai IAi = ai µ(Ai ∩ Bn ).
Bn Bn i=1 i=1
Comme la suite d’ensembles (Ai ∩ Bn )n est une suite croissante et Rd = ∪n∈N An , alors
lim µ(Ai ∩ Bn ) = µ(Ai ).
n→+∞
14
1.3 Intégrales de Lebesgue
f = f+ − f− , et | f | = f+ + f− . (1.1)
Définition 1.3.11
1. Une fonction f : Rd → R est dite Lesbegue intégrable sur Rd si f+ et f− sont Lebesgue-
intégrables et on définit l’intégrale de Lesbegue de f par :
Z Z Z
f dµ = f+ dµ − f− dµ.
Rd Rd Rd
2. Si Ω est un ensemble mesurable de R( , une fonction f est dite Lebesgue intégrable sur Ω si la
d
f (x) si x∈Ω
fonction fΩ = f IΩ : Rd → R̄, x 7→ , est Lebesgue intégrable sur Rd .
0 sinon
Propriétés 1.3.4
1. D’après (1.1), une fonction mesurable f est Lebesgue-intégrable si et seulement si | f | = f+ + f−
est Lebesgue intégrable et on a :
Z Z
| f dµ| ≤ | f |dµ.
Ω Ω
15
1.3 Intégrales de Lebesgue
Exercice 1.3.5
Les fonctions suivantes sont -elles Lebesgues intégrables sur l’ensemble Ω ?
1. Une fonction constante sur Ω = Q.
2. La fonction x 7→ sin x
x
sur Ω =]0, 1[.
Remarque 1.3.2
L’intégrale de Lebesgue d’une fonction positive non identiquement nulle peut être nulle. Comme
exemple, on reprend la fonction f = IQ .
Proposition 1.3.2
Soit Ω un ensemble mesurable de Rd de mesure non nulle et soit f : Ω → [0, +∞] une fonction
mesurable positive.
Z
1. f dµ = 0, si et seulement si f = 0 presque partout sur Ω.
Ω
2. Si f est Lebesgue intégrable sur Ω, alors l’ensemble {x ∈ Ω tel que f (x) = +∞} est de mesure
nulle.
Preuve. Z
1. Si f dµ = 0, montrons que f = 0 presque partout sur Ω. Il suffit de montrer que,
Ω
pour tout entier n > 0, µ({x ∈ Ω, f (x) ≥ n1 }) = 0. En effet, comme f est positive, alors
Z Z Z
1
0= f dµ = f dµ + f dµ ≥ αµ({x ∈ Ω, f (x) ≥ }) ≥ 0.
Ω {x/ f (x)≥ n1 } {x/ f (x)< n1 } n
Donc µ({x ∈ Ω, f (x) ≥ n1 }) = 0 pour tout n > 0 et donc f ne peut être que nulle presque
partout sur Ω puisque { f , 0} = ∪n∈N∗ An où An = {x ∈ Ω tel que f (x) ≥ n1 }. La
suite (An ) étant croissante, par conséquent, et d’après la propriété (3) du lemme (1.3.1)
concernant la limite de la mesure de la réunion d’une suite croissante d’ensembles
mesurables,
1
µ({ f , 0}) = lim µ({x ∈ Ω tel que f (x) ≥ }) = 0
n→+∞ n
et donc f est presque partout nulle.
16
1.3 Intégrales de Lebesgue
Z
2. Si f dµ < ∞, on montre que, pour tout n ∈ N, µ({x ∈ Ω, f (x) ≥ n}) → 0 . Ceci étant
Ω n→+∞
car
Z Z Z Z
f dµ = f dµ + f dµ ≥ f dµ ≥ nµ({x ∈ Ω, f (x) ≥ n}).
Ω {x/ f (x)>n} {x/ f (x)≥n} {x/ f (x)≥n}
Z
1
µ({x ∈ Ω, f (x) = +∞}) = lim µ(Bn ) = lim µ({x ∈ Ω, f (x) ≥ n}) ≤ lim f dµ = 0.
n→+∞ n→+∞ n→+∞ n Ω
Pour résumer, on rappelle les remarques suivantes qui sont très utiles dans la théorie de
l’intégrale de Lebesgue.
Résumés
1. Si Ω est un ensemble mesurable négligeable (µ(Ω) = 0), alors pour toute fonction
mesurable f sur Ω, on a Z
f dµ = 0.
Ω
2. Vérifier qu’une fonction f est Lebesgue intégrable sur un ensemble mesurable Ω est
équivalent à montrer que son module | f | est Lebesgue intégrable sur Ω.
Z Xn Z
3. f dµ = f dµ, pour toute réunion disjointe finie d’ensembles mesurables Ω =
Ω i=1 Ωi
∪ni=1 Ωi .
Z
4. Si f et g sont deux fonctions mesurables presque partout égales sur Ω, alors f dµ =
Z Ω
gdµ.
Ω
Si f est une fonction mesurable positive sur un ensemble mesurable Ω de Rd , alors
5. Z
f dµ = 0 si et seulement si µ(Ω) = 0 ou f est presque partout nulle sur Ω.
Ω
6. Le critère de comparaison s’applique aussi pour l’intégrale de Lebesgue et on a si f
et g deux fonctions positives mesurables sur Ω vérifiant f ≤ g presque partout sur Ω,
alors si g ∈ L1 (Ω), alors f ∈ L1 (Ω) et si f < L1 (Ω), alors g < L1 (Ω).
17
1.4 Comparaison avec l’intégrale de Riemann et les intégrales généralisées
L’intégrale au sens de Riemann est définie sur les intervalles fermés bornés de R et
concerne seulement les fonctions bornées. Lebesgue a restreint l’intégrale de Riemann aux
fonctions presque partout continues :
Propriétés 1.4.1
Soit f : [a, b] → R une fonction bornée.
1. La fonction f est Riemann-intégrable sur [a, b] si et seulement si f est presque partout
continue sur [a, b] (son ensemble de points de discontinuité est négligeable).
2. Si f est Riemann intégrable sur [a, b], alors f est Lebesgue intégrable et les deux intégrales
sont égales.
Lorsque f est non bornée ou l’intervalle d’étude est non borné, on se trouve dans le cadre
d’une intégrale généralisée (ou impropre) dont on rappelle la définition
18
1.4 Comparaison avec l’intégrale de Riemann et les intégrales généralisées
Définition 1.4.1
1. Soit f : I = (a, b) → R, telle que au moins une de deux extremités de l’intervalle I est l’infini
ou f non bornée au voisinage de toute extremité finie.
On suppose que f est localement Riemann-intégrable sur I, (i.e., f est Riemann intégrable sur
tout intervalle borné [c, d] ⊂ (a, b)).
Z d
La fonction f admet une intégrale généralisée sur (a, b) si lim f (x)dx est finie. Cette limite
c→a c
d→b
Z b Z b
on la note f (x)dx et on dit que l’intégrale f (x)dx est convergente.
a a
Z b Z b
2. Une intégrale généralisée f (x)dx est dite absolument convergente si | f (x)|dx est
a a
convergente.
Remarques 1.4.1
On a vu qu’une fonction f est Lebesgue intégrable si et seulement si son module | f | est aussi
Lebesgue intégrable. Une intégrale généralisée absolument convergente est convergente, mais la
réciproque
Z n’est pas toujours vraie. Comme contre exemple, on considère l’intégrale généralisée
sin x
dx.
R x
Exemples 1.4.1 La définition, les critères de convergence ainsi que les exemples élémentaires P des
intégrales généralisées sont
R applicables par analogie aves les séries numériques où la somme est
remplacée par l’intégrale .
Voici quelques exemples élémentaires d’intégrales généralisées classiques dont la convergence était
étudiée par les mathématiciens portant leurs noms.
Z +∞
dx
a) Intégrale généralisée de ”Riemann” : L’intégrale généralisée (respectivement
1 xα
Z 1
dx
α
est convergente si et seulement si α > 1 (respectivement α < 1).
0 x
Z +∞ Z 1
dx dx
b) L’intégrlale de Bertrand 7 : L’intégrale généralisée α β
(respectivement α β
)
1 x log x 0 x | log x|
est convergente si et seulement si [α > 1 ou α = 1 et β > 1] (respectivement [α < 1 ou α = 1
et β > 1]).
Z +∞ √
2 π
8
c) Intégrale de Gauss : L’intégrale généralisée e−x dx est convergente et elle vaut 2 .
0
7. Joseph Louis Francois Bertrand, 1822-1900 : mathématicien, historien des sciences et économiste Français.
8. Carl Friedrich Gauss, 1777-1855 : mathématicien, astronome, et physicien Allemand
19
1.4 Comparaison avec l’intégrale de Riemann et les intégrales généralisées
Z +∞
9 sin x
d) Intégrale de Dirichlet : L’intégrale généralisée dx est convergente et elle vaut
0 x
π
2
.
Les intégrales précédentes sont souvent utilisées pour étudier la convergence d’autres intégrales.
Soient f et g deux fonctions positives localement intégrables sur [a, b[. On rappelle que pour
Z b Z b
étudier la convergence de l’intégrale généralisée f (x)dx , connaissant la nature de g(x)dx, on
a a
peut utiliser l’un des critères de convergence suivants :
Z b
1. Critère de comparaison : Si 0 ≤ f ≤ g sur ]a, b[, alors la convergence de g(x)dx entraine
Z b a
celle de f (x)dx.
a
2. Critère d’équivalence : Si f et g sont équivalentes au voisinage de b et continues sur [a, b[,
Z b Z b
alors, les deux intégrales f (x)dx et g(x)dx sont de même nature.
a a
Exercice 1.4.2
Déterminer la nature des intégrales généralisées suivantes :
Z +∞ Z +∞ Z +∞ Z +∞
1 x3 −x2
log x cos x
√ dx, dx, e cos xdx, dx.
0 x(1 + x) 1 log x + x 4
0 1 x2
3
Exercice 1.4.3
ne−x
On pose, pour x ∈ R et pour n ≥ 1, fn (x) = √ .
1 + n2 x2
1. Montrer que fn est Lebesgue intégrable sur [0, +∞[.
Z
2. Calculer lim fn (x)dµ(x).
n→+∞ [0,+∞[
9. Johann Peter Gustav Lejeune Dirichlet, 1805-1859 : mathématicien Allemand.
20
1.4 Comparaison avec l’intégrale de Riemann et les intégrales généralisées
Pour conclure, l’intégrale au sens de Lebesgue est une extension stricte de l’intégrale au sens
de Riemann et l’intégrale généralisée absolument convergente.
Z Pour les notations et si une
fonction f est Riemann intégrable sur un itervalle I ou si f est absolument convergente,
I Z
elle est aussi Lebesgue intégrable sur I, on préfère en général la notation f (x)dx au lieu de
Z I
f (x)dµ(x).
I
21
Chapitre 2
Introduction
Dans le chapitre 1 on a introduit la notion ainsi que les propriétés de base de l’intégrale
au sens de Lebesgue qui n’est qu’une extension de l’intégrale de Riemann. Les résultats
d’intervertion limite et intégrale au sens de Riemann sont applicable seulement sous l’hy-
pothèse de la convergence uniforme. Le théorème de la convergence monotone abordé au
chapitre précédent montre que cette dernière hypothèse est remplacée seulement par une
convergence simple dans le cas d’une suite croissante de fonctions de signe constant ad-
mettant une intégrale au sens de Lebesgue. Dans la première partie de ce chapitre on met
l’accent aussi sur le théorème de la convergence dominée qui est l’un des plus utilisées en
intégration et qui s’applique à une suite de fonctions Lebesgues intégrables de signe quel-
quonque. D’autres techniques d’intégration de type changement de variables, intégrales
paramétriques et théorème de Fubini pour les intégrales multiples font l’objet du reste de
chapitre 2.
Dans tout ce chapitre µ désigne la mesure de Lebesgue pour le corps K = R ou K = C.
22
2.1 Théorèmes de convergence
Alors Z Z
lim fn dµ = f dµ.
n→+∞ Ω Ω
Preuve. La fonction f est mesurable comme limite simple d’une suite de fonctions mesurables.
Soit gn = ( f0 − fn )IΩ , alors la suite (gn )n≥0 est une suite croissante de fonctions positives, d’après
le théorème de la convergence monotone, on a
Z Z
lim gn dµ = lim gn dµ.
n→+∞ Rd Rd n→+∞
Soit donc Z Z Z Z
f0 dµ − lim fn dµ = f0 dµ − f dµ.
Ω n→+∞ Ω Ω Ω
D’où le résultat.
Pour simplifier la démonstration on commence par donner cette première version de
théorème de la convergence dominée :
Théorème 2.1.1
Soit ( fn ) une suite de fonctions mesurables de Ω → K vérifiant :
— la suite ( fn ) converge simplement vers une fonction f sur Ω.
— il existe une fonction intégrable positive g telle que | fn (x)| ≤ g(x), ∀ x ∈ Ω.
Alors, f est inégrable sur Ω et Z
lim | fn − f |dµ = 0.
n→+∞ Ω
En particulier Z Z
lim fn dµ = f dµ.
n→+∞ Ω Ω
Preuve. On procède par étapes, en considérant d’abord le cas d’une suite de fonctions posi-
tives qui converge simplement vers 0, puis le cas général d’une suite de fonctions de signe
quelconque.
- Si la suite ( fn ) est à termes positifs et f = 0, la fonction g est intégrable sur Ω, donc
l’ensemble A = {x ∈ Ω / g(x) < ∞} est de complémentaire de mesure nulle.
Soit, pour x ∈ Ω, gn (x) = sup fn (x)IA (x). Alors la suite (gn ) est une suite décroissante de
k≥n
fonctions positives, avec g0 est intégrable, puisqu’elle vérifie |g0 (x)| = sup fk (x) ≤ g(x).
k≥0
On vérifie alors que lim gn = f = 0. En effet, pour tout x dans Ω, il existe une suite
n→+∞
croissante φ(n) de N telle que gn (x) = fφ(n) (x)IA (x) dont la limite quand n tend vers
+∞ est f (x)IA (x) = 0.
23
2.1 Théorèmes de convergence
Comme Z Z Z
| fn dµ − f dµ| ≤ | fn − f |dµ,
Ω Ω Ω
on déduit que Z Z
lim fn dµ = f dµ.
n→+∞ Ω Ω
Exercice 2.1.1
Calculer les limites, lorsque n tend vers +∞ des intégrales suivantes :
1 + nx
Z Z Z Z
x n −x 1 n nx
dµ(x), (1 + ) e dµ(x), (cos( )) dµ(x), sin( )dµ(x).
[0,1] (1 + x )
2 n n x nx − 1
]0,n[ [0,1] [0,1]
24
2.1 Théorèmes de convergence
Corollaire 2.1.1
Soit ( fn )n une suite de fonctions Lebesgue -intégrables sur Ω. On suppose que
XZ
| fn |dµ < +∞.
n∈N Ω
X
Alors, la série fn (x) converge presque partout sur Ω vers une fonction Lebesgue intégrable f . De
n∈N
plus Z XZ
f (x)dµ(x) = fn (x)dµ(x).
Ω n∈N Ω
n
X X
Preuve. Soit Sn (x) = fk (x), pour x ∈ Ω, la somme partielle de la série fn (x). Le
k=0 n
n Z
X
théorème de la convergence monotone sur les séries de fonctions (1.3.2) donne | fk |dµ =
k=0 Ω
Z X X
| fn |dµ < +∞. Donc la fonction | fn (x)| est intégrable sur Ω, elle est donc presque
Ω n∈N n∈N
partout finie ou encore la suite de fonctions Sn est presqueX
partout absolument convergente
donc presque partout convergente sur Ω. Par conséquent fn (x) converge presque partout
n∈N
sur Ω vers une fonction qu’on note f . Cette suite de fonctions (Sn ) vérifie donc :
— (Sn ) converge simplement presque partout vers f sur Ω.
n
X X X
— |Sn (x)| ≤ | fk (x)| ≤ | fn (x)| et la fonction g(x) = | fn (x)| est Lebesgue intégrable
k=0 n∈N n∈N
sur Ω.
D’après le théorème de la convergence dominée, la fonction f est aussi Lebesgue intégrable
sur Ω et on a :
Z Z Z Xn Z XZ
f (x)dµ(x) = lim Sn (x) = lim Sn (x)dµ(x) = lim fk (x)dµ(x) = fn (x)dµ(x).
Ω Ω n→+∞ n→+∞ Ω n→+∞
k=0 Ω n∈N Ω
En conclusion, on a Z X XZ
fn (x)dµ(x) = fn (x)dµ(x).
Ω n n∈N Ω
Exercice 2.1.2
log(x)
Soit f (x) =
1 + x2
25
2.2 Intégrales dépendant d’un paramètre
26
2.3 Changement de variables
Preuve. Soit t0 ∈ I. Montrons que F est dérivalbe en t0 . Comme f est dérivable par rapport à
la variable t, on a :
∂f f (t0 + n1 , x) − f (t0 , x)
(t0 , x) = lim , presque pour tout x ∈ Ω.
∂t n→+∞ 1
n
f (t0 + n1 , x) − f (t0 , x) ∂f
| |=| (cn , x)| ≤ g(x) presque pour tout x ∈ Ω..
1
n
∂t0
27
2.4 Théorèmes de Tonelli et de Fubini
cos θ −r sin θ
!
Jac(Φ)(x) =
sin θ r cos θ
dont le déterminant vaut r , 0 puisque r > 0. Donc Φ est inversible, de plus elle est de classe C1 .
Z Z Z
−x21 −x22 −x21 −x22
re−r drdθ = 2π[ 12 e−r ]+∞
2 2
e dµ(x) = e dx1 dx2 = 0 = π.
R2 R2 \R+ ×{0} ]0,+∞[×]0,2π[
28
2.4 Théorèmes de Tonelli et de Fubini
Z
Soit f : Ω → R, x = (x1 , x2 ) 7→ f (x) une fonction mesurable. Peut-on calculer f (x)dµ(x) =
Z Ω
f (x1 , x2 )dµ(x1 )dµ(x2 ) en utilisant les intégrales itérées de fonctions partielles par rap-
Ω1 ×Ω2
port à x1 et x2 ? La réponse à cette question sera dans les deux théorèmes suivants : le premier
concerne seulement les fonctions à valeurs positives, le deuxième est pour les fonctions
réelles ou complexes.
Application :
1. Leonida Tonelli, 1885-1946 : mathématicien Italien.
2. Guido Fubini, 1879-1943 :mathématicien Italien.
29
2.4 Théorèmes de Tonelli et de Fubini
Z Z
−x2
e−(x1 +x2 ) dµ(x1 )dµ(x2 ). On considère
2 2
Pour calculer e dx on utilise l’intégrale double
R R2
−(x21 +x22 )
la fonction positive, f : R → x = (x1 , x2 ) 7→ e
2
, on a alors, d’après Tonelli
Z Z Z Z Z Z
−(x21 +x22 ) −x22 −x21 −x21 2
( e dµ(x1 ))dµ(x2 ) = e ( e dµ(x1 ))dµ(x2 ) = ( e dµ(x1 ))( e−x2 dµ(x2 )) < ∞.
R R R R R R
Conclure.
30
Chapitre 3
Introduction
Dans ce chapitre, on définit les espaces fonctionnels Lebesgue intégrables Lp , pour p ∈
{1, 2, +∞} et quelques propriétés de ces espaces. On introduit aussi la notion de produit de
convolution dans ces espaces et on donne certaines de ses applications.
31
3.1 Espace de Banach
Remarque 3.1.1
— Toute suite convergente est de Cauchy. En effet si (xn ) une suite de E qui converge vers x ∈ E,
alors
∀ > 0, ∃ N, tel que si n ≥ N, alors kxn − xkE ≤ .
2
Ainsi, pour n, m ≥ N,
kxn − xm kE = kxn − x − (xm − x)kE ≤ kxn − xkE + kxm − xkE ≤ + = .
2 2
La suite (xn ) est bien de Cauchy.
— La réciproque n’est pas toujours
Z vraie. Comme contre exemple classique, soit E = C([0, 1], R)
muni de la norme k f k1 = | f (t)|dt. On considère la suite de fonctions ( fn ) de E définies
[0,1]
par :
0 < t < 12 ,
0 si
fn (t) = ≤ t ≤ 12 + n1 ,
1 1
n(t − 2 ) si
2
+ n1 ≤ t ≤ 1.
1
1 si
2
32
3.1 Espace de Banach
y
1 −
x
p p p
1
2 + 1 1
n 2 + 1
m
1
1 1
k fn − fm k1 = 12 ( − ) →0 .
m n n,m→+∞
( fn ) est de Cauchy dans (C([0, 1]), k.k1 ).
0 si 0 ≤ t ≤ 21 ,
(
Or ( fn ) converge simplement vers la fonction f donnée par f (t) =1
2
si 12 < t ≤ 1.
De plus,
Z d’aprés le théorème de la convergence dominée, et comme | fn | ≤ 1 sur [0, 1], donc
lim | fn (x) − f (x)|dµ(x) = lim k fn − f k1 = 0.
n→+∞ [0,1] n→+∞
Supposons que la suite ( fn ) admet une limite g dans (E, k.k1 ), alors,
k f − gk1 ≤ k fn − f k1 + k fn − gk1 → 0 .
n→+∞
Exemples 3.1.2
1. Stefan Banach, 1892-1945 : mathématicien Polonais.
33
3.2 Espace de Lebesgue L1 (Ω)
1. Tout K- espace vectoriel, K = R ou C, de dimension finie est un espace de Banach pour toutes
ses normes.
2. (Q, |.|) est un Q espace vectoriel de dimension 1 qui n’est pas complet, car, par exemple, la suite
(xn ) définie par xn = (1 + n1 )n est une suite de Cauchy, mais non convergente dans Q.
3. C([0, 1], R) muni de la norme infinie, dite aussi norme de la convergence uniforme, f ∈ E 7→
k f k∞ = sup | f (t)|, est un espace de Banach. Ce même espace n’est pas complet pour la norme
t∈[0,1]
de la moyenne k.k1 (voir exemple de la remarque (3.1.1)).
Ainsi, un espace vectoriel de dimension infinie, peut être complet pour une norme, mais non
complet pour une autre.
Remarque 3.1.2
En topologie, un ensemble F est dense dans E si F̄ = E, où F̄ est le plus petit fermé de E contenant
F, on l’appelle aussi fermeture, ou adhérence de F dans E. F̄ est l’ensemble de toutes les limites de
suites de F convergentes dans E.
Exemple 3.1.1
D’après le théorème de Stone 2 - Weiestrass 3 , on sait que toute fonction continue est limite uniforme
d’une suite de polynômes. Donc l’ensemble de polynômes réels est dense dans (C([a, b]), k.k∞ ), pour
tout intervalle [a, b] de R.
34
3.3 Espaces L2 (Ω) et L∞ (Ω)
• kα f k1 = |α|k f k1 , ∀ α ∈ K, ∀ f ∈ L1 (Ω).
• k f + gk1 ≤ k f k1 + kgk1 , ∀ f, g ∈ L1 (Ω).
Alors que si k f k1 = 0 alors f = 0 presque partout sur Ω, donc f n’est pas forcément la
fonction identiquement nulle sur Ω. Comme exemple on reprend le cas de f = 1Q∩]0,1[ . En
conséquence, l’application k.k1 n’est pas une norme. On dit qu’elle est une semi-norme dans
L1 (Ω).
On a Rmontré dans la proposition (1.3.2), que si f est une fonction positive intégrable sur
Ω, alors Ω f dµ = 0, si et seulement si f est nulle presque partout sur Ω.
Afin de définir une norme sur l’espace des fonctions Lebesgue-intégrables, on définit la
relation d’équivalence sur L1 (Ω) par :
Définition 3.2.1
L’espace L1 (Ω) est défini par :
n o
L1 (Ω) = f˜; f ∈ L1 (Ω) .
Proposition 3.2.1
L’espace L1 (Ω) est un espace vectoriel sur K et l’application f˜ →
7 k f k1 , qui est indépendante du
représentant de f , définit une norme sur L1 (Ω).
35
3.3 Espaces L2 (Ω) et L∞ (Ω)
Définition 3.3.1
L’espace L2 (Ω) est défini par :
n o
L2 (Ω) = f˜ tel que f ∈ L2 (Ω) ,
où,
f˜ = {g ∈ L2 (Ω)/ f = g presque partout sur Ω}.
Alors L2 (Ω) est un espace vectoriel sur K et l’application f˜ 7→ k f k2 est indépendante du représentant
de f et elle définit une norme sur L2 (Ω).
Z
Remarque 3.3.1 Dans L2 (Ω), la norme k.k2 est celle associée au produit scalaire, ( f, g) = f. ḡdµ,
Ω
pour f, g ∈ L2 (Ω).
Ainsi, dans cet espace, l’inégalité de Cauchy Schwarz 4 s’écrit :
Z
| f gdµ| ≤ k f k2 kgk2 ∀ f, g ∈ L2 (Ω).
Ω
On définit
L∞ (Ω) = { f, Ω → K/ supess( f ) < +∞}.
Alors L∞ (Ω) est un espace vectoriel et l’application k.k∞ : f 7→ supess(f) est une semi-norme
sur L∞ (Ω).
Définition 3.3.3
L’espace L∞ (Ω) est défini par
où
f˜ = g ∈ L∞ (Ω)/ f = g presque partout sur Ω .
36
3.4 Propriétés des espaces Lp (Ω)
Remarques 3.3.1
1. En général, on identifie tout élément f˜ ∈ Lp (Ω), pour p = 1, 2 ou ∞, par son représentant f .
2. Si f ∈ L∞ (Ω), alors, pour presque tout x ∈ Ω, | f (x)| ≤ k f k∞ .
3. Pour une fonction continue, la norme infinie correspond à sa borne supérieure. Ceci n’est pas
toujours le cas comme le montrera l’exemple suivant : k1Q k∞ = 0, mais sup |1Q | = 1.
R
Exercice 3.3.1
1. Soit α ∈ R et on considère la fonction fα :]0, 1[→n R, xo 7→
1
xα
. A quelles conditions sur α la
p
fonction fα appartient-elle à L (]0, 1[), pour p ∈ 1, 2, ∞ .
2. Montrer en général les inclusions suivantes :
L∞ (]0, 1[) ⊂ L2 (]0, 1[) ⊂ L1 (]0, 1[).
37
3.4 Propriétés des espaces Lp (Ω)
En conséquence, la suite ( fn (x)) est presque partout de Cauchy dans l’espace complet
K = R ou C, elle converge donc presque partout vers f (x). Comme
∀ m ≥ n ≥ N(ε), on a | fn (x) − fm (x)| ≤ ,
et si on tend m vers +∞, on obtient, pour n ≥ N() et pour presque tout x ∈ Ω,
| fn (x) − f (x)| ≤ . De cette dernière inégalité, on déduit que | f (x)| ≤ | fn (x)| + presque
partout sur Ω, et donc f ∈ L∞ (Ω). Enfin, pour n ≥ N(), on a k fn − f k∞ ≤ ε, la suite ( fn )
converge bien vers f dans L∞ (Ω).
- Cas p = 1 ou p=2
k
X 1
Pour k ∈ N, on pose nk = N( i ), alors, nk ≤ nk+1 et par conséquent,
i=1
2
1
k fnk+1 − fnk kp ≤ .
2k
Pour simplifier, on notera gk = fnk , alors la sous suite (gk ) de ( fk ) vérifie
1
kgk+1 − gk kp ≤ , ∀ k ∈ N.
2k
+∞
X
Montrons que la série (gk+1 − gk ) est absolument convergente sur Ω. Pour x ∈ Ω,
k=1
n
X
soit Gn (x) = |gn+1 (x) − gn (x)|, alors,
k=1
n ∞
X X 1
kGn kp ≤ kgk+1 − gk kp ≤ < ∞. (3.1)
k=1 k=1
2k
38
3.5 Produit de convolution et densité
Remarque 3.4.1
De la démonstration précédente, on déduit que si une suite ( fn ) converge dans Lp (Ω), vers f , alors,
on peut en extraire une sous suite presque partout convergente sur Ω.
Preuve. Grâce à l’inégalité de Cauchy Schwarz on a : L2 (Ω) ⊂ L1 (Ω), puisque toute fonction
f ∈ L2 (Ω) vérifie :
Z Z Z
1 1 1
| f |dµ ≤ ( | f | dµ) 2 ( 12 dµ) 2 = k f k2 µ(Ω) 2 < ∞.
2
Ω Ω Ω
Si maintenant
R f ∈ L∞ (Ω), alors | f (x)| ≤ k f k∞ presque pour tout x ∈ Ω et par conséquent :
k f k1 = Ω | f (x)|dµ(x) ≤ µ(Ω)k f k∞ < ∞. Ainsi f ∈ L1 (Ω).
39
3.5 Produit de convolution et densité
Preuve. On a
Z Z Z Z Z
| f ∗ g|(x)dµ(x) ≤ | f (x − t)||g(t)|dµ(t)dµ(x) = |g(t)|( | f (x − t)|dµ(x))dµ(t).
R R R R R
Ainsi f ∗ g ∈ L1 (R) et
k f ∗ gk1 ≤ k f k1 kgk1 .
Proposition 3.5.2
Si f ∈ L1 (R) et si g ∈ Lp (R), pour p = 1, p = 2 ou ∞, alors f ∗ g ∈ Lp (R) et on a
k f ∗ gkp ≤ k f k1 kgkp .
Preuve.
1. Le cas p = 1 est déja traité. Si p = +∞, alors | f (x − t)g(t)| ≤ | f (x − t)|kgk∞ . Pour tout
x ∈ R.
Z Z
| f ∗ g(x)| ≤ kgk∞ | f (x − t)|dµ(t) = | f (z)|dµ(z)kgk∞ = k f k1 kgk∞ .
R R
40
3.5 Produit de convolution et densité
Finalement
1
Z
1 1
k f ∗ gk2 = ( | f ∗ g|2 (x)dµ(x)) 2 ≤ (k| f | ∗ |g|2 k1 ) 2 k f k12 ≤ k f k1 kgk2 .
R
Proposition 3.5.3
Si f ∈ L1 (R) et si g une fonction de classe Cm de R telle que g(k) , pour k = 0, ..., m, sont bornées
sur R, alors f ∗ g est aussi de classe Cm sur R et on a
( f ∗ g)(k) = f ∗ g(k) , ∀ k = 0, ..., m .
Z
Preuve. Comme | f ∗ g(x)| ≤ f (t)g(x − t)dµ(t), en x ∈ R, donc, on utilise alors le théorème
R
de dérivation sous le signe intégrale pour montrer d’abord que f ∗ g est dérivable et que
( f ∗ g)0 = f ∗ g0 , puis par récurrence pour montrer que ( f ∗ g)(k) = f ∗ g(k) , pour k = 1, ..., p
quelconque.
ZR Z R
1 1
= ( | f (y)|2 dµ(y)) 2 ( |g|2 (t)dµ(t)) 2 .
R R
41
3.5 Produit de convolution et densité
R J
Remarque 3.5.1 La continuité uniforme de f ∗ g est aussi vérifiée si g est continue à support compact
et f ∈ L1 (R), puisque dans ce cas
Z Z
| f ∗ g(x)− f ∗ g(x )| = | ( f (x− y)− f (x − y))g(y)dµ(y)| ≤
0 0
| f (x− y)− f (x0 − y)|dµ(y)kgk∞ .
R (x−K)∪(x0 −K)
Les suites de fonctions dite unités approchées servent dans ce cours pour montrer un résultat
de densité des fonctions de classes C∞ à support compact dans les espaces Lp (R).
Exercice 3.5.1 Monrer que si ρ une fonction intégrable positive, alors la suite (ρn ) donnée par
ρn (x) = nρ(nx) est une approximation de l’unité.
Les trois lemmes qui suivent sont pour montrer que suivant des hypothèses sur les
fonctions ρn , les fonctions f ∗ ρn seront ”régulières” et convergent vers f suivant un sens
qu’on précisera.
Lemme 3.5.1
Soit f une fonction continue à support compact sur R. Alors, pour toute approximation de l’unité
(ρn )n , la suite de fonctions ( f ∗ ρn )n converge uniformément vers f sur R.
42
3.5 Produit de convolution et densité
Comme f est continue à support compact, alors, elle est uniformément continue, il existe
donc η > 0 tel que si |y| ≤ η, alors | f (y − x) − f (x)| ≤ 2 . Ainsi
Z
| f (y − x) − f (x)|ρn (y)dµ(y) ≤ .
|y|≤η 2
Par ailleurs, Z Z
| f (y − x) − f (x)|ρn (y)dµ(x) ≤ 2k f k∞ ρn (x)dµ(y).
|y|≥η |y|≥η
Z Z
Comme lim ρn (x)dµ(y) = 0, il existe n0 > 0 tel que si n ≥ n0 , ρn (x)dµ(y) ≤ .
n→+∞ |y|≥η |y|≥η k f k∞
Les deux estimations précédentes donnent , pour n ≥ n0 , pour tout x ∈ R,
| f ∗ ρn (x) − f (x)| ≤ + = .
2 2
D’où la convergence uniforme de ( f ∗ ρn ) vers f sur R.
Lemme 3.5.2
Soit f une fonction continue à support compact sur R. Alors, pour toute approximation de l’unité
(ρn )n à support inclu dans un compact K indépendant de n, la suite de fonctions ( f ∗ ρn )n converge
vers f dans Lp (R) pour p = 1 ou p = 2.
Preuve. On sait déja, d’après ce qui précède, que f ∗ ρn est dans L1 (R) ∩ L2 (R) et que ( f ∗ ρn )n
converge uniformément vers f sur R, ( i.e, k f ∗ ρn − f k∞ → 0) . Sans perte de généralité,
n→+∞
on suppose que ρn est à support dans [−1, 1], pour tout entier n. Soit M > 0 tel que f est à
support dans [−M, M]. Par conséquent f ∗ ρn est à support dans [−M − 1, M + 1] et pour p = 1
ou 2, on a
Z
1 1
k f ∗ ρn − f kp ≤ ( I[−M−1,M+1] | f ∗ ρn − f kp dµ) p ≤ (2M + 2) p k f ∗ ρn − f k∞ → 0.
R n→+∞
Lemme 3.5.3 Soit f ∈ Lp (R), p = 1 ou 2. Alors pour toute approximation de l’unité (ρn )n , la suite
de fonctions ( f ∗ ρn )n converge vers f dans Lp (R).
43
3.5 Produit de convolution et densité
Preuve. Soit p = 1 ou p = 2. Si la suite (ρn ) est à support inclu dans [−1, 1] pour tout n, alors
pour toute fonction continue g sur R à support compact, on a
k f ∗ ρn − f kp ≤ k( f − g) ∗ ρn kp + kg ∗ ρn − gkp + kg − f kp .
Soit > 0. De la densité de l’espace des fonctions continues sur R à supports compacts Cc (R)
dans Lp (R), il existe g dans Cc (R), tel que kg − f kp ≤ 3 . Pour cette fonction g, et d’après le
lemme précédent, on a kg ∗ ρn − gkp → 0 . Il existe n0 tel que pour n ≥ n0 , kg ∗ ρn − gkp ≤ 3 .
n→+∞
Puisque ρn ∈ L1 (R) et f, g ∈ Lp , d’après la proposition (3.5.2), on a
k( f − g) ∗ ρn kp ≤ kρn k1 k f − gkp ≤ .
3
En conclusion, pour tout > 0, il existe n0 > 0, tel que si n ≥ n0 , alors k f ∗ ρn − f kp ≤ . La
suite ( f ∗ ρn ) converge donc uniformément vers f dans Lp (R).
Si les supports de ρn ne sont pas uniformément bornés, on considère dans ce cas la
suite ρ˜n = cn ρn φ, pour φ une fonction positve presque partout non nulle, de classe C∞ sur
R à support dans [−1, 1] et cn = R ρ1φdµ . On vérifie que lim cn = 1 et que (ρ̃n )n est une
R n n→+∞
approximation de l’unité. De plus, comme
f ∗ ρ̃n − f = cn ( f ∗ ρn − f ) − cn ρn (1 − φ) − (1 − cn ) f,
donc f ∗ ρn tend vers f dans Lp (R) puisque, la suite réelle (cn ) tend vers 1 et le membre de
gauche tend vers 0 dans Lp (R) d’après la première partie. Ce qui achève la démonstration.
On considère D(R), l’espace des fonctions de classe C∞ sur R à support compact. Alors,
D(R) est un K- espace vectoriel. Si on choisit la suite (ρn ) dans le dernier lemme dans D(R),
alors f ∗ ρn est aussi C∞ et à support compact qui converge vers f dans Lp (R).
Proposition 3.5.5
L’espace D(R) est dense dans Lp (R), p = 1 ou 2.
3.5.1 Applications
En genie électrique par exemple lorsqu’ on allume une source de tension d’un courant
continu (DC) à t = 0, on obtient
( un signal représenté par une fonction echelon appelée aussi
1 si t > 0
fonction de Heavside u(t) = .
0 si t < 0
44
3.5 Produit de convolution et densité
Cette fonction porte peut représenter la densité de charge d’une boule de diamètre D
centrée sur l’origine de densité uniforme ρ0 . Sa densité sur tout l’espace en coordonnés
sphériques est ρ(r) = ρ0 Π( Dr ).
La fonction triangle unité notée tri est définie par tri(t) = (1 − |t|)I[0,1] .
45
3.5 Produit de convolution et densité
46
3.5 Produit de convolution et densité
Exercice 3.5.2 Calculer f ∗ g lorsqu’elle est définie, pour les fonctions suivantes :
1. f = g = I[−1,1] .
2
2. f = g : x ∈ R 7→ e−x .
47
Chapitre 4
Introduction
On rappelle que toute fonction périodique continue par morceaux, se développe presque
partout sur R en une série de Fourier. On étudiera dans ce chapitre la représentation d’une
fonction non forcément périodique par une intégrale dite intégrale de Fourier. On commen-
cera par les fonctions Lebesgue intégrables de L1 (Rd ) puis les fonctions à carré Lebesgue
intégrables de L2 (Rd ).
Dans la deuxième partie de ce chapitre, on abordera la transformée de Laplace qui n’est
qu’une extension au plan complexe de la transformé de Fourier.
On désigne par µ la mesure de Lebesgue sur Rd .
48
4.1 Transformée de Fourier sur L1 (R).
Théorème 4.1.1
Soit f ∈ L1 (R), alors
a) La fonction fbest définie et continue sur R.
b) La fonction fb∈ L∞ (R) et on a k fbk∞ ≤ √1 k f k1 .
2π
c) lim fb(y) = 0.
|y|→+∞
Preuve.
a) La fonction Ψ : R2 ; (x, y) 7→ f (x)e−iyx est continue par rapport à la variable y sur R et
vérifie |Ψ(x, y)| ≤ √12π | f (x)|, pour tout y ∈ R et avec f ∈ L1 (R). Donc fbest définie sur R
et d’après le théorème de continuité d’une intégrale dépendant d’un paramètre, fbest
alors continue sur R.
49
4.1 Transformée de Fourier sur L1 (R).
c) On utilise la densité de D(R) dans L1 (R). En effet si f ∈ D(R), par intǵration par partie,
e−ixy i+∞ 1
Z h Z
f (x)e dµ(x) = f (x)
−ixy
+ f 0 (x)e−ixy dµ(x).
R −iy −∞ iy R
=0
En conséquence, fb(y) = 1 b0
iy
f (y)
1 b0 1
| fb(y)| ≤ k f k∞ ≤ √ k f 0 k1 → 0 .
|y| 2π|y| |y|→+∞
1
| fb(y)| ≤ | fb(y) − fbn0 (y)| + | fbn0 (y)| ≤ √ k fn0 − f k1 + | fbn0 (y)|.
2π
Comme lim | fbn0 (y)| = 0, il existe alors A > 0, tel que si |y| > A, on a : | fbn0 (y)| ≤ 2ε .
|y|→+∞
ε ε
Ainsi, pour |y| > A, | fb(y)| ≤ 2
+ 2
≤ ε.
Exercice 4.1.1
Calculer la transformée de Fourier des fonctions suivantes :
50
4.1 Transformée de Fourier sur L1 (R).
ii) Si la fonction x 7→ x f (x) est L1 (R), alors fbest de classe C1 sur R et la dérivée de la transformée
de Fourier vérifie :
fb 0 (y) = (−ix
[f ) (y), ∀ y ∈ R.
Preuve.
i) Soit f ∈ C1 (R) ∩ L1 (R). On montre d’abord qu’il existe une suite de réels (cnn ) qui tend
vers +∞ telle que lim f (cn ) = 0. En effet, pour tout a ∈ R, l’ensemble x ∈ R, x >
n→+∞
o
a, tel que | f (x)| ≤ n1 est non vide, pour tout entier non nul n. Sinon, il existe a > 0 et
n0 ∈ N∗ , tels que | f (x)| > n10 , ∀ x > a. Ainsi
Z Z Z
I
+∞ = dµ ≤ | f |dµ ≤ | f |dµ < ∞.
]a,+∞[ n0 ]a,+∞[ R
Soit c0 = 1, on prend c1 > 1 tel que | f (c1 )| ≤ 1, et par récurrence, connaissant cn−1 ,
on choisit cn > max(cn−1 , n) vérifiant | f (cn )| ≤ n1 . Alors, clairement, la suite (cn ) croit
vers +∞ quand n tend vers +∞ et lim f (cn ) = 0. De même, on montre l’existence
n→+∞
d’une suite (dn ) qui tend vers −∞ telle que lim f (dn ) = 0. Grace au théorème de la
n→+∞
convergence dominée, on peut vérifier facilement que
√
Z Z
lim f (x)e dµ(x) = lim
−ixy
I]dn ,cn [ f (x)e−ixy dµ(x) = 2π fb(y).
n→+∞ ]dn ,cn [ n→+∞ R
Sachant que f est de classe C1 sur R, alors une intégration par partie donne
Z Z
1 1 1 1 1
√ f (x)e dµ(x) = − √
−ixy
[ f (x)e ]dn +
−ixy cn
√ f 0 (x)e−iyx dµ(x).
2π ]dn ,cn [ 2π iy iy 2π ]dn ,cn [
Il suffit de faire tendre n vers +∞ pour conclure la relation entre les fonctions fˆ et b
f 0.
ii) Pour montrer que fbest dérivable, il suffit d’appliquer le théorème de dérivation sous
le signe intégrale, en considérant la fonction Ψ : (x, y) 7→ f (x)e−iyx . Cette dernière est de
classe C1 par rapport à la variable y et elle vérifie, pour tout y ∈ R, ∂Ψ
∂y
(x, y) = −ixΨ(x, y),
1 1
donc |Ψ(x, y)| ≤ |x Zf (x)|. Comme x 7→ x f (x) est dans L (R), donc f est de classe C sur
b
Proposition 4.1.2
51
4.1 Transformée de Fourier sur L1 (R).
ii) Si x 7→ xk f est L1 (R) pour tout k ∈ {0, 1, ..., n}, alors fbest n− fois dérivable sur R et pour tout
k ∈ {1, ..., n},
fb(k) (y) = ((−ix)
[k f ) (y), ∀ y ∈ R.
Exemple 4.1.2 :
2 2
La fonction f : x 7→ e−α x appartient à L1 (R) si α , 0, et elle vérifie f 0 (x) = −2xα2 f (x), ∀ x ∈ R.
Donc, f 0 ∈ L1 (R) et elle vérifie
iy fb(y) = b
f 0 (y) = 2iα2 iy
d f 0 (y) = −2iα2 fb0 (y).
Donc fˆ est solution de l’équation différentielle, u0 (y) = − 2α1 2 yu(y) sur R, donc,
y2
u(y) = fˆ(y) = Ce− 4α2 ,
où Z √ Z
1 −α2 x2 2 2 1
C = fb(0) = √ e dµ(x) = √ e−x dµ(x) = √ .
2π R |α| π ]0,+∞[ 2|α|
1. fb(−y) = f (y), pour tout y ∈ R, où ici f¯ désigne la fonction conjuguée dans C de f : R → C.
b
52
4.1 Transformée de Fourier sur L1 (R).
Preuve. Soient f et g deux fonctions de L1 (R). On sait déja que f ∗ g ∈ L1 (R), donc fd ∗ g est
bien définie et pour tout y ∈ R, en appliquant le théorème de Fubini, on obtient :
Z Z Z Z
1 1
f ∗ g(y) = √
d ( f (x − t)g(t)dµ(t))e dµ(x) = √
−ixy
( f (x − t)e−ixy dµ(x))g(t)dµ(t).
2π R R 2π R R
Avec le changement de variable z = x − t dans la première intégrale, on obtient
√
Z Z Z
1
f ∗ g(y) = √
d ( f (z)e dµ(z))e g(t)dµ(t) = f (y)
−izy −ity b e−ity g(t)dµ(t) = 2π fb(y)b
g(y).
2π R R R
53
4.1 Transformée de Fourier sur L1 (R).
R 2 2
R
R
fb(y)e−α y dµ(y) = R
f (y)e[
−α2 y2 dµ(y)
y2
= RR f (y) α1 e− α2 dµ(y) .
R
2
= R f (αy)e−y dµ(y)
Or Z Z
−y2 2
| f (αy)e dµ(y)| ≤ sup | f (u)| e−y dµ(y) → 0 .
|y|≤ √1α
√ α→0
|u|≤ α R
et
Z Z Z
−y2 − α1 − α1 1 1 1
| f (y)e dµ(y)| ≤ e | f (αy)|dµ(y) = e | f (y)|dµ(y) ≤ e− α k f k1 → 0 .
|y|> √1α |y|> √1α α |y|>α α α→0
En conséquence, Z
1
f (0) = 0 = √ fb(y)dµ(y) = fb(0).
b
2π R
2
Si f (0) , 0, on applique le résultat précédent pour h : x 7→ f (x) − f (0)e−x , alors h ∈ L1 (R)
et h(0) = 0, donc, utilisant la linéarité de l’application transformée de Fourier, et puisque
−x2 = e−x2 , on déduit que b
h(0) = h(0) = fb(0) − f (0) = f (0) − f (0) = 0.
d
ed
b b
Enfin, pour x ∈ R quelconque, soit la fonction g, y 7→ f (x + y). Alors
Z Z
1 1
√ f (y)e dy = √
b ixy
g(y)dµ(y) = g(0) = f (x).
b
2π R 2π R
Remarque 4.1.1 La formule de la transformée de Fourier inverse permet d’écrire une fonction f
comme une intégrale d’une fonction périodique y 7→ eixy dite composante harmonique avec un poids
qui est fb.
Corollaire 4.1.1
g sont aussi dans L1 (R). Alors
Soient f et g deux fonctions de L1 (R) telles que fbet b
1
f g = √ fb∗ b
c g.
2π
54
4.2 Transformée de Fourier sur L2 (R)
R
Preuve. Si on note l’application F̃ : h ∈ L1 (R) 7→ F ˜(h) : x 7→ √12π R h(y)eixy dµ(y) = bh(−x).
h sont dans L1 (R), alors, d’après la formule de transformée de Fourier inverse,
Ainsi, si h et b
on a F̃ (F (h)) = h et F (F̃ (h)) = h.
√ De plus, on peut vérifier de la même façon que pour l’application F , que F̃ ( f ∗ g) =
2πF̃ ( f ) F̃ (g). En particulier,
√
g) = 2πF̃ ( fb) F̃ (b
F̃ ( fb∗ b g).
D’où le résultat.
Remarque 4.1.2
On pourra montrer que l’application F : L1 (R) → C(R) est continue, injective, mais non
surjective, (voir TD). On montrera dans la partie qui suit, que F peut être définie sur L2 (R), et qu’elle
réalise une bijection de L2 (R) sur lui même.
En particulier, si f = g, Z Z
| f | dµ =
2
| fb|2 dµ.
R R
2. Marc-Antoine Parseval des Chênes, 1755-1836 : mathématicien Français.
3. Michel Plancherel, 1885-1967 : mathématicien Suisse.
55
4.2 Transformée de Fourier sur L2 (R)
Preuve. On vérifie d’abord que si f ∈ L1 (R)∩Ł2 (R), alors fb∈ L2 (R). Pour ce faire, on considère
x2
la suite de fonctions (gn ), définies par gn (x) = e− n2 . La suite (| fb|2 gn ) est une suite croissante à
termes positifs. D’après le théorème de la convergence monotone,
Z Z
2
| f (x)| gn (x)dµ(x) →
b | fb|2 dµ(x) = k fbk22 .
R n→+∞ R
D’autre part, comme fb ∈ L∞ (R), alors, | fb|2 gn ∈ L1 (R). En remplacant | fb|2 = fb fb par son
expression, et d’après le théorème de Fubini, on obtient,
Z Z Z Z
1
| fb(x)| gn (x)dµ(x) =
2
f (y) f¯(z) e−ix(y−z) gn (x)dµ(x)dµ(z)dµ(y).
R 2π R R R
Or
√
Z
e−ix(y−z) gn (x)dµ(x) = 2π gbn (y − z).
R
Donc, R R R
R
| fb|2 gn (x)dµ(x) = √1 f (y) R f¯(z) gbn (y − z)dµ(z)dµ(y)
2π RR R
= √1
2π R R
f (u + z) f¯(z) gbn (u)dµ(z)dµ(u) ,
R
= √1
2π R
F(u) gbn (u)dµ(u)
Z
où F(u) = f (u+z) f¯(z)dµ(z). Cette fonction F vérifie, d’après l’inégalité de Cauchy-Schawrz,
R
la majoration suivante :
Z Z
1 1
|F(u)| ≤ ( | f (u + z)| dµ(z)) 2 ( | f¯(z)|2 dµ(z)) 2 = k f k22 .
2
R R
2 2
On sait que gbn (u) = ne−n u , on en déduit alors,
Z Z Z
−n2 u2 t 2
F(u) gbn (u)dµ(u) = F(u)ne dµ(u) = F( )e−t dµ(t).
R R R n
D’après le théorème de convergence dominée,
Z Z Z Z
1 −n2 u2 1 t −t2 1 −t2
lim √ F(u)ne dµ(u) = √ F( )e dµ(t) = √ F(0) e dµ(t) = | f |2 dµ = k f k22 .
n→+∞ 2π R 2π R n 2π R R
56
4.2 Transformée de Fourier sur L2 (R)
L’application x 7→ sinx x appartient à L2 (R), mais elle n’appartient pas à L1 (R). On pourra
définir sa transformée de Fourier en utilisant le résultat de densité suivant.
Lemme 4.2.1
L’espace L1 (R) ∩ L2 (R) est dense dans L2 (R).
Preuve. Soit f ∈ L2 (R), on pose fn = I[−n,n] f ∈ L1 (R) ∩ L2 (R). Comme | fn − f |2 → 0 et, pour
n→+∞
tout entier n, | fn (x) − f (x)|2 ≤ 4| f (x)|2 , alors, grâce au théorème de la convergence dominée,
on a Z
k fn − f k22 = | fn − f |2 dµ → 0 .
R n→+∞
Définition 4.2.1
La transformée de Fourier d’une fonction f ∈ L2 (R) est par définition, la limite dans L2 (R) lorsque
n tend vers +∞, de ( bfn ), où fn = I[−n,n] f .
Remarques 4.2.1
1. Comme la suite de fonction ( fn ), dont les termes appartiennent à L1 (R) ∩ L2 (R), est de Cauchy
dans L2 (R) et, d’après l’identité de Parseval, k fn k2 = k fˆn k2 , donc la suite ( b
fn ) est aussi de
2
Cauchy dans l’espace complet L (R), donc elle est convergente. Ainsi, la trasformée de Fourier
de f ∈ L2 (R), telle qu’elle est définie, a bien un sens.
2. On peut définir fb, pour f ∈ L2 (R), comme limite dans L2 (R) de ( b fn ), pour ( fn ) une suite
quelconque de L1 (R) ∩ L2 (R), qui converge vers f dans L2 (R). Grace à l’identité de Parseval,
la limite dans L2 (R) de ( b
fn ) est indépendante de choix de ( fn ).
57
4.3 Transformée de Fourier sur Rd
Proposition 4.2.2
L’application F : L2 (R) → L2 (R), f 7→ fbest une isométrie.
Preuve. L’application linéaire F vérifie F ( f ) = lim 1[ [−n,n] f dans L (R). Comme fn = I[−n,n] f ∈
2
n→+∞
L1 (R) ∩ L2 (R), alors, d’après ce qui précède, fˆn ∈ L2 (R) et de la formule de Parseval, on
k fn k2 = k fˆn k2 . De plus, |k fn k2 − k f k2 | ≤ k fn − f k2 → 0 , donc k fn k2 → k f k2 . De même, et comme
n→+∞ n→+∞
2
fn k2 → k fbk2 . F est alors une isométrie, elle est donc
fn ) converge vers fbdans L (R), donc k b
(b
n→+∞
injective, et par construction elle est surjective, par conséquent, elle est une isométrie de
L2 (R).
4.4 Applications
4.4.1 Fonction de transfert et filtrage : Circruit RC
Soit l’équation différentielle
dq q
R + = x0 (t). (4.1)
dt C
où le signal d’entrée x0 (t) représente la tension alternative dans un circuit RC composé d’une
résistance R et d’un condensateur C monté en série et q(t) est la charge du condensateur. Si
q
on pose y = C , alors l’équation (4.1) devient :
dy
+ y = x(t) = Rx0 (t).
RC (4.2)
dt
La fonction y représente le signal de sortie. Si on cherche une solution (signal filtré) sous
la forme y = x ∗ h avec h est la réponse impulsionnelle (voir (3.5.1)), puis on applique la
transformée de Fourier, on obtient
√
(itRC + 1)b
y=b x = 2πb xbh.
58
4.4 Applications
∂[
f ∂ fb
(t, .) = (t, .).
∂t ∂t
Si on applique la transformée de Fourier par rapport à x à chaque membre de l’équation, et
si on utilise la formule de la transformée de Fourier de la dérivée, on trouve que, pour tout
t > 0, et pour y ∈ R,
∂ fb
(t, y) = c2 (−iy)2 fb(t, y) = −c2 y2 fb(t, y). (4.4)
∂t
De plus, la condition initiale vérifie, pour tout y ∈ R :
59
4.5 Transformée de Laplace
2π 2|c| t 4πc2 t R
C’est la solution sous forme intégrale de l’équation de la chaleur. En particulier, si f0 est
continue et bornée, alors f est C2 est vérifie bien l’équation de la chaleur.
où f0 est une fonction donnée. Utiliser la transformée de Fourier pour résoudre cette équation.
Définition 4.5.1
Soit f : R 7→ C. On appelle transformée de Laplace de f , lorsqu’elle existe, la fonction, de la
variable complexe, notée L( f ) : C → C et définie par
Z
L( f )(z) = f (t)e−zt dµ(t),
]0,+∞[
Exemples 4.5.1
1. La transformée de Laplace de la fonction dite de heavside H = 1]0,+∞[ est
si Réel(z) > 0
( 1
L(H)(z) = z }
n’est pas définie si Réel(z) ≤ 0
4. Pierre-Simon de Laplace, 1885-1967 : mathématicien, astronome, physicien et homme politique Français
60
4.5 Transformée de Laplace
n et2 si t > 0,
2. La fonction f : t 7→ n’admet pas de transformée de Laplace. En effet,
0 si t ≤ 0 R
2 2 2
∀z = x + iy ∈ C, ∀t > 0, |e−tz et | = et −tx et la fonction ]0,+∞[ et −tx dt = ∞.
3. Si f (t) = e−αt 1]0,+∞[ (t), pour α , 0, alors, pour tout z ∈ C tel que Réel(z) > −α, L( f )(z) = 1
z+α
.
Quelles hypothèses alors peut-on mettre sur f pour qu’elle admette une transformée de
Laplace ?
On montre dans un premier lieu que, seulement la partie réelle d’un nombre complexe z
qui intervient dans l’existence de L( f ) en z.
Lemme 4.5.1
1. Pour tout nombre complexe z = x + iy, la fonction L( f ) est définie en z si et seulement si elle
est définie en sa partie réelle x.
2. Si L( f ) est définie en un réel x0 , alors, elle est définie en tout nombre complexe z = x + iy tel
que x > x0 .
Preuve.
1. Pour t > 0, on a
| f (t)e−zt | = | f (t)e−xt e−iyt | = | f (t)e−xt |.
Donc, la fonction t 7→ f (t)e−zt est Lebesgue R intégrable si et seulement si t 7→ f (t)e−xt l’est
aussi. Par conséquent, L( f )(z) = ]0,+∞[ f (t)e−zt dµ(t) exite si et seulement si L( f )(x) =
R∞
0
f (t)e−xt dµ(t) existe.
R
2. Soit x0 ∈ R tel que L( f )(x0 ) = ]0,+∞[ f (t)e−x0 t dµ(t) existe. Soit z = x + iy tel que x > x0 ,
R
alors | f (t)e−zt | = | f (t)e−xt | ≤ | f (t)e−x0 t |. Ainsi L(F)(x) = ]0,+∞[ f (t)e−xt dµ(t) est aussi finie.
Cette abscisse de sommabilité peut être égale à −∞ lorsque la trasformée de Laplace de f est
définie sur tout R. De plus, si z = x + iy un nombre complexe quelconque, alors on a :
61
4.5 Transformée de Laplace
2. Si z = x + iy ∈ C, alors
√
Z
L( f )(z) = f (t)e−xt e−iyt dµ(t) = 2π(e−xt
[ f (t))(y).
R
62
4.5 Transformée de Laplace
Application
Parmi les applications importantes de la transformée de Laplace, on trouve la résolution
des équations différentielles ordinaires, ou plus gńéralement, des systèmes différentiels avec
conditions initiales.
Comme exemple, soit à résoudre l’équation différentielle ordinaire simple suivante :
On sait que cette équation admet une solution unique f sur R. En appliquant la transformée
de Laplace dans cette équation, on obtient,
Par conséquent,
(x2 − 2x)L( f )(x) − x = 0
x 1
et donc L( f )(x) = = . D’après l’exemple 4.5.1 on peut prendre f (t) = e−2t , pour
x2− 2x x − 2
t > 2. On vérifie alors que f (t) = e−2t est la solution unique de l’équation différenteille (4.6)
sur tout R.
Remarquons ici que le coefficient x2 −2x devant L( f ) correspond à l’équation caractéristique
de (4.6).
En général, si on applique la transformée de Laplace à une équation différentielle linéaire,
alors L( f ) est une fraction rationnelle en x. Il suffit de faire la décomposition en éléments
simples de cette fraction dans C[x].On peut, par la suite utiliser la table de transformée de
Laplace de fonctions usuelles, pour trouver la solution f correspondante.
Exercice 4.5.1
Utiliser la transformée de Laplace pour trouver la solution de système différentiel suivant :
63
Chapitre 5
Espace de Hilbert
Introduction
Les espaces de Hilbert 1 généralisent la notion d’espaces Euclidiens et ils sont des outils
indispensables dans la théorie des équations aux dérivées partielles et en analyse de Fourier.
Ces espaces sont réels ou complexes, de dimension finie ou infinie où ses éléments peuvent
se décomposer dans des bases orthonormées. Ils se caractérisent aussi par le théorème
de Pythagore, l’égalité de parallélogramme et le théorème de projection sur les ensembles
convexes.
On rappelle que si V est un R- espace vectoriel, toute forme bilinéaire, symétrique définie
positive, définit un produit scalaire sur V. Comme exemples de produit scalaire, on trouve :
d
X
1. V = R , et (x, y) =
d
xi yi , pour tous vecteurs x et y de Rd .
i=1
Définition 5.1.1
Soit V un K- espace vectoriel. Un produit scalaire sur V est une application (., .) : V × V → K
vérifiant :
1. David Hilbert, 1862-1943 : mathématicien Allemand
64
5.1 Espaces de Hilbert
On dit aussi que le produit scalaire (., .) est une forme sesquilinéaire ( losqu’elle vérifie i) et
ii)) définie positive (grace à iii)).
Un espace V muni d’un produit scalaire est un espace préhilbertien (réel ou complexe).
Il est Hermitien si K = C. Si V est de dimension finie et K = R, il est dit Euclidien.
Exemples 5.1.1
d
X
1. V = C , et (x, y) =
d
xi yi , pour tous vecteurs x et y dans Cd .
i=1
T
2. V = Mn (C) et (A, B) = trace(A.B ), pour toutes matrices complexes A et B.
Z
3. V = L (Ω, C), pour Ω un ensemble mesurable de R et ( f, g) =
2 d
f gdµ
Ω
Preuve. On traite le cas (u, v) est réel. Pour tout réel t, le trinôme t 7→ (u + tv, u + tv) =
(u, u) + t((u, v) + (u, v)) + t2 (v, v) ≥ 0. Son discriminant ∆ = ((u, v) + (u, v))2 − 4(u, u)(v, v) =
4|(u, v)|2 − 4(u, u)(v, v) ≤ 0, d’où le résultat. Si (u, v) est complexe pur, alors (u, v)((u,¯ v) =
(u(u,¯ v), v(u,¯ v)). En appliquant le cas précédent pour ũ = u(u,¯ v), et ṽ = v(u,¯ v)v, on obtient :
p p p p
|(ũ, ṽ)| = |(u, v)|2 ≤ (ũ, ũ) (ṽ, ṽ) = (u, u) (v, v)|(u, v)|.
Propriétés 5.1.1
Soit V un espace préhilbertien. Alors, par un calcul simple on peut montrer que, pour tous u, v
dans V, on a
65
5.2 Théorème de projection
—
ku + vk2 = kuk2 + kvk2 si et seulement si Réel(u, v) = 0.
— Identité du parallélogramme :
ku + vk2 + ku − vk2 = 2(kuk2 + kvk2 ).
u
u+v
u−v
Remarque 5.1.1 Si une norme k.k dans un espace vectoriel V ne vérifie pas l’identité de pa-
rallégramme, alors (V, k.k) n’est pas un espace préhilbertien.
Définition 5.1.3 (Espace de Hilbert)
On dit qu’un espace préhilbertien H, muni de la norme k.k associée au produit scalaire (., .) est un
espace de Hilbert si (H, k.k) est un espace de Banach.
Exemples 5.1.2
+∞
X +∞
X
1. L’espace V = ` (C) = {(un )n∈N /
2
|un | < ∞}, muni de produit scalaire (u, v) =
2
un vn
n=0 n=0
pour tous u = (un ), v = (vn ) ∈ V, est un espace de Hilbert.
Z 1
2. V = C([0, 1]) muni de produit scalaire, ( f, g) = f gdµ est un espace préhilbertien qui
0
n’est pas complet pour la norme k.k2 , associée à ce produit scalaire, il n’est pas donc un Hilbert.
3. (C([0, 1]), k.k∞ ) n’est pas un espace préhilbertien, car la norme infinie k.k∞ ne vérifie pas
l’identité de parallélogramme.
66
5.2 Théorème de projection
La projection sur un convexe caractérise les espaces de Hilbert (voir fig (5.2)).
Proposition 5.2.1
Soit C un ensemble convexe fermé non vide d’un espace de Hilbert H. Alors,
a) pour tout u ∈ H, il existe un unique vecteur PC u ∈ C vérifiant :
ku − PC uk = inf kv − uk.
v∈C
Réel(u − PC u, v − PC u) ≤ 0, ∀ v ∈ C.
c) L’application PC vérifie
kPC u − PC vk ≤ ku − vk, ∀ u, v ∈ H.
u C
PC u
Preuve.
a) Soit α = inf ku − vk, alors, α < ∞ et il existe une suite minimisante (vn ) de C vérifiant
v∈C
ku − vn k → α . Montrons que la suite (vn ) est de Cauchy. On a, pour tout n, m ∈ N,
n→+∞
Or
4α2 ≤ kvn + vm − 2uk2 = 4k vn +v
2
m
− uk2 = 4k vn2−u + um2−u k2 (car vn +v
2
m
∈ C)
≤ 4( 2 kvn − uk + 2 kvm − uk ) → 4α
1 2 1 2 2 .
n→+∞
67
5.2 Théorème de projection
Par conséquent lim kvn + vm − 2uk2 = 4α2 et donc lim kvn − vm k2 = 4α2 − 4α2 = 0. La
n→+∞ n→+∞
suite (vn ) est de Cauchy et H est un Hilbert donc complet, soit PC u = lim vn . On a
n→+∞
alors
kPC u − uk = lim kvn − uk = α = inf kv − uk.
n→+∞ v∈C
u1 + u2
ku1 − uk2 ≤ k − uk2 = k 12 (u1 − u) + 12 (u2 − u)k2 < 12 ku1 − uk2 + 12 ku2 − uk2 ,
2
car l’application v 7→ kvk est strictement convexe. Contradiction car ku1 − uk = ku2 − uk.
b) Soit v ∈ C, alors pour t ∈]0, 1], PC u + t(v − PC u) ∈ C et
kPC u−u+t(v−PC u)k2 = kPC u−uk2 +2tRéel(PC u−u, v−PC u)+t2 k(v−PC u)k2 ≥ kPC u−uk2 .
Réel(u − PC u, PC v − PC u) ≤ 0 et Réel(v − PC v, PC v − PC v) ≤ 0.
Réel(u − PC u − (v − PC v), PC v − PC u) ≤ 0.
Si V est un R- espace vectoriel, les deux notions coı̈ncident, mais lorsque K = C, pour
tout vecteur non nul v ∈ V, v et iv sont perpendiculaires, mais non orthogonaux, puisque
(v, iv) = −ikvk2 .
68
5.2 Théorème de projection
Définition 5.2.2
Soit F un sous espace vectoriel d’un espace de Hilbert H. On appelle orthogonal de F et on note
⊥
F , le sous espace vectoriel :
F⊥ = {u ∈ H / (u, v) = 0, ∀ v ∈ F}.
Preuve.
1. Le sous espace vectoriel F est toujours convexe, s’il est de plus fermé, la projection PF
est caractérisée par
(u − PF u, v − PF u) ≤ 0, ∀ v ∈ F.
Soit w ∈ F. Comme PF u ∈ F, alors v = w+PF u ∈ F. Donc (u−PF u, w) ≤ 0. Puisque F est un
sous espace vectoriel, donc (u − PF u, −w) ≤ 0. Par conséquent (u − PF u, w) = 0, ∀ w ∈ F.
2. Pour tout u, v ∈ H, et pour tout λ ∈ K, alors u + v − (PF u − PF v) = u − PF u + v − PF v ∈ F⊥
et λu − λPF u = λ(u − PF u) ∈ F⊥ . De plus PF u + PF v ∈ F et λPF u ∈ F. D’après la
caractérisation de la projection sur F, donc PF (u + v) = PF u + PF v et PF (λu) = λPF u.
D’où la linéarité de PF . Cette application linéaire est, d’après (5.2.1), Lipschitzienne,
puisqu’elle vérifie,
kPF u − PF v)k = kPF (u − v)k ≤ ku − vk.
Donc elle est continue.
Proposition 5.2.2
Si F est un sous espace vectoriel fermé d’un espace de Hilbert H, alors
+ ⊥.
H = F
F
Corollaire 5.2.2
Soit F un sous espace vectoriel d’un espace de Hilbert H. Alors F est dense dans H si et seulement
si F⊥ = {0}.
69
5.2 Théorème de projection
⊥
Preuve. Il suffit de montrer que F⊥ = (F)⊥ . En effet, F ⊂ F, donc F ⊂ F⊥ . Soit u ∈ F⊥ , on doit
⊥
montrer que u ∈ F , ou encore que (u, v) = 0, pour tout v ∈ F. Soit v ∈ F, il existe une suite
(vn ) ∈ F telle que lim vn = v. Comme vn ∈ F, donc (vn , u) = 0. Or |(vn , u)−(v, u)| = |(vn −v, u)| ≤
n→+∞
1 1 ⊥
kvn − vk 2 kuk 2 → 0 . Donc lim (vn , u) = (v, u) = 0. Ainsi u ∈ F et les deux espaces sont égaux.
n→+∞ n→+∞
⊥
Si F est dense dans H, donc F = H. Par conséquent F = {0} = F⊥ . Inversement, si F⊥ = {0},
⊥
donc F = {0}. Comme F est fermé, donc il et en somme directe dans H avec son orthogonal
qui est réduit au vecteur nul et par suite F̄ = H.
Remarque 5.2.1
Souvent, on utilise ii) pour montrer qu’une application linéaire est continue.
Théorème 5.2.1 ( de Représentation de Riesz 2 )
2. Frigyes Riesz, 1880-1956 : mathématicien Hongrois
70
5.2 Théorème de projection
Preuve. On pose F = ker f , le noyau de f . Comme f est continue, donc F est un fermé de
H. Si F⊥ = {0}, alors (F⊥ )⊥ = H = F, dans ce cas, f est l’application nulle, u = 0 répond à la
question.
Sinon, il existe un vecteur non nul, w ∈ F⊥ . Puisque F et son orthogonal sont en somme
directe, w < F et f (w) , 0.
f (v) f (v)
Pour tout v ∈ H, v − f (w) w ∈ F, donc (w, v − f (w) w) = 0. En conséquence,
f (w) f (w)
f (v) = 2
(w, v) = ( w, u),
kwk kwk2
f (w)
où k.k désigne la norme de H associée à son produit scalaire. Il suffit de choisir u = kwk2
w
pour conclure l’existence.
Pour l’unicité, on suppose qu’il existe u1 et u2 dans H, tels que
Pour v = u1 − u2 , on obtient,
Si on fait la différence entre les deux termes en produit scalaire, on déduit (u1 − u2 , u1 − u2 ) =
ku1 − u2 k2 = 0 et par suite u1 = u2 .
a(u, v) = f (v), ∀ v ∈ H.
71
5.3 Base Hilbertienne
Preuve. De la coercivité, on tire que la forme bilinéaire symétrique a : (u, v) 7→ a(u, v), définit
un produit scalaire sur H dont on notera sa norme associée par k.ka . Grâce à la continuité et à
la coerciveté, on vérifie facilement que les deux normes k.ka et k.k sont équivalentes dans H.
Il suffit d’appliquer le théorème de représentation de Riesz pour la forme linéaire continue
f pour le produit scalaire a(., .). On montre alors la première partie de théorème.
Pour montrer que u réalise le minimum de J sur H, un calcul simple montre que :
Ce minimum est unique. En effet tout minimum u de J sur H vérifie la condition d’optimalité,
J0 (u) = a(u, .) − f = 0. Donc l’unicité de u découle de la première partie de théorème de Lax-
Milgram.
Exemples 5.3.1
1. Tout espace vectoriel de dimension finie est séparable. En effet toute famille libre de n = dimE,
est dense dans cet espace.
+∞
X
2. l’espace ` = {(un )n∈N /
2
|un |2 < ∞} est séparable, il est engendré par la base dénombrable
n=0
(up )p∈N , pour up = (0, ..., 1 , 0, ...).
p−ième
Proposition 5.3.1
72
5.3 Base Hilbertienne
Soit (en ) une base hilbertienne d’un espace de Hilbert H. Alors tout vecteur v ∈ H s’écrit d’une
manière unique X
v= (v, en )en .
n∈N
De plus X
kvk2 = (v, en )2 .
n∈N
Preuve. Soit le sous espace vectoriel de dimension finie Vn = Vect{e1 , e2 , ..., en }. Alors Vn est
un fermé de H. On considère Pn la projection sur Vn . Pour tout v ∈ H,
n
X
Pn v = (v, ek )ek .
k=1
(Pn ) est aussi de Cauchy dans H qui est complet, donc convergente. Soit w = lim Pn v. Alors,
n→+∞
pour tout k ≤ n, ek ∈ Vn , donc (v − Pn v, ek ) = 0. Si on fait tendre n vers +∞, on obtient
(v − w, ek ) = 0, pour tout k. Comme (ek ) forme une base de H, on conclut que v = w et que
X+∞
v= (v, en )en . De plus
n=1
n
X X
kPn vk =
2
(v, ek )2 → kvk2 = |(v, ek )|2 .
n→+∞
k=1 k∈N
Proposition 5.3.2
Tout espace de Hilbert séparable possède une base Hilbertienne.
73
5.3 Base Hilbertienne
Proposition 5.3.3
Tous les espaces de Hilbert séparables de dimension infinie sont isomorphes entre eux.
X
Preuve. Soit (en ) une base hilbertienne et soit Φ : ` → H, v = (vn )n∈N 7→
2
vn en . Alors Φ est
n∈N
linéaire et X 1
kΦ(v)k = ( |vn |2 ) 2 = kvk.
n∈N
Donc Φ est injective, de plus elle est surjective par construction, donc Φ est un isomorphisme.
74
Chapitre 6
Distributions
Introduction
Les distributions sont des outils mathématiques utilisés pour représenter des phénomènes
physiques que les fonctions classiques sont incapables de transcrire. Elles permettent de faire
des calculs systématiques des valeurs non calculables de manière classique, comme la masse
d’un objet ponctuel, la charge éléctrique ponctuelle...
La théorie de distribution a été introduite aussi pour élargir la notion de fonctions et pour
étendre la notion de dérivation pour des fonctions qui ne sont pas même continues. Plu-
sieurs problèmes en ingénierie conduisent à des équations différentielles ou à des équations
aux dérivées partielles dont les solutions ne sont pas des fonctions ordinaires mais des
distributions.
Pour simplifier encore une fois, on définit les distributions sur Ω un ouvert de R, (d = 1).
75
6.2 Distribution et espace D0 (Ω)
Cette inclusion est stricte en général, comme contre exemple, il suffit de prendre ϕ = IR+ et ψ = IR− .
Exemples 6.1.1
1. La fonction ϕ : x 7→ xI[0,+∞[ est de support [0, +∞[.
(
0 si |x| ≥ a
2. Pour a ∈ R+ , la fonction ϕa : x 7→
∗
est de support [−a, a].
exp (− a2 −x2 ) si |x| < a.
1
— Si (ϕn ) une suite de D(Ω) qui converge vers ϕ dans D(Ω), alors |T(ϕn ) − T(ϕ)| → 0 . (La
n→+∞
suite réelle ou complexe T(ϕn ) converge vers T(ϕ) dans K).
L’ensemble de distributions sur Ω est noté D0 (Ω).
Remarques 6.2.1
76
6.2 Distribution et espace D0 (Ω)
- Si T est une distribution, on note T(ϕ) =< T, ϕ >, le crochet de dualité, pour toute fonction test
ϕ ∈ D(Ω).
- Une distribution T ∈ D0 (Ω) est nulle si
où kψk∞ = sup |ψ(x)| désigne la norme infinie sur Ω d’une fonction ψ : Ω 7→ K de L∞ (Ω).
x∈Ω
c’est-à-dire si le nk dans la définition précédente est indépendant de K et peut toujours être pris égal à
n.
77
6.2 Distribution et espace D0 (Ω)
— T f est linéaire.
— Soit (ϕn ) de D(Ω) qui converge vers ϕ dans D(Ω). Il existe un compact K de Ω telle
que Supp(ϕn ) ⊂ K, pour tout entier n vérifiant sup |ϕn (x) − ϕ(x)| → 0 .
x∈K n→+∞
Alors
Z Z
|T f (ϕn ) − T f (ϕ)| = | f (ϕn − ϕ)|dµ ≤ sup |ϕn (x) − ϕ(x)| | f |dµ → 0 .
K x∈K K n→+∞
L’application T f est bien une distribution. Cette distribution est d’ordre 0, puisque,
pour tout compact
Z K de Ω, |T(ϕ)| ≤ CK kϕk∞ , pour tout ϕ ∈ D(Ω) à support dans K, et
pour CK = | f (x)|dµ(x).
K
Définition 6.2.4
Une distribution T ∈ D0 (Ω) est dite régulière s’il existe f ∈ L1loc (Ω) telle que T = T f . On identifie
dans ce cas T f à f . Ainsi toute fonction localement intégrable est une distribution. En particulier, toute
fonction presque partout continue sur Ω, ou toute fonction intégrable sur Ω, est une distribution. Si
une distribution T n’est pas régulière, elle est dite singulière. La distribution de Dirac 1 est l’exemple
le plus usuel de distribution singulière.
Distribution de Dirac
Soit a ∈ Ω, l’application δa : D(Ω) → R, ϕ 7→ ϕ(a) définit une distribution. En effet,
-δa est linéaire.
- Soit K un compact de Ω et soit ϕ ∈ D(Ω) à support dans K. Alors, |δa (ϕ)| = |ϕ(a)| ≤ kϕk∞ .
Par conséquent, δa est une distribution d’ordre 0 qui porte le nom de distribution de Dirac.
Montrons qu’elle est singulière. Sinon, il existe f ∈ L1loc (Ω), telle que
Z
δa (ϕ) = f ϕdµ = ϕ(a), ∀ ϕ ∈ D(Ω).
Ω
Contradiction.
La distribution singulière δa s’appelle distribution de Dirac qui est nulle sur tout ouvert
de R ne contenant pas a.
1. Paul Dirac, 1902-1984 : mathématicien et physicien Britanique
78
6.2 Distribution et espace D0 (Ω)
ϕ(x)
Z Z
+∞
dx = [ϕ(x) log(x)]ε − ϕ0 (x) log(x)dx,
{x>ε} x {x>ε}
et
ϕ(x)
Z Z
dx = [ϕ(x) log(−x)]−∞ −
−
ϕ0 (x) log(−x)dx.
{x<−ε} x {x<−ε}
Comme ϕ est à support compact, donc ϕ(x) est nulle pour x au voisinage de ±∞, par
conséquent :
ϕ(x)
Z Z
T(ϕ) = lim( dx = log(ε)(ϕ(−ε) − ϕ(ε))) − ϕ0 (x) log |x|dx).
→0 {|x|>ε} x {|x|>ε}
Or
(ϕ(−ε) − ϕ(0) − (ϕ(ε) − ϕ(0)))
log(ε)(ϕ(−ε) − ϕ(ε))) = ε log(ε) → 0+ .
ε ε→0
Z Z Z
ϕ0 (x) log |x|dx = I{|x|>ε} (x)ϕ0 (x) log |x|dx = I{|x|>ε} (x)g (x)dx,
{|x|>ε} R K
pour K = Supp(ϕ) et pour g (x) = I{|x|>ε} (x)ϕ (x) log |x|. On a alors, presque pour tout x ∈ K
0
Il est facile à vérifier que T est une distribution en utilisant sa nouvelle expression puisque
elle est linéaire et elle vérifie
|T(ϕ)| ≤ CK kϕ0 k∞ , ∀ K ⊂ R, compact et∀ ϕ ∈ D(R)/ Supp(ϕ) ⊂ K,
79
6.3 Opérations sur les distributions
Z
où CK = log(|x|)dx. De plus, elle est une distribution d’ordre 1.
K
Cette distribution s’appelle valeur principale de Cauchy et elle est notée vp( x1 ).
< T + S, ϕ >=< T, ϕ > + < S, ϕ > et < λT, ϕ >= λ < T, ϕ >,
Remarque 6.3.1 L’application linéaire définie précédemment sur calD(Ω), qu’on a noté ψT est bien
une distribution. En effet, soit (ϕn ) ∈ D(Ω) une suite qui converge vers ϕ ∈ D(Ω), alors ψϕn
converge vers ψϕ dans D(Ω). Ainsi
Exemples 6.3.1
1. Le produit xδ0 est bien défini, puisque x 7→ x est de classe C∞ . Soit ϕ ∈ D(Ω), alors
80
6.3 Opérations sur les distributions
On dit dans ce cas que T f 0 est la distribution dérivée de T f . On définit la dérivée d’une
distribution dans le cas général comme suit :
Définition 6.3.2
La dérivée T0 ∈ D0 (Ω) d’une distribution T ∈ D0 (Ω) est définie par
< T0 , ϕ >= − < T, ϕ0 >, ∀ ϕ ∈ D(Ω).
Par récurrence, la dérivée d’ordre m de T ∈ D0 (Ω) est la distribution notée T(m) ∈ D0 (Ω), donnée par
< T(m) , ϕ >= (−1)m < T, ϕ(m) >, ∀ ϕ ∈ D(Ω).
Exemples 6.3.2
— Si T = δ0 , alors < T0 , ϕ >= − < T, ϕ0 >= −ϕ0 (0). Donc δ00 : D(R) → R, ϕ 7→ ϕ0 (0).
— La fonction f : x 7→ |x| est dans L1loc (R), mais f n’est pas dérivable sur R. Si T = T f , alors
Z Z Z
< T , ϕ >= − < T, ϕ >= −
0 0
|x|ϕ (x)dx =
0 0
xϕ (x)dx − xϕ0 (x)dx.
R ]−∞,0[ ]0,+∞[
Suite à une intégration par partie pour chaque intégrale et après simplification on obtient
Z
< T , ϕ >=
0
(−IR− + IR+ )ϕdµ.
R
81
6.3 Opérations sur les distributions
— On a montré que, pour toute fonction test ϕ ∈ D(R), on a, < vp( 1x ), ϕ >= − < log(|x|), ϕ0 >.
Donc vp( x1 ) n’est autre que la dérivée de la fonction x 7→ log |x| au sens de distribution.
Exercice 6.3.1 Montrer que la fonction f : x 7→ |x| vérifie f 0 = sign(x), f ” = 2δ0 et ... f (k) = 2δ0(k−2)
au sens de distributions.
Exercice 6.3.2 Soit f une fonction dérivable en tout point de R \ {a} et est dérivable à droite et à
gauche en a. On suppose de plus que f 0 ∈ D(R). Montrer que T0f = T f 0 + σδa , où σ = f 0 (a+ ) − f 0 (a− ).
D’autre part,
< ψ0 T + ψT0 , ϕ > = < ψ0 T, ϕ > + < ψT0 , ϕ >
= < T, ψ0 ϕ > + < T0 , ψϕ >
= < T, ψ0 ϕ − (ψϕ)0 >
= − < T, ψϕ0 > .
Preuve.
82
6.3 Opérations sur les distributions
1. Soit ρ ∈ D(Ω) telle que ρ ≡ 1 dans un voisinage de a. Pour tout ϕ ∈ D(Ω), il existe une
fonction ψ ∈ D(Ω) telle que
Exercice 6.3.3
Soit ( fn ) la suite de fonctions définies sur R par
( sin2 (nx)
si x , 0,
fn (x) = nx2
0 si x = 0.
1. Montrer que, pour tout entier non nul, la fonction fn définit une distribution régulière T fn sur
R.
2. Montrer que lim T fn = δ0 .
n→+∞
Exercice 6.3.4
Montrer que si (Tn ) une suite de distribution qui converge vers T ∈ D0 (Ω), alors (Tn0 ) converge
vers T0 dans D0 (Ω).
83
6.4 Application : Dynamique d’un point matériel
x(t) = v|t − t0 |, t0 ∈ R.
−mv si t < t0
(
p(x) = .
mv si t > t0
Alors, p n’est pas dérivable sur R. Si Tp est la distribution associée à l’impulsion, alors
Tp0 = 2mvδt0 . La force s’exercant sur la particule durant le choc est F = 2mvδt0 qui est une
distribution non régulière.
Exemple 6.5.1 (
0 si ||x − a|| ≥ 1
Si a ∈ R et ϕa : x ∈ R 7→
d d
, où k.k désigne la norme
exp (− 1−||x−a||2 ) si ||x − a|| < 1.
1
α
∂α1 +α2 +...+αd ϕ ∂|α| ϕ
∂ ϕ= = α1
∂xα1 1 ...∂xαd d ∂x1 ...∂xαd d
84
6.5 Distribution multidimensionnelle
On appelle alors distribution toute forme linéaire T : D(Ω) → K vérifiant : pour tout
compact K de Ω, il existe nK ∈ N, et CK > 0, tels que
De même, la dérivée partielle par rapport à une variable xi d’une distribution T, est la
∂T
distribution, notée ∂xi
, est telle que :
∂T ∂ϕ
< , ϕ >= − < T, >, ∀ ϕ ∈ D(Ω).
∂xi ∂xi
Si α = (α1 , ..., αd ) un multi-indice, alors, ∂α T est la distribution définie par :
∂β ∂α T = ∂α ∂β T = ∂α+β T, ∀ α et β ∈ N,
Exercice 6.5.1
∂δa ∂3 δ a
Soit a ∈ R3 . Calculer puis
∂x2 ∂x1 ∂2 x2
85
Références
86