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Le terme Renaissance désigne un mouvement culturel né en Italie au XIVe siècle.

Son essor dans


les arts plastiques se fait à partir de la Toscane au début du XVe pour se répandre dans le reste de
l'Italie dans la deuxième moitié du XVe. En Europe, le mouvement se développe au XVIe de façon
inégale selon les pays.
Ses caractéristiques principales : redonner vie à la culture passée, celle de l'Antiquité, pour en créer
une nouvelle, une culture des temps modernes.
Un des pères de la Renaissance au sens large du terme, est le toscan Pétrarque ( 1304-1374), qui
voue un fort intérêt pour l'individu et les valeurs humaines, au centre de sa recherche dans les textes
antiques. C'est l'un des premiers humanistes, et l'un des premiers à chercher systématiquement un
modèle de vie, d'écriture et de pensée dans les textes antiques, donnant lieu à une nouvelle
conception de l'homme dans l'univers.
En architecture, cet intérêt se traduit par l'étude des vestiges, romains essentiellement, de même
qu'est importante la résurrection d'un texte antique traitant de l'art de bâtir, celui de Virtuve.
Dans les arts plastiques, la conscience d'avoir vécu une renaissance est perceptible assez tôt, dès le
XVIe siècle. Vasari, biographe des grands penseurs, décrit l'incroyable renouveau de l'époque, la
« rinascita ».
le terme « renaissance » désignant la période, le XVIe généralement, apparaît plus tard, au XIXe
siècle, avec Michelet, dans son Histoire de France, en 1855. Aujourd'hui, la renaissance est
considéré comme le premier chapitre des temps modernes, qui s'achèvent en histoire de l'art à la fin
du XVIIIe siècle. Ce terme est controversé. Depuis Michelet s'est développé une polémique
reposant sur 4 problèmes majeurs :
– problème de la rupture, le terme de renaissance impliquant idée de rupture complète avec ce
qui précède. La renaissance prend appui progressivement sur le MÂ.
– Problème de cohérence, de par son singulier, alors que cette période n'a pas eu UN seul
visage ni dans les arts ni dans les lettres. On devrait dire « Renaissances ».
– problème de valeur. Les plus grands centres politiques et économiques, tels Venise, ont été
touchés tardivement par la Renaissance, mais n'étaient pas des centres arriérés sans richesse
avant l'arrivée de la renaissance.
– Problème humain. Quand on retrace l'histoire de la renaissance, on a tendance à retracer
l'histoire d'UNE élite culturelle au détriment du reste de la population.
On peut dès lors comprendre la complexité que recouvre ce terme, qui ne définit pas une période
dans l'absolu mais désigne plutôt un style.

L'Italie au XVe et XVIe siècles.


À cette époque, l'Italie n'existe pas en tant que pays mais est une entité géographique, une péninsule
divisée en petites puissances autour de quelques plus grandes, autonomes. Ces puissances
connaissent des statuts divers : républiques, royaume, communes avec conseil de citadins... le
pouvoir est exercé de façons diverses au sein même de ces puissances. Il n'y a pas d'entente
cordiale, chacune voulant étendre son territoire. C'est un imbroglio de rivalités et d'alliances, et de
revirements d'alliances!
La situation se complique fin XVe, quand la richesse italienne est convoitée par des princes
étrangers : au début du XVIe, l'Italie est le terrain d'affrontements des grandes puissances
européennes, notamment avec François1er vs Charlequint.

Géographie :
– États pontificaux : mission de guide des fidèles, le pape est le chef d'état, et a le pouvoir su
une bonne partie de l'Italie centrale, avec notamment la ville de Rome. Le pape est un
homme d'État et s'occupe donc, des impôts, de la sécurité, du territoire et donc a un rôle
militaire. Son élection est déterminée par des sympathies séculaires et non par la question
religieuse. C'est une fonction lourde et politisée, qui ne peut guère convenir à un saint
homme: peu de papes auront une moralité irréprochable. Au XIV, on assiste à une crise
majeure. Jusqu'en 1377, les papes siègent à Avignon. Puis Grégoire XI décide du retour des
papes à Rome, cela déclenchant le grand schisme d'Occident, divisant pendant quarante ans
la chrétienté catholique en deux obédiences ( Rome vs Avignon). En 1378, Urbain 6 est un
pape violent; les cardinaux veulent l'annulation de son élection au profit de l'antipape
Clément 7, qui s'installe à Avignon. L'Église romaine a donc deux papes. En 1409 a lieu le
concile de Pise, échec, élection d'un troisième pape! Le concile de Constance 1414-18,
obtient l'élection d'un nouveau et unique pape, Martin 5. Le XVe est donc le siècle de la
réinstallation de la papauté à Rome. Cela occasionne donc des transformations dans la ville.
Le pape dispose d'édifices luxueux. Le plus grand chantier est la reconstruction de St Pierre.
Peu à peu, le mécénat des papes et la fascination pour le passé antique de la ville attire les
artistes, les érudits. Au début du XVIe, Rome est une vraie métropole culturelle.
À l'intérieur de ces états pontificaux, quelques villes ont un statut plus ou moins
indépendant, sous la direction de chefs militaires, les condottiere,sans scrupules politiques,
vendant leurs services aux plus offrants. Au XVe, leurs résidences sont de vraies cours
princières. Ex : Sigismondo Malatesta à Rimini, condottiere cultivé, portraits de Della
Francesca, avec une réputation sulfureuse. Ou encore, Federico da Montefeltro, qui règne
sur Urbino, où il fait construire un palais ducal avec une bibliothèque très complète. Sous
FdM, Urbino devient la capitale de la tendance mathématique et intellectuelle des arts.
– Au sud, le royaume de Naples : au XVe, au centre d'un conflit de succession entre le=a
famille française d'Anjou et la famille espagnole des Aragon. En 1504, Ferdinand d'Aragon
profite de la faiblesse du roi de France pour reconquérir le royaume de Naples, qui reste une
vice-royauté de la couronne espagnole jusqu'au XVIIIe.
– Au nord, le duché de Milan : puissante cité industrielle, textile notamment. 1357,
construction de la cathédrale, chantier extraordinaire décidé par un Visconti, achevée au
XVIe, en pleine renaissance. La présence d'architectes français et allemands explique le
style particulier, avec une forêt de pinacles très ouvragés, différant des autres églises
gothiques italiennes. Au XVe, la famille Sforza succède aux Visconti. Cette famille est
l'alliée des Médicis de Florence. Les idées renaissantes pénètrent alors dans Milan,
notamment grâce à Ludovico Sforza, actif promoteur d'architecture et d'urbanisme, amateur
d'art avisé, un des premiers mécènes de LdeVinci.
– Au nord encore, principale rivale de Milan, la République de Venise : gouvernée par un
conseil de familles patriciennes élisant un doge dans leurs rangs. La ville connait une
stabilité politique incroyable. C'est une république sans convulsion pendant près de 1000ans.
C'est aussi une puissance coloniale, à la tête d'un vaste empire maritime, permettant une
grand pouvoir commercial avec les pays orientaux. Pour maintenir son quasi monopole du
marché de l'orient, Venise a besoin de s'étendre sur la terre ferme, tentant de conquérir des
territoires vers le nord et l'ouest. L'architecture reflète la position de carrefour entre orient et
Europe du nord. On voit des influences orientales à la basilique St Marc, avec ses mosaïques
et ses coupoles comme dans les églises byzantines. Les liens avec le nord font qu'il y a un
maintien des formes gothiques à Venise, comme au palais des doges, la ville assimilant peu
à peu le goût renaissant sous certains aspects.
– Florence : berceau de l'humanisme et de la renaissance. Début XVe, Florence est une ville-
état prospère, avec un gouvernement républicain, dont les membres appartiennent au monde
du commerce et des banques plutôt qu'à de grandes familles seigneuriales. Au cours du XVe,
une de ces familles opère peu à peu la mainmise sur les affaires publiques : les Médicis,
après de violents heurts avec les autres familles. En 1433, la famille est exilée pour quelques
années. En 1478, Julien et Laurent subissent un attentat à la sortie de la messe, attentat
commandité par les Pazzi. Julien meurt, Laurent est blessé. En 1494, les Médicis sont de
nouveau chassés de Florence, pour y revenir en 1512. Rechassés en 1527, ils reviennent en
1531 avec un nouveau titre, celui de famille ducale, grâce au soutien de Charlequint. Leur
pouvoir devient installé à l'avènement de Côme 1er, ce qui occasionne le passage de la
république à la monarchie. Florence occupe une grande place sur l'échiquier européen. La
famille a des membres illustres, tels LéonX, Clément 7, et Catherine, mariée à Henri 2, ce
qui témoigne de l'ascension fulgurante des Médicis.
Grâce à sa grande puissance économique, Florence domine les arts et les lettres. L'oligarchie
florentine encourage les arts, et il y a une grande rivalité pour la réalisation des plus beaux
palais, par le biais du mécénat. Celui ci s'organise en associations, les arte, qui supervisent
la construction et l'entretien de la cathédrale et du baptistère.
Avec l'influence de Pétrarque notamment, la culture humaniste se développe. Les florentins
partent à la recherche de leur passé antique, qu'ils valorisent, faisant de la fondation antique
de la ville une grande fierté. Mais on n'a aucun vestige de ce passé, sauf le tracé rectiligne
des rues de son centre ville. La question du visage antique de florence pousse les florentins à
croire que le baptistère, de forme octogonale, est d'origine antique et est un temple de mars,
transformé en église au Moyen Age. Mais cela est faux, c'est une construction médiévale au
style roman. De ce style roman florentin subsiste une autre église : san miniato, sur la
collline qui domine la ville. Ces deux édifices constituent alors des références pour les
architectes renaissants.

L'architecture à Florence à la veille du XVe.

Fin XIII et tout au long du XIVe, grande période de construction des monuments emblématiques de
la ville, avec aussi l'agrandissement des murailles et la construction du palazzo dei signori ( palazzo
vecchio), centre de l'autorité politique. Debut XIVe, décision de reconstruire la cathédrale. Églises
des ordres mendiants aux portes de la ville : santa Croce pour les franciscains, santa Novella pour
les dominicains. Les architectes voient leur statut social évoluer.
Arnolfo di Cambio, collaborateur de N. Pisano à Sienne, Arnolfo di Cambio réalisera une grande
partie de son oeuvre sculptée à Rome, avant de revenir à Florence en 1296. On lui attribue la façade
de Santa Maria del Fiore, la basilique de Santa Croce et le Palazzo Vecchio.
Giotto, né dans une petite ville près de Florence, est l’un des peintres à l'origine du renouveau de la
peinture occidentale. Architecte, il dessine également les plans de l’élégant campanile de Florence
(1334-1357).
Le style gothique florentin est différent du gothique français de la sainte chapelle. Il est plus
rustique, plus trapu. L'intérieur de la cathédrale de florence est plus sombre, sans verrière.
Achèvement d'une grande église gothique, santa Maria del Fiore. En 1294, décision de reconstruire
et agrandir la cathédrale car la ville veut rivaliser avec Pise ou Sienne, qui ont de vastes cathédrales
voûtées avec des coupoles à la croisée des transepts. Pour montrer sa supériorité, Arnolfo di Cambio
a le projet d'une grande église avec un sanctuaire de plan octogonal et couvert d'une coupole. Ce
projet déjà ambitieux est agrandi mi XIVe. Les travaux durent jusqu'au XVe. L'octogone du
sanctuaire pose la difficulté de la réalisation d'une coupole aussi vaste, dont le cintre demande
énormément de bois de grande taille. Donc nécessité de trouver une solution pour ne pas se
ridiculiser par rapport aux autres villes. On recule la décision en décidant en 1410 d'élever un
tambour au dessus de l'octogone, pour ne pas ne rien faire. En 1419 un concours public est lancé
pour le projet de la coupole, ou même seulement de machineries aptes à soulever de poids à des
hauteurs encore jamais atteintes pour une construction sur voûte, auquel de nombreux compétiteurs
participent. Ce concours, généralement considéré comme le point de départ de la construction de la
coupole, ne décerne la victoire officielle à personne. Le considérable prix mis en jeu ne sera en fait
jamais attribué. Filippo Brunelleschi, qui était revenu exprès de Rome pour travailler sur la coupole,
était déjà en train de construire un modèle pour le compte de L'Opera del Duomo. Brunelleschi
présente un modèle, qui ne convainc pas d'emblée le jury ; il en prouve la justesse en construisant à
San Jacopo Sopr'Arno une chapelle couverte par une coupole bâtie sans cintre, et il finit par obtenir
la direction du chantier de Santa Maria del Fiore, à nouveau avec Ghiberti, qu'il parviendra à
évincer vers 1426. Les travaux de la coupole commencent en 1420, alors que Brunelleschi s'est par
ailleurs vu confier par l'Arte della seta ceux de l'hôpital des Innocents, inauguré en 1445. la coupole
de santa Maria del Fiore est composée de deux coques, une intérieure et l'autre en briques, ce qui
permet d'alléger la structure et empêche l'infiltration des eaux de pluie. Un passage est aménagé
entre les deux coques. La coupole appartient encore au monde gothique car elle comporte des
nervures, ogives. Mais la méthode de construction est antique, on a monté la coupole de façon
sphérique par lit de briques successifs comme au panthéon. Des chaînes de briques verticales en
arêtes de poissons, tournant en hélices, contribuent à raidir la construction. Comme au panthéon
encore, le sommet est ouvert, éclairé par une lanterne, dont le poids assure une cohésion entre les
pierres assemblées. Malgré le style gothique, il a réellement un apport antique, qui est un apport
technique.
Brunelleschi est considéré comme le fondateur de l'architecture des temps modernes.
Après une formation d'orfèvre, en 1401 il participe au concours pour la seconde porte de bronze du
baptistère de Florence sur le thème du sacrifice d'Isaac. Il est finaliste avec Lorenzo Ghiberti dont
l'œuvre est finalement retenue en 1402. Bien que reconnu maître-orfèvre en 1404, Brunelleschi
s'intéressera plus à la sculpture, avant de se tourner résolument vers l'architecture. Il part alors à
Rome avec Donatello, son élève, pour étudier les ruines antiques. C'est avec des procédés inédits de
relevés qu'il étudia les monuments antiques de Rome, s'intéressant particulièrement à la disposition
planimétrique et aux rapports des éléments, ainsi qu'aux techniques de construction.
C'est grâce à l'étude des monuments anciens, notamment du Panthéon, qu'il trouve une solution
pour la coupole de santa Maria del Fiore. Il avait également de grandes capacités d'ingénieur. Il
utilise ses connaissances des architectures antique et médiévale.
Toutes les sources attribuent à Brunelleschi l'invention de la perspective et son application à la
peinture. Appliquée à l'architecture, elle vaut comme principe de la distribution, à intervalles
réguliers, des éléments portants, et comme réduction des rapports de poids et de poussées à un
système en équilibre.
Après la résolution des problèmes du dôme de santa Maria del Fiore, Brunelleschi est sollicité pour
d'autres projet d'églises à Florence. Il modifie la conception de l'église et pose les principes de
l'architecture renaissante.
San Lorenzo : projet d'agrandissement
En 1418, le projet de l'église San Lorenzo adopte un plan basilical à trois nefs, dont la nef centrale
est recouverte d'un plafond de bois à caissons et dotée de hautes fenêtres, et les nefs latérales,
voûtées, sont éclairées par des oculus. Le plan basilical trouve son origine dans la basilique
paléochrétienne que Brunelleschi prend pour modèle. Le choix de la colonne impose de revenir à
des proportions réduites par rapport aux édifices gothiques, dites « à taille humaine ».Le projet
suscite de nouvelles recherches, telles la simplification planimétrique avec donc le retour au schéma
de la basilique, la distribution rythmée des éléments portants, la projection graphique des
profondeurs sur des plans au moyen de l'opposition de couleur des corniches et des surfaces, et
enfin l'articulation des espaces grâce au modelé des corniches. L'articulation plastique de l'espace
peut être observée dans la sacristie: un cube couvert d'une coupole, synthèse de deux schémas de
l'architecture classique. On a un nouveau type de voûtement: la voûte en pendentif remplace la
voûte d'arête. La coupole en pendentif, petite coupole surbaissée constituée de la réunion de 4
pendentifs qui lui donnent la forme d'une calotte retombant en pointe dans les angles, ce qui permet
de réaliser une voûte lisse. La polychromie permet une architecture de la ligne pure, la pierre gris
bleutée soulignant les structures. Ce vocabulaire était déjà introduit dans le portique de l'hôpital des
Innocents. Deux idées nouvelles ici : primo, Brunelleschi introduit donc dans le plan un système de
proportions de base carrée, module qu'il répète 4 fois et qu'il divise 4 fois pour obtenir les
collatéraux. Cela n'est pas adapté dans le transept car il est contraint par la présence d'une chapelle
déjà en place. Secundo, il y a une recherche de régularité et d'harmonie entre les différentes parties
de l'église : le même motif se répète ( murs des vaisseaux centraux de la nef, série d'arcades sous
entablement). Avec San Lorenzo, on a donc un nouveau type d'église qui naît à Florence.
Santo Spirito :
Tout en conservant, en l'amplifiant, le schéma de la basilique San Lorenzo, l'église Santo Spirito
(projetée en 1436) développe les volumes : continuité de l'espace, disposition en niche des chapelles
latérales, confrontation directe des volumes accentués des colonnes avec la cavité des niches.

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