Vous êtes sur la page 1sur 11

Petit cours n°1 - Luc Lasne 2017

« Ressentir » l’électromagnétisme
«Ce qu'on ne ressent point, ne s'imagine pas.»

Pierre-Claude Nivelle de La Chaussée (1692 - 1754)

L’électromagnétisme est une partie de la physique dont la présentation théorique est très
puissante et élégante, mais elle présente une difficulté majeure : ses effets les plus connus
et les plus accessibles comme l’attraction ou la répulsion des aimants, l’électricité statique
acquise par frottements, ou encore la propagation des ondes et de la lumière sont plutôt
difficiles à expliquer de prime abord, et sont donc rarement utilisées comme des images
rassurantes des principes de base.
Généralement, quand on étudie la physique, l’électromagnétisme est présenté dans des
configurations très simples, autour de particules qui sont « seules dans l’univers », ou autour
de plans infinis, de fils fins et infiniment longs… or cela convainc difficilement du bien fondé
de la théorie, il faut le reconnaître. Pourtant, il est vraiment possible d’assimiler les lois de
l’électromagnétisme de façon machinale, de façon analytique et ensuite de faire confiance à
ces lois pour faire des calculs, des prévisions, des simulations, bref faire de la physique…
mais c’est un peu dommage dans ce cas là de n’en n’avoir pas d’abord « ressenti » le bien
fondé, la « naturelle écriture » des lois de base.
Ce petit cours a donc uniquement cet objectif : vous faire « toucher du doigt » les
fondements de l’électromagnétisme, vous faire identifier en particulier les différents
phénomènes comme les différentes facettes du bijou que constitue cette théorie.

La force électrique et le « champ électrique » (son image la plus proche)


Commençons tout d’abord avec l’effet le plus simple, le plus naturel et intuitif : celui de
l’attirance ou de la répulsion des charges électriques. Sans entrer dans le détail, on sait que
la matière contient de façon naturelle, et c’est connu depuis longtemps, des charges
électriques qui peuvent présenter deux « signes » notés + et – (la preuve de leur existence
réside dans leurs capacités à se repousser ou à s’attirer) et qui peuvent se déplacer en
conséquence des forces qui les lient les unes aux autres. Pour simplifier, on parlera de façon
généraliste de « charge électrique » pour désigner tout ensemble de charge, souvent
appelé , et présentant donc une valeur multiple de la charge élémentaire (celle de
l’électron 1.6. 10 ) et un signe indiquant sa nature.
Une petite expérience très simple permet de faire apparaître des charges électriques et
surtout de visualiser les directions des forces qui agissent sur elles, de plus cette expérience
permet également de réaliser des échanges de charges et de constater les changements de
signes des forces associées : Munissez vous d’un mètre environ de fil de nylon, et maintenez
ce fil tendu horizontalement entre deux supports. Suspendez-y des petits bouts de fils de
couture en coton très fins comme le représente la figure 1.1. Bien sûr vous constaterez
qu’en l’absence d’autres forces, ces fils pendent quasiment à la verticale...

Figure 1.1 : Fils de coton suspendus

Munissez vous alors d’un petit ballon de baudruche, gonflez-le, nouez-le et frottez le
énergiquement sur l’avant bras d’une personne bien velue (un bras d’homme est préférable,
mais vous pouvez aussi opter pour un animal coopératif à poils longs), ou bien sur un
vêtement en laine. Vous devriez constater que le ballon acquiert une certaine charge
électrique dite « statique » et se met alors à « attirer » les poils de l’avant bras ou les fibres
de la laine. Dans le cas classique d’un ballon en caoutchouc il s’agit de charges négatives
accumulées à la surface (des électrons) comme le représente la figure 1.2. Présentez alors le
ballon sous la trame des fils suspendus et vous assisterez à un phénomène intéressant
représenté sur la photographie de la figure 1.2 : les fils se courbent et leurs extrémités
semblent attirées par la surface du ballon de façon assez forte, ce qui fait que la gravité
n’agit plus sur eux de façon prépondérante. En prenant soin de ne pas faire toucher la
surface du ballon aux fils les plus proches, les courbures des fils vous indiquent les directions
des forces attractives qui agissent sur les charges : vous vous convaincrez alors facilement du
fait que ces forces sont « radiales », ceci étant souligné par les petits vecteurs qui sont
rajoutés sur la figure.

Figure 1.2 : Fils de coton suspendus et ballon chargé électriquement


Un autre phénomène apparaît si vous faites exprès de faire se toucher les fils et le ballon :
dès que le contact est établi vous entendez un petit « claquement » après lequel le fil qui
vient de toucher fuit rapidement la surface du ballon. En vous assurant que tous les fils
auront touché le ballon, vous devriez voir apparaître une forme semblable à celle de la
figure 1.3 où là encore les « lignes de forces » semblent apparaître et traduire le fait
qu’après le petit contact de chaque fil, celui-ci subit une force répulsive.

Figure 1.3 : Fils de coton après contact avec le ballon chargé électriquement

Comment interpréter ces phénomènes ?


La première chose à noter est que les fils de coton subissent des forces attractives vers la
surface du ballon. Cela est dû au fait que des charges électriques en excès disposées sur le
ballon après le frottement attirent les charges de signe opposé qui sont dans la matière des
fils. Dès lors qu’un fil vient toucher la surface du ballon, un échange de charge peut avoir lieu
et des charges - sont accumulées à la pointe des fils. Dès lors, ces charges mises en face de
celles de la surface du ballon sont repoussées et on voit les fils brusquement fuir le ballon.
Le plus important est alors d’identifier dans ces observations des propriétés générales et un
moyen de les formaliser : en fait tout se passe comme si le ballon était la source d’un
« champ » qui rayonne tout autour de lui et fixe les directions des actions. En
électromagnétisme, on l’appelle « champ électrique » et on le conçoit comme une
distribution dans tout l’espace considéré d’un vecteur appelé .
Ensuite, le sens des actions subies par les charges dépend du signe de ces charges, ce qui
correspond bien au fait que les forces sont attractives dans un cas et répulsives dans l’autre.
Dans notre cas de figure, on retrouve le fait que la force électrique s’écrit . où est
la charge de la particule siège de la force. Si les charges + des fils de coton sont attirées par
le ballon, cela signifie que le champ électrique est dirigé vers le ballon, et qu’alors des
charges - comme sur la figure 1.3 subiront une répulsion.
La figure 1.4 représente alors une bonne manière de concevoir l’action « potentielle » d’une
charge centrale sur des particules chargées placées dans son environnement : la charge
centrale impose une répartition radiale du champ électrique et ce champ sera dirigé vers
l’extérieur si la charge centrale est positive (le contraire de l’expérience du ballon donc).
E
M

Charge Q>0

Sphère S

Figure 1.4 : Charge centrale et champ radial

Il faut bien sûr concevoir le rayonnement du champ dans toutes les directions autour de et
donc en particulier sur des surfaces telle la sphère représentée sur la figure 1.4 qui sera alors
virtuellement « hérissée » de vecteurs rayonnants, chaque point M de la sphère étant le
siège d’un vecteur dirigé vers l’extérieur...
Une fois cette image en tête, vous pouvez imaginer un procédé pour formaliser l’intégralité
de l’action de cette charge : il « doit » exister une relation entre la charge et le champ
électrique rayonné, ou plutôt entre et « la somme des champs rayonnés » tout autour...
mais intuitivement on saisit que la valeur du champ doit être d’autant plus faible qu’on
s’éloigne du centre ... alors pour trouver quelque chose d’invariant à écrire, on s’intéresse à
la somme des valeurs des vecteurs rencontrés sur la sphère S multipliés par la surface
qu’ils traversent... En effet, en s’éloignant du centre le champ devrait faiblir, mais à l’inverse
la surface qu’il « traverse » augmente.

C’est cette intuition qui a conduit Carl Friedrich Gauss (1777 - 1855) à relier le « flux » de à
travers la surface S à la charge intérieure qui « crée » le champ... La merveilleuse formule qui
en découle est la suivante :

. .

Dans cette formule est uns constante qui permet de régler les problèmes d’unités (on
verra plus tard qu’elle s’écrit ), et l’intégrale double représente juste, de façon continue,
la somme des valeurs des champs multipliés par les surfaces des secteurs où on quantifie ce
champ... Ce résultat s’appelle « le théorème de Gauss », il sera explicité et utilisé dans les
cours n°2 et n°3 et est équivalent à une des 4 équations de Maxwell ... c’est donc une
relation qui « synthétise » la relation entre les charges et le champ électriques.
La forme du champ magnétique et de ses « lignes de champ »
En nous intéressant au magnétisme seul, autrement dit aux phénomènes qui apparaissent
lorsqu’on est en présence d’aimants ou de matériaux aimantés par des bobinages parcourus
par des courants électriques, il est possible de comprendre beaucoup de choses juste en
contemplant une expérience très classique (et très visuelle). La figure 1.5 représente, vu de
dessus, un plan sur lequel on a saupoudré une grande quantité de petits bouts de fer
(limaille de fer) et sur lequel on a ensuite posé un aimant permanent. La présence de
l’aimant a alors fortement modifié l’organisation (au départ tout à fait aléatoire) des petits
bouts de fer et fait apparaître des dessins bien connus qui sont appelés « lignes de champ ».

Ligne de champ

Aimant

Figure 1.5 : Lignes de champ magnétique

Encore une fois, les effets du magnétisme produit par l’aimant sont différents en tous points
de l’espace environnant, et on parle alors d’un « champ de vecteur » pour formaliser le
fait qu’en chaque point une action existe, avec une intensité, un sens et une direction.
Manifestement, les petits bouts de fer s’orientent selon des lignes fermées sur elles mêmes.
Ces lignes apparaissent ainsi comme « tangentes au champ » en tout point et l’impression
que cela donne est que le champ a l’air de « circuler » autour de ces lignes... En choisissant
arbitrairement (on verra plus loin quelle convention il faut utiliser en vérité) un sens de
circulation des vecteurs, on constate que le champ « sort » par le pôle de droite qu’on
appellera « pôle Nord » et « rentre » à l’inverse par le pôle Sud situé à gauche.
On peut alors déduire de tout cela quelque chose de fondamental relié au champ
magnétique : le flux de ce champ à travers toute surface fermée S sera nul !
Pour bien comprendre pourquoi, intéressez vous à la surface S du parallélépipède de la
figure 1.5. Vous constaterez que la face gauche, par exemple, est traversée par des vecteurs
« entrants », alors que la face droite est traversée par des vecteurs quasiment identiques
mais « sortants »... Si on calcule le flux total associé à ces deux faces, on se rend compte
alors qu’il est nul, et il en est de même pour toutes les autres paires de faces. Imaginez alors
que vous « baladez » la surface S un peu n’importe où dans la figure, ou encore que vous
vous intéressez à n’importe quelle forme pour cette surface à condition qu’elle soit fermée,
et vous retrouverez le fait que le flux total qui la traverse est toujours nul. La raison est
simple : la circulation du champ interdit la présence de « sources » d’où rayonnent les
vecteurs et les directions du champ, chaque partie du cheminement du champ peut être
décomposée au contraire en une partie « entrante » (un pôle Sud) et une partie « sortante »
(un pôle Nord) dont les effets s’annulent sur les faces du volume délimité, quel qu’il soit.
Bref, on formule cela en disant que « le flux du champ magnétique » à travers toute surface
fermée est nul, ou encore que le champ est à « flux conservatif », la formulation
mathématique étant alors :

. 0

La relation « champ magnétique / courant électrique »


Si le terme « électromagnétisme » a été retenu depuis longtemps, c’est pour souligner le fait
qu’il s’agit de phénomènes couplés, et même indissociables... Un des couplages les plus
évidents à mettre en évidence réside dans l’interaction entre les courants électriques et le
champ magnétique. On pourrait la résumer en disant : « il n’est pas possible de faire
circuler un courant électrique sans qu’un champ magnétique n’y soit associé ».
Afin de préciser quelles sont les caractéristiques de ce couplage, on s’intéresse à une
expérience encore très simple : on refait l’expérience du plan recouvert de limaille de fer,
mais à la place de l’aimant
permanent, on place un noyau de
fer doux sur lequel on a bobiné un
sens du champ / du flux
bon nombre de spires. On fait alors
passer un courant électrique sens d’enroulement du courant
suffisamment fort dans le bobinage
à l’aide d’une alimentation ou d’une
+ pile électrique
pile...on constate alors que les petits i
bouts de fer s’orientent de la même
manière qu’avec l’aimant
permanent, comme représenté sur -
la figure 1.6.
i
De façon générale, « un
enroulement de fil conducteur
parcouru par un courant peut
générer exactement les mêmes
effets qu’un aimant permanent »...
Figure 1.6 : Champ magnétique généré par un bobinage
Mais cette remarque ne suffit pas à formaliser finement le couplage entre courant et champ.
Il faut alors remarquer, pour aller plus loin, que le courant qui « tourne » dans le bobinage
génère un champ parallèle à l’axe du bobinage et ce dans toute la longueur du noyau.
Autrement dit, le courant électrique s’enroule autour du flux qu’il crée, il « l’enlace ».
NB : A ce propos, profitons-en : il existe une convention de signe liant les courants au flux. Avec votre main
droite utilisez vos doigts pour figurer le sens d’enroulement des courants dans le bobinage, comme le
représente la figure 1.6. Votre pouce levé vous indique alors le sens positif du champ. Cette « recette » est
appelée « règle de la main droite ». Sur la figure, on identifiera alors le pôle du haut comme un pôle Nord et
celui du bas comme un pôle Sud.

Le cas du bobinage est très usuel car il constitue le moyen le plus efficace pour faire
apparaître des champs magnétiques importants en utilisant un grand nombre de fois le
même courant (le nombre de spires). Pourtant, une autre expérience serait intéressante
pour affiner notre vision de ce phénomène : utilisons jute un fil électrique traversé par un
fort courant et traversant de façon perpendiculaire le plan sur lequel on dispose la limaille
de fer. Si le courant est suffisant (il ne passe qu’une seule fois, et donc sa valeur doit être
importante pour avoir l’équivalent lié aux nombres de tours) on voit se dessiner les lignes de
champ qui cette fois ci sont circulaires et concentriques, la figure 1.7 représentant l’allure de
ces lignes de champ dans un plan normal au courant. Il est ainsi possible de remarquer que
lorsque le courant est rectiligne, c’est le champ qui s’entoure autour de lui !

i
Ligne de
champ : Γ

plan « normal » au courant


Fil conducteur

Figure 1.7 : Champ magnétique généré par un fil rectiligne parcouru par un courant

De la même manière que pour le champ électrique, on cherche alors à déterminer une
manière élégante de formaliser l’interaction entre le courant et le champ. Observons donc
ce qui se passe sur la ligne de champ désignée sur la figure 1.7 : L’idée serait de « sommer »
toutes les valeurs des vecteurs le long de cette ligne de champ et de relier cette somme au
courant qui l’a créée. Encore une fois, plus on s’éloignerait du centre, plus le champ serait
faible mais en revanche plus la longueur de la ligne de champ (le périmètre) serait
important... Pour trouver quelque chose d’invariable là dedans l’idée est alors de
« sommer » les valeurs du champ multipliées par les longueurs des arcs qui sont parcourus !
La somme de ce produit ne devrait dépendre que du courant qui traverse ...
C’est cette intuition qui a conduit André-Marie Ampère (1175-1836) à relier la « circulation »
du champ le long d’un contour fermé au courant qui traverse le contour Γ. La splendide
formule qui en découle constitue le « théorème d’Ampère » et s’écrit :

. !"#$%&#'$(" )
)

Ce qui est magnifique, c’est que plus tard cette formule a été écrite d’une autre manière par
James Clark Maxwell (1831-1879) :

*+, -
Cette formulation équivalente relie le « rotationnel » du champ à la densité de courant, ce
qui reflète bien le fait que « le courant et le champ s’enroulent l’un autour de l’autre ».
NB : les formules précédentes utilisent la notion d’intégrale de surface, d’intégrale curviligne, de flux, de
circulation et de rotationnel. Tous ces opérateurs sont présentés et expliqués dans les petits cours n°2 et n°3.

Le « pouvoir de la force » (effets et puissance associée)


Une remarque intéressante s’appuie sur les expressions des forces fondamentales qui
agissent sur les particules chargées lorsqu’elles sont en présence de champs électriques et
magnétiques. Ces forces ont des expressions simples résumées par l’expression de la « force
de Lorentz » : . . ./ 0 1
Dans cette expression, illustrée par la figure 1.8 a), q est la charge de la particule, / son
vecteur vitesse, le champ électrique au niveau de la particule, 1 le vecteur induction
(proportionnel au champ magnétique 2 et l’opérateur « 0 » désigne le produit vectoriel.

/ Avec 0
a) b)
Trajectoire de
. . ./ 01
la charge 1
/
./ 01
1

/
.
/ initiale
Particule
(charge q)

Figure 1.8 : Forces électrique et magnétique, trajectoire d’une particule

La figure a) représente la composition des deux vecteurs forces . et . / 0 1 ce qui


imprime à la particule un mouvement de rotation autour de l’axe de 1 ainsi qu’une
translation dirigée dans le sens de . Sur cet exemple, on peut considérer que la force
magnétique impose donc la « rotation d’un courant » (même s’il ne s’agit que d’une
particule) autour de son axe... cela revient en tout points à la relation *+, -. En
imaginant le reste de la trajectoire dans le cas où le champ électrique est nul, on obtient une
forme circulaire dont l’axe serait porté par la direction du champ magnétique, comme le
représente la figure 1.8 b).

Parallèlement il est intéressant de considérer la puissance associée au mouvement et à


l’action sur la particule : en mécanique, la puissance moyenne liée à un mouvement,
autrement dit la quantité de travail utilisé par le mouvement par unité de temps, s’écrit tout
simplement comme le produit scalaire de la force par la vitesse : 3 . /.

Ici donc : 3 4 . . . / 0 1 5. /

Dans cette expression le terme 4 . / 0 1 5. / est toujours nul car le résultat du produit
vectoriel est un vecteur normal à la vitesse, et son produit scalaire avec la vitesse elle-même
est donc nul. Cela signifie une chose importante : le champ magnétique a une action sur les
charges qui ne correspond à aucun échange énergétique moyen ! Il est alors normal qu’on
n’associe pas de « puissance active » aux phénomènes liés à l’induction ... Le magnétisme
correspond à une forme d’énergie qui ne peut être que stockée ou transitée, mais qui n’est
pas convertie directement en travail ou en chaleur !

D’un autre côté il n’y a que le travail de la force électrique . . / qui ne soit pas nul en
moyenne : faire bouger des charges électriques avec du champ électrique est donc
dissipatif.
NB : On montrerait parallèlement que le travail du champ électrique se ramène à la notion de résistance
électrique et à la puissance qui est associée (3 6. 7² ), qui n’est pas nulle dès lors qu’un courant est déplacé
par un champ électrique.

L’induction : le couplage entre champ électrique et champ magnétique


Ce qui est à la fois complexe et très intéressant dans l’électromagnétisme, c’est que les
phénomènes électriques et magnétiques sont « couplés », c’est à dire que la plupart du
temps ils cohabitent et ont une action simultanée l’un sur l’autre...
L’induction constitue le couplage principal, et également le phénomène le plus « utile » et
peut être le plus facile à observer. Il y a d’ailleurs un grand nombre d’expériences conduisant
à son observation, mais un d’elles est très simple à mettre en œuvre et permet toutefois une
formalisation intéressante : munissez vous d’une longue plaque en cuivre ou en aluminium
autrement dit un matériau non magnétique, haute d’un mètre environ par exemple et assez
épaisse (au moins 2 ou 3 cm). Placez cet objet quasiment à la verticale comme le représente
la figure 1.9 et placez un aimant puissant tout en haut en contact avec le matériau, puis
lâchez-le... alors que vous vous attendiez à ce qu’il tombe rapidement en glissant sur la
plaque, il glisse effectivement mais tout doucement, comme « freiné » durant toute sa
course, pourtant le matériau constituant la plaque n’est pas magnétique et ce n’est pas
l’aimantation de ce matériau qui retient l’aimant dans sa chute. En chute libre l’aimant
devrait tomber d’un mètre en environ 0,5 s et dans cette expérience vous le verrez tomber
en environ 3 secondes si vous disposez d’un aimant suffisamment puissant pour que les
effets soient manifestes (un aimant au Néodyme serait idéal).

Aimant
t=0 s Plaque en aluminium Courants
« de Foucault »

t=1 s

~ 1m
t=2 s

t=3 s

Figure 1.9 : Freinage d’un aimant et courants induits

L’explication de ce freinage est bien connue : la variation de champ magnétique « induit »


localement dans le métal la circulation de courants électriques (la plaque est conductrice)
appelés « courants de Foucault ». Ces courants dissipent de l’énergie dans le métal à cause
de sa résistivité, et cette énergie est forcément ôtée à l’énergie potentielle de l’aimant : il y a
donc freinage car l’énergie cinétique ne peut atteindre les valeurs qu’elle atteindrait sans ce
phénomène. Cela dit, on peut se demander pourquoi et comment des courants sont
induits…
En réalité, lorsque l’aimant glisse sur la plaque son mouvement par rapport aux électrons
présents dans le matériau est « équivalent » au fait que les électrons se déplacent par
rapport au champ de l’aimant. Ainsi, tout se passe comme si les électrons avaient une
vitesse relative par rapport au champ, et de ce fait ils subissent une force magnétique qui
tend à les faire tourner autour de l’axe du champ !
Cette « vitesse équivalente » de déplacement par rapport au champ n’existe que lorsque le
champ est mobile et donc « variable vu de chaque position de la plaque », on peut alors
formuler le fait que « la circulation d’un champ électrique équivalent le long de tout contour
fermé existe si le champ magnétique qui traverse ce contour est variable », autrement si sa
dérivée est non nulle.
C’est cette merveilleuse intuition qui a conduit Michael Faraday (1791-1867) et Heinrich
Lenz (1804-1865) à formuler la « loi de Lenz-Faraday » :
9
.
,
)
Dans cette équation la circulation du champ électrique induit par la variation du champ
revient tout simplement à la force électromotrice (la tension ) induite dans les conducteurs,
et le terme 9 représente le flux du vecteur induction 1 à travers la surface enlacée :
9 : 1 . . Nous verrons plus tard qu’il est possible d’écrire 1 ;. , et il devient alors
possible d’écrire la loi de Lenz-Faraday sous la forme :

<
. ;. .
<,
)

Une remarque importante pour finir


En reprenant rapidement ce qui a été vu dans ce cours, vous noterez que tout ce qui a été
présenté de l’électromagnétisme peut être résumé en quatre phénomènes :

- le flux de = est proportionnel aux charges intérieures.

- le flux de > est nul.

- la circulation du champ > est due à la présence de courants traversants.

- la variation du champ magnétique induit une force électromotrice.

Ces quatre points (plus un petit détail d’importance qui se rajoutera au troisième) sont
généralement présentés sous une forme un peu différente qui résulte d’un travail de
synthèse remarquable opéré par James Clark Maxwell : les « équations de Maxwell ». Le
cours n°3 vous présentera les détails des opérateurs et des notions qui permettent de
trouver ces équations, mais elles vous sembleront d’autant plus faciles à identifier et à
retenir que vous aurez préalablement « digéré » les phénomènes de base.

Vous aimerez peut-être aussi