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Couverture (1 & 4) 29/06/06 14:41 Page 1

INEDIT
Maison des Cultures du Monde

Bangladesh
ORGUES-À-BOUCHE
RITUELS DES MURUNG

Bangladesh
RITUAL MOUTH-ORGANS
OF THE MURUNG
W 260084 INEDIT/Maison des Cultures du Monde • 101, Bd Raspail 75006 Paris France • tél. 01 45 44 72 30 • fax 01 45 44 76 60 • www.mcm.asso.fr
1. Pièce pour orchestre de plung / Piece for plung orchestra ..........................21’13”

2. Chant et rina plung / Song and rina plung....................................................13’44”


a. Chant d’homme : chronique villageoise, poème nostalgique
Man’s song: village chronicle; nostalgic poem
b. Chant de jeunes filles : prière aux esprits de la forêt
Young womens’ song: prayer to the forest spirits

3. Danse du sacrifice de la vache accompagnée par l’orchestre de plung


Dance for the sacrifice of the cow, accompanied by the plung orchestra ......9’33”

Interprètes / Performers
Long Ngan, Man Yam, Mong Poy, Thing Ngook, Reng Ning, Pa Ya, Sak Sing,
Chik Tu, Pa Lay, Rang Lai, Pai Ngee, Tang Poy.

Collection fondée par Françoise Gründ et dirigée par Pierre Bois


Enregistrements effectués les 10, 11 et 12 mars 1997 à la Maison des Cultures du Monde par Francis
Comini, Dominique Vander-Heym et Pierre Bois. Notice, Françoise Gründ et Pierre Bois.
Traduction anglaise, Judith Crews. Illustrations de couverture, Françoise Gründ. Photographies,
Isabelle Montané. Prémastérisation, Frédéric Marin / Alcyon Musique. Réalisation, Pierre Bois.
© et O
P 1998/2001 MCM.

Ces enregistrements ont été réalisés dans le cadre du Premier Festival de l’Imaginaire. Remerciements à
Madame France Lasnier, Alliance Française de Dhaka, à Monsieur Didier Gicquel, Alliance Française de
Chittagong, et à Monsieur Shwe Sein Prue, Bandarban.
INEDIT est une collection de la Maison des Cultures du Monde (dir. Chérif Khaznadar).
ORGUES-À-BOUCHE RITUELS DES MURUNG
Bangladesh

L’ ouest du Bangladesh, derrière la plaine


de Chittagong, est constitué de collines
couvertes de jungle, les Hill Tracts, qui
légères sur pilotis et construites en vannerie.
Ces communautés patrilinéaires et exo-
games sont placées sous l’autorité d’un chef
enjambent la frontière avec la Birmanie. de clan (karbari).
Cette région de plusieurs milliers de kilo- Vêtus pour les femmes d’une pièce de coton
mètres carrés abrite des populations paléo- teint à l’indigo autour des reins, et pour les
mongoles parlant des langues tibéto- hommes d’une simple ceinture, et aujour-
birmanes qui ne possèdent aucun point d’hui d’un sarong, ils portent les cheveux
commun avec le bengali parlé par la majo- relevés en chignon, les femmes sur la nuque,
rité de la population du Bangladesh. les hommes sur le côté gauche à l’avant du
Parmi ces peuples des collines, les Murung crâne. Pour se rendre en forêt, ils couvrent
(ou Mru ou Mrun ou Mro ou Morong selon cette coiffure asymétrique d’un turban.
les rares études entreprises), au nombre de Contrairement à leurs voisins des collines,
50 000 environ, se répartissent au sud de la les Murung ne sont ni hindouisés, ni chris-
région de Bandarban (terme bengali prove- tianisés, ni islamisés. Leur religion, celle des
nant d’une déformation de bandor-bon ou esprits, se fonde sur un large panthéon de
« forêt des singes »). Situées à une altitude divinités, parfois non-nommées, et qui sont
variant entre cinq cents et sept cents mètres, en relation avec les plantes, les animaux, les
ces collines, bien arrosées au moment de la pierres et les cours d’eau. Mung Tian, esprit
saison des pluies, permettent la cueillette de de la chasse se rebelle contre Oreng dieu de
nombreuses espèces de plantes, la chasse et, la maison. Turaï le dieu suprême, créateur et
récemment, l’élevage de bovins et la culture lointain que connaîtraient aussi bien les
du riz sur brûlis (jum). Birmans que les Bengali, les Marma, les
De chasseurs-cueilleurs, les Murung sont Chatma et les Murung, donne des instruc-
devenus agriculteurs, mais la recherche de tions concernant les rapports contractuels
nouvelles terres arables les contraint à un individuels ou communautaires entre les
semi-nomadisme. hommes et les divinités.
Ils sont organisés en petites communautés Un des principaux mythes murung relate la
de quinze à vingt machang, habitations faute d’une vache messagère envoyée par
–3–
Turaï et portant des rouleaux écrits dans sa sitent des réparations ou même des rempla-
bouche. Après avoir distribué les précieux cements. Dans le même ordre d’idée, les
conseils aux peuples de la baie de Chittagong, jeunes gens qui composent l’ensemble des
l’animal, en se rendant chez les Murung, pris musiciens changent souvent. Dès que l’un
d’une faim subite, dévore les rouleaux sacrés. d’eux se marie, il doit quitter le groupe. Ceci
Abandonnée aussitôt par la divinité cour- oblige les nouveaux musiciens à apprendre
roucée, la vache est livrée aux hommes qui à jouer des divers instruments.
la tuent rituellement après chaque moisson, Parfois le long flot sonore est rythmé par les
revendiquant peut-être par cet acte sacrifi- battements d’un koang, tambour à deux
ciel (sachiacum) la nostalgie d’une écriture et peaux tendues sur un fût de bois d’une qua-
d’une liturgie. rantaine de centimètres et par des gongs.
Le sachiacum est ainsi devenu le pivot spiri- Cette formation accompagne les cortèges
tuel et social de la société murung et c’est funéraires jusqu’aux champs de crémation.
autour de lui que s’organisent la plupart des Au cours des sachiacum ou des cérémonies de
danses et des musiques, manifestations des- mariage la musique d’un ensemble de plung
tinées à la satisfaction des esprits. s’organise en une suite de deux parties alter-
L’instrument de musique privilégié des nées. La première, lente et libre, permet au
hommes célibataires (en principe) est son de s’établir puis de se développer. Se repé-
l’orgue-à-bouche plung. Ils l’utilisent pour le rant sur les mouvements de tête et du buste
sachiacum, les funérailles, les rencontres des musiciens, les femmes se livrent à de
avec les jeunes filles, le jum ou la fin des légers déplacements chorégraphiques consis-
brûlis et les petites fêtes de moisson. Lors tant à déporter le poids du corps sur une
des grandes fêtes, ces instruments sont joués jambe puis sur l’autre et à frapper furtivement
en orchestre de dix à vingt instruments le sol du talon. La deuxième, rythmée et tota-
répartis en plusieurs familles, du plus petit lement répétitive, engage les musiciens et les
qui mesure une vingtaine de centimètres au danseuses dans un mouvement sautillant,
plus grand qui peut dépasser les deux composé de flexions de genoux et de blocages
mètres. Lors des occasions plus intimes, les de l’avant du pied avant de rebondir. Le
Murung utilisent un orgue-à-bouche légère- rythme est marqué par le cliquètement des
ment différent, le rina plung. bijoux d’argent des femmes : colliers, cein-
Les plung sont fabriqués à partir d’une cale- tures, bracelets et chevillières.
basse et de tubes de bambou et, comme ils Lors des fêtes, elles se ceignent les reins de
sont rarement utilisés (peut-être une seule pagnes de cérémonie aux fines broderies de
fois par an), ils se détériorent vite et néces- couleur. Comme les hommes elles laquaient
–4–
autrefois leurs dents en rouge. Aujourd’hui, Les Murung invités à Paris par la Maison des
tous déposent du pigment vermillon sur Cultures du Monde au premier Festival de
leur joues et leur front. l’Imaginaire, en mars 1997, viennent du vil-
Avant les grandes séances de musique et de lage de Chimbuk, à vingt kilomètres de
danse, se déroulent les sacrifices et tous boi- Bandarban. C’était la première fois qu’ils
vent de grandes quantités de bière de riz. sortaient de leurs collines et certains même,
Les chants exécutés en solo ou en duo peu- compte tenu du contexte conflictuel de
vent être soutenus par le jeu d’un ou deux cette région, n’avaient encore jamais
rina plung. Ils sont exécutés au moment des obtenu la permission de descendre jusqu’à
jum, des processions de funérailles ou pour Chittagong.
les rencontres entre jeunes gens et jeunes FRANÇOISE GRÜND
filles. Ils consistent en litanies, énumération
des noms des ancêtres ou poèmes d’amour
mi-chantés mi-murmurés dans un style Sources :
répétitif qui mènerait à l’extase. Les assis- Informations recueillies auprès de M. Bhat-
tants du village crient, claquent des doigts tacharya, directeur du Musée d’Histoire de
et manifestent leur appréciation ou leur par- Chittagong.
ticipation à un léger état de conscience Braun C.D. Löffler L.G., Hill people on the border of
altérée qui ne semble pas aboutir à des Bangladesh, Birkhäuser Verlag, Bâle, 1990.
débordements du comportement. Les mou- May A., Untersuchung zur Wirtschaft in den
vements et les danses seraient une imitation Chittagong Hill Tracts, (Bangladesh), Ed. Übersee
du monde animal. Museum, Bremen, 1979.

L’ORGUE-À-BOUCHE PLUNG

L'orgue-à-bouche plung comprend une réserve gauche et le rang antérieur par la main droite.
d’air en calebasse végétale dont on a percé le En effet, chaque tuyau est percé d'un petit ori-
col afin d'y adapter un tuyau de bambou ser- fice qui doit être bouché pour que le tuyau
vant d'embouchure. La partie supérieure de la puisse chanter.
réserve d’air est percée d'autant de trous qu'il Chaque tuyau sonore, taillé dans du bambou
y a de tuyaux sonores, ce nombre variant de et fermé à sa base, comprend une anche libre
trois à cinq. Ces tuyaux sont distribués sur (cf. fig. 1 et 2, page 8). L’anche est taillée direc-
deux rangs, le rang postérieur joué par la main tement dans l'écorce (anche idioglottique)
–5–
après que celle-ci a été préalablement amincie. conjoints) et instruments d’accompagnement
Une petite boulette de cire écrasée sur la base (produisant trois sons disjoints).
de l’anche permet d’affiner l’accord du tuyau groupe A : I. plung ke tja + II. teng plung tja
sonore afin que l’accord de l’ensemble de l’or- groupe B : III. plung tja + V. plung ke lao
chestre soit homogène. Le segment du tuyau groupe C : IV. ting teng plung lao + VII. ting
comprenant l'anche est enfiché dans le bocal teng plung + IX. ting teng plung ma
et la jointure est colmatée avec de la cire groupe D : VI. plung klang tja + VIII. plung klang
d'abeille. La partie externe du tuyau est percée groupe E : X. et XI. plung kak ma.
d'un trou de jeu qui commande son fonction-
nement et enfin l'extrémité reçoit un capu- La musique (plages 1 & 3)
chon de bambou qui a pour rôle d'assourdir le La musique d’orchestre de plung comprend
timbre et de lui donner du velouté. une pièce unique, jouée en toutes occasions.
Cette pièce est construite sur l’alternance
Organisation de l’orchestre régulière de deux parties : une séquence de
L’orchestre enregistré ici comprend onze plung rythme libre et une séquence mesurée fondée
qui sont accordés sur l’échelle pentatonique si sur la répétition d’une courte cellule à 2/4.
demi-bémol - do - ré - fa - sol et couvrent un Dans la séquence libre, les instruments les plus
ambitus total de plus de quatre octaves depuis graves et les plus aigus tiennent la tonique en
le ré5 jusqu’au si-1 demi-bémol. On peut les bourdon, tandis que les autres jouent des
répartir en quatre registres : aigu, medium motifs montants et descendants qui se super-
haut, medium bas, grave (cf. fig. 3, page 9). posent et se tuilent les uns les autres.
Les trois premiers groupes comprennent Dans la séquence répétitive, le jeu polypho-
chacun trois instruments différents tandis que nique se décompose en cinq couches princi-
le quatrième est composé de deux orgues-à- pales (représentées par les cinq sous-groupes
bouche identiques. instrumentaux) : les deux parties supérieures
Cependant, les musiciens nous ont donné et les deux parties inférieures répétent obsti-
une autre classification selon laquelle les ins- nément les mêmes motifs avec d’infimes
truments sont associés en groupes de deux ou variations, tandis que la partie intermédiaire
de trois selon des critères qui mériteraient une se livre à des broderies. De temps à autre, cer-
étude approfondie. En effet, ces associations tains musiciens abandonnent leur instru-
d’instruments semblent se fonder non pas sur ment pour siffler le motif qui leur est dévolu.
des considérations de registre mais sur des Bien que répétitive, cette musique n’engendre
relations de jeu mélodique entre instruments pourtant pas la monotonie, car toute la
principaux (produisant quatre ou cinq sons finesse du jeu orchestral consiste à créer des
–6–
effets de vagues sonores et de mélodies de pagnée par un ou deux rina plung. Cet
timbres (klangfarbenmelodie) en privilégiant accompagnement consiste en un motif répé-
tour à tour tel ou tel groupe d’instruments, en titif à trois voix dans lequel l’alternance des
travaillant les attaques et le filage des sons. inspirations et des expirations du musicien
Puis, sur un signal, l’orchestre reprend la créent un délicat effet de vagues sonores. Les
séquence précédente, et ainsi de suite. textes, souvent improvisés, sont des chro-
niques villageoises, des poèmes dans lesquels
Chant et rina plung (plage 2) le chanteur-poète exprime ses sentiments de
L’orgue-à-bouche rina plung présente une nostalgie, ou des prières aux esprits.
facture comparable à celle des plung. Il en
diffère par le nombre de tuyaux qui s’élève à PIERRE BOIS
neuf, leur disposition en deux rangs, l’ab-
sence de capuchon et enfin la douceur de
son timbre.
L’accord de l’instrument se fonde sur la
même échelle que précédemment :

mais selon une disposition des tuyaux très


particulière :

Un modèle plus petit est accordé de la même


manière, mais une octave plus haut.
La litanie, mi-chantée mi-déclamée par un
homme ou par deux jeunes filles, est accom- Rina plung.

–7–
Fig. 2 (détail / detail). Fig. 1 plung (coupe/section).

–8–
Fig. 3

Structure
de l'orchestre
et accord
des plung.

Structure
of the orchestra
and tuning
of the plung.

–9–
Orchestre de plung. Plung orchestra.
Joueur de plung klang tja. Plung klang tja player.
Chant et rina plung. Song and rina plung.
Le plung ke tja conduisant la danse de sacrifice. The plung ke tja leading the dance for sacrifice.
RITUAL MOUTH-ORGANS OF THE MURUNG
Bangladesh

B eyond the Chittagong plain in western


Bangladesh lie the densely-forested tropi-
cal Hill Tracts which stretch across the border
as machang, lightweight reed structures ele-
vated on piles. The communities are patrilin-
eal and exogamous; the leader is a clan chief
to Burma. called karbari.
This area of several thousand square kilome- The womens’ clothing consists of dyed indigo
tres is home to Paleo-Mongol populations cotton skirts; the men wear a simple belt,
who speak Tibeto-Burmese languages com- although today a sarong is more often seen.
pletely unrelated to the Bengali language spo- The hair is gathered into a bun worn on the
ken by the majority of the population of nape by the women, and to the front left side
Bangladesh. by the men. When they go into the forest,
Among these hill people are the Murung (or they cover these assymetric hairstyles with
Mru, Mrun, Mro, or Morong, terms used in turbans.
the few studies which exist on this subject), Unlike their other neighbours in the hill
numbering about 50,000 and living in the country, the Murung have not been
south, in the region of Bandarban (this Hinduized, Christianized, or Moslemized.
Bengali term derives from a deformation of Their religion, a type of spirit worship, is
bandor-bon, or “forest of the monkeys”). The based on a large pantheon of sometimes
hills rise to an altitude of between 1,500 feet nameless deities related to plants, animals,
and 2,100 feet, and the abundant rain which stones and rivers. Mung Tian, the spirit of the
falls on them during the rainy season pro- hunt, leads a rebellion against Oreng, the
vides edible vegetation and plentiful game, household god. Turaï, the supreme deity, the
and, more recently, makes possible cattle rais- far-away creator worshipped by the Murung,
ing and the cultivation of rice on burnt fields but also the Burmese, the Bengali, the Marma,
known as jum. the Chatma, etc., gives instructions concern-
The Murung have developed from hunter- ing the individual or community contract
gatherers into a farming culture, but the relations between men and the divine.
scarcity of arable land has kept them semi- One of the principal Murung myths tells the
nomadic. They live in small communities story of the mistake of the messenger cow,
composed of fifteen to twenty houses known sent by Turaï, carrying scrolls in her mouth.
– 15 –
After having delivered precious messages of replacements necessary. In much the same
advice to the people of Chittagong Bay, the frame of mind, the young people in the
cow continued on her way to visit the orchestras also constantly change. As soon as
Murung. However, the cow suddenly became one gets married, he leaves the group, and a
very hungry and swallowed the sacred scrolls new musician must learn how to play.
instead. Sometimes the long, sonorous stream is punc-
Abandonned by the angry god, the cow is tuated by the beating of the koang, a two-
handed over to the men, who kill her ritually headed drum made of skin stretched over a
each year at harvest. This sacrificial act wooden barrel measuring about forty cen-
known as sachiacum is perhaps the commem- timetres, and gongs. This ensemble accompa-
oration of the loss of a liturgical form and the nies funeral processions on the way to the cre-
art of writing. mation field.
The sachiacum thus became the central spiri- During the sachiacum, or for marriage cere-
tual and social point of Murung society, and monies, the music of the plung ensembles is
most of their dances and music are organized organized into a suite of two alternating parts.
around this ritual as manifestations intended The first part, which is slow and in free
to appease the spirits. rhythm, allows the sound to start up and
The preferred musical instrument of the develop. Imitating the head and chest move-
unmarried men (at least in theory) is the plung ments of the musicians, the women begin
mouth-organ. It is used for the sachiacum, for light choreographic movements as they shift
funerals, for going out with young women, their weight from one leg to the other and
for field-burnings (jum) and for lesser harvest furtively strike the ground with their heels.
festivities. For the more important festivities, The second part, rhythmic and completely
orchestras of ten to twenty instruments are repetitive, sweeps the musicians and the
employed, and the instruments are divided dancers into a jumping movement composed
into several families, from the smallest, mea- of knee-bending and blocking the front of the
suring twenty centimetres or so, to the largest, foot before jumping. The tempo is marked by
which may be over two metres long. For pri- the rhythmic jingling of the silver jewelry
vate occasions, the Murung use a slightly dif- worn by the women – silver necklaces, belts,
ferent variant called the rina plung. bracelets and ankle-bracelets.
The plung are made from calabash gourds and For these festivities, the women wear special
bamboo stalks, which, since they are rarely skirts which are finely embroidered in many
used (perhaps only once a year), rapidly dete- colours. In the past, both men and women
riorate, and this makes frequent repairs and used to paint their teeth with red lacquer;
– 16 –
today, they put bright red pigment on their The Murung invited to Paris by the Maison des
cheeks and foreheads. Cultures du Monde for the first Festival de
The sacrificial ceremony takes place before l’Imaginaire in March, 1997, came from the vil-
the long dance session begins, and everyone lage of Chimbuk, 20 km. from Bandarban. This
consumes large quantities of rice beer. was the first time they had ever left their hills,
Songs performed solo or in duet may be and some of them, given the context of con-
accompanied by one or two rina plung. These flict in this region, had never even obtained
are sung for jum, funeral processions or meet- permission to go as far as Chittagong.
ings between young men and women. These
may be litanies, lists of the names of ancestors FRANÇOISE GRÜND
or love poems, and are half-sung and half-
murmured in a kind of repetition leading up
to an ecstatic trance. The villagers shout, snap References:
their fingers and show their approbation or Information was kindly provided by M. Bhat-
their participating through a very slight alter- tacharya, director of the Museum of History of
ation in consciousness which does not, how- Chittagong.
ever, seem to lead to extremes in behaviour; Braun C.D., Löffler L.G., Hill People on the Border of
in other words, the audience also enters into Bangladesh, Birkhäuser Verlag, Basel, 1990.
a state of ecstasy, but remains calm. The May A. Untersuchung zur Wirtschaft in den Chittagong
movements during the dances is probably a Hill Tracts (Bangladesh), Übersee Museum, Bremen,
representation of the animal world. 1979.

THE PLUNG MOUTH-ORGAN

The plung mouth-organ has two main compo- hand plays the row behind while the right
nents : a wind-chest and several pipes. The hand plays the one in front. Indeed, each pipe
wind-chest is made from a calabash gourd. An sounds only if the small finger-hole drilled on
opening is pierced in the neck, through its side is closed.
which a bamboo pipe used as a mouth-piece Each sound pipe, cut from a stalk of bamboo
is inserted. The upper part of the wind-chest and closed at the base, contains a free reed
is pierced with as many holes as there are (see fig. 1 and 2, page 8). The reed is whittled
sound pipes, usually from three to five. The directly in the bark (idioglottic reed) after the
pipes are arranged in two rows, and the left bark has been thinned. A small ball of wax
– 17 –
pressed onto the base of the reed is used to Group A: I. plung ke tja + II. teng plung tja
fine-tune the pipe to give the orchestra a Group B: III. plung tja + V. plung ke lao
homogeneous sound. Group C: IV. ting teng plung lao + VII. ting teng
The segment of the pipe which contains the plung + ting teng plung ma
reed is stuck into the wind-chest and the joint Group D: VI. plung klang tja + VII. plung klang
is plugged with beeswax. A finger-hole is Group E: X. and XI. plung kak ma.
drilled into the outer part of the pipe, and to
finish off the instrument a bamboo cap is put Music (bands 1 & 3)
over the other end of the pipe in order to Plung orchestra music consists of one single
attenuate the tone and produce a more vel- piece that is played for every occasion. This
vety sound. piece is based on the regular alternance of two
parts: a sequence in free rhythm and a rhyth-
Organization of the orchestra mic sequence based on the repetition of a
The orchestra recorded here includes eleven short 2/4 cell.
plung which are tuned on a pentatonic scale: In the free sequence, the lowest and highest
B semi-flat–C–D–F–G covering a total range of mouth-organs hold the tonic note in drone,
over four octaves starting from D5 and ending while the others play rising and descending
with B-1 semi-flat. The instruments may be motifs which overlap each other.
divided into four registers: high, medium In the repetitive sequence, the polyphony
high, medium low and low (see fig. 3, page 9), may be broken down into five principal layers
the first three groups being composed of three (represented by the five instrumental sub-
different instruments each, while the fourth groups): the two upper parts and the two
would contain two identical mouth-organs. lower parts repeat the same motifs over and
However, the musicians provided us with over again with minute variations, while the
another classification, in which the instru- intermediary part carries out embellishments.
ments are grouped in pairs or in threes From time to time, some of the musicians
according to criteria which it would be useful leave off playing their instruments in order to
to study in more depth. Here, the instruments whistle the motif which is allotted to them.
are placed together, not in terms of pitch, but Although this music is repetitive, it is by no
according to the relationship of musical play means monotonous. The whole orchestral
among the melodic instruments (producing 4 principal consists in creating an effect of
or 5 conjunct sounds), and the accompani- sonorous waves and tone-colour melodies
ment instruments (producing 3 disjunct (klangfarbenmelodie) by emphasizing one
sounds). group of instruments or another, and working
– 18 –
on the attacks and the spinning of sounds. A smaller model of this instrument is tuned in
Then, on a given signal, the entire orchestra the same way, one octave higher.
takes up the sequence which came before, The litany, half-sung and half-spoken by one
and so on. man or two young women, is accompanied
by a mouth-organ on a repetitive motif in
Songs and rina plung (band 2) three parts, in which the alternation of the
The rina plung mouth-organ looks very much inhalation and exhalation of the musician
like the other plung, except that there are nine creates a subtle effect of sonorous waves. The
pipes arranged in two rows of four and five, texts, which are frequently improvised, are
there is no cap, and the pitch is softer. village chronicles and poems in which the
The instrument is tuned on the same scale as poet-singer expresses his feelings of nostalgia;
for the preceding: they may also be prayers to the spirits.

PIERRE BOIS

but according to a quite specific arrangement


of the pipes:

Ting teng plung ma.

– 19 –
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ORGUES-À-BOUCHE RITUELS DES MURUNG
INEDIT

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ORGUES-À-BOUCHE RITUELS DES MURUNG

Maison des Cultures du Monde RITUAL MOUTH-ORGANS OF THE MURUNG


(BANGLADESH)
1. Pièce pour orchestre d'orgues-à-bouche plung
Piece for plung mouth-organs orchestra.............................21’13”
2. Chant et orgue-à-bouche rina plung

ORGUES-À-BOUCHE RITUELS DES MURUNG


Song and rina plung mouth-organ ......................................13’44”
3. Danse de sacrifice / Dance for the sacrifice..........................9’33”
Enregistrement/recordings, Maison des Cultures du Monde (Paris), 1997.

Collection fondée par


Series founded by
Françoise Gründ
dirigée par / headed by
Pierre Bois

W 260084 AD 090
distribution NAÏVE -AUVIDIS

O
P 1998/2001

INEDIT/MCM
INEDIT W 260084

Made in France

Catalogue disponible sur demande / Ask for the catalogue


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