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TECHNIQUE G10
C I M B É TO N
FICHES TECHNIQUES
2001
Nouvelle édition
FICHES TECHNIQUES
CIM CIM
CIM
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PARTIE 1
LES CIMENTS
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1.1 Les ciments :
fabrication – propriétés
Cette fiche technique s’applique essentiellement au Il donne des indications précises sur les proportions
ciment Portland, notamment pour la fabrication. de calcaire et de silice nécessaires pour constituer le
mélange qui, après cuisson à la température conve-
Il existe d’autres ciments élaborés suivant d’autres nable et broyage, sera un véritable liant hydraulique
procédés, pour lesquels on trouvera des informa- fabriqué industriellement : le ciment artificiel.
tions complémentaires aux chapitres 1.2 et 1.3. L’industrie du ciment était née.
Quelques années plus tard, en 1824, l’Écossais
Un peu d’histoire Aspdin donnait le nom de Portland au ciment qu’il
fabriquait et qui égalait la pierre de cette région.
Les Romains furent sans doute les premiers à fabri-
quer des liants hydrauliques susceptibles de durcir ■ Naissance d’une industrie cimentière
sous l’eau. Pour cela, ils mélangeaient de la chaux et
des cendres volcaniques de la région de Pouzzoles. La première usine de ciment a été créée par Dupont
C’est de là qu’est venu le terme bien connu de et Demarle en 1846 à Boulogne-sur-Mer.
« pouzzolanique », qui se dit d’un matériau capable, Le développement n’a pu se faire que grâce à l’ap-
en présence d’eau, de fixer la chaux. parition de matériels nouveaux : four rotatif, et
En revanche, cette propriété d’hydraulicité du mélan- broyeur à boulets en particulier.
ge ainsi constitué est restée totalement inexpliquée Les procédés de fabrication se perfectionnèrent
jusqu’aux travaux de Louis Vicat qui élabore en 1817 sans cesse. Pour produire une tonne de clinker,
la théorie de l’hydraulicité et fait connaître le résultat constituant de base du ciment, il fallait en 1870,
de ses recherches. 40 heures, il faut actuellement environ 3 minutes.
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La production était faible en France, avant la derniè-
re guerre, comme l’indiquent les statistiques sui-
vantes :
– en 1880 : 100 000 tonnes ;
– en 1920 : 800 000 tonnes ;
– en 1938 : 3 800 000 tonnes.
Le ciment s’est surtout développé à partir de 1950
(7,4 Mt) du fait de l’essor du béton et des besoins de
la reconstruction.
La production a progressé de façon régulière jus-
qu’en 1974, où le niveau le plus haut a été atteint
avec 33,5 Mt.
En 2000, elle était de 20 Mt.
■ Extraction et concassage
8
Les rejets des usines, sensiblement inférieurs aux Les grandeurs caractéristiques
normes, sont inférieurs à 50 mg/m3.
Le ciment se caractérise par un certain nombre de
■ Broyage du clinker critères mesurés de façon conventionnelle, soit sur
la poudre, soit sur pâte, soit sur « mortier normal »
A la fin de la cuisson, la matière brusquement refroi- (mélange normalisé de ciment, sable et eau défini
die se présente sous forme de granules qui consti- par la norme NF EN 196-1).
tuent le clinker.
Celui-ci finement broyé avec du gypse (< 5 %) pour ■ Caractéristiques de la poudre
régulariser la prise donne le ciment Portland. Les
autres catégories de ciment sont obtenues en ajou-
tant d’autres constituants tels que laitier granulé de La surface spécifique (finesse Blaine)
haut fourneau, matériaux pouzzolaniques, cendres Elle permet de mesurer la finesse de mouture d’un
volantes, schistes calcinés, calcaire, fumées de sili- ciment. Elle est caractérisée par la surface spéci-
ce, fillers. fique ou surface développée totale de tous les grains
contenus dans un gramme de ciment (norme NF EN
196-6). Elle s’exprime en cm2/g. Suivant le type de
L’utilisation du ciment ciment, cette valeur est généralement comprise
prise et durcissement entre 2 800 et 5 000 cm2/g.
Les réactions qui se passent dès le début du gâcha- La masse volumique apparente
ge et se poursuivent dans le temps sont extrême- Elle représente la masse de la poudre par unité de
ment complexes. volume (vides entres les éléments inclus).
Le ciment Portland contient quatre constituants prin- Elle est de l’ordre de 1 000 kg/m3 (1 kg par litre) en
cipaux : le silicate tricalcique 3 CaO, SiO2 ou, par moyenne pour un ciment.
abréviation, C3S ; le silicate bicalcique 2 CaO, SiO2
ou, par abréviation, C2S ; l’aluminate tricalcique La masse volumique absolue
3 CaO, Al2 O3 ou, par abréviation, C3A ; l’alumino-
ferrite tétracalcique 4 CaO, Al2 O3, Fe2 O3 ou, par Elle représente la masse de la poudre par unité de
abréviation, C4 AF. volume (vides entre les éléments exclus).
Ces constituants anhydres donnent en présence Elle varie de 2 900 à 3 150 kg/m3 suivant le type de
d’eau, naissance à des silicates, des aluminates de ciment.
calcium hydratés et de la chaux hydratée dite
Portlandite formant un gel micro-cristallin, à l’origine ■ Caractéristiques mesurées sur pâte
du phénomène dit de « prise ». ou sur « mortier normal »
C’est le développement et la multiplication de ces
micro-cristaux dans le temps qui expliquent l’aug-
mentation des résistances mécaniques. Le ciment Le début de prise
durci est une véritable « roche artificielle » qui évo- Il est déterminé par l’instant où l’aiguille de Vicat –
lue dans le temps et en fonction des conditions exté- aiguille de 1 mm 2 de section pesant 300 g – ne s’en-
rieures. fonce plus jusqu’au fond d’une pastille de pâte pure
Avant d’atteindre son stade final, l’évolution du de ciment. Les modalités de l’essai font l’objet de la
ciment passe par trois phases successives. norme NF EN 196-3.
■ Phase dormante
■ Durcissement
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L’expansion Le progrès grâce à la recherche
Elle se mesure suivant un procédé normalisé par
la norme NF EN 196-3 et grâce aux aiguilles de La recherche a pour but l’élaboration de ciments
Le Chatelier. Il permet de s’assurer de la stabilité du appropriés aux besoins, et permettant de satisfaire
ciment. L’expansion ne doit pas être supérieure la demande des utilisateurs.
à 10 mm sur pâte pure pour tous les ciments (NF
EN 197-1). Elle porte sur les produits normalisés dont l’évolu-
tion, servie par les procédés de fabrication
Le retrait modernes, va dans le sens de la qualité, de la régu-
larité, de l’adaptation à la fonction, mais également
La mesure du gonflement dans l’eau et du retrait de l’économie d’énergie, lors de la fabrication.
dans l’air est effectuée sur prisme de 4 x 4 x 16 cm La recherche est également orientée vers la mise au
sur « mortier normal » (norme NF P 15-433). Le point de liants spéciaux destinés à des applications
retrait est limité à 0,8 mm/m ou à 1 mm/m suivant le particulières : préfabrication, travaux routiers, répa-
type de ciment. rations...
Les résistances mécaniques
Mesurées sur éprouvettes de mortier normal, elles
caractérisent de façon conventionnelle la résistance
du ciment définie par sa valeur nominale. Cette
valeur est la limite inférieure de résistance en com-
pression à 28 jours.
Les conditions précises de détermination de cette
résistance sont fournies chapitre 1.2.
10
Les différentes phases
de fabrication du ciment,
de la carrière
au stockage du clinker.
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LES USINES Dunkerque
LAFARGE ALUMINATES
(au
(au 01/01/2000)
01/01/2000) Lumbres
Dannes ORIGNY
Pont-à-Vendin
ORIGNY VICAT
Le Havre-Saint-Vigor
LAFARGE CIMENTS Ebange
ORIGNY Rombas
Ranville Gargenville CIMENTS CALCIA
CIMENTS CALCIA CIMENTS CALCIA Couvrot
CIMENTS CALCIA Héming
Brest ORIGNY
LAFARGE CIMENTS Xeuilley
Saint-Pierre-la-Cour
VICAT
LAFARGE CIMENTS Altkirch
Villiers-au-Boin ORIGNY
Frangey
CIMENTS CALCIA
LAFARGE CIMENTS
Beffes
Airvault CIMENTS CALCIA Rochefort-sur-Nénon
CIMENTS CALCIA ORIGNY
La Couronne
Montalieu
LAFARGE CIMENTS Chambéry
Créchy VICAT
VICAT
Bussac VICAT
CIMENTS CALCIA Val-d'Azergues La Pérelle
LAFARGE CIMENTS VICAT
Saint-Egrève-Voreppe
Cruas VICAT
CIMENTS CALCIA
Lafarge/Le Teil
LAFARGE CIMENTS Le Teil
LAFARGE ALUMINATES
Boucau Contes-les-Pins
Beaucaire
CIMENTS DE L'ADOUR LAFARGE CIMENTS
CIMENTS CALCIA La Grave-de-Peille
VICAT
Martres Sète La Malle
LAFARGE CIMENTS LAFARGE CIMENTS LAFARGE CIMENTS
Fos-sur-Mer
LAFARGE ALUMINATES
Port-la-Nouvelle
LAFARGE CIMENTS
Usines
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1.2 La normalisation
du ciment
Historique de la normalisation
européenne
13
La norme européenne EN 197-1 est publiée par Laitier granulé de haut fourneau (S)
l’AFNOR sous la référence NF EN 197-1 « Ciment –
Le laitier granulé de haut fourneau est obtenu par
partie 1 : Composition, spécifications et critères de
refroidissement rapide de la scorie fondue de com-
conformité des ciments courants ».
position convenable provenant de la fusion du mine-
Les ciments courants sont subdivisés en 5 types rai de fer dans un haut fourneau.
selon leur composition :
Le laitier granulé de haut fourneau doit présenter des
CEM I Ciment Portland propriétés hydrauliques latentes (c’est-à-dire qui se
CEM II Ciment Portland composé manifestent lorsqu’il a subi une activation conve-
CEM III Ciment de Haut Fourneau nable) pour convenir à son emploi en cimenterie.
CEM IV Ciment pouzzolanique Pouzzolanes naturelles (Z) ou naturelles calcinées (Q)
CEM V Ciment composé Les pouzzolanes naturelles sont des produits essen-
tiellement composés de silice, d’alumine et d’oxyde
Les ciments de la norme NF EN 197-1 de fer, présentant soit naturellement (lorsqu’elles
sont d’origine volcanique) soit après activation ther-
(ciments courants) mique, des propriétés pouzzolaniques.
La norme NF EN 197-1 concerne les ciments les Cendres volantes siliceuses (V) ou calciques (W)
plus courants. D’autres normes existent concernant
soit des propriétés particulières (prise mer, résistan- Les cendres volantes sont des particules pulvéru-
ce aux eaux sulfatées...) soit des ciments ayant des lentes obtenues par dépoussiérage électrostatique
normes entièrement spécifiques : ciment alumineux ou mécanique des gaz de chaudières alimentées au
fondu, ciment prompt naturel. charbon pulvérisé.
La norme NF EN 197-1 est subdivisée en trois Schistes calcinés (T)
rubriques :
Sous réserve de caractéristiques convenables défi-
• une première partie descriptive qui définit les nies dans la norme les schistes calcinés peuvent
constituants du ciment et délimite les différents types être utilisés.
de ciments ;
• une deuxième partie qui fixe les classes de résis- Calcaires, (L, LL)
tance, les spécifications mécaniques et physico-chi- Ce sont des produits obtenus par broyage fin de
miques ; roches naturelles présentant une teneur en carbona-
• une troisième partie est consacrée aux critères de te de calcium – CaCO3 – supérieure à 75 %.
conformité, les procédures de leur vérification et les
seuils de garantie. Fumées de silice (D)
Les fumées de silice sont des particules très fines
■ Définition du ciment (environ 1 µm) présentant une très forte teneur en
silice amorphe.
Le ciment est un liant hydraulique, c’est-à-dire une Elles proviennent de la réduction de quartz de gran-
matière inorganique finement moulue qui, gâchée de pureté par du charbon dans des fours à arc élec-
avec de l’eau, forme une pâte qui fait prise et durcit trique utilisés pour la production de silicium et d’al-
par suite de réactions et processus d’hydratation et liages de ferrosilicium.
qui, après durcissement, conserve sa résistance et
sa stabilité même sous l’eau. Sulfate de calcium
Le ciment est obtenu à partir d’un ou plusieurs des Le sulfate de calcium généralement du gypse doit
constituants définis ci-après. être ajouté en faible quantité aux autres constituants
du ciment au cours de sa fabrication, en vue de
■ Les constituants du ciment réguler la prise.
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Les différents types de ciments
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Le ciment Portland : CEM I Pour chaque classe de résistance normale, deux
classes de résistance au jeune âge sont définies,
Il contient au moins 95 % de clinker et au plus 5 %
une classe avec résistance au jeune âge ordinaire
de constituants secondaires.
(indiquée par la lettre N) et une classe avec résis-
Le ciment Portland composé : CEM II/A ou B tance au jeune âge élevée (indiquée par la lettre R).
Il contient au moins 65 % de clinker et au plus 35 %
■ Valeurs limites garanties
d’autres constituants : laitier de haut fourneau,
fumée de silice (limitée à 10 %), pouzzolane naturel- des résistances
le, cendres volantes, calcaires, constituants secon-
daires. La conformité d’un lot de ciment est appréciée pour
Il est à noter que les ciments Portland et Portland ce qui concerne la résistance à la compression en
composé englobent les ciments gris et les ciments fonction des valeurs du tableau suivant qui sont
blancs. garanties (valeurs limites inférieures).
52,5 N ≥ 20 –
Ciment à maçonner (CM) NF P 15-307
≥ 52,5 –
52,5 R ≥ 30 – Ciment naturel (CN) NF P 15-308
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Exigences chimiques définies en termes de valeurs caractéristiques des ciments courants
1 2 3 4 5
Propriétés Référence de l’essai Type de ciment Classe de résistance Exigences (a)
32,5 N
CEM I 32,5 R ≤ 3,5 %
CEM II (c) 42,5 N
CEM IV
Sulfate (SO3) EN 196-2 CEM V 42,5 R
52,5 N ≤ 4,0 %
52,5 R
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CEM I, CEM II, CEM III/A et B et CEM V, définis par
la norme.
Ces ciments trouvent leurs principales applications
dans les ouvrages de masse et certains ouvrages en
béton précontraint.
Ils comportent la mention CP sur leur emballage.
Désignation et marquage
Les ciments doivent être identifiés au moins par leur
type (chiffre romain) et par un nombre indiquant la
classe de résistance (par ex. 32,5). Pour indiquer
que le ciment a une résistance élevée au jeune âge,
la lettre R est ajoutée. Les caractéristiques complé-
mentaires éventuelles sont rappelées par un sigle
PM/ES/CP.
Exemple : un ciment Portland contenant au moins
95 % de clinker, de classe 42,5 ayant une résistan-
ce au jeune âge élevée et reconnu apte pour les tra-
vaux à la mer.
CEM I 42,5 R PM
Exemple de marquage
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Tableau de correspondance entre anciennes et nouvelles désignations des ciments
Ciment Portland
CEM II / A ou B - S
au laitier
Ciment Portland
CEM II / A - D
à la fumée de silice
Ciment Portland
CEM II / A ou B - T
aux schistes calcinés
Ciment Portland
CEM II / A ou B - M(*)
composé
Ciment Ciment
CPZ - CEM IV / A ou B CEM IV / A ou B(*)
pouzzolanique pouzzolanique
Ciment au laitier
CLC - CEM V / A ou B Ciment composé CEM V / A ou B(*)
et aux cendres
(*) Les constituants, autres que le clinker, sont identifiés Pour consulter
par leur symbole entre parenthèses. Exemple : (S-V-L).
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1.3 Caractéristiques
et emplois des ciments
L’industrie cimentière met aujourd’hui à la disposition L’objet de cette documentation est de fournir suc-
de l’utilisateur un grand nombre de ciments qui pré- cessivement les caractéristiques principales sui-
sentent des caractéristiques bien définies et adap- vantes :
tées à des domaines d’emploi déterminés. • composition ;
La gamme étendue de résistances, de nature ou de • résistances mécaniques ;
vitesse de prise et de durcissement répond aux • caractéristiques garanties.
usages très divers qui sont faits du béton sur chan- Les domaines d’emploi qui découlent de ces pro-
tier ou en usine, dans le bâtiment ou les travaux priétés sont décrits ensuite, ainsi que les particulari-
publics. tés liées à la mise en œuvre ou aux restrictions
Impératifs climatiques, résistance à des agents d’emploi.
agressifs, autant de paramètres qui doivent aider à
choisir le ciment le plus approprié.
Pour faire ce choix, il importe de connaître les carac- Les ciments Portland CEM I
téristiques spécifiques des différentes catégories de
ciment prévues par la normalisation. Norme NF EN 197-1
Il convient de souligner que lorsqu’on parle de résis-
tances de ciments, il s’agit de valeurs spécifiées
dans la norme. ■ Composition
Les valeurs de résistance des bétons obtenues à
partir de ces ciments peuvent être très différentes en Les ciments Portland résultent du broyage de clinker
plus ou en moins. et de sulfate de calcium (gypse ou anhydrite) pour
C’est ainsi qu’on peut réaliser des bétons de hautes régulariser la prise, et éventuellement de consti-
performances dépassant 100 MPa de résistance à la tuants secondaires en faible quantité (inférieure
compression à partir de CEM I 42,5 ou 52,5. à 5 %). La teneur en clinker est au minimum de 95 %.
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■ Caractéristiques garanties ■ Précautions particulières
Pour les travaux massifs, on utilisera plutôt des
En dehors des valeurs normales des classes de ciments à faible chaleur d’hydratation initiale CP.
résistance énoncées dans le chapitre 1.2, la norme
prévoit le respect de valeurs limites garanties à 2,7
et 28 jours. Ces résistances sont mesurées sur Les ciments Portland composés
« mortier normal ». CEM II norme NF EN 197-1
■ Composition
2
Résistances minimales garanties en N/mm (1)
Classe Les ciments Portland composés résultent du mélan-
de résisistance 2 jours 7 jours 28 jours ge de clinker en quantité au moins égale à 65 % et
d’autres constituants tels que laitiers, cendres
32,5 N - 14 30 volantes, pouzzolanes, fumée de silice, dont le total
ne dépasse pas 35 %.
32,5 R 8 - 30
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Les ciments au laitier Les ciments à maçonner CM
norme NF EN 197-1 norme NF P 15-307
■ Composition ■ Composition
Trois types de ciments comportent des pourcen- Liant hydraulique pulvérulant fabriqué en usine et
tages de laitier assez importants. Il s’agit du ciment dont le développement de résistance est essentielle-
Portland au laitier CEM II/A et B-S, du ciment de ment dû à la présence de clinker Portland.
haut fourneau CEM II/A, B ou C et du ciment com-
posé CEM V/A et B. ■ Caractéristiques garanties
% pouzzolanes
% naturelles ou Il existe trois classes de résistance (MC 5, MC 12,5
% laitier naturelles
calcinés
et MC 22,5) selon la résistance minimum à 28 jours.
Type Notation cinker de haut
ou cendres
fourneau volantes
siliceuses Résistance à la compression
CEM III/A 35-64 36-65 - Type Résistances (à court terme) Résistances (courante)
Ciment de à 7 jours à 28 jours
CEM III/B 20-34 66-80 - en MPa en MPa
haut fourneau
CEM III/C 5-19 81-95 - MC 5 ≥5 1)
≤ 15
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Le début de prise commence à environ 2 mn, Début de prise : minimum 1 h 30.
s’achève pratiquement à 4 mn. Le ciment alumineux fondu développe des résis-
Le début de prise du ciment naturel prompt est de tances à court terme élevées grâce à un durcisse-
plus réglable de 3 à 15 minutes en utilisant l’adjuvant ment rapide. Il est très résistant aux milieux agressifs
Tempo (livré avec chaque sac de 25 kg) qui ne modi- et acides (jusqu’à des pH de l’ordre de 4). Il est nor-
fie pas l’évolution du durcissement. malisé pour les travaux à la mer : PM et en eaux à
haute teneur en sulfate : ES.
Une chaleur d’hydratation élevée, liée à son durcis-
sement rapide, permet au ciment fondu d’être mis en
œuvre par temps froid (jusqu’à – 10 °C). C’est éga-
lement un ciment réfractaire (bon comportement jus-
qu’à 1 300 °C).
Le ciment alumineux fondu résulte de la cuisson jus- Grâce à sa blancheur, le ciment blanc permet la
qu’à fusion d’un mélange de calcaire et de bauxite, mise en valeur des teintes des granulats dans les
suivie d’une mouture sans gypse à une finesse com- bétons apparents.
parable à celle des ciments Portland. La pâte peut être elle-même colorée à l’aide de pig-
ments minéraux, ce qui fournit des bétons avec une
■ Caractéristiques grande variété de teintes tant pour les bétons de
structure que pour les bétons architectoniques et les
enduits décoratifs.
Les résistances minimales garanties sur « mortier
normal » sont les suivantes. La composition du béton doit être bien étudiée en
fonction des granulats et des effets recherchés.
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Les bétons fabriqués à partir
des ciments appropriés à chaque
utilisation se retrouvent dans tous
les types d’ouvrages : ponts, routes,
barrages, édifices, sculptures moulées.
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2.1 Les chaux hydrauliques
naturelles
Rappel historique
Les chaux sont utilisées depuis des millénaires.
Les Chinois, les Égyptiens, les Mayas ont construit
des édifices durables avec des mortiers à base de
chaux à caractère hydraulique, obtenues par cuisson
des calcaires locaux.
Plus près de nous, les Romains puis nos ancêtres
ont utilisé les mêmes procédés pour construire des
ouvrages et des bâtiments qui font partie de notre
patrimoine.
■ La matière première
■ La cuisson
■ L’extinction
■ Le broyage
30
Les emplois des chaux hydrauliques L’utilisation de la chaux hydraulique naturelle sur les
naturelles maçonneries anciennes permet de limiter les risques
de fissuration et les désordres divers. Il est par
contre essentiel de réaliser des études préalables
Les mortiers de chaux hydraulique naturelle trouvent lorsqu’il est envisagé de mettre en œuvre, à l’exté-
leurs applications essentiellement dans le bâtiment, rieur, des mortiers de chaux hydraulique sur des
où leurs qualités sont appréciées pour les enduits, supports à base de plâtre.
les menus ouvrages en maçonnerie, la pose de car-
relages anciens, le jointoiement et la consolidation
de murs, les badigeons et d’une façon générale,
pour les travaux de restauration.
■ Les enduits
31
■ Mortiers de pose et de jointoiement teneur en eau, de faciliter leur compactage et d’amé-
liorer fortement leurs propriétés mécaniques de
Grâce à ses qualités de plasticité et d’adhérence aux résistance.
supports, la chaux hydraulique naturelle est bien
adaptée au hourdage et au jointoiement de blocs, Traitement des boues résiduaires urbaines
briques et pierres. Elle peut être employée pure ou L’addition de chaux hydrauliques naturelles permet
bâtardée selon la vitesse de durcissement souhai- non seulement l’aseptisation, mais aussi un durcis-
tée. sement du matériau traité favorisant son pelletage.
Neutralisation d’eaux acides
Les chaux hydrauliques naturelles peuvent être utili-
sées comme agent correcteur du pH d’effluents
liquides.
■ Coulis de consolidation
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le chapitre suivant,
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32
PARTIE 3
LES CONSTITUANTS
DES MORTIERS
ET BÉTONS
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3.1 Les granulats
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Classes granulaires Il est donc important de connaître la teneur en eau
des granulats ; on peut l’obtenir de façon rapide sur
Un granulat est caractérisé du point de vue granulai-
chantier, par séchage et pesée.
re par sa classe d/D, d et D étant respectivement la
plus petite et la plus grande dimension des grains. Porosité
Lorsque d est inférieur à 2 mm, le granulat est dési-
gné 0/D. C’est le rapport du volume des vides contenus dans
La norme XP P 18-540 indique la terminologie les grains au volume des grains, exprimé en pour-
usuelle des granulats selon leurs dimensions : centage. La porosité des granulats courants est en
général très faible. Cependant, la porosité est impor-
– Fillers 0/D : D < 2 mm tante dans le cas des granulats légers.
– Sablons 0/D : D < 1 mm
– Sables 0/D : 1 < D < 6,3 mm Propreté des granulats
– Gravillons d/D : d > 1 mm ; D < 125 mm
– Graves 0/D : D > 6,3 mm Les granulats employés doivent être propres, car les
– Ballast d/D : d 6 25 mm ; D ≤ 50 mm impuretés perturbent l’hydratation du ciment et
entraînent des défauts d’adhérence entre les granu-
De façon pratique, la composition du béton peut faire
lats et la pâte.
appel à une granularité discontinue (par exemple un
sable 0/5 et un gravillon 15/25). La propreté est caractérisée par la teneur en parti-
cules fines (< 0,5 mm) essentiellement argileuses ou
Cette formule permet de limiter les stockages d’un
d’origine végétale ou organique dont la valeur
trop grand nombre de classes granulaires, en ne
acceptable P mesurée conformément à la norme
nécessitant que deux classes faciles à trouver chez
P 18-591 en ce qui concerne les granulats > 2 mm
les distributeurs de granulats.
doit être < 1,5.
La granulométrie continue (par exemple à partir de
Dans le cas des sables, le degré de propreté est
trois granulats 0/5, 5/15, 15/25) nécessite des
fourni par l’essai appelé « équivalent de sable piston
dosages plus précis et des installations qui ne peu-
PS » (norme P 18-597) qui consiste à séparer le
vent se concevoir que pour des chantiers importants
sable des particules très fines qui remontent par flo-
ou des centrales de fabrication de béton.
culation à la partie supérieure de l’éprouvette où l’on
Module de finesse a effectué le lavage. L’essai est fait uniquement sur la
fraction de sable 0/2 mm. La valeur de PS doit selon
La norme XP P 18-540 définit : le module de finesse les cas être supérieure à 60 ou 65.
d’un sable qui caractérise sa granularité comme le
1/100 ème de la somme des refus, exprimés en
pourcentages, sur les différents tamis de la série sui-
vante : 0,16 - 0,315 - 0,63 - 1,25 - 2,5 - 5,0 mm. Pour L’essai dit d’« équivalent
un sable 0/5, il est recommandé d’avoir un module de sable » permet
de finesse voisin de 2,5. de mesurer le degré
de propreté du sable.
Coefficient d’aplatissement
Il caractérise la forme du granulat à partir de sa plus h1
grande dimension et de son épaisseur. La norme PS = 100
h2
NF P 18-561 définit les modalités de sa mesure.
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36
Il faut souligner l’importance de la propreté des gra- Lorsque la catégorie F est retenue, les limites supé-
nulats sur la qualité du béton qui influe autant sur sa rieures doivent obligatoirement être fixées.
mise en œuvre que sur ses performances finales, en On se reportera à la norme de référence pour les
abaissant l’adhérence pâte de ciment/granulats. Il spécifications telles que propreté, sensibilité au gel
faudra donc être particulièrement exigeant sur cette ou teneurs limites en impuretés.
caractéristique, et au respect des spécifications la
concernant.
D’autres impuretés sont susceptibles de nuire aux Les différents types de granulats
qualités du béton. Il s’agit de particules organiques
qui peuvent perturber son durcissement, de sels tels Les granulats utilisés pour le béton sont soit d’origine
que les sulfates ou les sulfures, qui sont à l’origine naturelle, soit artificiels.
de phénomènes de gonflement ou de taches.
Enfin, les corps étrangers (lignites ou scories) sont à ■ Les granulats naturels
proscrire.
Origine minéralogique
■ Les caractéristiques mécaniques Parmi les granulats naturels, les plus utilisés pour le
béton proviennent de roches sédimentaires sili-
Méthodes de mesures ceuses ou calcaires, de roches métamorphiques telles
que les quartz et quartzites, ou de roches éruptives
Les caractéristiques mécaniques des granulats ne
telles que les basaltes, les granites, les porphyres.
sont pas déterminées par des essais habituels de
traction ou de compression. Par contre, il existe des Granulats roulés et granulats de carrières
essais tentant de reproduire certaines sollicitations
propres à des usages spécifiques des granulats, par Indépendamment de leur origine minéralogique, on
exemple le degré d’usure pour les granulats utilisés classe les granulats en deux catégories.
pour les bétons routiers. • Les granulats alluvionnaires, dits roulés, dont la
• Essai Micro Deval forme a été acquise par l’érosion.
Ces granulats sont lavés pour éliminer les particules
C’est un essai dont le principe est de reproduire, argileuses, nuisibles à la résistance du béton et cri-
dans un cylindre en rotation, des phénomènes blés pour obtenir différentes classes de dimension.
d’usure. Les modalités de cet essai font l’objet de la
norme NF P 18-572. Bien qu’on puisse trouver différentes roches selon la
région d’origine, les granulats utilisés pour le béton sont
• Essai Los Angeles le plus souvent siliceux, calcaires ou silico-calcaires.
Le principe de cet essai est la détermination de la • Les granulats de carrière sont obtenus par abattage
résistance à la fragmentation par chocs et à l’usure et concassage, ce qui leur donne des formes angulaires.
par frottements réciproques. Il fait l’objet de la norme Une phase de précriblage est indispensable à l’ob-
NF P 18-573. tention de granulats propres. Différentes phases de
Le coefficient Los Angeles calculé à partir du pas- concassage aboutissent à l’obtention des classes
sant au tamis de 1,6 mm, mesuré en fin d’essai, granulaires souhaitées.
caractérise le granulat. Les granulats concassés présentent des caractéris-
Pour des granulats susceptibles d’être soumis aux effets tiques qui dépendent d’un grand nombre de para-
du gel, on peut mesurer le coefficient Los Angeles après mètres : origine de la roche, régularité du banc,
une série de 25 cycles gel/dégel (– 25 °C, + 25 °C) et degré de concassage... La sélection de ce type de
le comparer au coefficient de référence. granulats devra donc être faite avec soin et après
La valeur du coefficient LA est limitée à 30 pour les accord sur un échantillon.
usages autres que routiers.
■ Les granulats artificiels
Spécifications
La norme XP P 18-540 distingue les « granulats Sous-produits industriels, concassés ou non
pour chaussées y compris les chaussées en Les plus employés sont le laitier cristallisé concassé
béton hydraulique » et les granulats pour « mor- et le laitier granulé de haut fourneau obtenus par
tiers et bétons hydrauliques »… refroidissement à l’eau.
Les granulats sont classées en 6 catégories allant La masse volumique apparente est supérieure à
de A à F, chacune d’elle devant satisfaire les condi- 1 250 kg/m3 pour le laitier cristallisé concassé,
tions suivantes : 800 kg/m3 pour le granulé.
Ces granulats sont utilisés notamment dans les
bétons routiers ou pour les bétons réfractaires. Les
différentes caractéristiques des granulats de laitier et
leurs spécifications font l’objet des normes NF P 18-302
et 18-306.
D’autres sous-produits sont également utilisés : sco-
ries, mâchefer...
Granulats industriels à hautes caractéristiques
Il s’agit de granulats élaborés spécialement pour
répondre à certains emplois, notamment granulats
très durs pour renforcer la résistance à l’usure de
dallages industriels (granulats ferreux, carborun-
www.allislam.net dum...) ou granulats réfractaires.
37
Granulats allégés par expansion ou frittage
Ces granulats, très utilisés dans de nombreux pays
comme l’URSS ou les États-Unis, n’ont pas eu en
France le même développement, bien qu’ils allient
des caractéristiques de résistance, d’isolation et de
poids très intéressantes.
Les plus usuels sont l’argile ou le schiste expansé
(norme NF P 18-309) et le laitier expansé (NF P 18-307).
D’une masse volumique variable entre 400 et 800 kg/m3
selon le type et la granularité, ils permettent de réa-
liser aussi bien des bétons de structure que des
bétons présentant une bonne isolation thermique.
Les gains de poids sont intéressants puisque les
bétons réalisés ont une masse volumique comprise
entre 1 200 et 2 000 kg/m3.
L’adéquation granulats/béton
Quels granulats employer
Les granulats présentent des caractéristiques très pour le béton ?
différentes selon leur origine.
Ces caractéristiques influant sur celles du béton, il Si la plupart des roches conviennent à la production
importe de bien les connaître et de veiller au respect de granulats pour bétons, certaines nécessitent des
des spécifications prévues par la réglementation. essais préalables en laboratoire pour apprécier leur
On peut présenter sous forme de tableau l’influence aptitude à l’emploi.
que peuvent avoir sur le béton un certain nombre On peut faire une première approche du choix des gra-
de caractéristiques géométriques et physiques des nulats aptes à être employés, selon la roche
granulats. d’origine.
APTITUDES DES PRINCIPAUX GRANULATS À LEUR EMPLOI POUR LE BÉTON SELON LA ROCHE D'ORIGINE
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38
Extraits des carrières,
les granulats sont stockés
suivant leurs classes
granulaires. La variété
de leurs dimensions
et de leurs coloris
donnent aux bétons
leurs teintes
et leurs textures.
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39
Le choix des granulats
selon la fonction du béton
La variété des fonctions remplies par le béton
conduit à adopter des granulats qui, selon le cas,
présenteront des caractéristiques d’aspect, de den-
sité, de résistance mécanique différentes.
Les granulats les plus couramment employés sont
mentionnés dans le tableau suivant.
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40
3.2 Les adjuvants
41
La frontière entre les différents types d’adjuvants de pérature, de la teneur en eau et du dosage en
cette famille n’est pas toujours très nette, les effets ciment. Il n’y a ni ségrégation, ni ressuage si des pré-
recherchés sont très proches et les différences obte- cautions sont prises à la mise en œuvre ; la cohésion
nues sont souvent une question de nuances liées du béton reste très bonne.
aux dosages préconisés. Les superplastifiants sont particulièrement utiles
pour la réalisation des fondations, dallages, radiers,
■ Les plastifiants réducteurs d’eau sols industriels, routes, etc., et pratiquement indis-
(NF EN 934-2) pensables pour la confection des bétons de hautes
performances. Ils sont couramment utilisés dans le
béton prêt à l’emploi, surtout lorsqu’il est pompé.
Ces adjuvants ont pour fonction principale, à même
ouvrabilité, de conduire à une augmentation des
résistances mécaniques par une réduction de la Les adjuvants modifiant la prise
teneur en eau d’un béton, mortier ou coulis. et le durcissement
Ils sont à base de lignosulfonates, de sels d’acides
organiques, de mélamine sulfonate, de naphtalène
sulfonate et dérivés de mélamine ou naphtalène. Ces adjuvants sont des produits chimiques, qui
modifient les solubilités des différents constituants
La diminution de la teneur en eau – de 10 à 35 litres des ciments et surtout leur vitesse de dissolution.
par m3 de béton – entraîne une augmentation de sa
compacité, par conséquent de sa durabilité. Cette Physiquement, cette action se traduit par l’évolution
amélioration des caractéristiques résulte de la dimi- du seuil de cisaillement dans le temps, en fonction
nution des vides dus à l’excès d’eau. de l’adjuvant utilisé (graphique ci-dessous).
Ces adjuvants trouvent leur emploi dans l’industrie du
béton manufacturé, qui exige des bétons fermes,
pouvant être démoulés rapidement, dans les grands
travaux de génie civil nécessitant des résistances éle-
vées, ainsi que pour le bétonnage avec coffrages glis-
sants.
42
Il est à noter qu’un béton fortement accéléré, chimi- (de l’ordre de 20 l/m3, soit 2 %) est réparti de maniè-
quement ou thermiquement, risque d’avoir une résis- re aléatoire et certains vides peuvent nuire aux résis-
tance mécanique finale légèrement diminuée. tances du béton.
L’entraîneur d’air permet d’en entraîner un volume
■ Les retardateurs de prise (NF EN 934-2) supérieur et de le répartir uniformément. La résis-
tance au gel du béton durci, ainsi que sa résistance
Introduits dans l’eau de gâchage, ils ont pour fonc- aux sels de déverglaçage et aux eaux agressives,
tion principale d’augmenter le temps de début de sont considérablement améliorées.
prise et le temps de fin de prise du ciment dans le Les microbulles qui coupent les réseaux des capil-
béton, le mortier ou le coulis. laires limitent le développement des contraintes
Ils sont à la base de lignosulfonates, d’hydrates de dues au gel de l’eau interstitielle.
carbone ou d’oxydes de zinc ou de plomb. L’utilisation des entraîneurs d’air pour les bétons rou-
En général, les retardateurs freinent la diffusion de tiers est obligatoire en France.
la chaux libérée par l’hydratation du ciment et retar- La valeur de l’air occlus doit être comprise entre 4
dent de ce fait la cristallisation. Par rapport au
témoin, l’augmentation du temps de début de prise et 6 %.
est comprise entre une heure et deux heures. Il est recommandé de coupler l’utilisation d’un plasti-
Au-delà de vingt-huit jours et souvent même dans un fiant à tout emploi d’entraîneur d’air.
délai plus court, les résistances mécaniques sont en
général augmentées par rapport au témoin.
Les retardateurs de prise sont particulièrement
recommandés pour les bétonnages par temps
chaud, pour le béton prêt à l’emploi, les bétonnages
en grande masse et la technique des coffrages glis-
sants. Ils permettent aussi de faciliter les reprises de
bétonnage.
43
■ Les hydrofuges de masse
(NF EN 934-2)
44
Les plastifiants et superplastifiants améliorent
l’ouvrabilité du béton.
Les accélérateurs de prise et de durcissement
permettent le bétonnage par temps froid.
Les entraîneurs d’air forment des microbulles
dans le béton qui améliorent sa résistance au gel.
Les hydrofuges de masse empêchent l’eau
de pénétrer dans le béton et protègent également
des salissures (les deux photos en bas :
immeubles en béton non hydrofugé
et en béton hydrofugé).
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45
Les producteurs d’adjuvants
Les producteurs d’adjuvants ayant une gamme plus
ou moins développée des produits décrits précé-
demment et qui bénéficient de la marque NF
Adjuvants, sont adhérents au Syndicat National des
Adjuvants pour Béton et Mortiers – SYNAD, 3, rue
Alfred-Roll, 75017 Paris.
Nota
Les passages en italique sont des citations de la
norme.
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46
3.3 Les fibres
47
Les différentes fibres actuellement disponibles peu-
vent être classées selon leur origine en :
• fibres naturelles minérales et végétales : amiante,
cellulose ;
• fibres synthétiques d’origine minérale : verre, car-
bone, fibres métalliques ;
• fibres synthétiques organiques : polyamides, poly-
propylène, acrylique, kevlar, aramide.
Les propriétés géométriques et mécaniques de ces
différentes fibres sont récapitulées dans le tableau
suivant.
48
Il est en effet important de pouvoir conserver au Fibres métalliques
béton de fibres une grande part de sa déformabilité
d’origine (allongement 0,8 à 1 %), qui est l’un de ses
principaux avantages. ■ Les types de fibres
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49
Les fibres de polypropylène
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50
PARTIE 4
LES MORTIERS
ET COULIS
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4.1 Les mortiers et coulis –
généralités
Qu’est-ce que le mortier ? répondant à tous les besoins non seulement par la
nature du produit, mais aussi par son conditionne-
ment plus adapté : sacs de 5 à 25 kg.
Une construction est généralement réalisée par élé-
ments, dont il faut assurer la liaison ou qu’il faut pro-
téger par un revêtement. Les mortiers de chantier
On doit alors effectuer des scellements ou divers tra- et les mortiers prêts à l’emploi
vaux de reprise, de bouchage, etc.
Toutes ces opérations se font à l’aide d’un liant tou-
jours mélangé à du sable, de l’eau – et éventuelle- ■ Les mortiers fabriqués sur le chantier
ment un adjuvant – pour obtenir un « mortier », qui
se distingue du béton par l’absence de gravillons.
L’entreprise qui fabrique sur le chantier son mortier
Des compositions multiples de mortiers peuvent être doit choisir correctement le liant en fonction de son
obtenues en jouant sur les différents paramètres : type et de sa classe, le ou les sables, la teneur en
liant (type et dosage), adjuvants et ajouts, dosage en eau (pour obtenir la plasticité désirée) et les adju-
eau. En ce qui concerne le liant, tous les ciments et vants adaptés à la destination du mortier.
les chaux sont utilisables ; leur choix et le dosage
sont fonction de l’ouvrage à réaliser et de son envi-
ronnement.
Les mortiers bâtards sont constitués par des
mélanges de ciment et de chaux avec du sable, dans
des proportions variables. Les chaux apportent leur
plasticité, les ciments apportent la résistance méca-
nique et un durcissement plus rapide.
Les mortiers peuvent être :
• préparés sur le chantier en dosant et en mélan-
geant les différents constituants, adjuvants compris,
• préparés sur le chantier à partir de mortiers indus-
triels secs prédosés (il suffit d’ajouter la quantité
d’eau nécessaire),
• livrés par une centrale : ce sont des mortiers prêts
à l’emploi, dont les derniers nés, les mortiers retardés
stabilisés, ont un temps d’emploi supérieur à 24 h.
Les mortiers industriels se sont beaucoup dévelop-
pés ces dernières années, permettant d’éviter le
stockage et le mélange des constituants sur des
chantiers parfois exigus et difficiles d’accès : rénova-
tion, travaux souterrains.
Le marché du bricolage a profité du développement
des mortiers prémélangés. On peut aujourd’hui
trouver dans les surfaces de bricolages des mortiers
53
■ Les mortiers industriels secs
prémélangés
54
Ces mortiers permettent, comme le béton prêt à
l’emploi, de simplifier et d’améliorer les conditions de
travail, en évitant les pertes de temps.
Ils sont en général livrés dans des auges ou des
bacs non absorbants, de 250 à 500 litres de capa-
cité. Ces bacs restent sur le chantier, ce qui four-
nit un stockage commode et une complète dispo-
nibilité.
55
Les techniques particulières Deux techniques de projection : le pot de projection et la machi-
ne à projeter équipée d’une lance.
de mise en œuvre
Les techniques traditionnelles sont développées
dans les chapitres correspondant aux différents
domaines d’emploi (4.2, 4.3 et 4.4). On ne cite donc
ici que deux techniques qui intéressent de nom-
breuses applications : la projection et l’injection.
■ La projection
■ L’injection de mortiers ou coulis
Fabriqués sur chantier ou plus généralement prédo-
sés, les mortiers projetés comportent, outre le liant et L’injection de mortier n’intéresse que certains types
le sable habituels, des adjuvants spécifiques amélio- de travaux où les cavités à remplir sont suffisamment
rant l’adhérence, des charges (silice, carbonate...), et larges. Il est nécessaire que le diamètre maximum
parfois des fibres (verre, polypropylène, acier). des grains de sable les plus gros ne dépasse pas le
1/5 des vides les plus fins à remplir. S’il n’en était pas
Projeté à l’aide de machines le plus souvent à air ainsi, il faudrait utiliser des coulis d’injection.
comprimé, le mortier est plus compact, adhère
mieux au support et se prête bien à son application Comme dans le cas des coulis de ciment, le mortier
sur des parties d’ouvrages difficiles d’accès et de d’injection doit être constitué de façon à être le plus
forme irrégulière. La suppression de manipulations « injectable » possible : grande fluidité pour un res-
délicates et pénibles, ainsi que les gains de produc- suage modéré (et, partant, une bonne stabilité, peu
tivité, expliquent le succès du mortier projeté dans de ségrégation).
de nombreuses applications : Les applications de l’injection sont essentiellement le
– enduits monocouches, enduits isolants ; remplissage de cavités, gaines, enveloppes
diverses, ou plus généralement les vides d’accès dif-
– revêtements de voûtes, en galeries, consolidation ficile. L’injection est généralement pratiquée pour
de talus ; certains travaux sous l’eau, avec des formules de
– travaux de réparation, etc. mortier étudiées pour éviter le délavage.
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56
4.2 Les enduits
La préparation du support
De la bonne préparation du support vont dépendre
l’adhérence de l’enduit et son aspect final.
Les enduits sont appliqués sur des supports de
nature très différentes : maçonnerie de pierres, de
briques ou de blocs en béton, béton banché brut de
décoffrage, béton de granulats légers, béton cellulai-
re, fibres-ciment, bois. Certains supports permettent
une application directe, c’est le cas de la brique, des
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blocs en béton, des maçonneries de pierre.
57
Les sables
Le sable doit être sain, siliceux, silico-calcaire ou
même calcaire à condition que les grains ne soient
pas friables. Il doit être propre, c’est-à-dire dépourvu
d’impuretés susceptibles de compromettre la qualité
du mortier en œuvre (argile, vase, terre végétale,
plâtre, sels minéraux). Le degré de propreté du sable
est mesuré par l’essai d’équivalent de sable (voir le
chapitre 3.1). L’indice fourni par cet essai (ESV) doit
être inférieur à 75.
Il est préférable d’utiliser des sables roulés de riviè-
re. Les sables de carrière conviennent s’ils ne ren-
ferment pas d’impuretés nocives. Les sables de mer
doivent être lavés (sinon ils sèchent mal et peuvent
donner lieu à des efflorescences en raison des sels
qu’ils contiennent).
La granulométrie des sables doit être limitée à 3 mm.
En général, les dosages du mortier sont exprimés en
poids de liant par m3 de sable sec. Or, le plus sou-
vent, sur le chantier, le sable renferme un certain
■ Supports anciens pourcentage d’eau (pouvant varier de 0 à 20 %) et il
suffit de très peu d’eau pour que le poids du m3 de
Le mur doit d’abord être débarrassé de toutes traces sable soit modifié ; c’est le phénomène bien connu
de revêtements anciens, friables ou non adhérents du « foisonnement » du sable.
tels que : enduits, hydrofuges de surface, peintures,
etc. Il pourra être nécessaire, dans certains cas (pré-
sence de taches blanchâtres de calcite sur les murs
en béton), de procéder à un brossage à la brosse
métallique ou à un lavage à l’eau sous pression.
Les joints de maçonneries de briques ou de moel-
lons sont dégarnis sur 3 cm de profondeur, et
brossés.
58
Les produits d’accrochage
Ces produits généralement à base d’émulsion ther-
moplastiques : copolymères vinyliques, styrène buta-
diène, acryliques sont destinés à améliorer
l’adhérence de l’enduit sur le support lorsque son
état de surface le nécessite, ainsi que ses propriétés
mécaniques.
Les colorants
Ils doivent être exclusivement d’origine minérale.
Leur dosage sera inférieur à 3 % du poids du liant.
■ La mise en œuvre
L’enduit peut aussi être réalisé en deux couches Délais séparant l’application
lorsque le mortier est projeté mécaniquement des différentes couches
(machine à projeter, pot de projection).
Les délais minima sont de 48 heures entre la pre-
La première couche assure l’adhérence de l’enduit mière et la deuxième couche, et de 4 à 7 jours, sui-
au support et l’éventuel rattrapage des irrégularités, vant la nature du liant, entre le corps d’enduit et la
elle a une épaisseur de 10 à 15 mm. La seconde couche de finition.
couche donne sa forme définitive à l’enduit et com-
plète la fonction imperméabilisation. Son épaisseur Ces délais sont nécessaires pour que le mortier ait
est de 8 à 12 mm. Le mortier est serré énergique- effectué la plus grande partie de son retrait.
ment à la taloche.
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59
d’origine thermique du fait d’une plus forte absorp-
tion du rayonnement solaire, et accentuent les
problèmes d’aspect liés au nuançage ou aux efflo-
rescences.
L’application sur béton cellulaire est prévue pour cer-
tains enduits, elle est alors mentionnée dans l’Avis
technique.
■ Mortiers isolants
60
Les outils de mise en œuvre
des enduits : la truelle,
le couteau à enduire, la taloche,
le pot de projection
ou la machine à projeter.
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61
L’adhérence de l’enduit
les défauts à éviter
La bonne adhérence d’un enduit sur son support est
fondamentale.
Il est facile de la vérifier : un enduit décollé locale-
ment sonne « creux ».
La non-adhérence entraîne la cassure de l’enduit qui
se détachera par plaques.
Les principaux défauts d’adhérence sont dus :
• à un support trop lisse ;
• à un béton brut de décoffrage, avec des traces
d’huile de démoulage ou de produits de cure ;
• à un support sale avec des dépôts de matière
organique ou comportant des traces d’anciens
enduits en plâtre ; ce support ne sera pas neutre
puisque le plâtre réagira ensuite sur le ciment du
mortier pour donner des produits expansifs (sulfo-
aluminate de chaux) ;
• à un support trop sec, qui n’a pas été suffisam-
ment humidifié avant la projection de la première
couche d’accrochage (gobetis) ;
• au mortier mal composé, appliqué trop tardive-
ment (parfois remouillé, rebattu et dont la prise est
commencée) ;
• à un mortier ayant un retrait excessif (surdosa-
ge en liant).
Enfin, si certaines précautions ne sont pas prises, de
l’eau pourra s’infiltrer entre le support et l’enduit et
provoquer son décollement en hiver lors du gel.
C’est le cas d’une remontée d’eau du sol, ou d’un
enduit non protégé en partie haute.
Il convient enfin d’éviter l’application d’enduits
par temps froid. Sans précaution particulière, 5 °C
est une limite en-dessous de laquelle il ne faut pas
descendre.
Un enduit bien fait tient très longtemps. Sa confec-
tion demande du soin, une main-d’œuvre qualifiée,
un matériel parfaitement adapté, et des mortiers
performants.
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62
4.3 Les chapes
■ Les chapes adhérentes Dans le second cas, il s’agit d’apporter une isolation
thermique et acoustique. Cette solution est très effi-
Les chapes incorporées cace vis-à-vis de la transmission des bruits d’impact,
ce qui conduit à la préconiser dans les pièces carre-
Elles sont constituées par un mortier fin appliqué
lées (salles d’eau, cuisines). L’amélioration de l’isole-
avant que le béton du support (dalle, massif) n’ait fait
ment aux bruits d’impact obtenue à l’aide d’une
sa prise. La continuité entre le béton du support et le
chape flottante peut être de l’ordre de 20 à 25 dB(A).
mortier de la chape assure à l’ensemble une très
bonne cohésion et des conditions de maturation
favorables, le support étant encore humide.
Les chapes rapportées
Il s’agit du cas le plus fréquent où le béton a déjà fait
sa prise.
Dans le cas de travaux neufs, la chape est exécutée
de préférence le plus tôt possible, après que le béton
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ait commencé son durcissement. Pour les ouvrages
63
La réalisation des chapes
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64
épaisseurs de chape inférieures à 3 cm ; au-delà, ■ Les finitions spéciales
c’est une précaution utile.
Le dosage en ciment des mortiers est au minimum Lorsqu’une résistance à l’usure est recherchée, on
de 350 kg/m3. peut incorporer à la surface de la chape des granulats
Le mortier est étalé sur la surface, puis réglé, talo- durs (corindon, carborandum), ou des fibres d’acier,
ché, et éventuellement lissé. qui améliorent la résistance à l’abrasion et aux chocs.
Ces chapes sont dites flottantes parce qu’elles sup- Lorsque le gros œuvre comporte des joints, la chape
posent l’interposition, entre la dalle support et la doit être fractionnée aux mêmes emplacements ;
chape proprement dite, d’une couche de désolidari- dans tous les cas les joints sont exécutés pour des
sation (constituée d’un film polyéthylène, d’un lit de surfaces de l’ordre de 25 m2. La distance entre les
sable ou d’un feutre bitumé), ou d’une couche iso- joints est au maximum de 8 m cependant 5 m sont
lante (panneaux de fibres, plastique alvéolaire, préférables.
béton de granulats légers tels qu’argile expansée, Les joints de fractionnement sont exécutés soit par
vermiculite ou liège), lorsque sont recherchées des sciage du mortier frais ou durci, soit par profilés dis-
performances thermiques ou acoustiques. posés avant mise en place du mortier.
La chape est réalisée au mortier dosé au minimum à
350 kg/m3 de ciment de classe 32,5. Selon la compres- ■ La cure du mortier
sibilité de l’isolant, la chape a une épaisseur de 4 à
5 cm, et peut être armée ou non. L’armature utilisée La cure est l’opération destinée à éviter la dessicca-
est alors un treillis à petites mailles de 50 x 50 mm tion du mortier par temps chaud ou sur des chantiers
(grillage) avec fils d’acier de 1 à 1,5 mm de diamètre, exposés à d’importants courants d’air.
placé à mi-épaisseur. Elle peut être réalisée en protégeant la surface du
mortier frais par des bâches (films plastiques) ou des
■ Les enduits de lissage pour sols sacs humides, par humidification ou par pulvérisa-
intérieurs (enduits autolissants) tion d’un produit de cure.
La surface peut être finie grâce à l’application d’en- Les chapes pour sols industriels
duits de lissage, à base de liants hydrauliques, de
charges minérales, de résines et d’adjuvants spéci-
Les exigences d’un sol industriel peuvent être mul-
fiques ; ils ont pour caractéristique d’être autolissants.
tiples :
Ces enduits très fluides s’appliquent en épaisseur de
3 à 10 mm, et sont destinés à recevoir directement les • résistance mécanique aux chocs, aux poinçonne-
revêtements de sols habituels : textiles, plastiques, ments, à l’abrasion ;
céramiques. • résistance aux attaques chimiques : acides, sels
Les enduits de lissage sont conditionnés par le fabri- minéraux, corps gras, sucres ;
cant, de façon à ne nécessiter que l’adjonction d’eau • résistance à des températures élevées.
de gâchage, et éventuellement d’une résine fournie
avec l’enduit.
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65
Le sol lui-même doit être conçu pour résister à diffé-
rentes contraintes, mais la chape, qui est la partie la
plus sollicitée, nécessite un traitement particulier par
rapport aux réalisations usuelles.
Les mortiers utilisés sont des mélanges prédosés
comprenant généralement un composant à base de
ciment et de charges spéciales minérales ou métal-
liques, et un composant qui est une résine.
Le mélange se fait au moment de la mise en œuvre,
et permet de réaliser un mortier de type autolissant
appliqué en épaisseur appropriée.
L’incorporation au mortier ou le saupoudrage sur le
mortier déjà mis en œuvre et encore frais, de granu-
lats très durs, minéraux type corindon ou particules
métalliques, permet d’obtenir des chapes très résis-
tantes.
Pour la réalisation des chapes industrielles, compte
tenu de leur résistance à de nombreux agents chi-
miques, et de leur résistance mécanique aux jeunes
âges, permettant une mise en service rapide on
emploie des ciments de classe de résistance élevée
ainsi que le ciment prompt naturel et le ciment alu-
mineux fondu.
La résistance du ciment fondu, associé à des granu-
lats réfractaires, à des températures dépassant
1 000 °C, le fait également utiliser pour les sols sou-
mis à des températures élevées – industries métal-
lurgiques, verreries.
Ces différentes réalisations se faisant en épaisseur
relativement mince, nécessitent un traitement de
cure, de façon à assurer une maturation correcte du Une chape réalisée en mortier à base de ciment prompt retenu
mortier sans risque de dessiccation. pour sa résistance aux acides dans une laiterie.
En milieu rural ou dans les industries agro-alimen-
taires, la réalisation de chapes résistant aux agres-
sions chimiques nécessite l’emploi de liants adap-
tés : ciment prompt naturel, ciment alumineux fondu, Pour consulter
CEM V, CEM III/C le chapitre suivant,
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66
4.4 Les scellements
et les calages
Les exigences
■ Absence de retrait
67
■ Autres caractéristiques A titre d’exemple, on peut fournir des valeurs d’arra-
chement mesurées avec des barres scellées dans
• Une faible porosité assurant la protection des du béton avec un mortier à retrait compensé.
pièces métalliques contre la corrosion ;
• une bonne fluidité pour les mortiers de calage qui
doivent remplir des volumes à large section et faible
épaisseur.
La composition
Qu’ils soient prédosés ou fabriqués sur chantier, les
mortiers de scellement font appel à des constituants
bien définis, qui doivent être d’une très bonne quali-
té : ■ Scellement de regards
• ciments à forte résistance de classe 52,5 ou 42,5,
en général à durcissement rapide (classe R), ciment Dans la voirie, le scellement de regards, grilles, etc.,
prompt, ciment alumineux ; est de pratique courante. Cette utilisation demande,
• sable très propre (roulé de préférence) d’un dia- en plus des performances mécaniques et de com-
mètre maximum de 2 ou 3 mm ; pensation du retrait nécessaires à tout scellement de
qualité, une montée rapide des résistances, afin de
• expansif ; rétablir la circulation dans les délais les plus brefs.
• adjuvants divers (plastifiants, rétenteurs d’eau,
accélérateurs, résines) ; il existe des mortiers
comportant des fibres d’acier (de préférence inoxy-
dables) ou de polypropylène.
Les dosages en liant sont généralement élevés (600
à 700 kg pour 1 m3 de sable).
Le dosage en eau doit être ajusté selon la consis-
tance recherchée : E/C compris entre 0,40 et 0,50.
Les scellements
■ Scellement de tiges
68
Exemples de dispositifs destinés à améliorer le scellement d’une barre.
Une méthode consiste à utiliser des cales très Les mortiers (ou coulis) de calage sont mis en place
diverses (empilement de cales, cales usinées, soit par injection, soit par gravité.
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coniques, cales à vérins, à vis de réglage...).
69
Calage de machines.
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Tiges scellées.
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70
4.5 Les mortiers et coulis
de réparation
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71
L’eau de pluie, l’eau de mer et plus généralement les Mortiers à base de liants de synthèse
eaux chargées en sels, l’eau de la nappe phréatique,
Ce sont des mortiers qui contiennent environ 50 %
les eaux de lavage constituent autant de cas d’es-
de granulats (sables et fillers) et 10 % de résine
pèces, dont l’action peut se traduire par un lessivage
époxyde, polyuréthane ou polyester.
du béton qui dissout la chaux et augmente sa poro-
sité, ou par des réactions conduisant à la production Des charges, des adjuvants ou des fibres peuvent
de sels expansifs à l’origine de fissures ou d’éclate- entrer dans leur composition. Ces mortiers sont de
ment du béton. préférence prédosés et réservés à des réparations
de faibles dimensions.
■ Phénomènes physiques
■ L’exécution des réparations
Il peut s’agir des actions mécaniques telles que
chocs, vibrations, abrasion, ou des actions liées aux Préparation des supports
variations de température : dilatation due à la cha-
leur, effets du gel, chocs thermiques. C’est une phase capitale qui conditionne la qualité
de la réparation. Le béton est débarrassé des parties
non adhérentes ou dégradées par piquage, brossa-
■ Phénomènes physico-chimiques ge et dépoussiérage. Les armatures apparentes sont
dégagées par enlèvement du béton non adhérent,
Ils sont inhérents au béton lui-même, comme ceux puis éventuellement décapées par sablage ou gre-
liés aux phénomènes complexes du retrait, ou aux naillage.
réactions se développant à l’interface des constituants.
Lorsque l’épaisseur du béton d’enrobage est faible
Ils peuvent être provoqués par des agressions exté- ou en atmosphère agressive, on procède à un traite-
rieures ; l’action des sels de déverglaçage en est ment de passivation des aciers avec des matériaux
l’exemple le plus significatif. tels que les oxydes de zinc ou les époxydes-zinc.
72
■ Matériaux utilisés Nota
pour le traitement des fissures 1. Il faut remarquer que ces traitements s’appliquent
essentiellement à des fissures « passives » (fissures
Le document suivant, tiré des recommandations du stabilisées).
STRRES (voir en dernière page), de l’AFPC et du
SN. BATI, résume la nature des produits de traite- 2. Les mortiers préconisés pour les fissures supé-
ment selon le type de fissures à traiter. rieures à 10 mm sont dosés à au moins 400 kg de
ciment/m3 et font fréquemment appel à des adju-
vants : plastifiants ou hydrofuges.
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73
Une réparation nécessite différentes opérations : la passivation
des armatures, la mise en place d’un mortier.
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74
PARTIE 5
LE MATÉRIAU BÉTON
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5.1 Le béton :
connaissance du matériau
65 ans séparent le nouveau pont sur l’Elorn du pont Albert Louppe conçu et réalisé par Freyssinet en 1928.
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77
Du béton pour structurer,
pour embellir les façades,
pour franchir les cours d’eau
(ou la mer), pour les routes
et leurs équipements.
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78
Le béton, pour quoi faire ? • Les bétons de granulats légers, dont la résistance
peut être élevée, sont employés dans le bâtiment,
pour les plates-formes offshore ou les ponts.
Performances et souplesse d’emploi permettent au
béton d’être présent dans tous les domaines du bâti- • Les bétons cellulaires peuvent répondre aux pro-
ment et des travaux publics. blèmes d’isolation dans le bâtiment.
Le béton fait partie de notre cadre de vie. Il a • Les bétons de fibres, plus récents, correspondent à
mérité sa place par ses caractéristiques de résistan- des usages très variés : dallages, éléments décora-
ce, ses propriétés en matière thermique, sa résis- tifs, mobilier urbain.
tance au feu, son isolation phonique, son aptitude au
vieillissement, ainsi que par la diversité qu’il permet
dans les formes, les couleurs et les aspects.
Le béton a sa place dans les bâtiments d’habitation
(logements, écoles, hôpitaux...) aussi bien que dans
les constructions liées à l’activité professionnelle
(usines, ateliers, commerces, bureaux) ou dans des
réalisations diverses (socio-culturelles, sportives ou
de loisir...).
Le béton structure et participe de manière visible à
l’architecture. Le béton n’est plus une « pierre artifi-
cielle », mais un matériau adapté aux formes ten-
dues, propres aux ouvrages d’art, au même titre
qu’aux réalisations actuelles des architectes.
Le béton permet de franchir. Grâce à la précon-
trainte, le béton a pu améliorer ses performances et
rend possible les très longues portées. Les dernières
évolutions techniques concernent la précontrainte
extérieure et l’allègement des âmes des tabliers, en
particulier par l’utilisation de structures triangulées.
Le béton est dans les routes. Supprimant pratique-
Qu’est-ce que le béton ?
ment toutes les servitudes inhérentes à l’entretien, le
béton routier s’est fait sa place dans tous les types de Le béton est un mélange de plusieurs composants :
voiries, de l’autoroute au chemin de vignoble, en pas- ciment, eau, air, granulats et, le plus souvent, adju-
sant par les pistes cyclables. Dans les villes, les vants qui doivent constituer un ensemble homogène.
dalles et les pavés en béton apportent leur esthéti- Les composants sont très différents : leurs masses
que particulière, en harmonie avec le mobilier urbain. volumiques vont, dans les bétons courants, de 1
(eau) à 3 (ciment) t/m3 ; les dimensions de leurs
grains s’échelonnent de 0,5 µm (grains les plus fins
Quels bétons ? du ciment) à 25 mm (gravillons).
Dans les bétons où une très grande compacité est
Le béton peut varier en fonction de la nature des gra- recherchée (bétons HP par exemple), la dimension
nulats, des adjuvants, des colorants, des traitements des éléments les plus fins peut descendre en des-
de surface, et peut ainsi s’adapter aux exigences de sous de 0,1 µm (fillers, fumée de silice).
chaque réalisation, par ses performances et par son De même les granulats très légers ont des masses
aspect. volumiques inférieures à 100 kg/m3.
• Les bétons courants sont les plus utilisés, aussi La pâte (ciment + eau), élément actif du béton enro-
bien dans le bâtiment qu’en travaux publics. Ils pré- be les granulats. L’objectif est de remplir les vides
sentent une masse volumique de 2 300 kg/m3 envi- existants entre les grains. La pâte joue le rôle de
ron. Ils peuvent être armés ou non, et lorsqu’ils sont lubrifiant et de colle.
très sollicités en flexion, précontraints.
• Les bétons lourds, dont les masses volumiques
peuvent atteindre 6 000 kg/m3 servent, entre autres,
pour la protection contre les rayons radioactifs.
■ Le ciment
79
Dosage en ciment et résistances mécaniques
Le dosage en ciment a une influence directe sur les
résistances mécaniques du béton. Toutes autres
conditions égales par ailleurs, on peut dire que dans
une certaine plage (150 à 400 kg/m3 de béton) la
résistance est sensiblement proportionnelle au
dosage en ciment C.
L’eau
Nécessaire à l’hydratation du ciment, elle facilite
aussi la mise en œuvre du béton (effet lubrifiant)
Sans détailler les critères de choix du ciment (voir dans la mesure où on n’abuse pas de cette influen-
le chapitre 1.4) on peut rappeler quelques règles : ce par un excès d’eau qui diminue les résistances et
• Pour un béton courant, on utilise des ciments de la durabilité du béton.
type CEM II, CEM I, CEM III, CEM III/C, ou CEM V, L’eau doit être propre et ne pas contenir d’impure-
alors que ciment à maçonner et chaux hydraulique tés nuisibles (matières organiques, alcalis). L’eau
sont réservés à la préparation de mortiers pour potable convient toujours. Le gâchage à l’eau de
maçonneries. mer est à éviter, surtout pour le béton armé. La
• Pour les bétons armés, la classe de résistance quantité d’eau varie avec un très grand nombre de
32,5 est au minimum retenue. facteurs (teneur en ciment, granulats, consistance
• Pour des travaux en ambiance agressive, on utilise recherchée du béton frais) ; elle est en général
des ciments pour travaux à la mer NF P 15 317 ou comprise entre 140 et 210 l/m3. Il convient de tenir
des ciments pour travaux en eaux à haute teneur en compte de l’eau apportée par les granulats. Il est
sulfates XP P 15-319. souvent utile de contrôler la plasticité à l’aide d’es-
• Le ciment prompt naturel et le ciment alumineux sais simples connus.
fondu sont utilisés pour leur durcissement rapide
(réparations, scellements), mais aussi pour leur Le rapport E est un critère important des études
C
résistance aux ambiances agressives. de béton ; c’est un paramètre essentiel de l’ouvrabi-
• La classe R est utilisée chaque fois qu’on lité du béton et de sa qualité : résistance mécanique
cherche des résistances élevées au jeune âge : pré- à la compression, durabilité.
fabrication avec cycle de démoulage court, bétonna-
ge par temps froid. Les granulats
• Les ciments blancs se prêtent bien à la réalisation
de bétons architectoniques. Ils peuvent être égale- On peut distinguer les granulats naturels (roulés ou
ment teintés à l’aide de pigments minéraux. concassés) et artificiels (voir le chapitre 3.1). La
gamme des granulats s’est considérablement éten-
Dosage en ciment : les critères due ; à côté des granulats courants, des granulats
Le dosage en ciment est un choix délicat qui dépend spéciaux sont apparus pour des usages spécifiques :
de plusieurs critères tels que le type de béton, la • durs pour des bétons soumis à une forte usure :
destination de l’ouvrage, la résistance requise, les sols industriels, routes à grande circulation ;
granulats utilisés... • légers pour isolation thermique et allègement des
structures ;
Le dosage n’est pas déterminé par un calcul théo- • réfractaires, à faible coefficient de dilatation ther-
rique absolu, mais il résulte de l’application de règles mique ;
dont la valeur a pu être appréciée à l’usage et véri- • colorés pour les bétons apparents.
fiée expérimentalement. Les granulats doivent être des matériaux de qualité
La norme XP P 18-305 « Bétons prêts à l’emploi » et satisfaire notamment deux exigences :
fournit des dosages minimaux à respecter en fonction – la propreté, particulièrement importante pour les
des classes d’environnement qui sont elles-mêmes sables ; la teneur en fines argileuses doit être stric-
définies dans ce document. tement limitée ;
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* Le liant équivalent est constitué du ciment et d'une éventuelle addition normalisée dans les conditions définies par la norme P 18-305.
80
– la granulométrie, propriété géométrique essentiel- spécifications : résistance mécanique, notamment à
le d’un granulat, dont le bon choix est déterminant la compression, isolation thermique et phonique,
dans la recherche d’un béton compact. étanchéité, aspect, durabilité, sécurité incendie.
Les granulats utilisés pour réaliser un béton doivent Pour utiliser au mieux le béton, il faut bien connaître
permettre d’une part de remplir correctement et en ses propriétés : d’une part à l’état frais, alors qu’il est
totalité le moule ou le coffrage et, d’autre part, d’as- plastique et qu’on peut le travailler ; d’autre part, à
surer un enrobage correct des armatures. l’état durci, alors que sa forme ne peut plus être modi-
En outre, au voisinage des parois, les distances fiée mais que ses caractéristiques continuent à évo-
entre les plus gros grains laissent des vides plus luer durant de nombreux mois, voire des années.
importants que dans la masse du béton. Il est donc
nécessaire de délimiter la taille maximale des grains ■ Le béton frais
en tenant compte de ce phénomène.
La satisfaction de ces exigences impose une limita- La propriété essentielle du béton frais est son ouvra-
tion de dimension pour le plus gros granulat (D) en bilité, qui le rend apte à remplir n’importe quel volu-
fonction de : me, à condition que sa composition ait été étudiée
• la plus petite dimension de l’ouvrage «h» : D < 0,25 h en conséquence et que les moyens de mise en
• l’espacement entre les deux armatures les plus œuvre soient appropriés.
rapprochées « e » : L’ouvrabilité caractérise l’aptitude d’un béton à rem-
D < e – 0,5 (en cm) ; plir les coffrages et à enrober convenablement les
• l’enrobage des armatures « d » : armatures.
D < 0,65 d. De nombreux facteurs influent sur l’ouvrabilité : natu-
re et dosage en ciment, forme des granulats, granu-
lométrie, emploi d’adjuvants et, bien entendu, dosa-
ge en eau.
Il ne faut cependant pas considérer que le dosage
en eau peut être augmenté au-delà d’une certaine
valeur dans le seul but d’améliorer l’ouvrabilité.
Un excès d’eau se traduit, entre autres inconvé-
nients, par un phénomène de « ressuage », qui est la
création à la surface d’une pièce en béton, d’un film
d’eau, générateur de fissures après évaporation.
Les autres conséquences sont :
• la diminution de la compacité et, corrélativement,
des résistances ;
• une porosité accrue ;
• un risque de ségrégation des constituants du
béton ;
• un retrait augmenté ;
• un état de surface défectueux se traduisant notam-
ment par le bullage.
La teneur en eau doit être strictement limitée au
minimum compatible avec les exigences d’ouvrabili-
té et d’hydratation du ciment.
La grandeur qui caractérise l’ouvrabilité est la consis-
tance ; sa mesure peut être effectuée facilement sur
■ Les adjuvants le chantier avec la méthode du cône d’Abrams ou
« slump test », qui est un essai d’affaissement d’un
volume de béton de forme tronconique, mesuré
Les adjuvants sont de plus en plus utilisés. Ils modi-
conformément à la norme NF P 18 451.
fient les propriétés des bétons – et des mortiers –
auxquels ils sont ajoutés (voir le chapitre 3.2).
Par exemple, l’emploi des plastifiants-réducteurs
d’eau et des superplastifiants facilite la mise en
place du béton dans les pièces minces fortement
armées, ainsi que la réalisation des bétons de
hautes performances.
Les accélérateurs de prise facilitent le bétonnage par
temps froid, tandis que les retardateurs de prise sont
utiles pour le bétonnage par temps chaud.
81
Matériau privilégié de l’architecture
du XXe siècle, le béton apporte à la fois
sa force aux structures, et sa souplesse
pour réaliser les volumes les plus originaux,
www.allislam.net les teintes et les textures les plus variées.
82
Selon la valeur d’affaissement obtenue, le béton est Les résistances mécaniques
classé de la façon suivante : Une bonne résistance à la compression est la quali-
té bien souvent recherchée pour le béton durci. Cette
résistance est généralement caractérisée par la
valeur mesurée à vingt-huit jours.
On a pu voir précédemment que la résistance
dépend d’un certain nombre de paramètres, en par-
ticulier la classe et le dosage du ciment, la porosité
du béton et le facteur E/C, rapport du dosage en eau
au dosage en ciment.
Parmi les formules qui permettent de prévoir les
Selon la norme P 183 25.
résistances, celle de Féret est la plus connue.
C 2
R=k ( C+E+V )
R = résistance,
■ Le béton durci k = coefficient dépendant de la classe de ciment, du
type de granulats et du mode de mise en œuvre,
La porosité
C = dosage en ciment,
La caractéristique essentielle du béton durci est sa E = dosage en eau,
porosité – rapport du volume des vides au volume V = volume d’air subsistant.
total. Cette formule montre l’intérêt que présente la dimi-
Les études de Féret avaient déjà établi le lien entre nution de la quantité d’eau de gâchage et de l’air, ce
la porosité du béton et sa résistance. On a pu voir qui réduit la porosité et par conséquent augmente la
depuis l’importance de cette caractéristique sur la résistance.
résistance du béton aux agents agressifs, sur la car- Les résistances mécaniques du béton sont contrô-
bonatation en matière de protection des armatures, lées par des essais destructifs ou non destructifs.
et sur la tenue au gel. C’est donc le facteur essentiel
• Les essais destructifs
de la durabilité du béton.
La résistance à la compression peut être mesurée
La recherche d’une porosité minimale doit nécessai-
en laboratoire sur des éprouvettes généralement
rement passer par :
cylindriques (diamètre 16 cm, hauteur 32 cm),
• l’augmentation de la compacité du béton frais confectionnées avec le béton destiné à l’ouvrage à
grâce à une bonne composition du béton et à des contrôler.
moyens de mise en œuvre adaptés ; les compacités
réellement atteintes sur chantier ne dépassent guère
0,850 : dans 1 m3 de béton très bien préparé et vibré
par des moyens puissants, il existe encore 150 litres
d’air ou d’eau, constitués notamment par des
canaux extrêmement fins, répartis dans la pâte de
ciment durcie (capillaires) ;
• l’augmentation du dosage en ciment et le choix de
son type ont une influence favorable sur la diminu-
tion de la porosité ; les hydrates formés par l’hydra-
tation du ciment ont un rôle essentiel de colmatage
des capillaires.
On améliore la compacité du béton en jouant sur la
granulométrie des granulats dans la fraction des élé-
ments fins, et sur la réduction d’eau.
La faible porosité d’un béton présente de nombreux
avantages déterminants pour sa durabilité.
• Un béton en contact avec un milieu agressif (eau
pure, eaux séléniteuses, eau contenant des acides
organiques) subira une attaque beaucoup plus lente
si les capillaires du béton sont moins nombreux et
plus fins.
• Dans le cas du béton armé, une faible porosité est
indispensable, pour protéger les armatures contre
l’oxydation, le ciment Portland dégageant de la
chaux au cours de son durcissement.
L’acier est protégé contre l’oxydation tant qu’il est
baigné par cette chaux – pH basique – mais si elle
se carbonate au contact de l’air pour revenir à l’état
de carbonate de calcium – pH acide – l’acier rede-
vient vulnérable. En retardant cette carbonatation,
une faible porosité assure la protection des arma- • Les essais non destructifs
tures. Ils peuvent utiliser le scléromètre, appareil basé sur
Pour les bétons devant présenter une forte étanchéi- le rebondissement d’une bille d’acier sur la surface à
té (réservoirs, piscines), une faible porosité évitera tester, ou des instruments de mesure de la vitesse
pratiquement toute migration d’eau au travers des du son au travers du béton (4 000 m/s pour un béton
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capillaires courant).
83
■ Variations volumiques déformations sont proportionnelles aux charges
appliquées.
Au cours de son évolution, le béton est l’objet de Le module d’élasticité instantané Ei au jour j d’un
modifications physico-chimiques qui entraînent des béton courant est lié à sa résistance en compression
variations dimensionnelles. au même âge par une relation empirique telle que :
Le retrait hydraulique avant prise Ei = 11 000 3R
cj (en MPa) (règles BAEL 91).
et en cours de prise Rcj = résistance à la compression au jour j. Ei est le
plus souvent compris entre 30 000 et 35 000 MPa.
Il est dû à un départ rapide d’une partie de l’eau de
gâchage, soit par évaporation (rapport surface/ ■ Les déformations sous charge
volume des pièces élevé, atmosphère sèche, temps
chaud, vent violent), soit par absorption (coffrage, de longue durée : le fluage
granulats poreux). Une surface de béton frais peut
évaporer plus d’un litre d’eau par m2 et par heure. Au-delà d’une certaine charge (approximativement
Ce retrait sera limité par une bonne compacité du la moitié de la résistance ultime à la compression), le
béton ou par un traitement de cure (film freinant béton se comporte comme un corps plastique. Après
l’évaporation). suppression de la charge, il subsiste une déforma-
tion résiduelle permanente, c’est ce qu’on appelle le
Le retrait hydraulique à long terme phénomène du fluage.
On admet que cette déformation due au fluage, qui
Il est dû à un départ lent de l’eau en atmosphère se poursuit durant de nombreux mois (voire années),
sèche. Il varie suivant les ciments (nature, finesse) et est de l’ordre de trois fois la déformation instantanée.
il est proportionnel au dosage en volume absolu de
la pâte pure. (1)
∆I R
=
Le retrait thermique I E
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84
5.2 Domaines d’emploi
et fonctions du béton
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85
Les domaines d’emploi du béton ■ La fonction structure
86
■ La fonction couverture ■ Les bétons légers
Elle peut être assurée dans les immeubles collectifs L’intérêt des bétons légers réside dans le gain impor-
par une dalle béton sur laquelle est rapportée l’étan- tant qu’on peut réaliser sur le poids propre de l’ou-
chéité et éventuellement un dallage lorsque la dalle vrage. Les bétons légers présentent des masses
doit être circulable ou utilisée en terrasse accessible. volumiques qui vont de 300 à 1 800 kg/m3, contre
Les tuiles en béton teinté dans la masse sont de plus 2 300 kg/m3 pour un béton classique. Cette qualité
en plus employées. est également recherchée dans les bétons isolants
thermiques, la conductivité variant dans le même
Elles apportent leurs caractéristiques de durabilité, sens que la densité.
mais aussi leurs aspects variés, permettant de les
intégrer aux sites les plus exigeants. Les bétons légers sont obtenus en jouant sur la
composition (bétons caverneux) ou sur l’emploi de
granulats allégés (argile expansée, polystyrène
Des bétons adaptés aux besoins expansé, liège).
On peut également créer des vides par une réaction
Les progrès accomplis depuis quelques décennies provoquant un dégagement gazeux ; c’est le cas du
permettent une très bonne adaptation du béton aux béton cellulaire.
diverses exigences des utilisateurs :
• les ciments offrent une gamme étendue de carac- ■ Les bétons lourds
téristiques : résistance, vitesse de prise, coloration ;
• les adjuvants permettent d’améliorer la mise en A l’inverse, l’emploi de granulats très denses (baryti-
place du béton, sa compacité ou son durcissement ; ne, magnétite) permet la réalisation de bétons de
• les granulats permettent par leur variété de modu- masse volumique dépassant 3 000 kg/m3.
ler les propriétés du béton : aspect, poids, dureté de Ces bétons sont utilisés dans la protection contre les
surface, couleur. radiations ou pour réaliser des culées, des contre-
Tous les ouvrages réalisés aujourd’hui en béton, poids, etc.
armé ou non, bénéficient de bétons formulés pour
répondre aux contraintes du chantier, et mis en ■ Les bétons Hautes Performances (HP)
œuvre grâce à des techniques en évolution constante :
vibration, traitement thermique, traitements de surface. Ces nouveaux bétons atteignent des résistances de
Parmi les bétons très divers utilisés, on peut citer : plus de 100 MPa, grâce à l’emploi de fines (essen-
tiellement fumées de silice) et de superplastifiants.
■ Les bétons apparents Leur très forte compacité leur confère une très gran-
de durabilité qui, jointe aux résistances élevées, les
Les propriétés architecturales du béton permettent privilégie pour les ouvrages très sollicités – à court
de jouer sur les trois facteurs de l’apparence : et à long terme – ou en ambiance agressive.
• la teinte est apportée par le choix des composants
(ciments, sables, gravillons et éventuellement pig- ■ Les bétons de fibres
ments) ;
• l’aspect résulte de la variété des matériaux et de Les diverses fibres, dont les caractéristiques sont
leur traitement, qui donnent à la surface du béton développées au chapitre 3.3 sont utilisées dans des
une texture plus ou moins lisse, des reliefs qui font domaines variés : éléments rapportés en réhabilita-
jouer la lumière ; tion, pièces minces architectoniques, éléments déco-
ratifs, dallages industriels, bardages, tuyaux.
• la forme a pu se développer dans toute sa variété
grâce à la plasticité du béton et à l’emploi de cof-
frages ou de matrices qui permettent de mouler le
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béton au gré de l’imagination du concepteur.
87
Les deux filières de la réalisation • des éléments en béton apparent dont la finition et
d’un ouvrage en béton la qualité exigées par l’utilisateur ne sont que très
difficilement réalisables sur chantier.
Cette spécialisation, allant dans le sens de la quali-
Un ouvrage en béton est soit coulé en place sur le té, a permis à ces produits d’être plus compétitifs
chantier, soit réalisé à partir d’éléments préfabriqués dans un marché devenu plus difficile.
moulés en usine ou in situ.
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88
Multiples domaines d’emploi
du béton, dans les façades
comme dans les poutres
et les poteaux préfabriqués,
dans les barrages
comme dans les voussoirs de ponts
ou les plates-formes off-shore.
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89
Le béton manufacturé apporte
aux bâtiments et aux sols
ses composants standardisés :
blocs, claustras, pavés...
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90
5.3 Composition
des bétons courants
Objet
Le béton est un mélange dont la composition a une
profonde influence sur ses caractéristiques ; mais si
les caractéristiques attendues sont la plupart du
temps bien définies, la mise au point du béton
approprié peut s’avérer plus délicate.
Les paramètres sont en effet nombreux :
• les données du projet : caractéristiques méca-
niques, dimensions de l’ouvrage, ferraillage...
• les données du chantier : matériel de mise en
œuvre, conditions climatiques...
• les données liées aux propriétés du béton : mania-
bilité, compacité, durabilité, aspect...
On mesure donc l’importance de l’étude de la com-
position du béton, d’autant plus nécessaire que les
caractéristiques requises sont élevées.
91
■ Le dosage en eau
92
Une méthode pratique
de composition :
Les abaques de G. Dreux
Les abaques de G. Dreux, présentés dans l’ouvrage
de l’auteur : « Nouveau guide du Béton », permettent
l’approche d’une composition de béton répondant à
des objectifs déterminés, moyennant quelques hypo-
thèses pratiques.
Il est bien évident qu’une fois déterminée cette com-
position, elle devra, ainsi qu’il a été souligné, être
soumise à l’expérimentation afin d’affiner les
dosages indiqués.
Ces indications ne restent qu’approximatives, et seule plastifiant réducteur d’eau, mais il est évident que la
une mesure d’affaissement au cône est susceptible valeur réelle de réduction d’eau sera à déterminer
de préciser le dosage en eau à adopter. selon l’adjuvant utilisé, son dosage – et en fonction
Les abaques donnent une indication sur la réduction des indications données par le fabricant.
d’eau procurée par l’emploi d’un adjuvant de type
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L’utilisation des abaques
La démarche est la suivante :
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Exemples pratiques de composition de la plasticité.
Cette approche, qui risque d’être insuffisante dans
Les exemples suivants résultent de l’application des bien des cas, nécessitera le plus souvent une confir-
abaques, pour des bétons destinés à divers ouvra- mation par des essais dont l’importance a déjà été
ges, du béton de remplissage au béton précontraint, soulignée.
ce qui correspond à une plage de résistances en Il faut enfin noter que la plage de résistances cou-
compression à 28 jours, allant de 15 à 40 MPa. verte par les abaques n’excède pas 30 à 45 MPa,
La consistance recherchée a été prise dans tous les domaine des bétons les plus courants. L’extra-
cas de type plastique (affaissement au cône 7 cm). polation au-delà de ces limites conduit notamment à
Les granulats sont considérés comme secs ou très des dosages en ciment qui semblent peu conformes
faiblement humides. Le ciment est de classe 32,5. Il à la pratique.
faut remarquer que, du fait des hypothèses retenues
pour l’établissement des abaques, le dosage en eau
(pour un abaque donné) est seulement dépendant
■ Bétons non armés
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97
Fabrication de perles pour analyse en fluorescence X.
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98
5.4 Le béton prêt à l’emploi –
BPE
99
■ La simplification de l’organisation • soit semi-automatique : le dosage des constituants
du chantier est affiché par l’opérateur ; le cycle de fabrication se
déroule alors automatiquement.
Les manutentions de constituants sont supprimées ;
les variations de cadences de bétonnage sont mieux ■ Le laboratoire de contrôle
absorbées grâce à la souplesse des livraisons du
béton. Le laboratoire permet d’effectuer les essais sur les
L’emprise des chantiers sur la voirie est réduite et le matières premières et sur les bétons à l’état frais ou
trafic en amont du chantier limité. durci.
C’est la garantie du suivi des fabrications pour l’utili-
■ Les services sateur ; les résultats des contrôles usuels peuvent
être fournis aux clients.
La livraison est faite par camions adaptés, pour des En outre, des contrôles supplémentaires, ou des
quantités correspondant strictement aux besoins. essais pour une étude préalable de béton, peuvent
Des pompes ou des camions équipés de tapis per- être effectués à la demande.
mettent de faciliter la mise en place du béton.
Le BPE met enfin à la disposition des chantiers des ■ Le droit d’usage des centrales à béton
trémies de stockage de béton ou de mortier. titulaires de la marque NF
■ Le poste de commande
100
pour les bétons (tableau 2) applicables aussi bien aux
BCS qu’aux BCN, notamment en ce qui concerne les
dosages minimums en ciment.
Classes d’environnement –
Spécifications des bétons
Ainsi que cela a été souligné, la grande nouveauté
de la norme XP P 18-305 révisée est l’introduction
declasses d’environnement définies conformément
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au tableau 1, et les spécifications qui en découlent
101
Tableau 1 : Définition des classes d’environnement
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102
Tableau 2 : Spécifications des bétons en fonction des classes d’environnement
Classes d’environnement E
4)
cendres volantes 0,3 0,3 0,3 0,3 0,15 0,15 0,15 0,15 0,15 0,15
4)
BCN laitiers moulus 0,3 0,3 0,3 0,3 0,15 0,15 0,15 0,15 0,15 0,15
et fumées de silice 0,1 0,1 0,1 0,1 0,1 0,1 0,1 0,1 0,03 0,03 0,03
BCS fillers siliceux5) 0,1 0,1 0,1 0,1 0,1 0,05 0,03 0,03 4) 4) 4)
3) Pour les classes 3 et 4, les spécifications prévues dans la norme NF P 15-317 sont également respectées.
4) Les additions éventuelles ne sont pas prises en compte pour le calcul du dosage en liant équivalent.
5) La norme pourra être révisée pour ces valeurs en fonction des recherches en cours.
6) Le respect de cette valeur implique l’utilisation d’un agent entraîneur d’air (voir NF P18-353).
8) La composition de l’addition (teneur en sulfures, en sulfates, ...) permet au liant équivalent de respecter les
exigences de la norme NF P 15-317, ciments pour travaux à la mer.
9) La composition de l’addition (teneur en sulfures, en sulfates, ...) permet au liant équivalent de respecter les
exigences de la norme NF P 15-319, ciments pour travaux en eaux à haute teneur en sulfates.
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103
Les bétons routiers varie entre 4 et 10 m3, et dont la rotation assure un
malaxage continu favorable à la bonne homogénéité
Le développement des chaussées béton et de leurs
du béton.
équipements (séparateurs, bordures et caniveaux
coulés en place) a conduit à étudier des formulations Les ajouts d’eau, sauf spécification précise de la
de béton appropriées. centrale, sont interdits pendant le transport.
Les exigences de ces bétons (consistance, résistan- De même, à part le superplastifiant, généralement
ce mécanique, résistance au gel et aux sels de ajouté juste avant déchargement, les autres adju-
déverglaçage) ont amené les producteurs de BPE et vants ne doivent pas être incorporés en fin de trans-
les entrepreneurs de chaussées en béton à signer port.
un protocole d’accord précisant notamment les Le béton doit être protégé contre les risques d’éva-
engagements réciproques pour les spécifications poration, de délavage ou de ségrégation.
des bétons. Le délai de transport ne doit pas dépasser 1 h 30
Les bétons routiers sont utilisés dans la réalisation (sauf traitement spécial), délai ramené à 45 mn par
des voies à grande circulation, ainsi que de nom- temps, chaud, où le risque de chute de maniabilité
breuses voiries à faible trafic (voiries urbaines, de est accru. L’emploi de retardateurs de prise ou de
lotissement, forestières ou agricoles). plastifiants permet généralement de s’opposer à ce
type de difficultés.
Les mortiers retardés
Le déchargement du béton sur le chantier se fait par
Le BPE met à la disposition des chantiers des mor- une goulotte, après inversion du sens de rotation de
tiers prêts à l’emploi retardés, qui ont l’avantage de la bétonnière.
rester utilisables durant plus de 36 heures, mais dont Des tubes emboîtés permettent de prolonger le
la prise commence lorsqu’ils sont utilisés en faible rayon d’action de la goulotte jusqu’à 4 à 5 m en
épaisseur. contrebas.
L’emploi de ces mortiers se développe pour les mon- Au-delà, des tapis transporteurs équipent souvent
tages de maçonnerie et les travaux de sols, dalles et les camions et permettent de décharger le béton jus-
chapes. qu’à 10 m du camion et sur des hauteurs de 5 à 6 m.
Les bétons de fibres Pour des chantiers d’une certaine importance, d’ac-
cès difficile, un camion pompe permet de livrer le
Les bétons comportant des fibres (acier, synthé- béton à des distances dépassant 150 m, et sur des
tiques) sont fournis par certaines centrales et ap- hauteurs de 100 m et plus, pour les pompes les plus
portent leurs performances en matière de résis- puissantes.
tance à la traction, résistance à la fissuration et
déformabilité.
Ils trouvent leurs applications dans les sols indus- Les organismes professionnels du BPE
triels, la voirie, les ouvrages en béton projeté.
Le Syndicat National du Béton Prêt à l’Emploi
Le transport et la manutention (SNBPE), 3, rue Alfred-Roll, 75017 Paris, regroupe
plus de 70 % de l’activité de la profession.
Pour les travaux routiers, le béton peut être trans- Les informations sur les produits peuvent être égale-
porté dans des bennes, mais le matériel le plus utili- ment obtenues auprès des 19 Syndicats régionaux
sé est la bétonnière portée (toupie) dont la capacité dont les adresses sont disponibles au SNBPE.
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104
5.5 Les bétons spéciaux
Le viaduc de Sylans.
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105
■ Propriétés
106
Les bétons légers
Les bétons usuels ont une masse volumique de
2 300 à 2 400 kg/m3, qu’il est économiquement et
techniquement intéressant de pouvoir réduire, tout
en obtenant pour les bétons ainsi allégés des carac-
téristiques correspondant aux exigences des
domaines d’emploi.
Cette réflexion a incité les chercheurs, depuis plu-
sieurs années, à analyser les diverses voies d’allé-
gement envisageables pour le béton.
Il existe deux filières dans cette recherche :
• remplacer les granulats habituels, qui constituent
environ les 3/4 de la masse du béton, par des gra-
nulats plus légers, naturels ou artificiels (voir le cha-
pitre 3.1) ;
• créer dans un mélange de sable et de ciment une
grande quantité de cellules d’air grâce à une réac-
tion provoquant un dégagement gazeux (bétons cel-
lulaires) ou grâce à un agent moussant (bétons
mousse).
La première voie est largement utilisée aux États-
Unis ou en URSS, chacun de ces pays produisant
annuellement plus de 25 millions de m3 de bétons
d’argile ou de schiste expansés.
Béton de polystyrène en chape isolante.
Les développements en France restent plus limités.
La seconde filière est exploitée assez largement en
usine pour les bétons cellulaires qui, après autocla-
vage destiné à favoriser la réaction chaux/silice, four- • La corrélation entre la masse et le coefficient de
nissent une gamme variée d’éléments manufacturés conductivité se traduit par des performances en
: blocs, cloisons, dalles de planchers, bardages matière d’isolation thermique, d’autant plus sen-
industriels. sibles que la densité diminue.
Les bétons mousse sont moins répandus, car ils res-
taient jusqu’ici tributaires de variations dimension-
nelles liées à leur teneur en eau, à l’origine de cer-
taines difficultés (fissuration, tenue des enduits).
Il semble que certains procédés de moussage
récents, appliqués en usine ou sur chantier, aient, en
grande partie, résolu ce type de difficultés.
■ Propriétés
107
Les bétons de fibres
L’idée d’incorporer des fibres dans le béton pour
améliorer ses caractéristiques est déjà ancienne et
constitue la transposition des renforcements utilisés
depuis fort longtemps dans des matériaux comme la
terre, l’argile ou le plâtre.
Dalles de murs en béton cellulaire, pour bâtiments industriels. Pendant longtemps, la seule fibre utilisée avec le
mortier a été la fibre d’amiante. Le procédé, breveté
en 1901 par Hatschek sous le nom d’« amiante
ciment », a connu de nombreuses applications sous
■ Caractéristiques mécaniques forme de plaques, de tuyaux ou de conduits. Parmi
les fibres qui sont apparues plus récemment (vers
La variété des bétons légers donne lieu à un éventail 1965), les plus courantes sont celles de verre,
de densités et de résistances très ouvert. d’acier, de polypropylène ou de carbone, dont les
Les masses volumiques s’échelonnent de 250 kg/m3 caractéristiques font l’objet du chapitre 3.3.
pour les bétons de polystyrène à faible dosage en L’objectif recherché est de procurer au béton un
ciment, jusqu’à 1 800 kg/m3 pour certains bétons meilleur comportement à la traction et à la déforma-
d’argile expansée. tion, permettant ainsi de réaliser des éléments de
Corrélativement, on constate une évolution des faible épaisseur, plus ductiles et présentant une
résistances à la compression de 1 jusqu’à 30, voire bonne résistance à l’usure ou aux chocs.
40 MPa. Les fibres, à la différence des armatures classiques,
La résistance à la traction, 9 à 10 fois plus faible que sont réparties dans la masse du béton et donnent
celle à la compression pour un béton classique, peut donc naissance à un matériau qui, considéré à
atteindre un pourcentage plus élevé pour les bétons l’échelle macroscopique, présente un comportement
légers : de l’ordre de 20 % de Rc et même 35 à 40 % homogène.
pour les bétons de bois, dont les granulats jouent le
rôle de fibres qui « arment » le béton.
Le module d’élasticité, qui caractérise la loi de com-
portement déformation-charge du matériau, est plus
faible que celui des bétons plus lourds, ce qui
conduit à des flèches plus fortes des pièces fléchies.
Cette déformabilité supérieure a pour contrepartie
une résistance améliorée aux chocs et aux vibrations.
■ Applications
108
• Les aspects de surface obtenus avec les bétons de
fibres synthétiques et les fibres de verre, sont appré-
ciables pour les bétons apparents et les bétons
architectoniques.
■ Caractéristiques
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109
Autres bétons spéciaux
Dans de nombreux cas, il est intéressant d’utiliser
des bétons à prise et durcissement rapides, qui per-
mettent la réalisation de petits ouvrages de répara-
tion ou des travaux sur des éléments d’ouvrages
demandant une remise en service rapide.
Dans le cas où est recherchée une résistance pré- Lorsqu’un béton doit résister à des températures
coce, on utilise un béton à base de ciment alumineux élevées pouvant atteindre 1 300 °C, on a recours au
fondu qui permet d’obtenir des résistances de l’ordre mélange ciment alumineux/granulats réfractaires
de 30 MPa au bout de 6 heures, autorisant ainsi la (chamottes, corindon), ou granulats isolants (pouz-
remise en service rapide de l’ouvrage. zolane, vermiculite, argile expansée).
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110
5.6 Les bétons hautes
performances – BHP
■ Composition
111
Les fumées de silice ont une action sur la granulo- mesure où les bétons de hautes performances font
métrie du mélange, mais présentent également une l’objet d’un niveau de qualité supérieur à la moyenne.
réactivité avec la chaux libre, liée à leur caractère La contrainte de traction de calcul (ftj) se déduit de la
pouzzolanique. contrainte de compression (fcj), selon la formule
Les formulations actuelles de béton HP comportent réglementaire habituelle :
le plus souvent en moyenne 400 à 500 kg de ciment,
environ 700 kg de sable et 1 000 à 1 100 kg de gra- ftj = 0,6 + 0,06 fcj (MPa)
villons. L’emploi d’un superplastifiant dosé entre
A titre d’exemple, pour un béton présentant une
1 et 2 % du poids de ciment permet de réduire la
résistance caractéristique de 80 MPa, la contrainte
teneur en eau de gâchage à une valeur comprise
en compression de calcul est de 45,3 MPa, la
entre 140 litres et 160 litres.
contrainte en traction de calcul est de 3,32 MPa.
■ Caractéristiques
La résistance à la compression
C’est une caractéristique souvent utilisée pour clas-
ser les bétons HP. C’est ainsi que les spécialistes
distinguent :
112
• Les hautes résistances en service permettent la Cette technique de précontrainte permet d’alléger la
réalisation des structures de bâtiments et d’ou- structure (nervures à volume diminué aussi grâce à
vrages (bâtiments de grande hauteur, ponts, la résistance du béton) et rend possible le remplace-
enceintes nucléaires, structures réticulées) conci- ment ultérieur de l’ensemble de précontrainte, inté-
liant contraintes élevées et diminution des sections. ressant pour un ouvrage auquel le matériau apporte
• La durabilité et la résistance aux agents agressifs une grande longévité.
sont déterminantes pour les ouvrages à la mer, les Les 1 060 m3 de béton du tablier ont été coulés en
structures offshore, les ouvrages exposés au gel. continu, pendant vingt-quatre heures seulement, en
• Il faut également mentionner l’emploi de bétons HP plein mois de décembre.
en relation avec leur bonne ouvrabilité. C’est le cas Le béton HP étant de texture très fermée, il en résul-
des bétons utilisés dans les bâtiments de grande te un aspect de surface très lisse, glacé, presque
hauteur et qui sont pompés, ou dans la réalisation de vitrifié.
poutres avec un ferraillage laissant peu de place au L’esthétique y gagne, la durabilité aussi.
passage du béton.
Le pont de Normandie
Avec sa travée centrale de 856 m (nouveau record
pour les ponts à haubans) et ses pylônes de 214 m
de hauteur en BHP, le pont de Normandie est un
ouvrage d’art exceptionnel.
Du fait de sa particularité, il fait appel, pour sa mise
en œuvre, à des bétons spécialement conçus pour
chacune de ses parties :
• le béton de hautes performances (BHP 60 MPa),
utilisé pour les voussoirs des rampes d’accès, per-
met le décoffrage rapide, la mise en tension accélé-
rée des câbles de précontrainte et le poussage de la
travée au rythme d’une longueur de voussoir tous
les deux jours. Ceci grâce à la conjugaison du super-
plastifiant et d’un fort dosage en ciment,
Le pont de Joigny
Le pont de Joigny est un pont expérimental en béton
de hautes performances, s’intégrant au projet natio-
nal « Voies nouvelles du matériau béton ».
Pour la première fois en France, les performances du
béton HP ont été prises en compte dans le dimen-
sionnement du pont sur la base d’un béton de 60
MPa de résistance à la compression à 28 jours, sans
fumées de silice.
L’ouvrage comporte trois travées (34 m, 46 m, 34 m)
et est à deux nervures de 2,20 m de hauteur, avec
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précontrainte longitudinale totalement extérieure.
113
• le béton de hautes performances est encore mis Le tablier de ces ouvrages, de conception originale,
en œuvre pour réaliser les deux pylônes. Il s’agit du comporte quatre âmes inclinées triangulées par des
même béton que celui décrit précédemment. En X précontraints.
effet, il rend possible le déplacement des coffrages Ces X sont réalisés séparément avant d’être mis en
autogrimpants dans des délais minimums pour des place dans une cellule où sont coulés les hourdis
températures pouvant descendre à 5 °C. avec lesquels ils constituent l’ensemble d’un vous-
soir.
Le pont de l’île de Ré
Pour respecter les cadences de production et
Les délais imposés à l’entreprise pour cet ouvrage permettre une mise en tension précoce, un BHP à
de près de 3 000 m de long (construit en moins 65 MPa a été utilisé.
de 16 mois) ont été déterminants dans le choix du La qualité du béton est également la garantie de la
béton HP. durabilité de ces ouvrages soumis à des conditions
Alors que le cahier des charges ne prévoyait qu’un hivernales rigoureuses.
béton B40 pour les voussoirs, les cadences d’exécu-
tion de ces 798 pièces imposaient un démoulage à
15 heures, donc une résistance minimale de
12 MPa. Le béton réalisé qui présentait une résis-
tance à 15 heures de plus de 20 MPa, atteint à ■ Le bâtiment
28 jours plus de 60 MPa. L’emploi des fumées de sili-
ce en association avec un superplastifiant a égale- La Grande Arche
ment nettement amélioré la maniabilité du béton. Le béton utilisé pour couler la partie supérieure de la
Grande Arche de La Défense présente des résis-
tances supérieures à 65 MPa et un slump de 22 à 25
cm, le béton utilisé a apporté à la fois la résistance
exceptionnelle souhaitée et l’ouvrabilité rendue
indispensable par un pompage sur une hauteur de
plus de 100 m.
La Pacific Tower
La Pacific Tower à La Défense a été l’occasion
d’une nouvelle avancée des BHP dans le domaine
du bâtiment.
Pour la première fois en France, la structure vertica-
le d’une tour a été réalisée avec un béton hautes
performances de classe B 60, mis en œuvre indus-
www.allislam.net triellement sur le chantier.
114
Grâce à ce choix technologique, les sections des ■ Les ouvrages de génie civil courants...
éléments porteurs ont pu être substantiellement
diminuées et permettre à la fois un gain de surface Le recours au BHP pour les ouvrages de génie civil
utile, ainsi que des économies d’acier et du temps de courants n’est pas encore très fréquent. Pourtant
décoffrage. Par ailleurs, le choix du BHP a été fait certains maîtres d’ouvrage sont convaincus de leur
dans le but de réaliser un ouvrage qui résiste mieux intérêt technique et économique. Des DDE se sont
aux agressions climatiques et atmosphériques pol- résolument engagées dans cette voie depuis plu-
luées. Un plan qualité imposait une sélection rigou- sieurs années pour les réalisations d’ouvrages
reuse des granulats en une seule trémie, ainsi comme les ponts de Saint-Andoche à Autun, de
qu’une vérification régulière, tous les 150 m3, de la décharge de l’Arroux ou de la rocade Est de
résistance fixée à 72 MPa à 28 jours, du BHP préle- Bourges. Ces ouvrages ont été réalisés en B 60
vé à la sortie de la centrale. sans fumées de silice, avec des agrégats locaux et
dans des conditions de mise en œuvre tradition-
nelles, ne requérant aucun équipement spécifique.
L’emploi des BHP dans le génie civil courant s’inscrit
dans une démarche qualité nécessairement parta-
gée par l’ensemble des partenaires et contribue à
faire progresser la connaissance du matériau béton
ainsi que sa mise en œuvre.
Les Tours
Cœur-Défense
Ce projet, conçu
par le cabinet
Jean-Paul Viguier
est constitué de
deux tours fines
décalées, de tren-
te-neuf niveaux,
arrondies à leurs extrémités et de trois bâtiments bas
qui donnent de l’ampleur à la façade sur l’esplanade.
L’ensemble représente 220 000 m2 de bureaux. Le
noyau central de chaque tour et les poteaux de 1,10 m
de diamètre ont été réalisés en béton HP de type B 80.
La Tour PB6
Cette tour est un
immeuble à usage de
bureaux de quarante
étages soit 147 m de Pont de Saint-Andoche.
hauteur au-dessus
du niveau d’accès
situé sur le parvis
de la Défense, trois
niveaux de parking en
sous sol, un niveau
technique et, deux
niveaux d’infrastruc-
tures de 3,40 m.
L’emprise en plan de
la tour est constituée
de deux ellipses de
74,84 × 31,18 m.
Les efforts sont
repris d’une part par
un noyau central de
31 × 14,10 m et,
d’autre part, par
seize poteaux de
façade et deux poteaux intérieurs.
L’usage d’un béton BHP de type B 80 a permis de
limiter le diamètre des poteaux les plus chargés à
1,30 m.
Maîtrise d’ouvrage : PB 6 développement – assistant maîtrise
d’œuvre : Hines France – Maîtrise d’œuvre : Peï-Cobb-Freed &
Partners – architectes : Saubot ; Rouit et associés – Entreprise
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générale : BATEG-VINCI Pont de décharge de l’Arroux.
115
■ ... et la préfabrication
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Dalle alvéolée.
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116
5.7 Les bétons fibrés
ultraperformants BFUP
Les progrès dans le domaine des adjuvants, des • Une teneur en eau extrêmement faible (rapport
méthodes de formulation et de l’utilisation des ultra- eau/ciment < 0,25) grâce à l’utilisation optimisée de
fines ont conduit à une évolution spectaculaire des superplastifiants qui défloculent les particules fines
bétons : des bétons courants de résistance en com- et permettent un meilleur empilement granulaire.
pression de 30 MPa, la gamme s’est élargie aux D’une part, la quantité d’eau nécessaire au remplis-
bétons à hautes performances. sage des vides s’en trouve réduite, et d’autre part, la
Une rupture technologique est intervenue au début surface spécifique des grains, donc, à terme, leur
des années 90 avec la mise au point de bétons dont hydratation, est accrue.
la résistance est de l’ordre de 200 MPa en compres- • Une compacité maximale, obtenue en utilisant des
sion et de 40 MPa en traction par flexion. Grâce à composants correspondant à plusieurs classes gra-
cette dernière caractéristique, on peut désormais nulométriques (classiquement quatre, qui incluent le
envisager de se passer des armatures passives ciment et les ultrafines défloculées).
dans les éléments structurels. Les ultrafines utilisées dans les BFUP sont des
fumées de silice de haute pureté, sous forme de
billes submicrométriques qui remplissent les
Module de Rupture MOR (MPa) espaces intergranulaires, et qui réagissent avec la
chaux issue de l’hydratation du ciment. Ce faisant,
50
elles participent activement à la résistance de l’en-
semble et ferment le réseau des pores à la diffusion
des ions et des gaz.
Dans le cas des BFUP, la taille et la quantité des plus
gros grains est considérablement réduite. Le sque-
25 lette granulaire y gagne en souplesse, ce qui réduit
BFUHP 200 considérablement les effets de microfissuration liés
au retrait.
BMF 80
10
BMF 25 BFUP BHP
B 25
Flèche (mm)
0 0,5 1 Tassement d au retrait
P te
cimentaire
Courbes types en flexion 3 points sur éprouvettes 4 × 4 × 16 cm
FM = Fibres Métalliques. Fissure
200 = 200 MPa en compression. de retrait
Source : Ductal ® FM 200
Granulat
117
A titre d’exemple, une formulation typique de BFUP ■ Retrait - Fluage
est donnée dans le tableau suivant (pour 1 m3) :
Dans les BFUP, le retrait endogène de la matrice
cimentaire est de l’ordre de 500 µm/m, comme pour
les BHP, suite au faible rapport eau/ciment qui
Ciment Sable Quartz Fumée Fibres Adjuvant Eau conduit à un diamètre des pores réduit. Ce retrait
NF fin broyé de silice métal- (extrait totale endogène n’est pas gêné par le squelette granulaire,
liques sec)
et la formation de microfissures est extrêmement
710 kg 1 020 kg 215 kg 203 kg 160 kg 10 kg 140 l faible.
Grâce à la faible teneur en eau du matériau et à l’uti-
lisation de fumées de silice, la déformation sous
Fabrication des BFUP charges permanentes (fluage) est très fortement
réduite.
Sur certaines formulations, il est possible, avec un
Les BFUP peuvent être fabriqués dans une centrale traitement thermique adapté, de stabiliser le retrait,
à béton classique moyennant un réglage des pales et donc d’éviter tout risque de fissuration par retrait
du malaxeur, et un allongement du temps de empêché, ainsi que les déformations de fluage qui
malaxage (5 minutes ou plus). L’utilisation d’un tour- sont limitées très rapidement à une valeur très faible
billon produit un fort cisaillement, ce qui améliore (ref Ductal ®).
les performances du matériau et permet de réduire
le temps de malaxage.
Microstructure des BFUP
■ Ouvrabilité
Les composants des BFUP varient du millimètre au
Les formules types de BFUP sont généralement de nanomètre.
consistance fluide ce qui permet un remplissage
aisé des coffrages. La plage d’ouvrabilité est cepen-
dant très large : il est possible de réaliser des BFUP
d’extrusion ou autoplaçants.
■ Mise en œuvre
La mise en œuvre peut s’effectuer à la benne, avec
une manchette, par pompage, ou par injection.
■ Cinétique du durcissement
Selon les conditions du chantier ou de préfabrica-
tion, on recherchera plutôt une résistance à la com-
pression à 16 h de 50 MPa qui permet la mise en
tension précoce de câbles de précontrainte par
post-tension, ou une résistance à la compression de
200 MPa après un traitement thermique adapté.
118
A grossissement relativement faible (200), la pâte Les lois de comportement et de tenue au feu des
d’un BFUP laisse apparaître en clair des particules BFUP sont différentes de celles des bétons cou-
de clinker non hydraté qui joue le rôle de microgra- rants. En revanche, comme les autres bétons, le
nulats à surface très active et de haut module d’élas- BFUP est incombustible (M0). Les dispositions
ticité (120 000 MPa). Il est très lié aux silicates de constructives doivent être étudiées au cas par cas
calcium hydratés comme le montre la micrographie. au regard de la résistance au feu.
La phase grise interstitielle représente le mélange
des silicates de calcium hydratés et de fumée de sili-
ce, et permet de réduire très sensiblement la porosité. Domaines d’applications
Au vu des nombreuses qualités des BFUP, on peut
Porosité cumulée (mL/g) s’intéresser à des applications jusque là inacces-
0,07 sibles au matériau béton et réservées à d’autres
0,06
matériaux.
B 30
On peut classer les domaines d’applications en fonc-
0,05
tion des caractéristiques du matériau principalement
0,04 valorisées : résistance, durabilité, esthétique, flexibi-
B 80
0,03
lité des formes.
0,02
■ Valorisation de la résistance des BFUP
0,01
BPR Le domaine du génie civil vient le premier à l’esprit,
0 car le comportement mécanique du matériau permet
0,001 0,01 0,1 1 10 100
de concevoir des ouvrages d’art particulièrement
Diamètre des pores (um)
élancés et légers, notamment avec des concepts
innovants tels que des structures en treillis.
Porosité ouverte comparée d’un BFUP (type BPR) et de bétons courants
ou à hautes performances. Pour les bâtiments de grande hauteur, par exemple,
ces matériaux permettent de réduire la section des
poutres et de construire à coûts et à hauteur égaux
Dans certains cas, un traitement thermique permet un étage supplémentaire.
d’améliorer encore la microstructure, donc la résis- De même, il devient possible de travailler avec des
tance mécanique et, surtout, la durabilité. portées plus grandes, et de réaliser des plateaux
libres permettant d’accroître la surface d’habitation.
Durabilité
■ Valorisation de la durabilité des BFUP
Du fait de leur microstructure extrêmement dense,
les BFUP présentent des propriétés de durabilité L’exemple le plus frappant est celui des conteneurs à
exceptionnelles, notamment dans les domaines haute intégrité conçus pour l’entreposage de
suivants : résistance au gel-dégel, résistance aux matières faiblement radioactives.
sels de déverglaçage, résistance à la carbonatation, On peut également citer l’utilisation dans des envi-
résistance à la pénétration d’ions agressifs ronnements particulièrement agressifs, alliant de
(chlorures, sulfates, acides faibles), résistance à fortes variations de température et d’humidité aux
l’abrasion. agents agressifs tels que des ions chlorures ou
acides faibles.
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119
Exemples d’applications
Les applications réalisées à ce jour ont été dimen-
sionnées en collaboration avec les maîtres d’œuvre 3300
sur la base des connaissances et des recommanda-
tions établies pour les bétons à très hautes perfor-
30 mm upper slad
mances et les bétons de fibres. Un groupe de travail
animé par le SETRA et soutenu par l’AFGC est
chargé d’élaborer des recommandations pour le
calcul des structures en BFUP.
3000
tion particulièrement innovante. Le hourdis supérieur
est une dalle nervurée en BFUP de 30 mm d’épais-
seur. Les âmes sont des diagonales mixtes, incli-
nées dans les deux directions, mettent an œuvre du 150
BFUP confiné dans une enveloppe mince.Huit dia-
gonales étaient placées dans un gabarit avant le
coulage des poutres inférieures et de la dalle supé-
rieure afin de réaliser un voussoir de 10 m de long.
Ces voussoirs ont été assemblés par demi-travées
380
avec un câble de précontrainte, puis levés à la grue
et posés sur une culée et une pile provisoire. La pré- 320
contrainte finale, composée de câbles intérieurs
filants et de câbles extérieurs déviés a permis de
libérer l’appui central. Aucune armature passive
n’est utilisée dans cette structure. Coupe transversale de la passerelle.
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120
Plaque d’ancrage
pour le renforcement de
murs en terre armée
à La Réunion. Ref Ductal ®.
121
Arbre Martel.
■ Arbre Martel
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122
PARTIE 6
DURABILITÉ DU BÉTON
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6.1 Définitions
et facteurs influents
125
l’emplacement et en limitent l’ouverture, n’ont pas Le soin apporté à la formulation du béton, et à sa
d’influence sur la durabilité du béton. mise en œuvre, et la prise en compte des conditions
La réglementation, notamment en matière de béton extérieures permettront, dans la quasi-totalité des
armé, prévoit le dimensionnement des ouvrages et cas, de prévenir l’apparition d’une fissuration préju-
les dispositions propices à empêcher ou à contrôler diciable à sa durabilité.
efficacement la fissuration potentielle. Seules, les fis-
sures non contrôlées à caractère fortuit sont sus- La corrosion des armatures
ceptibles de jouer un rôle négatif. Dans des conditions normales, les armatures enro-
Les principales causes de fissuration sont les sui- bées de béton sont protégées de la corrosion par un
vantes : phénomène de passivation qui résulte de la création,
• retrait de la pâte de ciment ; à la surface du métal, d’une pellicule protectrice de
ferrite Fe2O3 CaO.
• conditions thermiques et hygrométriques ;
Cette pellicule est formée par l’action de la chaux
• causes mécaniques. libérée par les silicates de calcium sur l’oxyde de fer.
La pâte de ciment subit différentes phases de défor- Tant que la présence de chaux maintient la basicité
mation aux stades successifs de l’hydratation : pré- du milieu entourant les armatures, celles-ci sont pro-
prise, prise et durcissement. tégées.
Chacune des phases de déformation est liée à un Plusieurs agents peuvent neutraliser cette protection
mécanisme prépondérant qui génère un gradient de : le gaz carbonique, les chlorures, les sulfates, mais
température ou d’humidité dans le béton. aussi l’eau pure. La plus ou moins grande rapidité
d’action de ces divers agents est en relation directe
avec la porosité du béton et avec la présence de fis-
MÉCANISMES LIÉS AUX DIFFÉRENTES PHASES
sures qui favorisent la diffusion des gaz ou de
DE DÉFORMATION
liquides agressifs.
Parmi les actions susceptibles de modifier le béton
d’enrobage, la carbonatation constitue un phénomè-
ne qui a fait l’objet de nombreuses recherches et est
maintenant bien connu. En présence du gaz carbo-
nique de l’air, la chaux libérée (portlandite) se car-
bonate :
Ca (OH)2 + CO2 → CaCO3 + H2O
Le milieu basique (pH 12 à 13) se trouve progressi-
vement modifié par la neutralisation de l’alcalinité du
ciment pour atteindre un pH de l’ordre de 9, n’assu-
rant plus la protection des armatures et entraînant
une dépassivation de l’acier. La progression de la
carbonatation se fait de l’extérieur de l’ouvrage, en
contact avec l’air ambiant, vers l’intérieur, mais se
Les facteurs qui influent sur les trois phases de trouve freinée par la formation des carbonates. La
déformation peuvent être groupés en quatre catégo- vitesse de progression de la carbonatation diminue
ries principales, qui concernent plus particulièrement donc avec la profondeur atteinte.
:
• la composition du béton, l’interdépendance des ÉVOLUTION DE LA CARBONATATION
constituants, la cinétique d’hydratation ; EN FONCTION DU DOSAGE EN CIMENT DU BÉTON
• la mise en œuvre du béton : fabrication, mise en
place, vibration, cure ;
• la géométrie de l’ouvrage ;
• le milieu environnant.
126
INCIDENCE DE L’HUMIDITÉ RELATIVE DE L’AIR est totalement immergé ou en immersion semi-alter-
SUR LA VITESSE DE CARBONATATION née. Ce dernier cas est le plus défavorable, car les
actions chimiques se superposent à des cycles de
variations dimensionnelles (retrait et expansion),
provoqués par les variations d’ambiance et l’alter-
nance d’absorption et d’évaporation d’eau.
L’agression d’origine chimique peut aussi provenir
des eaux de lavage, des eaux pures, des eaux car-
bonatées, des condensats de chantiers, ou des
effluents en milieu industriel ou agricole. La diversité
des composés minéraux ou organiques susceptibles
d’agir, rend généralement très délicate l’analyse des
phénomènes et nécessite un soin particulier dans le
choix des constituants du béton.
Les ambiances hivernales
L’étude de ce facteur fait l’objet du chapitre 6.2 ; on
rappellera seulement que deux phénomènes peu-
vent être à l’origine des altérations du béton :
– une succession de phases de gel et de dégel ;
– l’action des sels de déverglaçage (ou fondants).
Dans les atmosphères industrielles, ou même Le mécanisme d’altération s’explique, dans le pre-
urbaines, l’eau de pluie entraîne des composés chi- mier cas, par l’accroissement des pressions dans les
miques qui peuvent diffuser dans le béton et atta- capillaires, dû au mouvement de l’eau vers les fronts
quer le métal des armatures. En particulier, le dioxy- de gel d’eau interne. L’action des sels de dévergla-
de de soufre ou les oxydes d’azote provenant des çage, à la fois plus sévère et plus complexe, cumule
moteurs d’automobiles peuvent entraîner une acidifi- les effets d’un refroidissement plus rapide que pré-
cation des pluies (pH de l’ordre de 3 ou 4) qui cédemment, se traduisant par un choc thermique et
deviennent particulièrement agressives pour le des causes chimiques liées à la diffusion dans le
béton et pour les armatures. béton de ces sels.
Les eaux chargées en sels tels que les chlorures
(milieu marin) ou les sulfates (certaines eaux souter-
raines) provoquent une corrosion importante des
armatures que peut empêcher un bon enrobage de
béton.
La réaction alcalis-granulats
Ce phénomène exceptionnel ne peut intervenir que si
plusieurs conditions sont remplies simultanément :
utilisation de certains granulats siliceux dits « réac-
tifs », un environnement fortement humide, une La recherche d’un béton durable
teneur en alcalis du béton élevée, un béton insuffi-
samment compact. Un béton durable est un béton compact dont les
La réaction entre les alcalis et les granulats se tra- constituants de qualité ont été bien choisis, qui a été
duit par un phénomène de gonflement et de fissura- correctement formulé et fabriqué et, enfin, qui a été
tions du béton. mis en œuvre en respectant les règles strictes de
bonne pratique.
■ Les facteurs externes Des principes généraux restent valables dans tous
les cas, mais ils doivent être complétés pour
Les ambiances chimiquement agressives répondre à des actions particulières.
Les acides, certaines solutions salines ou même des
solutions basiques peuvent entraîner la dissolution ■ Le choix des constituants
de la chaux et la formation de composés qui, lors-
qu’ils sont solubles, sont à l’origine d’altérations. Les Les ciments actuels répondent aux exigences des
constituants du béton, ses caractéristiques et les emplois usuels ; les milieux qui présentent des agres-
conditions climatiques ambiantes influent sur ces dif- sions spécifiques nécessitent le recours à des
férentes actions et en modifient l’importance. ciments présentant une résistance particulière du
fait de leur composition. C’est ainsi qu’en présence
Les eaux souterraines sulfatées constituent un cas d’un facteur agressif pouvant entraîner la dissolution
d’agression bien connu : le sulfate de calcium se de la chaux (par exemple l’eau pure), on préférera
combine avec les aluminates du ciment pour former des ciments à faible teneur en chaux.
un sel, l’ettringite, dont la cristallisation accompa-
gnée d’expansion provoque la fissuration du béton. Vis-à-vis des agressions dues aux milieux marins ou
Elle facilite la pénétration des agents agressifs jus- aux eaux sulfatées, on utilisera des ciments prise
qu’aux armatures qui sont, à leur tour, attaquées. mer (PM) ou résistant aux eaux sulfatées (ES).
Les chlorures réagissent avec les hydroxydes de Les granulats doivent être choisis en fonction de leur
chaux pour donner des sels solubles. Les chlorures nature minéralogique, de leur forme mais aussi de
et les sulfates coexistent dans l’eau de mer, qui leur dureté. Compte tenu de l’importance de la zone
constitue donc pour le béton et plus particulièrement de contact granulats-pâte dans le développement
pour le béton armé, un agent agressif dont l’action des hydrates, la propreté des granulats et l’absence
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est, cependant, très différente selon que l’ouvrage de particules argileuses est un impératif.
127
CRITÈRES ESSENTIELS DU BÉTON DURABLE
RETOUR AU SOMMAIRE
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128
6.2 La tenue au gel
Parmi les actions susceptibles de provoquer des tive de cycles de gel et de dégel, ou une brusque
dégradations des ouvrages ou des voiries, le gel chute de température superficielle généralement
peut constituer un facteur particulièrement actif, provoquée par l’action des sels de déverglaçage.
notamment lorsqu’il s’accompagne de cycles de gel
et de dégel rapidement alternés. ■ L’action des cycles gel/dégel
Les dégradations par le gel ne peuvent intervenir
que lorsque les matériaux sont au contact de l’eau, Il est généralement admis que l’accroissement de
dans un état voisin de la saturation. Le béton durci, volume accompagnant la transformation de l’eau en
dans la majorité des cas, résiste aux effets du gel ; il glace (de l’ordre de 9 %) n’est pas la cause princi-
arrive cependant que des conditions climatiques par- pale de la dégradation du béton, ainsi que l’ont mon-
ticulièrement sévères puissent entraîner la dégrada- tré les recherches menées notamment par Powers
tion de bétons mal formulés, mis en œuvre de façon ou Litvan.
incorrecte et, de surcroît, saturés d’eau. En effet, ce sont les pressions engendrées par les
Le gel n’est donc susceptible d’occasionner des mouvements de l’eau interne vers les « fronts de
dégradations aux ouvrages en béton que dans des congélation » formés à certains emplacements du
cas limités, où se trouvent simultanément réunies béton, qui sont considérées aujourd’hui comme la
plusieurs conditions défavorables. cause principale des dégradations.
Selon leur disposition et l’exposition, les ouvrages
supportent plus ou moins bien ces actions. ■ L’action des sels de déverglaçage
Dans le bâtiment, les balcons, les parties en saillie, Il est admis que les causes de dégradations dues
dans les ouvrages de travaux publics, les corniches aux sels de déverglaçage sont principalement :
de ponts, les bordures de trottoirs, les chaussées
sont plus exposés aux dommages dus au gel que les – des causes physiques prépondérantes, liées au
parties verticales. choc thermique consécutif à la fusion de la glace ;
– des causes chimiques provoquées par la diffusion
A l’action du gel, il faut ajouter celle des fondants
des sels dans le béton.
(plus couramment appelés sels de déverglaçage),
utilisés sur les routes, les pistes, les parkings, qui L’importante chute de température de surface, due à
peuvent affecter les ouvrages voisins par rejaillisse- la quantité de chaleur consommée pour provoquer la
ment : piles de ponts, bordures de trottoirs, murs de fusion de la glace, amplifie les effets du gel dans la
soutènement. zone du béton proche de la surface (la chute de tem-
pérature de surface peut atteindre 4 °C/minute au
Le bon comportement d’un ouvrage en béton lieu de 4 °C/heure habituellement). La dégradation
dépend directement de la prise en compte de ces qui peut en résulter se traduit par un phénomène
différentes actions dans la formulation du béton et sa d’écaillage.
mise en œuvre, d’une part, dans la conception géné- Les causes chimiques, considérées comme moins
rale de l’ouvrage, d’autre part. dangereuses, ont trait à l’action des chlorures sur les
aciers, entraînant leur corrosion, et aux attaques de
certains sels contenus dans les fondants, tels que
Les mécanismes développés par le gel les sulfates.
129
• leur espacement, qui détermine le niveau de pres-
sion, proportionnel au trajet parcouru par l’eau pour
atteindre le front de gel le plus proche, doit être infé-
rieur à une valeur critique de l’ordre de 400 µm.
Le rôle de l’entraîneur d’air est double :
• introduire un pourcentage d’air supplémentaire de
l’ordre de 5 % du volume de béton ;
• fractionner les bulles en de nombreuses petites
bulles de faibles dimensions.
Les différentes parties d’un ouvrage ne sont pas Pour résister au gel et aux sels de déverglaçage, un
soumises au même niveau de risques à l’égard du béton doit nécessairement satisfaire deux conditions :
gel. • un réseau de bulles approprié ;
La qualité du béton devra donc tenir compte de plu- • une classe de résistance mécanique élevée.
sieurs critères selon le niveau de sécurité recherché :
Le coefficient d’espacement du réseau de bulles (1/2
• exposition de l’élément concerné ; distance moyenne entre bulles) ne doit pas dépasser
• exigences mécaniques pour la partie d’ouvrage ; 200 µm.
• degré de durabilité souhaité. La recherche d’une résistance élevée du béton
Le guide du SNBATI, « Durabilité des bétons durcis nécessite une étude approfondie de sa composition.
soumis à l’action du cycle gel-dégel », prévoit trois En effet, la loi de Féret établit la relation entre la
catégories de bétons G1, G2, G3, selon les niveaux résistance en compression du béton et les propor-
retenus pour ces critères. tions de ciment, d’eau et d’air selon la formule
Leurs caractéristiques sont précisées au tableau ci-
après.
Rc = K ( c
c+e+A )2
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130
Corrélation entre le facteur E/C cycle gel-dégel », récapitule les exigences essen-
et la dimension des bulles d'air. tielles que doivent satisfaire le béton et ses consti-
tuants pour résister au gel.
Ces recommandations ne sont applicables que pour
des bétons traditionnels mis en œuvre par des
moyens classiques, en atelier ou sur le chantier.
Elles concernent aussi bien les bâtiments que les
ouvrages d’art, mais ne s’appliquent pas aux bétons
tels que :
• les bétons spéciaux (bétons de fibres, de granulats
légers) ;
• les bétons de hautes performances ;
• les bétons préfabriqués faisant l’objet d’une
La classe de résistance du béton ne sera jamais marque ou d’un agrément ;
inférieure à B 25 (25 MPa à 28 jours) et de préfé- • les bétons étuvés à plus de 50 °C ;
rence B 30 pour les bétons soumis à des conditions
sévères. • les bétons pompables ;
Le tableau suivant, extrait du guide du SNBATI • les bétons routiers ;
« Durabilité des bétons durcis soumis à l’action du • les bétons de barrages.
131
■ La cure et le durcissement Les parties d’ouvrages plus particulièrement expo-
sées en génie civil sont les suivantes :
La cure est particulièrement importante pour les • piles et culées de pont en bordure de chaussées
bétons destinés à résister aux effets du gel et des ou situées en zone de marnage ;
sels. • murs de soutènement et murs de quais ;
Il est donc impératif de protéger le béton contre la • corniches de ponts ;
chaleur, le dessèchement et le froid, pendant sa
prise et son durcissement. • bordures de trottoirs et caniveaux ;
• Par temps chaud, l’humidité du béton jeune peut • plots de barrières de sécurité et séparateurs ;
être maintenue par arrosage, sacs humides, mise en • murs antibruit ;
place d’un film de polyéthylène. Si on utilise un pro- • blocs de défense maritime ;
duit de cure, il doit être pulvérisé de façon régulière
et appliqué immédiatement après mise en œuvre du • entrées de tunnels.
béton. Les dispositions constructives suivantes seront donc
• Par temps froid, le béton doit être abrité et éven- appliquées avec d’autant plus de soin que les
tuellement maintenu à une température de 10 °C au ouvrages ou parties d’ouvrages sont plus exposés.
minimum.
Une longue période de maturation est recomman- ■ L’enrobage des aciers
dée avant exposition au gel.
Le minimum prévu par la réglementation est de
2,5 cm, porté à 4 cm pour les ouvrages soumis à des
La conception des ouvrages conditions sévères en matière de gel et exposés aux
actions des sels fondants (règles BAEL 91).
Un béton durci, protégé contre l’humidification, n’est
pas gélif ; il peut cependant être vulnérable au gel
lorsqu’il occupe dans une construction une position
plus exposée à des risques d’accroissement de l’hu-
midité : parties horizontales non protégées, parties
d’ouvrages en contact avec l’eau ou un sol humide.
Dans les bâtiments, on peut définir quatre zones par
ordre croissant de risque d’exposition au gel : ■ Le dispositif de collecte des eaux
• parties en élévation constituées par les murs verti-
caux protégés des eaux de ruissellement ; Il est impératif que tout l’ouvrage présente un écou-
• parties en rejaillissement des murs verticaux ; lement d’eau conçu pour éviter l’accumulation ou le
ruissellement sur les parties non protégées des
• balcons, acrotères, appuis de fenêtres, socles et ouvrages.
soubassements qui reçoivent directement les eaux
de pluie ou qui sont soumis à une humidification par Les parties extérieures de surface plane et horizon-
capillarité ; tale favorisent l’accumulation d’eau et la saturation
du béton. Il faut donc toujours chercher à donner une
• dallages extérieurs qui retiennent les eaux le plus pente, une dépouille à toutes ces surfaces (trottoirs,
longtemps. face supérieure des corniches de pont, toitures-ter-
rasses). Cette pente sera au minimum de 3 %.
Dans tous les dispositifs, il est important de prévoir
un système de goutte d’eau (larmier) empêchant les
retours vers l’ouvrage.
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le chapitre suivant,
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132
PARTIE 8
APPLICATIONS
DES BÉTONS
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8.1 Le béton armé
Pourquoi armer le béton ? (1848) et à Monier (1849), qui prit un brevet pour des
caisses horticoles en ciment armé.
Les premières applications du béton armé dans des
Dans la plupart des éléments d’une construction, se
constructions sont dues à Coignet, puis à Henne-
développe un ensemble de contraintes résultant des
bique, qui a réalisé le premier immeuble entièrement
diverses actions auxquelles ils sont soumis. La résis-
en béton armé en 1900.
tance à la compression du béton lui permet d’équili-
brer correctement les contraintes de compression. La quantité d’armatures et leur disposition, dictées
Par contre, du fait de la relative faiblesse de sa résis- par la répartition des contraintes, résultent de calculs
tance à la traction, il n’en est pas de même pour les qui font appel aux lois de comportement des maté-
contraintes de traction. riaux. Il faut enfin souligner que certains ouvrages en
béton ne nécessitent pas d’armatures : c’est le cas
C’est pourquoi l’on dispose dans les parties tendues des bétons de masse, ou d’une grande partie des
d’une pièce de béton, des armatures (barres ou chaussées en béton.
treillis soudés) généralement en acier, matériau qui
présente une bonne résistance à la traction.
Diverses raisons justifient l’emploi des armatures Principes de calcul du béton armé
dans le béton, notamment :
• la reprise des efforts de traction que ne peut assu- Les règlements de calcul sont conçus de façon à
mer le béton ; garantir la sécurité et la pérennité des structures.
D’une part, ils précisent le niveau maximal des
• un moyen de s’opposer à sa fissuration ; actions (voir le paragraphe « Actions et
• la liaison entre éléments ; sollicitations ») pouvant s’exercer sur un ouvrage
pendant sa durée de vie ; d’autre part, ils tentent de
• des raisons de sécurité ; prémunir le concepteur contre les insuffisances de
• plus généralement des dispositions dites « de qualité des matériaux.
bonne construction ». Le premier objectif est atteint par la prescription de
L’idée d’associer au béton des armatures d’acier dis- valeurs caractéristiques ou nominales des actions
posées dans les parties tendues revient à Lambot et, éventuellement, par l’imposition de coefficients
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165
1900 : le premier immeuble en béton armé, rue Danton à Paris.
166
actions considérées, par des méthodes de calcul
appropriées faisant généralement appel à la résis-
tance des matériaux ou à des études de modélisation.
Décomposition en sollicitations
élémentaires Notations
(conformément aux règles BAEL 1991)
Pour la compréhension des calculs, il est intéressant h : hauteur totale de la section ;
de considérer successivement les différentes natu-
res de sollicitations indépendamment les unes des y : distance de la fibre neutre ;
autres, bien que, dans la réalité, on ait, la plupart du εbc : raccourcissement relatif du béton comprimé ;
temps, affaire à une combinaison de celles-ci. εst : allongement relatif de l’acier tendu ;
z : bras de levier du couple de flexion.
■ Efforts normaux L’équilibre de la résultante des forces de traction et
de celle des forces de compresion dans chaque
Compression simple section se traduit par l’égalité :
Lorsqu’un poteau n’est soumis, en plus de son poids Nbc x z = Nst x z = Mf.
propre, qu’à une charge F appliquée au centre de Nbc : résultante des efforts de compression ;
gravité de sa section, il est dit sollicité en compres-
sion simple. Il convient de remarquer que ce cas Nst : résultante des efforts de traction (repris par
théorique n’est pratiquement jamais réalisé, la force l’acier) ;
F résultante étant généralement excentrée par rap- Mf : moment fléchissant dans la section considérée.
port à l’axe du poteau ; il existe aussi des efforts hori-
zontaux qui provoquent un moment fléchissant. ■ Effort tranchant
Traction simple
L’effort dit tranchant entraîne, pour une poutre homo-
Ce cas limité (suspentes, tirants) nécessite évidem- gène, une fissuration qui se développe à environ
ment une armature longitudinale pour reprendre cet 45° par rapport à la ligne moyenne de la poutre.
effort que le béton ne serait pas à même de supporter.
■ Flexion
167
■ Pièces fléchies hyperstatiques
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168
Les aciers d’armature Les spécifications concernant les barres sont
détaillées dans les normes AFNOR NF A 35-015
(barres lisses), NF A 35-016 (barres à haute adhé-
■ Diagramme déformation/contrainte rence) et NFA 35-022 (treillis soudés).
Un acier soumis à une contrainte de traction crois- Les barres à haute adhérence comportent des
sante s’allonge de façon linéaire jusqu’à un point E reliefs ou nervures qui favorisent l’ancrage de la
correspondant à sa limite élastique. barre sur le béton ; les reliefs définis par la norme
comme paramètres de forme sont répartis en trois
Au-delà, la déformation non réversible présente une classes.
courbe du type ductile (selon le traitement de l’acier).
Les aciers utilisés comme armatures sont désignés Les aciers sont livrés en barres de 12 m et 15 m
par : dans les diamètres 6, 8, 10, 12, 14, 16, 20, 25, 32,
• leur limite élastique conventionnelle E en MPa ; 40 millimètres.
• leur nuance (doux, mi-dur, dur) ;
• leur forme (lisse, haute adhérence).
Exemple : un acier HA FeE 400 désigne un acier
haute adhérence de limite élastique 400 MPa.
Les nuances les plus courantes utilisées pour le
béton armé sont les suivantes :
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169
Château d’eau, poutres rayonnantes :
des exemples de durée ou de beauté des formes.
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170
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171
Le béton
Une protection efficace des armatures nécessite à la
fois un béton dont la porosité est aussi faible que
possible (impliquant notamment un dosage mini-
mum en ciment de 350 kg/m3) et un enrobage de
1 à 5 cm selon l’agressivité de l’environnement.
Des dispositions complémentaires sont indiquées
dans les règles BAEL 91 notamment pour les dispo-
sitions d’armatures groupées.
La liaison béton-acier
Adhérence
La résistance d’un élément en béton armé suppose
que l’acier ne puisse pas glisser à l’intérieur du
béton, c’est-à-dire qu’il y ait adhérence entre les
deux matériaux.
L’adhérence des armatures est fonction de leur
forme, de leur surface (les nervures améliorent l’ad-
hérence), de la rugosité de l’acier, de la résistance
du béton.
Pour les treillis soudés, l’ancrage est également
assuré par les barres transversales au sens de l’ef-
fort axial.
Des formules appropriées permettent le calcul
d’adhérence d’une barre en partie courante et au
niveau des différents types d’ancrage, dont le plus
habituel est obtenu par courbure de la barre (ou
crochet) (règles BAEL 91).
Diverses dispositions d’ancrage des barres Recouvrements
Pour assurer la continuité d’adhérence au niveau de
la jonction de deux barres, les prescriptions pré-
Ancrages rectilignes.
voient leur recouvrement sur une certaine longueur
et, éventuellement, l’exécution de crochets à leurs
extrémités.
Ancrages courbes.
172
Dispositions des armatures
dans les cas usuels
■ Poteaux en compression centrée
ou faiblement excentrée
Les efforts de traction maximum en partie basse Le moment de flexion croissant des appuis jusqu’au
sont entièrement repris par les aciers longitudinaux milieu de la portée, on aura intérêt à prévoir plu-
qu’on aura intérêt à placer le plus bas possible, tout sieurs nappes superposées d’armatures de lon-
en gardant un enrobage suffisant pour assurer leur gueur décroissante, afin que les sollicitations soient
protection. équilibrées, quelle que soit la section considérée.
Les armatures longitudinales en partie haute – des- Indépendamment des armatures destinées à
tinées à faciliter la mise en place des armatures reprendre certains efforts particuliers et qui résultent
transversales dont la fonction est la reprise de l’effort des calculs de résistance à l’état limite ultime, un mur
tranchant – peuvent être conçues pour reprendre doit comporter des armatures minimales, dites de
une partie des efforts de compression. comportement, susceptibles de s’opposer aux sollici-
Dans le cas des poutres hyperstatiques (poutres tations d’origine hygrothermique ou aux variations
continues sur plusieurs appuis, encastrement), des dimensionnelles dues au retrait du béton.
efforts de traction se développent localement à la Pour les murs extérieurs, la norme NF P 18-210
partie supérieure de la poutre, ce qui conduit à y pré- (DTU 23.1) prévoit une épaisseur minimale de
voir des armatures longitudinales (chapeaux). 15 cm, avec une armature de peau généralement
constituée par un treillis soudé disposé côté exté-
■ Murs en béton armé rieur du mur (enrobage minimum 3 cm).
Section minimale d’acier :
Les dispositions concernant la détermination et le – pour les fils horizontaux : 1 cm2/m linéaire vertical ;
positionnement des armatures sont décrites, pour – pour les fils verticaux : 0,5 cm2/m linéaire horizontal.
les cas généraux, par la norme NF P 18-210
« Travaux de bâtiment. Murs en béton banché. Maille du treillis inférieure à 25 cm.
Cahier des clauses techniques. (ref DTU 23.1) ». Des dispositions particulières sont prévues pour la
liaison des murs superposés et pour les jonctions
avec les planchers ou les chaînages.
Pour un mur de refend soumis à une charge centrée,
les armatures sont réparties en deux nappes
www.allislam.net proches des faces du mur.
173
Exemples de dispositions ■ Semelles de fondation
Panneau de façade d’une maison individuelle charge
< 1 MPa. Les semelles correspondent à l’élargissement à la
base de la section des murs ou des poteaux, de
façon à répartir les charges transmises au sol selon
Mur de refend, bâtiment R + 3.
sa capacité portante.
Treillis soudés 200 × 200, ∅ 6 mm.
Lorsque la semelle est filante sous un mur, des
aciers disposés dans l’axe de celui-ci assurent un
rôle de répartition (chaînage).
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174
■ Murs de soutènement
175
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176
8.2 Le béton précontraint
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177
Pour une poutre isostatique de hauteur constante et Principes de calcul
dont la ligne moyenne est rectiligne, un câble de du béton précontraint
courbure constante exerce des efforts verticaux
uniformément répartis le long de la poutre p = F qui De même que pour le béton armé, les règlements de
r
calcul du béton précontraint sont conçus de façon à
s’opposent aux charges supportées par la poutre et garantir la sécurité et la pérennité des structures.
à son poids propre. L’équilibre se traduit par la D’une part, ils précisent le niveau maximal des
relation : actions (voir le paragraphe « Actions et
Σ r(x)
F
= 2F × sin α sollicitations ») pouvant s’exercer sur un ouvrage
pendant sa durée de vie ; d’autre part, ils tentent de
prémunir le concepteur contre les insuffisances de
qualité des matériaux.
Le premier objectif est atteint par la prescription de
valeurs caractéristiques ou nominales des actions
et, éventuellement, par l’imposition des coefficients
de sécurité majorateurs frappant les sollicitations
résultant de ces actions. La probabilité d’occurrence
simultanée d’actions indépendantes peut être très
variable selon leur nature. Il est donc nécessaire de
définir les combinaisons d’actions dans lesquelles, à
la valeur caractéristique d’une action dite de base,
s’ajoutent des valeurs caractéristiques minorées
En fait, l’assimilation de l’action de la précontrainte à d’autres actions dites d’accompagnement.
une charge répartie est rarement utilisée dans les
calculs, du fait de la complexité à laquelle conduit Le second est obtenu par l’application de coeffi-
cette analyse. On préfère considérer la précontrain- cients de sécurité minorateurs aux valeurs des résis-
te comme un effort extérieur sollicitant la section de tances caractéristiques des matériaux utilisés. Les
l’élément considéré en flexion composée, et se valeurs de ces coefficients diffèrent selon les prin-
réduisant aux efforts ramenés au centre de gravité : cipes de calcul adoptés.
effort normal, effort tranchant, moment de flexion. La méthode de calcul « aux états-limites » se fonde
En présence de forces extérieures développant des sur une approche semi-probabiliste de la sécurité.
efforts tranchants, l’effort tranchant résultant est la Ce type de calcul permet de dimensionner une
somme algébrique de ces efforts et de ceux engen- structure de manière à offrir une probabilité accep-
drés par la précontrainte. Dans une section quel- table de ne pas atteindre un « état-limite », qui la
conque d’un élément où l’effet de la précontrainte rendrait impropre à sa destination. Cette définition
F x sin α ( s’oppose à celui des forces extérieures V, conduit à considérer plusieurs familles d’états-
l’effort tranchant réduit Vr, est égal à : limites, telles que les états-limites de service, les
états-limites de fissuration, de déformation, les états-
Vr = V – F x sin α limites ultimes de résistance, de renversement, de
Dans la pratique, la tension d’un câble de précon- flambement, les états-limites de fatigue ou les états-
trainte est calculée pour appliquer au béton un effort limites de tenue au feu.
tranchant permettant de compenser les forces exté- Les règles BPEL 91 (Béton Précontraint aux États-
rieures et le poids propre de l’élément, ce qui Limites) sont fondées, comme leur nom l’indique, sur
empêche généralement l’apparition des fissures ces notions.
d’effort tranchant que l’on observe dans certaines
conditions en béton armé (inclinées à 45° sur l’axe
d’une poutre exagérément sollicitée, par exemple).
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178
Actions et sollicitations Le coefficient γQ1 vaut généralement 1,5 ; dans les
bâtiments agricoles à faible densité d’occupation
humaine, entre autres, il vaut 1,35.
■ Les actions
Les valeurs des coefficients Ψ sont fixées par les
Elles sont constituées par les forces et les couples textes en vigueur (norme).
résultant des charges appliquées ou des déforma- γp est égal à 1 dans la plupart des cas ; il est pris égal
tions imposées à une construction, ainsi que celles à 1,35 lorsque la précontrainte est à considérer
résultant de la précontrainte. comme une action extérieure. Les combinaisons
On distingue : accidentelles ou celles définissant les sollicitations
de calcul vis-à-vis des états-limites de service sont
• Les actions permanentes dues au poids propre de précisées par le BPEL 91.
la structure et au poids total des équipements fixes.
Les poussées de terre ou la pression d’un liquide Coefficients de sécurité partiels sur les matériaux
(pour les murs de soutènement, les réservoirs, etc.)
sont également comptées comme actions perma- Les valeurs des résistances caractéristiques des
nentes. matériaux sont minorées par un coefficient de sécu-
rité partiel (γm dont la valeur est fonction du degré de
• Les actions de la précontrainte.
certitude avec lequel sont réputées connues ces
• Les actions variables dues aux charges d’exploita- résistances. A l’ELU, on prend γm = 1,50 (sauf déro-
tion, aux charges climatiques, aux charges tempo- gation sur justification) pour le béton et γm = 1,15
raires appliquées en cours d’exécution, aux déforma- pour l’acier.
tions provoquées par les variations de température.
En fonction de la destination des locaux ou des
ouvrages et en l’absence de données résultant des
conditions réelles d’exploitation, les charges rete-
nues pour les calculs sont fixées forfaitairement par
des normes ou des règlements (par exemple, la
norme AFNOR NF P 06-001 pour les charges d’ex-
ploitation des bâtiments).
Les charges dues au vent ou à la neige sont fixées
par les règles Neige et NV selon le site, l’altitude,
l’exposition, l’inclinaison de l’ouvrage.
• Les actions accidentelles dues aux séismes, aux
explosions, à l’incendie sont prises en compte par
des règlements spécifiques (Règles PS pour les
séismes).
■ Les sollicitations
179
Béton précontraint
pour tous les ouvrages d’art
(viaducs, ponts)
ou pour des bâtiments
circulaires, avec
précontrainte annulaire.
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180
Mise en œuvre de la précontrainte
La précontrainte peut être appliquée au béton soit
par pré-tension, soit par post-tension des armatures,
selon que celles-ci sont mises en tension avant le
coulage du béton ou après son durcissement.
■ La post-tension
Principe
La précontrainte est réalisée par des armatures
(généralement des câbles ou des torons) mises en
tension lorsque le béton a acquis une résistance suf-
fisante lui permettant de supporter les efforts de
compression auxquels il est alors soumis.
Les armatures, qui doivent pouvoir coulisser libre-
ment dans le béton, sont disposées dans des
conduits et s’appuient sur les extrémités de la pièce
à précontraindre par l’intermédiaire de systèmes
d’ancrage.
Une technique dite de précontrainte extérieure s’est
développée depuis quelques années. Elle consiste à
faire passer les câbles de précontrainte à l’extérieur
de la section de béton. Cette solution présente de
nombreux avantages, notamment l’allégement des
structures par réduction des sections, la facilité de
mise en œuvre et surtout les possibilités de rempla-
cement des câbles endommagés ou de renforce-
ment de structures soumises à des charges accrues.
La mise en tension des câbles est effectuée à l’aide
de vérins, généralement de façon échelonnée dans
le temps (entre 2 et 28 jours) de manière à respec-
ter l’évolution du durcissement du béton et l’applica-
tion des charges.
Le contrôle de la tension est effectué soit par mano-
mètre, soit de manière plus précise par mesure de
l’allongement des câbles. Le calcul de l’allongement
du câble doit tenir compte des différentes causes de
pertes de tension, par frottement, par déformations
instantanée ou différée du béton ou par rentrée des
ancrages. Les règles BPEL 91 fournissent les diffé-
rents coefficients liés à ces pertes de tension. La limite d’élasticité des armatures a une valeur
Après mise en tension des armatures, les conduits conventionnelle définie par la valeur de l’effort
sont remplis avec des coulis de ciment qui doivent FTgpour les torons, et par celle de la contrainte Tg
occuper aussi parfaitement que possible les espa- pour les fils, correspondant au point d’intersection de
ces entre câbles et conduits. La qualité de l’injection la loi de comportement de l’acier avec une droite
est une opération très importante, qui conditionne passant par le point (0,1 %, 0) et ayant une pente de
la protection des armatures, donc leur durabilité. 200 000 MPa.
La valeur de FTg est comprise entre 137 et 155 kN
Les armatures de précontrainte pour les T 13, et entre 196 et 225 kN pour les T 15.
Elles sont composées de torons ou de fils en acier à L’allongement à rupture est d’au moins 3 %.
haute limite élastique (HLE), plus rarement de • Les câbles de précontrainte sont composés de plu-
barres. sieurs torons ou fils. Les câbles les plus couramment
• Les torons comportent en général sept fils de petit utilisés sont les 12 T 13, 12 T 15, 19 T 15 (compor-
diamètre dont six sont disposés en hélice autour tant respectivement 12 et 19 torons). Lorsque de
d’un fil central de diamètre légèrement plus grand. grandes puissances sont nécessaires, on utilise des
Les torons les plus courants ont un diamètre d’envi- câbles 37 T 15 (37 torons).
ron 13 mm et 15 mm. Par abréviation, on les dénom- Les conduits dans lesquels sont disposées les arma-
me torons T 13 et T 15. La réglementation définit les tures sont soit métalliques (à profil ondulé en
résistances garanties à la rupture des fils d’arma- feuillard d’épaisseur comprise entre 0,3 et 0,6 mm
tures d’une part – contrainte de rupture RG compri- ou en tube d’acier laminé soudé de 1,5 à 2 mm
se entre 1 400 et 1 800 MPa –, des torons d’autre d’épaisseur, notamment pour des câbles extérieurs),
part, pour lesquels on considère l’effort de rupture soit en matière plastique (polychlorure de vinyle
exprimé en kilonewtons (kN). PVC ou polyéthylène, de 5 à 6 mm d’épaisseur pour
L’effort garanti de rupture (FRG) d’un toron T 13, de les gros diamètres). Afin de permettre un bon rem-
93 mm 2 de section nominale, varie, selon la classe plissage des conduits, leur section intérieure doit
de l’acier, de 160 à 180 kN ; celui d’un toron T 15, de être 2 à 2,5 fois plus grande que la section des arma-
139 mm2 de section nominale, de 220 à 260 kN. tures qu’il contient.
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181
Précontrainte pour des voiles
de longue portée, des paraboloïdes,
des dalles de grande surface,
des poutres et des caissons –
ou des tours de bureaux.
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182
Les ancrages de précontrainte
Ils constituent un organe essentiel puisqu’ils permet-
tent d’assurer le maintien de l’effort de précontrainte
dans les armatures après la mise en tension.
Dans la plupart des systèmes de précontrainte, le
blocage des armatures par rapport à l’ancrage est
obtenu par frottement (clavetage dans une pièce
conique).
Les ciments utilisables dans le béton précontraint
par post-tension font l’objet de la norme NF P 15-318
« Ciments à teneur en sulfures limitée pour béton
précontraint ». La norme précise les spécifications
relatives à ces ciments ; le critère de sélection est
essentiellement une teneur en sulfures et en chlo-
rures limitée.
Les ciments retenus sont des CEM I, CEM II, CEM
III/A et B ou CEM V de classe au moins 32,5.
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183
Les domaines d’emploi
de la précontrainte
■ La post-tension
■ La pré-tension
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184
8.3 Les bétons apparents
185
La forme
Une propriété essentielle du béton est son aptitude Quelle que soit sa nature, le coffrage doit être stable
à être moulé, ce qui lui permet de prendre la forme et indéformable, étanche et soigneusement entre-
voulue par le concepteur. tenu.
L’élaboration d’un élément et sa reproduction appor- Les tolérances dimensionnelles et la limitation des
tent une grande liberté de création au maître flèches imposent un calcul correct des efforts, en
d’œuvre, et une facilité d’exécution à l’entrepreneur. particulier dynamiques, qui lui sont imposés lors de
Trois exigences concourent à l’obtention correcte de la mise en place du béton et de son serrage.
la forme d’un élément en béton : une composition Les coffrages métalliques, utilisés en préfabrication,
appropriée du béton, une mise en œuvre soignée, rendent possibles les petites séries avec les moules
des moules ou des coffrages bien conçus et bien « à géométrie variable ». Leur longévité et leur sur-
exécutés. face lisse permettent le respect des formes et leur
reproduction à l’identique, même pour de longues
■ La composition du béton séries. Il faut cependant insister sur l’entretien dont
ils doivent faire l’objet, les réparations étant plus dif-
Elle est déterminée en fonction des constituants, de ficiles qu’avec d’autres matériaux.
la forme de l’élément à réaliser, de son volume, de la Les coffrages bois, clouables et sciables, permettent
densité du ferraillage et des moyens de mise en de réaliser des formes complexes ; leur exécution
œuvre. relève parfois de l’ébénisterie. Ils sont constitués de
Les méthodes théoriques peuvent aider à la planches brutes ou poncées, tirées de bois d’es-
recherche de la composition, mais elles doivent faire sences diverses qui doivent être bien secs. Le
l’objet de vérifications expérimentales dans les contre-plaqué, grâce à ses dimensions, évite les rac-
conditions du chantier. La courbe granulométrique cords pour les grandes surfaces. Il se prête aussi
permet d’apprécier la reproductibilité des gâchées aux petits éléments de formes complexes du fait de
de béton, et la régularité de ses constituants, notam- sa facilité de découpe.
ment pour les éléments fins. Les matrices modulaires en élastomère, du fait de
La plasticité du béton, qui peut être contrôlée par leur souplesse, permettent d’obtenir des volumes de
des essais au cône d’Abrams, doit être ajustée pour forme délicate (sculptures). Il existe également des
permettre la mise en place correcte du béton. moules ou des matrices synthétiques à base de
Un béton plastique présentant un affaissement de 8 PVC, polyester, époxy.
à 10 cm est généralement satisfaisant ; il est préfé-
rable de parvenir à cette plasticité par l’emploi de ■ La mise en œuvre
plastifiants réducteurs d’eau, plutôt qu’en augmen-
tant le dosage en eau, défavorable à la compacité du Elle doit pouvoir assurer un remplissage effectif des
béton, à son aspect et à sa teinte. moules, quelle que soit leur forme, et un enrobage
correct des armatures. C’est pourquoi le mode de
■ Les moules et les coffrages serrage retenu doit être adapté à l’élément à réaliser.
En préfabrication, on utilise de préférence des tables
Ce sont les outils qui permettent d’obtenir les élé- vibrantes avec vibrateurs externes ; sur chantier, la
ments présentant la forme requise. Le choix du vibration interne à l’aiguille est la plus usuelle (voir le
matériau constitutif et la conception doivent faire chapitre 7.5). Pour éviter une décohésion éventuelle,
l’objet d’une analyse précise, en fonction des condi- la coulée du béton, de préférence continue, s’effec-
tions de mise en œuvre, des pièces à réaliser, du tue à l’aide d’une goulotte ou d’une pompe à béton
nombre de réemplois. Des indications sont fournies en limitant la hauteur de chute et en la canalisant par
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dans le chapitre 7.4. des tubes ou des manchons à entonnoir.
186
La teinte Les adjuvants
Pour améliorer la maniabilité du béton, sans aug-
Le choix des constituants et leur dosage déterminent menter le dosage en eau, les plastifiants réducteurs
la teinte du béton. d’eau ou les entraîneurs d’air ont un rôle favorable.
Il ne faut cependant pas négliger les autres para- Les hydrofuges s’opposent à la diffusion des sels
mètres qui peuvent influer sur la teinte et sa régula- entraînés par l’eau (efflorescences) et sont donc
rité : mise en œuvre, préparation des coffrages, favorables à la teinte régulière des bétons apparents
démoulage, cure du béton, stockage pour les élé- sous réserve d’une compacité de béton satisfai-
ments préfabriqués. sante.
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187
Ces échantillons
montrent quelques
exemples significatifs
de bétons obtenus
avec des granulats de
diverses provenances –
et avec différents
traitements de surface.
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188
La mise en place
Les précautions relatives à sa régularité, déjà men-
tionnées, sont également valables pour leur influen-
ce sur la teinte du béton : ségrégation, variation de
compacité se traduisent par des nuances de teinte.
Le démoulage
La durée de conservation du béton dans le coffrage
et les conditions ambiantes ayant un effet sur sa
teinte, elles seront maintenues aussi constantes que
possible.
La cure
Elle favorise un durcissement homogène du béton,
sans dessiccation de surface, et constitue ainsi un
élément favorable à l’obtention d’une teinte régu-
lière.
L’aspect
L’aspect est lié aux reliefs de la surface sur laquelle
joue la lumière. Il est obtenu soit par un brut de
décoffrage, soit par le traitement de surface effectué
après décoffrage.
189
La mise en place
Elle requiert les précautions habituelles prises lors
de la coulée du béton et de son serrage.
Il faut également mentionner le recours aux tech-
niques de projection pour la mise en œuvre de
voiles, coques ou structures. L’état de finition du
béton projeté peut donner lieu à des aspects très
variés : bruts ou lissés.
190
■ Les traitements chimiques
191
La qualité des matériaux et de l’ouvrage
Un béton bien réalisé, présentant une faible porosi-
té, est plus durable. La diffusion des agents agressifs
se trouve empêchée, et leur action ne peut être que
superficielle.
Pour protéger les armatures, il faut veiller, lors de la
mise en œuvre, à respecter leur enrobage correct
par le béton (les règlements prévoient un enrobage
minimum de 2 à 4 cm selon les conditions d’environ-
nement).
Les bétons soumis aux risques de gel, surtout en
surfaces horizontales, doivent être réalisés avec un
entraîneur d’air, qui crée dans le béton une réparti-
tion de bulles d’air, le protégeant efficacement.
Les traitements de protection
Des produits d’imprégnation qui n’affectent pas l’as-
pect des bétons apparents diminuent la porosité de
surface, améliorent leur résistance à l’hydrolyse
alcaline, facilitent le ruissellement des eaux en sur-
face. Ce sont généralement des hydrofuges à base
de résines de silicones, acryliques, stéarates ou
polyoléfines. Certains produits colorés teintent le Avant et après nettoyage...
béton, sans cacher sa nature, par un effet de trans-
parence : ce sont les lasures. ture. A l’origine, certains procédés mal maîtrisés
Les produits « anti-graffitis » facilitent le nettoyage avaient tendance à provoquer des microfissures du
des façades soumises à ce type d’agressions. parement.
• L’emploi de l’eau, de préférence chaude, sous
pression avec addition de détergents, permet une
L’entretien action rapide, sans mouiller de façon excessive le
béton.
C’est une opération qui doit être considérée comme • La vapeur d’eau limite encore les effets du mouilla-
naturelle. ge tout en agissant efficacement sur les impuretés
La conservation du bon aspect d’une façade justifie grâce à sa vitesse de projection.
l’entretien du béton au même titre que celui d’autres • L’emploi de produits chimiques mis au point par
matériaux pour lesquels cette intervention est admi- des sociétés spécialisées permet de dissoudre les
se et effectuée régulièrement. salissures sans altérer le béton. Un nettoyage à l’eau
Les techniques de nettoyage usuelles sont les sui- chaude redonne ensuite au béton son aspect d’ori-
vantes. gine.
• Le sablage, surtout en voie humide pour limiter les L’application d’un hydrofuge après traitement consti-
nuisances. La technique du sablage a évolué pour tue une protection plus durable, limitant la fréquence
s’adapter à la nature du béton et préserver sa tex- d’intervention.
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192
8.4 Les produits en béton
fabriqués en usine
La fabrication en usine de produits en béton permet La liberté du choix de l’implantation des poteaux, de
de rationaliser la production, d’apporter la qualité la portée des poutres, des décrochements de
d’une fabrication industrielle et de réaliser une façades séduit les concepteurs de bâtiments indus-
importante économie de main-d’œuvre sur le chan- triels, commerciaux ou scolaires.
tier. La gamme des éléments élaborés en usine est
très diverse, depuis l’élément standardisé comme le
bloc jusqu’à l’élément de structure ou le panneau de
façade multifonctions.
Ces produits présentent plusieurs avantages, dont la
disponibilité sur catalogue et leurs possibilités d’as-
semblage.
193
Une autre technique, employée pour les bâtiments précontraint qui permettent de créer des toitures en
industriels et agricoles, consiste en une structure pente. Les portées entre poteaux peuvent atteindre
constituée de portiques ou de fermes en béton 10 à 35 mètres.
Panneaux sandwiches
à voile extérieur librement dilatable.
L’isolation est incorporée.
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194
Une autre variété de cette famille est constituée par tant une résistance mécanique suffisante pour leur
les panneaux de type coque en fibres-ciment ou en conférer un caractère porteur.
béton de fibres de verre utilisés en habillage décora- • Les blocs à isolation intégrée : le caractère isolant
tif. Ces panneaux, légers et de formes variées, sont est apporté par un isolant rigide (polystyrène expan-
très utilisés en neuf ou en réhabilitation. sé, mousse de polyuréthane) qui relie deux blocs
Le parement constitue pour l’ensemble des pan- dont l’un assure la fonction porteuse.
neaux de façade un élément important où le béton
peut exprimer ses possibilités architecturales. Les blocs à bancher
La teinte et l’aspect, mis en valeur par les traite- Ils comportent un ou deux alvéoles verticaux de
ments de surface et le choix des granulats, offrent de grandes dimensions, destinés à être emplis de béton
vastes possibilités au concepteur. La recherche après le montage de la maçonnerie sur une hauteur
décorative et esthétique est parfois la seule fonction correspondant à un étage.
de ce type de panneaux, dits architectoniques, qui Le coffrage est, en quelque sorte, assuré par les
constituent, à l’heure actuelle, un secteur important parois des blocs. Des armatures peuvent être dispo-
de la préfabrication de façades. sées dans les alvéoles pour augmenter la résistan-
Les traitements de surface variés (sablé, désactivé, ce, permettant ainsi la réalisation de plusieurs
acidé, poli…) sont beaucoup plus simples à réaliser niveaux porteurs en murs extérieurs ou en refends.
en usine que sur chantier. Il faut enfin souligner que L’emploi d’un béton allégé ou d’un isolant permet
certains types de panneaux peuvent être démontés d’assurer partiellement ou en totalité l’isolation ther-
pour réemploi. mique du mur.
195
Les dalles alvéolées
Bien que connues depuis plus de vingt-cinq ans, les
dalles alvéolées ne se développent en France que
depuis peu de temps.
Les principaux avantages de ce procédé sont la rapi-
dité de mise en œuvre (suppression d’étaiement), la
possibilité d’utilisation immédiate du plancher et le
gain de poids (la dalle de 32 cm d’épaisseur pèse
360 à 400 kg/m 2 selon les modèles et permet une
portée de 15 à 17 mètres).
Les dalles en béton précontraint par fils adhérents
présentent des alvéoles longitudinaux de nombre et
de section déterminés par le choix de la filière d’ex-
trusion. Les dalles actuellement fabriquées ont une
largeur de 1,20 m, une épaisseur de 16 à 40 cm, et
une longueur pouvant atteindre 15 mètres.
Les dalles alvéolées sont utilisables pour tous types
de bâtiments, et plus spécialement pour la réalisa-
tion de planchers de longues portées, permettant
d’obtenir des plateaux libres de grande surface : bâti-
ments industriels, locaux scolaires, bureaux, locaux
commerciaux, parkings, bâtiments sportifs. Les
dalles alvéolées sont également très utilisées pour
Mise en place de dalles alvéolées. les planchers dont l’étaiement est difficilement réali-
sable.
196
Les produits en béton fabriqués en usine, bien que standardisés,
se prêtent également aux formes compliquées.
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197
Autres éléments
■ Les éléments de voirie et de mobilier
urbain
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198
8.5 Les murs coupe-feu
en béton
bâtiments d’activité de commerce et de stockage
Une des règles fondamentales de la sécurité incen- soumis aux conditions d’essais satisfont aux critères
die consiste à préserver la vie humaine en favori- requis (arrêté du 3 août 1999 relatif à la résistance
sant l’évacuation des personnes. Pour permettre au feu des produits, éléments de constructions et
cela dans les meilleures conditions et préserver au ouvrages). La détermination du degré de résistance
maximum l’ouvrage, il faut adopter des dispositions au feu peut également être effectuée par le calcul
constructives destinées à limiter la propagation du sur la base des règles données par la norme
feu. Dans l’éventail des solutions les murs sépa- P 92-701 (DTU feu béton) et l’Eurocode 2 DAN par-
ratifs coupe-feu en béton apparaissent comme tie 1-2 (depuis juillet 1997).
une évidence, car ils constituent de véritables
barrières infranchissables aux flammes et aux gaz. ■ Règles propres aux bâtiments
industriels et entrepôts
Comportement au feu des ouvrages
En plus des règles générales, les bâtiments indus-
triels et entrepôts sont soumis au respect des dispo-
■ Résistance et réaction sitions du code du travail, de la réglementation sur
les installations classées (rubrique 1510) et de la
La connaissance du potentiel calorifique et du com- réglementation relative aux établissements recevant
portement au feu des matériaux et éléments de du public (ERP) de type M. Ainsi, le code du travail
construction permet d'élaborer une protection contre impose que les bâtiments assujettis soient séparés
le feu. Le comportement au feu des ouvrages et du des tiers contigus par des murs de degrés coupe-
béton est développé au chapitre 9 paragraphe 9.3 feu 1 heure au minimum, de 2 heures pour les par-
du recueil des fiches techniques Cimbéton. kings, de 3 heures pour les ERP, les ICPE, les
parkings de plus de 250 véhicules contigus à un
■ Règles générales IGH ou une ICPE, de 4 heures pour un IGH.
Pour les constructions entrant dans le champ d’ap-
En France, le code de la construction et de l’habita- plication de la réglementation relative aux ERP,
tion (CCH article R 121-1 à 121-13) fixe les critères magasins de type M, les réserves des magasins
que doivent respecter les matériaux et les éléments doivent être séparées des locaux de vente par des
de construction du point de vue de leur comporte- murs de degré coupe-feu 2 heures. Dans le cas
ment au feu. La résistance et la réaction au feu sont des bâtiments soumis à la réglementation des
définies selon deux arrêtés du Ministère de l’Inté- installations classées (ICPE), l’implantation de
rieur (03/08/99 et 30/06/83). Les murs coupe-feu l’édifice conditionne le degré de résistance au feu
font appel à la notion de résistance au feu relative des murs de façade l’isolant d’un tiers. Ainsi,
aux éléments de construction. Les éléments de un bâtiment accolé à un tiers doit avoir un mur de
construction sont classés par les laboratoires offi- degré coupe-feu 4 heures. Les compartiments
ciels (CSTB, etc.). Ce classement est effectué en sont séparés par des murs de degré coupe-feu
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fonction des durées pendant lesquelles les éléments 2 heures.
199
■ Apport du béton à l’efficacité du mur 7m 7m
coupe-feu 0,7 m
200
Pour répondre aux exigences de l’APSAD par rap- ■ Les murs séparatifs coupe-feu
port à son comportement au feu, un mur séparatif en blocs de béton traditionnel
coupe-feu doit être construit avec des matériaux
classés incombustibles (M0) selon les norme habi- Dans ce type de solution technique, le mur séparatif
tuelles et présenter un degré coupe-feu d’au moins coupe-feu peut être constitué d’une maçonnerie por-
4 heures quelle que soit la face du mur exposée au teuse ou autoporteuse (remplissage), associée ou
feu. A cela s’ajoute l’obligation de respecter les dis- non à la structure. Lorsqu’il s’agit par exemple d’un
positions constructives relatives aux élancements panneau de remplissage inséré entre poteaux et
entre chaînages horizontaux des matériaux (infé- poutres, la maçonnerie doit être montée sur bande
rieur ou égal à 35). Les murs en béton sont soumis résiliente afin de permettre sa libre dilatation.
au respect de la norme P 92-701 (DTU feu béton). Le dimensionnement et la mise en œuvre des élé-
De plus, les murs séparatifs coupe-feu doivent d’une ments constitutifs du mur se font conformément aux
part résister mécaniquement aux chocs ainsi qu’à règles de la norme P 10-202 (DTU 20.1). L’élance-
l’action de l’eau des lances d’incendie et d’autre part ment géométrique des maçonneries (hauteur/épais-
prendre en compte l’action du vent en cas d’effon- seur) est en général limité à 20 (30 dans le cas d’un
drement d’un compartiment suite à un incendie. mur de remplissage, avec une hauteur ne pouvant
Du point de vue de sa configuration, les règles dépasser 4,5 m).
constructives de l’APSAD précisent que le mur
séparatif coupe-feu est vertical de la base au faîte et
non porteur (donc autostable), à l’exception de dis-
positions particulières (corbeaux, appuis glissants,
respect des dilatations, etc.). Le mur doit obligatoire-
ment dépasser de la toiture d’au moins 0,70 m et
déborder sur les côtés de 0,50 m par rapport au nu
4,5 m
extérieur de la façade. feutre résilient
4,5 m
20 à 30 m
selon région
201
LA TENUE AU FEU DES BLOCS APRÈS ESSAIS
Dimensions Type de bloc N° du PV Référence Date limite Degré Degré Degré Classe Utilisation
des blocs d’essai de reconduction de validité CF PF SF de résistance
CSTB 06/2002
20 x 20 x 50 perforé – 6H 6H 6H B120
97.023
Creux
15 x 20 x 50 2 rangées CSTB
SF.TE.95.421 7/05/2000 2H 6H 6H B40
d’alvéoles 85.22030
Creux
20 x 20 x 50 2 rangées CSTB
SF.TE.95.560 19/06/2000 3H 6H 6H B40
d’alvéoles 85.22031
Creux
CSTB SF.TE.
20 x 20 x 50 à 14/08/2001 2H 6H 6H B40
91.31532 96.0849
emboîtement (1)
202
■ Les murs séparatifs coupe-feu
en blocs de béton cellulaire
Les blocs utilisés présentent une longueur de
62,5 cm, une hauteur de 25 cm et leur épaisseur
peut varier de 15 à 37,5 cm. Ce type de mur peut
être autoporteur (remplissage) ou porteur. En
matière de résistance au feu il est coupe-feu 4 h.
Principe de dimensionnement
Pour les murs autoporteurs (remplissage) les
dimensions varient suivant la position (mur intérieur
ou mur extérieur), les dispositions d’appuis, l’effort
du vent appliqué sur le mur. Bâtiment de stockage, mur coupe-feu 4 heures.
Ainsi par exemple un mur intérieur avec des chaî-
nages et raidisseurs, soumis à une pression du vent ■ Les murs séparatifs coupe-feu
égale à 0,3 kN/m2 aura les dimensions suivantes :
constitués de poteaux béton et panneaux
Hauteur : < 25 fois l’épaisseur des blocs
en blocs de béton cellulaire armé
Longueur : < 40 fois l’épaisseur des blocs
A titre d’exemple, un mur de ce type constitué de
blocs béton cellulaire poteaux en béton de 45 × 45 cm et de panneaux
pose entre ossature béton armé de 600 × 60 × 15 cm (posé devant ou entre les
Laine minérale
poteaux) présente un degré coupe-feu de 4 heures.
Il faut aussi noter que le PV du CSTB n° 87-25851
Bloc de chaînage en date du 11/07/95 précise : « qu’un mur expéri-
mental en éléments de béton cellulaire armé de
Mortier ciment
15 cm d’épaisseur présentant une masse volumique
nominale de 450 kg/m3, monté à joints souples,
détermine un degré coupe-feu de 4 heures ».
En fonction de l’épaisseur du mur la hauteur limite
du mur est :
Ossature
Épaisseur du mur 15 cm - H = 17 m
Pose devant
en béton armé poteau béton Épaisseur du mur 20 cm - H = 22 m
Blocs
Épaisseur du mur 25 cm - H = 28 m
75 cm
Longrine béton
Encadrement
Ossature Encadrement
en béton béton
Pour les murs porteurs – norme P 10-202 (DTU ■ Les murs séparatifs coupe-feu
20.1) – le principe de dimensionnement est le sui- en éléments préfabriqués en béton
vant :
Hauteur : < 15 fois l’épaisseur des blocs Ces murs sont constitués avec des panneaux pré-
fabriqués en béton armé ou précontraints qui peu-
Longueur droite maximale des murs : < 40 fois
vent être associé ou non à une structure poteaux-
l’épaisseur des blocs
poutres en béton. Les éléments de parois les plus
Contrainte de compression : < 0,35 MPa couramment utilisés sont les panneaux pleins, les
panneaux nervurés, les panneaux sandwich. Ils
www.allislam.net peuvent être porteurs, autoporteurs, portés par la
203
structure ou suspendus à la structure. Les panneaux La tenue au feu de murs à base de panneaux sand-
sont assemblés entre eux et à la structure par joints wiches nécessite une étude thermique particulière
de mortier continus, liaisons bétonnées ponctuelles permettant de déterminer la répartition des tempé-
ou continues avec ou sans armatures en attente, ratures à l’intérieur de l’élément. Leur degré coupe-
liaisons mécaniques boulonnées, brochées ou sou- feu varie d’une demi-heure à 2 heures.
dées. Dans le cas de liaisons ponctuelles, des joints
coupe-feu doivent être installés entre chaque élé-
ment. Les caractéristiques et la mise en œuvre des
éléments en béton préfabriqué sont définies dans la
norme P 10-210 (DTU 22.1) et les prescriptions
techniques des procédés de murs ou de gros-
œuvre. Le guide CIMBÉTON « Architecture :
construire en béton préfabriqué » (référence B 62)
fournit un ensemble d’informations sur l’emploi de
ce type d’éléments.
En première approximation, le degré coupe-feu d’un
mur composé avec des panneaux pleins préfabri-
qués en béton peut se déduire des règles simpli-
fiées, issues de la norme P 92-701 (DTU feu béton),
exprimées dans le tableau suivant. Ces règles Laboratoire UPSA, les façades sont coupe-feu 2 heures.
concernent des murs dont l’élancement mécanique
est au plus égal à 50 et sont valables pour un mur
exposé au feu sur un ou deux côtés. ■ Autres types de murs séparatifs
coupe-feu en béton
Degré
1/2 h 1 h 1 h 30 2h 3h 4h Murs séparatifs coupe-feu
CF
Murs Épaisseur en béton coulé en place
10 11 12 15 20 25 Le béton coulé en place peut tout à fait être utilisé
porteurs cm
pour réaliser des murs séparatifs coupe-feu. La mise
Murs en œuvre de ces ouvrages doit répondre aux règles
Épaisseur
non 6 7 9 11 15 17,5 et au code de calcul les concernant (DTU 23.1, la
cm
porteurs norme P 92-701 (DTU feu béton), fascicule 62 du
CCTG).
Murs séparatifs coupe-feu constitués
Ancre de de panneaux verticaux en dalles alvéolées
levage
en béton précontraint.
Isolant
Longueur 4 à 10 cm Les panneaux en dalles alvéolées précontraintes
maximum : 6 m peuvent permettre de réaliser des murs séparatifs
coupe-feu. Il faut pour cela adapter l’épaisseur d’en-
robage des câbles de précontrainte en fonction du
degré coupe-feu requis. Des joints coupe-feu doi-
rail de Hauteur : vent obligatoirement être mis en œuvre entre
fixation 14 m
6 cm maximum chaque panneau.
minimum
10 cm
minimum
extérieur intérieur
Panneaux sandwiches
à voiles solidaires. Largeur : 2,5 m
Panneau coupe-feu de façade
pour bâtiment industriel.
Non porteur :
Pour consulter
9 cm minimum
axim
um le chapitre suivant,
porteur : 7mm
12 cm minimum cliquer ici.
7 cm Isolant Allège
minimum 4 à 10 cm 10 cm mini.
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Panneaux sandwiches à voile extérieur librement dilatable. RETOUR AU SOMMAIRE
204
8.6 Le béton dans les sols
extérieurs et intérieurs
205
Exemple de pavés à emboîtement et épaulement.
Caractéristiques géométriques
Les pavés classiques usuels ont des sections carrées
Types de pavés (10 x 10 ou 12 x 12 cm) ou rectangulaires (10 x 20
ou 12 x 24 cm). Pour les premiers, l’épaisseur est
On distingue trois types de pavés. de 5 à 6 cm ; elle est de 6 à 7 cm pour les seconds.
• Les pavés classiques de section carrée, rectangu- Les pavés autobloquants ont généralement une
laire ou hexagonale, généralement comprise entre forme s’inscrivant dans un rectangle dont la
100 et 200 cm2. longueur est sensiblement le double de la largeur
• Les pavés autobloquants à emboîtement : ils sont (22 x 11 ou 25 x 12,5 cm) ; leur épaisseur est
de forme telle qu’après mise en place, il y ait liaison comprise entre 6 et 10 cm.
horizontale, dans une ou plusieurs directions, entre
les éléments du dallage ainsi constitué. Aspect et couleur
• Les pavés autobloquants à emboîtement et épau- L’aspect de surface peut être lisse ou rugueux. Les
lement : ils sont de forme telle qu’après mise en pavés sont bruts de démoulage ou à gravillons appa-
place, il y ait liaison horizontale et verticale entre les rents. L’emploi d’oxydes métalliques permet d’obtenir
éléments du dallage ainsi constitué. une gamme étendue de colorations, du gris au rouge
Rappelons que l’autoblocage est plus efficace en passant par les bleus ou les verts. La variété des
lorsque l’appareillage des pavés présente des lignes aspects et des colorations, complétée par les diffé-
discontinues de joints courts. Toute ligne de joints rents appareillages – en rangées, en arcs, en
droite continue dans le sens de la circulation est à damier, en chevrons ou en parquets – offrent d’infi-
éviter. nies possibilités décoratives s’intégrant aux sites les
plus variés.
Spécifications
La norme NF P 98-303 fixe les spécifications concer-
nant les caractéristiques géométriques, physiques et
mécaniques. Outre les limites de tolérances dimen-
sionnelles, très importantes pour la garantie d’un
bon raccordement des pavés entre eux, la norme
impose une limitation de la perméabilité, un critère
d’ingélivité et des seuils de résistance à l’abrasion et
à la rupture par fendage.
Mise en œuvre
Pour les zones piétonnières ou faiblement circulées,
les charges sont faibles et ne nécessitent qu’une
structure légère pour supporter les pavés.
Lorsque le terrain support est de bonne qualité et
Différents types de pose. insensible à l’eau, il suffit, après terrassement, de le
compacter et de poser les pavés sur un lit de sable
de 3 à 4 cm d’épaisseur.
www.allislam.net Pose de pavés sur un terrain porteur. Pose de pavés sur un terrain faiblement porteur.
206
Lorsque le terrain présente des caractéristiques de Caractéristiques géométriques
portance insuffisante (limon, argiles-plastiques), on
Les dalles les plus courantes sont de section carrée
réalise une couche de fondation en graves naturelles
(30 x 30, 40 x 40 ou 50 x 50 cm) ou rectangulaires
ou en graves-ciment de 8 à 10 cm pour les voies pié-
(rapport longueur/largeur voisin de 2, une des
tonnes, d’environ 15 cm lorsque la voie peut être
dimensions étant de 30, 40 ou 50 cm).
empruntée par des véhicules. Les pavés sont ensui-
te posés, comme précédemment, sur un lit de sable L’épaisseur des dalles est très variable, à partir de
de 3 à 4 cm. 3 cm, mais avec un minimum de 5 cm pour les dalles
appelées à supporter un passage de véhicules.
Les pavés sont posés soit à l’aide d’un matériel
mécanisé, soit manuellement lorsque l’appareillage Aspect et coloration
retenu impose des mélanges de teintes – ou
lorsque la surface à mettre en œuvre est faible. Les dalles présentent des aspects très variés, unis
Après bourrage au sable des joints, d’une largeur ou avec motifs. Les granulats peuvent être rendus
limitée, le pavage est damé ou compacté, surtout apparents par les techniques habituelles de grésa-
lorsqu’il s’agit de chaussées supportant un certain ge, sablage ou désactivation. La coloration du béton
trafic. est obtenue par le choix des granulats eux-mêmes
ou l’emploi de pigments minéraux.
La surface pavée doit être butée en rives pour éviter
les désordres dus aux efforts horizontaux. Ces Caractéristiques mécaniques et physiques
butées (pièces de rives, béton coulé en place, bor-
dures de trottoirs) doivent être d’autant plus solide- Les caractéristiques préconisées pour les dalles
ment ancrées que les efforts supportés par la chaus- sont précisées dans le Cahier des charges du
sée sont plus importants. Syndicat National des Fabricants de Produits en
Béton.
■ Les dalles en béton Les spécifications concernent l’ingélivité, la limitation
d’absorption d’eau et la résistance à la flexion.
Les dalles se différencient des pavés par leurs Mise en œuvre
dimensions, qui en font plutôt des produits plans
d’épaisseur faible par rapport à leur surface. Comme pour les pavés, la mise en œuvre tient
Les dalles sont davantage sollicitées en flexion que compte de la nature du terrain, plus ou moins por-
les pavés ; elles sont surtout utilisées pour les voies teur, et des charges supportées par les dalles.
piétonnes non circulées (ou très faiblement) et les En règle générale, après compactage du sol et réa-
aménagements d’espaces verts, de loisirs ou spor- lisation éventuelle d’une couche de fondation sur les
tifs. terrains faiblement porteurs, la constitution du lit de
Les gammes de dalles élaborées par les produc- pose est le plus fréquemment en sable, sur 3 à 4 cm
teurs, par leur diversité de formes, de traitement de d’épaisseur.
surface et de coloris, offrent des possibilités illimi- Plus rarement, et pour les dalles de faible épaisseur,
tées en matière d’aménagement de sols et d’inté- le lit de pose peut être constitué par un mortier dont
gration à des sites variés. le dosage en ciment n’excède pas 300 kg/m3 de
sable. Lorsque les joints sont garnis, on utilise du
Types de dalles sable fin, ou du mortier dans le cas d’un lit de pose
Réalisées en béton pressé ou coulé selon les fabri- en mortier.
cations, les dalles comportent soit un béton de La bonne tenue du revêtement dallé impose la
masse, soit un béton de masse revêtu, sur la face constitution d’une bordure de rive coulée en place ou
vue, d’un béton de parement, ou d’un revêtement en éléments préfabriqués.
souple lorsqu’elles sont destinées à des aires de Sur les toitures-terrasses accessibles ou les plages
jeux ou de sports. Des dalles comportant des plots, de piscines, les dalles sont posées sur des plots d’au
destinées aux parkings, permettent un engazonne- moins 5 cm de hauteur, afin de permettre l’écoule-
ment entre les plots (dalles-gazon) pour la réalisa- ment des eaux (se référer à la norme NF P 98-307
tion d’espaces verts, tout en assurant un drainage [DTU 43.1] « Étanchéité des toitures-terrasses »).
efficace. Les plots préfabriqués ou coulés en place compor-
tent un système de calage des dalles permettant de
régler l’appui sur chaque coin et d’assurer un écar-
tement régulier entre elles.
www.allislam.net
207
■ Caractéristiques dimensionnelles
■ Spécifications
■ Aspect et coloration
Les dalles peuvent se marier à des sols coulés en place, en béton Les coloris des dalles en béton peuvent être très
désactivé. variés. De même que pour les autres éléments en
béton, le choix des granulats de marbre, porphyre ou
quartz, ainsi que l’emploi de pigments minéraux,
Étant souvent un élément de décor, le béton, dans permettent aux fabricants d’offrir une large palette
sa partie superficielle, peut être l’objet d’un traite- s’harmonisant avec tous les décors.
ment de surface faisant ressortir son aspect esthé- Les traitements de surface – béton désactivé, gra-
tique (granulats apparents, coloration du béton). Le nulats apparents, grésage, polissage – soulignent
dénudage des granulats ou le striage du béton per- l’aspect, qui peut être aussi marqué par des formes
mettent, en outre, de répondre aux exigences de et des teintes différentes ou par des motifs en relief.
sécurité des utilisateurs, en conférant au revêtement
un caractère antidérapant, notamment en présence
d’eau.
La réalisation de ce type d’aménagements est
aujourd’hui facilitée par la possibilité de trouver chez
les fournisseurs de béton prêt à l’emploi des bétons
colorés ou armés de fibres, qui permettent à une
petite entreprise équipée d’un matériel très simple
(règle vibrante) d’exécuter ces ouvrages autrefois
réservés à des entreprises spécialisées.
Pour accroître encore les possibilités expressives du
béton coulé en place, des procédés d’impression ou
de matriçage permettent d’animer sa surface en
reproduisant des motifs variés rappelant les surfaces
pavées ou dallées.
■ Entretien et interventions
208
Pavés en béton pour égayer
les centres-villes,
les espaces piétonniers,
dalles-gazon pour drainage,
grandes dalles pour aménagements
lourds, mobilier urbain
à combinaisons multiples.
www.allislam.net
209
Les domaines d’emploi Les mêmes éléments, transposés dans les jardins,
se retrouvent dans des dimensions adaptées à un
usage privé, avec également des bordures d’allées,
Les pavés et les dalles trouvent dans les espaces
de talus ou de massifs, des murets, des piliers ou
urbains un vaste champ d’application : allées,
des clôtures.
places, trottoirs, zones piétonnes, peuvent être per-
sonnalisés et clairement délimités en jouant sur l’ap-
pareillage et les couleurs des matériaux.
Dans les lotissements, les voies de desserte, les
aires de stationnement, les espaces de jeux sont
traités de façon esthétique et durable par les solu-
tions béton. Les pavés et dalles de toutes natures
sont bien adaptés au traitement des installations
sportives, des stades, des espaces de plaisance,
des plages de piscines.
Pour consulter
le chapitre suivant,
cliquer ici.
RETOUR AU SOMMAIRE
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210
8.7 Le béton
dans les routes
L’intérêt du béton dans les routes des colorants et des traitements de surface qui
offrent de nombreuses possibilités décoratives ;
Un intérêt croissant pour les routes en béton se • le béton est un matériau simple à réaliser et à
développe dans le monde entier, tant pour la réali- mettre en œuvre.
sation des grands axes routiers et autoroutiers que
pour les voiries urbaines ou pour des applications Définitions
plus modestes, mais très nombreuses, telles que les
routes secondaires et la voirie rurale, forestière ou
de lotissement. ■ Le trafic
Les raisons principales de ce développement sont
dues à la satisfaction qu’elles apportent aux usagers Il est déterminé en fonction du nombre de poids
comme aux responsables des réseaux : lourds par jour :
• la chaussée en béton apporte à l’usager un niveau
de service élevé, associé à un niveau de sécurité
remarquable : adhérence par tous temps, absence
d’orniérage, visibilité due à une bonne réflexion de la
lumière ;
• le bilan économique à long terme est très favorable
du fait de la longévité de la chaussée béton et de son
entretien réduit ;
• le béton apporte aux chaussées ses perfor-
mances, notamment sa durabilité (résistance à la
chaleur, au froid et au gel), et sa solidité (résistance
aux charges, à l’érosion et aux agressions chi- Le dimensionnement d’une chaussée tient compte
miques) ; de la classe de trafic initiale et de la durée de servi-
• le béton permet de réaliser des chaussées inté- ce prévue, conduisant à considérer le trafic cumulé
grées à l’environnement en employant des granulats, sur cette période.
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211
■ La portance du sol Le rôle d’une chaussée est de reporter sur le sol
support, en les répartissant convenablement, les
Les sols sont classés en cinq classes de p0 à p5, efforts dus au trafic. La chaussée doit avoir une
caractérisant la capacité du sol à résister aux épaisseur telle que la pression verticale transmise
charges appliquées (voir le chapitre 8.8). au sol soit suffisamment faible, afin que celui-ci puis-
se la supporter sans dégradation.
Comme la pression décroît régulièrement en profon-
deur, on peut constituer une chaussée par la super-
position de couches de caractéristiques mécaniques
croissantes à partir du sol. En général, on rencontre
successivement.
La couche de fondation
La construction de cette couche ne pose pas de pro-
blème particulier ; la plupart des matériaux convien-
nent.
La couche de base
La construction de cette couche doit faire l’objet
d’une attention toute spéciale : le matériau utilisé doit
pouvoir résister aux contraintes résultant du
trafic.
Le rôle et la structure
de la chaussée béton
La couche de surface (ou de roulement)
Le poids du véhicule est transmis au sol, sous forme Elle doit notamment résister aux efforts tangentiels
de pressions, par l’intermédiaire des pneumatiques. des pneumatiques et s’opposer à la pénétration de
Ces pressions, voisines de la pression de gonflage l’eau.
des pneumatiques, sont relativement importantes : L’ensemble de ces trois couches constitue l’assise
6 à 7 kg/cm 2. de la chaussée.
D’une manière générale, les sols ne peuvent sup- L’avantage apporté par la chaussée béton est le
porter sans dommage de telles pressions ; il se remplacement des couches de base, de surface et,
forme alors des ornières. éventuellement, de fondation, par une dalle monoli-
thique qui remplit leurs fonctions ; c’est le principe de
la chaussée rigide.
www.allislam.net Le trafic est déterminé en fonction du nombre de poids lourds par jour.
212
■ Le béton pervibré
C’est un béton réalisé avec du ciment et des granu-
lats usuels, dosé de 300 à 350 kg de ciment par m3
de béton. La mise en œuvre se fait avec vibration
soit à l’aiguille vibrante soit avec des machines plus
élaborées allant de la poutre vibrante au finisseur ou
encore des machines à coffrage glissant.
■ Le béton fluide
Le béton fluide est un béton routier de composition
classique auquel est incorporé un fluidifiant qui faci-
lite sa mise en œuvre sans réduire sa résistance. La
fluidification du béton augmente considérablement
sa maniabilité, mesurée par l’affaissement au cône
qui passe par exemple de 5 cm à 20 cm.
■ Le béton compacté
C’est un mélange de grave, de sable, de liant, d’eau
et éventuellement d’adjuvants, ayant des caractéris-
tiques bien définies et dans des proportions don-
nées. La granulométrie est particulièrement étudiée Chaussée épaisse en dalles courtes non armées.
pour assurer une stabilité naturelle et permettre une
ouverture à la circulation quasi immédiate, après
compactage et couche de protection.
Parmi les nombreux types de béton utilisés dans les
techniques routières, on peut citer outre les bétons
usuels mentionnées ci-dessus.
■ Le béton poreux
Le béton poreux est un béton hydraulique qui se
caractérise par une porosité ouverte très importante
avec des canaux de forte section. Cette porosité se
situe entre 15 et 30 %. Elle est obtenue en suppri-
mant les gravillons intermédiaires et/ou en diminuant
la quantité de sable. Ces bétons sont intéressants
pour leurs qualités drainantes, d’adhérence, et l’af-
faiblissement du bruit de roulement.
■ Le béton de sable
C’est un matériau fabriqué en centrale et destiné à
être utilisé en assises de chaussées. Il est constitué
d’un mélange de sable, de ciment, d’eau, d’adju-
vants et éventuellement d’un correcteur granulomé-
trique.
■ Le béton de fibres Béton armé continu : armatures en fer rond ou en ruban cranté.
www.allislam.net
213
La voirie à faible trafic ■ L’assainissement
Une voie est dite « à faible trafic » lorsque le nombre Le projet d’une route à faible trafic en béton doit être
de véhicules qui y circulent est inférieur à l’équiva- conçu en fonction de la spécificité du matériau qui
lent de 150 poids lourds (essieux-types de 13 t) par est le béton de ciment.
jour, soit environ 1 500 véhicules par jour, tous En effet, par sa forte résistance aux diverses sollici-
modèles confondus. tations extérieures, en particulier à l’érosion, il per-
La route à faible trafic en béton est constituée soit met une grande variété de profils (en travers et en
d’un revêtement en béton de ciment (pervibré ou flui- long) car la chaussée elle-même peut être utilisée
de), qui sert de couche de roulement, soit d’une pour assurer le ruissellement des eaux (profil à
couche de base en béton sec compacté revêtue d’un écoulement central ou latéral, profil en toit).
enduit superficiel.
Les caractéristiques mécaniques du béton de ciment EXEMPLES DE PROFILS EN TRAVERS
(grande rigidité, forte résistance vis-à-vis de diverses
sollicitations, etc.) permettent d’apporter des simpli-
fications substantielles au niveau de la conception
de la structure, du profil en travers et du profil en
long – et, par suite, des économies notables sur l’in-
vestissement.
D’une manière générale, la réalisation d’une route
dans de bonnes conditions et son bon fonctionne-
ment dans le temps nécessitent de respecter, dans
sa conception, certaines règles fondamentales tou-
chant à l’infrastructure, à l’assainissement, au drai-
nage, aux joints et aux matériaux constituant la
chaussée.
■ L’infrastructure
EXEMPLES D’EMPRISES
CHAUSSÉE CLASSIQUE
214
■ Le drainage ■ La réalisation de la chaussée
Le plus souvent, la chaussée en béton ne nécessite Les différentes phases de réalisation de la chaussée
pas de dispositif de drainage particulier. sont les suivantes :
Cependant, pour les sols à teneur en eau élevée ou • les travaux préparatoires ;
susceptibles de présenter des accumulations d’eau, • les terrassements incluant notamment les traite-
il y a lieu de prévoir un drainage efficace, facteur ments de sols au ciment ou à la chaux ;
essentiel de durabilité de la chaussée, notamment
en matière de résistance aux cycles gel-dégel. • la mise en œuvre du béton, effectuée selon l’une
des trois techniques :
– le béton est pervibré soit à l’aiguille vibrante, soit
■ Les joints avec du matériel permettant l’exécution de l’en-
semble des opérations de mise en place du béton,
La réalisation correcte de joints destinés à localiser de vibration et de lissage (vibro-finisseur, machine à
la fissuration est une condition essentielle de la coffrage glissant) ;
durabilité de la chaussée. On distingue les joints
transversaux et les joints longitudinaux. – le béton fluide, comportant un superplastifiant, se
met en place de lui-même, sans vibration ni com-
Les joints transversaux sont destinés à réduire les pactage, entre coffrages réglés ;
sollicitations dues au retrait ou au gradient ther-
mique (joints de retrait), à compenser les variations – le béton est compacté avec un compacteur vibrant
dimensionnelles d’origine thermique (joints de dilata- en une ou deux couches selon l’épaisseur à réaliser.
tion) ou à marquer un arrêt de bétonnage (joints de
construction).
Les joints longitudinaux, servent à compenser
essentiellement les contraintes dues au gradient
thermique, sont donc des joints de retrait.
215
Les finitions ■ Le béton désactivé
Les joints sont exécutés, soit aussitôt après mise en
œuvre du béton par incorporation dans le béton frais Cette technique consiste à éliminer le mortier super-
d’un profilé en plastique, soit dans le béton durci par ficiel du revêtement en béton de façon à faire appa-
sciage avec une machine à disque diamanté. raître les granulats et à conférer à la surface des
caractéristiques particulières d’adhérence et/ou
Les traitements de surface du béton permettent de d’aspect.
créer une texture donnant une bonne adhérence sur
revêtement sec ou mouillé, et un aspect esthétique
qui peut être agrémenté par des colorations variées. ■ Le béton bouchardé
Les traitements usuels sont le brossage, le striage,
La surface du béton durci est attaquée avec un mar-
ainsi que le dénudage des granulats mécanique-
teau spécial « boucharde ».
ment ou par voie chimique.
La cure du béton frais permet d’éviter la dessiccation
du béton sous l’effet du vent ou de la chaleur. ■ Le béton imprimé
Elle est généralement réalisée par pulvérisation d’un Des matrices ou des moules spéciaux sont utilisés
produit de cure ou, plus simplement, par protection pour créer des dessins ou motifs à la surface d’un
par un film de polyéthylène ou par arrosage. béton frais.
216
hauteur, est réalisée par des goujons en acier d’en-
viron 60 cm de longueur, de diamètre 20 à 30 mm,
espacés d’environ 30 cm.
L’épaisseur
L’épaisseur de la dalle, variable selon le trafic et la
durée de service, est généralement comprise entre
20 et 28 cm.
Dans certains cas, la couche de roulement et la fon-
dation sont réunies en une seule couche de béton
qui constitue la « dalle épaisse ». Elle peut atteindre
30 à 40 cm.
217
• La mise en œuvre du béton peut se faire de deux ■ Le béton de ciment mince collé
façons : « BCMC »
– BAC monocouche : un béton homogène est dis-
posé sur toute l’épaisseur de la dalle avec une Le BCMC est une technique d’entretien superficiel
machine à coffrage glissant ; des structures bitumineuses. Il s’agit d’une technique
– BAC bicouche monobloc : deux couches de béton récente en France inspirée de celle développée par
sont disposées en une seule opération ; elles se dif- les Américains ces dix dernières années.
férencient essentiellement par la nature des granu- Elle consiste à fraiser ou à raboter la structure bitu-
lats : durs et de très bonne qualité en partie supé- mineuse dégradée sur une épaisseur adéquate et à
rieure pour assurer l’adhérence et le polissage, plus mettre en œuvre, après nettoyage de la surface, une
ordinaires et moins onéreux pour la couche inférieu- couche mince de béton de ciment (6 à 10 cm) qui
re (granulats généralement locaux). adhère parfaitement à la couche bitumineuse rési-
duelle sous-jacente.
■ Les applications du béton dans
les chaussées à moyen et fort trafic ■ Les équipements de la route
Le béton, aussi bien en dalles courtes qu’en BAC, De nombreux ouvrages en béton viennent compléter
est utilisé pour la construction d’autoroutes ou de une route ajoutant des éléments de sécurité, de
routes à fort trafic, ou pour le renforcement et la confort ou d’apport à l’environnement : séparateurs
réfection d’ancienne chaussées. en béton, caniveaux, dispositifs de drainage et d’as-
Le BAC se développe en particulier : sainissement des eaux polluées, passages pour ani-
maux.
• en renforcement de chaussées anciennes à deux
voies ou trois voies avec ou sans élargissement ;
Pour consulter
• en réfection de voie lente d’anciennes chaussées
avec ou sans conservation de la fondation en grave le chapitre suivant,
traitée existante. cliquer ici.
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218
8.8 Les traitements de sols
au ciment et à la chaux
Le traitement des sols a pour objet de rendre utili- La densité apparente d’un sol dépend, entre autres,
sable un sol qui ne présente pas les caractéristiques de sa teneur en eau. Il est donc important de déter-
requises pour servir, sans préparation, à supporter miner la teneur en eau qui, pour une énergie de
une route, un parking ou une aire industrielle. compactage donnée, fournit la compacité maximale
du sol, caractérisée par sa densité sèche.
Le traitement, au ciment ou à la chaux, des sols en
place permet d’éviter le décapage et le remplace- L’essai Proctor consiste à déterminer cet optimum à
ment par des matériaux d’apport. C’est donc une partir de plusieurs mesures de densité sèche, effec-
solution plus économique et bien adaptée à de nom- tuées sur des sols présentant une teneur en eau
breux chantiers, qui est apparue aux États-Unis au croissante. La courbe joignant les points obtenus
début du siècle, mais ne s’est développée en France passe par un maximum qui correspond à l’optimum
qu’à partir des années 70. Proctor.
Les traitements de sol procurent notamment deux
avantages :
• l’assèchement des sols permettant de les rendre
praticables aux engins de chantier ;
• l’amélioration des caractéristiques géotechniques
de façon durable (résistances mécaniques, insensi-
bilité à l’eau et au gel).
219
Traitement à la chaux avec scarificateur.
■ L’influence du traitement
sur la portance
Le traitement à la chaux
■ Les propriétés de la chaux
220
■ L’action de la chaux sur les sols
Les sols peu plastiques dépourvus d’argile (sables, Mise en œuvre du traitement
calcaires) sont traités directement au ciment, qui leur
apporte cohésion, résistance mécanique et stabilité ■ L’épaisseur de la couche à traiter
à l’eau et au gel. Il s’agit des sols de portance p3 à
p5, ou même p2, s’ils ne sont pas gorgés d’eau. Elle dépend du type de route et du trafic qu’elle sup-
porte. A titre indicatif, le tableau suivant fournit les
■ Les sols traités à la chaux ordres de grandeur pour quelques cas types :
et au ciment
221
■ Le dosage en liant 8 % du poids de sol sec, c’est-à-dire 20 à 50 kg/m 2
pour une épaisseur de 25 à 30 cm.
Traitement à la chaux
Il dépend de la teneur en eau du sol, qui peut varier ■ Les opérations à réaliser
de 10 à 25 %, ce qui conduit à utiliser un dosage de
3 à 5 % de chaux rapporté au poids de sol sec, soit Selon le traitement et la nature du sol, tout ou partie
15 à 35 kg/m 2 pour une épaisseur traitée de 30 cm. des diverses opérations d’épandage, de malaxage
et de compactage, résumées dans le tableau sui-
Traitement au ciment vant, seront effectuées.
En fonction de la nature du sol et des caractéris-
tiques recherchées, le dosage en ciment est de 4 à
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le chapitre suivant,
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222
8.9 Les ponts en béton
Pont de l’Iroise.
C’est dans le domaine des ponts, ouvrages d’art par A ces structures fondamentales dont le principe de
excellence, que les ingénieurs et architectes ont fonctionnement est simple, il faut ajouter les struc-
appliqué leurs connaissances avec la plus grande tures mixtes ou composées :
créativité, en développant des techniques auda- – le BOW-STRING ou arc sous-tendu
cieuses, originales, qui ont permis la réalisation
d'ouvrages exceptionnels par leurs portées, leurs – le pont suspendu raidi par haubanage
hauteurs ou leurs procédés de construction. C'est – le pont à HAUBANS
aussi dans ce domaine que les architectes et les Pour un ouvrage donné, le choix d’un type de struc-
ingénieurs ont pu le mieux exprimer leurs complé- ture est lié à de nombreuses contraintes dont les
mentarités. plus évidentes sont souvent la recherche esthétique
Au fil des années, les progrès des matériaux et d'intégration dans un site et les portées possibles
notamment le béton armé et le béton précontraint, entre deux appuis.
l'évolution des exigences et des moyens de calcul, Les trois structures fondamentales Structures composées
les nouvelles méthodes de mise en œuvre ont
apporté des changements profonds auxquels les
constructeurs français ont largement contribué. poutre
bow-string
Le pont, ouvrage de franchissement
arcs
Pour un pont, il existe trois structures fondamen-
tales :
– la POUTRE, structure à réactions sur appuis ver- pont suspendu raidi par
ticales, haubanage
223
appareil d'appui
TABLIER
remblai
chevêtre fondation
colonne
appui d'extrémité (pile - culée ) APPUIS
semelle
224
Une exigence constante de bétons ■ Ponts en arc en béton armé
de qualité appuyée sur un plan Les arcs sont, avec les ponts à béquilles, les struc-
d'assurance qualité tures les mieux adaptées au franchissement de val-
lées encaissées ou de gorges profondes. L’arc,
Généralement, la composition des bétons est justi- poutre courbe à réactions d’appuis obliques, à fibre
fiée par vérification de la résistance en 2 étapes : moyenne circulaire ou parabolique, ne peut être
une épreuve d'étude et une épreuve de convenance. envisagé que sur un sol de fondation de bonne résis-
Pour la formulation des bétons, outre les exigences tance (rocher sain). Il porte un tablier qui peut être
mécaniques et esthétiques, deux aspects importants placé au-dessus de l’arc (pont en arc à tablier supé-
sont pris en compte : rieur) ou au-dessous (pont en arc à tablier suspendu
ou intermédiaire).
– l'adaptation de la maniabilité du béton frais aux
conditions et moyens de mise en œuvre, L’arc proprement dit peut être :
– le respect des exigences et recommandations du – un caisson mono ou multicellulaire pour les
Laboratoire Central des Ponts et Chaussées en grandes ouvertures
matière de prévention du risque d'alcali-réaction. – des poutres pleines entretoisées pour les ouver-
Dans certains cas, la variation des conditions clima- tures moyennes.
tiques au cours des travaux peut justifier de plu- – une dalle à nervures latérales pour les faibles
sieurs formulations de béton pour un même ouvrage, ouvertures.
par exemple bétonnage par temps chaud, bétonna- Le tablier peut être une dalle armée ou précontrainte
ge par temps froid. avec ou sans nervures, une structure mixte, un tablier
à poutres précontraintes ou une poutre caisson.
Les différents types de ponts
■ Ponts à poutres
Les poutres en béton armé ou en béton précontraint
peuvent être préfabriquées. Elles sont rendues soli-
daires d'une dalle de béton armé qui assure la répar-
tition transversale des sollicitations.
■ Ponts dalles
Réalisés sur le chantier, les tabliers de ponts dalles
sont en béton armé ou en béton précontraint.
Généralement de faible épaisseur, les dalles don-
nent aux franchissements un aspect harmonieux
très élancé pour des portées importantes.
Viaduc du Crozet (A 51).
225
■ Ponts en béton précontraint construits
en encorbellement
L’encorbellement consiste à construire le tablier de
pont par tronçons à partir des piles. Les tronçons
successifs sont exécutés symétriquement de part et
d'autres de la pile. Ils peuvent être coulés en place
dans des coffrages portés par des équipages
mobiles ou préfabriqués par voussoirs. Ils sont
assemblés par des câbles de précontrainte.
Pour des portées supérieures à 70 m, on a recours
à un tablier de hauteur variable plus délicat à
construire mais, plus économique et plus esthétique.
Il peut être encastré sur les piles (encastrement
total) ou simplement posé sur une file d’appareils
d’appui (appuis simples).
Transversalement le tablier est souvent un caisson
unicellulaire, le hourdis supérieur débordant en
console de part et d’autre peut être raidi par des ner-
vures transversales éventuellement précontraintes
ou par des bracons. Il est possible d’atteindre des
largeurs de l’ordre de 30 m.
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Viaduc des Bergères.
226
■ Ponts à haubans
Le principe de ce type d’ouvrage est ancien, mais il
a eu beaucoup de difficultés pour sortir du domaine
marginal. Albert CAQUOT en 1950 à Pierrelatte,
Jean MULLER en 1975 au pont de Brotonne ont
contribué au développement de cette technique qui
a abouti avec Michel VIRLOGEUX à la réalisation du
pont de la Normandie dont la portée entre pylônes
est de 856 m.
En quelques années, le domaine d’emploi des ponts
à haubans s’est largement étendu pour des raisons
esthétiques de bonne intégration à des sites sen-
sibles. C’est une technique qui donne une très gran-
de liberté de conception architecturale.
Pont de Normandie.
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Pont de l’Iroise.
227
■ Ponts suspendus ■ Ponts à béquilles
Cette technique a été quelque peu supplantée par Bien adaptés aux vallées encaissées et aux grandes
celle des ponts à haubans et semble limitée aux très portées, cette variante d’ouvrages en arc, permet
grandes brèches à franchir d’une seule portée. Il d’éviter les lignes verticales des pylônes de ponts à
existe toutefois en France un patrimoine de quelque câbles qui peuvent s’avérer inesthétiques dans cer-
deux cents ponts de ce type, dont la plus grande par- tains sites. Tablier et béquilles sont souvent exécutés
tie est équipée de tabliers à structures métalliques en béton précontraint.
relativement flexibles.
Pour les ouvrages importants de Tancarville et de
Bordeaux (Pont d’Aquitaine), une dalle mince en
béton armé solidaire d’une tôle en acier au moyen
de connecteurs a permis d’associer le platelage à la
structure du tablier pour en améliorer la rigidité.
Dans une conception plus récente adoptée pour le
Viaduc de Chavanon, trois raisons fondamentales
ont nécessité l’exécution d’un tablier à grande rigidi-
té propre de torsion :
– le choix pour des raisons esthétiques d’une sus-
pension axiale,
– une grande largeur de tablier : 22 m,
– absence de connexion entre les pylônes et le
tablier qui file sur 360 m entre les culées sur les-
quelles il est encastré vis à vis de la torsion. Pont sur la Truyère.
Le niveau de rigidité requis est obtenu par la solida-
risation d’une dalle-hourdis en béton B40 de 0,22 m
d’épaisseur et de 22 m de largeur précontrainte
transversalement et d’un caisson métallique central
de 9 m de largeur en fibre supérieure, complété par
des bracons supportant les très larges encorbelle-
ments du hourdis béton (encorbellement de 6,50 m).
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Viaduc du Chavanon.
228
Préfabrication d’ouvrages d’art d’un hourdis en béton armé coulé en place de
25 cm d’épaisseur pour constituer le tablier. La conti-
La préfabrication est une méthode de construction nuité d’une travée à l’autre peut être assurée par une
traditionnelle des ouvrages d’art. En la matière, il y a entretoise en béton armé, ce qui permet de réduire
lieu de distinguer trois échelles très différentes de la le nombre de pièces d’appui et de concevoir des
notion de préfabrication : appuis de faible largeur.
– l'échelle de la préfabrication transportable par voie Fréquemment, la préfabrication sur le chantier de
routière qui correspond à la fabrication de pièces pièces de grandes dimensions, les voussoirs, per-
dont la masse est limitée à 25 tonnes voire 30 met de simplifier largement les conditions de mise
tonnes : préfabrication concevable en usine, en œuvre, c’est une solution applicable aux
ouvrages construits par encorbellements.
– l'échelle de la préfabrication manipulable sur
chantier au moyen d'engins spécifiques (par Dans le cas de très grands ouvrages réalisés en site
exemple fardiers) qui correspond à des éléments marin, la préfabrication sur le rivage d’éléments de
dont la masse peut atteindre 100 à 150 tonnes : pré- très grande dimension, transportables par engins flot-
fabrication foraine, tants, est possible. C’est ainsi que, pour le pont de
la Confédération reliant l’Ile du Prince Edouard au
– l'échelle du gigantisme où les éléments préfabri-
Canada, un gigantesque catamaran a été utilisé pour
qués peuvent atteindre plusieurs milliers de tonnes,
transporter et poser des fûts de piles et des fléaux :
jusqu'à 10 000 tonnes et qui ne sont transportables
énormes éléments béton de 200 m de longueur, de
que par voie maritime soit par mise en flottaison des
9000 tonnes posés à 70 mètres de hauteur.
éléments préfabriqués eux-mêmes soit au moyen
d'engins de levage et de transports exceptionnels.
Pour des portées allant jusqu’à 20 mètres entre
appuis, il est possible d’utiliser des poutres en béton
précontraint par fils adhérents préfabriquées en
usines. Sur chantier, elles sont rendues solidaires
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Pont de la Confédération.
229
Ouvrages innovants
La recherche permanente de progrès dans les maté-
riaux, dans les moyens de calcul, dans les méthodes
de mise en œuvre, dans les équipements de chan-
tier donne à chaque ouvrage significatif une origina-
lité par rapport aux précédents. La précontrainte
extérieure, les bétons de haute performance, l’appli-
cation de ciment blanc pour la réalisation des
tabliers, les bétons auto-plaçants, les adjuvants de
nouvelle génération, les possibilités de préfabrica-
tion, les modes de traitement de surface sont des
moyens à la disposition des maîtres d’ouvrage,
maîtres d’œuvre et entreprises dans lesquels il est
largement possible de trouver les sources raison-
nables d’originalité et de réussite technique.
Pont sur le Vecchio (Corse).
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230
PARTIE 9
LES RÉPONSES DU BÉTON
AUX EXIGENCES
DE SÉCURITÉ,
DE CONFORT
ET D’ENVIRONNEMENT
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9.1 La thermique
Protéger les bâtiments contre les variations ther- Les besoins énergétiques
miques, et plus particulièrement contre le froid, est d’un logement
une nécessité qui s’est affinée au fil des années
avec l’exigence de confort de leurs occupants.
Jusqu’au début des années cinquante, le chauffage Les constatations faites sur les logements et les
a assuré le maintien en température des locaux sans recherches menées en laboratoire sur maquettes ou
qu’une réglementation stricte en codifie les règles. sur modèles, ont permis de faire évoluer la connais-
Mais le rapide accroissement du coût de l’énergie et sance des phénomènes et d’établir les bases de la
la menace de raréfaction des réserves naturelles de réglementation thermique actuelle.
combustibles, ont fait prendre conscience de la A l’origine, on s’était contenté de considérer le flux
nécessité de limiter davantage la consommation de chaleur sortant, ne prenant en compte que les
d’énergie. déperditions dans le calcul d’un coefficient global de
Isoler les constructions est d’autant plus nécessaire déperdition du local : le coefficient G. Petit à petit, la
que, selon les pays, 40 à 50 % de l’énergie totale prise en compte des « apports de chaleur » (solaire,
consommée est consacrée au chauffage, domaine apports internes) et du rendement des appareils de
dans lequel le plus grand pourcentage d’économies chauffage ont permis de mieux appréhender les
peut être obtenu. C’est ainsi que l’évolution de la besoins réels, donc la consommation en énergie des
réglementation thermique conduit à réaliser depuis locaux (logements, bureaux, bâtiments industriels ou
1989 des logements consommant 50 % d’énergie en commerciaux).
moins que ceux conçus conformément à la régle-
mentation de 1974 (date du premier décret précisant ■ Les déperditions de chaleur d’un local
les exigences thermiques auxquelles doivent satis-
faire tous les logements neufs). L’ensemble des déperditions résulte de la transmis-
La RT 2000 franchit une nouvelle étape qui condui- sion de chaleur par les parois, surtout par conduc-
ra, tous les 5 ans, à réduire progressivement la tion, et de celle transmise par l’air par convection.
consommation d’énergie, de chauffage et de climati-
sation de l’ensemble des bâtiments neufs, résiden- La transmission par les parois
tiels et tertiaires. Tout matériau transmet plus ou moins bien la chaleur
et est caractérisé par sa conductivité thermique λ :
faible pour les matériaux isolants (de l’ordre de 0,040
W/m °C pour le polystyrène expansé), forte pour les
métaux (200 W/m °C pour l’aluminium). Pour le béton
usuel, elle vaut 1,75 W/m °C.
La connaissance des conductivités thermiques des
Il faut souligner que la seule isolation thermique matériaux permet de déterminer le coefficient K de
ne résoud pas tous les problèmes : globale- transmission surfacique d’une paroi quelconque, flux
ment ce n’est pas la solution qui optimise la de chaleur transmis par cette paroi, par unité de
consommation énergétique ; elle ne tient pas surface et pour un écart de température de 1 °C entre
suffisamment compte de la notion de l’intérieur et l’extérieur. On parle plus généralement
confort (aussi bien en hiver qu’en été). de la résistance thermique R d’une paroi, inverse de
Un autre facteur entre en ligne de compte grâce K qui est la somme de la résistance proprement dite
e
au rôle de stockage et de régulation qu’il joue : de la paroi (pour une paroi homogène d’épaisseur e),
l’inertie thermique de la construction. λ
et des résistances superficielles d’échange des faces
Les expérimentations ont montré que l’emploi intérieures et extérieures :
de matériaux lourds, et notamment du béton,
permettait de profiter pleinement des apports 1 1
+
solaires, donc de limiter les besoins en chauffa- hi he
ge, tout en jouant un rôle régulateur, qui évite la La valeur de R, exprimée en m2 °C / W, est donc
surchauffe des locaux en toutes saisons. (e exprimé en mètre) :
1 e 1 1
R= = + +
www.allislam.net K λ hi he
233
Pour des matériaux hétérogènes constituant les élé- déperdition Ubât, des valeurs limites (les « garde-
ments de construction, on définit des résistances fous ») pour les déperditions de certaines parois
thermiques utiles dont les valeurs sont fournies par ainsi que celles des ponts thermiques dus aux liai-
la norme P 50-702 « Règles TH-K – Règles de cal- sons planchers/murs.
cul des caractéristiques thermiques utiles des parois
de construction. ». COEFFICIENTS aI (ARRÊTÉ DU 29 NOVEMBRE 2000)
Par exemple, pour une maçonnerie non enduite
constituée de blocs creux en béton de 20 cm COEFFICIENT ai ZONES H1 et H2 ZONES H3
d’épaisseur, la résistance thermique utile Ru est de a1 (W/m2K) 0,40 0,47
l’ordre de 0,20 m2 °C / W. a2 (W/m2K) 0,23 0,30
a3 (W/m2K) 0,30 0,30
Les déperditions par renouvellement d’air
a4 (W/m2K) 0,30 0,43
Pour respirer et assurer l’hygiène en empêchant les a5 (W/m2K) 1,50 1,50
condensations de vapeur d’eau, il est nécessaire de a6 (W/m2K) 2,40 2,60
renouveler périodiquement l’air des locaux (de a7 (W/m2K) 2,00 2,35
l’ordre de 0,5 à une fois leur volume par heure). L’air
a8 (W/m2K) 0,50 0,50
froid venant de l’extérieur se réchauffe en absorbant
une certaine quantité de chaleur perdue lors de son a9 (W/m2K) (1) (2)
évacuation. a10 (W/m2K) (3) (4)
Avec :
a1.A1 + a2.A2+a3.A3+a4.A4+a5.A5+a6.A6+a7.A7+a8.L8+a9.L9+a10.L10
Ubât-réf =
A1+A2+A3+A4+A5+A6+A7
Les valeurs Ai sont les surfaces des murs, planchers 1. LES RÉFÉRENCES D’ISOLATION ZONES H1 ET H2
sous combles, toitures terrasses, planchers bas,
portes, fenêtres nues et fenêtres équipées de ferme-
ture.
Les valeurs Li sont les linéaires de planchers inter-
médiaires et de toitures terrasses, principales
sources des ponts thermiques.
Les coefficients ai sont fixés par arrêté.
La France est découpée en 3 zones climatiques
d’hiver H1, H2, H3 qui déterminent les valeurs de
référence des coefficients ai d’isolation des parois.
La réglementation RT 2000 introduit en plus du
respect d’une valeur globale des coefficients de
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234
2. LES RÉFÉRENCES D’ISOLATION ZONES H3 On verra plus loin comment l’inertie thermique du
bâtiment peut être exploitée pour améliorer le
confort thermique d’été des occupants et diminuer la
puissance nécessaire à la climatisation éventuelle
des locaux.
235
■ Par les solutions techniques agréées 2. Isolation par l’extérieur
;;
thermiques ; les voies possibles d’amélioration sem-
blent devoir s’orienter vers quatre familles de solu- Le double mur est peu développé en France ; par
tions : contre les blocs avec lame isolante ou les blocs à
;;; ;
bancher isolants existent et pourraient être dévelop-
1. Coupure thermique entre about de plancher pés à la faveur de la mise en place de la RT 2000.
; ;
et mur extérieur (rupteurs thermiques).
■ Le confort d’été
;
Il faut souligner ici l’apport novateur de la RT 2000
Mur puisque pour la première fois, le confort d’été des
;
Béton coulé bâtiments non climatisés est pris en compte dans la
Isolant en place réglementation thermique. Cette décision procède
d’un double constat : les exigences croissantes
d’isolation ainsi que les nouvelles pratiques de
construction, qui peuvent conduire à des inerties
thermiques faibles et augmentent les risques d’in-
confort.
Cependant, dans de nombreux cas, il est possible
d’obtenir un confort satisfaisant sans recours à un
Prédalle système spécifique de climatisation. L’objectif de
l’approche réglementaire est de limiter l’inconfort en
tenant compte des contraintes de l’environnement
climatique et acoustique et des possibilités tech-
Cette solution présente l’avantage d’être compatible niques et économiques.
avec les techniques constructives actuelles de gros Comme pour la limitation de la consommation
œuvre et de doublage isolant intérieur. d’énergie en réglementation thermique d’hiver le
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236
confort d’été peut être obtenu par deux voies : ZONES CLIMATIQUES D’ÉTÉ
– le calcul conformément aux règles TH-E : l’appli-
cation des caractéristiques de référence permet de
calculer la température atteinte pour une journée
type d’été (Ticréf qui prend en compte l’inertie ther-
mique du bâtiment). Cette valeur Ticref (prise au Ea
moins égale à 26 °C) est la valeur à ne pas dépas-
ser pour le projet considéré.
– la conformité à des solutions de référence qui
déterminent pour la zone climatique considérée, Eb
l’orientation des baies où l’exposition au bruit (per-
mettant ou non l’ouverture des baies la nuit, le degré
d’inertie de la construction ou la nature des protec-
tions solaires.
Ec
L’inertie thermique, facteur de confort
et d’économies d’énergie Ed
237
Lorsque le flux solaire diminue, les phénomènes Dans le cas où un plancher haut, lourd en béton, aug-
s’inversent et les parois restituent progressivement mente encore l’inertie thermique, le gain supplémentai-
l’énergie calorifique qu’elles ont emmagasinée. re de consommation est appréciable, surtout en zone
Le rôle de l’inertie des parois apparaît donc essen- H1/H2. Le confort d’été est également amélioré.Le rôle
tiel, non seulement dans la réduction des consom- de l’inertie thermique s’avère donc indiscutable :
mations annuelles, mais aussi dans le confort, c’est- l’accroissement des masses permet de diminuer les
à-dire le maintien de la régularité de la température. consommations annuelles et d’augmenter la qualité
du confort par une régulation naturelle des tempéra-
Des études menées par l’INSA de Lyon et plus récem- tures résultantes.
ment par le CSTB ont mis en évidence les avantages
de l’utilisation de matériaux lourds, et notamment du Le béton se révèle être, dans le domaine des maté-
béton, dans la construction. Les études ont été faites riaux lourds, celui qui présente le plus d’avantages
par modélisation et confirmée par des mesures sur de ce point de vue et devrait donc voir son rôle s’ac-
des cellules-types présentant le même degré d’iso- croître dans le domaine de la thermique des
lation, mais faisant appel à des conceptions diffé- constructions.
rentes.
Pour les trois cellules les plus significatives considé-
rées dans l’étude de l’INSA, allant de l’inertie la plus
faible à la plus forte, l’économie d’énergie sur une
année est de l’ordre de 20 à 30 %.
En matière de confort, les résultats ont été appréciés
à partir des mesures de la température intérieure et
du nombre d’heures où celle-ci dépassait la limite
considérée comme seuil de confort de 27°.
L’utilisation de murs en béton complétés par une isola-
tion permet à l’inertie thermique de jouer à plein son
rôle de stockage et de régulation de la chaleur. La
consommation diminue nettement (surtout en zone
H3) et le confort augmente : températures de pointe
moins élevées, pendant un nombre d’heures très dimi-
nué par rapport à une construction de faible inertie.
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238
9.2 L’acoustique
Le son
Le son est un phénomène physique qui se traduit
par la mise en vibration du milieu entourant la sour-
ce d’excitation qui en est la cause. La vibration du
milieu (généralement l’air) applique au tympan de
l’oreille une suite de variations de pressions, à l’ori-
gine de la sensation physiologique auditive.
La perception sensorielle est influencée par deux
caractéristiques importantes du son : son intensité et
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sa fréquence.
239
La fréquence exprimée en Hertz (Hz) est le nombre d’égale sensation sonore (sonie), dont le niveau d’in-
de vibrations par seconde. L’oreille fait correspondre tensité sonore décroît avec la fréquence (la percep-
à la fréquence les sensations physiologiques de hau- tion de l’oreille croît en effet à mesure que la fré-
teur du son qui permettent de distinguer les sons quence augmente jusqu’à 3 à 4 000 Hz).
graves (fréquence basse) des sons aigus (fréquence Le niveau sonore d’un bruit ainsi pondéré par fré-
élevée). L’oreille humaine perçoit les sons dont la fré- quences peut être exprimé par une seule valeur, qui
quence est comprise entre 20 et 20 000 Hz. est le niveau sonore global pondéré exprimé en
Le bruit est une association complexe de sons de dB(A).
fréquences différentes. Si on représente le niveau de Le bruit route précédemment défini correspond, par
pression sonore en fonction de la fréquence, on exemple, à un niveau global pondéré de 70 dB(A).
obtient un diagramme appelé spectre du bruit.
La capacité d’isolement d’une paroi est générale-
ment fournie avec deux valeurs, correspondant à
l’affaiblissement acoustique obtenu avec le bruit rose
d’une part, avec le bruit route d’autre part.
Un mur en blocs pleins en béton de 20 cm enduits
deux faces procure ainsi un affaiblissement R rose de
59 dB(A) et R route de 54 dB(A).
La seconde valeur (R route) est toujours plus faible
que celle de R rose, car une paroi est plus sensible
aux fréquences basses, dont le niveau d’intensité est
plus fort dans le spectre du bruit route.
240
■ La transmission des bruits
241
• parois dissemblables pour qu’elles n’aient pas la
même fréquence critique ;
• distance suffisante entre parois, car elle influe
directement sur la fréquence de résonance ;
• absorbant acoustique entre parois pour amortir les
ondes stationnaires.
Les bruits d’impact
Une paroi peut être mise en vibration directement
par un choc, ou par les pas pour un plancher.
Comme précédemment, la transmission ne se limite
pas à la paroi directement sollicitée, mais se fait éga-
lement par les parois adjacentes.
242
L’apport d’un doublage utilisant la laine minérale sur
une paroi présentant une insuffisance acoustique
peut apporter une amélioration, sous réserve que les
transmissions latérales ne soient pas prépondé-
rantes et que les ponts phoniques dus à des fissures
ou à la présence de canalisations aient fait l’objet
d’un traitement.
Il ne faut pas négliger enfin l’influence des portes
palières vis-à-vis des parties communes, ou des
conduits de ventilation qui, lorsqu’ils sont mal
conçus, peuvent faire perdre tout le bénéfice d’une
isolation correcte d’une paroi.
Les planchers doivent apporter une protection effi-
cace, à la fois contre les bruits aériens et contre les
bruits d’impact.
Pour la première condition, les règles appliquées
aux murs restent valables, en particulier le seuil de
400 à 450 kg/m2 pour la masse surfacique d’un plan-
cher à dalle pleine, obtenu avec une épaisseur de 18
Le béton isole des bruits et participe à l’acoustique interne (un conser-
vatoire de musique et l’opéra de la Bastille). cm de béton.
Les planchers avec entrevous béton satisfont égale-
ment les exigences réglementaires, à condition de
vérifier les valeurs d’affaiblissement global de l’en-
semble du plancher fournies par les producteurs, en
fonction du type et de l’épaisseur des différents élé-
ments (poutrelles, entrevous, dalles de compres-
sion).
Pour les bureaux, les hôtels, les écoles, les hôpitaux,
des exigences plus sévères doivent faire l’objet
d’une étude particulière en fonction des perfor-
mances des systèmes.
En ce qui concerne les bruits d’impact, les planchers
constitués de matériaux de module d’élasticité élevé
nécessitent un revêtement qui apporte la correction
souhaitable. Dans les pièces carrelées, on réalise
généralement une dalle flottante avec interposition
d’un matériau résilient, qui assure une désolidarisa-
tion avec le plancher et les autres parois et limite la
transmission. La désolidarisation est également la
règle pour les équipements et les canalisations :
cales souples pour les appareils sanitaires, joints
souples périphériques pour les baignoires adossées
Au centre de Toulouse, les bruits de la rue et leurs décibels. à une cloison, manchons à la traversée des parois
par les tuyaux.
243
■ Les aspects réglementaires Le label « confort acoustique » prévoit des niveaux
d’isolement améliorés de 5 dB(A), par rapport aux
Des arrêtés, remis à jour périodiquement, fixent les seuils réglementaires, selon les pièces considérées.
isolements minimaux pour les bruits extérieurs et Les seuils fixés varient entre 56 et 59 dB(A).
intérieurs pour les différentes catégories de locaux.
En ce qui concerne les logements, l’isolement
demandé vis-à-vis des bruits extérieurs (spectre
route) est d’au moins 30, 35, 40 ou 45 dB(A) selon
les zones d’exposition.
Pour les bruits intérieurs, le degré d’isolement pour
un bruit rose de 86 dB(A) est fixé à 54 dB(A) dans
les pièces principales et à 51 dB(A) dans les cui-
sines et salles d’eau.
Le niveau de pression mesuré dans la pièce de
réception, lorsque l’on produit des bruits d’impact
avec la machine à chocs normalisée, ne doit pas
excéder 61 dB(A).
La réglementation introduit aussi les bruits d’absorp-
tion qui font l’objet de spécifications.
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244
9.3 Sécurité
en cas d’incendie
Nombre d’incendies selon les activités en 1997 Dans la mémoire collective et le subconscient
humain, le feu reste encore de nos jours, un fléau
110 000 107 423 redouté, cause de paniques et de pertes importantes
en vies et en biens.
100 000
1. Tous les acteurs de la construction se doivent
d’employer les meilleures parades tant législatives
90 000
E.R.P.
que constructives et les meilleurs matériaux pour
80 000
Habitations - bureaux
Locaux industriels
le combattre et limiter ses effets dévastateurs.
Entrepôts - docks
Véhicules
2. Les interventions des sapeurs-pompiers s’élèvent
70 000 Forêt - landes - broussailles
Feux de cheminée
à près de 3,230 millions en France ; 9,95 % concer-
Autres nent les incendies (5 % en Région parisienne).
60 000
50 140 54 477 La répartition des sinistres par activités est à rap-
50 000 procher du nombre de victimes.
On note une évolution préoccupante du nombre des
Nombre d'incendies
36 857
40 000 interventions et des victimes dans les établissements
34 697 d’habitations et les bureaux (50 140) ainsi que dans
30 000 les établissements industriels et entrepôts (12 000).
20 000 Selon l’APSAD 75 % des entreprises sinistrées
déposent leur bilan.
10 000 6 217 5 663 6 280
Le coût direct des incendies s’élève à 15 milliards de
francs. Les causes des incendies sont qualifiées de
0 000 naturelles ou d’accidentelles. On retiendra que sou-
vent un facteur humain est à l’origine du sinistre.
Dans le milieu industriel, la malveillance est en pro-
gression.
Répartition du nombre des victimes d’incendie Pour lutter efficacement contre le feu, la législation a
en France, en 1997, (hors BSPP – BMPM) imposé des réglementations. Un accroissement des
exigences portant sur la conception des bâtiment et
Personnes Blessés Blessés
décédées graves légers
Etablissements
recevant 19 18 217
du public En ce qui concerne le béton, son caractère
incombustible est une évidence. Il faut, en outre,
Habitations, 150 318 1 980 souligner sa faible vitesse d’échauffement. Sou-
bureaux
mis à une température correspondant à celle
Locaux 2 24 152 d’un incendie, le béton n’atteint au bout d’une
industriels heure que 350 °C à 3 cm de profondeur et
100 °C à 7,5 cm. Ces températures sont très en
Entrepôts - 1 6 35 deçà de celles pour lesquelles les caractéris-
docks tiques du matériau sont affectées de façon sen-
Véhicules 446statistiques
2 645en cours
12 129 sible (environ 600 °C). Elles montrent l’efficacité
de la protection assurée par une paroi en béton,
Feux de forêt 8 21 91 aussi bien du point de vue de sa stabilité que de
Feux de la propagation du feu. Le béton armé, moyen-
3 25 114 nant un enrobage suffisant des armatures,
cheminées
constitue donc une solution économique et sûre
Autres 37 70 688 dans la réalisation de structures résistant au feu
Totaux partiels 220 482 3 277 et de parois jouant un rôle coupe-feu.
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245
notamment ceux recevant du public et des tra- Principes de la réglementation incendie
vailleurs, actualise les règles et les contrôles tout en
précisant les responsabilités. Des normes et essais Si la réglementation française vise essentiellement à
complètent le dispositif, permettent les classements assurer la protection des personnes, on retiendra
des matériaux et intègrent les évolutions technolo- que les assureurs préconisent des mesures propres
giques et exigences européennes. à protéger les biens.
Les grands principes tendent à :
Les directives européennes – limiter les risques d’éclosion du feu ;
– limiter la propagation de l’incendie ;
Le 21 décembre 1988, une directive du Conseil des
communautés européennes, « Directive Produits de – évacuer les personnes en danger ;
Construction » a mis en exergue tout l’intérêt des – faciliter l’intervention des secours.
législateurs Européens pour arriver à terme à une Des règles constructives assorties de prescriptions
harmonisation des règles afin d’aboutir à une libre de sécurité concernent les bâtiments neufs à modi-
circulation des produits. fier et aménager.
Six exigences essentielles ont été retenues. Parmi Elles s’appliquent aux :
elles, la sécurité en cas d’incendie doit être prise en – établissements recevant du public (ERP) ;
compte pour la bonne construction d’un ouvrage.
– immeubles de grande hauteur (IGH) ;
Un ouvrage doit être conçu et construit de manière
qu’en cas d’incendie : – bâtiments industriels et bureaux (code du travail) ;
1. La stabilité des éléments porteurs de l’ouvrage – installations classées pour la protection de l’envi-
puisse être présumée pendant une durée déter- ronnement (ICPE) ;
minée. – garages et parkings ;
2. L’apparition et la propagation du feu et de la – bâtiments d’habitation qui sont répartis en quatre
fumée à l’intérieur de l’ouvrage soient limitées. familles (les mesures de sécurité augmentent en
3. L’extension du feu à des ouvrages voisins soient fonction de la hauteur).
limitée. En ce qui concerne les (IGH) immeubles de grande
4. Les occupants puissent quitter l’ouvrage hauteur (plus de 50 m pour les habitations, 28 m
indemnes où être secourus. pour les autres bâtiments), le règlement est plus exi-
geant en matière de compartimentage, et de stabi-
5. La sécurité des Équipes de secours soit prise en lité pour éviter la propagation du feu.
compte.
Les dispositions concernant le dèsenfumage sont
Des normes d’essais et de calcul permettront la véri- également bien précisées pour les IGH et les ERP.
fication des performances des différents éléments Les fumées présentent en effet, une double action :
de construction. la toxicité et l’opacité. Il est donc nécessaire, dans
les locaux réunissant de nombreux occupants, de
minimiser le rôle direct qu’elles jouent en créant une
réaction de panique par manque de visibilité pour les
occupants, et en gênant les interventions des
secours.
Une notion globale de système de sécurité incendie
a été introduite dans le règlement de sécurité.
Connaissance du feu -
développement de l’incendie
Le feu est un phénomène dynamique compliqué qui
peut conduire à la destruction d’un bâtiment.
246
Développement d'un incendie et risques écran
combustion
gaz chauds gaz chauds
refroidissement
température
convection
extinction
embrasement
(flash over)
rayonnement rayonnement
initiation
allumage
temps
risques inflammation développement destruction
ignition des fumées, des structures
des flammes et
de la chaleur
tirage tirage
conduction
247
– la résistance au feu, c’est-à-dire le temps pen- L’arrêté du 3 août 1999 mis en application du code
dant lequel les éléments de construction peuvent précise les critères retenus pour les éléments de
jouer le rôle qui leur est dévolu malgré l’action de construction.
l’incendie. La classification est établie en tenant compte du
Le classement des matériaux est déterminé temps pendant lequel sont satisfaites les conditions
conformément à l’arrêté du 30 juin 1983 du Ministre imposées relatives à :
de l’intérieur. – la résistance mécanique ;
Il concerne les matériaux de construction finis et les – l’isolation thermique ;
revêtements appliqués sur leurs supports (pan- – ces deux critères cumulés.
neaux, plaques, films, feuilles, tubes, etc.).
Aussi, selon les fonctions particulières et le rôle
qu’est appelé à jouer au cours d’un incendie un élé-
ment de construction, son classement peut relever
Les bétons, les mortiers de ciments de trois catégories.
et de chaux sont par nature incombustibles
et classés M0 1. Classement de stabilité au feu (SF)
Le critère de résistance mécanique est requis, on
mesure le temps pendant lequel un ouvrage struc-
Classement de réaction au feu turel (poteau, poutre, voile, etc...) ou un élément
de construction soumis à une charge assurent
Incombustible M0 Béton leur fonction sans s’effondrer.
mortier 2. Classement pare-flammes (PF)
Les critères de résistance mécanique et d’étan-
Combustible M1 non inflammable chéité aux flammes et gaz chauds ou inflam-
M2 difficilement inflammable mables sont requis (paroi, cloison, porte, etc...).
M3 moyennement inflammable 3. Classement coupe-feu (CF)
M4 facilement inflammable L’élément testé doit répondre aux trois critères
NC non classé (résistance mécanique, étanchéité aux flammes
et gaz, isolation thermique).
Évolution Européenne -
Classement de réaction au feu
Dans un but d’harmonisation, la Commission
Européenne a adopté en 1999 un système de
classement en réaction au feu des produits de
construction.
Six euroclasses allant de A à F des matériaux
les moins combustibles aux plus combustibles
pourront remplacer le classement français de
M0 à M4.
Nota : le béton est les mortiers resteront Essai de plancher béton sur four horizontal
encore incombustibles – classement A.
Méthodes de classification
Les degrés de résistance au feu des éléments de
La résistance au feu construction sont déterminés par l’une des
méthodes suivantes :
La réglementation est basée sur la conception de
bâtiments susceptibles d’empêcher la propagation 1. A la suite d’essais conventionnels, isolés ou de
d’un incendie et qui ménagent des cheminements gamme ;
d’évacuation pour les occupants : c’est le principe du 2. A la suite d’essais conventionnels assortis d’es-
compartimentage des locaux. Le code de la construc- sais complémentaires ;
tion et de l’habitation précise l’objectif à atteindre 3. Après avis du CECMI, à la suite d’essais semi-
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pour la classification de la résistance au feu. naturels ou naturels ;
248
CLASSEMENT DE RÉSISTANCE AU FEU DES ÉLÉMENTS DE CONSTRUCTION
exemple : un poteau ayant satisfait au critère de résistance pendant 1 h 10 sera classé degré stable au feu 1 h (seuil directement inférieur à celui
obtenu lors de l’essai. Les classements après essais sont exprimés en degrés et en durée 1/4 h - 1/2 h - 3/4 h - 1 h - 1 h 30 - 2 h - 3 h - 4 h - 6 h.
La prévision du comportement
°C des structures en béton
1300
Les impératifs de stabilité d’un ouvrage en cas d’in-
cendie ont conduit à prévoir le comportement des
1100 structures soumises aux effets du feu et les moyens
de les calculer.
900 Les normes ont été élaborées pour répondre à ce
besoin pour les différents matériaux constitutifs :
béton, acier, bois. La prévision par le calcul du com-
700 portement au feu des structures en béton fait l’objet
de la norme P 92-701 (DTU feu béton).
Le principe de justification des structures béton
500
repose sur le calcul aux états limites ultimes de
résistance, en affectant les contraintes d’un coeffi-
300 cient minorateur dépendant de la température attein-
te dans la section considérée.
Les températures mesurées dans le béton montrent
100 leur rapide décroissance en fonction de l’éloignement
de la surface exposée au feu : après une heure d’ex-
1/2 1 1,1/2 2 3 4 position, 500 °C à 1,5 cm, 350 °C à 3 cm et 100 °C à
heures 7,5 cm de profondeur. Lorsque l’on sait que le béton
www.allislam.net dispose encore de 50 à 60 % de sa capacité de résis-
Évolution des températures selon la courbe ISO 834
249
tance à 600 °C – ce qui constitue un avantage par tats des essais effectués sur des éléments de struc-
rapport à l’acier qui, à cette température, présente un ture types, qui permettent d’apprécier leur degré de
affaiblissement de ses caractéristiques mécaniques résistance au feu. Pour les ouvrages particuliers, le
de 75 à 80 % –, on peut en conclure que la stabilité calcul peut s’avérer pratique.
d’une structure est, dans la plupart des cas, assurée • Pour les planchers et les poutres, on a intérêt à
pendant une durée largement suffisante à une inter- assurer la continuité de la transmission des efforts
vention et à l’évacuation des occupants. Exigences par des aciers disposés en partie supérieure,
essentielles de la réglementation. moins affectée en cas d’incendie.
Le dimensionnement des structures, du point de vue • L’augmentation de l’enrobage des aciers est favo-
de leur résistance au feu, est généralement délicat à rable à la stabilité au feu ; au-delà d’une certaine
déterminer par le calcul. Dans la plupart des cas, on épaisseur, l’emploi d’un treillage de protection per-
peut éviter cette démarche en se référant aux résul- met de s’opposer à l’éclatement du béton.
Dimensions Type de Référence de Date limite Degré Degré P.F. Degré Classe de
des blocs bloc N° du PV d’essai reconduction de validité C.F. résistance S.F. résistance Utilisation
10 x 20 x 50 plein CSTB 92.33345 SF.DE.97.0477 12/05/2002 1 h 30 6h - B 80 cloison
20 x 20 x 40 plein CSTB 93.35280 6h 6h 6h B 160
20 x 20 x 50 perforé CSTB RS 97023 - juin 2002 6h 6h 6h B 120 mur
15 x 20 x 50 Creux 1 CSTB 85.22776 SF.TE. 96 0240 25/02/2001 1 h 30 3h 4h B 40 porteur
rangée
d’alvéoles
15 x 20 x 50 Creux 2 CSTB 85.22031 SF.TE 95 560 19/06/2000 3h 6h 6h B 40
rangées
d’alvéoles
Les matériaux et éléments de construction cités ci-après constituent un guide. Ils ont été testés par les laboratoires agréés à la suite de
demandes d’industriels ou des centres de recherches dont le CERIB.
Photo BSPP
Dans les domaines du stockage industriel des matériaux inflammables et combustibles, le béton est un gage de sécurité fiable.
Avec le béton, le maintien des propriétés des structures est assuré. L’incendie reste limité à une zone ou un
compartiment. Ce n’est pas le cas des autres matériaux.
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250
En immeuble d’habitation, les
façades et ossatures béton assu-
Photo BSPP
photo BSPP
Rappel : Les parois en maçonnerie de blocs creux présentent un degré stable au feu et pare-flammes de 6 heures et un degré coupe-feu
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de 3 heures pour une épaisseur de 15 cm. (CF tableau précédent).
251
Les dalles pleines pour planchers
Pour les dalles isostatiques de planchers, dont les armatures au niveau des appuis sont prévus pour équilibrer
les moments de flexion, l’épaisseur cumulée de la dalle et de la chape doit respecter les valeurs suivantes.
Degré de résistance au feu d’une dalle plancher (aciers sur les appuis).
Conclusion
Le béton permet la réalisation d’éléments de
construction présentant la résistance au feu requise
avec des épaisseurs courantes sans surdimension-
nement.
Le béton est bien adapté aux exigences des
immeubles de grande hauteur et des établissements
recevant du public ou, sous réserve d’un enrobage
correct des armatures, il assure largement la résis-
tance exigée pour les structures ou pour le compar-
timentage.
Les bâtiments préfabriqués à base d’éléments en
béton ont de par leur constitution un comportement
tout à fait favorable à une bonne tenue au feu.
Il convient de souligner que si la réglementation ne Même lorsque les aciers ont été mis à nu par le feu, la dalle de
prend en considération que la protection des per- béton résiste.
sonnes, celle des biens, et donc des ouvrages, est
délaissée par le législateur. Il appartient aux assu-
rances de prendre en compte le risque incendie. Le
béton, là encore, bénéficie des meilleures prises en
compte, le maximum de réduction de la prime d’as-
surance lui est accordé.
Enfin, on notera que les bâtiments en béton, après
un incendie, offrent l’avantage de ne pas s’effondrer.
De plus, par des moyens simples (réparation de sur-
face par projection), il est généralement possible de
les remettre en état rapidement. La reprise de l’acti-
vité permet de limiter les pertes d’exploitation.
Nota
Le calcul d’éléments de structure en béton (poteaux,
poutres, dalles, etc.) est maintenant possible grâce au
logiciel CIM’Feu élaboré par le CSTB à la demande de
Cimbéton
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252
Crédit photographique
A. Bérenguier, M.-C. Bordaz, BP (Bonn), Bruel & Kjaer, C2M, Calcia, CERIB, CF/L, H. Chapon, Chapsol,
Ciments Lafarge, Ciments d’Origny, Citec, Colla, Coverland, Cridofibre, Dumez, ELF, Feder, Feder Béton,FIB,
E. Findji, D. Freppel, Photothèque Freyssinet, M. Gadreau, Archipress/Goustard, Hanry, Itinea, Lancy, LFI,
Y. Mallier, Méridionale de Travaux, M. Moch, D. Morog, Noroma, Outinord, C. Parent, B. Perret, R. Pierry,
Plâtres Lafarge, PPB, Prolifix, PTC, Ricard, P. Seisson, Setra, Sika, SNCF, Redland, Siporex, A. Tiberghien,
Thomann, TSA, Unibéton, VICAT, P. Voncken, VSL, Weber et Broutin, X… droits réservés.
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