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C OLLECTION

TECHNIQUE G10
C I M B É TO N

FICHES TECHNIQUES
2001
Nouvelle édition

FICHES TECHNIQUES

Le ciment et ses applications

Le ciment et ses applications


G10

CIM CIM
CIM

CENTRE D’INFORMATION SUR LE CIMENT ET SES APPLICATIONS


7, place de la Défense • 92974 Paris-la-Défense Cedex • Tél. : 01 55 23 01 00 • Fax : 01 55 23 01 10 CENTRE D’INFORMATION SUR
E-mail : centrinfo@cimbeton.asso.fr • internet : www.cimbeton.asso.fr LE CIMENT ET SES APPLICATIONS
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SOMMAIRE

I. LES CIMENTS 5 VII. FABRICATION, TRANSPORT


1.1 Les ciments : fabrication – propriétés 7
ET MISE EN ŒUVRE DES BÉTONS
1.2 La normalisation du ciment 13
SUR CHANTIER 133
1.3 Caractéristiques et emplois des ciments 21 7.1 Les bétons : fabrication et transport 135
7.2 Mise en œuvre du béton sur chantier 139
II. LES CHAUX 27 7.3 Le bétonnage 145
• par temps chaud
2.1 Les chaux hydrauliques naturelles 29 • par temps froid
7.4 Les coffrages de chantier 151
III. LES CONSTITUANTS 7.5 La vibration du béton sur chantier 155
DES MORTIERS ET BÉTONS 33 7.6 Les bétons autoplaçants – BAP 159
3.1 Les granulats 35
3.2 Les adjuvants 41 VIII. APPLICATIONS DES BÉTONS 163
3.3 Les fibres 47 8.1 Le béton armé 165
8.2 Le béton précontraint 177
IV. LES MORTIERS ET COULIS 51 8.3 Les bétons apparents 185
4.1 Les mortiers et coulis – généralités 53 8.4 Les produits en béton fabriqués en usine 193
4.2 Les enduits 57 8.5 Les murs coupe-feu en béton 199
4.3 Les chapes 63 8.6 Le béton dans les sols extérieurs et intérieurs 205
4.4 Les scellements et les calages 67 8.7 Le béton dans les routes 211
4.5 Les mortiers et coulis de réparation 71 8.8 Les traitements de sols au ciment 219
et à la chaux
8.9 Les ponts en béton 223
V. LE MATÉRIAU BÉTON 75
5.1 Le béton : connaissance du matériau 77 IX. LES RÉPONSES DU BÉTON
5.2 Domaines d’emploi et fonctions du béton 85 AUX EXIGENCES DE SÉCURITÉ,
5.3 Composition des bétons courants 91 DE CONFORT ET D’ENVIRONNEMENT 231
5.4 Le béton prêt à l’emploi – BPE 99
9.1 La thermique 233
5.5 Les bétons spéciaux 105
9.2 L’acoustique 239
5.6 Les bétons hautes performances – BHP 111
9.3 Sécurité en cas d’incendie 245
5.7 Les bétons fibrés ultraperformants – BFUP 117

VI. DURABILITÉ DU BÉTON 123


6.1 Définitions et facteurs influents 125
6.2 La tenue au gel 129

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PARTIE 1
LES CIMENTS

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1.1 Les ciments :
fabrication – propriétés

Cette fiche technique s’applique essentiellement au Il donne des indications précises sur les proportions
ciment Portland, notamment pour la fabrication. de calcaire et de silice nécessaires pour constituer le
mélange qui, après cuisson à la température conve-
Il existe d’autres ciments élaborés suivant d’autres nable et broyage, sera un véritable liant hydraulique
procédés, pour lesquels on trouvera des informa- fabriqué industriellement : le ciment artificiel.
tions complémentaires aux chapitres 1.2 et 1.3. L’industrie du ciment était née.
Quelques années plus tard, en 1824, l’Écossais
Un peu d’histoire Aspdin donnait le nom de Portland au ciment qu’il
fabriquait et qui égalait la pierre de cette région.
Les Romains furent sans doute les premiers à fabri-
quer des liants hydrauliques susceptibles de durcir ■ Naissance d’une industrie cimentière
sous l’eau. Pour cela, ils mélangeaient de la chaux et
des cendres volcaniques de la région de Pouzzoles. La première usine de ciment a été créée par Dupont
C’est de là qu’est venu le terme bien connu de et Demarle en 1846 à Boulogne-sur-Mer.
« pouzzolanique », qui se dit d’un matériau capable, Le développement n’a pu se faire que grâce à l’ap-
en présence d’eau, de fixer la chaux. parition de matériels nouveaux : four rotatif, et
En revanche, cette propriété d’hydraulicité du mélan- broyeur à boulets en particulier.
ge ainsi constitué est restée totalement inexpliquée Les procédés de fabrication se perfectionnèrent
jusqu’aux travaux de Louis Vicat qui élabore en 1817 sans cesse. Pour produire une tonne de clinker,
la théorie de l’hydraulicité et fait connaître le résultat constituant de base du ciment, il fallait en 1870,
de ses recherches. 40 heures, il faut actuellement environ 3 minutes.

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La production était faible en France, avant la derniè-
re guerre, comme l’indiquent les statistiques sui-
vantes :
– en 1880 : 100 000 tonnes ;
– en 1920 : 800 000 tonnes ;
– en 1938 : 3 800 000 tonnes.
Le ciment s’est surtout développé à partir de 1950
(7,4 Mt) du fait de l’essor du béton et des besoins de
la reconstruction.
La production a progressé de façon régulière jus-
qu’en 1974, où le niveau le plus haut a été atteint
avec 33,5 Mt.
En 2000, elle était de 20 Mt.

La fabrication des ciments courants


Le constituant principal des ciments est le clinker,
qui est obtenu à partir de la cuisson d’un mélange
approprié de calcaire et d’argile, en proportion
moyenne 80 % / 20 %.
Les différentes étapes de la fabrication sont les sui-
vantes.

■ Extraction et concassage

Les matières premières sont extraites de carrières


généralement à ciel ouvert. Les blocs obtenus sont
réduits, dans des concasseurs situés généralement
sur les lieux mêmes de l’extraction, en éléments
d’une dimension maximale de 50 mm.
Schéma de fabrication du ciment (voie sèche).
■ Préparation de la matière première
■ Cuisson du cru
Les grains de calcaire et d’argile sont intimement
mélangés par broyage ou délayage, dans des pro- Quelle que soit la technique de fabrication utilisée
portions définies, en un mélange très fin, le « cru ». pour élaborer le cru, les installations de cuisson sont
A cette occasion, des corrections de composition similaires et comportent deux parties.
peuvent être effectuées en incorporant en faible pro- • Un échangeur de chaleur comportant une série de
portion, bauxite, oxyde de fer... quatre à cinq cyclones dans lesquels la poudre
Le mélange cru est préparé automatiquement sous déversée à la partie supérieure progresse jusqu’à
forme de granules (voie sèche ou semi-sèche) ou de l’entrée du four. Elle se réchauffe au contact des gaz
pâte (voie semi-humide ou humide), en fonction de chauds en sortant de ce four, et se décarbonate en
la technique de fabrication utilisée. partie.
Une décarbonatation plus complète peut être obte-
■ La voie sèche nue par l’ajout d’un foyer complémentaire situé dans
le cyclone inférieur (précalcination). La poudre est
ainsi portée à une température d’environ 800 °C
C’est de très loin la plus employée aujourd’hui. La
à 1 000 °C.
matière première est préparée sous forme de
poudre. La préhomogénéisation permet d’atteindre • Un four horizontal rotatif cylindrique en tôle d’acier
un dosage parfait des deux constituants essentiels (avec revêtement réfractaire intérieur) de 60 à 90 m
du ciment par superposition de multiples couches. de long, de 4 à 5 m de diamètre, légèrement incliné
et tournant de 1 à 3 tours/minute. La matière pénètre
Une station d’échantillonnage analyse régulièrement
à l’amont du four où s’achève la décarbonatation, et
les constituants et le mélange pour en garantir la
progresse jusqu’à la zone de clinkerisation (environ
régularité.
1 450 °C). Le temps de parcours est de l’ordre de
A la sortie du hall de préhomogénéisation, le mélan- 1 heure.
ge est très finement broyé dans des broyeurs
Sous l’effet de la chaleur, les constituants de l’argile,
sécheurs, qui éliminent l’humidité résiduelle et per-
principalement composée de silicates d’alumine et
mettent d’obtenir une poudre qui présente la finesse
d’oxydes de fer, se combinent à la chaux provenant
requise ; cette poudre, le « cru », est une nouvelle
du calcaire pour donner des silicates et des alumi-
fois homogénéisée par fluidisation.
nates de calcium.
Tout en améliorant la qualité des produits, les indus-
■ Autres techniques de préparation de la triels ont fortement réduit au cours des dernières
matière années la consommation d’énergie nécessaire à la
cuisson, qui est de plus en plus apportée par des
D’autres techniques, moins employées aujourd’hui, combustibles de substitution. En outre l’industrie
consistent à agglomérer la matière sous forme de cimentière contribue à la protection de l’environne-
granules (voie semi-sèche) ou à la transformer en ment grâce au recyclage de produits industriels usa-
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une pâte fluide (voie semi-humide ou humide). gés inutilisables pour d’autres emplois.

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Les rejets des usines, sensiblement inférieurs aux Les grandeurs caractéristiques
normes, sont inférieurs à 50 mg/m3.
Le ciment se caractérise par un certain nombre de
■ Broyage du clinker critères mesurés de façon conventionnelle, soit sur
la poudre, soit sur pâte, soit sur « mortier normal »
A la fin de la cuisson, la matière brusquement refroi- (mélange normalisé de ciment, sable et eau défini
die se présente sous forme de granules qui consti- par la norme NF EN 196-1).
tuent le clinker.
Celui-ci finement broyé avec du gypse (< 5 %) pour ■ Caractéristiques de la poudre
régulariser la prise donne le ciment Portland. Les
autres catégories de ciment sont obtenues en ajou-
tant d’autres constituants tels que laitier granulé de La surface spécifique (finesse Blaine)
haut fourneau, matériaux pouzzolaniques, cendres Elle permet de mesurer la finesse de mouture d’un
volantes, schistes calcinés, calcaire, fumées de sili- ciment. Elle est caractérisée par la surface spéci-
ce, fillers. fique ou surface développée totale de tous les grains
contenus dans un gramme de ciment (norme NF EN
196-6). Elle s’exprime en cm2/g. Suivant le type de
L’utilisation du ciment ciment, cette valeur est généralement comprise
prise et durcissement entre 2 800 et 5 000 cm2/g.

Les réactions qui se passent dès le début du gâcha- La masse volumique apparente
ge et se poursuivent dans le temps sont extrême- Elle représente la masse de la poudre par unité de
ment complexes. volume (vides entres les éléments inclus).
Le ciment Portland contient quatre constituants prin- Elle est de l’ordre de 1 000 kg/m3 (1 kg par litre) en
cipaux : le silicate tricalcique 3 CaO, SiO2 ou, par moyenne pour un ciment.
abréviation, C3S ; le silicate bicalcique 2 CaO, SiO2
ou, par abréviation, C2S ; l’aluminate tricalcique La masse volumique absolue
3 CaO, Al2 O3 ou, par abréviation, C3A ; l’alumino-
ferrite tétracalcique 4 CaO, Al2 O3, Fe2 O3 ou, par Elle représente la masse de la poudre par unité de
abréviation, C4 AF. volume (vides entre les éléments exclus).
Ces constituants anhydres donnent en présence Elle varie de 2 900 à 3 150 kg/m3 suivant le type de
d’eau, naissance à des silicates, des aluminates de ciment.
calcium hydratés et de la chaux hydratée dite
Portlandite formant un gel micro-cristallin, à l’origine ■ Caractéristiques mesurées sur pâte
du phénomène dit de « prise ». ou sur « mortier normal »
C’est le développement et la multiplication de ces
micro-cristaux dans le temps qui expliquent l’aug-
mentation des résistances mécaniques. Le ciment Le début de prise
durci est une véritable « roche artificielle » qui évo- Il est déterminé par l’instant où l’aiguille de Vicat –
lue dans le temps et en fonction des conditions exté- aiguille de 1 mm 2 de section pesant 300 g – ne s’en-
rieures. fonce plus jusqu’au fond d’une pastille de pâte pure
Avant d’atteindre son stade final, l’évolution du de ciment. Les modalités de l’essai font l’objet de la
ciment passe par trois phases successives. norme NF EN 196-3.

■ Phase dormante

La pâte de ciment – ciment + eau – reste en appa-


rence inchangée pendant un certain temps (de
quelques minutes à plusieurs heures suivant la natu-
re du ciment). En fait, dès le malaxage, les premières
réactions se produisent, mais sont ralenties par la
présence du gypse.

■ Début et fin de prise

Après une à deux heures pour la plupart des


ciments, on observe une augmentation brusque de
la viscosité : c’est le début de prise, qui est accom-
pagné d’un dégagement de chaleur. La fin de prise
correspond au moment où la pâte cesse d’être défor-
mable et se transforme en un matériau rigide.

■ Durcissement

On a l’habitude de considérer le durcissement Suivant les types de ciment, le temps de début de


comme la période qui suit la prise et pendant la prise doit être supérieur à 45 minutes ou à 1 heure.
quelle l’hydratation du ciment se poursuit. La résis-
tance mécanique continue à croître très longtemps,
mais la résistance à 28 jours est la valeur conven-
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tionnelle.

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L’expansion Le progrès grâce à la recherche
Elle se mesure suivant un procédé normalisé par
la norme NF EN 196-3 et grâce aux aiguilles de La recherche a pour but l’élaboration de ciments
Le Chatelier. Il permet de s’assurer de la stabilité du appropriés aux besoins, et permettant de satisfaire
ciment. L’expansion ne doit pas être supérieure la demande des utilisateurs.
à 10 mm sur pâte pure pour tous les ciments (NF
EN 197-1). Elle porte sur les produits normalisés dont l’évolu-
tion, servie par les procédés de fabrication
Le retrait modernes, va dans le sens de la qualité, de la régu-
larité, de l’adaptation à la fonction, mais également
La mesure du gonflement dans l’eau et du retrait de l’économie d’énergie, lors de la fabrication.
dans l’air est effectuée sur prisme de 4 x 4 x 16 cm La recherche est également orientée vers la mise au
sur « mortier normal » (norme NF P 15-433). Le point de liants spéciaux destinés à des applications
retrait est limité à 0,8 mm/m ou à 1 mm/m suivant le particulières : préfabrication, travaux routiers, répa-
type de ciment. rations...
Les résistances mécaniques
Mesurées sur éprouvettes de mortier normal, elles
caractérisent de façon conventionnelle la résistance
du ciment définie par sa valeur nominale. Cette
valeur est la limite inférieure de résistance en com-
pression à 28 jours.
Les conditions précises de détermination de cette
résistance sont fournies chapitre 1.2.

La recherche sur les ciments est servie


par un appareillage très moderne.

Observation au microscope optique.

Préparation automatique des échantillons de cru sous


www.allislam.net forme de perles pour analyse par fluorescence X.

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Les différentes phases
de fabrication du ciment,
de la carrière
au stockage du clinker.

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LES USINES Dunkerque
LAFARGE ALUMINATES
(au
(au 01/01/2000)
01/01/2000) Lumbres
Dannes ORIGNY
Pont-à-Vendin
ORIGNY VICAT

Le Havre-Saint-Vigor
LAFARGE CIMENTS Ebange
ORIGNY Rombas
Ranville Gargenville CIMENTS CALCIA
CIMENTS CALCIA CIMENTS CALCIA Couvrot
CIMENTS CALCIA Héming
Brest ORIGNY
LAFARGE CIMENTS Xeuilley
Saint-Pierre-la-Cour
VICAT
LAFARGE CIMENTS Altkirch
Villiers-au-Boin ORIGNY
Frangey
CIMENTS CALCIA
LAFARGE CIMENTS
Beffes
Airvault CIMENTS CALCIA Rochefort-sur-Nénon
CIMENTS CALCIA ORIGNY

La Couronne
Montalieu
LAFARGE CIMENTS Chambéry
Créchy VICAT
VICAT
Bussac VICAT
CIMENTS CALCIA Val-d'Azergues La Pérelle
LAFARGE CIMENTS VICAT
Saint-Egrève-Voreppe
Cruas VICAT
CIMENTS CALCIA
Lafarge/Le Teil
LAFARGE CIMENTS Le Teil
LAFARGE ALUMINATES

Boucau Contes-les-Pins
Beaucaire
CIMENTS DE L'ADOUR LAFARGE CIMENTS
CIMENTS CALCIA La Grave-de-Peille
VICAT
Martres Sète La Malle
LAFARGE CIMENTS LAFARGE CIMENTS LAFARGE CIMENTS
Fos-sur-Mer
LAFARGE ALUMINATES
Port-la-Nouvelle
LAFARGE CIMENTS

Usines

ALLIER • Créchy / Vicat


ALPES-MARITIMES • Contes-les-Pins / Lafarge Ciments
• La Grave-de-Peille / Vicat JURA • Rochefort-sur-Nénon / Origny
ARDECHE • Cruas / Ciments Calcia MARNE • Couvrot / Ciments Calcia
• Lafarge / Le Teil / Lafarge Ciments MAYENNE • Saint-Pierre-la-Cour / Lafarge Ciments
• Le Teil / Lafarge Aluminates MEURTHE-ET-MOSELLE • Xeuilley / Vicat
AUDE • Port-la-Nouvelle / Lafarge Ciments MOSELLE • Ebange / Origny
BOUCHES-DU-RHÔNE • Fos-sur-Mer / Lafarge Aluminates • Héming / Origny
• La Malle / Lafarge Ciments • Rombas / Ciments Calcia
CALVADOS • Ranville / Ciments Calcia NORD • Dunkerque / Lafarge Aluminates
CHARENTE • La Couronne / Lafarge Ciments PAS-DE-CALAIS • Dannes / Origny
CHARENTE-MARITIME • Bussac / Ciments Calcia • Lumbres / Origny
CHER • Beffes / Ciments Calcia • Pont-à-Vendin / Vicat
FINISTERE • Brest / Lafarge Ciments PYRENEES-ATLANTIQUES • Boucau / Ciments de l’Adour
GARD • Beaucaire / Ciments Calcia HAUT-RHIN • Altkirch / Origny
HAUTE-GARONNE • Martres / Lafarge Ciments RHÔNE • Val-d’Azergues / Lafarge Ciments
HERAULT • Séte / Lafarge Ciments SAVOIE • Chambéry / Vicat
INDRE-ET-LOIRE • Villers-au-Bouin / Ciments Calcia SEINE-MARITIME • Le Havre-Saint-Vigor / Lafarge Ciments
ISERE • La Pérelle / Vicat DEUX-SEVRES • Airvault / Ciments Calcia
• Montalieu / Vicat YONNE • Frangey / Lafarge Ciments
• Saint-Egrève-Voreppe / Vicat YVELINES • Gargenville / Ciments Calcia

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le chapitre suivant,
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12 RETOUR AU SOMMAIRE
1.2 La normalisation
du ciment

Historique de la normalisation
européenne

Les travaux de normalisation européenne dans


le domaine des ciments ont débuté en 1969, de
façon totalement volontaire, entre les six pays signa-
taires du traité de Rome. A partir de 1973, les tra-
vaux ont été poursuivis dans le cadre du CEN, au
sein du comité technique 51 Ciment et chaux de
construction. L’objectif des travaux était double : éla-
borer des normes d’essais communes pour tous les
pays membres, et rédiger des normes de spécifica-
tions de produits.

Les normes d’essais ont été adoptées en 1987 et


1989. Dès 1990, les performances de tous les
ciments ont donc été évaluées de la même façon
dans tous les pays membres du CEN ce qui a consti-
tué un pas décisif pour la simplification des
échanges transfrontaliers.

L’adoption en 1989 de la Directive UE qui a fixé les


règles permettant la mise sur le marché des produits
de construction, a entraîné le rejet d’un projet de
norme de spécifications qui ne s’appliquait pas à
tous les ciments traditionnels et éprouvés.
La même démarche, effectuée simultanément dans
les différents pays de l’UE, a permis d’accomplir l’es-
Le CEN/TC 51 a ensuite repris ses travaux et inclus sentiel du chemin vers une norme européenne. Le
tous les ciments dans le texte qui a été adopté dernier pas a été franchi avec l’adoption le 21 mai
comme pré-norme ENV 197-1 en 1992. Cette pré- 2000 du projet de norme EN 197-1 à l’unanimité des
norme avait pour but de consacrer un certain niveau pays membres du CEN.
de consensus permettant de faire évoluer les
normes nationales pour les rapprocher et de pour-
suivre les travaux en ne considérant que les derniers La norme EN 197-1 est la première norme har-
points de divergence monisée adoptée dans le cadre défini par la directi-
ve européenne « Produits de Construction ».
A partir de cette prénorme européenne, de nom-
breux pays ont donc révisé leurs normes nationales A partir du 1er avril 2001, les états membres
pour reprendre très largement, voire totalement, les devront accepter que soient mis sur le marché les
dispositions de la prénorme européenne ENV 197-1. ciments courants conformes à la norme EN 197-1
C’est ainsi que la France adopta en 1994 la norme portant le marquage CE sur les sacs, ou sur les
NF P 15-301 relative aux ciments courants qui documents d’accompagnement pour le vrac.
conservait cependant le niveau d’exigences de la
norme précédente de 1981.
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La norme européenne EN 197-1 est publiée par Laitier granulé de haut fourneau (S)
l’AFNOR sous la référence NF EN 197-1 « Ciment –
Le laitier granulé de haut fourneau est obtenu par
partie 1 : Composition, spécifications et critères de
refroidissement rapide de la scorie fondue de com-
conformité des ciments courants ».
position convenable provenant de la fusion du mine-
Les ciments courants sont subdivisés en 5 types rai de fer dans un haut fourneau.
selon leur composition :
Le laitier granulé de haut fourneau doit présenter des
CEM I Ciment Portland propriétés hydrauliques latentes (c’est-à-dire qui se
CEM II Ciment Portland composé manifestent lorsqu’il a subi une activation conve-
CEM III Ciment de Haut Fourneau nable) pour convenir à son emploi en cimenterie.
CEM IV Ciment pouzzolanique Pouzzolanes naturelles (Z) ou naturelles calcinées (Q)
CEM V Ciment composé Les pouzzolanes naturelles sont des produits essen-
tiellement composés de silice, d’alumine et d’oxyde
Les ciments de la norme NF EN 197-1 de fer, présentant soit naturellement (lorsqu’elles
sont d’origine volcanique) soit après activation ther-
(ciments courants) mique, des propriétés pouzzolaniques.
La norme NF EN 197-1 concerne les ciments les Cendres volantes siliceuses (V) ou calciques (W)
plus courants. D’autres normes existent concernant
soit des propriétés particulières (prise mer, résistan- Les cendres volantes sont des particules pulvéru-
ce aux eaux sulfatées...) soit des ciments ayant des lentes obtenues par dépoussiérage électrostatique
normes entièrement spécifiques : ciment alumineux ou mécanique des gaz de chaudières alimentées au
fondu, ciment prompt naturel. charbon pulvérisé.
La norme NF EN 197-1 est subdivisée en trois Schistes calcinés (T)
rubriques :
Sous réserve de caractéristiques convenables défi-
• une première partie descriptive qui définit les nies dans la norme les schistes calcinés peuvent
constituants du ciment et délimite les différents types être utilisés.
de ciments ;
• une deuxième partie qui fixe les classes de résis- Calcaires, (L, LL)
tance, les spécifications mécaniques et physico-chi- Ce sont des produits obtenus par broyage fin de
miques ; roches naturelles présentant une teneur en carbona-
• une troisième partie est consacrée aux critères de te de calcium – CaCO3 – supérieure à 75 %.
conformité, les procédures de leur vérification et les
seuils de garantie. Fumées de silice (D)
Les fumées de silice sont des particules très fines
■ Définition du ciment (environ 1 µm) présentant une très forte teneur en
silice amorphe.
Le ciment est un liant hydraulique, c’est-à-dire une Elles proviennent de la réduction de quartz de gran-
matière inorganique finement moulue qui, gâchée de pureté par du charbon dans des fours à arc élec-
avec de l’eau, forme une pâte qui fait prise et durcit trique utilisés pour la production de silicium et d’al-
par suite de réactions et processus d’hydratation et liages de ferrosilicium.
qui, après durcissement, conserve sa résistance et
sa stabilité même sous l’eau. Sulfate de calcium
Le ciment est obtenu à partir d’un ou plusieurs des Le sulfate de calcium généralement du gypse doit
constituants définis ci-après. être ajouté en faible quantité aux autres constituants
du ciment au cours de sa fabrication, en vue de
■ Les constituants du ciment réguler la prise.

Ils présentent l’une ou plusieurs des propriétés sui- Constituants secondaires


vantes : Les constituants secondaires sont des matériaux
• des propriétés hydrauliques, c’est-à-dire qu’ils for- minéraux naturels ou des matériaux minéraux déri-
ment par réaction avec l’eau des composés hydratés vés du processus de fabrication du clinker ou des
stables très peu solubles dans l’eau ; constituants décrits dans les paragraphes ci-dessus,
• des propriétés pouzzolaniques, c’est-à-dire qu’ils sauf s’ils sont déjà inclus en tant que constituants
ont la faculté de former à température ordinaire, en principaux du ciment. Ils ne peuvent excéder 5 % en
présence d’eau, par combinaison avec la chaux, des masse.
composés hydratés, stables ;
Additifs
• des propriétés physiques qui améliorent certaines
qualités du ciment (accroissement de la maniabilité Les additifs sont des constituants qui ne figurent
et de la compacité, diminution du ressuage...). pas dans ceux énumérés ci-dessus et qui sont
ajoutés pour améliorer la fabrication ou les proprié-
Clinker Portland (K) tés du ciment.
Le clinker Portland est obtenu par cuisson, au moins La quantité totale des additifs doit être inférieure ou
jusqu’à fusion partielle, d’un mélange fixé avec pré- égale à 1 % en masse de ciment (exception faite des
cision de matières premières (farine crue, pâte ou pigments). La proportion des additifs organiques,
suspension) contenant du CaO, SiO2, Al2O3 appor- sous forme d’extrait sec, doit être inférieure ou égale
tés par les calcaires et argiles de roches soigneuse- à 0,5 % en masse de ciment.
ment sélectionnées. Ce constituant entre dans la
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composition de tous les ciments.

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Les différents types de ciments

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Le ciment Portland : CEM I Pour chaque classe de résistance normale, deux
classes de résistance au jeune âge sont définies,
Il contient au moins 95 % de clinker et au plus 5 %
une classe avec résistance au jeune âge ordinaire
de constituants secondaires.
(indiquée par la lettre N) et une classe avec résis-
Le ciment Portland composé : CEM II/A ou B tance au jeune âge élevée (indiquée par la lettre R).
Il contient au moins 65 % de clinker et au plus 35 %
■ Valeurs limites garanties
d’autres constituants : laitier de haut fourneau,
fumée de silice (limitée à 10 %), pouzzolane naturel- des résistances
le, cendres volantes, calcaires, constituants secon-
daires. La conformité d’un lot de ciment est appréciée pour
Il est à noter que les ciments Portland et Portland ce qui concerne la résistance à la compression en
composé englobent les ciments gris et les ciments fonction des valeurs du tableau suivant qui sont
blancs. garanties (valeurs limites inférieures).

Le ciment de haut fourneau : CEM III/A ou B…


Classe
Il contient entre 36 et 80 % de laitier et 20 à 64 % de Échéances
32,5 N 32,5 R 42,5 N 42,5 R 52,5 N 52,5 R
clinker.
2 jours - 8,0 8,00 18,0 18,0 28,0
… et CEM III/C (ex. ciment de laitier au clinker)
7 jours 14,0 - - - - -
Il contient au moins 81 % de laitier et 5 à 19 % de
clinker. 28 jours 30,0 30,0 40,0 40,0 50,0 50,0

Le ciment au laitier et aux cendres :


CEM V/A ou B
■ Les autres caractéristiques garanties
Il contient de 20 à 64 % de clinker, de 18 à 50 % de
cendres volantes et de 18 à 50 % de laitier. La norme NF EN 197-1 retient également des cri-
tères de conformité autres que les résistances :
Tous ces ciments peuvent comporter au temps de début de prise, stabilité, teneurs en sul-
plus 5 % de constituants secondaires. fates ou en chlorures. L’ensemble de ces valeurs est
récapitulé dans le tableau ci-après :
Les classes de résistance
Les autres ciments
■ Définition des classes
D’autres ciments évoqués par la norme NF EN 197-1,
Les ciments sont répartis en trois classes, 32,5 - font l’objet de normes spécifiques :
42,5 - 52,5, définies par la valeur minimale de la
résistance normale du ciment à 28 jours. Ciment prompt naturel (CNP) NF P 15-314
La résistance normale d’un ciment est la résistance Le ciment prompt naturel, à prise et durcissement
mécanique à la compression mesurée à 28 jours rapides, résulte de la cuisson à température modé-
conformément à la norme NF EN 196-1 et exprimée rée, d’un calcaire argileux de composition régulière,
en N/mm2 (1 N/mm2 = 1 MPa = 10 daN/cm2 = extrait de bancs homogènes, suivie d’un broyage
10 bars). très fin.
Pour les ciments de classes 32,5 et 42,5, il est fixé Le ciment prompt naturel est caractérisé par la pré-
une valeur maximale de la résistance normale à sence de silicates de calcium, essentiellement sous
28 jours, comme indiqué dans le tableau. forme de silicate bicalcique actif, d’aluminate de
calcium riche en alumine et de sulfo-aluminate
de calcium qui est une spécificité du produit.
Résistance à la compression (en MPa)
Ciment alumineux fondu (CA) NF P 15-315
Résistance à court terme Résistance courante
Désignation
de la classe Le ciment alumineux fondu est un liant hydraulique
à 2 jours à 7 jours à 28 jours qui résulte de la mouture, après cuisson jusqu’à la
fusion, d’un mélange composé principalement d’alu-
32,5 N – ≥ 16 mine, de chaux, d’oxydes de fer et de silice, dans
≥ 32,5 ≤ 52,5 des proportions telles que le ciment obtenu renferme
32,5 R ≥ 10 – au moins 30 % de sa masse d’alumine.
42,5 N ≥ 10 –
≥ 42,5 ≤ 62,5 Ciment de laitier à la chaux (CLX) NF P 15-306
42,5 R ≥ 20 –

52,5 N ≥ 20 –
Ciment à maçonner (CM) NF P 15-307
≥ 52,5 –
52,5 R ≥ 30 – Ciment naturel (CN) NF P 15-308

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16
Exigences chimiques définies en termes de valeurs caractéristiques des ciments courants

1 2 3 4 5
Propriétés Référence de l’essai Type de ciment Classe de résistance Exigences (a)

Perte au feu EN 196-2 CEM I toutes classes ≤ 5,0 %


CEM III

Résidu insoluble EN 196-2 (b) CEM I toutes classes ≤ 5,0 %


CEM III

32,5 N
CEM I 32,5 R ≤ 3,5 %
CEM II (c) 42,5 N
CEM IV
Sulfate (SO3) EN 196-2 CEM V 42,5 R
52,5 N ≤ 4,0 %
52,5 R

CEM III (d) toutes classes

Chlorure EN 196-21 tous types (e) toutes classes ≤ 0,10 % (f)

Pouzzolanicité EN 196-5 CEM IV toutes clases satisfait à l’essai

a) Les exigences sont données en pourcentage en masse du ciment produit fini.


b) Détermination des résidus insolubles dans l’acide chlorhydrique et le carbonate de sodium.
c) Le ciment de type CEM II/B-T peut contenir un maximum de 4,5 % de SO3 quelle que soit la classe de résistance.
d) Le ciment de type CEM III/C peut contenir un maximum de 4,5 % de SO3.
e) Le ciment de type CEM III peut contenir plus de 0,10 % de chlorure mais, dans ce cas, la tenur maximale en chlorure doit
figurer sur l’emballage et/ou le bon de livraison.
f) Pour des applications en précontrainte, les ciments peuvent être produits selon une exigence plus basse. Dans ce cas, la
valeur de 0,10 % doit être remplacée par cette valeur plus basse qui doit être mentionnée sur le bon de livraison.

Ciments à caractéristiques Ces ciments comportent la mention PM dans le car-


complémentaires normalisées touche de marquage.
Les ciments pour travaux en eaux à haute teneur
Pour certains types d’ouvrages des exigences rela- en sulfates (ES) XP P 15-319
tives aux caractéristiques des ciments peuvent être
requises ; elles font l’objet de normes spécifiques : Les eaux séléniteuses constituent un milieu particu-
lièrement agressif, qui nécessite l’emploi de ciments
Ciments pour travaux à la mer (PM) NF P 15-317 spécifiques.
Les ciments n’ont pas tous la même résistance face Ces ciments pour travaux en eaux à haute teneur en
aux attaques chimiques liées à l’environnement sulfates présentent des teneurs limitées en alumina-
marin ; l’emploi de ciments présentant de bonnes te tricalcique (C3A) qui leur permettent de conférer
caractéristiques de résistance à ces agressions est au béton une résistance accrue à l’agression des
donc nécessaire. ions sulfate au cours de la prise et ultérieurement.
Ces ciments présentent des teneurs limitées en alu- Ces ciments sont :
minate tricalcique (C3A) qui leur permettent de – des CEM I, des CEM II qui présentent des carac-
conférer au béton une résistance accrue à l’agres- téristiques complémentaires de celles définies dans
sion des ions sulfate en présence d’ions chlorure, au la norme ;
cours de la prise et ultérieurement. – des CEM III/A, B ou C, CEM V naturellement qua-
Les ciments pour travaux à la mer sont : lifiés pour cet usage ;
– des CEM I, des CEM II qui possèdent des carac- – des ciments alumineux fondus (CA), définis par la
téristiques physiques et chimiques complémen- norme NF P 15-315, ayant présenté un bon compor-
taires, tement, soit lors d’essais de longue durée, soit en
– des CEM III/A, B ou C, CEM V qui sont naturelle- ouvrages dans le milieu considéré.
ment qualifiés pour cet usage ; Ces ciments comportent la mention ES sur leur
– des ciments prompts naturels (CNP) définis par la emballage.
norme NF P 15-314 et des ciments alumineux fon-
dus (CA) définis par la norme NF P 15-315, ayant Ciments à teneur en sulfures limitée (CP)
présenté un bon comportement, soit lors d’essais NF P 15-318
de longue durée, soit en ouvrages dans le milieu
Ces ciments sont des produits dont les caractéris-
considéré.
www.allislam.net tiques sont complémentaires de celles des ciments

17
CEM I, CEM II, CEM III/A et B et CEM V, définis par
la norme.
Ces ciments trouvent leurs principales applications
dans les ouvrages de masse et certains ouvrages en
béton précontraint.
Ils comportent la mention CP sur leur emballage.

Désignation et marquage
Les ciments doivent être identifiés au moins par leur
type (chiffre romain) et par un nombre indiquant la
classe de résistance (par ex. 32,5). Pour indiquer
que le ciment a une résistance élevée au jeune âge,
la lettre R est ajoutée. Les caractéristiques complé-
mentaires éventuelles sont rappelées par un sigle
PM/ES/CP.
Exemple : un ciment Portland contenant au moins
95 % de clinker, de classe 42,5 ayant une résistan-
ce au jeune âge élevée et reconnu apte pour les tra-
vaux à la mer.

CEM I 42,5 R PM

Exemple de marquage

Certification des ciments


Depuis le 1er avril 2001, les ciments courants peu- ment du marquage CE pour attester la conformité
vent être marqués CE et ils le seront de façon obli- des ciments courants aux exigences de la norme NF
gatoire à partir du 1er avril 2002. P 15-301 de 1994 qui n’ont pas été reprises dans
Le marquage CE des ciments courants atteste leur l’EN 197-1, en particulier :
conformité à la norme harmonisée EN 197-1 et per- • un critère de régularité de composition à ± 5 % par
met à ces ciments de circuler librement au sein de rapport à une valeur déclarée pour chaque consti-
l’Espace Economique Européen. tuant ;
La marque NF volontaire, complémentaire du mar- • des temps de début de prise plus longs pour
quage CE, atteste que le ciment qui la porte est les ciments des classes 32,5 N, 32,5 R et 52,5 N et
conforme au niveau de qualité requis par le marché 52,5 R ;
français en fonction des conditions climatiques et • des résistances à court terme plus élevées pour les
environnementales ainsi que des techniques de ciments des classes 32,5 N, 32,5 R et 42,5 N.
mise en œuvre. Elle implique que le niveau de
contrôle des ciments est bien celui qui a fait la noto- Le contrôle des cimenteries correspondant à la déli-
riété et le succès de la marque NF-Liants hydrau- vrance de cette marque est assuré par le
liques. Laboratoire d’Essais des Matériaux de la Ville de
Paris.
Il a été décidé de maintenir la marque « NF-Liants
hydrauliques » certifiée par l’AFNOR, en complé-

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18
Tableau de correspondance entre anciennes et nouvelles désignations des ciments

depuis 1994 NF P 15-301 à partir de 2001 NF EN 197-1

Ciment Portland CPA - CEM I Ciment Portland CEM I

Ciment Portland
CEM II / A ou B - S
au laitier

Ciment Portland
CEM II / A - D
à la fumée de silice

Ciment Portland CEM II / A ou B - P


à la pouzzolane CEM II / A ou B - Q

Ciment Portland Ciment Portland CEM II / A ou B - V


CPJ - CEM II / A ou B
composé aux cendres volantes CEM II / A ou B - W

Ciment Portland
CEM II / A ou B - T
aux schistes calcinés

Ciment Portland CEM II / A ou B - L


au calcaire CEM II / A ou B - LL

Ciment Portland
CEM II / A ou B - M(*)
composé

Ciment de CHF - CEM III / A ou B Ciment de


CEM III / A, B ou C
haut fourneau CLK - CEM III / C haut fourneau

Ciment Ciment
CPZ - CEM IV / A ou B CEM IV / A ou B(*)
pouzzolanique pouzzolanique

Ciment au laitier
CLC - CEM V / A ou B Ciment composé CEM V / A ou B(*)
et aux cendres

(*) Les constituants, autres que le clinker, sont identifiés Pour consulter
par leur symbole entre parenthèses. Exemple : (S-V-L).
le chapitre suivant,
cliquer ici.

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19
1.3 Caractéristiques
et emplois des ciments

L’industrie cimentière met aujourd’hui à la disposition L’objet de cette documentation est de fournir suc-
de l’utilisateur un grand nombre de ciments qui pré- cessivement les caractéristiques principales sui-
sentent des caractéristiques bien définies et adap- vantes :
tées à des domaines d’emploi déterminés. • composition ;
La gamme étendue de résistances, de nature ou de • résistances mécaniques ;
vitesse de prise et de durcissement répond aux • caractéristiques garanties.
usages très divers qui sont faits du béton sur chan- Les domaines d’emploi qui découlent de ces pro-
tier ou en usine, dans le bâtiment ou les travaux priétés sont décrits ensuite, ainsi que les particulari-
publics. tés liées à la mise en œuvre ou aux restrictions
Impératifs climatiques, résistance à des agents d’emploi.
agressifs, autant de paramètres qui doivent aider à
choisir le ciment le plus approprié.
Pour faire ce choix, il importe de connaître les carac- Les ciments Portland CEM I
téristiques spécifiques des différentes catégories de
ciment prévues par la normalisation. Norme NF EN 197-1
Il convient de souligner que lorsqu’on parle de résis-
tances de ciments, il s’agit de valeurs spécifiées
dans la norme. ■ Composition
Les valeurs de résistance des bétons obtenues à
partir de ces ciments peuvent être très différentes en Les ciments Portland résultent du broyage de clinker
plus ou en moins. et de sulfate de calcium (gypse ou anhydrite) pour
C’est ainsi qu’on peut réaliser des bétons de hautes régulariser la prise, et éventuellement de consti-
performances dépassant 100 MPa de résistance à la tuants secondaires en faible quantité (inférieure
compression à partir de CEM I 42,5 ou 52,5. à 5 %). La teneur en clinker est au minimum de 95 %.

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21
■ Caractéristiques garanties ■ Précautions particulières
Pour les travaux massifs, on utilisera plutôt des
En dehors des valeurs normales des classes de ciments à faible chaleur d’hydratation initiale CP.
résistance énoncées dans le chapitre 1.2, la norme
prévoit le respect de valeurs limites garanties à 2,7
et 28 jours. Ces résistances sont mesurées sur Les ciments Portland composés
« mortier normal ». CEM II norme NF EN 197-1

■ Composition
2
Résistances minimales garanties en N/mm (1)
Classe Les ciments Portland composés résultent du mélan-
de résisistance 2 jours 7 jours 28 jours ge de clinker en quantité au moins égale à 65 % et
d’autres constituants tels que laitiers, cendres
32,5 N - 14 30 volantes, pouzzolanes, fumée de silice, dont le total
ne dépasse pas 35 %.
32,5 R 8 - 30

42,5 N 8 - 40 ■ Caractéristiques garanties


42,5 R 18 - 40
De même que pour les CEM I, des résistances mini-
52,5 N 18 - 50
males variant avec les classes sont garanties à 2,7
52,5 R 28 - 50 et 28 jours (voir tableau ci contre).
Les valeurs limites garanties concernent la teneur
(1) 1 Mega Pascal (MPa) = 10 bars = 1 N/mm2 en SO3 inférieure à 4 % (ou 4,5 % voir ci contre) et
la teneur en ions chlore inférieure à 0,10 % (0,05 %
pour la classe 52,5 R).

■ Domaines d’emploi principaux

Les CEM II 32,5 conviennent bien pour les travaux


de maçonnerie et les bétons peu sollicités.
Les CEM II 32,5 et 42,5 conviennent pour les travaux
de toute nature en béton armé ou en béton précon-
traint.
De façon générale, les CEM II sont bien adaptés
pour les travaux massifs exigeant une élévation de
température modérée, les routes et le béton manu-
facturé.
La classe R sera préférée pour les travaux exigeant
de hautes résistances initiales (préfabrication, décof-
frage rapide).
Pour les travaux en milieux agressifs, on emploiera
les ciments pour travaux à la mer (PM) ou résistants
Les caractéristiques chimiques, qui sont un facteur aux eaux sulfatées (ES).
important de la résistance des bétons à des
ambiances agressives, concernent la teneur en
anhydride sulfurique (SO3) inférieure à 4 % (4,5 % ■ Précautions particulières
pour les classes 42,5 R et 52,5), et en ions chlore
inférieure à 0,10 %. Lorsque l’aspect est important (béton brut, enduits),
il convient d’éviter l’emploi de certains CEM II com-
portant des proportions importantes de constituants
■ Domaines d’emploi principaux susceptibles d’entraîner des variations de teinte trop
marquées, les cendres volantes notamment.
Les CEM I ordinaires conviennent pour des travaux
de toute nature, en béton armé ou en béton précon-
traint. Par contre, leurs caractéristiques n’en justifient
généralement pas l’emploi pour les travaux de
maçonnerie courante et les bétons en grande masse
ou faiblement armés.
Les CEM I R conviennent pour les mêmes travaux,
mais permettent un décoffrage rapide, appréciable
notamment en préfabrication.
Les CEM I 52,5 ou 52,5 R conviennent pour les tra-
vaux de béton armé ou précontraint pour lesquels
est recherchée une résistance exceptionnelle.
Pour les travaux en milieu agressif (terrain gypseux,
eaux de mer, eaux sulfatées), on emploiera des
ciments Portland pour travaux à la mer PM, ou pour
travaux en eaux à haute teneur en sulfates ES

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22
Les ciments au laitier Les ciments à maçonner CM
norme NF EN 197-1 norme NF P 15-307

■ Composition ■ Composition

Trois types de ciments comportent des pourcen- Liant hydraulique pulvérulant fabriqué en usine et
tages de laitier assez importants. Il s’agit du ciment dont le développement de résistance est essentielle-
Portland au laitier CEM II/A et B-S, du ciment de ment dû à la présence de clinker Portland.
haut fourneau CEM II/A, B ou C et du ciment com-
posé CEM V/A et B. ■ Caractéristiques garanties
% pouzzolanes
% naturelles ou Il existe trois classes de résistance (MC 5, MC 12,5
% laitier naturelles
calcinés
et MC 22,5) selon la résistance minimum à 28 jours.
Type Notation cinker de haut
ou cendres
fourneau volantes
siliceuses Résistance à la compression
CEM III/A 35-64 36-65 - Type Résistances (à court terme) Résistances (courante)
Ciment de à 7 jours à 28 jours
CEM III/B 20-34 66-80 - en MPa en MPa
haut fourneau
CEM III/C 5-19 81-95 - MC 5 ≥5 1)
≤ 15

CEM V/A 40-64 18-30 18-30 MC 12,5


Ciment ≥7 ≥ 12,5 ≤ 32,5
composé * MC 12,5 X
CEM V/B 20-38 31-50 31-50
MC 22,5 X ≥ 10 ≥ 22,5 ≤ 42,5
1. Un taux de mise en charge de (400 ± 40) N/s doit être
* Les constituants principaux, autres que le clinker, doivent être appliqué pour les essais des éprouvettes du tye MC 5.
déclarés dans la désignation du ciment.

■ Caractéristiques garanties Le temps de début de prise ne doit pas être inférieur


à 60 mn. La teneur en SO3 est limitée à 3,5 % pour
les classes 12,5 et 22,5 et à 2,0 % pour la classe 5.
Les valeurs garanties pour la résistance sont ana-
logues à celles indiquées pour les CEM I.
La teneur en SO3 doit être inférieure à 5 % pour le ■ Domaines d’emploi principaux
CEM III/C, à 4,5 % pour les CEM III/A ou B, 4 % pour
le CEM V (4,5 % pour la classe 42,5 R et 52,5). Ces ciments, dont les résistances sont volontaire-
ment limitées par rapport aux ciments classiques,
conviennent bien pour la confection des mortiers uti-
■ Domaines d’emploi principaux lisés dans les travaux de bâtiment (maçonnerie,
enduits, crépis...).
Ces ciments sont bien adaptés aux travaux sui- Ils peuvent être également utilisés pour la fabrication
vants : ou la reconstitution de pierres artificielles.
• travaux hydrauliques, souterrains, fondations,
injections ; Ces ciments ne conviennent pas pour les bétons à
• travaux en eaux agressives : eaux de mer, eaux contraintes élevées ou les bétons armés.
séléniteuses, eaux industrielles, eaux pures ; Ils ne doivent pas être employés dans les milieux
• ouvrages massifs : fondations, piles d’ouvrages agressifs.
d’art, murs de soutènement, barrages.
Le ciment prompt naturel CNP
■ Précautions particulières
norme NF P 15-314
Les bétons de ciment au laitier sont sensibles à la
dessiccation ; il faut les maintenir humides pendant ■ Composition
le durcissement et, pour cela, protéger au besoin
leurs surfaces à l’aide d’un produit de cure. Le ciment prompt naturel est obtenu par cuisson, à
Pour cette raison, ces ciments sont à éviter dans les température modérée (1 000/1 200 °C), d’un calcai-
enduits. re argileux d’une grande régularité. La mouture est
L’aspect rèche du béton ne doit pas inciter à aug- plus fine que celle des ciments Portland.
menter la teneur en eau de gâchage.
Le ralentissement de la vitesse d’hydratation par le ■ Caractéristiques
froid plus marqué qu’avec le ciment Portland de
même classe, conduit à éviter l’emploi de ce type de Le ciment prompt naturel est un produit, à prise rapi-
ciment par temps froid. de, et à résistances élevées à très court terme.
La résistance du « mortier 1/1 » (une partie de
ciment pour une partie de sable en poids) à 1 heure
est de 6 MPa.

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23
Le début de prise commence à environ 2 mn, Début de prise : minimum 1 h 30.
s’achève pratiquement à 4 mn. Le ciment alumineux fondu développe des résis-
Le début de prise du ciment naturel prompt est de tances à court terme élevées grâce à un durcisse-
plus réglable de 3 à 15 minutes en utilisant l’adjuvant ment rapide. Il est très résistant aux milieux agressifs
Tempo (livré avec chaque sac de 25 kg) qui ne modi- et acides (jusqu’à des pH de l’ordre de 4). Il est nor-
fie pas l’évolution du durcissement. malisé pour les travaux à la mer : PM et en eaux à
haute teneur en sulfate : ES.
Une chaleur d’hydratation élevée, liée à son durcis-
sement rapide, permet au ciment fondu d’être mis en
œuvre par temps froid (jusqu’à – 10 °C). C’est éga-
lement un ciment réfractaire (bon comportement jus-
qu’à 1 300 °C).

■ Domaines d’emploi principaux

Le ciment alumineux fondu est particulièrement


adapté aux domaines suivants :
• travaux nécessitant l’obtention, dans un délai très
court, de résistances mécaniques élevées (poutres
et linteaux pour le bâtiment, sols industriels) ;
Le ciment prompt naturel est résistant aux eaux agres-
• sols résistant aux chocs, à la corrosion, aux forts
sives (eaux séléniteuses, eaux pures, eaux acides).
trafics ;
Il est normalisé pour travaux à la mer : PM. • ouvrages en milieux agricoles, canalisations,
assainissement ;
■ Domaines d’emploi principaux • fours, cheminées (bétons réfractaires) ;
• travaux de réparation ;
Le ciment prompt naturel s’utilise en mortier avec un • scellements (en mélange avec du ciment Portland
dosage généralement de deux volumes de ciment pour la préparation de mortiers à prise réglable).
pour un volume de sable, et éventuellement en
béton. Dans les cas d’urgence nécessitant une prise ■ Précautions d’emploi
immédiate (aveuglements de voies d’eau), il est pos-
sible de l’employer en pâte pure. Par temps très froid, il faut protéger le béton jusqu’au
Parmi les nombreux emplois, on peut citer : déclenchement de la phase de durcissement.
• scellements ; Dans tous les cas, le mortier ou le béton de ciment
• travaux spéciaux et travaux de réparation ; fondu doit être maintenu humide (produit de cure ou
• enduits de façade (en mélange aux chaux naturelles) ; protection) pendant toute sa période de durcisse-
• bétons projetés, moulages ; ment, pour éviter sa dessiccation.
• revêtements et enduits résistant aux eaux agres-
Le dosage minimum en ciment fondu est générale-
sives et à bon nombre d’attaques chimiques, en par-
ment de 400 kg/m3 de béton, le rapport eau/ciment
ticulier à l’acide lactique et aux déjections (bâtiments
ne doit pas dépasser 0,4.
pour l’élevage, silos) ;
• colmatage et travaux à la mer ;
• projection, travaux souterrains. Le ciments blancs
Quelques précautions sont à prendre lorsqu’on
emploie du ciment prompt naturel :
• ne pas rebattre un mortier ou lisser un enduit pour ■ Composition et caractéristiques
ne pas « casser » la prise ;
• éviter particulièrement l’excès d’eau. La teinte blanche est obtenue grâce à des matières
premières très pures (calcaire et kaolin) débarras-
sées de toutes traces d’oxyde de fer.
Le ciment alumineux fondu CA Les caractéristiques sont analogues à celles des
norme NF P 15-315 ciments Portland gris (norme NF EN 197-1).

■ Composition ■ Domaines d’emploi

Le ciment alumineux fondu résulte de la cuisson jus- Grâce à sa blancheur, le ciment blanc permet la
qu’à fusion d’un mélange de calcaire et de bauxite, mise en valeur des teintes des granulats dans les
suivie d’une mouture sans gypse à une finesse com- bétons apparents.
parable à celle des ciments Portland. La pâte peut être elle-même colorée à l’aide de pig-
ments minéraux, ce qui fournit des bétons avec une
■ Caractéristiques grande variété de teintes tant pour les bétons de
structure que pour les bétons architectoniques et les
enduits décoratifs.
Les résistances minimales garanties sur « mortier
normal » sont les suivantes. La composition du béton doit être bien étudiée en
fonction des granulats et des effets recherchés.

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24
Les bétons fabriqués à partir
des ciments appropriés à chaque
utilisation se retrouvent dans tous
les types d’ouvrages : ponts, routes,
barrages, édifices, sculptures moulées.

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25
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PARTIE 2
LES CHAUX

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2.1 Les chaux hydrauliques
naturelles

Rappel historique
Les chaux sont utilisées depuis des millénaires.
Les Chinois, les Égyptiens, les Mayas ont construit
des édifices durables avec des mortiers à base de
chaux à caractère hydraulique, obtenues par cuisson
des calcaires locaux.
Plus près de nous, les Romains puis nos ancêtres
ont utilisé les mêmes procédés pour construire des
ouvrages et des bâtiments qui font partie de notre
patrimoine.

Qu’est-ce que la chaux hydraulique


naturelle ?
La chaux hydraulique naturelle est obtenue par cal-
cination, à une température supérieure à 900 °C, de
roches calcaires qui contiennent des éléments sili-
ceux et alumineux.
Au cours de la calcination, il se forme simultanément : Cette réaction s’accompagne d’un fort dégagement
– de l’oxyde de calcium (chaux vive) provenant de la de chaleur et provoque la pulvérisation du produit.
décomposition du carbonate de calcium, constituant Les chaux éteintes sont généralement broyées.
principal du calcaire :
Les silicates et les aluminates de calcium leur don-
CaCO3 → CaO + CO2 nent la propriété de faire prise et même de durcir
Carbonate de calcium → oxyde de calcium sous l’eau. C’est à cette propriété qu’elles doivent
+ gaz carbonique leur désignation « chaux hydrauliques naturelles ».
– des silicates et des aluminates de calcium prove- Comme les chaux aériennes (calciques ou dolomi-
nant de la combinaison d’une partie de la chaux vive tiques) les chaux hydrauliques naturelles durcissent
avec les éléments siliceux et alumineux. également à l’air par carbonatation lente.
A l’issue de la calcination, les chaux sont hydratées Selon la roche ou le constituant d’origine et le traite-
pour éteindre la chaux vive non combinée ment subi, on obtient les différentes chaux figurant
CaO + H2O → Ca(OH)2 au tableau 1.
Tableau 1

Matière Calcination au-dessus Extinction par hydratation Après tamisage et broyage,


de 900 °C produits commercialisés
Calcaire siliceux et CHAUX VIVE CHAUX ÉTEINTE CHAUX HYDRAULIQUE
alumineux + silicates et aluminates + silicates et aluminates NATURELLE (NHL)*
Calcaire à faible
teneur en silice CHAUX CALCIQUE (CL)*
et alumine
CHAUX VIVE CHAUX ÉTEINTE
Calcaire dolomitique
CHAUX DOLOMITIQUE
à faible teneur en
(DL)*
silice et alumine
* Désignations issues de la normalisation européenne (ENV 459-1) - NHL : Natural hydraulic lime
- CL : Calcium lime
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- DL : Dolomitic lime
29
La fabrication des chaux hydrauliques
naturelles

■ La matière première

La roche calcaire est extraite de carrières à ciel


ouvert ou souterraines. Après abattage, elle est
concassée et criblée.

■ La cuisson

La cuisson s’effectue en général dans des fours ver-


ticaux à marche continue, dans lesquels sont intro-
duits dans la partie supérieure, par couches succes-
sives, la pierre calcaire et le combustible.
La matière descend lentement, en traversant
d’abord une zone de préchauffage, provoquant l’éva-
poration de l’eau libre et la déshydratation (vers 200
°C). Elle traverse ensuite une zone de calcination où
elle est décarbonatée (à partir de 900 °C).
La zone de cuisson proprement dite, où se forment
les silicates et aluminates de calcium, se situe à une
température variant entre 1 000 °C et 1 200 °C selon
la qualité de chaux recherchée.

■ L’extinction

La chaux recueillie à la sortie du four passe alors par


une extinction contrôlée où, sous l’action de l’eau, la
pierre se pulvérise et la chaux vive est éteinte com-
plètement, tout en respectant les silicates et alumi-
nates qui lui donnent naturellement son caractère
hydraulique.

■ Le broyage

Le matériau obtenu est généralement broyé, avec ou ■ Caractéristiques physiques


sans addition d’autres constituants.
et chimiques
La normalisation des chaux La norme fixe des valeurs inférieures ou supérieures
hydrauliques naturelles (NHL) pour un certain nombre de caractéristiques comme :
Norme NF P 15-311 • la finesse de mouture : refus aux tamis
– de 90 µm (0,09 mm) ^ 7 %
– de 200 µm (0,2 mm) ^ 2 %
■ Classes de résistance A titre indicatif ces valeurs correspondent à
une surface spécifique Blaine de 8 000 cm2/g à
Les chaux hydrauliques naturelles (NHL) sont clas- 10 000 cm2/g.
sées en fonction de leur résistance à 28 jours expri- • stabilité : l’expansion doit être inférieure ou égale à
mée en N/mm 2 ou MPa (1 N/mm2 = 1 MPa). Il existe 2 mm.
3 classes de résistance désignées par la valeur mini-
male : 2 ; 3,5 et 5. A chaque classe correspond une • eau libre ^ 2 % (NHL 2 et 3,5) et ^ 1 % (NHL 5).
plage de variation entre cette valeur minimale et une • CO2 ^ 20 % (NHL 2) ; ^ 18 % (NHL 3,5) ; ^ 16 %
valeur maximale, comme indiqué au tableau 2. (NHL 5).
• chaux libre 6 15 %.
En outre la norme fournit des plages indicatives de
Tableau 2. masse volumique apparente en kg/dm3 :
– NHL 2 : 0,4 à 0,8
Résistances à la compresssion – NHL 3,5 : 0,5 à 0,9
Classes en MPa (ou N/mm2) – NHL 5 : 0,6 à 1,0.
7 jours 28 jours
2 -- 2à5 ■ Désignation
3,5 ≥ 1,5 3,5 à 10
La désignation comprend les lettres NHL suivies de
5 ≥2 5 à 151)
la classe de résistance (exemple : NHL 3,5).
1) Si NHL 5 a une masse volumique apparente inférieure à 0,90 kg/dm3, Lorsqu’une addition de matériaux pouzzolaniques
il est permis d'avoir une résistance jusqu'à 20 MPa. ou hydrauliques est effectuée dans la limite de 20 %
comme l’autorise la norme, la chaux hydraulique
www.allislam.net naturelle est désignée NHL-Z.

30
Les emplois des chaux hydrauliques L’utilisation de la chaux hydraulique naturelle sur les
naturelles maçonneries anciennes permet de limiter les risques
de fissuration et les désordres divers. Il est par
contre essentiel de réaliser des études préalables
Les mortiers de chaux hydraulique naturelle trouvent lorsqu’il est envisagé de mettre en œuvre, à l’exté-
leurs applications essentiellement dans le bâtiment, rieur, des mortiers de chaux hydraulique sur des
où leurs qualités sont appréciées pour les enduits, supports à base de plâtre.
les menus ouvrages en maçonnerie, la pose de car-
relages anciens, le jointoiement et la consolidation
de murs, les badigeons et d’une façon générale,
pour les travaux de restauration.

■ Les enduits

La chaux hydraulique naturelle est un liant clair qui,


mélangé aux sables locaux, assure une parfaite res-
titution des enduits anciens. Additionnée de pig-
ments elle permet également de fabriquer des mor-
tiers présentant une vaste palette de teintes écla-
tantes.
Les nombreuses qualités de la chaux hydraulique
naturelle, notamment plasticité et adhérence, ren-
dent son emploi très intéressant et très efficace dans
la confection des enduits intérieurs et extérieurs où
la résistance de l’enduit doit être adaptée à celle des
supports tendres.

■ Enduits pour le bâti neuf

Les recommandations pour la composition des mor- ■ Les badigeons


tiers à base de chaux hydrauliques naturelles
sont détaillées dans la norme P 15-201 « DTU 26.1. Les chaux hydrauliques naturelles conviennent bien
Travaux de bâtiment. Enduits aux mortiers de ciments, pour la confection de laits de chaux ou badigeons,
de chaux et de mélange plâtre et chaux aérienne. » (1). qui peuvent être colorés dans la masse. Ces chaux
sont suffisamment fines et riches en hydroxyde de
calcium pour rester en suspension aqueuse et don-
ner un lait de chaux utilisable au moyen d’un pinceau
ou d’un pulvérisateur.

■ Enduits sur maçonneries anciennes

La chaux hydraulique naturelle est particulièrement


adaptée à la restauration des constructions
anciennes et des monuments historiques (églises,
tours, châteaux). Ces ouvrages ont souvent été
construits en utilisant des chaux hydrauliques natu-
relles.

1. Compte tenu de sa date de publication, le DTU 26.1 fait réfé-


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rence à la norme NF P 15-310 de 1969 et à ses désignations.

31
■ Mortiers de pose et de jointoiement teneur en eau, de faciliter leur compactage et d’amé-
liorer fortement leurs propriétés mécaniques de
Grâce à ses qualités de plasticité et d’adhérence aux résistance.
supports, la chaux hydraulique naturelle est bien
adaptée au hourdage et au jointoiement de blocs, Traitement des boues résiduaires urbaines
briques et pierres. Elle peut être employée pure ou L’addition de chaux hydrauliques naturelles permet
bâtardée selon la vitesse de durcissement souhai- non seulement l’aseptisation, mais aussi un durcis-
tée. sement du matériau traité favorisant son pelletage.
Neutralisation d’eaux acides
Les chaux hydrauliques naturelles peuvent être utili-
sées comme agent correcteur du pH d’effluents
liquides.

■ Coulis de consolidation

Certaines maçonneries anciennes ont été hourdées


à la terre. Au fil des ans celle-ci s’est délitée, tassée
ou a fui à travers les joints dégradés du parement.
On les consolide en injectant en aveugle un coulis de
chaux hydraulique naturelle par assises successives
au fur et à mesure de l’avancement du rejointoie-
ment du parement.

■ Autres utilisations possibles hors


bâtiment

Stabilisation des sols


Les sols fins argileux, limoneux, sablonneux peuvent
être malaxés avec les chaux hydrauliques naturelles
(3 à 5 % en poids). Ceci a pour but d’abaisser leur

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32
PARTIE 3
LES CONSTITUANTS

DES MORTIERS
ET BÉTONS

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3.1 Les granulats

Le rôle des granulats pour bétons Les caractéristiques des granulats


Les granulats pour bétons – norme de définition ■ Les caractéristiques géométriques
XP P 18-540 – sont des grains minéraux classés en
fillers, sablons, sables, gravillons, graves ou ballasts,
suivant leurs dimensions comprises entre 0 et Granulométrie
125 mm.
La granulométrie permet de déterminer l’échelonne-
Selon un concept traditionnel, les granulats consti- ment des dimensions des grains contenus dans un
tuent le squelette du béton. granulat.
Les granulats, qui sont généralement moins défor- Elle consiste à tamiser le granulat sur une série de
mables que la matrice de ciment, s’opposent à la tamis à mailles carrées, de dimensions d’ouverture
propagation des microfissures provoquées dans la décroissantes et à peser le refus sur chaque tamis.
pâte par le retrait. Ils améliorent ainsi la résistance Les ouvertures carrées des tamis sont normalisées
de la matrice. et s’échelonnent de 0,08 mm à 80 mm.
La nature des liaisons qui se manifestent à l’interfa- La courbe granulométrique exprime les pourcen-
ce granulat/pâte de ciment, conditionne les résis- tages cumulés, en poids, de grains passant dans les
tances mécaniques du béton. tamis successifs.
Le choix d’un granulat est donc un facteur important
de la composition du béton, qui doit toujours être
étudiée en fonction des performances attendues,
spécialement sur le plan de la durabilité.

EXEMPLE DE COURBES GRANULOMÉTRIQUES


D’UN SABLE ET DE DEUX GRAVILLONS

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35
Classes granulaires Il est donc important de connaître la teneur en eau
des granulats ; on peut l’obtenir de façon rapide sur
Un granulat est caractérisé du point de vue granulai-
chantier, par séchage et pesée.
re par sa classe d/D, d et D étant respectivement la
plus petite et la plus grande dimension des grains. Porosité
Lorsque d est inférieur à 2 mm, le granulat est dési-
gné 0/D. C’est le rapport du volume des vides contenus dans
La norme XP P 18-540 indique la terminologie les grains au volume des grains, exprimé en pour-
usuelle des granulats selon leurs dimensions : centage. La porosité des granulats courants est en
général très faible. Cependant, la porosité est impor-
– Fillers 0/D : D < 2 mm tante dans le cas des granulats légers.
– Sablons 0/D : D < 1 mm
– Sables 0/D : 1 < D < 6,3 mm Propreté des granulats
– Gravillons d/D : d > 1 mm ; D < 125 mm
– Graves 0/D : D > 6,3 mm Les granulats employés doivent être propres, car les
– Ballast d/D : d 6 25 mm ; D ≤ 50 mm impuretés perturbent l’hydratation du ciment et
entraînent des défauts d’adhérence entre les granu-
De façon pratique, la composition du béton peut faire
lats et la pâte.
appel à une granularité discontinue (par exemple un
sable 0/5 et un gravillon 15/25). La propreté est caractérisée par la teneur en parti-
cules fines (< 0,5 mm) essentiellement argileuses ou
Cette formule permet de limiter les stockages d’un
d’origine végétale ou organique dont la valeur
trop grand nombre de classes granulaires, en ne
acceptable P mesurée conformément à la norme
nécessitant que deux classes faciles à trouver chez
P 18-591 en ce qui concerne les granulats > 2 mm
les distributeurs de granulats.
doit être < 1,5.
La granulométrie continue (par exemple à partir de
Dans le cas des sables, le degré de propreté est
trois granulats 0/5, 5/15, 15/25) nécessite des
fourni par l’essai appelé « équivalent de sable piston
dosages plus précis et des installations qui ne peu-
PS » (norme P 18-597) qui consiste à séparer le
vent se concevoir que pour des chantiers importants
sable des particules très fines qui remontent par flo-
ou des centrales de fabrication de béton.
culation à la partie supérieure de l’éprouvette où l’on
Module de finesse a effectué le lavage. L’essai est fait uniquement sur la
fraction de sable 0/2 mm. La valeur de PS doit selon
La norme XP P 18-540 définit : le module de finesse les cas être supérieure à 60 ou 65.
d’un sable qui caractérise sa granularité comme le
1/100 ème de la somme des refus, exprimés en
pourcentages, sur les différents tamis de la série sui-
vante : 0,16 - 0,315 - 0,63 - 1,25 - 2,5 - 5,0 mm. Pour L’essai dit d’« équivalent
un sable 0/5, il est recommandé d’avoir un module de sable » permet
de finesse voisin de 2,5. de mesurer le degré
de propreté du sable.
Coefficient d’aplatissement
Il caractérise la forme du granulat à partir de sa plus h1
grande dimension et de son épaisseur. La norme PS = 100
h2
NF P 18-561 définit les modalités de sa mesure.

■ Les caractéristiques physico-chimiques

Masse volumique en vrac,


encore appelée masse volumique apparente
C’est la masse du granulat sec occupant l’unité de
volume.
Elle dépend du tassement des grains. Elle se mesu-
re conformément à un mode opératoire précis
(normes NF P 18 554 et 18 555).
Elle est comprise entre 1 400 kg/m3 et 1 600 kg/m3
pour les granulats roulés silico-calcaires.
La masse volumique réelle du granulat (vides entre
grains exclus) est nettement plus élevée : de 2 500 à
2 600 kg/m3 pour les mêmes granulats.
Sur chantier, les granulats contiennent un certain
pourcentage d’humidité, d’autant plus important que
le granulat est fin.
La conséquence en est, pour les sables, une expan-
sion en volume désignée sous le nom de « foison-
nement ». Il peut atteindre 20 à 25 % pour des
teneurs en eau de 4 à 5 %, ce qui modifie les
dosages lorsqu’on raisonne en volume.

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36
Il faut souligner l’importance de la propreté des gra- Lorsque la catégorie F est retenue, les limites supé-
nulats sur la qualité du béton qui influe autant sur sa rieures doivent obligatoirement être fixées.
mise en œuvre que sur ses performances finales, en On se reportera à la norme de référence pour les
abaissant l’adhérence pâte de ciment/granulats. Il spécifications telles que propreté, sensibilité au gel
faudra donc être particulièrement exigeant sur cette ou teneurs limites en impuretés.
caractéristique, et au respect des spécifications la
concernant.
D’autres impuretés sont susceptibles de nuire aux Les différents types de granulats
qualités du béton. Il s’agit de particules organiques
qui peuvent perturber son durcissement, de sels tels Les granulats utilisés pour le béton sont soit d’origine
que les sulfates ou les sulfures, qui sont à l’origine naturelle, soit artificiels.
de phénomènes de gonflement ou de taches.
Enfin, les corps étrangers (lignites ou scories) sont à ■ Les granulats naturels
proscrire.
Origine minéralogique
■ Les caractéristiques mécaniques Parmi les granulats naturels, les plus utilisés pour le
béton proviennent de roches sédimentaires sili-
Méthodes de mesures ceuses ou calcaires, de roches métamorphiques telles
que les quartz et quartzites, ou de roches éruptives
Les caractéristiques mécaniques des granulats ne
telles que les basaltes, les granites, les porphyres.
sont pas déterminées par des essais habituels de
traction ou de compression. Par contre, il existe des Granulats roulés et granulats de carrières
essais tentant de reproduire certaines sollicitations
propres à des usages spécifiques des granulats, par Indépendamment de leur origine minéralogique, on
exemple le degré d’usure pour les granulats utilisés classe les granulats en deux catégories.
pour les bétons routiers. • Les granulats alluvionnaires, dits roulés, dont la
• Essai Micro Deval forme a été acquise par l’érosion.
Ces granulats sont lavés pour éliminer les particules
C’est un essai dont le principe est de reproduire, argileuses, nuisibles à la résistance du béton et cri-
dans un cylindre en rotation, des phénomènes blés pour obtenir différentes classes de dimension.
d’usure. Les modalités de cet essai font l’objet de la
norme NF P 18-572. Bien qu’on puisse trouver différentes roches selon la
région d’origine, les granulats utilisés pour le béton sont
• Essai Los Angeles le plus souvent siliceux, calcaires ou silico-calcaires.
Le principe de cet essai est la détermination de la • Les granulats de carrière sont obtenus par abattage
résistance à la fragmentation par chocs et à l’usure et concassage, ce qui leur donne des formes angulaires.
par frottements réciproques. Il fait l’objet de la norme Une phase de précriblage est indispensable à l’ob-
NF P 18-573. tention de granulats propres. Différentes phases de
Le coefficient Los Angeles calculé à partir du pas- concassage aboutissent à l’obtention des classes
sant au tamis de 1,6 mm, mesuré en fin d’essai, granulaires souhaitées.
caractérise le granulat. Les granulats concassés présentent des caractéris-
Pour des granulats susceptibles d’être soumis aux effets tiques qui dépendent d’un grand nombre de para-
du gel, on peut mesurer le coefficient Los Angeles après mètres : origine de la roche, régularité du banc,
une série de 25 cycles gel/dégel (– 25 °C, + 25 °C) et degré de concassage... La sélection de ce type de
le comparer au coefficient de référence. granulats devra donc être faite avec soin et après
La valeur du coefficient LA est limitée à 30 pour les accord sur un échantillon.
usages autres que routiers.
■ Les granulats artificiels
Spécifications
La norme XP P 18-540 distingue les « granulats Sous-produits industriels, concassés ou non
pour chaussées y compris les chaussées en Les plus employés sont le laitier cristallisé concassé
béton hydraulique » et les granulats pour « mor- et le laitier granulé de haut fourneau obtenus par
tiers et bétons hydrauliques »… refroidissement à l’eau.
Les granulats sont classées en 6 catégories allant La masse volumique apparente est supérieure à
de A à F, chacune d’elle devant satisfaire les condi- 1 250 kg/m3 pour le laitier cristallisé concassé,
tions suivantes : 800 kg/m3 pour le granulé.
Ces granulats sont utilisés notamment dans les
bétons routiers ou pour les bétons réfractaires. Les
différentes caractéristiques des granulats de laitier et
leurs spécifications font l’objet des normes NF P 18-302
et 18-306.
D’autres sous-produits sont également utilisés : sco-
ries, mâchefer...
Granulats industriels à hautes caractéristiques
Il s’agit de granulats élaborés spécialement pour
répondre à certains emplois, notamment granulats
très durs pour renforcer la résistance à l’usure de
dallages industriels (granulats ferreux, carborun-
www.allislam.net dum...) ou granulats réfractaires.

37
Granulats allégés par expansion ou frittage
Ces granulats, très utilisés dans de nombreux pays
comme l’URSS ou les États-Unis, n’ont pas eu en
France le même développement, bien qu’ils allient
des caractéristiques de résistance, d’isolation et de
poids très intéressantes.
Les plus usuels sont l’argile ou le schiste expansé
(norme NF P 18-309) et le laitier expansé (NF P 18-307).
D’une masse volumique variable entre 400 et 800 kg/m3
selon le type et la granularité, ils permettent de réa-
liser aussi bien des bétons de structure que des
bétons présentant une bonne isolation thermique.
Les gains de poids sont intéressants puisque les
bétons réalisés ont une masse volumique comprise
entre 1 200 et 2 000 kg/m3.

■ Les granulats très légers

Ils sont d’origine aussi bien végétale et organique


que minérale (bois, polystyrène expansé).
Très légers – 20 à 100 kg/m3 – ils permettent de
réaliser des bétons de masse volumique comprise
entre 300 et 600 kg/m3.
On voit donc leur intérêt pour les bétons d’isolation,
mais également pour la réalisation d’éléments légers :
blocs coffrants, blocs de remplissage, dalles, ou
rechargements sur planchers peu résistants.

L’adéquation granulats/béton
Quels granulats employer
Les granulats présentent des caractéristiques très pour le béton ?
différentes selon leur origine.
Ces caractéristiques influant sur celles du béton, il Si la plupart des roches conviennent à la production
importe de bien les connaître et de veiller au respect de granulats pour bétons, certaines nécessitent des
des spécifications prévues par la réglementation. essais préalables en laboratoire pour apprécier leur
On peut présenter sous forme de tableau l’influence aptitude à l’emploi.
que peuvent avoir sur le béton un certain nombre On peut faire une première approche du choix des gra-
de caractéristiques géométriques et physiques des nulats aptes à être employés, selon la roche
granulats. d’origine.
APTITUDES DES PRINCIPAUX GRANULATS À LEUR EMPLOI POUR LE BÉTON SELON LA ROCHE D'ORIGINE

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38
Extraits des carrières,
les granulats sont stockés
suivant leurs classes
granulaires. La variété
de leurs dimensions
et de leurs coloris
donnent aux bétons
leurs teintes
et leurs textures.

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39
Le choix des granulats
selon la fonction du béton
La variété des fonctions remplies par le béton
conduit à adopter des granulats qui, selon le cas,
présenteront des caractéristiques d’aspect, de den-
sité, de résistance mécanique différentes.
Les granulats les plus couramment employés sont
mentionnés dans le tableau suivant.

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40
3.2 Les adjuvants

Historique L’emploi d’un adjuvant ne peut entraîner une diminu-


tion de certaines caractéristiques du béton que dans
les limites précisées par la norme. Il ne doit pas non
Dès les origines de la fabrication du béton de ciment
plus altérer les caractéristiques des armatures du
Portland, commencent les recherches sur l’incorpo-
béton ou des aciers de précontrainte.
ration de produits susceptibles d’améliorer certaines
de ses propriétés.On cherche à agir sur les temps de Chaque adjuvant est défini par une fonction princi-
prise, les caractéristiques mécaniques et de mise en pale et une seule, caractérisée par la ou les modifi-
œuvre, l’étanchéité. cations majeures qu’il apporte aux propriétés des
bétons, des mortiers ou des coulis, à l’état frais ou
Dès 1881, Candlot étudie l’action des accélérateurs
durci.
et des retardateurs de prise. Le sucre est déjà connu
comme retardateur de prise et souvent employé à L’efficacité de la fonction principale de chaque adju-
partir de 1909. vant peut varier en fonction de son dosage et des
composants du béton.
Entre 1910 et 1920 débute la commercialisation
d’hydrofuges et d’accélérateurs à base de chlorure Un adjuvant présente généralement une ou plusieurs
de calcium. fonctions secondaires qui sont le plus souvent indé-
pendantes de la fonction principale. L’emploi d’un
A partir de 1930, les entraîneurs d’air sont fréquem-
adjuvant peut aussi entraîner des effets secondaires
ment utilisés. Ils seront suivis par les antigels et les
non directement recherchés.
produits de cure.
Ainsi un adjuvant réducteur d’eau peut avoir une
Depuis 1960, avec le développement du béton
fonction secondaire de retardateur de prise.
manufacturé et du béton prêt à l’emploi, les adju-
vants prennent une place grandissante.
Le contrôle des adjuvants est vite devenu une La classification
nécessité. En 1964, est créée la COPLA (Com-
mission Permanente des Liants hydrauliques et des
Adjuvants du béton). Elle était chargée de l’agrément La norme NF EN 934-2 classe les adjuvants pour
et du contrôle des adjuvants ayant une réelle effica- bétons, mortiers et coulis, suivant leur fonction prin-
cité et pouvant être employés en toute sécurité et cipale.
d’en établir la liste officielle. On peut distinguer trois grandes catégories d’adju-
Le développement des normes d’adjuvants à partir vants :
de 1972 a abouti en 1984 à la mise en place d’une • ceux qui modifient l’ouvrabilité du béton : plasti-
certification par la marque NF Adjuvants, véritable fiants-réducteurs d’eau, superplastifiants (ancienne-
label de qualité. La liste des adjuvants bénéficiant de ment fluidifiants) ;
la marque NF est publiée régulièrement par l’AFNOR. • ceux qui modifient la prise et le durcissement :
Il faut enfin préciser que les adjuvants ont permis accélérateurs de prise, accélérateurs de durcisse-
des progrès considérables en matière de bétons et ment, retardateurs de prise ;
d’étendre leur champ d’application. • ceux qui modifient certaines propriétés particu-
lières : entraîneurs d’air, générateurs de gaz, hydro-
Le rôle des adjuvants fuges de masse, colorants.
Il faut y ajouter les produits de cure, qui ne sont pas
à proprement parler des adjuvants, dont la fonction
Ainsi que le définit la norme NF EN 934-2, un adju-
est de protéger le béton pendant son durcissement.
vant est un produit dont l’incorporation à faible dose
(inférieure à 5 % de la masse de ciment) aux bétons,
mortiers ou coulis lors au malaxage ou avant la mise Les adjuvants modifiant
en œuvre, provoque les modifications recherchées de
telle ou telle de leurs propriétés, à l’état frais ou durci. l’ouvrabilité du béton
Sont donc exclus du domaine des adjuvants au sens
de la norme, les produits ajoutés au moment du Ces adjuvants modifient le comportement rhéolo-
broyage du clinker ou les produits dont le dosage gique des bétons, mortiers et coulis à l’état frais,
dépasserait 5 % du ciment (poudres pouzzolaniques avant le début de prise. Ils abaissent le seuil de
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par exemple). cisaillement de la pâte et en modifient la viscosité.

41
La frontière entre les différents types d’adjuvants de pérature, de la teneur en eau et du dosage en
cette famille n’est pas toujours très nette, les effets ciment. Il n’y a ni ségrégation, ni ressuage si des pré-
recherchés sont très proches et les différences obte- cautions sont prises à la mise en œuvre ; la cohésion
nues sont souvent une question de nuances liées du béton reste très bonne.
aux dosages préconisés. Les superplastifiants sont particulièrement utiles
pour la réalisation des fondations, dallages, radiers,
■ Les plastifiants réducteurs d’eau sols industriels, routes, etc., et pratiquement indis-
(NF EN 934-2) pensables pour la confection des bétons de hautes
performances. Ils sont couramment utilisés dans le
béton prêt à l’emploi, surtout lorsqu’il est pompé.
Ces adjuvants ont pour fonction principale, à même
ouvrabilité, de conduire à une augmentation des
résistances mécaniques par une réduction de la Les adjuvants modifiant la prise
teneur en eau d’un béton, mortier ou coulis. et le durcissement
Ils sont à base de lignosulfonates, de sels d’acides
organiques, de mélamine sulfonate, de naphtalène
sulfonate et dérivés de mélamine ou naphtalène. Ces adjuvants sont des produits chimiques, qui
modifient les solubilités des différents constituants
La diminution de la teneur en eau – de 10 à 35 litres des ciments et surtout leur vitesse de dissolution.
par m3 de béton – entraîne une augmentation de sa
compacité, par conséquent de sa durabilité. Cette Physiquement, cette action se traduit par l’évolution
amélioration des caractéristiques résulte de la dimi- du seuil de cisaillement dans le temps, en fonction
nution des vides dus à l’excès d’eau. de l’adjuvant utilisé (graphique ci-dessous).
Ces adjuvants trouvent leur emploi dans l’industrie du
béton manufacturé, qui exige des bétons fermes,
pouvant être démoulés rapidement, dans les grands
travaux de génie civil nécessitant des résistances éle-
vées, ainsi que pour le bétonnage avec coffrages glis-
sants.

■ Les superplastifiants (NF EN 934-2)

Introduits dans un béton, un mortier ou un coulis, en


général peu avant sa mise en œuvre, ils ont pour
fonction principale de provoquer un fort accroisse-
ment de l’ouvrabilité du mélange.
Ce sont en général des produits de synthèse orga-
nique. Les plus utilisés sont les dérivés de méla-
mines ou de naphtalène. Ils peuvent être aussi fabri-
qués à partir de sous-produits de l’industrie du bois
purifiés et traités (lignosulfonates).
Sur le béton frais, on constate une augmentation
considérable de l’ouvrabilité pour une même teneur
en eau. Ces effets ont une durée fonction de la tem-

■ Les accélérateurs de prise


et de durcissement (NF EN 934-2)

L’accélérateur de prise a pour fonction principale de


diminuer les temps de début et de fin de prise du
ciment dans les bétons, mortiers ou coulis.
L’accélérateur du durcissement a pour fonction prin-
cipale d’accélérer le développement des résistances
initiales des bétons, mortiers ou coulis.
Bien souvent les deux fonctions précédentes sont
liées et l’on retrouve l’une de ces deux fonctions
comme effet secondaire de l’autre.
Les adjuvants correspondant aux deux normes men-
tionnées ne contiennent pas de chlore ; les consti-
tuants sont généralement des dérivés de la soude,
de la potasse ou de l’ammoniaque.
Ils sont à recommander pour les bétonnages par
temps froid, les décoffrages rapides, les scelle-
ments, les travaux en galerie, les travaux sous
l’eau, etc.
Les accélérateurs chlorés ne sont pas soumis à la
marque NF adjuvants, leur utilisation est régie par le
www.allislam.net DTU 21-4 qui fixe leurs conditions d’utilisations.

42
Il est à noter qu’un béton fortement accéléré, chimi- (de l’ordre de 20 l/m3, soit 2 %) est réparti de maniè-
quement ou thermiquement, risque d’avoir une résis- re aléatoire et certains vides peuvent nuire aux résis-
tance mécanique finale légèrement diminuée. tances du béton.
L’entraîneur d’air permet d’en entraîner un volume
■ Les retardateurs de prise (NF EN 934-2) supérieur et de le répartir uniformément. La résis-
tance au gel du béton durci, ainsi que sa résistance
Introduits dans l’eau de gâchage, ils ont pour fonc- aux sels de déverglaçage et aux eaux agressives,
tion principale d’augmenter le temps de début de sont considérablement améliorées.
prise et le temps de fin de prise du ciment dans le Les microbulles qui coupent les réseaux des capil-
béton, le mortier ou le coulis. laires limitent le développement des contraintes
Ils sont à la base de lignosulfonates, d’hydrates de dues au gel de l’eau interstitielle.
carbone ou d’oxydes de zinc ou de plomb. L’utilisation des entraîneurs d’air pour les bétons rou-
En général, les retardateurs freinent la diffusion de tiers est obligatoire en France.
la chaux libérée par l’hydratation du ciment et retar- La valeur de l’air occlus doit être comprise entre 4
dent de ce fait la cristallisation. Par rapport au
témoin, l’augmentation du temps de début de prise et 6 %.
est comprise entre une heure et deux heures. Il est recommandé de coupler l’utilisation d’un plasti-
Au-delà de vingt-huit jours et souvent même dans un fiant à tout emploi d’entraîneur d’air.
délai plus court, les résistances mécaniques sont en
général augmentées par rapport au témoin.
Les retardateurs de prise sont particulièrement
recommandés pour les bétonnages par temps
chaud, pour le béton prêt à l’emploi, les bétonnages
en grande masse et la technique des coffrages glis-
sants. Ils permettent aussi de faciliter les reprises de
bétonnage.

Les adjuvants modifiant


certaines propriétés du béton

■ Les entraîneurs d’air (NF EN 934-2)

Ils ont pour fonction d’entraîner la formation dans le


béton, le mortier ou le coulis, de microbulles d’air
uniformément réparties dans la masse.
Les entraîneurs d’air sont des corps tensio-actifs :
lignosulfonates, abiétates de résines, sels d’éthano-
lamine, que l’on mélange en fonction des propriétés
à obtenir.
Adjuvants normalisés modifiant la résistance au gel/dégel
Le béton durci contient naturellement une certaine et aux milieux agressifs. (extrait du guide SYNAD).
quantité d’air provenant, soit d’un entraînement lors
du malaxage, soit de l’évaporation de l’eau de
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gâchage non fixée (création d’une porosité). Cet air

43
■ Les hydrofuges de masse
(NF EN 934-2)

Les hydrofuges de masse ont pour fonction princi-


pale de diminuer l’absorption capillaire des bétons,
mortiers ou coulis durcis.
Cette diminution de l’absorption capillaire procure
une bonne étanchéité au béton qui peut néanmoins
se modifier au bout de quelques années. Les hydro-
fuges sont généralement à base d’acides gras ou
deleurs dérivés (stéarates). Ils peuvent également
comporter des matières fines (type bentonite) ainsi
que des agents fluidifiants.

Les produits de cure


Les produits de cure ont pour effet de protéger le
béton frais pendant un certain temps après sa mise
en œuvre, en évitant sa dessiccation par évapora-
tion trop rapide de l’eau. Celle-ci entraînerait une
baisse des résistances mécaniques, la formation de
fissures profondes de retrait avant prise, un pou-
droiement et un déchaussement des granulats.
Ces produits sont à base de résines, cires ou paraf-
fines en émulsion aqueuse, de résines naturelles ou
synthétiques, de cires ou de paraffines dissoutes
dans un solvant pétrolier, de caoutchouc chloré.
Les produits de cure sont des produits que l’on peut
pulvériser sur le béton frais. Il se forme après appli-
cation un film continu imperméable qu’il faudra par la
suite éliminer par brossage si un revêtement doit
être appliqué sur le béton.
La création d’un réseau réparti de micro-bulles d’air, accroît considéra- Ils sont particulièrement recommandés pour les
blement la résistance au gel du béton en diminuant les tensions internes
dans les capillaires.
bétonnages de routes, pistes, dallages, planchers et
généralement tous les ouvrages pour lesquels le
rapport surface d’évaporation/épaisseur est élevé.
Leur action est très variable suivant leurs composi-
tions, leurs dosages et les types de bétons auxquels
ils sont incorporés. Les temps de prise peuvent être
augmentés. L’efficacité dépend de la nature du
ciment. Cependant, il convient de se rappeler qu’ils
ne peuvent pas rendre étanche un mauvais béton,
mal composé, présentant des vides importants ou
des hétérogénéités.
Ils sont utilisés pour les bétons d’ouvrages hydrau-
liques (canaux, murs de fondation, retenues d’eau...)
et les mortiers d’étanchéité (chapes, joints de
maçonnerie, galeries de tunnels).

■ Les rétenteurs d’eau (NF EN 934-2)

Ces produits ont pour fonction de réguler l’évapora-


tion de l’eau et d’augmenter ainsi, l’homogénéité et
la stabilité du mélange.
Le ressuage par l’action de ces stabilisants est réduit
de 50 %. La rhéologie du béton frais est améliorée
même dans le cas d’une diminution du volume des
fines. La diminution des résistances à 28 jours par
rapport à un béton témoin est de l’ordre de 20 %.
Ces produits, qui sont, entre autres, des agents col-
loïdaux ou des dérivés de la cellulose sont utilisés
pour l’exécution de mélanges retardés ou de
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mélanges à couler sous l’eau sans délavage.

44
Les plastifiants et superplastifiants améliorent
l’ouvrabilité du béton.
Les accélérateurs de prise et de durcissement
permettent le bétonnage par temps froid.
Les entraîneurs d’air forment des microbulles
dans le béton qui améliorent sa résistance au gel.
Les hydrofuges de masse empêchent l’eau
de pénétrer dans le béton et protègent également
des salissures (les deux photos en bas :
immeubles en béton non hydrofugé
et en béton hydrofugé).

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45
Les producteurs d’adjuvants
Les producteurs d’adjuvants ayant une gamme plus
ou moins développée des produits décrits précé-
demment et qui bénéficient de la marque NF
Adjuvants, sont adhérents au Syndicat National des
Adjuvants pour Béton et Mortiers – SYNAD, 3, rue
Alfred-Roll, 75017 Paris.

Nota
Les passages en italique sont des citations de la
norme.

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46
3.3 Les fibres

Un procédé de renforcement ancien,


une voie nouvelle pour le béton
Les fibres naturelles ont été utilisées depuis bien
longtemps, pour renforcer des matériaux très divers :
terre, plâtre, brique..., mais l’association avec le
ciment, le mortier ou le béton est un procédé relati-
vement récent.
Le brevet sur l’amiante ciment date de 1902, les pre-
miers emplois de fibres d’acier interviennent en
1923. Les fibres de verre, bien que connues depuis
le début du siècle, n’ont fait l’objet d’essais d’incor-
poration au béton qu’à partir de 1950.
Aujourd’hui, le renforcement du mortier ou du béton
par des fibres constitue une voie nouvelle dans le
domaine des matériaux composites, dont les appli- Fibres métalliques.
cations sont très variées.
Les composites « ciment fibres » et « béton fibres »
sont une avancée technologique importante dans de Selon les fibres utilisées et les ouvrages auxquels
nombreux domaines du bâtiment et des travaux elles sont incorporées, ce rôle se traduit par des
publics : panneaux minces, panneaux décoratifs, améliorations relatives à :
encadrements, dallages, voûtes de galeries, isola- • la cohésion du béton frais ;
tion, réparation... • la déformabilité avant rupture (rupture ductile) ;
• la résistance aux chocs ;
Le rôle des fibres • la résistance à la fatigue ;
• la résistance à l’usure ;
Pour bien comprendre le rôle joué par les fibres, il • la résistance mécanique du béton aux jeunes âges ;
faut préciser que le terme « fibre » est ici réservé à
des matériaux d’une longueur d’environ 60 mm • la réduction des conséquences du retrait par effet
(fibres « courtes »), par opposition aux armatures du de couture des fissures et microfissures.
béton armé (barres, rubans, treillis soudés). Grâce à leurs propriétés, les fibres permettent de
Les fibres ont généralement pour rôle de renforcer mieux mobiliser la résistance intrinsèque du béton
l’action des armatures traditionnelles en s’opposant avec comme conséquence une réduction des sec-
à la propagation des microfissures. tions, de réaliser des pièces minces de grandes
dimensions et de donner une plus grande liberté
Selon les caractéristiques présentées par les fibres, architecturale.
la rupture du béton évolue plus ou moins d’un com-
portement fragile vers un mode de type ductile.
Les caractéristiques comparées
des fibres
Pour apprécier l’apport des fibres au béton et leur
influence sur ses lois de comportement, il importe de
connaître leurs caractéristiques, aussi bien géomé-
triques que mécaniques.
En effet, si comme on vient de le voir, les fibres ont
un rôle qui apparaît commun, il se traduit par des
Les fibres courtes contournées Verrouillage d'une fissure résultats, donc des applications différentes en fonc-
par
www.allislam.net la fissure par des fibres longues tion de leur nature.
Les fibres s’opposent à la propagation des microfissures.

47
Les différentes fibres actuellement disponibles peu-
vent être classées selon leur origine en :
• fibres naturelles minérales et végétales : amiante,
cellulose ;
• fibres synthétiques d’origine minérale : verre, car-
bone, fibres métalliques ;
• fibres synthétiques organiques : polyamides, poly-
propylène, acrylique, kevlar, aramide.
Les propriétés géométriques et mécaniques de ces
différentes fibres sont récapitulées dans le tableau
suivant.

Les fibres de verre « E » et « AR » ■ Propriétés des fibres de verre


Les caractéristiques mécaniques élevées de ces
Les fibres « E » sont les fibres de verre classique à fibres ont déjà été mentionnées : 3 000 MPa et plus
forte teneur en bore. Elles présentent de bonnes pour la résistance à la traction.
caractéristiques mécaniques, mais sont sensibles Il faut également souligner leur excellente résistance
aux alcalis libérés par l’hydratation du ciment. au feu (jusqu’à 800 °C). Ce critère ajouté à un coef-
Leur emploi dans le béton nécessite donc l’incorpo- ficient de dilatation du même ordre que celui de la
ration de polymères ou autres ajouts au mélange, au pâte de ciment confère aux bétons de fibres de verre
moment du gâchage, qui ont pour fonction d’enrober une bonne résistance au feu.
la fibre et de la protéger de l’attaque alcaline. Les essais en cours doivent permettre d’améliorer
Les fibres « AR » (alcali-résistantes) sont obtenues l’évolution des caractéristiques du béton de fibres de
avec un verre riche en zirconium moins sensible aux verre lors de son vieillissement.
alcalis.
Un traitement d’ensimage (dépôt d’un produit de
protection) améliore encore leur tenue.
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48
Il est en effet important de pouvoir conserver au Fibres métalliques
béton de fibres une grande part de sa déformabilité
d’origine (allongement 0,8 à 1 %), qui est l’un de ses
principaux avantages. ■ Les types de fibres

Les fibres métalliques, notamment d’acier, ont donné


Évolution de la déformabilité d’un béton de fibres de verre au cours de lieu à de nombreuses recherches pour développer
son vieillissement (GRC classique). leur emploi dans le béton.
La recherche de l’adhérence au béton a donné nais-
sance à une grande variété de fibres susceptibles,
par leur forme ou leur état de surface, de mieux s’an-
crer dans le béton :
• fils étirés et coupés, ondulés crantés, torsadés,
avec crochets...
• fibres usinées à surface rugueuse ;
• fibres de fonderie.
La fibre de fonte se présente sous forme d’un mince
ruban de 30 µm d’épaisseur.

■ Propriétés des fibres métalliques

Elles présentent une très bonne compatibilité avec le


« EC » : test de vieillessement à l'eau chaude. béton. Certaines fibres sont inoxydables ou traitées
contre la corrosion, en vue de certains usages parti-
culiers.
■ Élaboration des mortiers
ou bétons de fibres de verre
■ Applications
« Premix »
Du fait de leurs propriétés, les fibres trouvent un
Ce procédé consiste à fabriquer un mortier dans un vaste domaine d’applications là où on veut réduire
malaxeur et à y ajouter 4 à 5 % en poids de fibres de les risques de fissuration, espacer les joints de
verre coupées (entre 15 et 60 mm de longueur). Ce retrait, augmenter la résistance aux chocs et tirer
mélange peut être moulé ou pressé, mais dans tous parti de l’amélioration de la résistance en traction
les cas la vibration doit être de faible amplitude pour pour diminuer le dimensionnement des pièces :
maintenir une répartition homogène des matériaux.
• dallages, parkings, pistes ;
Projection • bétons projetés en galeries, tunnels, talus ;
On utilise un pistolet pneumatique permettant de • éléments préfabriqués divers : tuyaux, caniveaux,
projeter simultanément le mortier déjà prémélangé garages...
et la fibre approvisionnée en bobines tressées (stra- • pieux de fondation.
tifils), qui est automatiquement coupée et dispersée
dans le flux de mortier. ■ Les bétons de fibres métalliques
Le débit et l’orientation du pistolet permettent à un
opérateur expérimenté de contrôler l’épaisseur et Le mélange des fibres métalliques au béton doit être
l’homogénéité de la couche de béton projeté. particulièrement soigné, certaines fibres ayant ten-
dance à s’agglomérer. L’incorporation des fibres peut
■ Applications être faite soit au malaxage, soit au moment du cou-
lage, soit à la projection.
Sur chantier, les mortiers de fibres de verre s’utili-
sent pour les enduits extérieurs monocouches, ainsi La composition du béton doit être mise au point en
que pour certains procédés d’isolation thermique. fonction des caractéristiques de la fibre et des
emplois.
En préfabrication, les domaines d’application sont
très vastes : L’emploi de superplastifiant est en particulier recom-
mandé pour compenser la diminution d’ouvrabilité
• panneaux de façade minces de 10 à 15 mm
provoquée par l’incorporation de fibres.
d’épaisseur ou panneaux sandwich à isolant incor-
poré ; La mise en œuvre et le compactage doivent être étu-
diés pour le béton considéré et en fonction de sa
• éléments de bardage et éléments décoratifs ;
maniabilité qui diffère généralement de celle des
• mobilier urbain ; bétons classiques sans fibres.
• éléments divers : coffrets, coffrages, habillages ; Les dosages en fibres sont de l’ordre de 0,3 à 2 %
• produits d’assainissements : tuyaux, caniveaux... en volume, soit 25 à 160 kg/m3 de béton.

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49
Les fibres de polypropylène

■ Nature des fibres

Bien qu’il existe d’autres fibres dérivées des plas-


tiques (fibres acryliques, aramides...), on a privilégié
ici les fibres de polypropylène qui sont actuellement
les plus utilisées en France.
Obtenues par extrusion du polypropylène, les fibres
se présentent en faisceaux qui se séparent lors du
malaxage et se répartissent de façon multidirection-
nelle.

■ Propriétés des fibres de polypropylène

Si leurs caractéristiques mécaniques ont des valeurs


plus faibles que celles des fibres métalliques, il faut
cependant mentionner leur insensi-bilité chimique,
leur souplesse, qui rend aisée leur incorporation au
béton et leur allongement à rupture (15 à 20 %), qui
favorise la « ductilité » du béton.
Comme la plupart des matières plastiques, les fibres
de polypropylène sont peu résistantes au feu : leur
température de fusion est d’environ 160 °C, mais leur
fusion n’affecte pas la résistance du béton.

■ Les bétons de fibres de polypropylène

La fabrication du béton avec fibres de polypropylène


ne soulève aucune difficulté, la répartition des fibres ■ Applications
se faisant facilement et ne nécessitant pas de pré-
caution particulière lors du malaxage. Des propriétés précédentes découlent les applica-
Les fibres de polypropylène améliorent la maniabili- tions des bétons de fibres de polypropylène :
té du béton et sa cohésion. • dallages industriels et chaussées ;
Ces propriétés sont intéressantes pour les pièces à • pièces préfabriquées (panneaux décoratifs) ;
démoulage immédiat (bordures, tuyaux) en même • sculptures ;
temps qu’elles améliorent l’aspect et la précision des
angles, des tranches ou arêtes des pièces moulées • éléments réalisés avec coffrages glissants ;
ou des dallages. • mortiers projetés ;
Le grand avantage des bétons de fibres de polypro- • enduits.
pylène est leur bonne résistance à la fissuration due
au « premier retrait », ainsi que leur résistance aux
chocs.
Les dosages couramment pratiqués sont de l’ordre
de 0,05 à 0,2 % en volume, (0,5 à 2 kg de fibres par
m3 de béton).

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50
PARTIE 4
LES MORTIERS

ET COULIS

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4.1 Les mortiers et coulis –
généralités

Qu’est-ce que le mortier ? répondant à tous les besoins non seulement par la
nature du produit, mais aussi par son conditionne-
ment plus adapté : sacs de 5 à 25 kg.
Une construction est généralement réalisée par élé-
ments, dont il faut assurer la liaison ou qu’il faut pro-
téger par un revêtement. Les mortiers de chantier
On doit alors effectuer des scellements ou divers tra- et les mortiers prêts à l’emploi
vaux de reprise, de bouchage, etc.
Toutes ces opérations se font à l’aide d’un liant tou-
jours mélangé à du sable, de l’eau – et éventuelle- ■ Les mortiers fabriqués sur le chantier
ment un adjuvant – pour obtenir un « mortier », qui
se distingue du béton par l’absence de gravillons.
L’entreprise qui fabrique sur le chantier son mortier
Des compositions multiples de mortiers peuvent être doit choisir correctement le liant en fonction de son
obtenues en jouant sur les différents paramètres : type et de sa classe, le ou les sables, la teneur en
liant (type et dosage), adjuvants et ajouts, dosage en eau (pour obtenir la plasticité désirée) et les adju-
eau. En ce qui concerne le liant, tous les ciments et vants adaptés à la destination du mortier.
les chaux sont utilisables ; leur choix et le dosage
sont fonction de l’ouvrage à réaliser et de son envi-
ronnement.
Les mortiers bâtards sont constitués par des
mélanges de ciment et de chaux avec du sable, dans
des proportions variables. Les chaux apportent leur
plasticité, les ciments apportent la résistance méca-
nique et un durcissement plus rapide.
Les mortiers peuvent être :
• préparés sur le chantier en dosant et en mélan-
geant les différents constituants, adjuvants compris,
• préparés sur le chantier à partir de mortiers indus-
triels secs prédosés (il suffit d’ajouter la quantité
d’eau nécessaire),
• livrés par une centrale : ce sont des mortiers prêts
à l’emploi, dont les derniers nés, les mortiers retardés
stabilisés, ont un temps d’emploi supérieur à 24 h.
Les mortiers industriels se sont beaucoup dévelop-
pés ces dernières années, permettant d’éviter le
stockage et le mélange des constituants sur des
chantiers parfois exigus et difficiles d’accès : rénova-
tion, travaux souterrains.
Le marché du bricolage a profité du développement
des mortiers prémélangés. On peut aujourd’hui
trouver dans les surfaces de bricolages des mortiers

Le mortier est souvent préparé sur le chantier. Des mélangeurs


appropriés permettent aujourd’hui sa fabrication dans des condi-
tions garantissant le respect de la composition grâce au dosage
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des constituants.

53
■ Les mortiers industriels secs
prémélangés

Comme la plupart des produits industriels, ces mor-


tiers font l’objet de contrôles à tous les stades de leur
élaboration par le fabricant, ce qui constitue pour
l’utilisateur une sécurité.
Mortier de jointoiement Les autres avantages présentés par ces produits
produit par sont les suivants :
silo mélangeur.
• prédosage de composition constante, garant de
régularité et de qualité ;
• pas d’approvisionnement et de stockage sur place
des constituants (sables, liants, adjuvants) ;
• perte de temps limitée (appréciable dans le cas de
travaux à effectuer rapidement et lorsque la place fait
défaut) ;
• chantiers plus propres.
Les producteurs proposent de nombreuses formules
standard répondant à la plupart des besoins. Ils peu-
vent également étudier des compositions de mortier
adaptées, donnant les performances optimales
Les sables utilisés sont généralement siliceux ou requises pour chaque usage.
silico-calcaires ; leur granulométrie est de préférence Ces mortiers reçoivent le plus souvent un ou plu-
continue. sieurs adjuvants en poudre, afin de modifier les pro-
Les dosages se feront en poids plutôt qu’en volume priétés rhéologiques, les temps de prise, la durabili-
comme c’est souvent le cas, afin d’éviter les erreurs té, l’aspect (mortiers colorés) ou leur adhérence
de dosage, par suite de l’augmentation de volume du grâce à l’ajout de résines vinyliques ou acryliques.
sable humide (foisonnement). Ces mortiers sont conditionnés en sacs de 50 ou
Les mortiers peuvent comporter différents types 40 kg. Ces dernières années, il est apparu des sacs
d’adjuvants : de 25 et 10 kg pour les petits travaux et le bricolage.
• réducteurs d’eau-plastifiants ;
■ Les mortiers frais retardés,
• plastifiants ;
stabilisés, prêts à l’emploi
• entraîneurs d’air ;
• modificateurs de prise (retardateurs, accéléra- Depuis quelques années est apparue une nouvelle
teurs) ; génération de mortiers livrés par les centrales de
• hydrofuges. béton prêt à l’emploi : les mortiers frais retardés et
Dans tous les cas des soins particuliers doivent être stabilisés. Du fait qu’ils sont retardés, ces mortiers
pris afin d’obtenir des mortiers sans ressuage, peuvent être livrés et stockés en quantité importante.
homogènes d’une gâchée à l’autre. On peut les utiliser dans un délai allant jusqu’à 36 h
Le dosage en liant, (ciment ou chaux, ou mélange sans avoir le souci de préparer de nombreuses
des deux) le plus généralement employé est de 300 petites gâchées.
à 400 kg/m3 de sable. Pour un sable courant et un Très maniables et homogènes, ils possèdent des
ciment Portland utilisé au dosage de 400 kg/m3 de résistances très largement suffisantes pour les tra-
sable, la quantité d’eau de gâchage nécessaire pour vaux auxquels ils sont destinés : maçonnerie et join-
obtenir un bon mortier d’usage courant est de l’ordre toiement. Lorsqu’ils sont étalés en couche mince, la
de 200 litres au maximum, qu’on a intérêt à diminuer prise de ces mortiers est accélérée (effet d’absorp-
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par l’emploi de réducteur d’eau ou de plastifiant. tion d’eau par le support et perte par évaporation).

54
Ces mortiers permettent, comme le béton prêt à
l’emploi, de simplifier et d’améliorer les conditions de
travail, en évitant les pertes de temps.
Ils sont en général livrés dans des auges ou des
bacs non absorbants, de 250 à 500 litres de capa-
cité. Ces bacs restent sur le chantier, ce qui four-
nit un stockage commode et une complète dispo-
nibilité.

■ Les mortiers de fibres

L’incorporation de fibres de verre ou de polypropyl-


ène permet d’obtenir des mortiers présentant une
cohésion supérieure et moins fissurables. Ce sont soit
des mortiers prémélangés, livrés en sac, soit des mor- Réglage d’une chape
tiers prêts à l’emploi, livrés par certaines centrales. (le mortier est ici coloré grâce à des pigments minéraux).

Les emplois des mortiers

■ Les joints de maçonnerie

La construction réalisée en éléments maçonnés


(blocs de béton, pierres de taille, briques), nécessite
leur assemblage avec un mortier qui doit présenter
des caractéristiques mécaniques suffisantes pour
assurer la transmission des charges et une compa-
cité suffisante pour être étanche.
On a généralement intérêt à utiliser des mortiers ne
présentant pas un module d’élasticité trop élevé, de
façon à pouvoir s’adapter aux variations dimension-
nelles des éléments qu’il liaisonne sans fissurer.
Les mortiers de joints constituent donc un maillon
important de la maçonnerie, qui doit être bien étudié
et bien mis en œuvre pour assurer la fonction qui lui Serrage d’un enduit à la spatule.
est dévolue. C’est notamment le cas de la maçonne-
rie apparente.
La norme XP P 10-202 - 1 (DTU 20) « Maçonnerie,
béton armé, plâtre » fournit des indications sur les
dosages préconisés pour les mortiers de jointoiement, Ces ouvrages sont décrits dans la norme P 14-201
ainsi que les préconisations pour leur mise en œuvre. « DTU 26.2. Travaux de bâtiment. Chapes et dalles à
base de liants hydrauliques. ». Le chapitre 4.3 leur est
consacrée.
■ Les enduits
■ Les scellements et les calages
Ce domaine d’application, qui constitue l’un des plus
vastes débouchés des mortiers, fait l’objet du cha- La multiplicité des problèmes de scellement et de
pitre 4.2. calage a conduit les producteurs de mortiers indus-
Rappelons simplement qu’à côté des enduits tradi- triels à mettre au point des produits spécifiques
tionnels en trois couches décrits dans la norme adaptés aux travaux à réaliser : scellements d’élé-
P 15-201 (DTU 26.1), se développent aujourd’hui les ments de couverture, scellements d’éléments de
enduits monocouches épais, ainsi que les enduits second œuvre, scellements de mobiliers urbains,
isolants considérés encore comme non traditionnels. scellements de regards de visite, assemblage d’élé-
Ces produits font l’objet d’une procédure d’Avis tech- ments préfabriqués...
nique par le CSTB. Ces applications sont décrites dans le chapitre 4.4.

■ Les chapes Les coulis


Les chapes ont pour fonction d’assurer la mise à Le coulis est un mélange fluide, à base de charges
niveau du dallage et la régularité de sa surface. Les fines inférieures à 0,3 mm, de liants hydrauliques et
chapes peuvent constituer la finition : on y incorpore d’adjuvants.
alors souvent des produits spécifiques. Elles peuvent
aussi constituer le support d’un revêtement de sol. Outre les liants classiques, il existe aussi des liants
Les chapes doivent présenter une résistance suffi- spéciaux pour coulis d’injection.
sante pour assurer la transmission des charges au Les charges sont constituées par des suspensions
support, et parfois résister à l’abrasion ou au poin- d’argile, de bentonite (argile colloïdale).
çonnement (sols industriels). Les domaines d’utilisation des coulis sont les rem-
Adhérente ou flottante, la chape peut également plissages de cavités et fissures dans les roches, les
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avoir une fonction thermique ou acoustique. sols ou les ouvrages béton ou maçonneries.

55
Les techniques particulières Deux techniques de projection : le pot de projection et la machi-
ne à projeter équipée d’une lance.
de mise en œuvre
Les techniques traditionnelles sont développées
dans les chapitres correspondant aux différents
domaines d’emploi (4.2, 4.3 et 4.4). On ne cite donc
ici que deux techniques qui intéressent de nom-
breuses applications : la projection et l’injection.

■ La projection
■ L’injection de mortiers ou coulis
Fabriqués sur chantier ou plus généralement prédo-
sés, les mortiers projetés comportent, outre le liant et L’injection de mortier n’intéresse que certains types
le sable habituels, des adjuvants spécifiques amélio- de travaux où les cavités à remplir sont suffisamment
rant l’adhérence, des charges (silice, carbonate...), et larges. Il est nécessaire que le diamètre maximum
parfois des fibres (verre, polypropylène, acier). des grains de sable les plus gros ne dépasse pas le
1/5 des vides les plus fins à remplir. S’il n’en était pas
Projeté à l’aide de machines le plus souvent à air ainsi, il faudrait utiliser des coulis d’injection.
comprimé, le mortier est plus compact, adhère
mieux au support et se prête bien à son application Comme dans le cas des coulis de ciment, le mortier
sur des parties d’ouvrages difficiles d’accès et de d’injection doit être constitué de façon à être le plus
forme irrégulière. La suppression de manipulations « injectable » possible : grande fluidité pour un res-
délicates et pénibles, ainsi que les gains de produc- suage modéré (et, partant, une bonne stabilité, peu
tivité, expliquent le succès du mortier projeté dans de ségrégation).
de nombreuses applications : Les applications de l’injection sont essentiellement le
– enduits monocouches, enduits isolants ; remplissage de cavités, gaines, enveloppes
diverses, ou plus généralement les vides d’accès dif-
– revêtements de voûtes, en galeries, consolidation ficile. L’injection est généralement pratiquée pour
de talus ; certains travaux sous l’eau, avec des formules de
– travaux de réparation, etc. mortier étudiées pour éviter le délavage.

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56
4.2 Les enduits

Rôle de l’enduit D’autres supports nécessitent un traitement préa-


lable.
Les enduits aux mortiers de liants hydrauliques sont Dans tous les cas, le support :
utilisés aussi bien pour les travaux neufs que pour la • doit être débarrassé des poussières et des sels
réfection de façades. éventuels, être sans trace de plâtre (formation de
Les enduits remplissent plusieurs rôles : sulfo-aluminate de chaux expansif avec le ciment) ;
• un rôle de protection du gros œuvre contre les • s’il n’est pas assez rugueux, doit être traité brossé
intempéries ; et peigné pour permettre un bon accrochage de l’en-
duit ;
• un rôle d’imperméabilisation, tout en laissant « res-
pirer » le support ; • doit être suffisamment humidifié avant la projection
de la première couche d’accrochage (parfois plu-
• un rôle esthétique (aspect et couleur).
sieurs humidifications sont à prévoir un jour ou
Les enduits habillent le gros œuvre en le protégeant. quelques jours à l’avance).
Ils constituent la finition extérieure visible de la
Cette humidification doit être d’autant plus poussée
construction.
que l’atmosphère ambiante favorise le séchage
(chaleur, vent).
Les types d’enduits La préparation est également fonction de l’ancienne-
té des murs.
Les enduits classiques à base de liants hydrauliques
ont une épaisseur de l’ordre de 2 à 3 cm. Ils se dis- ■ Supports neufs
tinguent les uns des autres par :
• leur aspect, leur relief, leur teinte ; Les travaux d’enduit ne doivent être commencés que
• leur composition (liant, sable, adjuvants, colorants, sur des maçonneries terminées depuis un délai mini-
charges diverses...) ; mum d’un mois et après mise hors d’eau de la
• leur mode d’application : en trois couches construction.
manuelles ou en deux couches par projection méca-
Pour assurer une bonne tenue de l’enduit, il convient
nique ; ils sont traditionnels et relèvent de la norme
de ne l’appliquer que sur des matériaux ayant termi-
NF P 15-201 « DTU 26.1.Travaux de bâtiment. Enduits
né la plus grosse partie de leur retrait.
aux mortiers de ciments, de chaux et de mélange plâtre
et chaux aérienne. ». Pour les surfaces localisées présentant des défauts
de planimétrie, il faut prévoir de dresser la surface
Les enduits se sont diversifiés grâce à l’apparition de
avec un mortier de composition analogue à la
liants et d’adjuvants mieux adaptés et grâce aux per-
couche d’accrochage, et éventuellement de l’armer.
fectionnements des appareils de projection.
Pour des raisons de rapidité de mise en œuvre, les
enduits ont évolué et donné naissance à une nou-
velle famille : les enduits monocouche, dont le déve-
loppement a été favorisé par leur industrialisation.

La préparation du support
De la bonne préparation du support vont dépendre
l’adhérence de l’enduit et son aspect final.
Les enduits sont appliqués sur des supports de
nature très différentes : maçonnerie de pierres, de
briques ou de blocs en béton, béton banché brut de
décoffrage, béton de granulats légers, béton cellulai-
re, fibres-ciment, bois. Certains supports permettent
une application directe, c’est le cas de la brique, des
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blocs en béton, des maçonneries de pierre.

57
Les sables
Le sable doit être sain, siliceux, silico-calcaire ou
même calcaire à condition que les grains ne soient
pas friables. Il doit être propre, c’est-à-dire dépourvu
d’impuretés susceptibles de compromettre la qualité
du mortier en œuvre (argile, vase, terre végétale,
plâtre, sels minéraux). Le degré de propreté du sable
est mesuré par l’essai d’équivalent de sable (voir le
chapitre 3.1). L’indice fourni par cet essai (ESV) doit
être inférieur à 75.
Il est préférable d’utiliser des sables roulés de riviè-
re. Les sables de carrière conviennent s’ils ne ren-
ferment pas d’impuretés nocives. Les sables de mer
doivent être lavés (sinon ils sèchent mal et peuvent
donner lieu à des efflorescences en raison des sels
qu’ils contiennent).
La granulométrie des sables doit être limitée à 3 mm.
En général, les dosages du mortier sont exprimés en
poids de liant par m3 de sable sec. Or, le plus sou-
vent, sur le chantier, le sable renferme un certain
■ Supports anciens pourcentage d’eau (pouvant varier de 0 à 20 %) et il
suffit de très peu d’eau pour que le poids du m3 de
Le mur doit d’abord être débarrassé de toutes traces sable soit modifié ; c’est le phénomène bien connu
de revêtements anciens, friables ou non adhérents du « foisonnement » du sable.
tels que : enduits, hydrofuges de surface, peintures,
etc. Il pourra être nécessaire, dans certains cas (pré-
sence de taches blanchâtres de calcite sur les murs
en béton), de procéder à un brossage à la brosse
métallique ou à un lavage à l’eau sous pression.
Les joints de maçonneries de briques ou de moel-
lons sont dégarnis sur 3 cm de profondeur, et
brossés.

L’exécution d’un enduit traditionnel


Les règles d’exécution de ces enduits font l’objet de
la norme P 15-201 (DTU 26.1) déjà mentionnée.

■ Les mortiers pour enduits traditionnels

Les constituants du mortier doivent être choisis


avec soin.
Les liants
Tous les ciments Portland (CEM I, CEM II), les
ciments à maçonner, les chaux hydrauliques ou
aériennes éteintes peuvent être utilisés pour la réali-
sation des enduits.
Pour éviter la tendance à la fissuration, il convient
d’utiliser les classes de résistances moyennes.
Le ciment prompt naturel peut être également utilisé
seul ou en mélange avec de la chaux ou un ciment
Portland. L’emploi du prompt permet de travailler à
température plus basse et de réduire les temps d’at- Pour éviter des surdosages en liant pouvant condui-
tente entre les couches. re à des enduits plus fissurables, il est utile de déter-
Les chaux aériennes et les chaux hydrauliques natu- miner la teneur en eau du sable par un essai facile à
relles améliorent la capacité de rétention d’eau. pratiquer sur chantier (séchage et pesée du sable).
Mélangées au ciment, elles permettent d’obtenir des A défaut, on prendra un coefficient de foisonnement
mortiers bâtards, à la fois onctueux, gras, adhérents forfaitaire de 25 %.
et ne se ségrégeant pas. Les adjuvants
La préférence donnée aux mélanges de ciment et de
chaux n’exclut pas pour autant la possibilité d’utiliser Il peut s’avérer intéressant d’ajouter un adjuvant au
des ciments et des chaux hydrauliques à l’état pur. mortier si celui-ci, malgré toutes les précautions
C’est ainsi que la chaux hydraulique naturelle est uti- prises, n’est pas suffisamment maniable. On utilise
lisée pour les mortiers de couche de finition, tandis alors un plastifiant ou un entraîneur d’air.
que le ciment est surtout employé pour la couche On utilise un hydrofuge de masse pour diminuer la
d’accrochage. capillarité et améliorer l’imperméabilité de l’enduit.
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58
Les produits d’accrochage
Ces produits généralement à base d’émulsion ther-
moplastiques : copolymères vinyliques, styrène buta-
diène, acryliques sont destinés à améliorer
l’adhérence de l’enduit sur le support lorsque son
état de surface le nécessite, ainsi que ses propriétés
mécaniques.
Les colorants
Ils doivent être exclusivement d’origine minérale.
Leur dosage sera inférieur à 3 % du poids du liant.

■ La mise en œuvre

La réalisation d’un enduit traditionnel se fait en trois


couches :
• une première couche dite gobetis ou couche d’ac-
crochage, de 2 à 4 mm d’épaisseur ; Pour la troisième couche, l’emploi d’un mortier colo-
• une deuxième couche formant le corps d’enduit, de ré contribue à l’esthétique de la façade.
10 à 20 mm d’épaisseur ; Les dosages des liants que l’on peut préconiser pour
• une troisième couche appelée couche de finition, des travaux courants sur maçonnerie ou sur béton
de 5 à 7 mm d’épaisseur, qui a un rôle décoratif. sont donnés au tableau suivant à titre indicatif : la
Les résistances mécaniques du mortier de chacune norme P 15-201 (DTU 26.1) fournit des valeurs de
des couches constituant l’enduit doivent être dégres- dosage suivant la nature du support. On pourra s’y
sives, la plus forte étant donnée au gobetis. Cette référer pour plus de précision.
exigence conduit à un dosage en liant également Il faut veiller à la régularité des constituants et des
dégressif pour les trois couches. dosages.
Le gobetis est toujours réalisé en mortier de ciment. Les variations de dosages, notamment en eau,
Les deux couches suivantes sont en mortier de peuvent provoquer des variations des caractéris-
ciment, de chaux ou en mortier bâtard. tiques, notamment de teinte, de même que les
La compacité de la couche du corps d’enduit est conditions ambiantes (vent, soleil), qui peuvent
obtenue par un « serrage énergique » du mortier à conduire à protéger l’enduit frais contre la dessic-
la taloche. cation par humidification, bâches de protection ou
produits de cure.

Poids du liant/m3 de sable sec Sable


Couches
Enduits mortier Enduits mortier Enduits mortier Granulométrie Éléments fins
ciment ou chaux bâtard 2e & 3e bâtard avec < 0,08 mm
couches seulement finition à la chaux
1ère couche gobetis 500 à 600 kg 500 à 600 kg 500 à 600 kg 0,1/3,15 Néant
ciment CEM I ciment CEM I ciment CEM I
ou CEM II ou CEM II ou CEM II
2 ème couche 350 à 450 kg 100 à 350 kg 100 à 350 kg 0,1/3,15 >5%
corps d’enduit ciment (1) ou chaux ciment (1) + 100 ciment (1) + 100
hydraulique à 350 de chaux à 350 de chaux
3 ème couche finition 250 à 450 kg 50 à 200 kg 150 à 250 kg 0,1/3,15 Riche en éléments fins
ciment (1) ou chaux ciment (1) + 100 de chaux (2)
hydraulique à 300 de chaux
1. ciment CEM I, CEM II ou prompt naturel.
2. soit uniquement chaux hydraulique NHL ou aérienne CL ou DL, soit 1/2 à 2/3 de chaux hydraulique complétée par la chaux aérienne.
3. le total des deux est compris entre 350 et 450 kg.

L’enduit peut aussi être réalisé en deux couches Délais séparant l’application
lorsque le mortier est projeté mécaniquement des différentes couches
(machine à projeter, pot de projection).
Les délais minima sont de 48 heures entre la pre-
La première couche assure l’adhérence de l’enduit mière et la deuxième couche, et de 4 à 7 jours, sui-
au support et l’éventuel rattrapage des irrégularités, vant la nature du liant, entre le corps d’enduit et la
elle a une épaisseur de 10 à 15 mm. La seconde couche de finition.
couche donne sa forme définitive à l’enduit et com-
plète la fonction imperméabilisation. Son épaisseur Ces délais sont nécessaires pour que le mortier ait
est de 8 à 12 mm. Le mortier est serré énergique- effectué la plus grande partie de son retrait.
ment à la taloche.
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59
d’origine thermique du fait d’une plus forte absorp-
tion du rayonnement solaire, et accentuent les
problèmes d’aspect liés au nuançage ou aux efflo-
rescences.
L’application sur béton cellulaire est prévue pour cer-
tains enduits, elle est alors mentionnée dans l’Avis
technique.

■ Application proprement dite

L’application est généralement effectuée en une ou


deux passes, de préférence espacées de quelques
heures, suivant le type de finition désirée.
Lorsque la seconde passe ne peut être effectuée
dans les 24 h, il y a lieu, pour assurer son accrocha-
ge, de réhumidifier l’enduit de première passe.
La première passe de l’enduit doit être serrée (dres-
sage à la règle ou à la taloche) mais non lissée, et il
faut respecter l’épaisseur indiquée par le fabricant.

■ Mortiers isolants

Ces mortiers très légers, à base de polystyrène


expansé, de liège, ont une densité 2 à 4 fois plus
faible que les mortiers classiques, ce qui leur permet
Application de l’enduit d’assurer la fonction isolation thermique en plus des
Un enduit peut être réalisé selon deux méthodes : fonctions d’imperméabilisation et d’esthétique.
soit au « jeté » directement, soit entre « nus et L’épaisseur requise sera calculée en fonction du
repères ». degré d’isolation à assurer au mur. A titre indicatif, le
Les travaux courants sont généralement exécutés coefficient K de transmission calorifique peut
au jeté directement. atteindre, pour un mur de blocs en béton de 20 cm
enduit de 7 cm de mortier isolant : 0,8 W/m2 °C.
Les travaux soignés sont réalisés entre nus et
repères. Dans ce cas, des repères sont d’abord pla-
cés aux extrémités haute et basse des nus à réali- Traitements de surface décoratifs
ser. On exécute les nus en garnissant derrière une
règle appliquée sur les repères et maintenue par des • Le mouchetis tyrolien : obtenu directement par pro-
chevillettes. jection au balai ou à la « tyrolienne ».
• Le gratté : l’enduit taloché est gratté à la lame den-
Les enduits monocouches telée, en cours de prise, dans les deux ou trois
heures suivant l’application.
Ils se distinguent des enduits traditionnels par leur • Le gratté-grésé : l’enduit gratté est grésé superfi-
application en une ou deux passes, avec un produit ciellement aux abrasifs ou raboté superficiellement
de même composition, préparé en usine et livré en au chemin de fer.
sacs prêts à gâcher. • Le grésé : l’enduit taloché est grésé aux abrasifs ou
Dosés avec des méthodes industrialisées, les raboté au chemin de fer, en cours de durcissement,
enduits monocouches présentent la sécurité d’une 2 à 8 jours après l’application.
qualité constante et contrôlée dans le cadre de la • Le bouchardé : l’enduit est bouchardé 3 semaines
procédure d’Avis technique. après, à la boucharde à main ou pneumatique.
La composition de ces enduits comporte souvent • Le lavé : les grains sont dégagés par lavage à la
des charges légères (perlite, vermiculite, ponce) ou brosse souple et au jet d’eau léger.
des fibres, ainsi que des adjuvants (entraîneurs d’air,
Le caractère décoratif de l’enduit est apporté non
hydrofuges) et des rétenteurs d’eau.
seulement par la finition de surface, mais aussi par
Ces enduits font l’objet du document élaboré par le la teinte obtenue en jouant sur le choix des sables et
CSTB (Cahier N° 1777 de juin 1982). « Conditions sur la coloration de la pâte de ciment par des pig-
générales d’emploi et de mise en œuvre des enduits ments minéraux.
d’imperméabilisation de mur à base de liants hydrau-
On peut obtenir des intensités de coloration plus ou
liques ».
moins marquées selon le dosage et la nature du
ciment utilisé.
■ Conditions d’emploi Pour les teintes claires, on aura souvent intérêt à uti-
liser des ciments blancs ou des chaux.
Le choix de l’enduit doit être fonction :
• de la nature du support considéré ;
• de l’exposition de la paroi ;
• des moyens et des conditions de mise en œuvre ;
• du type de finition désiré.
L’utilisation de teintes foncées est déconseillée dans
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tous les cas. En effet, elles augmentent les contraintes

60
Les outils de mise en œuvre
des enduits : la truelle,
le couteau à enduire, la taloche,
le pot de projection
ou la machine à projeter.

Les avantages de la projection


sont une régularité et une productivité
accrue, entraînant des coûts inférieurs.
Les enduits réalisés, plus denses
et moins poreux, présentent
une meilleure adhérence.
Ils sont particulièrement appréciés
pour les travaux spéciaux
sur des formes complexes.

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61
L’adhérence de l’enduit
les défauts à éviter
La bonne adhérence d’un enduit sur son support est
fondamentale.
Il est facile de la vérifier : un enduit décollé locale-
ment sonne « creux ».
La non-adhérence entraîne la cassure de l’enduit qui
se détachera par plaques.
Les principaux défauts d’adhérence sont dus :
• à un support trop lisse ;
• à un béton brut de décoffrage, avec des traces
d’huile de démoulage ou de produits de cure ;
• à un support sale avec des dépôts de matière
organique ou comportant des traces d’anciens
enduits en plâtre ; ce support ne sera pas neutre
puisque le plâtre réagira ensuite sur le ciment du
mortier pour donner des produits expansifs (sulfo-
aluminate de chaux) ;
• à un support trop sec, qui n’a pas été suffisam-
ment humidifié avant la projection de la première
couche d’accrochage (gobetis) ;
• au mortier mal composé, appliqué trop tardive-
ment (parfois remouillé, rebattu et dont la prise est
commencée) ;
• à un mortier ayant un retrait excessif (surdosa-
ge en liant).
Enfin, si certaines précautions ne sont pas prises, de
l’eau pourra s’infiltrer entre le support et l’enduit et
provoquer son décollement en hiver lors du gel.
C’est le cas d’une remontée d’eau du sol, ou d’un
enduit non protégé en partie haute.
Il convient enfin d’éviter l’application d’enduits
par temps froid. Sans précaution particulière, 5 °C
est une limite en-dessous de laquelle il ne faut pas
descendre.
Un enduit bien fait tient très longtemps. Sa confec-
tion demande du soin, une main-d’œuvre qualifiée,
un matériel parfaitement adapté, et des mortiers
performants.

Pour consulter
le chapitre suivant,
cliquer ici.

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62
4.3 Les chapes

Le rôle de la chape anciens ou du fait des contraintes de chantier, ce


choix n’est malheureusement pas toujours possible.
Ce type de chape est exécuté chaque fois qu’une
Le rôle de la chape est d’assurer la mise à niveau de
dalle béton doit recevoir un revêtement de sol mince
la dalle et la régularité de sa surface.
collé (moquette, plastique) ou être peinte.
Elle doit aussi présenter une résistance suffisante
pour assurer la transmission des charges au sup- Les chapes flottantes
port, résister aux efforts d’usure et d’abrasion.
Il s’agit d’ouvrages totalement désolidarisés, aussi
Elle peut constituer le support d’un revêtement de bien du support que des parois verticales, par l’in-
sol ou d’un revêtement d’étanchéité. La chape peut terposition d’une couche de désolidarisation et/ou
enfin participer à l’isolation thermique et/ou acous- d’une couche isolante résiliente.
tique des locaux.
Dans le premier cas, le but recherché est la réduc-
Lorsqu’elle n’est pas destinée à recevoir un revête- tion de la transmission des déformations (par
ment, on peut y incorporer des produits spécifiques, exemple les variations dimensionnelles d’une étan-
destinés à améliorer ses caractéristiques méca- chéité par rapport à son support).
niques ou son esthétique.
L’exécution des chapes destinées aux bâtiments
d’usage courant tels que logements, bureaux,
bâtiments scolaires, fait l’objet de la norme P 14-201
« DTU 26.2. Travaux de bâtiment. Chapes et dalles à
base de liants hydrauliques. ».
Pour les bâtiments à caractère industriel, agricole ou
sportif, les chapes peuvent faire l’objet de prescrip-
tions particulières.

Les différents types de chapes


En fonction de leur conception et de leur mode
d’exécution, on distingue :
• les chapes adhérentes, qui sont incorporées ou
rapportées ; Principe de la constitution d’une chape flottante sur couche
d’isolation.
• les chapes flottantes.

■ Les chapes adhérentes Dans le second cas, il s’agit d’apporter une isolation
thermique et acoustique. Cette solution est très effi-
Les chapes incorporées cace vis-à-vis de la transmission des bruits d’impact,
ce qui conduit à la préconiser dans les pièces carre-
Elles sont constituées par un mortier fin appliqué
lées (salles d’eau, cuisines). L’amélioration de l’isole-
avant que le béton du support (dalle, massif) n’ait fait
ment aux bruits d’impact obtenue à l’aide d’une
sa prise. La continuité entre le béton du support et le
chape flottante peut être de l’ordre de 20 à 25 dB(A).
mortier de la chape assure à l’ensemble une très
bonne cohésion et des conditions de maturation
favorables, le support étant encore humide.
Les chapes rapportées
Il s’agit du cas le plus fréquent où le béton a déjà fait
sa prise.
Dans le cas de travaux neufs, la chape est exécutée
de préférence le plus tôt possible, après que le béton
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ait commencé son durcissement. Pour les ouvrages

63
La réalisation des chapes

■ Les chapes adhérentes

Les chapes incorporées


Le support béton étant encore frais, il ne nécessite
pas de préparation particulière, si ce n’est de s’assu-
rer qu’il présente une surface rugueuse ; dans le cas
contraire, il suffit d’un griffage pour obtenir ce résultat.
Le mortier utilisé pour réaliser la chape comporte un
sable de granulométrie n’excédant pas 0/3 mm, et un
dosage en ciment Portland de classe de résistance
32,5 au moins égal à celui du béton support, avec un
minimum de 350 kg/m3 de mortier.
Ces chapes sont généralement réalisées en mortier
de consistance ferme, et ont une épaisseur moyenne
de 15 à 25 mm.
Le mortier est étalé, réglé, puis taloché et éventuel-
lement lissé.
Les chapes rapportées
Le béton ayant déjà fait sa prise, la préparation du
support doit être dans ce cas très soignée, afin que
la liaison avec la chape soit efficace.
La surface du support doit être rendue rugueuse par
des moyens manuels ou mécaniques, puis soigneu-
sement nettoyée, humidifiée et traitée avec des pro-
duits d’accrochage destinés à améliorer l’adhérence
de la chape.
Ces produits d’accrochage sont des émulsions à
base d’acétates de polyvinyle, de résines acryliques
ou de styrènes.
On applique en général une première couche d’ad-
hérence (« primaire ») directement sur le support,
puis le mortier dans lequel sont incorporés des pro-
duits d’accrochage.
L’incorporation de ces produits et éventuellement
d’adjuvants au mortier est indispensable pour des

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64
épaisseurs de chape inférieures à 3 cm ; au-delà, ■ Les finitions spéciales
c’est une précaution utile.
Le dosage en ciment des mortiers est au minimum Lorsqu’une résistance à l’usure est recherchée, on
de 350 kg/m3. peut incorporer à la surface de la chape des granulats
Le mortier est étalé sur la surface, puis réglé, talo- durs (corindon, carborandum), ou des fibres d’acier,
ché, et éventuellement lissé. qui améliorent la résistance à l’abrasion et aux chocs.

■ Les chapes flottantes ■ Les joints de fractionnement

Ces chapes sont dites flottantes parce qu’elles sup- Lorsque le gros œuvre comporte des joints, la chape
posent l’interposition, entre la dalle support et la doit être fractionnée aux mêmes emplacements ;
chape proprement dite, d’une couche de désolidari- dans tous les cas les joints sont exécutés pour des
sation (constituée d’un film polyéthylène, d’un lit de surfaces de l’ordre de 25 m2. La distance entre les
sable ou d’un feutre bitumé), ou d’une couche iso- joints est au maximum de 8 m cependant 5 m sont
lante (panneaux de fibres, plastique alvéolaire, préférables.
béton de granulats légers tels qu’argile expansée, Les joints de fractionnement sont exécutés soit par
vermiculite ou liège), lorsque sont recherchées des sciage du mortier frais ou durci, soit par profilés dis-
performances thermiques ou acoustiques. posés avant mise en place du mortier.
La chape est réalisée au mortier dosé au minimum à
350 kg/m3 de ciment de classe 32,5. Selon la compres- ■ La cure du mortier
sibilité de l’isolant, la chape a une épaisseur de 4 à
5 cm, et peut être armée ou non. L’armature utilisée La cure est l’opération destinée à éviter la dessicca-
est alors un treillis à petites mailles de 50 x 50 mm tion du mortier par temps chaud ou sur des chantiers
(grillage) avec fils d’acier de 1 à 1,5 mm de diamètre, exposés à d’importants courants d’air.
placé à mi-épaisseur. Elle peut être réalisée en protégeant la surface du
mortier frais par des bâches (films plastiques) ou des
■ Les enduits de lissage pour sols sacs humides, par humidification ou par pulvérisa-
intérieurs (enduits autolissants) tion d’un produit de cure.

La surface peut être finie grâce à l’application d’en- Les chapes pour sols industriels
duits de lissage, à base de liants hydrauliques, de
charges minérales, de résines et d’adjuvants spéci-
Les exigences d’un sol industriel peuvent être mul-
fiques ; ils ont pour caractéristique d’être autolissants.
tiples :
Ces enduits très fluides s’appliquent en épaisseur de
3 à 10 mm, et sont destinés à recevoir directement les • résistance mécanique aux chocs, aux poinçonne-
revêtements de sols habituels : textiles, plastiques, ments, à l’abrasion ;
céramiques. • résistance aux attaques chimiques : acides, sels
Les enduits de lissage sont conditionnés par le fabri- minéraux, corps gras, sucres ;
cant, de façon à ne nécessiter que l’adjonction d’eau • résistance à des températures élevées.
de gâchage, et éventuellement d’une résine fournie
avec l’enduit.

En haut à gauche : application d’enduit autolissant.

Réalisation d’une couche isolante en argile expansée


pour la sous-couche d’une chape flottante.

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65
Le sol lui-même doit être conçu pour résister à diffé-
rentes contraintes, mais la chape, qui est la partie la
plus sollicitée, nécessite un traitement particulier par
rapport aux réalisations usuelles.
Les mortiers utilisés sont des mélanges prédosés
comprenant généralement un composant à base de
ciment et de charges spéciales minérales ou métal-
liques, et un composant qui est une résine.
Le mélange se fait au moment de la mise en œuvre,
et permet de réaliser un mortier de type autolissant
appliqué en épaisseur appropriée.
L’incorporation au mortier ou le saupoudrage sur le
mortier déjà mis en œuvre et encore frais, de granu-
lats très durs, minéraux type corindon ou particules
métalliques, permet d’obtenir des chapes très résis-
tantes.
Pour la réalisation des chapes industrielles, compte
tenu de leur résistance à de nombreux agents chi-
miques, et de leur résistance mécanique aux jeunes
âges, permettant une mise en service rapide on
emploie des ciments de classe de résistance élevée
ainsi que le ciment prompt naturel et le ciment alu-
mineux fondu.
La résistance du ciment fondu, associé à des granu-
lats réfractaires, à des températures dépassant
1 000 °C, le fait également utiliser pour les sols sou-
mis à des températures élevées – industries métal-
lurgiques, verreries.
Ces différentes réalisations se faisant en épaisseur
relativement mince, nécessitent un traitement de
cure, de façon à assurer une maturation correcte du Une chape réalisée en mortier à base de ciment prompt retenu
mortier sans risque de dessiccation. pour sa résistance aux acides dans une laiterie.
En milieu rural ou dans les industries agro-alimen-
taires, la réalisation de chapes résistant aux agres-
sions chimiques nécessite l’emploi de liants adap-
tés : ciment prompt naturel, ciment alumineux fondu, Pour consulter
CEM V, CEM III/C le chapitre suivant,
cliquer ici.

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66
4.4 Les scellements
et les calages

Les domaines d’emploi Un mortier classique peut en effet prendre un retrait


excessif et ne plus jouer son rôle en se désolidarisant
de l’entourage (décollement, apparition de fissures).
L’évolution des techniques de construction, le posi-
tionnement précis de pièces préfabriquées, le scelle- Les précautions habituelles pour éviter le retrait
ment d’éléments rapportés sur béton, entraînent une dans un mortier au cours de son durcissement res-
utilisation croissante de produits de scellement et de tent bien entendu valables.
calage. Il convient donc de ne pas exagérer la teneur en eau
Parmi les multiples utilisations, on peut citer : de gâchage, et d’assurer la protection du mortier
frais contre la dessiccation (absorption par le sup-
• calage d’équipements industriels, machines
port ou évaporation).
lourdes à forts couples ou à fortes vibrations ;
• scellement de poteaux, poutres, acrotères... ;
■ Caractère expansif du mortier
• scellement de portes, fenêtres et éléments de
second œuvre ; Afin d’éviter les conséquences du retrait, les produits
• scellement de mobilier urbain, d’éléments de spéciaux de scellement et de calage sont générale-
signalisation ; ment réalisés à partir de matériaux expansifs :
• travaux de scellement en milieu marin ; poudres métalliques (oxydes de fer, aluminium), oxy-
• assemblage d’éléments en béton ; dants (expansion après la prise due à la rouille for-
mée).
• scellement de regards de visite sur routes à fort
trafic avec remise en circulation quasi-immédiate.

Les exigences

■ Absence de retrait

La principale caractéristique de ces mortiers est de


présenter peu ou pas du tout de retrait, inacceptable
pour les travaux de scellement ou de calage.
Pour parvenir à ce résultat, un bon mortier de scel-
lement ou de calage doit être sans retrait ou « à
retrait compensé ».
L’expansion du mortier dans un scellement crée un phénomène
d’autoblocage.

Une autre technique couramment utilisée consiste à


provoquer une expansion cristalline par formation de
sulfo-aluminate de chaux (ettringite).
L’expansion libre peut varier de 0,5 à 2 % en volume.

■ Résistance au jeune âge

Elle est indispensable pour répondre aux délais


courts imposés par ce type de travaux.
Elle est obtenue par une composition appropriée ; le
liant est généralement un ciment de classe R (dur-
Le retrait d’un mortier mal étudié a pour conséquence la désoli- cissement rapide), ou un ciment spécial à durcisse-
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darisation scellement/support. ment rapide : ciment prompt, ciment alumineux.

67
■ Autres caractéristiques A titre d’exemple, on peut fournir des valeurs d’arra-
chement mesurées avec des barres scellées dans
• Une faible porosité assurant la protection des du béton avec un mortier à retrait compensé.
pièces métalliques contre la corrosion ;
• une bonne fluidité pour les mortiers de calage qui
doivent remplir des volumes à large section et faible
épaisseur.

La composition
Qu’ils soient prédosés ou fabriqués sur chantier, les
mortiers de scellement font appel à des constituants
bien définis, qui doivent être d’une très bonne quali-
té : ■ Scellement de regards
• ciments à forte résistance de classe 52,5 ou 42,5,
en général à durcissement rapide (classe R), ciment Dans la voirie, le scellement de regards, grilles, etc.,
prompt, ciment alumineux ; est de pratique courante. Cette utilisation demande,
• sable très propre (roulé de préférence) d’un dia- en plus des performances mécaniques et de com-
mètre maximum de 2 ou 3 mm ; pensation du retrait nécessaires à tout scellement de
qualité, une montée rapide des résistances, afin de
• expansif ; rétablir la circulation dans les délais les plus brefs.
• adjuvants divers (plastifiants, rétenteurs d’eau,
accélérateurs, résines) ; il existe des mortiers
comportant des fibres d’acier (de préférence inoxy-
dables) ou de polypropylène.
Les dosages en liant sont généralement élevés (600
à 700 kg pour 1 m3 de sable).
Le dosage en eau doit être ajusté selon la consis-
tance recherchée : E/C compris entre 0,40 et 0,50.

Les scellements

■ Scellement de tiges

Le scellement de tiges ou de barres d’acier dans le


béton est un des cas les plus fréquents.
La profondeur et le diamètre du trou doivent tenir
compte de la longueur et du diamètre de la barre,
ainsi que de la granulométrie du mortier de scelle-
ment.
D’une manière générale, on adoptera pour diamètre
du trou celui de la barre (Ø) majoré de dix fois la
dimension du plus gros grain du mortier (D).
d = Ø + 10 D

La longueur utile L du trou est inversement proportionnelle à son


diamètre.
■ Assemblage d’éléments préfabriqués
Le diamètre du trou détermine la longueur utile L suivant laquelle
sont transmis les efforts d’arrachement au support. Assembler de tels éléments c’est assurer entre eux
On se tiendra aussi près que possible de cette limite : on n’a une liaison. C’est une opération qui ressemble fort à
jamais intérêt à agrandir le diamètre d’un trou de scellement. un scellement : on cherche en effet un bon remplis-
En effet, la longueur utile L du support qui reprend les efforts sage des volumes avec néanmoins un blocage effi-
d’arrachement transmis par le mortier de scellement, selon un
angle de 45°, est inversement proportionnelle au diamètre du trou. cace et une bonne adhérence. Les règles élémen-
Le support devra comporter les armatures nécessaires à la taires décrites à propos des scellements s’appliquent
reprise locale des efforts, et à leur transmission aux parties de la même manière. On utilise un mortier à consis-
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résistantes de la pièce. tance plastique.

68
Exemples de dispositifs destinés à améliorer le scellement d’une barre.

Injection d’un mortier de scellement.

Elle est longue, coûteuse, délicate (mise à niveau


difficile). Les charges s’exercent sur des sections
faibles de mortier traditionnel.
La méthode utilisant des mortiers spéciaux permet
un positionnement plus rapide et un réglage plus éco-
nomique (vis de réglage et vérins récupérables). Les
charges sont réparties sur une large section de
contacts par l’intermédiaire d’une épaisseur de mor-
tier ou de coulis réduite. L’adhérence est excellente
grâce à la liaison intime avec la fondation. Suivant les
problèmes à résoudre, propres à chaque cas, et sui-
vant la dimension des espaces à remplir, on utilise
des coulis ou des mortiers plus ou moins fluides,
sans ressuage.
Le mortier de calage doit conserver sa fluidité pen-
dant tout le temps de la mise en place (qui peut
dépasser largement une heure dans le cas des très
grandes machines).
Malgré cette fluidité, il doit rester homogène et sans
retrait ultérieur qui aurait pour effet d’interrompre la
liaison support-objet, d’entraîner une concentration
des charges sur les cales mécaniques et une corro-
sion en sous-face.
Les applications sont nombreuses :
• calages de plaques d’appui de toutes sortes, de
supports métalliques ;
• calages de rails de ponts roulants ;
• calages de socles de machines, tournantes ou
non, susceptibles de générer des vibrations (tur-
bines, presses, machines-outils, laminoirs, alterna-
Le calage teurs...) ;
• calages de haute précision ;
Caler une pièce ou une machine, c’est faire en sorte • ainsi que des blocages plus ou moins importants, et
qu’elle repose, selon un positionnement précis, de parfois des réparations, des reprises en sous-œuvre,
façon solide et fixe sur un support. des assemblages d’éléments (en génie nucléaire),
etc.

Presque toujours un calage est associé à des scellements.

Calage réparti avec un matériau à base de liant


hydraulique.

Une méthode consiste à utiliser des cales très Les mortiers (ou coulis) de calage sont mis en place
diverses (empilement de cales, cales usinées, soit par injection, soit par gravité.
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coniques, cales à vérins, à vis de réglage...).

69
Calage de machines.

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Tiges scellées.

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70
4.5 Les mortiers et coulis
de réparation

Quand répare-t-on ? Les causes des dégradations


Il arrive que, du fait de causes accidentelles, d’une Les dégradations du béton trouvent leur origine dans
utilisation anormale, de défauts de mise en œuvre, des phénomènes usuels et bien connus, tels que la
des désordres apparaissent dans les ouvrages en carbonatation ou les influences de la pluie, de la cha-
béton. Certains sont acceptables et ne nécessitent leur ou du gel. Elles peuvent être aussi occasionnées
pas une intervention immédiate, d’autres peuvent par des causes ponctuelles ou accidentelles, telles
être préjudiciables à la durabilité de l’ouvrage et que les surcharges ou les incendies.
nécessitent des réparations. Ces différentes causes peuvent être classées sui-
Nous ne traitons pas ici des désordres mettant en vant leur origine.
cause la stabilité de l’ouvrage, qui font l’objet de tra-
vaux de renforcement avec remplacement ou ■ Phénomènes purement chimiques
adjonction d’armatures.
Les réparations envisagées dans cette Fiche tech- • La carbonatation du béton : elle est due à l’action
nique concernent le reprofilage du béton au voisina- du gaz carbonique de l’air sur la chaux, produite par
ge de sa surface pour reconstituer la protection des l’hydratation du ciment. La carbonatation, non
armatures, rétablir l’étanchéité ou remédier à des gênante pour le béton lui-même, a pour effet de dimi-
défauts d’aspect, ainsi que le traitement des fissures nuer la basicité du milieu qui consistue la protection
stabilisées. de l’acier des armatures, assurée par un phénomè-
ne de passivation (voir fiche DB1).
Réparation par projection : le mortier adhère fortement.

La disparition de cette passivation expose donc les


armatures à la corrosion, qui va non seulement
affecter la capacité portante du béton armé, mais
aussi faire éclater le béton du fait de l’expansion de
la rouille. La carbonatation progresse lentement de
la surface vers le cœur du béton, d’autant moins vite
que le béton est moins poreux et mieux dosé en
ciment (au minimum 350 kg/m3).
• Les agressions d’origine chimique peuvent être
provoquées aussi par l’eau, qu’elle soit pure ou au
contraire chargée en sels plus ou moins actifs (chlo-
rures, sulfures, sulfates).

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71
L’eau de pluie, l’eau de mer et plus généralement les Mortiers à base de liants de synthèse
eaux chargées en sels, l’eau de la nappe phréatique,
Ce sont des mortiers qui contiennent environ 50 %
les eaux de lavage constituent autant de cas d’es-
de granulats (sables et fillers) et 10 % de résine
pèces, dont l’action peut se traduire par un lessivage
époxyde, polyuréthane ou polyester.
du béton qui dissout la chaux et augmente sa poro-
sité, ou par des réactions conduisant à la production Des charges, des adjuvants ou des fibres peuvent
de sels expansifs à l’origine de fissures ou d’éclate- entrer dans leur composition. Ces mortiers sont de
ment du béton. préférence prédosés et réservés à des réparations
de faibles dimensions.
■ Phénomènes physiques
■ L’exécution des réparations
Il peut s’agir des actions mécaniques telles que
chocs, vibrations, abrasion, ou des actions liées aux Préparation des supports
variations de température : dilatation due à la cha-
leur, effets du gel, chocs thermiques. C’est une phase capitale qui conditionne la qualité
de la réparation. Le béton est débarrassé des parties
non adhérentes ou dégradées par piquage, brossa-
■ Phénomènes physico-chimiques ge et dépoussiérage. Les armatures apparentes sont
dégagées par enlèvement du béton non adhérent,
Ils sont inhérents au béton lui-même, comme ceux puis éventuellement décapées par sablage ou gre-
liés aux phénomènes complexes du retrait, ou aux naillage.
réactions se développant à l’interface des constituants.
Lorsque l’épaisseur du béton d’enrobage est faible
Ils peuvent être provoqués par des agressions exté- ou en atmosphère agressive, on procède à un traite-
rieures ; l’action des sels de déverglaçage en est ment de passivation des aciers avec des matériaux
l’exemple le plus significatif. tels que les oxydes de zinc ou les époxydes-zinc.

La reconstitution du béton de surface Mise en œuvre du mortier


Après mouillage de la surface ou application d’une
■ Les domaines d’application couche d’accrochage, le mortier est mis en œuvre,
soit manuellement avec ou sans coffrage selon les
dimensions de la réparation et la thixotropie du mor-
Il s’agit de reconstituer le béton dégradé, pour des
tier, soit par projection.
surfaces localisées, sur une épaisseur allant de
quelques millimètres à 4-5 cm maximum. C’est le L’avantage de la projection, surtout par voie sèche
cas courant des ragréages de parement, des répa- (eau introduite au niveau de la lance de projection),
rations d’épaufrures ou de reconstitutions du béton est lié à la vitesse à laquelle le matériau est projeté
d’enrobage d’armatures ou d’appuis de balcons. sur le support (jusqu’à 100 m/s).
Le but de ces réparations est aussi bien esthétique Dans ce cas, le mortier a une forte adhérence au
que technique. Elles permettent de redonner à l’ou- support, une faible porosité, des caractéristiques
vrage la protection requise et, en béton armé, de mécaniques élevées. Lorsqu’une forte imperméabili-
préserver les armatures. sation est recherchée, une couche de protection
complémentaire est généralement appliquée sur le
mortier de réparation. Les matériaux utilisés pour
■ Les mortiers utilisés cette protection sont en général à base de liants
hydrauliques et de résines.
Fabriqués sur chantier, prêts à l’emploi ou prédosés,
les mortiers doivent satisfaire des exigences
diverses, qui varient en fonction de la nature de la Le traitement des fissures
réparation et des conditions d’application ou d’envi-
ronnement : température, délais, accessibilité.
Ils sont soit à base de liants hydrauliques, soit à ■ Les domaines d’application
base de liants de synthèse. Ils doivent dans tous les
cas présenter des caractéristiques compatibles avec La fissuration du béton, conséquence de phéno-
celles du support, notamment du point de vue de sa mènes physico-chimiques ou mécaniques variés, ne
déformabilité, de sa dilatation et, bien entendu, chi- présente pas toujours un caractère justifiant sa répa-
miquement. Ces conditions sont remplies avec les ration, en particulier lorsqu’il s’agit de fines fissures
mortiers à base de liants hydrauliques. de l’ordre du 1/10 mm qui n’affectent pas sa péren-
Ils doivent également permettre d’assurer une bonne nité.
adhérence au support et apporter par leur faible Par contre, à partir de 2 à 3 dixièmes de millimètre,
porosité une protection efficace aux armatures. on peut être conduit à envisager un traitement par
injection, qui fait appel à des matériaux différents
Mortiers à base de liants hydrauliques selon l’ouverture de la fissure et son degré de stabi-
Les liants utilisés dépendent des caractéristiques lisation.
attendues du mortier. Les recommandations élaborées par le STRRES
Le dosage en liant est au minimum de 450 kg/m3 de (Syndicat national des entrepreneurs spécialistes en
sable sec. Pour améliorer les caractéristiques d’ad- travaux de réparation et de renforcement de struc-
hérence, de résistance mécanique ou de rhéologie, tures) font la distinction suivante entre les fissures :
on utilise souvent des adjuvants, des résines à base • supérieures à 10 mm ;
de styrènes, d’esters de polyvinyles ou d’époxydes, • comprises entre 1 et 10 mm ;
ainsi que des fibres de verre, de polypropylène ou
d’acier. Le sable utilisé pour ces mortiers est un • comprises entre 0,5 et 3 mm ;
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sable fin de granulométrie voisine de 0/3 mm. • inférieures à 0,5 mm.

72
■ Matériaux utilisés Nota
pour le traitement des fissures 1. Il faut remarquer que ces traitements s’appliquent
essentiellement à des fissures « passives » (fissures
Le document suivant, tiré des recommandations du stabilisées).
STRRES (voir en dernière page), de l’AFPC et du
SN. BATI, résume la nature des produits de traite- 2. Les mortiers préconisés pour les fissures supé-
ment selon le type de fissures à traiter. rieures à 10 mm sont dosés à au moins 400 kg de
ciment/m3 et font fréquemment appel à des adju-
vants : plastifiants ou hydrofuges.

■ Mise en œuvre des mortiers et coulis


Le matériel utilisé pour injecter les résines (pots d’in-
jection, pompes et injecteurs) n’est pas abordé ici.
Avant application du mortier ou du coulis, le support
doit être soigneusement préparé par brossage,
décapage des lèvres des fissures les plus larges et
dépoussiérage.
Si nécessaire, les fissures sont nettoyées à l’air com-
primé ou sous jet d’eau.
L’injection du produit de réparation est faite, selon les
cas, par gravité ou à l’aide d’injecteurs disposés tous
les 30 à 40 cm le long de la fissure, alimentés par
une pompe travaillant à une pression comprise entre
0 et 3 MPa.

Reboucher pour protéger les armatures.

Fréquent en restauration, le rejointoiement.

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73
Une réparation nécessite différentes opérations : la passivation
des armatures, la mise en place d’un mortier.

Syndicats d’entrepreneurs spécialisés dans les travaux de


réparation :
STRRES, 3, rue de Berri, 75008 Paris.
SN FORES, 3, rue Alfred-Roll, 75017 Paris.

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74
PARTIE 5
LE MATÉRIAU BÉTON

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5.1 Le béton :
connaissance du matériau

Historique de Lambot (1848), le plus significatif, l’immeuble


Hennebique à Paris (1898).
L’ingénieur Bélidor, auteur de « L’architecture Le XXe siècle va voir le développement considérable
hydraulique » (1737) étudia la composition du béton du béton et, parallèlement, l’évolution de ses tech-
et introduisit le mot béton dans son sens actuel. niques : usage croissant des adjuvants, béton prêt à
l’emploi, matériel de mise en œuvre, mise au point
L’invention du ciment par Louis Vicat en 1817, celle
du béton précontraint par Freyssinet.
du ciment Portland par Aspdin (1824) et l’installation
des premiers fours par Pavin de Lafarge au Teil Plus récemment, les progrès réalisés dans les
(1830) préparent l’avènement du béton. Les pre- bétons de hautes performances lui donnent ses
mières cimenteries se développent en France entre lettres de noblesse dans le bâtiment, avec une réali-
1850 et 1860, dans le Boulonnais avec la Société sation comme l’Arche de la Défense, ou dans les tra-
des Ciments Français. vaux publics : pont de l’Ile de Ré, pont sur l’Elorn,
pont de Normandie.
C’est en fait le mariage ciment-métal, appelé ciment
armé, puis béton armé, qui va donner au béton
son plein essor. Le premier exemple, est la barque

65 ans séparent le nouveau pont sur l’Elorn du pont Albert Louppe conçu et réalisé par Freyssinet en 1928.

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77
Du béton pour structurer,
pour embellir les façades,
pour franchir les cours d’eau
(ou la mer), pour les routes
et leurs équipements.

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78
Le béton, pour quoi faire ? • Les bétons de granulats légers, dont la résistance
peut être élevée, sont employés dans le bâtiment,
pour les plates-formes offshore ou les ponts.
Performances et souplesse d’emploi permettent au
béton d’être présent dans tous les domaines du bâti- • Les bétons cellulaires peuvent répondre aux pro-
ment et des travaux publics. blèmes d’isolation dans le bâtiment.
Le béton fait partie de notre cadre de vie. Il a • Les bétons de fibres, plus récents, correspondent à
mérité sa place par ses caractéristiques de résistan- des usages très variés : dallages, éléments décora-
ce, ses propriétés en matière thermique, sa résis- tifs, mobilier urbain.
tance au feu, son isolation phonique, son aptitude au
vieillissement, ainsi que par la diversité qu’il permet
dans les formes, les couleurs et les aspects.
Le béton a sa place dans les bâtiments d’habitation
(logements, écoles, hôpitaux...) aussi bien que dans
les constructions liées à l’activité professionnelle
(usines, ateliers, commerces, bureaux) ou dans des
réalisations diverses (socio-culturelles, sportives ou
de loisir...).
Le béton structure et participe de manière visible à
l’architecture. Le béton n’est plus une « pierre artifi-
cielle », mais un matériau adapté aux formes ten-
dues, propres aux ouvrages d’art, au même titre
qu’aux réalisations actuelles des architectes.
Le béton permet de franchir. Grâce à la précon-
trainte, le béton a pu améliorer ses performances et
rend possible les très longues portées. Les dernières
évolutions techniques concernent la précontrainte
extérieure et l’allègement des âmes des tabliers, en
particulier par l’utilisation de structures triangulées.
Le béton est dans les routes. Supprimant pratique-
Qu’est-ce que le béton ?
ment toutes les servitudes inhérentes à l’entretien, le
béton routier s’est fait sa place dans tous les types de Le béton est un mélange de plusieurs composants :
voiries, de l’autoroute au chemin de vignoble, en pas- ciment, eau, air, granulats et, le plus souvent, adju-
sant par les pistes cyclables. Dans les villes, les vants qui doivent constituer un ensemble homogène.
dalles et les pavés en béton apportent leur esthéti- Les composants sont très différents : leurs masses
que particulière, en harmonie avec le mobilier urbain. volumiques vont, dans les bétons courants, de 1
(eau) à 3 (ciment) t/m3 ; les dimensions de leurs
grains s’échelonnent de 0,5 µm (grains les plus fins
Quels bétons ? du ciment) à 25 mm (gravillons).
Dans les bétons où une très grande compacité est
Le béton peut varier en fonction de la nature des gra- recherchée (bétons HP par exemple), la dimension
nulats, des adjuvants, des colorants, des traitements des éléments les plus fins peut descendre en des-
de surface, et peut ainsi s’adapter aux exigences de sous de 0,1 µm (fillers, fumée de silice).
chaque réalisation, par ses performances et par son De même les granulats très légers ont des masses
aspect. volumiques inférieures à 100 kg/m3.
• Les bétons courants sont les plus utilisés, aussi La pâte (ciment + eau), élément actif du béton enro-
bien dans le bâtiment qu’en travaux publics. Ils pré- be les granulats. L’objectif est de remplir les vides
sentent une masse volumique de 2 300 kg/m3 envi- existants entre les grains. La pâte joue le rôle de
ron. Ils peuvent être armés ou non, et lorsqu’ils sont lubrifiant et de colle.
très sollicités en flexion, précontraints.
• Les bétons lourds, dont les masses volumiques
peuvent atteindre 6 000 kg/m3 servent, entre autres,
pour la protection contre les rayons radioactifs.

La confection d’un béton approprié à sa destination


consiste, à partir d’études graphiques ou expérimen-
tales, à déterminer la composition granulaire et le
dosage des divers constituants (Fiche technique B3).

■ Le ciment

Le choix du type de ciment et son dosage dépendent


à la fois des performances recherchées (résistance
mécanique, résistance aux agents agressifs, appa-
rence) et de la nature des autres composants (gra-
www.allislam.net nulométrie des granulats).

79
Dosage en ciment et résistances mécaniques
Le dosage en ciment a une influence directe sur les
résistances mécaniques du béton. Toutes autres
conditions égales par ailleurs, on peut dire que dans
une certaine plage (150 à 400 kg/m3 de béton) la
résistance est sensiblement proportionnelle au
dosage en ciment C.

L’eau
Nécessaire à l’hydratation du ciment, elle facilite
aussi la mise en œuvre du béton (effet lubrifiant)
Sans détailler les critères de choix du ciment (voir dans la mesure où on n’abuse pas de cette influen-
le chapitre 1.4) on peut rappeler quelques règles : ce par un excès d’eau qui diminue les résistances et
• Pour un béton courant, on utilise des ciments de la durabilité du béton.
type CEM II, CEM I, CEM III, CEM III/C, ou CEM V, L’eau doit être propre et ne pas contenir d’impure-
alors que ciment à maçonner et chaux hydraulique tés nuisibles (matières organiques, alcalis). L’eau
sont réservés à la préparation de mortiers pour potable convient toujours. Le gâchage à l’eau de
maçonneries. mer est à éviter, surtout pour le béton armé. La
• Pour les bétons armés, la classe de résistance quantité d’eau varie avec un très grand nombre de
32,5 est au minimum retenue. facteurs (teneur en ciment, granulats, consistance
• Pour des travaux en ambiance agressive, on utilise recherchée du béton frais) ; elle est en général
des ciments pour travaux à la mer NF P 15 317 ou comprise entre 140 et 210 l/m3. Il convient de tenir
des ciments pour travaux en eaux à haute teneur en compte de l’eau apportée par les granulats. Il est
sulfates XP P 15-319. souvent utile de contrôler la plasticité à l’aide d’es-
• Le ciment prompt naturel et le ciment alumineux sais simples connus.
fondu sont utilisés pour leur durcissement rapide
(réparations, scellements), mais aussi pour leur Le rapport E est un critère important des études
C
résistance aux ambiances agressives. de béton ; c’est un paramètre essentiel de l’ouvrabi-
• La classe R est utilisée chaque fois qu’on lité du béton et de sa qualité : résistance mécanique
cherche des résistances élevées au jeune âge : pré- à la compression, durabilité.
fabrication avec cycle de démoulage court, bétonna-
ge par temps froid. Les granulats
• Les ciments blancs se prêtent bien à la réalisation
de bétons architectoniques. Ils peuvent être égale- On peut distinguer les granulats naturels (roulés ou
ment teintés à l’aide de pigments minéraux. concassés) et artificiels (voir le chapitre 3.1). La
gamme des granulats s’est considérablement éten-
Dosage en ciment : les critères due ; à côté des granulats courants, des granulats
Le dosage en ciment est un choix délicat qui dépend spéciaux sont apparus pour des usages spécifiques :
de plusieurs critères tels que le type de béton, la • durs pour des bétons soumis à une forte usure :
destination de l’ouvrage, la résistance requise, les sols industriels, routes à grande circulation ;
granulats utilisés... • légers pour isolation thermique et allègement des
structures ;
Le dosage n’est pas déterminé par un calcul théo- • réfractaires, à faible coefficient de dilatation ther-
rique absolu, mais il résulte de l’application de règles mique ;
dont la valeur a pu être appréciée à l’usage et véri- • colorés pour les bétons apparents.
fiée expérimentalement. Les granulats doivent être des matériaux de qualité
La norme XP P 18-305 « Bétons prêts à l’emploi » et satisfaire notamment deux exigences :
fournit des dosages minimaux à respecter en fonction – la propreté, particulièrement importante pour les
des classes d’environnement qui sont elles-mêmes sables ; la teneur en fines argileuses doit être stric-
définies dans ce document. tement limitée ;

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* Le liant équivalent est constitué du ciment et d'une éventuelle addition normalisée dans les conditions définies par la norme P 18-305.

80
– la granulométrie, propriété géométrique essentiel- spécifications : résistance mécanique, notamment à
le d’un granulat, dont le bon choix est déterminant la compression, isolation thermique et phonique,
dans la recherche d’un béton compact. étanchéité, aspect, durabilité, sécurité incendie.
Les granulats utilisés pour réaliser un béton doivent Pour utiliser au mieux le béton, il faut bien connaître
permettre d’une part de remplir correctement et en ses propriétés : d’une part à l’état frais, alors qu’il est
totalité le moule ou le coffrage et, d’autre part, d’as- plastique et qu’on peut le travailler ; d’autre part, à
surer un enrobage correct des armatures. l’état durci, alors que sa forme ne peut plus être modi-
En outre, au voisinage des parois, les distances fiée mais que ses caractéristiques continuent à évo-
entre les plus gros grains laissent des vides plus luer durant de nombreux mois, voire des années.
importants que dans la masse du béton. Il est donc
nécessaire de délimiter la taille maximale des grains ■ Le béton frais
en tenant compte de ce phénomène.
La satisfaction de ces exigences impose une limita- La propriété essentielle du béton frais est son ouvra-
tion de dimension pour le plus gros granulat (D) en bilité, qui le rend apte à remplir n’importe quel volu-
fonction de : me, à condition que sa composition ait été étudiée
• la plus petite dimension de l’ouvrage «h» : D < 0,25 h en conséquence et que les moyens de mise en
• l’espacement entre les deux armatures les plus œuvre soient appropriés.
rapprochées « e » : L’ouvrabilité caractérise l’aptitude d’un béton à rem-
D < e – 0,5 (en cm) ; plir les coffrages et à enrober convenablement les
• l’enrobage des armatures « d » : armatures.
D < 0,65 d. De nombreux facteurs influent sur l’ouvrabilité : natu-
re et dosage en ciment, forme des granulats, granu-
lométrie, emploi d’adjuvants et, bien entendu, dosa-
ge en eau.
Il ne faut cependant pas considérer que le dosage
en eau peut être augmenté au-delà d’une certaine
valeur dans le seul but d’améliorer l’ouvrabilité.
Un excès d’eau se traduit, entre autres inconvé-
nients, par un phénomène de « ressuage », qui est la
création à la surface d’une pièce en béton, d’un film
d’eau, générateur de fissures après évaporation.
Les autres conséquences sont :
• la diminution de la compacité et, corrélativement,
des résistances ;
• une porosité accrue ;
• un risque de ségrégation des constituants du
béton ;
• un retrait augmenté ;
• un état de surface défectueux se traduisant notam-
ment par le bullage.
La teneur en eau doit être strictement limitée au
minimum compatible avec les exigences d’ouvrabili-
té et d’hydratation du ciment.
La grandeur qui caractérise l’ouvrabilité est la consis-
tance ; sa mesure peut être effectuée facilement sur
■ Les adjuvants le chantier avec la méthode du cône d’Abrams ou
« slump test », qui est un essai d’affaissement d’un
volume de béton de forme tronconique, mesuré
Les adjuvants sont de plus en plus utilisés. Ils modi-
conformément à la norme NF P 18 451.
fient les propriétés des bétons – et des mortiers –
auxquels ils sont ajoutés (voir le chapitre 3.2).
Par exemple, l’emploi des plastifiants-réducteurs
d’eau et des superplastifiants facilite la mise en
place du béton dans les pièces minces fortement
armées, ainsi que la réalisation des bétons de
hautes performances.
Les accélérateurs de prise facilitent le bétonnage par
temps froid, tandis que les retardateurs de prise sont
utiles pour le bétonnage par temps chaud.

Propriétés des bétons


Les qualités du béton sont bien connues. C’est un
matériau facile à mouler quelles que soient les
formes, à l’épreuve du temps, économique, résistant
au feu et nécessitant peu d’entretien.
Matériau composite, mis en œuvre de multiples
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manières, il peut répondre à un grand nombre de

81
Matériau privilégié de l’architecture
du XXe siècle, le béton apporte à la fois
sa force aux structures, et sa souplesse
pour réaliser les volumes les plus originaux,
www.allislam.net les teintes et les textures les plus variées.

82
Selon la valeur d’affaissement obtenue, le béton est Les résistances mécaniques
classé de la façon suivante : Une bonne résistance à la compression est la quali-
té bien souvent recherchée pour le béton durci. Cette
résistance est généralement caractérisée par la
valeur mesurée à vingt-huit jours.
On a pu voir précédemment que la résistance
dépend d’un certain nombre de paramètres, en par-
ticulier la classe et le dosage du ciment, la porosité
du béton et le facteur E/C, rapport du dosage en eau
au dosage en ciment.
Parmi les formules qui permettent de prévoir les
Selon la norme P 183 25.
résistances, celle de Féret est la plus connue.
C 2
R=k ( C+E+V )
R = résistance,
■ Le béton durci k = coefficient dépendant de la classe de ciment, du
type de granulats et du mode de mise en œuvre,
La porosité
C = dosage en ciment,
La caractéristique essentielle du béton durci est sa E = dosage en eau,
porosité – rapport du volume des vides au volume V = volume d’air subsistant.
total. Cette formule montre l’intérêt que présente la dimi-
Les études de Féret avaient déjà établi le lien entre nution de la quantité d’eau de gâchage et de l’air, ce
la porosité du béton et sa résistance. On a pu voir qui réduit la porosité et par conséquent augmente la
depuis l’importance de cette caractéristique sur la résistance.
résistance du béton aux agents agressifs, sur la car- Les résistances mécaniques du béton sont contrô-
bonatation en matière de protection des armatures, lées par des essais destructifs ou non destructifs.
et sur la tenue au gel. C’est donc le facteur essentiel
• Les essais destructifs
de la durabilité du béton.
La résistance à la compression peut être mesurée
La recherche d’une porosité minimale doit nécessai-
en laboratoire sur des éprouvettes généralement
rement passer par :
cylindriques (diamètre 16 cm, hauteur 32 cm),
• l’augmentation de la compacité du béton frais confectionnées avec le béton destiné à l’ouvrage à
grâce à une bonne composition du béton et à des contrôler.
moyens de mise en œuvre adaptés ; les compacités
réellement atteintes sur chantier ne dépassent guère
0,850 : dans 1 m3 de béton très bien préparé et vibré
par des moyens puissants, il existe encore 150 litres
d’air ou d’eau, constitués notamment par des
canaux extrêmement fins, répartis dans la pâte de
ciment durcie (capillaires) ;
• l’augmentation du dosage en ciment et le choix de
son type ont une influence favorable sur la diminu-
tion de la porosité ; les hydrates formés par l’hydra-
tation du ciment ont un rôle essentiel de colmatage
des capillaires.
On améliore la compacité du béton en jouant sur la
granulométrie des granulats dans la fraction des élé-
ments fins, et sur la réduction d’eau.
La faible porosité d’un béton présente de nombreux
avantages déterminants pour sa durabilité.
• Un béton en contact avec un milieu agressif (eau
pure, eaux séléniteuses, eau contenant des acides
organiques) subira une attaque beaucoup plus lente
si les capillaires du béton sont moins nombreux et
plus fins.
• Dans le cas du béton armé, une faible porosité est
indispensable, pour protéger les armatures contre
l’oxydation, le ciment Portland dégageant de la
chaux au cours de son durcissement.
L’acier est protégé contre l’oxydation tant qu’il est
baigné par cette chaux – pH basique – mais si elle
se carbonate au contact de l’air pour revenir à l’état
de carbonate de calcium – pH acide – l’acier rede-
vient vulnérable. En retardant cette carbonatation,
une faible porosité assure la protection des arma- • Les essais non destructifs
tures. Ils peuvent utiliser le scléromètre, appareil basé sur
Pour les bétons devant présenter une forte étanchéi- le rebondissement d’une bille d’acier sur la surface à
té (réservoirs, piscines), une faible porosité évitera tester, ou des instruments de mesure de la vitesse
pratiquement toute migration d’eau au travers des du son au travers du béton (4 000 m/s pour un béton
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capillaires courant).

83
■ Variations volumiques déformations sont proportionnelles aux charges
appliquées.
Au cours de son évolution, le béton est l’objet de Le module d’élasticité instantané Ei au jour j d’un
modifications physico-chimiques qui entraînent des béton courant est lié à sa résistance en compression
variations dimensionnelles. au même âge par une relation empirique telle que :
Le retrait hydraulique avant prise Ei = 11 000 3R
cj (en MPa) (règles BAEL 91).
et en cours de prise Rcj = résistance à la compression au jour j. Ei est le
plus souvent compris entre 30 000 et 35 000 MPa.
Il est dû à un départ rapide d’une partie de l’eau de
gâchage, soit par évaporation (rapport surface/ ■ Les déformations sous charge
volume des pièces élevé, atmosphère sèche, temps
chaud, vent violent), soit par absorption (coffrage, de longue durée : le fluage
granulats poreux). Une surface de béton frais peut
évaporer plus d’un litre d’eau par m2 et par heure. Au-delà d’une certaine charge (approximativement
Ce retrait sera limité par une bonne compacité du la moitié de la résistance ultime à la compression), le
béton ou par un traitement de cure (film freinant béton se comporte comme un corps plastique. Après
l’évaporation). suppression de la charge, il subsiste une déforma-
tion résiduelle permanente, c’est ce qu’on appelle le
Le retrait hydraulique à long terme phénomène du fluage.
On admet que cette déformation due au fluage, qui
Il est dû à un départ lent de l’eau en atmosphère se poursuit durant de nombreux mois (voire années),
sèche. Il varie suivant les ciments (nature, finesse) et est de l’ordre de trois fois la déformation instantanée.
il est proportionnel au dosage en volume absolu de
la pâte pure. (1)
∆I R
=
Le retrait thermique I E

Il est dû à des baisses rapides de température pro-


venant :
• soit du ciment lui-même lors de son hydratation
aux premiers âges, qui provoque une élévation de
température, suivie de son refroidissement ;
• soit des variations climatiques du milieu.
Ces deux causes additionnent parfois leurs effets.
Les effets de la première peuvent être réduits en uti-
lisant des ciments à faible chaleur d’hydratation.
L’ordre de grandeur du retrait total est de 200 à
300 µm/m pour un béton usuel. Diagramme de fluage.

■ Les déformations sous charge


instantanée
Pour consulter
Comme tous les autres matériaux, le béton a un le chapitre suivant,
comportement élastique linéaire pour des charges cliquer ici.
modérées de courte durée, c’est-à-dire que ses

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84
5.2 Domaines d’emploi
et fonctions du béton

Les possibilités du béton étanchéité, thermique, acoustique et bien entendu


esthétique. A toutes ces exigences, le béton peut
apporter une réponse en jouant sur sa composition
Le béton, qu’il soit armé ou non, est présent partout et la conception des éléments.
où l’on construit, et il doit cette présence à ses nom- • Le béton est un matériau très divers qui sait adap-
breuses qualités. ter ses performances selon son emploi : on pourra
• Sa durabilité : le béton résiste très longtemps aux développer des hautes résistances mécaniques, ou
sollicitations physico-chimiques liées aux conditions chercher des gains de poids ou des solutions plus
d’emploi, aussi bien qu’à l’environnement. On peut, économiques. Le béton peut tantôt satisfaire les plus
en fait, assigner aux ouvrages en béton la durabilité grandes exigences esthétiques ou tenir un rôle
choisie en fonction de critères technico-écono- moins apparent, apportant son concours indispen-
miques retenus. sable dans les structures.
• Ses caractéristiques lui permettent de répondre • Le béton est aussi ce matériau moulable suscep-
aux multiples exigences imposées au bâtiment : tible d’épouser toutes les formes, des plus massives
sécurité, stabilité statique et dynamique, tenue au feu, aux plus délicates.

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85
Les domaines d’emploi du béton ■ La fonction structure

La structure, que l’architecte Claude Parent définit


■ Le bâtiment comme « l’organisation de la matière destinée à
recevoir et à transmettre les efforts », est particuliè-
Le béton tient une place essentielle dans l’urbanis- rement bien assumée par le béton, armé ou précon-
me moderne. Cela semble normal lorsqu’on consi- traint.
dère sa participation dans la construction de loge- Outre sa résistance mécanique, sa souplesse d’utili-
ments : pour les murs, 80 % des techniques en indi- sation autorise la continuité de la forme favorisant la
viduel, plus de 90 % en collectif pour les structures ; transmission des efforts dans les différents élé-
pour les planchers le béton est pratiquement le ments : poteaux, poutres, voiles porteurs, planchers.
matériau exclusif.
D’autres exigences indispensables pour cette fonc-
Le béton s’est également largement imposé dans les tion sont également satisfaites, notamment la dura-
autres secteurs de la construction : bureaux, hôpi- bilité et la tenue au feu, mais aussi l’aspect qui four-
taux, locaux scolaires, ainsi que dans les grands édi- nit à l’architecte une grande liberté d’expression.
fices publics et les bâtiments industriels.
■ La fonction plancher
■ Les travaux publics
Le béton est le matériau quasi exclusif des plan-
Les ponts chers des constructions modernes en immeubles
Les progrès techniques, et en particulier l’évolution collectifs comme individuels.
des caractéristiques du béton, permettent de réaliser Outres ses qualités mécaniques ou de sécurité en
des portées atteignant 500 m pour les ponts hau- cas d’incendie, il apporte par sa masse l’isolation
bannés. acoustique indispensable entre logements ou
bureaux, ainsi qu’un confort dû à son inertie ther-
Les tunnels mique, aussi bien l’hiver que l’été.
Pour les grands tunnels, dont les exemples se multi- Les systèmes de planchers peuvent se ramener à
plient dans le monde, le béton est soit coulé en place, quatre familles :
soit utilisé dans des voussoirs préfabriqués. Ceux-ci • les planchers coulés en place (dalles pleines) ;
sont posés à l’avancement de la machine à forer – le • le système poutrelles armées ou précontraintes
tunnelier – et permettent de « chemiser » la galerie. plus entrevous (hourdis) ;
Les barrages • les prédalles complétées par du béton coulé en
œuvre ;
Les grands barrages sont le plus souvent en béton • les dalles finies, alvéolées le plus souvent, de véri-
permettant des implantations dans les sites les plus tables composants qu’il suffit d’assembler sur le
difficiles. chantier.
Les routes
La chaussée béton prend une part de plus en plus
importante dans les grandes voiries routières et
autoroutières, grâce au développement de tech-
niques modernes : béton armé continu, dalle épais-
se, traitement de surface.
Les voiries à faible trafic montrent un regain d’intérêt
pour les solutions béton, qui leur assurent durabilité
et faible coût d’entretien.
Autres ouvrages
Il faut également citer les ouvrages hors du commun :
structures offshore ou centrales nucléaires, dont les ■ La fonction enveloppe
exigences requièrent des bétons aux caractéris- Cette fonction est remplie par les murs extérieurs de
tiques mécaniques et à la durabilité élevées.
la construction qui doivent apporter tenue méca-
nique, étanchéité, isolation thermique et phonique,
protection contre l’incendie, et bien entendu aspect
esthétique.
Le béton et ses fonctions
Le béton apporte une réponse à cette fonction sous
dans le bâtiment des formes multiples :
Dans un bâtiment, diverses fonctions sont assurées • béton banché coulé en place ;
par le gros œuvre ; on peut les ramener à quatre • panneaux préfabriqués à isolation intégrée ou rap-
fonctions essentielles : portée ;
• fonction structure ; • éléments maçonnés constitués par des blocs aux
• fonction plancher ; caractéristiques variées : blocs creux ou pleins, blocs
à bancher, blocs isolants, blocs de parement ; c’est
• fonction enveloppe ; la formule traditionnelle de la construction indivi-
• fonction couverture. duelle ou du petit collectif.
Le béton apporte dans ces quatre fonctions une Les possibilités de finition et de coloration du béton
réponse très largement positive à la satisfaction des offrent au concepteur un large éventail de parements
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exigences qu’est en droit d’avoir l’utilisateur. en béton apparent.

86
■ La fonction couverture ■ Les bétons légers

Elle peut être assurée dans les immeubles collectifs L’intérêt des bétons légers réside dans le gain impor-
par une dalle béton sur laquelle est rapportée l’étan- tant qu’on peut réaliser sur le poids propre de l’ou-
chéité et éventuellement un dallage lorsque la dalle vrage. Les bétons légers présentent des masses
doit être circulable ou utilisée en terrasse accessible. volumiques qui vont de 300 à 1 800 kg/m3, contre
Les tuiles en béton teinté dans la masse sont de plus 2 300 kg/m3 pour un béton classique. Cette qualité
en plus employées. est également recherchée dans les bétons isolants
thermiques, la conductivité variant dans le même
Elles apportent leurs caractéristiques de durabilité, sens que la densité.
mais aussi leurs aspects variés, permettant de les
intégrer aux sites les plus exigeants. Les bétons légers sont obtenus en jouant sur la
composition (bétons caverneux) ou sur l’emploi de
granulats allégés (argile expansée, polystyrène
Des bétons adaptés aux besoins expansé, liège).
On peut également créer des vides par une réaction
Les progrès accomplis depuis quelques décennies provoquant un dégagement gazeux ; c’est le cas du
permettent une très bonne adaptation du béton aux béton cellulaire.
diverses exigences des utilisateurs :
• les ciments offrent une gamme étendue de carac- ■ Les bétons lourds
téristiques : résistance, vitesse de prise, coloration ;
• les adjuvants permettent d’améliorer la mise en A l’inverse, l’emploi de granulats très denses (baryti-
place du béton, sa compacité ou son durcissement ; ne, magnétite) permet la réalisation de bétons de
• les granulats permettent par leur variété de modu- masse volumique dépassant 3 000 kg/m3.
ler les propriétés du béton : aspect, poids, dureté de Ces bétons sont utilisés dans la protection contre les
surface, couleur. radiations ou pour réaliser des culées, des contre-
Tous les ouvrages réalisés aujourd’hui en béton, poids, etc.
armé ou non, bénéficient de bétons formulés pour
répondre aux contraintes du chantier, et mis en ■ Les bétons Hautes Performances (HP)
œuvre grâce à des techniques en évolution constante :
vibration, traitement thermique, traitements de surface. Ces nouveaux bétons atteignent des résistances de
Parmi les bétons très divers utilisés, on peut citer : plus de 100 MPa, grâce à l’emploi de fines (essen-
tiellement fumées de silice) et de superplastifiants.
■ Les bétons apparents Leur très forte compacité leur confère une très gran-
de durabilité qui, jointe aux résistances élevées, les
Les propriétés architecturales du béton permettent privilégie pour les ouvrages très sollicités – à court
de jouer sur les trois facteurs de l’apparence : et à long terme – ou en ambiance agressive.
• la teinte est apportée par le choix des composants
(ciments, sables, gravillons et éventuellement pig- ■ Les bétons de fibres
ments) ;
• l’aspect résulte de la variété des matériaux et de Les diverses fibres, dont les caractéristiques sont
leur traitement, qui donnent à la surface du béton développées au chapitre 3.3 sont utilisées dans des
une texture plus ou moins lisse, des reliefs qui font domaines variés : éléments rapportés en réhabilita-
jouer la lumière ; tion, pièces minces architectoniques, éléments déco-
ratifs, dallages industriels, bardages, tuyaux.
• la forme a pu se développer dans toute sa variété
grâce à la plasticité du béton et à l’emploi de cof-
frages ou de matrices qui permettent de mouler le
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béton au gré de l’imagination du concepteur.

87
Les deux filières de la réalisation • des éléments en béton apparent dont la finition et
d’un ouvrage en béton la qualité exigées par l’utilisateur ne sont que très
difficilement réalisables sur chantier.
Cette spécialisation, allant dans le sens de la quali-
Un ouvrage en béton est soit coulé en place sur le té, a permis à ces produits d’être plus compétitifs
chantier, soit réalisé à partir d’éléments préfabriqués dans un marché devenu plus difficile.
moulés en usine ou in situ.

■ Le béton coulé en place


Le béton et la qualité
Cette solution, la plus développée (plus de 70 % du
béton consommé), a bénéficié ces dernières années Le matériau béton est bien placé dans la compétition
d’améliorations des techniques d’élaboration du pour la qualité, à tous les stades de son élaboration.
béton (béton prêt à l’emploi) et de sa mise en œuvre
sur chantier : béton pompé, coffrages plus perfor- ■ La qualité des constituants
mants, plus sûrs et mieux adaptés aux besoins –
banches, tables, coffrages tunnels, coffrages glis-
sants. La qualité du béton s’en trouve améliorée, Les ciments sont pratiquement tous normalisés et
ainsi que sa finition. font l’objet de la marque de qualité CE + NF. Les gra-
nulats et les adjuvants font également l’objet de
Le bétonnage sur chantier est prépondérant : normes de définitions et de spécifications très
• pour les ouvrages de volume important, impos- détaillées (voir les chapitres 1.2, 3.1 et 3.2).
sibles à réaliser par d’autres moyens : fondations,
poutres de forte section, massifs ; ■ La qualité du béton
• pour les ouvrages courants dont la réalisation sur ou des éléments manufacturés
chantier est d’un moindre coût (murs banchés, dalles
pleines, poteaux) ou d’ouvrages comportant peu
d’éléments répétitifs ; Le BPE et la plupart des usines produisant des élé-
ments manufacturés soit font l’objet d’une certifica-
• pour les liaisons et la solidarisation de pièces pré- tion de la centrale ou de l’usine, soit produisent des
fabriquées. matériaux eux-mêmes assujettis à des marques de
qualité. Les contrôles effectués et leur suivi par un
■ Le béton manufacturé organisme certificateur sont autant de garanties
pour l’utilisateur.
Cette industrie relativement récente a vu son déve-
loppement se préciser au cours des vingt dernières ■ Le plan qualité sur le chantier
années au travers d’une spécificité axée sur deux
domaines : De nombreuses entreprises mettent en place des
• des composants standardisés ne nécessitant pas plans qualité sur le chantier, qui impliquent l’emploi
de moyens de manutention trop lourds : blocs, pou- de matériaux conformes aux normes et leur mise en
trelles, tuiles, pavés, tuyaux, éléments de voiries ; œuvre conformément aux textes officiels.

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88
Multiples domaines d’emploi
du béton, dans les façades
comme dans les poutres
et les poteaux préfabriqués,
dans les barrages
comme dans les voussoirs de ponts
ou les plates-formes off-shore.

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89
Le béton manufacturé apporte
aux bâtiments et aux sols
ses composants standardisés :
blocs, claustras, pavés...

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le chapitre suivant,
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90
5.3 Composition
des bétons courants

Objet
Le béton est un mélange dont la composition a une
profonde influence sur ses caractéristiques ; mais si
les caractéristiques attendues sont la plupart du
temps bien définies, la mise au point du béton
approprié peut s’avérer plus délicate.
Les paramètres sont en effet nombreux :
• les données du projet : caractéristiques méca-
niques, dimensions de l’ouvrage, ferraillage...
• les données du chantier : matériel de mise en
œuvre, conditions climatiques...
• les données liées aux propriétés du béton : mania-
bilité, compacité, durabilité, aspect...
On mesure donc l’importance de l’étude de la com-
position du béton, d’autant plus nécessaire que les
caractéristiques requises sont élevées.

Rappel des caractéristiques


recherchées pour un béton gel, pollution atmosphérique...) et aux sollicitations
mécaniques de l’ouvrage.
Les caractéristiques détaillées dans le chapitre 5.1
peuvent être rappelées : Comment déterminer
la composition du béton ?
■ A l’état frais
L’obtention des caractéristiques requises pour le
La maniabilité, propriété du béton caractérisée par
béton passe impérativement par la mise au point de
des mesures de consistance, est indispensable pour
compositions qui sont aussi nombreuses que le sont
permettre la mise en œuvre du béton dans les
les cas d’emploi du béton.
moules ou les coffrages, dont les formes sont parfois
complexes. Cette multiplicité constitue toute la difficulté de la
détermination de la composition optimale. C’est la
Dans le béton armé, elle doit permettre d’assurer la
raison pour laquelle la démarche retenue comporte
compacité du béton dans l’ouvrage, et le bon enro-
le plus souvent deux phases.
bage des armatures. Il ne faut pas perdre de vue que
la maniabilité doit être adaptée aux moyens de mise • Approche d’une composition, soit de façon gra-
en œuvre du chantier : un béton de consistance très phique à partir de méthodes telles que celle de
ferme nécessite des moyens de vibration appropriés. Faury ou de Dreux, soit de façon expérimentale (par
exemple à partir de la méthode LCPC de Baron et
Lesage). Il faut préciser que ces différentes
■ Pour le béton durci méthodes sont basées sur la recherche d’une com-
pacité maximale conformément aux théories de
• La porosité (pourcentage de vides rapporté au Caquot sur la composition granulaire des mélanges,
volume total) est essentielle, car elle conditionne les que les connaissances actuelles sur le béton ont
caractéristiques mécaniques et la durabilité du confirmées pour l’essentiel.
béton.
• La deuxième phase consiste à ajuster expérimen-
• La résistance mécanique est un critère souvent talement cette composition en fonction des résultats
déterminant, surtout la résistance à la compression. obtenus par des essais effectués en laboratoire
• La durabilité est liée à la résistance aux agressions (essais d’étude) ou dans les conditions du chantier
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physico-chimiques du milieu environnant (effet du (épreuves de convenance).

91
■ Le dosage en eau

Le dosage en eau est un facteur très important de la


composition du béton. On pressent bien l’influence
qu’il a sur la porosité du béton par les vides créés,
lorsque l’eau s’élimine pour différentes raisons (éva-
poration, combinaison chimique, absorption par les
granulats).
Par exemple, avec un E/C, couramment utilisé, de
0,5, on estime que la moitié de l’eau de gâchage sert
à l’hydratation du ciment, l’autre moitié est une eau
de mouillage interstitielle qui contribue à la plasticité
du béton requise pour sa mise en œuvre. Ce sché-
ma est modifié par l’emploi croissant d’adjuvants
contribuant à améliorer la plasticité sans nécessiter
une présence d’eau en excès, nuisible aux caracté-
ristiques finales du béton durci.
Toutes ces raisons soulignent la difficulté de la déter-
mination du dosage en eau, qu’on a tendance à
approcher, par exemple en le déduisant de l’expres-
L’approche de la composition sion C/E précédemment adoptée et en l’affinant
grâce à des essais pratiqués dans les conditions du
chantier, qui ont le mérite d’intégrer des paramètres
■ Dosage en ciment
difficiles à quantifier.
Pour bien comprendre le caractère primordial du
dosage en ciment, il faut rappeler que celui-ci remplit ■ Le choix et le dosage des granulats
deux fonctions essentielles dans le béton :
La fonction de liant Une fois déterminée la dimension maximale des gra-
nulats compatible avec les exigences de l’ouvrage
Elle est déterminante dans la résistance du béton, (espacement des armatures entre lesquelles doit
qui dépend de la nature du ciment, de sa propre pouvoir passer le béton, épaisseur d’enrobage de
résistance et de l’évolution de son durcissement. celles-ci, forme de la pièce à mouler), on doit
résoudre les deux problèmes suivants :
La fonction filler
Le choix des classes granulaires
Le ciment complète la courbe granulométrique du
béton dans les éléments fins. La plupart du temps, un béton est composé à partir
Il faut noter que le développement dans le temps des de deux classes : un sable de type 0/5 et un gravillon
hydrates du ciment colmate progressivement les 5/12,5 ; 5/15 ou 5/20.
capillaires, contribue à diminuer la porosité d’en- On peut également utiliser deux classes de gra-
semble du béton et améliore notablement sa durabi- villons dans des compositions plus élaborées, lors-
lité. qu’on cherche à se rapprocher d’une granulométrie
Les abaques de G. Dreux, exposées au paragraphe continue.
suivant, reposent sur cette approche qui privilégie la Pour répondre à des performances particulières, il
« fonction liant », donc la résistance. Le ratio C/E existe des bétons spéciaux qui font appel à davanta-
(dosage en ciment sur dosage en eau) est calculé à ge de classes.
partir de la formule :
Rb 28 = G Rc (C/E – 0,5) Le dosage des granulats
expression simplifiée inspirée de la formule de Féret. Deux facteurs ont longtemps été considérés comme
Rb 28 = résistance à la compression du béton à ayant une influence sur les qualités du béton.
28 jours. • La proportion relative gravillons/sable est traduite
Rc = résistance réelle du ciment. par le facteur G/S que les études récentes ont fait
apparaître comme moins importante qu’on ne le
G = coefficient x 0,5. pensait auparavant, lorsque ce facteur reste inférieur
Il faut cependant rappeler que la « fonction filler » à 2.
conduit à un dosage en ciment supérieur aux valeurs • La granulométrie du sable peut par exemple être
habituellement fixées par les cahiers des charges ou caractérisée par son module de finesse (voir le cha-
les documents normatifs. pitre 3.1). Le module de finesse d’un sable pour
La norme XP P 18-305 pour le béton prêt à l’emploi béton est généralement compris entre 2,2 et 2,8.
fixe des dosages minimaux en ciment C liés aux
classes d’environnement (voir le chapitre 5.1)
■ Choix et dosage des adjuvants

Selon la propriété recherchée pour le béton, on aura


Par exemple, pour un béton armé courant de résis- recours à l’adjuvant approprié : accélérateur de prise,
tance caractéristique 28 à 30 MPa, en classe d’envi- plastifiant, entraîneur d’air... (voir le chapitre 3.2).
ronnement 2b, le dosage minimal en ciment préconi- Compte tenu de la diversité des produits disponibles,
sé est de 280 à 310 kg/m3, selon que le gel retenu on se conformera aux prescriptions du fabricant pour
pour la classe d’environnement est susceptible leur emploi et leur dosage, et on vérifiera leur «
d’être modéré ou sévère (classe 2b1 ou 2b2). convenance » avec le ciment.
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92
Une méthode pratique
de composition :
Les abaques de G. Dreux
Les abaques de G. Dreux, présentés dans l’ouvrage
de l’auteur : « Nouveau guide du Béton », permettent
l’approche d’une composition de béton répondant à
des objectifs déterminés, moyennant quelques hypo-
thèses pratiques.
Il est bien évident qu’une fois déterminée cette com-
position, elle devra, ainsi qu’il a été souligné, être
soumise à l’expérimentation afin d’affiner les
dosages indiqués.

■ Les données retenues

En général, les données suivantes sont déterminées


par le cahier des charges du projet, les conditions du
chantier ou la disponibilité des matériaux.
La résistance à la compression du béton
Les bétons usuels doivent présenter une résistance
à 28 jours, qui varie entre 15 MPa et 40 MPa selon
leur emploi.
La maniabilité du béton
En fonction des caractéristiques de l’ouvrage et des
moyens du chantier, on se fixe pour le béton une
maniabilité caractérisée par la consistance et mesu-
rée par l’essai au cône d’Abrams.

■ Les granulats choisis ■ Considérations pratiques


sur les abaques
Pour l’établissement des abaques, trois classes gra-
nulaires ont été retenues : Compte tenu des conditions du chantier, certaines
• un sable 0/5 ; hypothèses pratiques ont été retenues.
• deux gravillons 5/12,5 et 5/20. Les dosages des granulats sont exprimés en volu-
Le ciment choisi est de classe 32,5 selon les hypo- me, ce qui est évidemment moins satisfaisant qu’un
thèses de la théorie de G. Dreux. dosage en poids, mais néanmoins suffisant pour la
plupart des bétons courants.
Pour tenir compte de l’apport d’eau dû au degré
d’humidité des granulats, les abaques introduisent
un correctif selon les critères suivants.

Ces indications ne restent qu’approximatives, et seule plastifiant réducteur d’eau, mais il est évident que la
une mesure d’affaissement au cône est susceptible valeur réelle de réduction d’eau sera à déterminer
de préciser le dosage en eau à adopter. selon l’adjuvant utilisé, son dosage – et en fonction
Les abaques donnent une indication sur la réduction des indications données par le fabricant.
d’eau procurée par l’emploi d’un adjuvant de type
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L’utilisation des abaques
La démarche est la suivante :

CAS D’UN BÉTON FIN = 12,5 mm.


Abaque n° 1.
On désire :
1. Un béton très plastique (affaissement 10 cm)
2. Une résistance moyenne : 20 MPa (environ)
3. Ciment (classe 32,5).......................... 300 kg/m2
4. Sable 0/5 mm à l’état sec .................. 625 litres
5. Gravaillons 5/12,5 mm ....................... 705 litres
6. Dosage en eau - point E
7. On suppose que les granulats sont « mouillés »
8. La lecture sur la grille donne 80 litres d’eau
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94
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96
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Exemples pratiques de composition de la plasticité.
Cette approche, qui risque d’être insuffisante dans
Les exemples suivants résultent de l’application des bien des cas, nécessitera le plus souvent une confir-
abaques, pour des bétons destinés à divers ouvra- mation par des essais dont l’importance a déjà été
ges, du béton de remplissage au béton précontraint, soulignée.
ce qui correspond à une plage de résistances en Il faut enfin noter que la plage de résistances cou-
compression à 28 jours, allant de 15 à 40 MPa. verte par les abaques n’excède pas 30 à 45 MPa,
La consistance recherchée a été prise dans tous les domaine des bétons les plus courants. L’extra-
cas de type plastique (affaissement au cône 7 cm). polation au-delà de ces limites conduit notamment à
Les granulats sont considérés comme secs ou très des dosages en ciment qui semblent peu conformes
faiblement humides. Le ciment est de classe 32,5. Il à la pratique.
faut remarquer que, du fait des hypothèses retenues
pour l’établissement des abaques, le dosage en eau
(pour un abaque donné) est seulement dépendant
■ Bétons non armés

Avec gravillons 5/12,5

Avec gravillons 5/20

■ Bétons armés courants

Avec gravillons 5/12,5

Avec gravillons 5/20

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97
Fabrication de perles pour analyse en fluorescence X.

Éprouvettes après essai


de rupture en compression.

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98
5.4 Le béton prêt à l’emploi –
BPE

L’origine et le développement du BPE


L’appellation « Béton Prêt à l’Emploi » (BPE) est
réservée au béton préparé en usine dans des instal-
lations fixes (centrales) et transporté jusqu’au lieu
d’utilisation dans des camions malaxeurs (béton-
nières portées), ou dans des camions bennes pour
certains bétons fermes.
Les premières centrales de BPE sont apparues au
début du siècle aux États-Unis et en Allemagne, seu-
lement en 1933 en France. Il fallut en fait attendre
1963 pour assister au début de l’essor du BPE en
France (24 centrales), plus de dix ans après
l’Allemagne et l’Angleterre dont l’expérience a été
largement mise à profit.
Le tableau suivant montre le fort développement de Le BPE partout, quels que soient les accès.
cette industrie entre 1965 et 1975 avec une part
croissante du pourcentage de ciment consommé en
France : 33 millions de m3 de béton en 1989, utilisant
38 % du ciment.
Les avantages du BPE
On est cependant encore loin des taux de pénétra-
tion observés aux USA, au Japon et au Canada, qui Parmi les avantages apportés par la fabrication du
dépassent 60 %. béton en usine il faut souligner :

ÉVOLUTION DE LA PRODUCTION FRANÇAISE


■ Les avantages techniques
DU BÉTON PRÊT À L'EMPLOI En fonction des exigences du chantier, le BPE peut
mettre au point et livrer les bétons les mieux adap-
tés, dont les caractéristiques font l’objet d’un suivi
grâce à des contrôles de laboratoire, qui permettent
de s’assurer également de la conformité des consti-
tuants.
L’automatisation très poussée des centrales et la
précision des dosages contribuent à la régularité et
à la qualité des produits livrés.
Les centrales disposent généralement d’une large
gamme de produits : bétons adjuvantés, bétons
fluides, bétons légers, bétons colorés...

■ Les avantages économiques

Le BPE évite le gaspillage et l’immobilisation de


stocks sur le chantier, réduisant les investissements
Le nombre d’entreprises de BPE est passé de 18 en en matériel et en hommes.
1963 à 610 en 1989. Par la ponctualité des livraisons et grâce aux délais
Le BPE, aujourd’hui, offre 1 500 centrales réparties courts, la productivité des chantiers se trouve amé-
sur tout le territoire, permettant de disposer presque liorée ; le prix de revient du mètre cube de béton est
toujours d’une centrale dans un rayon maximum de connu avec beaucoup plus de précision que lorsqu’il
20 à 30 km de tout chantier en France. dépend d’une fabrication sur chantier.
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99
■ La simplification de l’organisation • soit semi-automatique : le dosage des constituants
du chantier est affiché par l’opérateur ; le cycle de fabrication se
déroule alors automatiquement.
Les manutentions de constituants sont supprimées ;
les variations de cadences de bétonnage sont mieux ■ Le laboratoire de contrôle
absorbées grâce à la souplesse des livraisons du
béton. Le laboratoire permet d’effectuer les essais sur les
L’emprise des chantiers sur la voirie est réduite et le matières premières et sur les bétons à l’état frais ou
trafic en amont du chantier limité. durci.
C’est la garantie du suivi des fabrications pour l’utili-
■ Les services sateur ; les résultats des contrôles usuels peuvent
être fournis aux clients.
La livraison est faite par camions adaptés, pour des En outre, des contrôles supplémentaires, ou des
quantités correspondant strictement aux besoins. essais pour une étude préalable de béton, peuvent
Des pompes ou des camions équipés de tapis per- être effectués à la demande.
mettent de faciliter la mise en place du béton.
Le BPE met enfin à la disposition des chantiers des ■ Le droit d’usage des centrales à béton
trémies de stockage de béton ou de mortier. titulaires de la marque NF

Une fabrication industrielle La marque NF est octroyée aux entreprises, pour


une centrale à béton, dans les conditions prévues
par le règlement particulier de la marque NF
La production industrielle du BPE est un facteur de
« Bétons Prêts à l’Emploi préparés en usine ».
qualité des produits ; à tous les stades de la fabrica-
tion, les équipements sont conçus pour assurer une Le titulaire du label NF exerce sur ses fabrications un
production diversifiée automatisée, fiable et rigou- autocontrôle permanent, qui fait l’objet, deux fois par
reuse. an, d’une vérification et d’essais de recoupement par
l’organisme de vérification (CEBTP). L’ensemble de
■ La réception et le stockage la production doit être conforme à la norme XP P 18-
305.
Une centrale utilise généralement deux ou trois caté-
gories de ciments stockés dans des silos de grande La gamme des produits
capacité.
Les granulats (sables et gravillons) sont stockés par ■ La norme XP P 18-305
catégorie et à l’abri pour éviter mélange et possibili-
té de pollution. La norme distingue deux catégories de bétons : les
L’eau et les adjuvants font également l’objet de pré- « bétons à caractères normalisés » (BCN), les
cautions grâce à des stockages en cuves protégées. « bétons à caractères spécifiés » (BCS) et introduit
des spécifications pour les bétons en fonction de
■ Le dosage l’environnement de l’ouvrage.
Cette approche constitue une nouveauté qui s’inscrit
C’est un poste-clé, conçu pour une fabrication auto- dans l’esprit des normes européennes.
matique à partir de compositions programmées du Elle va dans le sens d’une meilleure adéquation du
béton. béton utilisé et de l’ouvrage réalisé dans un environ-
Le dosage pondéral des granulats et du ciment nement donné.
atteint une précision de l’ordre de 1 %.
Après détermination de la teneur en eau des granu- Les bétons à caractère normalisés
lats grâce à des sondes électroniques, le dosage de Les BCN sont des bétons pour lesquels le produc-
l’eau d’appoint est effectué de manière également teur, tout en conservant l’initiative de la composition
pondérale. dans des limites fixées par la norme, garantit les
caractères suivants :
■ Le malaxage • nature et classe du liant ;
• granularité désignée par la dimension D du plus
Le malaxage des constituants dans des malaxeurs à gros grain des granulats utilisés, limitée à 50 mm ;
poste fixe est une garantie de régularité des bétons.
• consistance désignée par la valeur d’affaissement ;
Les malaxeurs sont généralement à axe vertical, ce
qui assure un brassage efficace des constituants ; la
gâchée est déversée directement dans les camions
de livraison.

■ Le poste de commande

Les centrales sont commandées depuis un poste qui


est le cerveau de la fabrication, de façon :
• soit automatique (cas le plus général aujourd’hui) :
l’opérateur sélectionne la composition programmée • résistance caractéristique, valeur de la résistance
dans la mémoire de l’ordinateur et inscrit le volume à la compression à 28 jours en MPa, garantie pour
à fabriquer ; les dosages et le malaxage se font alors chaque lot, définie à la commande conformément à
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automatiquement ; la norme et choisie de préférence dans les valeurs :

100
pour les bétons (tableau 2) applicables aussi bien aux
BCS qu’aux BCN, notamment en ce qui concerne les
dosages minimums en ciment.

■ Les bétons et mortiers particuliers

L’un des avantages apportés à l’utilisateur par le


BPE est la gamme des produits adaptés à des
besoins très diversifiés.
Outre les bétons usuels, la plupart des centrales
offrent des produits spécifiques qui permettent
d’élargir les applications, tout en apportant aux utili-
sateurs la garantie d’une fabrication industrielle
fiable.
Parmi les matériaux proposés, signalons :
Les bétons fluidifiés
Ces bétons présentent une exceptionnelle facilité de
mise en œuvre grâce à l’effet d’un superplastifiant.
Sans modification de la teneur en eau, on atteint pour
le béton un affaissement de l’ordre de 20 cm ; cette
consistance se maintient entre 30 et 60 minutes,
suivant les conditions ambiantes, avant de reprendre
Des centrales automatisées.
sa valeur initiale.
Les principales applications sont les ouvrages hori-
Selon la destination de l’ouvrage, qui est souvent zontaux, les bétons de hautes performances et, de
précisée à la commande (murs, planchers, poteaux), façon générale, tous les ouvrages à forte densité
on choisira le béton présentant la résistance appro- d’armatures pour lesquels la mise en place du béton
priée ; on appelle parfois ces bétons « bétons à la se trouve facilitée.
résistance ».
Les bétons légers
Le client peut également, après accord avec le four-
nisseur, spécifier des caractères complémentaires Ce sont, soit des bétons de granulats légers (argile
tels que le dosage minimal en ciment, la nature et la ou schiste expansés), soit des bétons de type cellu-
provenance des constituants, ou toute spécification laire obtenus à partir d’agents moussants.
relative à l’évolution du durcissement du béton, La masse volumique de ces bétons (400 à
notamment par temps froid (béton chaud, emploi 1 600 kg/m3) est un avantage dans les travaux de
d’accélérateur de prise). remplissages divers, la réhabilitation ou l’allégement
Les constituants des bétons de type BCN doivent des structures.
être conformes aux normes qui les concernent ; le Leur faible conductivité thermique autorise leur
ciment doit être certifié CE + NF. emploi pour des travaux d’isolation.
Désignation du béton Les bétons colorés
Elle comporte les indications dans l’ordre : BCN, Des bétons colorés dans la masse par des colorants
désignation du liant, consistance, résistance, granu- minéraux sont aujourd’hui disponibles dans la plu-
larité, classe d’environnement (voir ci-dessous), part des centrales de BPE.
référence de la norme. Ils peuvent être réalisés avec ciment gris ou ciment
Exemple : BCN : CEM II/A 32,5 - P - B 30 - blanc et trouvent leurs applications dans les bétons
0/20 - E2a - XP P 18-305 architecturaux, les ouvrages d’art, la voirie, les trot-
toirs, les aires de jeux.
Les bétons à caractères spécifiés
Les BCS sont définis lors de la commande par leur
composition, notamment le dosage en ciment, et par
des caractères autres que la résistance mécanique
et la consistance.
Pour ces bétons, appelés parfois « bétons à la com-
position », le fournisseur garantit le respect des
dosages et de la composition, mais ni la résistance,
ni la consistance du béton.
Pour tous les produits BCN et BCS, des adjuvants
conformes à la norme NF EN 934-2 peuvent être utilisés.

Classes d’environnement –
Spécifications des bétons
Ainsi que cela a été souligné, la grande nouveauté
de la norme XP P 18-305 révisée est l’introduction
declasses d’environnement définies conformément
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au tableau 1, et les spécifications qui en découlent

101
Tableau 1 : Définition des classes d’environnement

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102
Tableau 2 : Spécifications des bétons en fonction des classes d’environnement
Classes d’environnement E

1 2a 2b1 2b2 3 4a1 4a2 4b 5a 5b 5c


Rapport maximal Eeff / (C + KA)1)
non armé 2) 0,7 0,6 0,55 0,5 0,55 0,5 0,5 0,55 0,5 0,45
BCN armé 0,65 0,6 0,6 0,55 0,5 0,55 0,5 0,5 0,55 0,5 0,45
et précontraint 0,6 0,6 0,55 0,55 0,5 0,55 0,5 0,5 0,55 0,5 0,45
BCS Rapport maximal A / (A+C)3)
additions calcaires 0,25 0,25 0,25 0,25 0,05 0,05 0,05 4) 4) 4) 4)

4)
cendres volantes 0,3 0,3 0,3 0,3 0,15 0,15 0,15 0,15 0,15 0,15
4)
BCN laitiers moulus 0,3 0,3 0,3 0,3 0,15 0,15 0,15 0,15 0,15 0,15
et fumées de silice 0,1 0,1 0,1 0,1 0,1 0,1 0,1 0,1 0,03 0,03 0,03
BCS fillers siliceux5) 0,1 0,1 0,1 0,1 0,1 0,05 0,03 0,03 4) 4) 4)

Teneur minimale en air du béton 2) 2) 2)


46) 46) 2) 2)
46) 2) 2) 2)
frais (en %)
Teneur minimale en ciment ou
en liant équivalent (en kg/m3) 1) 7)
non armé 150 200 240 300 330 330 350 350 330 350 385
armé 260 280 280 310 330 330 350 350 330 350 385
précontraint 300 300 300 315 330 330 350 350 330 350 385
2) 2) 2) 2) 2)
Nature du ciment PM8) PM8) PM8) PM8) ES9) ES9)
Résistance caractéristique
minimale à 28 jours (en MPa)
2)
BCN non armé 16 20 28 32 32 35 35 32 35 40
armé 22 25 25 30 32 32 35 35 32 35 40
précontraint 30 30 30 30 32 32 35 35 32 35 40

1) La teneur minimale en ciment ou en liant équivalent s’ applique à la charge définie en 3.15.

2) Absence de spécifications particulières.

3) Pour les classes 3 et 4, les spécifications prévues dans la norme NF P 15-317 sont également respectées.

4) Les additions éventuelles ne sont pas prises en compte pour le calcul du dosage en liant équivalent.

5) La norme pourra être révisée pour ces valeurs en fonction des recherches en cours.

6) Le respect de cette valeur implique l’utilisation d’un agent entraîneur d’air (voir NF P18-353).

7) Ces valeurs sont définies pour D = 20 mm.


La quantité de liant équivalent à ajouter (+) ou à déduire (-) en pourcentage de la valeur indiquée, en fonction
de la dimension réelle du plus gros granulat, exprimée en millimètres, est :
D ≤ 12,5 D = 16 D = 25 D ≥ 31,5
+ 10% + 5% - 5% - 10%

8) La composition de l’addition (teneur en sulfures, en sulfates, ...) permet au liant équivalent de respecter les
exigences de la norme NF P 15-317, ciments pour travaux à la mer.

9) La composition de l’addition (teneur en sulfures, en sulfates, ...) permet au liant équivalent de respecter les
exigences de la norme NF P 15-319, ciments pour travaux en eaux à haute teneur en sulfates.

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103
Les bétons routiers varie entre 4 et 10 m3, et dont la rotation assure un
malaxage continu favorable à la bonne homogénéité
Le développement des chaussées béton et de leurs
du béton.
équipements (séparateurs, bordures et caniveaux
coulés en place) a conduit à étudier des formulations Les ajouts d’eau, sauf spécification précise de la
de béton appropriées. centrale, sont interdits pendant le transport.
Les exigences de ces bétons (consistance, résistan- De même, à part le superplastifiant, généralement
ce mécanique, résistance au gel et aux sels de ajouté juste avant déchargement, les autres adju-
déverglaçage) ont amené les producteurs de BPE et vants ne doivent pas être incorporés en fin de trans-
les entrepreneurs de chaussées en béton à signer port.
un protocole d’accord précisant notamment les Le béton doit être protégé contre les risques d’éva-
engagements réciproques pour les spécifications poration, de délavage ou de ségrégation.
des bétons. Le délai de transport ne doit pas dépasser 1 h 30
Les bétons routiers sont utilisés dans la réalisation (sauf traitement spécial), délai ramené à 45 mn par
des voies à grande circulation, ainsi que de nom- temps, chaud, où le risque de chute de maniabilité
breuses voiries à faible trafic (voiries urbaines, de est accru. L’emploi de retardateurs de prise ou de
lotissement, forestières ou agricoles). plastifiants permet généralement de s’opposer à ce
type de difficultés.
Les mortiers retardés
Le déchargement du béton sur le chantier se fait par
Le BPE met à la disposition des chantiers des mor- une goulotte, après inversion du sens de rotation de
tiers prêts à l’emploi retardés, qui ont l’avantage de la bétonnière.
rester utilisables durant plus de 36 heures, mais dont Des tubes emboîtés permettent de prolonger le
la prise commence lorsqu’ils sont utilisés en faible rayon d’action de la goulotte jusqu’à 4 à 5 m en
épaisseur. contrebas.
L’emploi de ces mortiers se développe pour les mon- Au-delà, des tapis transporteurs équipent souvent
tages de maçonnerie et les travaux de sols, dalles et les camions et permettent de décharger le béton jus-
chapes. qu’à 10 m du camion et sur des hauteurs de 5 à 6 m.
Les bétons de fibres Pour des chantiers d’une certaine importance, d’ac-
cès difficile, un camion pompe permet de livrer le
Les bétons comportant des fibres (acier, synthé- béton à des distances dépassant 150 m, et sur des
tiques) sont fournis par certaines centrales et ap- hauteurs de 100 m et plus, pour les pompes les plus
portent leurs performances en matière de résis- puissantes.
tance à la traction, résistance à la fissuration et
déformabilité.
Ils trouvent leurs applications dans les sols indus- Les organismes professionnels du BPE
triels, la voirie, les ouvrages en béton projeté.
Le Syndicat National du Béton Prêt à l’Emploi
Le transport et la manutention (SNBPE), 3, rue Alfred-Roll, 75017 Paris, regroupe
plus de 70 % de l’activité de la profession.
Pour les travaux routiers, le béton peut être trans- Les informations sur les produits peuvent être égale-
porté dans des bennes, mais le matériel le plus utili- ment obtenues auprès des 19 Syndicats régionaux
sé est la bétonnière portée (toupie) dont la capacité dont les adresses sont disponibles au SNBPE.

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le chapitre suivant,
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104
5.5 Les bétons spéciaux

Quels bétons et pourquoi ? • Les bétons de fibres. Leur résistance à la trac-


tion, à la fissuration et au choc, la possibilité de réa-
liser des éléments de faible épaisseur leur ouvrent
Les domaines d’application du béton s’élargissent
de vastes débouchés, dans la préfabrication aussi
sans cesse et requièrent des matériaux plus perfor-
bien que sur chantier.
mants et mieux adaptés.
• Les bétons à prise et durcissement rapides.
La recherche et l’expérience acquise ont permis de
déboucher sur une nouvelle génération de bétons • Les bétons réfractaires.
permettant de construire plus durable, plus vite et
pourtant plus économique.
Parmi ces bétons, il faut citer : Les bétons fluides
• Les bétons fluides qui ont bénéficié de l’apport
d’une catégorie particulière d’adjuvants : les super- ■ Principe
plastifiants.
La plasticité de ces bétons apporte d’exceptionnels Les progrès dans la fluidification du béton ont été
avantages en matière de manutention (béton rendus possibles par l’évolution des plastifiants
pompé) et de mise en œuvre. réducteurs d’eau : les molécules anioniques à chaî-
ne longue, de mélamine ou de napthalène ont rem-
• Les bétons de hautes et très hautes perfor- placé les lignosulfonates au pouvoir de recouvre-
mances. L’accroissement des performances élargit ment des grains de ciment limité et ont donné nais-
le champ d’application des ouvrages de travaux sance à une nouvelle famille de plastifiants :
publics ou de bâtiment nécessitant haute résistance les superplastifiants (parfois appelés fluidifiants)
à court ou long terme, allégement des structures et dont les caractéristiques sont détaillées dans le
durabilité. chapitre 3.2.
• Les bétons légers. Le gain de poids est apprécié La plasticité du béton avec superplastifiant se trouve
dans tous les domaines où le poids propre des élé- considérablement améliorée : le gain d’affaissement
ments joue un rôle important, notamment pour la est d’au moins 8 à 10 cm. Le dosage en superplas-
réhabilitation des bâtiments anciens. tifiant varie entre 0,5 et 3 % du poids de ciment ; il
Ils constituent aussi un apport d’isolation thermique. est fonction du béton et du couple ciment-adjuvant.

Le viaduc de Sylans.

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105
■ Propriétés

Le béton frais présente une remarquable ouvrabilité


facilitant son pompage et sa mise en œuvre. Les
effets de la fluidification sont limités dans le temps
(30 à 60 mn), le béton retrouvant ensuite progressi-
vement sa consistance initiale. Malgré sa plasticité,
on ne constate ni ségrégation, ni ressuage, la cohé-
sion étant maintenue.
Les caractéristiques du béton durci, notamment sa
résistance mécanique, ne sont pratiquement pas
modifiées par rapport au même béton non adjuvan-
té.
Le béton fluide durci présente un très bon aspect de
surface, homogène, exempt de défauts (bullage, nids
de gravillons, faïençage).

Béton HP (60 MPa) choisi aussi pour sa rapidité de prise :


le pont de l’Ile-de-Ré.

Influence d’un superplastifiant sur l’ouvrabilité du béton.


Béton fluide en travaux
routiers ou dallages.

Ses propriétés entraînent d’autres avantages :


• rapidité de mise en œuvre et de serrage ;
• facilité de bétonnage des éléments fortement fer-
raillés ;
• la vibration peut être réduite, voire dans certains
cas supprimée pour les dallages peu armés ;
■ Applications
• auto-étalement : il suffit d’un talochage ou d’un
réglage léger pour niveler la surface du béton. Le béton fluide trouve ses applications lorsqu’inter-
Il faut, par contre, veiller à la stabilité et à la bonne vient l’une des conditions suivantes :
étanchéité des coffrages, plus sollicités par la pous- • manutention par pompage ;
sée provoquée par ces bétons, qui se comportent
comme un fluide de masse volumique élevée. • ouvrages en béton de forme complexe ou forte-
ment ferraillés, ouvrages minces ;
• ouvrages horizontaux (dallages, voiries et plan-
chers).
Parmi les applications usuelles, on peut citer :
• les sols industriels ;
• les travaux routiers ;
• les fondations, les radiers généraux ;
• les poutres présentant une grande densité d’arma-
tures ;
• les voiles minces, les poteaux fortement armés.

Les bétons de hautes


et très hautes performances
Les bétons de hautes performances font l’objet d’un
www.allislam.net chapitre spécial : 5.6.

106
Les bétons légers
Les bétons usuels ont une masse volumique de
2 300 à 2 400 kg/m3, qu’il est économiquement et
techniquement intéressant de pouvoir réduire, tout
en obtenant pour les bétons ainsi allégés des carac-
téristiques correspondant aux exigences des
domaines d’emploi.
Cette réflexion a incité les chercheurs, depuis plu-
sieurs années, à analyser les diverses voies d’allé-
gement envisageables pour le béton.
Il existe deux filières dans cette recherche :
• remplacer les granulats habituels, qui constituent
environ les 3/4 de la masse du béton, par des gra-
nulats plus légers, naturels ou artificiels (voir le cha-
pitre 3.1) ;
• créer dans un mélange de sable et de ciment une
grande quantité de cellules d’air grâce à une réac-
tion provoquant un dégagement gazeux (bétons cel-
lulaires) ou grâce à un agent moussant (bétons
mousse).
La première voie est largement utilisée aux États-
Unis ou en URSS, chacun de ces pays produisant
annuellement plus de 25 millions de m3 de bétons
d’argile ou de schiste expansés.
Béton de polystyrène en chape isolante.
Les développements en France restent plus limités.
La seconde filière est exploitée assez largement en
usine pour les bétons cellulaires qui, après autocla-
vage destiné à favoriser la réaction chaux/silice, four- • La corrélation entre la masse et le coefficient de
nissent une gamme variée d’éléments manufacturés conductivité se traduit par des performances en
: blocs, cloisons, dalles de planchers, bardages matière d’isolation thermique, d’autant plus sen-
industriels. sibles que la densité diminue.
Les bétons mousse sont moins répandus, car ils res-
taient jusqu’ici tributaires de variations dimension-
nelles liées à leur teneur en eau, à l’origine de cer-
taines difficultés (fissuration, tenue des enduits).
Il semble que certains procédés de moussage
récents, appliqués en usine ou sur chantier, aient, en
grande partie, résolu ce type de difficultés.

■ Propriétés

• L’allègement des bétons est, bien entendu, leur


propriété essentielle, mais il en découle un certain
nombre d’autres.
Le gain de poids, qui peut être plus ou moins impor-
tant selon le type de béton, entraîne une diminution
des sections des éléments structurels assurant la
transmission des charges. La diminution de poids
conduit à des économies de transport des éléments
manufacturés et à des gains de productivité à la
mise en œuvre.

• Grâce à leur conductivité et à leur coefficient de


dilatation plus faibles, les bétons légers présentent
une résistance au feu meilleure que celles des
bétons courants, à condition que les granulats soient
d’origine minérale. A épaisseur égale, l’amélioration
du degré coupe-feu est de 1/2 heure à 1 heure.
• Du fait d’un module plus bas qui leur confère une
certaine élasticité, les bétons de liège, de bois ou de
polystyrène peuvent être utilisés en sous-couche de
dalle flottante : ils créent une coupure efficace à la
transmission des bruits de choc.
• La structure cellulaire des bétons légers leur assu-
re une bonne imperméabilité à l’eau, tout en favori-
sant les échanges de vapeur ; ce sont des matériaux
résistant au gel.
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Bloc coffrant en béton-bois avec isolant incorporé.

107
Les bétons de fibres
L’idée d’incorporer des fibres dans le béton pour
améliorer ses caractéristiques est déjà ancienne et
constitue la transposition des renforcements utilisés
depuis fort longtemps dans des matériaux comme la
terre, l’argile ou le plâtre.

■ Les types de fibres pour bétons


et mortiers

Dalles de murs en béton cellulaire, pour bâtiments industriels. Pendant longtemps, la seule fibre utilisée avec le
mortier a été la fibre d’amiante. Le procédé, breveté
en 1901 par Hatschek sous le nom d’« amiante
ciment », a connu de nombreuses applications sous
■ Caractéristiques mécaniques forme de plaques, de tuyaux ou de conduits. Parmi
les fibres qui sont apparues plus récemment (vers
La variété des bétons légers donne lieu à un éventail 1965), les plus courantes sont celles de verre,
de densités et de résistances très ouvert. d’acier, de polypropylène ou de carbone, dont les
Les masses volumiques s’échelonnent de 250 kg/m3 caractéristiques font l’objet du chapitre 3.3.
pour les bétons de polystyrène à faible dosage en L’objectif recherché est de procurer au béton un
ciment, jusqu’à 1 800 kg/m3 pour certains bétons meilleur comportement à la traction et à la déforma-
d’argile expansée. tion, permettant ainsi de réaliser des éléments de
Corrélativement, on constate une évolution des faible épaisseur, plus ductiles et présentant une
résistances à la compression de 1 jusqu’à 30, voire bonne résistance à l’usure ou aux chocs.
40 MPa. Les fibres, à la différence des armatures classiques,
La résistance à la traction, 9 à 10 fois plus faible que sont réparties dans la masse du béton et donnent
celle à la compression pour un béton classique, peut donc naissance à un matériau qui, considéré à
atteindre un pourcentage plus élevé pour les bétons l’échelle macroscopique, présente un comportement
légers : de l’ordre de 20 % de Rc et même 35 à 40 % homogène.
pour les bétons de bois, dont les granulats jouent le
rôle de fibres qui « arment » le béton.
Le module d’élasticité, qui caractérise la loi de com-
portement déformation-charge du matériau, est plus
faible que celui des bétons plus lourds, ce qui
conduit à des flèches plus fortes des pièces fléchies.
Cette déformabilité supérieure a pour contrepartie
une résistance améliorée aux chocs et aux vibrations.

■ Applications

Les bétons légers sont soit manufacturés, soit fabri-


qués et coulés sur le chantier.
Dans les éléments manufacturés entrent les petits
éléments : blocs, hourdis, éléments creux pour les
conduits de ventilation ou de fumée – ou les élé-
ments de plus grandes dimensions : cloisons, dalles
pour bardages, éléments de planchers.
Le béton coulé sur chantier trouve de nombreuses
applications dans le bâtiment, mais aussi comme Bétons de fibres pour des formes exceptionnelles ou pour des panneaux
matériau de remplissage ou en sous-couche dans décoratifs.
les sols et les chaussées :
• bâtiment : sous-couches de dalles et planchers,
formes de pente ; réhabilitation de planchers
anciens, dalles d’isolation sur terre-plein, chapes ;
bâtiments agricoles ;
• applications routières et en sols : sous-couches de
chaussées et sols d’aires de jeux ;
• remplissages divers (fouilles, cavités).

Les bétons lourds


A l’inverse des bétons légers, l’emploi de granulats
très denses (barytine, hématite) permet la réalisation de
bétons de masse volumique dépassant 3 000 kg/m3.
Ces bétons sont utilisés dans la protection contre les
radiations ou pour réaliser des culées, des contre-
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poids, etc.

108
• Les aspects de surface obtenus avec les bétons de
fibres synthétiques et les fibres de verre, sont appré-
ciables pour les bétons apparents et les bétons
architectoniques.

■ Caractéristiques

• La résistance en traction est améliorée de quel-


ques pourcents à plus de 100 % selon la nature et le
dosage des fibres. Cette amélioration dépend de
l’adhérence de la fibre à la pâte et de l’orientation
des fibres dans le sens des contraintes. C’est la
forme de la fibre et son état de surface qui sont res-
ponsables de la qualité de l’adhérence. Le dosage,
la dispersion des fibres, aléatoire ou orientée dans
une direction préférentielle, fixent l’aptitude du béton
à résister à des efforts bien déterminés.
• La modification de déformabilité du béton avant
Panneaux légers et colorés en béton de fibres.
rupture, qui en fait un matériau ductile, permet d’at-
teindre une déformation de l’ordre de 1 % pour des
bétons de fibres, alors qu’elle ne dépasse guère 1 ‰
pour des bétons sans fibres.
■ Propriétés
Déformations comparées : béton avec fibres d’acier, béton de référence.
Les propriétés peuvent varier selon la nature des
fibres utilisées ; néanmoins, on peut dégager cer-
taines tendances qui sont communes à l’ensemble
des bétons de fibres.
• Le matériau béton, sans fibres, présente une loi de
comportement en traction (déformation en fonction
de l’effort appliqué) à caractère fragile. Cette loi se
modifie lorsqu’on incorpore des fibres au béton. Le
matériau, au lieu de se rompre brutalement, s’allon-
ge tout en se microfissurant, les fibres ayant pour
rôle de différer la rupture en s’opposant à la propa-
gation des fissures (effet de « couture »). L’amélio-
ration apparente de résistance à la traction ne se
retrouve pas au niveau de la compression, qui n’est ■ Applications
pratiquement pas modifiée.
• Les fibres s’opposent à la fissuration du béton, du Les domaines d’emploi des fibres sont multiples. Le
moins aux fissures larges qui sont remplacées par choix d’une fibre dépend de la nature de l’ouvrage à
des microfissures moins préjudiciables à la durabili- réaliser, des possibilités de mise en œuvre, des sol-
té et à l’esthétique. licitations physico-chimiques auxquelles est soumis
• Parmi les autres propriétés qui concernent l’amé- l’élément, mais aussi des conditions économiques.
lioration des résistances mécaniques des bétons, on C’est la raison pour laquelle certaines fibres, ayant
peut citer : des applications potentielles comparables, se déve-
– la résistance aux jeunes âges ; loppent plus que d’autres en fonction de l’optimisa-
– la résistance aux chocs ; tion des différentes exigences.
– la résistance au cisaillement ; En fonction des principaux avantages liés à l’emploi
– la résistance à l’usure et à l’abrasion. des fibres de verre, d’acier et de polypropylène, on
• Certains fibres, comme les fibres synthétiques, peut résumer sous forme de tableau les domaines
peuvent apporter aux bétons des améliorations en d’emploi de ces fibres, actuellement les plus
matière de plasticité et de moulage. usuelles.

DOMAINES D'EMPLOI PRINCIPAUX DES BÉTONS DE FIBRES

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109
Autres bétons spéciaux
Dans de nombreux cas, il est intéressant d’utiliser
des bétons à prise et durcissement rapides, qui per-
mettent la réalisation de petits ouvrages de répara-
tion ou des travaux sur des éléments d’ouvrages
demandant une remise en service rapide.

■ Les bétons de ciment prompt naturel

Dans les cas où sont recherchés prise et durcisse-


ment particulièrement rapides, par exemple les gros
scellements courants, on a besoin de bétons dont
le temps de prise est sensiblement plus court
que celui des bétons à base de ciments artificiels
CEM I ou CEM II. On peut utiliser des bétons à base
de ciment prompt, retardés juste le temps nécessai-
re au gâchage et à l’application de la quantité appro-
priée. Le retardateur est généralement l’acide
citrique, produit non dangereux couramment utilisé
dans l’industrie alimentaire ; les temps de prise sont
réglables, de 10 minutes à 1 heure selon le dosage
d’acide citrique. Les résistances obtenues à très Dans une laiterie : aire de dépotage et de nettoyage des citernes, réali-
sée en béton de ciment alumineux fondu.
court terme (exemple : 9 MPa en compression à
1 heure pour une proportion d’acide citrique de 0,2
% du poids de ciment, à 20 °C) permettent les tra-
vaux urgents :
• scellements de mobilier urbain, panneaux publici-
taires ;
• travaux à la mer : scellements, travaux entre deux
marées, enrochement de digues (le prompt est Les bétons de ciment alumineux fondu sont égale-
agréé pour les travaux à la mer) ; ment utilisés dans le cas d’ouvrages sollicités par la
• revêtements de tunnels, stabilisation de talus et de corrosion ou l’abrasion et pour les bétonnages par
berges (par la technique de la projection par voie temps froid.
sèche) ; Les applications de ces bétons sont fréquentes en
• travaux en milieu agro-alimentaire. génie civil et pour les ouvrages routiers.

■ Le béton de ciment alumineux fondu ■ Le béton réfractaire

Dans le cas où est recherchée une résistance pré- Lorsqu’un béton doit résister à des températures
coce, on utilise un béton à base de ciment alumineux élevées pouvant atteindre 1 300 °C, on a recours au
fondu qui permet d’obtenir des résistances de l’ordre mélange ciment alumineux/granulats réfractaires
de 30 MPa au bout de 6 heures, autorisant ainsi la (chamottes, corindon), ou granulats isolants (pouz-
remise en service rapide de l’ouvrage. zolane, vermiculite, argile expansée).

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110
5.6 Les bétons hautes
performances – BHP

Les bétons de hautes La limitation de la porosité implique essentiellement


performances (BHP) deux conditions :
• une très faible teneur en eau ;
Les bétons de hautes performances (« BHP ») ont • une granulométrie comportant des éléments fins
d’abord été appelés « bétons de hautes résis- en quantité suffisante pour remplir les espaces entre
tances », car c’est cette caractéristique facilement les plus gros granulats.
mesurable qui a fait des progrès spectaculaires. Elle L’emploi des superplastifiants permet une réduction
est passée de 30 à 35 MPa il y a quelques années, de la teneur en eau du mélange à consistance égale
à plus de 100 MPa pour les bétons à très hautes per- (entraînant la suppression d’un volume important
formances (« BTHP »), voire plus de 200 pour des d’eau non mobilisé par l’hydratation du ciment). Les
bétons de laboratoire. rapports E/C utilisés sont de l’ordre de 0,35 au lieu
Les gains de résistance ne sont pas les seuls avan- de 0,45 à 0,50 pour un béton usuel (soit une réduc-
tages de ces bétons qui tirent leurs propriétés d’une tion de la teneur en eau de plus de 30 %).
forte réduction de leur porosité. Les superplastifiants s’opposent à la floculation des
Ils sont également plus résistants aux agents agres- grains de ciment, ce qui augmente leur réactivité,
sifs, aux phénomènes de gel-dégel et, de façon facteur de résistance à court terme.
générale, présentent une durabilité accrue. Les L’utilisation de particules ultrafines pour compléter la
bétons HP permettent de réaliser des structures granulométrie du béton n’est vraiment nécessaire
soumises à des contraintes élevées ou des que pour les bétons THP. On peut réaliser des
ouvrages subissant un environnement sévère (cli- bétons HP avec des ciments usuels de type
mat, agressions marines, effets du gel). CEM I 52,5 et une granulométrie bien étudiée, le
Ils apportent aussi des résistances précoces éle- recours à des particules de moins d’un micron de
vées au béton, ce qui permet d’accélérer les diamètre ne s’imposant que dans l’élaboration des
cadences de fabrication en usine ou sur chantier. bétons les plus performants.
Les ultrafines les plus utilisées dans ce cas sont les
fumées de silice (teneur en SiO2 > 90 %), sous-pro-
duits de l’industrie du ferrosilicium, conditionnées
pour les rendre utilisables (généralement par densi-
fication ou suspension dans l’eau).

■ Composition

La recherche des hautes performances passe par la


réduction de la porosité du béton, c’est-à-dire de son
pourcentage de vides, ainsi que le prévoit la théorie
de Féret. Celle-ci établit une proportionnalité entre la Vues de béton ordinaire et de BHP
résistance et l’inverse du carré du volume d’air et au microscope électronique (grossissement 5 000).
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d’eau libre.

111
Les fumées de silice ont une action sur la granulo- mesure où les bétons de hautes performances font
métrie du mélange, mais présentent également une l’objet d’un niveau de qualité supérieur à la moyenne.
réactivité avec la chaux libre, liée à leur caractère La contrainte de traction de calcul (ftj) se déduit de la
pouzzolanique. contrainte de compression (fcj), selon la formule
Les formulations actuelles de béton HP comportent réglementaire habituelle :
le plus souvent en moyenne 400 à 500 kg de ciment,
environ 700 kg de sable et 1 000 à 1 100 kg de gra- ftj = 0,6 + 0,06 fcj (MPa)
villons. L’emploi d’un superplastifiant dosé entre
A titre d’exemple, pour un béton présentant une
1 et 2 % du poids de ciment permet de réduire la
résistance caractéristique de 80 MPa, la contrainte
teneur en eau de gâchage à une valeur comprise
en compression de calcul est de 45,3 MPa, la
entre 140 litres et 160 litres.
contrainte en traction de calcul est de 3,32 MPa.

■ Propriétés Le module de déformation


De même que pour les bétons usuels, le module de
• Le béton frais présente une bonne ouvrabilité liée déformation, instantané au jour j, peut être déduit de
aux superplastifiants entrant dans sa composition. la résistance caractéristique selon la formule retenue
Les BHP sont des bétons fluides avec un E/C très bas par les règles BAEL :
(0,30 à 0,35). Les valeurs d’affaissement au cône
sont supérieures à 15 cm dans la plupart des cas.
Eij = 11 000 3  fc j
• Pour le béton durci, la propriété fondamentale sur Le fluage
laquelle on a déjà insisté et dont découlent la plupart
des autres, est sa faible porosité. Un béton courant Il est très inférieur à celui des bétons usuels.
présente une porosité de 10 à 12 % ; pour un béton Le coefficient de fluage
HP, elle est inférieure à 5 %. déformation différée
• La durabilité est améliorée du fait de l’abaissement déformation instantanée
de la porosité et de la perméabilité. On constate, en de l’ordre de 2 pour les bétons usuels, est compris
particulier, une amélioration de la résistance aux entre 1 et 1,5 pour un béton à 60 MPa.
agressions chimiques, qui se traduit par un compor-
tement favorable en milieu marin ou en présence ■ Applications
d’eaux agressives. La progression de la carbonata-
tion en profondeur est réduite, ce qui assure une
• La résistance au jeune âge du béton autorise des
meilleure protection des armatures.
décoffrages rapides, ainsi que des mises en précon-
Les bétons HP présentent généralement une résis- trainte accélérées.
tance au gel améliorée.
Les applications sont nombreuses en préfabrication
• L’ensemble des résistances mécaniques (compres- (poutres, planchers), et sur chantier (voussoirs de
sion, traction) est augmenté, alors que les déforma- ponts, poteaux).
tions sous charges instantanées et surtout sous
charges permanentes sont diminuées.

■ Caractéristiques
La résistance à la compression
C’est une caractéristique souvent utilisée pour clas-
ser les bétons HP. C’est ainsi que les spécialistes
distinguent :

*fc28 : la résistance caractéristique définie par les règles BAEL.

Les gains de résistance se manifestent dès le jeune


âge ; un béton à 60 MPa à 28 jours peut dépasser 15
MPa à 24 heures et 40 MPa à 7 jours. En l’absence
de caractéristique particulière, on adopte comme
contrainte de calcul (fc28) la valeur déduite de la for-
mule retenue pour les bétons usuels par les règles
BAEL :
fck
fc28 = 0,85
jb
fb, coefficient de sécurité généralement pris égal
à 1,5, sera probablement réduit dans l’avenir dans la
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112
• Les hautes résistances en service permettent la Cette technique de précontrainte permet d’alléger la
réalisation des structures de bâtiments et d’ou- structure (nervures à volume diminué aussi grâce à
vrages (bâtiments de grande hauteur, ponts, la résistance du béton) et rend possible le remplace-
enceintes nucléaires, structures réticulées) conci- ment ultérieur de l’ensemble de précontrainte, inté-
liant contraintes élevées et diminution des sections. ressant pour un ouvrage auquel le matériau apporte
• La durabilité et la résistance aux agents agressifs une grande longévité.
sont déterminantes pour les ouvrages à la mer, les Les 1 060 m3 de béton du tablier ont été coulés en
structures offshore, les ouvrages exposés au gel. continu, pendant vingt-quatre heures seulement, en
• Il faut également mentionner l’emploi de bétons HP plein mois de décembre.
en relation avec leur bonne ouvrabilité. C’est le cas Le béton HP étant de texture très fermée, il en résul-
des bétons utilisés dans les bâtiments de grande te un aspect de surface très lisse, glacé, presque
hauteur et qui sont pompés, ou dans la réalisation de vitrifié.
poutres avec un ferraillage laissant peu de place au L’esthétique y gagne, la durabilité aussi.
passage du béton.

Réalité des bétons HP


■ Les ouvrages d’art
Le pont sur l’Elorn
Le pont sur l’Elorn, qui relie Quimper à Brest, com-
porte une travée centrale de 400 m pour une lon-
gueur total de 800 m. C’est un record mondial pour
un pont haubané à nappe centrale. Les 104 haubans
répartis en quatre nappes mesurent de 37 à 240 m
et sont ancrés à deux pylônes de 115 m de hauteur
réalisés en B 60.

Le pont de Normandie
Avec sa travée centrale de 856 m (nouveau record
pour les ponts à haubans) et ses pylônes de 214 m
de hauteur en BHP, le pont de Normandie est un
ouvrage d’art exceptionnel.
Du fait de sa particularité, il fait appel, pour sa mise
en œuvre, à des bétons spécialement conçus pour
chacune de ses parties :
• le béton de hautes performances (BHP 60 MPa),
utilisé pour les voussoirs des rampes d’accès, per-
met le décoffrage rapide, la mise en tension accélé-
rée des câbles de précontrainte et le poussage de la
travée au rythme d’une longueur de voussoir tous
les deux jours. Ceci grâce à la conjugaison du super-
plastifiant et d’un fort dosage en ciment,

Le pont de Joigny
Le pont de Joigny est un pont expérimental en béton
de hautes performances, s’intégrant au projet natio-
nal « Voies nouvelles du matériau béton ».
Pour la première fois en France, les performances du
béton HP ont été prises en compte dans le dimen-
sionnement du pont sur la base d’un béton de 60
MPa de résistance à la compression à 28 jours, sans
fumées de silice.
L’ouvrage comporte trois travées (34 m, 46 m, 34 m)
et est à deux nervures de 2,20 m de hauteur, avec
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précontrainte longitudinale totalement extérieure.

113
• le béton de hautes performances est encore mis Le tablier de ces ouvrages, de conception originale,
en œuvre pour réaliser les deux pylônes. Il s’agit du comporte quatre âmes inclinées triangulées par des
même béton que celui décrit précédemment. En X précontraints.
effet, il rend possible le déplacement des coffrages Ces X sont réalisés séparément avant d’être mis en
autogrimpants dans des délais minimums pour des place dans une cellule où sont coulés les hourdis
températures pouvant descendre à 5 °C. avec lesquels ils constituent l’ensemble d’un vous-
soir.
Le pont de l’île de Ré
Pour respecter les cadences de production et
Les délais imposés à l’entreprise pour cet ouvrage permettre une mise en tension précoce, un BHP à
de près de 3 000 m de long (construit en moins 65 MPa a été utilisé.
de 16 mois) ont été déterminants dans le choix du La qualité du béton est également la garantie de la
béton HP. durabilité de ces ouvrages soumis à des conditions
Alors que le cahier des charges ne prévoyait qu’un hivernales rigoureuses.
béton B40 pour les voussoirs, les cadences d’exécu-
tion de ces 798 pièces imposaient un démoulage à
15 heures, donc une résistance minimale de
12 MPa. Le béton réalisé qui présentait une résis-
tance à 15 heures de plus de 20 MPa, atteint à ■ Le bâtiment
28 jours plus de 60 MPa. L’emploi des fumées de sili-
ce en association avec un superplastifiant a égale- La Grande Arche
ment nettement amélioré la maniabilité du béton. Le béton utilisé pour couler la partie supérieure de la
Grande Arche de La Défense présente des résis-
tances supérieures à 65 MPa et un slump de 22 à 25
cm, le béton utilisé a apporté à la fois la résistance
exceptionnelle souhaitée et l’ouvrabilité rendue
indispensable par un pompage sur une hauteur de
plus de 100 m.

Les viaducs de Sylans

La Pacific Tower
La Pacific Tower à La Défense a été l’occasion
d’une nouvelle avancée des BHP dans le domaine
du bâtiment.
Pour la première fois en France, la structure vertica-
le d’une tour a été réalisée avec un béton hautes
performances de classe B 60, mis en œuvre indus-
www.allislam.net triellement sur le chantier.

114
Grâce à ce choix technologique, les sections des ■ Les ouvrages de génie civil courants...
éléments porteurs ont pu être substantiellement
diminuées et permettre à la fois un gain de surface Le recours au BHP pour les ouvrages de génie civil
utile, ainsi que des économies d’acier et du temps de courants n’est pas encore très fréquent. Pourtant
décoffrage. Par ailleurs, le choix du BHP a été fait certains maîtres d’ouvrage sont convaincus de leur
dans le but de réaliser un ouvrage qui résiste mieux intérêt technique et économique. Des DDE se sont
aux agressions climatiques et atmosphériques pol- résolument engagées dans cette voie depuis plu-
luées. Un plan qualité imposait une sélection rigou- sieurs années pour les réalisations d’ouvrages
reuse des granulats en une seule trémie, ainsi comme les ponts de Saint-Andoche à Autun, de
qu’une vérification régulière, tous les 150 m3, de la décharge de l’Arroux ou de la rocade Est de
résistance fixée à 72 MPa à 28 jours, du BHP préle- Bourges. Ces ouvrages ont été réalisés en B 60
vé à la sortie de la centrale. sans fumées de silice, avec des agrégats locaux et
dans des conditions de mise en œuvre tradition-
nelles, ne requérant aucun équipement spécifique.
L’emploi des BHP dans le génie civil courant s’inscrit
dans une démarche qualité nécessairement parta-
gée par l’ensemble des partenaires et contribue à
faire progresser la connaissance du matériau béton
ainsi que sa mise en œuvre.

Les Tours
Cœur-Défense
Ce projet, conçu
par le cabinet
Jean-Paul Viguier
est constitué de
deux tours fines
décalées, de tren-
te-neuf niveaux,
arrondies à leurs extrémités et de trois bâtiments bas
qui donnent de l’ampleur à la façade sur l’esplanade.
L’ensemble représente 220 000 m2 de bureaux. Le
noyau central de chaque tour et les poteaux de 1,10 m
de diamètre ont été réalisés en béton HP de type B 80.

La Tour PB6
Cette tour est un
immeuble à usage de
bureaux de quarante
étages soit 147 m de Pont de Saint-Andoche.
hauteur au-dessus
du niveau d’accès
situé sur le parvis
de la Défense, trois
niveaux de parking en
sous sol, un niveau
technique et, deux
niveaux d’infrastruc-
tures de 3,40 m.
L’emprise en plan de
la tour est constituée
de deux ellipses de
74,84 × 31,18 m.
Les efforts sont
repris d’une part par
un noyau central de
31 × 14,10 m et,
d’autre part, par
seize poteaux de
façade et deux poteaux intérieurs.
L’usage d’un béton BHP de type B 80 a permis de
limiter le diamètre des poteaux les plus chargés à
1,30 m.
Maîtrise d’ouvrage : PB 6 développement – assistant maîtrise
d’œuvre : Hines France – Maîtrise d’œuvre : Peï-Cobb-Freed &
Partners – architectes : Saubot ; Rouit et associés – Entreprise
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générale : BATEG-VINCI Pont de décharge de l’Arroux.

115
■ ... et la préfabrication

L’emploi du BHP commence à se développer dans la


réalisation d’éléments fabriqués en usine.
Parmi les plus usuels, on peut citer les poutrelles
précontraintes pour plancher qui grâce au BHP ont
vu leur section diminuée de 30 %, ainsi que les
dalles alvéolées, pour planchers également, qui pour
une épaisseur n’excédant pas 25 cm permettent des
portées de l’ordre de 15 mètres.

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Dalle alvéolée.

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116
5.7 Les bétons fibrés
ultraperformants BFUP

Les progrès dans le domaine des adjuvants, des • Une teneur en eau extrêmement faible (rapport
méthodes de formulation et de l’utilisation des ultra- eau/ciment < 0,25) grâce à l’utilisation optimisée de
fines ont conduit à une évolution spectaculaire des superplastifiants qui défloculent les particules fines
bétons : des bétons courants de résistance en com- et permettent un meilleur empilement granulaire.
pression de 30 MPa, la gamme s’est élargie aux D’une part, la quantité d’eau nécessaire au remplis-
bétons à hautes performances. sage des vides s’en trouve réduite, et d’autre part, la
Une rupture technologique est intervenue au début surface spécifique des grains, donc, à terme, leur
des années 90 avec la mise au point de bétons dont hydratation, est accrue.
la résistance est de l’ordre de 200 MPa en compres- • Une compacité maximale, obtenue en utilisant des
sion et de 40 MPa en traction par flexion. Grâce à composants correspondant à plusieurs classes gra-
cette dernière caractéristique, on peut désormais nulométriques (classiquement quatre, qui incluent le
envisager de se passer des armatures passives ciment et les ultrafines défloculées).
dans les éléments structurels. Les ultrafines utilisées dans les BFUP sont des
fumées de silice de haute pureté, sous forme de
billes submicrométriques qui remplissent les
Module de Rupture MOR (MPa) espaces intergranulaires, et qui réagissent avec la
chaux issue de l’hydratation du ciment. Ce faisant,
50
elles participent activement à la résistance de l’en-
semble et ferment le réseau des pores à la diffusion
des ions et des gaz.
Dans le cas des BFUP, la taille et la quantité des plus
gros grains est considérablement réduite. Le sque-
25 lette granulaire y gagne en souplesse, ce qui réduit
BFUHP 200 considérablement les effets de microfissuration liés
au retrait.
BMF 80
10
BMF 25 BFUP BHP
B 25
Flèche (mm)
0 0,5 1 Tassement d au retrait
P te
cimentaire
Courbes types en flexion 3 points sur éprouvettes 4 × 4 × 16 cm
FM = Fibres Métalliques. Fissure
200 = 200 MPa en compression. de retrait
Source : Ductal ® FM 200
Granulat

Principes Inclusions non jointives Squelette rigide

On retrouve dans la famille des BFUP des bétons


réalisés suivant 2 concepts différents : Effet de la souplesse du squelette granulaire sur le retrait endogène
et la microfissuration.
1. Concept d’optimisation multi-échelle de compo- Source : Ductal ®
sants et de fibres, qui permet d’obtenir un comporte-
ment ductile.
2. Concept d’utilisation de granulats à haute résis- Dernier composant clé des BFUP : les fibres, qui,
tance mécanique. lorsque leur dosage est suffisamment élevé, confè-
L’obtention de résistances élevées et de faibles per- rent au matériau sa ductilité. Ces fibres, en acier à
méabilités aux agents agressifs passe par une très haute résistance (> 2 000 MPa), ou organiques,
réduction très importante de la porosité et plus pré- ont une longueur adaptée à la taille du plus gros
cisément du réseau des pores connectés, en jouant grain et une section la plus faible possible pour
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sur deux paramètres. garantir un bon ancrage.

117
A titre d’exemple, une formulation typique de BFUP ■ Retrait - Fluage
est donnée dans le tableau suivant (pour 1 m3) :
Dans les BFUP, le retrait endogène de la matrice
cimentaire est de l’ordre de 500 µm/m, comme pour
les BHP, suite au faible rapport eau/ciment qui
Ciment Sable Quartz Fumée Fibres Adjuvant Eau conduit à un diamètre des pores réduit. Ce retrait
NF fin broyé de silice métal- (extrait totale endogène n’est pas gêné par le squelette granulaire,
liques sec)
et la formation de microfissures est extrêmement
710 kg 1 020 kg 215 kg 203 kg 160 kg 10 kg 140 l faible.
Grâce à la faible teneur en eau du matériau et à l’uti-
lisation de fumées de silice, la déformation sous
Fabrication des BFUP charges permanentes (fluage) est très fortement
réduite.
Sur certaines formulations, il est possible, avec un
Les BFUP peuvent être fabriqués dans une centrale traitement thermique adapté, de stabiliser le retrait,
à béton classique moyennant un réglage des pales et donc d’éviter tout risque de fissuration par retrait
du malaxeur, et un allongement du temps de empêché, ainsi que les déformations de fluage qui
malaxage (5 minutes ou plus). L’utilisation d’un tour- sont limitées très rapidement à une valeur très faible
billon produit un fort cisaillement, ce qui améliore (ref Ductal ®).
les performances du matériau et permet de réduire
le temps de malaxage.
Microstructure des BFUP
■ Ouvrabilité
Les composants des BFUP varient du millimètre au
Les formules types de BFUP sont généralement de nanomètre.
consistance fluide ce qui permet un remplissage
aisé des coffrages. La plage d’ouvrabilité est cepen-
dant très large : il est possible de réaliser des BFUP
d’extrusion ou autoplaçants.

■ Mise en œuvre
La mise en œuvre peut s’effectuer à la benne, avec
une manchette, par pompage, ou par injection.

■ Cinétique du durcissement
Selon les conditions du chantier ou de préfabrica-
tion, on recherchera plutôt une résistance à la com-
pression à 16 h de 50 MPa qui permet la mise en
tension précoce de câbles de précontrainte par
post-tension, ou une résistance à la compression de
200 MPa après un traitement thermique adapté.

Caractéristiques mécaniques Micrographie au microscope électronique à balayage d’un BFUP200


(grossissement 50) : la phase grise interstitielle représente le mélange
Le tableau ci-dessous résume les résistances com- des silicates de calcium hydratés et de fumée de silice. En foncé les
parées obtenues sur BFUP avec et sans traitement grains de sable ; les grains blancs sont du clinker anhydre. Les ellipses
blanches sont des sections de fibres métalliques. Pour observer la
thermique. microstructure de la phase interstitielle (« pâte de BFUP »), une micro-
graphie par microscopie électronique à balayage a été réalisée en mode
électrons rétrodiffusés sur section polie (grossissement 200).
Caractéristiques A 28 jours A 3 jours Source : Ductal ® FM200
sans après
traitement traitement
thermique thermique
Résistance à la compression
(MPa) 180 220
Résistance à la flexion
3 points (MPa) 36 40
Résistance à la traction directe
(MPa) 8 10
Module d’élasticité (MPa) 60 000 55 000
Coefficient de dilatation
thermique (en 10–6/°C) 12 12
Masse volumique (kg/m ) 3 2 500 2 500

Exemple de performances obtenues


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sur une formulation Ductal ®.

118
A grossissement relativement faible (200), la pâte Les lois de comportement et de tenue au feu des
d’un BFUP laisse apparaître en clair des particules BFUP sont différentes de celles des bétons cou-
de clinker non hydraté qui joue le rôle de microgra- rants. En revanche, comme les autres bétons, le
nulats à surface très active et de haut module d’élas- BFUP est incombustible (M0). Les dispositions
ticité (120 000 MPa). Il est très lié aux silicates de constructives doivent être étudiées au cas par cas
calcium hydratés comme le montre la micrographie. au regard de la résistance au feu.
La phase grise interstitielle représente le mélange
des silicates de calcium hydratés et de fumée de sili-
ce, et permet de réduire très sensiblement la porosité. Domaines d’applications
Au vu des nombreuses qualités des BFUP, on peut
Porosité cumulée (mL/g) s’intéresser à des applications jusque là inacces-
0,07 sibles au matériau béton et réservées à d’autres
0,06
matériaux.
B 30
On peut classer les domaines d’applications en fonc-
0,05
tion des caractéristiques du matériau principalement
0,04 valorisées : résistance, durabilité, esthétique, flexibi-
B 80
0,03
lité des formes.

0,02
■ Valorisation de la résistance des BFUP
0,01
BPR Le domaine du génie civil vient le premier à l’esprit,
0 car le comportement mécanique du matériau permet
0,001 0,01 0,1 1 10 100
de concevoir des ouvrages d’art particulièrement
Diamètre des pores (um)
élancés et légers, notamment avec des concepts
innovants tels que des structures en treillis.
Porosité ouverte comparée d’un BFUP (type BPR) et de bétons courants
ou à hautes performances. Pour les bâtiments de grande hauteur, par exemple,
ces matériaux permettent de réduire la section des
poutres et de construire à coûts et à hauteur égaux
Dans certains cas, un traitement thermique permet un étage supplémentaire.
d’améliorer encore la microstructure, donc la résis- De même, il devient possible de travailler avec des
tance mécanique et, surtout, la durabilité. portées plus grandes, et de réaliser des plateaux
libres permettant d’accroître la surface d’habitation.
Durabilité
■ Valorisation de la durabilité des BFUP
Du fait de leur microstructure extrêmement dense,
les BFUP présentent des propriétés de durabilité L’exemple le plus frappant est celui des conteneurs à
exceptionnelles, notamment dans les domaines haute intégrité conçus pour l’entreposage de
suivants : résistance au gel-dégel, résistance aux matières faiblement radioactives.
sels de déverglaçage, résistance à la carbonatation, On peut également citer l’utilisation dans des envi-
résistance à la pénétration d’ions agressifs ronnements particulièrement agressifs, alliant de
(chlorures, sulfates, acides faibles), résistance à fortes variations de température et d’humidité aux
l’abrasion. agents agressifs tels que des ions chlorures ou
acides faibles.

B25 ■ Valorisation des qualités esthétiques


BFUP
courant
des BFUP
Porosité <2% 8 à 10%
–20 2
La gamme des BFUP fluides permet d’obtenir des
Perméabiltié à l’azote 1 à 5.10 m 10-16 à 10-17 parements lisses très réguliers. L’utilisation de fibres
Gel-dégel : organiques et de pigments minéraux permet en
– module résiduel après (fonction outre d’utiliser une large plage de coloris pour la réa-
300 cycles 100 % de la lisation de panneaux architectoniques.
– perte de masse après formulation)
300 cycles < 10 g/m2 ■ Valorisation de la liberté de forme
Abrasion (coefficient CNR)* 1,3 2à4 des BFUP
Carbonatation : L’absence d’armatures passives et les résistances
– pénétration sur 15 mm > 12 000 ans 15 / 20 ans élevées du matériau permettent d’utiliser une grande
Corrosion : variété de formes pour la construction de structures
– coefficient de diffusion légères et élancées, et d’envisager la réalisation de
effectif 0,02 10 à 12 formes complexes, comme par exemple des coques
ou des sculptures.
* Par rapport au verre.

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119
Exemples d’applications
Les applications réalisées à ce jour ont été dimen-
sionnées en collaboration avec les maîtres d’œuvre 3300
sur la base des connaissances et des recommanda-
tions établies pour les bétons à très hautes perfor-
30 mm upper slad
mances et les bétons de fibres. Un groupe de travail
animé par le SETRA et soutenu par l’AFGC est
chargé d’élaborer des recommandations pour le
calcul des structures en BFUP.

■ Passerelle de Sherbrooke Confined


RPC in
(Québec ; 1997) stainless
steel tube
Cette passerelle de 60 m de portée est de concep-

3000
tion particulièrement innovante. Le hourdis supérieur
est une dalle nervurée en BFUP de 30 mm d’épais-
seur. Les âmes sont des diagonales mixtes, incli-
nées dans les deux directions, mettent an œuvre du 150
BFUP confiné dans une enveloppe mince.Huit dia-
gonales étaient placées dans un gabarit avant le
coulage des poutres inférieures et de la dalle supé-
rieure afin de réaliser un voussoir de 10 m de long.
Ces voussoirs ont été assemblés par demi-travées

380
avec un câble de précontrainte, puis levés à la grue
et posés sur une culée et une pile provisoire. La pré- 320
contrainte finale, composée de câbles intérieurs
filants et de câbles extérieurs déviés a permis de
libérer l’appui central. Aucune armature passive
n’est utilisée dans cette structure. Coupe transversale de la passerelle.

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120
Plaque d’ancrage
pour le renforcement de
murs en terre armée
à La Réunion. Ref Ductal ®.

Image de synthèse montrant le détail des arcs


et des « tuiles » en Ductal ®.
■ Plaques d’ancrage
(Ile de la Réunion ; 1999)
Des plaques en BFUP à fibres organiques ont été
utilisées pour l’ancrage de tirants précontraints des-
tinés à conforter la tenue des écailles d’un mur de
soutènement en terre armée. Ces plaques ont été
choisies en substitution des éléments d’ancrage tra-
ditionnels plus coûteux réalisés en fonte ductile.

■ Poutres et poutrelles de Cattenom


(France ; 1998)

Dans le cadre de la rénovation de la structure inter-


ne des aéroréfrigérants de centrales EDF, il a été
décidé de remplacer le système d’échanges consti-
tué de poutres et de poutrelles précontraintes. Les
contraintes sont à la fois la légèreté et une très haute
durabilité. Les BFUP apportent ici une solution inté-
ressante. Plus de 1500 m3 de BFUP ont été utilisés
sous forme de poutres et de poutrelles précon-
traintes par prétension. Les règles de calcul pour les
poutres précontraintes ont été développées avec le Panneau antibruit
maître d’œuvre et validées à cette occasion sur des pour la gare souterraine
essais de structures au CEBTP et au LCPC. de Monaco.

Préfabrication des poutres


précontraintes pour
l’aéroréfrigérant de
www.allislam.net la centrale de Cattenom.

121
Arbre Martel.

■ Arbre Martel

Une sculpture représentant un arbre a été mise en Pour consulter


place sur la place de L’Hôtel de Ville de Boulogne
Billancourt. Cet arbre dessiné par l’architecte le chapitre suivant,
Mimram a été fabriqué en Ductal® avec des fibres cliquer ici.
organiques et un ciment blanc. Le tronc est précon-
traint de manière à reprendre les efforts de flexion
élevés dus à l’action du vent sur les feuilles. Les
feuilles sont assemblées par boulonnage. RETOUR AU SOMMAIRE

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122
PARTIE 6
DURABILITÉ DU BÉTON

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6.1 Définitions
et facteurs influents

Durabilité et qualité Le béton durci courant présente une porosité de 10


à 12 % due à la présence de pores inclus dans la
texture même des hydrates, et de capillaires qui se
La durabilité du béton est un fait reconnu et attesté
développent dans la structure des grains. Les capil-
par la pérennité des ouvrages exposés à des condi-
laires, qui sont dimensionnellement les plus impor-
tions climatiques ou d’environnement les plus
tants, ne dépassent pas un diamètre de quelques
variées. Les ouvrages usuels, réalisés en bétons
microns. Les pores des hydrates sont 10 à 100 fois
courants, aussi bien que les plates-formes off-shore
plus petits.
en milieu marin, les autoroutes sollicitées par un tra-
fic intense, les viaducs soumis à l’action du gel et Le comportement du béton et son évolution ont mon-
des sels de déverglaçage, résistent au fil des années tré, dès l’origine, l’influence de la porosité sur la
aux multiples agressions physico-chimiques aux- résistance (relation établie par Féret). Mais les cor-
quelles ils sont soumis. rélations entre durabilité et résistances mécaniques,
entre absorption d’eau et résistance au gel, ou per-
Néanmoins, il arrive que des défauts de conception
méabilité et carbonatation ont été mises en éviden-
ou de mise en œuvre, que des causes accidentelles
ce plus récemment.
soient à l’origine de désordres : la notion de durabi-
lité est donc indissociable de celle de qualité à tous Il est aujourd’hui admis que la réduction de la poro-
les niveaux et, en particulier, de celle du matériau sité du béton, qui est, entre autres, la condition pour
béton. L’exigence de qualité est devenue aujourd’hui réaliser des bétons de hautes performances, est
une nécessité, car elle est garante d’avantages tech- requise pour l’amélioration de la résistance du
niques et, en particulier, de durabilité. Elle est aussi béton, aussi bien d’un point de vue mécanique que
un facteur d’économie par sa contribution à la limita- vis-à-vis d’agressions d’ordre physico-chimique.
tion des coûts de maintenance. La réduction de la porosité du béton dépend princi-
Pour les constituants du béton et le béton lui-même, palement de sa conception et de sa mise en œuvre.
la qualité se traduit par la conformité aux normes et, Trois facteurs sont prépondérants dans la concep-
dans de nombreux cas, la certification qui l’atteste. tion d’un béton de faible porosité :
Pour les ciments, par exemple, la certification est • un dosage en ciment adéquat ;
constituée par le label NF géré par l’AFNOR. La plu- • une faible teneur en eau ;
part des centrales de béton prêt à l’emploi fournis-
sent des bétons normalisés ; les produits en béton • une granulométrie comportant des éléments fins,
fabriqués en usine sont en grande partie certifiés. éventuellement actifs, en quantité suffisante pour
remplir les espaces entre les plus gros granulats.
Le concepteur dispose donc des informations néces-
saires sur les matériaux pour réaliser des ouvrages Les progrès réalisés dans la connaissance des adju-
résistant aux contraintes mécaniques et aux facteurs vants ont permis d’élaborer des plastifiants qui auto-
extérieurs de dégradation. risent des réductions importantes de la teneur en
eau sans diminuer la plasticité du mélange.
Il ne faut cependant pas oublier que la durabilité du
béton est aussi dépendante des conditions de mise Une étude correcte de la granulométrie du béton, en
en œuvre et que toute négligence à ce niveau peut jouant sur le ciment et le sable, est généralement
remettre en cause des matériaux de bonne qualité. suffisante et ne nécessite un recours à des parti-
cules ultra-fines que pour des bétons de très hautes
performances.
Les facteurs influents de la durabilité Il faut enfin souligner l’importance de la mise en
œuvre du béton sur ses propriétés : un malaxage
■ Les facteurs propres efficace, une vibration appropriée, la cure pour les
ouvrages horizontaux, sont des conditions impéra-
au matériau béton tives de réalisation d’un béton durable.
La porosité du béton
La fissuration
Le béton est un mélange composé d’un ensemble de
constituants – ciment, granulats, eau, adjuvants –, Il faut souligner ici le caractère non préjudiciable de
mais renfermant aussi des vides dus, entre autres, à la plupart des fissures qui, correctement maîtrisées
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l’eau excédentaire. par des armatures ou des joints qui en déterminent

125
l’emplacement et en limitent l’ouverture, n’ont pas Le soin apporté à la formulation du béton, et à sa
d’influence sur la durabilité du béton. mise en œuvre, et la prise en compte des conditions
La réglementation, notamment en matière de béton extérieures permettront, dans la quasi-totalité des
armé, prévoit le dimensionnement des ouvrages et cas, de prévenir l’apparition d’une fissuration préju-
les dispositions propices à empêcher ou à contrôler diciable à sa durabilité.
efficacement la fissuration potentielle. Seules, les fis-
sures non contrôlées à caractère fortuit sont sus- La corrosion des armatures
ceptibles de jouer un rôle négatif. Dans des conditions normales, les armatures enro-
Les principales causes de fissuration sont les sui- bées de béton sont protégées de la corrosion par un
vantes : phénomène de passivation qui résulte de la création,
• retrait de la pâte de ciment ; à la surface du métal, d’une pellicule protectrice de
ferrite Fe2O3 CaO.
• conditions thermiques et hygrométriques ;
Cette pellicule est formée par l’action de la chaux
• causes mécaniques. libérée par les silicates de calcium sur l’oxyde de fer.
La pâte de ciment subit différentes phases de défor- Tant que la présence de chaux maintient la basicité
mation aux stades successifs de l’hydratation : pré- du milieu entourant les armatures, celles-ci sont pro-
prise, prise et durcissement. tégées.
Chacune des phases de déformation est liée à un Plusieurs agents peuvent neutraliser cette protection
mécanisme prépondérant qui génère un gradient de : le gaz carbonique, les chlorures, les sulfates, mais
température ou d’humidité dans le béton. aussi l’eau pure. La plus ou moins grande rapidité
d’action de ces divers agents est en relation directe
avec la porosité du béton et avec la présence de fis-
MÉCANISMES LIÉS AUX DIFFÉRENTES PHASES
sures qui favorisent la diffusion des gaz ou de
DE DÉFORMATION
liquides agressifs.
Parmi les actions susceptibles de modifier le béton
d’enrobage, la carbonatation constitue un phénomè-
ne qui a fait l’objet de nombreuses recherches et est
maintenant bien connu. En présence du gaz carbo-
nique de l’air, la chaux libérée (portlandite) se car-
bonate :
Ca (OH)2 + CO2 → CaCO3 + H2O
Le milieu basique (pH 12 à 13) se trouve progressi-
vement modifié par la neutralisation de l’alcalinité du
ciment pour atteindre un pH de l’ordre de 9, n’assu-
rant plus la protection des armatures et entraînant
une dépassivation de l’acier. La progression de la
carbonatation se fait de l’extérieur de l’ouvrage, en
contact avec l’air ambiant, vers l’intérieur, mais se
Les facteurs qui influent sur les trois phases de trouve freinée par la formation des carbonates. La
déformation peuvent être groupés en quatre catégo- vitesse de progression de la carbonatation diminue
ries principales, qui concernent plus particulièrement donc avec la profondeur atteinte.
:
• la composition du béton, l’interdépendance des ÉVOLUTION DE LA CARBONATATION
constituants, la cinétique d’hydratation ; EN FONCTION DU DOSAGE EN CIMENT DU BÉTON
• la mise en œuvre du béton : fabrication, mise en
place, vibration, cure ;
• la géométrie de l’ouvrage ;
• le milieu environnant.

FACTEURS INFLUANT SUR CHACUNE DES PHASES


DE DÉFORMATION DU BÉTON

Cette progression est en fait modifiée par des fac-


teurs liés au béton lui-même – nature et dosage du
ciment, dosage en eau, porosité du béton – et au
milieu.
L’humidité relative de l’air joue, en particulier, un rôle
important : la vitesse de carbonatation est maximum
pour une humidité relative de l’ordre de 60 %, prati-
www.allislam.net quement nulle en atmosphère sèche ou saturée.

126
INCIDENCE DE L’HUMIDITÉ RELATIVE DE L’AIR est totalement immergé ou en immersion semi-alter-
SUR LA VITESSE DE CARBONATATION née. Ce dernier cas est le plus défavorable, car les
actions chimiques se superposent à des cycles de
variations dimensionnelles (retrait et expansion),
provoqués par les variations d’ambiance et l’alter-
nance d’absorption et d’évaporation d’eau.
L’agression d’origine chimique peut aussi provenir
des eaux de lavage, des eaux pures, des eaux car-
bonatées, des condensats de chantiers, ou des
effluents en milieu industriel ou agricole. La diversité
des composés minéraux ou organiques susceptibles
d’agir, rend généralement très délicate l’analyse des
phénomènes et nécessite un soin particulier dans le
choix des constituants du béton.
Les ambiances hivernales
L’étude de ce facteur fait l’objet du chapitre 6.2 ; on
rappellera seulement que deux phénomènes peu-
vent être à l’origine des altérations du béton :
– une succession de phases de gel et de dégel ;
– l’action des sels de déverglaçage (ou fondants).
Dans les atmosphères industrielles, ou même Le mécanisme d’altération s’explique, dans le pre-
urbaines, l’eau de pluie entraîne des composés chi- mier cas, par l’accroissement des pressions dans les
miques qui peuvent diffuser dans le béton et atta- capillaires, dû au mouvement de l’eau vers les fronts
quer le métal des armatures. En particulier, le dioxy- de gel d’eau interne. L’action des sels de dévergla-
de de soufre ou les oxydes d’azote provenant des çage, à la fois plus sévère et plus complexe, cumule
moteurs d’automobiles peuvent entraîner une acidifi- les effets d’un refroidissement plus rapide que pré-
cation des pluies (pH de l’ordre de 3 ou 4) qui cédemment, se traduisant par un choc thermique et
deviennent particulièrement agressives pour le des causes chimiques liées à la diffusion dans le
béton et pour les armatures. béton de ces sels.
Les eaux chargées en sels tels que les chlorures
(milieu marin) ou les sulfates (certaines eaux souter-
raines) provoquent une corrosion importante des
armatures que peut empêcher un bon enrobage de
béton.
La réaction alcalis-granulats
Ce phénomène exceptionnel ne peut intervenir que si
plusieurs conditions sont remplies simultanément :
utilisation de certains granulats siliceux dits « réac-
tifs », un environnement fortement humide, une La recherche d’un béton durable
teneur en alcalis du béton élevée, un béton insuffi-
samment compact. Un béton durable est un béton compact dont les
La réaction entre les alcalis et les granulats se tra- constituants de qualité ont été bien choisis, qui a été
duit par un phénomène de gonflement et de fissura- correctement formulé et fabriqué et, enfin, qui a été
tions du béton. mis en œuvre en respectant les règles strictes de
bonne pratique.
■ Les facteurs externes Des principes généraux restent valables dans tous
les cas, mais ils doivent être complétés pour
Les ambiances chimiquement agressives répondre à des actions particulières.
Les acides, certaines solutions salines ou même des
solutions basiques peuvent entraîner la dissolution ■ Le choix des constituants
de la chaux et la formation de composés qui, lors-
qu’ils sont solubles, sont à l’origine d’altérations. Les Les ciments actuels répondent aux exigences des
constituants du béton, ses caractéristiques et les emplois usuels ; les milieux qui présentent des agres-
conditions climatiques ambiantes influent sur ces dif- sions spécifiques nécessitent le recours à des
férentes actions et en modifient l’importance. ciments présentant une résistance particulière du
fait de leur composition. C’est ainsi qu’en présence
Les eaux souterraines sulfatées constituent un cas d’un facteur agressif pouvant entraîner la dissolution
d’agression bien connu : le sulfate de calcium se de la chaux (par exemple l’eau pure), on préférera
combine avec les aluminates du ciment pour former des ciments à faible teneur en chaux.
un sel, l’ettringite, dont la cristallisation accompa-
gnée d’expansion provoque la fissuration du béton. Vis-à-vis des agressions dues aux milieux marins ou
Elle facilite la pénétration des agents agressifs jus- aux eaux sulfatées, on utilisera des ciments prise
qu’aux armatures qui sont, à leur tour, attaquées. mer (PM) ou résistant aux eaux sulfatées (ES).
Les chlorures réagissent avec les hydroxydes de Les granulats doivent être choisis en fonction de leur
chaux pour donner des sels solubles. Les chlorures nature minéralogique, de leur forme mais aussi de
et les sulfates coexistent dans l’eau de mer, qui leur dureté. Compte tenu de l’importance de la zone
constitue donc pour le béton et plus particulièrement de contact granulats-pâte dans le développement
pour le béton armé, un agent agressif dont l’action des hydrates, la propreté des granulats et l’absence
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est, cependant, très différente selon que l’ouvrage de particules argileuses est un impératif.

127
CRITÈRES ESSENTIELS DU BÉTON DURABLE

Les adjuvants jouent aussi un rôle important. Les Le vieillissement du béton


plastifiants réducteurs d’eau facilitent l’obtention
d’une forte compacité en réduisant la teneur en eau Les paramètres essentiels des phénomènes du
et améliorent la mise en œuvre. Les hydrofuges vieillissement sont mentionnés dans le chapitre 8.3.
s’opposent à la pénétration des agents agressifs en Il convient simplement de souligner que, comme
solution. Les entraîneurs d’air sont indispensables tous les matériaux, le béton subit un vieillissement
pour la tenue au gel et aux sels. naturel. L’entretien des ouvrages en béton est donc
L’eau est un facteur important, par son dosage qui une opération qui doit être prévue, au même titre
doit être aussi faible que possible, et par sa nature : qu’elle l’est pour tous les ouvrages.
les eaux potables sont les plus adaptées ; la teneur
en sels est à surveiller pour les bétons les plus per-
formants. L’eau de mer peut être employée dans cer-
tains cas, mais est incompatible avec les bétons Pour consulter
armés ou précontraints compte tenu de la corrosion le chapitre suivant,
possible des aciers.
cliquer ici.

RETOUR AU SOMMAIRE

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128
6.2 La tenue au gel

Parmi les actions susceptibles de provoquer des tive de cycles de gel et de dégel, ou une brusque
dégradations des ouvrages ou des voiries, le gel chute de température superficielle généralement
peut constituer un facteur particulièrement actif, provoquée par l’action des sels de déverglaçage.
notamment lorsqu’il s’accompagne de cycles de gel
et de dégel rapidement alternés. ■ L’action des cycles gel/dégel
Les dégradations par le gel ne peuvent intervenir
que lorsque les matériaux sont au contact de l’eau, Il est généralement admis que l’accroissement de
dans un état voisin de la saturation. Le béton durci, volume accompagnant la transformation de l’eau en
dans la majorité des cas, résiste aux effets du gel ; il glace (de l’ordre de 9 %) n’est pas la cause princi-
arrive cependant que des conditions climatiques par- pale de la dégradation du béton, ainsi que l’ont mon-
ticulièrement sévères puissent entraîner la dégrada- tré les recherches menées notamment par Powers
tion de bétons mal formulés, mis en œuvre de façon ou Litvan.
incorrecte et, de surcroît, saturés d’eau. En effet, ce sont les pressions engendrées par les
Le gel n’est donc susceptible d’occasionner des mouvements de l’eau interne vers les « fronts de
dégradations aux ouvrages en béton que dans des congélation » formés à certains emplacements du
cas limités, où se trouvent simultanément réunies béton, qui sont considérées aujourd’hui comme la
plusieurs conditions défavorables. cause principale des dégradations.
Selon leur disposition et l’exposition, les ouvrages
supportent plus ou moins bien ces actions. ■ L’action des sels de déverglaçage
Dans le bâtiment, les balcons, les parties en saillie, Il est admis que les causes de dégradations dues
dans les ouvrages de travaux publics, les corniches aux sels de déverglaçage sont principalement :
de ponts, les bordures de trottoirs, les chaussées
sont plus exposés aux dommages dus au gel que les – des causes physiques prépondérantes, liées au
parties verticales. choc thermique consécutif à la fusion de la glace ;
– des causes chimiques provoquées par la diffusion
A l’action du gel, il faut ajouter celle des fondants
des sels dans le béton.
(plus couramment appelés sels de déverglaçage),
utilisés sur les routes, les pistes, les parkings, qui L’importante chute de température de surface, due à
peuvent affecter les ouvrages voisins par rejaillisse- la quantité de chaleur consommée pour provoquer la
ment : piles de ponts, bordures de trottoirs, murs de fusion de la glace, amplifie les effets du gel dans la
soutènement. zone du béton proche de la surface (la chute de tem-
pérature de surface peut atteindre 4 °C/minute au
Le bon comportement d’un ouvrage en béton lieu de 4 °C/heure habituellement). La dégradation
dépend directement de la prise en compte de ces qui peut en résulter se traduit par un phénomène
différentes actions dans la formulation du béton et sa d’écaillage.
mise en œuvre, d’une part, dans la conception géné- Les causes chimiques, considérées comme moins
rale de l’ouvrage, d’autre part. dangereuses, ont trait à l’action des chlorures sur les
aciers, entraînant leur corrosion, et aux attaques de
certains sels contenus dans les fondants, tels que
Les mécanismes développés par le gel les sulfates.

Les dégradations occasionnées par le gel sont de Les principes de prévention


deux types :
– une fissuration répartie dans la masse du béton, ■ Contre le gel
provoquée par un mécanisme de gel interne ;
– un délitage de la zone superficielle, appelé écailla- Pour empêcher l’apparition de pressions excessives
ge, qui résulte d’un gradient thermique important au dans le béton, on crée, grâce à un entraîneur d’air,
voisinage de la surface. un réseau de bulles qui doivent être nombreuses et
Ces deux types de dégradations, qui peuvent se pro- bien réparties :
duire simultanément ou de manière indépendante, • leurs dimensions ne doivent pas dépasser
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sont dus à des mécanismes distincts : l’action répéti- quelques dizaines de micromètres ;

129
• leur espacement, qui détermine le niveau de pres-
sion, proportionnel au trajet parcouru par l’eau pour
atteindre le front de gel le plus proche, doit être infé-
rieur à une valeur critique de l’ordre de 400 µm.
Le rôle de l’entraîneur d’air est double :
• introduire un pourcentage d’air supplémentaire de
l’ordre de 5 % du volume de béton ;
• fractionner les bulles en de nombreuses petites
bulles de faibles dimensions.

Fragment de pâte de ciment contenant un capillaire et deux bulles d'air.


Des cristaux de glace se sont formés dans le capillaire et les bulles,
au contact de leur paroi. L'eau afflue vers ces cristaux.
Les granulats
■ Contre les sels de déverglaçage Les granulats gélifs sont évidemment à rejeter ; il
conviendra donc de s’assurer qu’ils satisfont aux
La création de bulles d’air dans le béton apporte une essais de sensibilité au gel définis par la norme
amélioration, notamment vis-à-vis du choc ther- NF P 18-593. Le critère de porosité n’est, en effet,
mique, mais elle n’est pas de nature à prévenir la dif- pas suffisant, la gélivité dépendant de la taille et
fusion des sels dans le béton. de la répartition des pores.
De ce point de vue, la qualité générale du béton et les Les sables, favorisant le ressuage (sables creux ou
soins apportés à la mise en œuvre, en particulier la sables contenant du mica), sont à écarter.
vibration et le surfaçage, constituent les meilleures
précautions. Les adjuvants
L’efficacité des entraîneurs d’air, dont l’emploi est
impératif, doit être vérifiée au regard du facteur d’es-
La conception du béton pacement et de sa reproductibilité, d’une part, de la
résistant au gel stabilité du réseau de bulles, d’autre part.

■ Les catégories de bétons ■ L’étude du béton

Les différentes parties d’un ouvrage ne sont pas Pour résister au gel et aux sels de déverglaçage, un
soumises au même niveau de risques à l’égard du béton doit nécessairement satisfaire deux conditions :
gel. • un réseau de bulles approprié ;
La qualité du béton devra donc tenir compte de plu- • une classe de résistance mécanique élevée.
sieurs critères selon le niveau de sécurité recherché :
Le coefficient d’espacement du réseau de bulles (1/2
• exposition de l’élément concerné ; distance moyenne entre bulles) ne doit pas dépasser
• exigences mécaniques pour la partie d’ouvrage ; 200 µm.
• degré de durabilité souhaité. La recherche d’une résistance élevée du béton
Le guide du SNBATI, « Durabilité des bétons durcis nécessite une étude approfondie de sa composition.
soumis à l’action du cycle gel-dégel », prévoit trois En effet, la loi de Féret établit la relation entre la
catégories de bétons G1, G2, G3, selon les niveaux résistance en compression du béton et les propor-
retenus pour ces critères. tions de ciment, d’eau et d’air selon la formule
Leurs caractéristiques sont précisées au tableau ci-
après.
Rc = K ( c
c+e+A )2

Le supplément d’air entraîné A impose donc d’être


■ Les constituants du béton compensé par une diminution de la teneur en eau
« e » et une augmentation du pourcentage de
Les ciments ciment « c » (de l’ordre de 10 %) pour ne pas dimi-
Vis-à-vis de la seule action du gel, tous les ciments nuer la résistance.
de classe 32,5 et plus, le ciment fondu et le ciment Il faut d’ailleurs remarquer que la limitation de la
prompt, conviennent. Leur choix est déterminé par teneur en eau, et plus précisément du rapport e/c,
d’autres critères, tels que la résistance mécanique est favorable à l’obtention de bulles de petites
aux échéances prévues. dimensions. L’emploi d’un plastifiant peut faciliter la
mise en œuvre du béton, mais il faudra vérifier qu’il
ne nuit pas à la stabilité du réseau de bulles.

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130
Corrélation entre le facteur E/C cycle gel-dégel », récapitule les exigences essen-
et la dimension des bulles d'air. tielles que doivent satisfaire le béton et ses consti-
tuants pour résister au gel.
Ces recommandations ne sont applicables que pour
des bétons traditionnels mis en œuvre par des
moyens classiques, en atelier ou sur le chantier.
Elles concernent aussi bien les bâtiments que les
ouvrages d’art, mais ne s’appliquent pas aux bétons
tels que :
• les bétons spéciaux (bétons de fibres, de granulats
légers) ;
• les bétons de hautes performances ;
• les bétons préfabriqués faisant l’objet d’une
La classe de résistance du béton ne sera jamais marque ou d’un agrément ;
inférieure à B 25 (25 MPa à 28 jours) et de préfé- • les bétons étuvés à plus de 50 °C ;
rence B 30 pour les bétons soumis à des conditions
sévères. • les bétons pompables ;
Le tableau suivant, extrait du guide du SNBATI • les bétons routiers ;
« Durabilité des bétons durcis soumis à l’action du • les bétons de barrages.

EXIGENCES SUR LES CONSTITUANTS ET LES BÉTONS


(tableau récapitulatif SNBATI)

■ Le contrôle des bétons la stabilité des bulles constituant les facteurs de


réussite de la résistance au gel.
Les essais d’étude découlent actuellement de
normes américaines (ASTM), dans l’attente de la ■ La fabrication
norme française qui doit être basée sur la même
démarche : Le malaxage, toujours important pour le béton, l’est
– essai de comportement au gel interne ; encore plus lorsqu’il faut créer un réseau de bulles
– sensibilité à l’écaillage principalement dû aux sels d’air de petit diamètre et bien réparties. Il doit être
de déverglaçage. énergique, effectué à vitesse élevée et suffisamment
long.
Ces essais consistent à soumettre le béton à un cer-
tain nombre de cycles de gel et de dégel, avec ou
sans présence de solution saline. Les mesures d’al- ■ Le transport
longement, d’évolution du module d’élasticité et de
perte de poids, doivent demeurer en deçà des seuils Si le béton est fabriqué hors du chantier (centrale de
fixés par les normes. Ces essais d’étude sont confir- BPE par exemple), l’organisation du transport doit
més sur le chantier par des essais de convenance, être soigneusement planifiée, afin d’éviter une atten-
portant sur la teneur en air entraîné et, pour des te prolongée avant mise en œuvre, qui peut influer
ouvrages importants, par des mesures du facteur sur la teneur en air.
d’espacement.
■ La mise en place
La mise en œuvre du béton La pervibration régulière et uniforme permet de frac-
tionner les grosses bulles instables. Lors du surfaça-
Les différentes phases de la mise en œuvre du ge des surfaces horizontales, il faut éviter un talo-
béton, de sa fabrication à la mise en place, doivent chage trop poussé qui favorise les remontées d’eau,
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être particulièrement soignées, la qualité du béton et ainsi que les ragréages.

131
■ La cure et le durcissement Les parties d’ouvrages plus particulièrement expo-
sées en génie civil sont les suivantes :
La cure est particulièrement importante pour les • piles et culées de pont en bordure de chaussées
bétons destinés à résister aux effets du gel et des ou situées en zone de marnage ;
sels. • murs de soutènement et murs de quais ;
Il est donc impératif de protéger le béton contre la • corniches de ponts ;
chaleur, le dessèchement et le froid, pendant sa
prise et son durcissement. • bordures de trottoirs et caniveaux ;
• Par temps chaud, l’humidité du béton jeune peut • plots de barrières de sécurité et séparateurs ;
être maintenue par arrosage, sacs humides, mise en • murs antibruit ;
place d’un film de polyéthylène. Si on utilise un pro- • blocs de défense maritime ;
duit de cure, il doit être pulvérisé de façon régulière
et appliqué immédiatement après mise en œuvre du • entrées de tunnels.
béton. Les dispositions constructives suivantes seront donc
• Par temps froid, le béton doit être abrité et éven- appliquées avec d’autant plus de soin que les
tuellement maintenu à une température de 10 °C au ouvrages ou parties d’ouvrages sont plus exposés.
minimum.
Une longue période de maturation est recomman- ■ L’enrobage des aciers
dée avant exposition au gel.
Le minimum prévu par la réglementation est de
2,5 cm, porté à 4 cm pour les ouvrages soumis à des
La conception des ouvrages conditions sévères en matière de gel et exposés aux
actions des sels fondants (règles BAEL 91).
Un béton durci, protégé contre l’humidification, n’est
pas gélif ; il peut cependant être vulnérable au gel
lorsqu’il occupe dans une construction une position
plus exposée à des risques d’accroissement de l’hu-
midité : parties horizontales non protégées, parties
d’ouvrages en contact avec l’eau ou un sol humide.
Dans les bâtiments, on peut définir quatre zones par
ordre croissant de risque d’exposition au gel : ■ Le dispositif de collecte des eaux
• parties en élévation constituées par les murs verti-
caux protégés des eaux de ruissellement ; Il est impératif que tout l’ouvrage présente un écou-
• parties en rejaillissement des murs verticaux ; lement d’eau conçu pour éviter l’accumulation ou le
ruissellement sur les parties non protégées des
• balcons, acrotères, appuis de fenêtres, socles et ouvrages.
soubassements qui reçoivent directement les eaux
de pluie ou qui sont soumis à une humidification par Les parties extérieures de surface plane et horizon-
capillarité ; tale favorisent l’accumulation d’eau et la saturation
du béton. Il faut donc toujours chercher à donner une
• dallages extérieurs qui retiennent les eaux le plus pente, une dépouille à toutes ces surfaces (trottoirs,
longtemps. face supérieure des corniches de pont, toitures-ter-
rasses). Cette pente sera au minimum de 3 %.
Dans tous les dispositifs, il est important de prévoir
un système de goutte d’eau (larmier) empêchant les
retours vers l’ouvrage.

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132
PARTIE 8
APPLICATIONS

DES BÉTONS

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8.1 Le béton armé

Pourquoi armer le béton ? (1848) et à Monier (1849), qui prit un brevet pour des
caisses horticoles en ciment armé.
Les premières applications du béton armé dans des
Dans la plupart des éléments d’une construction, se
constructions sont dues à Coignet, puis à Henne-
développe un ensemble de contraintes résultant des
bique, qui a réalisé le premier immeuble entièrement
diverses actions auxquelles ils sont soumis. La résis-
en béton armé en 1900.
tance à la compression du béton lui permet d’équili-
brer correctement les contraintes de compression. La quantité d’armatures et leur disposition, dictées
Par contre, du fait de la relative faiblesse de sa résis- par la répartition des contraintes, résultent de calculs
tance à la traction, il n’en est pas de même pour les qui font appel aux lois de comportement des maté-
contraintes de traction. riaux. Il faut enfin souligner que certains ouvrages en
béton ne nécessitent pas d’armatures : c’est le cas
C’est pourquoi l’on dispose dans les parties tendues des bétons de masse, ou d’une grande partie des
d’une pièce de béton, des armatures (barres ou chaussées en béton.
treillis soudés) généralement en acier, matériau qui
présente une bonne résistance à la traction.
Diverses raisons justifient l’emploi des armatures Principes de calcul du béton armé
dans le béton, notamment :
• la reprise des efforts de traction que ne peut assu- Les règlements de calcul sont conçus de façon à
mer le béton ; garantir la sécurité et la pérennité des structures.
D’une part, ils précisent le niveau maximal des
• un moyen de s’opposer à sa fissuration ; actions (voir le paragraphe « Actions et
• la liaison entre éléments ; sollicitations ») pouvant s’exercer sur un ouvrage
pendant sa durée de vie ; d’autre part, ils tentent de
• des raisons de sécurité ; prémunir le concepteur contre les insuffisances de
• plus généralement des dispositions dites « de qualité des matériaux.
bonne construction ». Le premier objectif est atteint par la prescription de
L’idée d’associer au béton des armatures d’acier dis- valeurs caractéristiques ou nominales des actions
posées dans les parties tendues revient à Lambot et, éventuellement, par l’imposition de coefficients

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165
1900 : le premier immeuble en béton armé, rue Danton à Paris.

de sécurité majorateurs frappant les sollicitations Actions et sollicitations


résultant de ces actions. La probabilité d’occurrence
simultanée d’actions indépendantes peut être très
■ Les actions
variable selon leur nature. Il est donc nécessaire de
définir les combinaisons d’actions dans lesquelles, à
la valeur caractéristique d’une action dite de base, Elles sont constituées par les forces et les couples
s’ajoutent des valeurs caractéristiques minorées résultant des charges appliquées ou des déforma-
d’autres actions dites d’accompagnement. tions imposées à une construction.
Le second objectif est obtenu par l’application de On distingue :
coefficients de sécurité minorateurs aux valeurs des • Les actions permanentes dues au poids propre
résistances caractéristiques des matériaux utilisés. de la structure et au poids total des équipements
Les valeurs de ces coefficients diffèrent selon les fixes. Les poussées de terre ou la pression d’un liqui-
principes de calcul adoptés. Le calcul dit « aux de (pour les murs de soutènement, les réservoirs...)
contraintes admissibles » conduisait seulement à sont également comptées comme actions perma-
vérifier que les contraintes de service d’un élément nentes.
de structure demeuraient à l’intérieur d’un domaine • Les actions variables dues aux charges d’exploi-
défini par les valeurs bornées des contraintes ; tation, aux charges climatiques, aux charges tempo-
celles-ci étaient égales aux contraintes de rupture raires appliquées en cours d’exécution, aux défor-
des matériaux, minorées par un coefficient de sécu- mations provoquées par les variations de températu-
rité. Cette méthode ne reflétait pas toujours la sécu- re.
rité réelle offerte par les structures. En fonction de la destination des locaux ou des
C’est pourquoi la méthode de calcul « aux états- ouvrages et en l’absence de données résultant des
limites » lui a été substituée et se fonde sur une conditions réelles d’exploitation, les charges rete-
approche semi-probabiliste de la sécurité. Ce type nues pour les calculs sont fixées forfaitairement par
de calcul permet de dimensionner une structure de des normes ou des règlements (par exemple la
manière à offrir une probabilité acceptable de ne pas norme AFNOR NF P 06-001 pour les charges d’ex-
atteindre un « état-limite », qui la rendrait impropre à ploitation des bâtiments).
sa destination. Cette définition conduit à considérer Les charges dues au vent ou à la neige sont fixées
plusieurs familles d’états-limites, telles que les états- par les règles Neige et NV selon le site, l’altitude,
limites de service, les états-limites de fissuration, de l’exposition, l’inclinaison de l’ouvrage.
déformation, les états-limites ultimes de résistance, • Les actions accidentelles dues aux séismes, aux
de renversement, de flambement, les états-limites explosions, à l’incendie sont prises en compte par
de fatigue ou les états-limites de tenue au feu. des règlements spécifiques (Règles PS pour les
Les règles BAEL 91 (Béton Armé aux États-Limites) séismes).
fondées sur ces notions constituent le fascicule 62 du
CCTG applicable aux marchés publics de travaux.
■ Les sollicitations

Les sollicitations sont les efforts (effort normal, effort


tranchant), et les moments, appliqués aux éléments
www.allislam.net de construction. Elles sont déterminées, à partir des

166
actions considérées, par des méthodes de calcul
appropriées faisant généralement appel à la résis-
tance des matériaux ou à des études de modélisation.

■ Les combinaisons d’actions

Dans les calculs justificatifs de béton armé, on consi-


dère des sollicitations dites de calcul, qui sont déter-
minées à partir de combinaisons d’actions dont on
retient les plus défavorables.

Décomposition en sollicitations
élémentaires Notations
(conformément aux règles BAEL 1991)
Pour la compréhension des calculs, il est intéressant h : hauteur totale de la section ;
de considérer successivement les différentes natu-
res de sollicitations indépendamment les unes des y : distance de la fibre neutre ;
autres, bien que, dans la réalité, on ait, la plupart du εbc : raccourcissement relatif du béton comprimé ;
temps, affaire à une combinaison de celles-ci. εst : allongement relatif de l’acier tendu ;
z : bras de levier du couple de flexion.
■ Efforts normaux L’équilibre de la résultante des forces de traction et
de celle des forces de compresion dans chaque
Compression simple section se traduit par l’égalité :
Lorsqu’un poteau n’est soumis, en plus de son poids Nbc x z = Nst x z = Mf.
propre, qu’à une charge F appliquée au centre de Nbc : résultante des efforts de compression ;
gravité de sa section, il est dit sollicité en compres-
sion simple. Il convient de remarquer que ce cas Nst : résultante des efforts de traction (repris par
théorique n’est pratiquement jamais réalisé, la force l’acier) ;
F résultante étant généralement excentrée par rap- Mf : moment fléchissant dans la section considérée.
port à l’axe du poteau ; il existe aussi des efforts hori-
zontaux qui provoquent un moment fléchissant. ■ Effort tranchant
Traction simple
L’effort dit tranchant entraîne, pour une poutre homo-
Ce cas limité (suspentes, tirants) nécessite évidem- gène, une fissuration qui se développe à environ
ment une armature longitudinale pour reprendre cet 45° par rapport à la ligne moyenne de la poutre.
effort que le béton ne serait pas à même de supporter.

■ Flexion

Lorsque l’on considère une poutre fléchie, on peut


constater que les fibres inférieures soumises à des
contraintes de traction s’allongent, alors que les
fibres supérieures en compression se raccourcis-
sent. Si l’on considère une portion de poutre dont
toutes les fibres avaient une longueur 0 avant défor-
mation, chaque fibre présentera, après déformation,
une longueur 1 = 0 + Ky, en admettant l’hypothèse
que chaque section droite reste plane après défor-
mation de la poutre. Fissuration et amorce de rupture provoquée par l’effort tranchant.

Contrainte de cisaillement horizontale :

La fibre neutre est celle dont la longueur ne varie


pas : 1 = 0.
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167
■ Pièces fléchies hyperstatiques

On rencontre des poutres continues reposant sur


plus de deux appuis (poutres hyperstatiques) com-
portant des porte-à-faux, des encastrements.
Le cas schématique suivant permet de comprendre
l’inversion des moments fléchissants (pas nécessai-
rement au niveau des appuis) et montre que les par-
ties tendues peuvent se trouver dans la zone supé-
rieure de la poutre.

En reportant la valeur du moment fléchissant en


chaque point de la poutre, on obtient un diagramme Détermination
des moments fléchissants qui permet de visualiser des sollicitations de calcul
sa variation.
Pour le cas précédent, on voit qu’il est nul sur l’appui Si l’on désigne par :
A (lorsqu’il n’y a aucun encastrement), passe par
un maximum dans la travée AB, avant de changer Gmax : l’ensemble des actions permanentes défavo-
de signe et passer par un maximum au niveau de rables ;
l’appui B. Gmin : l’ensemble des actions permanentes favo-
rables ;
Q1 : une action variable dite de base ;
Qi : les autres actions d’accompagnement ;
FA : une action accidentelle,
les sollicitations de calcul résultent des combinai-
sons suivantes, selon l’état-limite considéré.
États-limites ultimes de résistance (ELU)
Combinaisons fondamentales :
1,35 Gmax + Gmin + γQ1 Q1 + Σ1,3Ψ0i Qi.
Le coefficient γQ1 vaut généralement 1,5 ; dans les
bâtiments agricoles à faible densité d’occupation
humaine, entre autres, il vaut 1,35.
Les valeurs des coefficients Ψ sont fixées par les
textes en vigueur (normes).
Combinaisons accidentelles :
Gmax + Gmin + FA + Ψ11 Q1 + Σ1,3Ψ2i Qi
États-limites de services (ELS)
Gmax + Gmin + Q1 + ΣΨ0i Qi
Coefficients de sécurité partiels
sur les matériaux
Les valeurs des résistances caractéristiques des
matériaux sont minorées par un coefficient de sécu-
rité partiel γm dont la valeur est fonction du degré de
certitude avec lequel sont réputées connues ces
résistances. A l’ELU, on prend γm = 1,50 (sauf déro-
gation) pour le béton et γm = 1,15 pour l’acier.

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168
Les aciers d’armature Les spécifications concernant les barres sont
détaillées dans les normes AFNOR NF A 35-015
(barres lisses), NF A 35-016 (barres à haute adhé-
■ Diagramme déformation/contrainte rence) et NFA 35-022 (treillis soudés).
Un acier soumis à une contrainte de traction crois- Les barres à haute adhérence comportent des
sante s’allonge de façon linéaire jusqu’à un point E reliefs ou nervures qui favorisent l’ancrage de la
correspondant à sa limite élastique. barre sur le béton ; les reliefs définis par la norme
comme paramètres de forme sont répartis en trois
Au-delà, la déformation non réversible présente une classes.
courbe du type ductile (selon le traitement de l’acier).

Armatures torsadées à froid à verrous transversaux obliques en croissant.

Le diagramme théorique réglementaire est schéma-


tisé par deux segments de droite : la partie linéaire
de la courbe précédente, et un segment horizontal
au niveau de la limite d’élasticité.
Cas des aciers naturels Armatures à empreintes.
ou fortement écrouis.

Armatures à verrous transversaux obliques en croissant.


La déformation Es = 10 ‰ est la déformation retenue
comme limite ultime.

■ Les aciers utilisés comme armatures ■ Présentation commerciale des aciers

Les aciers utilisés comme armatures sont désignés Les aciers sont livrés en barres de 12 m et 15 m
par : dans les diamètres 6, 8, 10, 12, 14, 16, 20, 25, 32,
• leur limite élastique conventionnelle E en MPa ; 40 millimètres.
• leur nuance (doux, mi-dur, dur) ;
• leur forme (lisse, haute adhérence).
Exemple : un acier HA FeE 400 désigne un acier
haute adhérence de limite élastique 400 MPa.
Les nuances les plus courantes utilisées pour le
béton armé sont les suivantes :

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169
Château d’eau, poutres rayonnantes :
des exemples de durée ou de beauté des formes.

La qualité de mise en œuvre des armatures


– horizontales ou verticales,
celle de la composition des bétons,
sont les garants de la pérennité
des bétons armés.

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170
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171
Le béton
Une protection efficace des armatures nécessite à la
fois un béton dont la porosité est aussi faible que
possible (impliquant notamment un dosage mini-
mum en ciment de 350 kg/m3) et un enrobage de
1 à 5 cm selon l’agressivité de l’environnement.
Des dispositions complémentaires sont indiquées
dans les règles BAEL 91 notamment pour les dispo-
sitions d’armatures groupées.

La liaison béton-acier
Adhérence
La résistance d’un élément en béton armé suppose
que l’acier ne puisse pas glisser à l’intérieur du
béton, c’est-à-dire qu’il y ait adhérence entre les
deux matériaux.
L’adhérence des armatures est fonction de leur
forme, de leur surface (les nervures améliorent l’ad-
hérence), de la rugosité de l’acier, de la résistance
du béton.
Pour les treillis soudés, l’ancrage est également
assuré par les barres transversales au sens de l’ef-
fort axial.
Des formules appropriées permettent le calcul
d’adhérence d’une barre en partie courante et au
niveau des différents types d’ancrage, dont le plus
habituel est obtenu par courbure de la barre (ou
crochet) (règles BAEL 91).
Diverses dispositions d’ancrage des barres Recouvrements
Pour assurer la continuité d’adhérence au niveau de
la jonction de deux barres, les prescriptions pré-
Ancrages rectilignes.
voient leur recouvrement sur une certaine longueur
et, éventuellement, l’exécution de crochets à leurs
extrémités.

Ancrages courbes.

Liaison des armatures


La continuité de la transmission des efforts par les
armatures est obtenue par recouvrements, mais
peut aussi nécessiter des jonctions par soudure ou
par manchons. Les jonctions par soudure sont inter-
Crochet normal. dites au chalumeau et ne sont autorisées qu’avec
des armatures de qualité soudable.
Crochet avec angle au centre à 120°.
Position des armatures
Les tolérances sur la position des armatures, pour
assurer leur enrobage correct ou la reprise des
efforts conforme aux calculs, imposent des précau-
tions garantissant le respect de la position durant
toute la phase de bétonnage et de serrage.
Des cales en béton ou en plastique de divers
modèles facilitent la mise en place correcte des
armatures et leur maintien, tout en présentant des
www.allislam.net caractéristiques adaptées à celles du béton.

172
Dispositions des armatures
dans les cas usuels
■ Poteaux en compression centrée
ou faiblement excentrée

Ils doivent comporter


• Des armatures longitudinales constituées de ronds Coupe en section courante.
lisses, de barres à haute adhérence ou de treillis
soudés en acier de nuance au moins FeE400.
La section d’armature est au moins égale à 0,2 % de
la section de béton, sans pouvoir excéder 5 %.
Les armatures longitudinales sont réparties dans la
section au voisinage des parois de façon à assurer
au mieux la résistance à la flexion de la pièce dans
les directions les plus défavorables.
• Des armatures transversales disposées en plans
successifs perpendiculaires à l’axe longitudinal de la
pièce.
Ces armatures assurent un ceinturage continu sur le
contour de la pièce, entourant toutes les armatures
longitudinales.

■ Poutres en flexion simple

Les efforts de traction maximum en partie basse Le moment de flexion croissant des appuis jusqu’au
sont entièrement repris par les aciers longitudinaux milieu de la portée, on aura intérêt à prévoir plu-
qu’on aura intérêt à placer le plus bas possible, tout sieurs nappes superposées d’armatures de lon-
en gardant un enrobage suffisant pour assurer leur gueur décroissante, afin que les sollicitations soient
protection. équilibrées, quelle que soit la section considérée.

Les armatures longitudinales en partie haute – des- Indépendamment des armatures destinées à
tinées à faciliter la mise en place des armatures reprendre certains efforts particuliers et qui résultent
transversales dont la fonction est la reprise de l’effort des calculs de résistance à l’état limite ultime, un mur
tranchant – peuvent être conçues pour reprendre doit comporter des armatures minimales, dites de
une partie des efforts de compression. comportement, susceptibles de s’opposer aux sollici-
Dans le cas des poutres hyperstatiques (poutres tations d’origine hygrothermique ou aux variations
continues sur plusieurs appuis, encastrement), des dimensionnelles dues au retrait du béton.
efforts de traction se développent localement à la Pour les murs extérieurs, la norme NF P 18-210
partie supérieure de la poutre, ce qui conduit à y pré- (DTU 23.1) prévoit une épaisseur minimale de
voir des armatures longitudinales (chapeaux). 15 cm, avec une armature de peau généralement
constituée par un treillis soudé disposé côté exté-
■ Murs en béton armé rieur du mur (enrobage minimum 3 cm).
Section minimale d’acier :
Les dispositions concernant la détermination et le – pour les fils horizontaux : 1 cm2/m linéaire vertical ;
positionnement des armatures sont décrites, pour – pour les fils verticaux : 0,5 cm2/m linéaire horizontal.
les cas généraux, par la norme NF P 18-210
« Travaux de bâtiment. Murs en béton banché. Maille du treillis inférieure à 25 cm.
Cahier des clauses techniques. (ref DTU 23.1) ». Des dispositions particulières sont prévues pour la
liaison des murs superposés et pour les jonctions
avec les planchers ou les chaînages.
Pour un mur de refend soumis à une charge centrée,
les armatures sont réparties en deux nappes
www.allislam.net proches des faces du mur.

173
Exemples de dispositions ■ Semelles de fondation
Panneau de façade d’une maison individuelle charge
< 1 MPa. Les semelles correspondent à l’élargissement à la
base de la section des murs ou des poteaux, de
façon à répartir les charges transmises au sol selon
Mur de refend, bâtiment R + 3.
sa capacité portante.
Treillis soudés 200 × 200, ∅ 6 mm.
Lorsque la semelle est filante sous un mur, des
aciers disposés dans l’axe de celui-ci assurent un
rôle de répartition (chaînage).

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174
■ Murs de soutènement

Ils sont destinés à s’opposer à la poussée des terres


de talus ou remblais et à protéger un bâtiment, un
ouvrage d’art ou une route.
La forme courante adoptée pour ces murs est le
« T renversé » qui permet de transmettre les efforts
de poussée au sol par l’intermédiaire d’une semelle
correctement dimensionnée.
Cette solution est applicable, même pour des sols de
caractéristiques mécaniques courantes, aux murs
n’excédant pas 5 à 6 m de hauteur.

Mur de soutènement Chapsol à semelle en T renversé.

Le ferraillage principal de ce type d’ouvrage résulte


du calcul dans les sections critiques du voile (au tiers
et à mi-hauteur) et dans les sections d’encastrement
voile et semelle.
Le ferraillage secondaire tient compte des disposi-
tions constructives et des actions (gradient ther-
mique, vent ou tassements différentiels).

Exemple de mur de soutènement d’un terre-plein de


4,20 m de hauteur pouvant supporter une charge
d’exploitation de 0,01 MPa.
Sol pouvant supporter une contrainte admissible de
0,2 MPa.

Armatures principales : barres HA et treillis soudés TSHA.


Armatures secondaires : treillis soudés PS 106.
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176
8.2 Le béton précontraint

Comme le béton armé, le béton précontraint associe


béton et armatures, mais il s’en différencie de façon
fondamentale dans son principe.
En 1935, son inventeur, Eugène Freyssinet, définis-
sait ainsi la précontrainte : « Précontraindre une
construction, c’est la soumettre avant application
des charges à des forces additionnelles déterminant
des contraintes telles que leur composition avec
celles qui proviennent des charges donne en tout
point des résultantes inférieures aux contraintes
limites que la matière peut supporter indéfiniment
sans altération. »
La précontrainte, en effet, a pour but de soumettre le
béton à des contraintes préalables de compression
telles qu’une fois en service, elles s’opposent aux
contraintes de traction créées par les charges et
maintiennent le béton en état de compression.
Le béton, matériau qui présente une faible résistan-
ce à la traction, se trouve ainsi utilisé au mieux de
ses possibilités en ne travaillant qu’en compression.
Cette technique est à l’origine de progrès considé-
rables dans l’emploi du béton, que ce soit dans les
structures et les ouvrages d’art ou dans les éléments
préfabriqués pour le bâtiment.
La précontrainte permet la réalisation d’ouvrages
soumis à des contraintes importantes (ponts ou
réservoirs de grande capacité) aussi bien que d’élé-
ments qui, tout en étant de faible épaisseur, doivent
assurer des portées relativement longues (dalles-
planchers, poutres).

Comment agit un câble


de précontrainte ?
Pour bien comprendre la décomposition de l’effort
exercé par un câble de précontrainte, il est intéres-
sant de considérer le cas simple d’une poutre flé-
chie, comprimée par une force égale et opposée à la
tension F du câble.
Au centre de gravité G d’une section quelconque AA’
de la poutre, les efforts peuvent se réduire à :
• un effort normal F x cos α g F (car l’angle α est
petit) ;
• un moment de flexion F x e ;
• un effort tranchant F x sinα.

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177
Pour une poutre isostatique de hauteur constante et Principes de calcul
dont la ligne moyenne est rectiligne, un câble de du béton précontraint
courbure constante exerce des efforts verticaux
uniformément répartis le long de la poutre p = F qui De même que pour le béton armé, les règlements de
r
calcul du béton précontraint sont conçus de façon à
s’opposent aux charges supportées par la poutre et garantir la sécurité et la pérennité des structures.
à son poids propre. L’équilibre se traduit par la D’une part, ils précisent le niveau maximal des
relation : actions (voir le paragraphe « Actions et
Σ r(x)
F
= 2F × sin α sollicitations ») pouvant s’exercer sur un ouvrage
pendant sa durée de vie ; d’autre part, ils tentent de
prémunir le concepteur contre les insuffisances de
qualité des matériaux.
Le premier objectif est atteint par la prescription de
valeurs caractéristiques ou nominales des actions
et, éventuellement, par l’imposition des coefficients
de sécurité majorateurs frappant les sollicitations
résultant de ces actions. La probabilité d’occurrence
simultanée d’actions indépendantes peut être très
variable selon leur nature. Il est donc nécessaire de
définir les combinaisons d’actions dans lesquelles, à
la valeur caractéristique d’une action dite de base,
s’ajoutent des valeurs caractéristiques minorées
En fait, l’assimilation de l’action de la précontrainte à d’autres actions dites d’accompagnement.
une charge répartie est rarement utilisée dans les
calculs, du fait de la complexité à laquelle conduit Le second est obtenu par l’application de coeffi-
cette analyse. On préfère considérer la précontrain- cients de sécurité minorateurs aux valeurs des résis-
te comme un effort extérieur sollicitant la section de tances caractéristiques des matériaux utilisés. Les
l’élément considéré en flexion composée, et se valeurs de ces coefficients diffèrent selon les prin-
réduisant aux efforts ramenés au centre de gravité : cipes de calcul adoptés.
effort normal, effort tranchant, moment de flexion. La méthode de calcul « aux états-limites » se fonde
En présence de forces extérieures développant des sur une approche semi-probabiliste de la sécurité.
efforts tranchants, l’effort tranchant résultant est la Ce type de calcul permet de dimensionner une
somme algébrique de ces efforts et de ceux engen- structure de manière à offrir une probabilité accep-
drés par la précontrainte. Dans une section quel- table de ne pas atteindre un « état-limite », qui la
conque d’un élément où l’effet de la précontrainte rendrait impropre à sa destination. Cette définition
F x sin α ( s’oppose à celui des forces extérieures V, conduit à considérer plusieurs familles d’états-
l’effort tranchant réduit Vr, est égal à : limites, telles que les états-limites de service, les
états-limites de fissuration, de déformation, les états-
Vr = V – F x sin α limites ultimes de résistance, de renversement, de
Dans la pratique, la tension d’un câble de précon- flambement, les états-limites de fatigue ou les états-
trainte est calculée pour appliquer au béton un effort limites de tenue au feu.
tranchant permettant de compenser les forces exté- Les règles BPEL 91 (Béton Précontraint aux États-
rieures et le poids propre de l’élément, ce qui Limites) sont fondées, comme leur nom l’indique, sur
empêche généralement l’apparition des fissures ces notions.
d’effort tranchant que l’on observe dans certaines
conditions en béton armé (inclinées à 45° sur l’axe
d’une poutre exagérément sollicitée, par exemple).

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178
Actions et sollicitations Le coefficient γQ1 vaut généralement 1,5 ; dans les
bâtiments agricoles à faible densité d’occupation
humaine, entre autres, il vaut 1,35.
■ Les actions
Les valeurs des coefficients Ψ sont fixées par les
Elles sont constituées par les forces et les couples textes en vigueur (norme).
résultant des charges appliquées ou des déforma- γp est égal à 1 dans la plupart des cas ; il est pris égal
tions imposées à une construction, ainsi que celles à 1,35 lorsque la précontrainte est à considérer
résultant de la précontrainte. comme une action extérieure. Les combinaisons
On distingue : accidentelles ou celles définissant les sollicitations
de calcul vis-à-vis des états-limites de service sont
• Les actions permanentes dues au poids propre de précisées par le BPEL 91.
la structure et au poids total des équipements fixes.
Les poussées de terre ou la pression d’un liquide Coefficients de sécurité partiels sur les matériaux
(pour les murs de soutènement, les réservoirs, etc.)
sont également comptées comme actions perma- Les valeurs des résistances caractéristiques des
nentes. matériaux sont minorées par un coefficient de sécu-
rité partiel (γm dont la valeur est fonction du degré de
• Les actions de la précontrainte.
certitude avec lequel sont réputées connues ces
• Les actions variables dues aux charges d’exploita- résistances. A l’ELU, on prend γm = 1,50 (sauf déro-
tion, aux charges climatiques, aux charges tempo- gation sur justification) pour le béton et γm = 1,15
raires appliquées en cours d’exécution, aux déforma- pour l’acier.
tions provoquées par les variations de température.
En fonction de la destination des locaux ou des
ouvrages et en l’absence de données résultant des
conditions réelles d’exploitation, les charges rete-
nues pour les calculs sont fixées forfaitairement par
des normes ou des règlements (par exemple, la
norme AFNOR NF P 06-001 pour les charges d’ex-
ploitation des bâtiments).
Les charges dues au vent ou à la neige sont fixées
par les règles Neige et NV selon le site, l’altitude,
l’exposition, l’inclinaison de l’ouvrage.
• Les actions accidentelles dues aux séismes, aux
explosions, à l’incendie sont prises en compte par
des règlements spécifiques (Règles PS pour les
séismes).

■ Les sollicitations

Les sollicitations sont les efforts (effort normal, effort


tranchant) et les moments, appliqués aux éléments
de construction. Elles sont déterminées, à partir des
actions considérées, par des méthodes de calcul
appropriées faisant généralement appel à la résis-
tance des matériaux ou à des études de modélisa-
tion.

■ Les combinaisons d’actions

Dans les calculs justificatifs de béton armé, on consi-


dère des sollicitations dites de calcul qui sont déter-
minées à partir de combinaisons d’actions dont on
retient les plus défavorables.

Détermination des sollicitations


de calcul
Si l’on désigne par :
Gmax : l’ensemble des actions permanentes défavo-
rables ;
Gmin : l’ensemble des actions permanentes favo-
rables ;
Q1k : une action variable dite de base ;
Qik : les autres actions d’accompagnement ;
Pm : la valeur probable d’action de la précontrainte.
Pour les états-limites ultimes de résistance (ELU), les
sollicitations de calcul résultent de la combinaison
suivante :
S{γpPm + 1,35 Gmax + Gmin + γQ1Q1k + Σ 1,3 ψ0i Qik }
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i>1

179
Béton précontraint
pour tous les ouvrages d’art
(viaducs, ponts)
ou pour des bâtiments
circulaires, avec
précontrainte annulaire.

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180
Mise en œuvre de la précontrainte
La précontrainte peut être appliquée au béton soit
par pré-tension, soit par post-tension des armatures,
selon que celles-ci sont mises en tension avant le
coulage du béton ou après son durcissement.

■ La post-tension

Principe
La précontrainte est réalisée par des armatures
(généralement des câbles ou des torons) mises en
tension lorsque le béton a acquis une résistance suf-
fisante lui permettant de supporter les efforts de
compression auxquels il est alors soumis.
Les armatures, qui doivent pouvoir coulisser libre-
ment dans le béton, sont disposées dans des
conduits et s’appuient sur les extrémités de la pièce
à précontraindre par l’intermédiaire de systèmes
d’ancrage.
Une technique dite de précontrainte extérieure s’est
développée depuis quelques années. Elle consiste à
faire passer les câbles de précontrainte à l’extérieur
de la section de béton. Cette solution présente de
nombreux avantages, notamment l’allégement des
structures par réduction des sections, la facilité de
mise en œuvre et surtout les possibilités de rempla-
cement des câbles endommagés ou de renforce-
ment de structures soumises à des charges accrues.
La mise en tension des câbles est effectuée à l’aide
de vérins, généralement de façon échelonnée dans
le temps (entre 2 et 28 jours) de manière à respec-
ter l’évolution du durcissement du béton et l’applica-
tion des charges.
Le contrôle de la tension est effectué soit par mano-
mètre, soit de manière plus précise par mesure de
l’allongement des câbles. Le calcul de l’allongement
du câble doit tenir compte des différentes causes de
pertes de tension, par frottement, par déformations
instantanée ou différée du béton ou par rentrée des
ancrages. Les règles BPEL 91 fournissent les diffé-
rents coefficients liés à ces pertes de tension. La limite d’élasticité des armatures a une valeur
Après mise en tension des armatures, les conduits conventionnelle définie par la valeur de l’effort
sont remplis avec des coulis de ciment qui doivent FTgpour les torons, et par celle de la contrainte Tg
occuper aussi parfaitement que possible les espa- pour les fils, correspondant au point d’intersection de
ces entre câbles et conduits. La qualité de l’injection la loi de comportement de l’acier avec une droite
est une opération très importante, qui conditionne passant par le point (0,1 %, 0) et ayant une pente de
la protection des armatures, donc leur durabilité. 200 000 MPa.
La valeur de FTg est comprise entre 137 et 155 kN
Les armatures de précontrainte pour les T 13, et entre 196 et 225 kN pour les T 15.
Elles sont composées de torons ou de fils en acier à L’allongement à rupture est d’au moins 3 %.
haute limite élastique (HLE), plus rarement de • Les câbles de précontrainte sont composés de plu-
barres. sieurs torons ou fils. Les câbles les plus couramment
• Les torons comportent en général sept fils de petit utilisés sont les 12 T 13, 12 T 15, 19 T 15 (compor-
diamètre dont six sont disposés en hélice autour tant respectivement 12 et 19 torons). Lorsque de
d’un fil central de diamètre légèrement plus grand. grandes puissances sont nécessaires, on utilise des
Les torons les plus courants ont un diamètre d’envi- câbles 37 T 15 (37 torons).
ron 13 mm et 15 mm. Par abréviation, on les dénom- Les conduits dans lesquels sont disposées les arma-
me torons T 13 et T 15. La réglementation définit les tures sont soit métalliques (à profil ondulé en
résistances garanties à la rupture des fils d’arma- feuillard d’épaisseur comprise entre 0,3 et 0,6 mm
tures d’une part – contrainte de rupture RG compri- ou en tube d’acier laminé soudé de 1,5 à 2 mm
se entre 1 400 et 1 800 MPa –, des torons d’autre d’épaisseur, notamment pour des câbles extérieurs),
part, pour lesquels on considère l’effort de rupture soit en matière plastique (polychlorure de vinyle
exprimé en kilonewtons (kN). PVC ou polyéthylène, de 5 à 6 mm d’épaisseur pour
L’effort garanti de rupture (FRG) d’un toron T 13, de les gros diamètres). Afin de permettre un bon rem-
93 mm 2 de section nominale, varie, selon la classe plissage des conduits, leur section intérieure doit
de l’acier, de 160 à 180 kN ; celui d’un toron T 15, de être 2 à 2,5 fois plus grande que la section des arma-
139 mm2 de section nominale, de 220 à 260 kN. tures qu’il contient.
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181
Précontrainte pour des voiles
de longue portée, des paraboloïdes,
des dalles de grande surface,
des poutres et des caissons –
ou des tours de bureaux.

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182
Les ancrages de précontrainte
Ils constituent un organe essentiel puisqu’ils permet-
tent d’assurer le maintien de l’effort de précontrainte
dans les armatures après la mise en tension.
Dans la plupart des systèmes de précontrainte, le
blocage des armatures par rapport à l’ancrage est
obtenu par frottement (clavetage dans une pièce
conique).
Les ciments utilisables dans le béton précontraint
par post-tension font l’objet de la norme NF P 15-318
« Ciments à teneur en sulfures limitée pour béton
précontraint ». La norme précise les spécifications
relatives à ces ciments ; le critère de sélection est
essentiellement une teneur en sulfures et en chlo-
rures limitée.
Les ciments retenus sont des CEM I, CEM II, CEM
III/A et B ou CEM V de classe au moins 32,5.

Seuls sont autorisés les torons lisses ou crantés et


les fils autres que les fils ronds et lisses. Pour les élé-
ments préfabriqués les plus usuels en béton précon-
traint par fils adhérents, qui sont les poutrelles pour
planchers, on utilise surtout des fils de diamètre 4 à
7 mm ou des torons T 5,2 ou T 6,8. Pour les dalles,
on utilise des torons de plus forte section : T 9,3 ou
T 12,5.
Les ciments utilisables pour la précontrainte par pré-
tension font l’objet de la norme NF P 15-318, déjà
citée précédemment. Ce sont de préférence des
CEM I.

■ La précontrainte par vérins

Les deux techniques précédentes utilisent des


torons ou des fils d’acier à haute limite élastique. Il
est possible, lorsque l’on peut disposer de culées
suffisamment résistantes, d’effectuer directement la
mise en compression d’une structure en béton au
moyen de vérins prenant appui sur ces culées.
C’est encore Freyssinet qui, le premier, a mis en
œuvre ce mode de précontrainte au moyen de vérins
plats, outils extrêmement puissants, d’un faible coût.
■ La pré-tension Ce procédé, par la nécessité des culées qu’il impo-
se, n’a que des applications limitées. Il a cependant
Les fils ou les torons sont tendus avant le bétonna- été utilisé pour la construction de pistes d’aviation ou
ge. Le béton est ensuite mis en place au contact de de routes. Il a, en particulier, permis la réalisation de
ces câbles « pré-tendus » auxquels il va se trouver la chaussée du tunnel sous le Mont Blanc. La pré-
lié. Lorsque le béton est suffisamment durci (résis- contrainte par vérins plats est aussi utilisée dans les
tance à la compression d’au moins 25 MPa), on libè- barrages.
re la tension des câbles qui se transmet au béton par
adhérence en engendrant, par réaction, sa mise en
compression ; cette forme de précontrainte est dite
« par fils adhérents ». Banc de précontrainte.
Les armatures de précontrainte sont tendues en pre-
nant appui sur des culées fixes (bancs de précon-
trainte), spécialement construites à cet effet.
Après coulage et durcissement du béton, les torons
ou les fils sont libérés des culées.
Les fils et les torons utilisés pour la précontrainte par
pré-tension sont en acier à haute limite élastique. Ils
doivent satisfaire (de même que les armatures pour
la post-tension) aux prescriptions du titre II
(Armatures en acier haute résistance pour construc-
tion en béton précontraint) du fascicule 4 du Cahier
des Clauses Techniques Générales (CCTG).

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183
Les domaines d’emploi
de la précontrainte
■ La post-tension

Les premières applications, qui se sont multipliées


par la suite, sont les ponts à moyenne et grande por-
tée : le pont haubanné de Barrios de Luna atteint
une portée de 440 mètres. Plus couramment, l’allé-
gement des âmes béton et l’emploi de la précon-
trainte extérieure permettent des portées variant
entre 50 et 250 mètres.
La précontrainte permet aussi la réalisation de
réservoirs. Certains réservoirs à hydrocarbure attei-
L’un des cas les plus courants d’utilisation des poutres précontraintes : gnent 100 000 m3 ; des réservoirs d’eau et des silos,
les parkings. de volume plus modeste, font aussi largement appel
à la précontrainte. Il faut encore citer les plates-
formes off-shore et les enceintes de réacteurs
nucléaires, ainsi que l’emploi de la précontrainte
extérieure dans la réparation de ponts ou de bar-
Poutrelles standard précontraintes par pré-tension.
rages.
Dans le domaine du bâtiment, la précontrainte par
post-tension, bien que moins courante, est utilisée
pour des poutres de grande portée ou pour des
dalles de planchers de section relativement mince
par rapport à leur portée : parkings, bâtiments indus-
triels ou commerciaux.

■ La pré-tension

Cette technique est essentiellement utilisée pour les


éléments préfabriqués standardisés, où elle se justi-
fie par la notion de séries.
Le bâtiment constitue le domaine d’emploi le plus
courant pour ces éléments : poutres, poutrelles de
planchers, prédalles, dalles alvéolées de planchers
ou panneaux de bardage de grandes dimensions
(10 à 15 m de longueur), pour bâtiments industriels,
commerciaux ou agricoles.
La pré-tension est également utilisée pour les pot-
eaux de tous types (télégraphiques ou électriques,
clôtures, etc.) ou les traverses de chemin de fer.

Pour consulter
le chapitre suivant,
cliquer ici.

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184
8.3 Les bétons apparents

Qu’est-ce que le béton apparent ?


Selon l’architecte Claude Parent : « Le béton, matiè-
re malléable, fournit une grande liberté de création :
le béton libère l’imagination. Le béton sortant brut de
son moule traduit la réalité de sa nature, de sa struc-
ture, de sa matière : le béton apporte la franchise de
l’expression.
Le béton ayant la possibilité de modifier son aspect
final suivant la composition, la paroi du coffrage, le
traitement de surface, propose aux architectes une
variété infinie d’états de surface : le béton permet le
jeu des apparences. »

■ Les facteurs de l’apparence

Grâce à ses qualités expressives, le béton peut être


beau et ne nécessite alors aucun revêtement. Trois
facteurs essentiels déterminent la réussite d’un
béton apparent.
La forme
Les coffrages et les moules de natures très diverses
permettent la réalisation de toutes les formes imagi-
nées, grâce à la plasticité du matériau.
La teinte
La teinte du parement est apportée par les compo-
sants du béton. Gris ou blanc, le ciment, mélangé
aux éléments les plus fins du sable (les « fines »),
donne au béton brut de démoulage sa teinte de fond.
Elle peut être modifiée par l’ajout de colorants –
oxydes métalliques ou éventuellement pigments de
synthèse – en donnant la préférence aux colorants
naturels.
Dans le cas des bétons traités, c’est la couleur des
granulats les plus gros qui prédomine. Ils seront mis
en valeur par le traitement qui, suivant son intensité,
les rendra plus ou moins visibles.
L’aspect
La surface peut être lisse ou rugueuse, comporter
des creux et des reliefs, reproduire des motifs déco-
ratifs.
Les dispositions adoptées lors du moulage ou de la
mise en œuvre, les traitements de surface avant ou
après démoulage, créent une variété infinie d’as-
pects qui seront accentués par la lumière.
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185
La forme
Une propriété essentielle du béton est son aptitude Quelle que soit sa nature, le coffrage doit être stable
à être moulé, ce qui lui permet de prendre la forme et indéformable, étanche et soigneusement entre-
voulue par le concepteur. tenu.
L’élaboration d’un élément et sa reproduction appor- Les tolérances dimensionnelles et la limitation des
tent une grande liberté de création au maître flèches imposent un calcul correct des efforts, en
d’œuvre, et une facilité d’exécution à l’entrepreneur. particulier dynamiques, qui lui sont imposés lors de
Trois exigences concourent à l’obtention correcte de la mise en place du béton et de son serrage.
la forme d’un élément en béton : une composition Les coffrages métalliques, utilisés en préfabrication,
appropriée du béton, une mise en œuvre soignée, rendent possibles les petites séries avec les moules
des moules ou des coffrages bien conçus et bien « à géométrie variable ». Leur longévité et leur sur-
exécutés. face lisse permettent le respect des formes et leur
reproduction à l’identique, même pour de longues
■ La composition du béton séries. Il faut cependant insister sur l’entretien dont
ils doivent faire l’objet, les réparations étant plus dif-
Elle est déterminée en fonction des constituants, de ficiles qu’avec d’autres matériaux.
la forme de l’élément à réaliser, de son volume, de la Les coffrages bois, clouables et sciables, permettent
densité du ferraillage et des moyens de mise en de réaliser des formes complexes ; leur exécution
œuvre. relève parfois de l’ébénisterie. Ils sont constitués de
Les méthodes théoriques peuvent aider à la planches brutes ou poncées, tirées de bois d’es-
recherche de la composition, mais elles doivent faire sences diverses qui doivent être bien secs. Le
l’objet de vérifications expérimentales dans les contre-plaqué, grâce à ses dimensions, évite les rac-
conditions du chantier. La courbe granulométrique cords pour les grandes surfaces. Il se prête aussi
permet d’apprécier la reproductibilité des gâchées aux petits éléments de formes complexes du fait de
de béton, et la régularité de ses constituants, notam- sa facilité de découpe.
ment pour les éléments fins. Les matrices modulaires en élastomère, du fait de
La plasticité du béton, qui peut être contrôlée par leur souplesse, permettent d’obtenir des volumes de
des essais au cône d’Abrams, doit être ajustée pour forme délicate (sculptures). Il existe également des
permettre la mise en place correcte du béton. moules ou des matrices synthétiques à base de
Un béton plastique présentant un affaissement de 8 PVC, polyester, époxy.
à 10 cm est généralement satisfaisant ; il est préfé-
rable de parvenir à cette plasticité par l’emploi de ■ La mise en œuvre
plastifiants réducteurs d’eau, plutôt qu’en augmen-
tant le dosage en eau, défavorable à la compacité du Elle doit pouvoir assurer un remplissage effectif des
béton, à son aspect et à sa teinte. moules, quelle que soit leur forme, et un enrobage
correct des armatures. C’est pourquoi le mode de
■ Les moules et les coffrages serrage retenu doit être adapté à l’élément à réaliser.
En préfabrication, on utilise de préférence des tables
Ce sont les outils qui permettent d’obtenir les élé- vibrantes avec vibrateurs externes ; sur chantier, la
ments présentant la forme requise. Le choix du vibration interne à l’aiguille est la plus usuelle (voir le
matériau constitutif et la conception doivent faire chapitre 7.5). Pour éviter une décohésion éventuelle,
l’objet d’une analyse précise, en fonction des condi- la coulée du béton, de préférence continue, s’effec-
tions de mise en œuvre, des pièces à réaliser, du tue à l’aide d’une goulotte ou d’une pompe à béton
nombre de réemplois. Des indications sont fournies en limitant la hauteur de chute et en la canalisant par
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dans le chapitre 7.4. des tubes ou des manchons à entonnoir.

186
La teinte Les adjuvants
Pour améliorer la maniabilité du béton, sans aug-
Le choix des constituants et leur dosage déterminent menter le dosage en eau, les plastifiants réducteurs
la teinte du béton. d’eau ou les entraîneurs d’air ont un rôle favorable.
Il ne faut cependant pas négliger les autres para- Les hydrofuges s’opposent à la diffusion des sels
mètres qui peuvent influer sur la teinte et sa régula- entraînés par l’eau (efflorescences) et sont donc
rité : mise en œuvre, préparation des coffrages, favorables à la teinte régulière des bétons apparents
démoulage, cure du béton, stockage pour les élé- sous réserve d’une compacité de béton satisfai-
ments préfabriqués. sante.

■ Les constituants ■ La mise en œuvre

Les ciments Les coffrages


Le choix entre ciment gris et ciment blanc est lié à La nature plus ou moins absorbante des matériaux
l’effet recherché, aux granulats et aux colorants avec de coffrage, l’agent démoulant influent directement
lesquels il se marie. sur la teinte du béton (voir le chapitre 7.4). Il faut
donc veiller, au cours des réemplois, à ce que les
Les ciments doivent être de même classe et de caractéristiques de surface du coffrage ne soient pas
même provenance. Pour des ciments avec ajouts, on modifiées. Les coffrages doivent, bien entendu, être
tiendra compte de la nature de l’ajout et on veillera à soigneusement nettoyés et ne présenter aucune
ce que leur teneur soit constante. trace (taches, rouille) susceptible de marquer le
Le dosage doit permettre, conjointement avec les parement du béton. Les produits de démoulage doi-
éléments fins, d’assurer l’enrobage régulier des plus vent être préalablement testés pour apprécier leur
gros grains, sans vide et sans ségrégation. réactivité sur le béton.
Les sables
Ce sont les éléments essentiels de la teinte de fond
du béton, en particulier par leurs grains les plus fins
(inférieurs à 0,3 mm). Le fuseau granulométrique
des fines doit être continu, ce qui peut parfois
conduire à des ajouts de fillers qui apportent à la sur-
face du béton un meilleur fini.
Les sables présentent une grande variété de teintes
selon leur provenance et leur nature ; ils doivent être
propres et exempts d’oxydes métalliques et de
matières organiques ou végétales susceptibles de
tacher le parement.
Les gravillons et graviers
Ils n’influencent la teinte du béton que lorsqu’ils sont
rendus apparents par un traitement. Dans ce cas, on
utilise des grains de dimensions voisines.
Leur origine est très variée : siliceux, calcaires, érup-
tifs. Leur coefficient de forme doit être convenable,
en évitant les granulats en plaquettes ou en aiguilles.
Les colorants
La coloration du béton dans la masse est obtenue
avec des pigments, de préférence minéraux, plus L’apparence découle à la fois du choix des composants du béton et du
stables que les pigments de synthèse. La combinai- traitement de surface.
son des teintes avec les granulats et les ciments
nécessite des essais préalables permettant de choi-
sir le colorant approprié et son dosage (générale-
ment compris entre 1 et 3 % du poids de ciment).
L’eau
Son influence sur la teinte du béton est importante.
Elle devra être propre et dosée correctement pour
assurer la maniabilité du béton. Un excès d’eau
conduit à la ségrégation des éléments fins, un défaut
d’eau provoque le bullage.
Le dosage retenu doit être respecté d’une gâchée à
l’autre pour éviter les variations de teinte.

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187
Ces échantillons
montrent quelques
exemples significatifs
de bétons obtenus
avec des granulats de
diverses provenances –
et avec différents
traitements de surface.

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188
La mise en place
Les précautions relatives à sa régularité, déjà men-
tionnées, sont également valables pour leur influen-
ce sur la teinte du béton : ségrégation, variation de
compacité se traduisent par des nuances de teinte.
Le démoulage
La durée de conservation du béton dans le coffrage
et les conditions ambiantes ayant un effet sur sa
teinte, elles seront maintenues aussi constantes que
possible.
La cure
Elle favorise un durcissement homogène du béton,
sans dessiccation de surface, et constitue ainsi un
élément favorable à l’obtention d’une teinte régu-
lière.

Béton brut de décoffrage.

L’aspect
L’aspect est lié aux reliefs de la surface sur laquelle
joue la lumière. Il est obtenu soit par un brut de
décoffrage, soit par le traitement de surface effectué
après décoffrage.

■ Les bétons bruts de décoffrage

Les exigences précédemment détaillées s’appli-


quent à la recherche des aspects des bétons : choix
et préparation des coffrages, composition du béton,
mise en place.
Les coffrages
Moule élastomère pour panneau sculpté. Les reliefs sont, en général, faciles à réaliser avec
des coffrages à base de bois, plus faciles à décou-
per et à assembler et qui conduisent à de bons résul-
tats, ou avec des matrices thermoformées ou sculp-
tées (élastomères, mousses).
Avec les coffrages bois, des traitements à la soude,
par brûlage ou par brossage, permettent d’accentuer
la profondeur du veinage.
Les matrices en matériaux de synthèse peuvent être
obtenues à partir d’un contre-moule ; elles existent
aussi en modèles standard commercialisés sous
forme de modules.
La composition du béton
Elle doit être suffisamment riche en fines, pas trop
en eau, tout en présentant la plasticité propre à lui
assurer une mise en place correcte. Une bonne
composition doit permettre un parement homogène
exempt de bullage ou de nids de cailloux.
Pour obtenir des motifs comportant des reliefs fins et
fragiles, on peut améliorer la cohésion du béton et sa
www.allislam.net résistance au jeune âge par incorporation de fibres.

189
La mise en place
Elle requiert les précautions habituelles prises lors
de la coulée du béton et de son serrage.
Il faut également mentionner le recours aux tech-
niques de projection pour la mise en œuvre de
voiles, coques ou structures. L’état de finition du
béton projeté peut donner lieu à des aspects très
variés : bruts ou lissés.

■ Les traitements de surface

Ils ont pour objet d’animer la surface du béton, soit


en rendant les granulats apparents, soit en créant
des reliefs (stries, cannelures, rugosités, etc.).
Ces traitements sont exécutés sur béton frais ou sur
béton plus ou moins durci.

■ Les traitements par effet mécanique


Le lavage
Ce traitement courant est employé aussi bien pour
les éléments préfabriqués (de l’élément de façade à
la petite dalle) que pour le béton coulé en place.
Le béton frais est finement lavé à très faible pres-
sion ; l’eau enlève la laitance superficielle et met en
valeur le granulat.
Le sablage
Le parement durci est attaqué avec un jet de sable
projeté à l’air comprimé. La pression et la durée de
la projection entraînent des effets proportionnels, par
décapage plus ou moins accentué des gros granu-
lats – qui seront eux-mêmes plus ou moins défor-
més et dépolis suivant leur nature.
Le brossage
Ce procédé consiste à enlever à la brosse une fine
couche de mortier ou de laitance.
Le grésage
Effectué par abrasion à l’aide de meules, ce procédé
aboutit à une uniformisation de la surface en suppri-
mant les irrégularités dues aux défauts de coffrage.
Le polissage
Le béton est poli, à l’aide de meules de plus en plus
fines, avec mouillage simultané. Les bétons à granu-
lats de marbre ou de calcaires durs sont les plus
aptes à recevoir ce traitement.
La finition « marbrière » nécessite jusqu’à cinq à six
passes successives, avec lustrage et application
d’un produit de protection en fin d’opération.

Variété de traitements de surface.


www.allislam.net Le béton sablé peut trancher sur un béton brut de décoffrage.

190
■ Les traitements chimiques

Ils ont pour objet de rendre les granulats apparents.


La désactivation
L’emploi d’un désactivant, appliqué sur le coffrage
avant le coulage du béton, inhibe sa prise en surfa-
ce : la peau du béton peut ainsi être enlevée plus ou
moins profondément, par lavage au jet d’eau suivi
d’un brossage. Très précis, ce procédé peut per-
mettre un traitement partiel du parement dans des
zones choisies.
Il existe une gamme très étendue de désactivants
qui permettent d’obtenir des effets de surface variés
à partir d’un même béton.
Le décapage à l’acide
Le parement du béton durci est attaqué avec une
solution à base d’acide chlorhydrique ; la profondeur
de l’attaque varie en fonction de la durée du traite-
ment. Celui-ci doit être suivi d’un lavage à grande
eau pour éviter la neutralisation de la chaux, entraî-
nant la dépassivation des armatures et leur corro-
sion ; le traitement est réservé aux bétons de masse
à base de granulats siliceux.

La prévention des altérations


Comme tous les matériaux, le béton subit les effets
du vieillissement, mais une analyse de ses causes et
des précautions appropriées peuvent en limiter effi-
cacement les effets.

■ Les causes d’altération

Les principales sont :


• les salissures d’origine minérale ou organique ;
• les déformations d’origine mécanique ou hygro-
thermique entraînant des fissurations ;
• les attaques physico-chimiques dues à l’eau, à l’air
et au gel.
Toutes ces causes peuvent, lorsqu’elles ne sont pas
suffisamment prises en compte, provoquer une
dégradation du béton.

■ Les méthodes de prévention

Elles concernent les dispositions architecturales, la


qualité des matériaux et la conception de l’ouvrage.
Les dispositions architecturales
Outre la prise en compte de l’environnement local
pour l’orientation d’un bâtiment, les dispositions
architecturales relatives à la création d’acrotères, de
balcons, de larmiers sont essentielles pour éviter
l’encrassement et l’apparition de coulures inesthé-
tiques.
Dans ce domaine, la conception des façades,
notamment les intersections de plans, l’inclinaison,
les effets de masque, les joints doivent être bien étu-
diés pour éviter le ruissellement des eaux selon des
trajets préférentiels non prévus intentionnellement.
Une répartition uniforme assurera un vieillissement
www.allislam.net homogène.

191
La qualité des matériaux et de l’ouvrage
Un béton bien réalisé, présentant une faible porosi-
té, est plus durable. La diffusion des agents agressifs
se trouve empêchée, et leur action ne peut être que
superficielle.
Pour protéger les armatures, il faut veiller, lors de la
mise en œuvre, à respecter leur enrobage correct
par le béton (les règlements prévoient un enrobage
minimum de 2 à 4 cm selon les conditions d’environ-
nement).
Les bétons soumis aux risques de gel, surtout en
surfaces horizontales, doivent être réalisés avec un
entraîneur d’air, qui crée dans le béton une réparti-
tion de bulles d’air, le protégeant efficacement.
Les traitements de protection
Des produits d’imprégnation qui n’affectent pas l’as-
pect des bétons apparents diminuent la porosité de
surface, améliorent leur résistance à l’hydrolyse
alcaline, facilitent le ruissellement des eaux en sur-
face. Ce sont généralement des hydrofuges à base
de résines de silicones, acryliques, stéarates ou
polyoléfines. Certains produits colorés teintent le Avant et après nettoyage...
béton, sans cacher sa nature, par un effet de trans-
parence : ce sont les lasures. ture. A l’origine, certains procédés mal maîtrisés
Les produits « anti-graffitis » facilitent le nettoyage avaient tendance à provoquer des microfissures du
des façades soumises à ce type d’agressions. parement.
• L’emploi de l’eau, de préférence chaude, sous
pression avec addition de détergents, permet une
L’entretien action rapide, sans mouiller de façon excessive le
béton.
C’est une opération qui doit être considérée comme • La vapeur d’eau limite encore les effets du mouilla-
naturelle. ge tout en agissant efficacement sur les impuretés
La conservation du bon aspect d’une façade justifie grâce à sa vitesse de projection.
l’entretien du béton au même titre que celui d’autres • L’emploi de produits chimiques mis au point par
matériaux pour lesquels cette intervention est admi- des sociétés spécialisées permet de dissoudre les
se et effectuée régulièrement. salissures sans altérer le béton. Un nettoyage à l’eau
Les techniques de nettoyage usuelles sont les sui- chaude redonne ensuite au béton son aspect d’ori-
vantes. gine.
• Le sablage, surtout en voie humide pour limiter les L’application d’un hydrofuge après traitement consti-
nuisances. La technique du sablage a évolué pour tue une protection plus durable, limitant la fréquence
s’adapter à la nature du béton et préserver sa tex- d’intervention.

Pour consulter
le chapitre suivant,
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192
8.4 Les produits en béton
fabriqués en usine

La fabrication en usine de produits en béton permet La liberté du choix de l’implantation des poteaux, de
de rationaliser la production, d’apporter la qualité la portée des poutres, des décrochements de
d’une fabrication industrielle et de réaliser une façades séduit les concepteurs de bâtiments indus-
importante économie de main-d’œuvre sur le chan- triels, commerciaux ou scolaires.
tier. La gamme des éléments élaborés en usine est
très diverse, depuis l’élément standardisé comme le
bloc jusqu’à l’élément de structure ou le panneau de
façade multifonctions.
Ces produits présentent plusieurs avantages, dont la
disponibilité sur catalogue et leurs possibilités d’as-
semblage.

Les éléments de structure


Cette famille est essentiellement constituée par les
poteaux et les poutres destinés aux bâtiments du
secteur tertiaire ou les bureaux, ainsi que par les
ossatures industrielles.
Par extension, on peut considérer comme apparte-
nant à cette famille les éléments de ponts et les
poutres de génie civil.

■ Les procédés poteaux-poutres

L’ossature est constituée de poteaux et de poutres


en béton armé ou précontraint, dans lesquels s’insè-
rent des voiles et des façades pour lesquels un choix
total est laissé au concepteur.
Les planchers sont généralement constitués d’élé-
ments allégés à nervures ou à caissons.
Structure poteaux, poutres,
dalle-plancher, panneaux de façade.

Les éléments pour bâtiments industriels


La charpente en béton la plus utilisée pour les bâti-
ments industriels est constituée de poteaux et de
poutres. Les portées, qui peuvent atteindre 25 à
35 mètres, sont obtenues avec des poutres en béton
précontraint par fils adhérents, à section constante
ou variable, selon les taux de charge et la portée.
La charpente béton laisse une grande liberté pour le
choix de la couverture et des façades béton : pan-
neaux en béton plein, sandwiches ; béton cellulaire,
blocs béton, fibres-ciment. Les avantages de la char-
pente béton sont la rapidité de montage, l'absence
d'entretien, la résistance au feu, à la corrosion et aux
agressions chimiques ou phytosanitaires. La
conception est facilitée par les possibilités variées de
www.allislam.net trames, de hauteurs et d'extensions possibles.

193
Une autre technique, employée pour les bâtiments précontraint qui permettent de créer des toitures en
industriels et agricoles, consiste en une structure pente. Les portées entre poteaux peuvent atteindre
constituée de portiques ou de fermes en béton 10 à 35 mètres.

Les éléments de façade grandes dimensions du type plaque pleine ou nervu-


rée en béton ordinaire. » (mémento pour la concep-
tion des ouvrages) fournit les règles de mise en
Cette famille concerne essentiellement les pan-
œuvre et les critères que doivent satisfaire ces élé-
neaux destinés à l’enveloppe (panneaux de façades,
ments pour permettre aux murs d’assurer les fonc-
panneaux décoratifs), ainsi que des systèmes de
tions essentielles : stabilité mécanique, étanchéité à
construction pouvant associer des voiles verticaux et
l’air et à la pluie, isolation thermique et acoustique,
des planchers.
aspect des parements.
Les grands panneaux des années 1960-1970 ont été
Parmi les principales familles, on peut citer :
supplantés par les panneaux à voiles extérieurs
librement dilatables ou par les panneaux nervurés, • les panneaux en plaque pleine ou nervurée à iso-
qui répondent mieux aux exigences d’isolation ther- lation rapportée (extérieure ou intérieure) ;
mique. Les modes de liaison évoluent vers des • les panneaux sandwiches à voile extérieur libre-
assemblages mécaniques ou soudés. ment dilatable ;
La fonction esthétique peut être apportée par un • les panneaux sandwiches liés par nervures ou
parement en béton architectonique (sablé, lavé, poli) plots ;
difficilement envisageable au niveau d’une réalisa- • les panneaux sandwiches à voile intérieur mince ;
tion in situ.
• les panneaux en béton léger ou à corps creux
Les procédés de cette famille font l’objet d’avis tech- incorporés ;
niques.
• les petites plaques, porteuses ou non.
La norme NF P 10-210 « DTU 22.1. Travaux de bâti-
ment. Murs extérieurs en panneaux préfabriqués de

Panneaux sandwiches
à voile extérieur librement dilatable.
L’isolation est incorporée.
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194
Une autre variété de cette famille est constituée par tant une résistance mécanique suffisante pour leur
les panneaux de type coque en fibres-ciment ou en conférer un caractère porteur.
béton de fibres de verre utilisés en habillage décora- • Les blocs à isolation intégrée : le caractère isolant
tif. Ces panneaux, légers et de formes variées, sont est apporté par un isolant rigide (polystyrène expan-
très utilisés en neuf ou en réhabilitation. sé, mousse de polyuréthane) qui relie deux blocs
Le parement constitue pour l’ensemble des pan- dont l’un assure la fonction porteuse.
neaux de façade un élément important où le béton
peut exprimer ses possibilités architecturales. Les blocs à bancher
La teinte et l’aspect, mis en valeur par les traite- Ils comportent un ou deux alvéoles verticaux de
ments de surface et le choix des granulats, offrent de grandes dimensions, destinés à être emplis de béton
vastes possibilités au concepteur. La recherche après le montage de la maçonnerie sur une hauteur
décorative et esthétique est parfois la seule fonction correspondant à un étage.
de ce type de panneaux, dits architectoniques, qui Le coffrage est, en quelque sorte, assuré par les
constituent, à l’heure actuelle, un secteur important parois des blocs. Des armatures peuvent être dispo-
de la préfabrication de façades. sées dans les alvéoles pour augmenter la résistan-
Les traitements de surface variés (sablé, désactivé, ce, permettant ainsi la réalisation de plusieurs
acidé, poli…) sont beaucoup plus simples à réaliser niveaux porteurs en murs extérieurs ou en refends.
en usine que sur chantier. Il faut enfin souligner que L’emploi d’un béton allégé ou d’un isolant permet
certains types de panneaux peuvent être démontés d’assurer partiellement ou en totalité l’isolation ther-
pour réemploi. mique du mur.

Les éléments pour maçonnerie Les blocs de parement


La qualité du parement de ces blocs permet de
■ Les blocs conserver la face extérieure apparente, sans utiliser
de revêtement ou d’enduit.
Les blocs courants De nombreuses possibilités esthétiques existent :
Ces blocs, aux dimensions et aux caractéristiques béton coloré, granulats apparents, cannelures.
normalisées, se sont imposés dans la construction Ces blocs sont souvent porteurs et peuvent parfois
des murs des maisons individuelles et le quart de être organisés en blocs à bancher (cas fréquent aux
ceux des logements collectifs. USA).
Les raisons de ce développement sont l’assurance La précision dimensionnelle du bloc a une très gran-
d’une qualité, tant au niveau des produits (conformi- de importance dans l’impression d’ensemble. Par
té aux normes NF et aux normes européennes) qu’à définition sans enduit extérieur, le bloc doit assurer
la mise en œuvre dont les règles font l’objet de la l’étanchéité à l’eau et à l’air. Le montage doit être
norme NF P 10-203 « DTU 20.12. Maçonnerie des très soigné car les joints laissés apparents assurent
toitures et d’étanchéité. Gros œuvre en maçonnerie non seulement l’esthétique, mais aussi l’étanchéité.
des toitures destinées à recevoir un revêtement Certains blocs, qui requièrent alors une grande pré-
d’étanchéité. Référence commerciale des parties 1/2 ». cision dimensionnelle, sont conçus pour être montés
Les principales caractéristiques de ces blocs sont : sans joint, uniquement par emboîtements méca-
• leur type : blocs pleins ou blocs creux comportant niques (montage dit « à sec »).
des alvéoles verticaux ;
• des dimensions constantes pour la hauteur (20 ou Les éléments pour planchers
25 cm) et la longueur (40 ou 50 cm), mais avec une
large plage d’épaisseurs allant de 5 à 32,5 cm ; ■ Les poutrelles et les entrevous
• des granulats courants ou légers (laitier, argile pour planchers
expansée) ;
• des classes de résistance garantie en compression Les poutrelles sont des composants en béton armé
définies par la contrainte de rupture du bloc rappor- ou précontraint, de faible section, qui constituent la
tée à sa section brute : structure du plancher.
B40 – B60 – B80 (résistance en bars = 0,1 MPa) Entre les poutrelles, et s’appuyant sur elles, sont dis-
pour les blocs creux en béton lourd, posés des éléments intercalaires, les entrevous
B80 – B120 – B160 pour les blocs pleins en béton (encore appelés corps creux, hourdis ou voûtains)
lourd,
L25 – L40 pour les blocs creux en béton léger,
L45 – L70 pour les blocs pleins en béton léger.
Les blocs isolants
La recherche de l’isolation thermique a conduit à
développer deux familles de produits.
• Les blocs constitués d’un béton à conductivité ther-
mique plus faible que le béton usuel ; pour parvenir
à ce résultat, on utilise soit des bétons de granulats
légers, soit des bétons cellulaires autoclavés.
Ces blocs présentent l’avantage d’atteindre les
niveaux requis par la réglementation thermique pour
des épaisseurs de l’ordre de 30 cm, tout en présen-
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195
Les dalles alvéolées
Bien que connues depuis plus de vingt-cinq ans, les
dalles alvéolées ne se développent en France que
depuis peu de temps.
Les principaux avantages de ce procédé sont la rapi-
dité de mise en œuvre (suppression d’étaiement), la
possibilité d’utilisation immédiate du plancher et le
gain de poids (la dalle de 32 cm d’épaisseur pèse
360 à 400 kg/m 2 selon les modèles et permet une
portée de 15 à 17 mètres).
Les dalles en béton précontraint par fils adhérents
présentent des alvéoles longitudinaux de nombre et
de section déterminés par le choix de la filière d’ex-
trusion. Les dalles actuellement fabriquées ont une
largeur de 1,20 m, une épaisseur de 16 à 40 cm, et
une longueur pouvant atteindre 15 mètres.
Les dalles alvéolées sont utilisables pour tous types
de bâtiments, et plus spécialement pour la réalisa-
tion de planchers de longues portées, permettant
d’obtenir des plateaux libres de grande surface : bâti-
ments industriels, locaux scolaires, bureaux, locaux
commerciaux, parkings, bâtiments sportifs. Les
dalles alvéolées sont également très utilisées pour
Mise en place de dalles alvéolées. les planchers dont l’étaiement est difficilement réali-
sable.

qui remplissent une ou plusieurs fonctions : porteurs,


isolants, éléments de coffrage pour la dalle de com-
Les éléments de couverture
pression coulée en partie supérieure.
Ce type de plancher est bien adapté à la maison ■ Couvertures réalisées
individuelle, du fait du faible poids de ses compo- avec des composants en béton
sants aisés à manipuler. Les poutrelles sont utili-
sables pour des configurations variées et des por- Les couvertures peuvent être réalisées à partir de
tées moyennes de 6 mètres. Associées à des entre- composants autoporteurs en béton armé ou précon-
vous isolants, elles permettent de réaliser des plan- traint dont les performances mécaniques permettent
chers isolants sur sous-sol, sur vide sanitaire ou de s'affranchir du réseau de pannes. Ces compo-
sous comble. sants peuvent être soit des éléments courants de
plancher tels que des dalles alvéolées, des éléments
■ Les autres éléments pour planchers nervurés, soit des éléments spécifiques permettant
une conception architecturale originale de la toiture.
Les éléments de planchers de grandes dimensions C'est le cas, par exemple, des composants nervurés
sous forme de dalles pleines, très répandus au début de hauteur variable, des coques, des éléments ché-
de l’industrialisation du bâtiment, se sont trouvés neaux, des sheds… Ces divers éléments peuvent en
rapidement concurrencés par les procédés faisant outre comporter l'isolation et l'étanchéité intégrées.
appel à un bétonnage sur le chantier (tables cof- Les tuiles en béton
frantes, banches et tables, ou coffrages tunnels), ou
par des éléments moins encombrants (poutrelles et Leurs principaux avantages résident dans :
hourdis). A côté des dalles pleines et des dalles • l'esthétique,
sandwiches, deux procédés prévalent : les prédalles • la facilité de la pose,
et les dalles alvéolées.
• la durabilité et la robustesse,
Les prédalles • l'aspect économique.
Elles sont conçues pour servir de coffrage à la dalle Couvertures en béton cellulaire
de béton coulée en œuvre par-dessus.
Cette conception permet de ne transporter qu'une Elles sont réalisées à partir de panneaux en béton
dalle d'épaisseur restreinte (de 5 à 12 cm). cellulaire armé de largeur courante égale à 0,60 m.
Ces panneaux reposent sur les éléments porteurs
Les prédalles sont livrées en 2,40 ou 2,50 m de (pannes ou poutres) sur lesquels ils sont clavetés.
largeur, dans des longueurs pouvant atteindre 8 à 10
mètres. Elles sont soit en béton armé avec ou sans
raidisseurs, soit en béton précontraint.Les prescrip-
tions de fabrication et de mise en œuvre des diffé-
rents types de prédalles font l'objet du cahier des
prescriptions techniques : CPT Planchers –Titre II
« Dalles pleines confectionnées à partir de prédalles
préfabriquées et de béton coulé en œuvre ».
Les prédalles trouvent un vaste domaine d'utilisation
dans les bâtiments résidentiels, non résidentiels et
parkings.
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196
Les produits en béton fabriqués en usine, bien que standardisés,
se prêtent également aux formes compliquées.

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197
Autres éléments
■ Les éléments de voirie et de mobilier
urbain

De nombreux éléments en béton se sont développés


dans ce secteur où ils apportent une double répon-
se fonctionnelle (robustesse, résistance aux dégra-
dations) et esthétique. La variété des formes, des
textures et des couleurs des éléments béton facilite
l’intégration aux sites les plus exigeants. Parmi les
multiples produits utilisés, il faut citer les pavés, les
dalles, les bordures, les caniveaux, les éléments de
signalisation, le mobilier urbain (bancs, vasques,
etc.).
Tuyaux d’assainissement et boîtes de dérivation.

■ Les tuyaux et les accessoires


pour réseaux d’assainissement

Les canalisations d’assainissement constituent un


marché dans lequel les exigences de qualité rigou-
reuses, qui conditionnent le bon fonctionnement des
réseaux, ont favorisé le développement des tuyaux
en béton.
Les résistances mécaniques, la tenue aux agents
agressifs, l’étanchéité et la durabilité sont contrôlées
de manière rigoureuse, ces produits faisant l’objet de
certification.
■ Les éléments de fibres-ciment La forme des tuyaux (circulaire ou ovoïde), les
caractéristiques du béton, les diamètres pouvant
Les nouvelles générations de fibres-ciment se prê- atteindre 3,50 m, les accessoires très complexes
tent à la réalisation de plaques de faible épaisseur, (regards, branchements, dérivations, buses) permet-
de formes variées et pouvant être teintées : plaques tent de réaliser tous les types de réseaux d’assainis-
planes ou ondulées, pour bardages et couvertures, sement.
ardoises de grandes dimensions, plaques supports
de tuiles.
Elles apportent leur résistance mécanique, notam- Pour consulter
ment à la flexion, une faible conductivité thermique, le chapitre suivant,
la résistance au gel, et aux agents chimiques.
cliquer ici.
Faciles à poser et économiques, les couvertures en
éléments de fibres-ciment trouvent des utilisations
nombreuses en bâtiments industriels, agricoles, RETOUR AU SOMMAIRE
sportifs.

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198
8.5 Les murs coupe-feu
en béton
bâtiments d’activité de commerce et de stockage

Entrepôt de stockage de matières plastiques dans l’Ain. Un mur séparatif


coupe-feu aurait permis l’arrêt de la propagation du feu.

Une des règles fondamentales de la sécurité incen- soumis aux conditions d’essais satisfont aux critères
die consiste à préserver la vie humaine en favori- requis (arrêté du 3 août 1999 relatif à la résistance
sant l’évacuation des personnes. Pour permettre au feu des produits, éléments de constructions et
cela dans les meilleures conditions et préserver au ouvrages). La détermination du degré de résistance
maximum l’ouvrage, il faut adopter des dispositions au feu peut également être effectuée par le calcul
constructives destinées à limiter la propagation du sur la base des règles données par la norme
feu. Dans l’éventail des solutions les murs sépa- P 92-701 (DTU feu béton) et l’Eurocode 2 DAN par-
ratifs coupe-feu en béton apparaissent comme tie 1-2 (depuis juillet 1997).
une évidence, car ils constituent de véritables
barrières infranchissables aux flammes et aux gaz. ■ Règles propres aux bâtiments
industriels et entrepôts
Comportement au feu des ouvrages
En plus des règles générales, les bâtiments indus-
triels et entrepôts sont soumis au respect des dispo-
■ Résistance et réaction sitions du code du travail, de la réglementation sur
les installations classées (rubrique 1510) et de la
La connaissance du potentiel calorifique et du com- réglementation relative aux établissements recevant
portement au feu des matériaux et éléments de du public (ERP) de type M. Ainsi, le code du travail
construction permet d'élaborer une protection contre impose que les bâtiments assujettis soient séparés
le feu. Le comportement au feu des ouvrages et du des tiers contigus par des murs de degrés coupe-
béton est développé au chapitre 9 paragraphe 9.3 feu 1 heure au minimum, de 2 heures pour les par-
du recueil des fiches techniques Cimbéton. kings, de 3 heures pour les ERP, les ICPE, les
parkings de plus de 250 véhicules contigus à un
■ Règles générales IGH ou une ICPE, de 4 heures pour un IGH.
Pour les constructions entrant dans le champ d’ap-
En France, le code de la construction et de l’habita- plication de la réglementation relative aux ERP,
tion (CCH article R 121-1 à 121-13) fixe les critères magasins de type M, les réserves des magasins
que doivent respecter les matériaux et les éléments doivent être séparées des locaux de vente par des
de construction du point de vue de leur comporte- murs de degré coupe-feu 2 heures. Dans le cas
ment au feu. La résistance et la réaction au feu sont des bâtiments soumis à la réglementation des
définies selon deux arrêtés du Ministère de l’Inté- installations classées (ICPE), l’implantation de
rieur (03/08/99 et 30/06/83). Les murs coupe-feu l’édifice conditionne le degré de résistance au feu
font appel à la notion de résistance au feu relative des murs de façade l’isolant d’un tiers. Ainsi,
aux éléments de construction. Les éléments de un bâtiment accolé à un tiers doit avoir un mur de
construction sont classés par les laboratoires offi- degré coupe-feu 4 heures. Les compartiments
ciels (CSTB, etc.). Ce classement est effectué en sont séparés par des murs de degré coupe-feu
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fonction des durées pendant lesquelles les éléments 2 heures.

199
■ Apport du béton à l’efficacité du mur 7m 7m
coupe-feu 0,7 m

La nécessité des murs coupe-feu est une évidence.


Leur présence permet de lutter contre la propaga-
tion et le développement de l’incendie. Du fait de
MSCF
ses performances, le béton est un matériau qui pré-
sente toutes les qualités pour réaliser des murs 0,7 m
coupe-feu efficaces répondant aux exigences des
réglementations en vigueur applicables aux bâti-
ments industriels et entrepôts. Le béton est un
matériau pérenne et sûr. Sa résistance au feu est
particulièrement bonne.
Pendant un incendie, la ruine brutale d’un bâtiment MSCF
peut provoquer des accidents lors de l’évacuation
≥7m
des personnels ou de l’intervention des sauveteurs.
La présence de murs coupe-feu en béton et d’une H – h ≤ 15 m
structure en béton permet aux services de secours 0,7 m
d’effectuer les opérations de lutte en toute sécurité h H
sans craindre d’effondrement. De plus comme dans
ce cas, l’incendie ne peut pas provoquer l’effondre-
ment de l’ouvrage et sa ruine brutale, la responsabi- MSCF
lité pénale du chef d’entreprise ne peut pas être
≥ 15 m
invoquée et engagée. Les murs coupe-feu en béton
comme les structures en béton sont dans la majorité
des cas facilement réparables après un incendie, ce
qui favorise la remise en service du bâtiment et la H – h > 15 m
reprise de l’activité dans les meilleurs délais. Au regard
0,7 m
des assurances, l’emploi du béton permet d’obtenir
des réductions des primes d’assurance du fait de h H
son caractère coupe-feu naturel. Ainsi par exemple,
les murs coupe-feu en béton répondent sans aucune
difficulté aux règles de l’APSAD (R15) en la matière. MSCF

Mur séparatif coupe-feu (MSCF) selon la règle R15 – dépassement en


Règles constructives relatives toiture.
aux murs coupe-feu en béton
Dans le cadre de cette règle, la définition des murs
Règles générales séparatifs coupe-feu précise que ce sont des
ouvrages destinés à séparer deux bâtiment ou deux
Les murs coupe-feu doivent respecter les règles de parties d’une même construction, de telle sorte que
calcul des structures en béton énoncées dans le tout incendie se déclarant d’un côté du mur sépara-
fascicule 62 du BAEL BPEL 91 – Eurocode 2, la tif coupe-feu ne puisse pas se propager de l’autre
norme P 92-701 (DTU feu béton) et le DAN de l’EC2. côté. Et un mur séparatif coupe-feu doit pouvoir
L’action du vent est prise en compte dans les calculs assumer sa fonction en se suffisant à lui-même.
au feu, le mur séparant deux compartiments doit en
effet rester mécaniquement stable. La structure doit
être conçue de façon à ce que l’effondrement d’une
des parties du bâtiment séparées par le mur coupe-
feu n’entraîne pas la ruine du dit mur et la propaga-
tion du feu vers un autre compartiment. Les poteaux
de structure en béton présentent un degré de stabi-
lité au feu de 4 heures ou 2 heures selon le besoin.
Dans le cas d’un mur séparatif coupe-feu réalisé à
partir d’un remplissage entre poteaux en béton, les
éléments de remplissage doivent être des panneaux
préfabriqués en béton, des panneaux préfabriqués
en béton cellulaire, des blocs de béton. Les joints de Poutre cimaise.
dilatation sont obligatoirement constitués de pro-
duits ignifuges. De façon générale, le mur séparatif
coupe-feu doit dépasser de 50 cm au minimum sur 20 cm Panne
les côtés du bâtiment. Son degré de résistance au
feu (poteaux et mur) est de 4 heures.
125 cm

Règles complémentaires propres aux assurances


L’APSAD (Assemblée plénière des sociétés d’assu-
rance dommage) distingue les installations à risques
séparés par des dispositions constructives permet-
50 cm

tant de s’opposer au feu et préservant ainsi les


biens et l’outil économique. L’APSAD définit donc un La hauteur totale est de 175 cm
ensemble de règles de construction dont le respect 50 cm
permet de bénéficier de réductions de primes. La
règle de construction R 15 de l’APSAD porte sur les Poutre coupe-feu permettant le respect de la règle R 15
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murs séparatifs coupe-feu. et du dépassement en toiture

200
Pour répondre aux exigences de l’APSAD par rap- ■ Les murs séparatifs coupe-feu
port à son comportement au feu, un mur séparatif en blocs de béton traditionnel
coupe-feu doit être construit avec des matériaux
classés incombustibles (M0) selon les norme habi- Dans ce type de solution technique, le mur séparatif
tuelles et présenter un degré coupe-feu d’au moins coupe-feu peut être constitué d’une maçonnerie por-
4 heures quelle que soit la face du mur exposée au teuse ou autoporteuse (remplissage), associée ou
feu. A cela s’ajoute l’obligation de respecter les dis- non à la structure. Lorsqu’il s’agit par exemple d’un
positions constructives relatives aux élancements panneau de remplissage inséré entre poteaux et
entre chaînages horizontaux des matériaux (infé- poutres, la maçonnerie doit être montée sur bande
rieur ou égal à 35). Les murs en béton sont soumis résiliente afin de permettre sa libre dilatation.
au respect de la norme P 92-701 (DTU feu béton). Le dimensionnement et la mise en œuvre des élé-
De plus, les murs séparatifs coupe-feu doivent d’une ments constitutifs du mur se font conformément aux
part résister mécaniquement aux chocs ainsi qu’à règles de la norme P 10-202 (DTU 20.1). L’élance-
l’action de l’eau des lances d’incendie et d’autre part ment géométrique des maçonneries (hauteur/épais-
prendre en compte l’action du vent en cas d’effon- seur) est en général limité à 20 (30 dans le cas d’un
drement d’un compartiment suite à un incendie. mur de remplissage, avec une hauteur ne pouvant
Du point de vue de sa configuration, les règles dépasser 4,5 m).
constructives de l’APSAD précisent que le mur
séparatif coupe-feu est vertical de la base au faîte et
non porteur (donc autostable), à l’exception de dis-
positions particulières (corbeaux, appuis glissants,
respect des dilatations, etc.). Le mur doit obligatoire-
ment dépasser de la toiture d’au moins 0,70 m et
déborder sur les côtés de 0,50 m par rapport au nu

4,5 m
extérieur de la façade. feutre résilient

4,5 m

20 à 30 m
selon région

Chaînage et poutre d’assise limité en déformation

Transfert de charge sur maçonnerie


selon déformation du feutre

Respect de l’élancement mécanique des murs.

Exemple de porte coupe-feu. Chaînages


Dans le cas où des passages de communication Pour les murs porteurs, un chaînage horizontal
sont présents dans un mur séparatif coupe-feu, les continu en béton armé doit ceinturer la construction
ouvertures doivent être équipées de portes doubles à chaque plancher ainsi qu’en couronnement. Il doit
coupe-feu 1 h 30 et pare flammes 2 h selon la règle également relier les façades aux refends. La pré-
R 16 de l’APSAD. Les câbles électriques et les sence d’un chaînage vertical est obligatoire à
canalisations doivent impérativement passer sous le chaque angle de maçonnerie, dans la hauteur du
mur séparatif coupe-feu. Le passage de conduits de dernier étage, quand le dernier plancher est en
ventilation ou de climatisation à travers un mur béton armé ou précontraint.
séparatif coupe-feu n’est pas admis. Le passage de En ce qui concerne les murs de remplissage, la fonc-
convoyeurs ou de bandes transporteuses doit faire tion de chaînage est normalement assurée par l’os-
l’objet d’une étude spécifique. sature.

Exemples de solutions techniques Tenue au feu des blocs de béton


Le tableau de la page suivante donne, pour des
Le béton et les composants en béton offrent un maçonneries non enduites, les différents degrés de
large éventail de solutions techniques performantes résistance au feu des blocs de béton en fonction de
et économiques pour réaliser des murs séparatifs leur type et de leurs dimensions. Ces durées sont
coupe-feu. Parmi les solutions les plus souvent utili- déterminées expérimentalement lors d’essais effec-
sées pour les bâtiments d’industries et de com- tués par la station feu du CSTB, selon les disposi-
merce on peut citer : tions de l’arrêté du 3 août 1999. Le CERIB est
www.allislam.net détenteur des procès-verbaux de ces essais.

201
LA TENUE AU FEU DES BLOCS APRÈS ESSAIS

Dimensions Type de bloc N° du PV Référence Date limite Degré Degré Degré Classe Utilisation
des blocs d’essai de reconduction de validité CF PF SF de résistance

CSTB SF.DE.97.0477 12/05/2002


10 x 20 x 50 plein 1H30 6H – B80
92.33345
cloison
CSTB 20/06/2004
10 x 20 x 50 creux – 1/2 H 1H – B40
RS 99.050

CSTB SF.DE.98.0208 20/10/2003


20 x 20 x 40 plein 6H 6H 6H B160
93.35280

CSTB SF.TE.97.0275 5/03/2002


15 x 20 x 50 perforé 3H 6H 6H B80
86.24014

CSTB SF.TE.97.0274 23/03/2002


17,5 x 20 x 50 perforé 4H 6H 6H B80
86.24013

CSTB SF.TE.95.948 29/11/2000


20 x 25 x 50 perforé 3H 6H 6H B80
90.30453

CSTB 06/2002
20 x 20 x 50 perforé – 6H 6H 6H B120
97.023

Creux mur porteur


15 x 20 x 50 1 rangée CSTB
SF.TE.96.0240 25/02/2001 1H30 3H 4H B40
d’alvéoles 85.2276

Creux
15 x 20 x 50 2 rangées CSTB
SF.TE.95.421 7/05/2000 2H 6H 6H B40
d’alvéoles 85.22030

Creux
20 x 20 x 50 2 rangées CSTB
SF.TE.95.560 19/06/2000 3H 6H 6H B40
d’alvéoles 85.22031

Creux
CSTB SF.TE.
20 x 20 x 50 à 14/08/2001 2H 6H 6H B40
91.31532 96.0849
emboîtement (1)

1. Avec joint vertical central rempli.


Remarque sur la réaction au feu : les matériaux « béton et mortiers de ciments et de chaux » sont classés a priori, sans essai, MO.

joint de diltation coupe-feu


joint de joint joint de
Joints de dilatation dilatation diapason dilatation

Des joints de dilatation et de retrait sont néces-


saires dans les maçonneries de grande surface. 20 m maximun
voir
Lorsqu’il s’agit de murs porteurs, la distance entre détail
deux joints successifs, ou entre l’extrémité du bâti-
ment et le premier joint est la suivante :
– 20 m dans les régions sèches ou à forte opposi- planchers
intermédiaires
tion de température ;
– 35 m dans les régions humides et tempérées.
Dans les cas d’un mur constitué en maçonnerie de
remplissage, la distance va de : profilé extérieur
de finition
– 20 à 35 m dans les régions sèches ou à forte
opposition de température ;
– 30 à 35 m dans les régions humides et tempé-
rées.
Selon la résistance de la toiture, des joints « diapa- joint
son » doivent être mis en œuvre entre deux joints coupe-feu
de dilatation.
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202
■ Les murs séparatifs coupe-feu
en blocs de béton cellulaire
Les blocs utilisés présentent une longueur de
62,5 cm, une hauteur de 25 cm et leur épaisseur
peut varier de 15 à 37,5 cm. Ce type de mur peut
être autoporteur (remplissage) ou porteur. En
matière de résistance au feu il est coupe-feu 4 h.
Principe de dimensionnement
Pour les murs autoporteurs (remplissage) les
dimensions varient suivant la position (mur intérieur
ou mur extérieur), les dispositions d’appuis, l’effort
du vent appliqué sur le mur. Bâtiment de stockage, mur coupe-feu 4 heures.
Ainsi par exemple un mur intérieur avec des chaî-
nages et raidisseurs, soumis à une pression du vent ■ Les murs séparatifs coupe-feu
égale à 0,3 kN/m2 aura les dimensions suivantes :
constitués de poteaux béton et panneaux
Hauteur : < 25 fois l’épaisseur des blocs
en blocs de béton cellulaire armé
Longueur : < 40 fois l’épaisseur des blocs
A titre d’exemple, un mur de ce type constitué de
blocs béton cellulaire poteaux en béton de 45 × 45 cm et de panneaux
pose entre ossature béton armé de 600 × 60 × 15 cm (posé devant ou entre les
Laine minérale
poteaux) présente un degré coupe-feu de 4 heures.
Il faut aussi noter que le PV du CSTB n° 87-25851
Bloc de chaînage en date du 11/07/95 précise : « qu’un mur expéri-
mental en éléments de béton cellulaire armé de
Mortier ciment
15 cm d’épaisseur présentant une masse volumique
nominale de 450 kg/m3, monté à joints souples,
détermine un degré coupe-feu de 4 heures ».
En fonction de l’épaisseur du mur la hauteur limite
du mur est :
Ossature
Épaisseur du mur 15 cm - H = 17 m
Pose devant
en béton armé poteau béton Épaisseur du mur 20 cm - H = 22 m
Blocs
Épaisseur du mur 25 cm - H = 28 m

Mur coupe-feu en blocs de béton cellulaire.


0m
6,0 mum
xi
ma

75 cm
Longrine béton

Encadrement

Ossature Encadrement
en béton béton

Joint feu entre Variante entre


chaque panneau poteau béton armé
Entrepôts EPI, mur coupe-feu 4 heures.
Mur séparatif coupe-feu en panneaux de béton cellulaire entre poteaux
béton. Les ouvertures sont équipées de portes coupe-feu (règles R 16).

Pour les murs porteurs – norme P 10-202 (DTU ■ Les murs séparatifs coupe-feu
20.1) – le principe de dimensionnement est le sui- en éléments préfabriqués en béton
vant :
Hauteur : < 15 fois l’épaisseur des blocs Ces murs sont constitués avec des panneaux pré-
fabriqués en béton armé ou précontraints qui peu-
Longueur droite maximale des murs : < 40 fois
vent être associé ou non à une structure poteaux-
l’épaisseur des blocs
poutres en béton. Les éléments de parois les plus
Contrainte de compression : < 0,35 MPa couramment utilisés sont les panneaux pleins, les
panneaux nervurés, les panneaux sandwich. Ils
www.allislam.net peuvent être porteurs, autoporteurs, portés par la

203
structure ou suspendus à la structure. Les panneaux La tenue au feu de murs à base de panneaux sand-
sont assemblés entre eux et à la structure par joints wiches nécessite une étude thermique particulière
de mortier continus, liaisons bétonnées ponctuelles permettant de déterminer la répartition des tempé-
ou continues avec ou sans armatures en attente, ratures à l’intérieur de l’élément. Leur degré coupe-
liaisons mécaniques boulonnées, brochées ou sou- feu varie d’une demi-heure à 2 heures.
dées. Dans le cas de liaisons ponctuelles, des joints
coupe-feu doivent être installés entre chaque élé-
ment. Les caractéristiques et la mise en œuvre des
éléments en béton préfabriqué sont définies dans la
norme P 10-210 (DTU 22.1) et les prescriptions
techniques des procédés de murs ou de gros-
œuvre. Le guide CIMBÉTON « Architecture :
construire en béton préfabriqué » (référence B 62)
fournit un ensemble d’informations sur l’emploi de
ce type d’éléments.
En première approximation, le degré coupe-feu d’un
mur composé avec des panneaux pleins préfabri-
qués en béton peut se déduire des règles simpli-
fiées, issues de la norme P 92-701 (DTU feu béton),
exprimées dans le tableau suivant. Ces règles Laboratoire UPSA, les façades sont coupe-feu 2 heures.
concernent des murs dont l’élancement mécanique
est au plus égal à 50 et sont valables pour un mur
exposé au feu sur un ou deux côtés. ■ Autres types de murs séparatifs
coupe-feu en béton
Degré
1/2 h 1 h 1 h 30 2h 3h 4h Murs séparatifs coupe-feu
CF
Murs Épaisseur en béton coulé en place
10 11 12 15 20 25 Le béton coulé en place peut tout à fait être utilisé
porteurs cm
pour réaliser des murs séparatifs coupe-feu. La mise
Murs en œuvre de ces ouvrages doit répondre aux règles
Épaisseur
non 6 7 9 11 15 17,5 et au code de calcul les concernant (DTU 23.1, la
cm
porteurs norme P 92-701 (DTU feu béton), fascicule 62 du
CCTG).
Murs séparatifs coupe-feu constitués
Ancre de de panneaux verticaux en dalles alvéolées
levage
en béton précontraint.
Isolant
Longueur 4 à 10 cm Les panneaux en dalles alvéolées précontraintes
maximum : 6 m peuvent permettre de réaliser des murs séparatifs
coupe-feu. Il faut pour cela adapter l’épaisseur d’en-
robage des câbles de précontrainte en fonction du
degré coupe-feu requis. Des joints coupe-feu doi-
rail de Hauteur : vent obligatoirement être mis en œuvre entre
fixation 14 m
6 cm maximum chaque panneau.
minimum
10 cm
minimum
extérieur intérieur

Panneaux sandwiches
à voiles solidaires. Largeur : 2,5 m
Panneau coupe-feu de façade
pour bâtiment industriel.

Voile extérieur Voile de Épingle de liaison


librement dilatable béton intérieur Linteau ancrage
Trumeau 30 cm mini.
30 cm mini.
Entrepôts CGM, façades à base
Hauteur de murs en dalle alvéolées.
d'étage
Ancrage
inox

Non porteur :
Pour consulter
9 cm minimum
axim
um le chapitre suivant,
porteur : 7mm
12 cm minimum cliquer ici.
7 cm Isolant Allège
minimum 4 à 10 cm 10 cm mini.
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Panneaux sandwiches à voile extérieur librement dilatable. RETOUR AU SOMMAIRE

204
8.6 Le béton dans les sols
extérieurs et intérieurs

L’amélioration du cadre de vie et son intégration à Les sols extérieurs


l’environnement se sont traduits, pour les sols
urbains ou domestiques, par une évolution aussi C’est le domaine d’application des sols béton le plus
bien esthétique que fonctionnelle. important, constitué, pour les sols essentiellement
Le sol n’est plus seulement une surface banalisée piétonniers, par les pavés et les dalles.
sur laquelle on marche ou on roule, c’est aujourd’hui L’Allemagne, qui est l’un des plus gros utilisateurs de
un espace qui doit être beau par son aspect et sa ces techniques, en réalise plus de 80 millions de m2
couleur, tout en assurant durabilité et sécurité. Le par an ; la France, bien qu’en progression, est encore
béton coulé en place, ou manufacturé sous forme de très loin de ces résultats (environ 15 millions de m2
pavés et de dalles, constitue une solution idéale – par an).
par la variété de ses possibilités décoratives, tech-
niques et économiques – pour la réalisation de sols
très divers, allant du simple aménagement d’un jardin ■ Les pavés
ou d’une terrasse à de vastes réalisations urbaines.
Bien que ce chapitre concerne essentiellement des Les pavés en béton sont des produits industriels
sols piétonniers, il ne faut pas perdre de vue que, définis par la norme NF P 98-303. Ils font l’objet de
dans leur conception, ceux-ci sont cependant sou- la certification, marque NF « Pavés en béton ».
vent appelés à supporter un certain trafic lié aux véhi- Les pavés sont constitués, soit seulement d’un béton
cules de service ou d’intervention. En outre, de nom- de masse, soit d’un béton de masse complété par un
breux espaces ont une double vocation piétonne et béton de parement côté face vue.
accès aux véhicules : voies de lotissement, allées et
places en centre urbain, marchés, parkings, entrées
de garages. A toutes les exigences de ces besoins Ci-dessus : l’esthétique des villes
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variés, le béton apporte une réponse adaptée. dépend de l’aspect des sols.

205
Exemple de pavés à emboîtement et épaulement.

Caractéristiques géométriques
Les pavés classiques usuels ont des sections carrées
Types de pavés (10 x 10 ou 12 x 12 cm) ou rectangulaires (10 x 20
ou 12 x 24 cm). Pour les premiers, l’épaisseur est
On distingue trois types de pavés. de 5 à 6 cm ; elle est de 6 à 7 cm pour les seconds.
• Les pavés classiques de section carrée, rectangu- Les pavés autobloquants ont généralement une
laire ou hexagonale, généralement comprise entre forme s’inscrivant dans un rectangle dont la
100 et 200 cm2. longueur est sensiblement le double de la largeur
• Les pavés autobloquants à emboîtement : ils sont (22 x 11 ou 25 x 12,5 cm) ; leur épaisseur est
de forme telle qu’après mise en place, il y ait liaison comprise entre 6 et 10 cm.
horizontale, dans une ou plusieurs directions, entre
les éléments du dallage ainsi constitué. Aspect et couleur
• Les pavés autobloquants à emboîtement et épau- L’aspect de surface peut être lisse ou rugueux. Les
lement : ils sont de forme telle qu’après mise en pavés sont bruts de démoulage ou à gravillons appa-
place, il y ait liaison horizontale et verticale entre les rents. L’emploi d’oxydes métalliques permet d’obtenir
éléments du dallage ainsi constitué. une gamme étendue de colorations, du gris au rouge
Rappelons que l’autoblocage est plus efficace en passant par les bleus ou les verts. La variété des
lorsque l’appareillage des pavés présente des lignes aspects et des colorations, complétée par les diffé-
discontinues de joints courts. Toute ligne de joints rents appareillages – en rangées, en arcs, en
droite continue dans le sens de la circulation est à damier, en chevrons ou en parquets – offrent d’infi-
éviter. nies possibilités décoratives s’intégrant aux sites les
plus variés.
Spécifications
La norme NF P 98-303 fixe les spécifications concer-
nant les caractéristiques géométriques, physiques et
mécaniques. Outre les limites de tolérances dimen-
sionnelles, très importantes pour la garantie d’un
bon raccordement des pavés entre eux, la norme
impose une limitation de la perméabilité, un critère
d’ingélivité et des seuils de résistance à l’abrasion et
à la rupture par fendage.
Mise en œuvre
Pour les zones piétonnières ou faiblement circulées,
les charges sont faibles et ne nécessitent qu’une
structure légère pour supporter les pavés.
Lorsque le terrain support est de bonne qualité et
Différents types de pose. insensible à l’eau, il suffit, après terrassement, de le
compacter et de poser les pavés sur un lit de sable
de 3 à 4 cm d’épaisseur.

www.allislam.net Pose de pavés sur un terrain porteur. Pose de pavés sur un terrain faiblement porteur.

206
Lorsque le terrain présente des caractéristiques de Caractéristiques géométriques
portance insuffisante (limon, argiles-plastiques), on
Les dalles les plus courantes sont de section carrée
réalise une couche de fondation en graves naturelles
(30 x 30, 40 x 40 ou 50 x 50 cm) ou rectangulaires
ou en graves-ciment de 8 à 10 cm pour les voies pié-
(rapport longueur/largeur voisin de 2, une des
tonnes, d’environ 15 cm lorsque la voie peut être
dimensions étant de 30, 40 ou 50 cm).
empruntée par des véhicules. Les pavés sont ensui-
te posés, comme précédemment, sur un lit de sable L’épaisseur des dalles est très variable, à partir de
de 3 à 4 cm. 3 cm, mais avec un minimum de 5 cm pour les dalles
appelées à supporter un passage de véhicules.
Les pavés sont posés soit à l’aide d’un matériel
mécanisé, soit manuellement lorsque l’appareillage Aspect et coloration
retenu impose des mélanges de teintes – ou
lorsque la surface à mettre en œuvre est faible. Les dalles présentent des aspects très variés, unis
Après bourrage au sable des joints, d’une largeur ou avec motifs. Les granulats peuvent être rendus
limitée, le pavage est damé ou compacté, surtout apparents par les techniques habituelles de grésa-
lorsqu’il s’agit de chaussées supportant un certain ge, sablage ou désactivation. La coloration du béton
trafic. est obtenue par le choix des granulats eux-mêmes
ou l’emploi de pigments minéraux.
La surface pavée doit être butée en rives pour éviter
les désordres dus aux efforts horizontaux. Ces Caractéristiques mécaniques et physiques
butées (pièces de rives, béton coulé en place, bor-
dures de trottoirs) doivent être d’autant plus solide- Les caractéristiques préconisées pour les dalles
ment ancrées que les efforts supportés par la chaus- sont précisées dans le Cahier des charges du
sée sont plus importants. Syndicat National des Fabricants de Produits en
Béton.
■ Les dalles en béton Les spécifications concernent l’ingélivité, la limitation
d’absorption d’eau et la résistance à la flexion.
Les dalles se différencient des pavés par leurs Mise en œuvre
dimensions, qui en font plutôt des produits plans
d’épaisseur faible par rapport à leur surface. Comme pour les pavés, la mise en œuvre tient
Les dalles sont davantage sollicitées en flexion que compte de la nature du terrain, plus ou moins por-
les pavés ; elles sont surtout utilisées pour les voies teur, et des charges supportées par les dalles.
piétonnes non circulées (ou très faiblement) et les En règle générale, après compactage du sol et réa-
aménagements d’espaces verts, de loisirs ou spor- lisation éventuelle d’une couche de fondation sur les
tifs. terrains faiblement porteurs, la constitution du lit de
Les gammes de dalles élaborées par les produc- pose est le plus fréquemment en sable, sur 3 à 4 cm
teurs, par leur diversité de formes, de traitement de d’épaisseur.
surface et de coloris, offrent des possibilités illimi- Plus rarement, et pour les dalles de faible épaisseur,
tées en matière d’aménagement de sols et d’inté- le lit de pose peut être constitué par un mortier dont
gration à des sites variés. le dosage en ciment n’excède pas 300 kg/m3 de
sable. Lorsque les joints sont garnis, on utilise du
Types de dalles sable fin, ou du mortier dans le cas d’un lit de pose
Réalisées en béton pressé ou coulé selon les fabri- en mortier.
cations, les dalles comportent soit un béton de La bonne tenue du revêtement dallé impose la
masse, soit un béton de masse revêtu, sur la face constitution d’une bordure de rive coulée en place ou
vue, d’un béton de parement, ou d’un revêtement en éléments préfabriqués.
souple lorsqu’elles sont destinées à des aires de Sur les toitures-terrasses accessibles ou les plages
jeux ou de sports. Des dalles comportant des plots, de piscines, les dalles sont posées sur des plots d’au
destinées aux parkings, permettent un engazonne- moins 5 cm de hauteur, afin de permettre l’écoule-
ment entre les plots (dalles-gazon) pour la réalisa- ment des eaux (se référer à la norme NF P 98-307
tion d’espaces verts, tout en assurant un drainage [DTU 43.1] « Étanchéité des toitures-terrasses »).
efficace. Les plots préfabriqués ou coulés en place compor-
tent un système de calage des dalles permettant de
régler l’appui sur chaque coin et d’assurer un écar-
tement régulier entre elles.

■ Le béton coulé en place

Dans son principe, cette technique est analogue à


celle utilisée pour la réalisation de voiries, qui font
l’objet du chapitre 8.7. Seules diffèrent les règles de
dimensionnement, une voie piétonne ou cyclable ne
supportant pas les charges d’une voie de circulation
automobile. Les épaisseurs préconisées pour ce
type de réalisations sont de 10 à 15 cm (15 cm auto-
risant un trafic t6 de 10 poids lourds/jour). Le sol sup-
port correctement compacté est suffisant lorsqu’il
s’agit de sables ou de graves argileuses ; son traite-
ment ou une couche de forme peuvent s’avérer
nécessaires s’il s’agit de limons ou d’argiles fines.

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207
■ Caractéristiques dimensionnelles

Les dalles sont le plus souvent de forme carrée


(30 x 30, 40 x 40 ou 50 x 50 cm), de 4 à 6 cm d’épais-
seur.

■ Spécifications

Seuls les carreaux mosaïque de marbre ont fait l’ob-


jet d’une norme (NF P 61-302) qui fournit les spéci-
fications relatives aux caractéristiques physico-chi-
miques : ingélivité, limitation de l’absorption d’eau et
résistance en flexion. Le cahier des charges des
dalles en béton, déjà cité, reprend pratiquement ces
critères.

■ Aspect et coloration

Les dalles peuvent se marier à des sols coulés en place, en béton Les coloris des dalles en béton peuvent être très
désactivé. variés. De même que pour les autres éléments en
béton, le choix des granulats de marbre, porphyre ou
quartz, ainsi que l’emploi de pigments minéraux,
Étant souvent un élément de décor, le béton, dans permettent aux fabricants d’offrir une large palette
sa partie superficielle, peut être l’objet d’un traite- s’harmonisant avec tous les décors.
ment de surface faisant ressortir son aspect esthé- Les traitements de surface – béton désactivé, gra-
tique (granulats apparents, coloration du béton). Le nulats apparents, grésage, polissage – soulignent
dénudage des granulats ou le striage du béton per- l’aspect, qui peut être aussi marqué par des formes
mettent, en outre, de répondre aux exigences de et des teintes différentes ou par des motifs en relief.
sécurité des utilisateurs, en conférant au revêtement
un caractère antidérapant, notamment en présence
d’eau.
La réalisation de ce type d’aménagements est
aujourd’hui facilitée par la possibilité de trouver chez
les fournisseurs de béton prêt à l’emploi des bétons
colorés ou armés de fibres, qui permettent à une
petite entreprise équipée d’un matériel très simple
(règle vibrante) d’exécuter ces ouvrages autrefois
réservés à des entreprises spécialisées.
Pour accroître encore les possibilités expressives du
béton coulé en place, des procédés d’impression ou
de matriçage permettent d’animer sa surface en
reproduisant des motifs variés rappelant les surfaces
pavées ou dallées.

■ Entretien et interventions

Les éléments en béton se prêtent bien à des inter-


ventions sur les réseaux sous-jacents. Le démonta-
ge et le remontage de pavés ou de dalles, le rem-
placement d’éléments endommagés se font de façon
plus aisée et plus rapide.
Le nettoyage des sols en béton s’effectue avec le
matériel traditionnel de nettoyage manuel ou méca- Les dalles en béton sont bien adaptées aux sols industriels.
nique.
■ Mise en œuvre
Les sols intérieurs
Les modalités de pose sont décrites dans la norme
NF P 11-213 (DTU 13.1) « Travaux de dallage ». Il
Les dalles en béton ne se limitent pas à l’usage exté-
est notamment préconisé la constitution d’une
rieur ; elles trouvent également un champ d’applica-
couche de forme, soit en béton maigre, soit en mor-
tion à l’intérieur des bâtiments ou pour les terrasses.
tier armé d’un treillis, soit en sable.
Les textures de surface très variées sont créées soit
par des motifs en relief, soit par les granulats rendus Une couche de désolidarisation permet d’éviter la
apparents. transmission des éventuelles variations dimension-
nelles du gros œuvre au dallage.
Les carreaux « mosaïque de marbre », à base de
granulats de marbre pour la couche de surface, sont Le mortier de pose est soit un mortier de ciment
polis de façon à mettre en valeur la texture et les dosé à 300/350 kg de ciment/m3, soit un mortier
colorations des matériaux. Ces carreaux, moins bâtard ciment et chaux hydraulique (1/3 à 1/2 de
employés aujourd’hui, gardent cependant toute la chaux).
valeur esthétique du béton poli et sont encore sou- Les joints sont remplis au coulis de ciment, ou au
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vent utilisés dans certains pays comme l’Italie. mortier de ciment s’ils sont larges.

208
Pavés en béton pour égayer
les centres-villes,
les espaces piétonniers,
dalles-gazon pour drainage,
grandes dalles pour aménagements
lourds, mobilier urbain
à combinaisons multiples.

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209
Les domaines d’emploi Les mêmes éléments, transposés dans les jardins,
se retrouvent dans des dimensions adaptées à un
usage privé, avec également des bordures d’allées,
Les pavés et les dalles trouvent dans les espaces
de talus ou de massifs, des murets, des piliers ou
urbains un vaste champ d’application : allées,
des clôtures.
places, trottoirs, zones piétonnes, peuvent être per-
sonnalisés et clairement délimités en jouant sur l’ap-
pareillage et les couleurs des matériaux.
Dans les lotissements, les voies de desserte, les
aires de stationnement, les espaces de jeux sont
traités de façon esthétique et durable par les solu-
tions béton. Les pavés et dalles de toutes natures
sont bien adaptés au traitement des installations
sportives, des stades, des espaces de plaisance,
des plages de piscines.

Les autres applications


des sols en béton
De nombreuses autres applications existent pour les
sols en béton, parmi lesquelles on peut citer :
• les espaces scolaires (cours, préaux) ;
• les quais et les abords de ports de plaisance ;
• les pistes cyclables et les chemins de promenade ;
• les parkings privés ou collectifs, les aires de sur-
faces commerciales ;
• les sols industriels ;
• les aménagements de jardins et d’espaces verts
privés ou publics, les terrasses.

Le mobilier urbain ou de jardin


L’aménagement des sols va souvent de pair avec
son équipement en accessoires de mobilier, fonc-
tionnels ou simplement décoratifs.
Pour les espaces urbains, se sont ainsi développés
des éléments réalisés en béton apparent, coloré, qui
répondent aux exigences de sécurité, de durabilité et
d’esthétique. On peut citer les bancs, les vasques et
fontaines, les jardinières, les candélabres et lumi-
naires, les panneaux d’affichage, les bornes, etc. Les jardinières : l’un des points forts du mobilier urbain en béton.

Pour consulter
le chapitre suivant,
cliquer ici.

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210
8.7 Le béton
dans les routes

L’intérêt du béton dans les routes des colorants et des traitements de surface qui
offrent de nombreuses possibilités décoratives ;
Un intérêt croissant pour les routes en béton se • le béton est un matériau simple à réaliser et à
développe dans le monde entier, tant pour la réali- mettre en œuvre.
sation des grands axes routiers et autoroutiers que
pour les voiries urbaines ou pour des applications Définitions
plus modestes, mais très nombreuses, telles que les
routes secondaires et la voirie rurale, forestière ou
de lotissement. ■ Le trafic
Les raisons principales de ce développement sont
dues à la satisfaction qu’elles apportent aux usagers Il est déterminé en fonction du nombre de poids
comme aux responsables des réseaux : lourds par jour :
• la chaussée en béton apporte à l’usager un niveau
de service élevé, associé à un niveau de sécurité
remarquable : adhérence par tous temps, absence
d’orniérage, visibilité due à une bonne réflexion de la
lumière ;
• le bilan économique à long terme est très favorable
du fait de la longévité de la chaussée béton et de son
entretien réduit ;
• le béton apporte aux chaussées ses perfor-
mances, notamment sa durabilité (résistance à la
chaleur, au froid et au gel), et sa solidité (résistance
aux charges, à l’érosion et aux agressions chi- Le dimensionnement d’une chaussée tient compte
miques) ; de la classe de trafic initiale et de la durée de servi-
• le béton permet de réaliser des chaussées inté- ce prévue, conduisant à considérer le trafic cumulé
grées à l’environnement en employant des granulats, sur cette période.

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211
■ La portance du sol Le rôle d’une chaussée est de reporter sur le sol
support, en les répartissant convenablement, les
Les sols sont classés en cinq classes de p0 à p5, efforts dus au trafic. La chaussée doit avoir une
caractérisant la capacité du sol à résister aux épaisseur telle que la pression verticale transmise
charges appliquées (voir le chapitre 8.8). au sol soit suffisamment faible, afin que celui-ci puis-
se la supporter sans dégradation.
Comme la pression décroît régulièrement en profon-
deur, on peut constituer une chaussée par la super-
position de couches de caractéristiques mécaniques
croissantes à partir du sol. En général, on rencontre
successivement.
La couche de fondation
La construction de cette couche ne pose pas de pro-
blème particulier ; la plupart des matériaux convien-
nent.
La couche de base
La construction de cette couche doit faire l’objet
d’une attention toute spéciale : le matériau utilisé doit
pouvoir résister aux contraintes résultant du
trafic.

■ Les caractéristiques du béton

Selon les applications et le trafic, le béton doit pré-


senter des caractéristiques définies par la norme
NF P 98 -170 « Chaussées en béton – Exécution,
Suivi, Contrôle des spécifications »).
Les différentes couches qui constituent la structure de la chaussée.

Le rôle et la structure
de la chaussée béton
La couche de surface (ou de roulement)
Le poids du véhicule est transmis au sol, sous forme Elle doit notamment résister aux efforts tangentiels
de pressions, par l’intermédiaire des pneumatiques. des pneumatiques et s’opposer à la pénétration de
Ces pressions, voisines de la pression de gonflage l’eau.
des pneumatiques, sont relativement importantes : L’ensemble de ces trois couches constitue l’assise
6 à 7 kg/cm 2. de la chaussée.
D’une manière générale, les sols ne peuvent sup- L’avantage apporté par la chaussée béton est le
porter sans dommage de telles pressions ; il se remplacement des couches de base, de surface et,
forme alors des ornières. éventuellement, de fondation, par une dalle monoli-
thique qui remplit leurs fonctions ; c’est le principe de
la chaussée rigide.

Les bétons routiers


A partir des différentes catégories de ciments, il est
possible d’obtenir une grande variété de bétons aux
caractéristiques appropriées. En fonction de la natu-
re des granulats, des adjuvants, des colorants, le
béton s’adapte aux exigences de chaque réalisation,
par ses performances comme par son esthétique.
Selon sa destination, on choisira la formulation et la
mise en œuvre du béton la mieux adaptée.

www.allislam.net Le trafic est déterminé en fonction du nombre de poids lourds par jour.

212
■ Le béton pervibré
C’est un béton réalisé avec du ciment et des granu-
lats usuels, dosé de 300 à 350 kg de ciment par m3
de béton. La mise en œuvre se fait avec vibration
soit à l’aiguille vibrante soit avec des machines plus
élaborées allant de la poutre vibrante au finisseur ou
encore des machines à coffrage glissant.

■ Le béton fluide
Le béton fluide est un béton routier de composition
classique auquel est incorporé un fluidifiant qui faci-
lite sa mise en œuvre sans réduire sa résistance. La
fluidification du béton augmente considérablement
sa maniabilité, mesurée par l’affaissement au cône
qui passe par exemple de 5 cm à 20 cm.

■ Le béton compacté
C’est un mélange de grave, de sable, de liant, d’eau
et éventuellement d’adjuvants, ayant des caractéris-
tiques bien définies et dans des proportions don-
nées. La granulométrie est particulièrement étudiée Chaussée épaisse en dalles courtes non armées.
pour assurer une stabilité naturelle et permettre une
ouverture à la circulation quasi immédiate, après
compactage et couche de protection.
Parmi les nombreux types de béton utilisés dans les
techniques routières, on peut citer outre les bétons
usuels mentionnées ci-dessus.

■ Le béton poreux
Le béton poreux est un béton hydraulique qui se
caractérise par une porosité ouverte très importante
avec des canaux de forte section. Cette porosité se
situe entre 15 et 30 %. Elle est obtenue en suppri-
mant les gravillons intermédiaires et/ou en diminuant
la quantité de sable. Ces bétons sont intéressants
pour leurs qualités drainantes, d’adhérence, et l’af-
faiblissement du bruit de roulement.

■ Le béton de sable
C’est un matériau fabriqué en centrale et destiné à
être utilisé en assises de chaussées. Il est constitué
d’un mélange de sable, de ciment, d’eau, d’adju-
vants et éventuellement d’un correcteur granulomé-
trique.

■ Le béton de fibres Béton armé continu : armatures en fer rond ou en ruban cranté.

La présence des fibres dans le béton apporte une


amélioration de certaines caractéristiques du béton,
en particulier, en matière de résistance au cisaille-
ment, à la fatigue ou aux chocs. Les fibres sont le
plus souvent métalliques, en fonte ou en polypropy-
lène.

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213
La voirie à faible trafic ■ L’assainissement

Une voie est dite « à faible trafic » lorsque le nombre Le projet d’une route à faible trafic en béton doit être
de véhicules qui y circulent est inférieur à l’équiva- conçu en fonction de la spécificité du matériau qui
lent de 150 poids lourds (essieux-types de 13 t) par est le béton de ciment.
jour, soit environ 1 500 véhicules par jour, tous En effet, par sa forte résistance aux diverses sollici-
modèles confondus. tations extérieures, en particulier à l’érosion, il per-
La route à faible trafic en béton est constituée soit met une grande variété de profils (en travers et en
d’un revêtement en béton de ciment (pervibré ou flui- long) car la chaussée elle-même peut être utilisée
de), qui sert de couche de roulement, soit d’une pour assurer le ruissellement des eaux (profil à
couche de base en béton sec compacté revêtue d’un écoulement central ou latéral, profil en toit).
enduit superficiel.
Les caractéristiques mécaniques du béton de ciment EXEMPLES DE PROFILS EN TRAVERS
(grande rigidité, forte résistance vis-à-vis de diverses
sollicitations, etc.) permettent d’apporter des simpli-
fications substantielles au niveau de la conception
de la structure, du profil en travers et du profil en
long – et, par suite, des économies notables sur l’in-
vestissement.
D’une manière générale, la réalisation d’une route
dans de bonnes conditions et son bon fonctionne-
ment dans le temps nécessitent de respecter, dans
sa conception, certaines règles fondamentales tou-
chant à l’infrastructure, à l’assainissement, au drai-
nage, aux joints et aux matériaux constituant la
chaussée.

■ L’infrastructure

La rigidité de la dalle béton permet, la plupart du


temps, son exécution directement sur un sol com-
pacté et nivelé lorsqu’il est homogène.
En cas de sol hétérogène ou de faible portance, une
couche de forme ou un traitement du sol à la chaux
et/ou au ciment peut s’avérer nécessaire.

EXEMPLES D’EMPRISES

CHAUSSÉE CLASSIQUE

www.allislam.netCHAUSSÉE EN BÉTON DE CIMENT

214
■ Le drainage ■ La réalisation de la chaussée

Le plus souvent, la chaussée en béton ne nécessite Les différentes phases de réalisation de la chaussée
pas de dispositif de drainage particulier. sont les suivantes :
Cependant, pour les sols à teneur en eau élevée ou • les travaux préparatoires ;
susceptibles de présenter des accumulations d’eau, • les terrassements incluant notamment les traite-
il y a lieu de prévoir un drainage efficace, facteur ments de sols au ciment ou à la chaux ;
essentiel de durabilité de la chaussée, notamment
en matière de résistance aux cycles gel-dégel. • la mise en œuvre du béton, effectuée selon l’une
des trois techniques :
– le béton est pervibré soit à l’aiguille vibrante, soit
■ Les joints avec du matériel permettant l’exécution de l’en-
semble des opérations de mise en place du béton,
La réalisation correcte de joints destinés à localiser de vibration et de lissage (vibro-finisseur, machine à
la fissuration est une condition essentielle de la coffrage glissant) ;
durabilité de la chaussée. On distingue les joints
transversaux et les joints longitudinaux. – le béton fluide, comportant un superplastifiant, se
met en place de lui-même, sans vibration ni com-
Les joints transversaux sont destinés à réduire les pactage, entre coffrages réglés ;
sollicitations dues au retrait ou au gradient ther-
mique (joints de retrait), à compenser les variations – le béton est compacté avec un compacteur vibrant
dimensionnelles d’origine thermique (joints de dilata- en une ou deux couches selon l’épaisseur à réaliser.
tion) ou à marquer un arrêt de bétonnage (joints de
construction).
Les joints longitudinaux, servent à compenser
essentiellement les contraintes dues au gradient
thermique, sont donc des joints de retrait.

Joint de retrait (scié ou moulé) Serrage à la règle vibrante...

■ Les critères de dimensionnement

Les critères de dimensionnement, retenus pour les


voiries à faible trafic, sont :
Le trafic
Il correspond aux classes t6 à t3+, soit 0 à 150 poids
lourds par jour.
La portance du sol
Pour les voiries à faible trafic, il suffit que le sol pré-
sente une portance au moins égale à p 2 ; en des-
sous, la réalisation d’une couche de forme s’avère
souvent nécessaire pour permettre une assise suffi-
... ou au vibro-finisseur.
sante de la dalle béton.
Les caractéristiques du béton
Le seuil minimal de résistance à la traction par
flexion, paramètre essentiel en matière de dimen-
sionnement, est fixé à 4,5 MPa.
Selon l’évolution prévisible du trafic et la période de
service retenue (généralement 20 à 40 ans pour les
chaussées béton), les critères adoptés pour le
dimensionnement conduisent à une épaisseur opti-
male de béton comprise entre 15 et 22 cm.
Des catalogues détaillés de structure établis par le
SETRA fournissent les valeurs de dimensionnement
en chaussée neuve et en renforcement de chaus-
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sées anciennes.

215
Les finitions ■ Le béton désactivé
Les joints sont exécutés, soit aussitôt après mise en
œuvre du béton par incorporation dans le béton frais Cette technique consiste à éliminer le mortier super-
d’un profilé en plastique, soit dans le béton durci par ficiel du revêtement en béton de façon à faire appa-
sciage avec une machine à disque diamanté. raître les granulats et à conférer à la surface des
caractéristiques particulières d’adhérence et/ou
Les traitements de surface du béton permettent de d’aspect.
créer une texture donnant une bonne adhérence sur
revêtement sec ou mouillé, et un aspect esthétique
qui peut être agrémenté par des colorations variées. ■ Le béton bouchardé
Les traitements usuels sont le brossage, le striage,
La surface du béton durci est attaquée avec un mar-
ainsi que le dénudage des granulats mécanique-
teau spécial « boucharde ».
ment ou par voie chimique.
La cure du béton frais permet d’éviter la dessiccation
du béton sous l’effet du vent ou de la chaleur. ■ Le béton imprimé
Elle est généralement réalisée par pulvérisation d’un Des matrices ou des moules spéciaux sont utilisés
produit de cure ou, plus simplement, par protection pour créer des dessins ou motifs à la surface d’un
par un film de polyéthylène ou par arrosage. béton frais.

Les routes à moyen et fort trafic


Il s’agit des routes qui supportent un passage de
poids lourds supérieur à 100 par jour (classement
T0 à t3). C’est un domaine dans lequel le béton a
démontré ses avantages depuis de nombreuses
années, notamment dans le secteur autoroutier.
Parmi les techniques en présence celles utilisant les
dalles courtes non armées et le béton armé continu
se développent tout particulièrement.

Surface striée au balai ou au râteau.

■ Les dalles courtes non armées

La longueur maximale des dalles varie entre 3,50 m


et 6 m.
Le principe de fonctionnement
■ Les applications
La technique est déjà ancienne, mais son mérite est
La voirie à faible trafic, à laquelle le béton apporte d’avoir su évoluer pour s’adapter aux conditions
ses avantages technico-économiques, représente actuelles de trafic, et d’éliminer les défauts qui
plusieurs centaines de milliers de kilomètres : s’étaient manifestés à l’origine. Ces défauts étaient
• les voiries de lotissement ; liés aux modifications des conditions d’appui des
dalles au droit des joints, se traduisant par un phé-
• les voies piétonnes dans les centres urbains ; nomène de « pompage », des décalages et des frac-
• les pistes cyclables ; turations de dalles.
• les voiries communales ;
• les voiries agricoles, forestières, viticoles.
La technique béton est également applicable à la
réalisation de sols industriels, aires de stockage,
quais de chargement, parkings (voir le chapitre 8.6).
Pour toutes ces voiries ou sols en béton, des traite-
ments de surface peuvent enrichir l’esthétique de
l’ouvrage et faciliter son intégration dans des envi-
ronnements variés. Ces traitements sont principale-
ment :
– le béton désactivé ;
– le béton bouchardé ;
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– le béton imprimé.

216
hauteur, est réalisée par des goujons en acier d’en-
viron 60 cm de longueur, de diamètre 20 à 30 mm,
espacés d’environ 30 cm.
L’épaisseur
L’épaisseur de la dalle, variable selon le trafic et la
durée de service, est généralement comprise entre
20 et 28 cm.
Dans certains cas, la couche de roulement et la fon-
dation sont réunies en une seule couche de béton
qui constitue la « dalle épaisse ». Elle peut atteindre
30 à 40 cm.

■ Le béton armé continu (BAC)

Le Béton Armé Continu (BAC) est un revêtement de


chaussée en béton de ciment qui comporte des
armatures longitudinales, continues et disposées en
nappe, en général à mi-épaisseur de la dalle. Il est
caractérisé par l’absence de joints de retrait trans-
versaux.
L’armature longitudinale est prévue pour contrôler la
fissuration et pour conserver l’intégrité structurelle
du revêtement. La quantité d’armatures est calculée
de manière à répartir le retrait, se traduisant par
Les dispositions constructives des fissures régulièrement réparties (tous les 1 à
Elles permettent d’éliminer ces phénomènes et sont 3 mètres) non préjudiciables. Elles sont suffisam-
aujourd’hui bien maîtrisées. ment fines (0,4 à 0,5 mm au maximum) pour résister
à la pénétration de l’eau et pour garantir un bon
Le drainage transfert de charges.
L’emploi de dispositifs drainants longitudinaux en En France, la technique du BAC a évolué vers les
bord de dalle est une solution efficace et écono- pratiques suivantes.
mique. • Le pourcentage d’armatures longitudinales, pla-
cées à mi-hauteur de la dalle, est réduit au minimum.
L’utilisation de matériaux d’appui peu érodables A titre d’exemple, il est actuellement de 0,67 % pour
Le comportement du revêtement en béton est condi- les aciers Haute Adhérence type FeE 500 et de
tionné par les effets de l’eau pouvant s’accumuler 0,30 % pour les rubans crantés à haute limite élas-
entre la dalle de béton et la fondation. En cas de tique de type Fe 90.
mise sous pression dynamique sous l’action des • La recherche de l’optimisation de l’adhérence entre
charges du trafic, cette eau risque de provoquer une l’armature et le béton, conduit à augmenter la surfa-
érosion à l’interface fondation-revêtement, pouvant ce de contact acier/béton ; l’emploi d’aciers plats cor-
entraîner un battement de dalles et la formation de respond à cette évolution. Ces armatures se présen-
cavités sous le revêtement. De ce fait, la non-éroda- tent sous forme de rubans crantés d’environ 40 mm
bilité des matériaux de couche de fondation est une de largeur et 2 mm d’épaisseur et permettent une
propriété essentielle qui doit être prise en compte économie de l’ordre de 50 % d’acier par rapport aux
dans la conception. armatures traditionnelles.
Pour lutter contre l’érosion de la surface de la fonda- • La surlargeur non circulée permet une meilleure
tion, il faut procéder à un choix judicieux des maté- répartition des charges en bordure de dalle.
riaux en fonction de la catégorie du trafic. A cet
• Le drainage efficace de l’interface dalle-couche de
égard, il faut éviter la présence de fines non liées
fondation est généralement assuré par un béton por-
sous le revêtement en béton ; une couche de profi-
teur.
lage en sable est donc à proscrire dans tous les cas.
• En fondation, on utilise un matériau non érodable.
La surlargeur de la dalle béton par rapport à la • L’épaisseur actuellement couramment utilisée est
bande de circulation comprise entre 16 et 22 cm, selon le trafic et les
Elle permet d’éviter la dégradation dans la zone sen- caractéristiques de la plate-forme.
sible constituée par le bord du revêtement.
Les joints
Les joints de retrait sont réalisés par la création
d’une amorce de fissuration à une profondeur variant
entre le quart et le tiers de l’épaisseur de la dalle,
soit par moulage dans le béton frais, soit par sciage
dans le béton durci. Les joints transversaux et longi-
tudinaux sont généralement scellés au niveau de la
gorge créée à la partie supérieure du joint. Ce scel-
lement est destiné à éviter l’entrée d’eau dans la
structure.
Pour les chaussées à fort trafic, ou lorsque les condi-
tions climatiques sont rigoureuses, une liaison
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entre dalles, destinée à empêcher le décalage sur la

217
• La mise en œuvre du béton peut se faire de deux ■ Le béton de ciment mince collé
façons : « BCMC »
– BAC monocouche : un béton homogène est dis-
posé sur toute l’épaisseur de la dalle avec une Le BCMC est une technique d’entretien superficiel
machine à coffrage glissant ; des structures bitumineuses. Il s’agit d’une technique
– BAC bicouche monobloc : deux couches de béton récente en France inspirée de celle développée par
sont disposées en une seule opération ; elles se dif- les Américains ces dix dernières années.
férencient essentiellement par la nature des granu- Elle consiste à fraiser ou à raboter la structure bitu-
lats : durs et de très bonne qualité en partie supé- mineuse dégradée sur une épaisseur adéquate et à
rieure pour assurer l’adhérence et le polissage, plus mettre en œuvre, après nettoyage de la surface, une
ordinaires et moins onéreux pour la couche inférieu- couche mince de béton de ciment (6 à 10 cm) qui
re (granulats généralement locaux). adhère parfaitement à la couche bitumineuse rési-
duelle sous-jacente.
■ Les applications du béton dans
les chaussées à moyen et fort trafic ■ Les équipements de la route

Le béton, aussi bien en dalles courtes qu’en BAC, De nombreux ouvrages en béton viennent compléter
est utilisé pour la construction d’autoroutes ou de une route ajoutant des éléments de sécurité, de
routes à fort trafic, ou pour le renforcement et la confort ou d’apport à l’environnement : séparateurs
réfection d’ancienne chaussées. en béton, caniveaux, dispositifs de drainage et d’as-
Le BAC se développe en particulier : sainissement des eaux polluées, passages pour ani-
maux.
• en renforcement de chaussées anciennes à deux
voies ou trois voies avec ou sans élargissement ;
Pour consulter
• en réfection de voie lente d’anciennes chaussées
avec ou sans conservation de la fondation en grave le chapitre suivant,
traitée existante. cliquer ici.

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218
8.8 Les traitements de sols
au ciment et à la chaux

Pourquoi traiter les sols ? ■ L’essai Proctor

Le traitement des sols a pour objet de rendre utili- La densité apparente d’un sol dépend, entre autres,
sable un sol qui ne présente pas les caractéristiques de sa teneur en eau. Il est donc important de déter-
requises pour servir, sans préparation, à supporter miner la teneur en eau qui, pour une énergie de
une route, un parking ou une aire industrielle. compactage donnée, fournit la compacité maximale
du sol, caractérisée par sa densité sèche.
Le traitement, au ciment ou à la chaux, des sols en
place permet d’éviter le décapage et le remplace- L’essai Proctor consiste à déterminer cet optimum à
ment par des matériaux d’apport. C’est donc une partir de plusieurs mesures de densité sèche, effec-
solution plus économique et bien adaptée à de nom- tuées sur des sols présentant une teneur en eau
breux chantiers, qui est apparue aux États-Unis au croissante. La courbe joignant les points obtenus
début du siècle, mais ne s’est développée en France passe par un maximum qui correspond à l’optimum
qu’à partir des années 70. Proctor.
Les traitements de sol procurent notamment deux
avantages :
• l’assèchement des sols permettant de les rendre
praticables aux engins de chantier ;
• l’amélioration des caractéristiques géotechniques
de façon durable (résistances mécaniques, insensi-
bilité à l’eau et au gel).

La portance d’un sol


■ Définition

C’est la caractéristique (p) qui définit sa capacité à


supporter les charges qui lui sont appliquées.
La portance dépend de la nature du sol, de son
pourcentage d’eau et du degré de compactage. La forme plus ou moins aplatie de la courbe est
Les sols naturels présentent une grande variété caractéristique d’un sol plus ou moins sensible à la
allant des limons et argiles aux cailloux en passant variation de sa teneur en eau. Les argiles présentent
par les sables, ce qui a conduit à les classer en fonc- une sensibilité à l’eau que le traitement à la chaux
tion de critères de granulométrie ou de plasticité. permet de limiter : la courbe est plus aplatie en
Quel que soit le sol, sa résistance mécanique aug- même temps que l’optimum Proctor est déplacé vers
mente avec sa densité : donc, on cherche à aug- des teneurs en eau plus fortes.
menter cette densité en faisant passer plusieurs fois
des engins lourds qui assurent le compactage.
L’efficacité du compactage dépend de plusieurs
paramètres, notamment du type de matériel et du
nombre de passes choisi en fonction du sol à traiter.
La portance du sol et son degré d’humidification
optimum sont déterminés par des essais dont les
plus usuels sont l’essai Proctor pour la compacité, et
l’essai CBR pour la résistance au poinçonnement.

Diminution de la sensibilité à l’eau


www.allislam.net par traitement à la chaux.

219
Traitement à la chaux avec scarificateur.

■ L’influence du traitement
sur la portance

Le traitement à la chaux et/ou au ciment permet de


gagner en moyenne deux classes de portance.
Les courbes d’évolution de l’indice CBR, en fonction
de la teneur en eau du sol pour des sols traités avec
des pourcentages variables de chaux ou de ciment,
montrent l’augmentation très rapide de cet indice en
fonction du traitement.
■ L’indice CBR

L’essai CBR consiste à mesurer la résistance au


poinçonnement d’un sol présentant la teneur en eau
correspondant à l’optimum Proctor.
A partir de la valeur obtenue, est défini l’indice CBR
par comparaison avec la valeur mesurée sur un
matériau type.
Les classes de portance du sol p0 à p5, définies de
façon conventionnelle, correspondent aux valeurs
d’indice CBR suivantes :

■ Portance et nature du sol

La nature d’un sol joue un rôle primordial dans sa


portance, ainsi que le fait apparaître nettement le Après deux heures, pour une teneur en eau initiale
tableau suivant, qui montre également que des cri- de 14 %, l’indice CBR, de 9 avant traitement, passe
tères visuels simples permettent une première à 30 et à 70 environ pour, respectivement, 0,5 et 3 %
appréciation de la classe de portance. de chaux.

Le traitement à la chaux
■ Les propriétés de la chaux

Certains propriétés de la chaux (voir le chapitre 2.1)


présentent des avantages particuliers pour les
traitements de sols.
Basicité
La chaux est fortement basique ; les solutions pré-
sentent un pH supérieur à 12.
Hydratation
La chaux vive est très avide d’eau. En s’hydratant,
elle s’éteint avec un fort dégagement de chaleur.
CaO + H2O → Ca (OH)2 + 64,8 KJoule
Cette propriété est utilisée, par exemple, pour assé-
cher des sols très imprégnés d’eau.
Floculation
La chaux provoque l’agglomération et la précipitation
rapides des matières colloïdales en suspension
dans un liquide, ce qui modifie la consistance du
milieu et le fait passer d’un état plastique à une
www.allislam.net structure grumeleuse stable.

220
■ L’action de la chaux sur les sols

Compte tenu de ses propriétés, la chaux modifie de


façon sensible le comportement des sols fins argi-
leux ou limoneux.
• L’extinction de la chaux vive au contact d’un sol très
humide provoque un fort dégagement de chaleur et
a une double conséquence : l’absorption d’eau com-
binée et la vaporisation. En moyenne, la diminution
de la teneur en eau d’un sol traité à la chaux est de
l’ordre de 1 à 1,5 % pour 1 % de chaux.
Pour un sol argileux gorgé d’eau, l’optimum de com-
pactage est obtenu en abaissant son taux d’humidi-
té d’environ 5 %, résultat généralement atteint par un
apport de chaux vive de 3 à 5 %.
• La propriété de floculer les éléments fins se mani-
feste avec les argiles et les limons du sol, dont la
consistance se trouve très sensiblement améliorée,
ce qui permet son compactage. Les domaines d’utilisation
Les terrassements
Le traitement des sols à la chaux vive peut être utili-
sé pour assécher les sols et remblais des chantiers
routiers de faible portance p0, p1, p2, et les rendre
praticables par les véhicules et engins de terrasse-
ment en toutes saisons.
Les assises de chaussées
Le traitement en place à la chaux des assises de
chaussées est une solution économique, utilisée en
voirie légère (lotissements, centre commerciaux). La
structure obtenue est dotée d’une certaine souples-
se, qui rend la chaussée peu sensible aux variations
dimensionnelles d’origine thermique et prévient l’ap-
parition de fissures.
Le traitement au ciment
Le traitement au ciment Il est employé pour :
• les remblais ;
■ Principe du traitement
• la réalisation de couches de forme de qualité ;
Le ciment incorporé à un sol développe un réseau • les couches de fondation ou de base de routes, la
de liaisons entre les grains qui le composent. voirie à faible trafic, les parkings et aires de stocka-
La réaction d’hydratation du ciment présente l’avan- ge ;
tage d’une évolution rapide, ce qui permet d’obtenir • la remise en état de chemins dégradés par le gel
les résistances mécaniques nécessaires dans un ou l’eau.
délai court.

■ Les sols traités au ciment

Les sols peu plastiques dépourvus d’argile (sables, Mise en œuvre du traitement
calcaires) sont traités directement au ciment, qui leur
apporte cohésion, résistance mécanique et stabilité ■ L’épaisseur de la couche à traiter
à l’eau et au gel. Il s’agit des sols de portance p3 à
p5, ou même p2, s’ils ne sont pas gorgés d’eau. Elle dépend du type de route et du trafic qu’elle sup-
porte. A titre indicatif, le tableau suivant fournit les
■ Les sols traités à la chaux ordres de grandeur pour quelques cas types :
et au ciment

Pour les sols argileux, un traitement préalable à la


chaux est généralement nécessaire, d’une part pour
ameublir le sol dont la cohésion trop forte gênerait la
diffusion du ciment, d’autre part pour abaisser sa
teneur en eau qui est souvent trop élevée.
Pour les sols p0, p1, p2, gorgés d’eau, ce traitement
préalable est réalisé à la chaux vive, plus avide
d’eau.
Les sols de portance p0 et p1, non gorgés d’eau, sont
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préalablement traités à la chaux éteinte.

221
■ Le dosage en liant 8 % du poids de sol sec, c’est-à-dire 20 à 50 kg/m 2
pour une épaisseur de 25 à 30 cm.
Traitement à la chaux
Il dépend de la teneur en eau du sol, qui peut varier ■ Les opérations à réaliser
de 10 à 25 %, ce qui conduit à utiliser un dosage de
3 à 5 % de chaux rapporté au poids de sol sec, soit Selon le traitement et la nature du sol, tout ou partie
15 à 35 kg/m 2 pour une épaisseur traitée de 30 cm. des diverses opérations d’épandage, de malaxage
et de compactage, résumées dans le tableau sui-
Traitement au ciment vant, seront effectuées.
En fonction de la nature du sol et des caractéris-
tiques recherchées, le dosage en ciment est de 4 à

Pour consulter
le chapitre suivant,
cliquer ici.

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222
8.9 Les ponts en béton

Pont de l’Iroise.

C’est dans le domaine des ponts, ouvrages d’art par A ces structures fondamentales dont le principe de
excellence, que les ingénieurs et architectes ont fonctionnement est simple, il faut ajouter les struc-
appliqué leurs connaissances avec la plus grande tures mixtes ou composées :
créativité, en développant des techniques auda- – le BOW-STRING ou arc sous-tendu
cieuses, originales, qui ont permis la réalisation
d'ouvrages exceptionnels par leurs portées, leurs – le pont suspendu raidi par haubanage
hauteurs ou leurs procédés de construction. C'est – le pont à HAUBANS
aussi dans ce domaine que les architectes et les Pour un ouvrage donné, le choix d’un type de struc-
ingénieurs ont pu le mieux exprimer leurs complé- ture est lié à de nombreuses contraintes dont les
mentarités. plus évidentes sont souvent la recherche esthétique
Au fil des années, les progrès des matériaux et d'intégration dans un site et les portées possibles
notamment le béton armé et le béton précontraint, entre deux appuis.
l'évolution des exigences et des moyens de calcul, Les trois structures fondamentales Structures composées
les nouvelles méthodes de mise en œuvre ont
apporté des changements profonds auxquels les
constructeurs français ont largement contribué. poutre

bow-string
Le pont, ouvrage de franchissement
arcs
Pour un pont, il existe trois structures fondamen-
tales :
– la POUTRE, structure à réactions sur appuis ver- pont suspendu raidi par
ticales, haubanage

– l’ARC, structure à poussées dans laquelle les


mécanismes en jeu sont des compressions. structures suspendues
– la SUSPENSION, structure à poussées aux pont à haubans
appuis dans laquelle les mécanismes en jeu sont Schéma des structures.
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des tractions.

223
appareil d'appui
TABLIER

remblai

dalle de transition voile

semelle appui intermédiaire ( pile )

chevêtre fondation

colonne
appui d'extrémité (pile - culée ) APPUIS
semelle

Perspective d'un pont courant.


fondation

Les éléments constitutifs du pont


Quelle que soit leur application : pont-route, pont-rail,
pont-canal, passerelle piéton, ou autre, les ponts
sont constitués de deux éléments principaux :
– le TABLIER : partie sensiblement horizontale de
l'ouvrage qui assure le franchissement,

– les APPUIS qui peuvent avoir des configurations


très variées : voiles, poteaux et chevêtres, piles,
pylônes, culées, piles-culées, piédroits…

Conception des ouvrages en béton


Dans les ouvrages bien conçus, l'harmonie résulte
d'un équilibre entre l'expression de leur fonction, la
logique de leur schéma statique, la relation avec le
paysage environnant et le soin apporté au traitement
des moindres détails.
Le béton est le matériau utilisé systématiquement
Viaduc de Rogerville.
pour la réalisation des fondations et des appuis de
tous les ponts modernes. Il est aussi très largement
appliqué pour l'exécution des tabliers, soit sous la
forme de béton armé, soit sous la forme de béton
précontraint.
Tous les types de béton peuvent être envisagés
dans le cadre de la construction d'un ouvrage d'art.
Pour les ouvrages moyens et importants, les condi-
tions de formulation, de préparation, de transport et
de mise en place du béton sont définies dans un des
fascicules du cahier des clauses techniques géné-
rales (CCTG) applicable aux marchés publics de tra-
vaux : le fascicule 65A : « exécution des ouvrages de
génie civil en béton armé et précontraint ». Pour les
ouvrages de faible importance, c'est le fascicule 65B
du CCTG qui s'applique.
Dans les deux cas, les calculs justificatifs de la
conception des structures sont effectués conformé-
ment aux règles BAEL et BPEL, complétées le cas
échéant de justifications relevant par exemple de
calculs dynamiques en relation avec des disposi-
tions antisismiques et des vérifications de la stabilité
www.allislam.net Pont de Normandie en construction.
au vent.

224
Une exigence constante de bétons ■ Ponts en arc en béton armé
de qualité appuyée sur un plan Les arcs sont, avec les ponts à béquilles, les struc-
d'assurance qualité tures les mieux adaptées au franchissement de val-
lées encaissées ou de gorges profondes. L’arc,
Généralement, la composition des bétons est justi- poutre courbe à réactions d’appuis obliques, à fibre
fiée par vérification de la résistance en 2 étapes : moyenne circulaire ou parabolique, ne peut être
une épreuve d'étude et une épreuve de convenance. envisagé que sur un sol de fondation de bonne résis-
Pour la formulation des bétons, outre les exigences tance (rocher sain). Il porte un tablier qui peut être
mécaniques et esthétiques, deux aspects importants placé au-dessus de l’arc (pont en arc à tablier supé-
sont pris en compte : rieur) ou au-dessous (pont en arc à tablier suspendu
ou intermédiaire).
– l'adaptation de la maniabilité du béton frais aux
conditions et moyens de mise en œuvre, L’arc proprement dit peut être :
– le respect des exigences et recommandations du – un caisson mono ou multicellulaire pour les
Laboratoire Central des Ponts et Chaussées en grandes ouvertures
matière de prévention du risque d'alcali-réaction. – des poutres pleines entretoisées pour les ouver-
Dans certains cas, la variation des conditions clima- tures moyennes.
tiques au cours des travaux peut justifier de plu- – une dalle à nervures latérales pour les faibles
sieurs formulations de béton pour un même ouvrage, ouvertures.
par exemple bétonnage par temps chaud, bétonna- Le tablier peut être une dalle armée ou précontrainte
ge par temps froid. avec ou sans nervures, une structure mixte, un tablier
à poutres précontraintes ou une poutre caisson.
Les différents types de ponts

■ Ponts cadres, portiques et ouvrages


voûtés
De forme très simple, ces ouvrages donnent la pos-
sibilité de préfabrication partielle ou totale en usine
ou sur chantier, lorsque les dimensions le permet-
tent.

■ Ponts à poutres
Les poutres en béton armé ou en béton précontraint
peuvent être préfabriquées. Elles sont rendues soli-
daires d'une dalle de béton armé qui assure la répar-
tition transversale des sollicitations.

■ Ponts dalles
Réalisés sur le chantier, les tabliers de ponts dalles
sont en béton armé ou en béton précontraint.
Généralement de faible épaisseur, les dalles don-
nent aux franchissements un aspect harmonieux
très élancé pour des portées importantes.
Viaduc du Crozet (A 51).

Pont de la Pyrénéenne (A 64).


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225
■ Ponts en béton précontraint construits
en encorbellement
L’encorbellement consiste à construire le tablier de
pont par tronçons à partir des piles. Les tronçons
successifs sont exécutés symétriquement de part et
d'autres de la pile. Ils peuvent être coulés en place
dans des coffrages portés par des équipages
mobiles ou préfabriqués par voussoirs. Ils sont
assemblés par des câbles de précontrainte.
Pour des portées supérieures à 70 m, on a recours
à un tablier de hauteur variable plus délicat à
construire mais, plus économique et plus esthétique.
Il peut être encastré sur les piles (encastrement
total) ou simplement posé sur une file d’appareils
d’appui (appuis simples).
Transversalement le tablier est souvent un caisson
unicellulaire, le hourdis supérieur débordant en
console de part et d’autre peut être raidi par des ner-
vures transversales éventuellement précontraintes
ou par des bracons. Il est possible d’atteindre des
largeurs de l’ordre de 30 m.

Construction en encorbellement. ■ Ponts en béton précontraint construits


par poussage
La méthode de construction d’un pont par poussage
consiste à confectionner un tablier sur une ou sur les
deux rives de la brèche à franchir puis à le mettre en
place sur ses appuis définitifs par déplacement lon-
gitudinal. Cette technique a été utilisée pour la pre-
mière fois vers 1965, elle nécessite l’utilisation de
plaques d’appui permettant le glissement avec un
faible frottement (revêtement téflon ou similaire).
Pour cette technique le tablier doit être de hauteur
constante, il faut pouvoir disposer en arrière des
culées d’une longueur suffisante pour aménager l’ai-
re de fabrication du tablier (au moins longueur d'une
travée).
Le tablier peut être une dalle, une dalle nervurée, un
caisson.
Le poussage est facilité par des moyens techniques
appropriés tels que palées provisoires en béton
armé ou métalliques, avant-bec, mâts de haubanage
ou des dispositifs combinés.
Le poussage permet de construire des tronçons de
grande longueur (20 à 40 m) et nécessite de mettre
en œuvre un béton de bonne résistance à court
terme (25 à 30 MPa à 24h) et qui progresse assez
vite dans les premiers jours.
La force de poussage est appliquée par des sys-
Viaduc de la Barricade. tèmes brevetés ; le système Eberspächer est le plus
connu.

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Viaduc des Bergères.

226
■ Ponts à haubans
Le principe de ce type d’ouvrage est ancien, mais il
a eu beaucoup de difficultés pour sortir du domaine
marginal. Albert CAQUOT en 1950 à Pierrelatte,
Jean MULLER en 1975 au pont de Brotonne ont
contribué au développement de cette technique qui
a abouti avec Michel VIRLOGEUX à la réalisation du
pont de la Normandie dont la portée entre pylônes
est de 856 m.
En quelques années, le domaine d’emploi des ponts
à haubans s’est largement étendu pour des raisons
esthétiques de bonne intégration à des sites sen-
sibles. C’est une technique qui donne une très gran-
de liberté de conception architecturale.

Pont Vasco de Gama.

Pont de Normandie.

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Pont de l’Iroise.

227
■ Ponts suspendus ■ Ponts à béquilles
Cette technique a été quelque peu supplantée par Bien adaptés aux vallées encaissées et aux grandes
celle des ponts à haubans et semble limitée aux très portées, cette variante d’ouvrages en arc, permet
grandes brèches à franchir d’une seule portée. Il d’éviter les lignes verticales des pylônes de ponts à
existe toutefois en France un patrimoine de quelque câbles qui peuvent s’avérer inesthétiques dans cer-
deux cents ponts de ce type, dont la plus grande par- tains sites. Tablier et béquilles sont souvent exécutés
tie est équipée de tabliers à structures métalliques en béton précontraint.
relativement flexibles.
Pour les ouvrages importants de Tancarville et de
Bordeaux (Pont d’Aquitaine), une dalle mince en
béton armé solidaire d’une tôle en acier au moyen
de connecteurs a permis d’associer le platelage à la
structure du tablier pour en améliorer la rigidité.
Dans une conception plus récente adoptée pour le
Viaduc de Chavanon, trois raisons fondamentales
ont nécessité l’exécution d’un tablier à grande rigidi-
té propre de torsion :
– le choix pour des raisons esthétiques d’une sus-
pension axiale,
– une grande largeur de tablier : 22 m,
– absence de connexion entre les pylônes et le
tablier qui file sur 360 m entre les culées sur les-
quelles il est encastré vis à vis de la torsion. Pont sur la Truyère.
Le niveau de rigidité requis est obtenu par la solida-
risation d’une dalle-hourdis en béton B40 de 0,22 m
d’épaisseur et de 22 m de largeur précontrainte
transversalement et d’un caisson métallique central
de 9 m de largeur en fibre supérieure, complété par
des bracons supportant les très larges encorbelle-
ments du hourdis béton (encorbellement de 6,50 m).

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Viaduc du Chavanon.

228
Préfabrication d’ouvrages d’art d’un hourdis en béton armé coulé en place de
25 cm d’épaisseur pour constituer le tablier. La conti-
La préfabrication est une méthode de construction nuité d’une travée à l’autre peut être assurée par une
traditionnelle des ouvrages d’art. En la matière, il y a entretoise en béton armé, ce qui permet de réduire
lieu de distinguer trois échelles très différentes de la le nombre de pièces d’appui et de concevoir des
notion de préfabrication : appuis de faible largeur.
– l'échelle de la préfabrication transportable par voie Fréquemment, la préfabrication sur le chantier de
routière qui correspond à la fabrication de pièces pièces de grandes dimensions, les voussoirs, per-
dont la masse est limitée à 25 tonnes voire 30 met de simplifier largement les conditions de mise
tonnes : préfabrication concevable en usine, en œuvre, c’est une solution applicable aux
ouvrages construits par encorbellements.
– l'échelle de la préfabrication manipulable sur
chantier au moyen d'engins spécifiques (par Dans le cas de très grands ouvrages réalisés en site
exemple fardiers) qui correspond à des éléments marin, la préfabrication sur le rivage d’éléments de
dont la masse peut atteindre 100 à 150 tonnes : pré- très grande dimension, transportables par engins flot-
fabrication foraine, tants, est possible. C’est ainsi que, pour le pont de
la Confédération reliant l’Ile du Prince Edouard au
– l'échelle du gigantisme où les éléments préfabri-
Canada, un gigantesque catamaran a été utilisé pour
qués peuvent atteindre plusieurs milliers de tonnes,
transporter et poser des fûts de piles et des fléaux :
jusqu'à 10 000 tonnes et qui ne sont transportables
énormes éléments béton de 200 m de longueur, de
que par voie maritime soit par mise en flottaison des
9000 tonnes posés à 70 mètres de hauteur.
éléments préfabriqués eux-mêmes soit au moyen
d'engins de levage et de transports exceptionnels.
Pour des portées allant jusqu’à 20 mètres entre
appuis, il est possible d’utiliser des poutres en béton
précontraint par fils adhérents préfabriquées en
usines. Sur chantier, elles sont rendues solidaires

Poutres préfabriquées précontraintes.

Viaduc des Barrails.

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Pont de la Confédération.

229
Ouvrages innovants
La recherche permanente de progrès dans les maté-
riaux, dans les moyens de calcul, dans les méthodes
de mise en œuvre, dans les équipements de chan-
tier donne à chaque ouvrage significatif une origina-
lité par rapport aux précédents. La précontrainte
extérieure, les bétons de haute performance, l’appli-
cation de ciment blanc pour la réalisation des
tabliers, les bétons auto-plaçants, les adjuvants de
nouvelle génération, les possibilités de préfabrica-
tion, les modes de traitement de surface sont des
moyens à la disposition des maîtres d’ouvrage,
maîtres d’œuvre et entreprises dans lesquels il est
largement possible de trouver les sources raison-
nables d’originalité et de réussite technique.
Pont sur le Vecchio (Corse).

Viaduc de Vernègues (TGV Sud-Est Méditerrannée).

Viaduc de la Clidane (A 89).

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le chapitre suivant,
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230
PARTIE 9
LES RÉPONSES DU BÉTON
AUX EXIGENCES
DE SÉCURITÉ,
DE CONFORT
ET D’ENVIRONNEMENT

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9.1 La thermique

Protéger les bâtiments contre les variations ther- Les besoins énergétiques
miques, et plus particulièrement contre le froid, est d’un logement
une nécessité qui s’est affinée au fil des années
avec l’exigence de confort de leurs occupants.
Jusqu’au début des années cinquante, le chauffage Les constatations faites sur les logements et les
a assuré le maintien en température des locaux sans recherches menées en laboratoire sur maquettes ou
qu’une réglementation stricte en codifie les règles. sur modèles, ont permis de faire évoluer la connais-
Mais le rapide accroissement du coût de l’énergie et sance des phénomènes et d’établir les bases de la
la menace de raréfaction des réserves naturelles de réglementation thermique actuelle.
combustibles, ont fait prendre conscience de la A l’origine, on s’était contenté de considérer le flux
nécessité de limiter davantage la consommation de chaleur sortant, ne prenant en compte que les
d’énergie. déperditions dans le calcul d’un coefficient global de
Isoler les constructions est d’autant plus nécessaire déperdition du local : le coefficient G. Petit à petit, la
que, selon les pays, 40 à 50 % de l’énergie totale prise en compte des « apports de chaleur » (solaire,
consommée est consacrée au chauffage, domaine apports internes) et du rendement des appareils de
dans lequel le plus grand pourcentage d’économies chauffage ont permis de mieux appréhender les
peut être obtenu. C’est ainsi que l’évolution de la besoins réels, donc la consommation en énergie des
réglementation thermique conduit à réaliser depuis locaux (logements, bureaux, bâtiments industriels ou
1989 des logements consommant 50 % d’énergie en commerciaux).
moins que ceux conçus conformément à la régle-
mentation de 1974 (date du premier décret précisant ■ Les déperditions de chaleur d’un local
les exigences thermiques auxquelles doivent satis-
faire tous les logements neufs). L’ensemble des déperditions résulte de la transmis-
La RT 2000 franchit une nouvelle étape qui condui- sion de chaleur par les parois, surtout par conduc-
ra, tous les 5 ans, à réduire progressivement la tion, et de celle transmise par l’air par convection.
consommation d’énergie, de chauffage et de climati-
sation de l’ensemble des bâtiments neufs, résiden- La transmission par les parois
tiels et tertiaires. Tout matériau transmet plus ou moins bien la chaleur
et est caractérisé par sa conductivité thermique λ :
faible pour les matériaux isolants (de l’ordre de 0,040
W/m °C pour le polystyrène expansé), forte pour les
métaux (200 W/m °C pour l’aluminium). Pour le béton
usuel, elle vaut 1,75 W/m °C.
La connaissance des conductivités thermiques des
Il faut souligner que la seule isolation thermique matériaux permet de déterminer le coefficient K de
ne résoud pas tous les problèmes : globale- transmission surfacique d’une paroi quelconque, flux
ment ce n’est pas la solution qui optimise la de chaleur transmis par cette paroi, par unité de
consommation énergétique ; elle ne tient pas surface et pour un écart de température de 1 °C entre
suffisamment compte de la notion de l’intérieur et l’extérieur. On parle plus généralement
confort (aussi bien en hiver qu’en été). de la résistance thermique R d’une paroi, inverse de
Un autre facteur entre en ligne de compte grâce K qui est la somme de la résistance proprement dite
e
au rôle de stockage et de régulation qu’il joue : de la paroi (pour une paroi homogène d’épaisseur e),
l’inertie thermique de la construction. λ
et des résistances superficielles d’échange des faces
Les expérimentations ont montré que l’emploi intérieures et extérieures :
de matériaux lourds, et notamment du béton,
permettait de profiter pleinement des apports 1 1
+
solaires, donc de limiter les besoins en chauffa- hi he
ge, tout en jouant un rôle régulateur, qui évite la La valeur de R, exprimée en m2 °C / W, est donc
surchauffe des locaux en toutes saisons. (e exprimé en mètre) :
1 e 1 1
R= = + +
www.allislam.net K λ hi he

233
Pour des matériaux hétérogènes constituant les élé- déperdition Ubât, des valeurs limites (les « garde-
ments de construction, on définit des résistances fous ») pour les déperditions de certaines parois
thermiques utiles dont les valeurs sont fournies par ainsi que celles des ponts thermiques dus aux liai-
la norme P 50-702 « Règles TH-K – Règles de cal- sons planchers/murs.
cul des caractéristiques thermiques utiles des parois
de construction. ». COEFFICIENTS aI (ARRÊTÉ DU 29 NOVEMBRE 2000)
Par exemple, pour une maçonnerie non enduite
constituée de blocs creux en béton de 20 cm COEFFICIENT ai ZONES H1 et H2 ZONES H3
d’épaisseur, la résistance thermique utile Ru est de a1 (W/m2K) 0,40 0,47
l’ordre de 0,20 m2 °C / W. a2 (W/m2K) 0,23 0,30
a3 (W/m2K) 0,30 0,30
Les déperditions par renouvellement d’air
a4 (W/m2K) 0,30 0,43
Pour respirer et assurer l’hygiène en empêchant les a5 (W/m2K) 1,50 1,50
condensations de vapeur d’eau, il est nécessaire de a6 (W/m2K) 2,40 2,60
renouveler périodiquement l’air des locaux (de a7 (W/m2K) 2,00 2,35
l’ordre de 0,5 à une fois leur volume par heure). L’air
a8 (W/m2K) 0,50 0,50
froid venant de l’extérieur se réchauffe en absorbant
une certaine quantité de chaleur perdue lors de son a9 (W/m2K) (1) (2)
évacuation. a10 (W/m2K) (3) (4)

(1) 0,7 pour les maisons individuelles


Les déperditions par les parois (2) 0,7 pour les maisons individuelles
La réglementation RT 2000 conduit à déterminer les (3) 0,9 pour les autres bâtiments
(4) 0,9 pour les autres bâtiments
déperditions pour l’ensemble des parois d’un bâti-
ment et à calculer le coefficient Ubât - coefficient de
transmission surfacique moyen de l’enveloppe sépa-
rant l’intérieur du bâtiment de l’extérieur, d’un local
non chauffé ou du sol (sous-sol non chauffé ou terre LES 3 ZONES CLIMATIQUES DE LA FRANCE
plein).

Ubât = ∑ (U.A +  L) (exprimé en W/ °K.m2)


∑A

Avec :

U = coefficient de déperdition surfacique associé à la surface A de la


paroi
 = coefficient de déperdition linéique associé à la longueur L de la
liaison
Ubât intègre les ponts thermiques et tient compte des pertes vers les
locaux non chauffés. En revanche, il est indépendant de la ventilation,
rappelée ci-dessus. Les éléments de calcul de Ubât sont décrits dans le
document Règles Th-U (à paraître courant 2001). Il faut souligner
qu’outre les valeurs limites d’isolation de certaines parties de la
construction (désignées « garde-fous ») définies par l’arrêté du 29
novembre 2000, le coefficient Ubât ne doit pas excéder, dans le cas des
bâtiments d’habitation, de plus de 30 % le coefficient Ubât-réf .

La valeur de référence, Ubât-réf est déterminée par la


formule suivante :

a1.A1 + a2.A2+a3.A3+a4.A4+a5.A5+a6.A6+a7.A7+a8.L8+a9.L9+a10.L10
Ubât-réf =
A1+A2+A3+A4+A5+A6+A7

Les valeurs Ai sont les surfaces des murs, planchers 1. LES RÉFÉRENCES D’ISOLATION ZONES H1 ET H2
sous combles, toitures terrasses, planchers bas,
portes, fenêtres nues et fenêtres équipées de ferme-
ture.
Les valeurs Li sont les linéaires de planchers inter-
médiaires et de toitures terrasses, principales
sources des ponts thermiques.
Les coefficients ai sont fixés par arrêté.
La France est découpée en 3 zones climatiques
d’hiver H1, H2, H3 qui déterminent les valeurs de
référence des coefficients ai d’isolation des parois.
La réglementation RT 2000 introduit en plus du
respect d’une valeur globale des coefficients de
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234
2. LES RÉFÉRENCES D’ISOLATION ZONES H3 On verra plus loin comment l’inertie thermique du
bâtiment peut être exploitée pour améliorer le
confort thermique d’été des occupants et diminuer la
puissance nécessaire à la climatisation éventuelle
des locaux.

La réglementation thermique RT 2000


Le décret relatif aux caractéristiques thermiques des
constructions, modifiant le code de la construction et
de l’habitation ainsi que l’arrêté relatif aux caracté-
ristiques thermiques des bâtiments nouveaux et des
parties nouvelles de bâtiments ont été publiés au
journal officiel le 30 novembre 2000.
Le RT 2000 s’applique à tous les bâtiments neufs,
résidentiels ou non dont le permis de construire est
déposé à partir du 2 juin 2001, à l’exception des
3. LES GARDE-FOUS D’ISOLATION ZONES H1 ET H2 constructions suivantes :
• les bâtiments dont la température intérieure est
inférieure ou égale à 12 °C ;
• les bâtiments climatisés ou chauffés en raison d’un
processus industriel ;
• les piscines, patinoires et bâtiments d’élevage.
Pour respecter la réglementation thermique 2000, un
bâtiment neuf, résidentiel ou tertiaire, doit satisfaire à
trois exigences :
• consommation d’énergie inférieure à celle d’un
bâtiment ayant des caractéristiques thermiques de
référence (isolation, système de chauffage, de venti-
lation, d’eau chaude sanitaire, éclairage, etc.) :
C ≤ Créf
• en été, température intérieure inférieure à celle
A titre d’exemples le schéma n° 3 précise les valeurs d’un bâtiment ayant des caractéristiques thermiques
garde-fous d’isolation en zones H1 et H2. de référence (protections solaires, possibilité d’ou-
verture des fenêtres,...) :
■ Les apports de chaleur Tic ≤ Ticréf
La seule prise en compte des déperditions par les • les caractéristiques de l’isolation thermique des
parois n’est pas totalement satisfaisante, car elle parois et des équipements de chauffage, ventilation,
peut conduire à renforcer abusivement l’isolation des climatisation, eau chaude sanitaire, éclairage (pour le
murs, à diminuer les surfaces vitrées – moins iso- tertiaire) et de protection solaire doivent présenter
lantes qu’une paroi opaque – ou même à limiter exa- des performances minimales appelées « garde-fou ».
gérément la ventilation.
En particulier, un critère pourtant très important Respect des exigences de la RT 2000
n’était pas considéré, à l’origine : les apports de cha-
leur, essentiellement d’origine solaire.
Deux approches peuvent être utilisées pour satisfaire
Pour capter ce flux solaire, les baies vitrées et la les exigences de la réglementation :
capacité de stockage des parois constituent des fac-
teurs essentiels.
■ Par le calcul

Le calcul de la consommation et de la température


est une voie normale pour optimiser les projets et
vérifier le respect de la réglementation. Les coeffi-
cients de consommation (C) et de consommation de
référence (Créf) ainsi que la température intérieure
(Tic) et la température intérieure de référence (Ticréf),
sont déterminés avec l’aide de logiciels spécialisés.
Les documents de référence pour les méthodes de
calcul sont les règles publiées au journal officiel le
1er décembre 2000 :
• TH-C pour le calcul des consommations d’énergie
dans le bâtiment,
• TH-E pour le calcul des températures pour le
confort d’été.
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235
■ Par les solutions techniques agréées 2. Isolation par l’extérieur

La solution précédente impose une connaissance


approfondie des textes. On peut se référer à des
solutions techniques plus simples attachées à des
familles de bâtiments définies par leur destination et Intérieur
leurs principes constructifs et architecturaux (mai-
sons individuelles en maçonnerie, locaux scolaires,
ateliers de productions…). Extérieur
Pour un type de bâtiment donné, une solution tech-
nique décrit une combinaison de moyens (isolation
thermique des parois, équipements de chauffage,
ventilation, protections solaires, etc.) repérés par
leurs caractéristiques thermiques fournies par l’éti-
quetage ou le fabricant, qu’il suffit de mettre en Isolant
œuvre pour respecter la réglementation thermique.
Le respect d’une solution technique agréée vaut res-
pect de la réglementation. Il s’agit d’une approche La solution est thermiquement très satisfaisante
très libérale puisque tous les acteurs souhaitant mais d’une mise en œuvre et d’un coût plus pénali-
aider à l’application de la réglementation thermique sants que les techniques actuelles.
(industriels, maîtres d’ouvrages, distributeurs d’éner-
gie, etc.) peuvent proposer des solutions techniques 3. Matériaux structurels isolants
et les faire agréer par les pouvoirs publics.
Le ministère de l’Equipement, des Transports et du
Logement (direction générale de l’Urbanisme, de
l’Habitat et de la Construction) doit notamment pro-
duire une solution technique applicable aux maisons
individuelles.

Traitement des ponts thermiques


Isolation répartie
La réglementation incite à traiter les ponts ther- dans le matériau
miques qui peuvent représenter jusqu’à 40 % des
pertes de chaleur par les parois. Elle introduit un
garde-fou qui deviendra contraignant lors du pro-
chain renforcement de la réglementation à l’horizon Les bétons de granulats légers et le béton cellulaire
2005. Dans l’intervalle, il appartient aux profession- répondent à ces exigences et sont bien adaptés
nels de développer des solutions. Les règles Th-U pour des structures peu chargées (c’est le cas
fourniront les valeurs des coefficients linéiques qui notamment de l’habitat individuel).
couvrent la grande majorité des ponts thermiques
courants.
4. Double mur ou blocs de maçonnerie désoli-
Les solutions constructives actuelles ont jusqu’ici
plus ou moins bien résolu le traitement des ponts darisant paroi porteuse et paroi extérieure

;;
thermiques ; les voies possibles d’amélioration sem-
blent devoir s’orienter vers quatre familles de solu- Le double mur est peu développé en France ; par
tions : contre les blocs avec lame isolante ou les blocs à

;;; ;
bancher isolants existent et pourraient être dévelop-
1. Coupure thermique entre about de plancher pés à la faveur de la mise en place de la RT 2000.

; ;
et mur extérieur (rupteurs thermiques).
■ Le confort d’été

;
Il faut souligner ici l’apport novateur de la RT 2000
Mur puisque pour la première fois, le confort d’été des

;
Béton coulé bâtiments non climatisés est pris en compte dans la
Isolant en place réglementation thermique. Cette décision procède
d’un double constat : les exigences croissantes
d’isolation ainsi que les nouvelles pratiques de
construction, qui peuvent conduire à des inerties
thermiques faibles et augmentent les risques d’in-
confort.
Cependant, dans de nombreux cas, il est possible
d’obtenir un confort satisfaisant sans recours à un
Prédalle système spécifique de climatisation. L’objectif de
l’approche réglementaire est de limiter l’inconfort en
tenant compte des contraintes de l’environnement
climatique et acoustique et des possibilités tech-
Cette solution présente l’avantage d’être compatible niques et économiques.
avec les techniques constructives actuelles de gros Comme pour la limitation de la consommation
œuvre et de doublage isolant intérieur. d’énergie en réglementation thermique d’hiver le
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236
confort d’été peut être obtenu par deux voies : ZONES CLIMATIQUES D’ÉTÉ
– le calcul conformément aux règles TH-E : l’appli-
cation des caractéristiques de référence permet de
calculer la température atteinte pour une journée
type d’été (Ticréf qui prend en compte l’inertie ther-
mique du bâtiment). Cette valeur Ticref (prise au Ea
moins égale à 26 °C) est la valeur à ne pas dépas-
ser pour le projet considéré.
– la conformité à des solutions de référence qui
déterminent pour la zone climatique considérée, Eb
l’orientation des baies où l’exposition au bruit (per-
mettant ou non l’ouverture des baies la nuit, le degré
d’inertie de la construction ou la nature des protec-
tions solaires.
Ec
L’inertie thermique, facteur de confort
et d’économies d’énergie Ed

■ Les apports solaires et les apports


internes

Les apports dits « gratuits » (solaires et internes)


entrent de façon très appréciable dans le bilan ther- Les quatre zones : zones climatiques d’été Ea, Eb, Ec, Ed, définies sur
une base départementale ;
mique des logements. Le développement d’une
« architecture solaire passive » doit permettre d’ob-
tenir une meilleure utilisation des apports solaires : majeur de stockage d’énergie. Leur intérêt ne se
orientation du bâtiment, importance des surfaces limite pas aux économies d’énergie qu’il entraîne,
vitrées au sud, mais aussi maîtrise de l’inertie ther- mais représente également une importante contri-
mique. bution à la notion de confort, d’hiver comme d’été en
Le processus physique d’introduction de l’énergie écrêtant les pointes de température.
solaire dans un bâtiment fait jouer aux matériaux qui De façon simplifiée, on peut considérer que le flux
le composent, en fonction de leur inertie, un rôle solaire pénétrant par un vitrage et tombant sur une
surface – le plus souvent le
plancher – en élève la tem-
pérature superficielle, avec
comme conséquences, la
pénétration d’une partie
du flux dans la masse du
plancher, le rayonnement
vers les autres parois et
le réchauffement de l’air
ambiant par convection.
Le phénomène provoque
une montée en température
progressive des parois. Si
l’énergie solaire est supé-
rieure à celle que nécessite
le maintien de la températu-
re désirée, il se produit une
« surchauffe », d’autant plus
prononcée que le bâtiment
est bien isolé et de faible
inertie.

Consommation annuelle d’énergie


pour le chauffage de trois cellules
types en zones H1 /H2 et H3.
Nombre de jours de surchauffe
www.allislam.net (> 27 °C).

237
Lorsque le flux solaire diminue, les phénomènes Dans le cas où un plancher haut, lourd en béton, aug-
s’inversent et les parois restituent progressivement mente encore l’inertie thermique, le gain supplémentai-
l’énergie calorifique qu’elles ont emmagasinée. re de consommation est appréciable, surtout en zone
Le rôle de l’inertie des parois apparaît donc essen- H1/H2. Le confort d’été est également amélioré.Le rôle
tiel, non seulement dans la réduction des consom- de l’inertie thermique s’avère donc indiscutable :
mations annuelles, mais aussi dans le confort, c’est- l’accroissement des masses permet de diminuer les
à-dire le maintien de la régularité de la température. consommations annuelles et d’augmenter la qualité
du confort par une régulation naturelle des tempéra-
Des études menées par l’INSA de Lyon et plus récem- tures résultantes.
ment par le CSTB ont mis en évidence les avantages
de l’utilisation de matériaux lourds, et notamment du Le béton se révèle être, dans le domaine des maté-
béton, dans la construction. Les études ont été faites riaux lourds, celui qui présente le plus d’avantages
par modélisation et confirmée par des mesures sur de ce point de vue et devrait donc voir son rôle s’ac-
des cellules-types présentant le même degré d’iso- croître dans le domaine de la thermique des
lation, mais faisant appel à des conceptions diffé- constructions.
rentes.
Pour les trois cellules les plus significatives considé-
rées dans l’étude de l’INSA, allant de l’inertie la plus
faible à la plus forte, l’économie d’énergie sur une
année est de l’ordre de 20 à 30 %.
En matière de confort, les résultats ont été appréciés
à partir des mesures de la température intérieure et
du nombre d’heures où celle-ci dépassait la limite
considérée comme seuil de confort de 27°.
L’utilisation de murs en béton complétés par une isola-
tion permet à l’inertie thermique de jouer à plein son
rôle de stockage et de régulation de la chaleur. La
consommation diminue nettement (surtout en zone
H3) et le confort augmente : températures de pointe
moins élevées, pendant un nombre d’heures très dimi-
nué par rapport à une construction de faible inertie.

L’inertie de la construction amortit les pointes de température et la


maintient à un seuil acceptable : 24 à 25,5 °C, au lieu de 33 °C
pour une cellule légère. (Ex. de températures intérieures relevées au
cours d’une semaine d’été en zone H3).

En conclusion, parmi les multiples possibilités


offertes par la réglementation thermique actuelle, les
résultats précédents montrent que l’on doit privilé-
gier les solutions faisant appel à des matériaux
lourds comme le béton, dont le bon emploi en com-
binaison avec une isolation complémentaire se tra-
duit par une sensible économie d’énergie et un
confort dû à la suppression des phénomènes de sur-
chauffe, particulièrement gênants lorsque les écarts
de température diurne et nocturne sont importants.
La thermographie permet de déterminer avec précision
les zones de déperdition d’une construction.
Pour consulter
le chapitre suivant,
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238
9.2 L’acoustique

L’acoustique est la science physique et physiolo-


gique de l’émission, de la propagation et de la récep-
tion des sons. Si les premières connaissances rela-
tives à ce sujet sont déjà anciennes, les lois établis-
sant le caractère vibratoire des ondes sonores ne
datent que du XVIIe siècle.
Le développement des nuisances sonores (bruits),
engendrées par la vie moderne, a conduit à prendre
en compte la qualité acoustique des constructions.
La réglementation fixe des valeurs d’isolement pour
les logements, aussi bien vis-à-vis des bruits exté-
rieurs que vis-à-vis des bruits provenant des locaux
voisins.
L’isolation acoustique des locaux est basée sur l’af-
faiblissement de la transmission des sons par les
parois périphériques.
Une loi expérimentale, dite loi de masse, a établi
l’amélioration de l’affaiblissement lorsque la masse
d’une paroi simple (la majorité des parois sépara-
tives) augmente.

Le béton apporte ainsi une solution efficace à


la réalisation de parois présentant, pour une L’intensité du son est évaluée à partir du niveau de
épaisseur acceptable, le degré d’affaiblisse- pression acoustique Lp (exprimé en décibels), fonc-
ment acoustique souhaitable : un mur de tion logarithmique de la valeur relative de la pression
béton plein de 18 cm d’épaisseur, représen- acoustique efficace p de l’onde sonore par rapport à
tant une masse surfacique de 400 à la pression acoustique po de référence qui corres-
450 kg/m2, procure un affaiblissement de pond au seuil d’audibilité.
p
58 dB (A) alors que l’exigence réglementaire
courante est de 54 dB (A).
Lp = 10 log ( )po
2

Ce résultat est d’autant plus remarquable que


la fréquence critique – inévitable, quel que
soit le matériau et correspondant à une dimi-
nution de l’isolement – se déplace vers des
fréquences basses lorsque la paroi s’alourdit
et intervient donc dans une plage où l’oreille y
est alors peu sensible.

Le son
Le son est un phénomène physique qui se traduit
par la mise en vibration du milieu entourant la sour-
ce d’excitation qui en est la cause. La vibration du
milieu (généralement l’air) applique au tympan de
l’oreille une suite de variations de pressions, à l’ori-
gine de la sensation physiologique auditive.
La perception sensorielle est influencée par deux
caractéristiques importantes du son : son intensité et
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sa fréquence.

239
La fréquence exprimée en Hertz (Hz) est le nombre d’égale sensation sonore (sonie), dont le niveau d’in-
de vibrations par seconde. L’oreille fait correspondre tensité sonore décroît avec la fréquence (la percep-
à la fréquence les sensations physiologiques de hau- tion de l’oreille croît en effet à mesure que la fré-
teur du son qui permettent de distinguer les sons quence augmente jusqu’à 3 à 4 000 Hz).
graves (fréquence basse) des sons aigus (fréquence Le niveau sonore d’un bruit ainsi pondéré par fré-
élevée). L’oreille humaine perçoit les sons dont la fré- quences peut être exprimé par une seule valeur, qui
quence est comprise entre 20 et 20 000 Hz. est le niveau sonore global pondéré exprimé en
Le bruit est une association complexe de sons de dB(A).
fréquences différentes. Si on représente le niveau de Le bruit route précédemment défini correspond, par
pression sonore en fonction de la fréquence, on exemple, à un niveau global pondéré de 70 dB(A).
obtient un diagramme appelé spectre du bruit.
La capacité d’isolement d’une paroi est générale-
ment fournie avec deux valeurs, correspondant à
l’affaiblissement acoustique obtenu avec le bruit rose
d’une part, avec le bruit route d’autre part.
Un mur en blocs pleins en béton de 20 cm enduits
deux faces procure ainsi un affaiblissement R rose de
59 dB(A) et R route de 54 dB(A).
La seconde valeur (R route) est toujours plus faible
que celle de R rose, car une paroi est plus sensible
aux fréquences basses, dont le niveau d’intensité est
plus fort dans le spectre du bruit route.

Spectre d’un bruit.

L’isolation d’une paroi n’est pas la même selon la fré-


quence du son, la perception par l’oreille non plus.
C’est pourquoi on classe les sons selon leur fré-
quence : graves (20 à 400 Hz), médiums (400 à
1 600 Hz) ou aigus (1 600 à 20 000 Hz). Protection contre le « bruit route » : les écrans anti-bruit en béton.

Dans l’étude de la transmission des sons dans les


bâtiments, on utilise des bruits d’émission dont le
spectre est normalisé : « bruit rose » pour les
mesures de bruits intérieurs, « bruit route » pour les
mesures de bruits provenant de l’extérieur.
Le bruit rose est un bruit dont l’énergie sonore est
également répartie entre les bandes d’octave (inter- Les bruits et la construction
valle de fréquence compris entre une fréquence f et
une fréquence 2f). ■ Les principales sources de bruits
Pour un spectre reporté sur un graphique avec une
échelle logarithmique de fréquences, le bruit rose On peut distinguer les bruits intérieurs à la construc-
est donc représenté par une droite horizontale. tion et les bruits extérieurs.
Le bruit route correspond à un spectre reproduisant Parmi les premiers, les plus importants sont les per-
un trafic routier moyen. Ce spectre résulte de nom- sonnes elles-mêmes : une conversation normale
breuses mesures de trafics réels et présente par entraîne un niveau moyen de 55 à 60 dB(A), des cris
octaves les valeurs d’énergie suivantes. de bébé peuvent atteindre 100 dB(A). Les appareils
de télévision ou de musique vont de 75 à 90 dB(A),
les équipements ménagers de 60 dB(A) pour une
machine à laver à 80 dB(A) pour une essoreuse ou
un robot ménager, les équipements sanitaires de 70
à 75 dB(A) pour une chasse d’eau ou le remplissage
d’une baignoire.
Les bruits en provenance de l’extérieur sont essen-
tiellement liés au trafic automobile (70 à 80 dB(A)
pour un trafic normal, jusqu’à 90 dB(A) pour des
Pour simplifier l’expression du niveau sonore d’un véhicules lourds ou utilitaires).
bruit émis ou reçu et le représenter par une seule Localement, peuvent intervenir d’autres bruits :
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valeur, on a été conduit à déterminer des courbes avions, trains, chantiers ou ateliers divers.

240
■ La transmission des bruits

Les bruits aériens


Les bruits aériens sont produits par des sources
sonores dont l’énergie acoustique, lors de son émis-
sion, est transmise uniquement à l’air qui l’entoure.
La transmission d’un bruit aérien d’un local à un
autre, ou de l’extérieur à l’intérieur d’un bâtiment,
peut se faire directement par voie aérienne lorsqu’il
existe des ouvertures ou un défaut d’étanchéité à
l’air. Valeurs d’isolement de quelques parois en béton.
Elle se fait plus généralement par la mise en vibration
des différentes parois délimitant le local considéré.
Il faut enfin mentionner l’existence d’une fréquence
critique pour laquelle toute paroi présente une chute
sensible d’isolement.
La fréquence critique est d’autant plus basse que le
matériau est lourd. Elle se situe alors dans une plage
où l’oreille y est peu sensible : pour les parois
lourdes en béton de 20 cm d’épaisseur, la fréquence
critique se situe à environ 60 Hz ; pour une paroi
légère, elle peut intervenir à 500 Hz, voire 1 000 Hz
pour une glace de 10 mm d’épaisseur.
Une paroi double se comporte comme un système
mécanique masse-ressort-masse, la lame d’air com-
prise entre les deux parois jouant le rôle de ressort.
Cette association entraîne l’existence d’une fréquen-
ce de résonance de l’ensemble, pour laquelle l’affai-
Il y a donc transmission directe par la paroi sépara- blissement acoustique passe par un minimum.
tive des deux locaux (ou extérieur/local) et indirecte Au-delà de cette fréquence, la pente de la courbe
par les parois adjacentes. Si l’isolement d’une paroi d’isolement croît plus vite que la loi de masse, ce qui
individuelle peut être mesuré, en laboratoire, en permet de constituer des parois doubles présentant
transmission directe, il est par contre beaucoup plus une bonne isolation en associant des matériaux
difficile d’apprécier l’importance des transmissions appropriés et en veillant à ce que la fréquence de
indirectes dans une construction réelle. Elles peu- résonance se situe à une fréquence basse peu
vent représenter une énergie aussi importante que gênante. Cette fréquence doit être la plus voisine
celle correspondant à la transmission directe. possible de la limite basse du spectre audible.
Les principaux paramètres sont les masses relatives Généralement, les cloisons à parois multiples
des différentes cloisons, les liaisons entre elles, ainsi usuelles utilisées entre logements ont une fréquen-
que la présence de canalisations favorisant la pro- ce de résonance comprise entre 60 et 80 Hz.
pagation des sons.
Fréquence de résonance d’une paroi double.
L’indice d’affaiblissement acoustique (R) d’une paroi
simple varie selon une loi expérimentale qui met en
évidence l’influence logarithmique de la masse : le
doublement de la masse se traduit par un gain de
6 dB pour l’indice d’affaiblissement. Par ailleurs, cet
indice croît également avec la fréquence : les sons
graves sont mieux transmis par une paroi que les
sons aigus.

Loi de masse expérimentale.

Pour qu’une paroi double soit efficace, elle doit rem-


plir plusieurs conditions :
• désolidarisation pour éliminer les transmissions
www.allislam.net parasites ;

241
• parois dissemblables pour qu’elles n’aient pas la
même fréquence critique ;
• distance suffisante entre parois, car elle influe
directement sur la fréquence de résonance ;
• absorbant acoustique entre parois pour amortir les
ondes stationnaires.
Les bruits d’impact
Une paroi peut être mise en vibration directement
par un choc, ou par les pas pour un plancher.
Comme précédemment, la transmission ne se limite
pas à la paroi directement sollicitée, mais se fait éga-
lement par les parois adjacentes.

L’isolation acoustique des bâtiments


■ Vis-à-vis des bruits extérieurs

Bien qu’on ne soit pas toujours maître de l’implanta-


tion, la première protection d’un bâtiment contre les
bruits extérieurs réside dans sa disposition et dans
Transmission des bruits d’impact. son architecture. Il sera toujours préférable d’orienter
le bâtiment selon un axe parallèle à la direction de
propagation du bruit : le pignon est toujours plus faci-
Lorsqu’on interpose entre la paroi et la source de le à protéger que les ouvertures en façade.
choc un matériau élastique, on atténue le niveau
d’énergie transmise dans les fréquences élevées. Le Des bâtiments bas sont plus faciles à protéger par
bruit est donc surtout perçu dans les fréquences des écrans, le sol jouant en plus un rôle absorbant.
basses, moins gênantes pour l’oreille, et est reconnu Il ne faut pas oublier enfin que l’efficacité de l’affai-
comme un bruit sourd. blissement acoustique apportée par une paroi peut
Pour apprécier le comportement des parois sou- être affectée de façon importante par les défauts
mises à un bruit de choc, on mesure l’affaiblissement d’étanchéité à l’air des ouvertures, par la présence
acoustique de la paroi lorsqu’on lui applique un choc de dispositifs d’entrée d’air mal conçus ou par des
produit par une machine à chocs normalisée. coffres de volets roulants non traités avec des maté-
riaux absorbants.
Les bruits produits par les équipements (chauffage,
appareils sanitaires), sans être à proprement parler L’emploi du béton en murs extérieurs permet toujours
des bruits de chocs, peuvent cependant y être assi- d’obtenir un résultat efficace en matière d’isolement
milés car ils agissent directement sur les parois aux- puisque, quelle que soit la solution adoptée (béton
quelles ils sont fixés, en leur transmettant les vibra- banché, blocs en béton pleins ou creux d’agrégats
tions qu’ils produisent. lourds ou légers), l’affaiblissement acoustique d’une
paroi de 20 cm d’épaisseur varie entre 50 et 60
La paroi transmettra d’autant plus ce type de bruits dB(A). Il faut néanmoins veiller à ce que les jonctions
qu’elle sera légère et rigide et que l’on n’aura pas façade/refends, murs/planchers ou entre panneaux
désolidarisé efficacement les équipements ou les ne constituent pas de ponts phoniques et soient cor-
canalisations de la paroi sur laquelle ils sont fixés. rectement calfeutrées ou doublées.
A l’intérieur comme à l’extérieur, des appareils de mesure permettent
d’évaluer le niveau sonore des bruits. ■ Vis-à-vis des bruits intérieurs

Généralement, on ne se préoccupe que de l’isolation


entre logements ou à l’égard des parties communes.
L’isolation entre les pièces d’un même logement fait
rarement l’objet d’un traitement particulier, bien qu’elle
puisse constituer un élément de confort supplémentaire.
Pour les parois entre logements (murs et planchers),
on considère la règle de la masse surfacique 400 à
450 kg/m2 comme une base minimale pour une
simple paroi. Ce résultat est obtenu avec le béton
banché en 18 cm d’épaisseur ou avec des blocs
creux en béton enduits de 25 cm d’épaisseur. Des
cloisons à parois multiples, par exemple deux fois 15
cm avec interposition d’un isolant, peuvent être éga-
lement réalisées ; elles donnent généralement satis-
faction, surtout dans les fréquences moyennes et
aiguës (à partir de 500 Hz). Les transmissions indi-
rectes sont néanmoins supérieures avec ce type de
cloisons et la mise en œuvre doit être soignée, car
www.allislam.net l’étanchéité au pourtour est fondamentale.

242
L’apport d’un doublage utilisant la laine minérale sur
une paroi présentant une insuffisance acoustique
peut apporter une amélioration, sous réserve que les
transmissions latérales ne soient pas prépondé-
rantes et que les ponts phoniques dus à des fissures
ou à la présence de canalisations aient fait l’objet
d’un traitement.
Il ne faut pas négliger enfin l’influence des portes
palières vis-à-vis des parties communes, ou des
conduits de ventilation qui, lorsqu’ils sont mal
conçus, peuvent faire perdre tout le bénéfice d’une
isolation correcte d’une paroi.
Les planchers doivent apporter une protection effi-
cace, à la fois contre les bruits aériens et contre les
bruits d’impact.
Pour la première condition, les règles appliquées
aux murs restent valables, en particulier le seuil de
400 à 450 kg/m2 pour la masse surfacique d’un plan-
cher à dalle pleine, obtenu avec une épaisseur de 18
Le béton isole des bruits et participe à l’acoustique interne (un conser-
vatoire de musique et l’opéra de la Bastille). cm de béton.
Les planchers avec entrevous béton satisfont égale-
ment les exigences réglementaires, à condition de
vérifier les valeurs d’affaiblissement global de l’en-
semble du plancher fournies par les producteurs, en
fonction du type et de l’épaisseur des différents élé-
ments (poutrelles, entrevous, dalles de compres-
sion).
Pour les bureaux, les hôtels, les écoles, les hôpitaux,
des exigences plus sévères doivent faire l’objet
d’une étude particulière en fonction des perfor-
mances des systèmes.
En ce qui concerne les bruits d’impact, les planchers
constitués de matériaux de module d’élasticité élevé
nécessitent un revêtement qui apporte la correction
souhaitable. Dans les pièces carrelées, on réalise
généralement une dalle flottante avec interposition
d’un matériau résilient, qui assure une désolidarisa-
tion avec le plancher et les autres parois et limite la
transmission. La désolidarisation est également la
règle pour les équipements et les canalisations :
cales souples pour les appareils sanitaires, joints
souples périphériques pour les baignoires adossées
Au centre de Toulouse, les bruits de la rue et leurs décibels. à une cloison, manchons à la traversée des parois
par les tuyaux.

■ Les traitements intérieurs des pièces

Les ondes sonores frappant une paroi se réfléchis-


sent en cédant une partie plus ou moins importante
d’énergie selon le degré d’absorption de la paroi.
Selon les matériaux, l’absorption est plus ou moins
marquée en fonction des gammes de fréquence. Les
réflexions multiples, appelées réverbérations, sur les
parois d’une pièce peuvent, en outre, être à l’origine
d’un phénomène de persistance des sons (écho) qui
nécessite un traitement particulier.
Pour les pièces d’habitation, le rôle absorbant est
joué par les revêtements ainsi que par le mobilier.
Dans certaines pièces d’habitation ou dans les
bureaux où ce problème peut présenter une gêne,
on est amené à prévoir des dispositions particulières
apportant une correction acoustique, notamment par
l’emploi de plafonds très absorbants (dits acous-
tiques).
Les locaux tels que les studios d’enregistrement ou
les salles de spectacle nécessitent des études parti-
culières pour obtenir une acoustique satisfaisante. Il
faut faire appel à des matériaux spécifiques absor-
bants pour certaines parois (pièges à sons), réflé-
www.allislam.net chissants à d’autres emplacements.

243
■ Les aspects réglementaires Le label « confort acoustique » prévoit des niveaux
d’isolement améliorés de 5 dB(A), par rapport aux
Des arrêtés, remis à jour périodiquement, fixent les seuils réglementaires, selon les pièces considérées.
isolements minimaux pour les bruits extérieurs et Les seuils fixés varient entre 56 et 59 dB(A).
intérieurs pour les différentes catégories de locaux.
En ce qui concerne les logements, l’isolement
demandé vis-à-vis des bruits extérieurs (spectre
route) est d’au moins 30, 35, 40 ou 45 dB(A) selon
les zones d’exposition.
Pour les bruits intérieurs, le degré d’isolement pour
un bruit rose de 86 dB(A) est fixé à 54 dB(A) dans
les pièces principales et à 51 dB(A) dans les cui-
sines et salles d’eau.
Le niveau de pression mesuré dans la pièce de
réception, lorsque l’on produit des bruits d’impact
avec la machine à chocs normalisée, ne doit pas
excéder 61 dB(A).
La réglementation introduit aussi les bruits d’absorp-
tion qui font l’objet de spécifications.

SEUILS DE PRESSION ACOUSTIQUE


ET DEGRÉ D’ISOLEMENT DES LOGEMENTS
Réglementaires (NRA 1995)

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244
9.3 Sécurité
en cas d’incendie

Nombre d’incendies selon les activités en 1997 Dans la mémoire collective et le subconscient
humain, le feu reste encore de nos jours, un fléau
110 000 107 423 redouté, cause de paniques et de pertes importantes
en vies et en biens.
100 000
1. Tous les acteurs de la construction se doivent
d’employer les meilleures parades tant législatives
90 000
E.R.P.
que constructives et les meilleurs matériaux pour
80 000
Habitations - bureaux
Locaux industriels
le combattre et limiter ses effets dévastateurs.
Entrepôts - docks
Véhicules
2. Les interventions des sapeurs-pompiers s’élèvent
70 000 Forêt - landes - broussailles
Feux de cheminée
à près de 3,230 millions en France ; 9,95 % concer-
Autres nent les incendies (5 % en Région parisienne).
60 000
50 140 54 477 La répartition des sinistres par activités est à rap-
50 000 procher du nombre de victimes.
On note une évolution préoccupante du nombre des
Nombre d'incendies

36 857
40 000 interventions et des victimes dans les établissements
34 697 d’habitations et les bureaux (50 140) ainsi que dans
30 000 les établissements industriels et entrepôts (12 000).
20 000 Selon l’APSAD 75 % des entreprises sinistrées
déposent leur bilan.
10 000 6 217 5 663 6 280
Le coût direct des incendies s’élève à 15 milliards de
francs. Les causes des incendies sont qualifiées de
0 000 naturelles ou d’accidentelles. On retiendra que sou-
vent un facteur humain est à l’origine du sinistre.
Dans le milieu industriel, la malveillance est en pro-
gression.
Répartition du nombre des victimes d’incendie Pour lutter efficacement contre le feu, la législation a
en France, en 1997, (hors BSPP – BMPM) imposé des réglementations. Un accroissement des
exigences portant sur la conception des bâtiment et
Personnes Blessés Blessés
décédées graves légers

Etablissements
recevant 19 18 217
du public En ce qui concerne le béton, son caractère
incombustible est une évidence. Il faut, en outre,
Habitations, 150 318 1 980 souligner sa faible vitesse d’échauffement. Sou-
bureaux
mis à une température correspondant à celle
Locaux 2 24 152 d’un incendie, le béton n’atteint au bout d’une
industriels heure que 350 °C à 3 cm de profondeur et
100 °C à 7,5 cm. Ces températures sont très en
Entrepôts - 1 6 35 deçà de celles pour lesquelles les caractéris-
docks tiques du matériau sont affectées de façon sen-
Véhicules 446statistiques
2 645en cours
12 129 sible (environ 600 °C). Elles montrent l’efficacité
de la protection assurée par une paroi en béton,
Feux de forêt 8 21 91 aussi bien du point de vue de sa stabilité que de
Feux de la propagation du feu. Le béton armé, moyen-
3 25 114 nant un enrobage suffisant des armatures,
cheminées
constitue donc une solution économique et sûre
Autres 37 70 688 dans la réalisation de structures résistant au feu
Totaux partiels 220 482 3 277 et de parois jouant un rôle coupe-feu.
www.allislam.net

245
notamment ceux recevant du public et des tra- Principes de la réglementation incendie
vailleurs, actualise les règles et les contrôles tout en
précisant les responsabilités. Des normes et essais Si la réglementation française vise essentiellement à
complètent le dispositif, permettent les classements assurer la protection des personnes, on retiendra
des matériaux et intègrent les évolutions technolo- que les assureurs préconisent des mesures propres
giques et exigences européennes. à protéger les biens.
Les grands principes tendent à :
Les directives européennes – limiter les risques d’éclosion du feu ;
– limiter la propagation de l’incendie ;
Le 21 décembre 1988, une directive du Conseil des
communautés européennes, « Directive Produits de – évacuer les personnes en danger ;
Construction » a mis en exergue tout l’intérêt des – faciliter l’intervention des secours.
législateurs Européens pour arriver à terme à une Des règles constructives assorties de prescriptions
harmonisation des règles afin d’aboutir à une libre de sécurité concernent les bâtiments neufs à modi-
circulation des produits. fier et aménager.
Six exigences essentielles ont été retenues. Parmi Elles s’appliquent aux :
elles, la sécurité en cas d’incendie doit être prise en – établissements recevant du public (ERP) ;
compte pour la bonne construction d’un ouvrage.
– immeubles de grande hauteur (IGH) ;
Un ouvrage doit être conçu et construit de manière
qu’en cas d’incendie : – bâtiments industriels et bureaux (code du travail) ;
1. La stabilité des éléments porteurs de l’ouvrage – installations classées pour la protection de l’envi-
puisse être présumée pendant une durée déter- ronnement (ICPE) ;
minée. – garages et parkings ;
2. L’apparition et la propagation du feu et de la – bâtiments d’habitation qui sont répartis en quatre
fumée à l’intérieur de l’ouvrage soient limitées. familles (les mesures de sécurité augmentent en
3. L’extension du feu à des ouvrages voisins soient fonction de la hauteur).
limitée. En ce qui concerne les (IGH) immeubles de grande
4. Les occupants puissent quitter l’ouvrage hauteur (plus de 50 m pour les habitations, 28 m
indemnes où être secourus. pour les autres bâtiments), le règlement est plus exi-
geant en matière de compartimentage, et de stabi-
5. La sécurité des Équipes de secours soit prise en lité pour éviter la propagation du feu.
compte.
Les dispositions concernant le dèsenfumage sont
Des normes d’essais et de calcul permettront la véri- également bien précisées pour les IGH et les ERP.
fication des performances des différents éléments Les fumées présentent en effet, une double action :
de construction. la toxicité et l’opacité. Il est donc nécessaire, dans
les locaux réunissant de nombreux occupants, de
minimiser le rôle direct qu’elles jouent en créant une
réaction de panique par manque de visibilité pour les
occupants, et en gênant les interventions des
secours.
Une notion globale de système de sécurité incendie
a été introduite dans le règlement de sécurité.

Connaissance du feu -
développement de l’incendie
Le feu est un phénomène dynamique compliqué qui
peut conduire à la destruction d’un bâtiment.

ÉCLOSION + PROPAGATION = DESTRUCTION

De cette constatation et de la connaissance des


Brigade des sapeurs-pompiers de Paris. phénomènes, découle l’essentiel des mesures de
Studio AB SAT, Saint-Denis, 1997.
sécurité incendie.
Trois composants sont nécessaires au développe-
ment du feu :
Un bâtiment ne pourra être efficacement pro-
tégé en cas d’incendie que si et seulement si les – le combustible (les matières) ;
structures offrent des garanties de stabilité suf- – la source d’énergie (une flamme) ;
fisamment longtemps pour permettre la mise en – le comburant (l’air).
œuvre des matériels des sapeurs-pompiers. La combustion d’un incendie passe par plusieurs
Sans cela, l’action de ces derniers sera inopé- phases :
rante, ils ne pourront pas pénétrer à l’intérieur en
toute sécurité afin de maîtriser le feu au plus vite – allumage ;
et protéger ainsi les biens et points névralgiques – initiation ;
de la vie de l’entreprise et au sauvetage des per- – embrasement ;
sonnes qui n’ont pu être évacuées – combustion ;
www.allislam.net – décroissance.

246
Développement d'un incendie et risques écran

combustion
gaz chauds gaz chauds
refroidissement
température

convection
extinction
embrasement
(flash over)

rayonnement rayonnement
initiation
allumage

temps
risques inflammation développement destruction
ignition des fumées, des structures
des flammes et
de la chaleur
tirage tirage

conduction

C’est à ce stade qu’il est particulièrement Feu dans un entrepôt de stockage


important que les matériaux utilisés pour de mobilier en plastique
les parois présentent des caractéristiques
propres à maintenir la stabilité de l’ouvrage,
d’une part, et à empêcher le passage des
flammes et de la fumée, d’autre part. La résis-
tance au feu est la caractéristique qui permet
d’apprécier le comportement des matériaux
face à ces phénomènes.

La propagation du feu se fait par l’inflammation des


cibles exposées à la chaleur du premier foyer,
lorsque celles-ci atteignent à leur tour la températu-
re d’allumage. Au cours de cette phase, les maté-
riaux de revêtement des murs et des plafonds sont
les plus exposés et participent au développement du
feu selon leur degré d’inflammabilité.
Un bâtiment a été sauvé grâce au mur coupe-feu en blocs de béton.
L’embrasement généralisé d’un local correspond à
un régime stationnaire de combustion, qui ne
dépend plus que de la quantité de combustible et de
la dimension des ouvertures. Tous les matériaux
thermodégradables présents entrent en combustion.
Les flux thermiques engendrés deviennent dange-
reux, à la fois pour les personnes et pour les biens
matériels.

Mode de propagation du feu :


– conduction ;
– rayonnement ;
– convection.
La propagation du feu a été
possible. Elle s’est faite par
Dans la phase de démarrage, il y a inflammation rayonnement et transport
des matériaux combustibles situés à proximité des gaz chauds
immédiate du foyer initial. Cette phase est fonction
du volume du local, du débit d’oxygène, de la quan-
tité de matières combustibles et de leur degré de
réaction au feu. Le comportement au feu
Le code de la construction et de l’habitation
(art. R 121-1) prévoit une classification des maté-
riaux et éléments de construction en fonction de leur
comportement en cas d’incendie.
Deux critères sont ainsi appréciés :
– la réaction au feu c’est-à-dire l’aliment qui peut être
www.allislam.net apporté au feu et au développement de l’incendie ;

247
– la résistance au feu, c’est-à-dire le temps pen- L’arrêté du 3 août 1999 mis en application du code
dant lequel les éléments de construction peuvent précise les critères retenus pour les éléments de
jouer le rôle qui leur est dévolu malgré l’action de construction.
l’incendie. La classification est établie en tenant compte du
Le classement des matériaux est déterminé temps pendant lequel sont satisfaites les conditions
conformément à l’arrêté du 30 juin 1983 du Ministre imposées relatives à :
de l’intérieur. – la résistance mécanique ;
Il concerne les matériaux de construction finis et les – l’isolation thermique ;
revêtements appliqués sur leurs supports (pan- – ces deux critères cumulés.
neaux, plaques, films, feuilles, tubes, etc.).
Aussi, selon les fonctions particulières et le rôle
qu’est appelé à jouer au cours d’un incendie un élé-
ment de construction, son classement peut relever
Les bétons, les mortiers de ciments de trois catégories.
et de chaux sont par nature incombustibles
et classés M0 1. Classement de stabilité au feu (SF)
Le critère de résistance mécanique est requis, on
mesure le temps pendant lequel un ouvrage struc-
Classement de réaction au feu turel (poteau, poutre, voile, etc...) ou un élément
de construction soumis à une charge assurent
Incombustible M0 Béton leur fonction sans s’effondrer.
mortier 2. Classement pare-flammes (PF)
Les critères de résistance mécanique et d’étan-
Combustible M1 non inflammable chéité aux flammes et gaz chauds ou inflam-
M2 difficilement inflammable mables sont requis (paroi, cloison, porte, etc...).
M3 moyennement inflammable 3. Classement coupe-feu (CF)
M4 facilement inflammable L’élément testé doit répondre aux trois critères
NC non classé (résistance mécanique, étanchéité aux flammes
et gaz, isolation thermique).

Les matières premières ne sont pas concernées. Nota


Les matériaux sont classés en deux groupes ; com- Les gaines et conduits se voient attribuer un classe-
bustibles et incombustibles et cinq catégories M0 à ment PF ou CF de traversée de paroi.
M4 et non classé.
Les quantités de chaleur dégagées et la présence
ou l’absence de gaz inflammables permettent ces Classement de résistance au feu
classifications.
On retiendra que selon des statistiques officielles, et Les essais au four sont exécutés sur des éléments
l’analyse de scénarios de feu en habitation, 15 % de construction mis en œuvre dans les conditions
impliquent des mousses et produits de synthèse et habituelles d’utilisation, en fermant une face d’un
que les décès sont dus pour 80 % aux dégagements four. A l’intérieur du four, la montée en température
de gaz et de fumées. est assurée de façon conventionnelle.

Évolution Européenne -
Classement de réaction au feu
Dans un but d’harmonisation, la Commission
Européenne a adopté en 1999 un système de
classement en réaction au feu des produits de
construction.
Six euroclasses allant de A à F des matériaux
les moins combustibles aux plus combustibles
pourront remplacer le classement français de
M0 à M4.

Nota : le béton est les mortiers resteront Essai de plancher béton sur four horizontal
encore incombustibles – classement A.

Méthodes de classification
Les degrés de résistance au feu des éléments de
La résistance au feu construction sont déterminés par l’une des
méthodes suivantes :
La réglementation est basée sur la conception de
bâtiments susceptibles d’empêcher la propagation 1. A la suite d’essais conventionnels, isolés ou de
d’un incendie et qui ménagent des cheminements gamme ;
d’évacuation pour les occupants : c’est le principe du 2. A la suite d’essais conventionnels assortis d’es-
compartimentage des locaux. Le code de la construc- sais complémentaires ;
tion et de l’habitation précise l’objectif à atteindre 3. Après avis du CECMI, à la suite d’essais semi-
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pour la classification de la résistance au feu. naturels ou naturels ;

248
CLASSEMENT DE RÉSISTANCE AU FEU DES ÉLÉMENTS DE CONSTRUCTION

CRITERES A SATISFAIRE éléments concernés


Classement stabilité étanchéité aux Isolation
mécanique flammes et aux gaz thermique
Poteaux
Stable au feu (SF) X
Poutres
Blocs-portes
Pare-flammes (PF) X X
Murs et cloisons
Murs et cloisons
Coupe-feu (CF) X X X Planchers

exemple : un poteau ayant satisfait au critère de résistance pendant 1 h 10 sera classé degré stable au feu 1 h (seuil directement inférieur à celui
obtenu lors de l’essai. Les classements après essais sont exprimés en degrés et en durée 1/4 h - 1/2 h - 3/4 h - 1 h - 1 h 30 - 2 h - 3 h - 4 h - 6 h.

4. Par extension à un procès-verbal antérieur ;


5. Par le calcul selon des méthodes agréées après Considérations pour le concepteur sur les
avis du CECMI, telles que les normes ; notions de résistance au feu :
6. Par application des normes ou de l’Eurocode 1. Les degrés de résistance au feu déterminés
agréés après avis du CECMI entérinant des pro- par le programme thermique normalisé ne
cédés de fabrication ; représentent pas le temps réel de résistan-
ce au feu de ces éléments lors d’un incen-
7. Par un processus mixte, dans lequel par exemple die. Ils ont uniquement pour but de classer
les durées de satisfaction aux critères d’isolation ces éléments les uns par rapport aux autres.
et d’étanchéité sont déterminées expérimentale-
ment et la stabilité est évaluée par le calcul soit 2. La résistance au feu exigée pour les élé-
directement, soit à partir des températures mesu- ments de structure vise uniquement à per-
rées lors d’un essai ; mettre l’évacuation du public et des tiers
éventuels situés dans le même bâtiment.
8. Par analogie à des cas antérieurs dont les labora- Elle ne prétend pas assurer la sauvegarde
toires ont connaissance (dispositifs ou systèmes de l’immeuble après l’évacuation.
banalisés).
3. La stabilité au feu de la structure doit être
maintenue en permanence
CECMI : comité d’étude et de classification des
Les maîtres d’œuvres peuvent utiliser des
matériaux et éléments de construction
éléments de construction ayant une résis-
par rapport au danger d’incendie.
tance supérieure pour obtenir une meilleure
CSTB
CTICM
GERBAM
}
laboratoires agréés

CERIB : centre d’études et de recherches de


conservation du bâtiment.
Dans tous les cas le béton satisfait à ces consi-
dérations.
l’industrie du béton.

La prévision du comportement
°C des structures en béton
1300
Les impératifs de stabilité d’un ouvrage en cas d’in-
cendie ont conduit à prévoir le comportement des
1100 structures soumises aux effets du feu et les moyens
de les calculer.
900 Les normes ont été élaborées pour répondre à ce
besoin pour les différents matériaux constitutifs :
béton, acier, bois. La prévision par le calcul du com-
700 portement au feu des structures en béton fait l’objet
de la norme P 92-701 (DTU feu béton).
Le principe de justification des structures béton
500
repose sur le calcul aux états limites ultimes de
résistance, en affectant les contraintes d’un coeffi-
300 cient minorateur dépendant de la température attein-
te dans la section considérée.
Les températures mesurées dans le béton montrent
100 leur rapide décroissance en fonction de l’éloignement
de la surface exposée au feu : après une heure d’ex-
1/2 1 1,1/2 2 3 4 position, 500 °C à 1,5 cm, 350 °C à 3 cm et 100 °C à
heures 7,5 cm de profondeur. Lorsque l’on sait que le béton
www.allislam.net dispose encore de 50 à 60 % de sa capacité de résis-
Évolution des températures selon la courbe ISO 834
249
tance à 600 °C – ce qui constitue un avantage par tats des essais effectués sur des éléments de struc-
rapport à l’acier qui, à cette température, présente un ture types, qui permettent d’apprécier leur degré de
affaiblissement de ses caractéristiques mécaniques résistance au feu. Pour les ouvrages particuliers, le
de 75 à 80 % –, on peut en conclure que la stabilité calcul peut s’avérer pratique.
d’une structure est, dans la plupart des cas, assurée • Pour les planchers et les poutres, on a intérêt à
pendant une durée largement suffisante à une inter- assurer la continuité de la transmission des efforts
vention et à l’évacuation des occupants. Exigences par des aciers disposés en partie supérieure,
essentielles de la réglementation. moins affectée en cas d’incendie.
Le dimensionnement des structures, du point de vue • L’augmentation de l’enrobage des aciers est favo-
de leur résistance au feu, est généralement délicat à rable à la stabilité au feu ; au-delà d’une certaine
déterminer par le calcul. Dans la plupart des cas, on épaisseur, l’emploi d’un treillage de protection per-
peut éviter cette démarche en se référant aux résul- met de s’opposer à l’éclatement du béton.

CLOISONS ET MURS EN BLOC DE BÉTON NON ENDUITS

Dimensions Type de Référence de Date limite Degré Degré P.F. Degré Classe de
des blocs bloc N° du PV d’essai reconduction de validité C.F. résistance S.F. résistance Utilisation
10 x 20 x 50 plein CSTB 92.33345 SF.DE.97.0477 12/05/2002 1 h 30 6h - B 80 cloison
20 x 20 x 40 plein CSTB 93.35280 6h 6h 6h B 160
20 x 20 x 50 perforé CSTB RS 97023 - juin 2002 6h 6h 6h B 120 mur
15 x 20 x 50 Creux 1 CSTB 85.22776 SF.TE. 96 0240 25/02/2001 1 h 30 3h 4h B 40 porteur
rangée
d’alvéoles
15 x 20 x 50 Creux 2 CSTB 85.22031 SF.TE 95 560 19/06/2000 3h 6h 6h B 40
rangées
d’alvéoles
Les matériaux et éléments de construction cités ci-après constituent un guide. Ils ont été testés par les laboratoires agréés à la suite de
demandes d’industriels ou des centres de recherches dont le CERIB.

Feu « entrepôts du port de Gennevilliers (92) »


photo René Dosne

Le mur coupe-feu en blocs de


Photo R Dosne.

béton 20x20x50, CF 4 h a par-


faitement rempli sa mission.
Le feu a été contenu dans ses
limites
La structure s’est effondrée.
Photo BSPP

Photo BSPP

Dans les domaines du stockage industriel des matériaux inflammables et combustibles, le béton est un gage de sécurité fiable.

Avec le béton, le maintien des propriétés des structures est assuré. L’incendie reste limité à une zone ou un
compartiment. Ce n’est pas le cas des autres matériaux.
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250
En immeuble d’habitation, les
façades et ossatures béton assu-

Photo BSPP
photo BSPP

rent le respect facile du C + D et la


non propagation du feu aux étages
supérieurs.
En IGH, les planchers béton coupe-feu 2 heures évitent les catas-
trophes

Les règles constructives


Évolution Européenne (résistance au feu)
Pour l’ensemble des ouvrages en béton armé, cer-
taines règles constructives générales facilitent la Un arrêté du 22 juillet 1997 du ministère de l’in-
conception de structures aptes à satisfaire les cri- térieur a donné la possibilité d’utiliser les
tères d’exigence de résistance au feu et leur confè- Eurocodes européens (prénormes) pour déter-
rent des degrés coupe-feu et stables au feu large- miner par le calcul les degrés de résistance au
ment supérieurs aux exigences de la plupart des feu des éléments de construction.
bâtiments. L’EC2 (règles de calculs des constructions en
Les joints de dilatation conçus pour s’opposer aux béton) et en particulier la partie 1-2 (calcul au
passage des flammes et des gaz doivent tenir comp- feu) peut être appliquée.
te des variations dimensionnelles provoquées par Performances futures : les critères retenus
l’élévation de température en cas d’incendie. par le CEN sont proches des critères français.
Il convient de s’habituer aux nouveaux critères :
R - E - I.
R : capacité portante
E : étanchéité aux flammes
I : isolation thermique.
Les degrés en minutes sont pratiquement identiques.
Exemple : un mur coupe-feu 2 heures sera classé
REI 120.

Règles simples concernant les poteaux


L’évolution des températures à l’intérieur d’un élément en béton, en fonction du temps, de l’exposition au feu et
de sa section, conduit à préconiser des sections de poteaux croissant avec la durée de résistance au feu envi-
sagée. On constate qu’avec des sections usuelles (20 x 20 cm), les poteaux exposés au feu sur une face
sont stables au feu pendant trois heures, ce qui est largement supérieur aux exigences des bâtiments
d’habitation (toutes familles) et de la plupart des autres bâtiments.

DURÉE DE RÉSISTANCE AU FEU 1/2 h 1h 1 h 1/2 2h 3h 4h

Poteau exposé au feu sur les quatre faces 15 20 24 30 36 45


Poteaux exposé au feu sur une face 10 12 14 16 20 26
Dimensions minimales d’un poteau à section carrée (coté en cm) selon le degré de résistance au feu.

Règles simples concernant les murs porteurs


Les valeurs d’épaisseur et d’enrobage d’acier d’un mur en béton armé en fonction de la résistance au feu
escomptée sont fournies par le tableau suivant.

DURÉE DE RÉSISTANCE AU FEU 1/2 h 1h 1 h 1/2 2h 3h 4h

Épaisseur du mur (cm) 10 11 13 15 20 25


Enrobage des aciers pris en compte dans les calculs (cm) 1 2 3 4 6 7

Rappel : Les parois en maçonnerie de blocs creux présentent un degré stable au feu et pare-flammes de 6 heures et un degré coupe-feu
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de 3 heures pour une épaisseur de 15 cm. (CF tableau précédent).

251
Les dalles pleines pour planchers
Pour les dalles isostatiques de planchers, dont les armatures au niveau des appuis sont prévus pour équilibrer
les moments de flexion, l’épaisseur cumulée de la dalle et de la chape doit respecter les valeurs suivantes.

DURÉE DE RÉSISTANCE AU FEU 1/2 h 1h 1 h 1/2 2h 3h 4h

Épaisseur minimale (cm) 6 7 9 11 15 17.5

Degré de résistance au feu d’une dalle plancher (aciers sur les appuis).

Conclusion
Le béton permet la réalisation d’éléments de
construction présentant la résistance au feu requise
avec des épaisseurs courantes sans surdimension-
nement.
Le béton est bien adapté aux exigences des
immeubles de grande hauteur et des établissements
recevant du public ou, sous réserve d’un enrobage
correct des armatures, il assure largement la résis-
tance exigée pour les structures ou pour le compar-
timentage.
Les bâtiments préfabriqués à base d’éléments en
béton ont de par leur constitution un comportement
tout à fait favorable à une bonne tenue au feu.
Il convient de souligner que si la réglementation ne Même lorsque les aciers ont été mis à nu par le feu, la dalle de
prend en considération que la protection des per- béton résiste.
sonnes, celle des biens, et donc des ouvrages, est
délaissée par le législateur. Il appartient aux assu-
rances de prendre en compte le risque incendie. Le
béton, là encore, bénéficie des meilleures prises en
compte, le maximum de réduction de la prime d’as-
surance lui est accordé.
Enfin, on notera que les bâtiments en béton, après
un incendie, offrent l’avantage de ne pas s’effondrer.
De plus, par des moyens simples (réparation de sur-
face par projection), il est généralement possible de
les remettre en état rapidement. La reprise de l’acti-
vité permet de limiter les pertes d’exploitation.

Nota
Le calcul d’éléments de structure en béton (poteaux,
poutres, dalles, etc.) est maintenant possible grâce au
logiciel CIM’Feu élaboré par le CSTB à la demande de
Cimbéton

Un bâtiment en béton même fortement endommagé par un


incendie peut être rapidement remis en état.

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252
Crédit photographique
A. Bérenguier, M.-C. Bordaz, BP (Bonn), Bruel & Kjaer, C2M, Calcia, CERIB, CF/L, H. Chapon, Chapsol,
Ciments Lafarge, Ciments d’Origny, Citec, Colla, Coverland, Cridofibre, Dumez, ELF, Feder, Feder Béton,FIB,
E. Findji, D. Freppel, Photothèque Freyssinet, M. Gadreau, Archipress/Goustard, Hanry, Itinea, Lancy, LFI,
Y. Mallier, Méridionale de Travaux, M. Moch, D. Morog, Noroma, Outinord, C. Parent, B. Perret, R. Pierry,
Plâtres Lafarge, PPB, Prolifix, PTC, Ricard, P. Seisson, Setra, Sika, SNCF, Redland, Siporex, A. Tiberghien,
Thomann, TSA, Unibéton, VICAT, P. Voncken, VSL, Weber et Broutin, X… droits réservés.

Mise en page et réalisation Photogravure Impression CTP


Amprincipe Paris APS et Atelier André Michel Mame
R.C.S. Paris B 389 103 805

Édition juillet 2001


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