Les différentes nuances et qualités d’aciers sont fournies par les sociétés productrices
avec les caractéristiques garanties par les normes de qualités, par les documents propres à
chaque société ou par contrats particuliers entre les parties.
La détermination de ces caractéristiques et leur contrôle sont effectués suivant des
processus normalisés qui sont les essais.
Les résultats exprimés par ces essais ne sont pas des indications absolues, mais
constituent une échelle de valeurs comparatives étroitement liées aux conditions des essais, et
il est donc évident que ces conditions doivent être scrupuleusement respectées tant du point de
vue des modes opératoires proprement décrits dans les diverses normes d’essais.
Les conditions de prélèvement des éprouvettes sont énumérées d’une façon général dans
la norme NFAO-3-111 (décembre 1965), et sont précisées en détails dans les normes relatives
aux nuances et qualités des produits ; elles indiquent notamment, pour les essais mécaniques
• L’emplacement du prélèvement.
• Le sens du prélèvement (axe longitudinal de l’éprouvette parallèle ou
perpendiculaire à la direction du laminage).
• Les types d’éprouvettes (éprouvettes proportionnelles, cylindriques, prismatiques ou
éventuellement, tronçon du produit).
• L’état métallurgique de l’éprouvette (brute de laminage, normalisée, traitée…..).
Le non respect de ces conditions enlève toute signification aux résultats obtenues.
1. Introduction
2. Généralités sur les ruptures
2.1. Faciès macroscopiques de rupture
2.2. Modes de rupture
2.3. Contraintes plane. Déformation planes
3. Analyse des contraintes et des déformations au voisinage de l’extrémité d’une fissure
4. Propagation brutale d’une fissure
4.1. Critère de contrainte
4.2. Critère d’énergie
4.3. Equivalence entre les deux critères de propagation brutale
4.4. Critère de Criffith
4.5. Critère de Griffith-Orowan
5. Etude de la zone plastique
5.1. Utilisation des critères de Tresca et de Von Mises
5.2. Analyse d’Irwin
5.3. Analyse élasto-plastique
6. Détermination de KIc
6.1. Dimensions des éprouvettes
6.2. Eprouvettes
6.3. Fissuration par fatigue
6.4. Dispositifs d’essai
6.5. Détermination de KIc
7. Influence de la température et de la vitesse sur KIc
1
7.1. Influence de la température KIc
7.2. Influence de la vitesse sur KIc
8. Applications de la mécanique de la rupture à l’étude de la fatigue
8.1. Fissuration lente
8.2. Initiation
9. Applications de mécanique de la rupture à l’étude de la corrosion
10. Applications de la mécanique de rupture au calcul des structures
11. Limitations de la mécanique linéaire élastique de la rupture . Nouveaux concepts
11.1. Ecartement au fond de fissure C.O.D
11.2. Intégrale J de Rice
11.3. Concept de l’énergie équivalente
11.4. Courbes R
11.5. Energie de crique nulle E.C.O
12. Corrélations entre KIc et d’autres paramètres de fragilité
13. Conclusions
13.1. La rupture fragile
13.2. La mécanique de la rupture
14. Bibliographie
Notations
T température (°c)
V écartement des lèvres de l’entaille (mm)
W largeur de l’éprouvette (mm)
W travail (J)
a longueur de la fissure (mm). (Pour certaines éprouvettes, la longueur de la fissure 2a)
b longueur du ligament non fissuré (b=W-a)(mm)
2
g module de cisaillement
n coefficient d’écrouissage
r coordonnées polaire
r nombre caractérisant la position du centre de rotation
r rayon de la zone plastique (mm)
t temps (s)
ui déplacements en fond de fissure
K variation de K au cours d’un cycle de fatigue ( K =Kmax −Kmin ) (MPa.mm1/2)
Ks valeur de K au dessous de laquelle une fissure ne se propage pas (MPa.m 1/2)
s énergie superficielle
ouverture en fond de fissure (C.O.D) (mm)
ij déformations
coordonnées polaire
coefficient de poisson
rayon à fond d’entaille ( mm)
contrainte (N/mm2)
ij contraintes au fond de fissure
N contrainte nominale (N/mm2)
y limite d’élasticité (N/mm2) (y=Rey étant la notation américaine)
énergie potentielle du corps fissuré
U énergie de déformation.
Introduction
Les calculs de structures effectués par les bureaux d’étude et basés sur les
caractéristiques mécaniques classiques (limite d’élasticité, résistance) ne tiennent pas
compte de la ténacité des matériaux ; le constructeur, à partir des données fournies par le
bureau d’étude, choisit le matériau pour réaliser sa pièce, mais son choix ne dépend que de
l’expérience.
Actuellement, un certain nombre d’industries, en particulier l’aéronautique, demandent
des matériaux à caractéristique les plus élevées possibles ; ces alliages ont généralement
une ductilité limitée. Sous certaines conditions de contraintes, un défaut, même de
dimensions très petites, peut alors conduire à des ruptures brutales.
Ces défauts sont inévitables dans toute structure ; même dans des matériaux aussi propre
que possible, en particulier sans inclusions, ils peuvent se créer après soudage, ou par
corrosion sous tension, ou par fatigue si la structure est soumise à des charges cycliques.
Devant l’impossibilité de pouvoir calculer des structures à partir des résultats de la rupture
fragile classique, il a paru fondamental de pouvoir prévoir les dimensions critiques des
défauts qui, sous des conditions de contrainte données, provoquaient des ruptures
catastrophiques. Cela a conduit à l’introduction d’une certaine caractéristique de ténacité
du matériau (‘fracture toughness ») caractérisant l’aptitude d’un métal à résister à la
propagation brutale d’une fissure.
Avant d’exposer les concepts de la mécanique de la rupture, il faut insister sur le fait
que l’application des résultats de la théorie aux alliages à très haute résistance connaît un
succès total. A titre d’exemple, nous avons reporté au tableau I les résultats de certains
chercheurs qui ont comparé les longueurs critiques des fissures obtenues à partir de la
théorie aux longueurs de fissures réelles ayant provoquée la rupture de structures
industrielles (même des rotors). On constate que l’accord est excellent.
3
Tableau I Comparaison des longueurs de fissures calculées et des longueurs de fissures
réelles
Nature de la Métal Contrainte de Limite d’élasticité Dimensions Dimensions
piéce rupture (N/mm2) à température fissure réelle fissure calculée
ambiante (mm) (mm)
(N/mm2)
Réservoir 17-7PH 800 1130 2,1 1,9
pression
Réservoir 17-7PH 1050 1100 1,9 1,8
pression
Réservoir 17-7PH 740 1130 1 1,2
pression (tête)
Réservoir 17-7PH 760 1110 1,4 1,6
pression (tête)
Réservoir 17-7PH 850 1150 1,4 1,6
pression
Rotor Arizona
0,3c 350 580 =38 =18
Rotor Pittsburgh 2,5Ni 170 520
51.127 =127
Rotor Ridgeland 0,5Mo 340 600
=50
0,1V =36
• 17-7PH: acier inoxydable martensitique à durcissement structural
Avant d’étudier les fondements mathématiques de la mécanique de la rupture, il faut
souligner quelques points très important qui permettent au départ de comprendre pourquoi la
mécanique de la rupture permet de mettre en évidence des paramètres intrinsèques du métal.
Alors que les essais de rupture fragile classiques ne le permettent pas. On sait, en effet que
différents facteurs non propres au matériau ont une influence marquée sur les températures de
transition obtenues par exemple avec des essais de résilience. On peut citer :
• L’épaisseur de l’éprouvette.
• L’acuité de l’entaille (définie par le facteur de concentration de contrainte).
Dans la mécanique de la rupture, on extrapole les valeurs de ces paramètres. C’est ainsi
que :
• L’épaisseur de l’éprouvette est suffisante pour conduire à un état de déformations
planes. Donc, au-dessus d’une certaine épaisseur critique, toutes les caractéristiques que
l’on peut déterminer à partir d’un essai sont les mêmes (contrainte de rupture,
température de transition, valeur d’un paramètre que l’on appellera KIc) ;
• L’acuité d’entaille, est la, plus grande possible (on l’obtient dans les essais par
fissuration en fatigue). On peut montrer en effet qu’il existe une acuité critique (définie
par exemple par le rayon à fond de d’entaille) au dessous de laquelle le caractéristiques
que l’on peut déterminer à partir d’un essai sont les mêmes.
Ces deux extrapolations permettent d’approcher de plus prés les caractéristiques propres
au métal.
On verra de plus, que la mécanique de la rupture permet d’étudier la rupture de
matériaux qui ne présentent pas en première approximation de transition ductile-fragile. Il s’agit
principalement des aciers à très haute résistance : ces aciers ont en effet des courbes
« résilience-température» très plates à partir desquelles il est souvent très difficile de pouvoir
différencier les matériaux.
4
A l’échelle macroscopique, les surfaces de rupture sont loin d’avoir des formes simples.
On peut cependant considérer deux modes principaux de rupture : la rupture plate et la rupture
inclinée. Ces deux modes sont indiquées sur la figure 1. La rupture plate (1a) correspond à une
surface de rupture perpendiculaire à la direction de la contrainte principale maximale ; on la
trouve généralement dans des ruptures se produisant avec une déformation plastique faible
(c’est le cas, par exemple, des ruptures fragiles des aciers présentant une transition ductile-
fragile). Quand le plan est incliné (1b), la rupture s’accompagne généralement d’une forte
déformation plastique.
Dans la plupart des cas, la rupture est une combinaison des deux types élémentaires
précédentes (figure 1c, 1d, 1e). Ceci sera discuté plus loin.
Considérons un état dans lequel une fissure plane est soumise à un système de forces ;
supposons de plus que la propagation de cette fissure se fasse dans son plan . On montre que
l’état le plus général de propagation peut être ramené à la superposition de trois modes simples :
• Dans le mode I (mode par ouverture), les surfaces de la fissure se déplacent
perpendiculairement l’une à l’autre (figure 2.I).
• Dans le mode II (glissement droit), le surfaces de la fissure se déplacent dans le même
plan et dans une direction perpendiculaire au front de la fissure (figure 2.II).
• Dans le mode III (glissement vis), les surfaces de la fissure se déplacent dans le même
plan et dans une direction parallèle au front de la fissure (figure 2.III).
La surface de rupture plate que nous avons considérée dans le paragraphe 2.1 correspond
au mode I de rupture ; de même, une rupture inclinée correspond à une superposition des modes
II et III.
Signalons que les ruptures dangereuses sont généralement des ruptures de mode I. C’est
la raison pour laquelle la plupart des études de la mécanique des ruptures ont porté sur ce mode.
5
Figure 2 : Schéma montrant les trois modes de rupture simples les flèches représentant
déplacement des points de la surface fissurée dans chaque cas, la fissure se propage de gauche
à droite
Pour préciser les idées, nous allons voir comment on peut obtenir différents modes de
rupture avec une éprouvette soumise à un effort uni axial, ce qui pourrait à priori paraître
contradictoire.
Considérons donc une éprouvette fissurée rompue en traction. Dans la plupart des cas,
il existe au centre de l’éprouvette une rupture plate de mode I puisque la contrainte principale
est alors perpendiculaire à la surface fissurée ; en fait, c’est le dépassement d’une valeur critique
pour la contrainte normale qui est responsable de la propagation de la fissure en mode I ; la
forte tri axialité empêche toute déformation en cisaillement. Sur les faces de l’éprouvette, on
observe une rupture inclinée qui correspond à la superposition des modes de propagation II et
III : dans ces zones, la tri axialité est très faible, ce qui permet une propagation de la fissure par
cisaillement.
On constate bien ces différents faciès de rupture sur la figure 3.
6
Figure 3 : surface de rupture
Nous allons définir de façon plus précise l’état des contraintes. Dans la pratique
courante, on envisage deus cas simples qui représentent bien ce que l’on observe
expérimentalement :
• On dira que l’on un état de contraintes planes si, avec les notations de la figure 4, on a :
zz = xz = yz .
7
On obtient cet état dans la zone centrale d’une to^le épaisse (alors que sur les faces
latérales on est dans un état de contrainte planes).
Si l’on reprend l’éprouvette fissurée rompue en traction (figure 3), le fait d’être dans un
état de déformations planes au centre entraîne que :
zz =( xx + yy)=2 xx
(car xx = yy dans le plan de la fissure)
Les trois contraintes sont alors :
1
2 =1
3 =2 1
Sur les faces de l’éprouvette, le fait d’être en contraintes planes entraîne que zz =0
Les trois contraintes principales sont alors :
1
2 =1
3 =0
On constate bien que les triaxialités sont différentes ainsi que les contraintes de
cisaillement ; par conséquent, les modes de rupture ne sont pas les mêmes.
2 r
xx = K I cos 1−sin sin 3
2 2 2
2 r
yy = K I cos 1+sin sin 3
2 2 2
xy = K I sin cos cos3
2r 2 2 2
xz = yz =0
zz =( xx + yy )
g 2 2
u = K I r cos 1−2 +sin2
2
v= K I r sin 2−2 −cos
2
g 2 2 2
8
w=0
En modes II et III, on a des expressions semblables pour ij et ui
En mode II
2r 2
xx = K II sin 2+cos cos3
2 2
yy = K II
sin cos cos 3
2 r 2 2 2
2r
xy = K II cos 1−sin sin 3
2 2 2
xz = yz = 0
zz = (xx+yy)
g 2
u = K II r sin 2−2 +cos2
2
2
v= K II r cos −1+2 +sin
2
g 2 2 2
w=0
En mode III
xx = yy = zz = yy = 0
xz =− K III sin
2 r 2
yz = K III cos
2r 2
u=v=0
w= K III r sin
g 2 2
Insistons ici sur le fait que les fissures que nous considérons dans l’analyse mathématique ont
un nul. Il ne faut donc pas confondre le facteur d’intensité de contrainte KI avec le facteur
concentration de contrainte KT que l’on peut calculer par exemple à partir de formule de
On peut ce pendant relier le facteur d’intensité de contrainte KI au facteur de concentration de
contrainte KT de la façon suivante : au fond d’une entaille de rayon donnant un facteur KT, la
contrainte est donnée par l’expression :
=KT ( ) N
N étant la contrainte nominale (calculée comme s’il n’y avait pas d’entaille).
Lorsque tend vers 0, KT et tend vers l’infin. IRWIN a montré que le facteur d’intensité de
contrainte KT étant donné par l’expression :
K T =lim =lim KT ( ) N
2 2
KT est généralement difficile à calculer par ce passage à la limite.
Dans le cas d’une plaque infinie contenant une fissure de longueur 2a soumise à une
contrainte perpendiculaire à la fissure (figure 5), on montre que l’on a :
K I = a
Dans le cas le plus général (éprouvette de déformations finies, on a :
K I = a
étant fonction de la géométrie de l’éprouvette et de la longueur de la fissure.
Nous donnerons les expressions de KI pour les éprouvettes usuelles dans le chapitre 6.
9
2a
K I = a
Nous nous placerons comme précédemment dans le mode I (ceci pour simplifie
l’exposé). Nous allons donner deux approches différentes pour l’étude de la propagation
brutale.
Nous admettons que la rupture s’initie à fond de fissure dans le plan où la contrainte
normale est maximale. La rupture se produit lorsque le facteur d’intensité K I atteint une valeur
critique KIc. Cette valeur KIc caractérise quantitativement la résistance d’un matériau à la
propagation brutale d’une fissure en mode I et en déformations planes. K Ic est indépendant de
géométrie de l’entaille et de l’éprouvette. Ce critère de rupture correspond à une distribution
critique des contraintes à fond de fissure. Cette distribution critique est mise en évidence sur la
figure 6.
fij( )
c = K Ic
2r
fij( )
=K
I 2r
Physiquement, pour que la fissure se propage, il faut fournir au matériau une certaine
énergie (rupture des liaisons atomiques correspondant à une augmentation de l’énergie
superficielle, déformation plastique, etc…). Considérons (figure 7) un solide d’épaisseur unité
contenant une fissure de longueur 2a, soumis à un système de forces extérieures F i, dérivant
10