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Le Principe de responsabilité, Hans Jonas

Rappels sur la philosophie morale :

Aristote, Ethique à Nicomaque

Juste milieu et phronesis : acquisition d’un tempérament moral par l’expérience que donne l’âge
(phronesis = sagesse pratique). La connaissance de la situation demande beaucoup d’expérience
(praxis).

Emmanuel Kant, Les Fondements de la métaphysique des moeurs

« En matière de morale la raison humaine, même dans l’intelligence la plus commune peut
aisément être portée à un haut degré d’exactitude et de perfection » (Préface)

Venons-en au Principe de responsabilité :

Chapitre 1 : La transformation de l’essence de l’agir humain

Jonas reproche à l’ensemble des philosophies morales de ne s’être focalisées quasi-


exclusivement que sur « le cercle rapproché de l’agir » (p. 29). En effet, ces morales ne sont plus
« applicables » de nos jours, où l’agir humain s’est largement étendu : « la technique moderne a
introduit des actions d’un ordre de grandeur tellement nouveau, avec des objets tellement inédits
et des conséquences tellement inédites que le cadre de l’éthique antérieure ne peut plus les
contenir  » (p.30). Ces actions touchent désormais la nature, étendant de fait le champ de notre
responsabilité («  La nature en tant qu’objet de la responsabilité humaine est certainement une
nouveauté » (p. 31-32)).

Ainsi, il faut une nouvelle éthique pour prendre en compte ce nouveau champ d’action de
l’homme. Partant de l’impératif catégorique tel que formulé par Kant (« Agis de telle sorte que tu
puisses également vouloir que ta maxime devienne une loi universelle »), Jonas propose une
nouvelle formulation, prenant en compte la dimension temporelle qu’il est nécessaire d’ajouter
pour cerner l’influence étendue des actions de l’homme sur ce qui le dépasse (en l’occurence, la
nature) : « Agis de façon que les effets de ton action soient compatibles avec la permanence
d’une vie authentiquement humaine sur terre  » (p. 40). L’axiome sur lequel s’appuie pour
proposer un tel impératif est que nous avons « une obligation à l’égard de ce qui n’existe même
pas encore  » (p. 41). Mais cet impératif dépasse le cadre strictement individuel de l’impératif
kantien, fondé sur une réalité hypothétique (« et si tout le monde faisait comme moi ? »). En effet,
l’impératif jonassien est fondé sur une réalité à venir et doit donc s’appliquer, semble-t-il aux
politiques publiques, car on a quitté le champ proprement subjectif.

Mais envisager Kant n’est ici, pour Jonas, qu’un exemple pour montrer le caractère
présent des éthiques antérieures. Mais il reconnait la faiblesse de cet exemple « limite » et revient
sur différentes éthiques qui, dans leurs énoncés, semblent prendre en compte un horizon
temporel :

1. Sacrifier le bonheur personnel pour assurer le salut éternel de l’âme

Jonas note que dans une perspective religieuse, l’agir d’aujourd’hui ne provoque pas
l’avenir de manière causale. Il s’agit simplement de se qualifier aux yeux de Dieu. Or cette
qualification concerne ceux qui ont le mieux agit dans le cours de leur vie, sans préméditer un
avenir x ou y. On comprend donc que cet horizon temporel est factice.

2. La prise en compte par le législateur du bien commun à venir

Il s’avère que l’éloge fait des hommes d’Etat dépend de leurs actions ayant eu des
conséquences bénéfiques, dès leurs mises en place. «  La prévoyance de l’homme politique
consiste donc dans la sagesse et dans la mesure qu’il consacre au présent » (p. 47).

3. La politique de l’utopie qui suppose de prendre les vivants d’aujourd’hui comme


moyen pour réaliser des buts qui les dépassent

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