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Avec le soutien de : FONDS RICŒUR DE PARIS, FACULTÉ LIBRE FLEPES, INSTITUT PROTESTANT (PARIS)
Et si la philosophie de Sarah Kofman déployait la parole et la pensée comme lecture ? Et si, dans cette
économie – de rapports de force, de jubilation, d’affrontement de l’impasse et de l’incommensurable, de
renversement de la mélancolie en gaieté – philosopher n’était que cette tâche esthétique première : construire ce
que « le texte rapporte à la vie » ? De quelle tâche, alors, est-il question ? qui s’élance entre jugement, partage
sensible et toute une économie culturelle qui, à ses limites extrêmes, refuse la destruction nihiliste ou
désenchantée de l’espérance et de la liberté.
En 1991, dans un entretien (publié en 1993), Sarah Kofman entremêle sa voix plus autobiographique
avec sa voix plus argumentative - comme elle les distingue elle-même à ce moment là, en affirmant « j’ai
plusieurs voix » :
En reprenant de grands textes, comme le Dom Juan de Molière par exemple, j’arrive toujours à dire, à partir de
certains détails, des choses inédites, cela donne à mes lecteurs une impression de vérité. A partir du détail suivant,
le père disant « j’ai longtemps prié le ciel de me donner un fils », j’ai eu l’idée que Dom Juan était un enfant de la
vieillesse et je fais toute ma construction à partir de là.
C’est cela qui me caractérise : au fond je suis une lectrice, mais une lectrice qui a appris à lire à travers
Nietzsche, à travers Freud, à travers ce que je suis et ma propre analyse, le fait que mon père était rabbin, lecteur
du Talmud. Et qui rencontre dans ce type de lecture Nietzsche, Freud, Derrida, Lacoue-Labarthe, Nancy, entre
autres. Partir de certains détails renouvelle totalement la lecture des grands auteurs. Je me définirais assez
comme cela : comme une lectrice qui déplace toutefois assez considérablement les textes lus.
[… ]
Ce n’est pas du tout le détail [qui s’oppose à la synthèse] qui m’intéresse, mais celui qui, tout en paraissant
anodin, fait la différence. C’est à partir de là que j’élabore la construction d’ensemble. Du point de vue
psychanalytique, le détail est plus important que ce qui paraît central.
A lire comment S. Kofman appose Nietzsche et Freud dans ce rapport spécifique au texte, on peut
imaginer que la « déconstruction », qu’elle revendique pratiquer en philosophie au sens nietzschéen (comme
déconstruction des grandes oppositions qui trament la métaphysique), est effectuée comme lecture en tant que
« construction » au sens freudien : un investissement critique et libidinal de lecture par le détail et par le
déplacement, qui renverse les évidences, rapporte le texte au « pulsionnel », sans y réduire la pensée qui en
procède. Ce « lire aux éclats des textes », ici, sera déplacé de la belle économie donnée par Marc-Alain
Ouaknine (« lire aux éclats »), vers une reprise du « rire de Sarah » au filigrane des « éclats de textes » arpentés
par Serge Viderman.
En effet, philosopher, selon le texte kofmanien, appelle un investissement spécifique du texte, de la
surface des textes : investissement à plusieurs voix, irréductibles les unes aux autres quand même elles se
côtoient, se superposent, provoquent l’explosion ou le renversement inouï des sens et de leur réflexivité ; où le
particulier se mêle aux jeux et enjeux du jugement esthétique, c’est-à-dire de la faculté de juger bouleversée par
l’intrigue première mêlée de l’entre-nous/face à toi (si on suit d’emblée et d’emblée un peu autrement la
proposition assez « lyotardienne » que fait Sarah Kofman dans Paroles suffoquées et dans Un métier
impossible).
Pourquoi ne pas vérifier cette « intuition », cette « idée » ? Si philosopher en tant que lire se rapporte à la vie,
c’est qu’inlassablement le texte kofmanien affirme la nécessité du choix que, pour sa part, il investit chez
Nietzsche : « … de ma volonté de vivre, j’ai fait ma philosophie. » (Ecce homo, « Pourquoi je suis si sage », §
2). Dans tous les cas, survivre au deuil de la culture exige de penser, dans ce deuil fatal, la faculté de la
réinvestir. ***************
14h : Ouverture
14h15 -14h45, 1er ATELIER
- « Etudes kofmaniennes » ? Publications récentes ; avec les artistes Philippe Boutibonnes et Christophe Bisson : à propos
d’une exposition à venir à la SPP (cf. Françoise Coblence) ; le travail en cours avec l’IMEC- Caen (cf. 5èAtelier vendredi).
15h15 – 17h15, 2ème ATELIER :
- Petit bestiaire kofmanien, François Boullant (professeur de philosophie, Paris, Ile de France)
- La lecture de Nietzsche (le « supplément rhapsodique », Explosion II), Mathieu Frackowiak (chercheur indépendant)
Modération : Karoline Feyertag (uni. Klagenfurt, Autriche)
18h - 20h, 3ème ATELIER :
- « Conjuring Bodies », Pleshette De Armitt (uni. Memphis, Tennessee, USA)
- Entre les éclats et l’éclat : le regard, le son, le toucher dans Rue Ordener rue Labat, Katja Schubert (uni. Paris X)
- discutant & modération : Ginette Michaud (uni. Montréal, Québec)
APRES MIDI samedi 15h -17h, 7ème ATELIER : Le mépris des juifs. Nietzsche, les juifs, l’antisémitisme (1994)
- Lecture de : Le mépris des juifs, Danielle Cohen-Levinas (uni. Paris IV, Archives Husserl-ENS)
- Discutant : Jean-Luc Nancy (Strasbourg, sous réserves)
Modération : Pierre Gisel (IRCM-Uni. Lausanne)