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UFR Psychologie Sociologie Sciences de l’Education
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Département Sciences de l’Education
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Septembre 2006
REMERCIEMENTS
EN PARTICULIER :
La Direction Générale de la SETRAG, mon employeur, pour avoir cru en mes capacités à
réaliser ce projet de formation et pour avoir par conséquent permis sa réalisation par sa large
contribution financière et matérielle.
Thierry ARDOUIN, mon Directeur de mémoire, pour avoir bien voulu diriger ces travaux,
pour sa rigueur, sa disponibilité et son accompagnement éclairant tout au long de la
conception de ces travaux.
Les cadres dirigeants, cadres et autres agents de la SETRAG, pour la grande disponibilité
prêtée à mes sollicitations dans le cadre de l’audit, des entretiens exploratoires et des
entretiens proprement dits.
Toutes les personnes d’autres entreprises, notamment la SEEG1, que j’ai sollicitées et qui
m’ont apporté leur aide.
1
Société d’Energie et d’Eau du Gabon
SOMMAIRE
INTRODUCTION ........................................................................................................ 4
INTRODUCTION
Le point de départ de cette recherche est le message de vœux de nouvel an 2006 du Président
Directeur Général (P-DG) de la Société d’Exploitation du Transgabonais (SETRAG) au
personnel (l’intégral du discours est joint en annexe 1). Dans son message, le P-DG
communiquait au personnel les grandes lignes du projet de l’entreprise en évoquant le
management participatif qui sous-tend sa réussite et en positionnant la formation comme outil
stratégique pour le développement général de l’entreprise, en référence à la politique
volontariste de formation de la SETRAG définie quelques mois auparavant en mars 2005 :
« (…). En cette période conventionnelle de bilan et de projets pour l’avenir, je voudrais vous
inviter à réfléchir sur les principaux objectifs de la hiérarchie de notre société qui vient de
changer de statut (…) depuis le 1er novembre 2005. (…). L’année dernière, dans une lettre
de cadrage adressée à chacun de vous, je souhaitais que notre style de management
conduise à fédérer le personnel afin de pouvoir compter sur une équipe soudée et solidaire
partageant les mêmes valeurs et un sentiment d’appartenance fort à l’entreprise (…). Une
nouvelle dynamique en matière de gestion des ressources humaines me paraît donc
indispensable pour amener les agents à s’impliquer davantage dans tout ce qui sera entrepris
pour assurer la croissance de l’entreprise. La formation constitue en particulier la pierre
angulaire de cette dynamique ».
Dans la première partie, nous exposons le contexte qui fonde notre problématique et nous
montrons les articulations nécessaires avec la mission. Le tout est consolidé par les apports
théoriques des mots clés en jeu.
Dans la deuxième partie, il est question de la problématique proprement dite ainsi que des
hypothèses et de la démarche méthodologique qui la sous-tendent.
La troisième partie, qui met un terme à notre recherche, est consacrée à l’analyse des résultats
de la recherche et à la vérification des hypothèses de travail.
Il importe de souligner que le fait d’avoir travaillé sur notre propre milieu professionnel a
nécessité que nous adoptions une posture distanciée vis-à-vis de notre vécu, à toutes les étapes
de cette recherche : analyse du contexte, négociation de la commande, construction de la
problématique et analyse des résultats.
PREMIÈRE PARTIE
LE CONTEXTE DE LA RECHERCHE
Université de Rouen - Master 2 ICF 2005-2006 Françoise ANGUEZOME MEGNE
1.1. LE CONTEXTE
« L’entreprise n’a pas de problèmes de formation. Elle a des problèmes que, peut-
être, la formation peut l’aider à contribuer à résoudre. Parmi ces problèmes, celui-ci :
disposer à temps, en effectifs suffisants, et en permanence, des personnes compétentes et
motivées pour effectuer le travail nécessaire en les mettant en situation de valoriser leurs
talents avec un niveau élevé de performance et de qualité, à un coût salarial compatible avec
ses objectifs économiques, et dans le climat social le plus favorable possible »2.
La SETRAG est une entreprise en pleine transition qui doit mobiliser toute sa ressource
humaine (RH), changer les pratiques, les habitudes et les comportements contraires à
l’efficacité pour répondre aux obligations de la convention de concession signée avec l’Etat
gabonais et entrée en vigueur le 1er novembre 2005. A savoir :
« Améliorer les performances de la Société, asseoir sa culture d’entreprise orientée
vers les résultats, remettre à niveau les installations et équipements ferroviaires, adapter
notre entreprise aux contraintes actuelles du trafic et garantir durablement la qualité du
service dans les meilleures conditions de productivité et de sécurité »3.
2
A. MEIGNANT. Manager la formation. Paris : Editions Liaisons, 2003, 6ème édition. P. 31
3
Marcel ABEKE. Président Directeur Général. Message de vœux de nouvel an 2006
Pour la réalisation de ce projet, la direction articule les moyens de sa réussite autour des idées
stratégiques suivantes :
• Remettre à plat l’organisation de l’entreprise.
• Susciter l’adhésion de tous aux perspectives et aux objectifs généraux de l’entreprise.
• Amener le management à mobiliser le personnel autour d’un projet « clairement
compris par tous », et qui permettra à chacun de trouver la juste récompense de ses
efforts.
• Mettre en place une nouvelle dynamique de GRH pour amener les agents à
s’impliquer davantage dans tout ce qui sera entrepris pour assurer la croissance de
l’entreprise.
Cependant, notre expérience dans l’entreprise nous a amenée à constater des distorsions entre
la vision futuriste de la SETRAG, la gestion des hommes et les comportements
socioprofessionnels du personnel.
L’encadrement fonctionne plus sur le mode du commandement que sur celui de la gestion des
compétences ; l’on note également une certaine distanciation hiérarchique, une
communication interne plutôt ascendante, le fonctionnement cloisonné des différents services,
même à l’intérieur d’une même unité.
Au niveau des comportements sociaux, les représentations sociales des agents n’arrivent pas à
se détacher d’un système de gestion à l’ancienneté et de clientélisme, système qui dénie toute
l’importance de la compétence. Aussi, toutes les revendications relatives aux situations de
carrières sont motivées par le temps passé dans l’entreprise, dans le poste ou dans le grade, au
détriment du mérite et de l’effort. Le critère de l’ancienneté est lui-même légitimé par la
hiérarchie qui le priorise dans les décisions en matière de carrière. Par ailleurs, les agents
paraissent désintéressés, c’est-à-dire qu’ils semblent ne pas s’approprier les objectifs de
l’entreprise.
personnel. Cette démarche permettra de mieux percevoir le contexte dans lequel va s’inscrire
notre problématique.
Le Gabon
Le GABON est un Etat francophone situé au centre et à l’ouest de l’Afrique. Il est limité au
nord par le Cameroun, au nord-ouest par la Guinée Equatoriale, au sud et à l’est par la
République populaire du Congo. Avec une superficie de 267 667 KM², il compte une
population de l’ordre de 1 300 000 habitants.
Son principal facteur d’expansion reste le pétrole, suivi des richesses minières et du bois. Les
moyens de communication ne sont pas assez développés4 ; le réseau routier fait 7 500
kilomètres (Km), le réseau ferroviaire 814 Km, le trafic aérien 450 000 000 passagers/Km², et
la flotte marchande 30 186 tjb). Le CF reste le principal moyen de transport pour
l’écoulement des grumes à l’intérieur du pays ainsi que pour l’acheminement des minerais et
des grumes à l’extérieur. Il présente à cet égard un intérêt économique national.
Le CF Gabonais
Il a été construit par la volonté personnelle du chef de l’Etat gabonais, OMAR BONGO
ONDIMBA, qui s’était vu refuser l’aide du Fond Monétaire International pour la construction
de cette œuvre.
4
Statistiques correspondant aux années 94.
Mis en exploitation en 1976, le CF gabonais a été exploité pendant 23 ans sous la forme d’un
établissement public industriel et commercial dénommé Office du Chemin de Fer
Transgabonais (OCTRA).
En tant que tel, l'OCTRA était une société parapublique se rapprochant en pratique des
normes de la fonction publique gabonaise en matière de gestion des carrières, des valeurs et
de culture d’entreprise fonctionnariales : une organisation très hiérarchisée, une politique
salariale centrée davantage sur le poste et sur l’ancienneté ; la loyauté envers l’employeur et la
bonne manière de servir l’entreprise pouvaient résumer ses valeurs.
Tous ces problèmes de gestion ont tellement miné l’OCTRA qu’ils ont conduit à sa
liquidation et à la mise en concession du CF le 28 décembre 1999. A cette date, le CF
gabonais a été concédé à la Compagnie d’Exploitation du Chemin de Fer Transgabonais
(CECFT) pour une durée de 20 ans.
Mais, le 31 mai 2003, l’Etat gabonais a retiré la concession à la CECFT en raison du non
respect, par cette dernière, des obligations contractuelles, notamment : le non paiement du
prix du matériel cédé et de la redevance de concession, le mauvais (ou le non) entretien de la
voie ferrée.
Le 1er juin 2003, la SETRAG est mandatée par l’Etat pour assurer, à titre transitoire, la
gestion du CF. Le 1er novembre 2005, la convention de concession est signée entre l’Etat
gabonais et la SETRAG et entre en vigueur pour une durée de 30 ans.
1.2. LA SETRAG
Sur le plan technique, la SETRAG dispose d’une signalisation lumineuse dans toutes les gares
et d’un réseau de télécommunications moderne dont : le VSAT pour les opérations relatives à
la circulation des trains, le THURAYA qui assure les liaisons satellitaires entre le Poste de
Commandement et les locomotives, le projet GPS en cours de finalisation, pour le repérage
sur grand écran de tous les trains en mouvement.
1- Secteur 1 : l’Administration
• les Services généraux
• les Services intérieurs
• l’Informatique
• le Médico-Social.
2- Secteur 2 : la Technique
• le Matériel (roulant et remorqué)
• la Maintenance de la Voie
• la Maintenance de la SET5
• l’entretien des Bâtiments
• les Etudes
• la Traction
3- Secteur 3 : l’Exploitation
• le Commercial
• l’Exploitation
Avec ses familles d’emplois, le CF gabonais emploie des profils d’horizons divers allant du
niveau BEP à celui d’Ingénieur et équivalents.
Pour assurer la formation continue de son personnel, il dispose d’un Centre de Formation et
de Perfectionnement Ferroviaire situé hors du siège, à Franceville (CPFF) et de 3 salles de
formation situées au siège, à Owendo.
5
Signalisation Energie Télécommunications
L’effectif total au 31 décembre 2005 est de 1310 agents. Il est composé à 90 % du personnel
hérité de l’OCTRA et se répartit comme suit :
Ancienneté moyenne
Par catégorie 46 ans 43 ans 39 ans 41 ans
Ancienneté moyenne
Par catégorie 19 ans 19 ans 12 ans 15 ans
Il faut relever que la génération actuelle, celle que nous appelons nouveaux c’est-à-dire issue
de la privatisation, n’est pas représentée au niveau des postes de décision occupés
essentiellement par les anciens qui ont, pour la plupart, quelques points communs : ils sont
devenus cadres et cadres dirigeants dans un système immobile où il n’existait de promotion
qu’à l’ancienneté. Ils ont bénéficié des formations techniques liées aux métiers ferroviaires ;
pour la plupart formés sur le tas, ils n’ont pu profiter de moments de formation leur
permettant, en temps opportun, de se remettre en cause, de prendre un peu de recul par
rapport à leurs méthodes d’encadrement, d’approches des problèmes (situations de travail), et
par rapport à leur rôle dans la marche de l’entreprise.
La sous-qualification est ici davantage liée aux savoirs théoriques permettant une approche
large des situations de travail, et aux savoir-être permettant une flexibilité dans l’encadrement
des équipes de travail. Il s’agit en un mot des savoir-faire manageriaux. Cette sous-
qualification s’explique par des niveaux de formation initiale bas à l’embauche (niveaux
d’études secondaires), doublés de l’absence d’accompagnement des personnes dans leurs
carrières.
Dans les filières clés du CF (Traction, Exploitation, Génie civil), la professionnalisation aux
métiers du CF à l’embauche étant obligatoire, il existe des cycles de formation bien balisés
qui conditionnent aussi bien le recrutement externe, interne que l’évolution de carrière dans
ces filières. Les dispositifs de carrières et de formation fonctionnaient en synergie pour
favoriser l’adaptation du personnel aux postes et pour accompagner les évolutions de
carrières.
Pour les autres filières, l’évolution des carrières se faisait selon une logique qui conjuguait
apprentissage sur le tas, ancienneté et formation technique en cas de nécessité.
Ces modalités de structuration ont permis de gérer un personnel faiblement formé, destiné à
s’insérer dans une organisation prescriptive et fortement hiérarchisée.
Si ces logiques ont bien fonctionné pendant un temps, le déclin de l’OCTRA à partir des
années 80 en a cassé les ressorts. En effet, la gabonisation des postes de responsabilités dans
les entreprises intervient à partir de cette période, avec pour conséquence que la dimension
culturelle et le fonctionnement des entreprises se trouvèrent fortement influencés par la
culture nationale de l’époque.
Dès les années 1980, la gestion de carrières à l’OCTRA n’était plus ni suivie, ni contrôlée; les
objectifs sociopolitiques étaient mis en avant au détriment des objectifs économiques. Les
formations n’étaient plus organisées pour garantir l’adaptation, le maintien et le
développement des compétences.
La situation n’a pas évolué avec l’arrivée de la CECFT qui, engagée beaucoup plus dans de
gros dossiers commerciaux, a mis de côté la GRH.
Les conséquences pratiques sont observables aujourd’hui : le contexte social a changé, mais
l’orientation générale de l’encadrement en terme de profil est plutôt administrative
qu’opérationnelle ; les compétences en terme de savoir-être sont affectées par les pratiques du
passé remettant ainsi en cause style de management, méthodes de gestion, approches des
problèmes, abord des clients. Par conséquent, le projet de l’entreprise n’est pas traduit dans
les faits. Ce décalage se répercute au niveau de la masse de l’entreprise. En d’autres termes, le
management semble ne pas comprendre (ou ne pas être conscient de) la vision de l’entreprise
et la responsabilité qui est la sienne pour mobiliser les salariés autour des objectifs de
l’entreprise.
7
Anne DOUSSET. Entreprises, développez vos compétences. Paris : Ed. Entente, 1990. P. 18
8
J.M LEGALL. Op. Cit. PP.107-108
2.1. QUESTIONNEMENT
a. d’un projet dont les mots forts sont « améliorer les performances de la société et
garantir durablement la qualité de service »,
L’expérience montre qu’un certain nombre de conditions est nécessaires pour la réussite
d’une telle démarche 9:
-
D’autre part, l’engagement de la hiérarchie et en particulier de l’encadrement de
proximité.
Trois acteurs sont engagés ici : la fonction RH/Formation, l’encadrement (son
implication/adhésion suppose une préparation adéquate, un soutien méthodologique et
technique par la fonction RH, mais aussi une définition claire des pouvoirs du management et
des délégations de pouvoirs à leurs collaborateurs) et les salariés.
Aussi, au regard des éléments du contexte, la remise en cause des pratiques en vigueur est
nécessaire pour faire place au professionnalisme. Le professionnalisme, c’est plus de
flexibilité, de polyvalence, d’adaptabilité et de capacité à intégrer de nouveaux savoirs :
savoirs techniques, mais aussi et surtout tout un ensemble subtil de pratiques d’organisation,
de méthodes de travail, de capacités d’animation et de rapports aux autres.
9
A.KEPLER. Formation et changement. : Une expérience pilote. Paris : Ed. D’Organisations, 1990. PP. 43-57
10
A. KEPLER. Op. Cit. P. 34
11
A. MEIGNANT. Management et politique de formation. Cours Master 2 ICF, 2005-2006
12
A. TARDIF. Droit de la formation professionnelle continue. Cours Master 2 ICF, 2005-2006. P. 9
13
S. AUBRUN. Les compétences de 3ème dimension, ouverture professionnelle ? CNAM. PP. 182-186
La SETRAG, consciente des enjeux de la formation pour construire l’avenir, a défini une
politique volontariste de formation et se donne les moyens (notamment financiers) de cette
politique.
L’effort de financement consenti à la formation est passé de moins de 2% de la masse
salariale brute en 2004 à 3% en 2005 ; il devra tendre vers les 5% d’ici à 2011.
Cependant, force est de constater qu’un an après la définition de cette politique, il existe
toujours des distorsions- les mêmes qui ont motivé notre démarche de formation- entre les
orientations politiques en matière de formation et les pratiques. Ces distorsions sont liées au
fait que le système de formation en vigueur demeure fortement bureaucratisé ; il est un
système administratif et comptable, caractérisé par la logique prédominante du catalogue sans
analyse de besoins.
En fin de compte, le suivi des actions porte uniquement sur les indicateurs de volume : durée,
dépenses, effectifs formés, etc. qui ne disent rien sur les résultats qualitatifs obtenus. De plus,
en cas d’irrégularités observées, notamment l’absence des stagiaires à la formation comme
c’est souvent le cas, ou le refus de tout un groupe de participer à un programme de formation
comme nous l’avons vécu en juillet 2005, aucune action n’est engagée pour détecter et
analyser les causes de ces écarts.
Il faut également souligner que ce qui motive le plus les agents, c’est l’appât du gain,
notamment en ce qui concerne les stages organisés hors du site ou de la localité de l’agent :
indemnités de stage, frais de déplacement. En 2005, le coût des rémunérations des stagiaires a
représenté 32% des dépenses totales de formation contre 27,5% des frais pédagogiques.
L’examen critique de la formation permet donc de dire que, dans le contexte de la SETRAG,
la formation consiste dans la multiplication des stages dont les coûts s’inscrivent dans les
limites du budget de formation initialement arrêté par la direction générale (DG).
En terme d’ingénierie de la formation, et pour une articulation avec notre recherche, nous
déclinons ce questionnement en ces termes :
• Qu’est-ce qu’il faut en amont pour élaborer un plan de formation pertinent ?
• Qu’est-ce qu’il faut en aval pour que le plan élaboré soit porteur des faits probants ?
Nous ne pouvions répondre autrement au questionnement que nous venons de soulever, dans
le contexte qui est le nôtre, que par une démarche d’audit, dans la mesure où c’est une
méthode qui permet, à un moment donné, de mettre à plat le dispositif, de prendre du recul, de
remettre en cause des routines.
Cette démarche nous a permis de faire le point sur le système de formation de la SETRAG en
vue des préconisations nécessaires. Il s’est agit pour nous :
• De faire l’état des lieux du système de formation en vigueur à la SETRAG.
• D’identifier et d’analyser les éléments qui favorisent ou freinent la mise en place d’un
système de formation proactif.
• De mettre en évidence les risques encourus et de faire des recommandations nécessaires.
• D’appréhender les images et les attentes du personnel sur la formation.
14
T. ARDOUIN. Audit et conseil en formation. Cours Master 2 ICF, 2005-2006. P. 74
Il est important de souligner que cette mission n’est pas une commande de l’entreprise. C’est
un choix délibéré, au regard des enjeux du contexte, d’une démarche qui nous a parue comme
un moyen approprié pour : légitimer nos constats auprès de toute la ligne hiérarchique en
commençant par la direction des ressources humaines (DRH), procéder à l’inventaire des
forces et des faiblesses du système de formation actuel, amener la ligne hiérarchique à la prise
de conscience des enjeux et des risques encourus, arriver à la déconstruction de l’image que
les managers ont de la fonction formation et faire des préconisations nécessaires à la
réorganisation du système de formation en vigueur.
L’audit révèle des phénomènes mal connus et ignorés, clarifiant la vision de la situation.
Il met en évidence des points forts et des points faibles qui permettent de traduire les
dysfonctionnements au profit de la dynamique du système. Il recouvre donc un processus
diagnostique du champ d’investigation qui met en exergue les problèmes et les difficultés qui
en découlent.
Pour ce qui nous concerne, la mission a fait l’objet d’une demande à la DG qui nous a
autorisée à la réaliser avec l’appui du service d’audit interne.
Aussi, après le pré-diagnostic et la construction des outils d’audit, il nous revenait maintenant,
pour reprendre Thierry ARDOUIN, « de jouer pleinement le rôle qui nous incombait, celui de
poser un diagnostic objectif et argumenté sur l’objet de la mission et sur les éventuels
dysfonctionnements ou écarts aux référentiels ».
15
Ibid. P. 88
16
T. ARDOUIN. Op. Cit. P. 77
FORCES FAIBLESSES
Fort de ce résultat, nous avons compris en partie pourquoi les carences évoquées persistent ;
carences prolongées et confortées, essentiellement, par l’absence en amont d’une réelle
communication du projet de l’entreprise.
« C’est réfléchir sur les enjeux, se demander pour qui et pour quoi on se bat, et qu’est-ce qui
doit rassembler tous les membres de l’entreprise. C’est encore se construire des images
hypothétiques et plausibles de l’avenir, et orienter son action en conséquence. C’est bâtir une
stratégie à long terme et des tactiques adaptées aux circonstances. C’est savoir où l’on va »17
.
Le projet d’entreprise harmonise des vues sur le développement, le choix d’une organisation,
un style de rapports humains, des moyens d’analyse et d’assimilation des évolutions. Il est la
valorisation des capacités professionnelles que l’on possède déjà, et le garant du
développement de ces capacités appliquées à de nouvelles activités.
L’on comprend, dans ces conditions pourquoi, à la SETRAG, un projet bien défini et
clairement expliqué peut représenter un facteur de cohésion et de mobilisation des ressources
humaines. Cela ne signifie pas qu’il ne puisse plus coexister en elle de nombreux systèmes de
valeurs, des sociostyles individuels, mais ce qui importe c’est l’existence d’un projet
commun, capable de fédérer et de mobiliser les compétences dans une dialectique et une
synergie fécondes, à l’avantage de tous.
Considérant que :
l’entreprise n’a pas de problèmes de formation ; elle a des problèmes que peut-être la
formation peut l’aider à résoudre,
l’organisation de l’entreprise peut tout aussi bien aider la mise en œuvre de la nouvelle
compétence que la contrarier ; la plasticité de l’organisation constitue en elle-même un
outil et un moteur du développement des compétences professionnelles, qui en retour
contribueront à la moderniser,
17
A. KEPLER. Op. Cit. P. 50
Dès lors, après avoir questionné les éléments du système de formation dans le cadre de la
mission, il nous revient maintenant de nous interroger sur l’impact de la formation sur
l’organisation elle-même.
Partant de cette trame, et pour une continuité du chantier, nous dégageons la question centrale
de notre recherche en ces termes :
Dans le contexte qui est celui de la SETRAG, s’interroger sur la formation comme outil
stratégique c’est à la fois s’interroger sur le système de formation lui-même et sur les
représentations que les clients (salariés, cadres et CD) ont de la formation, c’est-à-dire, se
demander s’ils perçoivent la formation comme moyen pouvant favoriser la création d’une
entreprise en terme de conscience collective, d’esprit d’équipe, de changement de mentalités.
L’étude de ces deux volets s’avère nécessaire d’un double point de vue. L’efficacité de la
formation dépend à la fois des pratiques et des attitudes de ses clients vis-à-vis d’elle.
Cette double préoccupation a fait l’objet de la mission que nous avons réalisée en sept étapes
en mettant en œuvre les différents temps de l’ingénierie de formation, à savoir : analyser,
concevoir, réaliser, évaluer.
Les résultats issus des observations vont servir de base pour faire des préconisations en ce qui
concerne la mission, et pour répondre à nos hypothèses – que nous proposons dans la
deuxième partie – en ce qui concerne notre recherche.
La problématique formulée ci-dessus met en évidence des concepts clés qui nécessitent des
éclairages théoriques pour notre recherche : la formation stratégique, le management, les
compétences et les perceptions. C’est ce cadrage théorique que nous abordons dans la section
qui suit.
Nous venons de voir dans les lignes qui précèdent que face à la nécessité de répondre aux
défis à venir, le développement des compétences devient un enjeu majeur pour les entreprises.
En effet, « à long terme, l’entreprise ne réussit que si ses hommes réussissent »18. Il ne s’agit
pas de prôner la réussite pour la réussite, mais d’essayer de montrer que l’entreprise qui a le
plus de chance de réussir son projet d’entreprise est celle qui sait développer les
compétences, l’autonomie de jugement et les capacités d’initiative de son personnel.
Dans ce cadre plus global, une formation stratégique, ce n’est pas multiplier les formations et
les dépenses, coordonner et faire gérer les stages par un service. Une formation stratégique,
c’est :
Avoir une politique de formation, c’est faire des choix, fixer des priorités, et y affecter des
moyens. (…). La politique de formation doit faciliter la mise en œuvre de la stratégie de
l’entreprise, des objectifs opérationnels et de la politique sociale. C’est l’ensemble de ces
choix ainsi définis qui va être traduit de manière opérationnelle dans le plan de formation.
18
A. KEPLER. Op. Cit. P. 143
19
A. MEIGNANT, T. ARDOUIN. Démarche d’ingénierie de la formation. Cours Master ICF, 2005-2006. P. 47
Document obligatoire institué par la loi française de 1971, le plan de formation est la
traduction opérationnelle et budgétaire des choix du management d’une organisation sur
les moyens qu’il affecte, dans une période donnée, au développement de la compétence
individuelle et collective des salariés20. Il est l’aboutissement d’un processus managérial
visant à établir la meilleure synthèse possible de ce qui doit être fait pour atteindre les
objectifs organisationnels en termes de compétences , dans une double démarche :
- Démarche descendante : il s’agit, pour l’ingénieur formation, de tirer de la politique
générale les implications en terme de formation. Le plan décline alors les volontés de la
direction et la définition des axes prioritaires de politique de formation.
- Démarche ascendante : ici, l’ingénieur formation tient compte des besoins exprimés par
les personnels, l’encadrement et les partenaires sociaux. Il ne s’agit pas d’un simple
recueil d’opinions des besoins exprimés, mais la combinaison et la mutualisation de
plusieurs sources : le recueil des attentes et/ou demandes des personnels, le recueil des
besoins exprimés par la hiérarchie, et par les partenaires sociaux, l’analyse effectué par
le service formation et l’analyse des dysfonctionnements.
En pratique, une formation stratégique est multiforme et proactive. Elle permet de prévoir les
problèmes, d’anticiper les solutions, d’éviter les décalages et les retards permettant ainsi de
régler les crises avant qu’elles n’apparaissent22.
L’objectif de la démarche était de faire une analyse approfondie de leurs pratiques afin
d’établir un diagnostic d’ensemble non seulement sur la formation proprement dite, mais
également sur ses interrelations avec les différents éléments de la stratégie de l’entreprise.
20
Management et Politique de formation. Cours CNED Master 2 ICF , 2005-2006
21
A. MEIGNANT, T. ARDOUIN. Démarche d’ingénierie de la formation. Cours Master ICF. Op. Cit P. 48
22
A. KEPLER. Op. Cit. P.144
23
J.M LEGALL. Op. Cit. PP 103-104
Ces entreprises élaborent des décisions de formation qui formalisent les options des directions
générales dans un cadre formel, le plan de formation, dont l’horizon temporel est
fréquemment à trois ans. Le temps du recueil et de la compilation des demandes individuelles
y est révolue pour faire place à un management beaucoup plus dynamique : fixation des
priorités, mise en œuvre de procédures coordonnées, plans pluriannuels reliés à la gestion de
l’emploi, développement d’indicateurs de contrôle témoignent d’une intégration croissante de
la formation dans les projets économiques, la stratégie et les choix d’innovation de ces
entreprises.
Les outils de la formation évoluent dans le même sens : construction plus en amont des
actions notamment dans un cahier des charges, implication des dirigeants et des cadres,
démarches participatives, sélection et suivi plus rigoureux des stagiaires, correspondants
formation dans les établissements, recherche sur mesure de l’effet de la formation sur
l’individu et l’organisation.
4.2. LE MANAGEMENT
24
Encyclopédie BORDAS. Paris : Ed. SGED, 1994. Tome 6. P. 3005
L’idée d’une adaptation permanente exclut toute pratique figée, mais implique une gestion de
l’entreprise ouverte sur son environnement, c’est-à-dire une action proactive régulièrement
adaptée en fonction des défis qui se présentent.
Comme le dit si bien J.M. PERETTI25, les pratiques performantes en matière de GRH sont
celles qui sont adaptées au contexte et permettent à l’entreprise de répondre aux défis qu’à un
moment donné elle doit affronter. L’auteur distingue sept grands défis, à savoir : les mutations
technologiques, l’internationalisation et l’accentuation de la concurrence, les mutations
économiques, les évolutions démographiques, les mutations sociologiques, les partenaires
sociaux et le cadre législatif. Les pratiques de GRH, toujours selon l’auteur, doivent mettre en
œuvre des logiques de réponse induites par ces contraintes. Il faut donc adopter une approche
contingente de la GRH articulant :
Tous ces actes, qu’il s’agisse de la stratégie d’entreprise, gestion des emplois, organisation
ouverte, implication du personnel et de la hiérarchie, etc. sont des questions qui relèvent du
management des ressources humaines.
Le management, c’est en d’autres termes « l’art d’organiser les ressources pour que
l’entreprise réalise des performances satisfaisantes »27.
C’est un art qui nécessite, pour reprendre MINTZERG28 , d’engager un processus d’auto-
formation et de remise en cause compte tenu de la difficulté qu’il y a à jouer tous les rôles qui
incombent au dirigeant. Ces rôles, au nombre de cinq, consistent à fixer les objectifs,
organiser le travail, motiver et communiquer, établir les normes de performance, former les
gens et se former soi-même.
Ces données sociologiques sur le management des RH constituent un cadre de référence pour
comprendre le fonctionnement d’une organisation en terme de communication, et finalement
de mobilisation et d’implication des personnels.
En effet, si le management d’une équipe est une fonction opérationnelle qui correspond à la
capacité de susciter la participation volontaire des personnes et des groupes dans le sens de la
réalisation des objectifs de l’entreprise, l’expérience pratique montre que cette responsabilité
peut s’exercer avec des styles différents qui ont des effets certains sur la productivité, le
moral, la motivation des personnes que l’on encadre. Pour l’employé, son responsable de
proximité incarne l’organisation. Et c’est dans cette relation que se crée, jour après jour, une
ambiance de travail, favorable ou non, à la mise en œuvre de toutes ses compétences et à son
adhésion aux objectifs de l’entreprise.
Ces analyses montrent, en particulier, que la possession des compétences par un salarié n’est
pas une fin en soi dans une organisation. Le management influence fortement leur
mobilisation et leur développement. Cette orientation est importante pour notre
problématique. D’où la question des compétences dans les lignes qui suivent.
Pour définir des besoins de formation, il est nécessaire de revenir aux activités concernées
(actuelles ou futures) et, pour chaque activité, de recenser et d’identifier clairement les
compétences attendues.
27
MINTZERG. Cité par V. BIANCO. Pour l’égalité d’accès à la formation. Mémoire Master ICF, 2004. P. 112
28
Peter F. DRUKER. Cité par V. BIANCO. Ibid. P. 111
C’est une démarche indispensable pour permettre de repérer les compétences à produire, à
maintenir ou à développer.
La compétence est un des termes les plus employés, mais peu conceptualisés. Au-delà de son
utilisation dans des disciplines éloignées des sciences humaines et de son sens juridique,
l’usage de la compétence relève de différents courants, domaines ou disciplines où elle
requiert divers sens.
Mais, cette approche est remise en cause par d’autres linguistes comme HYME pour qui (...)
la compétence est une capacité adaptative et contextualisée dont le développement requiert
un apprentissage formel et informel.
Sans vouloir nous étendre sur ces diverses approches, nous allons nous arrêter sur le domaine
des sciences du travail et celui de la formation professionnelle, proche de notre étude, où le
terme de compétence a connu une évolution depuis une vingtaine d’années pour diverses
raisons liées 29:
• Au changement des organisations : remise en cause des logiques tayloriennes,
développement du travail collectif et de la polyvalence ; il ne s’agit plus seulement
d’être un bon technicien, mais aussi d’être capable de travailler avec d’autres
personnes dans une logique de coopération.
• A l’évolution de la gestion du personnel : les formes de gestion du personnel, les
modes d’encadrement et d’animation d’équipe ont évolué. Il ne s’agit plus d’imposer
des règles, mais de faire avec les hommes et les équipes.
• A la tertiarisation de l’économie, qui induit le développement de la dimension
relationnelle dans la production des biens et des services et de la flexibilité des
conditions de production.
Dans tous les cas, la dimension humaine est au cœur de toutes ces évolutions qui impliquent
un changement d’approche contrairement au système taylorien; ce n’est plus le travail qui est
analysé, mais l’homme au travail dans son organisation. Ce dernier n’est plus réduit à une
simple exécution des tâches suivant un commandement et des règles préétablis. Désormais,
devant le développement de la complexité, la nécessité de réactivité, d’adaptation,
d’autonomie et de créativité s’impose ; les hommes, les équipes sont amenées à travailler en
réseaux. De ce fait, on ne parle plus de poste mais d’emploi, plus d’activités mais de
compétences.
29
T. ARDOUIN. Analyse du travail, des emplois et compétences. Cours Master ICF, 05-06. 1ère partie p.35.
A la lumière de ces réflexions, des travaux et des définitions d’auteurs non exposés ici, nous
adoptons la définition suivante de T. ARDOUIN :
Partant du fait que la compétence s’apprend, la formation est l’un des outils dont dispose
l’entreprise pour en assurer le maintien et le développement, cette relation
formation/apprentissage des compétences ne débouche pas systématiquement sur l’effet
escompté comme n’importe quel moyen qui produirait n’importe quel effet.
Ces deux affirmations montrent que dans une organisation, l’on ne peut pas parler de
compétences sans management ; l’une est dépendante de l’autre.
J.M LEGALL31, dans une citation déjà évoquée, conforte notre position. En effet, partant de
l’expérience de l’usine de Gisors relatée dans le rapport Riboud, l’auteur souligne que
l’organisation de l’entreprise et du travail est une variable déterminante de la constitution, la
validation et l’utilisation des acquis nouveaux dans le travail. Elle peut tout aussi bien aider
la mise en œuvre de la nouvelle compétence que la contrarier. La plasticité de l’organisation
constitue en elle-même un outil et un moteur du développement des compétences
professionnelles, qui en retour contribueront à la moderniser.
30
Ibid. 1ère partie. P.42
31
J.M LEGALL. OP. Cit. P. 108
A ce niveau d’analyse, la prise en compte des deux facteurs suivants, dont la réussite d’un
projet de formation pourrait dépendre, est nécessaire :
- le management (l’encadrement), sa motivation pour la formation (perception, attente,
degré d’implication) ;
- le personnel, sa perception du management, de la formation ainsi que ses attentes vis-
à-vis de la formation.
Cette orientation est celle que nous avons déjà donnée, plus haut, à notre question de
recherche qui est le prolongement de notre chantier. A savoir que, s’interroger sur la
formation comme outil stratégique c’est à la fois questionner le système de formation, les
pratiques et les images de la formation par ses clients.
Il nous paraît donc nécessaire de nous attarder sur cette notion et de voir en quoi ses apports
théoriques peuvent nous être utiles pour notre objet d’étude.
Une forme de connaissance, socialement élaborée et partagée, ayant une visée pratique et
concourant à la construction d’une réalité commune à un ensemble social (…).
32
Hélène BEZILLE. Adultes en formation. Cours Master ICF, 2005-2006. 1ère partie, P. 29
33
JODELET. Cité par C. GENDRON. Ethique et développement économique. Le discours des dirigeants. Thèse
de doctorat en Sociologie. Université du Québec, 2001. P. 219
(…) En tant que systèmes d’interprétation régissant notre relation au monde et aux autres, les
représentations sociales orientent et organisent les conduites et les communications sociales.
Même si elle ne peut exister sans référent, la représentation sociale porte la marque du sujet
qui reconstruit l’objet et l’interprète, tout en s’exprimant à travers elle. Elle suppose un objet
et un sujet.
Les caractéristiques.
• Les représentations sociales s’intègrent toujours à un ensemble de représentations dont
il faut tenir compte pour leur donner une signification,
• elles sont fondées sur des valeurs partagées par un groupe,
• elles servent de guide pour l’action collective et individuelle,
• elles sont au cœur des processus de communication, peuvent réguler, constituer un
obstacle, influencer la communication et constituent donc un enjeu de pouvoir,
• elles sont stables dans le temps et cohérentes dans leur contenu ; c’est à cette condition
qu’elles peuvent servir de grille de lecture du réel.
L’individu construit ses représentations à partir de ce qui lui est transmis au quotidien par ses
groupes d’appartenance et des expériences qu’il vit au quotidien.
Les fonctions.
Il nous faut préciser cependant que dans le cas qui nous occupe, les représentations sociales,
leurs caractéristiques et leurs fonctions ne constituent pas comme telles l’objet de notre
recherche. En regard de notre problématique, les représentations sociales vont nous aider à
comprendre les positionnements individuels et/ou collectifs des différents acteurs à l’égard de
la formation ; elles vont nous aider à comprendre leur perception de la formation, mais aussi
leur positionnement face à la problématique de la formation stratégique.
34
T. RENAUD. Sociologie des organisations. Cours CNED Master ICF, 2005-2006, 3ème partie. PP. 3-4
35
T. RENAUD. Sociologie des organisations. Op. Cit. P. 4
PROBLÉMATIQUE, HYPOTHÈSES
ET DÉMARCHE MÉTHODOLOGIQUE
Université de Rouen - Master 2 ICF 2005-2006 Françoise ANGUEZOME MEGNE
1.1. PROBLÉMATIQUE
Ces défis nécessitent la remise en cause des comportements contraires à l’efficacité, qui
résultent d’un ensemble de pratiques cumulées sur plus de deux décennies dans un système
passé, pour vaincre les inerties. Dès lors qu’il est question de remise en cause, l’on est dans le
champ du changement.
Il ne s’agit pas de prôner la réussite pour la réussite, mais d’essayer de montrer que
l’entreprise qui a le plus de chance de réussir son projet d’entreprise est celle qui sait
développer les compétences, l’autonomie de jugement et les capacités d’initiative de son
personnel. L’un des moyens pour y parvenir est la formation.
En effet, « hormis la dimension innée que l’on peut attribuer à certaines capacités au sens de
dispositions selon les sociétés et les époques, la plus part des capacités au sens de
compétences dont sont porteurs les individus sont le fruit d’une formation et d’une
éducation »38.
36
http://www.anfh.asso.fr. P.1
37
A. KEPLER . Op. Cit. P. 143
38
T. RENAUD. Sociologie des organisations. Cours CNED Master ICF. Op.Cit.
Notre souci est de montrer que la formation peut être positionnée comme outil stratégique
pour favoriser le changement. Dans ce sens, la formation n’est plus l’affaire du personnel
seulement, mais bien des managers et l’encadrement qui doivent s’en servir comme moyen
pour rénover leur professionnalisme, et comme outil pour le développement du personnel et
partant de la performance de l’entreprise.
Ce qui nous amène, compte tenu de notre contexte, à faire nos hypothèses sur les formations
basées sur le management (management participatif, technique, la conduite de projet, etc.) en
vue de garantir la réussite et l’efficacité de la gestion par objectifs qui est en train d’être mise
en place, développer l’esprit de groupe et la communication interne de l’entreprise. Ceci pour
répondre à notre question de recherche qui s’articule en ces termes :
1.2. HYPOTHESES
Hypothèse 1 : les formations basées sur le management apportent aux cadres dirigeants des
savoirs théoriques et des savoir-être qui leur permettent de constituer une équipe soudée,
conviviale et convaincue du bien-fondé du management participatif, capable de
communication ouverte, de délégation, d’autocritique ; une équipe qui donne la priorité au
relationnel et à l’incitatif sur le hiérarchique et qui favorise la marche décloisonnée de
l’entreprise.
Hypothèse 2 : grâce à ce saut managérial, les savoirs théoriques et les savoir-être acquis par
le biais des formations ciblées donnent à l’encadrement intermédiaire une ouverture d’esprit
lui permettant d’avoir une meilleure lecture de son entreprise au-delà de sa situation de
travail particulière, de partager sa vision de l’entreprise aux niveaux inférieurs et de
développer à son tour le relationnel et l’incitatif.
2 DÉMARCHE MÉTHODOLOGIQUE
Après avoir défini et analysé le contexte théorique, proposé la problématique et énoncé les
hypothèses de cette recherche, il nous revient maintenant de décrire la démarche utilisée pour
construire notre problématique et vérifier nos hypothèses de recherche.
Nous avons procédé aux entretiens exploratoires pour avancer dans nos analyses théoriques
et, par conséquent, donner une orientation plus pertinente et mieux structurée à notre
problématique, et produire nos hypothèses.
Nous avons réalisé cinq entretiens exploratoires. Compte tenu de la difficulté à la quelle nous
étions confrontée à ce moment précis (nous avions du mal à nous détacher de la question
relative à notre commande liée aux pratiques de formation dans l’entreprise, voulant ainsi
faire d’elle une question de recherche), nous avons pris soin de choisir des personnes-
ressources, c’est-à-dire des personnes pouvant nous donner les informations les plus
significatives, les plus riches, les plus productives d’hypothèses.
Les cinq personnes rencontrées étaient toutes des cadres, dont quatre cadres dirigeants (CD) et
un cadre (C) ayant des parcours professionnels et des positions différents dans l’entreprise,
âges, ancienneté et niveaux d’études aussi variables. Une diversité qui nous a permis d’avoir
des points de vue aussi diversifiés.
Nous avons procédé par entretien semi-directif structuré par un guide d’entretien. Le
questionnement issu des constats empiriques et lié à la mission orientait ces entretiens :
Comment rendre la formation apte à fournir à l’entreprise, à tout moment, les compétences
dont elle a besoin pour atteindre ses objectifs et se développer ?
39
A. MEIGNANT. Manager la formation. Paris : Ed. Liaisons, 6ème édition actualisée et enrichie, 2003. P. 53
Les réponses dans l’ensemble ont mis en exergue un problème de management : manque de
communication, fonctionnement cloisonné, distanciation hiérarchique, manque d’une vision
commune. La synthèse des informations recueillies est donnée dans le tableau qui suit.
Constats relatifs - Elle existe ; elle - Elle existe parce que - Elle n’existe pas ; sans
à la politique de a été ça va de soi ; il y a vision stratégique, difficile
formation. communiquée une structure qui est d’avoir une politique de
par lettre de là. formation. La lettre de
cadrage, par le cadrage n’est pas claire.
biais du dossier - Je n’en connais pas L’entreprise ne
de concession. les orientations ; il n’y communique pas ; la
a pas un guide direction est distante, elle
- Ses permettant de lire ce ne donne pas aux cadres
orientations : que la direction nous ses axes d’orientation.
conserver le réserve. La lettre de
professionnalis cadrage parle de trois - Personne n’a une vision de
me ferroviaire perspectives, c’est de cette entreprise. Il y a des
du personnel, gros mots : de quoi ça projets qui ne marchent
évolution de retourne ? pas parce que
l’entre-prise vers l’encadrement ne
la culture des - Sinon, par rapport au s’implique pas.
résultats. passé : couvrir tous
les corps de métiers,
perfectionnement.
Alors que nous étions partie sur une première hypothèse40 qui ne visait que l’encadrement
intermédiaire (sans faire allusion au top management) et sur une troisième hypothèse 41 basée
sur des compétences techniques (alors que finalement sur ce point les efforts actuels de
formation priorisent les formations visant les compétences techniques, et la mobilisation à ce
niveau est tributaire des pratiques managériales), nous avons du reformuler ces deux
hypothèses pour tenir compte de ces nouvelles données.
40
Hypothèse 1 ancienne : les priorités de formation destinées à préparer l’avenir, à accompagner et à faciliter
les changements donnent à l’encadrement une ouverture d’esprit lui permettant d’avoir une meilleure lecture de
son entreprise au-delà de sa situation de travail particulière.
41
Hypothèse 3 ancienne : elles représentent un outil d’amélioration des compétences : savoirs faire techniques
(pour la maîtrise des nouveaux équipements), savoirs faire techniques plus larges (pour favoriser la polyvalence
et le redéploiement du personnel), compétences d’organisation et d’autonomie, des capacités relationnelles pour
l’encadrement.
Pour la vérification de nos hypothèses, nous avons choisi la méthode qualitative jugée proche
de notre objet de recherche lié à la psychosociologie.
L’entretien est l’outil qui a servi au recueil des données sur le terrain. C’est une technique de
recherche axée essentiellement sur la communication verbale pour recueillir des informations
et des points de vue en rapport avec le but fixé.
L’entretien permet donc d’analyser le sens que les acteurs donnent à leurs pratiques en
respectant leurs cadres de référence.
Il importe de préciser que, pour ce qui nous concerne, nous avons exceptionnellement procédé
par entretien sous forme de questions ouvertes compte tenu de nos attentes et des éléments
suivants :
• Le risque de l’effet de la tendance au conformisme organisationnel (les gens essaient
de répondre en se conformant à l’image valorisante que la direction donne
à la formation même si en réalité il y a visiblement des écarts entre ce discours et les
pratiques).
• Un public méfiant, peu habitué à ce type de rencontre et pouvant de ce fait être à court
d’idées (ou avoir des difficultés d’expression).
• La contrainte du temps.
Nous avons élaboré un schéma d’entretien légèrement différent (au niveau des questions, mais
pas des objectifs) pour les CD, les cadres et les autres salariés (maîtrise et exécution).
Le schéma d’entretien, décliné en trois, est joint en annexe 4.
42
VERGES. Cité par C. GENDRON. Ethique et développement économique. Thèse de doctorat Op. Cit P. 235
43
QUIVY et CAMPENHOUDT. Cités par C. GENDRON. Ibid. P. 235
Il comprend :
• Une section introductive visant à mettre à l’aise le répondant,
• une section de clôture permettant au CD et au cadre de présenter leur vision de
l’avenir par rapport aux sujets traités et aux autres salariés d’émettre des souhaits ou
de faire des suggestions.
• Des blocs de questions :
- relatives au management de proximité afin de cerner la perception que CD et
cadres ont de l’entreprise et voir la compréhension ou le sentiment qu’ils ont du
discours du P-DG à ce sujet, la posture de chacun en tant que manager ou
responsable hiérarchique;
- sur la formation : définition, finalité, objectifs, enjeux, pratiques à SETRAG ;
- sur leurs motivations quant à la formation.
Ces entretiens visaient à saisir les perceptions que les CD, les cadres et les autres salariés ont
de la formation ainsi que leurs attentes. Autrement dit :
• Pour les CD et les cadres, situer leur perception de l’entreprise sur le plan managérial
(le relationnel, la communication), de la formation et mesurer leurs motivations quant
à la formation et leur vision de l’avenir sur l’ensemble des sujets abordés.
• Pour les autres salariés (agents de maîtrise et d’exécution) cerner leur perception de la
formation et des pratiques, mesurer leur motivation quant à la formation.
Après avoir reçu l’approbation de notre directeur de mémoire pour l’application du schéma
d’entretien, nous avons procédé à un entretien préliminaire avec un CD, répondant aux
critères de choix de l’échantillon, en vue de tester notre schéma d’entretien. Cet exercice nous
a permis de revoir l’ordre de questions sans opérer des changements sur le fond. Les résultats
de ces entretiens sont présentés dans la section qui suit.
Nous avons réalisé tous nos entretiens au sein de la SETRAG sur une période de deux
semaines. Les rencontres avaient lieu dans les bureaux des répondants ; le jour et l’heure
étaient à leur convenance. Les prises de rendez-vous se faisaient selon les modalités
suivantes :
• Aux CD, nous avons annoncé ces rencontres lors de l’audit de formation ; nous leur
avons indiqué, à l’occasion, que cet audit aura une continuité nécessaire pour la partie
relative à la recherche universitaire. Nous n’avons donc fait que leur rappeler ce qui
leur avait déjà été dit deux mois auparavant. L’obtention de rendez-vous était malgré
tout difficile pour des raisons de disponibilité.
• Pour les cadres, les rendez-vous étaient pris au téléphone tout en leur indiquant
également que ces entretiens étaient la continuité de l’audit.
• Pour les autres salariés, nous passions par les responsables, après avoir pris le soin
nous-même de sélectionner les personnes à rencontrer à partir du fichier du personnel.
Le procédé a été le même pour tous les entretiens. Nous avons démarré chaque entretien en
expliquant au répondant les raisons de notre enquête, en lui donnant la garantie de la
confidentialité et du caractère anonyme des résultats.
Pour éviter l’effet de la tendance à l’acquiescement (réponse privilégiant le oui plutôt que le
non) et un discours trop organisationnel, nous avons invité chaque répondant à nous
considérer comme une personne extérieure à l’entreprise et à dire les choses telles qu’il les vit
et selon sa vision. Aux CD et aux cadres, nous avons ajouté que nous voulions un discours
aussi bien sur l’entreprise que sur leur vision des différents sujets abordés.
Les entretiens avaient une durée allant de 45 minutes à 1 heure. Il est importent de souligner
que, pour des raisons culturelles liées au contexte (méfiance, suspicion) nous n’avons pas pu
enregistrer les entretiens au magnétophone ; nous avons noté les réponses au stylo à bille
directement sur la feuille de questions. Quatre notes d’entretiens sont jointes en annexe 5.
Par ailleurs, dans le soucis de mener à bien nos entretiens, nous nous sommes fixée certaines
règles : avoir une attitude neutre (verbale et non verbale), et une attitude d’écoute et
d’encouragement à l’expression.
Bien que réduit, l’échantillon a été composé en fonction de variables stratégiques, c’est-à-dire
des variables qui pourraient avoir une influence décisive sur le problème étudié. A savoir :
Comme pour les entretiens exploratoires, nous avons également choisi les personnes
beaucoup plus pour leurs capacités de communication, leur franc parler et leur connaissance
du contexte ; ces critères sont nécessaires pour avoir une production d’informations les plus
significatives et les plus riches. D’où le tableau d’échantillon d’entretien suivant :
N° Ancienneté, niveau
Catégorie Cheminement personnel
entretien de formation initiale
2 Cadre 2 ans 5 mois d’ancienneté Commence sa carrière dans la banque (2 ans) ; intègre le CF en
Maîtrise en Droit public. 2004 sans poste cible ; est provisoirement Attaché au chef
département. A titre personnel, a suivi une formation diplômante
à distance à l’ITB Paris de 2004 à 2005 (diplôme de l’ITB Paris,
à l’initiative de l’employeur) pour consolider ses compétences
sur : analyse financière, fiscalité, Economie, etc.
4 Cadre 13 ans d’ancienneté Commence sa carrière au CF. Différents postes occupés après
Maîtrise en Sciences de une immersion de 12 mois dans l’entreprise : chef divisions
gestion. voyageurs, marchandises, marketing. Est resté au même poste
depuis l’embauche.
5 Cadre 6 ans d’ancienneté Commence sa carrière à MOBIL OIL (société pétrolière), 1 an.
Ingénieur en Intègre le CF dès sa privatisation. Après une immersion de 6
Electromécanique. mois dans l’entreprise, est chef division ; est, depuis l’arrivée de
SETRAG, attaché au chef département. Il est actuellement en
attente d’affectation à un poste. A bénéficié d’une formation
technique sur les locomotives (initiative personnelle).
6 CD 31 ans de vie Entre à la SNCF à 21 ans, sur titre avec un Bac scientifique ;
professionnelle dont 20 ans immersion dans l’entreprise à la base. Connaît ensuite un
d’expérience dans parcours particulièrement riche qui a nécessité un très lourd
l’exercice des hautes investissement personnel et de l’entreprise. Possibilités
responsabilités. d’évolution dans l’entreprise, à la fois sur le plan personnel et
par le biais des concours et formations (politique de carrières de
Bac scientifique/formation SNCF, mais très sélective pour ce genre de parcours). A 26 ans,
initiale ; ingénieur/ diplôme d’ingénieur. Dès lors, tenue des postes de
formation continue. responsabilités dans la totalité des métiers du chemin de fer.
« Cette formation m’a mis en position de force par rapport aux
jeunes ingénieurs qui arrivaient ». Part ensuite de SNCF vers les
années 90 pour Réseau Ferré de France ; ensuite, expatriation
pour l’Afrique. Le résultat obtenu aujourd’hui est bien au-delà
de ses espérances.
N° Ancienneté, niveau
Catégorie Cheminement personnel
entretien de formation initiale
9 Agent M Environ 6 ans d’ancienneté Commence au CF (recrutement sur titre) par un stage de pré-
DUT GEA/Formation emploi de 6 mois ; ensuite CDD 6 mois avant le CDI en qualité
initiale ; BAA de chef de bureau. N’a encore bénéficié d’aucune formation à
Management/formation l’initiative de l’entreprise. Cependant, a fait une formation
continue diplômante (2001-2004) de niveau Bac+4, à l’initiative
personnelle dans l’espoir de tenter des évolutions de carrière
plus tard (promotion, mutation, reconversion).
•
La deuxième limite est liée à la forme de l’entretien retenue pour le recueil des
données sur le terrain.
En effet, au lieu de procéder par entretien semi-directif qui nous aurait certainement permise
d’avoir des informations plus riches et plus diversifiées, nous avons plutôt procédé par
entretien sous forme de questions ouvertes avec le risque, malgré les précautions prises,
d’avoir des effets tels que : l’effet de la tendance à l’acquiescement, l’effet de la tendance au
conformisme, l’effet de la réaction de prestance ( les réponses correspondent à l’image
valorisante que la personne souhaite donner d’elle). De plus, l’absence de l’enregistrement
des interviews au magnétoscope pourrait compliquer l’exploitation future des données des
entretiens en cas d’une éventuelle recherche dans le prolongement des présents travaux.
Pour toutes ces raisons, nous ne saurions pousser l’analyse aussi loin qu’il le faudrait et nos
données ne restent valables que par rapport au contexte. Seules des analyses plus
approfondies et sur un échantillon suffisamment élargi permettront de dépasser l’à peu près de
nos connaissances actuelles et d’aboutir, sans doute, à des conclusions généralisables.
L’analyse de contenu est la méthode que nous avons retenue pour l’exploitation des données
de nos entretiens avant de parvenir aux résultats de notre étude.
Il convient de rappeler que l’analyse de contenu n’est pas une technique de validation, mais
un processus d’objectivation des données discursives. Par définition :
« Les analyses de contenu étudient et comparent les sens des discours pour mettre à jour les
systèmes de représentations véhiculées par ces discours »44 dans un double objectif : stabiliser
le mode d’extraction du sens et produire des résultats répondant aux objectifs de la recherche.
Autrement dit, par l’analyse de contenu, le chercheur extrait du même texte un sens différent
selon les hypothèses engagées.
44
A. BLANCHET, A. GOTMAN. L’enquête et ses méthodes. Paris : Nathan, 1992. P. 95
On distingue notamment :
• l’analyse par entretien : elle rend compte, pour chaque entretien, de la logique
du monde référentiel décrit par rapport aux hypothèses ;
Au regard de tous ces différents types d’analyse de contenu, l’analyse la plus proche de notre
étude est l’analyse thématique. Malgré les éléments méthodologiques évoqués plus haut
(schéma d’entretien sous forme de questions ouvertes, prise de notes) et compte tenu de nos
objectifs de recherche, nous avons retenu cette méthode parce qu’elle a la particularité de
défaire la singularité du discours et de découper transversalement ce qui, d’un entretien à
l’autre, se réfère au même thème. Elle ignore ainsi la singularité de l’entretien et cherche une
cohérence thématique inter-entretiens.
Aussi, avons-nous, à la lecture de nos différents entretiens un à un, identifié trois thèmes
ayant chacun des spécifications relevant des différents problèmes, constats et préoccupations
soulevés par les répondants. Nous avons procédé au découpage thématique selon une logique
horizontale qui relève les différentes formes sous lesquelles le même thème apparaît d’un
entretien à l’autre ; et nous n’avons, pour chaque thème et ses spécifications, extrait que les
éléments pertinents en écartant ce qui relève du langage commun. La grille ainsi élaborée
constitue le cadre d’analyse de tous nos entretiens. Les thèmes et leurs spécifications seront,
dans une étape ultérieure, interprétés en regard de nos hypothèses et nous conduirons ainsi à
interroger les concepts et les notions développés dans le cadrage théorique de la
problématique.
Nous présentons ci-dessous cette grille sous forme de tableau pour une meilleure lecture.
THÈMES SPÉCIFICATIONS
renvoie à deux sujets : 1) le management de proximité que la direction veut ou est en train de
mettre en place et le projet de l’entreprise.
Enfin, la troisième et dernière thématique, se justifie par l’articulation entre notre mémoire et
la mission. Elle concerne le cadre organisationnel de la formation et touche donc les
pratiques.
Il y a un volet sur la vision de l’avenir par chaque répondant en termes d’attentes, de souhaits
ou de suggestions. Nous avons prévu ce volet pour mieux situer la position de chaque
répondant par rapport à notre problématique.
La particularité de nos hypothèses est qu’elles s’imbriquent entre elles : la première est la
principale, la deuxième et la troisième hypothèses découlent de la première. De ce fait, leur
vérification sera faite de façon articulée. Par conséquent, le thème 1 permettra de voir
comment les répondants perçoivent le fonctionnement de l’entreprise, les différents problèmes
qu’ils posent. Cette première lecture doit constituer une piste pour la réponse à l’hypothèse 1.
Les thèmes 2 et 3 seront mis à contribution pour l’interprétation des données en vue de la
vérification proprement dite de l’ensemble des hypothèses.
PRÉSENTATION ET ANALYSE
DES RÉSULTATS
Université de Rouen - Master 2 ICF 2005-2006 Françoise ANGUEZOME MEGNE
1- l’analyse longitudinale.
Nous avons réalisé, pour chaque entretien, une fiche d’analyse détaillée dont le contenu est
interrogé par rapport à la grille d’analyse. Chaque entretien fait donc l’objet d’une fiche où
l’on retrouve la synthèse des propos tenus par le répondant pour chaque thème.
2- L’analyse transversale.
Elle découle de la précédente. Nous avons, dans un premier temps, fait la synthèse de
l’analyse longitudinale ; ensuite nous avons interrogé les données de celle-ci au regard des
concepts et notions développés dans le cadrage théorique : formation stratégique,
management, compétences. Ce qui nous a permis de répondre à nos hypothèses de travail.
1 ANALYSE LONGITUDINALE
- Management de Ce n’est pas clair. Il est nécessaire que la direction nous définisse
proximité clairement cette notion, et dise ce qu’elle attend de chacun.
1
Les choses ne sont pas claires ; la lettre de cadrage n’oriente pas
Management - Projet d’entreprise suffisamment. En dehors de cette lettre, il n’y a eu aucune autre occasion
de communication. Les rapports de CODIR ne sont pas communiqués ;
même les réunions de direction élargies n’existent plus depuis un moment.
- Outil de management Elle permet à l’entreprise de déceler ses potentiels et de mieux connaître
2 les compétences et les limites de chacun ; elle est nécessaire aux CD dans
le domaine de l’éthique.
Leur vision de la
formation
- Les pratiques La formation est déconnectée de l’entreprise, même des souhaits des
3 agents. L’entreprise ne propose aucune formation en fonction des
objectifs.
Cadre On nous demande de faire des organigrammes, on ne sait pas sur quoi ça
organisationnel repose ; « je ne vois pas l’adéquation entre le système d’organisation et le
management qu’on veut mettre en place ».
Quant à sa vision de l’avenir, le répondant pense qu’il est nécessaire de procéder d’abord à la
réorganisation de l’entreprise, ensuite faire des actions de formations relatives aux CD dans le
domaine du management, soit sous forme de séminaires, soit sous forme d’échanges. Ca
permettra de casser le cloisonnement actuel et de développer la communication interne.
Fiche d’analyse de l’entretien n°2 (Cadre)
- Management de Ca ne veut rien dire ; il doit nous le définir. C’est peut-être une façon
proximité de faire comprendre à ses collaborateurs directs la nécessité d’adapter
leurs pratiques à ce qu’il attend d’eux. Ils sont éloignés des réalités et
1 ne communiquent pas. Or le management par objectifs se décide au
plus haut niveau, et se décline ensuite par les directeurs.
Management Malheureusement, ce relais n’existe pas.
- Projet d’entreprise L’entreprise doit définir son projet et le communiquer au personnel,
lui dire ce qu’elle attend de lui, le sensibiliser dans ce sens.
- Outil de management Permet la remise en cause de ses propres pratiques, d’améliorer les
2 pratiques de gestion.
- Outil de gestion de C’est un bon moyen pour une gestion objective des promotions.
Leur vision de la carrières
formation
- Outil d’amélioration Permet d’améliorer les compétences du personnel et les process.
de compétences
- Les pratiques Il n’ y a pas de flexibilité dans les pratiques. Avec une ancienneté
3 moyenne de 10 ans dans l’exercice des hautes fonctions de
l’entreprise, il est difficile de comprendre pourquoi nos responsables
Cadre ne réagissent pas alors qu’ils sont censés avoir une meilleure
organisationnel connaissance des problèmes. Peut-être existe-t-il des pesanteurs qui
bloquent.
réveiller l’esprit / la culture d’entreprise pour ceux qui l’ont et le faire acquérir à ceux qui ne
l’ont pas.
Fiche d’analyse de l’entretien n°3 (Cadre)
- Management de C’est quoi ? On ne nous dit pas ce que c’est. A qui s’adresse-t-il ? Aux CD,
proximité aux cadres, aux maîtrises ? Il faut qu’on nous le définisse. – Je ne connais
1 véritablement pas les objectifs de l’entreprise.
Management - Projet d’entreprise Quel projet ? Existe-t-il ? Un discours du P-DG est une
orientation/directive générale qui doit être déclinée et expliquée par chaque
directeur. Rien n’est fait, il n’y a pas ce relais.
- Outil de management Elle opère en chacun une remise en cause et permet de consolider les
acquis. Pour une DG et les CD, elle doit viser la pérennité de l’entreprise.
Elle répond à un besoin d’accomplissement, surtout quand la dynamique de
- Outil d’amélioration l’entreprise ne le permet pas, est importante pour celui qui veut aller de
de compétences l’avant, favorise l’ouverture d’esprit, dote l’entreprise des compétences
dont elle a besoin (je prends mon exemple). Mais la question est de savoir
2 si l’entreprise a tiré le meilleur de ces formations : non. Elle vous utilise
dans ce que vous êtes capables de faire, mais, elle ne vous interroge pas sur
Leur vision de la ce que vous êtes capable d’offrir. Elle peut le faire en vous faisant
formation participer à de grands projets de développement, en consultant les
potentiels pour des propositions, par le biais des boîtes à idées, des forums,
des discussions qui permettent aux cadres d’échanger. Ici, ça n’existe pas.
Aux salariés, permet l’entretien et le développement des compétences. En
même temps, elle peut avoir un effet psychologique dans le sens où elle
permet de se découvrir soi-même ; si l’expérience est positive, elle devient
un moteur de motivation de vouloir toujours aller de l’avant.
3 - Les pratiques La formation ici, c’est de la navigation à vue ; pas d’objectifs à long terme,
pas de vision.
Cadre
organisationnel
Cadre
organisationnel
Comme les précédents, ce cadre soulève des problèmes liés au fonctionnement de la SETRAG :
- La diffusion des formations sectaires; la formation n’est pas facilement accessible à tous,
« des formations ont été demandées en vain pour les cadres commerciaux dans les
domaines de la publicité, marketing, après-vente, etc.; ces formations sont nécessaires
pour une bonne synergie des différents services concernés ». De plus, l’accès à Internet
est un luxe alors que tous les cadres devraient en avoir ».
Concernant sa vision de l’avenir, ce cadre pense qu’il est impératif que la DRH ne soit plus
passive ; il faut qu’elle soit professionnelle. « On a l’impression que rien n’est planifié, ni
organisé ».
- Management de Après ce discours, la direction devait recevoir tous les cadres pour leur
proximité expliquer clairement ce qu’elle a attend d’eux et faire les déclinaisons
1 nécessaires. En retour, les cadres lui auraient fait part des problèmes
d’encadrement auxquels ils sont confrontés.
Management - Projet d’entreprise Le P-DG en a donné les grandes lignes dans son discours. Mais, la
matérialisation concrète de ce projet ne suit pas.
- Outil de management La formation est un outil qui permet à l’encadrement d’avoir une vision
large, de comprendre les objectifs de l’entreprise et de les communiquer
jusqu’à la masse.
2
- Outil de Elle favorise la performance de l’entreprise dans tous les aspects : technique,
développement de finance, stratégie, management (avoir un bon encadrement capable de
Leur vision de la
formation compétences favoriser la mobilisation de la compétence, de canaliser les énergies et
d’organiser). Être cadre, c’est un état d’esprit qui s’acquiert par la formation.
Mais, il est nécessaire que l’entreprise définisse d’abord ce qu’elle attend de
ses cadres. La formation peut aussi aider à comprendre cette nécessité.
3
- Les pratiques Il n’y a pas de politique de formation, pas de propositions de formation (en
fonction des objectifs généraux de l’entreprise) venant de la DRH qui est
Cadre quand même le cœur de l’entreprise.
organisationnel
Ces propos mettent en exergue, en d’autres termes, les problèmes soulevés précédemment
relatifs au fonctionnement de la SETRAG, notamment :
- Un déficit de communication qui se traduit par l’absence d’une réelle communication
autour du projet de l’entreprise et le relais de ce projet dans les faits. Ce déficit est la
conséquence de résistances qui ne disent pas leur nom ; « ça coince, parce qu’il y a deux
types de cadres à SETRAG, ceux qui ont un esprit d’ouverture capable de vision et ceux
qui n’en ont pas. Ces derniers bloquent tout. Pour y remédier, il n’y a que la formation ;
donner des formations nécessaires aux cadres. Mais en amont, il est nécessaire que la
direction définisse clairement ses objectifs et sa vision, qu’elle les partage à ses
collaborateurs et que le relais soit fait jusqu’à la masse.
- Des pratiques de formation inadaptées au contexte. Les formations sont quasiment
orientées sur les compétences techniques, mais rien sur les compétences transversales. Il y
a des cadres qui sont bons techniquement, mais à qui il manque des compétences en
organisation, encadrement des équipes ; c’est d’autant plus grave qu’ils ont de bas niveaux
de formation et ont commencé à des postes bas ; ils affichent des comportements qui ne
sont pas en phase avec leur grade. De plus, l’absence d’une vision claire de l’entreprise
complique toute demande de formation individuelle ; « il est difficile de faire des
demandes individuelles si on ne sait pas ce que la direction/la DRH attend de nous. Je sais,
en tant que cadre, les compétences qu’il me faut, mais je ne sais pas ce qu’on attend de
moi. La DRH a beaucoup d’effort à faire en matière d’organisation des formations qu’elle
diffuse ».
Cependant, le répondant considère la formation comme un outil qui permet le rayonnement de
l’entreprise et la dynamique d’ensemble recherchée. Mais, l’engagement affirmé de la
direction est nécessaire.
Pour remédier aux déficits constatés, ce cadre pense que la direction doit d’abord définir ses
objectifs ; que ces objectifs soient déclinés et expliqués jusqu’à la masse de l’entreprise. Dès
lors, se donner les moyens nécessaires dont la formation.
Fiche d’analyse de l’entretien n°6 (CD)
1 - Management de C’est le management participatif dont la base est la gestion par objectifs.
proximité
Management - Projet d’entreprise Il existe, mais n’a jamais fait l’objet dune véritable communication.
- Outil de management Pour que l’entreprise avance, il faut que sont personnel avance au même
rythme. La formation continue permet cette dynamique. Mais, nécessaire de
faire coïncider besoins individuels/ besoins de l’entreprise, d’avoir un bon
système de détection de compétences, de besoins et d’évaluation post-
formation par rapport à l’immédiat et à l’avenir, et une bonne synergie entre
formation et GRH. D’où la nécessité de définir clairement les objectifs.
« Mais, les choses ne sont pas bien organisées ici ».
2 La formation est nécessaire à tous les niveaux. Il y a des choses qui ne
- Outil d’amélioration
de compétences s’improvisent pas, le management par exemple. « Elle doit aider quelqu’un
Leur vision de la qui dit n’avoir jamais connu le système par objectifs à acquérir des
formation techniques de management. Elle développe l’esprit de groupe et la
communication interne ».
Ici, elle est particulièrement nécessaire dans les domaines suivants : conduite
de projet, communication, management (il y a un gros effort à faire en la
matière), culture de résultats, mécanisme budgétaire, gestion par objectifs,
etc. Toutes les formations reçues tout au long de ma carrière (techniques
ferroviaires, management, qualité, etc.) m’ont beaucoup aidé par la suite
dans mes responsabilités de manager.
3 - Les pratiques Il y a une structure de formation qui existe et qui en a le mérite, avec des
personnes compétentes. Mais, il y a un gros effort à faire sur le plan
Cadre qualitatif. On aura plus d’efficacité quant on aura généralisé la gestion par
organisationnel objectif doublée d’une démarche d’évaluation du personnel.
Ce cadre est le seul, dans l’ensemble, qui a une vision claire du management qui nous intéresse ici :
- Le management de proximité suppose la définition des objectifs généraux de l’entreprise
et leurs déclinaisons au sein de toute la hiérarchie afin que chacun sache sa part
d’objectifs pour la bonne marche de l’entreprise. Parallèlement à cela, il est nécessaire de
refaire l’organisation (c’est en cours) et que la communication en soit faite aux partenaires
sociaux (c’est envisagé) ; c’est un élément important dans la marche de ce processus.
Avouant qu’à ce niveau rien n’a été fait en terme de communication et de sensibilisation
du personnel, ce CD reconnaît que l’entreprise souffre d’un déficit de communication :
« il y a des efforts à faire en matière de communication dans l’entreprise ; on est peut-être
trop pris par le quotidien. La responsabilité de la DG est totale, car c’est elle qui oriente le
fonctionnement de l’entreprise. Aujourd’hui, le bilan est mitigé : inertie très importante
dans le fonctionnement général de l’entreprise (non respect de délais de réalisation des
objectifs, de bouclage des actions lancées, etc.), les objectifs, l’information ne sont pas
relayés jusqu’à l’encadrement. Les raisons de cette inertie sont liées au fonctionnement
historique de l’entreprise. La responsabilité des collaborateurs est essentielle, car ce sont
des relais ; c’est aussi là que réside la difficulté. Il y a une certaine appréhension qui
dénote la crainte des remises en cause ; certains ont même avoué que c’est la première
fois qu’on leur donne des contrats d’objectifs ».
Comment s’en sortir ? Ce CD pense qu’il est nécessaire d’agir sur le management pour
avancer : « Il y a beaucoup à faire, et on a les moyens pour se mettre à niveau assez
Management - Projet d’entreprise SETRAG SA a fait un plan d’investissement à 5 ans, c’est une vision
technique. Quelle est sa vision de l’organisation à 5 ans ?
Ces propos rejoignent les préoccupations évoquées par les répondants qui précèdent, notamment :
- L’absence de la communication du projet de l’entreprise au personnel, et du management
de proximité envisagé par la direction.
- L’absence d’un plan de réorganisation nécessaire pour permettre aux opérationnels de
faire des propositions adéquates en matière de RH : « Les investissements, ce sont les
hommes qui les font et non les machines. Aujourd’hui, il est difficile de se positionner,
d’anticiper ; on gère les RH de façon ponctuelle, il nous faut une vision globale de
l’entreprise ».
- L’absence d’un cadrage politique et organisationnel nécessaire pour rendre la formation
opérante : définition du cadre organisationnel, des procédures et des grandes orientations
pour permettre à toutes les unités d’avoir une vision commune. « Si l’OCTRA n’avait pas
correctement formé les cheminots, il y aurait un problème de professionnalisme
aujourd’hui ».
Pour permettre que la SETRAG soit performante et bien intégrée dans le groupe, il est
nécessaire de : mettre en place une véritable politique de formation suivie d’un cadre
organisationnel clairement défini, remettre les pratiques actuelles en cause, développer le
management pour que l’encadrement soit capable de mobiliser et de susciter l’intérêt et la
motivation des agents, perpétuer la culture ferroviaire par la formation des jeunes générations
sous forme d’immersion comme le faisait l’OCTRA.
Il importe de souligner qu’à ce niveau, les propos du répondant n’ont pas fait apparaître la
formation comme pouvant exclusivement opérer ce dynamisme.
- Les pratiques Ne sait pas trop comment ça fonctionne en matière de formation. Sinon le
3 fonctionnement global de l’entreprise est satisfaisant au vue des résultats
financiers. Mais, il y a des blocages d’hommes qu’il faut parvenir à régler
Cadre pour que ça aille mieux ; il faut qu’on change les hommes là où c’est
organisationnel nécessaire, s’il le faut.
Ce CD connaît les grandes lignes politiques données par le P-DG, mais a plutôt une idée
générale du management de proximité. Il reconnaît les mérites de l’entreprise eu égard à ses
résultats financiers. Toutefois, il a évoqué un certain nombre de problèmes comme les
précédents, notamment :
Dans l’ensemble, il pense qu’il y a un réel problème de formation qui pourrait expliquer les
maux actuels de l’entreprise. Problème lié certainement à l’obsolescence des compétences en
- Les pratiques Il y a des efforts de formation qui sont faits par rapport à la CECFT. Mais la
DRH a encore beaucoup à faire : bien organiser les formations, cibler les
besoins réels par service, étendre les formations à toute l’entreprise. De réels
problèmes de compétences d’ordre technique et relationnel
(l’accueil) existent dans notre service. Beaucoup travaille par habitude, sans
réelles compétences, faute de formation. Des demandes ont été faites en vain.
De plus, la DRH « nous limite à la routine : saisie des éléments de salaires, le
traitement et les éditions se font ailleurs. Ce n’est pas enrichissant ».
2
La formation facilite l’adaptation des agents à leur poste de travail, permet de
Leur vision de la - Formation, développer les acquis.
formation Outil d’amélioration
de compétences
Elle permet le développement des compétences nécessaires pour évoluer
- Formation, Outil de dans la carrière et à la mobilité interne (mutation fonctionnelle,
gestion de carrières reconversion).
Ses motivations Fait (et a des projets) des formations à titre personnel pour évoluer et
envisager une reconversion plus tard.
Cependant, il considère la formation comme un outil nécessaire pour l’adaptation des agents à
leurs postes de travail et pour le développement des compétences nécessaires pour la mobilité
interne. Toutefois, la DRH doit faire des efforts pour que les formations soient ciblées.
Il souhaite que les formations soient élargies à toute l’entreprise, qu’il y ait reconnaissance et
valorisation des acquis et que les agents soient traités équitablement pour les motiver.
- Les pratiques Les modules de formation ne sont pas adaptés au contexte. On vous parle de
formation professionnelle, en réalité elle a plus de théorie que de pratique en
ce qui concerne la formation des chefs de sécurité.
Il serait intéressant pour la fonction formation de faire le terrain, d’aller
discuter avec les agents pour connaître les besoins réels de formation et
éviter des exclusions ; car il y en a qui sont exclus de la formation tout
simplement parce que ça ne va pas avec le chef. De même qu’il est difficile,
ici, de bénéficier d’une mutation parce que le chef n’est pas d’accord.
Il est également nécessaire, avant le départ en formation, d’expliquer aux
agents ce qu’on attend d’eux, leur expliquer les objectifs de formation
(formation de consolidation, de promotion, etc.) pour éviter des frustrations
comme aujourd’hui ; « il y a régulièrement des recyclages et
perfectionnements alors qu’en pratique rien ne change, pas de retombées et
ça démotive ».
- Formation, Elle donne la capacité d’avoir une vision large des choses, développe les
2 Outil d’amélioration capacités de compréhension. « Il y a des chefs de gare qui ne connaissent pas
de compétences la législation du travail et ça leur joue des tours dans la programmation du
Leur vision de la personnel ; ils ignorent même leurs droits prévus dans la convention
formation collective. C’est lié au manque de formation. Souvent, ça leur crée des
frustrations de voir leurs agents attirer leur attention sur des choses qu’ils
sont censés connaître. Si on cible les formations dans d’autres domaines que
techniques, le CF va évoluer de 20 ans. Les agents sont techniquement bons,
mais il leur manque quelque chose ».
- Formation, C’est un outil qui permet de promouvoir les agents objectivement par le biais
Outil de gestion de des concours internes suivis des formations. Elle permet de faire le filtrage,
carrières d’éviter des contestations et de garantir l’efficacité.
Ses motivations Se forme par rapport à ses ambitions professionnelles ; veut évoluer et ne
veut pas sombrer dans la routine ; a l’opportunité d’être dans un département
nouvellement créé, qui a des défis, ne veut pas rester en marge de ce
challenge. « Monsieur X (entretien n°3) est un bon exemple d’une prise en
main personnelle de sa propre carrière, il force l’admiration ». A aussi des
ambitions futures : travailleur indépendant.
A travers ses propos, cet agent soulève également un certain nombre de problèmes liés aux
pratiques en vigueur dans l’entreprise :
- L’absence de mise à jour des modules de formation de professionnalisation, de recyclage
et de perfectionnement interne : notamment, les contenus des modules nécessitent des
mises à jour pour tenir compte de l’évolution du contexte social.
- L’absence d’un travail d’analyse de besoins et des emplois permettant d’identifier les
besoins réels de compétences par rapport à l’entreprise et par rapport aux agents.
Conséquence : il y a des compétences qui sombrent; elles ne sont pas identifiées et donc
pas utilisées.
- L’absence de flexibilité dans la gestion de carrières, notamment les mutations.
- L’absence de communication en matière de formation ; les agents ignorent les objectifs de
formation. D’où les frustrations ; les attentes entreprise/agents ne coïncident pas.
Par conséquent, il souhaite que soit mis en place un système efficace de management de
formation pour intéresser tout le monde, avec un cadre organisationnel bien défini, et que
soient créées les conditions favorables pour une bonne utilisation des compétences.
Fiche d’analyse de l’entretien n°11 ( E )
- Les pratiques Les agents sont sous utilisés dans l’ensemble. Au niveau de l’exécution, il y
a des bacheliers qui ne sont pas utilisés pour ce qu’ils sont capables de faire.
A ce niveau, c’est un problème de résistances, les chefs perçoivent mal les
nouveaux qui arrivent avec des qualifications/diplômes. La DRH doit faire
des efforts dans ce sens, détecter des potentiels, les utiliser pour éviter le
gaspillage de ressources.
Les recyclages et perfectionnements (comme au SET) n’apportent pas un
plus à l’entreprise; c’est de la routine. Or, une formation est faite pour
apporter quelque chose. De plus, on forme régulièrement les agents, mais on
ne sait pas pour quel objectif ; il n’ y a pas de retombées (récompenses).
Parfois, ce sont ceux qui n’ont rien fait en formation qui se retrouvent avec
des grades.
Par rapport aux agents d’exécution, la formation n’apporte rien ; c’est la
stagnation ; sauf si c’est dans d’autres domaines comme l’informatique. Au
2 niveau maîtrise, elle apporte un plus si c’est dans le domaine du
commandement et de l’organisation.
Leur vision de la
formation - Formation, Outil La formation permet l’adaptation du personnel aux enjeux nouveaux.
d’amélioration de
compétences
Ces propos mettent en exergue un certain nombre de problèmes liés aux pratiques en vigueur
dans l’entreprise et qui se traduisent par :
Ses suggestions : Mettre en place une politique de formation en cohérence avec la gestion de
carrière. Une formation sans retombées ne motive pas. Diversifier les formations, étendre les
formations à tous les niveaux de l’entreprise.
Ces propos mettent en exergue un certain nombre de problèmes liés aux pratiques en vigueur
dans l’entreprise et qui se traduisent par :
- La diffusion des formations non ciblées ;
- L’absence, dans ce domaine aussi technique, de formations de professionnalisation alors
qu’elles sont prévues dans la filière pour les nouvelles recrues ;
- L’absence de recrutement en vue de préparer la relève liée au vieillissement de la
population dans la filière technique.
- Un système d’organisation qui ne permet pas aux agents de connaître des expériences de
travail diversifiées dans l’entreprise ;
- L’absence de mesures de motivation.
En conséquence, il suggère que l’entreprise donne les moyens qu’il faut pour atteindre le niveau
de rendement souhaité : préparer la relève, et renouveler les formations de professionnalisation ;
il est aussi important de motiver les agents après une formation, de rendre flexible la mobilité
interne du personnel « ça pourrait permettre de motiver les agents et de les intéresser ».
L’analyse individuelle que nous venons de réaliser nous a permise d’avoir une vue synthétisée
des propos de chaque répondant sur chaque thème, de faire les commentaires nécessaires en
mettant en exergue les problèmes liés au fonctionnement de la SETRAG et la perception que
chacun a de la formation.
Ces synthèses vont nous permettre, dans l’étape suivante, de réaliser le tableau d’analyse
transversale en vue de faire des interprétations nécessaires pour répondre à notre
problématique de recherche qui consiste, en d’autres termes, à déterminer :
Dans quelle mesure la formation peut constituer un outil stratégique pour opérer des
changements.
2 ANALYSE TRANSVERSALE
Nous avons relevé un certain nombre de remarques au cours de nos entretiens. Il importe de
les souligner.
Il s’agit de la tendance générale, de presque tous les répondants, à poser de façon récurrente,
des préoccupations liées au fonctionnement du système global de l’entreprise ; au point où
généralement les réponses aux questions relatives à la formation étaient précédées
systématiquement de discours autour des aspects suivants :
a) le déficit de communication.
L’ignorance, par tout l’encadrement interrogé (exceptés les 2 CD de la direction), du
projet de l’entreprise et du management participatif évoqué par le P-DG lors de son
discours en est l’illustration. Sur des questions portant sur ces deux volets, des propos
suivants sont souvent venus : « il est nécessaire que la direction nous dise clairement ce
qu’elle attend de nous », « je ne connais véritablement pas les objectifs de l ‘entreprise »,
« nos directions ne communiquent pas », « c’est quoi le projet d’entreprise (…) et c’est
quoi le projet de SETRAG ? », etc.
discuter avec les agents pour connaître les besoins réels et éviter les exclusions », « il y en
a qui sont exclus de la formation parce que tout simplement ça ne va pas avec le chef »,
« des formations ont été demandées en vain pour les cadres commerciaux », « je ne peux
pas me prononcer sur la qualité des formations diffusées, mes agents n’en ont pas
bénéficié jusque-là », etc.
d) L’absence de normalisation
La normalisation, c’est l’établissement et la mise en application d’un ensemble de règles
et de spécifications ayant pour objet de simplifier, d’unifier et de rationaliser45. Elle
permet un meilleur fonctionnement de l’entreprise et une vision commune.
Les propos des répondants au sujet des pratiques de formation relèvent plusieurs
manquements qui, en terme d’ingénierie, peuvent rendre la formation inopérante :
l’absence de fiches de postes évoquée par 2 cadres, 1 agent de maîtrise et 2 agents
d’exécution (elles existent en réalité, mais leur usage est rarissime ; pour les postes
nouvellement crées, elles n’existent pas), l’absence d’un cadre organisationnel de la
formation évoquée par l’ensemble des répondants.
Ces propos ont dominé l’ensemble des entretiens. Ils montrent, malgré tout, que les agents ont
une vision claire du fonctionnement d’une entreprise, des synergies nécessaires dans
l’ensemble du système ; ils traduisent la soif des cheminots de voir de réels changements
s’opérer dans leur entreprise. Par rapport à notre problématique, les répondants ont reconnu
les enjeux de la formation ; mais, elle peut ne pas être opérante si rien n’est fait en amont.
Ces appréhensions ont plutôt dissipé notre inquiétude de départ relative aux effets de
tendances à l’acquiescement et au conformisme.
45
Dictionnaire Le petit Larousse illustré. Paris : édition 2005. P. 737
La présente section vise à donner un aperçu global des résultats en faisant ressortir les
perceptions que :
• les CD et les cadres ont de l’entreprise sur le plan managérial (le relationnel, la
communication) et de la formation.
• les autres salariés (agents de maîtrise et d’exécution) de la formation et de ses
pratiques.
Les analyses s’articuleront autour des trois thèmes issus de nos résultats. Aussi, serons-nous
amenée, au niveau de l’interprétation, à interroger les mots clés de notre problématique dans
le but de répondre à nos hypothèses de recherche que nous rappelons ici :
Hypothèse 1 : les formations basées sur le management apportent aux cadres dirigeants des
savoirs théoriques et des savoir-être qui leur permettent de constituer une équipe soudée,
conviviale et convaincue du bien-fondé du management participatif, capable de
communication ouverte, de délégation, d’autocritique ; une équipe qui donne la priorité au
relationnel et à l’incitatif sur le hiérarchique et qui favorise la marche décloisonnée de
l’entreprise.
Hypothèse 2 : grâce à ce saut managérial, les savoirs théoriques et les savoir-être acquis par
le biais des formations ciblées donnent à l’encadrement une ouverture d’esprit lui permettant
d’avoir une meilleure lecture de son entreprise au-delà de sa situation de travail particulière,
de partager sa vision de l’entreprise aux niveaux inférieurs et de développer à son tour le
relationnel et l’incitatif.
Pour répondre à l’hypothèse 1, nous nous demanderons si l’encadrement (CD, C) a une vision
claire du projet de SETRAG et du management participatif qui le sous-tend et s’il y adhère.
Puis nous analyserons ses propos à ce sujet en mettant en exergue les problèmes de mise en
œuvre et les causes au regard du cadrage théorique. La deuxième question consistera à savoir
quelles sont les solutions possibles évoquées par les répondants ; perçoivent-ils la formation
comme moyen pour rénover le management de l’entreprise ?
Nos hypothèses s’imbriquant entre elles, toute cette trame nous permettra également de
répondre à l’hypothèse 2 et constituera une première lecture pour répondre à l’hypothèse 3.
Pour cette dernière hypothèse, un complément d’analyse sera fait sur la perception que les
agents de maîtrise et d’exécution ont de la formation et de ses pratiques.
Management Il est nécessaire que la La direction doit nous le Ne sait pas ce que c’est Ne sait pas situer le
de proximité direction définisse définir et se demande à qui discours du P-DG ;
clairement cette notion et s’adresse le P-DG à ce l’entreprise ne
dise ce qu’elle attend de sujet. communique pas.
chacun.
Projet Ce n’est pas clair, les La direction doit Ne sait pas si ce projet Ne sait pas si ce projet
d’entreprise déclinaisons faites dans la communiquer son projet existe. L’orientation existe et ne connaît
lettre de cadrage au personnel et lui dire générale du P-DG devait pas les objectifs
n’orientent pas ce qu’elle attend de lui. être relayée par chaque généraux de
suffisamment. directeur. l’entreprise.
Entretien 5 Entretien 6 Entretien 7 Entretien 8
Management Le P-DG devait engager C’est la gestion par La direction doit nous Il passe par la mise en
de proximité des échanges avec les objectifs. Mais, il n’ y a dire ce que c’est. place d’un système de
cadres à ce sujet. pas eu de réelle communication
communication au constructif. Sinon, il
personnel. reste un mot creux
comme c’est le cas ici.
Projet Certains cadres bloquent Il existe, mais n’a jamais SETRAG a fait son plan La responsabilité de la
d’entreprise tout. Il est nécessaire que la fait l’objet d’une d’investissement à 5 ans. DRH est entière dans
direction définisse communication. Mais, quelle est sa vision la situation actuelle ;
clairement ses objectifs et de l’organisation ? celle des autres
sa vision. directeurs également.
Management Il faut valoriser les acquis Il faut mettre en place un Il y a un problème de La DG doit mettre les
de proximité et motiver les agents. système efficace de résistances qui fait que moyens nécessaires
management de les agents soient sous pour atteindre les
formation et de détection utilisés dans l’ensemble. résultas visés, motiver
de compétences. les agents et favoriser
la flexibilité interne.
Projet Je me suis dis que ça ne Je sais ce qu’on attend Tout ce que je sais, c’est Fais l ‘entretien des
d’entreprise concerne que les de moi par ma culture ; que la direction attend locos en fonction du
directeurs. pour le département, je de chacun de meilleurs programme journalier
sais où on va car on a résultats. et rend compte. N’en
fait un plan d’action sait pas plus.
2006.
CONSTATS
Au sujet du management de proximité, sur 8 cadres interviewés, 1 CD a une idée générale sur
la question, 1 autre CD, le seul, sait exactement de quoi il est question : « le projet de
l’entreprise est bien défini, il existe et se trouve disponible dans le document de concession de
la SETRAG. Le management de proximité qui le sous-tend également est bien défini et
décliné. Le management de proximité, c’est le management participatif dont la base est
la gestion par objectif. Il suppose la définition des objectifs généraux de l’entreprise et
leurs déclinaisons au sein de toute la hiérarchie afin que chacun sache sa part d’objectifs
pour la bonne marche de l’entreprise ». Sa mise en place nécessite un certain nombre
d’actions : la mise à plat de l’organisation (c’est en cours) et une communication ouverte
avec les partenaires sociaux sur tout ce qui est entrepris pour la marche de ce processus
(c’est envisagé).
Les 6 autres cadres (2 CD, 4 C) ont déclaré clairement, comme un seul homme, ne pas
pouvoir répondre à la question sur le management de proximité; la direction n’a jamais
expliqué à l’encadrement le sens qu’elle donne au management de proximité qu’elle entend
mettre en place, ni dit ce qu’elle attend de chacun : « le management de proximité, c’est
quoi ? », « il s’adresse à qui ? Aux CD, aux cadres, aux maîtrises ? Il faut qu’on nous le
définisse. Je ne connais véritablement pas les objectifs de l’entreprise », « c’est pas clair,
la direction doit nous définir clairement cette notion et dire ce qu’elle attend de
chacun », etc.
Seul le même CD en a la maîtrise. Il reconnaît, cependant qu’il n’a jamais été communiqué au
personnel : « il existe, mais n’a jamais fait l’objet d’une véritable communication aux
agents. C’est pourquoi ils en ignorent les détails ». L’autre a effleuré la question sans
détails.
Ainsi, comme pour le management participatif, les 6 cadres restants en ignorent les détails
comme en témoignent ces propos : « l’entreprise doit communiquer son projet au
personnel, lui dire ce qu’elle attend de lui et le sensibiliser par conséquent », « quel
projet ? Existe-t-il ? Un discours du P-DG est une directive qui doit être déclinée et
expliquée par chaque directeur, rien n’est fait. Ce relais n’existe pas », « c’est quoi
d’abord le projet d’entreprise ? Quel est celui de SETRAG ? Quels sont les objectifs
généraux de SETRAG ? », « SETRAG a donné sa vision technique à 5 ans. Quelle est sa
vision de l’organisation à 5 ans ? », etc.
Chez les autres salariés, 1 agent de maîtrise (agent M) pensait jusqu’à ce jour que ce discours
ne s’adressait qu’aux directeurs : « je me suis dit que ça ne concerne que les directeurs ».
Le deuxième agent M, en revanche, a avoué n’avoir rien retenu de ce discours. Après une
relance avec quelques précisions sur la production, qui est son domaine, il a répondu :
« je sais seulement que notre chef de département nous avait dit en début d’année, au
cours d’une réunion (la seule que nous avons eu avec lui) que nous devons produire X
wagons cette année. Je travaille pour ça chaque jour suivant le programme journalier ».
Les propos de ces cadres dénotent qu’ils ont une approche claire d’un projet d’entreprise ;
mais c’est celui de la SETRAG qui leur échappe. En revanche, c’est la notion de management
de proximité qui leur paraît complexe. Derrière ces propos, l’on peut lire un certain intérêt de
la part de ces cadres à l’endroit de leur entreprise, ainsi que le regret de ne voir aucune
action ou démarche engagée par la direction depuis que le discours du P-DG a eu lieu :
« on s’est dit qu’après ce discours, la direction va organiser des échanges avec les cadres
sur le sujet, on attend toujours », « après ce discours, la direction devait recevoir tous les
cadres qui en retour auraient pu lui exposer les problèmes d’encadrement auxquels ils
sont confrontés », « en dehors de ce discours, il n’y a eu aucune autre occasion de
communication ; même les rapports du comité de direction ne sont plus communiqués ;
les réunions de direction élargies aux chefs de départements qui pouvaient constituer des
occasions d’échanges n’existent plus depuis un moment ».
Il n’est pas surprenant, dans ces conditions, de voir qu’à ce jour il n’y ait aucune
matérialisation de ce projet. Quelles sont les responsabilités ?
Les mêmes cadres, bien qu’interviewés individuellement, sont unanimes sur la responsabilité
de la direction et de ses collaborateurs directs :
Ces propos sont légitimés par le même CD qui reconnaît sa responsabilité et celle de ses
collaborateurs : « Ma responsabilité est totale, car c’est moi qui oriente le fonctionnement
de l’entreprise. Aujourd’hui, le bilan est mitigé : il y a une inertie très importante dans
le fonctionnement général de l’entreprise (non respect de délais de réalisation des
objectifs, de bouclage des actions lancées, etc.), les objectifs et l’information ne sont pas
relayés jusqu’à l’encadrement. La responsabilité des collaborateurs est essentielle, car ce
sont des relais ; mais c’est aussi là que réside le problème ».
• Résistances : 1 CD, 1 C, 2 E
« Ca coince, parce qu’il y a deux types de cadres à SETRAG, ceux qui ont un esprit
d’ouverture capable de vision et ceux qui n’en ont pas. Ces derniers bloquent tout », « il y a
une certaine appréhension qui dénote la crainte des remises en cause ».
« Les agents sont sous utilisés dans l’ensemble. Au niveau de l’exécution, il y a des
bacheliers qui ne sont pas utilisés pour ce qu’ils sont capables de faire. A ce niveau, c’est un
problème de résistances, les chefs perçoivent mal les nouveaux qui arrivent avec des
qualifications/diplômes », « les chefs préfèrent vous confiner à des tâches routinières (…) ; ils
refusent même toute communication sur le travail. Vous arrivez avec plus de qualifications,
ils ont peur de perdre leur place ».
Il convient de signaler que dans leurs propos, les répondants sont restés prudents sur les
causes, préférant parler de déficit ou de manque de compétences ou utiliser des propos
imagés, plutôt que parler en termes de compétences managériales notamment : « quand un P-
DG tient un tel discours devant ses collaborateurs directs, c’est qu’il a constaté que ça ne va
pas ; il les interpelle et les invite à adapter nécessairement leurs pratiques à ce qu’il attend
d’eux », « ils sont éloignés des réalités et ne communiquent pas », « l’absence de relais est la
conséquence d’une absence de communication », « on gère les RH de façon ponctuelle faute
d’une vision globale de l’entreprise ».
Seuls 3 cadres (2 CD, 1 C) ont été directs sur la question des compétences managériales :
« il y a des cadres qui n’ont pas un esprit d’ouverture capable de vision : ces derniers bloquent
tout », « certains ont avoué que c’est la première fois qu’on leur donne des contrats
d’objectifs. (…) Il y a des choses qui ne s’improvisent pas, le management par exemple »,
« il y a comme un blocage du au manque de savoir-faire de certains responsables ».
2 agents E également ont souligné, en ce qui concerne les pratiques, les difficultés
d’encadrement auxquelles sont souvent confrontés leurs chefs directs : « la routine s’explique
aussi par les limites de ceux qui vous encadrent », « il y a des chefs de gares qui ne
programment pas le personnel de façon rationnelle parce qu’ils ignorent la législation du
travail ; ça cause des dégâts. Ils ignorent même leurs droits prévus dans la convention
collective. Tout ça est lié au manque de formation ».
INTERPRÉTATION
Les analyses que nous venons de faire permettent de repérer le mode de fonctionnement de la
SETRAG. Un fonctionnement caractérisé par un déficit de communication. Les 8 cadres
interviewés ont affirmé que « SETRAG souffre d’un déficit de communication ». La
communication monte, mais elle ne descend pas ; elle part de la direction et s’arrête au niveau
des directeurs. Il s’agit de ce que l’on pourrait appeler le management directif caractérisé par
La culture d’entreprise est un levier important dans la conduite du changement (les autres
leviers étant le management, la structure, les systèmes). Elle implique notamment clarté du
projet de l’entreprise, reconnaissance par la politique de rémunération de l’initiative
personnelle, partage de l’information affirmé comme principe fort, recherche permanente de
la performance.
A cet égard, le projet d’entreprise est tout un ensemble intégré. L’action sur tous les volets qui
le composent favorise l’harmonisation des vues sur le développement, d’un style de rapports
humains, favorise l’action collective et la cohésion du groupe.
A SETRAG, ça n’existe pas. L’absence d’un projet clairement communiqué et partagé par
tous a pour conséquences :
Or, la cohésion d’un groupe résulte de l’ensemble des processus qui concourent à son
maintien en tant qu’unité. Elle repose sur la vision commune des membres du groupe, c’est-à-
dire même compréhension des objectifs de l’entreprise par tous, partage mutuel de ces
46
Dictionnaire Le petit Larousse illustré. Pari : Edition 2005. P. 313
47
http://www.anfh.asso.fr. P. 7/20
objectifs, proximité des membres. A ce titre, la vision commune aide à la cristallisation des
divergences entre les acteurs au sein de l’entreprise. Elle sert de structure pour une
construction commune, requiert participation et implication de tous les acteurs.
Aux niveaux inférieurs, les agents M et E interviewés ont parlé de « situations de travail
routinières, de la sous-utilisation des potentiels, ont regretté l’absence d’un système de
détection des compétences et d’un système de mobilité interne flexible.
Tous ces résultats sont révélateurs d’un management rigide, qui n’est pas proactif.
Nous avons vu avec J.M PERETTI48 que réussir l’adhésion de tous, la mobilisation,
l’adaptation et la personnalisation impose un partage à trois niveaux notamment :
• Le partage de la fonction RH. Le manager de proximité participe à tous les actes de la
fonction RH. Cette décentralisation permet une adaptation rapide et pertinente, la
personnalisation réelle des décisions et la mobilisation des salariés.
• Le partage de la vision. Il est nécessaire que les n + 1 connaissent et partagent la vision
à long terme de l’entreprise en matière de RH pour que leurs actions s’inscrivent dans
le cadre des enjeux stratégiques de l’organisation.
• Le partage des savoirs. Le DRH doit veiller à la formation et à l’information des
n + 1 ; informations individuelles et collectives leur permettant d’étayer les décisions
personnalisées.
Dans cette dynamique, les attentes des partenaires sociaux et des salariés ne sont pas laissées
en marge. Les partenaires sociaux attendent que la DRH soit porteuse d’un projet et offre des
espaces de négociation permettant de faire évoluer l’organisation et d’assurer le
développement des hommes. « L’équité, l’employabilité et l’éthique » sont les trois attentes
qui semblent se développer chez les salariés.
Cette dynamique est quasiment absente à SETRAG comme l’illustrent nos précédentes
analyses. Rien n’est fait :
- Pour motiver les agents. Pour citer ce cadre « rien n’est fait pour motiver les agents à
se former ou au travail ; ici, les chefs ne savent que gronder ». De plus, « on forme
régulièrement les agents, on ne sait pas pour quel objectif ; il n’ y a pas de retombées »,
« avant le départ en formation, il est nécessaire de communiquer les objectifs aux
agents pour éviter les frustrations et la démotivation ».
- Pour mobiliser les compétences, valoriser les acquis : Les cadres le ressentent dans leur
travail. 1 CD et 2 C déclarent : « on gère les RH au jour le jour ; on ne peut rien
planifier », la question est de savoir si l’entreprise tire le meilleur parti de ses agents
« elle vous utilise dans ce que vous êtes capables de faire, mais, elle ne vous interroge
pas sur ce que vous êtes capable d’offrir. Elle peut le faire par plusieurs moyens : en
vous faisant participer à de grands projets de développement, en consultant les
potentiels pour des propositions, par le biais des boîtes à idées, des forums, des
discussions qui permettent aux cadres d’échanger. Ici, ça n’existe pas ». « Je sais, en
tant que cadre, les compétences qu’il me faut, mais ne je ne sais pas ce qu’on attend de
moi ».
« La DRH nous confine dans la routine, ce n’est pas enrichissant », « il y a des bacheliers qui
ne sont pas utilisés pour ce qu’ils sont capables de faire », « la DRH doit mettre en place un
système de détection des compétences ; il y a beaucoup de compétences qui sombrent », etc.
Tous ces propos montrent le risque du tassement des compétences dans ce contexte et nous
renvoient à l’approche sociologique des compétences qui reconnaît à la compétence un certain
nombre de caractéristiques sur lesquelles les auteurs s’accordent. Ces caractéristiques sont
entre autres :
• Un salarié peut posséder des compétences que la situation de travail ne lui permet pas
d’exercer. Il revient à l’entreprise d’identifier ces compétences et de créer des
conditions pour que le salarié les mette en œuvre et les valorise.
• La compétence s’exerce dans un environnement qui en facilite ou non le plein exercice.
Sa mobilisation est tributaire du contexte de réalisation qui peut en constituer soit un frein,
soit un avantage réel (cf. expérience de l’usine de Gisors rapportée par J.M LEGALL).
Comment sortir de cette inertie ? Les répondants de notre échantillon ont-ils perçu la
formation comme outil pouvant favoriser le renouvellement du management général de
l’entreprise ?
Cette question nous conduit à examiner les résultats relatifs à leur vision de la formation.
2.2.2. Analyse comparative des entretiens au regard du thème « Leur vision de la formation »
Formation, Permet de déceler les Permet la remise en Permet remise en cause des Permet une bonne
outil de potentiels de l’entreprise,
cause des pratiques, une pratiques. Pour une DG, synergie inter
management de mieux connaître les meilleure synergie entre elle vise la pérennité de services.
limites de chacun et de cadres de même niveau, l’entreprise ; aux cadres,
décloisonner l’entreprise.et une bonne émulation elle permet de mieux
mutuelle aux autres s’approprier les enjeux
Est nécessaire au CD dans salariés. nouveaux.
le domaine de l’éthique.
Formation, Permet d’améliorer les Permet l’acquisition des Répond à un besoin Outil de
outil compétences aussi bien connaissances en d’accomplissement, est développement de
d’amélioration techniques que techniques de importante pour celui qui compétences, à
de managériales. management. veut aller de l’avant, condition qu’elle
compétences permet de se découvrir soi- soit ciblée et suivie
même, dote l’entreprise de mesures de
des compétences dont elle motivation.
a besoin.
de gestion de
carrières Permet une gestion
objective des
promotions.
Entretien 5 Entretien 6 Entretien 7 Entretien 8
Formation, Permet à l’encadrement de Permet de faire avancer Est source de motivation si Est nécessaire pour
outil de comprendre les objectifs le personnel au même elle est en synergie avec la progresser en terme
management de l’entreprise et de les rythme que l’entreprise. gestion de carrières. de responsabilités et
communiquer à la masse. de salaire.
Formation, Permet la performance de Elle est nécessaire à Investissement rentable qui L’élément commun
outil l’entreprise dans tous les tous les niveaux ; il y a permet le rayonnement de qu’elle apporte à
d’amélioration aspects : technique, des choses qui ne toute l’entreprise. Elle est à tous les niveaux est
de finance, stratégie, s’improvisent pas, le la base du la compétence, à
compétences management. management par professionnalisme condition qu’elle
exemple. ferroviaire des cheminots. soit ciblée.
Entretien 9 Entretien 10 Entretien 11 Entretien 12
Formation, Est source de motivation si Permet de détecter les Est source de motivation si Permet de gérer la
outil de les acquis des agents sont compétences ; elle est suivie de retombées mobilité interne des
management valorisés. est source de motivation et si les objectifs sont agents et peut être
si elle est suivie de clairement définis et source de
retombées. communiqués. motivation si elle est
suivie des
retombées.
Formation, Permet l’adaptation des Développe les capacités Permet l’adaptation des Est nécessaire à tous
outil agents à leur poste de de compréhension, et agents aux enjeux les niveaux :
d’amélioration travail. d’approche. nouveaux. encadrement,
de exécution.
compétences
de gestion de Facilite la mobilité interne Permet une gestion Facilite des évolutions de
carrières des agents. objective des carrières.
promotions.
Il en ressort que la formation est positivement perçue dans l’ensemble ; elle est perçue comme
outil de management, outil de gestion de carrières, outil d’amélioration de compétences. D’où
les récapitulatifs ci dessous :
7 cadres (dont 2 CD) pensent que la formation permet la remise en cause des pratiques,
favorise le décloisonnement des services et la synergie entre cadres de même niveau ; elle
permet aux cadres d’avoir une vision claire du projet de l’entreprise, de comprendre le bien
fondé et la nécessité du management participatif. Elle peut même permettre à l’entreprise de
déceler ses potentiels et de mieux connaître les compétences et les limites de chacun, et donc
de mieux gérer les ressources humaines.
Elle est nécessaire aux CD dans le domaine de l’éthique (développer le sentiment
d’appartenance à l’entreprise, garantir l’équité et l’employabilité).
Tous les cadres pensent que la formation permet d’améliorer les compétences managériales
des cadres (CD, C) nécessaires pour garantir la pérennité de l’entreprise, développer l’esprit
de groupe, la communication et le management participatif. Les autres agents également (M,
E) pensent que la formation est nécessaire à tous les niveaux pour développer les compétences
et s’adapter à l’environnement.
Il importe de rappeler, comme nous l’avons noté précédemment, la prudence des répondants
de lier l’inertie observée à un problème de compétences en management.
Seuls 2 cadres (CD, C) et 1 agent E ont été directs sur la question : « Elle doit aider
quelqu’un qui dit n’avoir jamais eu d’objectifs, à acquérir des techniques de
management : management technique, participatif, conduite de projet », « ça coince,
parce qu’il y a deux types de cadres à SETRAG, ceux qui ont un esprit d’ouverture
capable de vision et ceux qui n’en ont pas. Ces derniers bloquent tout. Pour y remédier,
il n’y a que la formation ; donner des formations nécessaires aux cadres ». Pour l’agent
E, « elle donne la capacité d’avoir une vision large des choses, développe les capacités de
compréhension. Il y a des chefs de gare qui ne connaissent pas la législation du travail et
ça leur joue des tours dans la programmation du personnel ; ils ignorent même leurs
droits prévus dans la convention collective. C’est lié au manque de formation ».
Ils ont malgré tout, sans faire de lien direct avec la SETRAG, reconnu et affirmé que la
formation est nécessaire aussi bien aux agents, aux cadres qu’aux CD pour la pérennité de
l’entreprise :
« Pour une DG, elle doit viser la pérennité de l’entreprise qui passe par l’aptitude de
l’équipe dirigeante à un management exécutif adapté au contexte nouveau créé par les
évolutions. Elle permet aux cadres de mieux s’approprier les enjeux nouveaux », « elle
permet au CD d’avoir une vision claire du projet de l’entreprise, bien défini et bien
partagé ; elle est utile pour une bonne connaissance et la maîtrise des méthodes
d’évaluation du personnel ainsi que pour une utilisation optimale des RH. Au cadre, elle
permet une meilleure visibilité de ses responsabilités, une meilleure synergie entre
cadres de même niveau, une bonne fluidité dans la vision. Aux autres agents, elle permet
une bonne émulation mutuelle ».
Toutefois, tous les répondants sont unanimes sur le fait qu’à la SETRAG, la formation peut
s’avérer inopérante si rien n’est fait en amont. Il s’agit, d’une part, de toute la communication
et la sensibilisation nécessaires autour du projet de l’entreprise, explication claire et
déclinaison des objectifs généraux de l’entreprise et du management participatif. D’autre part,
réorganiser l’entreprise, remettre à plat le dispositif de formation pour que les pratiques
répondent aux objectifs de l’entreprise ainsi qu’aux besoins du personnel. Le tableau qui suit
nous donne une lecture synthétique de la perception qu’ils ont de ces pratiques.
Par ailleurs, nous avons constaté que les agents ne connaissent pas leurs missions : « je sais,
en tant que cadre, les compétences qu’il me faut, mais je ne sais pas ce que l’entreprise attend
de moi », « c’est quoi la fiche de poste ? Je n’en ai jamais vu ». D’où la difficulté de faire des
demandes à titre individuel : « il est difficile de faire des demandes de formation individuelles
si on ne sait pas ce que la direction ou la DRH attend de nous ». D’autres disent ne pas le faire
parce qu’ils pensaient que « ce sont seulement les chefs qui doivent le faire pour les agents »,
ou parce qu’ils ignorent la démarche : « on doit s’adresser à qui pour demander une
formation ? ».
Ces résultats nous interpellent et montrent la nécessité d’agir dans la mesure où la SETRAG
entend faire de la formation la pierre angulaire de la nouvelle dynamique envisagée. Cette
dernière nécessite de gérer la formation de façon méthodique ; qui dit méthode dit stratégie.
Dans ce cadre, la formation devient un investissement qui doit déboucher sur des retombées
opérationnelles en terme de gain de productivité : C’est la formation par l’approche
compétence. C’est une approche qui permet de mettre en évidence les besoins réels, en
s’attachant à l’analyse des écarts entre les compétences requises pour l’emploi et celles qui
sont maîtrisées par le titulaire.
50
A. MEIGNANT, T.ARDOUIN. D’émarche d’ingénierie de la formation. Cours Master ICF. Op. Cit. PP.34-37
4- Evaluer. C’est l’étape de la comparaison entre les résultats attendus ou prévus et ceux
effectivement atteints, en cours ou en fin de formation.
2- Concevoir et
4- Evaluer les
formaliser des
résultats de la PILOTER actions de
formation
3- Pourvoir, réaliser
l’action de formation
Telle est la question centrale de notre recherche dont les hypothèses proposées sont rappelées
ci-dessous :
Hypothèse 1 : les formations basées sur le management apportent aux cadres dirigeants des
savoirs théoriques et des savoir-être qui leur permettent de constituer une équipe soudée,
conviviale et convaincue du bien-fondé du management participatif, capable de
communication ouverte, de délégation, d’autocritique ; une équipe qui donne la priorité au
relationnel et à l’incitatif sur le hiérarchique et qui favorise la marche décloisonnée de
l’entreprise.
Hypothèse 2 : grâce à ce saut managérial, les savoirs théoriques et les savoir-être acquis par
le biais des formations ciblées donnent à l’encadrement une ouverture d’esprit lui permettant
d’avoir une meilleure lecture de son entreprise au-delà de sa situation de travail particulière,
de partager sa vision de l’entreprise aux niveaux inférieurs et de développer à son tour le
relationnel et l’incitatif.
Tous les cadres interviewés ont reconnu que la formation est nécessaire à une direction
générale pour assurer la pérennité de l’entreprise. Celle-ci passe par l’aptitude de
l’encadrement à un management flexible capable de s’adapter au contexte nouveau créé par
les évolutions, capable de communication ouverte, de développer des relations de proximité à
l’égard de son personnel et l’esprit de groupe.
L’éclairage théorique de J.M PERETTI51 sur le renouvellement de la GRH (voir notre chapitre
sur le management) permet de comprendre cette réflexion. L’auteur souligne en substance
que :
51
J.M PERETTI. Op.Cit. PP. 7-8
Selon le modèle contingentiel de la GRH, proposé par l’auteur, les défis induisent les
logiques, ces dernières orientent les pratiques comme l’illustre la schématisation suivante :
DEFIS
DEFIS
Contexte social Mutations économiques
Mondialisation
Mutations sociologiques
Evolution démographique
LOGIQUES
LOG
Personnalisation
Adaptation
Mobilisation
Partage
Anticipation
Recrutement
Relations sociales
Gestion à court terme de
l’emploi et des temps Conditions de travail et
de sécurité
Gestion à moyen terme des
emplois et des compétences Information et communication
Gestion de la rémunération Investissement Formation
PRATIQUES
PRATIQUES
Nous retrouvons dans les préoccupations des cadres interviewés et, dans une certaine mesure,
celles des autres salariés, la nécessité des logiques d’adaptation, de mobilisation, de partage et
d’anticipation du modèle contingentiel ci-dessus.
Si nous reprenons les propos de ces cadres, nous pourrons faire le rapprochement avec nos
hypothèses :
Aux cadres : «la formation permet de mieux s’approprier les enjeux nouveaux, une meilleure
visibilité de leurs responsabilités, une meilleure fluidité dans la vision et une meilleure
synergie ».
Cependant, les propos de tous les cadres font unanimement ressortir que dans le contexte de la
SETRAG, la formation est la solution à condition d’agir d’abord en amont, tant au niveau
politique qu’au niveau du système de formation. C’est ici que nous retrouvons l’intérêt de la
dernière section de notre schéma d’entretien relative à la vision de chacun pour l’avenir.
Au niveau politique, « il faut d’abord une volonté affirmée de la DG » avant d’engager des
actions nécessaires pour garantir la réussite future de l’entreprise : « réorganiser d’abord
l’entreprise en positionnant les acteurs en fonction de leurs capacités réelles. Dès lors,
commencer des actions de formation, davantage sur le management intégrant la
communication ; SETRAG souffre d’un déficit de communication », « il est nécessaire que la
direction donne la vision de l’organisation sur 5 ans comme elle l’a fait sur le plan
technique », « la direction doit d’abord définir ses objectifs ; que ces objectifs soient déclinés
et expliqués jusqu’à la masse de l’entreprise. Dès lors, se donner les moyens nécessaires dont
la formation ». « La formation peut ne pas être opérante à SETRAG si la communication
nécessaire n’est pas faite en amont ».
Cette position peut être confortée par l’apport théorique de l’expérience pilote de l’équipe de
formation de la SOREFI52 (que nous avons évoqué dans le questionnement lié aux constats), à
savoir que :
La réussite du projet d’entreprise soulève à la fois des questions techniques et, notamment des
choix politiques importants sur l’organisation du travail, le type de management et la
délégation de pouvoir aux équipes de travail (définition claire des pouvoirs du management et
des délégations de pouvoir à ses collaborateurs). D’où la nécessité de « l’engagement fort,
visible, continu de la direction et l’engagement de l’encadrement de proximité ».
Fort de tout ce qui précède, considérant, d’une part, notre problématique, le cadrage
théorique, les résultats de la mission et ceux que nous venons de présenter et, d’autre part,
l’imbrication de nos hypothèses (l’hypothèse 1 est la principale, les deux dernières résultent
d’elle), nous pouvons nous permettre de conclure que nos hypothèses sont partiellement
confirmées.
52
J.M LEGALL. Op.Cit. PP. 43-57
CONCLUSION
En introduction de ce travail qui s’achève, nous disions que notre thème de recherche a été
induit par le message du P-DG au personnel sur le projet de l’entreprise et du management
participatif qui le sous-tend ; message qui ne pouvait nous laisser indifférente compte tenu du
contexte de l’entreprise qui ne semble pas favorable à la réalisation de ce projet comme en
témoignent le diagnostic du système de formation en vigueur et les résultats de cette
recherche.
Néanmoins, cette démarche nous a permise d’avoir une approche moins empirique de notre
contexte professionnel et nous a, par conséquent, donné l’opportunité d’une meilleure
compréhension du contexte nécessaire pour garantir l’efficacité de nos missions futures en
qualité d’ingénieur de formation.
2- C’est à cette condition que la formation peut constituer l’élément stratégique majeur :
- pour favoriser la marche décloisonnée de l’entreprise ;
- pour développer chez les CD les capacités d’un management flexible,
proactif permettant ainsi aux cadres de prendre la mesure de leurs
responsabilités et de développer un encadrement de proximité, source de
motivation aux niveaux inférieurs.
Toutefois, en raisons des limites de notre recherche, ces affirmations ne peuvent être
généralisées ; elles ne sont valables que par rapport à l’orientation que nous avons donnée à
notre problématique qui nécessite également des approfondissements.
En effet, si d’une part l’on admet que la CEFCT n’a pas eu beaucoup de temps (2000-2003)
pour prendre sérieusement en main la GRH, l’on se rend compte malgré tout que le problème
de GRH est posé depuis l’OCTRA et constitue l’une des principales causes qui ont conduit à
la mise en concession du CF. D’autre part, les résultats de la recherche mettent en exergue un
problème de cohésion au niveau de l’équipe dirigeante.
A ce titre, ne serait-il pas intéressant de prolonger cette recherche en l’abordant sous un autre
angle ?
Par ailleurs, ne serait-il pas opportun d’envisager une expérience pilote de conduite du
changement par le biais de l’investissement-formation, à la lumière des idées-force de la
présente recherche et des résultats de l’audit réalisé dans le cadre de la mission ? Le cadre de
l’expérimentation pourrait être construit autour des moyens suivants :
Dès lors, l’expérimentation proprement dite pourra démarrer sur la base de nos hypothèses de
recherche qui pourraient constituer la base de la conduite du changement nécessaire.
Nous terminerons ainsi nos propos sur une phrase chère au P-DG : « Je considère que la
réussite de l’entreprise dépend avant tout et essentiellement de la capacité du management à
mobiliser le personnel autour d’un projet clairement compris par tous et qui permettra à
chacun de trouver la juste récompense de ses efforts ».
J.M PERETTI soulignait déjà à ce propos que « La différence entre une entreprise qui réussit
et celle qui végète repose, avant tout autre avantage compétitif, sur la qualité de son
management des ressources humaines (MRH). Un MRH adapté permet de mobiliser
pleinement les ressources humaines »55.
53
J.M LEGALL. Op.Cit. P. 34
54
M. ABEKE. P-DG de la SETRAG. Op. Cit
55
J.M PERETTI. Op. Cit. P. 25
BIBLIOGRAPHIE
OUVRAGES
BLANCHET Alain, GOTMAN Anne (1992), L’enquête et ses méthodes : l’entretien, Paris,
Ed Nathan, 128 p
DOUSSET Anne (1990), Entreprises, développez vos compétences, Paris, Ed Entente, 136 p
KEPLER Ariane (1990), Formation et changement : une expérience pilote, Paris, Les Ed
d’Organisation, 144 p
LE GALL Jean-Marc (1992), La gestion des ressources humaines, Paris, PUF, 127 p
PERETTI Jean-Marie (2003-2004), Gestion des ressources humaines, 11e édition, Paris, Ed
Vuibert, 284 p
ARDOUIN Thierry, Audit et conseil en formation, Cours de Master 2 ICF 2005-2006, Unité
4 : Conseil et Formation, pp.74-88
ARDOUIN Thierry, Analyse du travail, des emplois et compétences, Cours de Master 2 ICF
2005-2006, Unité 4 : Conseil et Formation, 1 ère partie, pp. 35-42
RENAUD Thierry, Sociologie des Organisations, Cours de Master 2 ICF, 2005-2006, Unité
4 : Conseil et Formation, 3e partie, pp. 3-4
ARTICLE DE REVUE
THESE, MEMOIRE
DIVERS
Dictionnaire Le Petit Larousse illustré (2005), Paris, 100e Ed, pp. 313, 737
REMERCIEMENTS .................................................................................................................... 2
SOMMAIRE .................................................................................................................... 3
INTRODUCTION .................................................................................................................... 4
1.1. LE CONTEXTE...............................................................................................................7
1.1.1- Présentation du chemin de fer gabonais............................................................... 9
Le Gabon................................................................................................................9
Le chemin de fer gabonais..................................................................................... 9
1.1.2- Evolution statutaire............................................................................................. 10
1.2. LA SETRAG.................................................................................................................. 11
Les secteurs d’activité...................................................................................................... 11
Les caractéristiques du personnel....................................................................................13
2. DÉMARCHE MÉTHODOLOGIQUE............................................................................... 38
2.1. Approche exploratoire ................................................................................................. 38
Bilan des entretiens exploratoires....................................................................................39
2.2. Présentation de l’instrument d’enquête : l’entretien................................................. 41
2.3. Conditions de l’enquête................................................................................................ 42
2.4. Présentation de l’échantillon........................................................................................ 43
Tableau d’échantillon des entretiens............................................................................... 44
2.5. Les limites de la recherche........................................................................................... 46
2.6. Traitement des résultats : l’analyse thématique.........................................................46
1. ANALYSE LONGITUDINALE...........................................................................................51
Fiche d’analyse de l’entretien n°1................................................................................... 51
Fiche d’analyse de l’entretien n°2................................................................................... 52
Fiche d’analyse de l’entretien n°3................................................................................... 53
Fiche d’analyse de l’entretien n°4................................................................................... 54
Fiche d’analyse de l’entretien n°5................................................................................... 55
Fiche d’analyse de l’entretien n°6................................................................................... 56
Fiche d’analyse de l’entretien n°7................................................................................... 57
Fiche d’analyse de l’entretien n°8................................................................................... 58
Fiche d’analyse de l’entretien n°9................................................................................... 59
Fiche d’analyse de l’entretien n°10................................................................................. 60
Fiche d’analyse de l’entretien n°11................................................................................. 61
Fiche d’analyse de l’entretien n°12................................................................................. 62
2. ANALYSE TRANSVERSALE............................................................................................. 64
CONCLUSION................................................................................................................................... 83
Prolongements envisageables................................................................................................. 84
BIBLIOGRAPHIE ............................................................................................................................ 85
ANNEXES ........................................................................................................................................ 90
Annexe I : Message de vœux de nouvel an du P-DG....................................................... I
Annexe II : Les métiers du chemin de fer......................................................................... IV
Annexe III : Plan de formation prioritaire 2005 de la Direction Technique................... V
Annexe IV : 3 schémas d’entretien..................................................................................... VI
Annexe V : 4 notes d’entretien........................................................................................... IX
Annexe VI : Accord pédagogique de mise en stage..................................................... XVII
ANNEXES
Annexe I
Message de vœux de nouvel an du P-DG
Annexe II
Les métiers du chemin de fer
Annexe III
Plan de formation prioritaire 2005
de la Direction Technique
Annexe IV
3 schémas d’entretien
Annexe V
4 notes d’entretien
Annexe VI
Accord pédagogique de mise en stage
Mots clés :
Résumé :
Le Chemin de Fer (CF) gabonais, resté pendant plus de deux décennies une société
parapublique, a connu de multiples problèmes de ressources humaines qui ont conduit à sa
mise en concession le 29 décembre 1999. La SETRAG (Société d’Exploitation du
Transgabonais) prend la gestion du CF en mai 2003, après le départ de la CECFT (Compagnie
d’Exploitation du Chemin de Fer Transgabonais). Dans sa volonté d’assurer la pérennité de
l’entreprise, la SETRAG s’est donnée les moyens de son projet d’entreprise : le management
de proximité et l’investissement-formation. Mais, les pratiques en matière de management
restent fortement marquées par le passé dans le fonctionnement général de l’entreprise.
Pour tenter de répondre à cette problématique, nous avons réalisé nos travaux, à la SETRAG,
en nous appuyant sur trois champs théoriques : la formation stratégique, le management et les
compétences. Par une méthodologie qualitative, nous avons réalisé des entretiens sous forme
de questions ouvertes sur un échantillon composé de cadres dirigeants, de cadres, d’agents de
maîtrise et d’exécution, et exploité nos résultats par le biais de l’analyse thématique.
Mais, une telle dynamique est largement tributaire de l’engagement fort, visible et continu de
la Direction Générale.