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UN DISCIPLE OCCIDENTAL
Sur Gustave-Henri Jossot (1866-1951) en Islam Abd-al-Karim, beaucoup serait à dire, tant sa
personnalité est l'une des plus attachantes qui soient. Aujourd'hui un peu oublié, il fut l'un des
caricaturistes les plus connus du début de ce siècle ; il fut aussi un peintre remarquable. Nous ne
pouvons que renvoyer le lecteur intéressé par son œuvre à l'étude publiée par M. Michel Dixmier aux
« Cahiers de l'Art mineur » (n° 23). Dans les pages qui suivent nous republions : « Le Sentier d'Allah »
que Jossot avait édité en 1927 en Tunisie et qui était devenu depuis introuvable. La lecture de cet
opuscule convaincra le lecteur de la profonde originalité et de la sincérité immense de Jossot. Comme
le sculpteur Izard, en Islam Abdallah Redha et disciple du Cheikh Sidi Hajj Adda jusqu'à sa mort en
1962, Abd-al-Karim Jossot fut l'un de ces Européens qui devinrent des Soufis authentiques et sans
aucun doute des précurseurs audacieux. C'est grâce à eux que ce qui parait encore impossible
aujourd'hui se fera demain, si Dieu veut.
Texte d'Abd-al-Karim Jossot : Nous sommes à Tunis, en 1912 : c'est un dimanche matin. Je
quitte l'avenue de France et je m'arrête sous les palmiers, devant la cathédrale ; machinalement je
lève les yeux sur le Père Éternel qui, dans un geste bénisseur, semble chauffer ses mains de
pierre au-dessus du portail-salamandre ; puis, poussé par un désir pervers de découvrir, en cette
église, d'infâmes bondieuseries qui me mettront hors de moi, je suis les Tunisois qui se rendent à
la messe : je gravis les marches et j'entre.
O la laideur de ce temple où la lumière pénètre crûment, chassant le mystère ! Il est vrai que les
fidèles ne paraissent pas venir là pour s'épandre en Dieu : ils sont, pour la plupart affligés d'une foi
banale, d'une foi mesquine qui se contente de menues pratiques et de petites dévotions, d'une foi
anémiée, chlorotique.
Sitôt le seuil franchi, ils trempent le bout de leurs doigts dans le bénitier, esquissent un signe de
croix expéditif, un peu honteux, presque imperceptible ; ils attirent à eux une chaise sur laquelle ils
appuient les genoux et les coudes ; pendant quelques secondes ils inclinent la tête avec une
componction simulée, puis se redressant, ils jettent des regards circulaires, adressent des sourires,
des signes, des saluts discrets à leurs connaissances.
C'est la foi bourgeoise, la foi machinale, héréditaire. Combien peu, parmi ces pratiquants,
paraissent rongés du désir de Dieu ! Qu'ils sont rares ceux qui clament à l'Idéal, les embrasés qui
voudraient ravir le Ciel ! (violenti rapiunt illud).
Soudain les orgues se mettent à jouer : de leurs tuyaux s'échappent des accords tonitruants qui se
prolongent en ondes rythmiques dans les hauteurs de la nef. Des nappes d'harmonie montent,
s'étendent, s'étirent, s'allongent, serpentent dans le vide, planent sur l'assistance endimanchée et
lentement s'abaissent sur elle ; mais cette musique trop allègre n'enveloppe pas les fidèles dans une
pieuse suavité ; elle ne les magnétise point par la douceur des sons, ne les amollit pas en une
langueur mystique.
Bientôt l'autel s'estompe derrière un nuage d'encens ; des chants s'élèvent et leur arabesque, qui
s'enchevêtre dans les volutes de fumée odoriférante, monte en tournoyant vers les voûtes sacrées, se
mêle aux notes qu'exaltent les orgues, puis avec elles se perd là-haut, tout-là-haut, dans le bariolage
hurleur des verrières multicolores.
Durant ce tapage musical j'avais regardé autour de moi et j'avais été surpris de reconnaître
plusieurs personnages dont les opinions matérialistes étaient avérées. Que venaient-ils chercher en
ce lieu ? Le plaisir qu'ils pouvaient prendre à l'audition du prédicateur dominical, dont le cabotinage
était fort apprécié à Tunis, ne suffisait pas à m'expliquer leur présence ; j'avais une intime persuasion
qu'ils étaient là pour autre chose : pour s'assurer, par exemple, que toutes les lumières étaient
réellement éteintes dans le grand ciel vide.
Et voilà que, du haut de la chaire, tombaient des paroles dont se délectait en moi le paresseux, le
rêveur, l'artiste : elles proclamaient que la science n'a jamais pu fournir une explication plausible du
besoin de croire latent en chacun de nous ; que le seul progrès est l'évolution psychique ; que notre
raison est bien peu de chose puisqu'elle ne peut s'identifier avec l'Absolu.
Le prédicateur parlait de la « lumière du cœur » :
— Toutes nos facultés s'équipollent, énonçait-il, et quand le cœur affirme, l'esprit ne peut nier.
Il dévoilait l'indigence des intellectuels chez qui le cœur n'est pas en équilibre avec le cerveau.
Autour de moi flottaient des fluides de piété ; des prières rôdeuses me frôlaient, cherchaient à me
pénétrer. Je leur avais fermé au nez les portes de mon âme ; mais elles se faufilaient insidieusement
par les interstices et réveillaient les vieux souvenirs endormis de mon enfance mystique : le charme
des chants liturgiques, la griserie de l'encens, toute la fascination de la magie cérémonielle.
L'ambiance influait sur moi ; je me pris à regretter la foi perdue, mais en me rendant bien compte
que jamais plus, peut-être, je ne ressaisirais le levier à l'aide duquel on soulève les montagnes.
J'habitais Tunis depuis quelques semaines seulement : j'avais quitté Paris, écœuré par les milles
et un déboires de la vie d'artiste, fatigué par le tohu-bohu occidental, en proie à un commencement de
neurasthénie, et j'étais venu demander ma guérison à Notre Père le Soleil qui rutile au ciel d'Afrique.
Ayant renoncé à peindre, je lisais beaucoup. Or il est à remarquer que si nous nous trouvons dans
une certaine disposition d'esprit, les livres idoines à la renforcer viennent d'eux-mêmes se placer sous
nos yeux, comme s'ils étaient apportés par d'invisibles mains.
Le souvenir du sermon que j'avais entendu m'incitait à philosopher, à méditer sur le sens de la vie,
à rechercher la Cause de toutes causes qui Elle Seule Est sans cause. Alors, comme par
enchantement, s'accumulèrent sur ma table de travail les ouvrages des grands mystiques : Saint Jean
de la Croix, Molinos, Madame Guyon, Sainte Thérèse, Jacob Bœhme, d'autres encore.
J'eus bientôt la pensée farcie de leurs élucubrations et, naturellement, le laissai transparaître dans
mes entretiens. Un fervent catholique, à qui je me confiai, me proposa de me faire connaître un
religieux capable de m'éclairer. J'acceptai : il me conduisit à Carthage, chez les Pères Blancs.
J'eus une longue discussion avec le moine à qui il me présenta : je demandai à celui-ci de me
fournir l'explication des mystères ; il me répondit que je devais me contenter de croire sans
comprendre.
— Mais, lui objectai-je dans l'ancien et dans le nouveau Testament abondent les fictions, les
allégories, les symboles.
— Non, répondit-il froidement : prenez tout à la lettre.
Après avoir considéré avec stupeur cet incompréhensif, je lui tirai ma révérence et... me fis
musulman.
C'est que l'Islam sans mystères, sans dogme, sans clergé, presque sans culte, m'apparaissait comme
la plus rationnelle de toutes les religions ; je l'adoptais, estimant que la créature n'a pas besoin de
passer par l'intermédiaire des prêtres pour adorer son Créateur.
Dès que fut connue ma conversion la presse arabophobe fulmina contre moi, non pas que l'on
s'indignât réellement de me voir abandonner l'ombre de la Croix pour pénétrer dans la clarté du
Croissant ; mais je m'évadais avec ostentation de mon époque et de ma race, je flanquais un coup de
pied dans tout ce que l'Occident révère, cela c'était inadmissible.
Piètres psychologues, les acéphales coloniaux ne devinaient pas les causes profondes qui m'avaient
poussé à embrasser l'Islamisme ; l'impudent qui venait de les scandaliser eut volontiers déambulé
dans la vie sans arborer d'étiquette ; ils m'en imposèrent une : ils me traitèrent d'original.
Cette qualification dont s'honore tout indiscipliné est, pour la tourbe des ilotes, représentative de la
pire ignominie : ne pas agir comme tout le monde, n'être pas conforme, se singulariser d'une façon
quelconque, se séparer du troupeau, mépriser la majorité, est un forfait tellement exorbitant que le
législateur dérouté s'est abstenu de le mentionner dans le code, évitant ainsi de lui infliger une
pénalité.
On finit par classer l'affaire en décrétant que la conversion d'Abd'al-Karim était une « conversion
d'artiste ».
Je relève l'expression :
— Eh bien ! Soit, messieurs ! Seulement il faudrait nous entendre : vos préjugés de provinciaux
tardigrades me sont connus : je sais que vous êtes restés à la conception dix-huit cent-trentarde de
Henry Mürger et que, pour vous l'artiste est un abracadabrant personnage, un bohème tout mâchuré
de romantisme. En votre jargon simpliste « conversion d'artiste » signifie que la puérile envie de porter
un bernous m'incita seule à changer de religion. Vous jaugez ma mentalité avec vos mesures.
Remisez vos faux poids pour ne point vous leurrer : je préfère vous renseigner moi-même.
« Concersion d'artiste ! » Vous ricanez et vous ne comprenez pas que c'est précisément cela le
miracle.
Pour pêcher une âme d'esthète, Allah ne pouvait employer qu'un appât : le Beau.
Il m'a donc saisi par mon côté faible : Il m'a montré la pauvreté sainte des nomades ; Il m'a fait
entendre les cantilènes que modulent les bédouines quand, la « guerba » sur l'épaule, elles vont
puiser l'eau à la source ; dans le calme des soirs II a fait lentement défiler devant moi des caravanes ;
Il m'a offert le repos sous les palmiers... Pour me charmer le Généreux a composé des jeux de
lumière et des harmonies de couleurs adorables qui m'ont plongé dans l'extase ; durant le jour Son
soleil a flamboyé sur moi ; pendant la nuit Ses étoiles ont illuminé mes songes. Puis, du fond du
Sahara, Il a fait accourir une puissance mystérieuse, une force enveloppante, irrésistible : le souffle de
l'Islam m'a prosterné, pantelant, sur le sable des dunes ; alors j'ai clamé l'attestation millénaire des
croyants :
« Allah est le plus grand ».
Cette exaltation apaisée, j'ai repris mon existence coutumière ; mais bientôt des beautés nouvelles
ravivaient mon enthousiasme tandis que les laideurs européennes m'acheminaient vers le « Grand
Dégoût. »
Un des principaux facteurs de mon abjuration fut la fatigue que me cause la trémulation
ponantaise. Regardez-vous roumis ! Considérez votre démence ! Vous courez à vos affaires,
absorbés par l'espoir du lucre, sans cesse agités, fiévreux, inquiets. Vos visages sont contractés par
les soucis d'argent ou dilatés par des satisfactions basses. Si vos traits n'apparaissent pas anxieux et
crispés, ils sont distendus par une hilarité bruyante, enluminés par les ripailles et les beuveries.
Jamais de calme sur vos masques de chair, jamais trace d'impassibilité ou de quiétude ; il est rare de
rencontrer parmi vous une tête grave et majestueuse comme on en voit tant chez les arabes. Rien
n'éclaire vos faces de damnés ; aucune idée calme et reposante ne s'est incrustée en vos cerveaux
surmenés. Innombrables types sans caractère vous vous groupez en troupeaux et grouillez dans les
cafés, les cinémas, les dancings, les beuglants, les bureaux, les usines et les casernes. Vous vivez
une existence frénétique, hallucinatoire et démoniaque, une vie hors nature qui vous rend
horriblement malheureux, mais dont vous vous enorgueillissez pourtant et que vous appelez «
Civilisation ».
Voulant m'arracher à votre enfer et m'attirer à Lui, Allah me fit prendre un chemin que nul ne
parcourut. Quand je songe aux étranges étapes où je bivouaquai, il me faut faire appel au peu
d'humilité dont je dispose pour ne point me considérer comme un élu.
C'est que je me revois, perplexe, plantant un point d'interrogation devant l'obscure racine du mal ;
essayant de stigmatiser les vices de mes contemporains par la déformation de leurs traits ; cherchant
partout les tares ; poussant la Vérité toute nue contre les bourgeois pudibonds ; démasquant
l'improbité des honnêtes gens ; fustigeant la lubricité des hommes vertueux ; faisant descendre de
leurs piédestaux les Hautes Crapules ; emberlificotant mes bons hommes dans le tarabiscotage de
tirebouchonnantes arabesques pour amplifier les expressions abjectes ou cyniques de leurs visages ;
imprégnant une rétine d'effroi et d'écœurement ; emmagasinant en ma vision interne, une abondante
provision de cauche mars.
Pendant trente ans je n'eus d'yeux que pour les laideurs qui posaient devant moi, et quand, à bout
de forces, exténué, saturé jusqu'à la vomiturition, je jetai mon crayon, alors le Clément, le
Miséricordieux me suggéra l'idée de passer la mer pour venir mouiller dans le havre islamique.
Vous avez raison ; c'est bien une conversion d'artiste que la mienne ; c'est le P.P.C. de quelqu'un
qui a toujours trouvé que les enthousiasmes des « sauvages blancs » étaient injustifiés et qui ne s'est
pas adapté à leur agitation, à leurs laideurs, à leurs mensonges.
Un an après ma conversion, les peuples, en état complet d'ivresse patriotique, vomissaient du sang.
La démence occidentale avait atteint son paroxysme.
Loin du carnage, j'abandonnais peu à peu le plan exotérique sur lequel je m'étais tout d'abord réfugié ;
je m'élançais par-delà les formes extérieures et scrutais l'hermétisme islamique.
J'avançais peu dans mes recherches, mon ignorance de la langue arabe ne me permettant pas de
consulter les livres qui traitent du Soufisme et aucune traduction de ces ouvrages n'ayant été faite en
français.
Or, un jour, je reçus la lettre que voici :
« Monsieur,
« Je suis Arabe et mon intention première a été de vous écrire en ma langue ; j'apprends que, malgré
vos efforts, vous la balbutiez à peine. Je rédige donc ma lettre en français.
« Le monde musulman discuta longtemps la valeur de votre convertion. Le premier j'ai compris
que vous étiez sincère ; mais peut-être vous trompez-vous vous-même ; peut-être pour vous comme
pour le philosophe du doute Guyau :
« Cessez de se tromper ce ne serait plus vivre ».
« Vous ne pouvez pas être tout-à-fait religieux : vous êtes Français, par conséquent inapte à
embrasser une religion quelconque. Et cependant je voudrais vous voir plus musulman ; vous
goûteriez alors la joie de l'être d'une façon complète. Quand mes loisirs me le permettront, j'éclairerai
votre religion sur ma religion tant ignorée par ceux-là même qui ont la prétention de vous l'enseigner.
« A vous voir vêtu de l'archaïque et noble costume oriental, on s'imaginerait que vous n'en avez
jamais porté d'autre : il n'est pas jusqu'à votre physionomie qui ne soit devenue idéalement arabe,
mais votre démarche parfois vous trahit ; un rien attire votre attention et vous fait hâter le pas ; on
reconnaît alors le Français frivole.
« Les vêtements arabes vous siéent parce que vous les portez en artiste. Artiste ! Les paroles de
l'Anglais dans la Faustin de Goncourt, me reviennent à la mémoire et, sans nulle intention de vous
blesser, je vous le jure, je me prends à murmurer : « vous n'êtes qu'artiste, vous n'êtes que cela ! ».
« Vous avez renoncé à peindre pour écrire : cela s'appelle aller d'un mal à un autre. Cette activité
cérébrale ne pourra jamais vous procurer ce que vous cherchez : la paix. Quand on embrasse la
religion musulmane on ne joue plus avec le FEU. Faites comme moi : ne croyez pas à votre
intelligence ; ne pensez jamais. Je sais que je vous demande l'impossible.
« Je suis pour l'impersonnalité ; je suis pour le sacrifice des sentiments personnels. Le je si cher
aux Latins, caractérise bien cette race appelée à disparaître : son agitation causera sa perte. L'Islam
est immobile ; à la constater tel, Renan s'imaginait l'avilir. L'immobilité c'est l'Éternité, le progrès tue ;
la civilisation a une fin.
« J'ai honte, monsieur, de paraître raisonner : je suis ennemi de la pensée ; je méprise mes
connaissances profanes ; je ne veux jamais avoir confiance en elles. Ainsi je jouis d'un bonheur
immense. Et, comme je ne suis pas égoïste, je désire le partager avec vous.
« Écrivez-moi donc poste-restante au nom de Ghazali et posez-moi toutes questions qu'il vous
plaira.
« Je vous prie de m'excuser si je signe d'un pseudonyme ; j'ai pour cela de très sérieux motifs.
GHAZALI ».
J'avais des motifs non moins sérieux pour ne pas répondre à un inconnu : ma conversion m'avait
signalé à la vigilance des autorités, en cette période belliqueuse ma correspondance était
minutieusement examinée par la Censure. L'anonyme scripteur était peut-être un policier qui me
tendait des pièges, me poserait des questions auxquelles ma brutale franchise me ferait répondre
d'une façon compromettante.
Néanmoins j'étais intrigué : par certains passages que j'ai jugé bon de supprimer, cette lettre
décelait chez son auteur une large connaissance des théories hermétiques. Il n'y avait à Tunis qu'un
seul Arabe qui pouvait l'avoir rédigée. C'était un nommé Kh...
J'allai le trouver : il me donna sa parole qu'il ne m'avait pas écrit, et nous cherchâmes vainement
ensemble qui pouvait être le pseudo Ghazali.
Je profitai de mon entrevue avec Kh... pour le questionner sur le mysticisme musulman, lui
demandant de m'indiquer le processus qu'il me fallait suivre pour recevoir l'initiation « Soufi ».
— Je n'ai pas qualité pour vous la conférer, me répondit-il ; mais quand vous serez mûr, vous
rencontrerez infailliblement le maître qui fera éclater en vous la germination des graines mystiques et
vous gratifiera de l'illumination.
— Qui est ce maître ?
— Il se dérobe, sans doute, sous une forme des plus humbles : il peut être le marchand de
gâteaux que vous frôlez dans la rue, ou bien le nègre qui vous masse au bain maure, ou même le
mendiant qui vous demande l'aumône. Il vous suffira que son regard rencontre le vôtre pour que
s'établisse entre lui et vous la communication télépathique.
Mais vous êtes déjà sur la voie ; vous connaissez certaines pratiques : les méthodes respiratoires et
l'entraînement de « centration mentale » en usage chez tous les occultistes. Bien qu'il ne
m'appartienne pas de vous initier au Soufisme, je vais, du moins, tenter de vous éveiller. Prêtez-moi
votre attention.