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Travail réalisé
en vue de l’obtention du diplôme d’Etat
de Masseur-Kinésithérapeute par :
Sous la direction de :
Monsieur DELESVAUX Pierre, M.C.M.K., C.R.F. Notre-Dame, Chamalières
Monsieur GAY Serge, M.C.M.K., I.F.M.K., Vichy
REMERCIEMENTS :
Je tiens à remercier toutes les personnes qui de près ou de loin ont contribué à
l’élaboration de ce travail et tout particulièrement :
INTRODUCTION
Ce travail écrit relate le cas de Mme C., atteinte d’une capsulite rétractile de l’épaule
suite à une chute courant février 2006 avec traumatisme direct sur l’épaule droite.
On sait que cette pathologie évolue spontanément vers la guérison mais dure de 24 à 36 mois
sans retrouver chez certains malades la totalité des amplitudes articulaires.
Malgré un traitement médical associant infiltrations intra articulaire et rééducation 3
fois par semaine en cabinet libéral, il n’y eu aucune évolution, aussi bien au niveau des
amplitudes que de la douleur.
La patiente a donc été adressée au CRF Notre Dame pour intensifier la rééducation
avec la possibilité de réaliser une arthrodistension.
Le but de cette prise en charge est de diminuer les douleurs et de redonner une fonctionnalité
au membre supérieur droit afin que la patiente reprenne son métier de professeur d’éducation
physique.
A l’approche de cette rééducation nous sommes confrontés à une problématique :
comment associer les techniques de récupération d’amplitude articulaire tout en
recherchant la diminution des douleurs présentes depuis 6 mois ? Nous essaierons
parallèlement de comprendre l’intérêt de l’arthrodistension combinée à une rééducation
intensive.
1
1. Présentation de la patiente :
1.3. Antécédents :
- Hypothyroïdie depuis 5 ans, équilibrée depuis quelques mois
- Elle avait présenté en 1998 une capsulite rétractile de l’épaule gauche suite à
une chute, celle-ci fut résolutive rapidement sous traitement médical avec rééducation.
2
1. articulation scapulo-humérale
2. articulation sous-deltoïdienne
3. articulation scapulo-thoracique
4. articulation acromio-claviculaire
5. articulation sterno-costo-claviculaire
1. col chirurgical
2. col anatomique et capsule 1. fibres détendues (et freins inférieurs)
3. labrum 2. torsion et tension des fibres
4. tubercule supra-glénoïdien 3. effet de serrage articulaire (stabilité)
5. coracoïde (coupé)
Figure 3 : Capsule en position de référence (a, a’)
Figure 2 : Insertions capsulaires. et en rotation latérale-abduction (b, b’).
2. Anatomie et physiopathologie :
- La synoviale : [2]
Elle tapisse la face profonde de la capsule, elle communique parfois avec la bourse
séreuse sous-scapulaire. Au niveau du tubercule supra-glénoïdien, elle se réfléchit en une
gaine synoviale pour le tendon du long biceps jusqu’à la sortie du sillon bicipital.
3
Figure 4 : Les moyens d’union.
Faisceau moyen : même origine que le faisceau supérieur, il est fortement oblique en
dehors et en bas et se termine à la partie inférieure du tubercule mineur de l’humérus.
La fonction de l’épaule est indispensable aussi bien pour l’autonomie la plus simple
(hygiène corporelle, se peigner, s’habiller, s’alimenter…) que pour les gestes professionnels
et de loisirs nécessitant une plus grande habileté.
La plupart des mouvements de la vie quotidienne comme, se coiffer, porter la main à sa
bouche, mettre la main dans sa poche arrière ou attacher un soutien-gorge met en jeu la
mobilité globale de l'épaule : abduction + rotation externe + rétro-pulsion, et combine
différents gestes de base.
4
Atteintes directes Traumatisme ostéo-articulaire, atteintes des parties molles (brûlures),
du membre intervention chirurgicale, contusions, immobilisation plâtrée prolongée,
atteinte vasculaire (artérite, phlébite), infections
(extrémités).
Affections
viscérales Cardio- vasculaire: infarctus du myocarde ou Angor sévère, aortite,
péricardite, séquélle de chirurgie cardiaque, artérite,
régionales phlébite.
Pulmonaires : tiberculose pulmonaire, cancer du poumon.
Affections
viscérales Hyperthyroïdie, diabète, goutte.
générales
Affections
psychiques Ethylisme, comportement anxio-dépressif, dystonie neurovégétative.
5
Figure 6 : Les étapes conduisant à l’impotence fonctionnelle de l’épaule.
Aiguille
o Phase prodromique : inconstante, peut durer plusieurs mois, elle est caractérisée par
une douleur sans limitation d’amplitude.
o Première phase, algique (début) : avec des douleurs nocturnes pendant 2 à 3 mois
selon Troisier. Ces douleurs de repos deviennent rapidement intenses, irradiant jusqu’au poignet.
L’amplitude articulaire décroît alors que la rétraction capsulaire augmente.
o Seconde phase, phase d’état : elle est caractérisée par le maintien des limitations de
mobilité et une diminution progressive de la douleur. C’est la phase d’enraidissement qui
s’échelonne sur 4 à 12 mois, les limitations touchent principalement l’élévation, la rotation
externe et enfin l’abduction.
6
Figure 8 : Patiente vue de face.
3.1. Inspection :
La patiente est placée devant une glace, elle est observée de face (figure 8), de dos
(figure 9) et de profil. On note une attitude « d’épaule figée », le bras droit est le long du
corps, il y a une absence de mouvement spontané de l’épaule droite. On remarque également
qu’elle est plus basse et moins volumineuse, comparativement au côté opposé.
Au niveau du rachis cervical, il semble tiré vers la droite.
3.2. Palpation :
La patiente présente des contractures au niveau des muscles biceps brachial et du
trapèze supérieur, on note un point d’hypertonie douloureux pour chacun de ces muscles. Les
muscles fixateurs de la scapula sont également contractés (muscles rhomboïdes et élévateur
de la scapula).
D’autres points sont sensibles à la palpation : au niveau de la gouttière bicipitale et du
V deltoïdien, ainsi que pour les tendons des muscles supra-épineux et infra-épineux.
Il n’y a pas de différence de température entre les deux épaules.
7
Gauche Droit
Flexion 170 75
Extension 50 35
Abduction 150 50
Adduction 45 30
Rotation externe 55 10
Rotation interne 75 25
Gauche Droit
Flexion 80 40
Extension 35 20
Abduction 80 30
Rotation externe 55 15
Rotation interne 70 20
Gauche Droit
Flexion 160 60
Extension 45 35
Abduction 150 45
Adduction 40 20
Rotation externe 50 10
Rotation interne 65 15
3.7. Synthèse :
- Déficiences : on a une limitation importante des amplitudes actives et passives de
l’articulation gléno-humérale en particulier pour l’abduction et la rotation externe associée à
des douleurs et des contractures.
- Incapacités : la patiente présente donc une impotence fonctionnelle de l’épaule
droite, elle ne peut utiliser son membre dominant dans les secteurs hauts et latéraux rendant
difficile les activités de la vie quotidienne.
- Handicaps : la patiente est en arrêt de travail depuis le 04/09/06, elle ne peut pas
conduire.
Diagnostique kiné.
La patiente présente des douleurs importantes et une incapacité fonctionnelle de
l’épaule droite, son projet est de rependre le plus rapidement possible son activité
professionnelle sans ressentir de douleur.
8
Figure 10 : Le massage
9
Figure 12 : Massage au jet sous-marin de la région péri scapulaire.
o Ponçage circulaire : il est réalisé avec la pulpe du pouce c’est un appui progressif
sur le point d’hypertonie, il permet d’obtenir le relâchement musculaire par effet réflexe.
o Le palpé roulé : la peau étant très sensible il permet de repérer les points
douloureux et de traiter les zones cellulalgiques.
Le massage sera également intercalé entre les différents exercices pour obtenir la
détente du sujet et limiter les réactions de défense qui peuvent rendre difficile la mobilisation.
- Etirements :
On réalise des étirements passifs et des contractés-relâchés sur les muscles que l’on a
trouvés contractés à la palpation, se sont les muscles.trapèze, biceps brachial, rhomboïdes et
élévateur de la scapula.
- Exercice pendulaire :
Cet exercice est réalisé debout, le tronc légèrement penché en avant, le membre
supérieur sain en appui sur la table, la patiente doit relaxer son membre supérieur droit et le
laisser pendre dans le vide.
Cette attitude entraîne une détente de l’épaule. La patiente induit un mouvement de
balancer et cherche à se détendre. Cette manœuvre est utilisée entre les exercices. C’est une
manœuvre très appréciée, on essaie par le relâchement volontaire de limiter les contractures
de défense qui entretiennent la douleur.
- Fangothérapie :
On applique de la boue chaude sur la région scapulaire et cervicale, elle est mise en
place après la séance de rééducation pour relâcher les muscles et détendre la patiente après les
mobilisations.
La chaleur améliore la circulation sanguine, le muscle mieux irrigué élimine plus
facilement ses déchets (C02, acide lactique) et sa contracture diminue ; elle facilite le
glissement des fascias musculaires particulièrement sensibles dans les douleurs musculaires ;
la chaleur a également un effet sédatif sur les terminaisons nerveuses, diminuant ainsi les
douleurs.
10
Figure 13 : Les ballottements
- Préparation à la mobilisation :
Les techniques utilisées sont mise en place préalablement à la mobilisation et
intercalées entre les exercices pour détendre la région de l’épaule et prévenir les contractures
de défense.
La patiente est en position de décubitus.
o Les ballottements (figure 13) : coude fléchi à 90°, le kinésithérapeute saisit la
main de la patiente par l’éminence thénar, il induit un mouvement d’abduction-adduction de
faible amplitude. Son but est de parvenir au relâchement de la patiente. On augmente
progressivement l’abduction ou la flexion.
o Les tractions vibrées (figure 14) : on saisit le membre supérieur à 2 mains au
niveau du poignet, on réalise une traction dans l’axe du membre supérieur, coude tendu,
associé à des vibrations. Le bras est légèrement écarté de l’axe du corps et en légère flexion.
o On peut également utilisé le travail pendulaire.
- Techniques de Mennell :
Les techniques de mobilisation passives élaborées par ce chirurgien orthopédiste
britannique recherchent une mise en tension sélective des différents éléments capsulo-
ligamentaires d’une articulation en associant des manœuvres de décoaptation et de
glissement [4].
Les manœuvres débutent par un étirement lent des éléments capsulo-ligamentaires, la
tension est ensuite maintenue quelques secondes puis relâchée jusqu’au retour à la position
initiale, ces manœuvres sont répétées [9].
La décoaptation (figure 15) : elle est produite par une force dont la direction
est perpendiculaire à l’axe de l’humérus, de dedans en dehors [9].
Les glissements (figure 16) : la surface articulaire de la tête humérale doit
glisser sur le cartilage de la glène [9].
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Figure 17 : glissement postérieur
La patiente est en décubitus, un coussin sous la tête et sous les genoux, le bras est le
long du corps et le coude à 90° de flexion. Le thérapeute se place à côté de la patiente, on
saisit le bras en plaçant la main dans le creux axillaire, l’autre main réalise un contre-appui au
niveau de la face latérale du coude. La main proximale exerce une force horizontale dirigée de
dedans en dehors alors que la main distale fixe le coude.
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Figure 19 : Glissement caudal (position assise)
o Le plan incliné : la patiente est assise sur une chaise face à un plan incliné, Les
membres supérieurs sont tendus, la patiente fait glisser ses mains qui sont posées sur une
feutrine en se penchant en avant se qui entraîne une flexion d’épaule.
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Figure 21 : Auto mobilisation en flexion. Figure 22 : Auto mobilisation en extension.
Figure 24 : Arthrodistension
o Balnéothérapie : (figures 21, 22, 23) la poussée d’Archimède ainsi que certains
accessoires flottants permettent de mobiliser l’articulation de l’épaule dans tous les plans
(flexion, abduction, rotation externe, extension). On demande à la patiente le maximum
d’amplitude sans douleur lors des mouvements tout en limitant au possible l’élévation du
moignon de l’épaule.
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Mobilité passive scapulo-
Mobilité active
humérale
Droite Droite
Gauche Gauche
06-sept 29-sept 06-sept 29-sept
Flexion 80 40 55 160 60 80
Extension 35 20 30 45 35 40
Abduction 80 30 50 150 45 70
Adduction 40 20 30
Rotation Ext 55 15 35 50 10 30
Rotation Int 70 20 40 65 15 35
Arthrodistension
Arthrodistension
120
100
80
Flexion
60 Abduction
Rotation Ext
40
20
0
/9
/9
/9
/9
/9
/9
/9
/9
/9
/9
9
9
6/
8/
10
12
14
16
18
20
22
24
26
28
15
Mais surtout on note qu’en un jour, grâce à l’arthrodistension, on a eu un progrès de
10° pour la flexion, 20° pour l’abduction et 15° pour la rotation externe. On constate sur la
figure 30 que cette intervention permet un progrès net dans la récupération des amplitudes
articulaires, les jours suivants la progression ne stagne pas mais continue.
Plusieurs questions se posent alors, à quel moment du traitement faut-il réaliser
l’arthrodistension ? Est-il possible dans le cas de Mme C. de répéter cette intervention ?
CONCLUSION
Mme C. est arrivée au centre avec beaucoup d’attente de sa rééducation, cela faisait 6
mois que son épaule la faisait souffrir et la gênait dans les activités de la vie quotidienne
l’obligeant à se mettre en arrêt de travail.
Après 4 semaines de rééducation le Score de Constant est de 34/100, elle commence
tout juste de pouvoir réutiliser son membre supérieur pour les tâches de la vie quotidienne
sans ressentir de douleur, elle compense encore beaucoup avec son côté sain.
La rééducation de la capsulite rétractile est longue et difficile, les douleurs sont
persistantes et doivent faire l’objet d’une attention toute particulière, se sont elles qui dictent
la prise en charge. La récupération des amplitudes articulaires doit être pratiquée en fonction
de l’apparition de ces douleurs, notamment par l’alternance des techniques de mobilisation et
d’antalgie. C’est une rééducation individuelle et manuelle.
La patiente doit rester encore une semaine au centre de rééducation avant son retour à
domicile où elle poursuivra en cabinet libéral pour conserver les acquis de ce traitement et
récupérer les déficits encore existants.
Au vu des évolutions on peut envisager le début du travail actif, il devra être progressif
et viser la réintégration fonctionnelle du rythme scapulo-huméral, l’objectif final étant un
retour à une fonction normale de l’épaule dans le confort adapté à l’âge et aux activités de la
patiente.
De nombreuses questions restent posées, à ce jour les facteurs prédictifs d’évolution
vers la chronicité des épaules douloureuses et en particulier enraidies ne sont pas bien
identifiés. La connaissance de tels facteurs permettrait de proposer une prise en charge plus
adaptée dans la phase aiguë dans le but de raccourcir la durée d’évolution chez les patients à
risque de chronicité.
16
BIBLIOGRAPHIE
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l’arthrographie avec distension capsulaire de l’épaule : traitement par l’arthrographie avec
distension synoviale, corticothérapie intra-articulauire et kinésithérapie immédiate. Etude
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par arthrodistension et rééducation intensive. Annales de réadaptation et de médecine
physique 2005 ; 49 : 68-74.
ANNEXES
Mots clés :
- Capsulite rétractile
- Douleur
- Mobilisation passive
- Arthrodistension