Pierre Sujobert
Plan
Définition......................................................................................................................................................................... 1
Présentation clinique.................................................................................................................................................. 1
Caractérisation de l’anémie ..................................................................................................................................... 2
Anémies microcytaires .............................................................................................................................................. 2
Anémies macrocytaires ............................................................................................................................................. 4
Anémies normocytaires............................................................................................................................................. 5
Définition
L’anémie est définie par une diminution de la masse globulaire totale ; en pratique, c’est
le taux d’hémoglobine qui permet de porter le diagnostic, et on parle d’anémie si :
Présentation clinique
Les symptômes associés à l’anémie sont liés à l’insuffisance du transport d’oxygène aux
tissus. L’intensité des symptômes dépend plus de la vitesse d’installation de l’anémie
que de la profondeur de celle-ci. Quand l’anémie s’installe progressivement (en cas de
carence martiale par exemple), l’intensité des symptômes est modérée, du fait de la mise
en place de mécanismes d’adaptation. En revanche, une anémie aiguë (hémorragie,
hémolyse) est généralement moins bien tolérée.
Classiquement, le syndrome anémique associe une pâleur cutanéo-muqueuse, une
dyspnée d’effort, des céphalées, une asthénie, des œdèmes des membres inférieurs (liés
à la baisse de la pression oncotique).
ED HEMATOLOGIE DFASM 2014-2015. Pierre Sujobert
Caractérisation de l’anémie
Enfin, le compte des réticulocytes est indispensable devant une anémie normo- ou
macrocytaire, pour préciser son caractère régénératif (réticulocytes > 150 G/l) ou
arégénératif (réticulocytes < 50G/l).
Anémies microcytaires
Comme nous l’avons vu dans le cours précédent, les anémies microcytaires traduisent
un défaut de synthèse de l’hémoblobine.
Il existe trois grandes causes d’anémie microcytaire : la carence martiale, le syndrome
inflammatoire (réalisant une carence martiale fonctionnelle puisque le fer est bloqué
dans les macrophages) et les thalassémies (cf cours précédent). Exceptionnellement,
un défaut de la synthèse de l’hème peut entraîner une anémie microcytaire (anémie
sidéroblastique de l’enfant, intoxication au plomb).
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Carence martiale
Etiologies :
- La carence d’apport est rare, mais peut se voir dans des situations de besoin
accru en fer, comme la grossesse. Des troubles de l’absorption peuvent également
entraîner une carence d’apport (maladie caelique, maladie de Crohn, etc…)
Diagnostic :
Une ferritine basse signe la carence martiale, et une ferritine normale l’exclut (en
l’absence de syndrome inflammatoire).
Traitement :
Anémies macrocytaires
Les anémies macrocytaires sont liées à des anomalies des divisions cellulaires des
érythroblastes.
Il existe des situations de “fausses” macrocytoses, que l’on peut voir en cas d’anémie
régénérative, puisque les réticulocytes ont un volume plus grand que les hématies : les
étiologies de ces anémies sont traitées dans le chapitre anémies normocytaires.
- l’hypothyroïdie
Devant une anémie macrocytaire, les examens à demander sont donc un compte des
réticulocytes, un dosage de la TSH, un bilan hépatique et un myélogramme.
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Anémies normocytaires
Erythroblastopénie
Anémies hémolytiques
On distingue :
- les maladies de la membrane du globule rouge. L’exemple le plus fréquent est la
sphérocytose héréditaire, maladie à transmission autosomique dominante liée
à une mutation de la spectrine. Les globules rouges sont moins déformables, et
sont donc détruits précocément dans la rate. Le tableau clinique associe une
anémie chronique modérée régénérative, des épisodes d’ictère, et une
splénomégalie. Le diagnostic repose sur la mise en évidence des sphérocytes sur
le frottis sanguin, la démonstration de leur faible résistance au choc smotique
(ektacytométrie), et/ou la cytométrie en flux (diminution du marquage par
l’EMA).
- Les maladies des enzymes des globules rouges (cf cours précédent) : déficit en
glucose-6-phosphate déshydrogénase (G6PD) et déficit en pyruvate kinase.
- Les hémoglobinopathies, et en particulier la drépanocytose (cf. cours
précédent).
Les globules rouges sont détruits suite à la fixation d’anticorps sur leur membrane, en
général dirigés contre les systèmes antigéniques I/I, P ou Rhésus. Ces anticorps peuvent
être caractérisés par leurs propriétés physico-chimiques :
Quand les anticorps fixent le complément, il y a une hémolyse intravasculaire ; sinon, les
globules rouges opsonisés sont phagocytés par les macrophages spléniques.
Dans la moitié des cas, on ne retrouve pas de maladie sous-jacente (AHAI idiopathique).
Cependant, il faut rechercher une hémopathie lymphoïde associée (lymphome, LLC), ou
une maladie auto-immune sous-jacente (lupus). Certains cancers (ovaire) et certains
médicaments (méthylDopa) peuvent également être associés à une AHAI à anticorps
chaud.
Il existe une forme aiguë post infectieuse, en général deux à trois semaines après une
infection virale ou à mycoplasma pneumoniae. Le test de Coombs est de type
complément, lié à une IgM anti I/i. La résolution est spontanée.
La maladie des agglutinines froides est une forme chronique d’AHAI à anticorps froid,
avec des poussées déclenchées par le froid. Le test de Coombs est de type complément,
et l’agglutinine froide est une IgM monoclonale anti-I, rentrant dans un tiers des cas
dans le cadre d’une hémopathie lymphoïde avérée (maladie de Waldenström, LLC). La
prise en charge repose sur la protection vis à vis du froid, et éventuellement sur un
traitement par rituximab (anti-CD20).
L’hémoglobinurie paroxystique « a frigore » est une affection rare, touchant surtout les
enfants, liée à une infection virale (rougeole, varicelle, oreillons). Il s’agit d’une hémolyse
aiguë intravasculaire déclenchée par le froid. Le test de Coombs est de type complément
ou IgG + complément. L’anticorps responsable est l’hémolysine biphasique de Donath et
Landsteiner qui se fixe à froid (< 15°C) mais dont l’activité hémolytique se manifeste à
37°C (spécificité anti-P).