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Juin 2010
PRÉFACE
Cette étude régionale sur la pauvreté et les disparités touchant les enfants se situe dans
le cadre des engagements internationaux pris par les pays de la région Océan Indien pour
l’éradication de la pauvreté et de la faim, tels qu’identifiés dans les Objectifs du Millénaire pour le
Développement (OMD). Elle révèle que malgré quelques progrès, des pourcentages importants
des femmes et des enfants sont toujours laissés pour compte, même parmi les pays de la
région qui affichent une amélioration générale.
La Commission de l’Océan Indien reconnaît les efforts réalisés par les réseaux nationaux des 5
États membres de la COI, dans un esprit de professionnalisme et d’engagement, afin de mener
à bien les analyses et produire le présent rapport.
Sur la base des recommandations faites, cette étude apportera un éclairage et une aide aux
décisions des politiques économiques et sociales à mettre en œuvre dans les pays pour lutter
contre la pauvreté chez les enfants.
Callixte D’OFFAY
Secrétaire Général
Commission de l’Océan Indien
AVANT PROPOS
La présente étude régionale sur la pauvreté des enfants met en évidence les difficultés des pays à
honorer leur engagement pour respecter les droits fondamentaux des enfants. Les statistiques et
les analyses montrent les disparités qui existent entre les 5 pays de la région Sud Ouest de l’Océan
Indien et à l’intérieur de chacun de ces pays en matière de pauvreté des enfants.
Cette région de l’Océan Indien compte plus de 11 millions d’enfants, soit la moitié de la population
de l’ensemble des 5 pays. Selon les méthodes adaptées à l’analyse de la privation dans la région,
7,6 millions d’enfants éprouvent au moins une privation sévère, soit 68% des enfants, tandis
que 9,5 millions d’enfants sont touchés par au moins une privation moins sévère, soit 84% de
l’ensemble des enfants. A titre d’illustration, ces privations sévères touchent le logement pour
68% des enfants, l’accès à l’eau potable pour 54% et aux conditions d’assainissement adéquat
pour 45% des enfants.
Malgré la prise de conscience et la volonté politique des pays à mettre en oeuvre les différentes
stratégies et programmes de réduction de la pauvreté, beaucoup restent à faire pour assurer la
meilleure coordination et l’appropriation de ces programmes par les autorités et par la population.
Il est important que chaque pays prenne connaissance des riches informations et leçons tirées des
autres pays régionaux et favorise les échanges en termes de politiques et de stratégies nationales
adoptées afin d’apporter les contributions indispensables pour honorer les droits des enfants et
leur épanouissement futur.
Sur la base des recommandations de la présente étude, les pays auront mieux à cibler les domaines
d’affectation et de répartition des ressources destinées à la réduction de la pauvreté, de manière
à ce qu’une meilleure équité soit la ligne directrice des programmes nationaux et éventuellement
des futurs programmes régionaux.
Bruno MAES
Représentant de l’UNICEF
Madagascar
Remerciements
Cette étude sur la pauvreté des enfants dans la région de l’Océan Indien a vu le jour avec la collaboration
active d’un grand nombre de personnes et d’organisations. Nous tenons à exprimer notre très sincère
reconnaissance à tous ceux qui sont intervenus, depuis l’atelier de lancement de l’étude en 2008,
à élaborer les méthodologies et à définir les différents paramètres et les indicateurs à étudier, ainsi
qu’à la mise en œuvre de l’étude.
Leur soutien tout au long de l’analyse et la rédaction de ce troisième rapport de l’Observatoire des
droits de l’enfant de la Région de l’Océan Indien a été très apprécié.
Nos plus sincères remerciements vont aux membres du Comité de pilotage de l’ODEROI, Monsieur
Callixte d’Offay, Secrétaire général de la COI, Monsieur Bruno Maes, Représentant de l’UNICEF
Madagascar, M. Claudio Caldarone, Coordonnateur Résident du PNUD Maurice pour leur vision
éclairée et leur soutien infaillible.
Nos remerciements vont également aux consultants internationaux : Dr. Kodjopatapa Raccotomala
Amégée, Messieurs. Younoussa Imani qui n’ont pas ménagé leurs efforts dans l’analyse et la
synthèse des données régionales ainsi que la rédaction du présent rapport, et aux consultants
nationaux : Messieurs Fabrice Andy, Aboubakari Boina, Ahmed Djoumoi, Marc Gronnier, Arison Rivo
Andriatsitoaina, Michel Rosalie et Mesdames Janick Beatrix Angelay Brû et Sahondra Robinson qui
ont contribué techniquement et intellectuellement aux recherches soutenues au niveau de leur pays
respectif. Nous les remercions vivement ainsi que toutes les équipes qui ont mené les groupes
d’entretien et qui ont bienveillamment accepté de partager leur vision et leurs expériences.
Nous remercions également les points focaux des réseaux nationaux de l’ODEROI : Madame Soifiat
Alfeine, Commissariat au Plan des Comores, Madame Faratiana Esoavelomandroso, Université de
Madagascar, Madame Françoise Botte Noyan, Conseil National des Enfants, Maurice, Madame Ariane
Schoettel, Conseil Général de la Réunion, et Mademoiselle Michèle Marguerite, Ministère des Affaires
Sociales, Seychelles qui ont fait le suivi des travaux et la coordination de la mise en œuvre de l’étude
au niveau national, ont apporté leur encadrement nécessaire aux équipes de consultants, ont facilité
l’accès à des compléments d’informations et ont assuré la validation de l’étude. Un remerciement
particulier à Madame Ariane Schoettel, représentante du Conseil Général de la Réunion, qui a bien
voulu accueillir et organiser l’atelier de validation régionale de l’étude à la Réunion en novembre
2009.
Le rapport a aussi bénéficié les compétences techniques des personnes ressources suivantes :
Madame Sharmila Kurukulasuriya et Madame Solrun Engilbertsdottir, de l’UNICEF New York pour le
peer review, Monsieur Ismail Saadi, de l’UNICEF Comores, Monsieur Robert Ndamobissi UNICEF Mali,
Madame Fatoumia Ali Bazi, Chargée de mission de la COI, Madame Dorothee Klaus et Madame Olga
Ramaromanana de l’UNICEF Madagascar pour leur appui technique. Nous les remercions vivement
pour leurs disponibilités et leurs contributions louables.
Nos remerciements vont aussi à tous les bureaux des statistiques des Etats membres de la COI : La
Direction nationale des statistiques des Comores, l’Institut national de la statistique et des études
économiques (INSEE), Réunion, l’Institut national de la statistique (INSTAT), Madagascar, le Bureau
national des statistiques de Maurice et le Bureau national des statistiques des Seychelles pour leurs
précieuses contributions.
1
L’équipe de l’ODEROI composée de Madame Mariam Gopaul et Madame Lamait Saïd Abdallah,
Monsieur Dominique Niobé ont assuré la coordination de toutes les étapes de la réalisation de cette
étude. Qu’elle trouve ici toute notre gratitude et nos vifs remerciements pour les efforts d’encadrement
et de mobilisation des pays participants.
Une mention spéciale à toutes les familles, les jeunes et les enfants pour leurs témoignages et leurs
préoccupations. Tout en leur exprimant notre reconnaissance, nous espérons que leurs contributions
aideront à mieux faire comprendre les facteurs déterminants de la pauvreté dans laquelle vivent plus
de 11 millions d’enfants.
2
Table de matière
ACRONYMES...................................................................................................................................................................................6
LISTE DES TABLEAUX..............................................................................................................................................................10
LISTE DES GRAPHIQUES........................................................................................................................................................12
RESUME EXECUTIF....................................................................................................................................................................13
INTRODUCTION...........................................................................................................................................................................19
Chapitre I : ConTEXTES SOCIO ÉCONOMIQUE POLITIQUE ET INTERNATIONAL..................................26
1.1. Poids démographique des enfants et projection à 2015.............................................................................27
1.1.1. Population de la région océan Indien........................................................................................................27
1.1.2. Evolution des populations de 2005 à 2015..........................................................................................30
1.2. Evolution de la situation économique des pays de la région océan Indien.............................................31
1.2.1. Croissance, richesse et perspectives.......................................................................................................32
1.2.2. Pauvreté de la population de la région océan Indien.........................................................................34
1.2.3. Pauvreté suivant le genre du chef de ménage.....................................................................................36
1.2.4. Pauvreté de la population suivant le statut du chef de ménage..................................................37
1.2.5. Pauvreté par milieu de résidence...............................................................................................................38
1.2.6. Classement suivant l’IDH et revenu par tête (parité de pouvoir d’achat)................................39
1.3. Objectifs du millénaire pour le développement (OMD)....................................................................................39
1.4. Les crises.............................................................................................................................................................................40
1.4.1. Les crises socio politiques et leurs conséquences sur la vie des enfants..............................40
1.4.2. La crise financière et ses conséquences sur la vie des enfants.................................................42
1.4.3. La crise alimentaire et ses conséquences sur la vie des enfants..............................................45
Chapitre II : LA PauvretÉ ET LES enfants............................................................................................................48
2.1. Les enfants et la notion de pauvreté monétaire................................................................................................49
2.2. Privations et disparités des enfants........................................................................................................................52
2.2.1. Privations sévères et moins sévères aux Comores et à Madagascar (Bristol)...................52
2.2.2. Privations des enfants de la région océan Indien suivant les AIP................................................53
2.3. La survie de l’enfant et l’équité...................................................................................................................................60
2.4. Analyse des lois, politiques et programmes nationaux les plus importants sur la lutte
contre la pauvreté liée au revenu des ménages................................................................................................41
3
2.5. Evolution des budgets dans les pays de l’océan Indien...................................................................................62
2.6. Evolution des dépenses sociales dans les pays de l’océan indien.............................................................63
Chapitre Iii: Les PILIERS DU BIEN-ÊTRE DES ENFANTS ET CADRE DE VIE.................................................68
3.1. Nutrition................................................................................................................................................................................69
3.1.1. Lois, politiques et programmes nationaux les plus importants....................................................69
3.1.2. Résultats pour les enfants, disparités et égalité des genres........................................................73
3.1.3. Analyse de causalité et corrélation............................................................................................................75
3.1.4. Perception des enfants...................................................................................................................................77
3.1.5. Fondement et partenaires pour une stratégie....................................................................................78
3.2. Santé.......................................................................................................................................................................................79
3.2.1. Lois, politiques et programmes nationaux les plus importants....................................................79
3.2.2. Résultats pour les enfants, disparités et égalité des genres........................................................83
3.2.3. Analyse de causalité et corrélation............................................................................................................86
3.2.4. Perception des enfants...................................................................................................................................87
3.3. Protection de l’enfant.....................................................................................................................................................89
3.3.1. Lois, politiques et programmes nationaux les plus importants....................................................89
3.3.2. Résultats pour les enfants, disparités et égalité des genres........................................................91
3.3.3. Analyse de causalité et corrélation............................................................................................................93
3.3.4. Perception des enfants...................................................................................................................................95
3.3.5. Fondement et partenaires pour une stratégie....................................................................................96
3.4. Éducation..............................................................................................................................................................................97
3.4.1. Lois, politiques et programmes nationaux les plus importants....................................................97
3.4.2. Résultats pour les enfants, disparités et égalité des genres.....................................................101
3.4.3. Analyse de causalité et corrélation.........................................................................................................105
3.4.4. Perception des enfants................................................................................................................................108
3.4.5. Fondement et partenaires pour une stratégie.................................................................................109
3.5. Accès à l’eau potable et aux sanitaires décents............................................................................................110
3.5.1. Lois, politiques et programmes nationaux les plus importants.................................................110
3.5.2. Résultats pour les enfants, disparités et égalité des genres.....................................................113
3.5.3. Analyse de causalité et corrélation.........................................................................................................116
4
3.5.4. Perception des enfants................................................................................................................................117
3.5.5. Fondement et partenaires pour une stratégie.................................................................................118
3.6. Accès au logement.......................................................................................................................................................119
3.6.1. Lois, politiques et programmes nationaux les plus importants.................................................119
3.6.2. Résultats pour les enfants, disparités et égalité des genres.....................................................121
3.6.3. Analyse de causalité et corrélation.........................................................................................................122
3.6.4. Perception des enfants................................................................................................................................123
3.6.5. Fondement et partenaires pour une stratégie.................................................................................124
3.7. Accès à l’information et à la participation.........................................................................................................124
3.7.1. Lois, politiques et programmes nationaux les plus importants.................................................124
3.7.2. Résultats pour les enfants, disparités et égalité des genres.....................................................126
3.7.3. Analyse de causalité et corrélation.........................................................................................................128
3.7.4. Perception des enfants................................................................................................................................129
3.7.5. Fondement et partenaires pour une stratégie.................................................................................131
3.8. Ce qui doit être fait en matière de politiques et stratégies sectorielles..............................................131
3.8.1. Nutrition...............................................................................................................................................................131
3.8.2. Santé et cadre de vie.....................................................................................................................................132
3.8.3. Protection des enfants.................................................................................................................................133
3.8.4. Education.............................................................................................................................................................134
CHAPITRE IV : CONCLUSION ET RECOMMANDATIONS.......................................................................................136
4.1. Conclusion.........................................................................................................................................................................137
4.2. Recommandations........................................................................................................................................................139
BIBLIOGRAPHIE........................................................................................................................................................................141
ANNEXES....................................................................................................................................................................................146
5
Acronymes
AGOA : Africa Growth and Opportunity Act (Loi sur la croissance et les possibilités économiques
en Afrique)
AEEH : Allocation d’éducation de l’enfant handicapé
AIP : Autres indicateurs de pauvreté
AJPP : Allocation journalière de présence parentale
AL : Allocation de logement
ANDEA : Autorité nationale de l’eau et de l’assainissement
ANFEN : Adolescent Non Formal Education Network
ANRU : Agence nationale pour le renouvellement urbain
API: Allocation de parent isolé
APSHF: Association for the Promotion of Solid Human Families
ARS : Allocation de rentrée scolaire
ASE : Aide sociale à l’enfance
BCG Bilié de Calmette et Guérin (vaccin)
BIT : Bureau international du travail
BM : Banque mondiale
BTP : Bâtiment et travaux publics
CAPA : Centre d’accompagnement pour adolescents
CARE: Campaign for Awareness Resilience and Education against substance abuse
CDE : Convention des droits de l’enfant
CDH : Conseil départemental de l’habitat
CEDEM : Centre d’éducation pour le développement de l’enfant mauricien
CHA : Central Housing Authority
CLE : Collectif de lutte contre les exclusions
CLSH : Centres de loisirs sans hébergement
CMU : Couverture maladie universelle
CNLTE : Comité national de lutte contre le travail des enfants
CNLS : Comité national de lutte contre le sida
COI : Commission de l’océan Indien
COMESA : Common Market for Eastern and Southern Africa (Marché commun de l’Afrique de l’est
et australe)
CPE: Certificate of Primary Education
CRDE : Commission de réforme du droit des enfants
CRDS : Contribution pour le remboursement de la dette sociale
CRES : Comité régional d’éducation pour la santé
CSB : Centres de santé de base
CSG : Contribution sociale généralisée
DGEPA : Direction générale de l’eau potable et de l’assainissement
6
DH : Développement humain
DIJEC : Document de stratégie du développement intégral du jeune enfant aux Comores
DSRP : Document stratégique de réduction de la pauvreté
DTCoq : Diphtérie, Tétanos et Coqueluche (vaccin)
EAP: Eradication of Absolute Poverty Programme
EDS : Enquête démographique et de santé
EIM : Enquête intégrale des ménages
EKA : Ezaka Kopia ho an’ny Ankizy
ENTE : Enquête nationale sur le travail des enfants
EPM : Enquête sur la pauvreté des ménages
EPT: Education pour tous
FAO : Food and Agriculture Organisation of the United Nations (Organisation des Nations
unies pour l’alimentation et l’agriculture)
FED : Fondation Espoir et Développement
FGT Foster, Greer et Thorbecke
FMI : Fonds monétaire international
FSD : Fonds social de développement
GTZ : Coopération technique allemande
HALDE : Haute autorité de lutte contre les discriminations
HCLPD : Haut comité au logement des personnes défavorisées
HDS: Health Demographic Survey
HSC: Higher School Certificate
IDE : Investissements directs étrangers
IDH : Indice de développement humain
IFAD : International Fund for Agricultural Development (Fonds international pour le
développement agricole)
INSEE Institut national des statistiques et des études économiques
IPH : Indicateur de pauvreté humaine
IPPF : Fédération internationale pour la planification
IRA : Infections respiratoires aiguës
MAP : Madagascar Action Plan
MAJ : Mouvement d’action des jeunes
MCCI : Chambre de commerce et d’industrie de Maurice
MECI : Ministère de l’économie, du commerce et de l’industrie
MGI : Mission générale d’insertion
MICS: Multiple Indicator Cluster Survey (Enquête en grappes à indicateurs multiples)
NCCRD: National Centre for Curriculum Research and Development
NHDC: National Housing Development Company Limited
OCDE Organisation de coopération et de développement économique
ODEROI Observatoire des droits de l’enfant de la région océan Indien
7
OEV: Orphelins et enfants vulnérables
OI Océan Indien
OIT : Organisation internationale du travail
OMD Objectifs du millénaire pour le développement
OMEF : Observatoire malgache de l’emploi et de la formation
OMS : Organisation mondiale de la santé
ONN : Office national de nutrition
ONU Organisation des Nations unies
ONUSIDA : Organisation des Nations unies pour le sida
PACTE : Prévention abolition contrôle du travail des enfants
PADR : Plan d’action pour le développement rural
PAJE : Prestation d’accueil du jeune enfant
PAM : Programme alimentaire mondial
PAS : Programme d’ajustement structurel
PCIME : Prise en charge intégrée de la mère et de l’enfant
PDALPD : Plan départemental pour le logement des personnes défavorisées
PDSSPS : Plan de développement du secteur de la santé et de la protection sociale
PEAD : Plan européen d’aide alimentaire
PEV : Programme élargi de vaccination
PIB : Produit intérieur brut
PMA: Pays les moins avancés
PMI : Protection maternelle et infantile
PNAEPA : Programme national d’accès à l’eau potable et à l’assainissement
PNALTE : Plan national d’action de lutte contre le travail des enfants
PNAN : Plan national d’action pour la nutrition
PNANSS : Programme national d’alimentation, de nutrition et de santé scolaire
PNAVE : Plan national d’action pour combattre la violence à l’égard des enfants
PNGRPS : Programme national de gestion de risques et de protection sociale
PNN : Politique nationale de nutrition
PNAA : Plan national pour l’aide alimentaire
PNNC : Politique nationale de nutrition communautaire
PNNS : Programme national nutrition santé
8
PRAPS : Programme régional d’accès à la prévention aux soins de la Réunion
PRSP : Plan régional de santé publique
PSI : Programme service international
PSSA : Programme spécial de sécurité alimentaire
PTME : Programme de prévention contre la transmission mère-enfant
PVVIH : Personne vivant avec le VIH
RASED : Réseaux d’aides spécialisées aux élèves en difficulté
RMI : Revenu minimum d’insertion
RSA : Revenu de solidarité active
SADC : South African Development Community (Communauté sud-africaine pour le
développement)
SC : School Certificate
SCRP : Stratégie de croissance et de réduction de la pauvreté
SDOSM : Schéma départemental d’organisation sociale et médico-sociale
SE : Secrétariat exécutif
SIP : School Improvement Programme
SMB: Seychelles Marketing Board
SNPEV : Stratégie nationale de protection des enfants vulnérables
SNU : Système des Nations unies
SOUBIC : Secours opérationnel urbain, Boutique d’initiative communautaire
SREPS : Schéma régional d’éducation pour la santé
SROS : Schéma régional d’organisation sanitaire
TMI Taux de mortalité infantile
UNESCO : Organisation des Nations unies pour la science, l’éducation et la culture
UNFPA : Fonds des Nations unies pour la population
UNICEF : Fonds des Nations unies pour l’enfance
VIH/SIDA : Syndrome d’immunodéficience acquise
9
LISTE DES TABLEAUX
TABLEAUX TITRE PAGE
Tableau 1.1 Répartition de la population de la région océan Indien 27
Tableau 1.2 Répartition de la population par groupe d’âge, par genre, par fécondité et taux de croissance 29
suivant les pays
Tableau 1.3 Evolution de la population et des enfants de 2005 à 2015 30
Tableau 1.4 Le revenu par habitant en ppa des grandes régions du monde comparées à la région océan 31
Indien
Tableau 1.5 Structure du PIB par branche en 2005 et croissance économique 33
Tableau 1.6 Pauvreté des ménages (incidence, profondeur, sévérité en pourcentage et indice de Gini) 34
Tableau 1.7 Indice de Développement Humain (IDH en 2005) 39
Tableau 1.8 Situation actuelle des pays par rapport aux 8 objectifs du millénaire et comparaison aux 40
objectifs de 2015
Tableau 2.1 Prévalence de privations sévères des enfants (au sens de Bristol) pour Madagascar et 52
Comores
Tableau 2.2 Privations sévères des enfants suivant « les concepts AIP sévères » 54
Tableau 2.3 Privations moins sévères des enfants suivant « les concepts AIP sévères » 54
Tableau 2.4 Autres indicateurs de privations (AIP) sévères et moins sévères de la région océan Indien 55
Tableau 2.5 Autres indicateurs de privations (AIP) sévères et moins sévères des Comores 56
Tableau 2.6 Autres indicateurs de privations (AIP) sévères et moins sévères de Madagascar 57
Tableau 2.7 Autres indicateurs de privations (AIP) sévères et moins sévères de Maurice 58
Tableau 2.8 Autres indicateurs de privations (AIP) sévères et moins sévères de la Réunion 59
Tableau 2.9 Autres indicateurs de privations (AIP) sévères et moins sévères des Seychelles 59
Tableau 3.1 Privation sévère et moins sévère (au sens de Bristol) en nutrition chez les enfants de 0 à 4 ans 73
à Madagascar et aux Comores
Tableau 3.2 Malnutrition chez les enfants des pays de la région de l’océan Indien 74
Tableau 3.3 Situation de certains indicateurs liés à la malnutrition 75
Tableau 3.4 Privation sévère et moins sévère en santé (Bristol) aux Comores et à Madagascar (0 à 4 ans) 83
Tableau 3.5 Situation des taux de vaccination dans les pays 84
Tableau 3.6 Quelques indicateurs de santé de base chez les enfants et les mères 85
Tableau 3.7 Personnel de santé et lits dans les hôpitaux 85
Tableau 3.8 Enregistrement des naissances des enfants âgés de moins de 5 ans à l’état civil selon le type 92
d’enregistrement (déclaration de naissance et jugement) et selon le genre.
Tableau 3.9 Privation sévère et moins sévère en éducation (Bristol) aux Comores et à Madagascar (enfants 101
7 à 17 ans)
Tableau 3.10 Taux de scolarisation et taux d’achèvement du cycle primaire (7 à 17 ans) 102
Tableau 3.11 Enfants non scolarisés par groupe d’âge 103
Tableau 3.12 Taux de scolarisation dans le primaire 104
Tableau 3.13 Taux de scolarisation le secondaire 104
Tableau 3.14 Privation sévère et moins sévère d’accès à l’eau potable pour Madagascar et les Comores 113
(Bristol)
10
Tableau 3.15 Accès à l’eau potable des enfants 113
Tableau 3.16 Privation sévère et moins sévère d’accès à des sanitaires décents 114
Tableau 3.17 Situation des enfants par rapport aux sanitaires 115
Tableau 3.18 Privation sévère et moins sévère d’accès à un logement/habitat décent 121
Tableau 3.19 Situation des enfants par rapport au logement (AIP) 121
Tableau 3.20 Privation sévère et moins sévère d’accès à l’information 126
Tableau 3.21 Les enfants face à l’information 127
Tableau 3.22 Les enfants qui n’ont pas accès à la radio, télévision, journaux en pourcentage (%) 127
11
LISTE DES GRAPHIQUES
GRAPHIQUES TITRE PAGE
Graphique 1.1 Pyramide des âges des pays de l’océan Indien 28
Graphique 1.2 Comparaison du PIB par habitant en USD, parité de pouvoir d’achat (ppa) 32
Graphique 1.3 Taux de Pauvreté de la population et des ménages 35
Graphique 1.4 Taux de pauvreté de la population suivant le genre du chef de ménage 37
Graphique 1.5 Taux de pauvreté de la population suivant le statut du chef de ménage 37
Graphique 1.6 Taux de pauvreté de la population suivant le milieu de résidence du chef de ménage 38
Graphique 2.1 Pourcentage d’enfants pauvres par rapport à l’ensemble des enfants 49
Graphique 2.2 Pauvreté monétaire des enfants comparée à celle de l’ensemble des ménages 50
Graphique 2.3 La pauvreté des enfants suivant le milieu de résidence 50
Graphique 2.4 La pauvreté des enfants suivant le genre du chef de ménage 51
Graphique 2.5 La pauvreté des enfants suivant le statut du chef de ménage 51
Graphique 2.6 Prévalence de privations sévères des enfants (au sens de Bristol) pour Madagascar et 52
Comores
Graphique 2.7 Autres indicateurs de privations (AIP) sévères et moins sévères de la région océan Indien 55
Graphique 2.8 Autres indicateurs de privations (AIP) sévères et moins sévères des Comores 56
Graphique 2.9 Autres indicateurs de privations (AIP) sévères et moins sévères de Madagascar 57
Graphique 2.10 Autres indicateurs de privations (AIP) sévères et moins sévères de Maurice 58
Graphique 2.11 Autres indicateurs de privations (AIP) sévères et moins sévères de la Réunion 59
Graphique 2.12 Autres indicateurs de privations (AIP) sévères et moins sévères des Seychelles 59
Graphique 2.13 Taux de mortalité infantile pays océan Indien 60
Graphique 2.14 Taux de mortalité des moins de 5 ans (pour 1000) 61
Graphique 2.15 Revenus de l’Etat rapporté à la population résidente des pays 62
Graphique 2.16 Evolution des dépenses en éducation, taux net de scolarisation aux Comores 63
Graphique 2.17 Evolution des dépenses en santé et taux de mortalité infanto juvénile aux Comores 63
Graphique 2.18 Evolution des dépenses en éducation, taux net de scolarisation à Madagascar 64
Graphique 2.19 Evolution des dépenses en santé et en protection sociale, taux de mortalité infanto 65
juvénile à Madagascar
Graphique 2.20 Evolution des dépenses en éducation, et taux net de scolarisation à Maurice 65
Graphique 2.21 Evolution des dépenses en santé et en protection sociale, taux de mortalité infanto 66
juvénile à Maurice
Graphique 2.22 Evolution des dépenses en éducation, et taux net de scolarisation aux Seychelles 66
Graphique 2.23 Evolution des dépenses en santé, taux de mortalité infanto juvénile aux Seychelles 67
Graphique 3.1 Taux de privation des enfants en nutrition 74
Graphique 3.2 Taux de privation des enfants en santé 84
Graphique 3.3 Taux de privation des enfants en éducation 103
Graphique 3.4 Taux de privation des enfants en eau 114
Graphique 3.5 Taux de privation des enfants en assainissement 115
Graphique 3.6 Taux de privation des enfants en logement 122
Graphique 3.7 Taux de privation des enfants en information 128
12
RESUME EXECUTIF
La mise en œuvre de l’étude sur la pauvreté dans
les pays de la région océan Indien (pays du sud-ouest
de l’océan Indien : Comores, Madagascar, Maurice,
Réunion et Seychelles) nécessite d’abord une bonne
maîtrise du concept global de la pauvreté sur lequel
est basé ce rapport.
Le rapport sur la Situation des enfants dans le
monde (UNICEF, 2005) propose une description de
la pauvreté en se basant sur les principes relatives
à la Convention des droits de l’enfant qui se focalise
essentiellement sur les ressources nécessaires à la
survie et à la croissance des enfants : « Les enfants il a été impossible de calculer les sept indicateurs
vivant dans la pauvreté sont privés de nutrition, d’eau de privation pour certains pays (Maurice, Réunion
et d’installations sanitaires, d’accès aux services et Seychelles), dans la mesure où ces derniers n’ont
de santé de base, au logement, à l’éducation, à la pas effectué d’enquêtes auprès des enfants dans le
participation et à la protection, et bien qu’un manque passé. Afin de disposer d’indicateurs comparables
sévère de biens et de services nuise à tout être pour l’ensemble des pays, d’Autres indicateurs de
humain, c’est pour les enfants que cela représente privations (AIP) ont été calculés sur la base des
la pire menace et le mal le plus grand, en les rendant données d’enquêtes des ménages des cinq pays.
incapables de jouir de leurs droits, d’atteindre leur
plein potentiel et de participer à la société comme Toutefois, ces indicateurs, pour la plupart obtenus à
membres à part entière ». partir des données ménages ne se substituent pas
aux indicateurs de Bristol mais sont plus appropriés
L’approche par le revenu ou la consommation pour les mesures de privations des enfants dans les
(approche monétaire) mesure et analyse la pauvreté cinq pays. Par exemple, la privation sévère en eau
sur la base du niveau de revenu dans le ménage selon Bristol se rapporte aux enfants qui « ont accès
(revenu par tête). Cette approche conceptualise la à de l’eau de surface ou devant aller chercher l’eau
pauvreté de l’individu dans un espace d’utilité dont la à plus de 30 minutes du domicile ». Avec le concept
satisfaction définit le niveau du bien-être personnel. AIP, la privation sévère en eau se traduit par les
L’analyse de la pauvreté monétaire des pays de la « ménages qui n’ont pas accès à de l’eau potable ».
région océan Indien s’est faite auprès de l’ensemble L’estimation des nouveaux indicateurs de privations
des ménages et ensuite auprès des ménages des pays (AIP) sur le plan régional reposent sur
ayant des enfants. Les indices de Foster, Greer et l’hypothèse selon laquelle les AIP des pays n’ont
Thorbecke (FGT) et l’indice de Gini ont été utilisés pas beaucoup varié entre 2000 et 2007 (période
pour mesurer respectivement les indicateurs de pendant laquelle les AIP des pays ont été calculés sur
pauvreté et les inégalités de revenus des ménages. la base des différentes enquêtes).
Les besoins pour le bien-être des enfants peuvent S’agissant des contextes socio économique, politique
se traduire par la disponibilité et l’accessibilité aux et international, les pays de la région océan Indien
services sociaux de base (éducation, santé, nutrition, constituent un ensemble hétérogène sur le plan
etc.) avec un environnement protecteur favorisant géographique, démographique et socioéconomique.
leur épanouissement (logement, assainissement, La région du sud-ouest de l’océan Indien compte 22,1
expression, participation). Ainsi, l’approche de Bristol, millions d’habitants (estimation 2008) inégalement
basée sur les droits des enfants analyse la pauvreté répartis entre les cinq pays qui la composent.
des enfants en termes de privations. La disponibilité Madagascar est le plus peuplé et représente à lui
des indicateurs de privation des enfants (les sept seul 19,4 millions d’habitants soit 87,4 pour cent
indicateurs de privation sévères et non sévères) était de l’ensemble de la population de la région, suivi de
donc un préalable pour pouvoir mener une étude Maurice avec 1,2 millions d’habitants (6 pour cent
sur la pauvreté des enfants dans un pays, si on se de la population totale). Viennent ensuite la Réunion
réfère au manuel de référence de l’étude globale de qui compte 790 500 habitants (4 pour cent de la
l’UNICEF. Mais au niveau de la région océan Indien, population totale), les Comores avec 652 000
13
habitants (3 pour cent de la population totale) et enfin En ce qui concerne les pays à faible revenu
les Seychelles, pays le moins peuplé mais aussi le plus (Madagascar et les Comores), les économies
petit par sa superficie, comptent 87 000 habitants sont tributaires de l’aide et de la dette extérieure
(0,4 pour cent de l’ensemble de la population de la qui contribuent entre 60 à 90 pour cent du
région). En 2008, le nombre d’enfants est estimé à financement des investissements publics. Avec
11,2 millions, représentant la moitié de la population des taux d’endettement dépassant souvent les
de la région océan Indien (50 pour cent). Madagascar capacités de remboursement desdits pays, le FMI a
comprend à elle seule 91 pour cent des enfants de placé Madagascar et les Comores dans la liste des
la région. Les prévisions des statistiques nationales pays devant bénéficier d’une Initiative pour les pays
révèlent que la proportion des enfants devrait etre pauvres très endettés (IPPTE).
autour de 46 pour cent d’ici 2015. Cette diminution
serait due essentiellement au ralentissement de la S’agissant de la pauvreté des ménages, l’analyse a
croissance démographique à Madagascar. révélé un écart important dans les proportions de
ménages pauvres dans les deux groupes de pays et
Sur le plan économique, les performances même au sein de chaque groupe. A Madagascar 60
économiques des pays à revenus intermédiaires et pour cent des ménages vivent en dessous du seuil de
les difficultés économiques des pays à faible revenu pauvreté, contre 37 pour cent aux Comores, 18 aux
cachent un dénominateur commun à tous ces pays Seychelles, 17 à la Réunion et 16 à Maurice.
: toutes les économies des pays de la région sont
tributaires de l’extérieur et connaissent aujourd’hui Concernant la pauvreté monétaire et les privations
des difficultés. Les Investissements directs étrangers des enfants, les différentes analyses ont montré
(IDE) dans les pays à revenus intermédiaires qu’au niveau de la région océan Indien, 7,6 millions
(Maurice, Réunion et Seychelles), représentent une d’enfants éprouvent au moins une privation sévère
part importante dans la valeur ajoutée. Après des au sens AIP (soit 68 pour cent des enfants de la
décennies de fortes croissances, ces pays sont région). Le premier domaine de privation sévère
confrontés à des problèmes économiques liés à constaté pour la région est le logement (68 pour
la structure même de leur économie : A Maurice, cent des enfants), suivi de l’eau (54 pour cent des
l’industrie du textile, et l’industrie sucrière (moteurs enfants) et de l’assainissement (45 pour cent des
de la croissance des décennies antérieures) enfants). Malgré les disparités entre les pays, et
connaissent une crise sans précédente. A la l’importance numérique des enfants de Madagascar
Réunion, la culture de la canne à sucre qui avait dans qui détermine plus les domaines prioritaires de
le temps dominé l’activité économique de l’île doit sa privations régionales, on constate que le problème
survie à des subventions européennes, l’économie de logement constitue la première privation sévère
réunionnaise crée 3000 emplois pour une demande dans chaque pays de la région à l’exception de
de 9000 emplois par an, ce qui se traduit par un Maurice. Généralement, ces enfants ont comme
chômage élevé chez les jeunes. Quant aux Seychelles, logement des maisons précaires en paille ou en tôle.
les périodes fastes de forte croissance successive Concernant les privations moins sévères (AIP moins
sont révolues. Le pays fait face à des difficultés sévères), les résultats montrent qu’au moins 9,5
économiques, notamment à un surendettement millions d’enfants de la région (soit 84 pour cent de
important. l’ensemble des enfants) connaissent des difficultés
d’accès à l’eau. En ce qui concerne le logement, 73
pour cent d’enfants vivent dans des logements sans
sol ou sans mur, 54 pour cent d’enfants souffrent
d’une malnutrition moins sévère et 53 pour cent
d’enfants n’ont pas reçu tous les huit vaccins requis.
Hormis les Comores et la Réunion, l’eau constitue la
première privation moins sévère de l’ensemble des
pays de la région.
Néanmoins, cette situation d’ensemble au niveau
régional cache des spécificités au niveau de chaque
pays. Aux Comores c’est le logement (63 pour cent)
qui constitue la première privation sévère des enfants
14
suivi de l’information (42 pour cent), de l’éducation et touchés que l’ensemble des ménages. De même en
de la santé. ce qui concerne le milieu de résidence, les ménages
avec enfants en milieu rural sont plus touchés par
A Madagascar, le logement constitue également la la pauvreté sauf pour le cas des Comores où la
première source de privation sévère des enfants : situation est inversée. Aussi, les ménages ayant des
72 pour cent d’entre eux vivent dans des logements enfants sont plus frappés par la pauvreté selon que
précaires ou dans la rue ; plus de la moitié d’entre eux le ménage est dirigé par une femme, à l’exception
n’ont pas accès à l’eau potable et à des sanitaires, et des Comores et de Madagascar.
plus d’un tiers ne sont pas scolarisés.
Dans le domaine de la survie de l’enfant et l’équité,
La situation n’est pas la même dans les trois l’analyse de la mortalité infanto juvénile effectuée
autres pays de la région avec des taux de privations pour les cinq pays de la région a révélé des
beaucoup plus faibles. disparités importantes entre les pays. Même si les
L’éducation constitue le domaine de privation qui taux de mortalité infanto juvénile restent encore à
touche le plus sévèrement les enfants mauriciens : un niveau élevé pour les Comores et Madagascar,
3 pour cent d’entre eux ne sont pas scolarisés. En ce ils ont enregistré dans les cinq pays une dynamique
qui concerne le domaine de privation moins sévère, à la baisse ces dernières années dans un rythme
trois domaines de privation relativement importants encourageant mais insuffisant pour atteindre
affectent les enfants mauriciens : le non accès à la réduction des deux tiers en 2015, comme
l’eau de robinet à domicile (15 pour cent ), suivi de stipulé dans les Objectifs du millénaire pour le
la malnutrition moins sévère (11 pour cent d’enfants développement. De ce fait, l’on peut supposer que si
sont victimes d’émaciation) et la non disponibilité la tendance actuelle continue, les pays de la région
des sanitaires à domicile (11 pour cent des enfants ne pourront pas espérer atteindre les OMD liés à la
mauriciens). mortalité infantile en 2015.
A la Réunion, 15 pour cent des enfants sont Les dépenses consacrées à l’éducation et à la
concernés par au moins une privation sévère (dont le santé tiennent un rôle important dans l’évolution
logement) et 26 pour cent d’entre eux sont frappés des indicateurs sociaux tels le taux de scolarisation
par au moins une privation moins sévère (dont et la mortalité infantile. La baisse tendancielle de
l’obésité). la mortalité infantile et l’amélioration des taux nets
de scolarisation s’accompagnent d’une tendance
Aux Seychelles, les niveaux des privations sévères à la hausse des dépenses pour les secteurs de
et moins sévères des enfants sont relativement l’éducation et de la santé. Les pays à revenus
faibles. Ainsi seulement 0,2 pour cent des enfants intermédiaires, dont les indicateurs sociaux sont
éprouvent une privation sévère dans au moins un relativement améliorés, consacrent par habitant,
des sept domaines des privations aux Seychelles et des dépenses budgétaires, dix fois plus élevés que
4,2 pour cent sont touchés moins sévèrement par les pays à faibles revenus.
au moins un des sept domaines de privation.
L’analyse des lois, politiques et programmes
Suivant les concepts définis dans le Global Study, pertinents révèle l’existence de deux situations bien
l’analyse de la pauvreté touchant les enfants de différentes. Aux Comores et à Madagascar, des
Madagascar et des Comores a révélé quatre programmes nationaux sont mis en œuvre pour
principaux domaines de privations sévères chez lutter contre la pauvreté en général et celle des
les enfants à Madagascar: l’eau, l’assainissement, enfants en particulier. Mais ces derniers restent
la nutrition et la santé. Aux Comores, les quatre souvent à l’étape de déclaration ou d’intention sans
domaines de privation chez l’enfant sont : l’éducation, véritable accompagnement budgétaire conséquent.
la santé, l’information et l’assainissement. Ce qui est assez paradoxal c’est l’inexistence d’une
véritable politique nationale de protection sociale en
A Madagascar et aux Comores, l’analyse de la
vue d’améliorer le revenu des ménages. Les seuls
pauvreté monétaire touchant les enfants a montré
véritables transferts en direction des ménages se
qu’en règle générale, les ménages ayant des enfants
révèlent être la gratuité de l’école primaire tout
sont plus touchés par la pauvreté que les ménages en
récemment dans ces deux pays. En outre, il n’y a
général A Maurice et aux Seychelles, la situation est
pas de véritable programme de soutien direct aux
inverse : les ménages ayant des enfants sont moins
familles les plus pauvres soit sous formes d’aide
15
ou sous la forme de transferts indirects vers les région océan Indien, particulièrement à Madagascar
ménages les plus nécessiteux. Enfin, les politiques et aux Comores et dans une moindre proportion
et programmes qui existent sont la plupart du à Maurice. La Réunion et les Seychelles affichent
temps non opérationnels car non accompagnés des taux de privations sévères nuls dans ces trois
d’engagements financiers conséquents. domaines. Ainsi, à l’échelle régionale, plus d’un
million d’enfants souffrent d’une malnutrition
A Maurice, à la Réunion et aux Seychelles, la pauvreté sévère et plus de deux millions d’une malnutrition
touchant les enfants a pu être contenue et maîtrisée moins sévère. Ces enfants résident majoritairement
pendant plusieurs décennies grâce à un ensemble à Madagascar (97 pour cent) et le reste aux Comores
de législations et de politiques pragmatiques (2,4 pour cent) et Maurice (0,6 pour cent). En ce
axés en priorité en direction des groupes les plus qui concerne la malnutrition sévère, le cas particulier
vulnérables. Il existe une gamme assez variée de d’obésité des enfants réunionnais a été considéré
prestations familiales et d’aides directes aux familles. comme une « malnutrition moins sévère ». Ainsi, près
Venir en aide aux ménages pauvres est l’un des axes de 18 000 enfants de 0 à 4 ans souffrent d’obésité
critiques dans le manifeste électoral des différents à la Réunion, soit 26,4 pour cent de la population
gouvernements au pouvoir. Ainsi, depuis des années, réunionnaise du même groupe d’âge.
plusieurs groupes de population considérés comme
étant vulnérables et plus en situation à s’engouffrer Dans le domaine de la santé, plus de 929 000
dans la pauvreté sont ciblés à travers plusieurs enfants n’ont jamais été vaccinés et plus de deux
programmes et outils législatifs.. En outre, les millions d’enfants n’ont pas reçu la totalité des
gouvernements de ces trois pays n’hésitent pas à vaccins requis. Les taux de privations sévères dans
soutenir financièrement les ménages en difficulté la santé (les enfants jamais vaccinés) sont de 26, 20
grâce à des aides dans plusieurs domaines. et 1 pour cent respectivement pour Madagascar,
Comores et Maurice.
Concernant les piliers du bien-être des enfants,
l’analyse fait ressortir des situations préoccupantes Quant à l’éducation, près de deux millions d’enfants
dans les domaines de la nutrition, de la santé n’ont jamais été scolarisés et plus de 2,5 millions
(vaccination) et de l’éducation (scolarisation) dans la d’enfants n’ont pas achevé le cycle primaire. Les
16
taux de privations sévères dans l’éducation (les qui sont privés d’eau potable (AIP sévère) dans la
enfants non scolarisés) sont de 40, 35 et 3 pour région et 9,5 millions d’enfants qui ne disposent pas
cent respectivement pour les Comores, Madagascar d’eau à domicile. Les enfants qui n’ont pas accès à
et Maurice. A La Réunion 100% des enfants sont l’eau potable représentent 59 pour cent des enfants
scolarisés. malgaches, 8 pour cent des enfants comoriens, 1,8
pour cent mauriciens et 0,9 pour cent réunionnais.
Concernant la protection des enfants, il a été Par ailleurs, l’absence d’eau potable à domicile
constaté que plus de 735 000 enfants ne constitue une problématique partagée par l’ensemble
disposaient pas d’actes de naissance en 2005 dont des pays avec bien entendu des taux de privation
53 pour cent des garçons. Plus de 647 000 enfants moins sévères assez élevés pour Madagascar et les
sont orphelins dont 58 pour cent de garçons. A la Comores (respectivement 89 et 80 pour cent). De
Réunion, 24 pour cent des enfants vivent dans des plus, 15 pour cent des enfants réunionnais n’ont pas
familles monoparentales. accès à l’eau potable à domicile.
L’analyse des lois, politiques et programmes mis en L’assainissement représente le troisième domaine
œuvre dans les pays de la région montre l’existence de privation des enfants de la région après le
d’une approche multidimensionnelle, multisectorielle logement et l’eau. Plus de 5 millions d’enfants
et intégrative dans les domaines de la nutrition, de la n’ont pas accès à des sanitaires à domicile et 5,3
santé, de l’éducation et de la protection de l’enfance. millions d’enfants n’ont pas accès à des sanitaires
Cette approche permet de prendre en compte améliorés. es enfants malgaches sont les plus privés
tous les groupes défavorisés, dans les différents de sanitaires (pas d’accès à domicile) avec 49 pour
secteurs de la vie aussi bien en famille qu’à l’école. cent suivis de 15 pour cent des enfants comoriens.
Cette approche comprend une gamme assez variée Quand aux privations non sévères ce sont les enfants
de programmes de développement social intégré comoriens qui sont les plus nombreux (en terme de
essentiellement basé sur le principe d’aide aux proportion : 92 pour cent) à ne pas disposer des
familles dans toutes les sphères de leur vie afin de sanitaires améliorés, suivi de 49 pour cent des
leur permettre de lutter contre la pauvreté à travers enfants malgaches.
des prestations et des aides directes aux familles.
Le problème de l’accès aux sanitaires se pose aussi
Aux Comores et à Madagascar, les politiques dans les autres pays de la région, mais à des degrés
existent mais des cadres réglementaires inadaptés, relativement moindres. A la Réunion, 5 pour cent des
des activités quotidiennes non-conformes aux enfants et 0,2 pour cent à Maurice vivent dans une
objectifs stratégiques, et le manque de mécanismes maison qui ne dispose pas de sanitaire. A la Réunion,
permanents de concertation et de suivi les rendent 5 pour cent des enfants habitent un logement qui
moins opérationnelles, Ces politiques souffrent dispose de sanitaires non-améliorés contre 11 pour
aussi d’une absence de système d’information et de cent à Maurice et 1,3 pour cent aux Seychelles.
communication et de coordination de l’action des
différentes structures intervenant sur le terrain. La pauvreté concerne les enfants des cinq pays de
En général, dans les deux pays, les programmes la région mais à des degrés différents. Deux groupes
en vigueur sont essentiellement bâtis sur l’urgence de pays se distinguent : d’une part Maurice, Réunion
alors que les problèmes de sécurité alimentaire, de et Seychelles qui sont à des niveaux de privation
santé etc. sont plus d’ordre structurel ce qui donne des enfants assez faibles dans tous les domaines
de faibles résultats en faveur des enfants. et d’autre part, Comores et Madagascar qui sont
à des niveaux assez élevés de privations dans ces
Concernant le cadre de vie, la privation des enfants mêmes domaines. En sus de ces deux groupes, il
de la région océan Indien en logement constitue existe des différences intra groupes appelant des
la première source de pauvreté si l’on se réfère à recommandations spécifiques.
la définition « AIP » dans le logement. Plus de 7,6
millions d’enfants habitent dans des maisons Aussi, les interventions en matière de politique de
précaires (en paille ou en tôle) et 8,3 millions lutte contre la pauvreté des enfants dans les pays de
d’enfants dans des maisons sans sol ou sans mur. la région océan Indien doivent tenir compte de deux
facteurs :
Le problème de l’eau constitue le deuxième domaine
de privation des enfants de la région après le • Etant donné la forte corrélation entre les
logement. On dénombre plus de six millions d’enfants variables (macro) économiques et les domaines
17
de privations, une politique en faveur d’une • Etant donné la similarité dans la pauvreté des
amélioration de la situation économique enfants pour trois des pays étudiés (Seychelles,
générale entraînera une diminution des taux de Maurice, et Réunion) les interventions dans la
privations dans l’ensemble des autres domaines. lutte contre la pauvreté peuvent être similaires.
Toutefois, pour plus d’impact dans la réduction Quant aux Comores et Madagascar, il existe
des privations, et un partage plus équilibré une disparité dans la pauvreté dans lesquels les
des ressources, une politique globale visant à enfants sont davantage victimes de privations.
améliorer l’ensemble des indicateurs macro L’importance des interventions dans les
économiques réduira davantage la pauvreté des différents domaines de privation, méritent d’être
enfants. plus spécifiques à la réalité et aux priorités
accordées à chaque domaine de privation dans
chacun des deux pays.
18
INTRODUCTION à la Convention des droits de l’enfant (CDE) et aux
Objectifs du millénaire pour le développement (OMD).
Problématique
Les pays de la région océan Indien1 (cf. carte ci-
dessous) constituent un ensemble hétérogène
sur le plan géographique, démographique et
socioéconomique. Madagascar, qui s’étend sur 587
000 km² abrite le plus grand nombre d’habitants
avec une population de 19,4 millions d’habitants dont
10,3 millions d’enfants. Maurice est le deuxième pays
en nombre d’habitants avec 1,3 millions d’habitants,
dont 353 000 enfants sur une superficie de 1865
km². La Réunion qui se situe en 3ème position en
termes de population, est particulière par son statut
de département français d’outre mer ; elle compte
790 000 habitants dont 276 000 enfants pour
une superficie de 2512 km². Le quatrième pays,
les Comores, comptent 652 000 habitants dont
326 000 enfants pour une superficie de 2170 km².
Le suivi des droits de l’enfant permet de faire un état
Le cinquième pays, le plus petit tant par sa superficie
des lieux de la situation actuelle afin d’influencer la
que par la taille de sa population, les Seychelles,
prise de décisions pour la promotion des politiques
comptent 86 000 habitants dont 24 000 enfants
en faveur des enfants, tant au niveau national
répartis sur une superficie de 455 km².
que régional. Il permet également de favoriser le
Les 11,2 millions d’enfants qui habitent la région de développement de stratégies et de plaidoyers pour
l’océan Indien grandissent dans des environnements la promotion des droits de l’enfant.
différents ; certains tels que Maurice, la Réunion et les
Conformément à cette mission d’assurer le suivi
Seychelles connaissent des changements sociaux et
de la réalisation des droits de l’enfant, l’ODEROI
économiques rapides, d’autres tels que les Comores
s’est proposé, avec l’appui financier de l’UNICEF,
et Madagascar s’enfoncent silencieusement dans la
d’entreprendre cette étude régionale sur la pauvreté
pauvreté. Des poches de pauvreté existent dans les
et les disparités touchant les enfants. Elle permettra
cinq pays concernés à des degrés différents mais
aux pays de se situer par rapport aux engagements
n’ont jamais fait l’objet d’études approfondies. D’où
internationaux pris pour l’éradication de la pauvreté
la nécessité d’évaluations et d’analyses constantes
et de la faim, tels qu’identifiés dans les Objectifs du
de la situation des enfants.
millénaire pour le développement (OMD).
Cette étude sur la pauvreté des enfants dans la
Les Objectifs du millénaire pour le développement
région océan Indien répond aux engagements de
(OMD) constituent un engagement international que
la Commission de l’Océan Indien (COI) de placer
191 pays, dont les cinq pays de la région océan Indien
l’homme au cœur du développement, de lutter contre
ont pris. Les pays signataires de cet engagement se
la pauvreté et d’améliorer la protection sanitaire des
sont fixés huit objectifs à atteindre en 2015 dont
populations, et d’assurer un suivi régional des droits
l’éradication de l’extrême pauvreté et de la famine,
des enfants.
l’encouragement du partenariat, l’éducation primaire
universelle, l’égalité des genres, la réduction de la
La zone océan Indien mortalité maternelle et infantile et la lutte contre
l’épidémie du sida.
Elle répond également aux objectifs de l’ODEROI
d’assurer le renforcement du suivi national et La majorité des 8 objectifs et des 18 cibles sont
régional de la situation des droits des enfants à directement liés aux enfants et aux femmes.
travers la recherche, le plaidoyer, la mise en réseau Toutefois, malgré des améliorations notées, des
et les échanges d’informations dans le but d’aider millions de femmes et d’enfants connaissent toujours
les pays à assurer leurs engagements par rapport des situations difficiles.
1
On entend ici par région océan Indien les cinq pays du sud-ouest océan Indien (Comores, Madagascar, Maurice, Réunion et les Seychelles).
19
Objectifs International (FMI), le PNUD et d’autres organisations
des Nations unies, la définition officielle de la
Le but de cette étude régionale est d’améliorer la pauvreté est la suivante : « Fondamentalement, la
prise de conscience nationale, régionale et globale de pauvreté est l’absence de choix et d’opportunités
l’ampleur de la pauvreté touchant les enfants et des (occasions), une violation de la dignité humaine.
résultats que les politiques publiques peuvent obtenir Cela signifie un manque de capacités de base pour
quand elles sont ciblées de façon spécifique à réduire participer effectivement dans la société. C’est ne pas
la pauvreté et les privations. Elle servira également à avoir assez pour nourrir et habiller sa famille, ne pas
renforcer les efforts des familles, des communautés, avoir d’école ou de centre de soins, ne pas avoir de
des secteurs privés et des sociétés civiles dans la parcelle de terrain à cultiver ou pour y faire un travail
lutte contre la pauvreté. Enfin, les diagnostics et permettant de gagner sa vie, ne pas avoir accès
les analyses faites dans chaque pays alimenteront au crédit. C’est encore l’insécurité, l’impuissance
la base de données et d’informations de l’ODEROI et l’exclusion des individus, des ménages et des
permettant ainsi un meilleur suivi de l’évolution de la communautés. Mais c’est aussi la prédisposition à
pauvreté des enfants dans les pays de l’océan Indien. la violence, ce qui implique souvent de vivre dans un
environnement fragile ou marginal, avec aucun accès
Méthodologie à de l’eau propre ou à des installations sanitaires »
(Nations unies, 1998).
S’il est admis que la lutte contre la pauvreté en général
et celle des enfants en particulier est un devoir assez Les études menées par l’UNICEF (Global Study
complexe, la mesure de la pauvreté n’en est pas on Child Poverty and Disparities, Guide: UNICEF
plus aisée. Plusieurs approches conceptuelles et Global Policy Section Division of Policy and Planning
méthodologiques tentent de répondre à la difficulté New – 2007, Children living in Poverty, Alberto
de donner une mesure de la pauvreté. Minujin and Enrique Delamonica – 2005, Poverty
Reduction Begins with Children – 2000, etc.), ont
Au cours des deux dernières décennies, le débat clairement démontré qu’il existe un lien indéniable
relatif à la pauvreté dans les pays en développement entre la pauvreté des enfants et celle des adultes.
s’est considérablement amplifié et fait apparaître Cette relation se présente sous forme cyclique. La «
deux options fondamentales. pauvreté pendant l’enfance » se traduit plus tard par
une « pauvreté des adultes ». En effet, les enfants
D’une part, l’approche de l’utilité considère que les
qui souffrent aujourd’hui de malnutrition, qui sont
dépenses des ménages sont une bonne approximation
privés d’éducation, qui ne sont pas vaccinés ou qui
du bien-être pour l’analyse de la pauvreté. Elle
ne bénéficient d’aucune protection sociale seront
représente l’approche largement répandue et connue
des « adultes pauvres » de demain. Ainsi, les enfants
sous le terme de pauvreté monétaire où la pauvreté
pauvres deviennent des parents pauvres, mettant
des ménages/individus est considérée comme
au monde, à leur tour, des enfants pauvres. Et pour
une insuffisance dans la satisfaction des besoins
briser ce cycle de pauvreté intergénérationnelle, il
de consommation alimentaires et non alimentaires
est indispensable de commencer par combattre la
de base. Un seuil monétaire de pauvreté est alors
pauvreté des enfants (PNUD, 2004).
calculé en fonction du panier des biens pondérés des
prix correspondants à ces biens. Pour les enfants, la pauvreté peut avoir des
conséquences importantes en plus de celle des
D’autre part, la pauvreté non monétaire est
adultes, comme le fait d’être privé d’école, de services
considérée comme une privation de droits, une
médicaux, de nourriture, d’habits ou de logement
situation à l’origine d’un manque de capacités
et même le fait de subir une discrimination et une
fonctionnelles élémentaires pour atteindre certains
stigmatisation des pairs (CHIP, 2004). En outre, les
minima acceptables, le bien-être étant fonction à
enfants subissent de façon permanente et durant
la fois de la disponibilité des biens matériels et de
toute leur vie les conséquences de ne pas avoir accès
l’élargissement des possibilités des choix (PNUD,
aux services sociaux de base et des ressources
1997).
familiales. Les adultes, quant à eux, ne souffrent que
Le concept de pauvreté chez les enfants, considéré des manifestations de la pauvreté, mais l’impact ne
à travers l’approche droits, est un concept récent peut pas être aussi destinatif que si cela concerne les
(Global Study, 2005). Pour les institutions comme enfants. Les enfants ne peuvent pas se remettre des
la Banque mondiale (BM), le Fonds Monétaire handicaps évitables dans leur vie. Ils ne peuvent non
20
plus réclamer leur période d’adolescence faite de
valeur de croissance et le développement plus tard
dans la vie (PNUD, 2004). Il est donc essentiel de
reconnaître que les enfants ne sont pas pauvres par
eux-mêmes, puisqu’ils ne sont pas économiquement
et légalement autorisés comme des acteurs
indépendants. Il s’avère donc nécessaire de placer
la question des enfants vivant dans la pauvreté dans
un contexte social bien déterminé. La composition
familiale, la distribution des ressources dans des
familles, le statut de la femme, le nombre et le genre
d’enfants dans un ménage et le genre du chef du
ménage sont d’importants facteurs parmi d’autres
qui méritent d’être pris en compte dans les analyses
afin de mieux cerner les effets de la pauvreté des
d’une famille pauvre et sont assez vulnérables. Ils
enfants.
vivent dans la pauvreté et de par leur appartenance
Définir et mesurer la pauvreté des enfants n’est à des ménages pauvres, ils sont considérés comme
pas une chose aisée. L’éliminer est encore plus des enfants pauvres.
difficile. Les organisations internationales et les
L’approche monétaire de la pauvreté par les revenus
pays partenaires ont développé et utilisé différentes
mesure indirectement les besoins des enfants et les
approches (Sorensen and Zibman, 2000 ; Ruggles,
privations dont ils sont sujets.
1990) pour mesurer et analyser la pauvreté. Mais
actuellement, les deux principales approches Les recherches récentes ont jeté une lumière
que les experts en statistiques utilisent pour des nouvelle sur la pauvreté des enfants. L’étude intitulée
analyses et comparaisons plus fines de la pauvreté « Child Poverty in the Developing World » (Townsend
sont : l’approche par le revenu ou la consommation et al. 2003) a examiné la pauvreté des enfants en se
(Pauvreté monétaire) et l’approche par le bien-être servant d’un modèle de pauvreté qui combine à la fois
matériel et non matériel (Pauvreté par les privations). la pauvreté monétaire et la pauvreté non monétaire.
Se plaçant du point de vue de sept privations
L’approche par le revenu ou la consommation
sévères de besoins humains (eau, santé, éducation,
mesure et analyse la pauvreté sur la base du niveau
protection, nutrition, logement et assainissement),
de revenu dans le ménage (revenu par tête). Il s’agit
l’étude de Bristol a procédé à une estimation du
là de l’approche monétaire qui conceptualise la
nombre d’enfants frappés par la pauvreté.
pauvreté de l’individu dans un espace d’utilité dont la
satisfaction définit le niveau du bien-être personnel. Ainsi, l’approche basée sur les droits des enfants)
Le bien-être est alors défini par la satisfaction atteint analyse la pauvreté des enfants en termes
par un individu par rapport aux biens et aux services de privations : manque d’eau et de sanitaires, taux de
qu’il consomme. Ce qui suppose la détermination malnutrition élevée, faible accès à une éducation de
d’une ligne ou seuil de pauvreté séparant les pauvres qualité, absence de soins de santé, faible participation,
des non pauvres. respect et protection.
A priori, la pauvreté monétaire concerne les Au Sommet mondial sur le développement social
ménages, particulièrement les chefs de ménages à Copenhague en 1995, 117 pays ont adopté une
qui perçoivent des revenus. Les besoins des enfants déclaration et un programme d’action commun
sont oubliés ou sous estimés alors que les besoins incluant des engagements pour éradiquer « la
des enfants en termes de bien-être ne dépendent pauvreté absolue » et réduire « la pauvreté générale ».
pas uniquement du revenu des parents (du ménage), La pauvreté absolue a été définie comme « un état
mais nécessitent aussi et surtout la disponibilité et caractérisé par une privation sévère des besoins
l’accessibilité de services sociaux de base (éducation, humains fondamentaux (de base), comprenant la
santé, nutrition, etc.) et un environnement protecteur nourriture, l’eau potable, les installations sanitaires,
favorisant leur épanouissement (expression, la santé, le logement, l’éducation et l’information. Elle
participation). Par ailleurs, les enfants vivant dans ne dépend pas uniquement du revenu mais aussi de
les ménages pauvres subissent les conditions de vie l’accès aux services » (Nations unies, 1995).
21
Les enfants connaissant la pauvreté sont privés Indien s’appuie sur une méthodologie globale
d’eau, d’installations sanitaires, n’ont pas accès proposée par l’UNICEF. L’approche repose sur
aux services de santé de base, au logement, à l’analyse des privations dans les sept domaines
l’éducation, à la participation et à la protection, et définis dans le guide de l’Etude globale (UNICEF,
souffrent de malnutrition. Un manque sévère de 2007); elle analyse les lacunes et les possibilités
biens et de services nuit à tout individu, mais affecte qui se présentent dans les stratégies nationales
plus particulièrement les enfants. Il les prive, en effet, de réduction de la pauvreté. Elle est fondée entre
de la jouissance de leurs droits de se développer autres sur l’examen du contexte démographique
pleinement et d’atteindre leur plein potentiel pour et économique, de l’emploi, des dépenses sociales
être des membres à part entière de la société. publiques et privées, de l’espace budgétaire et
l’aide extérieure. Ensuite, l’étude explore la situation
Les études réalisées par l’équipe de l’Université de pauvreté et des privations que connaissent les
de Bristol ont servi de fondement à la déclaration familles et les enfants eux-mêmes. Enfin, elle propose
approuvée par l’Assemblée générale des Nations des recommandations pragmatiques reposant sur
unies sur la pauvreté des enfants en janvier 2007. les éléments probants permettant d’élaborer une
Ainsi, l’expression « pauvreté absolue » est utilisée stratégie de développement plus globale centrée sur
pour les cas où des enfants sont exposés à deux la réduction de la pauvreté et des disparités à l’égard
privations sévères ou plus. des enfants.
Dans la conceptualisation de la pauvreté des
enfants, on ne peut passer outre la dimension du
revenu et de la consommation car de ce revenu,
dépend la stabilité et le bien-être des membres du
ménage. En outre, le revenu et la consommation
peuvent être utilisés plus facilement pour identifier
la pauvreté transitoire (soudaines détériorations
ou améliorations des ressources familiales), qui
est souvent la cible des mesures de protection
sociale. Toutefois, il existe des limitations théoriques
importantes aux arguments politiques et décisionnels
contre l’utilisation (exclusive) de mesures monétaires
de lutte contre la pauvreté2.
La mesure de l’intensité de la pauvreté des enfants
pose un autre problème méthodologique car les
Sources de données
différentes privations ne se retrouvent pas aux La présente étude repose en partie sur une analyse
mêmes âges. Un enfant de moins de 5 ans est-il approfondie des données quantitatives disponibles
« moins pauvre » qu’un enfant plus âgé sous prétexte afin d’appréhender la pauvreté et les disparités chez
qu’il n’est pas privé (et pour cause) d’éducation et les enfants vivant dans les cinq pays de l’océan Indien.
d’accès à l’information ? L’analyse par groupe d’âge Ces données secondaires sont essentiellement
apparaît indispensable pour mieux cibler les actions issues des enquêtes suivantes : les Enquêtes à
programmatiques. indicateurs multiples (MICS), les Enquêtes de
démographie et de santé (EDS), les Enquêtes de
L’intensité de la pauvreté ne peut se mesurer pauvreté de ménages (EPM) ; les Recensements
uniquement en « nombre de privations sévères » généraux de la population et de l’habitat (RGPH) et
mais doit s’évaluer par rapport aux privations les statistiques de routines réalisées entre 2000 et
correspondant à l’âge de l’enfant. Dès lors, 2007 dans les cinq pays. Les grilles statistiques et
comment comparer des enfants d’âges (et de type politiques standards développées par l’UNICEF dans
de privations) différents ? L’indicateur synthétique de le cadre des « études globales » sur la pauvreté des
privation nous offre cette opportunité en rapportant enfants ont servi à collecter les données.
les privations sévères des enfants aux privations
potentielles. Elle repose également sur des analyses
circonstanciées, le partenariat et la participation
Cette étude régionale sur la pauvreté et les des enfants, des institutions et des personnes en
disparités touchant les enfants vivant dans l’océan
2
Lipton et Ravallion 1995, Ravallion 1992 et 1998, Reddy et Pogge, 2002.
22
charge de la vie des enfants. Cette participation a enquêtes varient suivant les pays. Par exemple « le
été rendue possible grâce à des données primaires concept de maison précaire pour la privation en
collectées sous forme d’enquêtes qualitatives logement » diffère suivant que la maison se trouve à
réalisées simultanément dans les cinq pays de la la Réunion ou à Madagascar. En outre, les données
région océan Indien. Ces enquêtes représentaient secondaires des enquêtes utilisées n’ont pas toutes
l’occasion unique d’entendre et de recueillir les voix été réalisées au cours d’une même période. Par
des enfants sur des sujets qui les concernent et qui, ailleurs, il n’a pas été possible de croiser les sept
généralement, sont débattus par des adultes. indicateurs AIP avec différents caractéristiques des
ménages dans les cinq pays de la région, comme
La première difficulté rencontrée concerne les cela se fait avec les indicateurs de Bristol. Une
concepts de privations des enfants tels que des extensions possibles à cette étude serait de
définis par la méthode de Bristol. Ces indicateurs ressortir les caractéristiques socio démographiques
préconisés par le guide Global Study de l’UNICEF et économiques des ménages suivant les indicateurs
et repris dans les grilles statistiques proposées AIP ainsi obtenus. L’on pourrait ainsi, définir un profil
sont conçus généralement pour être calculés sur de la pauvreté (selon les AIP) pour les enfants de la
la base des enquêtes MICS ou EDS. Les trois pays région.
à revenus intermédiaires (Maurice, la Réunion et
les Seychelles) n’ont pas réalisé de telles enquêtes, La troisième difficulté concerne les années auxquelles
ce qui a rendu impossible le calcul des indicateurs se rapportent les différentes enquêtes et statistiques
de Bristol. C’est pourquoi il s’est avéré nécessaire disponibles dans les pays. En l’absence de données
de proposer d’autres indicateurs basés sur les statistiques récentes pour l’ensemble de ces pays ;
enquêtes ménages (disponibles pour tous les pays) la plupart des données utilisées proviennent des
qui se rapprocheraient des concepts Bristol. Ces différentes enquêtes à caractère national et à des
indicateurs de remplacement dénommés « Autres périodes variables, plus ou moins anciennes.
indicateurs de privations » ou « AIP » ont été définis
en collaboration avec l’équipe du Global Study, avec L’étude a permis d’identifier les domaines dont la
comme objectif de pallier à l’insuffisance de données situation des enfants requiert urgemment la mise
sur les privations des enfants afin de pouvoir réaliser en œuvre de stratégies nationales et régionales
une analyse comparative de la situation des enfants de réduction de la pauvreté. Et sur la base des
dans les cinq pays. Cette approche a permis de recommandations faites dans ce rapport, cette
disposer de deux groupes d’indicateurs : d’une part étude apportera un éclairage et une aide aux
les « AIP » pour les cinq pays de la région océan décisions des politiques économiques et sociales à
Indien et d’autre part, les indicateurs de Bristol pour mettre en œuvre dans les pays pour combattre la
Madagascar et les Comores seulement. pauvreté des enfants. Elle aidera aussi à mieux cibler
les domaines d’affectation et de répartitions des
Toutefois, ces indicateurs, pour la plupart obtenus à ressources destinées à la réduction de la pauvreté
partir des données ménages ne se substituent pas des enfants, afin de ressortir les priorités dans les
aux indicateurs de Bristol mais sont plus appropriés programmes nationaux et éventuellement les futurs
pour les mesures de privations des enfants dans programmes régionaux.
les cinq pays. En outre, ces indicateurs sont définis
suivant les concepts méthodologiques de base Désormais les familles pauvres avec enfants, les
définis dans le guide du Global Study. Par exemple, enfants ayant des besoins de santé, d’éducation
la privation sévère en eau selon Bristol se rapporte et de protection vivant dans des foyers pauvres et
aux enfants qui « ont accès à de l’eau de surface ou vulnérables, les enfants vivant dans des conditions
devant aller chercher l’eau à plus de 30 minutes du à risque et enfin les enfants vivant dans des
domicile ». Avec le concept AIP, la privation sévère en communautés défavorisées doivent tous être au
eau se traduit par les « ménages qui n’ont pas accès centre des préoccupations des décideurs et au cœur
à de l’eau potable » (Annexe I, tableaux I.1 et I.2). des grandes décisions.
23
économique dans les pays de la région et son impact Les chapitres 1 à 3 s’articulent essentiellement
sur la pauvreté des ménages. Il analyse également le autour de l’analyse successive des lois, politiques et
contexte international ces dernières années à travers programmes les plus pertinents ayant eu un impact
les crises socio politique, financière et alimentaire et sur la vie des enfants, les résultats pour ces enfants
leurs conséquences sur la vie des enfants. en termes de disparités et égalité, l’analyse de
causalité du point de vue des principales barrières
Le deuxième chapitre analyse la pauvreté des enfants qui empêchent les plus pauvres d’accéder plus
suivant l’approche monétaire. A cet effet un accent facilement aux services et aux prestations ainsi que le
particulier est mis sur l’évolution des budgets et rôle et l’importance de ces obstacles, la perception/
des dépenses sociales dans chaque pays et sur les voix des enfants et les fondements et partenaires
déterminants de la pauvreté et des disparités chez pour une stratégie.
les enfants.
Le dernier chapitre, en guise de conclusion et
Le troisième développe les piliers du bien-être des recommandations, propose quelques pistes pour
enfants en mettant en exergue les privations dont sont adressser la pauvreté et les disparités touchant les
victimes les enfants et les disparités qui persistent enfants dans la région.
entre les enfants de différentes catégories sociales
dans les domaines de la nutrition, de la santé, de Les initiatives et stratégies proposées ne constituent
la protection de l’enfance et de l’éducation. Il décrit pas un tout. Elles représentent seulement quelques-
également le cadre de vie des enfants à travers leur unes des options sûres que les gouvernements, les
accès à l’eau potable, aux sanitaires décents et au organisations de la société civile et les partenaires
logement et analyse les privations dont sont victimes en développement pourraient soutenir pour lutter
les enfants de la région en matière d’information et à contre la pauvreté des enfants et améliorer leur
leur participation. bien-être.
Enfant habitant dans un logement avec 5 Enfant habitant dans un logement avec 4 personnes ou
Logement personnes ou plus par chambre ou dans un plus par chambre ou dans un logement sans sol en dur ou
logement sans sol en dur. toit adéquat.
Enfant avec un écart de 3 écarts type en dessous Enfant avec un écart de 2 écarts type en dessous des
Nutrition des normes pour l’un des trois indicateurs (taille normes pour l’un des trois indicateurs (taille pour âge,
pour âge, poids pour taille et poids pour âge). poids pour taille et poids pour âge).
24
Autre indicateurs de privation (AIP) des enfants suivant le degré de privation (sévère/moins sévère)
25
Chapitre I :
CONTEXTES SOCIO ÉCONOMIQUE POLITIQUE
ET INTERNATIONAL
26
1.1. Poids démographique des enfants et projection à 2015
1.1.1. Population de la région océan population de la région, suivi de Maurice avec 1,2
Indien millions d’habitants (6 pour cent de la population
totale), ensuite la Réunion qui compte 802 000
La région océan Indien compte 22,1 millions habitants (4 pour cent du total), les Comores avec
d’habitants inégalement répartis entre les cinq pays 652 202 habitants (3 pour cent du total ) et enfin les
qui la composent (tableau 1.1). Madagascar est le Seychelles, pays le moins peuplé et aussi le plus petit
plus peuplé et représente à lui seul 19,4 millions par sa superficie avec 87 000 habitants (0,4 pour
d’habitants soit 87 pour cent de l’ensemble de la cent de l’ensemble de la population de la région).
Groupe d’âge
Pour Pour Pour Pour Pour Pour
N N N N N N
cent cent cent cent cent cent
0 à17 ans 326 490 50 10 283 108 53 353 202 27,8 253 432 31,6 24 010 27,6 11 240 242 50,5
18 à 64 ans 295 045 45,2 8 752 948 45 828 981 65,3 485 252 60,5 56 090 64,5 10 418 316 46,9
65 ans et plus 30 667 4,8 341 954 2 86 382 6,9 63 316 7,9 6 856 7,9 529 175 2,6
Total 652 202 19 378 009 1 268 565 802 000 86 956 22 187 732
Sources : Estimations des services statistiques des pays sur la population à 2008 ; Réunion : Estimation de population au 1er janvier
2008
En 2008, le nombre d’enfants était estimé à En ce qui concerne la répartition des enfants au
11,2 millions représentant la moitié de la population sein de la région (tableau 1.3), on constate que
de la région océan Indien (50 pour cent). La Madagascar abrite le quasi totalité des enfants
répartition des enfants au sein de chaque pays est avec 91 pour cent des enfants de la région, suivi
assez hétérogène : dans les pays à faible fécondité, de Maurice et des Comores qui abritent chacun
(les Seychelles, Maurice et Réunion), les enfants 3 pour cent des enfants. La Réunion et les Seychelles
représentent entre 28 et 32 pour cent de leur abritent respectivement 2 et 0,2 pour cent des
population totale ; tandis que dans les deux autres enfants de la région océan Indien.
pays qui connaissent les plus forts taux de fécondité
(Madagascar et les Comores), la population des
enfants représente un peu plus de la moitié de leur
population totale.
27
Graphique 1.1 : Pyramide des âges des pays de l’océan Indien
2005
80 a ns et plus
80 ans et plus
70 – 75 a ns
70 – 75 ans
60 – 64 a ns
60 – 64 ans
50 – 54 a ns
50 – 54 ans
40 – 44 a ns
40 – 44 ans
30 – 34 a ns
30 – 34 ans
20 – 24 a ns
20 – 24 ans
10 – 14 a ns
10 – 14 ans
0 – 4 ans 0 – 4 a ns
P opula tion Ma lga c he en 2005 Population Mauricienne en 2005
70 – 75 ans 70 – 75 ans
60 – 64 ans 60 – 64 ans
50 – 54 ans 50 – 54 ans
40 – 44 ans 40 – 44 ans
30 – 34 ans 30 – 34 ans
20 – 24 ans 20 – 24 ans
10 – 14 ans 10 – 14 ans
0 – 4 ans 0 – 4 ans
8 0 a ns e t plus
80 ans et plus
7 0 – 7 5 a ns
70 – 75 ans
6 0 – 6 4 a ns
60 – 64 ans
5 0 – 5 4 a ns
50 – 54 ans
4 0 – 4 4 a ns
40 – 44 ans
3 0 – 3 4 a ns
30 – 34 ans
2 0 – 2 4 a ns
20 – 24 ans
10 – 14 a ns
10 – 14 ans
0 – 4 a ns
0 – 4 ans
Hommes Femmes
Hommes Femmes
28
Tableau 1.2 : Répartition de la population par groupe d’âge, genre, fécondité et taux de croissance suivant les
pays en pour cent
Population totale 652 202 19 378 009 1 268 565 802 000 86 956 22 187 732
Taux de croissance de la
2,1% 3,1% 0,8% 1,5% 0,4% 2,8%
population
Sources : Estimations des services statistiques des pays sur la population à 2008 ; Réunion : Projection de l’INSEE à 2008
Comores Maurice
Avec 652 202 habitants dont 50,3 pour cent de La population mauricienne compte 1,3 millions
femmes, la population comorienne est très jeune. habitants dont 51 pour cent de femmes. Elle est
Les enfants de moins de 5 ans constituent la tranche caractéristique d’une population vieillissante avec
d’âge la plus élevée avec 15 pour cent du total de la seulement 7 pour cent des enfants âgés moins de
population ; ceux de moins de 18 ans représentent 5 ans, 28 pour cent d’enfants âgés moins de 18
la moitié de la population (50 pour cent) et les jeunes ans et 47 pour cent âgés de moins de 25 ans. La
de moins de 25 ans deux tiers de la population (65 pyramide des âges de la population mauricienne,
pour cent). Cette structure jeune de la population est contrairement à celles des deux premiers pays
caractéristique d’un pays à taux de fécondité élevé reflète une structure d’une population adulte dont la
(5,2 enfants par femme) qui se traduit par un taux base est rétrécie (moins de naissance) et un milieu
de croissance de la population de 2 pour cent par bombé (plus de 65 pour cent de 18 à 65 ans). Cette
an. Durant la période séparant des deux derniers structure de la population est expliquée par un faible
recensements (1991 et 2003), on a observé une taux de fécondité (1,8 enfants par femme ; le plus
tendance à la baisse de la fécondité de 6 à 5,2 faible de la région océan Indien) et qui se traduit par
enfants par femme. un faible taux de croissance de la population (0,8
pour cent par an).
Madagascar Réunion
Madagascar compte 19,4 millions d’habitants dont Au 1er janvier 2008, la Réunion comptait 802 000
50 pour cent de femmes. Les jeunes occupent une habitants, dont 52 pour cent de femmes. Comme
place importante : 65 pour cent de la population ont Maurice, la population réunionnaise est relativement
moins de 25 ans, 52 pour cent moins de 18 ans et moins jeune ; les enfants moins de 5 ans représentent
les moins de 5 ans représentent 18 pour cent de 9 pour cent de la population ; les enfants moins de 18
la population. La jeunesse de la population malgache ans représentent 32 pour cent et les jeunes moins
s’explique également par un taux de fécondité élevée de 25 ans 42 pour cent de la population. Le taux de
(5,2 enfants par femme) et un taux de croissance fécondité de la Réunion est aussi faible comparée à
démographique élevé (3,1 pour cent par an). Madagascar et les Comores avec 2,44 enfants par
femme ; par conséquent le taux d’accroissement de
la population est relativement bas (1,5 pour cent par
an).
29
Seychelles tendance à la baisse dans chaque pays de la
proportion d’enfants ; ce phénomène s’explique
Les Seychelles sont les moins peuplées mais par le vieillissement de population pour les pays à
connaissent le plus faible taux de croissance de la faible taux de croissance (Seychelles, Maurice et
population (0,4 pour cent). Avec 87 000 habitants, Réunion) et une baisse tendancielle de la croissance
dont 48 pour cent de femmes, la population démographique pour le cas de Madagascar ; seul les
seychelloise est aussi vieillissante à l’instar de Comores connaîtront une hausse de la proportion
Maurice et la Réunion avec seulement 9 pour des enfants due à l’augmentation prévue de la
cent des enfants de moins de 5 ans, 28 pour cent croissance démographique entre 2005 et 2015 ;
des enfants de moins de 18 ans et 41 pour cent
des jeunes de moins de 25 ans. La fécondité est La structure de la population entre 2005 et 2015
relativement faible (2,2 enfants par femme). (tableaux 1.2 et 1.3) fait apparaître un léger
vieillissement de la population de la région océan
1.1.2. Evolution des populations de Indien dû à la baisse de la croissance démographique
2005 à 2015 de Madagascar (représentant près de 88 pour cent
de la population totale) passant de 3,1 pour cent de
L’année 2015 est l’année de rendez-vous mondial croissance annuelle à 2,6 pour cent.
pour les Objectifs du millénaire pour le développement.
Durant la décennie 2005 à 2015, la proportion
La région océan Indien comptera en 2015, 26,8
des enfants âgés de moins de 18 ans passera de
millions d’habitants dont 12,3 millions d’enfants
50 pour cent à 46 pour cent au niveau de la région
âgés moins de 18 ans (tableau 1.3). Les enfants
océan Indien (tableau 1.3).
représenteront 46 pour cent de la population de la
région océan Indien en 2015 contre 50 pour cent Cette évolution à la baisse de la proportion des
dix ans auparavant (2005). enfants est l’effet d’une transition démographique
par le passage d’une population ayant des taux de
L’analyse des pyramides des âges des cinq pays
natalité et de mortalité élevés à une population ayant
de la région (graphique 1.1) fait ressortir une
des taux de natalité et de mortalité faibles
Tableau 1.3 : Evolution prévue de la population et des enfants de 2005 à 2015
Région Océan
Comores Madagascar Maurice Réunion Seychelles
Indien
2005 2015 2005 2015 2005 2015 2005 2015 2005 2015 2005 2015
Moins de 18 ans
50 49 52 47 28 27 33 36 28 31 50 46
en %
10 à 27 ans en % 41 39 28 29 33 38
Population en
0,6 0,8 17,7 23,7 1,2 1,3 0,7 0,9 0,08 0,09 20,4 26,8
millions
Poids
démographique de 2,9 2,9 87,5 88,5 5,6 5 3,6 3,2 0,4 0,3 100 100
chaque pays en %
Population des
0,3 0,4 9,2 11,2 0,3 0,4 0,3 0,3 0,02 0,03 10,2 12,3
enfants en millions
Poids des enfants
de chaque pays 3,1 2,9 90,2 88,5 3,7 5 2,7 3,2 0,3 0,3 100 100
dans la région en %
Sources : Estimations de la population à 2008 et Projection à 2015 : Services statistiques des pays
Il est également intéressant de s’attarder sur ans en 2005 auront entre 10 et 27 ans en 2015
l’évolution du nombre d’enfants ayant moins de 18 et représenteront 38 pour cent de la population de
ans en 2005 En effet, les enfants âgés de 0 à 17 la région, contre 50 pour cent en 2005. Plusieurs
30
facteurs expliquent cette baisse, dont notamment la région aujourd’hui, c’est disposer dix années plus
le vieillissement de la population de la région (une tard, d’au moins 38 pour cent de la population de
augmentation plus rapide de l’effectif des personnes la région en bonne santé, bien éduquée et bien
âgées par rapport aux jeunes), la mortalité qui frappe instruite. C’est aussi avoir au moins 38 pour cent de
la catégorie des 0 à 18 ans, et l’émigration. la population potentiellement active, prête à relever
le défi du développement économique et social dans
Ces données démographiques sont révélatrices de chaque pays de la région. C’est enfin briser le cycle
l’importance que l’on doit accorder aux problèmes que de la pauvreté dès l’enfance. En somme, c’est un
connaissent les enfants, dès aujourd’hui. Apporter investissement rentable.
une solution à la pauvreté touchant les enfants de
Tableau 1.4 : Le revenu par habitant en ppa des grandes régions du monde comparées aux pays de la région
océan Indien
Source : Rapport mondial sur le développement humain 2007/2008 et pour la région océan Indien (estimation faite pour les besoins
de l’étude)
31
Le revenu par d’habitant des pays de la région océan moins développés. Les niveaux de développement
Indien, est dix fois moins élevé que celui des pays de différents entre les pays de la région expliquent les
l’OCDE. Toutefois il est légèrement supérieur à celui fortes disparités en matière de revenu par habitant
des pays d’Afrique subsaharienne et des pays les (graphique 1.2)
Graphique 1.2 : Comparaison du PIB par habitant en USD, parité de pouvoir d’achat (ppa)
18000
16000
14000
12000
10000
en USD ppa 15 782 16 106
8000
12 715
6000
4000
2000 1993 2304
923
0
Comores Madagascar Maurice Réunion Seychelles Région
Source : Base de données ODEROI et Rapport mondial sur le développement humain 2007/2008
En termes de parité de pouvoir d’achat, le revenu (NTIC), et d’autres services offshores. En ce qui
par habitant de la région est de 2304 USD. Il existe, concerne les pays à faible revenu (Madagascar
toutefois des disparités entre les pays et il est possible et les Comores), la stratégie de développement a
de les regrouper en deux groupes. Pour Maurice, la été longtemps dominée par le secteur agricole. La
Réunion et les Seychelles, il est supérieur à 12 700 faible valeur ajoutée du secteur agricole explique
USD tandis que pour les Comores et Madagascar la faiblesse des investissements dans ces pays et
il est inferieur à 2000 USD, soit une différence de aussi la faible part des revenus distribuée à ses
revenu par habitant de 10 000 USD entre ces deux habitants. A Madagascar, on assiste récemment
groupes. à un développement des Investissements directs
étrangers (IDE), notamment dans les zones
1.2.1. Croissance, richesse et franches, ce qui explique la croissance relativement
perspectives élevée durant cette dernière décennie (5 pour cent
par an). En ce qui concerne les Comores, le secteur
C’est Maurice et la Réunion qui ont connu les des industries est quasi inexistant et l’économie est
taux de croissance les plus élevés (tableau 1.4). toujours dominée par le secteur primaire.
La stratégie de croissance des pays à revenus
Les performances économiques des pays à revenus
intermédiaires (Maurice, Réunion et Seychelles) est
intermédiaires comme les difficultés économiques
basée sur le développement des Investissements
des pays à faible revenu cachent un dénominateur
directs étrangers (IDE). Ces pays tirent leur
commun à tous les pays : toutes les économies
croissance économique principalement du secteur
des pays de la région sont tributaires de l’extérieur
des services, notamment le tourisme, les Nouvelles
et connaissent chacun aujourd’hui des difficultés
technologies de l’information et de la communication
économiques.
32
Tableau 1.5 : Structure du PIB par branche en 2005 et croissance économique (en pour cent)
Pays
Comores Madagascar Maurice Réunion Seychelles Région
Secteurs
Agricole 51 34 6 2 3 8,9
Minier 0 0 0,1 - 0 0,1
Manufacture 4 13 28 13 9 15,7
Services 38 53 64 85 91 74,7
Autre 7 0 3 - -3 0,6
Croissance du PIB des 10 dernières années 1,9 4,6 5,2 5 1,2 4,8
Source : Base de données ODEROI et sources nationales
Dans les pays à revenus intermédiaires, les de 2001 à 2006, c’est 6300 emplois qui ont été
Investissements directs étrangers représentent une créés pour une demande supplémentaire de 5400
part importante dans la valeur ajoutée. Après des nouveaux actifs. Durant ces dernières années, la
décennies de fortes croissances, les pays à revenus tendance s’est inversée, par la réapparition d’un
intermédiaires sont confrontés à des problèmes déficit important de création d’emplois. Ce qui se
économiques liés à la structure même de leur traduit par un chômage élevé chez les jeunes. Par
économie. ailleurs, une part importante des investissements
publics provient des subventions de l’Etat français
A Maurice, l’industrie du textile, et l’industrie sucrière et de l’Europe. De même, le secteur privé est en
(moteurs de la croissance des décennies antérieures) partie dominé par des investissements directs
connaissent une crise sans précédente. Le textile est étrangers (non réunionnais) et une faible part des
fortement concurrencé par des produits des pays investissements locaux.
asiatiques comme l’Inde et la Chine. Le sucre connaît
le mauvais sort lié à une conjoncture mondiale. Ce Aux Seychelles, les périodes successives de
qui a poussé le gouvernement mauricien à investir forte croissance sont terminées. Le pays connaît
de plus en plus dans les services pour diversifier actuellement des difficultés économiques
l’économie et minimiser les risques. On retrouve importantes, suite à une dette massive contractée
aujourd’hui des gros investissements dans les Cyber au cours des décennies antérieures pour financer
cités/NTIC et dans d’autres secteurs offshores. des grands projets d’investissements publics :
construction de routes, de digues etc. Se retrouvant
Selon l’INSEE, l’année 2008 à la Réunion est aujourd’hui dans une situation économique de
marquée par le fléchissement de la croissance « quasi faillite », le pays a fait appel à l’assistance
et la décélération de l’ensemble des secteurs du FMI en 2008. En avril 2009, le Club de Paris a
économiques : « En 2008, le PIB de la Réunion, décidé d’une annulation nominale de 45 pour cent
exprimé en monnaie constante a progressé à un du stock de la dette des Seychelles, en obtenant
rythme estimé à 3 pour cent, ce qui représente le qu’contrepartie, un engagement du pays à mettre
moins bon résultat depuis 1996. Même si la Réunion en œuvre les réformes économiques requises, au
demeure une des régions de France qui a connu une titre du programme soutenu par le Fonds monétaire
forte croissance en 2008, son économie souffre international.
de difficultés structurelles. La culture de la canne
à sucre qui avait dans le temps dominé l’activité Pour ce qui est des pays à faibles revenus (Comores
économique de l’île doit sa survie à des subventions et Madagascar), ils n’ont jamais connu un véritable
européennes. Le taux de chômage s’est de nouveau décollage économique. Leur économie est tributaire
détérioré ces derniers temps. Durant ces dernières de l’aide extérieure qui contribue entre 60 à 90 pour
années, l’économie réunionnaise a connu des hauts cent du financement des investissements publics. En
et des bas en matière de création d’emplois. De effet, la faiblesse de l’épargne nationale ne permet
1993 à 2000, elle créait 3000 emplois pour une pas des investissements sur des fonds propres.
demande de 7300 actifs supplémentaires par an3, Ainsi les deux pays dans le passé comme aujourd’hui
3
Moyenne observée entre la période 1993 à 2000
33
encore ont recours à des financements extérieurs Cependant, l’inexistence d’un seuil unique de pauvreté
pour faire face aux besoins d’investissements publics exprimé en ppa ne permet pas de calculer ce taux
(routes, écoles, hôpitaux), ce qui a entraîné un fort avec les données actuelles des pays. Les méthodes
taux d’endettement dépassant souvent les capacités utilisées pour mesurer la pauvreté dans les pays
de remboursement de ces pays. Actuellement la sont différentes. A Madagascar, aux Comores et
dette extérieure de Madagascar et des Comores aux Seychelles, il s’agit des taux de pauvreté absolus.
avoisine 80 pour cent de leur PIB. Le FMI a identifié Ainsi les lignes de pauvreté sont calculés suivant
un certain nombre de pays surendettés et à faible des dépenses minimales de consommation qui sont
revenu comme Madagascar et les Comores pour assimilés au bien être des individus. Quant à Maurice
leur accorder un programme de réduction de leur et la Réunion, il s’agit des taux de pauvreté relatifs.
dette publique. Madagascar a déjà bénéficié de ce Les seuils de pauvreté sont calculés sur la base
programme IPPTE (Initiative pour les pays pauvres d’un niveau de revenu de référence (pourcentage du
très endettés) qui lui a permis d’alléger sa dette revenu médian). Pour évaluer le nombre des pauvres,
publique ces dernières années. Quant aux Comores, nous faisons comme hypothèse que les pauvres de
la faible performance économique et l’instabilité tous les pays connaissent des privations identiques.
politique de ces dernières années ne leur ont pas Autrement dit, les pauvres de Madagascar, des
permis de bénéficier de l’IPPTE. Comores, de Maurice, de la Réunion et des Seychelles
disposent quasiment des mêmes biens vitaux et
1.2.2. Pauvreté de la population de la éprouvent les mêmes besoins (non satisfaits). Nous
région océan Indien pouvons alors cumuler le nombre de pauvres de la
région océan Indien. Le total des personnes pauvres,
Comme pour la situation économique, les pays de personnes qui vivent en dessous des seuils de
la région océan Indien sont frappés par la pauvreté pauvreté dans leur pays respectif, serait alors de
monétaire à des degrés différents. Le tableau 1.6 13,9 millions d’individus en 2008. Cela représente
présente l’évolution récente de la pauvreté de la plus de la moitié des 22,1 millions habitants de la
population en termes d’incidence, de profondeur, région océan Indien.
de sévérité et d’indice de Gini dans chaque pays.
Tableau 1.6 : Pauvreté de la population (incidence, profondeur, sévérité en pourcentage et indice de Gini)
Pays Comores Madagascar Maurice Réunion Seychelles
Secteurs
Incidence (P0) (antérieure) en % 56,4 73 7,5 15 -
Incidence P0 (actuelle) en % 44,8 68,7 11,5 17 24,5
Profondeur (P1) en % 12,80 26,8 3,2 4 5
Sévérité (P2) en % 6,20 13,4 1,4 1,6 2
Le graphique 1.3 présente l’évolution des taux de l’équivalent de 292 186 individus pauvres en 2008.
pauvreté de la population dans les cinq pays de la On observe une tendance à la baisse de la pauvreté
région. monétaire. Ainsi, durant ces dix dernières années,
la pauvreté a diminué de 55 pour cent (en 1995) à
Les Comores et Madagascar enregistrent les plus 45 pour cent en 2004 en termes d’individus. L’écart
forts taux de pauvreté. Aux Comores, le seuil de moyen des revenus des pauvres au seuil de pauvreté
pauvreté était de 285 177 francs comoriens (FC) est de 13 pour cent. Cela signifie que les revenus
(812 USD) en 2004. 44,8 pour cent des Comoriens des pauvres présentent un « déficit de revenu » de
vivaient en dessous de ce seuil en 2004, soit 35 pour cent par rapport au seuil de pauvreté5. Pour
4
omores : 285 177 Fc ; Madagascar : 304 500 Ariary ; Maurice : Rm 87 480; Réunion: 5676 euros ; Seychelles : Rs 14 186
C
5
Le déficit de revenu des pauvres est calculé par le rapport (P1/P0)*seuil et représente le montant nécessaire à chaque pauvre pour enrayer la
pauvreté.
34
Graphique 1.3 : Evolution des taux de pauvreté de la population
Sources : Comores : EBC 1995 et EIM 2004; Madagascar : EPM 1997 et 2005 ; Maurice : Household Budget Survey 2001- 2002
et 2006-2007 ; Réunion : Enquêtes famille INSEE 2001 et 2006 ; Seychelles : Household Budget Survey, 2006/2007.
enrayer la pauvreté monétaire, il faut que chaque fortes (13 pour cent). Les inégalités de revenus au
personne pauvre dispose en plus de son revenu sein de la population totale restent assez modérées,
actuel, d’une moyenne de 98 923 FC (environ 282 avec un Indice de Gini de 0,365.
USD) chaque année. Les inégalités de revenus au
sein des ménages pauvres demeurent relativement A Maurice, le seuil de pauvreté était de 87 480
modérées (6 pour cent), tandis que les inégalités de roupies (2916 USD) en 2006. 12 pour cent des
revenus au sein de la population totale restent très Mauriciens vivaient en dessous de ce seuil en 2007,
élevées (un indice de Gini de 0,566). soit l’équivalent de 145 885 individus pauvres
rapportés à la population de 2008. On observe
A Madagascar, le seuil de pauvreté était de 304 500 durant ces cinq dernières années une augmentation
Ariary en 2005 (155 USD). 69 pour cent des de la pauvreté monétaire. Ainsi le taux de pauvreté est
malgaches vivaient en dessous de ce seuil en 2005, passé de 8 pour cent en 2001/2002 à 11,5 pour
ce qui représente 13 millions d’individus pauvres cent en 2006/2007. L’écart moyen des revenus
rapporté à la population de 2008. La pauvreté des pauvres par rapport au seuil de pauvreté mesuré
connait une tendance à la baisse. Les estimations par la profondeur de pauvreté est relativement faible,
récentes de l’Institut national des statistiques font soit 3 pour cent. Ce qui signifie que les revenus des
état d’une baisse du taux de pauvreté des individus pauvres présentent un « déficit de revenu » de 28
passant de 73 pour cent en 1997, et 69 pour cent pour cent par rapport au seuil de pauvreté. Par
en 2005 à 64 pour cent en 2008. L’écart moyen des conséquent, pour enrayer la pauvreté monétaire à
revenus des pauvres par rapport au seuil de pauvreté Maurice, il faudrait que chaque personne pauvre
mesuré par la profondeur de pauvreté est assez perçoive en plus de son revenu actuel, une moyenne
important et représente 27 pour cent. Cela signifie de 24 342 Roupies mauriciennes (soit environ 811
que les revenus des pauvres présentent un « déficit USD) chaque année. Les inégalités de revenus au
de revenu » de 39 pour cent par rapport au seuil sein des pauvres, mesurées par la sévérité de la
de pauvreté. Pour combattre la pauvreté monétaire, pauvreté y sont aussi relativement faibles avec un
il faudrait que chaque personne pauvre dispose en taux de 1,4 pour cent. Les inégalités de revenus au
plus de son revenu actuel, d’une moyenne de 118 sein de la population entière sont assez modérées
786 Ariary (60 USD) chaque année. Les inégalités avec un Indice de Gini de 0,38.
de revenus au sein des pauvres sont relativement
6
Il est à noter que l’indice de Gini étant compris entre 0 et 1, plus l’indice est proche de 1, plus les inégalités sont fortes et inversement, un indice
proche de 0 marque des faibles inégalités au sein des revenus des ménages. A titre d’exemple, le pays le plus inégalitaire au monde enregistre un
indice de Gini de 0,6 et le plus égalitaire, un indice de Gini de 0,2.
35
A la Réunion, le seuil de pauvreté était de 5676 est encore loin de l’Objectif du millénaire qui est de
Euros (7152 USD). 17 pour cent des Réunionnais réduire de moitié la proportion des personnes vivant
vivaient en dessous de ce seuil en 2006, ce qui dans la pauvreté de 1990 à 2015. La tendance à la
représente 136 340 individus pauvres rapportés hausse du niveau de la pauvreté monétaire à Maurice
à la population de 20087. La pauvreté monétaire a et à la Réunion réduit les chances pour l’ensemble
tendance à s’accroître. Ainsi le taux de pauvreté est des pays de la région de pouvoir atteindre en 2015
passé de 15 pour cent en 2001/2002 à 17 pour les Objectifs du millénaire pour le développement en
cent en 2006/2007. L’écart moyen des revenus matière de réduction de moitié de la pauvreté.
des pauvres par rapport au seuil de pauvreté mesuré
par la profondeur de pauvreté (P1) est égal à 4 pour 1.2.3. Pauvreté suivant le genre du
cent. Ce qui signifie que les revenus des pauvres chef de ménage
présentent un « déficit de revenu » de 24 pour cent
par rapport au seuil de pauvreté. Par conséquent, il Le taux de pauvreté de la population varie suivant
faudrait que chaque Réunionnais pauvre perçoive en que le ménage est dirigé par un homme ou par
plus de son revenu actuel, 1336 Euros en moyenne une femme. Dans l’ensemble des pays de la région
(soit environ 1682 USD) chaque année. La valeur (exception faite de Madagascar et des Comores), les
importante du déficit de revenu par personne pauvre ménages dirigés par les femmes sont plus pauvres
s’explique par un seuil de pauvreté relativement élevé que ceux dirigés par les hommes (graphique 1.4).
de la Réunion. Quant aux inégalités des revenus, on
observe un indice de Gini légèrement inférieur à ceux L’une des raisons expliquant cette disparité est que
des pays de la région (indice de Gini égale à 0,36 ; les femmes disposent de moins de revenus que les
néanmoins, les inégalités sont plus importantes à hommes pour plusieurs raisons. Parmi ces raisons,
la Réunion qu’elles ne le sont au niveau national (un il y a la ségrégation salariale dont sont victimes les
indice de Gini de 0,28). femmes (à emplois égaux, les hommes sont mieux
rémunérés que les femmes) ; on note aussi que
Enfin, aux Seychelles 18 pour cent des ménages les femmes de la région enregistrent des taux de
vivent en dessous du seuil de pauvreté, soit chômage élevés et des taux d’inactivité et de sous
l’équivalent de 25 pour cent d’individus pauvres (21 emploi largement supérieurs à ceux des hommes.
304 Seychellois pauvres en 2008). L’écart moyen
des revenus des pauvres par rapport au seuil de A Madagascar et aux Comores, la pauvreté touche
pauvreté est de 5 pour cent. Ce qui signifie que davantage les personnes issues des ménages qui
les revenus des pauvres présentent un « déficit sont dirigés par des hommes. Aux Comores, par
de revenu » de 28 pour cent par rapport au seuil exemple, les chefs de ménage-femmes bénéficient
de pauvreté. Il faudrait donc que chaque pauvre d’autres sources de revenus en plus de ceux issus de
dispose, en plus de son revenu actuel, en moyenne la rémunération du travail ; transferts (en fonds ou
3 897 Roupies seychelloises (environ 300 USD) en biens) provenant d’autres membres de la famille
chaque année pour enrayer la pauvreté monétaire. résidants à l’intérieur comme à l’extérieur du pays.
Les inégalités de revenus au sein des pauvres sont Par ailleurs, les chefs de ménage-femmes gèrent
relativement faibles aux Seychelles avec un taux de mieux le revenu familial, du fait qu’elles ont moins
2 pour cent. Les inégalités de revenus au sein de la de charges extra-familiales que les hommes telles le
population seychelloise mesurées par l’indice de Gini paiement des écolages et/ou d’autres dépenses en
sont de 0,39, comparables aux inégalités de revenus faveur des neveux/nièces, etc.
à Maurice et à Madagascar.
L’indice de Gini révèle que les revenus des personnes
Bien qu’une tendance à la baisse de la pauvreté vivant dans les ménages dirigés par les femmes sont
soit enregistrée dans les pays les plus touchés les plus inégalitaires dans l’ensemble des cinq pays.
par la pauvreté (Madagascar et les Comores), on
7
our une meilleure comparaison avec les autres pays de la région, nous avons calculé un seuil de pauvreté qui ne reprend pas la méthode appliquée en
P
France et dans les pays de l‘Union européenne (60 pour cent du revenu médian). on obtient, en effet, un taux de pauvreté beaucoup plus élevé : 9 480
Euros, soit plus de 50 pour cent d’individus pauvres.
36
Graphique 1.4 : Taux de pauvreté de la population suivant le genre du chef de ménage
Sources: Comores : EIM 2004 ; Madagascar: EPM 2005 ; Maurice : Household Budget Survey 06-07 ; Réunion : Insee, Enquête
Budget de familles 2006 ; Seychelles : Household Budget Survey, 1999/2000
1.2.4. Pauvreté de la population attendre, ce sont les personnes vivant au sein des
suivant le statut du chef de ménages dont leur chef a une activité salariale qui
sont les plus protégés contre la pauvreté, sauf pour
ménage le cas particulier de Madagascar où ce sont les
La pauvreté de la population est fonction du statut ménages des chefs « pêcheurs » qui sont les moins
des chefs des ménages. Comme l’on pouvait s’y touchés par la pauvreté (graphique 1.5).
Sources : Comores : EIM 2004; Madagascar : EPM 2005; Maurice: Household Budget Survey 06-07; Réunion : INSEE, Enquête
Budget de familles 2006 ; Seychelles: Household Budget Survey, 1999/2000.
«+» indique le statut des chefs de ménage dont la pauvreté est la plus fréquente.
«-» indique le statut des chefs de ménage dont la pauvreté est la moins fréquente.
37
Les pêcheurs de Madagascar sont pour la plupart les personnes vivant en milieu rural sont
des entrepreneurs qui disposent de leur propre celles qui sont les plus touchées par la pauvreté
bateau de pêche et des ateliers de transformation (voir graphique 1.6). Il en est ainsi pour les
ce qui explique la bonne situation de leur revenu. pays de la région océan Indien. En milieu rural,
les emplois sont généralement moins
Disposant de moins de revenus, les chômeurs et les rémunérateurs. Avec un rapport taux
sans emploi, à Maurice, à la Réunion et aux Seychelles, rural/taux urbain situé entre 1,4 et 1,7,
sont les plus touchés par la pauvreté. Aux Comores les disparités rural/urbain en matière de
et à Madagascar, les chômeurs ne sont pas les plus pauvreté sont assez importantes dans la
pauvres (certainement par l’existence des transferts région.
des fonds) ; les plus pauvres sont les pêcheurs aux
Comores et les agriculteurs à Madagascar. Ces deux C’est aussi en milieu rural qu’on enregistre
activités étant peu productives et moins rentables le plus de profondeur de la pauvreté (P1) et
dans les deux pays. le plus d’inégalités entre les pauvres (P2). L’indice
de Gini mesure les inégalités de revenus au sein
1.2.5. La pauvreté par milieu de de la population totale. Les disparités de
résidence revenus sont plus apparentes en milieu urbain
ou vivent aussi bien les ménages riches et
Comme dans la plupart des pays en développement, pauvres.
Sources : Comores: EIM 2004; Madagascar: EPM 2005; Maurice: Household Budget Survey 06-07;
38
1.2.6. Classement suivant l’IDH et économique. Le classement mondial des pays de la
revenu par habitant (parité de région océan Indien suivant l’indice de développement
humain (IDH) confirme ces disparités (tableau 1.7).
pouvoir d’achat)
Sur la base des niveaux de développement économique
Malgré leur similarité géophysique, les facteurs et social, on observe deux catégories de pays : ceux
historiques et les orientations politiques différentes à revenus intermédiaires (Réunion, Seychelles et
ont fait que les pays de la région connaissent Maurice) et ceux à faible revenu (Madagascar et les
aujourd’hui des disparités dans leur essor Comores).
Classement mondial (sur 177 pays) 134ème 143ème 65ème 34ème 50ème
Catégorie de pays suivant le classement Pays à revenu Pays à revenu Pays à revenu Pays à revenu Pays à revenu
des Nations unies faible faible intermédiaire intermédiaire intermédiaire
Le classement mondial effectué par les Nations unies élevés, sont les mieux classés. Il s’agit de Maurice, la
chaque année pour l’ensemble des pays du monde Réunion9 et les Seychelles. De par leur classement
suivant l’indice de développement humain (IDH)8 suivant l’IDH, ces trois pays font partie des pays à
permet aux pays de mesurer leur performance revenus intermédiaires. En ce qui concerne les
économique et sociale. Les trois pays de la région qui Comores et Madagascar, la faible performance
enregistrent les revenus par habitant les plus élevés, économique et sociale fait que ces deux pays sont
qui ont les plus forts taux de scolarisation et dont classés dans la catégorie des pays à revenu faible.
les populations ont des espérances de vie les plus
A partir de l’évaluation des OMD dans chaque pays, pauvreté et la faim d’ici 2015.
et au regard des résultats de 2005, comparés aux
objectifs fixés pour 2015, des observations ont été Par ailleurs, Maurice, Seychelles et la Réunion, dont
formulées sur la capacité de ces pays à les atteindre. les performances économiques et sociales sont
Si certains seront sans doute atteints, d’autres ne le relativement meilleures, ont toutes les chances
seront pas (tableau 1.8) : d’atteindre les Objectifs du millénaire suivants :
8
L ’indice de développement humain ou IDH est un indice statistique composite (longévité, niveau d’éducation et niveau de revenu), créé par le
Programme des Nations unies pour le développement (PNUD) en 1990 pour comparer le niveau de développement humain des pays du monde. Il
est compris entre 0 et 1.
9
La Réunion étant un département français, elle ne figure pas dans la liste des pays classés par le PNUD. L’IDH de la Réunion est calculé par Goujon
M. dans la revue N° 134 « Economie de la Réunion ; 2008). 39
Tableau 1.8 : Situation actuelle des pays quant à la probabilité d’atteindre les 8 objectifs du millénaire pour le
développement
Toujours en tenant compte des performances de des enfants de moins de 5 ans » , malgré les progrès
2005, l’ensemble des pays, réunit les conditions leur réalisés par les cinq pays, ils demeurent insuffisants
permettant d’atteindre d’ici 2015, la cible n°4 de pour atteindre les objectifs de 2015.
l’objectif 3 :
Et enfin, l’objectif 7 : « Assurer un environnement
Objectif 3 : Promouvoir l’égalité des durable », semble difficilement atteignable pour
sexes et l’autonomisation des femmes ;
l’ensemble des pays de la région, qui par leur
la cible n° 4 vise un rapport fille/garçon
caractère insulaire font face régulièrement à
de 1.dans l’enseignement primaire
des problèmes environnementaux qui ne seront
En ce qui concerne l’objectif 4, « Réduire la mortalité probablement pas totalement résolus d’ici 2015.
1.4.1. Les crises socio politiques et pays sont aussi les résultats des problèmes socio-
leurs conséquences sur la vie économiques.
des enfants
Comores
Les pays de la région océan Indien connaissent La situation politique et institutionnelle pendant
des situations socio politiques différentes : . les trente dernières années est marquée par une
Madagascar et les Comores continuent de vivre grande instabilité dont les éléments saillants sont
une instabilité socio politique alors que trois pays à les suivants : plus d’une vingtaine de coups d’Etat
revenus intermédiaires à savoir Maurice, Réunion et ou tentatives de coups d’Etat ; une succession de
Seychelles demeurent politiquement stables. Notons modifications de la Constitution10 dont la dernière
que les crises socio politiques dans les deux premiers date de 2009 ; un ancrage de l’ile de Mayotte au
10
Notamment en 1977, 1978, 1982, 1992, 1996, 1999, 2001.
40
sein de la République Française ; le séparatisme nouveau Président et un nouveau gouvernement a
de l’île d’Anjouan à partir de 1997 ; l’adoption d’un été condamnée par la communauté internationale
nouveau cadre institutionnel avec la Constitution de qui qualifie cette prise de pouvoir de « coup
2001 qui garantit l’unité et l’intégrité territoriales d’état déguisé » et a en conséquence suspendu
tout en accordant une large autonomie des îles ; un l’aide publique au développement et gelé l’aide
conflit permanent sur les partages de compétences extérieure qui représentait 300 millions d’USD en
entre les autorités nationales et les autorités des 2009 dont 15 millions pour le secteur de la santé
îles autonomes ; une intervention militaire de l’armée (20 pour cent du budget public dépensés en 2007
nationale soutenue par l’Union africaine, en vue de pour le secteur) et 30 millions USD pour l’éducation
rétablir l’ordre constitutionnel dans l’île d’Anjouan en (16 pour cent du budget public dépensés en 2007
mars 2008 ; la réforme constitutionnelle en cours pour le secteur).
(adoptée par référendum le 17 mai 2009) qui a
l’ambition de consolider les prérogatives du pouvoir Cette situation a eu un impact négatif sur le
central, tout en accordant aux îles leur autonomie. tourisme et les zones franches, conduisant à un
appauvrissement d’une partie de la population qui
Cette instabilité politique entrave toute réflexion dépend de ces secteurs pour leurs revenues. Des
approfondie sur le développement et freine les agences de coopération bilatérale et multilatérale
réalisations importantes en faveur de la population ont toutefois continué à assurer les aides à caractère
et des enfants comoriens. Elle engendre aussi la humanitaire. Avec l’appui de la communauté
méfiance des investisseurs potentiels extérieurs internationale, une recherche de solution pour une
comme intérieurs et est à l’origine d’une discontinuité sortie de crise se poursuit.
dans le suivi des dossiers.
Maurice
Toutefois les enfants comoriens occupent une place
privilégiée dans les programmes et les politiques mis Le pays n’a pas connu de crises politiques, mais des
en œuvre par le Gouvernernent et ses partenaires, bagarres raciales découlant des divergences par
en particulier l’UNICEF. Des efforts sont faits pour rapport à l’indépendance de 1968. En février 1999,
maintenir les infrastructures sociales de base une crise sociale découlant d’un sentiment d’injustice
(éducation et santé) afin d’améliorer les conditions et d’insécurité dans les prisons a secoué le pays.
de vie des enfants. Malgré ces efforts, on note Combiné à un sentiment d’exclusion ressentie par
une augmentation du taux de déperdition scolaire une couche de la société, à savoir la communauté
surtout des filles, un taux de déscolarisation élevé, créole, cela a provoqué des affrontements et
une insuffisance du système éducatif et sanitaire, des violences qui ont dégénéré en affrontements
le travail des enfants avec une ampleur particulière interethniques.
dans l’agriculture, une délinquance massive et une
pauvreté accrue. Il convient de noter que cette exclusion sociale se
traduit par un échec scolaire prononcé au sein de
Madagascar cette communauté, contribuant à l’exclusion sociale.
Une étude menée par le Diocèse de Port Louis au
Le contexte politique est caractérisé par plusieurs début des années 2000 démontre que, dans les
crises successives. Depuis son indépendance le 26 cités ouvrières, qui regroupent un fort taux de
juin 1960, la Grande île a connu trois républiques11 familles de la communauté créole, uniquement 30
et cinq crises socio politiques12 dont la dernière est pour cent des enfants réussissent aux examens du
survenue début 2009 suite à un mouvement de Certificat d’études primaires (CPE - Certificate of
contestation contre le « monopole économique et Primary Education), contre une moyenne nationale
politique ». Les manifestants revendiquaient le départ de 60 pour cent13.
du Président et l’avènement de la 4ème République
avec une nouvelle Constitution, un nouveau Code Réunion
électoral et de nouvelles élections pendant une
période de transition. La Réunion est une île politiquement stable depuis la
départementalisation votée en 1946.
Des actes de violence ont donné de l’ampleur au
mouvement de contestation. L’instauration d’une En 1991, l’ile est marquée par une crise sociale
Haute Autorité de la Transition avec à la tête un associée à des violences urbaines. La vie sociale de
11
1960-1975, 1975-1990, depuis 1991 à ce jour.
12
1971, 1972, 1975, 1991-1992 et 2001-2002.
13
Dans le même esprit, seulement 10 pour cent des enfants de ces cités, à majorité créole, réussissent aux examens de la School Certificate (SC
- équivalent de la classe de seconde dans le système d’éducation français) contre une moyenne nationale de 40 pour cent, alors que le pourcen-
tage est encore moindre s’agissant du Higher School Certificate (HSC - équivalent à la classe de terminale), avec 5 pour cent de réussite pour une 41
moyenne nationale de 20 pour cent.
l’île est ponctuée par des grèves et des manifestations socialiste, parti unique, tentatives de putsch, retour
à l’instar de la grève menée, début 2009, par le au multipartisme etc.). Durant certaines périodes
Collectif des organisations syndicales et politiques relativement courtes, l’état d’urgence a même été
de la Réunion (COSPAR), grèves qui expriment les décrété. La population seychelloise, y compris les
revendications fortes de la population en matière de enfants, ont ainsi subi les conséquences de ces
pouvoir d’achat et qui révèlent également une crise changements : privation de droit, accroissement des
aux dimensions à la fois politique et économique mais inégalités, appauvrissement, problèmes de santé,
aussi culturelle et sociale. etc.
Le changement du statut de l’ile, le passage
1.4.2. La crise financière et ses consé-
d’une colonie à un département en 1946, s’est
accompagné d’un ensemble de transformations quences sur la vie des enfants
sociales et économiques. Sur le plan institutionnel,
La crise financière actuelle a mis à mal tous les efforts
ce changement a été marqué par un contexte de
consentis en matière de lutte contre la pauvreté
décentralisation des pouvoirs publics en France.
des enfants dans le monde. Cette crise financière
Sur l’île, cela s’est traduit par la création du
et économique globale a diversement touché les
Conseil général puis en 1982, du Conseil régional.
pays de la région océan Indien. Si les pays comme
L’existence de ces deux entités sur un même
Comores et Madagascar ont été très peu touchés
territoire alimente de nombreux débats juridiques,
par cette crise financière, il n’a pas été de même
intellectuels et politiques sur la création ou non
pour les trois autres pays à revenus intermédiaires
d’une seule entité, regroupant les deux. Sur le plan
à cause de leur grande dépendance vis-à-vis du
économique, l’île bénéficie d’un soutien maintenu de
système financier international.
l’État et de l’Europe au profit du développement de
l’économie, de la construction des infrastructures
routières, portuaires et aéroportuaires de l’habitat, Comores
des réseaux d’eau et d’électricité et de l’urbanisation Aux Comores, le système financier a été à l’abri
en général. des canaux de transmission de la crise actuelle en
Le poids de la croissance démographique pèse sur raison de l’absence de risque sur les réserves de
une économie déjà fragilisée par le contexte de changes et de la relative faiblesse des flux financiers
l’insularité et la difficulté à développer des activités internationaux. Néanmoins, les secteurs les plus
économiques. Depuis la départementalisation, touchés sont sans aucun doute le commerce et
le niveau de vie des familles connaît une nette plus particulièrement le prix des produits. La hausse
amélioration sur le plan sanitaire et social. L’extrême des prix des principaux produits a eu un impact sur
pauvreté a presque disparu, et on ne parle plus le déficit commercial et a entraîné une baisse des
vraiment de personnes pauvres mais plutôt de flux des touristes. Elle a également entraîné une
personnes modestes ou défavorisées qui font face baisse des revenus liés à l’activité du tourisme et
à d’importants problèmes d’urbanisation et de accentué le déficit des services. La hausse des prix à
logements.. l’importation a également creusé le déficit chronique
de la balance commerciale et a augmenté la valeur
Si les besoins primaires sont aujourd’hui en général des importations, mais elle a surtout entraîné une
satisfaits du point de vue quantitatif, il n’en demeure baisse de la consommation de la population en
pas moins vrai que sur le plan qualitatif, l’accès aux général et des ménages pauvres en particulier. Il va
besoins que l’on pourrait qualifier de secondaires sans dire que les enfants sont naturellement touchés
(l’accès à une alimentation variée et équilibrée, la par la baisse des pouvoirs d’achat des parents.
réussite scolaire et professionnelle, l’accès aux
loisirs, la reconnaissance et l’estime de soi etc.) Madagascar
reste assez faible.
Au cours de l’année 2008, la crise n’a pas eu d’impact
Seychelles direct sur l’économie ou sur les conditions de vie des
ménages à Madagascar. En effet, les prix des produits
Le contexte politique aux Seychelles a été rythmé de première nécessité n’ont connu aucune hausse
par différentes phases de transitions depuis son importante au cours de cette année. Néanmoins,
indépendance en 1976 (coup d’état, régime les conséquences de cette crise ont commencé à
42
apparaître à partir du début de l’année 2009 : un par les agences. Ce phénomène a occasionné des
ralentissement des activités économiques liées aux pertes d’emplois considérables et a rendu beaucoup
chocs externes. La perte d’emploi à Antananarivo de ménages encore plus pauvres. Les enfants
suite à la fermeture définitive ou temporaire des en sont les premières victimes car la plupart des
usines est actuellement estimée à plus 10 000 suite salariés des sociétés textiles sont des jeunes et des
aux arrêts d’activité de certaines entreprises (juin mères de familles.
2009). Le chômage technique ou une diminution des
salaires sont également constatés dans le domaine Maurice
du tourisme.
Maurice, de part la grande dépendance de son
Au niveau des produits de première nécessité, économie au monde extérieur, a été plus touchée
de janvier 2006 à janvier 2008, l’indice des prix par la crise, bien que les effets ne se soient pas fait
a augmenté de 19 points. Malgré une reprise de sentir en même temps que dans le reste du monde.
la croissance économique en 2003, le pouvoir Les secteurs les plus touchés par la crise financière
d’achat des Malgaches, en général, et celui des plus à Maurice sont : le tourisme, le textile, la construction
défavorisés, en particulier, s’est fortement détérioré et le secteur financier.
dès 2004 à cause de la hausse des prix due à la
flambée des prix du pétrole et du riz (aliment de base En raison de la crise financière qui les affecte en
des Malgaches). Cette flambée des prix a entraîné termes de réduction de commande, de baisse
une forte réduction des dépenses des ménages les dans le chiffre d’affaires, bon nombre d’entreprises
plus vulnérables pour les autres postes de dépenses n’ont pu éviter le licenciement de leurs employés,
telles que la santé et l’éducation. Les prix trop élevés et le spectre du licenciement guette encore
de l’eau et de l’électricité les ont rendus inaccessibles plusieurs entreprises dans le tourisme, le textile
à cette tranche de la population. et la construction. Selon le Bureau central des
statistiques, le taux du chômage a baissé de 8,5
Le secteur le plus touché a été le textile à cause de pour cent en 2007 (46 800 chômeurs) à 7,2 pour
la baisse de l’exportation et l’instabilité du taux de cent en 2008 (40 000 chômeurs).Toutefois, selon la
change. Le secteur du tourisme l’a été également à Banque centrale de Maurice, malgré cette baisse, les
cause de la baisse de la fréquentation enregistrée perspectives d’emploi se sont détériorées. Ainsi, si
43
les pertes d’emploi dans les secteurs clés tels que le Plusieurs mesures ont été prises pour endiguer
textile et la construction persistent et si les licenciés les effets de cette crise : (i) un soutien financier au
ne sont pas redéployés, les pertes d’emploi auront système bancaire ; (ii) un plan de relance national
un effet multipliant sur l’économie mauricienne, et de 1 000 projets afin de relancer l’économie par
sur la population, surtout sur les employés au bas la construction de routes, de crèches, par le biais
de l’échelle avec des répercussions sur le domaine d’aides à l’emploi et de prêts à taux zéro ; (iii) l’octroi
social. Si ceux qui gagnent le moins se retrouvent d’une prime exceptionnelle de 150 euros aux familles
sans emploi, cela aura un impact direct sur le taux bénéficiaires de l’allocation de rentrée scolaire, pour
de pauvreté absolue à Maurice et tous ceux qui se l’année scolaire 2008- 2009.
situent en bordure du seuil de pauvreté risquent de
se retrouver sous cette ligne avec un impact sur les Seychelles
enfants.
L’économie des Seychelles connaît déjà des difficultés
Réunion quand se déclare la crise financière mondiale en
2008. Un des premiers signes d’une détérioration
A la Réunion, la crise financière a engendré une grave de l’économie du pays est l’incapacité du
hausse des prix en 2008. La confiance a ainsi gouvernement à honorer ses engagements et à faire
diminué, ce qui s’est traduit par un ralentissement des versements pour le remboursement d’un prêt
de la consommation finale et des investissements. de la compagnie internationale Lehman Brothers à
Par ailleurs, l’augmentation des taux d’intérêt n’a la fin de juillet 2008. Au cours des années passées,
fait que renforcer la crise. Certaines entreprises le pays s’est endetté de 800 millions de dollars pour
ont licencié et hésitaient à créer des nouveaux la dette extérieure et 384 millions d’USD pour la
postes. D’autre part le nombre d’emplois aidés par dette interne (Payet, 2008).
les collectivités locales ont diminué et les politiques
d’investissements publics (grands chantiers) ont En novembre 2008, le pays subit un choc
ralenti, entraînant par exemple une chute d’activité économique considérable quand un programme
dans le secteur du Bâtiment et travaux publics. de réforme profond est enclenché. dans le but de
Néanmoins, globalement, même si la croissance de redresser l’économie seychelloise qui n’arrive plus
l’emploi a diminué en 2008, il est à noté que l’emploi à fonctionner de façon efficace face aux difficultés
continue toujours à croître. qui existent au niveau mondial (Nation, 2008 :1). La
roupie seychelloise n’est plus soutenue, sa valeur sera
Selon l’INSEE, l’année 2008 à la Réunion est déterminée par les marchés financiers, les contrôles
marquée par le fléchissement de la croissance sur les transactions financières internationales sont
et la décélération de l’ensemble des secteurs retirés. Les subventions aux services publics sont
économiques : « En 2008, le Produit intérieur brut coupées. Le secteur public est réduit de 12.5 pour
(PIB) de la Réunion exprimé en monnaie constante cent, et les programmes de licenciements mis en
a progressé à un rythme estimé à 3,1 pour cent place..
d’après les premiers résultats issus des comptes
rapides. Il s’agit là du moins bon résultat depuis 1996. Par conséquent, la roupie seychelloise dégringole et
La croissance 2008 est inférieure de 1,3 point à le prix de toutes les commodités monte en flèche.
celle de 2007. Comparé à l’ensemble de la France, Une augmentation de 34 à 38 USD sur les salaires
ce résultat est toutefois honorable. Confrontée à la est un geste apprécié mais est en réalité loin de
crise internationale, l’activité économique nationale pouvoir combler le manque à gagner de la plupart
n’a progressé que de 0,4 pour cent en volume. des familles. Un groupe d’évaluateurs de la Banque
mondiale établit le taux d’inflation pour le mois de
Tous les secteurs connaissent un ralentissement novembre 2009 à 28 pour cent.
de leur activité, en particulier le BTP dont la valeur
ajoutée augmente en volume de près de 4 pour Les conséquences de cette crise se sont fait sentir
cent en 2008 contre 13 pour cent en 2007. Sa dans plusieurs secteurs tels que : le prix des produits
croissance devient ainsi comparable à celle des de première nécessité et le pouvoir d’achat des
autres secteurs dont aucun ne progresse de plus de ménages, les Investissements directs étrangers
5 pour cent. Seule l’agriculture tire son épingle du jeu (IDE), le commerce extérieur, l’Aide publique au
(+ 21,5 pour cent), augmentation qui compense la développement (APD) et les transferts de fonds de
lourde chute de 2007 (- 18 pour cent) ». la diaspora. Les secteurs productifs ont tous été
44
affectés, surtout ceux qui permettent au pays de de l’agriculture. Les prix en dollars américains de
faire rentrer des devises étrangères : le tourisme, la certains engrais, par exemple, sont montés de plus
pêche et même le secteur ‘offshore’ qui était en plein de 160 pour cent dans les deux premiers mois de
essor. Les producteurs et fabricants locaux aussi bien 2008 comparés à ceux de la même période en
que les compagnies de construction, dépendants de 2007. Cette augmentation du prix du carburant a
matières premières importées, ont vu leurs dépenses aussi eu pour effet le détournement de cultures pour
se multiplier. Ces hausses se sont reflétées dans les produire des biocarburants.
prix que payent les consommateurs.
Comores
1.4.3. L
a crise alimentaire et ses consé-
Aux Comores, des statistiques sur les effets de la
quences sur la vie des enfants crise alimentaire ne sont pas encore disponibles.
Néanmoins, cette crise alimentaire mondiale risque
La faim demeure un fléau dans plusieurs régions
d’aggraver une situation alimentaire et nutritionnelle
d’Afrique, situation qui s’est empirée avec la crise
déjà préoccupante : (i) la disponibilité énergétique
alimentaire mondiale et ses conséquences sur la vie
nationale serait globalement insuffisante (1 947
des enfants. Le prix des denrées alimentaires sur le
kcal/personne/jour en 1997, dont 41 pour cent
marché international a atteint son plus haut niveau
provenant des importations) ; (ii) 33 pour cent de
depuis près de 50 ans. Le prix de l’huile végétale a
la population se trouveraient dans une situation
augmenté d’une moyenne de plus de 97 pour cent
de pauvreté alimentaire absolue ; (iii) l’apport
pendant le mois de janvier 2008, suivi par le prix
protéique est particulièrement déficient (39,5
des céréales qui a grimpé de 87 pour cent, celui des
grammes/habitant/an en 1997, dont 65 pour cent
produits d’usage quotidien de 58 pour cent, et le prix
d’origine végétale, avec près de 50 pour cent des
du riz a grimpé de 46 pour cent (FAO 2008a). Cela
a abouti à une situation de crise que le Programme
alimentaire mondial (PAM) a appelée un « tsunami
silencieux », qui a plongé plus de 100 millions de
personnes dans le monde dans le désespoir de la
faim (PAM 2008).
La crise a touché presque tous les pays du monde
et particulièrement ceux d’Afrique sub-saharienne,
cette région étant composée de 20 des 36 pays
les plus facilement atteints par cette montée en
flèche des prix des denrées alimentaires (Reuters
2008). Les pays de la région océan Indien n’ont pas
été du reste et les conséquences de cette crise
alimentaire ont été diversement ressenties. Si cette
crise alimentaire a aggravé la situation d’insécurité
alimentaire et de nutrition dans certains pays, elle a
provoqué la hausse vertigineuse des prix des denrées
de base dans d’autres pays de la région.
Les facteurs explicatifs de cette crise sont entre
autres l’offre et la demande, le changement
climatique ayant causé la perte de terres agricoles,
perte irréversible dans certains cas (Falksohn et
al. 2008). La production de céréales a diminué
annuellement de 4 à 7 pour cent respectivement
en 2005 et en 2006 dans la majorité des pays
exportateurs (FAO 2008a).
L’augmentation du prix du carburant a bien
entendu eu un impact sur les coûts de production
et sur le transport des marchandises provenant
45
protéines animales importées) ; et (iv) on observe et mars 2008, cinq produits de consommation
des symptômes localisés de troubles nutritionnels courante, la farine, le pain, le lait, l’huile et le riz,
(carences en iode, avitaminoses A et anémies). Il en ont connu une hausse moyenne de 30 pour cent15.
résulte notamment : une insuffisance pondérale qui De janvier à mars 2008, l’inflation alimentaire est
touche 18 pour cent des enfants de 0 à 23 mois ; un passée de 9 à 17 pour cent, avec pour conséquence
taux de retard de croissance de 33 pour cent ; une un impact négatif sur le taux d’inflation qui atteignit
prévalence de goitres de 14 pour cent. Cette situation les 9 pour cent en mars 200816. A cette même
est essentiellement expliquée par : (i) des pratiques période, l’inflation alimentaire constituait 52 pour
alimentaires traditionnelles parfois inadéquates cent du taux d’inflation total17. Dans l’ensemble, deux
(notamment pour l’alimentation des très jeunes secteurs ont été affectés par la crise alimentaire :
enfants) et qui privilégient des aliments pauvres en le secteur commercial et l’agro-industrie, avec des
protéines et en micronutriments (iode et fer) ; (ii) conséquences considérables sur le pouvoir d’achat
une grande dépendance de l’apport alimentaire aux de la ménagère. Suite aux hausses du prix du lait,
importations ; (iii) de mauvaises conditions sanitaires beaucoup de familles défavorisées se sont retrouvées
de conservation et de commercialisation ; et (iv) un dans l’impossibilité d’en acheter pour leur famille et
coût relativement élevé et très variable des aliments les enfants.
produits aux Comores. En outre, le Ministère de l’agro industrie, de la
production et de la sécurité alimentaire a lancé en
Madagascar janvier dernier un « Plan stratégique 2008-2011 sur
A Madagascar, les conséquences de la crise la sécurité alimentaire », dans le but d’encourager
alimentaire mondiale ont été sous-jacentes. En les petits planteurs éleveurs et pêcheurs à produire
2008, le prix du « riz importé » sur le marché local davantage. Pour ce faire, un fonds de 1 milliard
n’a pas suivi la tendance à la hausse spectaculaire de roupies (33 300 000 USD) est consacré à sa
enregistrée sur le marché international. Son impact réalisation.
a, en effet, été limité par la forte appréciation de
la monnaie malgache en fin 2007 suite à l’entrée Réunion
massive de devises. De plus, au début de l’année
La Réunion à été relativement épargnée par la
2008, la récolte a également été assez bonne ;
crise alimentaire. Bien que cette-dernière ait eu des
ceci est imputable, en partie, aux efforts consentis
conséquences sur l’augmentation des prix, rendant
pour lancer une « révolution verte » à Madagascar
un peu plus difficile encore la gestion du budget pour
(Horizon n°28-29). En outre, en période de famine
les familles les plus pauvres, l’on ne peut parler de
(mars, avril et mai), des mesures ont été prises par
conséquences en termes de sous-nutrition ou de
le gouvernement afin d’atténuer les conséquences
famine à la Réunion.
des flambées de prix au niveau international. La
crise n’a donc pas perturbé le marché local de riz, Certes le prix des denrées alimentaires de première
en conséquence, l’impact de la crise alimentaire nécessité a augmenté : au niveau de la production
mondiale dans le pays a été limité. agricole, l’augmentation du prix des aliments pour
animaux tel que les céréales notamment a entraîné
Maurice une augmentation du coût des intrants : aliments,
engrais, etc. (bien que ce fut déjà le cas avant
La crise alimentaire n’a pas épargné l’ile Maurice.
Contrainte par des conditions agro-climatiques l’arrivée de la crise financière) avec un impact direct
défavorables, Maurice ne peut produire localement sur les coûts de production. Grâce, entre autres, à
des céréales comme le riz ou le blé qui constituent une bonne structuration des filières, l’impact de la
les aliments de base de la population. Ainsi, le crise alimentaire sur la production agricole locale
pays dépend fortement des importations. Selon le reste modéré. Le secteur le plus touché par la crise
Ministère du commerce, les besoins alimentaires alimentaire est probablement celui de l’élevage où
de Maurice avoisinent les 700,000 tonnes, dont 20 un recours massif aux aliments pour animaux (tels
pour cent uniquement sont produits localement14. que les céréales) entraîne un surcoût de production
important. Le secteur de la restauration a également
De ce fait, la population mauricienne a ressenti de été touché par l’augmentation des produits
plein fouet les répercussions de la hausse des prix alimentaires avec un impact direct sur le prix final du
sur le marché mondial. Entre septembre 2007 consommateur.
14
Le consommateur mauricien touché de plein fouet, Kouda, Jr. Albert, juin 2008, No 221, L’Eco Austral.
15
Ibid.
16
Consumer Price Index, Bureau central des statistiques, http://www.gov.mu/portal/site/cso/menuitem.
17
Op. cit.
46
Seychelles Il est important de noter que depuis l’introduction de
réformes et la levée des contrôles sur le marché des
La situation au Seychelles a été différente. Grâce devises en novembre 2008, les périodes de pénurie
au contrôle des prix et surtout aux subventions que ont pratiquement disparu. Les produits coûtent
reçoivent le Seychelles Marketing Board (SMB), le chers mais sont disponibles.
coût des denrées de première nécessité a évolué de
façon graduelle et modérée entre 2006 et 2008. Ce La population seychelloise semble être davantage
n’est que vers le milieu de l’année 2008 que la hausse protégée des conséquences trop brutales de
des prix a commencé à se faire sentir, surtout pour cette crise alimentaire que d’autres. En réponse à
les produits comme le riz, denrée alimentaire de la situation, le National Consumers Forum, avec le
base aux Seychelles, et dont le coût a augmenté de soutien du gouvernement, a lancé des campagnes
60 pour cent sur une période de huit mois. Parmi les nationales, pour encourager les Seychellois à cultiver
quelques effets visibles qui ont affecté la population, et consommer les produits du terroir.
l’on peut citer les périodes de pénuries intervenues
régulièrement. Certaines denrées telles que le lait, le En 2008 d’après les statistiques du Natural
beurre, la farine etc. manquent pendant des périodes Resources Department, la production de racines
allant d’une semaine à deux mois. alimentaires a presque doublé par rapport à 2007,
celle des fruits a également augmenté alors que la
production de légumes a baissé.
47
Chapitre II :
LA PauvretÉ ET LES enfants
48
Ce chapitre analyse la pauvreté des enfants sous survie des enfants de la région océan Indien durant
deux aspects : l’aspect monétaire par l’appartenance cette dernière décennie sera, ensuite, analysée.. Enfin,
des enfants à des ménages pauvres et l’aspect les lois, les politiques et les programmes principaux
non monétaire par la privation des enfants à leurs intervenant dans le domaine de la réduction de la
droits tels qu’énoncés dans la Convention des Droits pauvreté des enfants seront analysés en se basant
des Enfants (CDE). Les privations seront analysées sur les parts des budgets nationaux consacrés
suivant deux méthodes : la méthode de privation au aux secteurs sociaux de base (éducation, santé et
sens de Bristol, et la méthode de privation par les AIP protection sociale).
« Autres indicateurs de privation ». L’évolution de la
Cette partie est consacrée à l’analyse de la pauvreté d’enfants, qui vivent dans la précarité sur un total de
monétaire touchant les enfants chez les ménages 11,2 millions d’enfants. C’est à Madagascar que l’on
ayant des enfants âgés de 0 à 17 ans. En moyenne dénombre le plus d’enfants vivant dans les ménages
plus de 70 pour cent d’enfants vivant dans des pauvres (74 pour cent d’enfants), suivi des Comores
ménages pauvres dans l’ensemble de la région (5 pour cent d’enfants) (graphique 2.1).
océan Indien. Cela réprésente plus de 7,8 millions
Graphique 2.1 : Pourcentage d’enfants pauvres par rapport à l’ensemble des enfants
Sources : Comores : EIM 2004 ; Madagascar : EPM 2005; Maurice : Household Budget Survey 06-07 ;
Seychelles : Household Budget Survey , 1999/2000 ; Réunion : INSEE
Le nombre important d’enfants vivant dans des les enfants à la pauvreté totale de la population,
ménages pauvres est source de vulnérabilité. En on observe qu’à Madagascar et aux Comores,
effet, les enfants qui vivent dans ce type de ménages les enfants sont plus touchés par la pauvreté que
ont moins de chances de pouvoir bénéficier de l’ensemble de la population avec plus de 6 pour cent
leurs droits. En comparant la pauvreté touchant d’écart (graphique 2.2).
49
Graphique 2.2: La pauvreté monétaire chez les enfants comparée à celle de l’ensemble de la population
Sources: Comores: EIM 2004; Madagascar: EPM 2005; Maurice: Household Budget Survey 06-07;
Seychelles: Household Budget Survey, 1999/2000 ; Réunion : INSEE
Par ailleurs, le milieu de résidence influe sur la La situation est différente pour les Comores où
pauvreté des enfants (graphique 2.3). Comme pour les enfants en milieu urbain sont plus touchés par
l’ensemble des ménages, les enfants en milieu la pauvreté étant donné que l’exode rural accroît
rural sont plus touchés par la pauvreté que ceux en sensiblement le nombre de ménages pauvres dans
milieu urbain à Madagascar et à Maurice. les villes, ayant des enfants.. Ce résultat diffère
de celui obtenu dans le chapitre précédent où la
pauvreté touche davantage le milieu rural.
Graphique 2.3: La pauvreté monétaire chez les ménages ayant des enfants suivant le milieu de résidence
Sources: Comores : EIM 2004 ; Madagascar: EPM 2005 ; Maurice: Household Budget Survey 06-07 ;
Seychelles : Household Budget Survey, 1999/2000
50
Le genre du chef du ménage influe sur la pauvreté population (graphique 2.4).
de la même manière que pour l’ensemble de la
Graphique 2.4 : La pauvreté monétaire des enfants suivant le genre du chef de ménage
Sources : Comores: EIM 2004; Madagascar: EPM 2005; Maurice: Household Budget Survey 06-07;
Seychelles : Household Budget Survey, 1999/2000
Aux Comores et à Madagascar, le phénomène est Seychelles, les écarts sont toujours importants entre
semblable : ce sont toujours les enfants des ménages le taux de pauvreté des ménages féminins et le taux
masculins qui sont les plus touchés par la pauvreté, de pauvreté des ménages masculins. Le taux féminin
bien que l’écart avec la pauvreté des ménages est équivalent au double du taux masculin.
féminins se soit amenuisé. Quant à Maurice et les
Graphique 2.5: La pauvreté monétaire chez les ménages ayant des enfants suivant la catégorie socio-
professionnelle du chef de ménage
Sources : Comores : EIM 2004 ; Madagascar : EPM 2005; Maurice : Household Budget Survey 06-07;
Seychelles : Household Budget Survey, 1999/2000.
«+» indique le statut des chefs de ménage dont la pauvreté est la plus fréquente.
«-» indique le statut des chefs de ménage dont la pauvreté est la moins fréquente.
51
2.2. Privations et disparités des enfants
On distinguera dans cette section deux approches dans identifiés utilisant la méthode de Bristol fournit les
l’analyse des privations et des disparités touchant indicateurs présentés dans le tableau 2.1 et le graphique
les enfants : une approche suivant les indicateurs de 2.6 pour les Comores et Madagascar.
Bristol pour les Comores et Madagascar et une autre Les sept taux de privations du tableau 2.1 sont représentés
approche suivant les Autres indicateurs de privations dans un graphique sous forme circulaire. Les points du
(AIP) pour l’ensemble des pays. graphique représentent les taux de privation sévère (en
bleu) ou moins sévère (en rose) de chaque domaine.
2.2.1. Privations sévères et moins
Il faut noter que dans la méthode des chercheurs de
sévères aux Comores et à l’Université de Bristol, les enfants sévèrement privés sont
Madagascar (au sens de Bristol) inclus dans l’ensemble des enfants moins sévèrement
Rappelons que la méthode utilisée par l’équipe de privés. Ce qui explique qu’en général, les taux de privation
moins sévères sont supérieurs aux taux de privations
l’Université de Bristol consiste à calculer des taux de
sévères suivant la méthode de Bristol. On observe pour
privations des enfants dans sept domaines suivant
Madagascar des taux de privation sévères équivalents
des concepts de privations sévères et non sévères (cf.
aux taux de privation moins sévères dans le logement
concepts Introduction).
et l’assainissement. Cela s’explique par d’éventuelles
Le calcul des taux de privations dans les sept domaines données manquantes dans le calcul des taux de privation.
Tableau 2.1 Prévalence de privations sévères des enfants de 0 à 17 ans (au sens de Bristol) pour
Madagascar et Comores
Comores Madagascar
Domaines Privation moins Privation moins
Privation sévère Privation sévère
sévère sévère
(en pourcentage) (en pourcentage)
(en pourcentage) (en pourcentage)
1. Logement 5,4 50,7 18 18
2. Assainissement 15,5 91,1 50 50
3. Eau 2,7 13,8 61 73
4. Information 41,8 83,1 23 25
5. Nutrition 12 26,0 28 57
6. Éducation 11,6 43,5 17 28
7. Santé 10,9 16,5 28 39
Au moins une privation sévère 42 91,1 61 73
Sources : Comores : MICS 2000/Calculé par la Direction nationale de la statistique ; Madagascar : EDS 2003/2004/Global Study.
Graphique 2.6 : Prévalence de privations sévères des enfants (au sens de Bristol) pour Madagascar et Comores
Privations sévères et moins sévères aux Comores Privations sévères et moins sévères à Madagascar
1. Logement 1. Logement
100 80
80 60
7. Santé 2. Assainissement 7. Santé 2. Assainissement
60
40
40
20 20
0 0
Priv ation s év ère Priv ation moins s év ère Privation sévère Privation moins sévère
52
A Madagascar, au moins 61 pour cent des enfants quelconque.
sont sévèrement privés d’au moins un des sept
domaines ; ce qui représente environ 6,2 millions Pour ce qui est des privations moins sévères, les
d’enfants. L’accès à l’eau potable est le premier enfants comoriens sont principalement frappés
domaine de privation sévère des enfants malgaches dans les trois domaines suivants : l’assainissement,
(61 pour cent), suivi des sanitaires (50 pour cent) le logement, et l’éducation.
; de la nutrition et de la santé (28 pour cent) de
l’information (23 pour cent), du logement (18 pour 2.2.2. Privations des enfants de la
cent) et enfin de l’éducation (17 pour cent). région océan Indien suivant les Autres
Indicateurs de Pauvreté
En ce qui concerne les privations moins sévères,
c’est dans l’eau potable et la nutrition que les enfants Les indicateurs préconisés par la méthode de Bristol
éprouvent le plus de privations moins sévères. Ainsi, sont basés sur les enquêtes MICS ou EDS. , Maurice,
73 pour cent des enfants doivent faire plus de 30 la Réunion et les Seychelles n’ayant pas effectué ces
mn de marche pour retrouver de l’eau potable et 57 types d’enquêtes, ne disposent pas des données
pour cent d’entre eux souffrent de malnutrition moins permettant de calculer ces indicateurs. Pour
sévères (en dessous de 2 écarts type par rapport ces pays, avec l’appui de l’équipe du Global Study,
aux normes : taille/âge, poids/taille et poids/âge). d’« Autres indicateurs de privations » ou « AIP ».
Aux Comores, au moins 42 pour cent des enfants ont été déterminés ( les concepts ont été définis en
sont sévèrement privés dans au moins un des sept introduction) en assurant leur comparabilité avec
domaines de privation de Bristol (soit l’équivalent de ceux de Bristol.
136 mille enfants). C’est en premier lieu l’accès à Ainsi en utilisant la méthode des AIP, des taux
l’information qui prive plus sévèrement les enfants de privation sévères et non sévères des enfants
aux Comores (42 pour cent), suivi de l’assainissement vivant dans les pays de la région océan Indien ont
(15,5 pour cent), de la nutrition (11,8 pour cent) de été calculés par pays. Ensuite, des taux régionaux
l’éducation (11,6 pour cent), c’est dire que 11,6 pour chaque domaine de privation ont été calculés
pour cent des enfants comoriens en âge scolaire suivant l’approche méthodologique développée en
n’ont jamais été scolarisés ; suivi ensuite de la introduction. Le calcul des AIP sévères dans chaque
privation sévère en santé qui signifie que 10,9 pour pays et des taux régionaux ont donné les résultats
cent d’enfants comoriens n’ont jamais été vaccinés indiqués dans le tableau 2.2 :
ou n’ont reçu aucun traitement pour une maladie
Tableau 2.2 Privations sévères des enfants suivant « les concepts AIP sévères »
53
Le calcul des AIP moins sévères dans chaque indiqués dans le tableau 2.3.
pays et des taux régionaux ont donné les résultats
Tableau 2.3 Privations moins sévères des enfants suivant « les concepts AIP moins sévères »
Enfants moins
Pourcentage éprouvant des AIP moins sévères
sévèrement privés
Total des (pour cent)
dans la Région OI
enfants
concernés Pour Nombre
Comores Madagascar Maurice Réunion Seychelles
cent d’enfants
1. Logement 11 240 242 65,0 77,8 9,7 0,0 0,0 73 8 248 794
2. Assainissement 11 240 242 92,2 49,0 11,0 4,7 1,3 48 5 389 752
3. Eau 11 240 242 80,8 89,4 14,5 0,3 4,2 84 9 505 724
4. Information 9 473 588 41,8 4,1 3,7 5,6 3,0 5 497 313
Au moins une
11 240 242 92,2 89,4 14,5 26,4 4,2 84 9 505 724
privation sévère
Sources : Données nationales calculées au niveau de chaque pays pour les besoins de l’étude
Au niveau de la région comme pour chaque pays, les circulaire. Les points du graphique représentent les
sept taux de privations AIP sont représentés dans taux de privation sévère (en bleu) ou moins sévère
un tableau ensuite dans un graphique sous forme (en rose) pour chaque domaine de privation.
Tableau 2.4 et Graphique 2.7 : Autres indicateurs de privations (AIP) sévères et moins sévères de la région
océan Indien en pour cent
Région océan
AIP sévères AIP moins sévères
Indien
1. Logement
90%
1. Logement 68 74 80%
70%
7. Santé 60%
2. Assainissement
2. Assainissement 45 48 50%
40%
3. Eau 54 84
30%
20%
10%
4. Information 2 5 0%
6. Éducation 3. Eau
5. Nutrition 27 54
6. Éducation 33 42
5. Nutrition 4. Information
7. Santé 24 54
Au moins une
68 84 AIP s évères AIP moins s évères
privation
Source : Données nationales calculées au niveau de chaque pays pour les besoins de l’étude
54
En ce qui concerne le premier domaine de privation de Bristol (tableau 2.5 et graphique 2.8). En effet,
de la région (le logement), 7,6 millions d’enfants on retrouve en utilisant les deux méthodes des
sont privés de logements décents et vivent dans des taux de privations sévères et moins sévères plus ou
maisons précaires (en paille ou en tôle). moins équivalents, malgré les concepts différents
mais proche. La différence majeure s’observe dans
Par ailleurs, les privations moins sévères (AIP moins les taux de privation en « logement ». Ces taux qui
sévères) touchent au moins 9,5 millions d’enfants n’apparaissaient pas comme une privation sévère au
(soit 84 pour cent de l’ensemble des enfants de la sens de Bristol sont en première position en utilisant
région). C’est le problème de l’eau qui constitue la les AIP. Cela peut s’expliquer par la différence dans les
première privation moins sévère des enfants de la concepts : l’enfant est sévèrement privé en logement
région, suivi du logement et de la nutrition. Hormis les s’il vit à plusieurs dans une chambre (« plus de cinq
Comores et la Réunion, l’eau constitue la première suivant le concept des chercheurs de l’université de
privation moins sévère de l’ensemble des pays de la Bristol »), quant aux AIP, l’enfant est sévèrement privé
région. s’il vit dans une maison précaire. Une comparaison
des deux méthodes, permet de conclure que si bon
Comores nombre d’enfants de Madagascar et des Comores
ne vivent pas à plusieurs dans une chambre (concept
Le calcul des AIP confirme les tendances des
Bristol), ils sont plus nombreux à vivre dans des
domaines de privation sévère et moins sévères des
maisons précaires (AIP).
enfants comoriens obtenus en utilisant la méthode
Tableau 2.5 et Graphique 2.8 : Autres indicateurs de privations (AIP) sévères et moins sévères des
Comores en pour cent
Privations
Privations sévères
Moins sévères
Comores
AIP Bristol AIP Bristol
Source : Données AIP nationales calculées au niveau de chaque pays pour les besoins de l’étude
Aux Comores, c’est le logement qui constitue la pour cent d’enfants n’ont jamais été vaccinés et 79
première privation sévère des enfants suivi de d’entre eux n’ont pas achevé les huit vaccins.
l’information, de l’éducation et de la santé. On
constate alors que 63 pour cent des enfants En ce qui concerne les domaines de privations moins
comoriens vivent dans des logements précaires, 42 sévères, les Comores enregistrent des forts taux
pour cent vivent dans des ménages qui ne disposent variant de 25 à 92 pour cent. C’est l’assainissement
d’aucun moyen d’information (pas de télévision, ni de qui constitue la première privation moins sévère des
radio, ni d’accès à des journaux), près de 40 pour enfants comoriens, suivi de l’eau, de la santé et de
cent d’enfants ne sont pas scolarisés et 76 pour l’éducation.
cent n’ont pas achevé le cycle primaire. De plus, 20
55
Parmi les domaines de privation, la privation moins Madagascar
sévère dans l’éducation est importante. Près de 76 pour
cent des enfants comoriens n’ont pas achevé le cycle La même tendance que les privations au sens
primaire au moment où le pays poursuit une politique de Bristol se dessine dans le calcul des AIP pour
en faveur de l’éducation pour tous. Le pourcentage Madagascar (tableau 2.6 et graphique 2.9). Comme
d’enfants n’ayant pas reçu la totalité des vaccins pour les Comores, le logement apparaît plus
(santé) est encore plus frappant. Ils représentent, en préoccupant dans les AIP.
effet, 79 pour cent des enfants comoriens.
Tableau 2.6 et Graphique 2.9 : Autres indicateurs de privations (AIP) sévères et moins sévères de
Madagascar en pour cent
Privations
Privations sévères
Région océan Moins sévères
Indien
AIP Bristol AIP Bristol
1. Logement
100%
Source : Données AIP nationales calculées au niveau de chaque pays pour les besoins de l’étude
A Madagascar, la première privation sévère attention particulière. En effet, mis à part le tiers
touchant les enfants au sens des AIP est des enfants non scolarisés, 44,3 pour cent des
le logement suivi de l’eau, de l’assainissement enfants malgaches n’ont pas achevé le cycle
et de l’éducation. Plus de deux tiers des primaire. En ce qui concerne la santé, plus du quart
enfants malgaches vivent dans des logements d’enfants n’ont jamais été vaccinés et plus de la
précaires ou vivent dans la rue et plus de la moitié n’ont pas reçu tous les vaccins obligatoires
moitié d’entre eux n’ont pas accès à l’eau pour l’enfant.
potable. En outre, près de la moitié des
enfants malgaches n’ont pas accès à des Maurice
sanitaires, et plus d’un tiers d’entre eux ne sont A Maurice les taux de privations sévères et
pas scolarisés. moins sévères sont relativement bas (tableau 2.7
Au regard des privations non sévères au sens et graphique 2.10). Ainsi 3 pour cent des
AIP, on retrouve par ordre d’importance les cinq enfants sont touchés sévèrement par au moins
un des sept domaines de privation au sens
domaines suivants : l’eau, le logement, la nutrition,
AIP et 14,5 pour cent d’entre eux sont privés
la santé et l’éducation.
moins sévèrement par au moins un des sept
Les privations sévères et moins sévères domaines.
dans l’éducation et la santé méritent une
56
Tableau 2.7 et Graphique 2.10 : Autres indicateurs de privations (AIP) sévères et moins sévères de
Maurice en pour cent
Source : Données nationales calculées au niveau de chaque pays pour les besoins de l’étude
Le domaine de privation qui touche sévèrement le plus par au moins une privation sévère et 26,4 pour cent
d’enfants mauriciens est l’éducation. Ainsi, 3 pour d’entre eux sont obèses (tableau 2.8 et graphique
cent des enfants mauriciens ne sont pas scolarisés. 2.11).
En ce qui concerne le domaine de privation moins
sévère, trois domaines de privation relativement Le taux de malnutrition sévère chez les moins de 4
importants touchent les enfants : le non accès à l’eau ans (AIP sévère en nutrition) est nul à la Réunion.
de robinet à domicile (14,5 pour cent des enfants), la Tous les enfants sont scolarisés et vaccinés. Ce qui
malnutrition moins sévère (11,3 pour cent d’enfants fait que la Réunion enregistre trois taux de privations
qui sont victimes d’émaciation à Maurice) et la non sévères nuls sur sept. C’est dans l’assainissement
disponibilité des sanitaires à domicile (11 pour cent que le taux de privation sévère est le plus élevé. Ainsi
des enfants mauriciens). 4,7 pour cent d’enfants vivent dans des ménages
qui ne disposent pas de sanitaires à domicile. Par
ailleurs, il a été constaté dans une étude réalisée sur
Réunion
la « précarité à la Réunion » que 23,8 pour cent des
A la Réunion, 4,7 pour cent des enfants sont touchés enfants vivent dans des ménages monoparentaux.
Tableau 2.8 et Graphique 2.11 : Autres indicateurs de privations (AIP) sévères et moins sévères de la
Réunion en pour cent
Source : Données nationales calculées au niveau de chaque pays pour les besoins de l’étude
57
En ce qui concerne les privations moins sévères, on Seychelles
constate la prédominance d’un phénomène particulier
de « suralimentation » chez les enfants. Ainsi, 26,4 Au niveau des Seychelles, à l’instar de Maurice
pour cent des adolescents réunionnais sont victimes et la Réunion, le niveau des privations sévères
d’obésité. Cette forme particulière de malnutrition et moins sévères des enfants est relativement
est considérée dans cette étude comme étant une faible (tableau 2.9 et graphique 2.12). Ainsi
malnutrition moins sévère, bien que complètement seulement 0,2 pour cent des enfants éprouvent
à l’opposé du phénomène de privation de nutrition une privation sévère dans au moins un des
qu’on observe dans les autres pays pauvres. En ce sept domaines des privations aux Seychelles et
qui concerne la santé, 23,3 pour cent des enfants 4,2 pour cent d’entre eux sont touchés moins
réunionnais n’ont pas bénéficié de l’ensemble des sévèrement par au moins un des sept domaines de
huit vaccins obligatoires (AIP moins sévère en santé) privation.
car le BCG a été aboli en France comme obligatoire.
Tableau 2.9 et Graphique 2.12 : Autres indicateurs de privations (AIP) sévères et moins sévères des
Seychelles en pour cent
6. Éducation 3. Eau
5. Nutrition 0 0
6. Éducation 0 0 4.
5. Nutrition
Information
7. Santé 0 0
Au moins une
0,2 4,2
privation sévère AIP sévères AIP moins sévères
Source : Données nationales calculées au niveau de chaque pays pour les besoins de l’étude
En ce qui concerne les privations sévères, les cent des enfants seychellois ne disposent pas de
Seychelles enregistrent des taux de privation presque moyens d’informations (radio, télévision, journaux…) à
nuls dans les sept domaines avec toutefois des faibles domicile. Pour ce qui est des privations non sévères,
taux de privation dans le logement (0,2 pour cent l’absence de l’eau de robinet à domicile constitue le
des enfants seychellois vivent dans des logements plus fort taux de privation moins sévère (avec 4,2
précaires). En ce qui concerne l’information, 0,1 pour pour cent des enfants privés).
58
2.3. La survie de l’enfant et l’équité
Le droit inhérent à la vie de tout enfant trouve son L’objectif 4 des OMD : Réduire la mortalité des
fondement dans la Convention des droits de l’enfant enfants de moins de 5 ans préconise dans la cible n°
(CDE) et dans les législations de chaque pays, 5 de « réduire de 2/3, entre 1990 et 2015, le taux
notamment celles relatives à la santé. L’assistance de mortalité des moins de cinq ans ».
à l’enfance dans son développement physique,
intellectuel et social par l’État est une obligation et un En ce qui concerne la situation de la mortalité infanto-
droit reconnu à l’enfant. L’amélioration de la santé juvénile en 2007, malgré des résultats significatifs,
de la mère et de l’enfant constitue une priorité dans les 5 pays de la région ne pourront pas atteindre les
la plupart des politiques sanitaires des cinq pays de Objectifs du millénaire dans ce domaine si les taux
la région appuyés souvent par les partenaires au actuels se maintiennent au même niveau.
développement comme l’UNICEF et l’OMS.
Graphique 2.13 : Taux de mortalité infantile (moins d’un an) pays océan Indien (pour mille)
120
103
100 88
80 70
60 49
40
21 17 12
20 13
6,8 6,6
0
Comores Madagascar Maurice Reunion Seychelles
Durant les dix-sept dernières années, l’ensemble baissé entre 0 pour cent à - 3 pour cent en
des pays de la région a enregistré des baisses moyenne par an dans l’ensemble des cinq pays
significatives de leurs taux de mortalité infanto- de la région ; la baisse requise dans ce domaine,
juvénile. La mortalité infantile (moins de 1 an) a baissé pour atteindre les OMD devrait être en
entre 0 pour cent et - 3 pour cent en moyenne par moyenne de -4 pour cent par an. C’est dire que les
an dans les cinq pays de la région (graphique 2.13) pays de la région océan Indien enregistrent des
; tenant compte des objectifs de « diminution de progrès significatifs dans le domaine de la réduction
2/3 les taux de 1990 dans chaque pays), la baisse
des mortalités infanto juvéniles, mais encore
requise pour atteindre les OMD est de -4 pour cent
insuffisants pour atteindre l’objectif du millénaire en
par an.
ce qui concerne la réduction de la mortalité infanto
De même en ce qui concerne la mortalité juvénile.
des moins de 5 ans (graphique 2.14), elle a
59
Graphique 2.14 : Taux de mortalité des moins de 5 ans : mortalité infanto juvénile (pour mille)
200
168
150
120 112
100
66
50
24 15 19 13
7,9 7,8
0
Comores Madagascar Maurice Reunion Seychelles
60
En 2007, le gouvernement fait sien la lutte contre lutte contre le Sida, (vi) Economie à forte croissance,
la pauvreté en produisant un plan national de (vii) Environnement et (viii) Solidarité nationale.
développement : le Madagascar Action Plan (MAP).
Le MAP constitue la feuille de route qui traduit la Etant donné la non disponibilité d’un programme
vision nouvelle de développement « Madagascar national de protection social, pour améliorer le revenu
naturellement » pour les cinq ans à venir. Mis en œuvre des ménages, les seuls moyens dont disposent
en 2007, il contient huit engagements calqués sur les ménages pour alléger leurs dépenses sont les
les Objectifs du millénaire pour le développement à transferts à caractère directs et les différentes
savoir : (i) Gouvernance responsable, (ii) Infrastructure aides. Ces différentes formes de transferts sont vues
reliée, (iii) Transformation de l’éducation, (iv) implicitement à travers les différents programmes
Développement rural, (v) Santé, planning familial et sectoriels consolidés dans le plan national de
développement.
Un des handicaps des budgets des pays en structures des revenus et des dépenses des pays de
développement en général, et des pays de la région la région qui traduisent les différentes performances
océan Indien en particulier, est l’insuffisance des économiques des pays concernés. Ainsi, on constate
revenus nationaux pour répondre aux besoins d’importantes disparités entre les Etats en ce qui
économiques et sociaux des pays. Ces derniers concerne leur revenu par habitant (graphique 2.15).
ont ainsi recours à des aides d’organismes Ceux des pays à revenus intermédiaires (Maurice, la
internationaux (Banque africaine de développement, Réunion et les Seychelles) varient entre 1 712 et 4
Agence française de développement, etc.) et à des 267 USD, alors que dans les pays à faible revenu,
investissements étrangers publics ou privés qui les revenus de l’Etat par tête d’habitant sont dix à
complètent les dépenses publiques. L’analyse des quarante fois inférieurs, soient respectivement 113
budgets des pays révèle des disparités au niveau des et 81USD pour les Comores et Madagascar.
Graphique 2.15 : Revenus de l’Etat rapporté à la population résidente dans les pays
4267
4500
4000
3500 3203
3000
2500
en USD 1712
2000
1500
1000
500 113 81
0
Comores Madagascar Maurice Réunion Seychelles
Sources : Comores : Direction Général du Budget ; Madagascar : OGT/Ministères des Finances et du Budget ; Maurice : Public
Finance Statistics, BCS ; Seychelles: Statistical Abstract 2003 & 2008 ; Réunion : INSEE
Les faibles capacités des pays à bas revenus publics (tableau 2.8). En 2007, l’APD représentait
à recouvrir suffisamment de revenus propres environ 60 pour cent des recettes de l’Etat comorien,
expliquent pourquoi le développement de ces pays est 25 pour cent des recettes de l’Etat malgache alors
tributaire de l’Aide publique au développement (APD). qu’elle ne représentait qu’ 1 pour cent des recettes
Celle-ci finance, dans la plupart des cas, près de 80 de l’Etat mauricien.
pour cent de leur programme des investissements
61
2.6. Evolution des dépenses sociales dans les pays de l’océan Indien
Comores
Aux Comores, les dépenses en éducation sont en 2007. Durant la même période, le taux net de
passées de 20 USD par habitant en 1990 à 42 scolarisation est passé de 56 à 76 pour cent.
Graphique 2.16 : Evolution des dépenses en éducation, taux net de scolarisation aux Comores
Les dépenses de santé par d’habitant ont peu note une baisse du taux de mortalité des moins de
augmenté. Elles sont passées de 10 USD en 1990 à cinq ans qui passe de 129 pour mille en 1990 à 66
18 USD en 2007. Pendant cette meme peridoe, on pour mille en 2007.
Graphique 2.17 : Evolution des dépenses en santé et taux de mortalité infanto juvénile aux Comores
21
120
19
17
100
15
13 80
11
9 60
1990 2004 2005 2007
Mortalité des moins de 5 ans (pour mille) dépense de santé par habitant en $
62
Aux Comores, les progrès réalisés dans le domaine aux dépenses sociales est relativement faible. Ainsi,
de la santé et de l’éducation ont été impulsées par les dépenses dans l’éducation sont passées de 7,5
un fort appui technique et financier des partenaires USD par habitant en 2000 à 11 en 2007 ; soit
au développement (UNICEF, OMS, Banque une augmentation de 49 pour cent en sept ans. Le
mondiale, etc.). taux de couverture dans le primaire est passé de
2,1 enseignants pour mille élèves en 2000 à 1,9
Madagascar en 2007. Néanmoins, on note une amélioration
significative du taux net de scolarisation qui est passé
A Madagascar, la part du budget de l’Etat consacrée de 70 pour cent en 2000 à 77 pour cent en 2007.
Graphique 2.18: Evolution des dépenses en éducation, taux net de scolarisation à Madagascar
Au niveau de la santé, les dépenses de l’Etat par interventions sur le terrain de plusieurs acteurs de
habitant ont diminué ces dernières années. Ainsi de développement, dont les organismes des Nations
4,9 USD par habitant en 2000, les dépenses de santé unies comme l’UNICEF et l’OMS. Par ailleurs, les
sont passées à 4,3 USD par habitant en 2007, soit dépenses en protection sociale ont demeuré stables
une baisse de -12 pour cent en sept ans. Néanmoins et très faibles durant ces dernières années se
les indicateurs de base en santé des enfants, comme situant en moyenne à 0,3 USD par habitant entre
le taux de mortalité infanto juvénile ont amorcé une 2000 et 2007.
baisse tendancielle, favorisée notamment par les
63
Graphique 2.19 : Evolution des dépenses en santé et en protection sociale, taux de mortalité infanto juvénile
à Madagascar
7.5
7 130
6.5
120
6
5.5 110
5
100
4.5
4 90
2000 2001 2003 2005 2007
Mortalité des moins de 5 ans (pour mille) dépense de santé par habitant en $
64
Graphique 2.21: Evolution simultanée des dépenses de santé et de protection sociale, taux de mortalité
infanto juvénile à Maurice
Les dépenses sont relativement élevées dans le Depuis quelques années les dépenses de santé sont
secteur de la santé expliquant une bonne performance plus élevées que celles consacrées à l’éducation,
des indicateurs sociaux. Le taux de vaccination est contrairement à l’ensemble des pays.
de 100 pour cent et le taux de mortalité infantile de
13 pour mille.
65
Graphique 2.23 : Evolution des dépenses en santé, mortalité infanto juvénile aux Seychelles