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Droit 2A – MH - 2016 1

Module 4 : Le risque
L’activité humaine est indissociable des risques qu’elle génère. Constitue un risque tout événement dont la
survenance éventuelle peut créer un dommage aux personnes ou aux biens. Si le droit prend en compte la
notion de risque, c’est pour poser les règles utiles à la réparation des dommages éventuellement survenus.

1. Caractériser les différents risques professionnels et leurs effets

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Les activités professionnelles sont source de risques multiples. On peut citer, pour les salariés, les risques
d’accident du travail ou de trajet sur le chemin qui mène à l’entreprise ou sur le retour au domicile, le risque
de maladie professionnelle ou d’intoxication au contact de certains produits ou matières. On peut aussi
envisager les risques de dommages aux biens de l’entreprise, comme en cas d’inondation ou d’incendie.
Certains risques peuvent même affecter les personnes et les biens, comme les actes de malveillance ou les
attentats.

2. ………………………………………………………………………………
Au fil du temps, le droit a pris en compte de nouveaux risques car l’industrialisation de la société au
e
XIX siècle s’est traduite par le développement du machinisme et les exigences du travail au rendement,
deux facteurs conjugués qui se sont traduits par des accidents de plus en plus nombreux dans les
entreprises. Au demeurant, la législation s’appliquant aux accidents du travail a pris naissance avec la
loi du 9 avril 1898, posant le principe de :
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Les XXe et XXIe siècles ont vu naître :
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Par ailleurs, outre les nombreux risques physiques, les milieux professionnels ont vu émerger des risques
liés aux conditions de travail, certains étant de nature psychologique : diverses formes de mal-être et stress
au travail, épuisement professionnel (burn-out)… Ces atteintes à la santé mentale du personnel trouvent leur
origine, en particulier, dans le développement des contrats de travail précaire (CDD et intérim), dans la
place grandissante de l’informatique et la multiplication des tâches à forte implication mentale, la
complexification des procédures et des logiciels.

2. Analyser l’évolution des principes juridiques en matière de risques

A. De la responsabilité pour faute à la responsabilité sans faute

1. La première source de responsabilité : la faute

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La prise en compte de la faute de la personne responsable fait que l’on parle de responsabilité
subjective.
De son côté, la responsabilité contractuelle fait peser :
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La loi aggrave les conséquences de la faute lorsqu’elle est jugée inexcusable.
En cas d’accident du travail ou de maladie professionnelle, c’est le cas pour l’employeur qui manque à :
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cassation, qu’il avait ou aurait dû avoir conscience du danger auquel était exposé le salarié et qu’il n’a pas
pris les mesures de prévention ou de protection nécessaires pour l’en préserver.
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Ces suppléments d’indemnisation par la Sécurité sociale sont in fine mis à la charge de l’employeur, qui doit
s’acquitter d’une majoration de cotisation sociale.

2. La faute et la sanction pénale


Le droit de la responsabilité civile n’est pas le seul à faire produire des effets à la faute. Il arrive qu’une
qualification pénale s’applique au comportement du fautif, comme lorsque l’employeur est poursuivi pour
sa faute de maladresse, d’imprudence, d’inattention ou de négligence, ou pour :
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L’obligation de réparer le préjudice s’accompagne alors d’une possibilité de sanctions pénales : deux ans
d’emprisonnement et 30 000 € d’amende.

3. La responsabilité sans faute dans la jurisprudence


Le droit de la responsabilité a évolué sous l’effet de la jurisprudence qui, à la fin du XIXe siècle, a posé le
principe selon lequel :
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Ainsi, à la suite de l’explosion de la machine à vapeur d’un remorqueur ayant tué un salarié, la Cour de
cassation a admis la responsabilité de son employeur pour indemniser la veuve de la victime (affaire Teffaine,
1896).
Les juges du droit ont considéré que l’application du Code civil (« On est responsable des choses que l’on a
sous sa garde ») permettait de retenir la responsabilité de l’employeur de façon « objective », en se
démarquant de la responsabilité « subjective ».
Lors d’une autre procédure célèbre (affaire Jand’heur, 1930), la Cour de cassation a déclaré que le gardien
d’un véhicule à moteur ayant causé un dommage ne pouvait pas s’exonérer de sa responsabilité en établissant
l’absence de faute de sa part.
Pour la doctrine, ces deux arrêts sont à l’origine de ce que l’on nomme « la théorie du risque »,
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Depuis, la jurisprudence a multiplié les exemples de responsabilité sans faute.

4. Une législation des risques où l’origine du préjudice n’est pas forcément la faute
Prenant appui sur les avancées jurisprudentielles, le législateur a conforté la notion de responsabilité sans
faute, au travers de plusieurs textes. Parmi les plus significatifs, on peut citer :

– la loi du 5 juillet 1985 visant à :


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– l’importante loi du 19 mai 1998 s’appliquant à la responsabilité du fait des produits défectueux,
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– la loi du 5 janvier 2010 relative à :
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B. Du risque individuel au risque collectif
1. La définition générale du risque majeur

Parmi les différents types de risques auxquels chacun peut être exposé, on distingue ; les risques naturels
(inondation, tempête, séisme, éruption volcanique…), technologiques (industriel, nucléaire, biologique…), de
transports collectifs (de personnes ou de matières dangereuses), de la vie quotidienne (accidents
domestiques, de la route…) et ceux liés aux conflits.
Cette liste illustre bien l’élargissement des risques pris en compte par le droit, particulièrement soucieux de
prévoir la réparation de ces derniers, notamment ceux qui sont qualifiés de « ……………………………………. ».
Ces risques sont caractérisés par deux critères :
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Ils ont donc des effets non pas sur une personne mais sur la collectivité.

2. Le rôle de la prévention

Le droit prévoit des dispositifs de prévention du risque, à même d’éviter que les risques supportés par la
collectivité n’engendrent des dommages dont la réparation serait trop onéreuse.
Pour aider à cette prévention, divers organismes ont été créés, par exemple l’Association française pour la
prévention des catastrophes naturelles (AFPCN), qui collabore avec le ministère du Développement durable
et organise des rencontres entre les pouvoirs publics et les membres de la société civile, sur le thème de la
prévention des risques naturels.

C. La finalité de l’évolution du droit : l’indemnisation de la victime


1. Les risques anonymes et le rôle de l’assurance

On parle de dommages anonymes :


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Pour autant, le droit considère que l’indemnisation des victimes s’impose.
Pour y parvenir, il est indispensable de développer ………………………………………………………………………………………
car il n’y a pas toujours de personne responsable et quand il y en a une, ses capacités financières ne
permettent pas toujours d’indemniser les dommages subis.
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La Sécurité sociale, les sociétés mutuelles ou les compagnies privées d’assurances participent à ce
phénomène : en échange des cotisations versées, tous les assurés savent qu’en cas de réalisation des
risques au détriment de certains, l’intervention de l’organisme d’assurances permet d’indemniser les
victimes, qu’il s’agisse des assurés eux-mêmes ou des victimes des assurés.

2. Apprécier la présence du risque dans différentes branches du droit

Comme en droit privé, le droit public a vu évoluer la notion de responsabilité au regard du développement
de nouveaux risques dans la société. Ainsi, la jurisprudence des juridictions administratives a eu l’occasion
de reconnaître, à la charge de l’Administration,
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Un exemple est fourni par le cas du collaborateur occasionnel de l’Administration qui peut prétendre à être
indemnisé par l’État s’il est victime d’un dommage personnel subi durant son intervention au service de la
collectivité.
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Module 4 : La réponse du droit au risque


La dangerosité de certaines situations est estimée sans que soit connu avec certitude le niveau de risques. Pourtant les
décideurs ceux qui sont confrontés à ces circonstances doivent appliquer le principe de précaution (1).
Lorsque des professionnels vendent des biens ou proposent des services ils doivent veiller à ce que la sécurité de leurs
clients soit respectée, et le droit fonde leur obligation contractuelle sur la combinaison des principes de prévention et
de précaution (2).

1. Déterminer le dispositif juridique adapté pour lutter contre


les risques inconnus

A. Le principe de précaution
1. Contre les risques inconnus : le principe de précaution
Au service de l’anticipation des risques, le principe de précaution est complémentaire du principe de prévention pour
éviter la réalisation de ces risques. Parfois, il n’y a pas de certitude sur cette réalisation, cela à cause des lacunes dans
les connaissances scientifiques et techniques du moment. Le principe de précaution vise justement dans ce cas à
adopter des mesures effectives et proportionnées visant à prévenir le risque.
Il est l’expression de la prudence dès lors qu’un risque potentiel est plausible mais non connu.

2. La reconnaissance du principe de précaution par la loi


Le principe de précaution a pris la valeur d’un principe juridique car il a été introduit dans le droit par le traité de
fonctionnement de l’Union européenne (traité de Maastricht) qui le justifie par l’objectif d’un niveau de protection
élevé visé par la politique européenne.
En droit français, ……………………………………………………………………………………………………………………………………………….
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Ces sources de droit supérieures s’imposent à toutes les autres, obligeant le législateur autant que les
juges à respecter et à appliquer le principe de précaution.

B. Les domaines d’application du principe de précaution


Le domaine privilégié d’application du principe de précaution est cité par l’article 5 de la Charte de l’environnement : il
s’agit de l’environnement. On comprend que les risques de pollution en tous genres peuvent ainsi être combattus
même si n’est pas connue l’exacte portée de leurs conséquences sur la nature.

Ainsi sont interdits certains pesticides ou la fracturation hydraulique au service de l’exploitation des gaz de schiste.
Mais la jurisprudence a donné des illustrations de la pertinence de ce principe juridique dans d’autres cadres, comme
dans celui de la santé publique : certains médicaments ou composants sont interdits alors même qu’un doute peut
exister sur leur nocivité, comme dans le cas du Bisohénol A ; parfois un vaccin est diffusé de façon très systématique
par le Ministère de la santé, alors qu’on ne connaît pas avec précision les ravages possibles d’une épidémie.

Un autre cadre d’application du principe de précaution est celui de la sécurité alimentaire, imposant aux professionnels
le principe de la traçabilité de la viande mise sur le marché ou interdisant certaines techniques ou expérimentations
agricoles, comme les cultures à base d’organismes génétiquement modifiés (OGM).
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2. Mettre en œuvre l’obligation de sécurité dans les ventes de biens


et services

A. L’obligation à la charge des vendeurs professionnels


1. L’obligation légale de sécurité

Le risque sécurité existe en matière de vente de biens ou de prestation de services.


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En effet, selon le Code de la consommation, les produits et les services doivent présenter la sécurité à
laquelle on peut légitimement s'attendre et ne pas porter atteinte à la santé des personnes ; le respect de
cette règle est exigé non seulement en cas d’utilisation dans des conditions normales, mais aussi dans
d’autres conditions dès lors qu’elles sont « raisonnablement prévisibles par le professionnel ».

La loi oblige également le professionnel, producteur ou distributeur, :


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2.L’obligation de sécurité selon la jurisprudence

La portée de l’obligation de sécurité incombant au professionnel a été élargie par la jurisprudence.


A l’origine c’est le transporteur, comme la SNCF ou la RATP, qui se voit contraint d’indemniser tout
passager qui n’arrive pas sain et sauf à destination. Puis l’obligation de garantir l’intégrité physique du client
est mise à la charge de tout exploitant de téléski, d’un centre de loisirs, d’une piscine, etc.
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Source d’équité à l’égard des consommateurs, cette règle a le mérite également de servir efficacement la
prévention des risques dans de nombreuses situations contractuelles.

B. Le rôle des pouvoirs publics en cas de danger grave et immédiat


Différents organes et institutions interviennent pour faire face aux dangers qui peuvent résulter de l’activité
des producteurs et distributeurs. Ainsi, toute personne physique ou tout groupement, en particulier
association de défense des consommateurs, peut ……………………………………………………………………………………….
……………………………………………………………………………… sur la présence d’un produit dangereux sur le marché.
Cette commission peut alors enquêter, émettre des avis et alertes et même prendre des mesures d’urgence
à l’encontre de la diffusion de ce produit. Surtout, elle peut alerter le gouvernement. Ce dernier a le pouvoir
d’adopter un arrêté de suspension ou d’interdiction de vente ou d’importation de tout produit susceptible
de faire naître des risques pour les utilisateurs.
Eventuellement, ……………………………………………………………………………………………………………………………………………… .
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qui est chargée de faire appliquer certaines mesures, soit temporaires soit permanentes, décidées par le
gouvernement : une obligation d'information à la charge du professionnel, une injonction de mise en
conformité du produit contesté, le retrait du marché d’un produits dangereux, la suspension de sa
commercialisation. La variété de ces mesures permet d’agir de façon proportionnée au danger.

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