1 Sources principales
Brochure du Bureau International des Poids et Mesures (BIPM), 8ème édition (2006)
http://www.bipm.org/utils/common/pdf/si_brochure_8_fr.pdf
http://www.utc.fr/~tthomass/Themes/Unites/
2 Physique et mesure
Classiquement, mesurer une grandeur consiste à la comparer à une grandeur de même nature
choisie comme unité.
Le développement scientifique, technique et industriel exige que les mesures aient la même
signification pour tous. Ce résultat pourrait être atteint en choisissant, pour chaque grandeur
à mesurer, un étalon définissant avec précision une unité universellement admise.
L'uniformité des mesures serait alors assurée. Mais le choix, la conservation, le
perfectionnement des étalons et le rattachement de chaque mesure à son étalon particulier
exigeraient un travail immense.
Ceux-ci définissent directement les unités de base : mètre, kilogramme, seconde, ampère,
kelvin, candela, mole.
Les unités dérivées s'en déduisent à l'aide de relations de définition, relations physiques
entre les grandeurs de base et les grandeurs dérivées.
L'unité de force du SI, par exemple, est le newton, force qui, appliquée à une masse d'un
kilogramme, augmente sa vitesse, en une seconde, d'un mètre par seconde. Cette
définition ne fait appel qu'aux unités de base (m, kg, s) et à la relation :
Aussi a-t-on attribué aux Anciens l'idée de prendre dans la Nature même, le prototype de
leurs mesures, afin d'en assurer l'invariabilité (d'après Paucton, mathématicien du XVIIIème, les
mesures de toute l'Antiquité auraient eu pour prototype ce qu'il appelle métrétès linéaire ou
pied géométrique, dont 800 feraient un stade égal à la longueur d’un arc d’1/100 de degré du
méridien terrestre)
Plus raisonnablement, on peut aussi soutenir que les
premières mesures ont été prises des dimensions du
corps humain ; et c'est ce que confirment les noms
de pas, coudée, pied, palme, pouce, doigt employés
si longtemps et même aujourd'hui encore.
En France, dès l'an 650, sous Dagobert, les étalons de mesures étaient conservés dans le palais
du roi.
Sous Charlemagne, toutes les mesures employées dans son vaste royaume étaient uniformes,
et reproduisaient les étalons gardés au palais royal. Mais déjà sur la fin de son règne, cette
égalité commençait à s'altérer.
Dans la suite, la plupart des coutumes attribuèrent aux seigneurs hauts justiciers le droit de
garder les étalons et de vérifier les poids et mesures employés dans les justices de leurs
ressorts. Selon toutes les apparences, la grande diversité des poids et des mesures fut due
surtout à la Féodalité, chaque seigneur ayant introduit dans ses terres des usages conformes
à ses intérêts.
Les seigneurs avaient tendance à minimiser le contenu des mesures de manière à augmenter
l'impôt et taxe, et à maximaliser les mêmes mesures pour acheter. En général, ils achetaient à
mesure comble et vendaient à mesure rase. La manière de remplir la mesure permet d'en
faire varier le contenu. Les meuniers faisaient toujours tourner le moulin lorsqu'ils recevaient
le grain, les vibrations tassaient le grain dans les mesures, augmentant la quantité, ce qu'ils
évitaient de faire lorsqu'ils rendaient la farine.
D'ailleurs, les mesures de Paris, qu'il s'agissait d'imposer à tous, n'offraient aucun caractère
qui justifiât réellement un tel privilège. Et l'on pouvait objecter que l'usure des étalons ferait
disparaître bientôt l'uniformité, supposée rétablie, ramenant une diversité plus grande
encore que celle qu'on voulait faire disparaître.
Pour les poids, l'étalon était la pile, dite de
Charlemagne, fabriquée vers le dernier tiers du
XVème siècle à partir d'étalons remontant à
Charlemagne suivant la légende était conservée à
l’hôtel la Monnaie à Paris.
Aussi distingue-ton le marc creux, le marc plein ou divisé et le marc moyen. Le marc moyen
est le plus simple, c’est le 50ème du total. Il est parfois appelé marc contenu dans la pile. Le
marc plein ou marc divisé correspond à l’ensemble des 7 poids contenus dans le marc creux.
Par définition depuis Philippe Auguste, le marc vaut 4608 grains et donc la pile, 115 200
grains. (un marc = 8 onces, une once = 8 gros, un gros = 3 deniers, un denier = 24 grains).
La « livre poids de marc » (0,4895 kg) correspond au 1/25 de l'étalon pesant 50 marcs, soit
12,2377 kg (le marc servant pour fixer le poids des monnaies et les transactions sur les
métaux précieux).
Au Moyen âge, l'étalon prototype royal de longueur
était la « toise de Paris » ou Toise du Châtelet ; il
s’agissait d’une barre de fer munie de deux ergots, fixée
dans un mur scellée au pied de l'escalier du Grand
Châtelet de Paris (ouvrage de défense qui protégeait le
pont d’accès à l’île de la Cité, qui a été détruit en 1802).
En 1540, François Ier tente la création d’un étalon de longueur universel « l’aune de Paris » ou
« aune du Roy » ayant pour valeur 4 pieds romains ou 3 pieds, 7 pouces, 8 lignes de « Pied du
Roy ». Seuls les marchands d’étoffe l’utiliseront, mais sa valeur est plus proche de 3 pieds, 7
pouces, 10 lignes et 10 points.
Remarque : les subdivisions « naturelles »
Le système base 12 (série b) est très pratique, puisqu'on peut définir facilement la moitié, le
tiers et le quart. Il a été retenu pour la division des mesures de temps et des angles.
Le système base 10 (série c) existait déjà ; un quintal (du latin centenarium) faisait 100 livres.
L'homme possède 10 doigts mais également 28 phalanges et ce nombre 28, issu d'une
progression à base 7, avait ses adeptes (un enfant naît au bout de 10 cycles de 28 jours).
Vers 1667, un affaissement d’un pilier du Grand
Châtelet entraîne une déformation de la toise étalon
et Colbert, surintendant des Bâtiments, Arts et
Manufactures la fait restaurer mais les maçons
trouvent la nouvelle toise plus courte de 0,5% (erreur
de 5 lignes, inacceptable même pour l’époque) que
leur propre étalon appelé « toise de l'Écritoire »
pourtant copie conforme de l’ancienne toise du
Châtelet.
Enfin, épuisant complètement le sujet, il donne un moyen facile pour retrouver partout et
facilement les mesures qu'il propose : pour cela il les relie à la longueur du pendule à seconde
(qui fait une oscillation, c’est-à-dire une demi période, en une seconde) et, par diverses
expériences fort concordantes, il trouve que sa virgula est de la même longueur que le
pendule simple qui, à Lyon, exécute 3 959,2 oscillations en une demi-heure.
On voit que le projet de Mouton est, sans aucune différence de
principe, celui qui a été réalisé par notre Système métrique.
Pour les monnaies, Prieur propose les dénominations de décime et de centime pour désigner
le dixième et le centième de la livre monnaie.
Au commencement du règne de Louis XVI, Turgot, contrôleur
général des finances, voulut aussi établir l'uniformité des
mesures, en les basant sans doute sur la longueur du pendule à
seconde pour la latitude de 45°. On devait aussi réunir les
comparaisons des mesures de province aux mesures de Paris.
Mais, soit en raison de difficultés imprévues, soit par suite du
remplacement de Turgot, ce projet n'eut pas plus de suite que
les précédents. Necker étudia également, mais sans grande
confiance, les moyens de rendre les poids et les mesures
uniformes dans tout le royaume.
En juin 1791, Cassini se contente de visiter avec Méchain une base près de Paris. Monge et
Legendre ne font presque rien. Meusnier, quant à lui, part pour l’armée du Rhin et se fait tuer
en 1793. Delambre, qui vient d’entrer à l’Académie des Sciences est alors désigné pour les
remplacer.
Il aura fallu plus de cent triangles pour jalonner l’arc du méridien ; sur ce parcours les deux
géodésiens connaissent bien des mésaventures : mauvaise visibilité, arrestations, révocations
temporaires, endommagement et destruction de leurs ouvrages géodésiques…
Cercle répétiteur n°IIII modèle de Borda (1791-1792) vue
d'ensemble avec cercle en position horizontale
Et le temps ?
Durant la Première République, le temps
décimal fut officiellement introduit en
France par le décret du 4 frimaire de
l'An II (24 novembre 1793) : le jour, de
minuit à minuit, est divisé en dix parties
ou heures, chaque partie en dix autres,
ainsi de suite jusqu’à la plus petite
portion commensurable de la durée. La
centième partie de l'heure est appelée
minute décimale ; la centième partie de
la minute est appelée seconde décimale.
Les unités CGS cohérentes choisies pour les domaines de l’électricité et du magnétisme
s’étant avérées mal commodes, le BAAS et le Congrès international d’électricité, qui précéda
la Commission électrotechnique internationale (CEI), approuvèrent, dans les années 1880,
un « système mutuellement cohérent d’unités pratiques ». Parmi celles-ci figuraient l’ohm
pour la résistance électrique, le volt pour la force électromotrice et l’ampère pour le
courant électrique.
Après la signature de la Convention du Mètre le 20 mai 1875, le Comité international se
consacra à la construction de nouveaux prototypes, choisissant le mètre et le kilogramme
comme unités de base de longueur et de masse.
En 1889 la première Convention Générale des Poids et Mesures (CGPM) sanctionna les
prototypes internationaux du mètre et du kilogramme. Avec la seconde des astronomes
comme unité de temps, ces unités constituaient un système d’unités mécaniques
tridimensionnel similaire au système CGS, mais dont les unités de base étaient le mètre, le
kilogramme et la seconde, le système MKS.
En 1901, le physicien italien Giovanni Giorgi (1871-1950)
montra qu’il était possible d’associer les unités mécaniques
de ce système mètre-kilogramme-seconde au système
pratique d’unités électriques pour former un seul système
cohérent quadridimensionnel en ajoutant à ces trois unités
de base une quatrième unité, de nature électrique, telle
que l’ampère ou l’ohm, et en rationalisant les expressions
utilisées en électromagnétisme.
À la suite d’une enquête internationale effectuée par le Bureau international à partir de 1948,
la Dixième CGPM, en 1954, approuva l’introduction de l’ampère, du kelvin et de la candela
comme unités de base, respectivement pour l’intensité de courant électrique, la température
thermodynamique et l’intensité lumineuse.
La Onzième CGPM donna le nom Système international d’unités (SI) à ce système en 1960.
Lors de la Quatorzième CGPM, en 1971, la mole fut ajoutée au SI comme unité de base pour la
quantité de matière, portant à sept au total le nombre d’unités de base du SI tel que nous le
connaissons aujourd’hui.
3 Les deux classes d’unités SI
On distingue deux classes d’unités SI :
Du point de vue scientifique, la division des unités SI en ces deux classes est arbitraire car elle
n’est pas imposée par la physique.
La deuxième classe des unités SI est celle des unités dérivées. Ce sont les unités qui sont
formées en combinant les unités de base d’après des relations algébriques qui lient les
grandeurs correspondantes. Les noms et les symboles de ces unités sont exprimés à l’aide des
noms et symboles des unités de base. Certains d’entre eux peuvent être remplacés par des
noms et des symboles spéciaux qui peuvent être utilisés pour exprimer les noms et symboles
d’autres unités dérivées
Les unités SI de ces deux classes forment un ensemble cohérent d’unités, au sens donné au
mot cohérent par les spécialistes, c’est-à-dire un système d’unités liées entre elles par des
règles de multiplication et division sans facteur numérique autre que le facteur 1.
Il est important de souligner que chaque grandeur physique n’a qu’une seule unité SI,
même si cette unité peut être exprimée sous différentes formes. Par exemple, le Joule et
l’électron-volt sont deux unités différentes de la grandeur physique « énergie ».
L’inverse, toutefois, n’est pas vrai ; une même unité SI peut dans certains cas être employée
pour exprimer les valeurs de grandeurs différentes. Par exemple, le Joule est l’unité à la fois
du travail d’une force et de l’énergie.
4 Unités SI de base
Les définitions officielles de toutes les unités de base du SI sont approuvées par la
Conférence générale.
La première de ces définitions fut approuvée en 1889 et la plus récente en 1983.
Ces définitions sont modifiées de temps à autre pour suivre l’évolution des techniques de
mesure et afin de permettre une réalisation plus exacte des unités de base.
4.1 Unité de longueur (mètre)
Cette définition a pour effet de fixer exactement la vitesse de la lumière à 299 792 458 m·s-1.
L’ancien prototype international du mètre, qui fut sanctionné par la 1re CGPM en 1889, est
toujours conservé au BIPM dans les conditions fixées en 1889.
4.2 Unité de masse (kilogramme)
Le prototype international du kilogramme, en platine iridié,
est conservé au Bureau international dans les conditions
fixées par la 1re CGPM en 1889 lorsqu’elle sanctionna ce
prototype et déclara :
Pour donner plus de précision à la définition de l’unité de temps, la 11e CGPM (1960)
sanctionna une définition, donnée par l’Union astronomique internationale, qui était fondée
sur l’année tropique (l'intervalle de temps dans lequel la longitude moyenne du Soleil sur son
orbite apparente, qu'est l'écliptique, croît de 360°).
Cependant, les recherches expérimentales avaient déjà montré qu’un étalon atomique
d’intervalle de temps, fondé sur une transition entre deux niveaux d’énergie d’un atome ou
d’une molécule, pouvait être réalisé et reproduit avec une exactitude beaucoup plus élevée.
Lors de sa session de 1997, le Comité international a confirmé que cette définition se réfère
à un atome de césium au repos, à une température de 0K.
4.4 Unité de courant électrique (ampère)
Des unités électriques, dites « internationales », pour le courant et pour la résistance, avaient
été introduites par le Congrès international d’électricité, tenu à Chicago en 1893, et les
définitions de l’ampère « international » et de l’ohm « international » furent confirmées par
la Conférence internationale de Londres en 1908.
Bien qu’une opinion unanime de remplacer ces unités « internationales » par des unités dites
« absolues » fût déjà évidente à l’occasion de la 8e CGPM (1933), la décision formelle de
supprimer ces unités « internationales » ne fut prise que par la 9e CGPM (1948) qui adopta
pour l’ampère, unité de courant électrique, la définition suivante proposée par le Comité
international :
L’expression « unité MKS de force » qui figure dans le texte original de 1946 a été remplacée
ici par « newton », nom adopté pour cette unité par la 9e CGPM.
Cette définition a pour effet de fixer la perméabilité du vide à 4π 10-7 H · m-1 exactement.
4.5 Unité de température thermodynamique (kelvin)
La définition de l’unité de température thermodynamique fut en fait donnée par la 10e CGPM
(1954) qui choisit le point triple de l’eau comme point fixe fondamental en lui attribuant la
température de 273,16 K par définition.
La 13e CGPM (1967-1968) adopta le nom kelvin (symbole K) au lieu de « degré Kelvin »
(symbole °K) et définit l’unité de température thermodynamique comme suit :
Exemple : le point triple de l'eau est à : T = 273,16 K (soit 0,01 °C) et P = 611 Pa (soit 0,006
atm).
t = T - T0 .
L’unité de température Celsius est le degré Celsius, symbole °C, égal à l’unité kelvin par
définition. Un intervalle ou une différence de température peut s’exprimer aussi bien en
kelvins qu’en degrés Celsius.
La valeur numérique d’une température Celsius t exprimée en degrés Celsius est donnée par la
relation :
T(°C) = T(K) - 273,15.
4.6 Unité de quantité de matière (mole)
Après la découverte des lois fondamentales de la chimie, on a utilisé, pour spécifier les
quantités des divers éléments ou composés chimiques, des unités portant par exemple les
noms de « atome-gramme » et « molécule-gramme ». Ces unités étaient liées directement aux
« poids atomiques » et aux « poids moléculaires » qui étaient en réalité des masses atomiques
et moléculaires relatives.
Les « poids atomiques » furent d’abord rapportés à celui de l’élément chimique oxygène, pris
par convention égal à 16.
Mais, tandis que les physiciens séparaient les isotopes au spectromètre de masse et
attribuaient la valeur 16 à l’un des isotopes de l’oxygène, les chimistes attribuaient la même
valeur au mélange (de composition légèrement variable) des isotopes 16, 17 et 18 qui
constitue l’élément oxygène naturel. Un accord entre l’Union internationale de physique pure
et appliquée (UIPPA) et l’Union internationale de chimie pure et appliquée (UICPA) mit fin à
cette dualité en 1959-1960.
Depuis lors, physiciens et chimistes sont convenus d’attribuer la valeur 12, exactement, au «
poids atomique », ou selon une formulation plus correcte à la masse atomique relative, de
l’isotope 12 du carbone (carbone 12, 12C). L’échelle unifiée ainsi obtenue donne les valeurs des
masses atomiques relatives.
1.La mole est la quantité de matière d’un système contenant autant d’entités élémentaires
qu’il y a d’atomes dans 0,012 kilogramme de carbone 12 ; son symbole est « mol ».
2. Lorsqu’on emploie la mole, les entités élémentaires doivent être spécifiées et peuvent
être des atomes, des molécules, des ions, des électrons, d’autres particules ou des
groupements spécifiés de telles particules.
En 1980, le Comité international a approuvé le rapport du CCU (1980) qui précisait que dans
cette définition, il est entendu que l’on se réfère à des atomes de carbone 12 non liés, au
repos et dans leur état fondamental.
4.7 Unité d’intensité lumineuse (candela)
Les unités d’intensité lumineuse fondées sur des étalons à flamme ou à filament
incandescent, qui étaient en usage dans différents pays avant 1948, furent d’abord
remplacées par la « bougie nouvelle » fondée sur la luminance du radiateur de Planck (corps
noir) à la température de congélation du platine.
Cette modification avait été préparée dès avant 1937 par la Commission internationale de
l’éclairage (CIE) et par le Comité international ; la décision fut prise par le Comité
international en 1946. Elle fut ratifiée en 1948 par la 9e CGPM qui adopta pour cette unité
un nouveau nom international, la candela (symbole cd) ; en 1967, la 13e CGPM donna une
forme amendée à la définition de 1946.
La candela est l’intensité lumineuse, dans une direction donnée, d’une source qui émet
un rayonnement monochromatique de fréquence 540.1012 hertz et dont l’intensité
énergétique dans cette direction est 1/683 watt par stéradian.
Tableau récapitulatif des étalons fondamentaux.
4.8 Unités de base et Symboles des unités de base
Les unités de base du Système international sont rassemblées dans le tableau ci-dessous
avec leur nom et leur symbole ; elles sont mises en vis-à-vis de la grandeur physique
qu’elles servent à mesurer, et de leur dimension :
5 Unités SI dérivées
Les unités dérivées sont des unités qui peuvent être exprimées à partir des unités de base au
moyen des symboles mathématiques de multiplication et de division.
Certaines unités dérivées ont reçu des noms spéciaux et des symboles particuliers qui
peuvent eux-mêmes être utilisés avec les symboles d’autres unités de base ou dérivées pour
exprimer les unités d’autres grandeurs.
5.1 Unités exprimées à partir des unités de base
Par souci de commodité, certaines unités dérivées, qui sont mentionnées au tableau 3, ont
reçu un nom spécial et un symbole particulier.
Ces noms et symboles peuvent eux-mêmes être utilisés pour exprimer d’autres unités
dérivées : quelques exemples figurent au tableau 4.
Les noms spéciaux et les symboles particuliers permettent d’exprimer, sous une forme
condensée, des unités fréquemment utilisées.
Exercices de réduction d’unités aux unités de base
Solution :
Principales unités Autres unités
Cette unité de mesure d'énergie correspond à l'énergie consommée par un appareil d’une
puissance de 1 000 watts (1 kW) pendant une durée d'une heure.
Elle est surtout utilisée pour mesurer l'énergie électrique, aussi bien
l'énergie générée (générateur électrique...) que consommée (plaque de
cuisson...).
Un appareil électrique consommant une puissance d'un watt (1 W) (la mise en veille d'un
téléviseur par exemple) utilise 8,77 kWh durant un an.
Le kWh est aussi utilisé pour d'autres formes d'énergie que l'électricité. Par exemple, un
litre de mazout représente 10 kWh, un kilo de bois: 4 kWh.
On utilise aussi d'autres préfixes, par exemple :
La calorie n'a jamais fait partie du SI. Depuis le 1er janvier 1978, le SI prévoit pour son
remplacement le joule (symbole J). La calorie reste employée en diététique mais est
largement abandonnée dans les autres domaines, à l'exception peut-être de la chimie.
Il existe aussi une « grande calorie » (symbole Cal), notamment employée par les
nutritionnistes, égale à la kilocalorie (symbole kcal), soit 1 000 calories ou 4 186 joules. Il y a
donc une certaine ambiguïté entre les calories annoncées (qui sont en fait des kcal)et les
calories lues sur les emballages alimentaires.
En cas de travail de faible intensité, l'apport calorique se monte à un maximum de 2000 kcal
par jour chez la femme et de 2300 kcal par jour chez l'homme.
Pour les personnes effectuant des travaux lourds, la limite journalière se situe à 3100 kcal
chez la femme et 3500 kcal chez l'homme.
Si l'on veut perdre du poids, l'apport calorique journalier devrait être inférieur de 500 à 1000
kcal au besoin journalier normal.
6 Ordres de grandeurs en physique
L’ordre de grandeur d’un résultat numérique, exprimant une mesure, dans une certaine
unité, est la puissance de 10 la plus proche de ce résultat.
Deux résultats (exprimés dans la même unité) seront du même ordre de grandeur si le
quotient de la plus grande valeur par la plus petite est compris entre 1 et 10.
Exemple : les ordres de grandeur de longueurs
Du noyau atomique aux galaxies les plus lointaines, les longueurs s’échelonnent sur 41 ordres
de grandeur, de 10-15 m à 1026 m.
7 Multiples et sous-multiples décimaux des unités SI : préfixes SI
La 11e CGPM (1960) a adopté une série de préfixes et symboles de préfixes pour former les
noms et symboles des multiples et sous-multiples décimaux des unités SI de 1012 à 10-12.
Les préfixes pour 10-15 et 10-18 furent ajoutés par la 12e CGPM (1964), ceux pour 1015 et 1018
par la 15e CGPM (1975) et ceux pour 1021, 1024, 10-21 et 10-24 par la 19e CGPM (1991).
Les préfixes et symboles de préfixes qui ont été adoptés figurent au tableau 5.
Quelques exemples en électricité
Solution :
Exercices
L’utilisation rationnelle des préfixes permet d’exprimer plus simplement le résultat d’une
mesure, en utilisant le préfixe adapté à son ordre de grandeur.
Quelques exemples (source wikipedia :
http://fr.wikipedia.org/wiki/Cat%C3%A9gorie:Ordre_de_grandeur ):
Echelle de puissances :
Picowatt (10-12 watt)
1 pW : consommation de la puissance moyenne d'une cellule humaine.
2,5 pW : intensité sonore (par cm2) pour le seuil de l'audition humaine à 1 000 Hz,
soit 1 phone ou 0 dB.
150 pW : puissance entrant dans un œil humain d'une lampe de 100 watt à 1 km.
Microwatt (10-6 watt)
1 µW - Tech : consommation approximative d'une montre bracelet à quartz.
Watt
60 W : la puissance typique d'une ampoule à incandescence de type plafonnier.
Kilowatt (103 watt)
1 kW à 2 kW : puissance d'une bouilloire électrique domestique
Mégawatt (106 watt)
3 MW puissance de sortie mécanique d'une locomotive diesel.
Gigawatt (109 watt)
2,1 GW : la puissance générée par le barrage d'Assouan.
3 GW : la puissance thermique générée approximative du plus grand réacteur
nucléaire du monde.
Térawatt (1012 watt)
3,327 TW : la puissance totale consommée (gaz, électricité, etc.) des USA en 2001.
Pétawatt (1015 watt)
1,25 PW: les pulsations laser les plus puissantes du monde
174,0 PW : la puissance totale reçue par la Terre du Soleil.
D’autres exemples, pas très utilisés pour certains, extraits de l’échelle des masses :
Les qualités de ces étalons auxiliaires varient suivant la précision cherchée. Les meilleurs
sont souvent à peine moins précis que l'étalon fondamental lui-même. Certains sont
simplement des répliques de l'étalon : c'est le cas des prototypes nationaux et des témoins
du kilogramme ; d'autres, déclassés par le choix d'un nouvel étalon (anciens prototypes du
mètre en platine iridié, points de fusion et d'ébullition de l'eau, mole d'hydrogène),
continuent une carrière fort honorable. Les « prétendants » au titre d'étalon fondamental
qui ont fait ou font l'objet d'études très poussées (radiations du krypton, du mercure, du
cadmium, horloges à hydrogène, quelques radiations moléculaires observables en
absorption) fournissent aussi des étalons auxiliaires de choix.
L'accélération due à la pesanteur, la masse volumique de l'eau et celle du mercure sont
universellement employées pour rattacher aux unités fondamentales les mesures des
grandeurs dérivées qui font intervenir une force, un volume ou une pression ; de même,
diverses températures de changements d'état (points fixes), pour la thermométrie, et les
piles et résistances « étalons » en électricité, servent couramment aux étalonnages les plus
précis.
Les valeurs listées ci-dessous sont des valeurs dont on a remarqué qu'elles semblaient
constantes et indépendantes de tous paramètres utilisés, et que la théorie suppose donc
réellement constantes.
Les constantes sans dimension, comme la constante de structure fine, ne dépendent pas
du système de poids et mesures utilisé. Les autres auraient évidemment des valeurs
différentes dans des systèmes différents.
Des systèmes ont été proposés sur la base d'une fixation à 1 du plus grand nombre de
constantes possible, mais n'ont pas connu grand succès dans le grand public pour le
moment, mais les physiciens les utilisent.
Constantes universelles
Constantes électromagnétiques
Constantes astronomiques
Constantes physico-chimiques
Constantes atomiques et nucléaires
10 Analyse dimensionnelle
L'analyse dimensionnelle est un outil théorique servant à interpréter les problèmes à partir
des dimensions des grandeurs physiques mises en jeu.
L'analyse dimensionnelle repose sur le fait que ne peuvent être comparées que des
grandeurs ayant la même dimension : il est possible de comparer deux longueurs entre
elles, mais pas une longueur et une masse entre elles par exemple.
L’équation aux dimensions est la formule qui permet de déterminer la dimension dans
laquelle doit être exprimé le résultat d'une formule.
C'est une équation de grandeurs, c'est-à-dire dans laquelle on représente les phénomènes
mesurés par un symbole ; par exemple, une longueur est représentée par la lettre « L ».
Une grandeur est un paramètre mesurable qui sert à définir un état, un objet. Par exemple,
la longueur, la température, l'énergie, la vitesse, la pression, une force (par exemple le
poids), l'inertie (masse), la quantité de matière (nombre de moles)... sont des grandeurs.
D'une manière générale il est possible d'exprimer la dimension de toutes les grandeurs
physiques en fonction de sept dimensions de base :
longueur L
masse M
temps, ou durée T
intensité électrique I
température Θ
quantité de matière N
intensité lumineuse J
Ainsi, la dimension d'une grandeur est la manière dont elle se compose à partir des sept
dimensions de base.
Par exemple, on dit que « la dimension d'une vitesse est une longueur divisée par une
durée » (on dit aussi « la vitesse est homogène à une longueur divisée par une durée). On
note ceci de manière abrégée par une équation aux dimensions :
La composition peut devenir plus complexe. Ainsi, la force a la dimension d'une masse
multipliée par une longueur et divisée par une durée au carré :
Rappel : un ressort attaché à une masse et étiré ou comprimé d’une distance x par rapport
à sa longueur d’équilibre l0 exerce sur la masse une force F=k.x, où k est appelée raideur du
ressort (loi de Hooke).
Etape 1 : Liste des paramètres dont peut éventuellement dépendre T
[m] = M
[k] = [F/x] = M L T-2 L-1 = M T-2
[Xo] = L
[T] = T
Le physicien Taylor suppose a priori que le processus d'expansion de la sphère de gaz dépend
au minimum des paramètres suivants :
le temps t ;
l'énergie E dégagée par l'explosion ;
la masse volumique de l'air ρ.
En réalité, G. I. Taylor n'a pas utilisé ce raisonnement simpliste. Dans sa première publication,
longue de 15 pages, G. I. Taylor utilise l'analyse dimensionnelle pour simplifier les équations
différentielles qui décrivent l'écoulement.
Après de long et difficiles calculs, il obtient finalement la formule très simple suivante :
où intervient la grandeur numérique k(γ) qui dépend de la constante γ qui vaut 1,4 à
température ambiante, mais qui diminue à haute température. Taylor s'étonne ainsi dans son
second article du très bon accord entre la formule et les valeurs mesurées sur les photos et
précise qu'il s'attendait à un moins bon accord. Ce n'est donc qu'a posteriori, grâce aux lourds
calculs de Taylor et à la constatation expérimentale que la température n'intervient pas, que
l'on peut retrouver très élégamment l'expression du rayon du champignon nucléaire en
fonction du temps et de l'énergie de la bombe.
Exercice : période d’un pendule
Soit un pendule simple constitué d’une masse ݉ accrochée à l’extrémité mobile d’un fil de
longueur ݈. On travaille dans le référentiel terrestre où le champ de pesanteur est ݃ .
1) Montrer, par une analyse dimensionnelle, que la période des petites oscillations de ce
pendule s’écrit :
l
T =K
g
où ܭest une constante sans dimension.
Même question pour la fréquence d’une corde tendue. Cette fréquence f dépend de la
longueur l, de la force F appliquée aux extrémités, de la masse µ par unité de longueur, et du
nombre sans dimension n (= harmonique).
Exercice : vibration d’une goutte d’eau
- ܴ, le rayon de la goutte ;
- ߩ, la masse volumique, pour tenir compte de l’inertie ;
- ܣ, la constante intervenant dans l’expression de la force due à la tension superficielle (la
dimension de ܣest celle d’une force par unité de longueur).
f = k1 R a ρ b Ac
On écrira donc :
où ݇1 est ici une constante sans dimension ; ܽ, ܾ et ܿ sont les exposants de ܴ, ߩ et ܣ.
F = a m v + b v²
(où F est la force de gravitation, m1, m2 sont les deux masses qui subissent cette attraction, et r
est la distance qui sépare ces deux masses).
Exercice : déterminez une loi, compatible avec les dimensions, et qui détermine l’accélération
de la pesanteur g en fonction des paramètres gravitationnels de la Terre, à savoir sa masse M,
son rayon R, et la constante de gravitation G.
Exercice : montrez que la masse d'une planète (M), son rayon (R) et sa masse par unité de
volume (ρ) ne sont pas indépendants dimensionnellement, c'est-a-dire que l'on peut les lier
dimensionnellement par une relation.
Exercice : dans l’exercice précédent, donnez la relation qui lie M, R et ρ si la planète est
considérée comme une sphère homogène.
Exercice : montrez qu'il est impossible avec une masse M, un temps T et une longueur R de
construire un nombre sans dimension .
Exercice : une pression P est dimensionnellement le rapport entre une force F et une
surface S: P = F/S. Quelles sont les dimensions de P dans le SI ?
Exercice : montrez qu'une pression P est une énergie E par unité de volume V.
Exercice : déterminez les dimensions dans le SI d'une résistance électrique R via l‘équation
dite de Joule qui lie la puissance dissipée P a l'intensité de courant I et a la résistance R :
P = R.I 2
une puissance étant par définition une énergie par unité de temps.
une vitesse c
une résistance électrique r.
Sachant que ε0 = 8,85419 10-12 et que µ0 = 4π 10-7 dans le SI, déterminez numériquement
ces deux valeurs c et r. L’une de ces valeurs vous rappelle-t-elle quelque chose ?
Annexe 1 : étymologie des noms d’unités
Commençons par les unités de base du Système International.
Le mètre tire son nom du grec metron signifiant mesure qui a donné le suffixe mètre qu'on
trouve dans la plupart des noms d'instruments de mesure.
L’étymologie du gramme est plus complexe. Sous l'Empire romain, le scrupulum était le poids
égal a un vingt-quatrième d'once. Son altération en scripulum amena à tort les Grecs à le
croire dérivé de scribere (écrire) et à le rendre par gramma (signe écrit) qui a donné notre
gramme et que l'on retrouve en suffixe dans les mots tels que télégramme, programme,
diagramme, etc.
Quant à la seconde, brève par définition, elle vient de la francisation écourtée du latin
minutum secundum, qu'on devrait traduire proprement par « menue partie (étymologie de la
minute) résultant de la seconde division de l'heure ».
Pour l’ampère et le kelvin, il ne faut pas chercher bien loin, ce sont les noms des physiciens
français André-Marie Ampère et anglais William Thomson, dit Lord Kelvin.
Quant à la candela, son étymologie est, comme il se doit, lumineuse puisqu'elle est passée
directement du latin (chandelle) au français.
La liste des autres unités SI constitue une longue litanie de noms de savants transformés en
noms communs : hertz, newton, pascal, joule, watt, coulomb, ohm, siemens, weber, tesla,
henry, becquerel, gray et sievert ; enfin Volta et Faraday qui, par suite d'une apocope, ont
donné naissance au volt et au farad.
Tout comme la candela déjà citée, le lux et le lumen proviennent directement du latin où ils
signifient tous les deux « lumière » ; seul leur genre a changé : respectivement féminin et
neutre en latin, ils sont devenus masculins en entrant dans le SI.
Enfin, le radian vient du latin radius (rayon) tout comme l‘hybride stéradian dont la
première syllabe est issue du grec stereos (solide).
Comme la seconde, la minute est une « menue division » du temps ; elle se rattache donc à
l'adjectif latin minutus (menu) par l'intermédiaire du latin médiéval minuta. L'étymologie
d'heure, du latin hora transformé d'abord en ore et eure, ne pose guère de difficulté. Tel n'est
pas le cas, en revanche, pour le jour qui se rattache au latin classique dies par le latin
populaire diurnus et par l'ancien français jorn.
Le bar (unité de pression) a une étymologie simple puisqu'il dérive du grec baros (poids,
pesanteur) qu'on retrouve dans le baryum, métal ainsi nommé à cause de son poids élevé et
dans le baryton, chanteur qui émet un son grave.
Le degré, qu'il soit Celsius ou d'angle, se rattache à l'ancien français gré qui avait lui aussi le
sens propre de marche d'escalier tout comme son doublet gras. Gré est lui-même tiré du latin
gradus, tout comme le grade.
Abordons aussi l'étymologie des préfixes de multiples et sous-multiples, compléments
indispensables des noms d'unités.
La logique de départ était simple : des préfixes grecs pour les multiples et des préfixes latins
pour les sous-multiples. C'est ainsi qu'à déci, centi et milli, tirés de decimus (dixième),
centesimus (centième) et millesimus (millième) font pendant déca, hecto et kilo, construits
sur deka (dix), hekaton (cent), et khilioi (mille).
Les choses se sont gâtées lorsqu'on a voulu gagner quelques ordres de grandeur puisque,
pour traduire le millionième, on a choisi le mot grec micros (petit), transformé en micro,
plutôt qu'un mot latin. Rien à dire, en revanche, sur méga formé sur le grec megas (grand).
Quand, en 1960, on a voulu exprimer les puissances neuvième et douzième de 10, on a réussi
à trouver d'autres racines grecques : le géant gigas a donné giga et le monstre teras a donné
téra. Conformément à la logique initiale, pour traduire le milliardième, on a fait appel au mot
latin signifiant le nain, nanus, d'où nano. Mais on a fait une nouvelle entorse à la règle avec
pico, dérivé de l'italien piccolo (petit).
Le dernier coup porté au latin dans la dénomination des sous-multiples est intervenu en 1964
avec l'apparition de femto (10-15) et atto (10-18) tirés des mots danois femten (quinze) et atten
(dix-huit).
Pour les derniers baptêmes de multiples, on a bien respecté la tradition consistant à user de
racines grecques, mais dans des conditions telles que Thalès et Pythagore ont dû se
retourner dans leur tombe !
Remarquant a posteriori que téra (1012, c'est-à dire 10 4x3 était à une consonne près
identique à tétra, préfixe tiré du grec tetras (quatre), on s'est dit que la méthode pourrait
être généralisée. Ainsi, pour 1015 c'est-à-dire 10 5x3 , on a retiré de penta (de pente : cinq) la
consonne n, d'où le disgracieux péta ; et pour 1018, c'est-à-dire 106x3, on a privé de son h
initial le préfixe hexa (de hex : six) d'où exa.
Les quatre derniers préfixes en date furent adoptés en 1991. Zepto provient du latin septem
et du français « sept », car égal à 1/10007. De la même manière, Yocto provient du grec όϰτώ,
huit, car égal à 1/10008.
Yotta provient du grec ancien ὀκτώ, októ, « huit », car égal à 10008 et zetta provient du
français sept, car égal à 10007.
Annexe 2 : typographie des unités