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Odontologie/Orthopédie dentofaciale 1
23-474-C-10 ¶ Étiopathogénie de l’obstruction nasale et conséquences sur la croissance maxillofaciale
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2 Odontologie/Orthopédie dentofaciale
Étiopathogénie de l’obstruction nasale et conséquences sur la croissance maxillofaciale ¶ 23-474-C-10
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Figure 4. Croissance du septum nasal. Le septum ethmoïdocartilagineux est un site de croissance primaire, le septum membraneux vomérien est un site de
croissance secondaire adaptatif.
A. À la zone de jonction de ces deux cloisons, le « pied de cloison », zone des conflits.
B, C. À la jonction des trois parties constituantes du septum, une zone de conflit majeure donne naissance à l’éperon septal.
l’amplitude des mouvements respiratoires. Si cette praxie n’est pendant les mouvements respiratoires. Plus tard, les obstruc-
pas acquise dans les premiers mois de la vie, la suppléance tions de l’auvent narinaire se résument à deux causes relative-
ventilatoire orale risque de se pérenniser, même après dispari- ment fréquentes, les sténoses narinaires et le collapsus narinaire.
tion de l’obstruction nasale. Sténoses narinaires
Les sténoses narinaires sont le plus souvent acquises. Chez le
■ Étiopathogénie de l’obstruction nouveau-né prématuré et ventilé, elles sont le fait de l’intuba-
tion endonasale. Elles peuvent se voir également dans les
nasale chez l’enfant séquelles de fentes labio-alvéolo-palatines.
L’obstruction nasale passe souvent inaperçue du fait qu’elle Collapsus narinaire
survient précocement dans les premières années de la vie et que Le collapsus narinaire peut être statique : petit nez pincé ; ou
la gêne ressentie est souvent transitoire. Ce sont les conséquen- dynamique : les ailes du nez se collabent à l’inspiration, au
ces morphogénétiques qui permettent de faire le diagnostic reniflement brutal (syndrome d’aspiration des ailes du nez). Le
rétrospectif d’insuffisance ventilatoire nasale. collapsus narinaire, qu’il soit uni- ou bilatéral, est généralement
Les étiologies dysmorphiques doivent être distinguées des associé à un collapsus de la valve nasale (Fig. 5).
étiologies dysfonctionnelles. Les deux sont souvent associées.
Auvent nasal
Étiologies dysmorphiques de l’obstruction Les obstructions situées au niveau de l’auvent nasal se
nasale résument à deux grandes causes très fréquentes, le collapsus
valvaire et les déviations ou lyses septales antérieures. Ces deux
Les causes dysmorphiques d’obstruction nasale liées à une dernières étiologies ont pour conséquence une pointe nasale
anomalie des structures du nez sont envisagées selon le siège de molle.
l’obstruction, au niveau de l’auvent narinaire, de l’auvent nasal
ou des fosses nasales. Collapsus valvaire
La valve nasale appartient anatomiquement à l’auvent nasal
Auvent narinaire (nez muqueux, fixe) mais dépend physiologiquement de
Chez le nourrisson et le petit enfant, le nez est court, large l’auvent narinaire (nez cutané, mobile). Elle constitue une des
et concave. L’orifice narinaire est arrondi, presque circulaire. régions les plus critiques du flux aérien où une simple anomalie
Largement ouvert, il est animé de battements incessants peut entraîner une augmentation majeure de la résistance
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23-474-C-10 ¶ Étiopathogénie de l’obstruction nasale et conséquences sur la croissance maxillofaciale
nasale. Inversement, l’expansion maxillaire améliore la ventila- survenus spontanément ou provoqués par manœuvres manuel-
tion nasale en augmentant le calibre des fosses nasales et les ou instrumentales (forceps). Le mécanisme de déviation
l’ouverture de la valve nasale [7] (Fig. 5). septale par compression latérale symétrique ou asymétrique des
maxillaires est également possible [10] (Fig. 8).
Déviations septales antérieures
La luxation septale néonatale ne se réduit pas spontané-
Elles succèdent à un traumatisme sur l’auvent nasal qui peut ment [11] et ne s’améliore qu’en apparence. En effet, en
survenir très tôt, soit dans la période périnatale, soit dans l’absence de réduction précoce dans les tout premiers jours qui
l’enfance. Tous ces traumatismes ont en commun de survenir suivent la naissance, le septum luxé du socle prémaxillo-
sur un nez dont les os sont petits et dont les deux tiers du vomérien grandit obliquement. Le développement du nez peut
squelette sont cartilagineux. se faire de deux façons : soit en rectitude au prix d’un recen-
Déviations septales consécutives aux traumatismes nasaux trage du septum, soit en déviation qui s’aggrave avec la crois-
périnataux. Malgré leur extrême fréquence et leur dépistage sance, mais dans les deux cas, il existe une obstruction nasale
aisé, les déviations septales qui surviennent pendant la période (Fig. 9, 10).
périnatale sont souvent méconnues et leurs conséquences Déviations septales consécutives aux traumatismes nasaux
fonctionnelles négligées. Les causes traumatiques sont anténa- de l’enfant. La petite enfance et les premiers pas sont un âge
tales ou néonatales. propice pour les traumatismes nasaux qui passent souvent
Les traumatismes nasaux anténataux sont consécutifs à une inaperçus du fait de la petitesse du nez et de l’importance de
compression de la face du fœtus in utero [8] . Les facteurs l’œdème post-traumatique. La déviation septale antérieure
augmentant la probabilité de compression du nez peuvent être obstrue une fosse nasale et induit très souvent une ventilation
d’origine maternelle ou fœtale. Ils peuvent agir seuls ou en orale. Elle augmente d’autant plus la résistance nasale qu’elle est
combinaison : antérieure, qu’elle s’accompagne d’une pointe nasale molle et
• facteurs maternels : primiparité, petite taille maternelle, utérus que s’y associe une rhinopathie, de plus en plus fréquente du
hypoplasique, malformation utérine, fibrome utérin et bassin fait de la pollution.
rétréci ; Le rétablissement précoce d’une ventilation nasale est essen-
• facteurs fœtaux : engagement prématuré de la tête, présenta- tiel à une bonne croissance faciale et générale de l’enfant.
tion céphalique défléchie, oligoamnios, macrosomie et L’expansion maxillaire orthopédique précoce (Quad-helix) est
grossesse multiple [9]. préférable à tout geste sur le nez et les fosses nasales. L’ablation
En pratique obstétricale, le nez n’est pas pris en compte. Il est précoce des végétations adénoïdes et des amygdales est préco-
considéré comme une « partie molle élastique ». Les traumatis- nisée en cas de gêne ventilatoire avec ronflement.
mes nasaux néonataux des nouveau-nés accouchés par voie Lyses septales antérieures
naturelle se voient plus souvent : Ce mécanisme est d’autant plus vraisemblable que la partie
• chez la femme primipare, surtout si elle est âgée. Dans ce cas, antérieure du septum, située en avant du cadre osseux, est
les tissus utérins sont encore plus résistants. C’est l’occasion beaucoup plus mince (0,4 mm) que la partie postérieure
de souligner que l’âge moyen de la première grossesse est de protégée (3 mm environ) [12, 13]. Les lyses septales antérieures
plus en plus tardif : actuellement, 28 ans en France ; sont aussi redoutables que les déviations septales antérieures. Le
• lorsqu’il existe une dystocie mécanique ou dynamique : cartilage lysé du fait d’un hématome ou d’un abcès localisé est
C dystocie mécanique : une disproportion fœtopelvienne remplacé par du tissu fibreux. Il en résulte un manque de
entraîne une descente difficile de la présentation fœtale soutien de la pointe du nez qui devient molle et afonctionnelle.
dans l’excavation pelvienne ; Lorsque la flaccidité septale atteint la zone de la valve nasale,
C dystocie dynamique : il peut s’agir, soit d’une hypercon- celle-ci perd une partie de son efficience du fait du flottement
tractilité de l’utérus aggravant la compression au niveau de du septum [14].
la face, soit d’une hypocontractilité allongeant la durée du Le traitement est fonction de l’importance de la lyse septale :
• perte de substance limitée : le septum est réintroduit entre les
travail, et par conséquent, la compression de la face.
crus médiales, ce qui entraîne un léger raccourcissement du
Les présentations céphaliques se différencient suivant le degré nez. La qualité du résultat peut être préjugée sur le simple test
de flexion ou de déflexion de la tête fœtale. Dans la présenta- qui consiste à soulever la pointe du nez avec le doigt ;
tion du sommet, la plus fréquente (95 % des cas), la tête fœtale • perte de substance étendue : la partie septale manquante est
se présente fléchie, le menton s’appuie sur la face antérieure du remplacée par un greffon cartilagineux (septal, ou mieux,
thorax et le nez est protégé. Au cours de l’accouchement, les conchal, de manière à ne pas toucher au septum). Le greffon
traumatismes du nez peuvent se produire dans trois circons- est placé, lorsqu’il n’excède pas 5 mm, par voie endonasale
tances : marginale unilatérale.
• lors de la descente de la présentation fœtale dans l’excavation Dans tous les cas, la rigidification de la pointe nasale
pelvienne, du détroit supérieur au détroit inférieur ; s’accompagne d’une amélioration fonctionnelle.
• au cours de la rotation de la tête du fœtus qui accompagne
cette descente et va amener l’occiput en avant sous la Fosses nasales
symphyse pubienne. Le traumatisme nasal ne se produit que Les causes d’obstruction nasale peuvent siéger au niveau de
si la tête fœtale est mal fléchie ; l’orifice piriforme (sténose), des fosses nasales proprement dites
• au cours du dégagement de la tête fœtale en présentation du (anomalies septoturbinales, fosses nasales étroites) et enfin des
sommet, lors du dégagement par déflexion de la tête, le choanes (imperforation, sténose). L’obstruction nasale peut être
massif facial avec le nez est laminé par le périnée postérieur. due également à un corps étranger négligé.
Ce temps est plus long chez la primipare que chez la multi- Sténose congénitale de l’orifice piriforme
pare, ce qui augmente le risque de traumatisme du nez. Il La sténose congénitale de l’orifice piriforme est rarissime. Elle
faut noter l’intérêt de l’anesthésie péridurale qui relâche les est due à un épaississement osseux bilatéral développé aux
tissus et de l’épisiotomie qui raccourcit la période d’expulsion dépens des bords latéraux de l’orifice piriforme (prémaxillaire).
(Fig. 6, 7). Les formes sévères se traduisent par une symptomatologie de
L’articulation entre septum et vomer se soude progressive- détresse respiratoire néonatale qui évoque l’imperforation
ment d’arrière en avant. Le socle vomérien du nouveau-né n’a choanale bilatérale : épisodes d’apnée et de cyanose cyclique qui
pas la qualité rétentive du socle adulte, surtout en avant. Il en cèdent aux cris [15, 16].
résulte une luxation antérieure du septum cartilagineux de son L’examen clinique montre de petites narines et au fond du
socle prémaxillovomérien. vestibule narinaire, un rétrécissement d’origine osseuse qui
Un autre mécanisme jamais rapporté mais tout aussi fréquent limite la filière respiratoire à une fente de 1 à 2 mm, interdisant
et grave par ses conséquences est celui d’un hématome septal tout sondage ou geste endoscopique.
localisé, responsable de lyse septale antérieure (cf. infra). L’examen tomodensitométrique en coupes axiales confirme le
Les déformations de l’auvent nasal et les déviations septales diagnostic de sténose osseuse antérieure en éliminant toute
postérieures, plus rares, sont le fait de traumatismes appuyés autre anomalie des fosses nasales, choanales en particulier.
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Le traitement chirurgical, réservé uniquement aux formes gêne ventilatoire. L’expansion orthopédique maxillaire trans-
sévères, doit être d’autant plus précoce que l’obstruction est mal versale est la solution de choix dès qu’elle est possible. Elle
tolérée. La disjonction intermaxillaire orthopédique rapide par corrige l’endognathie maxillaire en même temps qu’elle élargit
vérin fixé sur deux plaques vissées sur le palais [17] paraît le plancher des fosses nasales et indirectement la valve nasale et
préférable à l’élargissement latéral de l’orifice piriforme [15]. l’espace interseptoturbinal.
La sténose congénitale de l’orifice piriforme est isolée ou
Anomalies septoturbinales et fosses nasales étroites
associée à d’autres anomalies médiofaciales (incisive centrale
unique et volumineuse, hypoplasie de l’auvent narinaire, Les anomalies septales (déviations en regard de la valve
hypotélorbitisme) (Fig. 11). nasale, déviation septale haute ethmoïdale ou éperon septal)
Tout autre est la sténose acquise de l’orifice piriforme qui est sont des causes fréquentes totalement sous-estimées. De même
consécutive, soit à un défaut d’expansion des fosses nasales par l’hypertrophie turbinale ne se limite pas à l’hypertrophie des
obstacle uni- ou bilatéral à la ventilation nasale (quelle qu’en cornets inférieurs (rhinopathie) mais intéresse également les
soit la cause), soit à un défaut d’expansion du prémaxillaire par cornets moyens. Cette hypertrophie qui peut se voir en dehors
agénésie des incisives [18]. Les inclusions dentaires incisivocani- de toute rhinopathie se traduit par une inversion ou surtout par
nes en position vestibulée sont presque toujours dues à une une pneumatisation du cornet moyen (concha bullosa) qui peut
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Figure 7. Nez du nouveau-né.
A. Aspect normal, pointe nasale ferme et symétrique.
B. Luxation septale antérieure, asymétrie narinaire.
C. Pointe nasale molle.
D. Le nez, en pratique obstétricale, n’est pas pris en compte. Il est considéré comme « une partie molle élastique ».
E. Le septum, exposé dans sa partie antérieure, est particulièrement fragile.
se voir dès 10 ans. Ces anomalies endonasales gênent considé- ont constaté un certain nombre de modifications maxillofacia-
rablement la ventilation, d’autant plus que l’œdème chronique les, plus particulièrement nettes dans les formes unilatérales :
de la muqueuse nasale par hypoventilation aggrave l’obstruc- • rétrécissement de la fosse nasale du côté atrésique par
tion nasale. La présence simultanée d’une rhinopathie ou de élévation du plancher, déviation du septum nasal du côté
l’hypertrophie de végétations adénoïdes est encore un facteur atrésique, médialisation de la cloison intersinusonasale. Ces
aggravant. En l’absence de traitement, se développent des fosses anomalies siègent à la partie postérieure des fosses nasales. La
nasales étroites non fonctionnelles où les espaces septoturbi- médialisation de la cloison intersinusonasale est responsable
naux et sinusoturbinaux sont quasi inexistants et où les cornets d’un agrandissement du sinus maxillaire homolatéral ;
inférieurs sont aplatis et allongés verticalement par défaut • endomaxillie et rétromaxillie par défaut de ventilation nasale,
d’enroulement. Cette étroitesse nasale excessive est liée à pouvant induire une asymétrie mandibulaire, voire craniofa-
l’absence de stimulation de la suture médiopalatine par défaut ciale ;
de ventilation nasale et d’expansion alvéolodentaire consécutive • excès vertical antérieur par ventilation orale associée.
à la position basse de la langue (ventilation orale) (Fig. 12).
Le même tableau clinique de fosses nasales étroites peut Étiologies dysfonctionnelles de l’obstruction
s’observer en dehors de toute déformation nasale ou septotur- nasale
binale majeure ; il s’agit alors presque toujours, en dehors Elles comprennent les rhinites et rhinopathies, la polypose
d’anomalies congénitales comme les cranio-facio-sténoses, de nasosinusienne et les polypes.
sujets rhinopathes.
Rhinites et rhinopathies
Imperforation choanale
Les rhinites et les rhinopathies de l’enfant sont généralement
Seules les formes unilatérales quelquefois bien tolérées synonymes de rhinopharyngites. Schématiquement, on peut les
peuvent échapper au dépistage systématique et se révéler par classer en rhinites infectieuses, les plus fréquentes, et en
une asphyxie à l’occasion d’une simple rhinopharyngite, ou rhinopathies inflammatoires qui traduisent un syndrome
encore n’être diagnostiquées que plus tard dans l’enfance ou d’hyperréactivité vasomotrice nasale (rhinites allergique ou
l’âge adulte. Elles se manifestent par une dysperméabilité nasale idiopathique).
unilatérale et surtout par une rhinorrhée mucopurulente Les rhinites allergiques sont une cause fréquente d’obstruc-
unilatérale. tion nasale chez l’enfant avant la puberté (10 % des enfants).
Le diagnostic repose sur l’endoscopie et sur l’examen tomo- Elles se révèlent sur un terrain atopique familial et sont
densitométrique en coupes axiales. favorisées par le tabagisme passif et la pollution atmosphérique
Dans une étude portant sur 11 cas (huit unilatéraux, trois qui, en irritant la muqueuse ventilatoire, facilite la sensibilisa-
bilatéraux) opérés tardivement (3 à 37 ans), Hofmann et al. [19] tion et l’expression clinique de l’atopie (Fig. 13).
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squelettiques, les praxies d’adaptation linguale et labiale et les Enfin, d’autres malformations diminuent la dimension
postures d’adaptation (position avancée de la tête diurne, et verticale postérieure de la mandibule (microramie) et donc le
surtout nocturne, pendant le sommeil). développement oropharyngé : les hypocondylies, les agénésies
condyliennes, les syndromes du premier arc et les ankyloses
Influences des prédispositions constitutionnelles
temporomandibulaires précoces.
et de certains syndromes malformatifs Toutes ces malformations cranio-maxillo-mandibulaires qui
squelettiques s’accompagnent d’hypoplasie mandibulaire, de rétrécissement
L’hérédité ne se manifeste pas uniquement par des similitu- du rhinopharynx par hypoplasie et rétrusion maxillaire, de
des squelettiques, mais aussi par des similitudes de dysfonction limitation de l’ouverture buccale et de troubles de l’appareil
ou d’allergie. musculaire propulseur mandibulaire, peuvent se compliquer
Les prédispositions architecturales constitutionnelles détermi- d’apnées obstructives du sommeil.
nent un type de croissance faciale sur lequel va agir l’obstruc-
tion nasale. Modifications occlusales verticales
Plusieurs syndromes malformatifs favorisent la gêne ventila- Excès verticaux
toire nasale qui aggrave les troubles initiaux de croissance.
Certains agissent primitivement sur la croissance osseuse du L’excès vertical antérieur est la traduction la plus fréquente de
maxillaire comme l’achondroplasie, le syndrome de Binder l’obstruction nasale avec son corollaire, la ventilation orale.
(dysostose maxillonasale), le syndrome de Bimler (microrhino- Cette « face longue » peut être strictement isolée avec occlusion
dysplasie), les craniofaciosténoses (syndromes de Crouzon et de classe I. Mais le plus souvent, elle est associée à une maloc-
d’Apert) et les fentes labio-alvéolo-palatines (par sténose clusion (classe II ou III) et à une béance par interposition
narinaire, déviation septale), le syndrome de Klippel-Feil. antérieure (linguale ou digitale), latérale ou totale (Fig. 14).
L’obstruction nasale aggrave les déformations squelettiques En cas de béance chez le jeune enfant suceur de pouce, il ne
initiales (spirale dysmorphofonctionnelle). faut pas attribuer exclusivement la béance à l’interposition
Les craniofaciosténoses se compliquent également d’une digitale. En effet, le suceur de pouce est souvent un « nez
infiltration des muqueuses par des mucopolysaccharides qui bouché » méconnu, mais reconnaissable à son regard particulier
aggrave l’obstruction nasale. (« œil triste et rond »). De plus, ces enfants complètent souvent
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leur gêne nasale en appuyant leur index replié sur l’auvent et al. [22] : les sujets abaissant la mandibule de façon rythmique
narinaire. à l’inspiration et la relevant à l’expiration ne développaient pas
De même, en cas de brièveté du frein lingual, accusée d’excès vertical antérieur.
naturellement de favoriser une position basse de la langue, il ne En conclusion, ces deux cas de figure opposés, excès et
faut pas ignorer une obstruction nasale souvent associée. insuffisance de la dimension verticale antérieure, ont en
Les béances antérieures (infraclusie) par infra-alvéolies commun d’avoir pour origine une obstruction nasale que l’on
supérieure et/ou inférieure sont souvent secondaires à une retrouve pratiquement toujours si on se donne la peine de la
interposition linguale par dysfonctions linguales (posture de rechercher.
repos en protrusion, déglutition de type primaire, contact
langue-lèvre inférieure) et/ou par hypertrophie relative linguale Modifications occlusales transversales
secondaire à l’hyperactivité musculaire de protraction nocturne
visant à éviter la glossoptôse. Plusieurs formes anatomiques, plus ou moins sévères, se
En cas d’hypotonie musculaire constitutionnelle avec « man- rencontrent en fonction de l’unilatéralité ou de la bilatéralité de
dibule pendante » permanente (myopathies), toutes les condi- l’étroitesse nasale et de l’adaptation occlusale mandibulaire :
tions sont réunies pour créer une croissance verticale excessive. • une étroitesse minime unilatérale entraîne une simple
Insuffisances verticales différence d’inclinaison des procès alvéolaires, verticalisée du
côté mal ventilé, inclinée en vestibuloversion du côté bien
À l’opposé, chez les patients présentant une parafonction par
ventilé ;
crispation des mâchoires ou par bruxomanie, une diminution
de l’étage inférieur de la face avec supraclusie incisive peut • une étroitesse modérée unilatérale aboutit souvent à un bout
s’observer par défaut de croissance ou ingression molaire. à bout dentaire transversal (cuspides antagonistes entrant en
Contrairement à une idée souvent rapportée, le bruxomane contact par leur sommet). Cette situation instable et incon-
n’est pas toujours un sujet qui a une gêne dans la bouche fortable induit une latérodéviation fonctionnelle mandibu-
(interférence occlusale) ; il a bien une gêne, mais celle-ci est laire, de manière à obtenir une occlusion d’intercuspidation
dans le nez : « le bruxomane est avant tout un stressé au nez maximale plus stable, aboutissant à une latéromandibulie
bouché » [1-4]. fonctionnelle (syndrome de Cauhépé et Fieux). La mastica-
Les enfants qui continuent à utiliser les muscles élévateurs tion se fait préférentiellement du côté croisé [23], aboutissant
énergiquement malgré l’obstruction nasale peuvent ne pas à une véritable asymétrie mandibulaire avec croissance
développer un excès vertical antérieur [21]. Cette constatation adaptative condylienne (hypercondylie secondaire adapta-
avait déjà été faite expérimentalement chez le singe par Harvold tive) [24] ;
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A B
Figure 11. Méga-incisive et sténose congénitale
de l’orifice piriforme.
A, B. Traitement par agrandissement de l’orifice
piriforme ou mieux, par disjonction intermaxillaire.
C, D. Cas clinique. Occlusion dentaire et vue pala-
tine.
E. Reconstruction tomodensitométrique tridimen-
sionnelle.
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Enfin, il existe très souvent une classe I d’un côté et une Le rôle de la langue dans la pathogénie des classes II [26, 27] a
classe II de l’autre, l’asymétrie pouvant être de niveau squelet- été mal compris, car la bascule postérieure de la langue est au
tique ou dentaire et de cause multifactorielle (ventilatoire, début physiologique. Si elle perdure, elle est davantage la
occlusale, posturale pendant le sommeil...). conséquence que la cause de la rétromandibulie qu’elle aggrave.
La classe II d’Angle est la malocclusion la plus fréquente. Cette En pratique, chez l’enfant, l’expansion maxillaire et la
grande fréquence est liée, à la fois à l’augmentation de la stimulation fonctionnelle de la croissance mandibulaire doivent
pollution qui rend la muqueuse nasale sensible à la rhinopathie, être préférées aux extractions dentaires pour corriger les
et à la diminution de l’allaitement au sein. L’alimentation par encombrements et la rétromandibulie.
biberon, passive, ne sollicite pas la croissance des cartilages Les classes III d’Angle reconnaissent plusieurs mécanismes,
condyliens et favorise l’installation de terrain atopique (défaut souvent intriqués :
d’anticorps maternel, excès de protéines animales allergisantes). • une rétromaxillie (hypomaxillie) ou une hypoprémaxillie,
Plus tard, l’alimentation molle entretient ce défaut de croissance souvent responsable d’une occlusion croisée antérieure ;
mandibulaire. • une langue basse, hypertrophique et propulsive, généralement
La rétromandibulie physiologique néonatale (décalage de associée à une hypertrophie amygdalienne ;
Schwartz), qui se corrige spontanément entre 12 et 18 mois, • une promandibulie (beaucoup plus rare).
persiste du fait de l’hypomaxillie et de la linguoversion des Les facteurs influençant les variations de croissance (rotation
incisives maxillaires qui bloque la mandibule en position rétruse postérieure avec face longue et/ou béance, rotation antérieure
(facteur de dysfonctionnement de l’appareil manducateur). Les avec face courte et/ou supraclusie) sont communs à ceux déjà
mouvements mandibulaires et la mastication se limitant à des décrits dans les classes II.
mouvements d’ouverture-fermeture, l’absence de mouvements
de latéralité entraîne un défaut de stimulation du cartilage de
croissance condylien (Fig. 16).
Modifications alvéolodentaires
Dans les classes II, division 1, l’interposition du pouce ou de L’obstruction nasale se traduit par des modifications directes
la lèvre inférieure stimule la croissance du maxillaire, corrige la sur l’arcade dentaire maxillaire, tant au niveau du prémaxillaire
linguoversion incisive (voire crée une vestibuloversion) et que du maxillaire, et par des modifications indirectes sur
contribue à la normalisation positionnelle du maxillaire (voire l’arcade dentaire mandibulaire.
à une proalvéolie maxillaire), mais ne rétablit pas l’étroitesse
transversale et favorise l’aggravation de la rétromandibulie. Conséquences sur l’arcade dentaire maxillaire
La croissance mandibulaire se fait en rotation postérieure Les modifications de l’arcade dentaire maxillaire sont sché-
lorsque le sujet adopte une position avancée de la tête pour matiquement décrites selon le secteur dentaire incisivocanin ou
dégager le carrefour aérien, et qu’il ventile la nuit par la bouche. prémolomolaire. Aux rares dysharmonies dentomaxillaires
Ces classes II avec béance sont particulièrement difficiles à (grosses dents sur maxillaires de taille normale) d’origine
traiter et récidivent volontiers si l’obstruction nasale n’est pas congénitale, il faut opposer les encombrements dentaires, très
corrigée. fréquents et toujours liés à un trouble de la ventilation nasale.
La croissance mandibulaire se fait en rotation antérieure Les modifications sont visibles en denture temporaire et, en
lorsque le sujet présente une parafonction par crispation des l’absence de traitement ou d’amélioration spontanée, se retrou-
mâchoires. vent aggravées en denture permanente.
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Figure 15. Modifications occlusales transversales.
A. Occlusion dentaire normale.
B. Modifications de l’inclinaison des procès alvéolodentaires.
C. Occlusion dentaire instable en bout à bout.
D. Occlusion dentaire croisée unilatérale modérée entraînant une latéromandibulie.
E. Occlusion dentaire croisée unilatérale sévère.
F. Occlusion croisée bilatérale modérée.
G. Occlusion croisée bilatérale sévère.
existe un obstacle (éperon, concha bullosa...) au niveau de d’endomaxillie et d’endoalvéolie, responsables d’occlusions
l’espace septoturbinal, qu’il faut alors traiter conjointement. croisées.
À l’inverse, l’agénésie ou l’hypoplasie incisive induit un En denture permanente, la verticalisation des secteurs prémo-
rétrécissement de l’orifice piriforme par défaut de sollicitation lomolaires, voire leur palatoversion, témoignent de l’élongation
de la croissance du prémaxillaire par l’expansion volumique des du masque facial, de la position basse de la langue, de la
germes dentaires. L’obstruction nasale par sténose acquise de tension des muscles buccinateurs et de l’inversion des rapports
l’orifice piriforme est ici de type secondaire. Dans ces cas, occlusaux. Cette verticalisation est plus marquée du côté le plus
l’expansion thérapeutique du prémaxillaire avec aménagement obstrué [32]. En arrière, les dents de sagesse ne trouvant plus
d’espace suffisant pour mise en place d’élément prothétique est assez de place sortent en vestibuloversion ou restent en inclu-
préférable à la mésiogression spontanée ou orthodontique des sion. Les dents de sagesse incluses sont très souvent un signe
dents. En revanche, l’existence d’une méga-incisive doit faire d’une obstruction nasale chronique, passée ou présente, qu’il
évoquer une sténose congénitale de l’orifice piriforme (Fig. 11). faut rechercher.
Secteurs dentaires prémolomolaires Quel que soit le secteur intéressé, devant tout encombrement
En denture temporaire, l’obstruction nasale induit souvent dentaire, il faut évoquer d’autres causes :
une distocclusion molaire. Verticalement, le palais profond et • les anomalies dentaires (mésiodens, gémination des incisives,
ogival témoigne d’une obstruction grave et persistante avec macrodontie vraie responsable de dysharmonie dentomaxil-
ventilation orale. Transversalement, il existe différents types laire) ;
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Figure 16. Aspects cliniques pré- et postopératoires (classe II,2), rhinoplastie fonctionnelle et esthétique avant traitement ODF : la modification du regard
traduit le rétablissement de la fonction nasale. Amélioration spontanée de la fonction labiomentonnière (pas de mentoplastie).
A, B. Vues de face.
C, D. Vues de profil.
E. Occlusion dentaire.
F, G. Aspects tomodensitométriques : nez sous tension, fosses nasales étroites, concha bullosa bilatérale (coupes coronale et axiale des fosses nasales).
• la perte de place secondaire aux extractions précoces de dents ventilatoire est d’être asymétrique, ceci étant lié à la prédomi-
temporaires, notamment des canines. Ces extractions, sou- nance habituelle de l’obstruction nasale dans une des deux
vent préconisées en denture mixte, pour favoriser la mise en fosses nasales. De nombreux types de dissymétries sagittales ou
place des incisives latérales permanentes, entravent l’éruption transversales sont ainsi rencontrés chez les « nez bouchés »
et la mise en place des canines permanentes, imposant pour quelle que soit la classe d’Angle. Ces latérodéviations mandibu-
certains l’extraction quasi systématique des premières prémo- laires fonctionnelles puis organiques doivent être distinguées
laires. Ces extractions s’accompagnent, en effet, d’une perte des déviations mandibulaires positionnelles par déplacement
d’espace liée à la dérive mésiale des secteurs latéraux, à la discal ou des déviations dentaires [36].
linguoversion des incisives et à la contraction transversale de Les encombrements dentaires inférieurs sont corrélés à
l’arcade [33]; l’obstruction nasale.
• les programmes d’extractions sériées aboutissant aux extrac- Dans le secteur incisivocanin mandibulaire, ils sont liés à un
tions de premières prémolaires définitives, réduisent, de déséquilibre entre la pression linguale centrifuge et les pressions
manière sensible et définitive, le volume de l’arcade alvéolo- centripètes excessives induites par :
dentaire ainsi que le volume buccal fonctionnel. • l’encombrement incisivocanin maxillaire (hypoplasie maxil-
En définitive, ces extractions aggravent et concrétisent le laire) ;
défaut de développement maxillaire sans régler le problème • l’interposition digitale ou labiale inférieure (classe II, 1) ;
nasal. Le prémaxillaire est fixé définitivement en position • l’hypertonie de la sangle buccinato-orbiculaire chez les
rétruse. Et, comme souvent, la mandibule est alignée sur le patients présentant une crispation labiomentonnière. Cette
maxillaire. Cela donne des faciès peu projetés par rétrusion hypertonie cède au rétablissement de la ventilation nasale
maxillomandibulaire avec souvent un dysfonctionnement de et/ou à la mentoplastie fonctionnelle.
l’appareil manducateur. C’est la raison pour laquelle, chaque Le rôle de la poussée des dents de sagesse en fin de crois-
fois que cela est possible, l’expansion maxillaire pour adapter sance, souvent évoqué pour justifier la récidive de l’encombre-
l’arcade maxillaire à l’arcade mandibulaire est préférable à ment après orthodontie, a fait l’objet de nombreuses
l’extraction dentaire. Les discussions « extractions versus non- discussions. En fait, dans la plupart des cas, l’évolution des
extractions » peuvent se prolonger indéfiniment si l’obstruction dents de sagesse incluses n’a aucune influence sur l’encombre-
nasale, cause première des encombrements dentaires, n’est pas ment antérieur. L’inclusion n’est pas davantage un signe
prise en compte [34, 35]. d’involution de l’espèce humaine, mais un signe d’obstruction
nasale. Les mouvements d’avancée et de bascule antérieure du
Conséquences sur l’arcade dentaire mandibulaire maxillaire étant limités, il en résulte un encombrement dentaire
Devant tout décalage du point interincisif mandibulaire, il postérieur qui se répercute sur la mandibule. En cas d’extraction
faut évoquer une anomalie maxillaire préexistante. En effet, une de ces dents, il faut en profiter pour contrôler le nez et faire le
des caractéristiques quasi constante des malocclusions d’origine geste éventuel qui s’impose.
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Étiopathogénie de l’obstruction nasale et conséquences sur la croissance maxillofaciale ¶ 23-474-C-10
de toute obstruction nasale persistante. Cette attitude thérapeu- [17] Goga D, Fassio E, Bonin B, Durand JL, Sirinelli D. Sténose congénitale
tique préventive conduit à réduire les besoins de correction de l’orifice piriforme : une cause de détresse respiratoire du nouveau-
ultérieure par ODF ou par chirurgie orthognathique. né. Rev Stomatol Chir Maxillofac 1998;99:203-6.
En pratique, pour éviter les conséquences de l’obstruction [18] Talmant J. Ventilation et mécanique des tissus mous faciaux : en guise
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nasale chez l’enfant, il ne faut pas hésiter à corriger précoce- [19] Hofmann B, Beauvillain de Montreuil C, Delaire J. Répercussion
ment les déviations antérieures du septum, les hypertrophies maxillo-faciale de l’atrésie choanale. À propos de onze cas. Rev
des végétations adénoïdes et/ou des amygdales palatines, plus Stomatol Chir Maxillofac 1985;86:327-33.
rarement les hypertrophies des cornets. En cas d’endomaxillie, [20] Worms G. L’insuffisance respiratoire nasale. Soc Fr ORL Congrès
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Service de stomatologie, chirurgie maxillofaciale et plastique de la face, centre hospitalier universitaire Nord, Chemin des Bourrellys, 13915 Marseille cedex
20, France.
Toute référence à cet article doit porter la mention : Gola R., Richard O., Cheynet F., Brignol L., Guyot L. Étiopathogénie de l’obstruction nasale et
conséquences sur la croissance maxillofaciale. EMC (Elsevier SAS, Paris), Odontologie/Orthopédie dentofaciale, 23-474-C-10, 2006.
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