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nouvelle
critique
L'UNIVERSITE ET L'AVENIR DE LA NATION
par J. Orcel, L. Barrabé, E. Tersen, F. Séclet-Riou,
J. Chambaz, B. Gulon.
r
D Pierre Klotz Les médecins et la santé
Roland Desné 103 décrets sur la culture
Michel Simon
Les rocines sociales de la social-démocratie
dans le département du Nord
Pierrette Le Corre
Itinéraire de Graham Greene
Roger V. Henri La connaissance de l'Univers
André Gisselbrecht « Les Séquestrés d'Altona »
Jean Massin « Le Dernier des Justes»
ACTUALITES
Les Idées, le Cinéma, les Livres, par P. Juquin,
J.-M. Aucuy, M. Moissonnier, L. Séve.
revue mensuelle
décembre 1959 - lle année 111
la nouvelle critique
revue du marxisme militant
Roland WEYL.
LES MEDECINS ET LA SANTE
s , le fonction-
trumentatio n , l'équipeme nt, les aménagement
nement et les perspectives générales. lis ne doivent pas are
considérés comme des employés salariés ».
Pour terminer avec cette médecine dite colleetive, nom-
de
a réjouis,
breux camarades nous ont montré, et ceci nous
qu'id était possible de maintenir dans ces centres le fameux
« colloque singulier » dont il ne faut pas tellement Tire, qui
est tout de méme très important; qu'il était possible de garder
dans ces centres à la fonction médicale sa singularité qui
s'exprime depuis toujours dans une confiance qui va d'un
homme it un autre homme.
Lee heipitaux.
Le recherche médicale.
L'enseignement
Des théropeutes.
Comment conclure ?
Nous considérons que le droit à la santé est un droit pri-
mordial; nous devons tendre vers la gratuité de la médecine,
et pour rendre ce droit à la santé plus effectif nous devons
mettre en avant un certain nombre d'idées-forces.
La première c'est qu'on ne peut rien faire sans argent et
qu'il faut des crédits, toujours des crédits, pour les luipitaux,
les centres de diagnostics, les centres d'enseignement, etc.
La deuxième, c'est que la Sécurité sociale n'est pas contre
nous, mais avec nous, et que le boycottage de la Sécurité
sociale par les organismes officiels la place en difficulté
lorsqu'elle doit discuter avec nous de nos conventions collec-
tives, et en particulier du remboursement du ticket C; nous
devons lutter pour ce remboursement à 80 %.
Nous devons lutter aussi contre le malthusianisme médical:
il y a actuellement en France un médecin pour mille ou
onze cents habitants; en Union Soviétique il y a un médecin
pour cinq cents habitants. C'est la norme vers laquelle on
doit tendre; c'est une question de répartition, il n'y a
pléthore que dans les grandes villes.
Nous devons agir également contre l'esprit d'anarchie et
contre le mandarinat en réclamant une organisation, une pla-
nification, en particulier de la recherche. Nous devons dès
maintenant veiller à la préparation des futurs cadres; nous
devons savoir que les médecins ne sont pas seulement des
distributeurs de médicaments, et le malade n'est pas seule-
ment entre leurs mains un instrument passif sur lequel ils
exercent leur art de guérir. Le médecin, qu'il le veuille ou
non, qu'il mit psychiatre ou non, est le confident de son
mala de.
Je voudrais terminer sur cette nécessité du colloque
singulier et de la formation psychologique et sociale du
médecin. II serait nécessaire que dans nos Facultés déjà on
veille à ce problème. La formation psychologique et sociale
du médecin est fondamentale pour que dans les structures
nouvelles que nous arriverons à créer, tout se passe pour le
mieux, car ii ne suffit pas que les hópitaux soient magni-
fiques, qu'il y ait suffisamment de médecins, et de personnel,
ii faut encore que le médecin soit au plein sens du terme un
médecin, c'est-à-dire un homme persuadé que la psyehologie
de son malade, que ses conditions de vie, que ses conditions
20
Dr H.-Pierre KLOTZ.
UN ABONNEMENT D'UN AN A
LA NOUVELLE CRITIQUE
CONSTITUE AUSSI UN CADEAU DE QUALITE
A FAIRE A UN AMI
L'UNIVERSITE ET L'AVENIR DE LA NATION
Mo yen-Orient, puis au
Sahara, les grands trusts internationaux
essentiellement americains, ont jugé fallait arreter, ou
tout au moins freiner les recherches, afin d'éviter
une baisse
des cours mondiaux. Aussitöt, toutes les sociétés pétrolières,
y compris les sociétés franeaises, ont arrété presque totalement
le recrutement des géolog-ues et l'Institut Franeais du Pétrole
a réduit au tiers à peu près le nombre des élèves de l'Ecole
Nationale Supérieure du Pétrole.
de prospection g e En meme temps, les sociétés
sont les trusts etophysique, dont les principaux employeurs
c ompagnies p étrolières, out dü ralentir
con sidérablement leur activité et
c onsidérable pour les g é il en est résulté un chömage
ophysiciens. La France a été par-
ticulièrement touchée par cette politique et la Société Gene-
rale de Prospection Geophysique a dú licencier cent ein-
quante de ses techniciens, ainsi qu'on
a pu le lire dans
la presse.
Mais une teile situation ne saurait
bien des années; la découverte très se prolonger pendant
vr aisemblable dans un
bref avenir de nouveaux gisements très importants de pétrole
dans des pays où la
prospection est plus active que jamais,
notarnment en U.R.S.S. et
Pabaissement des en Chine, aura vite fait d'entrainer
d'obliger les trustscours mondiaux des produits pétroliers et
internationaux à reprendre des recherches
actives nécessitant l'embauchage d'un grand nombre de géo-
logues et de geophysiciens.
Une autre cause de recession sur les besoins en géologues
s'est Lit sentir en
le changement France depuis quelques années : c'est
de
certains sont devenus régime des territoires d'outre-mer dont
in dépendants, alors que d'autres
restaient dans la C
p rospections dans ces ommunauté. Bien entendu, Putilité des
pays n'a pas cesse, mais l 'Administra-
tion franeaise a
re organisation arrété tout recrutement en attendant une
des services qui se fait longuement attendre.
Il en est aussi resulté, d'autre part, que beaucoup d'anciens
géologues desorientés ont cherche d'autres situations. Cette
carence de l'Administration franeaise n'a cependant
pas
arrété le recrutement des géologues par les pays d'outre-
mer, mais ii s'est fait dans des conditions telles que ce sont
surtout les etrangers qui ont été nolnmés,
des Hollandais, des Suisses et des Allemands.pri ncipalement
Le Bureau Minier de
O.M.), qui ne se trouvait pas la France d'Outre-Mer (B.1VI.I.F.
tés ad ministratives
en présence des rnemes difficul-
que les Services Géologiques de la France
d'Outre-mer, n'en a pas
moins recruté plus de géologues
1. UNIVERSITE 33
qu'on leur alloue, est-ce que cela — car les questions mate-
rielles comptent aussi — n'a pas contribué à diminuer l'ar-
deur combative chez un certain nombre d'entre eux ?
1
L'UNIVERSITE
1
LES 103 DECRETS DU MINISTRE DE LA CULTURE
DE L'ESTHETIQUE AU MINISTRE
Communisme et misère.
Le fondement de l'unité.
4
98 REN AUD DE JOUVENEL
Le rae de la théorie
et tolde dune position matérialiste rigoureuse.
Roger V. HENRI.
FREDERIC JOLIOT-CURIE
OU LE PROBABLE
a Sean Cruel. darla La Pensad, oct. 1959, numero epe-cial nur FrAdéric
foliot-Curie.
ACTUALITES 131
-1. Nona ii'abordo,. pan dan» ces rolen-irguen It prol n Pone d'unn unidifiea.
Con brinuplo pouvunt intervenir duna nolro ora i1110 HOIlLire ; contraironiord
ano negal rutilo almolueri n le ou len slivilunr sovh'I u l ul O envi
'munid In poamibilin, mor l'Inmune de n'eviider lierm do mon nvolkne, Nona
Il ' o.runitIon. pan la flunation ate re0110111,,a ennrgeni) ulos, nur jeäll
lirio) rdonline lem condumio!. de Julia ludido cité, p. 20 el Sois.).
ACTU 41,1TES 135
danta... L'avenir Ile l'espeee de t iend de Inri ion wohinleire, Phornme cal
lui amed tut etemeid important dans la znamhe du monde iP Ainsi, la
reiencee f ie.i .eIle rette mortzle qu'illustrent les eoneeptionn et la wie de
Frederie Jehot-Curie.
Pierre JUQUIN.
CINEMA
CINEMA D'AUTEUR
sont les moins heureux, les plus lointains, hormis eertains fielairs
la magie passe, et qui sont particulièrement absents daus Le Visage. Et
mut naturellement ses ceuvres les plus importantes sant les autres, celles
oü ii s'est laissé aller ä une inspiration plus linéaire et temporelle, et ei)
s'expriment les dons les plus extrémes qui vont du réalisme ì l'insolite
en passant par la psychologie et la fantaisie. D'ailleurs, quelle est la
sonne d'inspiration la plus riehe ? Rico d'autre que l'amour, toujours
l'amour : sordide avec Monika, tragique et déchu dans La Nult des
Forains, étrange et baroque avec Réves de Femmes et Sourires d'une
nur( d'été, nostalgique avec Somarlek, conjugal dans L'Attente des
Fesnnies, maternel dans Au seuil de la vie, jamais superbe ou triomphal,
toujours mort-né, boitillant, miroir aus alouettes, mais brillant méme par
son absence, comme dans Les Fraises sauvages, ce hilan d'une vie oia,
par maligne d'amour, tout est mon et solitude ».
Bergman, puritain torturé et trop lucide, qui ne seas marie lui-méme
qu'à cyuarante et un ans, est eet oiseau fasciné qui san si bien faire de
nous autant d'oiseaux fascinés gräce notamrnent ä son incomparable
cutte du comédien. On touehe ici à l'un des éléments essentiels à tonte
création einématographique, trop souvent négligé par la critique soucieuse
de promotion intellectuelle. o La proximité du visage humain, dit Berg-
man, est eertainement la noblesse et la caractéristique du film.• Pas
seulement le visage, le corps tont entier plastique de Chaplin ou de
Fred Astaire, démarche d'Henry Fonda ou de Gary Cooper, et les corps
de femme (Vadim) et l'art du geste exact elles les comédiens soviétiques.
II s'ensuit que l'aeteur est notre instrument le plus pricieux et que
caméra West que le médiateur de cet instrument.»
Hans Fceuvre de Bergman, le film qui porte justement ce titre,
Le Visage, apparait bien comme une parenthèse de l'auteur s'interrogeant
sur ses hesites. Sous le paradoxe du sorcier-charlatan, la parabais est
claire : tout sorcier, tont Christ qu'il puisse itre, l'homme ne peal aut..
circe dans la société, s'exprimer et triompher que par Fillusion du
eharlatanesque. Bergman sorcier fait son autocritique sur le pstklos. Et
curietasement, l'échee tient non mojes elairernent ä ce que ce film daist
le thime sacrifie l'absolu ä l'apparenee est manqué par l'apparence, par
une insuffisance de magie, par la faildesse des eontre-points formels qui
rappelten' fächeusement d'autres réussites antérieures, notamment Les Soa.-
rices et La Nuit des Forains.
nahte mime du heros qui se trouve déplacee, desaxée aus yeux des
autres sinon de lui-mime et doit partir à sa reconquéte. D'oi, compte
tenu de la logique de cet invraisemblable, le principe nécessaire d'nue
machination, engrenage ou guet-apens, dont la cause, au sens juridique
du terme, variera selon le groupe du film et a pu autoriser une sorte
de classification par le fond : elle sera soit une creation née des hasards
au des lois de l'existence (les films-clés : La Loi du SHersee, La Corde
et Eaux Coupable), soit une maehinerie montée par un des personnages
(les polieiers), soit une invention pure de l'auteur (les films légers).
Avec North by Northwest, qui se rattache 1 la derniere categorie,
l'illustration est frappante. Theme : un homme ordinaire (qui subvient
aux besoins d'une mère, de deux ex-épouses et de plusieurs barmen) est
enlevé par un negociant en secrets d'Etat qui le prend pour un autre
nomme Kaplan. Pendant taut le film, Gary Grant est traqué par la
police en taut que lui-mime, et poursuivi par l'espion en taut que
Kaplan. II part done à la reeherche de Kaplan, mais Kaplan n'existe
pas. Et il finira par reprendre le Töle de eet agent imaginaire du contre-
espionnage americain... Ainsi mis ä nu, le fil est tout proche de Vertigo,
Pceuvre précedente, infiniment plus fouillée, oü intervenait l'amour fou
Stewart, detective, surveillait la femme blonde de son client, laquelle
tombait d'un clocher. Mais ce n'est pas elle qu'il avait suivie, et aimée,
c'était une autre. II retrouvait une femme brune qui ressemblait 1 la
victime, qui ne pouvait pas reue, bien sir, rnais qui était l'autre, ce
double qu'il avait suivi et aime. Point capital : cet imbroglio insense
etait dénoué par nous des le milieu du film. Le heros restait seul avec
ses questions qui entrainaient, au cours d'une fin vraiment extraordinaire,
la mort du double dans des circonstances qui correspondaient ì Fappo-
renee de la première chute.
Les prolongements ambigus de semblables themes ne sant pas ä
souligner. Jis apportent ä l'ceuvre d'Hitcheock ce sans quoi sa qualité,
sa continuité et son succès méme seraient non pas telleinent injustifiés
qu'inexplicables : or, tout est toujours dann Hitchcock, sinon justifié,
du moina expliqué...
Le parallele Hitchcock-Bergman peut se cristalliser en un syllogisme.
These : Bergman penseur nous retient par sa poesie. Antithese
d'Hitchcock conteur, nous retenons l'horizon diffus d'un invraisemblable
plus vrai que nature. La synthèse est difficile, car si les extrimes se
rejoignent, si tout est dans taut (et vice-versa...), ce tout-lä n'est pas
complet, il n'y manque pas bin de l'essentiel.
Quoi done ? Ce que Wajda nous apporte sur un plat un peu trop
doré : quelque chose qui tient ä la chaleur communicative des banquets,
un banquet polonais qui chauffe Les Cendres et les Diamants de sea
lueurs päles et de son alcool blanc. Banquet du peuple et de l'histoire
an y fete la libération du joug allemand, la victoire de l'insurrection,
mais aussi la promotion anticipée d'un maire qui se croit déjä ministre
et se fait done appeler a Monsieur le Ministre ». Autour, les cendres
142 JEAN-MARC AUCUY
lean-Marc AUCUY.
LES LIVRES
Mais ici, Ernie Lévy, « le dernier des justes a, et tonte rette rom.
ruunauté dont ii veut assumer le drame, dont Schwarz-Bart nous dépeint
le relief de chaque physionomie avec une brülante tendresse, quelle
conscience politique peut les aider ä tenir bon ? Quel sens du combat
peut les dresser face aux bourreaux ? Quelle aurore de futures victoires
peut illurniner d'avance l'abjection de leur présent ? Naturellement,
l'auteur aurait pu choisir d'autres personnages, plus conscients, plus actifs,
plus « engagés e; ii aurait pu écrire un tnut autre roman, et il l'aurait
pu d'autant mieux qu'André Schwarz-Bart, combattant volontaire dans
la Résistance, ne s'identifie pas du tout avec Ernie Lévy, interne volon-
taire au camp de Draney. Nous n'aurions le droit de lui reprocher ses
personnages que si la réalité historique ne lui en avait pas fourni des
milliers et des millions de semblables; or, nous savons bien qu'elle les
a fournis. Pourquoi est-ce ceux qu'il a choisis pour son premier livre ?
»ans l'interview qu'il a donnée ò l'Express, il nous le bisse deviner
« Je sentais le besoin de montrer que ces choses pouvaient ètre telles
qu'elles nous apparaissent aujourd'hui ä la lumière des témoignages de
rescapés, et que pourtant elles étaient a sauvées a dans Pinstant 'Werne
oit elles se produisaient : paree que, pour l'essentiel, les Juifs, dans des
eonditions inhumaines étaient restés des hommes.
II est un petit mot, dans rette déclaration, — le mot a sauvées
qui rend un son assez mystique et ouvre la porte ä plus d'une équivoque.
Mais ce serait passer ä caté du vrai sujet de ce liare que de nous laisser
obnubiler par ce seul mot, comme l'interlocuteur anonyme de l'Express
qui bondit aussitèt : « Est-ce que ce n'est pas, demande-t-il, le vieux
thème de la communion des saints ? a Et Schwarz.Bart de lui rétorquer
« Ce thème n'est peut-étre que le thème encore plus ancien de la com-
munion des hommes. II ne faut pas se laisser aveugler par le langage. u
Restons-en done ä l'humain, comme l'auteur nous y invite lui-méme.
Dass la Bible, il est un passage oü l'Eternel fait manger ä Ezéehiel
un livre dans lequel « étaient écrites des complaintes avec des gémisse-
ments et des hélas ! e. Et ce liare devient, daue la bouche du prophète,
« comme du miel pour la doueeur e. J'ai éprouvé quelque ehose d'ana-
logue, ä mesure que je tentais de « manger u Le Dernier des Justes —
et il faut avouer qu'il se laisse malaisément digérer, étant plutat du
genre des eoups de pning assénés au diaphragme, que du genre accou-
tumé de nos friandises littéraires. On voudrait s'arrèter de le lire, et
on ne peilt pas — c'est pourquoi c'est un tres grand livre; on voudrait,
pour se soulager, pouvoir pleurer du sang comme Ernie Lévy lui-mérne,
et on sait en méme temps, comme Ernie ne eesse de le savoir, l'absolue
inefficacité des larrnes. »'York ä Stillenstadt, avec les ancitres d'Ernie;
de Stillenstadt it Paris, puis it Draney, puis it Auschwitz avec Ernie lui-
mème, on n'en peut plus d'accompagner le Juif Errant sur rette route
de sang et de torture, que je ne voudrais pour rien au monde appeler
un chemin de croix, nommer d'une expression chrétienne alors que des
chrétiens y tinrent, tunt de siècles, le ride des bourreaux. Et, le livre
fermé, on demeure un moment hébété sous l'horreur. Une horreur que
le don du romancier nous rend bien plus vivante que Paccurnulation des
documents historiques. Mais une horreur inscrite dans l'histoire. Schwarz-
ACTUALITES
145
Bart aurait pu ne pas écrire Bon livre; ii n'y en aurait pas mojos
six nüllions d'hommes, de femmes et d'enfants assassinés.
Pour cela, pour ceta seulement, Le Dernier des Justes viendrait
son heure. Je sois bien qu'il n'y a, en France, de Dunkerque ä Taman-
rasset, ni chambres ä gaz ni fours crématoires. Mais il ne nous est plus
possible de jouer les Pharisiens en affectant de croire que le nazisme
est un phénomene proprement allemand — comme si déjä nous avions
pu ouhlier ä si bon compte nos Xavier Vallat et nos Darquier de Pellepoix
du temps de Vichy. (Et je reproche it Schwarz-Bart d'avoir plus d'une
fois écrit y les Allemando », lä oit il fallait écrire « les fascistes »; Ernst
Thaehnann, Bertholdt Brecht et Thoman Mann étaient, eux aussi, des
Allemands.) « ¡ei, c'est la Gestapo », hurlait it Henri Allog un de (es
tortionnaires. L'horreur que nous laisse au creur Le Dernier de, Justes
en une horreur salutaire si elle nous rend intolérants de tont ce qui
l'évoque ou la prolonge duna la suite actuelle et future de l'histoire.
Mais ensuite vient le miel dazu( la bouche du prophète. Je veux dire
cc témoignage que voulait donner Schwarz-Bart et qu'il a réussi ä faire
passer : dans des conditions inhurnaines «, antihumaines méme, Ernie
Lévy et les ‚iens sont « restés des hommes ». D'horreur en horreur, ils
n'ont rien perdu de leur cceur; ils n'ont ni durei ni pourri. Cela, c'est
une bien plus grande victoire pour Memme, pour nous tous, que les
exploits des héros de Saint-Exupéry se trainant héroiquement ä travers
les Andes. Et cela n'a rien ä voir avec les formes ou les résidus de
mystification religieuse qui enveloppent rette victoire.
Nous avons souvent — et avec raison — fait notre devise des mots
de Gorki : a L'homme, cela sonne fier !a Ce qu'Ernie Lévy nous affirme
au-delit des paroles, c'est que l'homme, cela sonne bon, cela sonne tendre.
Quels étranges communistes nous serions, si la bonté et la tendresse
cessaient d'étre ä nos yeux, et ä travers les inévitables duretés de non
luttes, l'oxygène sans lequel tout humain perit d'asplexie 1
Les entimentateure, de Schwarz-Bart ont déjà longuement epilogué
sur eertaines phrames des personnuges de son livre; par exemple : y Si
Dien n'existe pas, oi( va tonte souffrance ? Elle se perd.» C'est le genre
de question qui n'offre aucun sens pour un marxiste. Mais nous n'avons
pas aehevé notre töehe de marxistes quand nous avons denonce le non.
sens d'une question formulée en termes religieux. Ce serait un peu trop
tant qu'il y aura de la souffranee dans la vie des hommes.
« Ce qu'il y Iwan en Lénine d'exceptionnellement grand, notait Gorki,
c'était précisément ce sentiment d'hostilité implacable, inextinguible,
envers les souffranees humaines, son ardente convietion que les malheurs
ne sont pas le fondement indispensable (le l'existence, mais une laideur
que les hommes doivent et peuvent balayer.» Au sortir du livre de
Schwarz-Bart, il est indispensable de revenir ä ce texte capital et de
réaffirmer que notre lache Ost de balayer de l'existence les malheurs
qui affligent la vio humaine. Tout aussi indispensable de rappeler que
la souffranee n'est pas pour nous une ahstraetion idéale et universelle,
et qu'on ne souffre pas de méme ä Billaneourt et it Boulogne. II n'en
reste pas moins, et il serait pueril de le nier, que la meilleure organi.
JEAN 1WASSIN
146
les Inifs comme des chiens, quand elle ne lene offrait pas le ehoix
entre le bapteme et le massacre. Parqués, insultes, spoliés, egorgés, les
Juifs refusant de se renier dans leur écrasante majorité sont restes des
}Rommee dans des conditions inhumaines. Cette dignité millinaire dana
un entetement hérnique, on eomprend qu'elle constitue une tradition
riehe d'un humanisme exeeptionnel. Et cette tradition a revitu une
signification eapitale pour ceux de ses héritiers legitimes qui ont vu
se déchainer contre eux la démence froide, la volonté exterminatrice
du navisme. Quelles que soient les formes et les motivations religieuses,
qu'une teile tradition a pu présenter dans le passé, et aujourd'hui encore
en maint endroit, elle constitue l'un des granda trésors que tute l'huma-
täte' doit &seinliier et faire fructifier.
C'est pourquoi nous nous devions d'abord de ealuer le litre de
Schwarz-Bart. II pose encore bien des problemes, sur lesquels nous devons
réfléchir, sang partager toujours les vues qu'il nous suggere, et qui n'ont
pas attendu ea publication pour s'imposer de façon brillante : la signi-
fication de l'antisémitisme au XX' siede, et l'interprétation du fait
historique juif aujourd'hui et autrefois. Problemes qu'on ne peut traiter
cursivement ä propos d'un livre et sur lesquels nous nous proposons
de revenir.
Jean MASSIN.
Ces notes d'Abel Ferry (neveu de Jules Ferry) dans leur décousu,
leur style heurté et — parfois — leur franehise abrupte resteront un
témoignage utile sur la guerre 1914-1918.
En 1915, sous-secrétaire d'Etat aus Affaires étrangères do gouverne-
ment Viviani, le jeune parlementaire suit de près les écceurants marchan-
dages impérialistes qui accompagnent le déroulement des opérations
militaires. II participe aux o discussions de bazar avant Fachat a à pro.
pos des Balkans, discussions qui se poursuivent en attendant le moment
on a chacun sera payé selon son mérite, la Triple Entente distribuant
les prix ». Au passage, il remarque placidement que a les généraux
anglais, en Afrique centrale, ont bon appétit », et il rapporte les
manceuvres de l'Italie, de la Roumanie ou du Japon décidés, dans cette
frénétique compétition, ä défendre lene part du gäteau... Aucune condam-
nation de ces procédés sous la plume d'un homme qui a épousé totale-
ment les doctrines de feu son oncle... Mais on ne lui en demande
pas tant
II ne faut pas non plus chercher dans l'ouvrage une critique de fond
sur le grand crime dont sont victimes les peuples d Europe, car l'auteur
est capable de s'enthousiasmer pour n la grande poésie de cette guerre »;
cependant, entre le front on il est lieutenant et le Parlement on, en
tant que &Tinte' il est membre de la commission de l'armée, ii seit voir
et réfléehir. On lira avec intérét son précieux téraceignage sur l'impéritie
meurtrière de l'état-major général et la tentation permanente du cesa.
neme q-ui anime l'armée de métier.
Sang doute est-ce quand elles évoquent les hommes de la social.
démocratie que les pages des Carnets deviennent les plus passionnantes.
Avec un brin de cynisme, Abel Ferry espose clairement sa position
ii pense qu'il faut savoir les utiliser et explique dans les couloirs
Palais-Bourbon q-u'eu égard aus services rendes il faut u passer quelques
peccadilles aus socialistes ».
Cette attitude ne l'empiche d'ailleurs pas de décrire avec nee férocité
teintée d'ironie, la faillite de la seconde Internationale gangrenée par
le ministérialisme et l'opportunisme.
Dans l'ensemble, un commentaire involontaire mais bienvenu des
théses de Lénine...
Maurice MOISSONN1ER.
LE COSMOS
Origine — Evolution — Exploration
(Recherches Internationales, n° 1445)
SOMMAIRE
2. Exploration de l'Univers
LETTRES DE LECTEURS
A Paris
En province
NOS COLLABORATEURS
ERRATA
Plusieurs errata ont été releves dans le dernier numero de la revue
(u° 110). Nous nous en excusons auprès de nos lecteurs. Les plus impor-
tants sont les suivants
Page 2. — Entretien sur le sens de Phistoire. Le texte de la pace 2
et la suite, page 3, est de Claude Duché (C.D.) et non de Jacques
Árnault (LA.) dont le texte de présentation de l'entretien s'arréte au
has de la page 1.
Page 3. — Lire ainsi la deuxième ligue : « ...livrés au bruit des
machines et au piétinement des masses. »
Page 3. — De la nécessité d'un Parti communiste, Cuy Besse. Lire
ainsi, ligne 21 : « Voilà pourquoi la fusion de l'activité démocratique
de la classe ouvrière avec le démocratisme (et non : le dogmatisme)
des autres clames et groupes affaiblirait la vigueur du mouvement démo-
cratique, affaiblirait la lutte politique, la rendrait moins résolue. En
revanche, l'affirmation de la classe ouvrière comme teile, en tant que
combattant d'avant-garde pour les institutions démocratiques, renforcera
le mouvement democratique, etc.»
Page 68. — Les lntellectuels et le mouvemeni ouvrier, A. Gisselbreeht.
Lire ainsi la douxiime ligne : « Lorsqu'on lui fait observer que teile
de ses idees coincide anee celles de tel nutre, qu'il considere par ailleurs
eomme son ennemi...»
158 LA VIE DE LA REVUE
La Nouvelle Critique
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(I) Souligner le mode de réglement que vgl.d., avez choisi.
FRIEDRICH ENGELS
Cet ouvroge nous apporte sur les conditions dans lesquelles ont
vecu et milité Marx et Engels, des détails précieux qui, pour
incomplets et fragrnentaires qu'ils soient, éclairent cependant
la personnolité des deux grands philosophes et aident à mieux
comprendre leur ceuvre.
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