L'action publique est l'objet principal du procès pénal. Cette action est une action en justice
d'intérêt général ou d'ordre public, par opposition à l'action civile qui est d'intérêt privé. Elle a pour
but la répression de l'atteinte portée à l'ordre social par le prononcé d'une sanction au délinquant,
c'est-à-dire une peine ou une mesure de sûreté. Elle appartient à la société et à elle seule.
a) Le ministère public
Il convient de présenter les caractères du ministère public (1°), son monopole dans
l'exercice de l'action publique (2°), et le rôle de cet organe dans le procès-pénal (3°).
Principe. Les magistrats auxquels la loi a confié l’exercice de l’action publique ne sont
pas véritablement des juges, mais les membres du ministère public que l’on appelle aussi
parfois, pour les opposer aux juges ou magistrats du siège, les "magistrats debout" parce qu’ils
se lèvent à l’audience pour présenter leurs réquisitions. Ce sont des magistrats nommés par le
conseil supérieur du pouvoir judiciaire sur proposition du procureur général près la Cour de
cassation.
Le procureur du Roi est le gardien de l'ordre public, c'est donc à lui qu'est attribué le
pouvoir de déclencher l'action publique. Il est en effet informé de toutes les plaintes et
dénonciations faites dans son ressort territorial.
Exceptions
la victime peut mettre en mouvement l'action publique lorsque le ministère public n'agit pas.
en cas de délit ou de contravention commis au cours d'une audience, la juridiction peut
se saisir d'office malgré le principe de la séparation des fonctions.
certaines administrations ont reçu de la loi des pouvoirs dans le déclenchement ou dans
l'exercice de l'action publique pour défendre les intérêts qu’elles gèrent.
Etant une action pour l’application d’une peine, l’action publique ne peut évidemment
être exercée que contre l’auteur, coauteur ou complice de l’infraction. On ne peut poursuivre
devant les tribunaux qu'un individu certain et déterminé.
L'article 4 C.P.P. prévoit que "l’action publique s’éteint par la mort de la personne
poursuivie, la prescription, l’amnistie, l’abrogation de la loi pénale qui incrimine le fait et par
une décision ayant acquis la force de la chose jugée.
Elle s'éteint par transaction lorsque la loi en dispose expressément.
Elle peut, en outre, s'éteindre par le retrait de la plainte lorsque celle-ci est une condition
nécessaire de la poursuite, sauf si la loi en dispose autrement".
2 - Les causes d’extinction communes à l’action publique et à l’action civile
Exceptionnellement elle est possible -et elle entraîne alors l’extinction de l’action
publique- dans deux séries d’hypothèses. L’action publique peut tout d’abord disparaître à la
suite d’une transaction intervenue entre l’administration et le délinquant, dans les cas où la loi
le prévoit expressément (art. 4, al. 2 C.P.P.). Il en est ainsi dans des cas où l’exercice de l’action
publique appartient à une administration. Notamment l’administration des contributions
indirectes, l’administration des douanes et l’administration des eaux et forêts peuvent transiger
avec le délinquant.
B) Le retrait de la plainte
Le retrait de la plainte, qu’il s’agisse d’une plainte simple sans effet sur l’action civile,
ou d’une plainte avec constitution de partie civile, actes par lesquels la victime d’une infraction
a porté celle-ci à la connaissance du Parquet ou du juge d’instruction, peut éteindre
l’action civile mais n’a, en principe, aucun effet sur l’action publique1. Toutefois, aux termes
de l’article 4, alinéa 3 du Code de procédure pénale, lorsque la poursuite est subordonnée à une
plainte de la partie lésée.
A) La Chose jugée
L’autorité de la chose jugée empêche de recommencer un nouveau procès et de juger
une seconde fois le délinquant à propos des mêmes faits qu’il ait été condamné, relaxé ou
acquitté.
en droit pénal. L’action publique, si elle n’est pas intentée pendant un certain délai,
s’éteint elle aussi par l’effet de la prescription extinctive. Le délinquant ne peut plus être
poursuivi et, de ce fait, l’infraction dont il s’est rendu coupable va rester impunie.
b) L'interruption de la prescription.
Qu’il s’agisse d’un crime, d’un délit ou d’une contravention, les causes d’interruption
de la prescription sont les mêmes. Ce sont les actes de poursuite ou d’instruction
1
Le désistement de l’action civile est sans incidence sur l’action publique régulièrement mise en mouvement :
Crim. 18 oct. 1989, Bull. n° 367.
1°) Actes de poursuite
dans l’exercice de leurs attributions de police judiciaire, par des membres de la mission
d’enquête sur les marchés ou les procès-verbaux de prélèvement d’échantillons en matière de
fraude
Interrompue par les actes de poursuite, la prescription de l'action publique l'est aussi par
les actes d’instruction. Ce sont les actes qui ont pour but la recherche et la réunion des preuves
de l’infraction, qu’ils soient accomplis par le juge d’instruction. Ainsi, peuvent être considérés
comme des actes d’instruction interruptifs de prescription.
Cet effet se produit d’une façon absolue, en ce qui concerne les personnes (art. 6, al. 5
C.P.P.). La prescription est interrompue vis-à-vis de tous les auteurs, coauteurs et complices de
l’infraction.
La prescription qui est un mode d'extinction comme l'amnistie, la chose jugée et le décès
du délinquant, a tout d'abord pour effet d’éteindre l’action publique. Lorsque le délai de
prescription est expiré, l’action publique ne peut plus être exercée contre le délinquant, alors
même que ce dernier, poursuivi à tort, n’invoquerait pas la prescription ou y renoncerait
expressément. Cela tient à ce que la prescription de l’action publique fondée sur des raisons
d’intérêt social est une institution d’ordre public et que l’effet extinctif qui en découle a lui-
même un caractère d’ordre public.