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CRME S

cours de thermodynamique

CHAPITRE 1 gaz parfait


Introduction : à quoi sert ce cours sur le gaz parfait ?

Avec les trois premiers cours, nous sommes capables de quantifier les transferts de chaleur et
de travail dans deux types de situations.

– Le premier cas est celui ou toutes les propriétés du fluide sont connues au début et à la
fin de l’expérience. Par exemple, si nous connaissons les propriétés {pression, volume,
énergie interne} à l’entrée et à la sortie d’un compresseur et connaissons le transfert de
chaleur, alors nous pouvons quantifier la puissance mécanique qu’il consomme par simple
addition des quantités d’énergie 1 .

– Le second cas est celui où nous ne connaissons qu’une partie des propriétés du fluide à
la fin de l’expérience. Par exemple, nous souhaitons obtenir une pression donnée à la
sortie du compresseur, et nous savons qu’au travers du compresseur le fluide se comporte
d’une certaine manière (le fameux pv x = k par exemple). Nous sommes alors capables
de calculer le travail effectué, s’il est réversible, à partir du comportement du fluide 2 .

Savoir résoudre ce second type de problème est bien plus utile. Cela permet par exemple de
répondre à la question « quelle énergie maximale peut-on extraire d’un gaz comprimé ? »
sans devoir effectuer de mesure expérimentale. Très souvent, la pratique n’impose qu’une
1. Nous utilisons pour cela le premier principe, en système fermé (2/2) ou en système ouvert (3/14).
2. Nous utilisons pour cela une intégrale de certaines propriétés, en système fermé (2/10) ou en système
ouvert (3/21).

1
seule condition finale (une pression de sortie pour une turbine, ou un volume final pour
un cylindre moteur, par exemple).

Ce cours : Le gaz parfait va nous apporter deux nouvelles possibilités :

– D’une part, utiliser la température T pour lier facilement les propriétés {pression, volume,
énergie interne} ;
– Et d’autre part, savoir quantifier les transferts énergétiques lorsque la seule propriété finale
connue est la température. Nous pourrons ainsi répondre à des questions de type « quelle
puissance sous forme de chaleur faut-il pour porter le gaz à 1200°C ? ».

En somme, le concept du gaz parfait nous permet d’ajouter la température aux propriétés
que nous pouvons prévoir et manipuler dans l’élaboration de nos machines.

2
1 Définition

1.1 Le manomètre comme thermomètre

Nous retiendrons de prime abord la définition suivante :

Le gaz parfait est un modèle mathématique,


permettant de prédire la température d’un gaz en fonction de sa pression.

Le gaz parfait est une proposition de définition de la température. On propose simplement de


mesurer la température absolue T avec un manomètre, en stipulant qu’elle est directement
proportionnelle à la pression p et inversement proportionnelle à la masse volumique ρ.

Nous faisons ainsi abstraction des interactions complexes entre molécules d’un gaz, et nous
définissons la température (« degré d’agitation interne ») comme étant proportionnelle à la
force moyenne d’impact des molécules sur les parois du récipient d’un gaz (la pression). Pour
une pression donnée, l’agitation est d’autant plus grande que les molécules sont espacées
k
(c’est à dire que la masse volumique est faible) : on obtient une relation de type T = ρp .

On peut ainsi dire que le gaz parfait ne décrit pas la réalité des choses, que ce n’est pas un
principe physique, mais bien simplement un modèle simplifié du comportement des gaz. Sa
plage de validité est limitée et floue.

1.2 Définition : l’équation d’état

Nous appellerons gaz parfait un fluide à l’état gazeux dont le multiple de la pression et
du volume, pv , est proportionnel à sa température. La constante de proportionnalité est
nommée constante du gaz, et notée R ; elle dépend de la nature du gaz.

pv = RT (1)

par définition pour un gaz parfait,


où p est la pression (Pa),
v le volume spécifique (m3 kg−1 ),
T la température (K),
et R la constante du gaz considéré (J K−1 kg−1 )

3
L’équation 1 est nommée équation d’état des gaz parfaits. Elle peut également être exprimée
en fonction de la masse :

pV = mRT (2)

où V est le volume (m3 ),


et m la masse considérée (kg).
Parce qu’elle est étroitement liée à la définition de la température (pour laquelle elle définit
un degré zéro), il a fallu 150 ans pour que cette équation prenne sa forme définitive, telle
qu’énoncée par Clapeyron en 1834.

1.3

Il ne faudra pas longtemps à l’étudiant/e pour trouver les limites de l’équation 2, qui
indique qu’une masse non-nulle de gaz parfait occupe un volume nul à température nulle.
Strictement parlant, le gaz parfait ne peut exister – le modèle mathématique ci-haut perd
son sens à très basse température puisqu’il ne tient pas compte du volume des molécules
lui-même.

Autre problème, celui de l’interaction des molécules. Sans nous plonger dans la physique des
particules, nous pourrons dire que lorsqu’elles sont ralenties, les molécules s’attirent et se
repoussent de façon différente. Moins elles se percutent de façon rapide, et moins on peut
décrire leur comportement comme celui de simples boules de billard rebondissant les unes
contre les autres.

Les conséquences et les conditions de ce phénomène fera l’objet du cours 5 (Liquides et


vapeurs).

Nous retiendrons donc que le modèle du gaz parfait fonctionne mieux :

– Lorsque les molécules se percutent à grande vitesse, c’est à dire que la température du gaz
est haute ;
– Lorsque l’espace moyen entre les molécules est grand, c’est à dire lorsque le volume
spécifique du gaz est grand.

Ces conditions sont respectées pour l’air dans la grande majorité des applications en ingénie-
rie. Nous utiliserons la valeur R air = 287 J kg−1 K−1 pour l’air pur dans nos machines.

4
1.4 Extension de l'équation d'état

Plusieurs autres équations d’état peuvent être utilisées, qui correspondent aux gaz réels sur
une plus grande plage de propriétés.

Ainsi, l’équation de Van der Waals, proposée dès la fin du XVIIIe siècle, est formulée selon :

a
(p + ) (v − b) = RT (3)
v2
où a et b sont deux constantes.
Cette équation a l’intérêt de tenir compte de deux facteurs ignorés dans l’équation d’état 2 :
la force d’attraction entre les molécules (le terme a/v 2 , qui devient partie de l’expression de
la pression) et le volume occupé par les molécules (le terme b qui se retranche au volume
disponible).

Malgré les difficultés inhérentes à la quantification des termes a et b, ces modifications ont
considérablement étendu la plage d’application des équations d’état. Elles ont valu à leur
auteur, Johannes Van der Waals, le prix Nobel de physique en 1910.

La recherche de modèles mathématiques pour décrire l’état des gaz réels est un thème
majeur de recherche en thermodynamique. L’étudiant/e curieux/se pourra consulter les
équations d’état de Beattie-Bridgeman, Benedict-Webb-Rubin ou encore Strobridge pour se
faire un aperçu de la complexité croissante de cette branche. Nous resterons quant à nous à
l’équation 1.

5
2 Propriétés des gaz parfaits

2.1 Chaleurs massiques

Nous avons déjà abordé la notion de chaleur massique, ou capacité calorifique, au premier
cours (1/14). Elle se définit comme la quantité de chaleur nécessaire pour augmenter d’un
Kelvin 3 la température d’un kilo du corps. On a ainsi :

dQ
cm = (4)
dT
où c est la chaleur massique spécifique (J K−1 kg−1 ),
m est la masse considérée (kg)
dQ la quantité infinitésimale de chaleur fournie (J)
et dT la variation de température provoquée (K)
Comme la température d’un gaz varie aussi lorsqu’il reçoit ou fournit du travail, il existe
une infinité de façons de faire varier sa température d’un degré, en combinant chaleur et
travail. Chacune nécessite une quantité de chaleur unique ; il y a donc une infinité de chaleurs
massiques correspondantes.

Pourtant, seules deux valeurs suffisent pour décrire l’ensemble de ces comportements pour
un gaz parfait : la chaleur massique à volume constant, cv , et la chaleur massique à pression
constante, c p .

On peut mesurer ces valeurs au moyen des expériences décrites en figure 4.1.

Par définition, pour un gaz parfait, ces deux capacités sont indépendantes de la température.
Nous avons donc :

dQ = mc p dT
Q1→2 = mc p (T2 − T1 )
q1→2 = c p (T2 − T1 ) (5)

pour une évolution réversible à pression constante,


3. Ou d’un degré Celsius, ces différences de température étant égales.

6
Figure 1 – Définitions des chaleurs massiques. À gauche, le volume est fixé et la capacité
calorifique massique sera cv . À droite, la pression est constante et la capacité sera c p .

dQ = mcv dT
q1→2 = cv (T2 − T1 ) (6)

pour une évolution à volume constant.

Pour les gaz réels, cv et c p varient avec la température (figure 4.2), mais pour la plupart des
applications une valeur moyenne peut être utilisée sans grande imprécision. Nous retiendrons
les valeurs cv(air) = 718 J kg−1 K−1 et c p(air) = 1005 J kg−1 K−1 pour l’air.

7
Figure 2 : Capacité calorifique de l’air en fonction de sa température. On note une
variation sensible des valeurs dans la gamme de températures utilisée en ingénierie, que
nous négligerons dans le cadre de notre étude de la thermodynamique. Données issues du
circulaire NBS 564 “Tables of Thermal Properties of Gases” (1955) jusqu’à 1000K, calculées
selon le modèle de B. G. Kyle in “Chemical and Process Thermodynamics” (1984) ensuite, et
publiées par Israel Urieli (ohio.edu/mechanical/thermo/).

2.2 La loi de Joule

Alors qu’il se pose des questions sur la nature de la chaleur et du travail 4 , James Prescott
Joule étudie dans les années 1840 la relation entre l’énergie interne d’un gaz parfait et sa
température.

Lors d’une de ses expériences les plus remarquables, il cherche à faire varier la pression et le
volume d’un gaz sans lui transférer de chaleur ou de travail. Il laisse ainsi un gaz comprimé se
détendre dans un second récipient vide, et mesure le flux de chaleur vers le gaz. Le travail
effectué est nul 5 ; et Joule ne parvient à mesurer ni flux de chaleur, ni variation de température.

Au cours d’une multitude d’expériences, il observe que quelque soit le travail fourni, la
relation entre énergie interne (qui ne varie qu’avec travail et chaleur) et température reste
sensiblement la même – et il suggère que pour un gaz parfait, elle reste toujours identique.

Ce principe est connu sous le nom de principe de Joule et est posé comme vrai pour tout gaz
parfait. On peut le résumer ainsi :

La température d’un gaz parfait ne varie qu’avec son énergie interne.

4. Lors d’une série de travaux soignés qui mèneront à l’expression du premier principe de la thermodyna-
mique, et à la fin de la théorie du calorique selon laquelle la chaleur était un fluide très peu dense et invisible –
et qui vaudront à son nom de famille l’utilisation que l’on sait aujourd’hui.
5. Le travail effectué est nul car l’évolution est parfaitement irréversible : aucune surface n’a été déplacée.

8
Figure 3 – La détente de Joule. Un gaz est initialement prisonnier d’un réservoir à gauche ;
on le laisse se détendre en ouvrant la vanne (au centre) qui le sépare d’un réservoir entière-
ment vide à droite. Joule s’intéresse aux variations de température mesurées dans chaque
réservoir. Plus les propriétés du gaz valident le modèle du gaz parfait, et plus les variations
de température qu’il mesure sont faibles (jusqu’à devenir indétectables pour certains gaz
simples à haute température).

Mathématiquement, nous pouvons l’écrire ainsi :

u = f (T) (7)

La fonction f peut être évaluée aisément, en considérant par exemple le cas d’une évolution
à volume constant. Alors, le travail dw est nul, et l’on a :

du = dq + dw = dq = cv dT

pour un gaz parfait,


et lorsque le volume est constant.
En intégrant, on a alors :

u = cv T + k

où k est une constante d’intégration.


L’énergie interne pouvant être arbitrairement posée comme nulle à température nulle (u = 0
lorsque T = 0), on obtient :

u = cv T (8)

9
ou encore, pour une masse m de gaz parfait :

U = mcv T (9)

Cette relation a l’intérêt d’être vraie pour toute évolution d’un gaz parfait, réversible ou non
et quelque soient les contraintes de volume ou de température.

Il faut bien noter que cette équation 8, qui découle du principe de Joule, n’est pas du tout
valable dans le cas des liquides et vapeurs. On peut, par exemple, ajouter de l’énergie à une
masse d’eau bouillante, sans que sa température n’augmente. Nous étudierons les liquides et
vapeurs dans le cours 5.

2.3 Enthalpie d’un gaz parfait

Parce que nous venons de lier l’énergie interne à la température, et que le produit pv dépend
lui aussi de la température, nous pouvons désormais facilement exprimer l’enthalpie d’un
gaz parfait en fonction de la température uniquement.

En effet, nous avons h ≡ u + pv (10) ; avec une rapide insertion des équations 1 et 8 il
vient :

h = u + pv = cv T + RT
h = (cv + R)T (10)

pour tout gaz parfait.

10
3 Relations mathématiques

Le grand nombre d’équations que nous abordons rend utile, mais pas indispensable, ce court
chapitre. Pour l’ingénieur, il n’a d’autre intérêt que de permettre d’alléger l’écriture des
relations du chapitre suivant.

3.1 Différence des chaleurs massiques

Mettons au point une expérience similaire à celle que nous avons mis au point plus haut en
figure 4.1. Nous fournissons, cette fois, la même quantité de chaleur à deux quantités égales
de gaz (figure 4). La première étant à volume constant, sa température augmente plus que
pour la seconde, qui est à pression constante.

La différence entre les deux augmentations de température provient du fait que le gaz à
pression constante (à droite) a fourni un travail pendant l’évolution.

Quelle est la différence entre les chaleurs massiques de chacun des gaz ? Dans chacun des
deux cas, nous avons q1→2 + w1→2 = ∆u (2/2), ce qui se traduit désormais (8) par :

q1→2 − p cst (v2 − v1 ) = ∆u B = cv ∆TB (11)

pour l’évolution à pression constante constant (à droite).

Or, par définition (puisque l’évolution est à pression constante), la différence de température
en B et la chaleur apportée sont liées par la relation :

q1→2 = c p ∆TB (12)

En mêlant les équations 4/11 et 4/12 nous obtenons

c p ∆TB − p cst (v2 − v1 ) = cv ∆TB (13)

qui stipule simplement que la différence entre les deux chaleurs massiques est retrouvée dans
le travail fourni par le gaz de droite.

Une brève manipulation amène :

11
Figure 4 – Deux quantités identiques de gaz reçoivent la même quantité de chaleur q .
L’élévation de température sera plus faible en B à cause du travail effectué sur le piston.

(c p − cv )∆TB = p cst (v2 − v1 )


pv2 − pv1 RT2 − RT1 R∆TB
(c p − cv ) = = =
∆TB ∆TB ∆TB
c p − cv = R (14)

L’intérêt de cette étude est simplement de pouvoir ré-exprimer l’équation 4/10 de façon plus
simple et mémorable :

h = cpT (15)

pour tout gaz parfait, quelle que soit l’évolution.

3.2 Ratio des chaleurs massiques

Le quotient des chaleurs massiques à pression et à volume constants est nommé γ. Ainsi :

cp
γ ≡ (16)
cv

Notons que puisque c p − cv = R, il est clair que c p doit être supérieur à cv pour tout gaz
parfait ; ainsi γ est supérieur à 1. La valeur de γ est d’environ 1,4 pour pour l’air ; pour la
pluspart des gaz sa valeur est comprise entre 1,6 (argon, hélium) et 1,1 (isobutane).

12
4 Interlude : Que retenir du gaz parfait jusqu’ici ?

Le gaz parfait est un modèle pour quantifier la température d’un gaz. Selon ce modèle,
les trois principales formes d’énergie que nous avons utilisées jusqu’à présent –l’énergie
interne u , l’enthalpie spécifique h et le terme pv– sont directement proportionnelles à la
température T :

u = cv T (J kg−1 )
h = cpT (J kg−1 )
pv = RT (J kg−1 )

Si l’on contrôle la température d’un gaz (par exemple avec un transfert de chaleur), alors on
affecte directement et simultanément ces trois formes d’énergie.

13
5 Transformations élémentaires en système fermé

Nous nous proposons ici de calculer les propriétés d’un gaz parfait, ainsi que les transferts
énergétiques en jeu, lorsque l’on le comprime ou détend selon des contraintes entièrement
arbitraires de volume, pression ou température.

5.1 Pourquoi étudier de telles transformations élémentaires ?

Les évolutions de gaz que nous étudions ici sont très hypothétiques et pas nécessairement
passionnantes, mais elles méritent l’attention de l’étudiant/e pour deux raisons :

– Le comportement d’un gaz, même avec le modèle du gaz parfait, est intrinsèquement com-
plexe. Ces évolutions élémentaires font figure de gymnastique et permettent d’apprendre
à le décrire étape par étape ;
– Ces évolutions élémentaires sont des outils conceptuels que nous assemblerons plus tard,
d’abord pour quantifier les limites théoriques des machines (au cours 6), et enfin pour
décrire le comportement des gaz à l’intérieur des machines réelles.

5.2 Évolutions à volume constant

Les évolutions à volume constant sont dites isochores. En pratique, elles ont lieu dès lors que
l’on chauffe (ou refroidit) un fluide dans un réservoir fixe et fermé (figure 5).

Les parois du réservoir restant immobiles, aucun travail ne peut être reçu ou effectué par le
système fermé : w = 0. Dès lors :

q1→2 = u2 − u1 (17)

pour une évolution à volume constant.


L’ensemble de la chaleur fournie est transformée en énergie interne lorsque le volume reste
constant. De plus, toute cette énergie interne est stockée sous forme de température. On peut
donc lier simplement chaleur et température avec l’équation 4/6 :

q1→2 = cv (T2 − T1 ) (18)

pour une évolution à volume constant en système fermé.

14
Figure 5 – Évolution à volume constant (isochore) en système fermé. De la chaleur peut
être apportée ou retirée au système, mais aucun travail n’est produit ou fourni.

5.3 Évolutions à pression constante

Une évolution à pression constante, dite isobare, peut être représentée par un cylindre dans
lequel le piston contenant le gaz est lié à un poids, et exerce ainsi une force constante quelque
soit le volume.

Lorsque le processus est réversible, nous savons (2/10) que le travail s’exprime selon :

B
w A→B = − ∫
A
p dv

pour tout processus réversible en système fermé.


Dans notre cas, la pression pC est constante et :

B
w A→B = −pC ∫
A
dv
w1→2 = −pC (v2 − v1 ) (19)

lors d’une évolution réversible à pression constante pC en système fermé.


Pour ce qui est de la chaleur, nous savons que q1→2 + w1→2 = u2 − u1 et ici :

q = (u2 − u1 ) + p(v2 − v1 ) = (u2 + pv2 ) − (u1 + pv1 )

15
Figure 6 – Évolution à pression constante (isobare) en système fermé. De la chaleur
est fournie ou soutirée au système, et le piston exerce une force constante tout au long de
l’évolution.

Et comme par définition (3/10), h ≡ u + pv :

q1→2 = h2 − h1 (20)

lors d’une évolution réversible à pression constante en système fermé.


Enfin, la variation de température peut être évaluée aisément avec l’équation obtenue en
20 :

q1→2 = c p (T2 − T1 ) (21)

lors d’une évolution à pression constante en système fermé.

5.4 Évolutions à température constante

Au cours d’une évolution à température constante, dite isotherme, du travail et de la chaleur


sont échangés par le système sans que sa température ne varie.

Par exemple, au cours d’une détente, le système produit un travail, ce qui a tendance à faire
chuter sa température. On peut compenser cette tendance en lui fournissant de la chaleur. Le
transfert de chaleur vers le système ne peut se faire qu’avec une différence de température
infiniment petite 6 entre le système et la source : une évolution isotherme est nécessairement
6. Si la différence de température entre le système et la source de chaleur est grande, la température à
l’intérieur du système ne pourra pas être homogène.

16
réversible et infiniment lente.

Pour un gaz parfait, la température et l’énergie interne sont directement liées (8). Comme
la température reste constante, nous pouvons écrire :

u2 − u1 = 0

Autrement dit :

q1→2 + w1→2 = 0 (22)

pour un gaz parfait lors d’une évolution isotherme.

Si l’évolution est réversible, le travail effectué peut être calculé à partir de la définition 10 et
de l’équation ci-haut. En effet, pv = RTC , et donc :

2 1
w1→2 = −
1
∫ RTC dv = −RTC [ln v]vv21
v
v1
w1→2 = RTC ln ( ) (23)
v2

lors d’une transformation réversible isotherme (à température TC ), en système fermé.


La température restant constante nous pouvons écrire :

pv = cste
p1 v1 = p2 v2
v1 p2
= (24)
v2 p1

pour un gaz parfait lors d’une évolution isotherme.

Et tant que l’évolution est réversible, on peut reprendre l’équation 4/23 et exprimer le travail
en fonction de la pression seulement :

p2
w1→2 = RTC ln( ) (25)
p1

pour un gaz parfait lors d’une évolution réversible isotherme (à température TC ), en système
fermé.

17
Figure 7 – Évolution isotherme en système fermé. Au fur et à mesure que le système fournit
(ou reçoit) du travail, sa température est maintenue constante par l’apport (ou le retrait) de
chaleur.

5.5 Évolutions adiabatiques réversibles

Une évolution adiabatique est une évolution au cours de laquelle il n’y a aucun échange de
chaleur. On peut la représenter par un cylindre parfaitement isolé dans lequel on fournit
ou fait fournir au fluide un travail. La température du fluide varie, mais à aucun moment il
n’échange de chaleur.
Ce type d’évolution est très utile, par exemple, pour quantifier le travail maximal qu’il est
possible de retirer d’un fluide comprimé sans le réchauffer ou le refroidir.
Une évolution adiabatique peut être réversible ou irréversible (auquel cas le travail fourni ne
correspondra pas 7 à l’intégrale − ∫ p dv ou ∫ v dp ). Nous considérerons ici les évolutions
réversibles ; plus tard, dans le cours 8 (L’entropie), nous appellerons ces transformations
isentropiques.
Lors d’une évolution adiabatique, q1→2 = 0 et ainsi :

w1→2 = u2 − u1 (26)

pour toute évolution adiabatique en système fermé.

La variation de la température ne peut pas être exprimée immédiatement. Pour en obtenir


une expression, nous partons d’une évolution infiniment courte. Lorsque l’évolution est
réversible, dw = −p dv et alors :
7. Relire à ce propos la section §2.4.3

18
Figure 8 – Évolution adiabatique réversible (isentropique) en système fermé. Pendant
l’évolution aucune chaleur n’est transmise au système, qui est parfaitement isolé. Sa tempéra-
ture varie toutefois en fonction du travail reçu ou fourni.

dq = du − dw = 0
du + p dv = 0 (27)

pour toute évolution adiabatique réversible en système fermé.

Comme du = cv dT pour un gaz parfait et que p = RT/v, on peut ré-écrire cette équation
ainsi :

RT
cv dT + dv = 0
v
1 R1
dT + dv = 0
T cv v

En intégrant entre deux états 1 et 2 :

T2 R v2
ln ( ) + ln ( ) = 0
T1 cv v1
R
T2 v2 cv
ln ( ) + ln ( ) = 0
T1 v1
R
T2 v1 cv
ln ( ) = ln ( ) (28)
T1 v2

19
R
Et comme R = c p − cv et γ ≡ c p /cv (4/16), on a cv = γ − 1, ce qui permet de reformuler
l’équation ci-dessus :

T2 v1 γ−1
( ) = ( )
T1 v2

Nous avons donc lié température et volume spécifique lorsque l’évolution est adiabatique
réversible (privée d’échange de chaleur, et infiniment lente).

Quelques manipulations algébriques, qu’il est laissé à l’étudiant/e de réviser, nous permettent
de décliner cette expression en fonction de la pression, et on obtient donc les trois relations :

T1 v2 γ−1
( ) = ( ) (29)
T2 v1
γ−1
T1 p1 γ
( ) = ( ) (30)
T2 p2
p1 v2 γ
( ) = ( ) (31)
p2 v1

pour toute évolution adiabatique réversible.

Cette dernière équation 31 équivaut à l’expression :

pv γ = constante (32)

pour toute évolution adiabatique réversible.

Nous disposons donc d’une relation simple entre pression et volume pour un gaz parfait
suivant une évolution réversible adiabatique ; chaque gaz possédant sa propre valeur de γ. Il
faut bien noter que même si par définition aucune chaleur n’est échangée, la température
varie systématiquement, comme l’indique la relation 29.

Dans le cas d’un système fermé, le travail effectué peut être évalué aisément. Nous savons que
w1→2 = u2 − u1 puisque q1→2 = 0 lors d’une évolution adiabatique. Ainsi, avec le principe
de Joule (4/8) :

w1→2 = cv (T2 − T1 ) (33)

pour toute évolution adiabatique en système fermé.

Comme cv = R/(γ − 1), cette équation devient :

20
R(T2 − T1 )
w1→2 =
γ−1

Et puisque pv = RT (1) :

p2 v2 − p1 v1
w1→2 = (34)
γ−1

pour toute évolution adiabatique réversible en système fermé.

Cette expression du travail en évolution adiabatique peut également être retrouvée à partir
de la définition du travail réversible (10) et de la relation 32.

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