juste et solidaire
2010
Index
0. Introduction .....................................................................................................................5
A
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0. Introduction
Dans toute l’Europe, les états veulent en finir avec le système actuel des
retraites et plus encore, démanteler tout le système de protection sociale.
Au Pays Basque, Paris et Madrid veulent nous imposer une nouvelle réforme
du système de retraite. Ce n’est pas la première fois que des réformes sont
mises en place. Cette fois encore, il ne s’agit que de favoriser les intérêts des
structures financières en s’ attaquant aux droits des travailleur-ses et en
démantelant le système des retraites.
De faux discours sont véhiculés par les pouvoirs publics ; comme celui de la
non viabilité du système actuel et donc de la nécessité de caisses de retraites
privées, du taux trop élevé des pensions ou du vieillissement de la
population.
D’une part, il n’est pas vrai que le système public est déficitaire ; d’autre part,
lors de la dernière crise, il a été prouvé que la perennité des structures
privées n’était nullement assurée puisque les gouvernements ont dû leur
verser des millions et des millions pour les sauver . Concernant les retraites,
on ne peut nullement dire qu’elles soit trop élevées, bien au contraire. Au Pays
Basque, la moitié des retraité-es vit au dessous du seuil de pauvreté (655 746
retraité-es au Pays Basque).
A travers de tels discours, ils cachent la véritable raison qui guident les
réformes que veulent mettre en place Paris et Madrid: démanteler le système
public des retraites pour renforcer les intérêts des marchés financiers.
Les attaques contre les systèmes de solidarité, tels celui des retraites par répartition,
obtenus après la seconde guerre mondiale grâce aux luttes sociales imposant un
rapport de force favorable à la classe ouvrière, se succèdent depuis plusieurs
années.
Elles ont amené déjà de très graves remises en cause du système de solidarité
intergénérationnelle (cf. historique des dispositions défavorables aux travailleurs).
Elles ont amené non seulement l’allongement du temps de travail mais encore une
baisse générale des pensions (les réformes des retraites depuis 1993 entraîneront
une diminution de 20 points - de 78% à 58% du salaire moyen net - de la retraite
moyenne des salariés entre 1996 et 2050, selon le COR, Conseil d’Orientation des
Retraites).
Cette année, de nouvelles attaques contre les retraites sont programmés, dans le droit
fil des logiques antérieures de régression sociale. Un projet de loi doit être présenté
en septembre.
Pour les gouvernants et les patrons d’hier et d’aujourd’hui, l’enjeu est de casser un
A
peu plus les solidarités entre les travailleurs et travailleuses (avec ou sans emploi),
entre les générations, et d’entretenir le chacun pour soi au détriment des plus fragiles
et au seul profit des plus fortuné-e-s.
Dans le secteur public, l’âge légal du du départ à la retraite va également être relevé
à 62 ans en 2010 pour tou-te-s les fonctionnaires dont l’âge d’ouverture des droits est
actuellement de 60 ans. la remise en cause du calcul des pensions sur les 6 derniers
mois d’activité est à l’ordre du jour, avec un alignement sur les retraites du privé (25
meilleures années).
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Tout ceci sous prétexte que les caisses sont vides. Elles le sont d’ailleurs
moins quand il s’agit de trouver des milliards d’argent public pour sauver le
système bancaire et pour grossir la bourse des nanti-e-s (pour exemple, le
bilan du bouclier fiscal est que 100 détenteurs d’un patrimoine supérieur à
15,8 millions d’euros ont reçu un chèque d’un montant de 1,15 million
d’euros).
Avec le régime par points (système de capitalisation existant déjà pour les
régimes complémentaires Agirc et Arrco), chaque euro de cotisation donne
droit à des points de retraite. La valeur du point est fixée chaque année en
fonction de la hausse des prix et de la nécessité d’arriver à l’équilibre du
régime, ce qui ne garantit pas le taux de remplacement.
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Créé par Jospin en 2000 pour être un lieu permanent d’études du champ des retraites, le COR est un organe de suivi et de proposition dans ce domaine. Ce Conseil est
lié à la fois aux pouvoirs publics qui le financent et désignent ses membres (élus parlementaires et sénatoriaux, hauts fonctionnaires, experts) et aux «partenaires»
sociaux, représentants patronaux et syndicaux.
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De plus, il est hypocrite d’obliger les salarié-e-s à travailler plus longtemps, alors que
l’âge moyen de cessation d’activité est à 58,5 ans, que le taux d’actifs pour les 55-59
ans est de 54,6%, celui des 55-64 ans de 38% - faute d’emplois pour ces tranches
A
d’âge-, que les jeunes de moins de 30 ans et les seniors de plus de 50 ans sont
frappés par le chômage. Dans un tel contexte, allonger la durée de cotisation est
absurde et n’est qu’une façon à peine déguisée de baisser les pensions.
L’allongement de la durée de travail est aussi une mesure dangereuse, car cela
revient à rompre le contrat entre générations: le départ en retraite des générations
les plus âgées permet que les jeunes entrent sur le marché du travail; décaler l’âge
de départ à la retraite revient à entretenir le chômage des jeunes… et à
compromettre leur propre accès à la retraite.
Koaderno sindikalakAbarrekoak
Enfin, il est inacceptable que la durée de travail soit allongée. Les salarié-e-s se sont
toujours battu-e-s pour réduire le temps de travail contraint. Et nous devons
poursuivre la lutte dans ce sens.
Or, cette solution s’impose pour faire face au problème du financement des retraites:
mettre fin à la baisse de la part salariale dans la valeur ajoutée (qui est l’ensemble des
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richesses créées par les travailleurs dans l’entreprise), et exiger que soit
augmentée la part des cotisations dites patronales.
Les retraites par répartition sont un salaire continué, pas un revenu différé ni
une assistance.
Rappelons que la valeur ajoutée se ventile entre d’une part le salaire sociali-
sé, à savoir le salaire direct versé aux salariés ainsi que le salaire indirect (les
cotisations sociales, réparties entre la part du salarié et la part dite patronale)
versé aux organismes et caisses sociaux (dont celle de la retraite) qui le
transforment immédiatement en prestations sociales, d’autre part les
investissements, et enfin le profit non investi et distribué aux actionnaires sous
forme de revenus financiers.
Il s’agit d’exiger d’une part que soit augmentée la part des salaires dans la
valeur ajoutée au détriment des profits, d’autre part que soit augmenté le taux
des cotisations dites patronales qui n’a pas bougé depuis 1979.
Dans la même logique, il doit être mis fin au défaut de paiement des
cotisations de certains patrons et de l’Etat, et aux avantages fiscaux et autres
exonérations de cotisations sociales (30 milliards d’exonération de charges
sociales pour les entreprises en 2009) consenties aux entreprises.
3. Nos revendications
Nous défendons un système exclusif par répartition, reposant sur la solidarité entre les
générations, c’est à dire sur la solidarité des actifs avec les inactifs, chacun contribuant
obligatoirement selon ses revenus et recevant selon ses besoins.
Pour cela:
A
• En priorité, il faut exiger le retrait de l’ensemble des contre-réformes depuis
1993.
du que le combat doit se poursuivre pour réduire encore les annuités: 36 ans, 35
ans, etc.
Comme l’entrée sur le marché du travail est de plus en plus tardive, il faut
prendre en compte, dans le calcul des annuités, le temps de formation
post-secondaire, pour tous-tes et quelle que soit cette formation (stages,
apprentissage, études supérieures...), les périodes sans emploi, les périodes de
précarité et/ou de temps partiel subis, ainsi que les bonifications pour enfants.
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Les femmes sont extrêmement défavorisées, puisque la retraite moyenne qu’elles percevaient en 2008 s’élevait à 826 euros par mois, alors que celle des hommes était
de 1426 euros : périodes d’inactivité plus longues et plus nombreuses, temps partiels imposés, pressions sociales, culturelles et économiques (emplois peu qualifiés et
mal payés, salaires partout inférieurs à ceux des hommes) pour les inciter à rester au foyer font qu’elles ont des « carrières » incomplètes et des revenus bien plus fai-
bles. En 2008, seulement 39% des femmes retraitées ont pu valider 37,5 ans de cotisation contre 85% des hommes. Le taux de pauvreté des personnes de 60 ans et plus
s’élève à 10%. En 2007, 60% des retraités ont un revenu fiscal inférieur à 9437 euros (786 euros/mois). 600 000 personnes, dont 70% des femmes, touchent le minimum
vieillesse (628 euros/mois).
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• Les retraites doivent être indexées non sur l’indice prévisionnel des
prix mais sur les salaires.
Gagner cette bataille sociale décisive sur les retraites est primordial; cela
permettra de gagner les suivantes: sur les salaires, sur l’emploi, contre la
précarité et l’accroissement des inégalités...
Par ailleurs, la question des retraites nous amène à poser des problèmes plus
globaux: sur le travail, le salariat, le type de production (pour qui, par qui,
pour quoi), la mutualisation des biens et des services, le lieu et la forme de
prises de décisions, le partage des richesses, la nature même de ces
richesses qui ne sauraient se mesurer uniquement par des flux financiers,
comme le fait le PIB.
1991: Rocard publie Le livre blanc sur les retraites; il y appelle à des «réformes» du
système des retraites.
1993: Balladur introduit les retraites par capitalisation et attaque le régime des
salariés du privé: durée de cotisation nécessaire pour obtenir sa retraite à taux plein
portée de 37,5 ans à 40 ans; décote de 10% appliquée par année manquante
(ramenée à 5% en 2003); pensions calculées sur la base des 25 meilleures années de
référence (au lieu des 10) et indexées non plus sur les salaires mais sur les prix, ce
qui entraîne une première baisse importante des pensions (-20%). En outre, par
l’indexation des retraites sur l’indice prévisionnel des prix, on prétend fixer une fois
A
pour toutes la valeur de la retraite indépendamment de la richesse collective.
1995: Juppé tente de remettre en cause le régime des retraites du public et des
salariés des entreprises à statut public. Mais un mouvement général et massif,
emmené par les cheminots, fait avorter le projet.
2007-2008: Bertrand et Fillon mettent fin aux régimes spéciaux pour les agents de la
SNCF, RATP, GDF, EDF.
Ils organisent également l’augmentation de cotisation d’un trimestre par an: 41 ans à
l’horizon 2012, 41,5 ans ensuite etc.., cherchant à faire passer ces mesures pour
fatales et inéluctables.