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JEAN-LUC NANCY*
d’un côté, de l’autre, dedans, dehors, de un lado, del otro, adentro, afuera,
ici et lá aquí y allí,
avant et après, antes y después,
haut et bas, arriba y abajo,
animal et dieu, animal y dios,
femme et homme, mujer y hombre,
droite et gauche, derecha e izquierda,
jamais, toujours, jamás, siempre,
ici, de l’autre, aquí, del otro,
dehors, femme, afuera, mujer,
avant, jamais, antes, jamás,
animal, droite, animal, derecha, 141
toujours amour, siempre amor,
dieu, lieu, dios, lugar,
milieu, mitad,
homme, pomme, hombre, manzana,
après, tout près, después, muy cerca
encore plus près. aún más cerca.
* Filósofo francés.
d’ un côté
exposé. exposé.
de un lado
expuesto. expuesto.
dedans dehors
Le corps n’est que dehors: peau exposée, Tout cela pourtant qu’il soutient de ses
réseau de receveurs et d’émetteurs sen arcs-boutants, de ses colonnes, cages, tubes
sibles. Tout en dehors et rien comme et membres, tout cela l’impressionne
un “moi” qui se tiendrait enveloppé à aussi. Cela s’exprime en lui et nulle part
l’intérieur. Pas de fantôme dans la machine, ailleurs. Le dehors exposé n’a pas d’autre lieu
rien, le point sans dimension où “je” sens que ce dedans pour y fourrer ses sensations
et me sens sentir. Le dedans de l’enveloppe tout autant que ses nourritures, l’air qu’il
n’est encore qu’un autre dehors développé respire, les baisers, le savoir qu’il aspire. C’est
autrement, tout en replis, retours, convolu- là que ça sent et que ça se sent sentir, c’est dans
tions et adhérences, tout invaginations, l’estomac, l’intestin, aux palpitations du cœur,
amoncellements et conglomérats. aux insufflations des poumons, pour ne rien
Il se sent à peine puisque tout y touche dire des infiltrations sourdes qui cheminent de
tout dans une épaisseur continue. Tout s’y nerfs en muscles, de canaux lymphatiques
touche, tout s’y mêle, tout s’y glisse dans en massifs hépatiques, en biles et en sucs de
le silence des organes qui ne s’offrent entre pancréas. La peau sent sous la peau, l’œil
eux ni vues, ni goûts, ni odeurs, ni sons et voit dans la gelée prise sous les méninges.
pour finir à peine un toucher puisqu’il est, Mais je dis trop, je dis bien trop disant
ce dedans, si constant, si épais, si bien pris ces mots que j’ai appris d’un autre extérieur,
dans la masse compacte et solidaire que le d’une médecine ou d’une physiologie, d’une
corps intérieur est sans organes. Etant au anatomie pour lesquelles les vésicules, les
144 dehors de moi comme ce dedans dans tendons, les péristaltismes ont un sens déter-
lequel il n’est pas question de pénétrer –sauf miné, fonctionnel, qui lorsqu’il m’est pré-
à m’éventrer ou à m’étouffer– il est dehors senté me signifie tout autre chose que mon
indéfiniment emballé, absorbé, enfoncé corps, dedans ou dehors: un dispositif, un
dans son propre magma partout bien ajusté appareil, un équipement branché sur des
à lui-même et parfaitement étranger à sondes, sur des produits chimiques, dissocié,
ce qu’il remplit, à ce qu’il soutient et disséqué par des lames ou par des aiguilles. Il
anime: toute cette peau exposée avec ses est toujours intriguant, distrayant ou dérangeant
orifices, ses muqueuses, ses pores, ses de voir l’image échographique de ses artères
poils, tous ses contacts et ses communica- ou bien celle du réseau des coronaires opacifié
tions, toutes ses vibrations de monde, par un produit de contraste et projeté sur un
de matières et d’images, de timbres et écran depuis la sonde qu’on a introduite en
d’assonances, toutes ces fumées et ces jets, ouvrant une veine à l’aine. Cela n’est
ces courants d’air, ces miroirs, ces morceaux qu’une représentation similaire aux résultats
de métal, ces autres peaux, ces propos, d’une analyse sanguine ou à une mesure
ces impressions, ces dépressions, ces spirométrique qui appartiennent à l’ensemble
expressions. de la représentation, de la computation
et de l’instrumentation physiologiques.
adentro afuera
El cuerpo no es sino sólo afuera: piel Todo esto, a pesar de que sostiene
expuesta, red de receptores y transmiso- sus arbotantes, sus columnas, huecos, tubos
res sensibles. Todo afuera y nada como un y miembros, todo esto también lo impresio-
“yo” que se tuviera envuelto en el interior. na. Esto se expresa en él y en ninguna otra
Ningún fantasma en la máquina, nada, el parte. El afuera expuesto no tiene otro lugar
punto sin dimensión donde “yo” siento y sino este adentro para atiborrar sus sensa-
me siento sentir. El adentro de la envol- ciones, así como sus alimentos, el aire que
tura no es sino otro afuera desenvuelto de respira, los besos, el saber que aspira. Allí
otro modo, todo en recovecos, retornos, esto siente y se siente sentir, en el estómago,
circunvoluciones y adherencias, todo en el intestino, en las palpitaciones del cora
invaginaciones, amontonamientos y zón, en las insuflaciones de los pulmones,
conglomerados. por no decir nada de las infiltraciones sordas
Se siente apenas porque todo toca todo que fluyen de los nervios en los músculos,
en un espesor constante. Todo se toca, de los canales linfáticos en las masas hepá-
todo se mezcla, todo se desliza en el si- ticas, en las bilis y en los jugos del páncreas.
lencio de los órganos que no se ofrecen La piel siente debajo la piel, el ojo ve en la
entre ellos ni vistas, ni sabores, ni olores, gelatina presa debajo de las meninges.
Pero digo mucho, digo demasiado di
ni sonidos y para acabar apenas un toque
ciendo estas palabras que he aprendido de
porque es, este adentro, tan constante, tan
un otro exterior, de una medicina o de una
espeso, tan bien sujeto a la masa compac-
fisiología, de una anatomía, para las cuales
ta y solidaria que el cuerpo interior es sin
las vesículas, los tendones, los peristaltis 145
órganos. Estando afuera de mí como este
mos tienen un sentido determinado, funcio-
adentro en el cual no se trata de penetrar nal, que cuando se me presenta me significa
–salvo a desentrañarme o a atragan cualquier otra cosa que mi cuerpo, aden-
tarme– está indefinidamente embalado, tro o afuera: un dispositivo, un aparato, un
absorbido, empujado hacia su propio equipo conectado a las sondas, a los produc
magma en todas partes bien ajustado a él tos químicos, disociado, diseccionado por
mismo y perfectamente extraño a lo que las cuchillas o por las agujas. Siempre es
llena, a lo que sostiene y anima: toda esta intrigante, entretenido o perturbador ver la
piel expuesta con sus orificios, sus mu- imagen ecográfica de sus arterias o bien
cosas, sus poros, sus pelos, todos sus con la red de coronarias opacada por contraste
tactos, y sus comunicaciones, todas sus radiológico y proyectada en una pantalla
vibraciones del mundo, de materias y desde la sonda que se ha introducido abrien-
de imágenes, de timbres y de asonan- do una vena en la ingle. Esta no es más
cias, todos estos humos y estos chorros, que una representación similar a los resul
estas corrientes de aire, estos espejos, estos tados de un análisis sanguíneo o a una
pedazos de metal, estas otras pieles, medida espirómetrica que pertenece al
estos propósitos, estas impresiones, estas conjunto de la representación, de la compu
depresiones, estas expresiones. tación y de la instrumentación fisiológica.
Il s’agit d’un autre sujet que celui qui Il n’y a pas de représentation de
se tient dessous –sub-jectum, sup-positum, ce dehors qui grouille dedans, ou bien ce
sub-stantia– et qui en ce dessous ingère non sont des coupes sur lamelles, des imageries
seulement des aliments mais leurs goûts et à résonance magnétiques ou des scanners à
avec eux les goûts de toutes choses, les émission de positons. Cependant il ne faut
chocs, les frottements, les grelots et les pas se presser trop de récuser les anatomies,
trompes, les humeurs et les pulsations, l’air, les histologies ni les physiologies: leur
l’esprit, la chaleur, la tendresse, l’ennui, le
étrangeté technique ne laisse pas de nous
désir. Ce sujet-là paraît assujetti à l’autre, au
rappeler que c’est quand même nous. En
personnage qui se dit “moi”, et pourtant cette
personne n’est qu’une très mince feuille de quelque manière il faut bien que mon
contact, presque rien, un intervalle entre œil soit vitreux, aqueux, irisé; que mon doigt
dessous et dessus, entre ces deux dehors qui soit osseux, tendineux, ongulé. Ces choses-
lui font ce qu’il croit pouvoir dire un dedans. là ne sont pas tout à fait des choses et la
Mais là-dedans aussi ça se rapporte à soi, ça planche d’anatomie garde le trouble d’un
se sent, ça grogne ou ça gêne, ça crispe ou miroir secret. L’écorché moulé en résine,
ça se détend. Il y résonne des borborygmes, avec ses organes rouges, bruns et bleus,
il y passe des sifflements, il s’y dresse des ou le squelette de plastique blême aux
érections. A tout instant, à tout endroit, la 367 os crochetés en ordre me disent ou me
peau imprime à son revers –houppes, fibres, peignent moi-même, comment l’ignorer?
fascicules nerveux– tous les messages Comment donc ignorer quel point je
–images, ramages, nuages– qui me signalent suis loin, à quel point méconnaissable,
rien de plus, rien de moins que ma présence
étrangement inquiétant?
au monde. Or elle est aussi, cette présence,
exposée à même mes entrailles, à même mes
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intestins qui sont selon leur nom le dedans
même, non loin de l’intime, non loin de
l’interior intimo meo augustinien et pas loin
de l’interfeces et urinam de même mouture,
tout près du dieu excellent comme de
l’excrément infâme. Ce qui sort et ce qui
entre, merde ou pensée, parole ou salive,
excitation, excoriation, tout va de pair et de
conserve d’un dehors l’autre, constant mur-
mure et remuement du même ensemble en
soi tout entier hors de moi. Moi je reste
l’intime point nul d’un esprit nulle part
localisé dans cet empêtrement barbouillé
de pulpes, de tissus, de fluides qui donne
lieu en son entier à cette âme qu’il faut
concevoir étendue partout le long des
vaisseaux et des téguments, nouée des nœuds
lymphatiques et baignée de plasma.
Se trata de un otro sujeto que el que se No hay una representación de este afue
tiende debajo –sub-jectum, sup-positum, ra que hormiguea dentro, o bien son seccio
sub-stantia– y que en ese debajo ingiere no nes sobre láminas, imágenes de resonancia
sólo alimentos, sino sus sabores y con ellos magnética o escáneres de emisión de posi
los sabores de todas las cosas, los cho- ciones. Sin embargo no es necesario apre-
ques, los frotamientos, los cascabeles y las
surarse demasiado en recusar las anato-
trompas, los humores y las pulsaciones, el
aire, el espíritu, el calor, la ternura, el abu- mías, las histologías ni las fisiologías: su
rrimiento, el deseo. Este sujeto-ahí parece extrañeza técnica no deja de recordarnos
sujeto al otro, al personaje que se dice “yo”, que es a pesar de todo nosotros. De algu-
y sin embargo esta persona no es sino una na manera es muy necesario que mi ojo sea
hoja de contacto muy delgada, casi nada, un vidrioso, acuoso, irisado; que mi dedo
intervalo entre debajo y encima, entre estos sea óseo, fibroso, ungulado. Estas cosas
dos afuera que lo hacen esto que cree poder no son del todo cosas y la plancha de ana
decir un adentro. Pero allá adentro también tomía guarda el desconcierto de un espejo
eso se refiere a sí, eso se siente, eso gruñe o secreto. La figura anatómica desollada mol
eso molesta, eso crispa o se afloja. Resuena
deada en resina, con sus órganos rojos, cafés
de borborigmos, echa silbidos, levanta
y azules, o el esqueleto de plástico descolo
erecciones. En cualquier instante, en cual-
quier lugar la piel imprime a su reverso rido de 367 huesos enganchados en orden
–borlas, fibras, fascículos nerviosos– todos me dicen o me rastrillan a mí mismo, ¿cómo
los mensajes –imágenes, ramajes, nubes– ignorarlo? ¿Cómo, pues ignorar hasta qué
que me señalan nada más y nada menos que punto estoy lejos, hasta qué punto irreco
mi presencia en el mundo. O es también, nocible, extrañamente inquietante?
esta presencia, expuesta hasta mis mismas
entrañas, hasta mis intestinos que son según 147
su nombre el adentro mismo, no lejos de
lo íntimo, no lejos del interior intimo meo
agustiniano y no lejos del interfeces et uri-
nam de la misma molienda, todo cerca del
dios excelente como del excremento infame.
Lo que sale y lo que entra, mierda o pensa-
miento, palabra o saliva, excitación, exco-
riación, todo a la par y conjuntamente de un
adentro al otro, murmullo constante y mo-
vimiento del mismo conjunto en sí entero
fuera de mí. Sigo siendo el punto nulo ínti
mo de un espíritu que en ninguna parte se
localiza en esta trabazón embadurnada de
pulpas, de tejidos, de fluidos que da lugar
en su totalidad a esta alma que es necesa
rio concebir extensa a lo largo de vasos y
tegumentos, anudado de nodos linfáticos
y bañado de plasma.
P
resento las traducciones de dos textos
del filósofo francés Jean-Luc Nancy. iCon relación a la primera, de un lado,
le agradezco al profesor Nancy por especificarme el sentido de las palabras
faille y défaillance, y también por precisar el valor de la preposición sur en
la frase une bouche ouverte sur un chant [Comunicación con el autor por
correo electrónico, 2 de septiembre de 2013]. Los ajustes finales al español
son míos; invito a los lectores a compararlos con la letra de la canción de Julien
Clerk “Mi preferencia” (“Ma préférence”, Jaloux, 1978): Conozco su insu-
ficiencia…
Maria Konta