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Pour s'éclaircir la peau, certaines femmes n'hésitent pas à s'appliquer des crèmes pour se
dépigmenter la peau.
Avoir une peau claire peut-il être un critère de beauté ? A l'instar de l'Asie, certaines femmes des
pays d'Afrique considèrent qu'une peau claire est synonyme de beauté et de succès. Résultat de
ce phénomène qui touche surtout les femmes : une course à l'éclaircissement de la peau qui a
souvent de graves conséquences.
Au-delà de l'esthétique, Il existe plusieurs raisons qui peuvent pousser les femmes noires à
s'éclaircir la peau. Leslie Carombo, cosmétologue et fondatrice de Cosmethnic
Consulting explique : "il y a la peur d'être trop noire, l'idée que le teint métissé ou blanc est plus
séduisant et l'impression que l'on sera mieux considérée socialement avec un teint plus clair. Il
s'agit bien de causes esthétiques, mais aussi psychologiques, ethnologiques, sociales et
éducatives". Une exposition de la culture occidentale et de la peau immaculée dénoncée en mars
2016 lors de la campagne "Unfair and lovely" -injuste et jolie- en référence au nom de la
principale crème blanchissante vendue en Asie et baptisée "Fair and lovely" -clair et jolie-. Le
hashtag #unfairandlovely était rapidement devenu viral sur Instagram et Twitter.
Les marques sont également nombreuses à surfer sur la tendance, choisissant d'attribuer
l'appellation "éclaircissante" à des produits visant à obtenir un teint plus lumineux ou à atténuer
les taches brunes.
Méthode plus répandue, l'utilisation de crèmes blanchissantes -interdites sur le marché français-
composées de cortisone ou d'hydroquinone, une substance qui, utilisée de manière régulière
peut être cancérigène et dégrader la peau de manière irréversible (lupus érythémateux,
dermatites de contact...).
La jeune femme décide alors de stopper l'application de cette crème. "Ce fut une prise de
conscience, un besoin de me retrouver et de connaître enfin ma peau. C'était une forme
de renaissance identitaire." Après plusieurs consultations visant à réparer les dégâts infligés à sa
peau, elle se rend compte du parcours du combattant qui s'engage. "Aucun médecin ne pouvait
me prendre en charge. Par manque de connaissances sur le sujet, mais aussi parce que les seuls
praticiens informés ont une liste d'attente longue comme le bras."
Elle décide donc d'arrêter seule, sans avis médical. Un processus difficile physiquement et
psychologiquement. "La pression familiale est énorme afin de ne pas arrêter. Dès que l'on
n'applique plus la crème, il y a ce que l'on appelle un effet rebond. La peau se re-pigmente par
endroit, le teint n'est pas unifié, les taches sont très nombreuses et le tout s'accompagne
d'une poussée d'acné." Mais Mariam tient bon. Un an après, sa peau commence à se reconstruire
mais reste très fragile, sensible au soleil et n'a pas une très bonne cicatrisation.
Les actions de l'association ont permis la saisie, par les douanes, de produits interdits. Elle bataille
pour que ces crèmes à base d'hydroquinone, corticoïdes et parfois mercure, ne pénètrent pas sur
le sol français. Elle met également en place des actions -conférences, brochures, rencontres- dans
le but de déculpabiliser les victimes et d'amener une réflexion sur cet enjeu sanitaire qui a une
incidence sur la santé publique. Isabelle Mananga ajoute: "La dépigmentation peut provoquer
des cancers de la peau ou encore une insuffisance rénale. La prévention prend du temps, mais
est nécessaire pour faire bouger les choses plus vite. C'est le seul moyen d'attirer l'opinion
publique sur le sujet".