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formation continueendodontie

Détermination
de la longueur
de travail

Sandrine Dahan Nettoyer, désinfecter et protéger les tissus


biologiques d’une nouvelle contamination
Rubrique du CPEA animée par bactérienne sont des soins communs compris
Pierre Machtou et Dominique Martin par toute personne même étrangère au monde
médical. L’objectif de l’endodontie est
ÉVALUATION FORMATION CONTINUE de réaliser ces soins dans des zones très peu
1 La radio préopératoire prise avec un angulateur permet de accessibles, la difficulté est alors d’amener
donner une estimation de la longueur de travail de l’ord re instruments de nettoyage, solution
du millimètre. n Vrai n Faux
de désinfection et matériaux d’obturation
2 Le repère coronaire est toujours choisi au niveau de la cuspide jusqu’aux limites de l’endodonte.
correspondant au canal.
n Vrai n Faux Celles-ci étant inaccessibles à la vue,
3 La limite apicale, recherchée cliniquement, est le foramen. comment va-t-on pouvoir les localiser ?
n Vrai n Faux Pour se repérer, le praticien utilise
4 La grande fiabilité du localisateur d’apex rend les radio per- des instruments sur lesquels est reportée
opératoires inutiles. n Vrai n Faux la longueur de travail, c’est-à-dire la distance
5 La longueur de travail est à réévaluer après la mise en forme. entre un repère coronaire et la limite apicale
n Vrai n Faux de l’endodonte. Cette mesure va être
essentielle tout au long du traitement
Les réponses à ces questions sont disponibles sur le site pour guider les instruments et matériaux
internet de l’ID : www.information-dentaire.com d’obturation. Comment réaliser cette mesure
Cet article répond-t-il à vos attentes en matière de formation avec la plus grande fiabilité ?
continue ? : votre opinion à faugereau@information-dentaire.fr

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Le repère coronaire 1. La dent doit


par la suite être
Pour que notre mesure soit fiable, il faut avant tout un repère reconstituée
coronaire stable. Il doit être stable par sa forme pour faciliter la par une
l e c t u re et stable dans le temps, pour pouvoir être retrouvé au couronne,
cours d’une séance ultérieure. Son choix se fait en re g a rd du la cuspide est
m e u lée pour
canal traité, et lorsque la dent doit par la suite être reconstituée
que le
par une couronne prothétique, les cuspides peuvent être meulées positionnement
afin de disposer d’un repère plus lisible (fig. 1). Quand la dent du stop soit
présente une perte de substance importante, il est nécessaire de facile.
reconstituer de façon transitoire les parois manquantes. Cette
reconstitution pré-endodontique permet de re t rouver un repère
coronaire stable, de faciliter la pose du champ opératoire et de
réaliser une cavité d’accès de classe 1 constituant un réserv o i r
d’hypochlorite et permettant la pose d’une obturation transi-
toire étanche (5).
Lors de la pénétration initiale, il arrive que la lime soit projetée au
niveau de la cuspide opposée au canal traité, on pourrait être
alors tenté de prendre cette cuspide pour re p è re. Dans ce cas, la
position de la lime traduit un accès coronaire angulé. La courbure
coronaire doit être redressée pour assurer l’accès aux 2/3 apicaux.
Ce travail peut être réalisé à l’aide de forets de Gates ou d’instru-
ments rotatifs (tels que le Protaper SX®) que l’on fait travailler
aux dépens de la paroi opposée à la courbure. Cette paroi, dite
paroi de sécurité, est celle qui porte le nom du canal (exemple :
pour le canal mésio-vestibulaire, appuyer l’instrument en direction
mésio-vestibulaire). Après préparation du tiers coro n a i re, la lime née cliniquement, nous optons pour le foramen apical. Pour
n’est plus projetée au niveau de la cuspide opposée et le repère déterminer sa position, il existe différentes techniques ; aucune
coronaire en regard du canal reprend son sens. d’entre elles n’étant d’une fiabilité absolue, il est nécessaire d’en
mettre en œuvre plusieurs au cours d’un même traitement.

Une fois la limite coronaire fixée,


nous pouvons nous intéresser Comment localiser la limite apicale ?
à la limite apicale.
La radiographie pré-opératoire
En préopératoire un cliché orthogonal réalisé selon la technique
des plans parallèles avec un long cône doit être systématique
Quelle est la limite apicale ? (fig. 2 ). Cette radiographie donne une première estimation de la
Idéalement, le traitement devrait pre n d re fin au niveau de la longueur de travail avec une précision de l’ordre du millimètre.
limite endo-parodontale, c’est-à-dire la jonction cémento-denti-
n a i re. Malheureusement, cette limite n’est décelable qu’histolo- Le localisateur d’apex
giquement. En 1955 Kuttler réalise une étude anatomique de Développé depuis 1962 par Sunada, le localisateur d’apex est la
référence (4) dans laquelle il montre que la jonction cémento- technique de mesure de longueur de travail qui a le plus évolué
dentinaire est en moyenne située à 0,5 mm de l’apex anatomique. ces dern i è res années. Fondée à l‘origine sur une mesure de résis-
Certains cliniciens ont alors proposé de travailler à 0,5 mm de tance d’un courant continu, elle repose aujourd’hui sur des mesu-
l’apex, cependant Kuttler a aussi montré que, dans plus de la res d’impédance de plusieurs courants alternatifs de fréquences
moitié des cas, cette jonction se faisait au niveau du foramen. différentes (3). L’intégration de ces mesures varie selon les modè-
Nous ne pouvons donc pas appliquer une règle statistique dans les de localisateur d’apex, et donne comme unique information
notre pratique clinique sous peine de laisser, chez plus de 50 % fiable la position de la lime lors de son passage dans le desmo-
de nos patients, une partie de leur système canalaire non traité. donte (6). Lorsque la lime n’est plus cernée par les parois cana-
Dans le cas de dents infectées, cette portion du canal constitue- laires, le courant varie et le localisateur d’apex l’indique par un son,
rait un réservoir bactérien responsable de l’échec endodontique. un signal lumineux ou l’apparition de la mention « apex » sur
Il nous faut donc choisir une autre limite qui peut être détermi- l’écran (fig. 6). La rencontre de la lime avec le desmodonte ne

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2. 36 présente une carie sous un composite


et une nécrose pulpaire. Elle sera traitée
endodontiquement après re c o n struction
pré-endodontique.
3. Radiographie lime en pla ce.
4. Radiographie cône en place.
5. A n g u lateur permettant la prise de clichés
per-opérato i re malgré la pré s e n ce du clamp
et des instruments.
6. Le loca l i sateur d’a p ex indique que la lime
a pénétré le desmodonte.

5 6

c o rrespond pas nécessairement avec l’apex anatomique. En effet, La radiographie lime en place
il a été montré (4) que le foramen apical n’était situé que rarement Ce cliché, réalisé avec un angulateur approprié (fig. 3 et 5 ),
au niveau de l’apex anatomique. Ainsi, la dénomination de « l o c a- nous permet de visualiser le trajet et la position de la lime dans le
lisateur d’apex » peut paraître impro p re. Les informations de canal. Idéalement l’extrémité de la lime doit affleurer la surface
distance entre la lime et le foramen affichées sur l’écran des radiculaire afin de visualiser la position du foramen.
a p p a reils ne sont pas fiables et ne doivent pas être prises en
compte. La radiographie cône en place
Ce cliché est indispensable quelle que soit la technique d’obtura-
L’utilisation du localisateur d’apex nécessite le respect de quelques tion pratiquée car la mise en forme, et notamment le redresse-
précautions. Si les technologies actuelles permettent de prati- ment des axes, provoque une évolution du trajet de la lime dans
quer des mesures dans un canal contenant une solution d’irr i g a- le canal, ce qui induit une légère modification de la longueur de
tion, il est néanmoins important de veiller à éviter les dérivations travail au cours du traitement. Il est réalisé en fin de mise en
électriques. Pour cela, l’emploi du localisateur d’apex doit se faire f o rme, et comme pour la radiographie lime en place, on re c h e r-
sous digue, la couronne de la dent doit être sèche et dépourv u e chera la coïncidence entre l’extrémité du cône et la surface radi-
de restauration métallique. Pour améliorer la fiabilité de la mesure, culaire (fig. 4).
il est préférable d’utiliser une lime dont le calibre est proche de
celui du canal. Par ailleurs, la présence d’un sinus procident ou La lime de perméabilité
d’une hémorragie incontrôlée trouble la mesure. Si le canal a été suffisamment mis en forme, avec une lime
Enfin, il est classiquement considéré que certaines générations de précourbée de petit calibre il est possible de sentir le passage
pacemaker risquent d’être déréglées par le courant du localisateur au-delà du foramen (fig. 7).
d’apex (1), ce qui n’est pas confirmé par la littérature (2,7).

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7.La lime de perméa b i l i té est précourbée.


8. La longueur de travail est représentée par la dist a n ce entre
le repère coronaire, matérialisé par les précelle s, et la partie
imbibée de sang ou de sérosités.
9, 10 et 11. La longueur de travail est contrôlée jusqu’à
l’obturation en per-opératoire (9) puis en postopérato i re
avec un cliché orthogonal (10) et angulé (11).

7 8

9 10 11

Les cônes de papier BIBLIOGRAPHIE


Ultime vérification avant obturation, cette technique permet d’af- 1. Beach CW, Bramwell JD, Hutter JW. Use of an electronic apex locator on a
finer la mesure après la mise en forme. Dans un premier temps le cardiac pacemaker patient. J Endod. 1996 Apr ; 22 (4) :182-4.
canal est séché, puis des cônes de papier sont placés quelques 2. Garofalo RR, Ede EN, Dorn SO, Kuttler S. Effect of electronic apex locators
secondes au-delà du foramen et retirés. La partie du cône dépas- on cardiac pacemaker function. J Endod. 2002 Dec ; 28 (12) : 831-3.
sant la limite apicale s’imbibe de sang ou de sérosité et la longueur
3. Gordon MP, Chandler NP. Electronic apex locators. Int Endod J. 2004 Jul ;
de travail est représentée par la partie sèche du cône. Cette 37 (7) : 425-37.
opération est répétée 3 à 4 fois afin de s’assurer de la fiabilité de
4. Kuttler Y. Microscopic investigation of root apices. J. Am Dent Ass, 1955 ;
la mesure (fig. 8). 50 (8) : 544-552.

La mesure de longueur de travail doit être une préoccupation 5. Martin D. La temporisation endo-prothétique : aspects cliniques. Réalités
cliniques 15 (1), 2004 : 55-66.
constante tout au long du traitement depuis la radiographie pré-
opératoire jusqu’au cliché postopératoire (fig. 9, 10 et 11). La 6. Nekoofar MH, Ghandi MM, Hayes SJ, Dummer PM. The fundamental ope-
rating principles of electronic root canal length measurement devices.
diversité des techniques auxquelles nous avons recours et la répé- Int Endod J. 2006 Aug ; 39 (8) : 595-609.
tition des mesures nous assurent de déterminer la longueur de
7. Wilson BL,Broberg C, Baumgartner JC, Harris C, Kron J. Safety of electro-
travail avec la plus grande précision. Le localisateur d’apex qui nic apex locators and pulp testers in patients with implanted card i a c
paraît aujourd’hui être un outil incontournable de la mesure de pacemakers or card i o v e rter/defibrillators. J Endod. 2006 Sep ; 32 (9) :
longueur de travail nécessite d’être employé avec rigueur dans le 847-52. Epub 2006 Jun 23.
respect des précautions décrites et ne peut en aucun cas être un Adresse de l’auteur
moyen unique de mesure. Sandrine Dahan
12 avenue René Samuel 92140 Clamart

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Revue de littérature Bigby J, Reader A, Nusstein J, Beck


M, Weaver J. Articaine for supple-
mental intraosseous anesthesia in
par Dominique Martin et Sandrine Dahan
patients with irreversible pulpitis.
J Endod. 2006 Nov ; 32 (11) : 1044-7.
L’objet de cette étude est de déterm i n e r
l ’ e fficacité anesthésique et l’effet sur le
rythme cardiaque d’une solution de 4 %
Soukos Ns, Chen Ps, Morris Jt, Kanaa Md, Meechan Jg, Corbett Ip, d’articaïne avec 1 : 100 000 d’épinéphrine
R u g g i e ro K, Abernethy Ad, Som S, Whitworth Jm. Speed of injection utilisée dans le cadre d’une injection
Foschi F, Doucette S, Bammann Ll, influences efficacy of inferior alveo- c o m p l é m e n t a i re intra-osseuse dans la
Fontana Cr, Doukas Ag, Stashenko Pp. lar nerve blocks : a double-blind région mandibulaire postérieure. 49
Photodynamic therapy for endodon- randomized controlled trial in volun- patients ayant consulté en urgence avec
tic disinfection. J Endod. 2006 Oct ; 32 teers. J Endod. 2006 Oct ; 32 (10) : des signes de pulpite irréversible ont reçu
(10) : 979-84. 919-23. Epub 2006 Jul 7. une anesthésie locorégionale du nerf
L’objet de cette étude est d’évaluer les Cette étude en double-aveugle a pour d e n t a i re inférieur, parmi ces patients, 37
effets d’une thérapie photodynamique sur objet d’évaluer l’efficacité et l’inconfort ont présenté une sensibilité lors du frai-
des microorganismes connus comme étant associé à une injection lente (60 s) et rapide sage dentinaire ou lors de la pénétration
des pathogènes endodontiques en phase (15 s) d’une solution anesthésique de 2 % c a n a l a i re initiale. Pour ces patients, une
planctonique et des biofilms de lidocaïne avec 1 : 80,000 d’épinéphrine injection intra-osseuse d’une solution de
d’Enteroccoccus Faecalis dans des canaux lors d’une anesthésie locorégionale du nerf 4 % d’articaïne avec 1 : 100 000 d’épi-
de dents extraites infectésartificiellement. dentaire inférieur sur 38 adultes volontai- néphrine a été réalisée avec le système
Les colonies de micro o rganismes ont été res en bonne santé. La sensibilité des molai- stabident. Le succès a été défini par l’ab-
exposées au bleu de méthylène (25 res, prémolaires et incisives mandibulaires sence de douleur ou une douleur légère
m i c rog/ml) pendant 5 minutes suivi d’une a été testée à l’aide d’un testeur de vitalité lors de la réalisation de la cavité d’accès
exposition à une lumière rouge d’une p u l p a i re électronique et les épisodes de ou de la pénétration canalaire initiale. Les
longueur d’onde de 665 nm. Le bleu de stimulation maximale sans aucune sensa- résultats montrent qu’une anesthésie satis-
méthylène a éliminé toutes les espèces tion ont été enregistrés. L’inconfort a été faisante a été obtenue dans 85 % des cas
bactériennes, à l’exception de l’E. Faecalis auto évalué par les volontaires sur une (32 sur 37). L’augmentation maximale du
(53 % tués). La même concentration de échelle millimétrée graduée de 1 à 100. rythme cardiaque était de 32 pulsations/mn
bleu de méthylène combiné à une lumière L’injection lente a donné plus d’épisodes durant l’injection.
rouge (222 J/cm2) était capable d’éliminer d’absence de sensations au test que l’injec-
97 % des biofilms d’Enteroccoccus Faecalis tion rapide (molaires : 220 versus 159, L’anesthésie de molaires ou prémolaire s
dans les canaux en utilisant une fibre opti- prémolaires 253 versus 216, incisives laté- m a n d i b u l a i res présentant des signes de
que avec des diffuseurs multiples qui distri- rales 119 versus 99). L’injection lente était pulpite irréversible est très difficile. Cette
buent la lumière à 360°. plus confortable que l’injection rapide. étude montre qu’une anesthésie du nerf
d e n t a i re inférieur ne permet d’obtenir le
La technique de photoactivation d’une Bien que le phénomène ne soit pas claire- c o n f o rtopératoire que dans 25 % des cas
solution est une intéressante voie de ment expliqué, une injection lente de la (12 sur 49). Dans ces situations difficiles, le
recherche pour compléter la désinfection solution anesthésique lors d’une anesthé- recours à une injection intra-osseuse donne
des canaux après nettoyage et mise en sie du nerf dentaire inférieur donne de de bons résultats et présente un inconfort
f o rme. L’idée est d’utiliser une solution peu meilleurs résultats en termes d’eff i c a c i t é minimum lors de l’injection. Ces résultats
cytotoxique dont l’action antibactérienne qu’une injection rapide et est plus confor- confirment ceux obtenus dans les études
serait activée in situ par une lumière de table pour le patient. Il est à noter que l’in- précédentes et soulignent l’intérêt de cette
longueur d’onde appropriée. L’objectif est jection dite lente dure ici 60s, certains technique anesthésique en complément
d ’ a rriver à une élimination totale de toutes auteurs suggèrent une injection encore d’une anesthésie locorégionale du nerf
les bactéries présentes dans les canaux et plus lente de l’ordre de 2 minutes. dentaire inférieur.
dans les canalicules dentinaires dans un
temps court, sans effet cytotoxique pour les
tissus périapicaux ni élévation de tempéra-
ture de la surface externe de la racine.

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