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I -‐ Liturgie
l’église pour être offerts à leurs intentions. Le sceau imprimé sur la prosphora
représente une croix entourée des lettres KT YS OK LA (Jésus Christ vainqueur).
2
« L’entrée des saints dons se fait pour une utilité pratique, parce que d’habitude ils se
trouvaient dans la sacristie (skevophylakion). » (Nicolas CABASILAS, Au sujet des
rites de la Divine Liturgie, SC 4 bis, p. 371).
4
65-78.
5
de Léon Toscan”, OCP 35, 1969 : Léon Toscan traduit en latin une diataxis du Xe s. qui
stipule que les paroles de la consécration sont dites à voix basse.
14. Cf. CUTLER-SPIESER, Byzance médiévale, p. 266-284.
15. Nicétas STETHATOS, Lettre 8 à Grégoire le Sophiste, SC 81.
6
268.
8
Réponse : à la rigueur.
31. G. LAPITHÈS, Sur les sept sacrements, REB 37, 1979.
32. Ibid.
33. Ibid. Lapithès recommande la modération : trop de vin et l’on risque d’en renverser ;
signification, pour son salut, des textes de la liturgie s’ils sont mis en rapport avec la vie
du Christ. Cette relation est rendue explicite par les images. »
13
49. I. DICK, “La Passion arabe de S. Antoine Ruwah néomartyr de Damas (25
décembre 799)”, Le Muséon 74, 1961, 127-133) ; M.-F. AUZÉPY, M. KAPLAN, B.
MARTIN-HISARD, La chrétienté orientale du début du VIIe siècle au milieu du XIe
siècle, Paris, SEDES, 1996, p. 263-268. A noter un parallèle entre cette Passion et
l’Histoire Ecclésiastique de Germain de Constantinople qui, quelques décennies
auparavant, expliquait ainsi la communion sous deux espèces séparées : « (elle) montre
que le divin agneau est encore rouge du sang répandu à la divine et vivifiante
immolation de la victime spirituelle » (cité par M. JUGIE, “Messe dans l’Eglise
byzantine après le IXe s.”, DTC X, 1929, col. 1334).
50.M. JUGIE, “Un opuscule inédit de Néophyte le Reclus sur l’incorruptibilité du corps
Les azymes
Les Byzantins utilisent pour l’eucharistie du pain levé, les Latins
et les Arméniens du pain azyme. Au XIe s., l’évêque Léon d’Achrida,
soutenu par le patriarche Michel Cérulaire, accuse les Latins de
« judaïser » par l’emploi du pain azyme. Il inaugure une controverse
abondante, et les azymes sont bientôt versés au dossier des « erreurs »
des Latins.
fermenté est vivant, alors que l’azyme est un pain mort ; le levain
représente l’âme, et l’azyme un corps sans âme (erreur d’Apollinaire) ;
le pain et le levain représentant les deux natures du Christ, etc.52
L’épiclèse
Pour les Latins, la consécration s’opère quand le prêtre dit sur les
oblats les paroles du Christ : « Ceci est mon corps ... Ceci est mon
sang ». Pour les Grecs, elle n’est achevée que lorsque, après le récit de
52. Pour les argumentations en faveur du pain levé, cf. B. LEIB, Deux inédits byzantins
sur les azymes au début du XIIe s., Orientalia Christiana, Rome, 1924 ; M. H. SMITH,
And taking Bread ... Cerularius and the Azyme Controversy of 1054, Paris, 1978.
53. DÈMÈTRIOS CHOMATIANOS, Réponse à Constantin Kabasilas de Dyrrachium,
56. Une autre différence concerne les paroles de la consécration. Dans le rite latin :
« Ceci est mon corps livré pour vous ... Ceci est la coupe de mon sang ... qui sera versé
pour vous. » Dans le rite grec : « Ceci est mon corps qui est rompu pour vous ... Ceci
est mon sang ... qui est répandu pour vous ». Pour une interprétation contemporaine, cf.
Un moine de l’Eglise d’Orient (Lev GILLET), Au coeur de la fournaise, Paris, Cerf,
1998, p. 97-99.
57. Regestes, N. 1022. Cf. S. SALAVILLE, “Michel l’Oxite (1143-1146) et l'épiclèse”,
63. Cf. la position de Jean Bekkos sur le Saint Esprit après le concile de Lyon. Là
encore, l’intransigeance latine, en voulant obliger le patriarche de Constantinople à
ajouter « et du Fils » (Filioque) au symbole de Nicée récité pendant la Liturgie, fit
échouer l’union. Ces exemples montrent l’importance de la liturgie comme expression
de la foi d’une Eglise.
64. X, 3, Paris, 1971, p. 477.
65. MARC D’EPHÈSE, Libelle sur la consécration de l’eucharistie, PG 160, 1079-1090.
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Autres différends
D’autres différences dans le rite eucharistique ont nourri les
polémiques. Citons le zéon, cette eau chaude que les Grecs ajoutent
dans le calice avant la communion, pour symboliser le caractère vivant
du corps et du sang du Christ67 ; la communion des petits enfants, que
les Latins ne pratiquent pas68. Des polémistes en rajoutent, faisant de
mauvais procès aux Latins à propos de coutumes mal comprises ou de
calomnies : ainsi, selon Constantin Stilbès, auteur une liste de griefs
anti-latins après la prise de Constantinople par les croisés, dans les
eucharisties latines seul le célébrant communie au pain consacré, les
fidèles n’ayant droit qu’au baiser de paix ou à du pain bénit ; après
avoir communié les Latins se rincent la bouche et crachent par terre ;
les clercs transportent le pain consacré dans leurs poches sans respect,
II Théologie
Autres religions
L’eucharistie tient dans les controverses des Byzantins avec les
fidèles d’autres religions moins de place que le culte des images. Il
faut dire que tout juif ou musulman présent dans l’empire pouvait
constater l’omniprésence des images, mais rares étaient ceux qui
assistaient à la Liturgie. L’eucharistie ne tient dans les ouvrages de
controverses avec les juifs et les musulmans qu’une place mineure, au
milieu d’autres thèmes comme la morale ou la pénitence70.
69. J. DARROUZÈS, “Le traité de Constantin Stilbès contre les Latins”, REB 21, 1963,
p. 50-100.
70. EUTHYME ZIGABÈNE (XIIIe s.), Controverse sur la foi, PG 131, 20-37 ; analyse
par Th. KHOURY, Les théologiens chrétiens et l’islam. Textes et auteurs (8e-13e s.),
Louvain-Paris, 1969. Dans les Entretiens de Manuel II avec un musulman, l’eucharistie
est abordée dans le 31e et dernier Entretien (analyse par Th. Khoury, SC 115).
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Néo-manichéens
Les sectes d’inspiration manichéenne, étant donné le mépris de
la matière qu’elles professaient, mettaient en cause directement
l’eucharistie. Les pauliciens, à la période précédente, avaient évité la
confrontation en faisant mine de croire au corps et au sang du Christ,
mais en interprétant in petto ces termes comme désignant les
évangiles72. Si après le Xe siècle le danger paulicien n’est plus
d’actualité, les formulaires d’abjuration rédigés à leur intention
peuvent encore servir contre tout déviant relevant de la même
inspiration, comme les bogomiles : « (Anathème) à ceux qui se
détournent de la communion au corps et au sang précieux du Christ, en
simulant la recevoir, mais en ayant dans la pensée au lieu d’elle les
paroles de l’enseignement du Christ qu’il a, disent-ils, données en
communion aux apôtres en disant : “prenez, mangez, buvez” ... »73.
Arsénites
A la fin du XIIIe s., un schisme opposa les partisans du
patriarche Arsène, déposé par l’empereur Michel VIII, à ceux de son
remplaçant et de ses successeurs. Chaque parti niait la légitimité des
ordinations opérées par le parti adverse, ce qui invalidait les mystères
célébrés par ces prêtres. On a une idée de la gravité de l’impasse par
des homélies de Théolepte, évêque de Philadelphie en Asie Mineure,
contre la propagande arsénite qui. cherchait à détourner les fidèles de
participer à la Liturgie. Théolepte rappelle que l’eucharistie est
indispensable à la vie chrétienne : « Si les dons portés sur l'autel, le
pain et le vin, changés par les prêtres orthodoxes au corps et au sang
du Christ par la descente du Saint Esprit75, sont appelés et sont en
réalité le corps et le sang du Christ ... et que quelqu’un, au lieu de les
admettre et de s'en approcher, s'abstienne de les recevoir, ... n'a-t-il pas
à leur sujet des conceptions erronées ? ... Ne point participer à la
salutaire communion ou s'en écarter, n'est-ce pas repousser les
éléments sacrés comme s'ils n'avaient reçu aucune sanctification ? ...
74. Ibid., p. 68. Cf. A. VAILLANT et E. PUECH, Le traité contre les Bogomiles de
Cosmas le prêtre, Paris, 1945.
75. Théolepte exprime la doctrine orthodoxe de l’épiclèse.
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77. Sur les rivalités de clans entre diacres de Sainte-Sophie, qui forment le contexte
« politique » de ces querelles, cf.P. MAGDALINO, The Empire of Manuel I Komnenos
(1143-1180), Cambridge, 1993 ; M. ANGOLD, Church and Society in Byzantium
under the Comneni (1081-1261), Cambridge, 1995.
78. Synodikon de l’orthdoxie, TM2, p. 72-74.
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79. Michel GLYKAS, Aporie 84, éd. EUSTRATIADES, II, p. 348-379 ; Nicétas
CHONIATES, Histoires, III, PG 129, 893-7 ; V. GRUMEL, Glykas, DTC ; M.
ANGOLD, Church and Society..., Cambridge, 1995, p. 128 s.
80. On saisit là une dimension théologique de ce thème iconographique : représenter la
Cène sous-entend que le pain consacré est le corps du Christ avant sa Passion ;
représenter la Communion céleste revient à dire qu’il s’agit du corps ressuscité.
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81. Ces distinctions ne sont pas nouvelles. Glykas cite Anastase le Sinaïte, au VIIe s.,
qui, argumentant avec un aphthartodocète (pour qui le corps du Christ est incorruptible
dès l’incarnation), propose de mettre du pain consacré dans un récipient et de voir s’il
se corrompt. S’il le fait, le corps du Christ était corruptible. Cet argument ne vaut que
parce que les aphthartodocètes, comme les orthodoxes, voyaient dans l’eucharistie le
corps du Christ et non une simple image. ANASTASE LE SINAÏTE, Hodegos (Viae
Dux), éd. K. H. UTHEMANN, CCSG 6, 1981, c. 23.
82. M. JUGIE, “Un opuscule inédit de Néophyte le Reclus sur l’incorruptibilité du corps
lieu avant la consécration, c’est du pain qui est sacrifié, or que peut
signifier un sacrifice de pain ? si c’est après la consécration, c’est un
corps ressuscité et incorruptible qui est immolé, ce qui est impossible.
On voit que Cabasilas reprend les arguments de Glykas en démontrant
qu’il posait mal le problème : en situant le sacrifice après la
consécration, il n’avait d’autre solution pour le rendre possible que de
supposer que le pain consacré était un corps corruptible. En faisant
coincider consécration et sacrifice, Cabasilas montre que sacrifice et
incorruptibilité ne sont pas incompatibles.
III Pratique
Lieu
et à un sang humains, c’est Dieu lui-même que nous recevons dans nos âmes, et le
corps de Dieu, le sang et l’âme de Dieu, son esprit et son vouloir, autant que ceux d’un
homme ».
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Fréquence
Les canons interdisent de célébrer la Divine Liturgie plusieurs
fois par jour en un même lieu. Ils interdisent aussi à un prêtre de
célébrer plus d’une fois par jour, car le Christ fut crucifié une seule
fois93. La réitération de ces interdits au cours des siècles montre qu’ils
n’étaient pas toujours respectés. Le patriarche Nicolas III combattit les
Liturgies multiples, qu’il attribue à la cupidité de certains prêtres de
Constantinople, qui profitaient ainsi de plus nombreuses offrandes de
fidèles. Cette pratique reste marginale. Concrètement, on rencontre
plutôt le problème inverse. La Divine Liturgie est rarement
quotidienne, même à Sainte-Sophie : le typikon de la Grande Eglise
(Xe s.) prévoit la célébration tous les jours entre Pâques et la
Pentecôte, mais le reste de l’année on ne célèbre que les samedis,
dimanches et jours de grande fête. Ce n’est qu’en 1044 que l’empereur
Constantin IX alloue à la Grande Eglise une rente permettant d’y
célébrer la Divine Liturgie tous les jours94. Les offices à Sainte-Sophie
Règles de pureté
Les canons précisent les règles de pureté que doivent respecter
les clercs. Une pollution nocturne constitue un empêchement98, mais
Fréquence
La communion fréquente est recommandée par les Pères104.
Mais malgré les efforts des spirituels pour la promouvoir (Théodore
Stoudite, Syméon le Nouveau Théologien, Paul de l’Evergetis, Nicolas
Cabasilas, Grégoire Palamas), la crainte du sacrilège (les mystères
de pureté pour obliger les prêtres à se séparer de leurs femmes, comme le prétendent les
Latins.
103. Regestes, N. 1022.
104. Dans sa lettre 93, Basile conseille la communion quotidienne.
34
confesseur), les pénitents de deux fois par mois à trois fois par an pour
les monastères les plus rigoureux111.
prière des Eglises de rite byzantin. Nuit de Pâques, Chèvetogne, 1974, p. 38.
114. Regestes, N. 996.
115. C’est ce que prescrit G. Lapithès : cf. J. DARROUZÈS, REB 37, 1979.
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Exclusions
Certaines exclusions sont rituelles et relèvent de pratiques
héritées du Lévitique (Lév 12, 1-8 ; 15, 19) : la femme qui a ses règles
ou qui vient d’accoucher ne communie pas, sauf en cas de danger de
mort118. Une pollution nocturne écarte de la communion119. Les
concubins sont écartés aussi, même les esclaves que leurs maîtres ont
forcé à s’unir sans bénédiction nuptiale120.
réponses des chartophylax Pierre (RP, V, p. 372) et Nicéphore (REB 27, 1969, p. 178-
179).
119. Dans sa rép. 9 à Marc d'Alexandrie, Balsamon invoque Denys, Athanase et
Timothée d'Alexandrie : PG 138, 960-961. Cf. les chartophylax Pierre (RP, V, p. 370)
et Nicéphore (REB 27, p. 370).
120. Rép. 45 de Balsamon, RP, IV, p. 481-482. Cf. les chartophylax Pierre (p. 371) et
IV Spiritualité eucharistique
L’eucharistie est le plus grands des mystères, car dans les autres
le Christ nous partage ses dons, tandis que par l’eucharistie il se donne
lui-même : « Ce n’est pas à quelque chose de lui que nous avons part,
mais à lui-même ; ce n’est pas quelque rayon et une lumière que nous
recevons en nos âmes, mais le disque solaire lui-même ... »136.
nous recevons dans nos âmes, et le corps de Dieu, le sang et l’âme de Dieu, son esprit et
son vouloir, autant que ceux d’un homme » ( IV, 26).
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base de toute vie chrétienne, y compris sur le plan moral : grâce à elle,
« nous ne tendrons pas nos mains vers ce qui est mal (si nous
songeons) que ces membres sont les membres du Christ, des membres
sacrés, qui contiennent son sang comme une coupe. »142
Bibliographie
EO = Echos d’Orient
PG = Patrologia Graeca
SC = Sources Chrétiennes
Marie-Hélène Congourdeau