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Jean-Claude Cheynet
Sigillographie byzantine
LA FAMILLE BOURTZÈS
Cette famille apparaît dans l’histoire byzantine au xe siècle avec Michel Bourtzès,
le conquérant d’Antioche, donc plus tardivement que d’autres grandes familles
d’Asie Mineure, les Mélissènoi, les Sklèroi, les Phôkadés, les Maléïnoi. Ses origines
restent obscures. Deux hypothèses ont été avancées à propos de la formation de ce
patronyme. L’une le fait venir de l’arabe « bourdjy »1, c’est-à-dire l’habitant de la
tour, qui n’est autre que le grec puvrgo" passé en arabe. Selon l’autre hypothèse, le
nom de Bourtzès est à rapprocher de la forteresse de Bourzô-Sôtèroupolis2, mais le
rapport entre les deux noms n’est pas établi3. Cependant, partant de cette hypothèse,
plusieurs auteurs, N. Adontz, P. Charanis, A. K. Ka\dan ont estimé que la famille
des Bourtzai était d’origine arménienne. Charanis ajoute deux éléments à l’appui
de cette affirmation. Le prénom arménien Bardas est porté par des membres de
cette famille, et d’autre part, Michel Bourtzès vient renforcer le rebelle Sklèros à la
tête de troupes arméniennes4. Aucun de ces arguments n’est recevable. Le prénom
de Bardas n’apparaît que tardivement, au xiie siècle, et il a été introduit par l’une des
familles auxquelles se sont alliés par mariage les Bourtzai. À l’inverse, les prénoms
portés par les premiers membres de la famille qui nous soient connus, Michel,
Constantin, Théognoste, sont typiquement grecs. Que Michel Bourtzès ait conduit
des Arméniens ne doit pas surprendre. De nombreuses troupes arméniennes station-
naient en garnison dans le duché d’Antioche5 et ce fait ne permet pas d’induire
l’origine ethnique du duc d’Antioche. Nous retiendrons donc plutôt la première
hypothèse, sur l’origine arabe de la famille Bourztès, bien qu’aucun texte byzantin
ne permette de trancher définitivement la question.
Il faudrait donc voir dans les ancêtres des Bourtzai des Arabes passés au service
de l’empire, à une date qu’on ne peut préciser. Toutefois, lorsque Michel Bourtzès
apparaît, il est d’emblée associé aux activités de la plus haute aristocratie byzantine,
celle des Phocas et des Maléïnoi plus particulièrement. De plus, sa famille est établie
solidement dans le thème des Anatoliques. Ces deux constatations plaident pour
une installation déjà ancienne, vieille sans doute de plusieurs générations.
1. Cette hypothèse, qui semble la plus satisfaisante, a déjà été formulée par P. Peeters, Sainte
Sasounie martyre en Arméno-Géorgie, An. Boll. 53, 1935, p. 257.
2. Oikonomidès, Listes, p. 362. Bourzô était située sur le fleuve Akampsis, à l’est du duché de
Chaldia, sur la frontière de l’Abasgie. Même si les Bourtzai avaient été originaires de cette forteresse,
ils auraient plutôt été considérés comme des Ibères.
3. Si une famille, originaire de Bourzô, avait, à partir de ce nom de lieu, formé son patronyme,
celui-ci aurait été plutôt Bourzôtès, du même type que Chiôtès, originaire de l’île de Chios.
4. P. Charanis, Les Arméniens dans l’empire byzantin, Lisbonne 1963, p. 45.
5. Une partie de la population d’Antioche était d’origine arménienne : Ya yÄ d’Antioche II,
p. 378. Une garnison arménienne est attestée à Ra‘bân : ibidem, II, p. 406-408 ; à Antarados : ibidem,
p. 442 ; à 7aizar : ibidem, p. 458.
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66. Ya yÄ d’Antioche II, p. 373, explique qu’après sa défaite devant Sklèros, Michel Bourtzès
s’est retiré dans une de ses forteresses des Anatoliques. Il ne peut y avoir d’ambiguïté sur le possessif :
Michel Bourtzès en effet n’aurait pu commander la forteresse en tant que chef militaire de la région,
puisqu’il était duc d’Antioche à cette date. Il s’agit bien d’une forteresse qu’il détient personnellement.
7. Ya yÄ d’Antioche II, p. 438.
8. Cf. infra. Na Bourtzaina no 16.
9. Sur la famille au xie siècle, voir Krsmanovib, Military Aristocracy.
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byzantine en vigueur à cette époque, l’aîné des petits-fils porte le prénom du grand-
père paternel ; en conséquence, si chacun des fils de Constantin Bourtzès (no 5) a
engendré lui-même un fils, il s’est appelé Constantin, et à cette génération nous
pouvons avoir trois homonymes qui étaient cousins germains. Les prénoms les plus
représentatifs de cette famille sont Michel et Constantin et il est particulièrement
difficile de distinguer les différents porteurs de ces prénoms : on risque alors, soit
de dénombrer plus de Bourtzai qu’il n’y en eut réellement, soit d’attribuer à un
même personnage les activités de plusieurs. Lorsque des homonymes sont connus
par des sceaux, nous avons adopté le principe suivant pour l’étude des trois familles :
lorsque des sceaux portent des motifs iconographiques différents, ils correspondent
à des propriétaires distincts, même si cette règle a connu des exceptions.
10. Canard, Les Hamdanides, p. 688, 698, 702-703, 832, 837, 856 ; Honigmann, Ostgrenze,
p. 94, 103, 105-106 ; Ka>dan, Les Arméniens, no 1, p. 85 ; Laurent, Les gouverneurs d’Antioche,
p. 229-231, 233-234.
11. Plusieurs éléments concourent à avancer cette fourchette de dates. a) Nicéphore Phôkas ne
peut avoir confié la principale forteresse surveillant Antioche qu’à un soldat expérimenté. De plus, au
xe siècle, à moins d’être proche parent de l’empereur, un Byzantin n’accédait pas à des commandements
importants avant l’âge de 30 ans. b) Le fils aîné de Michel Bourtzès est assez âgé en 976-977 pour
avoir la garde de la ville d’Antioche. c) On ne peut en revanche pas trop reculer la date de naissance
de Michel Bourtzès qui occupa la charge très lourde de duc d’Antioche en 995. On peut concevoir
qu’un tel poste soit occupé par un homme de 60 ans, voire de 65 ans, en tout cas pas âgé de 70 ans.
Basile II relevait les commandants trop âgés, ainsi agit-il à l’égard de Théodôrokanos trop vieux pour
commander Philippopolis : Skylitzès, Synopsis Historiarum, p. 345, Flusin - Cheynet, p. 289.
12. Adontz - Canard, Ab| Firgs, p. 158-159. Ab| Firgs cite parmi les Byzantins célèbres qui
ont eu à connaître la puissance des armées de Sayf ad-Dawla, un certain B. r. t. is, que les auteurs de
l’article identifient avec Michel Bourtzès. La forme du nom surprend, dans la mesure où il existe une
forme bien attestée et unique chez tous les auteurs écrivant en arabe à propos des faits et gestes de
Bourtzès. Il est vrai que les auteurs de l’article, conscients de cette difficulté, estiment qu’elle ne
présente pas un argument décisif pour rejeter leur identification.
13. Rappelons que Ab| Firas écrivit ses poèmes lorsqu’il fut prisonnier à Constantinople sous
Nicéphore Phôkas, avant que Michel Bourtzès ne fût devenu célèbre par son rôle lors de la prise
d’Antioche.
14. Canard, Hamdanides, p. 801.
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donc qu’il faille distinguer ces deux Michel à moins que la source arabe ait désigné
Michel par une dignité qu’il obtint seulement ultérieurement.
En 968, taxiarque, promu au rang de patrice15, il fut nommé par l’empereur
Nicéphore Phôkas stratège du Mauron Oros et tint garnison à Baghras avec mille
hommes16. Selon le chroniqueur arabe Ibn al dim, le souverain « fit construire le
château de Baghras, face à Antioche et y installa Mîkhâ’îl al-Burdjî. Il ordonna aux
gouverneurs de la région de lui obéir. »
Sa mission consistait, sous les ordres du stratopédarque Pierre, en l’absence du
basileus, à surveiller la forteresse d’Antioche gouvernée par Az-Zoughaïli et à empê-
cher qu’elle pût être ravitaillée. Les troupes byzantines ne devaient tenter aucune
attaque contre la ville, et attendre les renforts conduits par l’empereur en personne.
Cependant Michel Bourtzès, observant que la ville était mal gardée, prépara des
échelles adaptées à la hauteur des murs, et en compagnie d’Isaac Brachamios escalada
de nuit l’enceinte située sur la colline dominant la ville et qui était dépourvue de
défenseurs17. Grâce à cet exploit, le reste de l’armée byzantine, sous les ordres du
stratopédarque Pierre et d’Eustathe Maléïnos, le stratège de Cappadoce, entrèrent à
Antioche le 28 octobre 96918. Michel Bourtzès et Isaac Brachamios partirent ensuite
à Constantinople annoncer à l’empereur cette victoire considérable. Nicéphore
Phôkas ne manifesta pas la satisfaction que Michel Bourtzès était en droit d’attendre
de son exploit : il resta patrice et n’obtint aucun avancement en dignité, et il ne fut
pas nommé à la tête de la ville qu’il venait de conquérir, car l’empereur choisit d’y
installer son parent, Eustathe Maléïnos19. Il n’est donc pas surprenant de le retrouver
avec un groupe de militaires aux côtés de Jean Tzimiskès lors du coup d’État qui
se déroula dans la nuit du 10 au 11 décembre où périt Nicéphore Phôkas20.
Au cours de l’été 971, Michel Bourtzès se trouvait de nouveau à Antioche.
Avec le concours de douze mille ouvriers, il releva les murailles de la ville abattues
par un tremblement de terre21, et il châtia le dernier des responsables de la mort
15. La dignité de patrice accompagnant la fonction plutôt modeste de taxiarque est surprenante,
puisque bien des stratèges de thèmes ne sont à cette époque que des protospathaires. Un tel fait
laisserait supposer que Michel Bourtzès était lié par le sang à l’une des grandes familles constituant
le “clan des Phôkadés” alors au pouvoir – mais nous ignorons tout de l’épouse de Michel Bourtzès.
16. Le millier d’hommes correspond en effet à l’effectif placé sous les ordres d’un taxiarque.
Oikonomidès, Listes, p. 333.
17. Selon Skylitzès, Synopsis Historiarum, p. 272, Flusin - Cheynet, p. 228, Michel Bourtzès aurait
bénéficié de la trahison d’un Sarrazin nommé Aulax. Nous préférons la version de Ya yÄ d’Antioche
et de l’auteur de la Vie du Patriarche Christophore, plus proches témoins des événements.
18. Ya yÄ d’Antioche I, p. 822-823 ; Skylitzès, Synopsis Historiarum, p. 273, Flusin - Cheynet,
p. 229 ; Léon le Diacre, p. 81-82 ; Talbot - Sullivan, p. 132-134.
19. Eustathe fut nommé stratège d’Antioche et de Lykandos : W. B. R. Saunders, The Aachen
reliquary of Eustathios Maleinos, DOP 36, 1982, p. 211-219. L’auteur a correctement identifié le
détenteur du reliquaire, mais n’a pas remarqué que la titulature d’Eustathe impliquait qu’il eût été
stratège d’Antioche entre octobre et fin décembre 969.
20. Ya yÄ d’Antioche I, p. 825, 829 ; Skylitzès, Synopsis Historiarum, p. 279, Flusin - Cheynet,
p. 235 ; Léon le Diacre, p. 86 ; Talbot - Sullivan, p. 132-136.
21. Ya yÄ d’Antioche II, p. 351. Le tremblement de terre est postérieur à l’attaque d’Antioche
par les Égyptiens de Foutouh : or les troupes de ce dernier se retirèrent lorsque Jean Tzimiskès faisait
la guerre en Bulgarie, c’est-à-dire pendant le printemps et l’été 971.
LA FAMILLE BOURTZÈS 343
22. L’auteur de la Vie du Patriarche Christophore précise, p. 361, que le coupable. Ibn Doughama,
séjourna un long moment en prison à Tarse puis fut condamné par Michel Bourtzès, encore patrice, à
être jeté à la mer, chargé de pierres. La dignité de Michel Bourtzès exclut qu’il ait ordonné ce châtiment
lors de son séjour de 976, date à laquelle il était devenu magistre.
23. Laurent, Gouverneurs d’Antioche, p. 253 ; Holmes, Basil II, p. 338.
24. Ya yÄ d’Antioche, II p. 351. L’éditeur donne en apparat critique le texte de Cheikho.
25. G. Schlumberger, L’Épopée byzantine, p. 223, considère aussi que Michel Bourtzès était
gouverneur d’Antioche à cette date, mais sans justifier son hypothèse. En note, il renvoie à Skylitzès
qui, selon lui, confirme cette nomination. Mais en réalité, le propos de Skylitzès, Synopsis Historiarum,
p. 315, Flusin - Cheynet, p. 264, concerne la promotion ultérieure – en 976 – de Michel Bourtzès
– comme duc d’Antioche.
26. Léon le Diacre, p. 95, Talbot - Sullivan, p. 145 ; Skylitzès, Synopsis Historiarum, p. 284,
Flusin - Cheynet, p. 239.
27. Ya yÄ d’Antioche II, p. 350. On peut aussi noter que Michel Bourtzès n’est jamais cité à
l’occasion des campagnes menées à la même période en Occident contre les Russes.
28. Holmes, Basil II, p. 330-340.
29. Sur les rapports entre Michel Bourtzès et Bardas Sklèros, cf. Seibt, Skleroi, p. 63-64.
30. Michel Bourtzès ne dépassa pas ce rang de magistre, qui était le plus haut qu’un Byzantin
pût espérer atteindre à la fin du xe siècle, s’il n’était pas proche parent de l’empereur. Désormais,
Michel est souvent désigné dans les sources comme “le magistre Bourtzès” ; ainsi connaît-on le fils
du magistre Bourtzès, Constantin, ou encore les petits-fils du magistre Bourtzès.
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une chronologie un peu différente. Ce serait Jean Tzimiskès qui l’aurait nommé au
retour de sa grande campagne en Syrie : « Le mal qui l’avait pris, ayant empiré, il
désigna comme son représentant sur place, al-Burjî al-Batrîq, le Patrice, puis il partit
pour Constantinople où il mourut après l’occupation d’Antioche par al-Burjî,
en 365h.31 »
Selon les ordres qu’il avait reçus, Michel Bourtzès lança un raid contre les
musulmans de la région de Tripoli et revint avec un important butin. Il regroupait
des troupes pour lancer un nouveau raid, lorsque lui parvinrent de nouveaux ordres :
il devait avec Eustathe Maléïnos, gouverneur de Tarse, s’opposer à Bardas Sklèros
qui s’était révolté.
Ils firent route, rejoignirent le stratopédarque Pierre et furent battus par Sklèros
à la bataille de Lykandos, à la fin de 976. Michel Bourtzès s’enfuit l’un des premiers ;
aussi certains le soupçonnèrent- ils d’être en réalité favorable à Sklèros32. Avant de
quitter Antioche cependant, Michel Bourtzès avait laissé à son fils des instructions
secrètes pour remettre la ville au patrice Kouleib, alors du parti des impériaux.
Mais Michel Bourtzès, une fois retiré sur ses terres des Anatoliques, rallia la cause
du prétendant33, sans doute au printemps de 977. II ne fut pas plus heureux sur le
plan militaire en combattant pour Sklèros, car, en compagnie de Romain Tarônitès,
il fut battu par le protovestiaire Léon, lors du combat engagé pour s’assurer la
possession du tribut annuel envoyé par les Alepins34. Lorsque la nouvelle se répandit
que Bardas Phôkas était le nouveau chef des armées impériales opposées à Sklèros,
Michel Bourtzès déserta la cause de ce dernier pour rallier de nouveau et définiti-
vement le camp impérial au printemps 97835. Curieusement, pendant dix ans, nous
ne savons plus rien de lui, alors que tant d’événements bouleversèrent l’empire.
On retrouve Bourtzès chargé d’arrêter Léon Phôkas qui, après la mort de son père
Bardas, s’obstinait encore à garder la forteresse d’Antioche, opération que Michel
Bourtzès mena avec l’aide des habitants en novembre 98936. Il regagna Constan-
tinople pour y ramener Léon Phôkas. Après cette ultime information, les sources
grecques ignorent le destin ultérieur de Michel Bourtzès.
Les sources arabes et Asolik de Tarôn nous font connaître la suite de sa carrière,
mais les informations fournies par ces auteurs sont difficilement compatibles. Deux
possibilités ont été retenues dans la littérature moderne. V. Laurent estime que
Michel Bourtzès fut nommé gouverneur d’Antioche dès novembre 989 après la
fin de la rébellion de Léon Phôkas37, tandis que W. Seibt pense qu’il n’a obtenu
ce poste qu’en 99238. W. Seibt s’appuie sur un texte d’Asolik de Tarôn qui implique,
selon lui, que Romain Sklèros ait été duc d’Antioche en 991, en dépit de l’affirma-
tion d’Ibn #gfir que le gouverneur de l’époque s’appelait Bourtzès. Le texte d’Asolik
est en fait imprécis, et si le titre de magistre porté par Romain Sklèros interdit qu’il
ait eu un commandement subalterne, il n’était pas nécessairement duc d’Antioche ;
il pouvait commander des tagmata impériaux, comme domestique ou stratopé-
darque, ou être le second des troupes de Bourtzès39. Nous admettons donc que
Bourtzès a pu être duc depuis 989 – sans que la question puisse être définitivement
tranchée –40. Selon Ibn al Qalânisî, Michel Bourtzès était gouverneur en 991. En
effet, le Hamdanide Sa‘ad ad-Dawla menacé par BakIur, allié des Fatimides, écrivit
à Basile II pour lui demander secours. L’empereur ordonna au maître d’Antioche
d’aller renforcer l’armée d’Alep41. Avec une armée de Grecs et d’Arméniens envoyés
par Michel Bourtzès, et avec ses propres troupes, en tout six mille hommes42,
Sa‘ad ad-Dawla l’emporta le 10 mai 991, mais il mourut peu après. Michel Bourtzès
dut faire face de nouveau aux armées fatimides qui ambitionnaient de s’emparer
d’Alep, alors alliée et tributaire des Byzantins. Bourtzès fut donc obligé de secourir
les Hamdanides d’Alep contre les entreprises de ManIutikrn, le chef militaire
envoyé par le calife fatimide Al Aziz. L’historien d’Alep Kamgl-ad-Drn est notre
source la plus complète sur ces événements. Durant l’été 992, ManIutikrn, dont
l’ambassadeur avait été emprisonné, assiège sévèrement Alep. Michel Bourtzès
tenta de dégager la ville, mais fut repoussé lors d’un combat à Sidèrogéphyra43.
ManIutikrn le poursuit et prend la forteresse d’³Imm44 près d’Antioche où se trou-
vait le propre neveu du duc45. Lors du siège d’Antioche, Michel Bourtzès réussit à
repousser l’ennemi, qui emmena cependant, dans sa retraite, un important butin.
À l’occasion de ce siège, les Musulmans de Laodicée s’étaient soulevés et Bourtzès
réduisit leur révolte. Durant l’année 993, les adversaires se préparèrent pour une
nouvelle rencontre qui eut lieu l’année suivante. Selon Ibn al Qalânisî, les Alépins
avaient envoyé une ambassade à Basile II alors que ce dernier s’apprêtait à combattre
39. Ainsi, en 994, Léon Mélissènos, qui collaborait avec Michel Bourtzès, était lui aussi magistre :
Ya yÄ d’Antioche II, p. 440.
40. Seule une nouvelle documentation, qui ne pourrait provenir que de la sigillographie, permettrait
d’attester si Romain Sklèros fut duc d’Antioche.
41. Ibn al Qalânisî (trad. Th Bianquis) (ed. p. 58-59) : « Abû'l-Ma‘âlî avait écrit à Basile, le Grand
des Byzantins, ‘azîm al-Rûm, l'informant de la rébellion de Bakjûr contre lui. Il lui demandait
d'écrire à al-Burjî, le maître d'Antioche, de venir le rejoindre (lui, Abû'l-Ma‘âlî) quand la nécessité
se ferait sentir d'aller à son secours et de l'aider. Le Grand des Byzantins écrivit la lettre demandée,
confirmant son accord. »
42. Canard, Hamdanides, p. 688.
43. Les chiffres des combattants donnés par les auteurs arabes sont invraisemblables pour l’armée
byzantine. ManIutikrn disposait de 35 000 hommes – chiffre déjà important, mais cohérent avec ce
que nous savons du nombre des troupes engagées par les Fatimides dans les autres campagnes. Lors de
l’affrontement, Michel Bourtzès aurait disposé de 70 000 hommes, ce qui est manifestement excessif.
Il suffit de comparer ce chiffre avec celui de la campagne de 991 : 7000 hommes. Sur Kamgl ad-Drn,
j’ai consulté le mémoire de maîtrise de M. Chenaf sous la direction du professeur M. Arkoun :
Fragments de l’histoire d’Alep d’Ibn Kamgl ad-Drn, traduction annotée et comparée avec les passages
parallèles de Yayg d’Antioche, Paris 1984. Sur les événements, cf. Bianquis, Syrie, p. 194-196.
44. Ya yÄ d’Antioche II, p. 438, confirme la prise de la forteresse.
45. ³Imm, en 1048-1049, selon Ibn Butlan, est démilitarisée et au centre d’une campagne prospère
(Holmes, Basil II, p. 357).
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46. Ibn al Qalânisî (trad. Th. Bianquis, éd. p. 70) : Lu’lu’, lorsqu'il avait appris les préparatifs de
l'armée venue d'Égypte pour attaquer Alep, avait écrit à Basile, le Grand des Byzantins, ‘azîm al-
Rûm, lui remettant en mémoire tout ce qui liait le Basileus et Sa‘d al-Dawla comme assistances et
engagements mutuels. Il lui promettait de la part de son fils, l'écoute et l'obéissance et de continuer
à se conduire selon cette coutume (de collaboration). Il fit porter au Byzantin un grand nombre de
présents et de dons. Il lui demanda son assistance pour mener une résistance victorieuse. Il avait confié
ces lettres et les dons à un envoyé, Malkûnâ al-Suryânî. Celui-ci rejoignit Basile alors que face au roi
des Bulgares, il s'apprêtait à le combattre. Il accepta ce qui lui avait été envoyé (comme dons) et écrivit
à al-Burjî, le préfet qu'il avait nommé à Antioche, de rassembler les soldats byzantins, de marcher sur
Alep et d'en repousser les Maghrébins. Al-Burjî se mit en marche à la tête de cinq mille soldats. »
Ibn al’Adim donne une version des faits assez proche, sauf sur les effectifs de l’armée de Bourtzès
gonflés à l’excès (trad. Th. Bianquis) : « Bandjûtakîn refusa cette offre et combattit Alep trente trois
jours durant. Le peuple d’Alep s’agita ; ils dirent à Ibn Hamdân : « soit tu conduis correctement les
affaires de la cité, soit nous livrerons celle-ci ». Il leur répondit : « Patientez trois jours, car al-Burdjî,
le gouverneur d’Antioche, est parti nous secourir avec sept croix ». Bandjûtakîn apprit cela et posta
quelques uns de ses grands officiers, il s’agissait de Bishâra al-Qal‘î, Ibn Abî Ramâda, Mi‘dâd b. Zâlim,
avec une armée considérable face à la porte d’Alep.
Lui-même se mit en marche et rencontra al-Burdjî près de Djisr al-Hadîd (le Pont de fer, localité
sur la route d’Antioche à Alep). Il était à la tête de trente cinq mille hommes, quant aux Byzantins,
ils étaient soixante-dix mille. Al-Burdjî connut la déroute et Bandjûtakîn s’empara de ses bagages,
tua un nombre considérable de ses hommes et fit de très nombreux prisonniers. Cf. aussi Bianquis,
Syrie, p. 198-199.
47. Ya yÄ d’Antioche II, p. 438-441 ; Asolik de Taron, p. 147. Le meilleur récit de ces événements
a été donné par Canard, Hamdanides, p. 697-703.
48. Ibn al Qalânisî (trad. Th. Bianquis, éd. p. 70) : « Le basileus tailla la route en seize jours à la
tête de 3000 cavaliers et fantassins, Byzantins, Russes, Bulgares et Khazars ; »
49. Bianquis, Syrie, p. 200-201, p. 205-206.
50. Ya yÄ d’Antioche II, p. 444.
51. A. Szemioth - Wasilevski, Sceaux byzantins du Musée National de Varsovie, Studia zrodloznawcze.
Commentationes 11, 1966, p. 1-38, sceau no 22. Compte tenu de la mauvaise conservation du plomb,
la lecture catépan d’Antioche n’est pas tout à fait assurée, c’est du moins la plus vraisemblable.
LA FAMILLE BOURTZÈS 347
Antioche, Bourtzès, Spondylès sous Constantin VIII et Ouranos sous Michel VI.
Les auteurs estiment qu’on peut rejeter les deux derniers sous prétexte qu’ils sont
appelés ducs et non catépans par les chroniqueurs byzantins. Cet argument est sans
valeur puisque les deux titres sont équivalents. Ainsi Yahya d’Antioche qualifie-t-il
Spondylès de catépan52. La dignité de magistre portée sur le sceau n’apporte pas non
plus d’élément décisif puisque Michel Ouranos avait reçu cette dignité lorsqu’il
devint duc53. La dignité portée par Spondylès ne nous est pas connue, mais rappe-
lons que Constantin VIII, qui s’appuyait volontiers sur les eunuques du palais,
avait accordé la haute dignité de proèdre à trois d’entre eux et il est probable que
Spondylès, chargé par cet empereur du commandement d’Antioche, a pu obtenir la
dignité inférieure de magistre. Les caractères épigraphiques larges et trapus invitent
à dater le sceau des années 1030-1060 et donc à rejeter l’attribution proposée à
Michel Bourtzès, sans permettre toutefois de choisir entre Spondylès et Ouranos,
même si ce dernier a notre préférence54.
Fils aîné de Michel Bourtzès no 1 ; son père le chargea de garder la ville d’Antioche
pendant que lui-même faisait campagne contre Bardas Sklèros en 976. Ce fils
quitta Antioche qu’il remit au basilikos Kouleib. Lui-même retourna vers son père
qui avait alors changé de camp et rejoint les partisans de Sklèros59. On peut difficile-
ment admettre qu’il s’agisse de Constantin no 4, car en 1025 ce dernier aurait été
au moins septuagénaire et dans ce cas on voit mal quel danger il aurait pu repré-
senter pour Constantin VIII et pour quelle raison l’empereur aurait alors jugé utile
d’aveugler Constantin Bourtzès.
DO 58.106.4304
DO 47.2.1027
Istanbul 1154-693
66. Ces trois frères sont connus seulement comme les petits-fils de Michel Bourtzès no 1, mais
puisque les sources grecques ne mentionnent expressément que Constantin no 4 comme fils de Michel,
on peut lui attribuer ces enfants.
350 JEAN-CLAUDE CHEYNET
Ce personnage nous est connu seulement par ses sceaux, tous au motif de saint
Dèmètrios.
67. L’inscription de Théodosioupolis est citée à propos de l’étude sur les Dalassènoi de Adontz,
Notes Arméno-byzantines, p. 163, et reprise dans C. M. Bartikian, To; Buzavntion eij" ta;" ajrmenika;"
phgav", Thessalonique 1981, p. 135. L’auteur propose de lire Bourtzès.
68. Personnage noté par Ka>dan, Les Arméniens, no 2a, p. 86.
69. Peira, LX, p. 231.
LA FAMILLE BOURTZÈS 351
Au revers, la légende, précédée d’une croisette, est inscrite sur cinq lignes dont
la dernière est accostée de tirets ; au sommet le champ est orné d’un losange de
perles cantonné de tirets :
> [+U.[34!.4)[!*)!28[4UBV2[
4z
Kwnstantiv(nw/) ajxiavrc(h/) tw/' Bouvrz(h/).
Constantin Bourtzès aura été duc d’Antioche vers le milieu du xie siècle ou peu
avant, peut-être nommé par Constantin Monomaque. Il existe dans la collection
Théodoridès une pièce très proche77.
Sur le premier, dans un cercle de grènetis, saint Michel est représenté en buste,
portant un lôros orné de grosses perles, tenant un sceptre bouleté en main droite
et le globe en main gauche ([[[
![[).
77. Elle est signalée par Wassiliou - Seibt, Bleisiegel II, p. 262, n. 160. Les éditeurs considèrent
que Constantin aurait été duc entre 1043 et 1045.
78. Skylitzès, Synopsis Historiarum, p. 377, Flusin - Cheynet, p. 312.
79. Sceaux de l’IFEB no 167 et de l’ancienne collection Zacos, BnF no 99 (dia. : 24).
354 JEAN-CLAUDE CHEYNET
IFEB 167
Zacos (BnF) 99
Comme les deux exemplaires du sceau sont fortement rognés au sommet, la lecture
du prénom reste incertaine, mais est rendue plus sûre par le motif iconographique.
Sur ce second plomb, saint Michel est représenté en pied, mais le sceau étant
fort rogné, l’invocation au pourtour est presque totalement oblitérée. La légende
est inscrite sur cinq lignes, dont la première est mal conservée :
-)8[,!.950[0!42)+342[(,!4)4U[B724:
Micåah;çl ajnqup(avtw/) patrik(ivw/) stråatçhlavti/ tw/' Bouvrtzhç.
Au droit, dans un cercle de grènetis, légende sur cinq lignes, précédée d’une
croisette :
+
[+%B/([9%)-)8!(,[-!')3426[B%34(B%3[4!28([
*
L’autre plomb, postérieur de quelques années au précédent, est conservé dans les
collections de Dumbarton Oaks89. À l’avers, la Vierge, au centre, en pied, tenant
le médaillon de l’Enfant, est accostée de deux bustes. Au sommet du champ, de part
Au revers, l’inscription surmontée d’une croisette, est gravée sur cinq lignes :
[3!-([!.950[402)B%3[44/BV2[4:
Sam(ou)h;ålç ajnqupåavçt(w/) p(at)ri(kivw/) bevst(h/) to/' Bouvrtz(h/).
Le diamètre du sceau est de 29 mm, celui de son champ de 25 mm. (120 %)
Au droit, buste de saint Georges, tenant en main droite une lance et, dans
l’autre un bouclier ovale bordé de perles. Dans le champ à droite, traces de lettres :
[[[U2[')[
Au revers, légende sur sept lignes, dont la première est hors champ :
[04U[/-%34)+[6. /.4[(3!.!4,[UB/50[
4:)
Bouvrtzi.
90. Zarnitz no 616 ; dia. : Sceau fortement rogné ce qui a fait perdre la partie supérieure du champ.
358 JEAN-CLAUDE CHEYNET
Sofia 143
DO 58.106.788
91. Musée de Sofia no 103 ; sceau DO 58.106.788. ; Zacos (BnF) 100. L’exemplaire de Sofia a
été édité à plusieurs reprises par I. Jordanov, dont la dernière dans le Corpus II, no 120.
LA FAMILLE BOURTZÈS 359
Istanbul 657-59
Un sceau de Basile ...tzh", édité par V. Laurent, pourrait aussi lui avoir appartenu93.
94. Psellos, Sathas, MB V, p. 347-350. N. Duyé, Un haut fonctionnaire byzantin du xie siècle :
Basile Malésès, REB 30, 1972, p. 74, considère que Jean était le frère de Michel no 8. Mais rien dans
le texte de la lettre de Psellos ne justifie cette affirmation.
95. Ka>dan, Les Arméniens, no 7, p. 86.
96. Dans une autre lettre, Psellos rappelle qu’Alexandre de Macédoine est mort sans avoir eu à
connaître le déclin dû à la vieillesse, mais à la fleur de l’âge, vers la trentaine : Psellos, Scripta minora. 2,
p. 313.
97. Sathas, MB V, p. 347-350.
98. Pan'enko, Katalog, no 69. Dia. : 2,3.
LA FAMILLE BOURTZÈS 361
M 2547
Selon une notice du manuscrit Paris. gr. 710, ce manuscrit fut commandé par
“Levonto" presbutevrou tou' Sarbandhnou' th'" Bourtzaivnh"”, au temps de
Constantin et Eudocie, en décembre 6574, c’est-à-dire1065. Le même Léon com-
manda aussi le manuscrit Paris. gr. 164, et selon la notice, ilétait kouboukleisios99.
Les rapports entre Léon et Bourtzaina ne sont pas clairs et sembleraient indiquer
un rapport de filiation. En fait, la solution est donnée par une autre notice d’un
manuscrit athonite de Kutlumus, où l’on trouve la signature de Léon Sarbantènos,
anthrôpos tès Bourtzainès, prêtre et kouboukleisios. Bien que Lampros, l’auteur du
catalogue, ait daté ce manuscrit du xiie siècle100, il s’agit sans aucun doute du même
personnage. Il faut donc ramener la date de la notice du manuscrit athonite au
règne de Constantin Doukas. La formule : “ÔO th'" Bourtzaivnh"” pour désigner
“l’homme de Bourtzaina” est curieuse, mais n’est pas unique ; on en trouvera un
autre exemple sur un manuscrit d’Odessa de 1120101, où Jean Alyatès, serviteur du
grand hétériarque Opos, se dit : “ ”.
99. Omont, Fac-similés des manuscrits grecs datés de la Bibliothèque Nationale du IXe siècle au XIVe siècle,
Paris 1891, p. 7, pl. XXXV. Lake, Dated Greek Minuscule Manuscripts to the Year 1200, Boston 1934-
1939, t. IV, nos 172, 174. Lampros, Catalogue of the Greek Manuscripts on Mount Athos, Cambridge
1895, t. I, p. 280, no 3130.
100. II faut donc supprimer la notice du Lexique des Paléologues à propos d’une Bourtzaina,
comportant une référence au manuscrit athonite : Prosopographisches Lexicon der Palaiologenzeit
no 3110.
101. B. L. Fonki', GreEeskie rukopisi Odessy, VV 43, 1982, p. 99.
362 JEAN-CLAUDE CHEYNET
Cette Bourtzaina est certainement la fille plutôt que l’épouse d’un Bourtzès
que nous ne pouvons identifier avec plus de précision. Puisque son anthrôpos Léon
Sarbandènos a commandité un manuscrit à Sisinnios, chantre de l’église Saint-Pierre
d’Antioche102, nous pouvons penser que cette Bourtzaina vivait aussi dans cette
ville. Elle serait donc le dernier membre de la famille dont les rapports avec la ville
d’Antioche soient attestés.
102. G. Mercati, Origine di due codici greci del secolo XI, Mélanges P. Peeters II, AB, t. 68,
1950, p. 211-222. L’auteur résout l’abréviation précédant les lettres -oceia" en restituant anti, ce
qui permet de lire . Cette lecture concorde avec le nom de l’église Saint-Pierre, alors
église cathédrale d’Antioche. Elle infirme aussi l’hypothèse avancée par F. Halkin, dans son compte
rendu de l’ouvrage de Lake (AB, t. 6, 1947, p. 290), selon laquelle les manuscrits auraient été écrits
en Chypre. La famille Bourtzès n’a donc aucun lien connu avec l’île de Chypre.
103. Ka>dan, Les Arméniens, no 17, p. 88.
104. Bryennios, Histoire, p. 85, 239.
105. Seibt, Bleisiegel I, p. 261, émet l’hypothèse que Marie Mélissènè, titulaire de la rare et
haute dignité de patricienne à ceinture, pourrait être la mère de Nicéphore.
106. Barzos, Komnenoi, p. 80-81, note 5.
107. Ch. Settipani, Continuité des élites à Byzance durant les siècles obscurs. Les princes caucasiens
et l’empire du VIe au IXe siècle, Paris 2006, p. 502.
108. Sceau DO 77.3449 (dia. : 23).
LA FAMILLE BOURTZÈS 363
DO 77.3449
Au revers, légende sur six lignes, surmontée d’un croisillon de perles accosté de
tirets et précédée d’une croisette :
[+% B 9[4U3U$V[9%/'./34/[ 0 2 ) !.95[0!4U4U[ B V24z (
(BnF 95)
[[4U3U$[9%/'./34[02)!.9[0!4U4U[BV24z( (BnF 96)
[+%B9[4U3U$V[9%/'./34[02)!.9[0!4U4[ (BnF 97)
Zacos (BnF) 95
Zacos (BnF) 96
Zacos (BnF) 97
Un Michel Bourtzès hypatos et topotèrètès est connu par une inscription trouvée
à Orkistos115. Cette titulature liant la dignité de topotèrètès à celle d’hypatos ne peut
se rencontrer qu’entre 1060 et 1100. Il est donc nécessaire de le distinguer de
Michel Bourtzès no 8, déjà magistre sous Isaac Comnène. Nous avons exposé
ailleurs116 pourquoi il est vraisemblable de l’identifier avec Bourtzés, toparque de
Chôma et de Cappadoce au printemps de 1081, cité par Anne Comnène. Nous
avons, en effet, noté la coïncidence entre le qualificatif de toparque et la fonction
de topotèrètès dans la seconde moitié du xie siècle, et la proximité entre Orkistos et
la région que contrôlait le toparque.
Anne Comnène nous apprend encore que Bardas Bourtzès était descendant de
ce Michel. Le terme employé par Anne Comnène, apogonos, est imprécis ; il s’agit
du fils ou plus probablement, du petit-fils du toparque117. La traduction de B. Leib
par fils n’est pas assurée.
Deux sceaux nous font connaître un Michel Bourtzès proèdre. Le premier d’entre
eux118 porte à l’avers saint Dèmètrios en buste, tenant comme à l’habitude la lance
en main droite et le bouclier en main gauche ({[$[(
-[([42 : ÔO (a{gio")
Dhmhvtr(io").
DO 58.106.5419
Le second plomb119 porte une légende répartie sur les deux faces :
+%B/[(9%)4U[3U$7,U[-)8!(,
02/%[2U+!)[$7)4U[BV24:(
K(uvri)e b(oh)q(ei) tw/' sw'/ douvlw/ Micah;l proevådçrw/ kai; douki; tw'/ Bouvrtzh/.
DO 58.106.3726 (140 %)
Ce Michel Bourtzès pourrait être identifié à notre no 21, si l’on admettait que
le toparque, après avoir échoué dans sa résistance aux Turcs, soit finalement venu
auprès de l’empereur Alexis Comnène, à la fin du xie siècle, ce qui expliquerait que
son descendant Bardas Bourtzès ait été un compagnon de l’empereur.
DO 58.106.4490 (140 %)
123. Le souvenir de l’implantation des Bourtzai dans la région de Thessalonique s’est maintenu fort
longtemps. Un document du xive siècle qui, pour être un faux, n’en renvoie pas moins à des réalités
géographiques vraisemblables, fait mention d’un “nao;" tou' ejn aJgi'oi" patro;" hJmw'n Nikolavou tou'
ejpivklhn Bouvrzh”, Archives de l’Athos, IX, Actes de Kastamonitou, éd. N. Oikonomidès, Paris 1975.
Appendice I. acte faux b, I. 11.
124. Sur le personnage, cf. P. Gautier, index de l’Alexiade, Paris 1976, p. 28 ; Ka>dan, Les Arméniens,
no 10, p. 87 ; Skoulatos, Personnages, p. 33-:4.
125. C’est par un lapsus que P. Gautier l’identifie au toparque de Cappadoce dans l’Index de
l’Alexiade.
126. Anne Comnène, Alexiade III, p. 200, 201 (éd. Reinsch - Kambylis, p. 471).
127. Sceau DO 58.106.4490 (dia. : 24) ; sceau Fogg 2640.
368 JEAN-CLAUDE CHEYNET
xiie siècle (première moitié). Son identification au Bourtzès précédent n’est pas
exclue, mais pas assurée . Ce sceau témoigne d’une alliance matrimoniale avec les
Antiochitai, famille honorablement connue, mais de second rang, ce qui confirme
le statut déclinant des Bourtzai en ce début de siècle.
Fils de Samuel Bourtzès no 20, frère d’Eudocie Bourtzaina no 26, il fut magistre
puis proèdre et l’était encore en 1117. Il épousa Anne, fille du proèdre Nicolas
Splèniarios, dont il n’eut pas d’enfant. En effet, l’acte d’échange entre la moitié du
proasteion de Rousaiou situé près de Bryai qu’il détenait et sept boutiques sises à
Thessalonique, appartenant au couvent de Docheiariou, fut aussi garanti par sa
femme. Il n’y est fait aucune mention d’un héritier direct130.
Plusieurs sceaux nous sont parvenus au nom de Nicéphore Bourtzès qui peuvent
lui être attribués : son sceau privé conservé dans la collection Shaw131, dont l’avers
porte l’effigie de saint Georges en buste, dans sa tenue habituelle, [[[/[2[' :
åÔO (a{gio") Geçovrgi(o").
DO 47.2.1109 (140 %)
Deux sceaux attestent la qualité de militaire de Nicéphore Bourtzès. Le premier,
très rogné dans sa partie supérieure, conservé à Dumbarton Oaks132 porte un saint
militaire en pied ; au revers, la légende est mutilée dans son début, ce qui rend la
lecture du prénom mal assurée :
(&/[34(+[0!.4U[V24YH
åK(uvri)e b(oh)q(ei) Nikçhfovår(w/) bevçsth/ (kai;) kåateçpavn(w) tw/' åBçouvrtzh/.
DO 58.106.5141 (140 %)
Une pièce parallèle dans la collection Utpadal mieux conservée donne le prénom
plus complètement :
+%B9[.)+(&/2[B%34(+![4%0!.4U[BV24Y(
K(uvri)e b(oh)q(ei) Nikhfovr(w/) bevsth/ (kai;) katepavn(w) tw/' Bouvrtzh/.
Seconde moitié du xie s.
Il est vestarque sur un sceau présenté lors de plusieurs ventes aux enchères133.
La gravure de ce sceau bilatéral est particulièrement médiocre. La légende est répartie
sur quatre lignes sur chaque face :
+%B/[(9%)4U[3U$/5[
,U
.)+(&[2"%34!2[4U"/5[4:(
K(uvri)e bohqei tw/' sw'/ douvlw/ Nikhf(ov)r(w/) bevstavr(ch/) tw/' Bouvårçtzh/.
Seconde moitié du xie s. On remarquera le " fermé caractéristique de quelques
sceaux de la fin du xie siècle, frappés à la frontière orientale de l’Empire.
132. DO 58.106.5141.
133. Münz 94 (1998) no 952 (réf. = SBS 8, 239) ; Vente Peuss (2003) no 1392.
134. C. Se'a,anu, Sigilli çi tessere byzantine Iusite in Dobrodgea, Ext. Rhshritul 1938, p. 5.
Dia. du sceau IFEB : 16mm.
370 JEAN-CLAUDE CHEYNET
[+%B/[(9%)4U[3U$V,U[.)+(&/[
2
[-!'[342U+!)[+!4%0!.[4UB/52[
4:(
K(uvri)e bohvq(ei) tw/' sw'/ douvlw/ Nikhfovr(w/) magåivçstrw/ kai; katepavn(w/) tw'/
Bouvrtzh/.
IFEB 133
Enfin un dernier sceau d’un type très proche se trouvait dans la coll. O’Hara 38 :
+%B/[(9%)4U[3U$V,U[.(+)&[
2
')[342U+!)[+!4%0![4UBV2[4:(
K(uvri)e bohvqei tw/' sw'/ douvlw/ Nhkif(ov)r(w//) åmaçgivstrw/ kai; katepaån(w/)ç tw'/
Bouvrtzh/./
DO 47.2.1111
Ce Constantin Bourtzès, magistre, fut témoin d’un procès en Crète entre Achille
Liménitès et les villageois de la commune de Ménix en 1117138. II convient donc
de le distinguer de son homonyme no 23 qui était déjà protoproèdre en 1104.
Un sceau, en écrasé et en mauvaise condition, datant de la fin du xie siècle ou
du début du xiie siècle, a appartenu à un Constantin Bourtzès139. Il est difficile de
choisir entre les nos 23 et 28, voire un troisième homonyme.
Il n’est connu que par un sceau conservé en deux exemplaires issus de 140. À
l’avers, est gravé un saint militaire tenant une lance en main droite et un bouclier
pointu au sommet bordé de perles. Le nom du saint, Théodore, disparu sur
l’exemplaire de Dumbarton Oaks, est partiellement conservé sur celui de la BnF :
[%[/
$[U[2 : åÔO (a{gio") Qçeovdwr(o").
DO 58.106.4771 (140 %)
Ce Grégoire, qui vivait au milieu du xiie siècle, n’est pas connu par ailleurs.
DO 58.106.5113 (140 %)
142. J. Darrouzès, Obiit de deux métropolites d’Athènes, Léon Xèros et Georges Bourtzès
d’après les inscriptions du Parthénon, REB 20, 1962, p. 190-196 ; Ka>dan, Les Arméniens, no 15,
p. 88.
143. B. Geôrgiadès, ,
Athènes 1882, p. 32-52.
144. A. K. Orlandos - L. Branoussès, Tav caravgmata tou' Parqenw'no", Athènes 1973, no 40.
145. Laurent Corpus V/1, no 603 et dernière édition DOSeals 2.9.5.
146. PG, 140, col. 180. J. Sakkeliôn, Patmiakè Bibliothèkè, p. 317, 318.
147. On connaît deux autres sceaux de phylakés au xiie siècle : Laurent, Corpus II, nos 671 et 672.
148. Sp. Lampros, ÔO Markiano;" kw'dix 524, N.E. 8, 1911, poésie no 260.
374 JEAN-CLAUDE CHEYNET
DO 58.106.5690
DO 58.106.5025
La lettre de Tzétzès qui lui est adressée constitue notre seule source d’informa-
tion152. Il était le “neveu du protovestiarite”. Le contenu de la lettre elle-même
contient peu d’informations précises. On soupçonne juste que ce Michel vécut à
Constantinople parmi les lettrés dont Tzétzès lui-même, sans occuper semble-t-il
de fonction officielle.
Le sceau signalé par Ébersolt153, au nom de Michel Bourtzès, peut lui avoir
appartenu. La légende métrique est ainsi transcrite par V. Laurent : Bouvrtzhn
Micah;l oijkevthn, aJgnhv, skevpoi".
Au droit, Vierge, de face, assise sur un trône sans dossier, peu distincte. -
2
9 .
5
Istanbul 907
Un sceau daté de la fin du xiie siècle a été découvert lors des fouilles de Corinthe155.
Il porte le nom de Léon Bourtzès, sans aucune mention de fonction ni de dignité. Un
autre sceau inédit pourrait lui être attribué156. À l’avers les deux saints Théodore (le
Stratèlate et le Tiron) sont représentés en pied, dans leur tenue militaire habituelle.
Constantin no 11 ? N. N. (Constantin ?)
N. Nicéphore no 25 Eudocie no 26
marié à Anne,
fille de Splèniarios
Bardas no 24 Na. no 27