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BILANS DE RECHERCHE -3

Jean-Claude Cheynet

Sigillographie byzantine

Association des Amis du Centre d’Histoire et Civilisation de Byzance


52, rue du Cardinal Lemoine - 75005 Paris
2008
La collection Bilans de recherche est publiée par le
Centre de recherche d’Histoire et Civilisation de Byzance

© Association des Amis du Centre d’Histoire et Civilisation de Byzance


ISBN : 978-2-916716-00-8
ISSN : 1953-2326

Création, composition et infographie


Fabien Tessier
LA PROSOPOGRAPHIE
- 14 -

LA FAMILLE BOURTZÈS

Cette famille apparaît dans l’histoire byzantine au xe siècle avec Michel Bourtzès,
le conquérant d’Antioche, donc plus tardivement que d’autres grandes familles
d’Asie Mineure, les Mélissènoi, les Sklèroi, les Phôkadés, les Maléïnoi. Ses origines
restent obscures. Deux hypothèses ont été avancées à propos de la formation de ce
patronyme. L’une le fait venir de l’arabe « bourdjy »1, c’est-à-dire l’habitant de la
tour, qui n’est autre que le grec puvrgo" passé en arabe. Selon l’autre hypothèse, le
nom de Bourtzès est à rapprocher de la forteresse de Bourzô-Sôtèroupolis2, mais le
rapport entre les deux noms n’est pas établi3. Cependant, partant de cette hypothèse,
plusieurs auteurs, N. Adontz, P. Charanis, A. K. Ka\dan ont estimé que la famille
des Bourtzai était d’origine arménienne. Charanis ajoute deux éléments à l’appui
de cette affirmation. Le prénom arménien Bardas est porté par des membres de
cette famille, et d’autre part, Michel Bourtzès vient renforcer le rebelle Sklèros à la
tête de troupes arméniennes4. Aucun de ces arguments n’est recevable. Le prénom
de Bardas n’apparaît que tardivement, au xiie siècle, et il a été introduit par l’une des
familles auxquelles se sont alliés par mariage les Bourtzai. À l’inverse, les prénoms
portés par les premiers membres de la famille qui nous soient connus, Michel,
Constantin, Théognoste, sont typiquement grecs. Que Michel Bourtzès ait conduit
des Arméniens ne doit pas surprendre. De nombreuses troupes arméniennes station-
naient en garnison dans le duché d’Antioche5 et ce fait ne permet pas d’induire
l’origine ethnique du duc d’Antioche. Nous retiendrons donc plutôt la première
hypothèse, sur l’origine arabe de la famille Bourztès, bien qu’aucun texte byzantin
ne permette de trancher définitivement la question.
Il faudrait donc voir dans les ancêtres des Bourtzai des Arabes passés au service
de l’empire, à une date qu’on ne peut préciser. Toutefois, lorsque Michel Bourtzès
apparaît, il est d’emblée associé aux activités de la plus haute aristocratie byzantine,
celle des Phocas et des Maléïnoi plus particulièrement. De plus, sa famille est établie
solidement dans le thème des Anatoliques. Ces deux constatations plaident pour
une installation déjà ancienne, vieille sans doute de plusieurs générations.

1. Cette hypothèse, qui semble la plus satisfaisante, a déjà été formulée par P. Peeters, Sainte
Sasounie martyre en Arméno-Géorgie, An. Boll. 53, 1935, p. 257.
2. Oikonomidès, Listes, p. 362. Bourzô était située sur le fleuve Akampsis, à l’est du duché de
Chaldia, sur la frontière de l’Abasgie. Même si les Bourtzai avaient été originaires de cette forteresse,
ils auraient plutôt été considérés comme des Ibères.
3. Si une famille, originaire de Bourzô, avait, à partir de ce nom de lieu, formé son patronyme,
celui-ci aurait été plutôt Bourzôtès, du même type que Chiôtès, originaire de l’île de Chios.
4. P. Charanis, Les Arméniens dans l’empire byzantin, Lisbonne 1963, p. 45.
5. Une partie de la population d’Antioche était d’origine arménienne : Ya yÄ d’Antioche II,
p. 378. Une garnison arménienne est attestée à Ra‘bân : ibidem, II, p. 406-408 ; à Antarados : ibidem,
p. 442 ; à 7aizar : ibidem, p. 458.
340 JEAN-CLAUDE CHEYNET

L’enracinement provincial de cette famille est double, dans la province des


Anatoliques, et dans celle d’Antioche. Dans les Anatoliques, les Bourtzai possédaient
des biens patrimoniaux6. L’installation des Bourtzai dans cette province est attestée
sur la longue durée : un Michel Bourtzès en fut le stratège au milieu du xie siècle et
c’est encore un Bourtzès qui défendit avec vigueur la région contre les Turcs en
1081. La famille des Bourtzai acquit également des biens dans la région d’Antioche,
en récompense du rôle joué par Michel Bourtzès dans la conquête de cette région :
à coup sûr, les empereurs le remercièrent en lui accordant des propriétés. Michel
Bourtzès possédait déjà sous Basile II la forteresse d’‘Imm7. La présence des Bourtzai
dans la région se maintint au moins jusqu’au milieu du xie siècle8.
De la fin xie et xiie siècles, cette famille compte presque exclusivement des
militaires, comme le démontrent les fonctions de stratèges, catépans, ducs exercées
par ses membres et les motifs iconographiques de leurs sceaux conservés, représen-
tant des saints militaires : Théodore, Georges, Dèmètrios9.
Face à la conquête turque, les Bourtzai adoptèrent les deux attitudes prises par
ceux de l’aristocratie byzantine qui ne voulurent pas se soumettre aux Turcs : la
résistance ou le passage en Europe. En 1081, une branche des Bourtzai combattait
sur ses terres des Anatoliques, pendant que d’autres Bourtzai, s’étant sans doute
joints à la révolte de Nicéphore Mélissènos, recevaient la récompense de leurs
services rendus, sous forme de terres données dans la région de Thessalonique.
La famille des Bourtzai ne put malgré tout garder sa place au premier rang de
l’aristocratie. Cet effacement progressif au cours du xie siècle se discerne dans les
rapports avec la famille Mélissénos avec laquelle les Bourtzai avaient noué des liens
de parenté, comme l’attestent l’allusion aux ancêtres du côté des Bourtzai de
Nicéphore Mélissènos, et la présence dans les deux familles du prénom Théognoste,
devenu assez rare à cette époque. À la fin du xe siècle, Michel Bourtzès est sur un
pied d’égalité avec Léon Mélissènos, et son appui est recherché par Bardas Sklèros
révolté. En 1056 encore, un autre Michel Bourtzès compte parmi ceux qui créent
Isaac Comnène empereur. À la fin du xie siècle, les Bourtzai sont devenus les obli-
gés de Nicéphore Mélissènos qui leur concède des terres près de Thessalonique.
L’absence de liens avec la famille impériale des Comnènes, à la différence des
Mélissènoi, illustre et confirme la dégradation du rang des Bourtzai. Au xiie siècle,
la famille a encore une position honorable, puisque Élie Bourtzès est un membre
de la cour impériale et son frère Georges un métropolite, mais elle n’a pas d’éclat
particulier.
Nous connaissons de nombreux membres de cette famille jusqu’au début du
xiiie siècle, mais il n’est pas possible de construire un schéma vraiment complet
des liens familiaux qui unissaient les différents Bourtzai. Il y a eu, semble-t-il,
plusieurs branches issues du premier Michel Bourtzès. Conformément à la tradition

66. Ya yÄ d’Antioche II, p. 373, explique qu’après sa défaite devant Sklèros, Michel Bourtzès
s’est retiré dans une de ses forteresses des Anatoliques. Il ne peut y avoir d’ambiguïté sur le possessif :
Michel Bourtzès en effet n’aurait pu commander la forteresse en tant que chef militaire de la région,
puisqu’il était duc d’Antioche à cette date. Il s’agit bien d’une forteresse qu’il détient personnellement.
7. Ya yÄ d’Antioche II, p. 438.
8. Cf. infra. Na Bourtzaina no 16.
9. Sur la famille au xie siècle, voir Krsmanovib, Military Aristocracy.
LA FAMILLE BOURTZÈS 341

byzantine en vigueur à cette époque, l’aîné des petits-fils porte le prénom du grand-
père paternel ; en conséquence, si chacun des fils de Constantin Bourtzès (no 5) a
engendré lui-même un fils, il s’est appelé Constantin, et à cette génération nous
pouvons avoir trois homonymes qui étaient cousins germains. Les prénoms les plus
représentatifs de cette famille sont Michel et Constantin et il est particulièrement
difficile de distinguer les différents porteurs de ces prénoms : on risque alors, soit
de dénombrer plus de Bourtzai qu’il n’y en eut réellement, soit d’attribuer à un
même personnage les activités de plusieurs. Lorsque des homonymes sont connus
par des sceaux, nous avons adopté le principe suivant pour l’étude des trois familles :
lorsque des sceaux portent des motifs iconographiques différents, ils correspondent
à des propriétaires distincts, même si cette règle a connu des exceptions.

1. Michel Bourtzès (circa 930/935 - post 996)10

Il fut le premier membre de la famille à s’illustrer dans l’empire. Sa date de


naissance est inconnue, mais on peut estimer qu’elle se situe autour de 930-93511.
Il servit dès son plus jeune âge en Orient, et ses premiers exploits auraient trouvé
un écho dans les poésies d’Ab| Firas12. On ignore quelles actions pouvaient valoir
à Michel Bourtzès sa notoriété13, sa haute dignité de patrice, et quel échec retentis-
sant il aurait subi, autorisant Ab| Firas à l’inscrire au nombre des chefs byzantins
battus par l’émir d’Alep. On aurait pu penser à un stratège Michel, connu en 960,
qui exerçait un commandement en Anzitène en compagnie d’un certain T’orniq
et. défendait la forteresse de içn Dhîl Qarnain. Ce Michel fut battu par Naja le
lieutenant de Sayf ad Dawla14. La rareté relative du prénom Michel parmi les
militaires de l’époque rendrait l’identification fort vraisemblable ; malheureusement
en 960 ce Michel était déjà patrice, alors que Bourtzès ne le fut qu’en 968. Il semble

10. Canard, Les Hamdanides, p. 688, 698, 702-703, 832, 837, 856 ; Honigmann, Ostgrenze,
p. 94, 103, 105-106 ; Ka>dan, Les Arméniens, no 1, p. 85 ; Laurent, Les gouverneurs d’Antioche,
p. 229-231, 233-234.
11. Plusieurs éléments concourent à avancer cette fourchette de dates. a) Nicéphore Phôkas ne
peut avoir confié la principale forteresse surveillant Antioche qu’à un soldat expérimenté. De plus, au
xe siècle, à moins d’être proche parent de l’empereur, un Byzantin n’accédait pas à des commandements
importants avant l’âge de 30 ans. b) Le fils aîné de Michel Bourtzès est assez âgé en 976-977 pour
avoir la garde de la ville d’Antioche. c) On ne peut en revanche pas trop reculer la date de naissance
de Michel Bourtzès qui occupa la charge très lourde de duc d’Antioche en 995. On peut concevoir
qu’un tel poste soit occupé par un homme de 60 ans, voire de 65 ans, en tout cas pas âgé de 70 ans.
Basile II relevait les commandants trop âgés, ainsi agit-il à l’égard de Théodôrokanos trop vieux pour
commander Philippopolis : Skylitzès, Synopsis Historiarum, p. 345, Flusin - Cheynet, p. 289.
12. Adontz - Canard, Ab| Firgs, p. 158-159. Ab| Firgs cite parmi les Byzantins célèbres qui
ont eu à connaître la puissance des armées de Sayf ad-Dawla, un certain B. r. t. is, que les auteurs de
l’article identifient avec Michel Bourtzès. La forme du nom surprend, dans la mesure où il existe une
forme bien attestée et unique chez tous les auteurs écrivant en arabe à propos des faits et gestes de
Bourtzès. Il est vrai que les auteurs de l’article, conscients de cette difficulté, estiment qu’elle ne
présente pas un argument décisif pour rejeter leur identification.
13. Rappelons que Ab| Firas écrivit ses poèmes lorsqu’il fut prisonnier à Constantinople sous
Nicéphore Phôkas, avant que Michel Bourtzès ne fût devenu célèbre par son rôle lors de la prise
d’Antioche.
14. Canard, Hamdanides, p. 801.
342 JEAN-CLAUDE CHEYNET

donc qu’il faille distinguer ces deux Michel à moins que la source arabe ait désigné
Michel par une dignité qu’il obtint seulement ultérieurement.
En 968, taxiarque, promu au rang de patrice15, il fut nommé par l’empereur
Nicéphore Phôkas stratège du Mauron Oros et tint garnison à Baghras avec mille
hommes16. Selon le chroniqueur arabe Ibn al dim, le souverain « fit construire le
château de Baghras, face à Antioche et y installa Mîkhâ’îl al-Burdjî. Il ordonna aux
gouverneurs de la région de lui obéir. »
Sa mission consistait, sous les ordres du stratopédarque Pierre, en l’absence du
basileus, à surveiller la forteresse d’Antioche gouvernée par Az-Zoughaïli et à empê-
cher qu’elle pût être ravitaillée. Les troupes byzantines ne devaient tenter aucune
attaque contre la ville, et attendre les renforts conduits par l’empereur en personne.
Cependant Michel Bourtzès, observant que la ville était mal gardée, prépara des
échelles adaptées à la hauteur des murs, et en compagnie d’Isaac Brachamios escalada
de nuit l’enceinte située sur la colline dominant la ville et qui était dépourvue de
défenseurs17. Grâce à cet exploit, le reste de l’armée byzantine, sous les ordres du
stratopédarque Pierre et d’Eustathe Maléïnos, le stratège de Cappadoce, entrèrent à
Antioche le 28 octobre 96918. Michel Bourtzès et Isaac Brachamios partirent ensuite
à Constantinople annoncer à l’empereur cette victoire considérable. Nicéphore
Phôkas ne manifesta pas la satisfaction que Michel Bourtzès était en droit d’attendre
de son exploit : il resta patrice et n’obtint aucun avancement en dignité, et il ne fut
pas nommé à la tête de la ville qu’il venait de conquérir, car l’empereur choisit d’y
installer son parent, Eustathe Maléïnos19. Il n’est donc pas surprenant de le retrouver
avec un groupe de militaires aux côtés de Jean Tzimiskès lors du coup d’État qui
se déroula dans la nuit du 10 au 11 décembre où périt Nicéphore Phôkas20.
Au cours de l’été 971, Michel Bourtzès se trouvait de nouveau à Antioche.
Avec le concours de douze mille ouvriers, il releva les murailles de la ville abattues
par un tremblement de terre21, et il châtia le dernier des responsables de la mort

15. La dignité de patrice accompagnant la fonction plutôt modeste de taxiarque est surprenante,
puisque bien des stratèges de thèmes ne sont à cette époque que des protospathaires. Un tel fait
laisserait supposer que Michel Bourtzès était lié par le sang à l’une des grandes familles constituant
le “clan des Phôkadés” alors au pouvoir – mais nous ignorons tout de l’épouse de Michel Bourtzès.
16. Le millier d’hommes correspond en effet à l’effectif placé sous les ordres d’un taxiarque.
Oikonomidès, Listes, p. 333.
17. Selon Skylitzès, Synopsis Historiarum, p. 272, Flusin - Cheynet, p. 228, Michel Bourtzès aurait
bénéficié de la trahison d’un Sarrazin nommé Aulax. Nous préférons la version de Ya yÄ d’Antioche
et de l’auteur de la Vie du Patriarche Christophore, plus proches témoins des événements.
18. Ya yÄ d’Antioche I, p. 822-823 ; Skylitzès, Synopsis Historiarum, p. 273, Flusin - Cheynet,
p. 229 ; Léon le Diacre, p. 81-82 ; Talbot - Sullivan, p. 132-134.
19. Eustathe fut nommé stratège d’Antioche et de Lykandos : W. B. R. Saunders, The Aachen
reliquary of Eustathios Maleinos, DOP 36, 1982, p. 211-219. L’auteur a correctement identifié le
détenteur du reliquaire, mais n’a pas remarqué que la titulature d’Eustathe impliquait qu’il eût été
stratège d’Antioche entre octobre et fin décembre 969.
20. Ya yÄ d’Antioche I, p. 825, 829 ; Skylitzès, Synopsis Historiarum, p. 279, Flusin - Cheynet,
p. 235 ; Léon le Diacre, p. 86 ; Talbot - Sullivan, p. 132-136.
21. Ya yÄ d’Antioche II, p. 351. Le tremblement de terre est postérieur à l’attaque d’Antioche
par les Égyptiens de Foutouh : or les troupes de ce dernier se retirèrent lorsque Jean Tzimiskès faisait
la guerre en Bulgarie, c’est-à-dire pendant le printemps et l’été 971.
LA FAMILLE BOURTZÈS 343

du patriarche Christophore22. En dépit de ces activités qui correspondent à celle


d’un gouverneur d’Antioche, Michel Bourtzès n’a pas été considéré comme tel par
les auteurs modernes, qui ne connaissent du reste aucun gouverneur de la ville au
temps de Jean Tzimiskès23. Cette interprétation vient du texte et de la traduction
adoptés par l’édition Kratchkovsky, qui impliquent que Jean Tzimiskès ait envoyé
Michel Bourtzès à la tête de 12 000 ouvriers. Il est déjà surprenant de voir l’un des
généraux les plus notables de l’époque commander des ouvriers. En fait, l’édition
Cheikho, qui s’appuie sur plusieurs manuscrits, dont l’un, celui de la Bibliothèque
nationale de Paris, est considéré comme très bon, donne la solution à ce problème.
Selon ce texte, Jean Tzimiskès a envoyé les ouvriers à Michel Bourtzès qui était
déjà sur place24. Il nous semble donc que Michel Bourtzès a été renvoyé à Antioche
par Tzimiskès, dont les chroniqueurs rapportent qu’il a changé massivement tous
les titulaires de postes importants25 pour les remplacer par des hommes à lui comme
Michel Bourtzès26. Aussi doit-on penser que Michel Bourtzès défendit la ville lors
de la contre-offensive musulmane menée par Foutouh en 970-97127. C. Holmes
estime qu’après la chute d’Antioche, l’administration byzantine ne s’est pas mise
en place immédiatement et qu’un duc n’a pas été nécessairement nommé après
969. Il est cependant probable que si l’organisation du duché a pris du temps,
l’empereur aura nommé sur le champ un responsable militaire pour maintenir les
conquêtes récentes28.
Il aurait été muté avant la fin du règne de Tzimiskès, puisqu’en 976 il était duc
d’un tagma sous les ordres de Basile Sklèros29. À la mort de l’empereur, le parakoi-
momène Basile Lécapène, qui exerça le pouvoir effectif pour le compte des princes
porphyrogénètes Basile II et Constantin VIII, jugea bon d’éloigner Michel Bourtzès
de l’influence de Bardas Sklèros qu’il soupçonnait de toujours songer à la révolte.
Basile nomma Michel Bourtzès duc d’Antioche, et le promut magistre30, espérant
ainsi s’assurer sa fidélité. Mais le chroniqueur damascène, Ibn al Qalânisî, donne

22. L’auteur de la Vie du Patriarche Christophore précise, p. 361, que le coupable. Ibn Doughama,
séjourna un long moment en prison à Tarse puis fut condamné par Michel Bourtzès, encore patrice, à
être jeté à la mer, chargé de pierres. La dignité de Michel Bourtzès exclut qu’il ait ordonné ce châtiment
lors de son séjour de 976, date à laquelle il était devenu magistre.
23. Laurent, Gouverneurs d’Antioche, p. 253 ; Holmes, Basil II, p. 338.
24. Ya yÄ d’Antioche, II p. 351. L’éditeur donne en apparat critique le texte de Cheikho.
25. G. Schlumberger, L’Épopée byzantine, p. 223, considère aussi que Michel Bourtzès était
gouverneur d’Antioche à cette date, mais sans justifier son hypothèse. En note, il renvoie à Skylitzès
qui, selon lui, confirme cette nomination. Mais en réalité, le propos de Skylitzès, Synopsis Historiarum,
p. 315, Flusin - Cheynet, p. 264, concerne la promotion ultérieure – en 976 – de Michel Bourtzès
– comme duc d’Antioche.
26. Léon le Diacre, p. 95, Talbot - Sullivan, p. 145 ; Skylitzès, Synopsis Historiarum, p. 284,
Flusin - Cheynet, p. 239.
27. Ya yÄ d’Antioche II, p. 350. On peut aussi noter que Michel Bourtzès n’est jamais cité à
l’occasion des campagnes menées à la même période en Occident contre les Russes.
28. Holmes, Basil II, p. 330-340.
29. Sur les rapports entre Michel Bourtzès et Bardas Sklèros, cf. Seibt, Skleroi, p. 63-64.
30. Michel Bourtzès ne dépassa pas ce rang de magistre, qui était le plus haut qu’un Byzantin
pût espérer atteindre à la fin du xe siècle, s’il n’était pas proche parent de l’empereur. Désormais,
Michel est souvent désigné dans les sources comme “le magistre Bourtzès” ; ainsi connaît-on le fils
du magistre Bourtzès, Constantin, ou encore les petits-fils du magistre Bourtzès.
344 JEAN-CLAUDE CHEYNET

une chronologie un peu différente. Ce serait Jean Tzimiskès qui l’aurait nommé au
retour de sa grande campagne en Syrie : « Le mal qui l’avait pris, ayant empiré, il
désigna comme son représentant sur place, al-Burjî al-Batrîq, le Patrice, puis il partit
pour Constantinople où il mourut après l’occupation d’Antioche par al-Burjî,
en 365h.31 »
Selon les ordres qu’il avait reçus, Michel Bourtzès lança un raid contre les
musulmans de la région de Tripoli et revint avec un important butin. Il regroupait
des troupes pour lancer un nouveau raid, lorsque lui parvinrent de nouveaux ordres :
il devait avec Eustathe Maléïnos, gouverneur de Tarse, s’opposer à Bardas Sklèros
qui s’était révolté.
Ils firent route, rejoignirent le stratopédarque Pierre et furent battus par Sklèros
à la bataille de Lykandos, à la fin de 976. Michel Bourtzès s’enfuit l’un des premiers ;
aussi certains le soupçonnèrent- ils d’être en réalité favorable à Sklèros32. Avant de
quitter Antioche cependant, Michel Bourtzès avait laissé à son fils des instructions
secrètes pour remettre la ville au patrice Kouleib, alors du parti des impériaux.
Mais Michel Bourtzès, une fois retiré sur ses terres des Anatoliques, rallia la cause
du prétendant33, sans doute au printemps de 977. II ne fut pas plus heureux sur le
plan militaire en combattant pour Sklèros, car, en compagnie de Romain Tarônitès,
il fut battu par le protovestiaire Léon, lors du combat engagé pour s’assurer la
possession du tribut annuel envoyé par les Alepins34. Lorsque la nouvelle se répandit
que Bardas Phôkas était le nouveau chef des armées impériales opposées à Sklèros,
Michel Bourtzès déserta la cause de ce dernier pour rallier de nouveau et définiti-
vement le camp impérial au printemps 97835. Curieusement, pendant dix ans, nous
ne savons plus rien de lui, alors que tant d’événements bouleversèrent l’empire.
On retrouve Bourtzès chargé d’arrêter Léon Phôkas qui, après la mort de son père
Bardas, s’obstinait encore à garder la forteresse d’Antioche, opération que Michel
Bourtzès mena avec l’aide des habitants en novembre 98936. Il regagna Constan-
tinople pour y ramener Léon Phôkas. Après cette ultime information, les sources
grecques ignorent le destin ultérieur de Michel Bourtzès.
Les sources arabes et Asolik de Tarôn nous font connaître la suite de sa carrière,
mais les informations fournies par ces auteurs sont difficilement compatibles. Deux
possibilités ont été retenues dans la littérature moderne. V. Laurent estime que
Michel Bourtzès fut nommé gouverneur d’Antioche dès novembre 989 après la
fin de la rébellion de Léon Phôkas37, tandis que W. Seibt pense qu’il n’a obtenu
ce poste qu’en 99238. W. Seibt s’appuie sur un texte d’Asolik de Tarôn qui implique,

31. Ibn al Qalânisî, trad. Th. Bianquis.


32. Ya yÄ d’Antioche II, p. 372-373.
33. Les raisons du ralliement ne sont pas claires. Peut-être ne fut-il pas spontané, car il eut lieu
seulement après que Sklèros eût garanti à Michel sa sécurité : Ya yÄ d’Antioche II, p. 373. De telles
conditions rappellent le texte de Kékauménos, Conseils et Récits, p. 260, qui recommande de faire
semblant de se rallier au révolté, si les circonstances y contraignent (menace sur les biens, sur la famille),
tout en écrivant secrètement au basileus.
34. Skylitzès, Synopsis Historiarum, p. 319-321, Flusin - Cheynet, p. 267-269.
35. Skylitzès, Synopsis Historiarum, p. 324, Flusin - Cheynet, p. 271.
36. Ya yÄ d’Antioche II, p. 428.
37. Laurent, Gouverneurs d’Antioche, p. 233.
38. Seibt, Skleroi, p. 63-64.
LA FAMILLE BOURTZÈS 345

selon lui, que Romain Sklèros ait été duc d’Antioche en 991, en dépit de l’affirma-
tion d’Ibn #gfir que le gouverneur de l’époque s’appelait Bourtzès. Le texte d’Asolik
est en fait imprécis, et si le titre de magistre porté par Romain Sklèros interdit qu’il
ait eu un commandement subalterne, il n’était pas nécessairement duc d’Antioche ;
il pouvait commander des tagmata impériaux, comme domestique ou stratopé-
darque, ou être le second des troupes de Bourtzès39. Nous admettons donc que
Bourtzès a pu être duc depuis 989 – sans que la question puisse être définitivement
tranchée –40. Selon Ibn al Qalânisî, Michel Bourtzès était gouverneur en 991. En
effet, le Hamdanide Sa‘ad ad-Dawla menacé par BakIur, allié des Fatimides, écrivit
à Basile II pour lui demander secours. L’empereur ordonna au maître d’Antioche
d’aller renforcer l’armée d’Alep41. Avec une armée de Grecs et d’Arméniens envoyés
par Michel Bourtzès, et avec ses propres troupes, en tout six mille hommes42,
Sa‘ad ad-Dawla l’emporta le 10 mai 991, mais il mourut peu après. Michel Bourtzès
dut faire face de nouveau aux armées fatimides qui ambitionnaient de s’emparer
d’Alep, alors alliée et tributaire des Byzantins. Bourtzès fut donc obligé de secourir
les Hamdanides d’Alep contre les entreprises de ManIutikrn, le chef militaire
envoyé par le calife fatimide Al Aziz. L’historien d’Alep Kamgl-ad-Drn est notre
source la plus complète sur ces événements. Durant l’été 992, ManIutikrn, dont
l’ambassadeur avait été emprisonné, assiège sévèrement Alep. Michel Bourtzès
tenta de dégager la ville, mais fut repoussé lors d’un combat à Sidèrogéphyra43.
ManIutikrn le poursuit et prend la forteresse d’³Imm44 près d’Antioche où se trou-
vait le propre neveu du duc45. Lors du siège d’Antioche, Michel Bourtzès réussit à
repousser l’ennemi, qui emmena cependant, dans sa retraite, un important butin.
À l’occasion de ce siège, les Musulmans de Laodicée s’étaient soulevés et Bourtzès
réduisit leur révolte. Durant l’année 993, les adversaires se préparèrent pour une
nouvelle rencontre qui eut lieu l’année suivante. Selon Ibn al Qalânisî, les Alépins
avaient envoyé une ambassade à Basile II alors que ce dernier s’apprêtait à combattre

39. Ainsi, en 994, Léon Mélissènos, qui collaborait avec Michel Bourtzès, était lui aussi magistre :
Ya yÄ d’Antioche II, p. 440.
40. Seule une nouvelle documentation, qui ne pourrait provenir que de la sigillographie, permettrait
d’attester si Romain Sklèros fut duc d’Antioche.
41. Ibn al Qalânisî (trad. Th Bianquis) (ed. p. 58-59) : « Abû'l-Ma‘âlî avait écrit à Basile, le Grand
des Byzantins, ‘azîm al-Rûm, l'informant de la rébellion de Bakjûr contre lui. Il lui demandait
d'écrire à al-Burjî, le maître d'Antioche, de venir le rejoindre (lui, Abû'l-Ma‘âlî) quand la nécessité
se ferait sentir d'aller à son secours et de l'aider. Le Grand des Byzantins écrivit la lettre demandée,
confirmant son accord. »
42. Canard, Hamdanides, p. 688.
43. Les chiffres des combattants donnés par les auteurs arabes sont invraisemblables pour l’armée
byzantine. ManIutikrn disposait de 35 000 hommes – chiffre déjà important, mais cohérent avec ce
que nous savons du nombre des troupes engagées par les Fatimides dans les autres campagnes. Lors de
l’affrontement, Michel Bourtzès aurait disposé de 70 000 hommes, ce qui est manifestement excessif.
Il suffit de comparer ce chiffre avec celui de la campagne de 991 : 7000 hommes. Sur Kamgl ad-Drn,
j’ai consulté le mémoire de maîtrise de M. Chenaf sous la direction du professeur M. Arkoun :
Fragments de l’histoire d’Alep d’Ibn Kamgl ad-Drn, traduction annotée et comparée avec les passages
parallèles de Yayg d’Antioche, Paris 1984. Sur les événements, cf. Bianquis, Syrie, p. 194-196.
44. Ya yÄ d’Antioche II, p. 438, confirme la prise de la forteresse.
45. ³Imm, en 1048-1049, selon Ibn Butlan, est démilitarisée et au centre d’une campagne prospère
(Holmes, Basil II, p. 357).
346 JEAN-CLAUDE CHEYNET

Samuel de Bulgarie. L’empereur envoie à Bourtzès un lettre lui ordonnant d’assister


le Hamdanide46. Michel Bourtzès sortit d’Antioche sur ordre de Basile II pour
soutenir les Alepins de nouveau assiégés par ManIutikrn. Il était renforcé par Léon
Mélissènos et par des contingents alepins qui le poussaient à engager le combat,
alors que Bourtzès, impressionné par le nombre des adversaires, aurait voulu l’éviter,
en profitant de la protection fournie par le fleuve Oronte qui séparait les deux
armées. L’avis des Alepins prévalut, et dans la bataille qui suivit, connue sous le
nom de « bataille du gué de l’Oronte », les Byzantins furent totalement battus, le
15 septembre 994, et auraient perdu cinq mille soldats tués47. En conséquence, les
Alepins implorèrent, par une nouvelle ambassade en Bulgarie, l’appui de Basile II,
qui vint lui-même dégager leur ville. L’empereur était présent à Antioche dès le
5 mai 995, avec quelques milliers d’hommes48, et l’annonce de son arrivée décida
ManIutikrn à lever le siège précipitamment sans même combattre49. Au retour de
sa campagne en Orient à l’automne 995, Basile II destitua Michel Bourtzès de sa
charge, irrité qu’il était de son comportement50. Il confia alors le duché d’Antioche
au patrice Damien Dalassènos. Le sort ultérieur de Michel Bourtzès ne nous est pas
connu, mais il est douteux qu’il ait occupé d’autres postes officiels, ayant atteint
alors soixante ou soixante-cinq ans.
Un sceau a été attribué à Michel Bourtzès, celui de Michel magistre et catépan
d’Antioche, édité par Szemioth et Wasilievski51. Trois Michel commandèrent à

46. Ibn al Qalânisî (trad. Th. Bianquis, éd. p. 70) : Lu’lu’, lorsqu'il avait appris les préparatifs de
l'armée venue d'Égypte pour attaquer Alep, avait écrit à Basile, le Grand des Byzantins, ‘azîm al-
Rûm, lui remettant en mémoire tout ce qui liait le Basileus et Sa‘d al-Dawla comme assistances et
engagements mutuels. Il lui promettait de la part de son fils, l'écoute et l'obéissance et de continuer
à se conduire selon cette coutume (de collaboration). Il fit porter au Byzantin un grand nombre de
présents et de dons. Il lui demanda son assistance pour mener une résistance victorieuse. Il avait confié
ces lettres et les dons à un envoyé, Malkûnâ al-Suryânî. Celui-ci rejoignit Basile alors que face au roi
des Bulgares, il s'apprêtait à le combattre. Il accepta ce qui lui avait été envoyé (comme dons) et écrivit
à al-Burjî, le préfet qu'il avait nommé à Antioche, de rassembler les soldats byzantins, de marcher sur
Alep et d'en repousser les Maghrébins. Al-Burjî se mit en marche à la tête de cinq mille soldats. »
Ibn al’Adim donne une version des faits assez proche, sauf sur les effectifs de l’armée de Bourtzès
gonflés à l’excès (trad. Th. Bianquis) : « Bandjûtakîn refusa cette offre et combattit Alep trente trois
jours durant. Le peuple d’Alep s’agita ; ils dirent à Ibn Hamdân : « soit tu conduis correctement les
affaires de la cité, soit nous livrerons celle-ci ». Il leur répondit : « Patientez trois jours, car al-Burdjî,
le gouverneur d’Antioche, est parti nous secourir avec sept croix ». Bandjûtakîn apprit cela et posta
quelques uns de ses grands officiers, il s’agissait de Bishâra al-Qal‘î, Ibn Abî Ramâda, Mi‘dâd b. Zâlim,
avec une armée considérable face à la porte d’Alep.
Lui-même se mit en marche et rencontra al-Burdjî près de Djisr al-Hadîd (le Pont de fer, localité
sur la route d’Antioche à Alep). Il était à la tête de trente cinq mille hommes, quant aux Byzantins,
ils étaient soixante-dix mille. Al-Burdjî connut la déroute et Bandjûtakîn s’empara de ses bagages,
tua un nombre considérable de ses hommes et fit de très nombreux prisonniers. Cf. aussi Bianquis,
Syrie, p. 198-199.
47. Ya yÄ d’Antioche II, p. 438-441 ; Asolik de Taron, p. 147. Le meilleur récit de ces événements
a été donné par Canard, Hamdanides, p. 697-703.
48. Ibn al Qalânisî (trad. Th. Bianquis, éd. p. 70) : « Le basileus tailla la route en seize jours à la
tête de 3000 cavaliers et fantassins, Byzantins, Russes, Bulgares et Khazars ; »
49. Bianquis, Syrie, p. 200-201, p. 205-206.
50. Ya yÄ d’Antioche II, p. 444.
51. A. Szemioth - Wasilevski, Sceaux byzantins du Musée National de Varsovie, Studia zrodloznawcze.
Commentationes 11, 1966, p. 1-38, sceau no 22. Compte tenu de la mauvaise conservation du plomb,
la lecture catépan d’Antioche n’est pas tout à fait assurée, c’est du moins la plus vraisemblable.
LA FAMILLE BOURTZÈS 347

Antioche, Bourtzès, Spondylès sous Constantin VIII et Ouranos sous Michel VI.
Les auteurs estiment qu’on peut rejeter les deux derniers sous prétexte qu’ils sont
appelés ducs et non catépans par les chroniqueurs byzantins. Cet argument est sans
valeur puisque les deux titres sont équivalents. Ainsi Yahya d’Antioche qualifie-t-il
Spondylès de catépan52. La dignité de magistre portée sur le sceau n’apporte pas non
plus d’élément décisif puisque Michel Ouranos avait reçu cette dignité lorsqu’il
devint duc53. La dignité portée par Spondylès ne nous est pas connue, mais rappe-
lons que Constantin VIII, qui s’appuyait volontiers sur les eunuques du palais,
avait accordé la haute dignité de proèdre à trois d’entre eux et il est probable que
Spondylès, chargé par cet empereur du commandement d’Antioche, a pu obtenir la
dignité inférieure de magistre. Les caractères épigraphiques larges et trapus invitent
à dater le sceau des années 1030-1060 et donc à rejeter l’attribution proposée à
Michel Bourtzès, sans permettre toutefois de choisir entre Spondylès et Ouranos,
même si ce dernier a notre préférence54.

2. Na Bourtzaina (seconde moitié du xe siècle)

Sœur de Michel Bourtzès n° 1, elle n’est connue qu’indirectement par la mention


de son fils, le neveu du côté maternel du duc d’Antioche. Ce neveu se réfugia en
992 dans la forteresse de ‘Imm, poursuivi par ManIutikrn à la tête des troupes
fatimides, qui s’empara de la forteresse et du neveu55. Nicolas Adontz a avancé
l’hypothèse que ce neveu serait Romain Sklèros, et qu’en conséquence sa mère
aurait épousé Bardas Sklèros56. Il s’appuie sur le texte d’Asolik de Tarôn dont nous
avons déjà parlé à propos de la résistance de Romain Sklèros dans la montagne face
au même ManIutikrn57. Rien ne permet d’affirmer qu’il s’agit du même épisode
que la prise de ‘Imm. Au contraire, s’agissant de Sklèros, Asolik ne fait pas allusion
à l’échec de celui-ci, alors que nous savons par Kamgl ad Drn que le neveu de
Bourtzès a été capturé avec toute sa troupe58. L’hypothèse est ingénieuse, mais sinon
douteuse, au moins invérifiable.

3. N. Bourtzès (fin du xe siècle)

Fils aîné de Michel Bourtzès no 1 ; son père le chargea de garder la ville d’Antioche
pendant que lui-même faisait campagne contre Bardas Sklèros en 976. Ce fils

52. Ya yÄ d’Antioche III, p. 492.


53. Skylitzès, Synopsis Historiarum, p. 483 (Flusin - Cheynet, p. 398) ; Zônaras, p. 654.
54. En particulier si on compare son sceau à celui de Romain Sklèros : Laurent, Gouverneurs
d’Antioche, pl. no 21.
55. Selon Ibn al’Adim (trad. Th. Bianquis) : « Le fils de la soeur d’al-Burdjî se réfugia dans le
château de ‘Imm. Mandjûtakîn marcha sur ‘Imm. Il emporta la forteresse de vive force. Il y fit
prisonnier le fils de la soeur d’al-Burdjî ainsi que le gouverneur de la forteresse et trois cents patrices
(bitrîq). Il plaça en garnison dans la forteresse mille cavaliers. On s’empara de biens d’une valeur
considérable. On incendia la ville et les environs. On avait trouvé à ‘Imm dix mille prisonniers
musulmans. Bandjûtakîn les fit sortir de leur geôle et ils combattirent sous ses ordres.
56. Adontz, Notes Arméno-byzantines, p. 362, note 36.
57. Seibt, Die Skleroi, p. 63-64.
58. KamÄl ad DÇn, Histoire d’Alep, V. Rosen, p. 249.
348 JEAN-CLAUDE CHEYNET

quitta Antioche qu’il remit au basilikos Kouleib. Lui-même retourna vers son père
qui avait alors changé de camp et rejoint les partisans de Sklèros59. On peut difficile-
ment admettre qu’il s’agisse de Constantin no 4, car en 1025 ce dernier aurait été
au moins septuagénaire et dans ce cas on voit mal quel danger il aurait pu repré-
senter pour Constantin VIII et pour quelle raison l’empereur aurait alors jugé utile
d’aveugler Constantin Bourtzès.

4. Constantin Bourtzès (? - post 1025)60

Il est le fils de Michel no 1, donc frère selon nous de N. Bourtzès no 361. On ne


sait rien de lui jusqu’en 1025-1026, sinon que c’était l’un des conseillers écoutés
de Basile II, qu’il avait mis en garde contre le mauvais comportement de son frère
Constantin VIII. Ce dernier devenu empereur se vengea en le faisant aveugler dès
le début de son règne62. D’après un sceau du Musée d’Antioche, V. Laurent pense
que Constantin Bourtzès avait été auparavant duc d’Antioche63. La reproduction
photographique du sceau laisse bien lire le prénom de Constantin, en dépit de
l’état médiocre des lettres, et effectivement la liste des gouverneurs d’Antioche est
incomplète après le départ de Nicéphore Ouranos. Mais il semble impossible qu’il
s’agisse de notre Constantin no 4, car ce sceau lui attribue la dignité de magistre ;
or lorsqu’il fut aveuglé, il n’était que patrice. Si, après son aveuglement, on peut
concevoir qu’il ait été promu magistre par le successeur de Constantin VIII, il est
impensable que le poste de duc d’Antioche ait été occupé par un aveugle64.
Trois sceaux attribuables à Constantin Bourtzès ont été conservés, l’un dans la
collection Shaw, l’autre dans celle de Dumbarton Oaks65, le troisième au Musée
archéologique d’Istanbul. À l’avers est représentée une croix patriarcale sur trois
(?) degrés, ornée de fleurons issant dans le champ, et au pourtour l’invocation
habituelle : ;+52)%B/(9=%)4U3U$7,. Au revers, la légende précédée d’une
croisette est inscrite sur cinq lignes :
+6.[34!.4).[0!42)+[64B72[4:((DO 58.106.4304)
+6.[4!.4).[!42)+)[4B72[4:((DO47.1027)
+6.[4!.4[!42)+[4/B7[:((Istanbul 1154-693)
+ Kwnstantivn(w/) patrikivw/ tw/' Bouvrtzh/.

59. Ya yÄ d’Antioche II, p. 373.


60. Guilland, Patrices du règne de Basile II, p. 96 ; Ka>dan, Les Arméniens, p. 85, no 2.
61. I1 n’est pas impossible que Michel Bourtzès (no 1) ait pu se marier deux fois, ce qui pourrait
expliquer l’écart d’âge vraisemblable entre son fils capable de défendre Antioche en 976, et Constantin
prenant part aux décisions impériales jusqu’en 1025 et ayant des enfants actifs jusqu’au milieu du
xie siècle.
62. Skylitzès, Synopsis Historiarum, p. 371, Flusin - Cheynet, p. 308.
63. Laurent, Gouverneurs d’Antioche, p. 237.
64. Sous Romain III, la liste des gouverneurs d’Antioche est complète jusqu’en 1032, et à cette
date Constantin aurait été trop âgé pour occuper ce poste.
65. Sceaux DO 58.106.4304 et Shaw 1027.
LA FAMILLE BOURTZÈS 349

DO 58.106.4304

DO 47.2.1027

Istanbul 1154-693

Le diamètre du sceau est de 22 mm. Il est datable de la fin du xe siècle ou du


début du xie siècle. En effet la croix patriarcale ne se rencontre que de façon tout
à fait exceptionnelle après le règne de Basile II. On notera que le sceau du Musée
d’Antioche porte un motif différent, celui d’un saint militaire ; on l’attribuera à
un autre Constantin Bourtzès plus tardif.
Constantin est le père probable de Michel, Théognoste et Samuel66.

5. N. Bourtzès (fin xe siècle)

À Erzerum, l’ancienne Théodosioupolis, est gravée sur la porte dite Géorgienne


une inscription fort endommagée. Elle cite un personnage au patronyme partiel-
lement conservé : bour... La longueur de la lacune n’est pas connue avec exactitude,

66. Ces trois frères sont connus seulement comme les petits-fils de Michel Bourtzès no 1, mais
puisque les sources grecques ne mentionnent expressément que Constantin no 4 comme fils de Michel,
on peut lui attribuer ces enfants.
350 JEAN-CLAUDE CHEYNET

aussi ne peut-on avoir de certitude pour compléter le patronyme, mais Bourtzès


conviendrait le mieux67. De plus, cette inscription est proche d’une autre consacrée
à Romain Dalassènos : on retrouverait alors la même association des Bourtzai et
des Dalassènoi qu’à Antioche. La date est complète selon Adontz et se lirait 5500,
soit 991-992. II ne pourrait s’agir de Michel Bourtzès, à cette date duc d’Antioche.
Nous ignorons si ce Bourtzès exerçait une fonction. Il ne peut s’agir d’un duc ou
catépan d’Ibérie, ce duché n’existant pas encore – si la date a été bien lue.

6. N. Bourtzès (circa 1030)68

Un jugement inséré dans la Peira nous fait connaître le “fils de Bourtzès”,


coupable du crime de lèse-majesté, et dont la fortune fut confisquée. Son père
mourut, léguant par testament sa fortune à ses trois enfants. Le juge Eustathe,
alors vestès, ordonna que la partie des biens paternels dont héritait ce fils de
Bourtzès allât au fisc. De la même manière, le fisc devait se substituer au coupable,
lorsque l’éventualité d’un héritage provenant de sa mère, ou provenant d’un de ses
frères mort intestat se présenterait69.
Pour identifier ce Bourtzès, nous ne disposons que de ces seuls éléments : un
père qui a trois héritiers, dont l’un s’est révolté, et cela à l’époque où Eustathe n’est
encore que vestès, c’est-à-dire avant 1030. On pense immédiatement aux trois
petits-fils de Bourtzès no 1, qui ont comploté contre Romain III en 1029. Or le
texte de la Peira affirme qu’un seul des Bourtzès est impliqué dans le jugement et
a subi la confiscation ; tandis qu’il est clair qu’en 1029, les trois frères furent
condamnés ensemble. Ceci nous semble mettre hors de cause Michel no 8 et ses
frères.
Pourrait-il s’agir de Constantin no 5 leur père ? Lui aussi avait été accusé de
complot en 1025 par Constantin VIII et rien n’interdit qu’il ait eu deux frères ou
sœurs. Cependant, le jugement précise que le père de l’accusé était encore vivant
au moment du complot du fils ; il est donc virtuellement impossible qu’il s’agisse
de Michel Bourtzès no 1, lequel serait né, nous l’avons vu, vers 930-935. D’autre
part, la mère de l’accusé est vivante elle aussi : ici l’argument précédent est moins
pertinent, car il pourrait bien s’agir de l’épouse de Michel no 1 dans le cas d’un
mariage tardif ou d’un remariage.

7. Constantin Bourtzès (milieu du xie siècle)

Ce personnage nous est connu seulement par ses sceaux, tous au motif de saint
Dèmètrios.

67. L’inscription de Théodosioupolis est citée à propos de l’étude sur les Dalassènoi de Adontz,
Notes Arméno-byzantines, p. 163, et reprise dans C. M. Bartikian, To; Buzavntion eij" ta;" ajrmenika;"
phgav", Thessalonique 1981, p. 135. L’auteur propose de lire Bourtzès.
68. Personnage noté par Ka>dan, Les Arméniens, no 2a, p. 86.
69. Peira, LX, p. 231.
LA FAMILLE BOURTZÈS 351

Constantin Bourtzès, axiarque70.

Au droit, saint Dèmètrios en buste, tenant la lance et un bouclier rond orné de


perles ; l’épigraphe en colonne reste à peine visible à gauche de l’effigie, P $(
-: oJ a{(gio") Dhmåhvtrio"ç. À la circonférence, légende invocative précédée d’une
croisette : +%B/(9 K(uvri)e bohvqåei tw/' sw/' douvlw/ç.

Au revers, la légende, précédée d’une croisette, est inscrite sur cinq lignes dont
la dernière est accostée de tirets ; au sommet le champ est orné d’un losange de
perles cantonné de tirets :
> [ +U.[34!.4)[!*)!28[4UBV2[ 4z
Kwnstantiv(nw/) ajxiavrc(h/) tw/' Bouvrz(h/).

Zacos Bnf no 101 (140 %)

C’est la première mention de la fonction d’axiarque, dont la lecture est cepen-


dant assurée. Elle est aussi attestée sur d’autres sceaux encore inédits, conservés
a Dumbarton Oaks. D’après son nom, cette fonction semble parente de celle de
catépan des dignités et pourrait désigner un responsable chargé par l’empereur de la
distribution des dignités. Cependant, la mention d’un axiarque d’Iconium71 interdit
une telle hypothèse. Peut-être y a-t-il équivalence entre axiarque et taxiarque ?72

Constantin Bourtzès spatharocandidat et topotèrètès

Un second sceau, qui fit jadis partie de la collection Pozzi-Kapamadji73, porte


saint Dèmètrios en pied, avec au pourtour l’invocation habituelle Kuvrie bohvqei
tw/' sw/' douvlw/.

Au revers, la légende est inscrite sur six lignes :


+U.[34!.4([30!9+$[$4%0[%4%24[ B724:
Kuvrie bohvqei tw/' sw/' douvlw/ Kwnstantivnw/ spaqarokandidavtw/ kai; tepeterhth'/
tw/' Bouvrtzh/.

70. Zacos Bnf no 101 (Dia. : 23).


71. Sceau no 440 du fonds Seyrig de la Bibliothèque Nationale de Paris : Cheynet - Morrisson -
Seibt, Seyrig, no 181.
72. Sur ce point, pour une réponse affirmative, voir maintenant J.-Cl. Cheynet, Note sur l’axiarque
et le taxiarque, REB 44, 1986, p. 233-236.
73. Sceau de l’ancienne collection Pozzi-Kapamadji no 17, d’après le fichier de V. Laurent.
352 JEAN-CLAUDE CHEYNET

Constantin Bourtzès, magistre et hoplitarque

Un dernier sceau74 attribuable à Constantin Bourtzès porte aussi le motif de


saint Dèmètrios à mi-corps, à la belle chevelure bouclée. De part et d’autre de
l’effigie, {[$([ 4[2)[: oJ a{(gio") Dhmåhvçtri(o")ç. Au revers, la légende est
inscrite sur cinq lignes :
+U.['(342[,4!2[/BV2[4z(3
Kwn(stanti'no") åmç(av)gistr(o") åoJpçl(i)tavråc(h")ç oJ Bouvrtzh".

IFEB 911 (130 %)

Le diamètre du sceau est de 31 mm. La dignité de magistre implique que ce sceau


soit nettement postérieur aux précédents, compte tenu de la distance qui sépare
cette dignité de celle de spatharocandidat. Cependant les caractères épigraphiques
ne permettent pas de le dater bien au-delà du milieu du xie siècle. Les V apparaissent
vers les années 1040, ce qui ne permet pas de remonter plus haut la datation de
ce plomb. La fonction exercée – dont la lecture m’a été suggérée par W. Seibt que
je remercie – apparaît pour la première fois en sigillographie75. L’hoplitarque ou
archègétès commandait l’infanterie d’une armée en campagne ou d’une grande
région de l’empire et avait des taxiarques sous ses ordres.

Constantin Bourtzès, magistre et duc d’Antioche

D’après un sceau du musée d’Hatay (Antakya)76, Constantin occupa ce poste


le plus prestigieux en Orient à cette date.
Au droit, dans une bordure de perles entre deux rangs de grènetis, buste de
saint Dèmètrios, tenant lance et bouclier. Épigraphe en colonne de part et d’autre,
P[[([-[[: oJ a{(gio") åDçhm(hv)åtrio"ç.

74. Sceau de l’IFEB no 911.


75. Depuis la première édition de ce sceau, j’ai pris connaissance d’un sceau de l’ancienne
collection Zacos mentionnant un Léontakis Tzintziloukès, patrice et hoplitarque.
76. Mention dans Laurent, Gouverneurs d’Antioche, p. 237, no 12 et note 4. Éd. Cheynet,
Antioche et Tarse, no 48.
LA FAMILLE BOURTZÈS 353

Au revers, légende sur cinq lignes :


+U.[![')34[$/5*![4)/8(![/B724z

Musée de Hatay 2355 (130 %)

Constantin Bourtzès aura été duc d’Antioche vers le milieu du xie siècle ou peu
avant, peut-être nommé par Constantin Monomaque. Il existe dans la collection
Théodoridès une pièce très proche77.

8. Michel Bourtzès (floruit 1030-1060)

Petit-fils de Michel Bourtzès no 1, il eut deux frères, Théognoste et Samuel. Ils


complotèrent ensemble en faveur de Constantin Diogène désireux de renverser
l’empereur Romain III en 1029. Le complot fut découvert et ils furent sévèrement
battus, ignominieusement promenés dans la Mésè et envoyés en exil78. Cependant
Michel Bourtzès fut rappelé d’exil et poursuivit son ascension sociale : deux sceaux
inédits conservés à l’institut Français d’Études Byzantines nous font connaître les
étapes suivantes de sa carrière. Le premier des deux a un parallèle provenant de
l’ancienne collection Zacos. Les deux furent frappés par le même boullôtèrion.

Michel Bourtzès, anthypatos et stratège79

Sur le premier, dans un cercle de grènetis, saint Michel est représenté en buste,
portant un lôros orné de grosses perles, tenant un sceptre bouleté en main droite
et le globe en main gauche ([[[ ![[).

Au revers, la légende est inscrite sur cinq lignes :


 8![.950![342!4[4/B/52[ 4Y) (IFEB ; diamètre du sceau 20 mm)
8!([!.950![342!4'[4/B/52[ 4Y) (Zacos BnF)
Micah;l ajnqupavt(w/) (kai;) strat(h)g(w/') to/' Bouvrtzi/.

77. Elle est signalée par Wassiliou - Seibt, Bleisiegel II, p. 262, n. 160. Les éditeurs considèrent
que Constantin aurait été duc entre 1043 et 1045.
78. Skylitzès, Synopsis Historiarum, p. 377, Flusin - Cheynet, p. 312.
79. Sceaux de l’IFEB no 167 et de l’ancienne collection Zacos, BnF no 99 (dia. : 24).
354 JEAN-CLAUDE CHEYNET

IFEB 167

Zacos (BnF) 99

Comme les deux exemplaires du sceau sont fortement rognés au sommet, la lecture
du prénom reste incertaine, mais est rendue plus sûre par le motif iconographique.

Michel Bourtzès, anthypatos, patrice et stratèlate80

Sur ce second plomb, saint Michel est représenté en pied, mais le sceau étant
fort rogné, l’invocation au pourtour est presque totalement oblitérée. La légende
est inscrite sur cinq lignes, dont la première est mal conservée :
-)8[,!.950[0!42)+342[(,!4)4U[B724:
Micåah;çl ajnqup(avtw/) patrik(ivw/) stråatçhlavti/ tw/' Bouvrtzhç.

80. Sceau de l’IFEB no 155.


LA FAMILLE BOURTZÈS 355

Le diamètre est de 28 mm. La dignité de patrice qui accompagne la fonction


de stratèlatès interdit de voir en Michel Bourtzès un simple soldat du tagma du
même nom, mais plutôt le chef de ce tagma81.
En 1056, devenu vestarque, Michel Bourtzès était l’un des chefs de l’armée
venus réclamer de l’avancement au nouvel empereur Michel VI82. Déçu dans ses
espérances, l’année suivante, avec ceux de ses collègues qui possédaient des terres
dans le thème des Anatoliques, Romain Sklèros, Nicéphore Botaneiatès, les fils
de Basile Argyros, il fit une démarche auprès d’Isaac Comnène pour le pousser
à la révolte. Il ne joua aucun rôle marquant lors de la bataille décisive devant
Nicée, à la différence de ses collègues précédemment cités83. Il bénéficia tout de
même de la victoire d’Isaac, puisqu’il fut ensuite promu magistre et nommé à
la tête du thème des Anatoliques84, selon un sceau :

Au droit, dans un cercle de grènetis, légende sur cinq lignes, précédée d’une
croisette :
+ [+%B/([9%)-)8!(,[-!')3426[B%34(B%3[4!28([ *

Au revers suite de la légende sur cinq lignes :


342![4('U4U.[!.!4/,)+Š4UB/52[ 4(
+K(uvri)e bohvqei Micah ;l magivstrw/ bevsth/,/ bestavrch/, (kai ;) strathgw'/ tw'n

Anc. coll. Zacos

La présence de la dignité de vestarque interdit d’attribuer le sceau à Michel


Bourtzès no 1 car, à son époque, cette dignité est encore réservée à des eunuques.

81. Oikonomidès, Listes, p. 332.


82. Skylitzès, Synopsis Historiarum, p. 483, Flusin - Cheynet, p. 398. Nous ne différencions
pas le Michel Bourtzès de 1029 de celui de 1056, à la différence de A. Ka>dan (Les Arméniens, no 3 et
no 5, p. 86). Nous pensons que les petits-fils de Michel Bourtzès no 1 étaient encore relativement peu
âgés en 1029, ayant autour de 30-35 ans maximum, et qu’en conséquence, ils avaient potentiellement
une trentaine d’années de carrière devant eux.
83. Skylitzès, Synopsis Historiarum, p. 488-489, Flusin - Cheynet, p. 402.
84. Sceau inédit de l’ancienne collection Zacos, qui n’est pas à la BnF.
356 JEAN-CLAUDE CHEYNET

9. Théognoste Bourtzès (milieu du xie siècle)85

Petit-fils de Michel no 1, frère de Michel no 8 et de Samuel no 10, il s’engagea


comme ses frères dans un complot contre Romain III et, comme eux, fut battu
puis exilé86.
Nous le distinguons du Théognoste Bourtzès no 19 actif en 1073, car les 44 ans
qui séparent 1029 de 1073 paraissent une trop longue durée pour la carrière suivie
d’un même homme.

10. Samuel Bourtzès (floruit 1030-1050)87

Petit-fils de Michel no 1 ; frère de Michel no 8 et de Théognoste. Accusé de


comploter avec ses frères contre Romain III en 1029, mais, comme son frère Michel,
il revint en grâce auprès des autorités. Patrice, il commanda en 1050 l’infanterie
byzantine lors de la bataille de Basilikè Libada face aux Petchénègues. Son rôle fut
peu glorieux : il décida d’attaquer l’ennemi sans attendre le signal de son chef
Constantin l’Hétériarque, sortit du camp dont il avait la garde, et lorsque son
infanterie céda, il appela au secours Constantin, entraînant ainsi la bataille générale
et la défaite complète des Byzantins88.
Deux sceaux peuvent lui être attribués. Celui de la collection Fogg no 1369
porte à l’avers une inscription sur quatre lignes dont la lecture se poursuit au revers :
+%B/[9%)4U[U$V,U[!-V[ 
95[4/0![(+4U[24:[ 
K(uvri)e boåhvçqei tw/' åsçw/' douvlw/ åSçamouåh;l ajnçquåpavçto/ paåtrçhk(ivw/) tw/'
åBouvçrtz(h/).
Le diamètre du sceau est de 33 mm. (120 %)

L’autre plomb, postérieur de quelques années au précédent, est conservé dans les
collections de Dumbarton Oaks89. À l’avers, la Vierge, au centre, en pied, tenant
le médaillon de l’Enfant, est accostée de deux bustes. Au sommet du champ, de part

85. Ka>dan, Les Arméniens, no 5.


86. Skylitzès, Synopsis Historiarum, p. 377, Flusin - Cheynet, p. 312.
87. Ka>dan, Les Arméniens, no 5 et no 6, p. 86 ; P. Diaconu, Les Petchenègues au Bas-Danube,
Bucarest 1970, p. 74 ; R. Guilland, Patrices du règne de Constantin Monomaque, Zbornik Radova 13,
1971, p. 3-4, repris dans Variorum Reprints XIII, 1973.
88. Skylitzès, Synopsis Historiarum, p. 470, Flusin - Cheynet, p. 388.
89. DO 58.106.4843.
LA FAMILLE BOURTZÈS 357

et d’autre de l’effigie, (-2 95) ; à droite, buste de saint Nicolas, l’inscription


étant placée portée sous le buste [{[.)+[,!/: ÔO a{gio(") Nik(ov)l(ao(")].
À gauche, un autre buste de saint, sans inscription lisible. Au pourtour court
l’invocation : 9+% &5,435. -!2 453) Q(eotov)ke fuvl(at)t(e) su;n
mavrtusi...

Au revers, l’inscription surmontée d’une croisette, est gravée sur cinq lignes :
[3!-([!.950[402)B%3[44/BV2[4:
Sam(ou)h;ålç ajnqupåavçt(w/) p(at)ri(kivw/) bevst(h/) to/' Bouvrtz(h/).
Le diamètre du sceau est de 29 mm, celui de son champ de 25 mm. (120 %)

10bis. N. Bourtzès (milieu du xie siècle)

Le sceau d’un Bourtzès, en piètre état de conservation, est conservé au Staat


Münzmuseum de Munich, provenant de l’ancienne collection Zarnitz90.

Au droit, buste de saint Georges, tenant en main droite une lance et, dans
l’autre un bouclier ovale bordé de perles. Dans le champ à droite, traces de lettres :
[[[U2[')[

Au revers, légende sur sept lignes, dont la première est hors champ :
[04U[/-%34)+[6./.4[(3!.!4,[UB/50[ 4:)

Bouvrtzi.

Anc. coll.Zarnitz 616 (120 %)

90. Zarnitz no 616 ; dia. : Sceau fortement rogné ce qui a fait perdre la partie supérieure du champ.
358 JEAN-CLAUDE CHEYNET

La lecture de la fonction est incertaine. L’absence du prénom rend l’identification


problématique. Le seul indice est donné par l’iconographie. Saint Georges ne figure
seulement que le sceau plus tardif de Nicéphore Bourtzès. En bonne logique, le
domestique des Scholes pourrait être identique au stratège des Anatoliques. La
chronologie du sceau ne s’y oppose pas, mais ce Michel Bourtzès arbore sur ses
sceaux son homonyme, l’archange Michel. De même on aurait pu à Constantin
Bourtzès, promu, une fois quittée sa charge de duc d’Antioche, mais Constantin
s’est placé sous la protection de saint Dèmètrios.

11. Constantin Bourtzès (milieu du xie siècle)

Le sceau d’un Constantin magistre, orné au droit du buste de saint Théodore,


est connu en trois exemplaires91. Contrairement à ce que j’affirmais dans l’édition
précédente, il faut donc le distinguer de son homonyme, duc d’Antioche, Constantin
Bourtzès no 7, dont le saint protecteur est Dèmètrios. À l’avers, saint Théodore est
représenté en buste, barbu, tenant comme à l’habitude la lance en main droite et
le bouclier en main gauche, {[9%[/ $[U[2/: ÔO (a{gio") Qeovdwro(").

Au revers, la légende est inscrite sur cinq lignes :


+%B9[(9%)+U.[-!')342[4UB/52[4z( (DO 58.106.788 et musée de
Sofia no 143)
+%B9[(9%)+U.[-!')342[4UB/2[4(BnF no 100)
[(9%)[-!')3[4UB/[4 (Istanbul)
K(uriv)e bohvqei Kwn(stantivnw/) magivstr(w/) tw/' Bouvrtzh/.
Le diamètre des sceaux est de 20 mm.

Sofia 143

DO 58.106.788

91. Musée de Sofia no 103 ; sceau DO 58.106.788. ; Zacos (BnF) 100. L’exemplaire de Sofia a
été édité à plusieurs reprises par I. Jordanov, dont la dernière dans le Corpus II, no 120.
LA FAMILLE BOURTZÈS 359

Zacos (BnF) 100

Istanbul 657-59

12. Basile Bourtzès (milieu du xie siècle)

Le seul Bourtzès de ce prénom fut protospathaire, épi tou Chrysotriklinou92.


Son sceau est placé sous la protection d’un saint évêque, sans doute Basile, figuré
au droit, une formule invocative figurant au pourtour.
Au revers, légende sur cinq lignes, précédée et suivi d’une perle accostée de tirets :
 [B!3),[!30!9[%0)4Q8'[+,(.[BV24[ 
Basil(eivw)/ (prwto)spaq(arivw)/ ejpi; t(ou') Cr(usotri)klhvn(ou) tw/' Bouvråt(zh/)ç

Un sceau de Basile ...tzh", édité par V. Laurent, pourrait aussi lui avoir appartenu93.

92. Seibt, Bleisiegel I, no 165.


93. II était protospathaire, épi ton Chrysotriklinou, juge du Velum, de l’Hippodrome, mystographe.
Laurent, Corpus II, no 145. Le sceau est daté du xie siècle. Les fonctions qu’exercent Basile ne seraient
plus accompagnées de la simple dignité de protospathaire à partir du règne d’Alexis Ier et s’accordent
mieux aux années 1030-1060. D’après le nombre des lettres manquantes sur le sceau, V. Laurent
avance trois patronymes possibles : Kamytzès, Chalkoutzès et Bourtzès. On peut éliminer la première
possibilité car le premier Kamytzès connu est actif sous Alexis Ier, soit à une époque postérieure à
celle du sceau ; de surcroît c’est un militaire. Il peut donc s’agir d’un Chalkoutzès, ou d’un Bourtzès.
La certitude ne pourra venir que de la découverte d’un exemplaire intact de ce sceau.
360 JEAN-CLAUDE CHEYNET

13. Jean Bourtzès (floruit circa 1045-1075)

Le prénom est donné dans un manuscrit recensé par Allatius. L’intitulé de la


lettre nous apprend également qu’il portait la dignité de vestarque. De la lettre de
consolation que lui adresse Psellos, trois points ressortent : son frère vient de mourir ;
lui-même est un personnage important, qualifié de kyr et eugénestatos ; il avait des
relations assez fréquentes avec Psellos. Mais ce dernier ne fait aucune allusion à la
douleur des autres membres de sa famille, suggérant que ses parents sont décédés
et qu’il n’a pas d’autre frère ni sœur94.
Une datation précise de la lettre est impossible. Certes, elle fut écrite à une
époque où Psellos était un personnage influent auprès de l’empereur, soit entre les
années 1045 et 1075.
À ce Jean Bourtzès on peut attribuer un sceau conservé à la Bibliothèque
nationale de Paris, selon le fichier de V. Laurent. BnF no 600 (?). À ce jour, nous
n’avons pu retrouver le plomb. Il portait à l’avers l’image d’un saint militaire et au
revers une légende inscrite sur cinq lignes : B9[4U3U$[)UB%34[4UB724
[. : K(uvri)e b(ohv)q(ei) jIw(avnnh/) bevst(h/) tw'/ Bouvrtåzh/ç
Il pourrait donc s’agir de Jean Bourtzès à une étape antérieure de sa carrière.

14. N. Bourtzès (mort entre 1045 et 1075)95

Frère du précédent, c’était un militaire, ayant connu de nombreux combats.


Il n’y a pas là figure de rhétorique, car Psellos explique qu’il était parti pour sa
dernière campagne non contre les barbares mais auprès des anges. Il est mort à
l’apogée de la jeunesse , sans avoir connu la vieillesse, c’est-à-dire compte tenu de
l’âge précoce où l’on est qualifié de vieux à Byzance, sans avoir dépassé quarante
ans96. Il ne semble pas avoir laissé de descendance car Psellos ne fait aucune allusion
à son épouse ou à ses enfants.
Il avait été accusé – de complot ? à tort bien sûr, mais en dépit des efforts de
Psellos, l’empereur n’avait pas fléchi et l’avait maintenu en disgrâce97.

15. David Bourtzès (floruit circa 1050)

B. A. PanEenko a publié un sceau au motif de saint Michel en buste dont il


déchiffrait l’inscription de la manière suivante98 :
 [ +%B9[$!$02)[!.950!4[B%343[4('/B2[4)3

94. Psellos, Sathas, MB V, p. 347-350. N. Duyé, Un haut fonctionnaire byzantin du xie siècle :
Basile Malésès, REB 30, 1972, p. 74, considère que Jean était le frère de Michel no 8. Mais rien dans
le texte de la lettre de Psellos ne justifie cette affirmation.
95. Ka>dan, Les Arméniens, no 7, p. 86.
96. Dans une autre lettre, Psellos rappelle qu’Alexandre de Macédoine est mort sans avoir eu à
connaître le déclin dû à la vieillesse, mais à la fleur de l’âge, vers la trentaine : Psellos, Scripta minora. 2,
p. 313.
97. Sathas, MB V, p. 347-350.
98. Pan'enko, Katalog, no 69. Dia. : 2,3.
LA FAMILLE BOURTZÈS 361

L’éditeur cherchait lire dans le dernier mot de la légende le nom du lieu où


David exerçait ses talents de stratège et datait le plomb des xie et xiie siècles. Or la
reproduction photographique de la planche IV permet de corriger sans hésitation
la dernière ligne de la légende en 4:)3, le z étant fort nettement gravé. Il faut
donc transcrire le texte de la manière suivante : K(uvri)e b(ohv)q(ei) Da(bi;)d
p(at)ri(kivw/) ajnqupavt(w/) bevsth/) (kai;) såtraçthg(w'/) oJ Bouvrtzi". La datation
doit également être précisée ; les caractères épigraphiques et les motifs décoratifs
impliquent que le sceau ait été frappé vers le milieu du xie siècle.

M 2547

16. Na Bourtzaina (floruit circa 1060)

Selon une notice du manuscrit Paris. gr. 710, ce manuscrit fut commandé par
“Levonto" presbutevrou tou' Sarbandhnou' th'" Bourtzaivnh"”, au temps de
Constantin et Eudocie, en décembre 6574, c’est-à-dire1065. Le même Léon com-
manda aussi le manuscrit Paris. gr. 164, et selon la notice, ilétait kouboukleisios99.
Les rapports entre Léon et Bourtzaina ne sont pas clairs et sembleraient indiquer
un rapport de filiation. En fait, la solution est donnée par une autre notice d’un
manuscrit athonite de Kutlumus, où l’on trouve la signature de Léon Sarbantènos,
anthrôpos tès Bourtzainès, prêtre et kouboukleisios. Bien que Lampros, l’auteur du
catalogue, ait daté ce manuscrit du xiie siècle100, il s’agit sans aucun doute du même
personnage. Il faut donc ramener la date de la notice du manuscrit athonite au
règne de Constantin Doukas. La formule : “ÔO th'" Bourtzaivnh"” pour désigner
“l’homme de Bourtzaina” est curieuse, mais n’est pas unique ; on en trouvera un
autre exemple sur un manuscrit d’Odessa de 1120101, où Jean Alyatès, serviteur du
grand hétériarque Opos, se dit : “ ”.

99. Omont, Fac-similés des manuscrits grecs datés de la Bibliothèque Nationale du IXe siècle au XIVe siècle,
Paris 1891, p. 7, pl. XXXV. Lake, Dated Greek Minuscule Manuscripts to the Year 1200, Boston 1934-
1939, t. IV, nos 172, 174. Lampros, Catalogue of the Greek Manuscripts on Mount Athos, Cambridge
1895, t. I, p. 280, no 3130.
100. II faut donc supprimer la notice du Lexique des Paléologues à propos d’une Bourtzaina,
comportant une référence au manuscrit athonite : Prosopographisches Lexicon der Palaiologenzeit
no 3110.
101. B. L. Fonki', GreEeskie rukopisi Odessy, VV 43, 1982, p. 99.
362 JEAN-CLAUDE CHEYNET

Cette Bourtzaina est certainement la fille plutôt que l’épouse d’un Bourtzès
que nous ne pouvons identifier avec plus de précision. Puisque son anthrôpos Léon
Sarbandènos a commandité un manuscrit à Sisinnios, chantre de l’église Saint-Pierre
d’Antioche102, nous pouvons penser que cette Bourtzaina vivait aussi dans cette
ville. Elle serait donc le dernier membre de la famille dont les rapports avec la ville
d’Antioche soient attestés.

17. N. Bourtzès (floruit milieu du xie siècle)103

Ce Bourtzès serait le père de Nicéphore Mélissènos, si l’information de


Nicéphore Bryennios est exacte104. On voit mal quelle raison a poussé Nicéphore
Mélissènos à choisir le patronyme maternel (?) plutôt que de garder celui encore
glorieux de Bourtzès – à moins que, dès cette époque, la gloire des Bourtzai ait
commencé sa relative éclipse105. On ne peut utilement conjecturer le prénom de
ce Bourtzès d’après celui de son petit-fils Jean, fils unique du couple Nicéphore
Mélissènos – Eudocie Comnène106, car il aura sans doute pris le prénom de son
grand-père maternel Jean, frère de l’empereur Isaac Comnène. C. Settipani vient
de proposer de voir en Nicéphore Mélissènos, non le fils, mais le petit-fils d’un
Bourtzès, hypothèse que le texte de Bryennios n’interdit pas. Il propose de faire du
catépan de Mésopotamie Théognoste Mélissènos le même personnage que notre
Théognoste Bourtzès (no 9)107. Ici nous sommes vraiment dans le domaine de la
conjecture, en dépit de la relative rareté du prénom Théognoste. Toutefois la stabi-
lité des patronymes n’est pas aussi assurée qu’on pourrait le penser si l’on admet
par exemple que Théodore Dokeianos, neveu de l’empereur Isaac Comnène, est à
identifier au duc de Paphlagonie Théodore Comnène.

18. Théodore Bourtzès (seconde moitié du xie siècle)

Ce personnage est seulement connu par un sceau conservé à Dumbarton


Oaks108. À l’avers sont représentés les deux saints Théodore en pied, avec la seule
épigraphie 9 9. Au revers la légende est inscrite sur quatre lignes :
+%B9[%/$U2[+404%2)[/B724
K(uvri)e b(ohv)q(ei) åQçeodwvr(w/) ... k(ai;) t(o)p(o)teri(th/') åtçw/' Bouvrt(zh/).

102. G. Mercati, Origine di due codici greci del secolo XI, Mélanges P. Peeters II, AB, t. 68,
1950, p. 211-222. L’auteur résout l’abréviation précédant les lettres -oceia" en restituant anti, ce
qui permet de lire . Cette lecture concorde avec le nom de l’église Saint-Pierre, alors
église cathédrale d’Antioche. Elle infirme aussi l’hypothèse avancée par F. Halkin, dans son compte
rendu de l’ouvrage de Lake (AB, t. 6, 1947, p. 290), selon laquelle les manuscrits auraient été écrits
en Chypre. La famille Bourtzès n’a donc aucun lien connu avec l’île de Chypre.
103. Ka>dan, Les Arméniens, no 17, p. 88.
104. Bryennios, Histoire, p. 85, 239.
105. Seibt, Bleisiegel I, p. 261, émet l’hypothèse que Marie Mélissènè, titulaire de la rare et
haute dignité de patricienne à ceinture, pourrait être la mère de Nicéphore.
106. Barzos, Komnenoi, p. 80-81, note 5.
107. Ch. Settipani, Continuité des élites à Byzance durant les siècles obscurs. Les princes caucasiens
et l’empire du VIe au IXe siècle, Paris 2006, p. 502.
108. Sceau DO 77.3449 (dia. : 23).
LA FAMILLE BOURTZÈS 363

DO 77.3449

La titulature de ce Théodore est d’interprétation délicate ; on peut en effet penser


qu’il est topotèrètès, mais on doit admettre qu’il y a une erreur dans l’orthographe
du mot, puisqu’on a un e là l’où on attend un h. On peut comprendre aussi qu’il
s’agit d’un catépan, mais on ne voit pas comment interpréter alors le 4%2 qui ne
représente pas un tagma connu, ni le nom d’une province ou d’une ville susceptible
d’être commandée par un catépan. Le kai; de l’inscription implique que Théodore
ait porté une dignité ; les traces de lettres incitent à penser qu’il était hypatos. Le sceau
est datable du xie siècle, plutôt de la seconde moitié.

19. Théognoste Bourtzès (seconde moitié du xie siècle)109

II est distinguer du Théognoste Bourtzès no 9 dont il est peut-être le petit-fils.


II est connu seulement pour avoir remporté une victoire sur Pétrilos, le général
envoyé par le chef serbe Bodin près de Kastoria en 1073110. II porte à cette date les
dignités d’anthypatos et de patrice, dignités qu’on retrouve sur un sceau conservé en
trois exemplaires, qui peut lui être attribué111.
Au droit, dans un cercle de grènetis, buste de saint Nicolas, en sa tenue habituelle
d’évêque, son omophorion étant orné d’un losange de perles sur les épaules ; tenant
en main gauche le livre des Évangiles richement décoré et bénissant de l’autre
main, {[![')[/ .[)[+/[, : ÔO a{gio(") Nikovl(ao").

Au revers, légende sur six lignes, surmontée d’un croisillon de perles accosté de
tirets et précédée d’une croisette :
 [ +% B 9[4U3U$V[9%/'./34/[ 0  2  ) !.95[0!4U4U[ B V24z (
(BnF 95)
 [ [4U3U$[9%/'./34[02)!.9[0!4U4U[BV24z((BnF 96)
 [ +%B9[4U3U$V[9%/'./34[02)!.9[0!4U4[(BnF 97)

K(uvri)e b(ohv)q(ei) tw/' sw/' douv(lw/) Qeognosto' p(at)ri(kivw/) (kai;) ajnqupavtw/


tw'/ Bouvrtzh/.
Ca 1070.

109. Ka>dan, Les Arméniens, no 8, p. 86 ; R. Guilland, Contribution à la prosopographie de


l’Empire byzantin. Les patrices. Du règne de l’impératrice Théodôra (1054-1056) aux Comnènes
(1081-1185), Titres et fonctions dans l’Empire byzantin, Londres 1976, XIV, p. 12.
110. Skylitzès Continué, p. 164.
111. Zacos BnF 95 (dia. : 24), 96 (dia. : 23), 97 (dia. : 18), inédits, issus d’un même boullôtèrion.
364 JEAN-CLAUDE CHEYNET

Zacos (BnF) 95

Zacos (BnF) 96

Zacos (BnF) 97

20. Samuel Bourtzès (fin du xie siècle)

Il est le père de Nicéphore Bourtzès no 25 et d’Eudocie Bourtzaina no 26. I1 reçut


en dôréa du césar Nicéphore Mélissènos un proasteion, celui de Rousaiou112 en
Macédoine, don qui fut confirmé par un chrysobulle d’Alexis Ier113. L’événement
se produisit donc après l’installation des Mélissènoi dans cette région, soit après
1081. Samuel mourut avant 1117.
Ces dates impliquent nécessairement qu’il soit distingué de Samuel Bourtzès
no 10, déjà actif en 1029. II pourrait être son petit-fils.

112. Lefort, Villages de Macédoine, p. 138.


113. Docheiariou, acte no 4.
LA FAMILLE BOURTZÈS 365

21. Michel Bourtzès (floruit circa 1081)114

Un Michel Bourtzès hypatos et topotèrètès est connu par une inscription trouvée
à Orkistos115. Cette titulature liant la dignité de topotèrètès à celle d’hypatos ne peut
se rencontrer qu’entre 1060 et 1100. Il est donc nécessaire de le distinguer de
Michel Bourtzès no 8, déjà magistre sous Isaac Comnène. Nous avons exposé
ailleurs116 pourquoi il est vraisemblable de l’identifier avec Bourtzés, toparque de
Chôma et de Cappadoce au printemps de 1081, cité par Anne Comnène. Nous
avons, en effet, noté la coïncidence entre le qualificatif de toparque et la fonction
de topotèrètès dans la seconde moitié du xie siècle, et la proximité entre Orkistos et
la région que contrôlait le toparque.
Anne Comnène nous apprend encore que Bardas Bourtzès était descendant de
ce Michel. Le terme employé par Anne Comnène, apogonos, est imprécis ; il s’agit
du fils ou plus probablement, du petit-fils du toparque117. La traduction de B. Leib
par fils n’est pas assurée.

22. Michel Bourtzès (seconde moitié du xie siècle)

Deux sceaux nous font connaître un Michel Bourtzès proèdre. Le premier d’entre
eux118 porte à l’avers saint Dèmètrios en buste, tenant comme à l’habitude la lance
en main droite et le bouclier en main gauche ({[$[( -[([42: ÔO (a{gio")
Dhmhvtr(io").

Au revers, la légende est inscrite sur cinq lignes :


[+%B9[-)8!(,[02/%$2[4UBV2[4z(
K(uvri)e b(ohv)q(ei) Micah;l proevdr(w/) tw'/ Bouvrtzh/.

DO 58.106.5419

114. Ka>dan, Les Arméniens, no 9, p. 87 ; Skoulatos, Personnages, p. 34-35.


115. W. H. Buckler, Two Gateway inscriptions, BZ 30, 1930, p. 647.
116. J.-Cl. Cheynet, Toparque et topotèrètès à la fin du xie siècle, REB 42, 1984, p. 215-224.
117. Anne Comnène, Alexiade I, p. 131 et III, p. 200.
118. DO 58.106.5419 (dia. : 25, 20).
366 JEAN-CLAUDE CHEYNET

Le second plomb119 porte une légende répartie sur les deux faces :
+%B/[(9%)4U[3U$7,U[-)8!(,
02/%[2U+!)[$7)4U[BV24:(
K(uvri)e b(oh)q(ei) tw/' sw'/ douvlw/ Micah;l proevådçrw/ kai; douki; tw'/ Bouvrtzh/.

DO 58.106.3726 (140 %)

Ce Michel Bourtzès pourrait être identifié à notre no 21, si l’on admettait que
le toparque, après avoir échoué dans sa résistance aux Turcs, soit finalement venu
auprès de l’empereur Alexis Comnène, à la fin du xie siècle, ce qui expliquerait que
son descendant Bardas Bourtzès ait été un compagnon de l’empereur.

23. Constantin Bourtzès (floruit début du xiie siècle)120

Le protoproèdre Constantin Bourtzès est connu par un document d’Iviron


daté de 1104, établi à la suite d’une contestation entre lui-même et le monastère.
L’affaire était ancienne et remontait à plusieurs années. Avant 1101, Constantin
Bourtzès avait proposé des échanges de terres avec Iviron, que le monastère avait
acceptés plus ou moins sous la contrainte. Constantin Bourtzès s’était arrangé
pour ne pas remplir ses promesses et garder des terres qu’il aurait dû remettre au
monastère. Les moines, ayant porté l’affaire devant le tribunal impérial, Constantin
n’avait cessé de son côté d’importuner l’empereur Alexis Comnène pour qu’il
intervînt en sa faveur. L’empereur confia successivement l’affaire à son neveu le
pansébaste Jean Comnène, au panhypersébaste Nicéphore Bryennios, et puis de
nouveau à son neveu121. Constantin Bourtzès perdit son procès et dut restituer ce
dont il s’était illégalement emparé 122.
De cette affaire, il ressort que Constantin Bourtzès était propriétaire de biens
importants et nombreux en Macédoine Orientale – comme les membres de la

119. DO 58.106.3726 (dia. : 25, 20).


120. Ka>dan, Arméniens, no 11 p. 87.
121. Jean Comnène est commémoré dans le synodikon d’Iviron en raison de sa diligence dans
cette affaire (Iviron II, p. 8 notice 129).
122. Acte d’Iviron de 1101. Cité partiellement dans : Lefort, Villages de Macédoine, p. 39, 46,
53, 103, 104 et dans C. C. Kaoughtschichwili, Georgika, t. 8, Tbilissi 1970, p. 248 sq. (je n’ai pu
consulter cet article). L’acte a été publié dans Iviron II, no 52.
LA FAMILLE BOURTZÈS 367

famille arrivés avec le césar Mélissènos123 – et suffisamment puissant pour intervenir


directement auprès de l’empereur.

24. Bardas Bourtzès (floruit circa 1116)124

Il est un descendant du toparque Bourtzès, c’est-à-dire, selon nous, de Michel


Bourtzès no 21125. En 1116, alors qu’Alexis Ier était parvenu dans la région où son
ascendant avait déjà combattu les Turcs, l’empereur lui confia une armée contre
eux. Il les rencontra dans la plaine d’Amorion, fut vainqueur, mais son camp fut
pillé pendant la bataille par une autre bande turque. Il fit évacuer la population
des forteresses jadis détenues par son ascendant. Faisant face une nouvelle troupe
turque, il ne dut son salut qu’à l’intervention de l’empereur lui-même126.
Son sceau nous est parvenu en deux exemplaires127. À l’avers saint Georges en
buste dans sa représentation habituelle, {['%[U[ '[): ÔO (a{gio") Gewvrgi(o").

Au revers, légende métrique sur cinq lignes :


B!2$[-%BV24z[+,%/3-![452U.[3+%0
å ç Bavrdåanç me Bouvrtz(hn) klevo" maårçtuvrwn skevp(e).

DO 58.106.4490 (140 %)

Fogg 2640 (140 %)

123. Le souvenir de l’implantation des Bourtzai dans la région de Thessalonique s’est maintenu fort
longtemps. Un document du xive siècle qui, pour être un faux, n’en renvoie pas moins à des réalités
géographiques vraisemblables, fait mention d’un “nao;" tou' ejn aJgi'oi" patro;" hJmw'n Nikolavou tou'
ejpivklhn Bouvrzh”, Archives de l’Athos, IX, Actes de Kastamonitou, éd. N. Oikonomidès, Paris 1975.
Appendice I. acte faux b, I. 11.
124. Sur le personnage, cf. P. Gautier, index de l’Alexiade, Paris 1976, p. 28 ; Ka>dan, Les Arméniens,
no 10, p. 87 ; Skoulatos, Personnages, p. 33-:4.
125. C’est par un lapsus que P. Gautier l’identifie au toparque de Cappadoce dans l’Index de
l’Alexiade.
126. Anne Comnène, Alexiade III, p. 200, 201 (éd. Reinsch - Kambylis, p. 471).
127. Sceau DO 58.106.4490 (dia. : 24) ; sceau Fogg 2640.
368 JEAN-CLAUDE CHEYNET

24bis. Bardas Bourtzès Antiochitès

Un sceau récemment publié nous fait connaître ce personnage128.

Au droit, légende sur trois lignes


-+ -[3&2![')3B!2[ $!

Au revers suite de la légende sur quatre lignes


• ["/52[4:(46[!4./8)[ h
(140 %)

xiie siècle (première moitié). Son identification au Bourtzès précédent n’est pas
exclue, mais pas assurée . Ce sceau témoigne d’une alliance matrimoniale avec les
Antiochitai, famille honorablement connue, mais de second rang, ce qui confirme
le statut déclinant des Bourtzai en ce début de siècle.

25. Nicéphore Bourtzès (fin du xie siècle - début du xiie siècle)129

Fils de Samuel Bourtzès no 20, frère d’Eudocie Bourtzaina no 26, il fut magistre
puis proèdre et l’était encore en 1117. Il épousa Anne, fille du proèdre Nicolas
Splèniarios, dont il n’eut pas d’enfant. En effet, l’acte d’échange entre la moitié du
proasteion de Rousaiou situé près de Bryai qu’il détenait et sept boutiques sises à
Thessalonique, appartenant au couvent de Docheiariou, fut aussi garanti par sa
femme. Il n’y est fait aucune mention d’un héritier direct130.
Plusieurs sceaux nous sont parvenus au nom de Nicéphore Bourtzès qui peuvent
lui être attribués : son sceau privé conservé dans la collection Shaw131, dont l’avers
porte l’effigie de saint Georges en buste, dans sa tenue habituelle, [[[/[2[':
åÔO (a{gio") Geçovrgi(o").

Au revers la légende est inscrite sur cinq lignes :


!')%[V95B9[.)+(&/2[4UB/52[4Y)

Le diamètre du sceau est de 19 mm, celui du champ de 15 mm.

128. M. Grünbart, Varia sigillographica, SBS 9, 2006, p. 228-229.


129. Ka>dan, Les Arméniens, no 12, p. 87.
130. Docheiariou, Acte no 4, 1. 1 et 2.
131. DO 47.2.1109 (dia. : 19, 15). Une pièce parallèle en médiocre condition est conservée au
Musée archéologique d’Istanbul (no 657-130).
LA FAMILLE BOURTZÈS 369

DO 47.2.1109 (140 %)
Deux sceaux attestent la qualité de militaire de Nicéphore Bourtzès. Le premier,
très rogné dans sa partie supérieure, conservé à Dumbarton Oaks132 porte un saint
militaire en pied ; au revers, la légende est mutilée dans son début, ce qui rend la
lecture du prénom mal assurée :
(&/[34(+[0!.4U[V24YH
åK(uvri)e b(oh)q(ei) Nikçhfovår(w/) bevçsth/ (kai;) kåateçpavn(w) tw/' åBçouvrtzh/.

DO 58.106.5141 (140 %)
Une pièce parallèle dans la collection Utpadal mieux conservée donne le prénom
plus complètement :
+%B9[.)+(&/2[B%34(+![4%0!.4U[BV24Y(
K(uvri)e b(oh)q(ei) Nikhfovr(w/) bevsth/ (kai;) katepavn(w) tw/' Bouvrtzh/.
Seconde moitié du xie s.

Il est vestarque sur un sceau présenté lors de plusieurs ventes aux enchères133.
La gravure de ce sceau bilatéral est particulièrement médiocre. La légende est répartie
sur quatre lignes sur chaque face :
+%B/[(9%)4U[3U$/5[ ,U
.)+(&[2"%34!2[4U"/5[4:(
K(uvri)e bohqei tw/' sw'/ douvlw/ Nikhf(ov)r(w/) bevstavr(ch/) tw/' Bouvårçtzh/.
Seconde moitié du xie s. On remarquera le " fermé caractéristique de quelques
sceaux de la fin du xie siècle, frappés à la frontière orientale de l’Empire.

Sur un autre sceau conservé en deux exemplaires, il a atteint la dignité de magistre :


un exemplaire (publié par SeEaJanu) fut trouvé en Dobroudja, l’autre (conservé à
l’IFEB), que nous éditons, a été découvert dans le sud de la Yougoslavie134. La
légende est inscrite sur dix lignes, réparties entre l’avers et le revers :

132. DO 58.106.5141.
133. Münz 94 (1998) no 952 (réf. = SBS 8, 239) ; Vente Peuss (2003) no 1392.
134. C. Se'a,anu, Sigilli çi tessere byzantine Iusite in Dobrodgea, Ext. Rhshritul 1938, p. 5.
Dia. du sceau IFEB : 16mm.
370 JEAN-CLAUDE CHEYNET

[ +%B/[(9%)4U[3U$V,U[.)+(&/[ 2
[-!'[342U+!)[+!4%0!.[4UB/52[ 4:(
K(uvri)e bohvq(ei) tw/' sw'/ douvlw/ Nikhfovr(w/) magåivçstrw/ kai; katepavn(w/) tw'/
Bouvrtzh/.

IFEB 133

Enfin un dernier sceau d’un type très proche se trouvait dans la coll. O’Hara 38 :
+%B/[(9%)4U[3U$V,U[.(+)&[ 2
')[342U+!)[+!4%0![4UBV2[4:(
K(uvri)e bohvqei tw/' sw'/ douvlw/ Nhkif(ov)r(w//) åmaçgivstrw/ kai; katepaån(w/)ç tw'/
Bouvrtzh/./

26. Eudocie Bourtzaina (fin du xie siècle - début du xiie siècle)

Fille de Samuel Bourtzès no 20 et sœur de Nicéphore Bourtzès no 25, elle est


décédée en 1117. Elle a hérité de son père la moitié du proasteion de Rousaiou.
Elle eut une fille d’un mariage inconnu135.
Un sceau de la collection Shaw peut lui être attribué136. À l’avers, la Vierge est
représentée en buste, de face, tenant des deux mains le médaillon de l’Enfant,
entre les signes - et 9 : M(hvthr) Q(eo)u'. Au revers, l’inscription est gravée sur
quatre lignes :
%5[$/+(![B72:)[.!
Eujdokiva Bouvrz(a)ina.

DO 47.2.1111

V. Laurent datait ce sceau, dans son catalogue inédit, du xe siècle ; en fait, on


peut reculer la datation jusqu’à la fin du xie siècle et dans ce cas identifier la proprié-
taire du sceau à la fille de Samuel Bourtzès.

135. Docheiariou, Acte no 4, I. 11, I. 19.


136. DO 47.2.1111 (Le diamètre du sceau est de 16 mm, celui du champ de 7 mm.).
LA FAMILLE BOURTZÈS 371

27. Na. Bourtzaina (début du xiie siècle)

Fille d’Eudocie Bourtzaina, elle hérita de sa mère la moitié du proasteion de


Rousaiou avant 1117 (cf. la notice précédente).

28. Constantin Bourtzès (début du xiie siècle)137

Ce Constantin Bourtzès, magistre, fut témoin d’un procès en Crète entre Achille
Liménitès et les villageois de la commune de Ménix en 1117138. II convient donc
de le distinguer de son homonyme no 23 qui était déjà protoproèdre en 1104.
Un sceau, en écrasé et en mauvaise condition, datant de la fin du xie siècle ou
du début du xiie siècle, a appartenu à un Constantin Bourtzès139. Il est difficile de
choisir entre les nos 23 et 28, voire un troisième homonyme.

Au droit, buste d’un saint, probablement militaire (traces de bouclier et de lance).

Au revers, légende sur quatre lignes, précédée d’une croisette:


+%B/[(9+U[4UBV2[4:(
K(uvri)e bohvq(ei) Kwån(stantivnw/)ç tw'/ Bouvrtzh/.

29. Théodore Bourtzès (fin du xie siècle - début du xiie siècle)

Il n’est connu que par un sceau conservé en deux exemplaires issus de 140. À
l’avers, est gravé un saint militaire tenant une lance en main droite et un bouclier
pointu au sommet bordé de perles. Le nom du saint, Théodore, disparu sur
l’exemplaire de Dumbarton Oaks, est partiellement conservé sur celui de la BnF :
[%[/ $[U[2: åÔO (a{gio") Qçeovdwr(o").

Au revers, légende sur cinq lignes :


+%B9[9%/$U2[+V2/0!,[46BV[:((DO)
+%B9[9%/$U[+V2/0![446BV[:((BnF)
K(uvri)e b(ohv)q(ei) Qeodwvr(w/) kouropal(av)th/ åtçw'/ Bouvåvrtçzh/.

137. Ka>dan, Les Arméniens, no 13, p. 87.


138. MM VI, p. 96.
139. Zacos (BnF) 102 (dia. : 19).
140. Sceau DO 58.106.4771 (dia. : 28) ; Zacos BnF 98 (dia. : 16, 13 ; Le sceau est décentré
vers le sommet au droit).
372 JEAN-CLAUDE CHEYNET

DO 58.106.4771 (140 %)

Zacos (BnF) 98 (140 %)

30. Grégoire Bourtzès (fin du xie siècle - début du xiie siècle)

Un sceau du Musée Archéologique d’Istanbul, au nom de Grégoire Bourtzès a


été édité par Jean Ébersolt141. Ce sceau à usage privé ne comporte aucune titulature
et son éditeur n’en donne ni le texte ni la reproduction.
Au droit, dans un cercle de perles, Vierge à mi-corps, tenant l’Enfant sur le
bras droit, tous deux portent de beaux vêtements drapés. De part et d’autre de
l’effigie, les sigles :-2 95

Au revers, légende métrique sur cinq lignes, précédée d’une croisette :


B/52[4Y(.3+%[0/)33/.'2(['/2)/.0!2[9%%
Bouvrtzhn skevpoi" so;n Grhgovrion Parqevånçe.

Istanbul 302 (140 %)

Ce Grégoire, qui vivait au milieu du xiie siècle, n’est pas connu par ailleurs.

141. Ébersolt, Sceaux, no 179. Aujourd’hui no 302 de l’inventaire.


LA FAMILLE BOURTZÈS 373

31. Georges Bourtzès (? - 1160)142

Il devint métropolite d’Athènes à la mort de Léon Xèros en 1153. Au cours


de l’année 1154, il fut chargé d’une mission en Italie qu’il ne put accomplir car le
mauvais temps le contraignit à faire demi-tour à Dyrrachion. Il fit partie des
opposants à Sôtèrichos Panteugénès et connut des difficultés quand le nouveau
patriarche Constantin Chliarènos appuya Panteugénès. Il eut plusieurs frères,
dont Élie Bourtzès no 32143. Une inscription gravée sur le Parthénon nous fait
savoir qu’il mourut le lundi 16 mai 1160144. Son sceau de métropolite est conservé
en plusieurs exemplaires145. Selon la coutume des clercs, Georges ne fait pas figurer
son nom de famille sur le plomb. Au droit, buste de la Vierge, et au revers légende
sur quatre lignes : [3&2!')[!9H.U.0[-%./3'[U2')/

DO 58.106.5113 (140 %)

32. Élie Bourtzès (milieu du xiie siècle)

Frère de Georges, métropolite d’Athènes (no 31), il était présent au synode de


1157, au 16e rang, en tant que mégaloépiphanestatos, protocuropalate, phylax146.
Il occupait donc un important poste de confiance, puisqu’il était préposé à la
garde du Trésor de la Couronne147. Il n’était pas pour autant apparenté à la famille
impériale car il ne portait pas la dignité de sébaste. Nous connaissons le nom de son
épouse par un poème conservé dans le Codex Markianos 524 (folio 116v) jusqu’ici
mal lu148. Sp. Lambros qui édita le poème l’a transcrit de la manière suivante :

142. J. Darrouzès, Obiit de deux métropolites d’Athènes, Léon Xèros et Georges Bourtzès
d’après les inscriptions du Parthénon, REB 20, 1962, p. 190-196 ; Ka>dan, Les Arméniens, no 15,
p. 88.
143. B. Geôrgiadès, ,
Athènes 1882, p. 32-52.
144. A. K. Orlandos - L. Branoussès, Tav caravgmata tou' Parqenw'no", Athènes 1973, no 40.
145. Laurent Corpus V/1, no 603 et dernière édition DOSeals 2.9.5.
146. PG, 140, col. 180. J. Sakkeliôn, Patmiakè Bibliothèkè, p. 317, 318.
147. On connaît deux autres sceaux de phylakés au xiie siècle : Laurent, Corpus II, nos 671 et 672.
148. Sp. Lampros, ÔO Markiano;" kw'dix 524, N.E. 8, 1911, poésie no 260.
374 JEAN-CLAUDE CHEYNET

Le mot Boustrofuvlako"149 a fait difficulté pour l’éditeur lui-même, puisqu’il


est inconnu en grec. Le terme, après vérification sur la photographie du manuscrit
conservé à l’Institut de Recherche et d’Histoire des Textes, doit être lu : Bouvrtzh
fuvlako". Anne Sklèraina était donc l’épouse d’Élie Bourtzès. Les Bourtzai et les
Sklèroi gardaient donc encore, en plein xiie siècle, des relations privilégiées comme
au temps de l’apogée des deux familles.
Le sceau d’Élie Bourtzès nous est parvenu sans indication de dignité ni de
fonction150. À l’avers, saint Élie, en pied, prêchant et tenant un rouleau en main
gauche (/[0[2/[&([4[([3 ([,[)[![3).

Au revers, légende métrique sur cinq lignes :


-![+!2(,)/5[3U:%B72[4Y(.(,)[!.

DO 58.106.5690

DO 58.106.5025

149. Seibt, Skleroi, p. 108, proposait la correction suivante : kastrofuvlako".


150. Sceaux DO 58.106.5025 et DO 58.106.5690 issus d’un même boullôtèrion (dia. 29, 22).
LA FAMILLE BOURTZÈS 375

33. Michel Bourtzès (sous Jean II ou Manuel)151

La lettre de Tzétzès qui lui est adressée constitue notre seule source d’informa-
tion152. Il était le “neveu du protovestiarite”. Le contenu de la lettre elle-même
contient peu d’informations précises. On soupçonne juste que ce Michel vécut à
Constantinople parmi les lettrés dont Tzétzès lui-même, sans occuper semble-t-il
de fonction officielle.
Le sceau signalé par Ébersolt153, au nom de Michel Bourtzès, peut lui avoir
appartenu. La légende métrique est ainsi transcrite par V. Laurent : Bouvrtzhn
Micah;l oijkevthn, aJgnhv, skevpoi".

Au droit, Vierge, de face, assise sur un trône sans dossier, peu distincte. -
 2 9  .
 5

Au revers, légende métrique sur cinq lignes, précédée d’une croisette :


 B724Y(.[-)8!(,[3/.,!42).[!'.%3+%[0/)3
Bouvrtzhn Micah;l so;n lavtrin aJgne; skevpoi".

Istanbul 907

34. Léon Bourtzès (fin du xiie siècle)154

Un sceau daté de la fin du xiie siècle a été découvert lors des fouilles de Corinthe155.
Il porte le nom de Léon Bourtzès, sans aucune mention de fonction ni de dignité. Un
autre sceau inédit pourrait lui être attribué156. À l’avers les deux saints Théodore (le
Stratèlate et le Tiron) sont représentés en pied, dans leur tenue militaire habituelle.

Au revers, la légende métrique est inscrite sur quatre lignes :


,%/.4![B/524zH.[-!2452U.$5[!33+%0/)3[
å ç Levonta Bouvrtzhn martuvrwn dua;" skevpoi".

151. Ka>dan, Les Arméniens, no 14, p. 57.


152. Tzètzès, Epistulae, éd. Leone, Leipzig 1972, ep. no 3, p. 5-6.
153. Ébersolt, Sceaux, no 179 (504). (Inventaire musée archéologique d’Istanbul, no 907).
154. Ka>dan, Les Arméniens, no 16, p. 88.
155. Davidson, Corinth, no 2777.
156. Fogg no 1275 (dia. : 36, 32). Un second exemplaire jadis dans la collection G. Zacos, a été
vendu aux enchères (vente Spink 127, 7/10/1998, no 91).
376 JEAN-CLAUDE CHEYNET

Fogg 1275 (100 %)

Anc coll. Zacos (100 %)

Schéma généalogique des Bourtzai

Le trait discontinu indique une part d’hypothèse dans la filiation proposée.

Michel Bourtzès no 1 Na Bourtzaina no 2

N. Bourtzès no 3 Constantin Bourtzès no 4

Michel no 8 Théognoste no 9 Samuel no 10

Constantin no 11 ? N. N. (Constantin ?)

Michel no 21 Théognoste no 19 Samuel no 20

N. Nicéphore no 25 Eudocie no 26
marié à Anne,
fille de Splèniarios
Bardas no 24 Na. no 27

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