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L’externalisation logistique
Comment optimiser la sélection du prestataire logistique et assurer le
contrôle de celui-ci ?
Septembre 2011
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1. Définition et chiffres-clés
2. Acteurs de l’externalisation
2. L’évolution de l’environnement
2.3. Le co-manufacturing
3.2. Le 4PL
3.3. Le LLP
3.4. Pilotage
4. Conclusion
La sous performance
La dépendance de la société face au prestataire
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1. Définition et chiffres-clés
Cette répartition nous fait prendre conscience que malgré une large confusion avec le concept
de sous-traitance, le procédé d’externalisation est considéré comme la délégation d’une
fonction dans son ensemble et non plus seulement diverses tâches (ERNST & YOUNG,
2002). Plus tard, en 2008, le cabinet d’audit international publie un nouveau baromètre
Outsourcing et déclare qu’en Europe, la compréhension de la notion d’externalisation chez les
managers avoisine les 90%. Ce concept est, aujourd’hui, de mieux en mieux compris par les
managers, ce qui peut être expliqué en partie par une croissance mondiale du phénomène ces
dernières années et une connaissance des bénéfices de ce processus.
Pour introduire le concept d’externalisation de la meilleure manière, il est utile, comme cela
est régulièrement le cas, de reprendre cette définition : « Externaliser est un processus par
lequel une entreprise confie à un prestataire extérieur la responsabilité de la gestion d’un
Cette définition nous amène donc à la distinction importante entre l’externalisation et la sous-
traitance dans le sens où la sous-traitance ne crée aucun transfert du contrôle et management
de l’activité sous-traitée. En effet, le sous-traitant représente un partenaire qui va contribuer,
dans le court ou moyen terme, à l’atteinte des objectifs de l’entreprise initiale en apportant
différents moyens et ressources. L’externalisation implique, quant à elle, un transfert de
ressources et compétences auprès du prestataire qui doit remplir une obligation de résultat. On
y distingue une réelle modification du périmètre d’activité lors de la délégation du
management d’une activité à moyen ou long terme (BARTHELEMY, 2004). L’externalisation
affiche ainsi une dimension plus stratégique que la sous-traitance. Il s’agit d’un processus plus
important, qui prend plus de temps de préparation à l’entreprise, et qui peut même aller
jusqu’au partage des valeurs.
Ce transfert entre une entreprise et un prestataire comprend généralement des actifs matériels
et financiers mais peut aussi inclure du personnel. Il s’agit donc d’un milestone dans la vie de
l’entreprise car celle-ci va profondément modifier son organisation dans son ensemble, son
dynamisme, sa durabilité, ses actifs et ses ressources.
IBM et AstraZeneca en sont des exemples). Une étude de l’IAOP 3, reprise dans le tableau ci-
dessous, nous permet de visualiser les entreprises considérées comme les leaders de ce
marché. Cette étude a classé les 100 meilleurs prestataires selon une pondération de leur taille,
leur croissance, les évaluations des clients, les compétences démontrées et les capacités de
management.
« Logistics is defined as the process of planning, implementing, and controlling the efficient,
effective flow and storage of goods, services, and related information from point of origin to
Les flux physiques correspondent aux mouvements des marchandises situés dans la
chaine logistique depuis les approvisionnements en matières premières jusqu’à la mise
à disposition des produits finis aux clients sur le lieu d’achat ou de consommation. Ces
flux passent donc par une série d’étapes comme les matières premières, l’entreposage,
la production ou transformation, l’emballage de produits finis ou encore la distribution
finale.
5 http://www.clm1.org/mission.html
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Les flux d’informations sont tous les échanges de communications ayant lieu entre les
divers acteurs et qui vont permettre la gestion des flux physiques. Ces flux peuvent
donc aller dans toutes les directions.
Pour atteindre les objectifs logistiques fixés, il faut gérer ces flux en optimalisant leurs
fluidités et assurer que l’entreprise ne rencontre à aucun moment un blocage tel qu’une
rupture de stock ou les impacts néfastes de goulets d’étranglement 6. La planification et le
contrôle sont donc fondamentaux dans toutes les étapes de la logistique.
La chaine logistique représente toutes les étapes depuis l’origine de la fabrication (extraction
de matières premières) jusqu’à la réception par le client final. Ce cadre, composé entre autre
des fournisseurs et clients, dépasse donc celui de la logistique tant en amont qu’en aval.
Le but premier du SCM est donc d’agencer les objectifs des fournisseurs, de l’entreprise et
des clients afin de satisfaire les clients un maximum. En répondant aux besoins de ces trois
catégories d’acteurs, le supply chain manager accomplit une coordination qu’on appelle le
pilotage de la chaine logistique sur les plans stratégique, tactique et opérationnel (ROOS,
2003). Voici ci-dessous un schéma représentatif de la logistique et de la gestion de la chaine
logistique (BOURDON, 2009).
6 Les ressources goulets sont les ressources dont la capacité est inférieure à la
demande.
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Comme nous allons l’examiner dans le point suivant, cette décision stratégique va créer une
relation particulière entre les différents acteurs de ce procédé.
2. Acteurs de l’externalisation
Lorsqu’un organisme souhaite externaliser une ou plusieurs de ses activités, deux acteurs
principaux sont concernés.
Le prestataire de services, désigné par le client, est un acteur spécialisé dans une
branche commerciale et accepte d’accomplir les missions demandées. Le prestataire
travaille généralement pour plusieurs entreprises et a donc la possibilité de diminuer
ses coûts fixes et de les rendre variables, ce que le client est dans l’impossibilité de
faire. La plupart du temps, le prestataire va bénéficier d’un transfert d’actifs de la part
du client qui se mesure en matériel, en savoir ou compétence mais aussi en personnel.
Alors que les deux premiers éléments ne posent habituellement pas de problèmes, le
transfert de ressources humaines est un réel souci pour nombres d’entreprises
externalisatrices. Il arrive qu’une externalisation ou un changement de prestataire soit
réalisé au détriment des salariés et soit synonyme de frayeur pour ces derniers. Cela
peut s’expliquer aisément par une incertitude du travailleur quant au maintien de ses
conditions futures, le risque de licenciement ou de discrédit. Des contraintes juridiques
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s’imposent néanmoins face aux choix structurels des décideurs, celles-ci sont
présentées dans le point qui suit.
Dans ce processus de fragmentation d’activité, les industriels et les prestataires ont une
certaine liberté quant à la forme du contrat, du type d’externalisation et des différentes
obligations synallagmatiques concernant les transfert de ressources. En termes de transfert de
personnel, c’est moins le cas étant donné l’implication de tiers.
Dans le droit belge, c’est la convention collective de travail 32 bis qui régit la question
juridique des travailleurs dans le cadre d’une externalisation. Cette convention a été adoptée
le 07 juin 1985 et est une transposition d’une directive du Conseil des Communautés
européennes, établie le 14 février 1977. Une analyse décortiquée de ses articles est accomplie
dans le but de cerner les obligations des différents acteurs de l’externalisation.
Selon l’article 1er, elle a pour objet « le maintien des droits des travailleurs dans tous les cas de
changement d'employeur du fait du transfert conventionnel d'une entreprise ou d'une partie
d'entreprise ; (...) ». Plus loin, on note l’insistance du maintien des droits vis-à-vis du nouvel
employeur.
Ensuite, la notion de maintien s’éclaircit dans l’article 7, qui déclare que « le cessionnaire est
tenu de reprendre les obligations qui résultent des contrats de travail existant à la date du
transfert. Il ne reprend dès lors pas les obligations que le cédant aurait à l'égard de ses anciens
travailleurs. »
Afin de déterminer qui, entre l’entreprise et le prestataire, est responsable des problèmes
financiers figurant autour du personnel, l’article 8 affirme clairement que « le cédant et le
cessionnaire sont tenus in solidum au paiement des dettes existant à la date du transfert au
sens de l'article 1er, 1° et résultant des contrats de travail existant à cette date, à l'exception
des dettes dans le chef de régimes complémentaires de prestations sociales. » La locution
latine « in solidum » signifie que le créancier (salarié impayé) a le droit de s’adresser au
cédant comme au cessionnaire afin de réclamer son dû.
En guise de conclusion, on peut dire que la convention 32 bis remplit son rôle en ce qui
concerne l’édification de règles suffisantes pour limiter au maximum l’émergence de
quiproquos dans la négociation des actifs humains d’un cas d’externalisation. Les principales
thématiques sont abordées en matière de ressources humaines, le passage du personnel vers le
nouveau prestataire devrait donc se faire plus en douceur. Cependant, un climat craintif règne
encore au sein du personnel lors de l’annonce de ce procédé. On peut avancer deux raisons
qui justifieraient cette inquiétude. La première est que le droit applicable n’est pas connu par
tous, seuls les syndicats maitrisent ces articles sans faille. La seconde, plutôt subjective, est
que le personnel reste mécontent car il se base sur les conséquences d’évènements semblables
passés auparavant dans différentes entreprises. Comme on l’a remarqué dans la dernière note
de l’article 9 de la convention, le législateur a laissé une ambigüité par rapport au débat du
licenciement de salariés. Aurait-il agit de la sorte pour laisser un champ libre aux entreprises
et prestataires et leur accorder un minimum de flexibilité ?
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Dans le monde des entreprises depuis 1980, lorsqu’un manager décide d’externaliser une
activité ou une fonction, il s’agit régulièrement des mêmes secteurs (BOSSARD
CONSULTANTS, 1997). Comme on a pu le comprendre précédemment, dans les définitions
spontanées des dirigeants d’entreprises, le fait d’externaliser afin de se recentrer sur son core
business est un souhait fréquemment émis. Il est d’ailleurs logique de raisonner de cette
manière car cela limite l’échange d’informations liées au savoir interne et permet de rester
concentré sur quelques activités, source possible de création d’avantage compétitif. Dans la
théorie et la pratique, l’externalisation a donc, jusqu’ici, plutôt été établie dans les secteurs
périphériques ou éloignés du cœur d’activité.
Pour identifier les secteurs ou activités les plus touchés actuellement par l’externalisation, il
est utile de dresser, au préalable, une catégorisation des fonctions dans leur importance. Dans
la littérature, cette investigation pose problème et révèle un grand nombre de divergences dans
les interprétations du core business et des activités de support, ce qui a déjà été souligné à
plusieurs reprises par des auteurs tels que PLUCHART (1998) ou CHANSON (2006). L’idée
est donc de partir de plusieurs modèles étudiés et de représenter objectivement l’influence
générale des diverses activités sur la compétitivité des entreprises.
En ce qui concerne la notion de core business (ou cœur de métier en français), on peut partir
du modèle de BARNEY (1991), qui définit cinq critères dans le but d’analyser si une
ressource constitue un avantage compétitif durable ou non :
Ces différents critères sont en effet valables. On imagine difficilement un concurrent annuler
l’avantage compétitif d’une entreprise s’il ne peut imiter, acheter ou substituer cette ressource.
L’avantage compétitif créé par une ressource peut être compris comme le core business car le
développement et la sauvegarde de cet avantage est d’un intérêt capital pour l’entreprise.
C’est la base de l’entreprise, l’ensemble de fonctions représentant la pièce maîtresse du
puzzle. Il s’agit généralement d’une des activités opérationnelles pour chaque entreprise. Elles
ne correspondent donc pas nécessairement aux activités sur lesquelles les employés passent le
plus de temps. Pour ces raisons, ces fonctions restent internes aux entreprises et leurs
externalisations sont des cas d’exceptions.
Au niveau des autres activités, l’idée est d’examiner la chaine de valeur élaborée par Michael
PORTER (1986) et d’en ressortir des catégories d’activités. Ce schéma représente les activités
permettant, selon l’auteur, de créer de la valeur ajoutée. Celui-ci est présenté ci-dessous :
Les activités opérationnelles ou principales, que l’on retrouve dans le bas du schéma de
Porter, sont des activités assez proches du core business de l’entreprise. Selon la théorie, ces
activités sont peu externalisées mais connaissent cependant depuis peu, un réel envol au
niveau de l’outsourcing. En externalisant ces fonctions, les entreprises sont à la recherche
d’expertises, qu’elles ne disposent pas en interne, afin d’analyser leur efficience. On y
retrouve les services, la logistique interne et externe, la communication et la production.
Les activités de soutien ou de support, moins capitales que les activités opérationnelles,
apparaissent dans le haut du graphique de Porter. Elles sont moins proches du core business et
par conséquent, plus externalisées que les autres activités. On y retrouve par exemple la
gestion des ressources humaines et la division financière, qui ont fait l’objet des premières
externalisations (paie et comptabilité).
En résumé, nous aurions 4 catégories d’activités qui ont chacune leur niveau d’importance
respectif :
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Cette évolution des fonctions externalisées vers le core business a réellement commencé au
début des années 2000 avec les fonctions logistiques et informatiques, considérées ici comme
activités opérationnelles. Ces domaines où la technologie a considérablement progressé, font
face aujourd’hui à des prestataires capables d’offrir un service complet, tant au niveau du
management de la fonction que dans son développement technologique. Au niveau des
secteurs globaux, l’externalisation concerne de plus en plus l’ensemble des secteurs, touchant
un peu plus ceux où une forte valeur ajoutée est réalisable comme l’automobile,
l’informatique et l’aéronautique (CENTRE CONFEDERAL D’ETUDES ECONOMIQUES
ET SOCIALES, 2003). Une évolution a donc été nécessaire dans le rôle des prestataires de
l’externalisation, comme nous le verrons plus loin.
2. L’évolution de l’environnement
Le phénomène de l’externalisation a connu une réelle extension qui peut être expliquée par
l’environnement scientifique de la fin du 20ème siècle. Il s’agit plus particulièrement du
processus de mondialisation ayant atteint son paroxysme dans les années 1990. Celui-ci a
résolument révolutionné les différents systèmes institutionnels et a poussé la croissance de
plusieurs pays vers le haut. L’impact de la mondialisation sur les entreprises peut être étudié à
travers ses fondamentaux : l’ouverture des marchés et le développement technologique. Ces
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deux mouvements étaient en concordance avec les objectifs de l’externalisation qui sont la
performance commerciale et technique de l’entreprise. Voici une brève analyse de ces deux
éléments et une présentation des impacts sur l’externalisation.
C’est à partir de la seconde moitié du 20 ème siècle que le processus d’ « ouverture » entre les
marchés nationaux débute avec, comme point d’origine, l’accord général sur les tarifs
douaniers et le commerce en 1947 (GATT). Par la suite, des ententes se sont créées dans
certains secteurs entre des régions ou des pays et ont progressivement mené aux grandes
zones de libre-échange que l’on connait aujourd’hui (NAFTA, MERCOSUR,UE,..) mais aussi
à la création de plusieurs institutions économiques (OMC, FMI, Banque Mondiale). Ainsi, les
frontières ont ouvert leurs barrières économiques et ont produit un phénomène de
déréglementation (DALLENNE, 2007), ce qui a littéralement modifié la vision des dirigeants
d’entreprises et le comportement des consommateurs.
En passant d’un marché local à un marché global, les entreprises se sont retrouvées face à un
plus large choix de fournisseurs et ont gagné, par conséquent, un certain pouvoir dans cette
relation commerciale. Le consommateur, lui, a bénéficié d’une plus grande gamme de
produits disponibles à un prix d’achat moins élevé, parfois même, moindre que les produits
locaux identiques. Séduit par ce principe, le client permet à la société de consommation de
s’installer confortablement et devenir une réalité (VASSEUR, 2004).
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Le premier élément évident qui nous vient à l’esprit est la transposition concrète du modèle de
l’avantage comparatif de Ricardo. L’élargissement des zones géographiques à couvrir par les
entreprises les a fait prendre conscience qu’il était moins gérable de garder un haut niveau de
compétitivité dans toutes leurs branches d’activités. En effet, le terrain de jeu agrandi, la
concurrence s’est avérée plus rude et il était plus judicieux de libérer la gestion de certaines
activités réalisées en interne à d’autres entreprises dont la position compétitive était plus
dominante sur ces activités. K. OHMAE évoque en 1991, la notion de gestion intégrée des
multinationales car toutes les divisions d’une entreprise (R&D, finance, production,..) sont
devenus des pôles de création de valeur ajoutée. Le recentrage sur le core business prend tout
son sens dans le modèle ricardien qui prône la spécialisation des entreprises dans quelques
domaines et l’échange des biens et services. Selon DUCHESNE (2010), les entreprises ayant
appliqué cette théorie auraient crût davantage.
De plus, avec l’élimination des frontières, les sociétés ont découvert de nouveaux marchés
comme l’Asie du Sud et de l’Est qui présentent des coûts de production moins chers. Ces pays
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ont, dès lors, attirer l’attention de nombreuses entreprises qui ont finalement décider
d’externaliser leur production dans ces pays. Les fusions et acquisitions étaient naturellement
intéressantes pour les entreprises externalisatrices aussi mais ces pays à faible coût de main-
d’œuvre ont réalisé l’opportunité financière qui s’offrait à eux. Il est à noter que les pays
pauvres ont été écartés de la mondialisation, ne jouissant pas des impacts bénéfiques du
phénomène sur leurs économies mais ressentant toutefois les méfaits (l’écart entre les pauvres
et les riches s’est fortement creusé).
Les progrès technologiques liés au monde de l’entreprise sont les résultats de la recherche
scientifique continue qui ont, à leur tour, porté des conséquences majeures dans le jeu
concurrentiel. On parle d’une période définie en même temps que les grands évènements de
l’ouverture des marchés, soit la dernière partie du 20ème siècle jusqu’à nos jours.
En premier lieu, elles ont engendré une très forte baisse des coûts de transaction (marché des
capitaux), de coordination et de transports (POULLARD, 2000). Les coûts de communication
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En second lieu, ces développements technologiques ont aussi influencé le jeu concurrentiel
dans le sens où le savoir est un bien plus accessible qu’auparavant. Internet a modifié cet
accès en le rendant global et gratuit. Les nouvelles entreprises n’ont donc plus les mêmes
contraintes qu’avant car elles disposent de nouveaux outils innovants et de connaissances
poussées dans le monde des entreprises. Il reste toujours néanmoins une marge de
connaissances qui restent évidemment au sein des entreprises, comme le savoir-faire, s’il
constitue un avantage compétitif.
En troisième lieu, cet accès au savoir ne concerne pas seulement les entreprises mais ses
clients aussi (MARTIN, 2008). Ainsi, le profil des clients s’est altéré et a modifié la relation
entreprises-clients. Les progrès technologiques ont fort modifié le comportement du
consommateur, le rendant plus informé de choix qui s’offrent à lui sur le marché des biens et
services. Comme pour les entreprises avec les fournisseurs, les clients se sont retrouvés face à
un plus large choix d’entreprises pour acheter les biens et services. Souvent grâce à Internet,
le client maitrise plus les nouvelles innovations avant même d’être dans le magasin et est
devenu, dès lors, plus exigeant.. Ce comportement altéré du consommateur a suscité de
nouveaux besoins (provenance du produit, sécurité et responsabilité du produit,..). Au niveau
du commerce sur Internet, MORETTO identifie particulièrement chez ces nouveaux
consommateurs un besoin de personnalisation, d’instantanéité et un besoin de reconnaissance
(non-daté).
Les entreprises ont du se développer en fonction, c’est-à-dire être plus innovantes, réactives et
remodeler leurs schémas de distribution (GHEERAERT, 2008). Des progiciels ont été créés
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par la suite, comprenant de nouvelles bases de données plus efficaces, allant jusqu’à une
gestion logistique intégrée par exemple ou permettant de définir une traçabilité des produits
(puce RFID). Ces nouveaux outils sont appelés les nouvelles technologies de l’information et
communication (NTIC) et continuent à augmenter les connaissances des entreprises et des
clients. On entend d’ailleurs de plus en plus parler d’une « économie du savoir ».
Tout d’abord, la nouvelle dynamique au niveau des systèmes d’information des entreprises
(vitesse de transmission de l’information et gestion intégrée) a diminué les coûts de
coordination entre entreprises et fournisseurs (MARTIN, 2008), ce qui a diminué fortement la
décision d’intégration verticale, remplacée par la fragmentation des business models (sous-
traitance, délocalisation ou externalisation). En effet, si un prestataire extérieur détient une
meilleure position sur le marché dans un secteur, il est devenu moins coûteux et plus aisé de
travailler en partenariat avec ce prestataire (sélection et contrôle du travail).
Ensuite, avec l’arrivée du commerce électronique, des petites entreprises se sont spécialisées
dans cette voie et maitrise la communication à travers Internet. Aujourd’hui, toutes les
entreprises doivent passer impérativement par ce réseau informatique qui touche une
impressionnante quantité de personnes. Afin de sensibiliser le plus de prospects, des
entreprises ont externalisé leurs services informatiques et de communication à des sociétés de
services en ingénierie informatique (SSII).
Enfin, avec l’accès au savoir plus généralisé, des nouvelles entreprises, se déclarant comme
prestataires de services, n’ont pas eu tant de difficultés ni besoin de longtemps pour entre dans
la compétition des jeunes concurrents. Cette compétition, comme pour les prestataires
affirmés et les entreprises, s’est accrue et les acteurs sont ainsi devenus plus spécialistes dans
leurs domaines. A nouveau donc, les entreprises ont été intéressées par ces nouveaux experts
et l’externalisation a augmenté.
ces dernières années pour une partie de ces raisons décrites plus haut. Le monde commercial a
pris un chemin orienté vers un modèle désagrégé. Les améliorations dans la connaissance et
son accessibilité, la concurrence accrue des entreprises, l’ouverture des pays développés aux
pays pauvres, les nouveaux outils technologiques et la mondialisation du marché des capitaux
ont, chacun, contribué à l’orientation vers ce modèle, résumé par le terme anglophone « The
make-or-buy decision ».
Les prestataires ont profité de ces progrès et se sont littéralement transformés en acteurs très
spécialisés capables de travailler avec des actifs plus spécifiques à l’échelle européenne et de
prendre en main des fonctions plus proches du core business. Le jeu concurrentiel dans lequel
actent les prestataires contribue à la performance de ceux-ci et c’est pourquoi ils ont gagné la
confiance des entreprises qui hésitent moins à externaliser.
Le monde s’est divisé aujourd’hui en quelques zones où les pays ont un rôle différent,
comparable à leurs positions de puissance mondiale. Les pays Africains et d’Amérique du Sud
représentent généralement les fournisseurs de matières premières, les pays d’Asie sont
connotés de production manufacturière et la production qualifiée se situe en Europe de
l’Ouest, au Japon et en Amérique du Nord (KHAL, 2008). Les pays développés et les pays
émergents ont bien plus profité des bienfaits de la mondialisation économique et
technologique que les pays non-développés.
Cette fragmentation se lit aussi dans les résultats du baromètre outsourcing d’ERNST &
YOUNG (2008), qui sont les suivants. Au niveau européen, on atteint, en 2008, une moyenne
de 70% d’entreprises qui pratiquent l’externalisation avec une moyenne de 4,1 fonctions
concernées. C’est la Belgique qui est à la tête de l’Europe dans ce domaine, secondée par
l’Espagne, avec 80% de ses sociétés ayant recours à ce processus. De plus, ce sont les
entreprises belges qui externalisent le plus de fonctions avec une moyenne de 5,3 fonctions
par entreprise. On lit une évolution notable lorsqu’on compare cette situation avec les données
plus disparates de 1998 de l’Electronic Data System (EDS). La Belgique et les pays latins
n’étaient en réalité que très loin dans ce classement, approchant seulement les 40% de sociétés
concernées par l’externalisation. Le Royaume-Uni et l’Allemagne dominaient ce classement
et avaient déjà atteint leurs pourcentages actuels (70%).
sait qu’un quart des sociétés européennes interrogées par Ernst & Young (2008) ont déclaré
vouloir intensifier l’externalisation des services généraux dans le court terme et augmenter le
mouvement vers la fragmentation (création de filiales, sous-traitance, outsourcing,
relocalisation,...).
Selon Barthélémy (2004), deux autres explications viendraient compléter cette analyse du
cadre, dans lequel s’est étendu le phénomène de l’externalisation, et résideraient dans l’effet
de contagion entre les entreprises12 et dans la recherche de création de valeur. En effet, d’après
ses travaux, les entreprises externalisatrices ont augmenté leurs capitalisations boursières de
5,7% par rapport aux entreprises qui n’ont pas eu recours à ce procédé13.
Dans ce point, une analyse précise des prestataires de services logistiques est réalisée à travers
l’évolution de cette activité. Le développement du prestataire de services sur le plan logistique
s’est réalisé en trois phases. D’abord considéré comme un transporteur de 1970 à 1980, il a
multiplié ensuite ses fonctions jusque l’an 2000 pour devenir plus tard un pilote de chaine
logistique.
des prévisions de la demande. Au final, les produits finis sont stockés dans des entrepôts pour
une longue durée14.
Cette première forme de prestataire est particulière dans le sens où le « 1PL », appelé aussi
chargeur, désigne le propriétaire de l’activité délocalisée, c’est-à-dire l’entreprise et non un
partenaire externe. Cela s’explique par le fait que, dans les années 1970, les organisations
n’externalisaient pas mais sous-traitaient des fonctions et gardaient ainsi ces dernières en
interne. De plus, ces appels aux sous-traitants n’étaient que trop irréguliers et n’étaient pas
contractualisés (DOCKX LOGISTICS, 2011). Le 1PL regroupe donc l’entreprise et, en même
temps, le partenaire. Les services concernés étaient le transport et rarement, le stockage.
Ce deuxième type de partenaire est apparue dans la seconde partie des années 1970 et
représente véritablement la première forme de prestataire logistique dans le cadre d’une
externalisation contractualisée. Le principe est encore très simple, les services externalisés ne
se limitant qu’au transport en aval et au stockage. Les buts principaux étant la réduction des
coûts fixes (entrepôts) et les actifs circulants (véhicules).
Voici ci-dessous, une représentation graphique de cette relation entre le chargeur et le 2PL et
plus loin, un détail des fonctions externalisées.
Malgré qu’elle soit la première activité externalisée dans le domaine logistique, le transport
est considéré comme une fonction importante parce qu’elle est associée à de nombreux
contrôles et études d’optimisation. Si elle est bien effectuée et planifiée, la gestion du
déplacement de marchandises se fait à un coût, un délai et un conditionnement optimal et un
risque réduit. Dans certains cas, le prestataire logistique a également pour mission de
s’occuper de la gestion d’un parc automobile qui doit assurer la disponibilité de moyen de
transports pour les différents clients.
Le sélection du moyen de transport doit être bien réfléchie et tous les déterminants doivent
être étudiés. Mis à part les coûts et délais de livraison à respecter, la nature du contenu et son
nombre sont primordiaux car il peut s’agir entre autres, de marchandises inflammables ou
dangereuses, en vrac, congelées ou périssables. Son nombre et son poids jouent notamment un
rôle influent. Le contenant est également important car il doit respecter les conditions
particulières de chaque marchandise mais aussi permettre un chargement et un déchargement
rapide pour les manutentionnaires dans les différents sites d’expédition ou de destination.
Enfin, il ne faut pas oublier les circonstances spéciales telles que le transport d’animaux ou
marchandises nocives qui nécessitent un transport très réglementé juridiquement
(BERTHELOT, 2010)
Quatre moyens de transports sont utilisés à ce jour. La vitesse d’expédition est assurée lors du
transport aérien mais celui-ci est couteux et fort limité quant à la nature des marchandises
transportées, contrairement au transport ferroviaire. Les atouts du chemin de fer sont
nombreux tels que la vitesse et la capacité à s’accorder aisément au transport routier. C’est ce
qu’on appelle le transport intermodal, qui permet de réaliser une première partie du
cheminement à partir d’un moyen de transport et de déplacer le conteneur dans un autre
véhicule pour terminer le parcours15. Ce mode s’observe régulièrement au niveau rail-route
car cela permet d’éviter la congestion routière et l’inaccessibilité de certains points de
distribution du mode ferroviaire. Le transport routier est assez sécurisé, permet de transporter
presque tous les types de marchandises et se fait à un prix convenable (VERNY &
LEMAIRE, 2010). Cependant, il peut être bloqué lors de congestion ou d’accidents. Enfin, le
transport maritime présente des caractéristiques assez opposées aux autres modes. En effet, il
est peu couteux et idéal pour les cargaisons de grande taille mais reste néanmoins assez lent et
se produit à faible fréquence. Il est courant de voir des entreprises sélectionnant plusieurs de
ces types et recourant ainsi à un transport multimodal16.
Outre la sélection du moyen de transport, d’autres thématiques prennent place au sein des
transporteurs comme le taux de remplissage de ses véhicules. En France, alors que le transport
routier représente entre 4 et 8% du chiffre d’affaire des entreprises, les véhicules ne sont
remplis qu’à un taux de 65% en moyenne et ceux-ci sont vides dans 20% des trajets (VERNY
& LEMAIRE, 2010). La question environnementale commence aussi à insérer les esprits
logistiques depuis que l’on sait que le transport est la plus grande source mondiale
d’émissions de gaz à effet de serre (26%). Par ailleurs, le transport routier constitue, à lui seul,
85% des émissions émanant du transport (IFP, 2005). Aujourd’hui, les prestataires se sont
adaptés aux nouvelles préoccupations du marché et ont développé des moyens plus
écologiques au niveau du transport.
De nos jours, le transport est la fonction logistique la plus externalisée, recueillant 53% auprès
des entreprises ayant au moins une fonction réalisée en externe (ERNST & YOUNG, 2008).
L’entreposage des marchandises est également une fonction qui a commencé à être
externalisée lors des premiers appels aux prestataires logistiques dans les années 1970. Trois
types de stock existent : en amont, il correspond au stockage de matières premières ou divers
composants alors qu’en aval, on retrouve plutôt les produits finis ou semi-finis. Le
responsable du stock s’occupe de la bonne réception ou de l’envoi des marchandises et
pratique un contrôle très rigoureux de celles-ci avant et après chaque transport. Afin que la
manutention soit appliquée sans souci, le stockeur prépare les commandes à l’avance.
Comme pour le transport des biens, l’entreposage doit être parfaitement adapté à la nature du
produit. On trouvera, par conséquent, des entrepôts chauffés à une température définie,
présentant une luminosité ou un taux d’humidité fixe.
Comme nous le verrons plus loin, le stockage comprend actuellement des fonctions
supplémentaires mais qui n’ont pas été externalisées auprès des premiers prestataires. Ces
nouvelles tâches seront développés plus loin.
Dans les années 1980, la globalisation entame son processus de croissance, les entreprises
adaptent leurs structures et commencent à se recentrer sur leur cœur d’activité. La
fragmentation logistique est vraiment lancée et des filiales se créent progressivement (BESSE,
2008). L’effet de contagion sur l’externalisation prend place surtout dans les grandes et
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moyennes surfaces (ARTOUS, 2003). Les entreprises s’élargissent sur un plan national ou
légèrement international et ce développement engendre l’arrivée d’un nouveau type de
prestataire logistique à nouveau dans les pays Anglo-Saxons, le 3PL (GHEERAERT, 2010).
Ce nouveau type de prestataire offre plusieurs fonctions supplémentaires aux services
classiques de transport et stockage. Des fonctions de conditionnement ou d’assemblage, par
exemple, sont prestées. Ce nouvel acteur s’impose réellement aux Etats-Unis et n’est plus
considéré comme un simple transporteur.
L’ouverture géographique en Europe provoque l’attrait des prix démocratiques des pays de
l’Est auprès des logisticiens occidentaux (Hongrie, Roumanie, Pologne,...), ce qui bouscule la
division traditionnelle européenne Nord-Sud, au niveau de la production et distribution
(FONTAINE, 2004).
Enfin, dans la fin des années 1980 au Japon, Toyota lance le concept de Juste-à-temps qui
consiste à minimiser les stocks et les délais en produisant anticipativement une quantité égale
aux prévisions de vente. Ce procédé connait un succès et on observe par après un intérêt
général par rapport aux délais de livraison et finalement, un passage général aux flux tendus
dans nombre d’entreprises.
Ce troisième type de prestataire est une forme plus onéreuse que les précédentes. Le
prestataire suggère à l’entreprise externalisatrice une offre plus globale qui, en plus de prester
un plus grand nombre de fonctions, prend en charge le niveau tactique de l’entreprises, soit la
planification des ces fonctions. Ainsi, la gestion des stocks ou des approvisionnements,
29
l’assemblage et l’étiquetage peuvent être réalisées par le 3PL ou encore l’étude du tracing et
tracking17 sur le plan informationnel. (DOCKX LOGISTICS, 2011).
Le 3PL n’est donc pas encore un prestataire de distribution à part entière mais exécute déjà
des fonctions se rapprochant du core business. Il a notamment pour objectif de rendre
l’activité plus performante à travers la mise en place d’outils logistiques (LOGISTIQUE
CONSEIL, 2010).
Voici, ci-dessous, une représentation graphique du 3PL et une description des activités
supplémentaires prestées.
Il règne toutefois une distinction entre les deux concepts malgré qu’ils s’entremêlent. Le
conditionnement désigne en réalité le premier contenant du produit, en contact direct avec le
contenu. L’emballage, quant à lui, correspond à plusieurs niveaux d’enveloppe (COFEPAC 19,
2010). On y distingue l’emballage primaire, qui correspond au conditionnement, parfois
accompagné d’un suremballage pour favoriser la distribution finale. L’emballage secondaire
consiste à regrouper des lots de quelques produits identiques afin d’avantager la manutention
et l’achat du client. Enfin, l’emballage tertiaire représente l’emballage de grandes quantités de
produits finis et la pose de l’ensemble sur une palette appropriée afin de faciliter le transport
et la manutention.
Hormis le fait de combler les désirs des consommateurs, le prestataire doit également définir
un packaging dont le temps de réalisation respecte les délais fixés et dont le transport, la
manutention, le stockage et la distribution vont être facilités (BROUDIC, 2006). Pour remplir
ces objectifs, le partenaire externe nécessite la disposition de machines modernes et de
qualité. Ces dernières joueront notamment un rôle dans la productivité générale de l’entreprise
externalisatrice.
2.3. Le co-manufacturing
Ces cinq groupes d’activités ont pour but de permettre une différenciation retardée du produit
ou de son offre, un traitement des flux physiques retour et la simplification de la phase de
production (DORNIER, 1998). Enfin, on peut citer comme avantage une meilleure réactivité
face au marché, grâce à une plus grande personnalisation, et la diminution des stocks des
produits finis.
L’Efficient Consumer Response a été lancé aux Etats-Unis par Procter & Gamble et son
distributeur Wal-Mart, fin des années 1980 (SORET, 2008). Depuis, le phénomène s’est
répandu en Europe. L’ECR consiste en une collaboration entre le fournisseur, l’industriel et le
distributeur et un partage de l’information entre ces acteurs. Ce partage d’information est
rendu possible grâce aux innovations dans le secteur informatique, en particulier l’EDI 22, ainsi
que la réduction des coûts de communication. Parmi les fonctions intéressées, la logistique
d’approvisionnements est sans doute celle qui aura le plus évolué grâce à la réponse efficace
au consommateur. MOUSKI (2002) estime que l’ECR peut engendrer une réduction jusqu’à
25% des coûts d’approvisionnements.
A côté de cette nouvelle philosophie, on remarque dans les années 1990, que les prestataires
rentrent dans une dimension plus large de chaine logistique et portent un intérêt particulier
22 EDI est l’abréviation d’Electronic Data Interchange...
32
quant à l’optimisation de cette chaine et l’implication des différents acteurs. Pour cette raison,
les connaissances des prestataires sont appelées par les entreprises afin de créer un nouveau
système d’approvisionnement plus performant, principalement demandé dans les grandes et
moyennes surfaces.
Issue de l’ECR, la méthode de GPA a apporté une meilleure solution dans la gestion de la
chaine des approvisionnement. Contrairement à la pratique générale, c’est l’industriel (ou le
fournisseur) en amont qui pilote la chaine d’approvisionnement dans la GPA et ce, grâce au
partage d’information du distributeur. Les sorties enregistrées dans les entrepôts ou les
magasins ainsi que le niveau des stocks sont communiqués en temps réel à l’industriel, qui
dispose, dès lors, d’une vue d’ensemble sur la situation (MOUSKI, 2002). Enfin, lorsque le
nombre d’unités stockées descend sous un seuil déterminé, l’industriel propose une
commande et, dès sa validation, réapprovisionne l’entrepôt ou les points de vente. Cet acteur
peut donc déterminer ses propres besoins concernant la production plus rapidement. Il s’agit
donc d’un processus continu où l’industriel, avant chaque réapprovisionnement, estime les
besoins du distributeur à partir du partage d’information.
Cette logique de flux tirés par la demande a pour avantage de s’agencer aux besoins des
consommateurs car le maintien d’un stock faible d’unités permet une meilleure réactivité face
au marché. Lors d’un changement radical des besoins du marché, qui entraine une
modification dans la fabrication d’un produit, les dernières unités stockées sont moindres, ce
qui diminue les pertes des entreprises.
D’autres points positifs sont à apportés par la méthode de gestion partagée des
approvisionnements tels que la réduction du coût de possession, la diminution des ruptures
qui augmente le taux de service et enfin de meilleurs délais de livraisons par des camions
mieux remplis (GROUPE GCL, 2011).
Un risque de mauvaise communication peut être relevé mais il est normalement contourné par
les règles définies dans le contrat de coopération.
Enfin, les deux derniers modes de gestion d’approvisionnement sont la commande assistée par
ordinateur, qui définit automatiquement les besoins du distributeur à partir de variables
entrées dans le système (ventes de l’année précédente, saisonnalité, limites de stock,...) et le
cross-docking qui, comme la GPA, est une méthode fort utilisée par les prestataires
logistiques. Le cross-docking consiste en une plateforme logistique composée de produits
provenant de divers fournisseurs et qui, dans un délai très court, sont répartis par commande
globale et transportés vers les distributeurs. Les produits ne font donc que transiter et ne
passent pas par la phase de stockage (HOHMANN, 2011).
Juste avant le passage de l’an 2000, les progrès informatiques sont notables avec l’arrivée
d’Internet et la multiplicité de société de services en ingénierie informatique (SSII). Ces
sociétés innovent sans cesse et lancent des systèmes d’informations, bien plus performants
que leurs prédécesseurs, qui optimisent la gestion des approvisionnement ou la gestion de
plateforme. Les PSL se développent également et certains tentent de se différencier du marché
en couvrant une zone plus vaste que la logistique, la supply chain. Le logisticien devient plus
efficace grâce aux nouvelles solutions informatiques, surtout après 2000 où les mesures de
performance s’améliorent considérablement. Les taux de remplissage des entrepôts se
rapprochant de 100% sont un exemple parmi d’autres (FONTAINE, 2004).
34
Dans les années 2000, la logistique devient un domaine important dans l’entreprise et sa
gestion est plus délicate étant donné la complexification des réseaux d’approvisionnements et
de distribution. De leur côté, les prestataires ont évolués vers une nouvelle forme, le 4PL,
capable de diriger la totalité du service logistique en partenariat avec le 3PL. Ce type de PSL
rencontre un succès auprès de multinationales, à la tête d’une chaine logistique étendue et
complexe. L’externalisation logistique prend une dimension encore plus ample avec
l’apparition du LLP, prestataire semblable au 4PL mais présentant quelques différences,
comme nous le verrons plus loin.
L’enrichissement technologique de cette courte période a donc été très fructueux pour le
secteur logistique et ses prestataires qui adoptent des techniques d’optimisation de flux
physiques d’un niveau supérieur.
3.2. Le 4PL
Après cet intermédiaire qu’est le 3PL, une quatrième forme a fait surface et représente un
prestataire bien plus spécialiste que ceux énoncés plus haut. Le 4PL correspond en réalité à un
partenaire capable de s’occuper de la gestion intégrée d’un département logistique assez
complexe, ou une partie de celui-ci. Le 4PL agit aussi avec bien plus de liberté que le 3PL,
qui peut rester sous un léger contrôle du client. Les 4PL travaillent généralement pour un seul
client.
La chaine logistique dans sa totalité ou presque, son pilotage et ses outils, sont donc
externalisés vers cet acteur, qui va avoir pour mission d’optimiser le département, conseiller
et mettre en œuvre toutes les possibilités afin de réduire le coûts et améliorer la performance.
Cependant, le 4PL ne dispose pas de moyens physiques pour accomplir ces missions. Dès
lors, il sous-traite certaines de ses fonctions, comme la gestion des flux physiques, à d’autres
prestataires logistiques 2PL et 3PL (ARNAL, 2003) et gère lui-même les flux d’informations.
3.3. Le LLP
Depuis peu, on entend parler d’un dernier type, nommé LLP pour Lead Logistics Provider et
qui équivaut au mix entre le 3PL et le 4PL, d’où sa seconde appellation, le 7PL. Ce cinquième
type de prestataire, le LLP, remplit des objectifs semblables au 4PL mais se différencie de ce
dernier par le fait qu’il ne va pas faire appel à d’autres PSL parce qu’il dispose de tous les
moyens physiques pour mener le projet à bien. Le pilotage de l’entièreté de la chaine
logistique reste donc entre les mains du LLP à tout moment. Ce prestataire peut donc être un
2PL, 3PL et 4PL en même temps.
Depuis 2006, le marché de l’externalisation logistique est dominé par le LLP, ce qui
s’explique sans doute par le fait que ce prestataire élabore aussi des solutions informatiques
pour augmenter la productivité et réduire les coûts. Le LLP prend donc en main la gestion de
la chaine logistique et harmonise les points de vue des différents acteurs de la chaine.
Les mesures logistiques telles que le taux de service garanti, le taux de remplissage des
entrepôts, le taux de rotation des stocks, le temps de livraison ou encore le taux de ponctualité
sont, chacunes, optimisés. L’externalisation atteint ici un stade intégré où tout est calculé à
partir de modules des systèmes d’informations. Avoir recours à un prestataire LLP est
aujourd’hui une décision stratégique très couteuse au vu des contrats qui s’expriment en
centaines de millions de dollars.
3.4. Pilotage
Le pilotage de la supply chain est un mode de gestion globale au sein duquel tous les acteurs,
directement impliqués dans la chaine logistique, coopèrent par un partage d’information dans
le but de créer une visualisation de la chaine et définir des éléments stratégiques (adapté de
AVENIER, 1993). Grâce aux renseignements fournis par les fournisseurs et distributeurs, les
indicateurs des systèmes d’information sont déterminés et la direction de l’entreprise peut
mesurer la performance des activités de la chaine logistique. Le pilotage regroupe donc dans
son étude, les logistiques amont, interne et aval et aboutit à des décisions qui peuvent être
36
réparties sur les trois niveaux décisionnels de la supply chain, à savoir, les niveaux
stratégique, tactique et opérationnel (GRUAT, 2007).
Auparavant, le manager mesurait la performance des activités sur base des coûts. Une
multitude de calculs de coûts était effectuée et à partir des résultats, le manager prenait des
décisions stratégiques. Aujourd’hui, ce système a été remplacé par des tableaux de bords qui
permettent d’accomplir ce travail. Ceux-ci forment un ensemble d’indicateurs, fréquemment
réactualisés, afin de concevoir une représentation générale des différentes activités. Selon
NEUBERT (1997), ces indicateurs mesurent la capacité d’un système à générer de la
performance. L’objectif est donc d’aider le processus décisionnel, la transmission de
l’information et la gestion de la performance des activités à l’intérieur d’un cadre de
contrôle délimité (PICHOT, 2006).
LORINO (1997) définit un triangle d’or dans la mesure de performance des systèmes
d’information, qui est repris ci-dessous. En effet, chaque indicateur de performance est
associé à certains leviers d’action qui peuvent être mis en œuvre afin de stimuler ces
indicateurs et atteindre les objectifs fixés.
L’objectif principal du pilotage est donc d’assurer le maintien d’une bonne performance
globale de la chaine logistique en contrôlant les tableaux de bords et en prenant des décisions
rapides et efficaces dans l’optique de minimiser les risques de dysfonctionnements internes ou
externes à l’entreprise.
Comme nous l’avons dit plus haut, l’analyse d’un tableau de bord n’est possible que si
l’entreprise dispose de systèmes d’information car ce sont ces derniers qui sont à la base des
indicateurs. Depuis 1990, les systèmes d’information (SI) ont fort évolué et intègrent de plus
en plus de modules impliqués dans la chaine logistique, devenant donc au fur-et-à-mesure
partie intégrante du core business de l’entreprise.
37
Le premier système d’information, créé dans les années 1970, était le MRP (Materials
Requirement Planning) qui informait le manager des besoins suffisants en approvisionnement
afin de répondre à la demande de produits finis. Dix ans plus tard, la seconde version, MRP II,
s’était étendue aux capacités de fabrication de l’entreprise et constituait ainsi un outil plus
exact et fidèle par rapport aux ressources présentes au sein de l’organisation. Plus tard, ce
progiciel devient l’ERP, que l’on connait aujourd’hui, qui gère le niveau opérationnel de la
société au quotidien, reprenant les fonctions de gestion de transport, de stock,
d’approvisionnement et de comptabilité.
Les systèmes d’informations avancent en même temps que les nouvelles technologies de
l’information et de la communication, ce qui signifie que de nouveaux modules d’information
sont créés lorsque de nouveaux dispositifs technologiques voient le jour. Ces modules peuvent
généralement être insérés dans les progiciels d’information existants.
Un exemple notoire est celui de la traçabilité des produits à travers les différentes étapes de la
logistique. Les code-barres ont d’abord permis ce suivi individualisé des produits depuis leur
création jusqu’à leur destruction. Nous connaissons aujourd’hui l’étiquetage électronique
intelligent, réalisé à partir de la puce RFID25, qui dote les flux physiques d’une véritable
capacité informationnelle. La technologie RFID a permis d’améliorer le supply chain
management, principalement dans la visibilité de l’inventaire, qui peut désormais être
effectuée en temps réel, et la vitesse du traitement des produits finis en magasin, qui s’est
fortement accrue (COUSTANI, 2004). Au final, la gestion des stocks et transports, réalisée
par le système d’information ERP, s’en est ressortie plus fine et précise.
4. Conclusion
Au fil des années donc, le prestataire est devenu un acteur à part entière dans le domaine
logistique et reconnu par les pairs. Le cadre global dans lequel s’est développé le prestataire
lui a permis de gagner du pouvoir dans sa relation avec les sociétés. Les meilleurs systèmes
d’information, la complexification des réseaux du à l’élargissement géographique,
l’apparition de la notion de valeur ajoutée ou l’extension de la logistique au concept de supply
chain management ont chacun contribué à l’accroissement des connaissances et à la
spécialisation des prestataires logistiques. Prenant conscience de l’importance des bénéfices
réalisables, ces partenaires extérieurs ont de plus en plus proposé aux entreprises des services
à haute valeur ajoutée, recueillant ainsi une réputation et une image plus experte sur le
marché. L’étude de l’efficacité au sein des entreprises est passée aujourd’hui au calcul
d’efficience, optimisant les différentes fonctions de la branche logistique. On constate ce
changement plus particulièrement dans la gestion des entrepôts où l’information a permis de
réduire considérablement les stocks, fluidifiant ainsi les flux physiques (juste-à-temps).
De nos jours, les systèmes d’information, liés au pilotage de la chaine logistique, sont devenus
le coeur de métier des prestataires logistiques. En parallèle avec le secteur informatique, ces
acteurs innovent dans ces tableaux de bords et ont aujourd’hui acquis une plus grande maitrise
des systèmes de pilotage qu’une partie des entreprises accomplissant ces tâches en interne.
Ces organisations, pourtant généralement compétentes, sont aux centres du viseur des
prestataires logistiques.
Le phénomène d’externalisation a vu, ces dernières années, son nombre de cas croitre dans toute
l’Europe et les pays développés. Les avantages de cette opération sont aujourd’hui bien connus et
largement diffusés dans le monde du business. Cependant, il existe de nombreux risques ou limites
autour de ce recours au prestataire extérieur ou et il est impératif d’en prendre conscience lors de la
période de réflexion précédant la décision d’externaliser.
Les impacts provoqués par une telle relation entre deux acteurs ne diffèrent pas en fonction du
domaine concerné. Nonobstant le fait que l’approche qui suit soit axée sur la logistique, cette dernière
présente donc des conditions semblables aux autres sections d’une entreprise telles que le marketing
ou les finances.
40
Malgré que d’autres avantages soient plus reconnus et appréciés, la réduction des coûts reste encore
aujourd’hui la première raison d’externaliser. Selon le baromètre européen d’ERNST & YOUNG
(2008), 49% des entreprises citent la réduction des coûts comme avantage, ce qui place ce bénéfice en
première place (le tableau complet de cette étude se trouve à l’annexe Y).
Tout d’abord, elle s’explique par les économies d’échelles engendrées par la spécialisation du
prestataire. Etant donné sa meilleure compétence et ses plus grandes connaissances dans le domaine
externalisé, le prestataire accompli une activité à un coût moindre par rapport au donneur d’ordre,
ceteris paribus. Pour un même travail et un même nombre d’employés, sa spécialisation augmente le
rythme de travail et la qualité atteinte. L’entreprise externalisatrice bénéficie de la maitrise des
compétences spécifiques du prestataire, qui sont couteuses à développer en interne (VOLTAT, non-
daté). La réduction de coûts est donc intimement liée à une meilleure productivité.
De plus, en offrant ses services à plusieurs entreprises en même temps, ce qui est moins courant chez
les 4PL et LLP, le prestataire va pouvoir diminuer largement ses coûts grâce à la mutualisation des
équipements et du personnel (BARTHELEMY, 2004). Ce auteur cite par exemple qu’il faut quatre
programmeurs pour gérer un système informatique alors que sept ou huit programmeurs suffisent pour
en gérer dix. Selon KHOSROWPOUR (1995), l’utilisation simultanée de mêmes ressources pour
différents donneurs d’ordre entrainerait une baisse de 35 à 40% des coûts par rapport à chaque client.
Cela est également lié à la variabilisation des coûts fixes des entreprises. Ces coûts qui ne varient pas
en fonction du volume d’activité dans les entreprises deviennent plus variables lors du passage chez le
prestataire étant donné la plus grande quantité de travail et d’unités de travail présentes, liée au fait que
le prestataire travaille pour plusieurs entreprises.
Ensuite, l’obligation de résultat déterminée dans le contrat implique le prestataire à assurer le suivi
technologique de ses prestations et ce, à son propre compte. Cela signifie que les investissements
financiers dans les ressources humaines et la technologie sont effectués par celui-ci et que l’entreprise
commanditaire ne participe plus à cet apport. Or, comme nous l’avons constaté précédemment dans
l’évolution de la logistique, le secteur technologique est en développement constant (systèmes
d’information, nouveaux outils des SSII,...) et impose aux responsables logistiques des engagements
financiers conséquents. Le remplacement du donneur d’ordre par le prestataire dans les engagements
financiers ne concernent pas seulement la mise à jour technologique mais aussi les actifs physiques
nécessaires au bon fonctionnement de l’activité (véhicules, machines, stock,...). Dans les cas du 4PL et
LLP par exemple, l’entreprise cliente ne doit plus investir dans quoi que ce soit dans sa branche
logistique, ce qui peut aussi être une raison au niveau stratégique (BROUDIC, 2006).
41
Deux éléments viennent compléter cette description de réduction des coûts. Il s’agit en premier lieu du
fait que la main-d’œuvre sous la direction du prestataire est habituellement moins bien rémunérée que
sous la tutelle de l’entreprise. Les cas d’externalisation offshore sont classiques en Asie, où le motif
principal est que le PIB par habitant, et donc le coût du personnel, soient moins élevés. En second lieu,
on retrouve les impacts du jeu concurrentiel lors de l’appel d’offre. Les prestataires sollicitant un
même contrat d’externalisation vont tenter, les uns à la suite des autres, des offres plus intéressantes
financièrement afin de décrocher le contrat en question. Il arrive donc que cette joute entre concurrents
provoque, au final, une forte réduction des coûts au niveau général.
Limites
Au terme de cette analyse, on peut retenir trois limites quant à la réduction des coûts lors d’une
externalisation.
Premièrement, cet avantage financier peut être rapidement compensé par la présence de coûts de
coordination en cas de différences culturelles ou linguistiques (IBM, 2008). La négociation avec des
interprètes, l’adaptation à une administration dans une autre langue ou le respect de certaines valeurs
viennent complexifier la relation entre les deux acteurs et impliquent des coûts non négligeables. Seule
une communication appuyée peut remédier à ces différences, voire l’appel à une agence spécialisée à
l’exportation. Secondement, la réduction des coûts ne détient pas un caractère immédiat en son sein.
Une corrélation entre l’externalisation et ce bénéfice est bien réelle mais est le résultat d’un processus
durable. Des contrats à long terme, exprimés sur plusieurs années sont donc une condition presque
nécessaire à la réalisation de cette diminution financière. Enfin, troisièmement, l’allocation de services
octroyée au prestataire crée des coûts invisibles, que l’on appelle plus communément « coûts cachés ».
Ils correspondent aux coûts de mesure (coûts de recherche et de complexité) et de coordination
(définition des objectifs, négociation, formation du personnel,...) et arrivent de n’être pas pris en
compte lors de l’accord d’externalisation alors qu’ils peuvent se montrer considérables et réduire la
rentabilité de l’investissement.
Cette amélioration dans la performance du travail, qui est le second avantage le plus cité dans
l’enquête d’ERNST & YOUNG avec 33% (2008), est le résultat d’une concentration sur un domaine
d’activité restreint, autant en interne au sein de l’entreprise externalisatrice qu’en externe chez le
prestataire de services.
Une fois le contrat signé entre les deux parties, un recentrage sur le cœur de métier a lieu en interne.
L’entreprise délègue des fonctions périphériques ou proches du métier principal et peut de cette
manière gagner en qualité en se concentrant plus intensivement sur son core business. Par ailleurs, le
42
donneur d’ordre peut redistribuer les ressources financières et managériales libérées dans son cœur de
métier (BARTHELEMY, 2004).
En externe, ce gain de performance s’explique par le fait que le prestataire n’est spécialisé que dans un
domaine ou quelques-uns. Comme nous l’avons examiné auparavant, les 2PL, 3PL et 4PL sont des
acteurs qui ne proposent que des services logistiques, c’est grâce à cette spécialisation que les
prestataires, de tous types, doivent leurs succès. Les entreprises externalisent leurs fonctions
périphériques ou de support auprès de prestataires qui en font leur réel core business. La qualité du
travail est donc maximisée par la répartition d’activités entre deux acteurs en fonction du cœur de
métier.
De plus, cette société externe peut fournir des services auxiliaires à ceux demandés par le
commanditaire. Parce qu’il maitrise normalement son domaine mieux que les entreprises 26 et parce
qu’il travaille pour plusieurs clients dont les demandes varient, le prestataire peut accomplir des
services tels que le track & trace ou des fonctions de co-manufacturing sans réellement créer de
grosses marges de travail supplémentaires. L’expertise de l’entreprise est donc enrichie et ce
perfectionnement va affecter favorablement tous les acteurs de la chaine logistique.
Enfin, en ce qui concerne l’analyse de la performance des entreprises dans les cas d’externalisations,
on peut présenter la chaine vertueuse de LEVINA & ROSS, présentée ci-dessous, qui décrit des liens
entre les bienfaits du prestataire (2003) 27. Celle-ci affirme que le nombre et la variété des clients du
prestataire permettent de développer les meilleures compétences et attirer les « jeunes cerveaux »28, ce
qui porte un impact bénéfique sur les clients et augmente, plus tard, le succès du prestataire.
GRAPHIQE PG 49 barthelemy
26 Attention, ce fait ne se vérifie pas toujours, ce qui crée de grands risques que
nous verrons plus loin.
La flexibilité est aussi un motif influençant la décision d’externaliser, particulièrement pour les
organisations qui font face à un marché caractérisé par une forte saisonnalité. En effet, lorsque
l’activité de l’entreprise varie en fonction des saisons, un problème de réactivité se manifeste (les
marchands de glace et stations de ski sont des exemples extrêmes). La solution apportée par le
prestataire réside dans le fait qu’il peut adapter son planning d’activité à travers ses multiples clients.
De cette façon, le prestataire à la possibilité de s’adapter plus facilement à la demande conjoncturelle
et d’y répondre plus rapidement. D’autre part, la mutualisation des ressources du prestataire pour le
fonctionnement de plusieurs donneurs d’ordre permet une certaine souplesse et offre plus de solutions
alternatives dans la gestion du prestataire.
On peut citer notamment que la libération de fonctions pour l’entreprise et son recentrage sur l’activité
vont aussi lui permettre d’être plus réactive et enfin, que le déplacement d’une partie des risques vers
le prestataire crée un sentiment d’allègement et de souplesse à l’entreprise.
Comme la flexibilité, cet avantage-ci recueille entre 25 et 30% des réponses du baromètre européen
d’ERNST & YOUNG (2008) questionnant les managers sur les bienfaits des externalisations.
Tout d’abord, si la supériorité dans la maitrise des fonctions est confirmée chez le prestataire, on peut
aisément imaginer que le celui-ci va gérer l’activité externalisée d’une meilleure manière que
l’entreprise elle-même. La spécialisation du premier devrait permettre un meilleure contrôle global de
l’organisation. Selon ERNST & YOUNG (2008), les entreprises reconnaissent que le prestataire est
capable de standardiser, regrouper et automatiser les processus d’une manière plus efficace et qu’il
agit bien en adéquation avec la stratégie de l’entreprise initiale.
44
En léguant certains de ses actifs au partenaire externe, la société va disposer d’une évaluation sur ses
ressources transférées. Cette expertise est assez objective étant donné que le prestataire travaille avec
plusieurs clients, qui ont des contrats de 3 à 5 ans, et connait ainsi, de par son expérience, les standards
de bonne qualité des différentes ressources. Les managers de l’entreprise cliente pourront donc se faire
une idée du niveau de qualité des ressources générales et le cas échéant, tenter de nouvelles approches
de gestion afin de redresser la barre.
Enfin, un dernier élément dans la simplification de la gestion est qu’en cas de crise chez les employés
liée à la conjoncture économique ou des mouvements imprévus et néfastes de la demande, la
responsabilité de la gestion de l’actif humain n’est plus dans le chef de l’entreprise externalisatrice
mais dans celui du prestataire de services (BOURDIC, 2006).
Le recours au prestataire n’est pas que porteur de bonnes nouvelles et comporte une liste de risques
auxquelles les entreprises doivent prêter une attention particulière. Il en va de l’image de
l’organisation par rapport aux parties prenantes. Avant d’énumérer ces risques, voici d’abord un
inconvénient permanent et intrinsèque à l’opération d’externalisation.
Premièrement, lors de l’étude des avantages de ce procédé, nous avons cité la réduction des coûts en
insistant sur la durabilité du processus. En effet, au début d’une externalisation, la situation s’avère
inversée car les contrats signés sont d’une importance financière considérable. Il s’agit en réalité d’un
processus assez coûteux où les coûts cachés prennent toute leur ampleur au commencement tels que la
recherche de prestataire, l’implantation générale du processus et le contrôle du travail presté. On
comprend dès lors que l’externalisation est un investissement à moyen ou long terme qui devient
rentable seulement après un certain temps après la mise en œuvre des opérations. En plus des coûts
donc, on observe une gestion supplémentaire et quelque peu pesante pour le donneur d’ordre.
En ce qui concerne les risques d’une telle opération stratégique, on peut en citer cinq, qui sont les plus
récurrents (voir annexe Y où se trouve une étude des risques de PWC de 1997).
Ce premier risque décrit, d’une part, le facteur d’incertitude quant au développement futur des deux
acteurs. La direction de l’entreprise, par exemple, n’a pas une idée précise de l’évolution du marché ou
de l’importance de ses activités. Ainsi, elle ne peut établir quelles seront, dans quelques années, ses
fonctions opérationnelles ou son core business et ne peut par conséquent être certaine d’externaliser
les bonnes fonctions. Si les fonctions prestées deviennent le core business, l’entreprise de base vivra
une situation délicate et ne pourra sans doute pas agir comme elle voudra, au vu des termes du contrat,
45
ce qui explique cette relation de dépendance. La renégociation du contrat peut s’avérer difficile après
que le prestataire ait réalisé qu’il détient une plus grande marge de pouvoir. L’incertitude quant au
suivi technologique par le prestataire est notamment un facteur de dépendance dans le sens où le
commanditaire ne pourra bénéficier des meilleures pratiques du marché, ce qui peut restreindre ses
avantages concurrentiels. Cette incertitude peut être diminuée par l’élaboration d’un contrat bien
complet, ce que nous verrons dans la partie suivante.
D’autre part, le risque de dépendance se présente dans les secteurs où le marché des prestataire est fort
concentré. C’est le cas par exemple du domaine de la logistique où les dix premiers prestataires
mondiaux se répartissent 40% du marché (voir annexe Y). On en déduit donc que situations
monopolistiques apparaissent à l’échelle nationale. Dans de telles conditions, les prestations fournies
aux sociétés sont généralement considérées comme de moindre qualité car l’attention est canalisée sur
le prix de vente des prestations. Seulement quelques prestataires assurent un travail sur plusieurs
continents, ce qui réduit largement le choix des clients multinationaux. Il arrive donc que des
entreprises se retrouvent quelque peu coincées entre un petit nombre de prestataire et qui subissent
discrètement les méfaits de cette concentration (BARTHELEMY, 2004). Cet auteur qualifie la relation
de dépendance d’ « irréversible ». Cela porte un impact défavorable sur la satisfaction du client final,
pour qui l’image de l’entreprise externalisatrice va baisser. En effet, très peu de clients perçoivent la
corrélation existant entre le travail du prestataire et la qualité du service-client.
Comme nous l’avons cité un peu plus haut, cette perte d’autonomie empêche d’une certaine manière la
possibilité de renégociation des clauses contractuelles (ERNST & YOUNG, 2004). Le prestataire,
prenant conscience de la relation de pouvoir qui joue en sa faveur, va avoir l’opportunité d’orienter les
négociations vers la direction qu’il désire. En cas de réelles complications, les alternatives sont la
réinternalisation ou le changement de prestataires mais ces deux procédés sont très couteux et
nuisibles à la santé de l’entreprise cliente. La réinternalisation passe en effet par un rappel du savoir-
faire, des différentes ressources dédiées auparavant au prestataire et la réactualisation des managers
dans les activités concernées après une longue période. Quant au changement de prestataire, celui-ci
implique un coût de recherche et de mise en œuvre considérable.
Enfin, il est à souligner que cette relation de dépendance n’est qu’imperceptible dans les cas
d’externalisations de fonctions périphériques.
Le risque de sous-performance constitue une crainte pour les entreprises externalisatrices et se traduit
par une diminution du taux de service presté, généralement dû au caractère spécifique de l’entreprise,
à une mauvaise circulation de l’information ou au manque d’expérience du prestataire. Le taux de
service d’une entreprise est un indicateur désignant le rapport entre la demande d’un client et la
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quantité de produits commandés livrée dans les délais. L’impact principal est que le management de
l’activité externalisée en ressort appauvri par rapport à la qualité de management en interne, ce qui va
affecter la productivité et probablement la part de marché.
Ce faible niveau de qualité générale du prestataire peut cependant trouver ses raisons ailleurs. En effet,
une possibilité est que les termes du contrat liant les deux acteurs ne soient pas assez limpides ou
détaillés. Habituellement, un niveau performance est déterminé à l’avance dans le contrat afin de
limiter ce risque. Il est probable que les contrats, qui laissent trop de liberté au prestataire, amène un
comportement opportuniste de la part de ce prestataire. Ses actions et décisions peuvent prises au
détriment de l’entreprise externalisatrice (VOLTAT, 2006). A titre d’illustration, à cause des
imprécisions contractuelles, le prestataire pourrait envisager de ne pas mettre en œuvre tout ce dont il
est capable pour améliorer la bonne performance de l’activité externalisée. Le but d’un tel acte de la
part du prestataire réside dans le fait qu’il réduirait sa charge de travail ou ses propres coûts. Cet
opportunisme donc est lié aux problèmes d’asymétries d’information, qui se produisent lorsqu’un
acteur dispose d’une information pertinente que d’autres n’ont pas. Il est en effet difficile de garantir
que le prestataire va se dévouer à l’entreprise après l’accord contractuel. Un faible contrôle de
l’entreprise sur le prestataire va entrainer un manque de transparence et contribuer notamment à la
sous-performance.
Le niveau technologique du prestataire peut aussi créer des problèmes de qualité de service dans le
sens où il serait moins développé que celui de l’entreprise. Les systèmes d’information ou les bases de
données des deux acteurs peuvent aussi rencontrer un souci d’incompatibilité mais ceci est devenu rare
de nos jours.
On estime plus ou moins à 80% l’importance du savoir tacite au sein d’une entreprise (expérience,
savoir-faire, l’inné,...), les 20% restant désignant le savoir explicite, qui peut se transférer et être
communiqué aisément. En externalisant, ce savoir tacite va disparaitre et son évolution est
inversement proportionnelle à celle de l’innovation et du développement du marché et des
consommateurs. Le personnel de l’entreprise qui externalise ne va plus suivre cet avancement dans les
domaines libérés pendant quelques années et risque bien de ne plus être capable de gérer ces activités
en cas de rapide changement. Le même effet s’observe au niveau technologique étant donné que les
prestataires ne gèreront plus les nouveaux logiciels utiles à la bonne performance de l’activité.
Pour finaliser cette liste de risques, il est nécessaire d’indiquer les facteurs secondaires sociaux et de
confidentialité. Lorsque le transfert de ressources humaines se passe dans un climat difficile, les
ouvriers ou employés ont divers moyen à leur disposition pour faire part de leur mécontentement tels
que les grèves ou diminution de productivité. Au niveau de la confidentialité, le risque est,
aujourd’hui, bien moindre depuis l’élaboration d’un règlement sur le plan juridique. Cependant, les
risques de fuites vers les concurrents sont malheureusement toujours d‘actualité, ce qui est une grande
crainte pour les entreprises lors des opérations d’externalisations. Pour contrecarrer ces obstacles,
l’entreprise et ses prestataires doivent créer un réel partenariat, sur tous les plans négociés, où la
communication doit être assurée.
Tous ces risques, énoncés ci-dessus, doivent être pris en compte lors des négociations et un travail de
prudence s’impose. Les impacts peuvent être dangereux et affecter la santé de l’entreprise, sa
productivité, son niveau technologique et son taux de service. Tout cela, au final, porte atteinte à la
satisfaction des clients et donc détériore l’image de marque. Le maintien d’une bonne image auprès du
public général est un élément primordial, on pense par exemple au cas de l’américain GAP qui a perdu
une grande partie de l’estime du public lors de la révélation de la sous-exploitation d’enfants en Chine
et en Inde.
Comme nous allons le voir dans la partie suivante, il existe différents facteurs de succès pour que la
réussite d’une externalisation soit optimisée et une partie de ces facteurs se basent inévitablement sur
l’analyse des risques de l’externalisation.