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En attendant le taureau

Il y a un problème. J’arrive pas trop à savoir lequel. J’ai l’impression que ça fait trop
longtemps qu’on attend qu’ils lâchent la bête. Une éternité. Je commence à
m’emmerder. Je pense à des trucs pénibles et c’est pas bon signe… Je repense à ce
gars de l’autre soir qui m’a croisé en pleine rue et qui m’a pas dit bonjour alors que
je l’avais salué à tue-tête. L’enfoiré ! Dire qu’on avait bossé deux jours avant
ensemble, chez Emilio ! J’en reviens pas. Qu’est-ce qui s’est passé ? Pourquoi il a fait
mine de pas me reconnaître ? Je comprends pas ! Je comprends pas ! Ça m’emmerde
de penser à des trucs comme ça. J’ai comme un sale remords sanguinolent en tête.
J’ai rien fait pourtant ! Je suis innocent ! Faudrait jamais penser au travail ! On
entend un meuglement sinistre qui sort des corrales. Qu’est-ce qu’ils foutent ? Bon
dieu ! Je me demande bien pourquoi il m’a pas salué, l’autre ? Est-ce que c’est parce
qu’il s’est fait virer? Il croit peut-être que c’est de ma faute ? Mais moi, j’y suis pour
rien si Emilio l’a accusé ! Bon Dieu ! Quand je l’ai vu dans la rue, j’aurais dû le
prendre par le colbac et lui dire d’homme à homme. « J’y suis pour rien, moi ! S’ils
t’ont reproché d’avoir piqué le fric qui était dans la boîte à gants! Qu’est-ce tu crois
que j’ai fait ? Que je t’ai balancé ? Mais tu te foures le doigt dans l’œil jusqu’au cul,
mon pote ! J’en ai rien à foutre de bosser pour Emilio, moi ! C’est pas mon
problème. » Et vlan, je lui aurais cassé la gueule, histoire de marquer le coup ! Ça
n’aurait pas arrangé grand chose mais au moins, j’aurais passé un dimanche moins
merdique à attendre un putain de taureau qui viendra plus, c’est foutu

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