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COLLOQUE

ACTES DE
Les projets franco-croates
Les projets franco-croates et les savants français et les savants français
qui se sont illustrés dans la recherche et

AIBL 2016
la valorisation du patrimoine croate Francusko-hrvatski projekti

n
Francusko-hrvatski projekti i francuski znanstvenici, i francuski znanstvenici
istaknuti u istraživanju i vrednovanju hrvatske baštine
Emilio Marin, Franjo Šanjek et/i Michel Zink éd./ur.

Les projets franco-croates et les savants français / Francusko-hrvatski projekti i francuski znanstvenici
Emilio Marin, Franjo Šanjek et/i Michel Zink éd./ur.
Actes du colloque international organisé par l’Académie des Inscriptions et Belles‐Lettres et Académie des Inscriptions et Belles-Lettres,
l’Académie croate des Sciences et des Arts, en collaboration avec l’Université catholique de Académie croate des Sciences et des Arts / Hrvatska akademija znanosti i umjetnosti,
Croatie, dans le cadre de Rendez-vous, festival de la France en Croatie (mai-septembre 2015) Université catholique de Croatie / Hrvatsko katolicko sveucilište
à l’Académie croate des Sciences et des Arts (Zagreb), le 29 septembre 2015

L
es relations nouées depuis le xviiie siècle entre l’Académie des Inscriptions et Belles-
Lettres et les savants croates, dans le domaine des disciplines relevant de l’érudition
et des sciences historiques, se distinguent par leur permanence et leur fécondité. Les
interventions réunies dans les actes de ce colloque témoignent de l’influence de la science
historique française sur la recherche menée en Croatie et rappellent les résultats auxquels des
initiatives communes lancées entre les deux pays – grâce aux historiens, aux archéologues et
aux philologues – ont pu aboutir.

O
d XVIII. stoljeća Razred za humanističke znanosti Francuske akademije znanosti i
umjetnosti i hrvatski znanstvenici održavaju istaknute, trajne i plodne odnose u
područjima povijesnih znanstvenih disciplina. Radovi ovog znanstvenog skupa
svjedoče o utjecaju francuske povijesne znanosti na istraživanja, koja su se vodila u Hrvatskoj,
i ukazuju na rezultate koji su postignuti zahvaljujući zajedničkim poticajima iz dvije zemlje, i
to marom povjesničara, arheologa i filologa.

S
ince the 18th century the Académie des Inscriptions et Belles-Lettres and Croatian
scholars established intensive and fruitful relations in the fields of different historical
disciplines. The proceedings of this conference clearly demonstrate the influence of the
French historical scholarship on the researches carried on in Croatia and present the results
obtained by historians, archaeologists and philologists engaged in the mutual initiatives of the
two countries.

Prix : 30 €
Académie des Inscriptions
et Belles-Lettres

Hrvatsko katolicko sveucilište

AIBL Diffusion : De Boccard


23, quai de Conti 75006 Paris 11, rue de Médicis 75006 Paris
www.aibl.fr info@deboccard.com
ACTES DE COLLOQUE
Illustration de couverture : Salone, capitale de la Dalmatie romaine (Croatie).
Une vue sur le site archéologique : l’angle nord de la ville ancienne avec
les remparts, la porte primitive de la ville flanquée par les tours, les maisons
et les thermes romains, et le groupe épiscopal constitué de deux basiliques,
du palais épiscopal et du baptistère. © Zoran Antun Alajbeg.

Slika na koricama: Salona, glavni grad rimske Dalmacije (Hrvatska). Pogled na


arheološki lokalitet: sjeverni kut antičkog grada sa zidinama, prvotna
gradska vrata s kulama, kuće i rimske terme te biskupsko središte s dvije
bazilike, biskupska palača i krstionica. © Zoran Antun Alajbeg.

N° ISBN de l’AIBL : 978-2-87754-345-3


N° ISBN de l’Université catholique de Croatie : 978-953-8014-04-8
édité en 2016
Les projets franco-croates et les savants
français qui se sont illustrés dans la recherche
et la valorisation du patrimoine croate

Francusko-hrvatski projekti i francuski


znanstvenici, istaknuti u istraživanju
i vrednovanju hrvatske baštine

Emilio Marin, Franjo Šanjek et/i Michel Zink éd./ur.

Actes du colloque international organisé par l’Académie des Inscriptions


et Belles-Lettres et l’Académie croate des Sciences et des Arts, en
collaboration avec l’Université catholique de Croatie, dans le cadre de
Rendez-vous, festival de la France en Croatie (mai-septembre 2015)

à l’Académie croate des Sciences et des Arts, le 29 septembre 2015

Ouvrage publié avec le concours de l’Université catholique de Croatie,


de l’Académie croate des Sciences et des Arts, de l’Ambassade de France
en Croatie et de l’Institut français de Croatie

Académie des Inscriptions et Belles-Lettres


Paris 2016
n
La coopération franco-croate
à Velika Gospa, près de Bale (Istrie)

Situé quelque peu à l’intérieur des terres, dans la partie sud-ouest de


l’Istrie (Croatie), non loin du point culminant d’une douce colline, l’église
monastique Santa Maria Alta est située à une altitude de 113 m, à 2 km à
vol d’oiseau de la côte occidentale de l’Istrie. Aucun autre point plus élevé
n’apparaît entre elle et la mer Adriatique, si bien qu’on a depuis son site une
vue dégagée sur le littoral istrien de Rovinj à 8 km au nord-ouest, jusqu’à
l’archipel des îles Brioni (Insulae Pullariae) près de Pula (Colonia Pietas
Iulia Pola), au sud-ouest. Elle offre une large perspective sur l’espace littoral
et sur la plaine côtière fertile qui constituait une partie importante de l’ager,
très peuplé dans l’Antiquité, de la cité romaine de Pula.
Le monastère de Santa Maria Alta est l’objet de recherches systéma-
tiques depuis 1995 et d’une collaboration franco-croate entre le Centre de
recherche sur l’Antiquité tardive et le Moyen Âge de l’Université de Zagreb
et le Centre de recherche sur l’Antiquité tardive et le haut Moyen Âge de
l’Université Paris Ouest, sous la direction conjointe de Jean-Pierre Caillet et
Miljenko Jurković. Une première série de campagnes archéologiques s’est
consacrée à la fouille de l’église monastique et de la chapelle située dans
l’angle sud-ouest du complexe. Les résultats de ces fouilles ont été publiés
en deux volumes : Velika Gospa près de Bale (Istrie) I. L’église Velika Gospa
près de Bale, M. Jurković et J.-P. Caillet éd., Zagreb-Motovun, vol. 1, 2007,
173 p. ; vol. 2, 2009, 148 p. (voir fig. 1 et 2, infra). Le troisième volume –
Velika Gospa près de Bale (Istrie) III. La chapelle – est en préparation. Le
second cycle de fouilles s’est attaché à l’exploration du monastère, avec un
partenariat élargi (avec le Musée des Monuments archéologiques croates
de Split), et les fouilles en cours se prolongent dans le cadre du projet
Cromart financé par la Croatian Science Foudation.

L’église abbatiale
L’occupation du lieu avant ce bâtiment est malheureusement mal connue.
Quelques indices témoignent de l’existence d’un ensemble architectural
plus ancien, qu’il est impossible de dater précisément. Il n’est pas exclu que
94 Miljenko Jurković

l’église ait été bâtie sur un site d’occupation antique (villa rustica ?) : c’est
ce que suggère l’existence d’une citerne dégagée vers l’extrémité ouest du
collatéral nord et dont les bâtisseurs du haut Moyen Âge ont manifestement
voulu conserver l’usage – pour un temps du moins – en établissant un arc
au-dessus dans le mur de ce collatéral. De la même façon, les fondations
arasées de quatre murs mises au jour dans la zone de chœur ainsi qu’un
segment du mur remployé sous le mur gouttereau sud indiquent l’existence
des constructions antérieures.
La basilique à trois nefs et trois absides polygonales est de typologie
classique (fig. 3). Ses deux colonnades, sans véritable stylobate, comprennent
chacune six supports. Douze gros chapiteaux calcaires de ces mêmes
colonnades ont été retrouvés : la plupart procèdent du type corinthien, avec
un traitement très fruste des couronnes végétales et volutes, et divers motifs
ornementaux ; plusieurs sont épannelés en tronc de pyramide avec décor
d’entrelacs.
La datation de cet état initial ne peut malheureusement guère se déduire
de données stratigraphiques, du fait du bouleversement des sols (principale-
ment lors de la reconstruction de la fin du xviiie s.). C’est donc sur le matériel
sculpté qu’il faut avant tout s’appuyer. Les chapiteaux en calcaire de la nef
permettent de dater l’église des environs de la fin du viiie siècle.
Nous avons établi depuis quelque temps déjà que le maître qui travaille
dans cette église est un sculpteur, que nous avons baptisé « Maître des cha-
piteaux de Bale ». Des recherches approfondies nous ont permis de formuler
la thèse selon laquelle il est aussi le constructeur de l’édifice. Il s’agit peut-
être d’un artiste à la fois architecte et sculpteur qui aurait porté l’ensemble
de la conception artistique de l’église monastique.
Le premier pas dans notre réflexion est à coup sûr le fait que nous ayons
établi que ce maître a réalisé l’ensemble de l’équipement ecclésial. Cela
nous semble important et ce, pour deux raisons. Tout d’abord, on n’a nulle
part réussi jusqu’à présent à rassembler l’œuvre sculptée d’un maître ou d’un
atelier du haut Moyen Âge qui réalise en même temps du mobilier liturgique
et de la sculpture architecturale. Cependant, la réalisation des chapiteaux des
colonnades de l’église de Sv. Marija Velika, ou Velika Gospa, près de Bale,
de ses transennes, bifores, linteau, témoigne du travail d’ensemble d’une
équipe qui n’a pas pour seule mission de sculpter le mobilier liturgique,
mais qui participe certainement à l’organisation du chantier de construction
lui-même. Nous avons assurément là un cas concret qui renouvellera l’étude
des chantiers de construction du haut Moyen Âge, au-delà des discussions
purement théoriques.
Dans notre réflexion, le fait le plus important est, par conséquent, qu’un
même atelier a réalisé l’ensemble du décor architectural, ainsi que la majeure
La coopération franco-croate À Velika Gospa, près de Bale (Istrie) 95

partie du mobilier liturgique. Il était par conséquent important de déterminer


l’activité de cet atelier et de repérer du matériel comparable.
Nous ne nous étendrons pas sur les caractéristiques stylistiques et
formelles de ses œuvres. Rappelons seulement en quelques phrases en quoi
il est reconnaissable. La caractéristique principale du travail de notre maître
sculpteur est la disposition lâche et dispersée des motifs, ainsi qu’une taille
souple aux courbes adoucies. Le traitement des surfaces et des motifs, la
manière de sculpter que nous reconnaissons chez le « Maître des chapiteaux
de Bale » est donc différente de la taille aiguë habituelle dans la sculpture
préromane d’Istrie, où les entrelacs présentent des profils en « V ».
Pour ce qui est des grandes compositions lâches et des motifs
surdimensionnés, un nombre effectivement important de sculptures en
témoigne. Dans les parties basses des chancels, la plupart des piliers
et plaques arborent le même réseau lâche de cercles tangents entrelacés,
traversés par des diagonales, ou encore par des grandes rouelles tournoyantes
qui se terminent par des volutes bien caractéristiques. La disposition très
aérée des motifs sur un fond largement vide est tout à fait à l’opposé du goût
de la sculpture de l’époque carolingienne, dont l’une des caractéristiques
majeures est l’horror vacui. C’est justement ce fond laissé visible qui définit
le travail du « Maître des chapiteaux de Bale ». Parfois le maître remplit
les cercles par un motif animal, le plus souvent un oiseau, quelquefois un
agneau. Ils ont tous les mêmes caractères de présentation sommaire, fruste,
avec un corps à peine marqué, des pattes démesurées et une jonction ventre /
cou très arrondie.
Sur les parties hautes des chancels nous retrouvons des détails caracté-
ristiques – les flots sont courts et charnus, l’astragale qui sépare le bandeau
extérieur et sa file de flots du champ triangulaire du fronton est très
spécifique, massif et plastique, se présentant presque comme une baguette.
En ce qui concerne les détails spécifiques permettant de reconnaître ce
maître, concentrons-nous sur un seul trait particulier : les brins triples qui
dessinent des losanges sur le champ des plaques de chancel se terminent aux
quatre angles par une petite volute simplement coudée, au lieu de présenter,
ce qui est le plus fréquent dans la sculpture à entrelacs, un lacis continu sans
commencement ni fin.
À tout cela, il faut ajouter une nette tendance à imiter des modèles
tardo-antiques. Cela concerne d’abord les chapiteaux de la nef, dont les
formes dérivent de modèles de l’Antiquité tardive : corinthiens à feuilles
lisses et corbeilles. En outre, les piliers de chancel et les tables d’autel,
simplement ornés de moulures plates qui reprennent des modèles décoratifs
paléochrétiens, sont aussi fréquents.
96 Miljenko Jurković

Notre maître se reconnaît sur de nombreuses sculptures à un détail assez


bizarre, souvent incompréhensible. En effet, nous avons jusqu’ici remarqué
sur une dizaine de ses réalisations une profonde ligne sinueuse gravée
qui ressort nettement du reste du décor, et qui souvent ne s’intègre pas à
l’ensemble. C’est là, à mon sens, en quelque sorte la « signature » du maître.
Jusqu’ici nous avons réussi par l’analyse comparative détaillée, l’étude
des détails spécifiques et celle des schémas de composition, à attribuer au
« Maître des chapiteaux de Bale » un certain nombre d’œuvres. Pour le
moment, son opus compte davantage de mobilier liturgique que d’églises :
Sv. Marija Velika près de Bale, la paroissiale de Bale, Saint-Thomas près de
Rovinj, la basilique de Guran près de Vodnjan, Sainte-Sophie de Dvigrad,
Saint-Laurent de Šijana, Novigrad, et probablement aussi Saint-Quirin près
de Vodnjan ainsi que l’église de Muggia Vechia, à côté de Trieste.
Afin de mieux comprendre l’activité du «  Maître des chapiteaux de
Bale » il est important tout d’abord de voir dans quel contexte politique et
social, puis culturel, celui-ci a œuvré, et, ensuite, il faut analyser les églises
qu’il a équipées en mobilier liturgique.
Notons d’abord que le « Maître des chapiteaux de Bale » et son atelier ont
travaillé sur tous les sites carolingiens majeurs d’Istrie. Novigrad est le siège
du dux histriensis et de l’évêque d’Istrie, et donc le site le plus important
de l’Istrie carolingienne. Les castra de Dvigrad et Bale, tout comme Guran
mais aussi Šijana près de Pula, sont situés sur la ligne nord-sud qui suit
la voie romaine et sépare la péninsule istrienne en deux : le cordon littoral
de tradition antique et l’arrière-pays ; le monastère de sv. Marija Velika, le
site même de Bale et Saint-Thomas, près de Rovinj, sont implantés quant à
eux sur une autre ligne, est-ouest, qui coupe l’Istrie et contrôle les voies de
communication, maritimes et terrestres (fig. 4).
Toutes les églises mentionnées appartiennent en outre à la première
vague de construction qui suit l’occupation de l’Istrie par les Carolingiens.
Elles ressortissent presque toutes à des modèles typologiques bien connus
dans les zones centrales de l’empire carolingien, mais qui étaient auparavant
étrangers à l’Istrie.
Il est donc évident que le « Maître des chapiteaux de Bale » sculpte le
mobilier liturgique (ou participe seulement à une partie de sa réalisation
comme à Novigrad) dans des églises présentant des caractères typologiques
nouveaux pour l’Istrie, des édifices de modèles importés. Seule l’église
de sv. Marija Velika est d’un type classique, connu depuis longtemps en
Istrie – celui de la basilique à trois nefs et trois absides polygonales. Et c’est
justement l’unique église dont notre maître sculpte également la plastique
architecturale.
La coopération franco-croate À Velika Gospa, près de Bale (Istrie) 97

L’analyse détaillée de la sculpture recueillie sur tous les sites mentionnés


plus haut suggère que l’on assiste, aux premiers temps de la conquête
carolingienne de l’Istrie, à la cristallisation d’une exigence forte – celle
de construire des édifices de culte nouveaux dans les centres contrôlant la
péninsule istrienne. Le « Maître des chapiteaux de Bale » est engagé dans
la plupart de ces chantiers de construction équipant les églises de mobilier
liturgique. Par endroits, il travaille seul  ; ailleurs, là où nous avons mis
en évidence l’activité de plusieurs ateliers, il ne fait que participer à
l’équipement liturgique d’une église donnée. Plusieurs indices suggèrent
qu’il a pu s’essayer comme maître d’œuvre à Sv. Marija Velika près de Bale.
Pourquoi pourrait-on penser que le « Maître des chapiteaux de Bale » est
aussi le constructeur de l’église ? Un certain nombre d’indices plaident en
faveur de cette hypothèse. En premier lieu, on sent que l’église Sv. Marija
Velika est une unité cohérente que l’on pourrait tout à fait traiter comme
un « total design ». En effet, tant l’architecture que le mobilier liturgique
sont caractérisés par des réminiscences extrêmement fortes de l’Antiquité
tardive, nous pourrions presque dire une imitation à la lettre des modèles
tardo-antiques au moyen d’une nouvelle langue artistique. Citons-les encore
une fois : le type architectural, la forme des absides, colonnades, chapiteaux,
transennes, meneaux de bifores. Vient ensuite la cohérence de l’aménagement
ecclésial interne. Nous n’avons pas observé les mains de plusieurs maîtres
dans l’exécution de la sculpture et notre maître ne réalise pas seulement
le mobilier liturgique, il sculpte aussi le décor architectural et grave son
« signe/signature » sur des éléments complètement invisibles – notamment
les transennes situées à plus de 5 m de hauteur.
La caractéristique principale de l’opus du « Maître des chapiteaux de
Bale » est donc qu’il s’appuie sur la tradition de l’Antiquité tardive. Nous
avons déjà établi que les deux types de chapiteaux de la nef plongent leurs
racines dans cette tradition. Le maître, à sa manière expressionniste, copie
pratiquement les modèles qu’il a pu voir à Poreč et à Pula. Le linteau de la
porte sud, avec sa croix latine gravée aux extrémités pattées pourrait presque
être pris pour un exemplaire paléochrétien. On pourrait en dire autant de
la mensa d’autel simplement moulurée de l’abside principale. De fait,
certaines transennes mises au jour anciennement ont été publiées comme
paléochrétiennes parce que pratiquement rien ne permet de les différencier.
Quand on étudie de façon approfondie l’architecture elle-même, on peut
remarquer pratiquement les mêmes caractéristiques. Du point de vue typolo-
gique, on a affaire à une église à trois vaisseaux et trois absides, intérieurement
semi-circulaires, extérieurement polygonales. C’est justement à cause de
la forme externe de ses absides que notre église avait été d’abord publiée
comme paléochrétienne. Il s’agit cependant d’un usage évident de modèles
98 Miljenko Jurković

tardo-antiques, d’autant plus que par ses proportions elle est également très
proche de l’exemple de la basilique euphrasienne de Poreč. En outre, la
claire-voie du vaisseau central était très vraisemblablement éclairée par
des bifores et la façade comprenait une fenêtre géminée, si l’on en croit
le très grand nombre d’impostes mises au jour et qu’a aussi sculptées le
« Maître des chapiteaux de Bale ». C’est là aussi un élément de la tradition
paléochrétienne, inhabituel au haut Moyen Âge. La tradition tardo-antique
est également manifeste dans la morphologie des ouvertures, notamment
pour la porte nord à arc de décharge débordant, « en champignon ».
L’utilisation de spolia dans la construction est tout aussi révélatrice des
procédés du « Maître des chapiteaux de Bale ». En effet, comme certaines
bases des colonnades et certains fûts de colonnes sont des remplois, les
bases de colonnes expressément sculptées pour notre église jouent le rôle de
niveleurs. Nous soulignerons une fois encore ici que le profil de ces bases se
retrouve par exemple à Poreč.
En ayant en tête tous ces éléments, nous sommes enclin à voir aussi dans
le « Maître des chapiteaux de Bale » l’architecte de l’église. C’est un maître
cultivé, bon connaisseur de la tradition tardo-antique, imitant, dans l’esprit
de la renovatio carolingienne, les modèles de Poreč et de Pula, qu’il a pu
étudier jusqu’aux moindres détails, reproduisant non seulement le type et la
morphologie architecturale, mais encore les proportions.
Ceci est d’une importance majeure dans le cadre général de l’histoire de
l’art. En effet, dans la mesure où notre interprétation s’avérerait exacte, le
« Maître des chapiteaux de Bale » serait véritablement un des rares maîtres
d’œuvre identifiés du haut Moyen Âge.
Dans son deuxième état (fig. 5), l’église a été raccourcie de la longueur
d’une travée et demie à son extrémité ouest : un mur de refend barre les
trois vaisseaux ; et, dans l’axe de la nef, un seuil encore en place marque
l’accès à la nef centrale, ainsi désormais limitée. Un stylobate de chancel,
avec mortaises d’encastrement des piliers et rainures pour les dalles encore
bien discernables, constitue la nouvelle limite, suivant un tracé strictement
rectiligne, d’un chœur agrandi vers l’ouest.
En ce qui concerne la première travée et demie de l’église primitive
en partant de l’ouest, elle semble bien avoir constitué désormais une sorte
de vestibule : il s’agissait toujours, en effet, d’un espace fermé, avec une
porte à l’ouest, déportée vers le nord par rapport à l’entrée axiale de l’église
primitive. Ce déportement s’explique vraisemblablement par le fait que la
partie sud de ce « vestibule » s’est trouvée occupée par une tour quadran-
gulaire dont les fondations ont assez sérieusement perturbé les structures de
l’angle sud-ouest de l’église primitive (fig. 6).
La coopération franco-croate À Velika Gospa, près de Bale (Istrie) 99

C’est très vraisemblablement de la période romane (fin du xie ou


xii s.) qu’il faut dater ces transformations. L’extension du chœur liturgique,
e

en particulier, doit résulter de la propagation des réformes monastiques, bien


attestée par ailleurs dans ces territoires.
En 1789, ainsi qu’en témoigne l’inscription apposée au revers de la
façade, l’église a été entièrement rebâtie sur une aire à nouveau réduite :
elle ne correspondait plus qu’à la nef centrale du second état, avec, par
conséquent, l’abandon des collatéraux et des trois absides du chevet. Il
s’agit de l’édifice, de plan quadrangulaire simple, aujourd’hui conservé en
élévation jusqu’à l’appui de la charpente (fig. 7).

La chapelle
Après les campagnes essentiellement consacrées à l’étude de l’église
principale, à trois nefs, les découvertes ultérieures ont dégagé, au sud de
l’église, le périmètre du monastère qui formait à l’origine un carré autour
duquel sont ordonnés différents bâtiments dont une chapelle à tour axiale au
sud-ouest.
La chapelle est située à 20 m au sud de la façade de l’église primitive.
Ce petit bâtiment à nef unique et abside rectangulaire inscrite dans un chevet
plat est accolé à un mur antérieur des bâtiments monastiques. Le mur sud
présente, donc, une série d’anomalies résultant de plusieurs campagnes de
construction.
La façade occidentale s’était effondrée d’un coup, entraînant également
la chute du tiers sud-ouest du bâtiment. Une fouille fine a permis de
retrouver également une partie du parement est de ce mur avec un bifore axial
à deux voussures auquel on pourrait associer également un meneau avec son
imposte trouvée aux alentours. Cette fenêtre géminée est intéressante à plus
d’un titre. Tout d’abord par sa morphologie, car son encadrement à double
redent révèle l’époque de sa réalisation – celle du premier art roman. Cet
indice de datation est confirmé par le meneau du bifore lui-même. Il s’agit
en effet d’un tronçon d’architrave de pergola préromane, ornée d’une tresse
surmontée d’une file de flots sur la face antérieure. Étant donné qu’on a
observé le même remploi de spolia à décor d’entrelacs notamment dans une
fixation de la barrière de chœur de la grande église, on peut supposer qu’un
aménagement d’assez grande ampleur de l’ensemble du monastère a eu lieu
au cours du xie siècle.
La découverte de la portion de mur tombée à l’ouest de la façade de
la petite chapelle implique en outre que cette dernière possédait vraisem-
blablement un clocher axial. Ce type architectural n’est pas inconnu en
Istrie. On a en effet construit au xie siècle dans la petite ville voisine de
100 Miljenko Jurković

Bale l’église à nef unique et abside rectangulaire Saint-Élie, qui présente un


clocher du même type en façade où des spolia ont été également intégrés
dans les ouvertures de la partie supérieure.

Complexe monastique
Les recherches archéologiques du complexe monastique ont commencé
après l’achèvement des recherches de l’église et de la chapelle (fig. 8). La
fouille de cette zone a démarré par le dégagement de la galerie longeant
le flanc sud de l’église afin de déterminer les relations chronologiques
principales. Ensuite, les recherches ont été poursuivies dans le secteur à
l’est de la chapelle où s’étendait le mur d’orientation est-ouest qui était
partiellement remployé dans les maçonneries de la chapelle.
Une galerie, dallée assez grossièrement, longe le flanc sud de l’église
à trois nefs. Son dallage recouvre en fait une série de tombes collectives
orientées est-ouest. À l’est de cette galerie et par conséquent au sud-est du
chevet de l’église primitive, on avait dégagé une salle assez vaste, très proche
du mur périmétral sud de l’église, et peut-être antérieure à l’édification de
cette dernière. Cette pièce a été réutilisée partiellement pour asseoir une file
de petites pièces, orientées nord-sud. Les maçonneries et la succession des
pièces se poursuivent vers le sud – formant l’aile orientale du complexe –
sur environ 35 m de longueur totale au sud du mur méridional de l’église
à trois nefs. Une seule porte ouvre dans ce long mur qui semble limiter les
constructions monastiques à l’est. Une autre aile – méridionale donc – fait
retour à angle droit au bout de celle-ci et vient border le site sur 47,50 m de
longueur dégagée, à environ 8 m au sud de la chapelle. Quelques bâtiments
font saillie au sud-est et au sud-ouest de cette ordonnance d’ailes centrée sur
la cour qui borde le flanc méridional de l’église à trois nefs.
Le tracé de la structure murale antérieure à la chapelle et percée d’arcades,
est parallèle à l’aile méridionale mentionnée plus haut et se poursuit depuis
le chevet de la chapelle sur 14,50 m, jusqu’aux pièces de l’aile orientale des
bâtiments claustraux. La maçonnerie est interrompue à quatre reprises par
de grands arcs de 3, 20-3, 30 m de portée et – au centre de l’aile ? – par une
porte. Ce « portique » sud du « cloître » présente un pendant symétrique à l’est.
Il s’agit vraisemblablement de la galerie ouverte au rez-de-chaussée,
qui bordait l’aile sud des bâtiments monastiques. Ce mur a été en partie
remployé dans les maçonneries de la chapelle de la fin du xe-début du
xie siècle, et muré (pour former de nouvelles pièces fermées) sur le reste
de sa longueur vers l’est (tous les arcs et les portes ont été bouchés dans
un second temps). La galerie nord (qui flanque l’église) semble n’avoir
comporté qu’un portique sur des supports en bois.
La coopération franco-croate À Velika Gospa, près de Bale (Istrie) 101

On semble bien en présence de longs bâtiments claustraux symétriques au


sud et à l’est, d’un type architectural assez sommaire, sûrement charpentés, vu
l’épaisseur des maçonneries, et dont l’étage pouvait comporter une galerie
en bois – voire même être construits entièrement dans ce matériau. Il restera
à fouiller en profondeur et stratigraphiquement les pièces qui se succèdent
dans les ailes, pour tenter d’en cerner la fonction.
D’ores et déjà la chronologie permet de reconnaître à Bale un des plus
anciens monastères carolingiens d’Europe à être ordonnés autour de l’église
et du cloître. Il évoque, en France, celui de Saint-Médard de Soissons (ixe s.)
connu par un plan du xviie siècle, qui conservait au sud une chapelle dédiée
à sainte Sophie. On est peut-être en présence du témoignage le plus ancien
de la réorganisation monastique imposée par le concile d’Inden en 816 dont
nous savons qu’il existait déjà des prémices. Ce sera aux fouilles futures de
le prouver.

Miljenko Jurković
102 Miljenko Jurković – illustrations / slike

Fig. 1./Sl. 1. – Velika Gospa près de Bale (Istrie) I. Fig. 2./Sl. 2. – Velika Gospa près de Bale (Istrie) II.
L’église Velika Gospa près de Bale, vol. I (2007). L’église Velika Gospa près de Bale, vol. II (2009).

Fig. 3. – Église, phase 1, plan schématique (d’après P. Chevalier).


Sl. 3. – Crkva, 1. faza, shematski plan (prema P. Chevalier).
Miljenko Jurković – illustrations / slike 103

Fig. 4. – Carte de l’Istrie


vers 800 comprenant les
voies romaines,
les frontières des diocèses
tardo-antiques, les églises
nouvellement fondées
et les castra.

Sl. 4. – Karta Istre oko


800., s rimskim cestama,
granicama kasnoantičkih
biskupija, novim crkvama i
utvrđenim naseljima.

Fig. 5. – Église, phase 2, plan schématique (d’après P. Chevalier).


Sl. 5. – Crkva, 2. faza, shematski plan (prema P. Chevalier).
104 Miljenko Jurković – illustrations / slike

Fig. 6. – Église, phase 3, plan schématique (d’après P. Chevalier).


Sl. 6. – Crkva, 3. faza, shematski plan (prema P. Chevalier).

Fig. 7. – Église, phase 4, plan schématique (d’après P. Chevalier).


Sl. 7. – Crkva, 4. faza, shematski plan (prema P. Chevalier).
Miljenko Jurković – illustrations / slike 105

Fig. 8. – Velika Gospa, vue aérienne.


Sl. 8. – Velika Gospa, zračni snimak.
Francusko-hrvatska suradnja u istri:
Velika Gospa, Bale

Crkva Sv. Marije Velike smještena je nedaleko od Bala, na padini


brijega koji se blago spušta prema moru, uz srednjovjekovnu cestu koja od
Rovinja vodi prema jugu Istre. Zajednička francusko-hrvatska arheološka
istraživanja omogućila su otkrivanje ranosrednjovjekovnoga samostanskog
sklopa. Iskapanja su razotkrila crkvu iz druge polovice VIII. stoljeća.
Skulptura s lokaliteta, uglavnom ugrađena u sekundarnoj funk-
ciji, omogućuje ne samo raspoznavanje radioničkih krugova lokalne i
regionalne produkcije visoke originalnosti (kapiteli kolonada), već i
kvalitativno nov uvid u razvoj oblikâ između kraja kasnoantičke umjetnosti
i početaka romanike. Oblik same crkve, izvana poligonalnih apsida,
pokazuje čvrstu ukorijenjenost ranosrednjovjekovne sakralne arhitekture u
ranokršćanskim rješenjima. Naknadne preinake svetišta i crkvene građevine
te novi kompleti liturgijskoga namještaja omogućuju nam rekonstruirati
slijed transformacija cijeloga sklopa u kasnijem srednjem i novom vijeku;
istraživanje tih procesa neodvojivo je od istodobnih transformacija kroz
koje prolaze Bale (Castrum Vallis).
Istraživanja samostanskoga kompleksa provode se od 1995. godine, u
okviru hrvatsko-francuske suradnje Međunarodnog istraživačkog centra za
kasnu antiku i srednji vijek Sveučilišta u Zagrebu i Centre de recherche sur
l’Antiquité tardive et le haut Moyen Age Sveučilišta Paris Ouest (voditelji:
Jean-Pierre Caillet i Miljenko Jurković). Prvi se ciklus istraživanja odnosio
na crkvu sv. Marije i jugozapadnu kapelu. Rezultati su objavljeni u dva
volumena: M. Jurković i J.-P. Caillet (ur.), Velika Gospa près de Bale (Istrie)
I., L’église Velika Gospa près de Bale, Zagreb-Motovun, Vol. 1, 2007., 173
p.; Vol. 2, 2009., 148 p. (sl. 1 i 2). U pripremi je Vol. 3: Velika Gospa près de
Bale (Istrie) III. La chapelle.
Drugi ciklus istraživanja obuhvatio je vanjske perimetre samostana s
proširenim partnerstvom (Muzej Hrvatskih arheoloških spomenika, Split),
a najnovija istraživanja u sklopu su CROMART projekta koji financira
Hrvatska zaklada za znanost.
108 Miljenko Jurković

Smještena na padini brijega, samostanska crkva Sv. Marije Velike na


nadmorskoj je visini od 113 m i 2 km udaljena od zapadne obale Istre.
Dobar strateški položaj na jedinoj uzvisini istočno od obale i ponad ceste,
koja od Rovinja vodi k brijunskomu otočju (Insulae Pullariae) i Puli
(Colonia Pietas Iulia Pola) na jugoistoku, ovom punktu omogućuju snažnu
dominaciju nad širim okružjem. Uz mogućnost pregledna nadzora nad
vitalnim komunikacijskim strukturama, privlačnost položaja uzdižu znatne
obradive površine, što je ovo mjesto učinilo naseobinskim fokusom već u
antičkom razdoblju, u okviru gusto napučenoga kolonijskog agera Pule.

Crkva
O stanju na terenu koje je prethodilo izgradnji trobrodne crkve, nažalost,
ne zna se puno. Postojanje ranijeg arhitektonskog sklopa na lokalitetu
naslućuje se jedino prema indicijama, a istodobno ga je nemoguće precizno
datirati. Nije isključeno da je crkva podignuta na mjestu nekadašnje villae
rusticae. To bi sugeriralo postojanje cisterne za vodu koju lučno premošćuje
sjeverni zid bazilike. Upravo izgradnja luka u sklopu toga ranosrednjovje-
kovnoga zida govorila bi o perpetuiranju upotrebe cisterne, čiju su korist
uvidjeli graditelji crkve. No ona je jednako tako mogla biti izgrađena u
pripremi gradilišta za baziliku. Cisterna je svakako starija od trobrodne
crkve, a otvorena pitanja datacije i funkcije razriješit će buduća istraživanja.
Segmenti zidova pronađenih u zoni svetišta i dio starijega zida iskorištenoga
pri izgradnji južnoga perimetralnog zida bazilike upućuju na postajanje
zdanja koja prethode izgradnji trobrodne crkve.
Prva crkva Sv. Marije Velike bila je trobrodna bazilika s trima poligo-
nalnim, iznutra polukružnim apsidama (sl. 3). Brodove je dijelila kolonada
s po šest nosača, a pronađeno je i odgovarajućih dvanaest velikih kapitela
kolonade. Lađi se pristupalo vratima smještenim u sredini zapadnoga zida.
Druga su dva ulaza u istočnom dijelu uzdužnih zidova i vode u odgovarajuće
prostore sjeverno i južno od crkve.
Datacija cijeloga sklopa, zbog perturbacije ranijih slojeva u doba
baroknih preinaka, oslanja se na korpus pronađene skulpture, ponajprije
na monumentalne kapitele kolonade glavnoga broda, koje sa sigurnošću
datiraju na kraj VIII. stoljeća.
Već smo ranije utvrdili da je majstor klesar koji je radio u toj crkvi
zapravo kipar, kojeg smo nazvali „Majstor kapitela iz Bala“, a detaljna
istraživanja omogućila su nam iznijeti tezu da je on bio i graditelj crkve.
Vjerojatno je riječ o umjetniku koji je i arhitekt i kipar, no koji je iznio i
cijeli likovni koncept samostanske crkve.
Francusko-hrvatska suradnja u Istri: Velika Gospa, Bale 109

Početni korak u našem razmišljanju svakako je činjenica da smo


utvrdili kako je majstor izradio svu opremu crkve, dakle, ne samo
liturgijski namještaj, već i arhitektonsku skulpturu. Nigdje se dosad nije
utvrdilo da u ranom srednjem vijeku neki majstor izrađuje i
liturgijski namještaj i arhitektonsku skulpturu. Očito je ekipa bila angažirana
i u organizaciji gradilišta samostanske crkve. Ovaj će slučaj svakako
obnoviti istraživanja ranosrednjovjekovnih gradilišta konkretnim pokaza-
teljima.
Najznačajnija je činjenica u našem razmišljanju, dakle, da je jedna
radionica radila cijeli skulptorski program. Prema najupečatljivijim djelima,
kapitelima, radionica je nazvana „Majstor kapitela iz Bala“. Nećemo se
vraćati na stilske i formalne karakteristike njegovih djela. Samo ukratko
podsjetimo po čemu je prepoznatljiv: meko klesanje, rijetko raspoređeni
motivi bez tipičnog horror vacui, predimenzionirani motivi, korištenje
volutica umjesto beskonačnoga prepleta, često korištenje zoomorfnih,
zdepastih, sumarnih, ekspresionističkih motiva.
Ovomu svakako treba dodati izrazitu sklonost imitiranju kasnoantičkih
modela. To se ponajprije odnosi na kapitele kolonade, koji oblikom
deriviraju iz kasnoantičkih modela: korintski glatkih listova i košarasti.
Povrh toga, česte su jednostavne profilacije na pilastrima i oltarnim men-
zama, bez ostale dekoracije, koje preuzimaju kasnoantičke modele.
Na više je skulptura našega majstora prepoznatljiv, gotovo čudan i
često nerazumljiv detalj. Naime, na zasad desetak njegovih ostvarenja
prepoznajemo uparanu valovnicu koja bitno odudara od ostalog dekora, a
često se uopće ne uklapa u cjelinu. Prema mojem mišljenju to je svojevrstan
majstorov „potpis“.

Dosad smo „Majstoru kapitela iz Bala“ uspjeli detaljnom kompara-


tivnom analizom, analizom specifičnih detalja i kompozicijskih shema,
atribuirati određen broj djela. Njegov opus zasad broji liturgijski namještaj
nekoliko crkava: Sv. Marije Velike kod Bala, župne crkve u Balama, Sv.
Tome kod Rovinja, bazilike u Guranu, Sv. Sofije u Dvigradu, Svetog Lovre
u Šijani, u Novigradu, kao i crkve u Muggia Vecchia pokraj Trsta.
Da bismo bolje razumjeli djelatnost „Majstora kapitela iz Bala“, važno
je najprije vidjeti politički i društveni, a onda i kulturni kontekst u kojem
djeluje, te potom analizirati i crkve koje oprema liturgijskim namještajem.
Majstor radi na svim građevinama nastalim u prvome valu karolinškoga
prodora u Istru (sl. 4). Sve crkve u kojima radi tipološki su importi, modeli
otprije nepoznati u Istri. Jedino je Sveta Marija Velika klasične tipološke
osnovice, prema kasnoantičkim uzorima, a samo na toj crkvi naš majstor
110 Miljenko Jurković

kleše i arhitektonsku skulpturu. Nekoliko indicija govore da se mogao


okušati i kao maître d’œuvre baš na crkvi Sv. Marije Velike kod Bala.
Zašto bi se moglo pomisliti da je majstor kapitela iz Bala ujedno i
graditelj crkve? Zato što postoji nekoliko indicija. Ponajprije se osjeća
da je crkva Sv. Marije Velike koherentna cjelina koju bismo mogli doista
tretirati kao „total dizajn“. Naime, i arhitekturu i njezin liturgijski namještaj
karakteriziraju iznimno jake reminiscencije na kasnu antiku, gotovo
bismo mogli reći doslovna imitacija kasnoantičkih modela novim likovnim
jezikom. Nabrojimo ih još jedanput – arhitektonski tip, oblici apsida,
kolonada, kapiteli, tranzene, bifore i imposti. Nadalje, to je koherentnost
u opremanju crkve. Nismo zamijetili više majstorskih ruku u izradi
skuplture. Naš majstor ne radi samo liturgijski namještaj, već i
arhitektonsku plastiku. Ostavlja svoj „znak“, svoj „potpis“, na posve
nevidljivim dijelovima arhitekture, primjerice na tranzenama postavljenima
na više od pet metara visine. Osnovno je obilježje majstora njegovo stalno
vraćanje na kasnoantičke modele. U kapitelima imitira modele Poreča i Pule.
Nadvratnik južnih vrata tipičan je za kasnu antiku; dekoracija oltarne menze
i nekoliko pilastara posve je kasnoantička; pojedine prozorske tranzene čak
su ranije bile proglašavane kasnoantičkima.
Slično se opaža i na arhitekturi. Tipološki je crkva s vanjskim
poligonalnim apsidama karakterističnima za kasnu antiku – tako je prvi
put i objavljena kao kasnoantička. Proporcije crkve vrlo su bliske porečkoj
Eufrazijani iz 6. stoljeća. Crkva je najvjerojatnije imala i biforu na
fasadi – tipično kasnoantičko rješenje. Morfologija otvora, poglavito onih
gljivastih, također su kasnoantičkoga podrijetla. Uporaba spolija također je
dio Majstorova načina rada.
Imajući sve to u vidu, čini se doista da „Majstor kapitela iz Bala“ nije
samo klesar, već i graditelj crkve. Naime, ako se ovakva interpretacija
pokaže točnom, „Majstor kapitela iz Bala“ bio bi doista jedan od rijetkih
prepoznatih arhitekata ranoga srednjeg vijeka.
Prostor trobrodne crkve doživio je prvu radikalniju preinaku kad
je lađa skraćena za jedan i pol interkolumnij na zapadnome kraju, što je
popraćeno formiranjem nove zapadne fasade crkve (sl. 5). Novi poprečni
zid sačuvao se u glavnom i u bočnim brodovima, a zapadna fasada barokne
crkve iskoristila ga je kao temelj. Taj je zid negdje po sredini rastvoren
vratima konstruiranim ekscentrično, 30 cm na sjever u odnosu na središnju
uzdužnu os glavnoga broda. Do tog je pomaka došlo zbog izgradnje zvonika
kvadratne osnove (4,50 x 3,50 m) u jugozapadnome kutu bazilike (sl. 6).
Može se pretpostaviti da je u Balama istodobno kad je izgrađen zvonik,
preinačen i liturgijski namještaj svetišta: stara oltarna ograda demontirana
Francusko-hrvatska suradnja u Istri: Velika Gospa, Bale 111

je i uspostavljena je nova jedan interkolumnij zapadnije. Ondje je srednji


brod poprečno pregrađen ravnom oltarnom ogradom. Za razliku od starije
ograde, ona se protezala i u bočne brodove, što dokazuju tragovi u sjevernom
i južnome produžetku ležišta oltarne ograde – posebice ulomak starijega
pluteja koji je reupotrijebljen kao utor u sjevernome brodu. Na taj se način
utvrđuje terminus post quem te ujedno pokazuje da su se ulomci demontirane
prijašnje ograde reutilizirali na različitim mjestima. Te se transformacije
događaju u romaničko doba (kraj XI. ili XII. stoljeće).
Godine 1789., kako svjedoči natpis na zapadnome zidu, crkva je u
potpunosti pregrađena. Njezin je prostor reduciran te je svedena samo na
srednji brod druge graditeljske faze s posljedičnim napuštanjem bočnih
brodova i triju apsida. Nad njim je podignuta građevina jednostavnoga
pravokutnog tlocrta (sl. 7).

Kapela
Kapela se nalazi 20 m južno od pročelja prvotne crkve. Malena je
jednobrodna građevina pravokutne apside upisane u ravno začelje, duga
8 i široka 3,85 m. Istočni dio izvrsno je sačuvan u elevaciji, uključujući
djelomično sačuvane trompe u polukaloti apside. Dok je sjeverni zid izvana
bio raščlanjen lezenama, plašt ravnog istočnog zida bio je probijen pravo-
kutnim aksijalnim prozorom, čiju je tranzenu bilo moguće u potpunosti
rekonstruirati iz pronađenih ulomaka. Južni zid pokazao je niz anomalija,
koje su rezultat korištenja dijela starijega zida prilikom izgradnje kapele.
Urušavanjem zapadnoga zida urušila se i trećina jugozapadnoga ugla
građevine. Tijekom njegova raščišćavanja i iskopavanja pred njim je uočen
urušen segment zida koji se otvarao biforom sa dvostruko profiliranim
okvirom. Srednji njezin stupić bio je spolia (ulomak predromaničke grede
oltarne ograde ukrašen kukama i troprutom pletenicom), što je potvrdilo
dataciju građevine u XI. stoljeće. Na temelju nalaza dijela zida urušenoga
zapadno od pročelja može se pretpostaviti de je kapela posjedovala i
aksijalni zvonik. Iz XI. stoljeća datira isti takav tip zvonika na pročelju
crkve Sv. Ilije u Balama.

Samostanski kompleks
Nakon što su dovršena istraživanja crkve i jugozapadne kapele, počelo
je istraživanje samostanskoga sklopa. Najprije je valjalo istražiti galeriju na
južnome dijelu crkve zbog utvrđivanja osnovnih kronoloških korelacija, a
potom i zid koji se proteže u smjeru istok-zapad, a koji je dijelom iskoristila
jugozapadna kapela. Glavni cilj te faze istraživanja bio je utvrđivanje
112 Miljenko Jurković

prostiranja i organizacije samostanskoga sklopa da bi se uspješno isplanirala


sljedeća faza istraživačkoga projekta (sl. 8).
Ostaci popločenja galerije uz južni brod crkve prekrivali su
skupinu grobnica orijentacije istok-zapad. Istočno od galerije i jugoistočno
od svetišta prvotne crkve, u neposrednoj blizini njezina južnog zida,
otkrivena je velika dvorana, možda ranija od vremena izgradnje trobrodne
crkve. Ta je prostorija dijelom preinačena da bi se preoblikovala u niz
manjih prostorija protegnutih od sjevera prema jugu. Time je formirano
istočno krilo sklopa južno od crkve, u punoj dužini od oko 35 m. Južno pak
krilo nastavlja se pravokutno na zaključak istočnog i produžuje na zapad u
dužini od 47,50 m, oko 8 m južno od kapele. U takvoj tlocrtnoj dispoziciji
raspoznaje se središnje dvorište (klaustar), optočeno krilima koja sadržavaju
odgovarajuće prostorije. Kako su istočno od svetišta kapele pronađene
strukture ranije od njezine izgradnje, ostaci zida raščlanjenoga velikim
lukovima (3,20-3,30 m), paralelnoga s južnim krilom središnjega dvorišta
zaključenog u istočnome krilu, prepoznati su kao otvorena galerija u razini
prizemlja, vjerojatno s vratima na sredini. Zid toga „portika“ južnoga krila
djelomice je reutiliziran u X.-XI. stoljeću, kad je ugrađen u ziđe kapele.
Ostatak mu je zazidan, a lukovi i vrata naknadno zapunjeni.
Čini se da su južno i istočno krilo samostanskoga kompleksa tvorili nizovi
jednostavnih prostorija, koji su, sudeći po debljini zidova, bili natkriveni
jednostavnom krovnom konstrukcijom ili drvenom galerijom. Možda je
čak riječ o posve drvenoj konstrukciji. Sve te karakteristike govore u prilog
opreznoj dataciji sklopa u karolinško razdoblje. Tek će detaljna arheološka
istraživanja otkrivenih prostorija omogućiti utvrđivanje njihove funkcije.
Prema dosad predloženoj kronologiji sklop u Balama razotkriva se kao
jedan od najranijih europskih primjera karolinških samostana prostorno
organiziranih oko samostanske crkve i središnjega klaustra. Prostorni
raspored evocira plan samostana u Müstairu, s kraja VIII. stoljeća, s kape-
lom Sv. Križa u južnome dijelu te samostan St. Médard u Soissonsu iz
IX. stoljeća, s kapelom Sv. Sofije, također smještenom u južnome dijelu
kompleksa. Možda je riječ o jednom od najranijih svjedočanstava reforme
redovničkoga života provedene na koncilu u Indenu 816. godine.

Miljenko Jurković
Table des matières / SADRŽAJ

Zvonko Kusić, Allocution d’accueil.................................................. p. 7


Pozdravna riječ........................................................................... p. 9

Ivo Družić, Allocution d’accueil....................................................... p. 13


Pozdravna riječ........................................................................... p. 15

Michèle Boccoz, Allocution d’accueil .............................................. p. 19


Pozdravna riječ........................................................................... p. 21

Michel Zink, Introduction .......................................................... p. 25


Uvod .......................................................................................... p. 29

LES PROJETS / PROJEKTI

Pierre Gros, « Auguste, son époque et l’Augusteum de Narona ».... p. 35


« August, njegovo doba i Augusteum Narone »......................... p. 41

Jean-Pierre Sodini, « Aux marges de Byzance : la coopération franco-


croate à Salone » ......................................................................... p. 47
« Na rubovima Bizanta: francusko-hrvatska suradnja u Saloni ». p. 77

Ivan Radman-Livaja, « Le projet Corpus Vasorum Antiquorum,


l’Académie des Inscriptions et Belles-Lettres et le Musée
archéologique de Zagreb » ......................................................... p. 85
« Projekt Corpus Vasorum Antiquorum, Académie des Inscrip-
tions et Belles-Lettres i Arheološki muzej u Zagrebu » ............. p. 89

Miljenko Jurković, « La coopération franco-croate à Velika Gospa,


près de Bale (Istrie) » ................................................................. p. 93
« Francusko-hrvatska suradnja u Istri: Velika Gospa, Bale » .... p. 107
290 TABLE DES matières / SADRŽAJ

Franjo Šanjek, « Rencontres d’intellectuels français et croates à


l’Université de Paris au Moyen Âge »........................................ p. 113
« Susreti francuskih i hrvatskih intelektualaca na Sveučilištu u
Parizu u Srednjem vijeku »......................................................... p. 123

Andrija Mutnjaković, « La valorisation du patrimoine architectural »... p. 131


« Valorizacija arhitektonske baštine »........................................ p. 149

LES SAVANTS / ZNANSTVENICI

Emilio Marin, « Jacques Zeiller, Charles Diehl et André Grabar à


Salone et au Palais de Dioclétien » ............................................ p. 157
« Jacques Zeiller, Charles Diehl i André Grabar u Saloni i
Dioklecijanovoj palači » ............................................................. p. 169

Ivanka Petrović, « Victor Saxer hagiographe et les thèmes croates ». p. 177


« Hagiograf Victor Saxer i hrvatske teme » ............................... p. 183

Ivan Supičić, « Quelques écrits scientifiques en français sur la Croatie


médiévale et renaissante ».......................................................... p. 193
« Neki znanstveni tekstovi na francuskome o srednjovjekovnoj
i renesansnoj Hrvatskoj » ........................................................... p. 199

Ranko Matasović, « Antoine Meillet et le monde slave » ................ p. 207


« Antoine Meillet i slavenski svijet »......................................... p. 215

Milan Mihaljević, « Le slaviste André Vaillant ».............................. p. 225


« Slavist André Vaillant »........................................................... p. 229

Ivor Karavanić, « Note sur l’influence des scientifiques français


dans la recherche sur le Paléolithique en Croatie ».................... p. 233
« Bilješka o utjecaju francuskih znanstvenika na proučavanje
paleolitika u Hrvatskoj » ............................................................ p. 237

Ines Sabotič, « Henri Bégouën, un préhistorien promoteur de la


culture croate »........................................................................... p. 243
« Henri Bégouën – prapovjesničar promicatelj hrvatske kulture ». p. 251
TABLE DES matières / SADRŽAJ 291

Ivo Goldstein, « Quelle importance avait la France pour les Croates


aux xixe et xxe siècles ? »............................................................ p. 257
« Što je za Hrvate značila Francuska u 19. i 20. stoljeću? »...... p. 263

Željko Tanjić, « En guise de conclusion »........................................ p. 273


Zaključna riječ............................................................................ p. 275

Pavao Rudan, Discours de clôture.............................................. p. 277


Završna riječ i pozdrav............................................................... p. 281

Liste des auteurs ................................................................................ p. 285


Popis autora ....................................................................................... p. 287

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