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Francusko-Hrvatska Suradnja U Istri Velika Gospa, Bale
Francusko-Hrvatska Suradnja U Istri Velika Gospa, Bale
ACTES DE
Les projets franco-croates
Les projets franco-croates et les savants français et les savants français
qui se sont illustrés dans la recherche et
AIBL 2016
la valorisation du patrimoine croate Francusko-hrvatski projekti
n
Francusko-hrvatski projekti i francuski znanstvenici, i francuski znanstvenici
istaknuti u istraživanju i vrednovanju hrvatske baštine
Emilio Marin, Franjo Šanjek et/i Michel Zink éd./ur.
Les projets franco-croates et les savants français / Francusko-hrvatski projekti i francuski znanstvenici
Emilio Marin, Franjo Šanjek et/i Michel Zink éd./ur.
Actes du colloque international organisé par l’Académie des Inscriptions et Belles‐Lettres et Académie des Inscriptions et Belles-Lettres,
l’Académie croate des Sciences et des Arts, en collaboration avec l’Université catholique de Académie croate des Sciences et des Arts / Hrvatska akademija znanosti i umjetnosti,
Croatie, dans le cadre de Rendez-vous, festival de la France en Croatie (mai-septembre 2015) Université catholique de Croatie / Hrvatsko katolicko sveucilište
à l’Académie croate des Sciences et des Arts (Zagreb), le 29 septembre 2015
L
es relations nouées depuis le xviiie siècle entre l’Académie des Inscriptions et Belles-
Lettres et les savants croates, dans le domaine des disciplines relevant de l’érudition
et des sciences historiques, se distinguent par leur permanence et leur fécondité. Les
interventions réunies dans les actes de ce colloque témoignent de l’influence de la science
historique française sur la recherche menée en Croatie et rappellent les résultats auxquels des
initiatives communes lancées entre les deux pays – grâce aux historiens, aux archéologues et
aux philologues – ont pu aboutir.
O
d XVIII. stoljeća Razred za humanističke znanosti Francuske akademije znanosti i
umjetnosti i hrvatski znanstvenici održavaju istaknute, trajne i plodne odnose u
područjima povijesnih znanstvenih disciplina. Radovi ovog znanstvenog skupa
svjedoče o utjecaju francuske povijesne znanosti na istraživanja, koja su se vodila u Hrvatskoj,
i ukazuju na rezultate koji su postignuti zahvaljujući zajedničkim poticajima iz dvije zemlje, i
to marom povjesničara, arheologa i filologa.
S
ince the 18th century the Académie des Inscriptions et Belles-Lettres and Croatian
scholars established intensive and fruitful relations in the fields of different historical
disciplines. The proceedings of this conference clearly demonstrate the influence of the
French historical scholarship on the researches carried on in Croatia and present the results
obtained by historians, archaeologists and philologists engaged in the mutual initiatives of the
two countries.
Prix : 30 €
Académie des Inscriptions
et Belles-Lettres
L’église abbatiale
L’occupation du lieu avant ce bâtiment est malheureusement mal connue.
Quelques indices témoignent de l’existence d’un ensemble architectural
plus ancien, qu’il est impossible de dater précisément. Il n’est pas exclu que
94 Miljenko Jurković
l’église ait été bâtie sur un site d’occupation antique (villa rustica ?) : c’est
ce que suggère l’existence d’une citerne dégagée vers l’extrémité ouest du
collatéral nord et dont les bâtisseurs du haut Moyen Âge ont manifestement
voulu conserver l’usage – pour un temps du moins – en établissant un arc
au-dessus dans le mur de ce collatéral. De la même façon, les fondations
arasées de quatre murs mises au jour dans la zone de chœur ainsi qu’un
segment du mur remployé sous le mur gouttereau sud indiquent l’existence
des constructions antérieures.
La basilique à trois nefs et trois absides polygonales est de typologie
classique (fig. 3). Ses deux colonnades, sans véritable stylobate, comprennent
chacune six supports. Douze gros chapiteaux calcaires de ces mêmes
colonnades ont été retrouvés : la plupart procèdent du type corinthien, avec
un traitement très fruste des couronnes végétales et volutes, et divers motifs
ornementaux ; plusieurs sont épannelés en tronc de pyramide avec décor
d’entrelacs.
La datation de cet état initial ne peut malheureusement guère se déduire
de données stratigraphiques, du fait du bouleversement des sols (principale-
ment lors de la reconstruction de la fin du xviiie s.). C’est donc sur le matériel
sculpté qu’il faut avant tout s’appuyer. Les chapiteaux en calcaire de la nef
permettent de dater l’église des environs de la fin du viiie siècle.
Nous avons établi depuis quelque temps déjà que le maître qui travaille
dans cette église est un sculpteur, que nous avons baptisé « Maître des cha-
piteaux de Bale ». Des recherches approfondies nous ont permis de formuler
la thèse selon laquelle il est aussi le constructeur de l’édifice. Il s’agit peut-
être d’un artiste à la fois architecte et sculpteur qui aurait porté l’ensemble
de la conception artistique de l’église monastique.
Le premier pas dans notre réflexion est à coup sûr le fait que nous ayons
établi que ce maître a réalisé l’ensemble de l’équipement ecclésial. Cela
nous semble important et ce, pour deux raisons. Tout d’abord, on n’a nulle
part réussi jusqu’à présent à rassembler l’œuvre sculptée d’un maître ou d’un
atelier du haut Moyen Âge qui réalise en même temps du mobilier liturgique
et de la sculpture architecturale. Cependant, la réalisation des chapiteaux des
colonnades de l’église de Sv. Marija Velika, ou Velika Gospa, près de Bale,
de ses transennes, bifores, linteau, témoigne du travail d’ensemble d’une
équipe qui n’a pas pour seule mission de sculpter le mobilier liturgique,
mais qui participe certainement à l’organisation du chantier de construction
lui-même. Nous avons assurément là un cas concret qui renouvellera l’étude
des chantiers de construction du haut Moyen Âge, au-delà des discussions
purement théoriques.
Dans notre réflexion, le fait le plus important est, par conséquent, qu’un
même atelier a réalisé l’ensemble du décor architectural, ainsi que la majeure
La coopération franco-croate À Velika Gospa, près de Bale (Istrie) 95
tardo-antiques, d’autant plus que par ses proportions elle est également très
proche de l’exemple de la basilique euphrasienne de Poreč. En outre, la
claire-voie du vaisseau central était très vraisemblablement éclairée par
des bifores et la façade comprenait une fenêtre géminée, si l’on en croit
le très grand nombre d’impostes mises au jour et qu’a aussi sculptées le
« Maître des chapiteaux de Bale ». C’est là aussi un élément de la tradition
paléochrétienne, inhabituel au haut Moyen Âge. La tradition tardo-antique
est également manifeste dans la morphologie des ouvertures, notamment
pour la porte nord à arc de décharge débordant, « en champignon ».
L’utilisation de spolia dans la construction est tout aussi révélatrice des
procédés du « Maître des chapiteaux de Bale ». En effet, comme certaines
bases des colonnades et certains fûts de colonnes sont des remplois, les
bases de colonnes expressément sculptées pour notre église jouent le rôle de
niveleurs. Nous soulignerons une fois encore ici que le profil de ces bases se
retrouve par exemple à Poreč.
En ayant en tête tous ces éléments, nous sommes enclin à voir aussi dans
le « Maître des chapiteaux de Bale » l’architecte de l’église. C’est un maître
cultivé, bon connaisseur de la tradition tardo-antique, imitant, dans l’esprit
de la renovatio carolingienne, les modèles de Poreč et de Pula, qu’il a pu
étudier jusqu’aux moindres détails, reproduisant non seulement le type et la
morphologie architecturale, mais encore les proportions.
Ceci est d’une importance majeure dans le cadre général de l’histoire de
l’art. En effet, dans la mesure où notre interprétation s’avérerait exacte, le
« Maître des chapiteaux de Bale » serait véritablement un des rares maîtres
d’œuvre identifiés du haut Moyen Âge.
Dans son deuxième état (fig. 5), l’église a été raccourcie de la longueur
d’une travée et demie à son extrémité ouest : un mur de refend barre les
trois vaisseaux ; et, dans l’axe de la nef, un seuil encore en place marque
l’accès à la nef centrale, ainsi désormais limitée. Un stylobate de chancel,
avec mortaises d’encastrement des piliers et rainures pour les dalles encore
bien discernables, constitue la nouvelle limite, suivant un tracé strictement
rectiligne, d’un chœur agrandi vers l’ouest.
En ce qui concerne la première travée et demie de l’église primitive
en partant de l’ouest, elle semble bien avoir constitué désormais une sorte
de vestibule : il s’agissait toujours, en effet, d’un espace fermé, avec une
porte à l’ouest, déportée vers le nord par rapport à l’entrée axiale de l’église
primitive. Ce déportement s’explique vraisemblablement par le fait que la
partie sud de ce « vestibule » s’est trouvée occupée par une tour quadran-
gulaire dont les fondations ont assez sérieusement perturbé les structures de
l’angle sud-ouest de l’église primitive (fig. 6).
La coopération franco-croate À Velika Gospa, près de Bale (Istrie) 99
La chapelle
Après les campagnes essentiellement consacrées à l’étude de l’église
principale, à trois nefs, les découvertes ultérieures ont dégagé, au sud de
l’église, le périmètre du monastère qui formait à l’origine un carré autour
duquel sont ordonnés différents bâtiments dont une chapelle à tour axiale au
sud-ouest.
La chapelle est située à 20 m au sud de la façade de l’église primitive.
Ce petit bâtiment à nef unique et abside rectangulaire inscrite dans un chevet
plat est accolé à un mur antérieur des bâtiments monastiques. Le mur sud
présente, donc, une série d’anomalies résultant de plusieurs campagnes de
construction.
La façade occidentale s’était effondrée d’un coup, entraînant également
la chute du tiers sud-ouest du bâtiment. Une fouille fine a permis de
retrouver également une partie du parement est de ce mur avec un bifore axial
à deux voussures auquel on pourrait associer également un meneau avec son
imposte trouvée aux alentours. Cette fenêtre géminée est intéressante à plus
d’un titre. Tout d’abord par sa morphologie, car son encadrement à double
redent révèle l’époque de sa réalisation – celle du premier art roman. Cet
indice de datation est confirmé par le meneau du bifore lui-même. Il s’agit
en effet d’un tronçon d’architrave de pergola préromane, ornée d’une tresse
surmontée d’une file de flots sur la face antérieure. Étant donné qu’on a
observé le même remploi de spolia à décor d’entrelacs notamment dans une
fixation de la barrière de chœur de la grande église, on peut supposer qu’un
aménagement d’assez grande ampleur de l’ensemble du monastère a eu lieu
au cours du xie siècle.
La découverte de la portion de mur tombée à l’ouest de la façade de
la petite chapelle implique en outre que cette dernière possédait vraisem-
blablement un clocher axial. Ce type architectural n’est pas inconnu en
Istrie. On a en effet construit au xie siècle dans la petite ville voisine de
100 Miljenko Jurković
Complexe monastique
Les recherches archéologiques du complexe monastique ont commencé
après l’achèvement des recherches de l’église et de la chapelle (fig. 8). La
fouille de cette zone a démarré par le dégagement de la galerie longeant
le flanc sud de l’église afin de déterminer les relations chronologiques
principales. Ensuite, les recherches ont été poursuivies dans le secteur à
l’est de la chapelle où s’étendait le mur d’orientation est-ouest qui était
partiellement remployé dans les maçonneries de la chapelle.
Une galerie, dallée assez grossièrement, longe le flanc sud de l’église
à trois nefs. Son dallage recouvre en fait une série de tombes collectives
orientées est-ouest. À l’est de cette galerie et par conséquent au sud-est du
chevet de l’église primitive, on avait dégagé une salle assez vaste, très proche
du mur périmétral sud de l’église, et peut-être antérieure à l’édification de
cette dernière. Cette pièce a été réutilisée partiellement pour asseoir une file
de petites pièces, orientées nord-sud. Les maçonneries et la succession des
pièces se poursuivent vers le sud – formant l’aile orientale du complexe –
sur environ 35 m de longueur totale au sud du mur méridional de l’église
à trois nefs. Une seule porte ouvre dans ce long mur qui semble limiter les
constructions monastiques à l’est. Une autre aile – méridionale donc – fait
retour à angle droit au bout de celle-ci et vient border le site sur 47,50 m de
longueur dégagée, à environ 8 m au sud de la chapelle. Quelques bâtiments
font saillie au sud-est et au sud-ouest de cette ordonnance d’ailes centrée sur
la cour qui borde le flanc méridional de l’église à trois nefs.
Le tracé de la structure murale antérieure à la chapelle et percée d’arcades,
est parallèle à l’aile méridionale mentionnée plus haut et se poursuit depuis
le chevet de la chapelle sur 14,50 m, jusqu’aux pièces de l’aile orientale des
bâtiments claustraux. La maçonnerie est interrompue à quatre reprises par
de grands arcs de 3, 20-3, 30 m de portée et – au centre de l’aile ? – par une
porte. Ce « portique » sud du « cloître » présente un pendant symétrique à l’est.
Il s’agit vraisemblablement de la galerie ouverte au rez-de-chaussée,
qui bordait l’aile sud des bâtiments monastiques. Ce mur a été en partie
remployé dans les maçonneries de la chapelle de la fin du xe-début du
xie siècle, et muré (pour former de nouvelles pièces fermées) sur le reste
de sa longueur vers l’est (tous les arcs et les portes ont été bouchés dans
un second temps). La galerie nord (qui flanque l’église) semble n’avoir
comporté qu’un portique sur des supports en bois.
La coopération franco-croate À Velika Gospa, près de Bale (Istrie) 101
Miljenko Jurković
102 Miljenko Jurković – illustrations / slike
Fig. 1./Sl. 1. – Velika Gospa près de Bale (Istrie) I. Fig. 2./Sl. 2. – Velika Gospa près de Bale (Istrie) II.
L’église Velika Gospa près de Bale, vol. I (2007). L’église Velika Gospa près de Bale, vol. II (2009).
Crkva
O stanju na terenu koje je prethodilo izgradnji trobrodne crkve, nažalost,
ne zna se puno. Postojanje ranijeg arhitektonskog sklopa na lokalitetu
naslućuje se jedino prema indicijama, a istodobno ga je nemoguće precizno
datirati. Nije isključeno da je crkva podignuta na mjestu nekadašnje villae
rusticae. To bi sugeriralo postojanje cisterne za vodu koju lučno premošćuje
sjeverni zid bazilike. Upravo izgradnja luka u sklopu toga ranosrednjovje-
kovnoga zida govorila bi o perpetuiranju upotrebe cisterne, čiju su korist
uvidjeli graditelji crkve. No ona je jednako tako mogla biti izgrađena u
pripremi gradilišta za baziliku. Cisterna je svakako starija od trobrodne
crkve, a otvorena pitanja datacije i funkcije razriješit će buduća istraživanja.
Segmenti zidova pronađenih u zoni svetišta i dio starijega zida iskorištenoga
pri izgradnji južnoga perimetralnog zida bazilike upućuju na postajanje
zdanja koja prethode izgradnji trobrodne crkve.
Prva crkva Sv. Marije Velike bila je trobrodna bazilika s trima poligo-
nalnim, iznutra polukružnim apsidama (sl. 3). Brodove je dijelila kolonada
s po šest nosača, a pronađeno je i odgovarajućih dvanaest velikih kapitela
kolonade. Lađi se pristupalo vratima smještenim u sredini zapadnoga zida.
Druga su dva ulaza u istočnom dijelu uzdužnih zidova i vode u odgovarajuće
prostore sjeverno i južno od crkve.
Datacija cijeloga sklopa, zbog perturbacije ranijih slojeva u doba
baroknih preinaka, oslanja se na korpus pronađene skulpture, ponajprije
na monumentalne kapitele kolonade glavnoga broda, koje sa sigurnošću
datiraju na kraj VIII. stoljeća.
Već smo ranije utvrdili da je majstor klesar koji je radio u toj crkvi
zapravo kipar, kojeg smo nazvali „Majstor kapitela iz Bala“, a detaljna
istraživanja omogućila su nam iznijeti tezu da je on bio i graditelj crkve.
Vjerojatno je riječ o umjetniku koji je i arhitekt i kipar, no koji je iznio i
cijeli likovni koncept samostanske crkve.
Francusko-hrvatska suradnja u Istri: Velika Gospa, Bale 109
Kapela
Kapela se nalazi 20 m južno od pročelja prvotne crkve. Malena je
jednobrodna građevina pravokutne apside upisane u ravno začelje, duga
8 i široka 3,85 m. Istočni dio izvrsno je sačuvan u elevaciji, uključujući
djelomično sačuvane trompe u polukaloti apside. Dok je sjeverni zid izvana
bio raščlanjen lezenama, plašt ravnog istočnog zida bio je probijen pravo-
kutnim aksijalnim prozorom, čiju je tranzenu bilo moguće u potpunosti
rekonstruirati iz pronađenih ulomaka. Južni zid pokazao je niz anomalija,
koje su rezultat korištenja dijela starijega zida prilikom izgradnje kapele.
Urušavanjem zapadnoga zida urušila se i trećina jugozapadnoga ugla
građevine. Tijekom njegova raščišćavanja i iskopavanja pred njim je uočen
urušen segment zida koji se otvarao biforom sa dvostruko profiliranim
okvirom. Srednji njezin stupić bio je spolia (ulomak predromaničke grede
oltarne ograde ukrašen kukama i troprutom pletenicom), što je potvrdilo
dataciju građevine u XI. stoljeće. Na temelju nalaza dijela zida urušenoga
zapadno od pročelja može se pretpostaviti de je kapela posjedovala i
aksijalni zvonik. Iz XI. stoljeća datira isti takav tip zvonika na pročelju
crkve Sv. Ilije u Balama.
Samostanski kompleks
Nakon što su dovršena istraživanja crkve i jugozapadne kapele, počelo
je istraživanje samostanskoga sklopa. Najprije je valjalo istražiti galeriju na
južnome dijelu crkve zbog utvrđivanja osnovnih kronoloških korelacija, a
potom i zid koji se proteže u smjeru istok-zapad, a koji je dijelom iskoristila
jugozapadna kapela. Glavni cilj te faze istraživanja bio je utvrđivanje
112 Miljenko Jurković
Miljenko Jurković
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LES SAVANTS / ZNANSTVENICI