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Le Moyen Âge - La Courtoisie
Le Moyen Âge - La Courtoisie
2. Le Moyen âge
Cette époque comprend dix siècles. Elle est donc marquée par de nombreux
changements, les hommes de l’an 500 étant fort différents de ceux de l’an 1450.
Selon les historiens, trois événements majeurs ont marqué le Moyen Âge :
À partir du XIe siècle dans le sud de la France, et du XIIe siècle dans le nord, la société
féodale ajoute une nouvelle valeur à l’idéal chevaleresque : le service d’amour, qui met
les préoccupations amoureuses au centre de la vie. La cour imaginaire du roi Arthur dans
les romans de la Table Ronde devient le modèle idéal des cours réelles : non seulement
le chevalier est brave, mais il a en plus le désir de plaire ; parce que les femmes sont
présentes, le chevalier doit avoir des attitudes élégantes, des propos délicats. Dans le
service d’amour, pour plaire à sa dame, le chevalier essaie de porter à leur perfection les
qualités chevaleresques et courtoises : il doit maîtriser ses désirs, mériter à travers une
dure discipline l’amour de sa dame. Cet idéal est bien celui des gens de cour.
En effet, le mot « courtois » signifie au départ « qui vient de la cour ». La courtoisie
désigne une façon d’être, l’ensemble des attitudes, des mœurs de la cour seigneuriale dans
laquelle les valeurs chevaleresques sont modifiées par la présence des dames. L’amour
courtois est un code que doit suivre le chevalier.
La cour
Sous l’influence de l’Église qui incitaient les seigneurs à faire la paix (trêve de Dieu),
les mœurs s’adoucissent. Moins tournés vers les Croisades et la défense de leur fief, les
seigneurs s’habituent à la vie de cour. Puis, peu à peu, les mœurs subissent aussi
l’influence de l’univers féminin plus délicat. Sous l’instigation de femmes de haut rang,
comme Aliénor d’Aquitaine, d’abord femme du roi de France, puis femme du roi
d’Angleterre, s’instaurent des cours d’amour où les artistes chantent la femme, idéalisée,
parfaite, inaccessible. Découlant du mot latin domina s’impose bientôt le mot
français dame, titre donné à la femme et soulignant son caractère de maîtresse. Suzeraine,
la femme l’est en effet en amour.
La dame
L’amant courtois est séduit par la dame, une femme dotée d’une beauté et de mérites
exceptionnels, qui est mariée, accomplie. Au Moyen Âge, il existe une forte tension entre
l’amour et le mariage. On ne se marie pas alors pour l’amour : on se marie par intérêt,
pour perpétuer la famille, pour s’allier à un clan. Le mariage est affaire de raison, et
souvent décidé d’avance par les parents des époux.
Alors que le mariage est à la portée de tous, l’amour vrai, quant à lui, n’est ressenti que
par les âmes nobles (c’est du moins le point de vue des auteurs du courant courtois).
L’amour noble n’est ni banal ni vulgaire. Il n’est ni facile ni intéressé, même s’il est
généralement éprouvé envers une femme d’une condition supérieure. Cet écart entre les
statuts sociaux rend la femme inaccessible, l’élève au rang des divinités à adorer.
Le fin’amor
L’amant courtois
L’amant courtois est un guerrier héroïque. On sait que le code du chevalier est basé sur
l’honneur. Il est fort, adroit, mais, surtout, loyal envers son suzerain. Sa noblesse de cœur
fait de lui un homme franc, poli et subtil. La force physique valorisée dans les textes
épiques existe toujours, mais elle est maintenant canalisée dans les tournois, des combats
rangés où le chevalier défend les couleurs ou même l’honneur de sa dame. La vaillance
du chevalier est donc toujours exigée, mais elle trouve désormais une expression
amoureuse. En fait, l’amour devient source de toute vaillance et de toute générosité.
L’amant courtois est totalement soumis et dévoué à sa dame : abnégation, obéissance
et discrétion sont ses mots d’ordre. Pour mériter l’amour de sa dame (qui fait preuve de
froideur et de caprices), afin de prouver l’intensité et la constance de son amour, le
chevalier devra se plier au « service d’amour », c’est-à-dire qu’il devra se soumettre aux
coutumes de l’attente et sortir vainqueur d’une série d’épreuves souvent fixées par sa
maîtresse. Mais cela lui importe peu : lorsque le cœur noble est épris, plus rien ne compte.
Les exploits accomplis, la souffrance, le grandiront moralement. Rudement mis à
l’épreuve, le chevalier amoureux doit même trouver de la joie dans la souffrance et la
séparation. Les épreuves, preuve de sa perfection morale, lui permettront de conquérir sa
bien-aimée et d’obtenir une récompense.
Quand il aime, le chevalier courtois rend hommage à sa dame, elle devient la suzeraine
de son cœur : il s’y soumet aveuglément. La loyauté à la dame passe avant celle au
suzerain : il doit faire preuve d’une obéissance totale, d’une fidélité indéfectible. Cette
soumission amène ainsi, pour le chevalier, le conflit qui oppose son amour à son honneur.
Renoncer à l’honneur pour l’amour représente le sacrifice le plus grand qu’il puisse faire.
Après la discipline, l’attente, les épreuves, le sacrifice de son honneur, le chevalier peut
enfin s’abandonner au plaisir sensuel. En effet, les troubadours, idéalistes mais aussi
réalistes, voyaient l’acte sexuel – mérité de la sorte – comme le sacrement de l’amour. La
vulgarité de la sexualité s’efface devant la discipline imposée. Une passion sans frein, qui
ne recule pas devant le scandale, est choquante. Les conséquences sont désastreuses pour
les amants : la dame perd son honneur, élément essentiel à sa perfection et... à son titre,
alors que le chevalier voit ignorer sa valeur, qui n’est ni reconnue ni publiée.
Toutefois, il se peut que cet acte d’amour ne se produise jamais, et que les faveurs de
la dame, jamais accordées, aient entretenu de beaux rêves, suscité d’ardents espoirs,
inspiré des actes généreux. Ce complexe état d’âme créé par cette attente et cet effort est
ce qu’on appelle la « joie d’amour ».
L’amour fatal